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PUBLICATIONS DE L'INSTITUT ORIENTALISTE DE LOUVAIN 61 UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN INSTITUT ORIENTALISTE LOUVAIN-LA-NEUVE 2012 Johannes DEN HEIJER, Paolo LA SPISA et Laurence TUERLINCKX éditées par Autour de la langue arabe Études présentées à Jacques Grand’Henry à l’occasion de son 70 e anniversaire

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  • PUBLICATIONS DE L'INSTITUT ORIENTALISTE DE LOUVAIN

    61

    UNIVERSIT CATHOLIQUE DE LOUVAIN

    INSTITUT ORIENTALISTELOUVAIN-LA-NEUVE

    2012

    Johannes DEN HEIJER, Paolo LA SPISA et Laurence TUERLINCKX

    dites par

    Autour de la langue arabetudes prsentes Jacques GrandHenry

    loccasion de son 70e anniversaire

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  • TABLE DES MATIRES

    Prface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V

    Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX

    Bibliographie de Jacques GrandHenry . . . . . . . . . XVII

    Frdric BAUDEN Lam baqa yuarikum . Analyse linguistique de trois lettres rdiges par un marchand au Caire en 819/1416-820/1417 . 1

    Lidia BETTINIDeux textes arabes de la Haute Jzireh syrienne . . . . 39

    Giovanni CANOVAChants de travail de Haute-gypte . . . . . . . . . 73

    Joseph CHETRITDlices et fastes sabbatiques. dition et analyse dune qai:da judo-arabe dEssaouira/Mogador sur le repas festif du sabbat 87

    David COHENLe rapport sujet prdicat: sur les bases de la morphogense dans le langage . . . . . . . . . . . . . . . 119

    Werner DIEMZwischen hohem Stil und Vulgarismus. Ein Brief aus dem gypten des 10.11. Jahrhunderts n. Chr. . . . . . . 155

    Madiha DOSSUne tradition didactique applique larabe: les dialogues Ptis de la Croix Savary . . . . . . . . . . . 189

    Bruno HALFLANTSConsidrations ecdotiques et linguistiques propos de quelques manuscrits des Rasail Ikhwan al-afa . . . . . . . . 207

    Clive HOLESSome unusual verb forms of North-Eastern Arabia . . . . 219

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  • 354 TABLE DES MATIRES

    Jrme LENTINDu malheur de ne parler ni aramen ni kurde: une complainte en moyen arabe de lvque chalden de Siirt en 1766 . . 229

    Xavier LUFFINLes reprsentations de larabe de Juba dans la fiction souda-naise contemporaine . . . . . . . . . . . . . 253

    Gabriel M. ROSENBAUMHannah and her seven sons: Late Egyptian Judeo-Arabic versions of an old Hebrew story . . . . . . . . . 263

    Catherine TAINE-CHEIKH(S)lections potiques. Mauritanie 1992 . . . . . . . 303

    Andrzej ZABORSKI Remarks on some West Slavic words in al-Bakris Geography and other sources . . . . . . . . . . . . . . 323

    Liesbeth ZACK Lib al-manar, an Egyptian shadow play. Some comments on orthography, morphology and syntax . . . . . . . . 333

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  • LAM BAQA YUARIKUM ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES

    RDIGES PAR UN MARCHAND AU CAIRE EN 819/1416-820/1417

    Frdric BAUDEN(Universit de Lige/Universit di Pisa1)

    1. Introduction

    Les matriaux que le linguiste peut soumettre sa sagacit pour tudier les phnomnes typiques de cette varit de la langue arabe que lon dsigne dsormais sous le vocable de moyen arabe ou d arabe mlang (MA) sont nombreux et varis. Puisquil est de coutume de considrer ces phnomnes en fonction des communauts religieuses qui ont produit les textes qui font lobjet de ces tudes, les manuscrits appartenant la sphre musulmane peuvent tre rpartis en deux groupes bien distincts, car cha-cun offre des particularits intrinsques : les textes littraires, quil sagisse de littrature haute proprement parler (textes religieux, littraires, scien-tifiques) ou de littrature moyenne (Mille et une nuits, Roman de Baybars, etc.), et les documents (littraires, juridiques, conomiques). Ces derniers offrent un avantage indniable par rapport aux autres : ils sont rdigs, parfois selon des modles classiques, sur le vif et offrent donc, sans doute, plus dopportunits pour la transmission de phnomnes qui relvent de la langue parle, notamment dans la catgorie pistolaire. On nignore pas quen matire de documents, lIslam nous a transmis relativement peu de matriaux dtudes. lexception des documents dcouverts dans le contexte archologique, on dispose de peu darchives dignes de ce nom. cette relative pnurie sajoute indniablement un manque dtudes du

    1 Cet article a t rdig dans le cadre dun programme de recherches financ par le Gouvernement italien ( Incentivazione alla mobilit di studiosi stranieri e italiani residenti allestero ). Il est bas sur une communication prsente dans le cadre du Second Inter-national Symposium, Middle Arabic and Mixed Arabic throughout history : the current state of knowledge, problems of definition, perspectives of research, Universiteit van Amster-dam, 22-25 octobre 2007.

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  • 2 F. BAUDEN

    matriel mis au jour : un travail ddition considrable doit encore tre accompli. Ainsi, sur les dizaines de milliers de documents conservs travers le monde, quils soient entiers ou en fragments, seuls quelques milliers ont t ce jour publis2. Cette situation nest pas sans alas : quand ils sont essentiellement lgaux ou diplomatiques, les documents, par leur nature mme, offrent peu de varit par rapport la langue classique (AC) alors que les lettres (prives ou commerciales) prsentent un intrt plus marqu par rapport au MA. Pourtant, limportance des documents pour ltude du moyen arabe na t perue que trs tardivement. Cest la thse de S. Hopkins qui a soulign le grand intrt du matriel documen-taire. Comme il le prcisait3, les documents offrent un avantage indubitable par rapport aux textes chrtiens tudis par J. Blau4 : les phnomnes qui y sont observs ne rsultent pas de problmes de traduction, comme ctait surtout le cas dans ces derniers. Mais louvrage de Hopkins se limitait aux documents crits pendant les trois premiers sicles de lhgire. Depuis sa publication, plusieurs dizaines de travaux ont paru qui sont venus ajouter lchantillon initial dautres tmoignages, mais qui ont aussi pris en considration des documents plus rcents, comme ceux dpoque mame-louke. De cette dernire poque, on possde un nombre relativement limit de documents dordre priv par comparaison avec les papyri des premiers sicles. Ce sont surtout les travaux de W. Diem sur les collections de Vienne, Berlin et Heidelberg qui ont divulgu ces documents tardifs5. Les phnomnes linguistiques ont t systmatiquement signals par cet auteur dans ses publications. Toutefois, ces remarques sont dissmines et aucune tude densemble na t produite depuis celle de S. Hopkins. Une telle

    2 Pour un tat de la question lpoque mamlouke, voir F. BAUDEN, Mamluk Era Documentary Studies : The State of the Art , dans Mamluk Studies Review, 9/1 (2005), p. 15-60.

    3 S. HOPKINS, Studies in the grammar of early Arabic based upon papyri datable before 300 A.H./912 A.D. (London Oriental Series, 37), Oxford, 1984, p. xlvii (= HOPKINS, Gramar).

    4 J. BLAU, A Grammar of Christian Arabic (Based mainly on South Palestinian Texts from the first Millennium), (C.S.C.O., 267, 276, 279; Subsidia, 27, 28, 29), Louvain, 1966-1967 (= BLAU, GCA).

    5 Pour les lettres dpoque mamlouke, citons particulirement W. DIEM, Ein mam-lukischer Brief aus der Sammlung des University Museum in Philadelphia , dans Le Muson, 99 (1986), p. 131-143 ; IDEM, Arabische Briefe auf Papyrus und Papier aus der Heidelberger Papyrus-Sammlung, Wiesbaden, 1991 ; IDEM, Zwei arabische Privatbriefe aus dem gyptischen Museum in Kairo , dans Zeitschrift fr Arabische Linguistik, 25 (1993), p. 148-153 ; IDEM, Arabische Geschftsbriefe des 10. bis 14. Jahrhunderts aus der sterreichischen Nationalbibliothek in Wien, Wiesbaden, 1995 (= DIEM, Arabische Geschftsbriefe) ; IDEM, Arabische amtliche Briefe des 10. bis 16. Jahrhunderts aus der sterreichischen Nationalbibliothek in Wien, Wiesbaden, 1996 ; IDEM, Arabische Privat-briefe des 9. bis 15. Jahrhunderts aus der sterreichischen Nationalbibliothek in Wien, Wiesbaden, 1996 ; IDEM, Arabische Briefe des 7. bis 13. Jahrhunderts aus den Staatlichen Museen Berlin, Wiesbaden, 1997.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 3

    tude serait plus que profitable pour les documents dpoque mamelouke, priode pour laquelle les tmoins manuscrits caractre littraire sont aussi plus nombreux. Une tude transversale serait donc possible, tout en gardant lesprit le caractre rgional des deux types de sources : les documents dpoque mamelouke proviennent essentiellement dgypte et partiellement de la Palestine (Jrusalem), tandis que les plus anciens manuscrits des Mille et une nuits, par exemple, sont dorigine syrienne.

    2. Historique

    Cette contribution sinscrit dans cette continuit puisquelle sattache tudier trois documents appartenant au genre pistolaire et remontant lpoque mamlouke. Ces derniers proviennent des Archives de ltat (Archivio di Stato) Venise o ils sont conservs depuis le XVe s.6 Il sagit de trois lettres rdiges par un marchand nomm Muammad ibn Muammad al-Tawrizi que celui-ci destinait au consul vnitien Alexan-drie. Une seule dentre elles est date avec certitude, la date y figurant (n 4 : 8 muarram 820/20 fvrier 1417), les deux autres pouvant ltre par dduction (n 5 : 8 rabi I [820]/25 avril 1417 ; n 6 : 819/1416). On le constate la lecture dans lordre chronologique (n 6, n 4, n 5), les trois lettres sont lies une mme affaire et limpatience du marchand se fait grandissante au fur et mesure que le temps passe7. Brivement narre, lhistoire peut tre reconstruite de la manire suivante : al-Tawrizi, marchand actif au Caire, a rachet les crances dun autre marchand dcd nomm afi. Celui-ci tait li un marchand vnitien auquel il avait vendu, pour un prix exorbitant, une quantit de poivre. Le marchand vnitien navait pas pay immdiatement le montant rclam, mais il avait subi une forte perte en revendant la marchandise Venise. De retour Alexandrie, il fut dans lincapacit de solder sa dette et il fut donc mis en prison. Son dbiteur tant mort entre-temps, ses crances furent rache-tes par un autre marchand, lexpditeur des lettres : al-Tawrizi. Dans la premire lettre (n 6), ce dernier rappelle au consul vnitien les circons-tances de mme que lintrt des enfants du dfunt marchand. Il signale de plus le cas dun autre marchand vnitien, du nom dAndrea Benedetto,

    6 Voir F. BAUDEN, The Mamluk Documents of the Venetian State Archives : Hand-list , dans Quaderni di Studi Arabi, 20-21 (2002-2003), p. 151-152 (nos VII, VIII, IX) (= BAUDEN, The Mamluk Documents ).

    7 Pour plus dclaircissements, voir M.P. PEDANI, The Mamluk Documents of the Venetian State Archives : Historical Survey , dans Quaderni di Studi Arabi, 20-21 (2002-2003), p. 144-145 (= PEDANI, The Mamluk Documents ).

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  • 4 F. BAUDEN

    qui lui doit aussi de largent. Quelques mois plus tard, al-Tawrizi reprend sa plume pour rappeler au consul que plus de 5 mois sont passs alors quils avaient convenu dun dlai de trois mois pour que le consul lui donnt des nouvelles. Ses propos se font plus menaants, celui-ci vo-quant la possibilit de prvenir le secrtaire du Trsor (wakil [bayt al-mal]) qui les fera mettre aux fers. Il semble que le consul ne put satisfaire sa demande suffisamment rapidement puisque deux mois plus tard, al-Tawrizi lui crit nouveau pour linformer que huit mois sont dsormais passs. Le ton se durcit et les menaces se font plus fortes : al-Tawrizi voque la possibilit de requrir un dcret du sultan qui rclamerait la mise aux fers des personnes concernes et va mme plus loin en voquant la possibilit de leur faire donner la bastonnade. Comme on le voit, cette affaire lui tenait cur et on peut le comprendre : de grosses sommes taient en jeu. Cest dailleurs la banqueroute qui attendait notre mar-chand quelques annes plus tard : il quitta Le Caire pour La Mecque o il mourut en 839/1435-1436 plus de 90 ans8.

    3. Analyse linguistique

    Les trois lettres ont une valeur historique indniable, mais elles pr-sentent galement des caractristiques linguistiques qui ne manquent pas dintrt pour notre propos9. Al-Tawrizi sexprime dans une langue qui,

    8 Sur lui, on verra AL-SAAWI, al-aw al-lami li-ahl al-qarn al-tasi, al-Qahira, 1934-1936 (= AL-SAAWI, al-aw al-lami), vol. VIII, p. 227 (n 602) et vol. X, p. 9-10 (n 14), ainsi que M. A. AL-G. AL-ASQAR, Tuggar al-tawabil fi Mir fi al-ar al-mamluki, al-Qahira, 1999, p. 503, n 98.

    9 Elles ont rcemment fait lobjet dun commentaire historique et dune tentative ddi-tion en caractres latins avec traduction : F. J. APELLNIZ RUIZ DE GALARRETA, Banquiers, diplomates et pouvoir sultanien. Une affaire dpices sous les Mamelouks circassiens , dans Annales islamologiques, 38 (2004), p. 285-304 (= APPELLNIZ RUIZ DE GALARRETA, Banquiers, diplomates et pouvoir sultanien ). Ldition pche contre les rgles les plus lmentaires en ce domaine : le lecteur pourra le juger par lui-mme en consultant les notes ajoutes la prsente dition o toutes les erreurs de lecture mais aussi de transcrip-tion ont t recenses (les nombreuses erreurs de traduction qui sensuivent nont par contre pas t releves). En outre, les documents nont fait lobjet daucune analyse diplo-matique ni linguistique. En dfinitive, cette tude porte toutes les caractristiques dune mthode historique o lon nest intress que par le contenu du document, allant jusqu lui faire dire ce quon espre y trouver. Ainsi lauteur nhsite-t-il pas postdater un autre document arabe quil croit ressortir laffaire dal-Tawrizi, commettant de la sorte un anachronisme (le document n XVI dans BAUDEN, The Mamluk Documents , p. 154). Voir APELLNIZ RUIZ DE GALARRETA, Banquiers, diplomates et pouvoir sultanien , p. 298, note 44 : al-Badri al-Maliki [sic] al-Muayyadi [sic], 3 u-l-igga 822 . Ledit document est en fait dat du 13 u al-igga 816, comme indiqu dans ma liste publie en 2003 (BAUDEN, The Mamluk Documents , ibidem), ce qui est corrobor par le nom du

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 5

    par bien des aspects, ressemble larabe dit classique (AC) bien que les constructions quil emploie soient quelque peu plus proches de la langue parle : on y note la prsence darchasmes (par ex. ma bi-mana laysa), de dialectalismes (par ex. lusage dauxiliaires comme qaid et baqa, lallongement de la voyelle penthtique dans le cas des prposi-tions, comme alayya) et de traits propres (notamment lemploi relev de la ngation lam, lutilisation de amma [ngation ma] pour exprimer lexistence, la disparition des modes de linaccompli). Il nest peut-tre pas inintressant de prciser quil tait dorigine persane : originaire de la rgion du Gilan, situe au sud-ouest de la mer Caspienne, sa nisba (al-Tawrizi) semblerait indiquer que sa famille provenait en ralit de Tabriz, la capitale de lAarbaygan de lpoque (actuellement en Iran10). Il stait dabord rendu La Mecque, puis au Caire, en compagnie de son pre et de ses deux autres frres11. Bien qualphabtis en arabe, puisquil tait capable dcrire comme tout marchand qui se respecte, il nen reste pas moins quil devait sexprimer dans une langue peu chtie qui ne devait, en tout cas, pas tre sa langue maternelle. Jen veux pour preuve son souci dcrire sa nisba sans larticle dfini arabe al-, la mode des Persans.

    Dans lanalyse qui va suivre, je me limiterai signaler les phnomnes linguistiques qui mritent un commentaire en me fondant sur la division respecte par BLAU, GCA et HOPKINS, Grammar tout en oprant des com-paraisons avec les traits relevs dans les manuscrits Galland des Mille et une nuits, dorigine syrienne, mais contemporains de ces lettres.

    destinataire (al-Badri), qui nest autre que le gouverneur dAlexandrie : Badr al-din asan ibn Abd Allah al-arabulusi. Celui-ci fut nomm ce poste le 8 sawwal 816/1er janvier 1414 et en fut destitu le 12 ramaan 817/25 novembre 1414 (voir A. ABD AL-RAZIQ, Les Gouverneurs dAlexandrie au temps des Mamluks , dans Annales islamologiques, XVIII [1982], p. 145, n 59). En 822, le gouverneur se nommait Nair al-din Muammad ibn Amad Ibn al-Aar (voir ibidem, p. 146, n 63) : les missives qui lui taient adresses ltaient donc avec le titre al-Nairi . Ce document a fait lobjet dune communication que jai prsente dans le cadre de la Fourth International Society for Arabic Papyrology Conference (Vienne, 26-29 mars 2009). Larticle paratra prochainement. Enfin, Apellniz nglige de citer des rfrences qui lui sont connues par ailleurs : alors quil mentionne larticle de Maria Pia PEDANI, The Mamluk Documents , il omet de citer la deuxime partie (BAUDEN, The Mamluk Documents ) qui suit immdiatement dans le mme numro de la revue Quaderni di Studi Arabi.

    10 Al-Saawi prcise, juste titre, que la nisba al-Tawrizi correspond al-Tabrizi ( originaire de Tabriz ) et que cette forme rsulte dune prononciation populaire. Voir AL-SAAWI, al-aw al-lami, vol. XI, p. 93 ( al-Tabrizi wa-l-amma taquluhu al-Tawrizi ).

    11 Ibidem, vol. X, p. 9-10 ( wulida bi-baladihi [recte baldat] Qilan wa-qadima maa abihi wa-iwatihi ila al-Qahira ).

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  • 6 F. BAUDEN

    2.1. Orthographe et phontique

    Lorthographe est souvent le signe de la prononciation et on peut donc la considrer en mme temps que la phontique. Je ne prendrai pas la peine de signaler ici un phnomne bien attest toutes les poques, sauf pour ce qui est des verbes : la disparition de la hamza en position finale.

    2.1.1. Vocalisation

    Dans les documents, toutes les poques, il est relativement rare de constater la prsence de voyelles brves12. Quand elles sont prsentes dans les manuscrits, on est en droit de se demander si elles ont t ajou-tes par une autre personne ou non. Dans le cas des documents, ce doute ne peut exister puisque la copie est unique contrairement aux manuscrits sils ne sont pas autographes. Dans les trois lettres dal-Tawrizi, seules deux voyelles ont pu tre dtectes avec certitude (n 6, l. 4) et pour un mme mot : (wu-f(a)himt(u) prononc sans doute wu-fhimt(u)). Ce changement de la voyelle de la conjonction de coordination doit certai-nement tre considr comme refltant un trait de la langue parle par al-Tawrizi13.

    2.1.2. Allongement de voyelle brve

    Ce phnomne se rencontre dans deux cas prcis : soit pour signaler la prsence de la voyelle en scriptio plena, soit, dans des cas plus rares, pour rendre un processus phontique. Ce dernier est surtout perceptible dans un cas particulier qui regarde le mot yad : en MA, il est souvent crit (id), lalif indiquant que la lettre ya est devenue la marque dun i. Deux occurrences releves dans les lettres dal-Tawrizi tmoignent une certaine hsitation dautant plus surprenante quelles appartiennent une formule identique. La premire correspond exactement la lecture releve par Blau14 et Hopkins15 :

    12 HOPKINS, Grammar, 3.c. 13 Il est peu probable que ce changement de voyelle soit le rsultat du contexte, cest-

    -dire du mot qui prcde : qaraytuhu (sans doute prononc qartu) comme cela a t observ dans dautres circonstances. BLAU, GCA, 4.2. signale en effet la possibilit du passage de a u, mais les exemples donns concernent tous des noms commenant par un mim (le phnomne pourrait alors sexpliquer par lassimilation cette lettre) ou des verbes conjugus linaccompli.

    14 BLAU, GCA, 8.5. 15 HOPKINS, Grammar, 4, remark A. Cette orthographe est atteste ds le VIIIe-IXe s.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 7

    (4 : l. 10). Le mot est clairement peru comme tant un singulier par le rdacteur qui laisse le mot suivant (rigl) galement au mme nombre. Quant la seconde occurrence, elle pourrait correspondre la forme du pluriel tant donn la forme du ha du pronom qui suit bien que le mot rigl soit tou-jours au singulier :

    (5 : l. 13-14).Contrairement lexemple prcdent, il prend la forme dun ha mdian, laissant entendre quil faut lire idihim (ou aydihim).

    2.1.3. Scriptio plena du a l o en AC il nest gnralement pas crit

    Les diffrents mots prsentant cette caractristique montrent que ce systme ntait pas homogne chez al-Tawrizi puisquon trouve les deux systmes de la scriptio plena et de la scriptio defectiva. La frquence met cependant en vidence une prfrence pour la scriptio plena.

    Scriptio plena :

    (4 : l. 8) ; (4 : l. 12) ; (5 : l. 9 [2]) ; (5 : l. 10 [2]) ; (5 : l. 18 [2]) ; (5 : l. 20) ; (6 : l. 7) ; (6 : l. 19) ; (6 : l. 18).

    Scriptio defectiva :

    (4 : l. 5) ; (4 : l. 12) ; (4 : l. 13) ; (5 : l. 5) ; (5 : l. 7) ; (5 : l. 19) ; (5 : l. 22 [2]).

    2.1.4. Alif maqura crit avec alif ou ya

    Les deux systmes peuvent coexister dans un mme document, comme lavait dj relev Hopkins16 et cest prcisment le cas ici, mme si lorthographe en ya nest atteste que dans un cas qui peut tre considr comme un automatisme (la doxologie taala). Le mot en question est dailleurs souvent crit sous la forme dune abrviation ()17.

    16 HOPKINS, Grammar, 12. 17 Nous ne signalons que les cas o il est crit en entier.

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  • 8 F. BAUDEN

    (4 : l. 5) ; (5 : l. 4) ; (5 : l. 20) ; (6 : l. 7) ; (6 : l. 19-20) ; (4 : l. 2) (4), (6 : l. 14).

    2.1.5. Verbes hamzs (R3) : a > a

    Cette modification concerne particulirement le verbe qaraa > qara18 dont on trouve une attestation ici :

    (6 : l. 4).

    2.1.6. Confusion entre et

    Ce phnomne est trs bien attest en MA et figure dj dans les documents remontant au dbut du VIIIe s19. On considre gnralement que cette confusion est le rsultat dun glissement dans la prononciation de linterdentale vers son pendant occlusif, le ad, phnomne qui touche dailleurs les deux autres interdentales ( > t, > d). Dans les trois lettres, on constate que la diffrence, du point de vue orthographique du moins, est respecte :

    (4 : l. 2) ; (6 : l. 2) ; ( 5 : l. 2) ; (4 : l. 4) ; (4 : l. 7-8) ; (5 : l. 8, 10 et 20) ; (5 : l. 10) ; (5 : l. 17) ; (6 : l. 6 et 9) ; (6 : l. 7) ; (6 : l. 16) ; ( 6 : l. 19) ; (4 : l. 6) ; (4 : l. 12), (5 : l. 17) ; (5 : l. 4) ; (6 : l. 10) ; (6 : l. 14).

    Toutefois, une certaine confusion se manifeste pour dautres mots :

    (5 : l. 8) ; (5 : l. 16) ; (5 : l. 20).Le troisime exemple atteste cette confusion puisqual-Tawrizi crit

    qaa, tandis quil orthographie correctement les mots qai al-quat, bi-qaaha (pour bi-qaaiha). Ces cas pourraient reflter plus fidlement la prononciation propre au scripteur, qui, pour rappel, tait sans doute persanophone (soulignons que les sons , , et z se prononcent tous indiffremment z en persan). Il faut pourtant tenir compte du fait quun document gyptien du XIe s. contient beaucoup plus dexemples de ce

    18 HOPKINS, Grammar, 20b. 19 Ibidem, 41.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 9

    type20, ce qui pourrait dmontrer quil ny a pas ncessairement de lien de cause effet. On nassiste pas, par contre, la situation inverse : > 21.

    2.1.7. Ta marbua > ta maftua en tat construit

    Dj observ dans des inscriptions prislamiques et dans les documents des premiers sicles de lhgire, ce phnomne est particulirement visible dans les exemples suivants o la dernire occurrence confirme ce qui apparat tre la rgle22 :

    (4 : l. 2) ; (6 : l. 2) ; (5 : l. 2).

    Pourtant, on notera la situation suivante nayant pas produit le mme rsultat :

    (4 : l. 5).

    2.1.8. Absence de lalif al-faila (alif otiosum)

    On note en MA la tendance crire presque systmatiquement lalif al-faila la fin des mots qui se terminent par un waw, particulirement dans des cas o lAC ne le requiert pas et vice versa23. Deux exemples permettent de comprendre que le rdacteur des trois lettres ncrit jamais lalif al-faila l o il est requis par lAC mais aussi par le MA, ce qui va contre-courant de ce qui sobserve dans les textes porteurs des carac-tristiques de cet tat de la langue :

    (5 : l. 7) ; (5 : l. 15).

    20 Ibidem. 21 Ibidem, 39b. Voir galement, pour les plus anciens manuscrits des Mille et une

    nuits, dits de Galland (MAN), B. HALFLANTS, Le Conte du Portefaix et des Trois Jeunes Femmes dans le manuscrit de Galland (XIVe-XVe sicles). dition, traduction et tude du moyen arabe dun conte des Mille et une nuits, Louvain-la-Neuve, 2007 (= HALFLANTS, Le Conte du Portefaix), p. 82 (2.2.2.6).

    22 HOPKINS, Grammar, 47a. Ce trait reste pourtant exceptionnel en MAN. Voir HAL-FLANTS, Le Conte du Portefaix, p. 83 (2.2.2.8).

    23 Cette pratique se note galement chez un lettr comme al-Maqrizi (m. 845/1442) avec, cependant, un usage bien particulier dans certains cas. Voir F. BAUDEN, Maqriziana VIII : Quelques remarques sur lorthographe dal-Maqrizi (m. 845/1442) partir de son carnet de notes : peut-on parler de moyen arabe ? , dans J. LENTIN J. GRANDHENRY (ed.), Moyen arabe et varits mixtes de larabe travers lhistoire. Actes du Premier Colloque International (Louvain-la-Neuve, 10-14 mai 2004), (P.I.O.L., 58), Louvain-la-Neuve, 2008, p. 31-32 (3.2.4) (= LENTIN GRANDHENRY, Actes).

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  • 10 F. BAUDEN

    2.1.9. Allongement de la voyelle penthtique dans ilayya > ilayya et alayya > alayya

    Les lettres prsentent plusieurs exemples de ces prpositions se termi-nant avec un alif. Le doute subsiste quand on les examine, car on pourrait considrer que cest le pronom de la premire personne du pluriel qui est suffix chacune de ces prpositions, doute renforc par le passage par-fois trs subit de la forme du singulier au pluriel la premire personne24. mon avis, ce doute peut tre facilement lev en examinant chacune de ces occurrences. Dabord, on ne note aucun moment un deuxime trait qui reprsenterait le nun de na, mais il existe suffisamment de cas de mots o ce trait manque25 pour que cet argument soit considr comme tout fait probant. Toutefois, il y a au moins un cas o il est indniable que cest la forme du singulier qui est utilise (voir le dernier cas rapport ci-dessous). On peut donc conclure que tous ces cas mettent en vidence lallongement de la voyelle penthtique requise en AC. Ce trait, qui sobserve largement dans les dialectes modernes, nest toutefois signal ni par Blau (GCA) ni par Hopkins (Grammar)26.

    (5 : l. 7) ; ( 6 : l. 8) ; (5 : l. 8) ; (6 : l. 8).

    3. Morphologie

    3.1. Le dmonstratif haa

    Lemploi de la forme masculine peut aussi tre rserv un mot fminin27. On remarque une occurrence dans la lettre n 5 :

    (5 : l. 18).

    3.2. Forme N pour la premire personne du singulier linaccompli

    Cette caractristique est difficilement identifiable dans les docu-ments les plus anciens, comme le soulignait Hopkins, tel point quon

    24 Voir infra, 3.2. 25 Par ex. n 4, l. 3 : tawaggah(n)a. 26 Ni dailleurs par HALFLANTS, Le Conte du Portefaix. 27 BLAU, GCA, 32.1 ; HOPKINS, Grammar, 61a. Le phnomne inverse (haihi suivi

    dun nom masculin), bien que rare dans les papyri (HOPKINS, Grammar, 61.b), devient beaucoup plus frquent, sinon presque la rgle, en MAN (HALFLANTS, Le Conte du Por-tefaix, p. 147, 2.3.4.2.2).

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 11

    peut se demander si les lectures proposes ne doivent pas tre amen-des28. Ce phnomne sobserve bien dans les trois lettres, mais il faut linscrire dans la problmatique plus large du passage de la premire personne du pluriel utilise comme un majestatif en franais une pre-mire personne du singulier, et ce tous les niveaux (verbes, pronoms). Il va de soi que des formules pistolaires jouent un rle dans lemploi de ce nous, mais on constate que lauteur ne parvient pas vraiment se tenir cet usage.

    () .(4)

    () () .(5)

    () .(6)

    Par ailleurs, on constate le mme flottement propos de la deuxime personne du masculin. Alors que dans la premire lettre, cest uniquement la forme au singulier qui est employe, partir de la seconde, lemploi dune forme polie fait son apparition. Elle est employe, ce quil semble indiffremment, avec la forme au singulier.

    .(4) .(5)

    () () .(6) ()

    3.3. Variation de genre pour le nom

    Mme sil nous faut constater quelle ne concerne quun mot, cette variation nest pas uniforme :

    .(5) () Le mot markab est ressenti comme tant de genre fminin, comme

    le dmontre le pronom qui y renvoie un peu plus loin, mais le verbe qui

    28 HOPKINS, Grammar, 65d. ainsi que, toutefois, 149b.

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  • 12 F. BAUDEN

    prcde saccorde au masculin (voir infra, 4.2). Quant au dmonstratif, nous avons dj vu quil est employ de manire invariable pour le mas-culin et le fminin (3.1). Cet accord fluctuant du mot markab au sein dune mme phrase a t signal par Halflants en MAN29. Wright avait dj remarqu que ce mot avait vari en genre une poque tardive sans indiquer de quelle poque il sagissait30. Sur base du manuscrit le plus ancien de MAN, Halflants propose de placer ltape de transition o lalternance en genre se marque au XIVe s31. Notre texte tant du dbut du XVe s., il confirme cette hypothse.

    3.4. Prpositions

    3.4.1. li pour ila

    Lusage que lon peut faire des prpositions en MA varie consid-rablement par rapport lAC. Cet usage peut reflter un certain flou dans la distinction entre deux prpositions utilises mauvais escient, comme cest le cas pour li la place de ila. Le glissement semble stre opr dans un usage bien circonscrit lorigine : ladresse ou len-tte sur les lettres o la formule min X ila Y ( de X Y ) tait courante. Ds le dbut du VIIIe s. pourtant, lalternance avec la prposition li est signale32. Il fallait donc sattendre ce que son usage dans le corps du texte, la suite du verbe kataba, se rpande et sapplique, par la suite, dans dautres circonstances. La premire lettre met en vidence ce phnomne :

    (4 : l. 9). Le deuxime cas met en vidence ce glissement pour un verbe qui marque larrive et qui devrait donc tre suivi de la prposition ila :

    (5 : l. 15).

    3.4.2. ila ind pour ila

    Dans la troisime lettre, al-Tawrizi opte pourtant pour la prposition ila la suite du verbe kataba, mais il la fait suivre de la prposition inda,

    29 Le Conte du Portefaix, p. 116-117, 2.3.2.1.1. Bien que deux tiers des exemples relevs par cet auteur font tat dun accord au fminin, le verbe qui prcde reste la plupart du temps au masculin.

    30 W. WRIGHT, A Grammar of the Arabic Language, Beyrouth, 1996 (reprint 3rd ed. 1896), 292, rem. b. (= WRIGHT, Grammar).

    31 Ibidem, p. 117, note 220. 32 HOPKINS, Grammar, 128.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 13

    ce qui donne le groupe ila ind. Ce groupe est dj attest dans les papyri du Xe s., mais il est reconnu comme typiquement dialectal33. Dans le cas qui nous occupe, le scripteur a peut-tre voulu donner un sens lgrement diffrent par rapport lusage quil avait fait du groupe kataba li rensei-gn supra :

    () () (6 : l. 5). Le fait dcrire au juge suprme (qai al-quat) laisse entendre

    qual-Tawrizi stait adress lui avec lide de protection, de recours en tte, sens qui est particulirement bien rendu, en franais, par la pr-position auprs de.

    3.4.3. min in pour munu

    Enfin, dans la premire lettre, al-Tawrizi opte pour le groupe min in dans le sens depuis que (l o on sattendrait trouver mun ou mu comme dans les papyri34) :

    (4 : l. 3).Ce cas est rapprocher dautres o min, par son sens marquant lori-

    gine gographique, est utilis devant ind, qibal ou giha, avec la diffrence quici il marque lorigine temporelle35.

    3.5. Pluriel externe masculin un > in avec maintien du nun en tat construit

    Ce trait est sans doute lun des plus caractristiques du MA et prsent dans les documents les plus anciens36. Il est perceptible dans un seul cas ici mais en tat construit :

    (4 : l. 6). Hopkins navait relev que deux exemples de cette situation particu-

    lire o le nun du suffixe pluriel est maintenu37, mais ce phnomne est nettement plus prsent dans les textes plus tardifs tudis par Blau38. La

    33 Ibidem, 121. 34 Ibidem, 131. 35 Cf. lexpression min alika al-in ( from that time on, from then on ) enregistre

    par H. WEHR, A dictionary of modern written Arabic, edited by J.M. COWAN (3d ed.), Ithaca, 1976, p. 223 (s. v.) (= WEHR, Dictionary).

    36 HOPKINS, Grammar, 86. 37 Ibidem, 86c. 38 BLAU, GCA, 113.

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  • 14 F. BAUDEN

    possibilit que le scripteur ait considr que le second lment (gawab) tait le complment dobjet direct du participe driv dun verbe transitif est faible tant donn le niveau linguistique de son expression et le fait que cette construction est particulirement releve en AC39.

    4. Syntaxe

    4.1. Disparition des modes de linaccompli

    4.1.1. Emploi indiffrent dun inaccompli unique quel que soit lenviron-nement syntaxique, et particulirement discernable par la forme en u pour le masculin pluriel40 :

    (5 : l. 7) ; (5 : l. 15).

    Le fait le plus remarquable dans ces deux cas est que lalif al-faila, normalement ajout en MA la fin de presque tous les mots qui se ter-minent par un waw, est absent41.

    4.1.2. Impratif / injonctif

    Dans les papyri, linaccompli est frquemment utilis au dtriment de limpratif pour exprimer un ordre42. Cet emploi est gnralis dans les trois lettres avec une particularit qui napparaissait pas dans les papyri : lusage de linaccompli dans le sens dun injonctif (les deux derniers cas). On notera alors que le sujet prcde le verbe :

    (5 : l. 8) ; (6 : l. 14-15) ; (4 : l. 7) ; (6 : l. 13-14).

    4.2. Accord

    Comme cela avait dj t constat pour les papyri, le verbe qui pr-cde immdiatement un sujet fminin par nature reste au masculin43. Dans

    39 Voir dj les rserves ce sujet dans ibidem, p. 226, note 123. 40 HOPKINS, Grammar, 138a.i. 41 Voir supra, 2.1.8. 42 HOPKINS, Grammar, 138b.i. 43 Ibidem, 141. Cf. HALFLANTS, Le Conte du Portefaix, p. 114.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 15

    les deux cas qui suivent, les sujets ne sont pas fminins par nature44, mais ils sont clairement ressentis comme de ce genre comme le dmontrent le pronom de rappel, dans le premier exemple, et le pronom personnel et laccord de ladjectif attribut dans le second.

    (5 : l. 5-6) ; (4 : l. 10-11).

    4.3. Ngation

    4.3.1. Lemploi de lam

    Dans son tude sur les papyri, Hopkins avait soulign limportance de cette ngation, contre toute attente peut-tre, mais son usage y tait limit nier un verbe linaccompli, quil soit apocop ou, plus probablement, indicatif45 lui donnant la valeur dun pass ngatif comme en AC. Tou-tefois, il ne signalait quune occurrence de lemploi de cette ngation avec un verbe laccompli (lam baqa, il ne reste plus46). Quant Blau, il avait dj relev dans les textes chrtiens (MAC) des exemples demploi de cette ngation uniquement avec un inaccompli dans le sens dun pr-sent ngatif47. Depuis lors, il est apparu quen MAN, une poque assez tardive donc, cette ngation pouvait tre suivie dun accompli ou dun inaccompli et porter soit sur le pass, soit le prsent, soit mme le futur48. Deux exemples demploi relev de cette ngation figurent dans les trois lettres qui font lobjet de cette analyse. Dans le premier cas, la particule lam est utilise pour nier un verbe laccompli qui fait office dauxiliaire (voir infra, 4.9.2) pour un second verbe linaccompli o lauxiliaire prend le sens de ne plus . Laction indique par le second verbe se droule pourtant bien au prsent :

    (6 : l. 7).

    44 Pour markab, voir supra, 3.3. Pour ru, le genre est reconnu comme fluctuant en AC. Voir WRIGHT, Grammar, I, p. 182 B.

    45 HOPKINS, Grammar, 155a. 46 Hopkins traduit par un pass, mais le contexte indique quil sagit bien dun prsent.

    Voir J. DAVID-WEILL, Papyrus arabes du Louvre (II) , dans Journal of the Economic and Social History of the Orient, 14 (1971), p. 21, l. 10 (David-Weill avait lu lam yabqa [sic], mais Hopkins a bien fait de corriger en lam baqa, car cest ce que porte le papyrus).

    47 BLAU, GCA, 203. 48 J. LENTIN, La Langue des manuscrits de Galland et la typologie du moyen arabe ,

    dans A. CHRABI, Les Mille et une nuits en partage, Arles, 2004 [= LENTIN, La Langue des manuscrits de Galland ], p. 440-450. HALFLANTS, Le Conte du Portefaix, p. 158, 2.3.6.1, ne fait tat que dun cas dans la section dite pour un verbe laccompli gardant un sens pass.

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  • 16 F. BAUDEN

    Sagissant du second cas, on remarque que la particule est utilise pour nier une action qui sest droule dans le pass, bien que le verbe soit rest laccompli :

    (5 : l. 6).Ces deux exemples mettent en avant que lemploi de la particule de

    ngation lam rsulte ici dune hypercorrection : ressentie comme typique de lAC, elle est utilise dans de mauvaises conditions par le rdacteur alors que dans un cas, il respecte la rgle de lAC (suivie dun verbe linaccompli pour nier une action qui se droule dans le pass) :

    (4 : l. 4).

    4.3.2. Ma bi-mana laysa

    Cette ngation est atteste en AC avec un emploi similaire laysa, mais en respectant certaines conditions additionnelles : le prdicat et le sujet doivent tre indfinis ; le prdicat, qui suit le sujet, se met au cas direct ; la particule illa ne peut les sparer ; la ngation ma ne peut tre prcde de inna49. Cet emploi est aussi attest plusieurs reprises dans nos documents sans que ces conditions soient toujours respectes :

    (4 : l. 11) ; (4 : l. 11) ; (4 : l. 12) ; (5 : l. 17).

    Lusage de cette ngation ne peut tre vu que comme un archasme puisquil nest renseign ni par Hopkins pour les papyri, ni par Blau pour le MAC. Il est enfin absent du MAN.

    4.3.3. Il ny a pas.

    La particule amma/ ammata, tout comme hunaka, pour exprimer lexistence (il y a) tait jusquici atteste une poque tardive50. La nga-tion, dans ce cas, doit tre laysa51. Deux exemples prsents dans les

    49 WRIGHT, Grammar, II, 42, rem. d. 50 R. DOZY, Supplment aux Dictionnaires arabes, Leiden Paris, 1967 (3e d.), I,

    p. 163 (s. v.) (= DOZY, Supplment), daprs Ellious BOCTHOR, Dictionnaire franais-arabe, revu et augment par Caussin de Perceval, Paris, 1864 (3e d.). La prsence de cette particule dans les trois lettres dal-Tawrizi invalide les propos de L. VECCIA VAGLIERI, Grammatica teorico-pratica della lingua araba, Roma, 1959, II, 652.8, selon laquelle son usage, quelle dfinit comme frquent dans la langue moderne, driverait du franais (il y a) ou de langlais (there is, there are).

    51 WEHR, Dictionary, p. 106.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 17

    lettres du marchand al-Tawrizi tmoignent de cet usage, mais la ngation est soit la soit ma. Le deuxime exemple montre bien que cest la parti-cule qui est nie et non le verbe.

    (5 : l. 11) ; (4 : l. 8-9).

    4.4. Absence du tanwin alif comme marque du cas direct indfini.

    Cette caractristique apparat en MA dans une grande varit de situa-tions et ce ds le VIIIe s. Ici, elle est reprsente par les cas suivants :

    4.4.1. Objet direct52

    (5 : l. 22).

    4.4.2. Objet compt aprs une dizaine53

    (5 : l. 6).

    4.4.3. Maful min aglihi54

    (5 : l. 7-8).

    4.5. Double dfinition du muaf

    Ce trait est bien connu et est attest ds le IXe s.55 Cette double dfi-nition peut concerner deux termes mis en apposition, que le premier terme soit prcd dun dmonstratif ou non56. Dans le cas qui nous occupe, les deux termes sont dfinis par larticle tandis que le second est prcd dun dmonstratif57 :

    () (4 : l. 7-8).

    52 HOPKINS, Grammar, 167d. 53 Ibidem, 167h. 54 Ce cas nest pas signal par Hopkins, ni par Blau. Il en va de mme pour le MAN. 55 HOPKINS, Grammar, 181. 56 Voir aussi BLAU, GCA, 234. 57 Ce cas nest recens ni par Hopkins, ni par Blau, qui ne connaissent que celui o le

    dmonstratif prcde le muaf (HOPKINS, Grammar, 181i et ii ; BLAU, GCA, 234.3).

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  • 18 F. BAUDEN

    4.6. Terme indfini ayant un sens dfini

    En MA, il peut arriver quun tat construit conserve un sens indter-min alors que le muaf ilayhi est dtermin. Quoique plus frquent en MAC o il semble tre li au phnomne du calque produit par la traduc-tion dune autre langue en arabe, ce trait na pas t relev dans les papyri58, mais il semble tre plus ancien comme la dmontr Blau59. Dans deux exemples relevs ici, il apparat que le premier terme de lannexion doit sentendre comme indtermin, car on ne pourrait pas justifier une autre traduction.

    [] [] (5 : l. 11-13) ; (5 : l. 16).

    4.7. Numraux

    On sait que le nombre cardinal masculin (avec finale en ta marbua) peut prcder aussi bien des noms masculins que fminins. Linverse est moins frquent. Hopkins avait remarqu que la majorit des exemples quil avait relevs pouvaient tre expliqus par des raisons phontiques (les nombres se terminant par ayn60). Parmi les trois chiffres reprsents dans les trois lettres, on note quil sagit chaque fois du mme objet compt (sahr), mais que lusage varie pour les numraux employs, sans que lexplication de Hopkins puisse tre invoque61 :

    (5 : l. 4) ; (5 : l. 5) ; (5 : l. 4).

    Lincohrence qui se note dans laccord entre le nombre et lobjet compt est tout aussi visible en MAN62.

    58 Si lon fait abstraction dun hapax peu parlant puisquil sagit dun cas prsent dans une liste de biens (zayt al-bii, huile de ppins de pastque ).

    59 BLAU, GCA, 231. 60 HOPKINS, Grammar, 193c. 61 Voir ibidem, 193c.iii o figurent les rares exemples de nombres ne se terminant

    pas par ayn. 62 HALFLANTS, Le Conte du Portefaix, p. 139-140.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 19

    4.8. Pronom personnel juxtapos une forme conjugue sans emphase particulire

    Dj en AC, le pronom personnel qui prcde la forme conjugue ne marque pas ncessairement une emphase63. Le phnomne est toutefois observ plus frquemment en MA quen AC sans que lemphase soit particulirement note, mme si la subjectivit joue un rle non ngli-geable dans ltablissement de la prsence de cette emphase64. On relve un cas dans une des lettres dal-Tawrizi o lemphase nest pas ressentie :

    (4 : l. 9).

    4.9. Auxiliaires

    4.9.1. Qaid

    Ce dernier est bien attest dans le dialecte syrien o il joue le rle dun inchoatif ou dun progressif65. Son emploi en tant que tel est bien docu-ment dans le MAN, originaire de Syrie66. Il apparat ici dans le sens progessif une seule fois en liaison avec un autre participe actif.

    () (5 : l. 17).

    4.9.2. Baqa

    Ce verbe est prsent dans le MAN o il est employ, au mme titre que qaada, comme auxiliaire, mais dans des phrases ngatives o il signi-fie ne plus 67. Ce dialectalisme est galement attest en gyptien68. Ntant ni prsent dans les papyri ni dans les textes de MAC tudis par Blau69, il semble que cet usage soit relativement tardif puisquil nest pas attest avant le XIVe s. On en trouve un exemple dans nos lettres :

    (6 : l. 7).

    63 BLAU, GCA, 274. 64 HOPKINS, Grammar, 215, note 1. 65 A. BARTHLEMY, Dictionnaire arabe-franais : dialectes de Syrie (Alep, Damas,

    Liban, Jrusalem), Paris, 1935, p. 671 (s. v.). 66 LENTIN, La Langue des manuscrits de Galland , p. 442. 67 Ibidem. 68 DOZY, Supplment, I, p. 105 (s. v.) daprs la Chrestomathie de Kosegarten (Sirat

    Antar) et Ellious BOCTHOR, Dictionnaire franais-arabe. 69 BLAU, GCA, 327 ne signale que son emploi dans le sens tre .

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  • 20 F. BAUDEN

    4.10. Futur

    Les marqueurs habituels du futur sont rarement attests dans les papyri : cest le contexte qui permet de comprendre quel temps le verbe renvoie70. Dans un cas relev ici, que lon comprend comme le rsultat dune action si elle tait accomplie, aucun marqueur napparat :

    (5 : l. 5-6).

    4.11. Topicalisation

    Ce phnomne est dj prsent en AC, mais il est surtout trs rpandu dans la langue des papyri71 tout autant que dans les manuscrits en MAC et dans les dialectes. On en compte deux exemples ici :

    (5 : l. 20-21) ; () (6 : l. 11).

    4.12. Propositions asyndtiques

    4.12.1. Deux impratifs coordonns asyndtiquement

    Hopkins attirait lattention sur le fait quil ntait pas toujours ais de diffrencier dans les exemples quil avait relevs dans les papyri entre les propositions coordonnes et subordonnes, particulirement quand deux impratifs se suivent72. Les exemples, tous identiques, fournis par les lettres dal-Tawrizi mettent en vidence un tel cas o la construction est asynd-tique, cas qui nest pas sans rappeler un de ceux rapports par Hopkins73.

    (5 : l. 8) ; (6 : l. 16), (6 : l. 18).

    4.12.2. Compltives construites asyndtiquement

    Les exemples o les particules an et anna sont abandonnes sont lgion tant dans les textes que dans les dialectes. Trois exemples peuvent tre fournis pour nos lettres. Dans le premier cas, le verbe ne figure pas

    70 HOPKINS, Grammar, 248. 71 Ibidem, 262a. 72 Ibidem, 268b. 73 Ibidem, p. 229 : wa-ktub arrifni ( et cris et dis-moi ! ). Voir aussi, dans un docu-

    ment datable du XIIe s., wa-sayyartu arraftuka. Voir DIEM, Arabische Geschftsbriefe, p. 193, commentaire se rapportant la l. 8.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 21

    dans la liste de ceux relevs par Hopkins dans les papyri et qui donnent lieu une construction asyndtique74.

    (5 : l. 21-22).Les deux cas restants sont identiques dans leur construction puisquils

    commencent par une proposition relative sujet :

    (6 : l. 3-4) ; (4 : l. 3-4).

    Al-Tawrizi reprend manifestement ici une formule strotype qui figure frquemment dans la correspondance officielle et dont on trouve un parfait exemple dans une lettre de 147275 :

    .Toutefois, on notera quil prfre employer le verbe arrafa plutt

    que lexpression idiomatique yuiu bihi ilmuhu bien quil la connaisse puisquil lutilise mal dans la lettre n 5 dans un contexte simi-laire :

    () (5 : l. 3).En outre, il ne ressent pas le besoin dutiliser dans aucun des deux cas

    signals supra la particule de subordination anna (ou la variante allge an al-muaffafa).

    4.13. Propositions nominales

    La prposition requise par le verbe principal manque souvent avant la particule an et cest dautant plus comprhensible que lAC reconnat cette situation76. Dans lexemple donn ci-dessous, le bi requis par lexpres-sion manque tandis que le an qui suit doit tre considr comme un an al-muaffafa, lequel remplace anna qui aurait d tre suivi du sujet (ici prsent) ou dun amir al-san.

    () (5 : l. 3).

    74 HOPKINS, Grammar, 269. 75 D.S. RICHARDS, Mamluk Administrative Documents from St Catherines Monastery,

    Louvain Paris Walpole (MA), 2010, p. 73, l. 6. 76 HOPKINS, Grammar, 280.

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 2194595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 21 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • 22 F. BAUDEN

    Comme en AC, an peut tre utilis sans prposition tout en ayant le sens prcis que celle-ci lui procurerait. Cest le cas dans les deux exemples suivants o an prend le sens de but77 :

    (5 : l. 11 et 13). (5 : l. 16).

    4.14. Pronom indfini

    Le pronom indfini mahma ( quoi que , quel que ) appartient un registre lev en AC et nest pratiquement jamais utilis en MA. Al-Tawrizi nhsite pas sen servir, comme on peut le voir dans le cas suivant, mais sans respecter la rgle :

    (6 : l. 15-16).En effet, la prposition min est requise dans le cas despce78 :

    .

    4.15. Quelques constructions particulires

    Les deux phrases qui suivent tmoignent dune syntaxe relche qui semble tre influence par la communication orale.

    (6 : l. 4). Dans ce cas, on comprend qual-Tawrizi met par crit ce quil aurait exprim oralement, cest--dire jai compris ce qui sy trouve, tout ce que tu y as mentionn en prcisant quil a compris tout le contenu de la lettre, comme sil marquait une pause aprs le fi-hi.

    () (5 : l. 5-6).Cette phrase met en vidence une faon trange dexprimer la notion qui normalement aurait d tre rendue par un complment de temps (munu amsin yawm). Le rdacteur de la lettre a opt pour une tour-nure de phrase qui est rserve lexpression de la possession (laha muddat amsin yawm).

    77 Cf. BLAU, GCA, 406 (arsalahu an yalub, il lenvoya pour chercher ). 78 WRIGHT, Grammar, p. 137D.

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  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 23

    5. Lexique

    Le verbe aara, employ intransitivement, prend ici le sens de arriver79 :

    (4 : l. 4).Le verbe abara se rfre ici un dplacement dans le temps plutt

    que dans lespace :

    (4 : l. 6).La prposition wara est utilise dans le sens de au bnfice de : (5 : l. 15),

    et bi-zayid dans le sens dun comparatif de supriorit, l o bi-akar min aurait fait laffaire en AC :

    (4 : l. 4).

    6. dition

    6.1. Lettre n 4 [fig. 1]

    Procuratori di San Marco, Commissarie miste, busta 180, fascicolo IX, n 4 (Archivio di Stato, Venezia)

    Date : 3 muarram 820 [/20 fvrier 1417]. Pli en bandes de 1,6 cm. Compos de 2 feuilles de papier : 32,3 cm (20 + 13) x 13,3. Fils de chanette verticaux groups par trois, placs distance de 2,1 cm ; distance entre groupes : 4,6 cm. Papier oriental de bonne qualit, prpar. Vergeures invisibles.

    Recto :

    () ( 80 ( 82() 81 (

    79 On pourrait considrer que le verbe est au passif (yuar), mais il y peu de chance que ce soit le cas.

    80 APELLNIZ RUIZ DE GALARRETA, Banquiers, diplomates et pouvoir sultanien , p. 301 : Salamu Llahi .

    81 Ibidem : yuarrifuka . 82 Ibidem : tawagahna (sic) .

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 2394595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 23 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • NEDUAB .F 42

    ( ( 38(

    ( 48 ( )( 58

    ( 68 )( ( 78 88 98

    ( )(09 ( )(19 )(

    ( 29 39 )(49( 59

    ( )( ( )( )(69

    : seuqitircaid stnioP

    ( ( ( ( ( ( ( ( )(

    ( ( ( .

    : etiord egraM

    79

    . ih-if : medibI 38 . )cis( akubigu : medibI 48 . riatnum-ib : medibI 58 . ammat : medibI 68 . )cis( mihayidya : medibI 78 . mih]ya[lgir aw : medibI 88 . )cis( muhuwar : medibI 98 . )cis( mihidni dha )cis( nuyiam : medibI 09 . riatnum-ib : 203 .p ,medibI 19 . ih-if : 203 .p ,medibI 29 ruel sap emm elangis en iuq ,203 .p ,medibi snad sap tnessiarappan stom xued seC 39

    .ecnesrp .medibi ed tnesba tse tom eC 49 . )cis( anubsa : medibI 59 .medibi ed tnesba tse tom eC 69 . izirwaT-la : 103 .p ,medibI 79

    32:90 21/70/332:90 21/70/3 42 ddni.10_16_LOIP_rejieHneD_5954942 ddni.10_16_LOIP_rejieHneD_59549

  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 25

    Verso :

    .. (

    Traduction :1) Au nom de Dieu le Clment le Misricordieux.2) sa majestueuse Excellence, Monsieur le Consul que Dieu Trs-

    Haut lui accorde le salut ! .3) Ce dont nous tinformons, [cest que] depuis que nous nous sommes

    rendu au Caire4) la protge, aucune information ni nouvelle ne nous est parvenue de

    toi.5) Nous avions convenu une priode de trois mois. Cela est pass6) et nous sommes entr dans le cinquime mois et nous attendons

    encore ta rponse7) avec ce sur quoi nous comptons. [Que] notre matre veuille bien

    rpondre8) cette lettre, car jattends la rponse. Sil9) ny a pas de rponse, nous crirons au secrtaire [du Trsor afin qu]

    il prpare leur intention le carcan,10) [pour] leurs mains et leurs pieds comme de coutume pour ceux dont

    lme11) na pas de valeur leurs yeux. Nous navons pas besoin dargent,

    tu sais12) cela. Je nattends que la rponse cette lettre,13) tu sais cela. Le salut soit sur toi par Sa grce et Sa munificence, si

    Dieu Trs-Haut le veut.14) Dieu nous suffit. Quel Excellent Garant Il fait !15) crit le 3 du mois de muarram en lan 820 [/20 fvrier 1417].

    Marge droite : Muammad ibn Muammad Tawrizi

    Verso (suscription) :1) [Au] Consul des Vnitiens que Dieu Trs-Haut lui accorde le

    salut ! . [.98].

    98 Quelques mots illisibles dans la partie gauche qui doivent correspondre une ins-truction destine au porteur de la lettre. Pour la catgorie des porteurs de lettres, voir F. BAUDEN, DAlexandrie Damas et retour. La poste prive lpoque mamlouke la lumire dune commission accomplie pour le compte dun Vnitien (821 A.H./1418 .C.) ,

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 2594595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 25 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • 26 F. BAUDEN

    6.2. Lettre n 5 [Fig. 2]

    Procuratori di San Marco, Commissarie miste, busta 180, fascicolo IX, n 5 (Archivio di Stato, Venezia)

    Date : 8 rabi I [820/25 avril 1417]. Pli en bandes irrgulires. Compos de deux feuilles : 42,3 cm (25 et 18,3 cm) x 13,4. Fils de chanette horizontaux, groups par trois, placs distance de 2 cm. Distance entre groupes : 4,1 cm. Papier orien-tal de bonne qualit prpar, vergeures invisibles. Verso vierge.

    Recto :

    () (() 100 99 (

    () (101 (

    () 103 102 ( () 104 (

    106 105 ( 107() (

    ( () (

    108 ( (

    110 109 (

    dans U. VERMEULEN et K. DHULSTER (ed.), Egypt and Syria in the Fatimid, Ayyubid and Mamluk Eras. Proceedings of the 14th and 15th International Colloquium Organized at the Katholieke Universiteit Leuven in May 2005 and May 2006, Leuven Paris Dudley, Ma, 2010, p. 153-185.

    99 Ibidem, p. 302 : al-samiyya (sic) . 100 Ibidem : Salamu Llahi . 101 Ibidem : Wa tazayada . 102 Ibidem : amsa . 103 Ibidem : Wa badu innahu . 104 Ibidem : lana . 105 Ibidem : ilayna . 106 Ibidem : innakum (sic) . 107 Ibidem : al-igar (sic) . 108 Ibidem : tamma . 109 Ibidem : yarma (sic) . 110 Ibidem : aydayhim (sic) .

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 2694595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 26 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • 72 SERTTEL SIORT ED EUQITSIUGNIL ESYLANA

    ( 111 211 311 ( )( )( )(411 511 611

    ( 711 ( 811 )( ( 911 )(

    ( )( ( 021

    ( ( 121 ][221 )(321

    ( )(421 (

    : seuqitircaid stnioP

    ( ( ( ( )( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( (

    ( .

    : etiord egraM

    521

    . mih]ya[lgir : medibI 111 . )cis( muhutada : medibI 211 . naim-il aw : medibI 311 . )cis( rbaq-l-il utumay )cis( unhay-il )cis( ihiggul : medibI 411 . )cis( bikat al aW : medibI 511 . )cis( mihimalas-ib : medibI 611 . )cis( uzahga aW : medibI 711 . )cis( naya : medibI 811 . aah-il : medibI 911 . if : medibI 021 . na : medibI 121 . )cis( uhal amku al malak : medibI 221 .medibi ed tnesba tse tom eC 321 . )cis( anubsa : medibI 421 . izirwaT-la : medibI 521

    32:90 21/70/332:90 21/70/3 72 ddni.10_16_LOIP_rejieHneD_5954972 ddni.10_16_LOIP_rejieHneD_59549

  • 28 F. BAUDEN

    Traduction :1) Au nom de Dieu le Clment le Misricordieux.2) son minente Excellence, Monsieur le Consul que Dieu Trs-

    Haut lui accorde le salut ! .3) Tu sais que laccord entre toi et moi tait que4) jattende trois mois. Huit mois sont dj passs, [donc] de plus de5) cinq mois. Ensuite, il nous est parvenu quest arriv la place6) un navire en provenance de Venise depuis cinquante jours et tu ne

    mas envoy7) aucune information ni nouvelle. Il est vident que vous faites cela8) pour vous moquer de moi. Envoie donc me faire savoir les nouvelles

    qui sont arrives avec9) ce navire. Jai lou [les services de] ce messager10) et je lai dpch pour cette raison. Si ce messager se prsentait [

    moi]11) sans nouvelle, jenverrai un dcret de notre Matre le Sultan que

    Dieu lui accorde la victoire 12) notre Matre le gouverneur que Dieu renforce ses auxiliaires !

    afin quil13) mette les susmentionns, mains et pieds, au carcan et aux fers14) comme de coutume, [et quil les traite avec] rudesse et que par15) la maldiction de Dieu Trs-Haut ils meurent. Par Dieu Trs-Haut !

    Ncris pas pour leur obtenir le salut.16) Je ferai prparer un dcret de notre Matre le Sultan afin quil leur

    fasse donner la bastonnade17) aussi. Je nattends rien dautre que la rponse18) cette lettre arrive. Je nai attendu tout ce temps19) que pour ttre agrable, rien dautre. Aprs cela,20) il ny a plus rien dire. Si aucune affaire126 nest arrive dans ce

    navire,21) vos propos ne sont que mensonge et fausset. Il ne mimportera plus,22) aprs cela, dcouter [tes] propos. Tu sais cela, si Dieu Trs-Haut le

    veut.23) Dieu nous suffit. Quel Excellent Garant Il fait !24) crit le huit de rabi I [820/25 avril 1417].

    126 Qaa sugl. Cf. BOCTHOR, Dictionnaire franais-arabe, p. 396 (s. v. homme ) : ragul qaa asgal ( homme daffaire, qui fait les affaires ).

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 2894595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 28 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 29

    Marge droite : Muammad ibn Muammad Tawrizi.

    6.3. Lettre n 6 [Fig. 3]

    Procuratori di San Marco, Commissarie miste, busta 180, fascicolo IX, n 6 (Archivio di Stato, Venezia)

    Pli en bandes de 1,7-2 cm. Compos de trois feuilles : 34,5 (2 + 15,3 + 20,1 cm.) x 12,3 cm. La premire feuille est un morceau coll au recto de la seconde pour y indiquer ladresse. Fils de chanette verticaux, groups par deux, placs distance de 1,2 cm. Vergeures paisses. Papier oriental de bonne qualit, moins prpar que les deux autres.

    Recto :

    () ( 127 (

    130() 129 () 128 () ( 131 (

    133() () 132 ( 134() (

    (136 135 ( 137 (

    138 ( () (

    127 Ibidem, p. 301 : li-aifat . 128 Ibidem : Salamu Llahi . 129 Ibidem : yuarrifuka . 130 Ibidem : wala kitabika (sic) . 131 Ibidem : an . 132 Ibidem : al-taasur . 133 Ibidem : amal (sic) . 134 Ibidem : taala (sic) . 135 Ibidem : alayya (sic) . 136 Ibidem : ilayna . 137 Ibidem : la yauu (sic) . 138 Ibidem : al-awaga .

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 2994595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 29 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • NEDUAB .F 03

    ( 931 (

    ( (

    ( 041 )(141( 241 341

    ( 441( 541 )(

    ( 641 )(741( )(841

    ( 941

    : seuqitircaid stnioP

    ( ( )( ( ( ( ( ( ( ( (

    ( ( ( .

    : etiord egraM 051

    151

    : osreV( ][ )(

    . uzzaa : medibI 931 . muqa : medibI 041 .medibi ed tnesba tse tom eC 141 . )cis( ai aW : medibI 241 . )cis( ignarf-la : medibI 341 . )cis( uhiqlu ialla : medibI 441 . )cis( akila : medibI 541 . malas-la )cis( udaB : medibI 641 medibi ed tnesba tse tom eC 741 . anubsa : medibI 841 .medibi rap tid noN 941 . tarasI : medibI 051 . izirwaT-la : medibI 151

    32:90 21/70/332:90 21/70/3 03 ddni.10_16_LOIP_rejieHneD_5954903 ddni.10_16_LOIP_rejieHneD_59549

  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 31

    Traduction :1) Au nom de Dieu le Clment le Misricordieux.2) son Excellence le consul auprs de la communaut des Vnitiens3) que Dieu Trs-Haut lui accorde le salut ! . Ce dont nous tinfor-

    mons, [cest que] ta lettre est arrive,4) que je lai lue et que jai saisi tout le discours sur le cuivre152 que tu

    y as mentionn5) et les autres [informations]. Jai crit auprs de notre Matre6) le juge suprme que Dieu Trs-Haut le rende puissant pour ce

    qui est de sa comptence153

    7) et il ne fait plus objection votre gard, peu ou prou. Ceci est8) mon criture qui tmoigne en ma faveur que tout ce qui9) concerne notre Matre le juge suprme, ainsi que moi10) et les enfants de feu le marchand afi, mest parvenu.11) Votre lettre, je lai communique son Excellence royale12) al-aibi al-Badri que Dieu renforce ces auxiliaires et il a

    vrifi13) ce que tu as rapport. [Que] la rponse du susdit soit prsente son

    Excellence14) al-Fari, inspecteur de la place protge que Dieu Trs-Haut le

    rende puissant et salue15) pour moi lensemble de tes marchands, petits et grands. Quelque16) besoin que tu aies, envoie-le-moi faire savoir, nous nous chargerons

    de le satisfaire, si Dieu Trs-Haut le veut !17) Si le navire du Franc qui a avec lui lor qui nous appartient arrive,18) envoie-le-moi faire savoir. [Il en va] de mme [pour] Andriya Banat

    [Andrea Benedetto]. Crains ton Dieu ! Crains ton Dieu19) ce sujet154 ! Cest de ta comptence et tu es bien au fait

    152 F. Apellaniz lit al-taasur ( le prjudice ). On note en effet que le sin se termine par une boucle finale prcde dun petit trait que lon peut interprter chez al-Tawrizi comme le souci dindiquer le passage une autre lettre (en loccurrence un ra), comme par exemple dans le mot al-asraf la l. 11. Toutefois, cela ne semble pas dter-minant surtout si on observe la forme du sin final dans le mot ams la l. 5 du document n 5. En outre, la sixime forme verbale nest pas atteste pour cette racine. Avec ce mme ductus, la forme en question nest atteste que pour la racine GSR qui ne fait gure sens dans ce contexte. Si la lecture dApellaniz devait malgr tout tre maintenue (ce serait alors un hapax), il faudrait traduire par prjudice commun, partag .

    153 Al-Kifaya. Voir DOZY, Supplment, II, p. 479 (s. v.). 154 La signification de lexpression Allaha Allaha fi kaa est donne par E.W. LANE,

    Madd al-qamus. An Arabic-English Lexicon, London Edinburgh, 1863-1893, 8 vol., vol. I, p. 83 (sub voce Allah : , [a verb being understood] meaning Fear ye God, fear ye God with respect to such a thing ) sur la base dune note marginale trouve dans un manuscrit dal-Gami al-agir. Lauteur fournit un autre exemple sub voce

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 3194595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 31 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • 32 F. BAUDEN

    20) des choses155. Le salut soit sur toi, si Dieu Trs-Haut le veut.21) Dieu nous suffit. Quel excellent Garant Il fait !22) [Marque de fin.]

    Marge droite : Son oblig156

    Muammad Tawrizi

    Verso (suscription) :1) [Au] consul des Vnitiens et ses marchands que Dieu Trs-Haut

    lui accorde le salut ! .

    Abstract

    This article aims at analysing the linguistic features of three letters written by a merchant in Cairo and dated 1416 and 1417. Addressed to the Venetian Consul in Alexandria, these letters were written in a language that shares many charac-teristics with what has been defined as Middle Arabic or Mixed Arabic. By the number of the idiosyncrasies they contain, the letters may be considered highly representative of this variety : colloquialisms that reflect the language spoken by the writer and distinctive traits identified as resulting from interferences between Classical Arabic and Colloquial Arabic. Every single deviation from Classical Arabic is considered and analysed in comparison with the major reference works where Middle Arabic was described. The documents are also reproduced, edited and translated.

    Karratun (Ibidem, vol. 7, p. 2601) : , Fear ye God, [fear ye God,] and return to your prophet . On en trouve une autre attestation dans un document du Xe s. Voir DIEM, Arabische Geschftsbriefe, p. 23, l. 11 (fa-llaha llaha fi al-tibn que lauteur traduit : Er denke unbedingt an das Stroh ). Cette forme de serment suivie de fi nappa-rat pas dans A. FISCHER, Grammatisch schwierige Schwur- und Beschwrungsformeln des klassischen Arabisch , dans Der Islam, 28 (1948), p. 1-105 (voir toutefois p. 10 et suiv. pour le nom dAllah rpt dans un serment).

    155 Tafa alayka al-umur. Voir WEHR, Dictionnary, p. 251 (s. v. afiya). 156 Sakiruhu. On trouve ce terme employ, parfois avec un complment (par ex. sakiru

    tafaulihi), dans les adresses ajoutes de nombreux documents surtout rdigs par des juifs. Voir K. ALMBLADH, The Letters of the Jewish Merchant Abu l-Surur Fara b. Ismail al-Qabisi in the Context of Medieval Arabic Business Correspondence , dans Orientalia Suecana, 53 (2004), p. 26-27. Pour dautres attestations, y compris quelques-unes dans des lettres rdiges par des musulmans, voir DIEM, Arabische Geschftsbriefe, p. 394. Son emploi est confirm pour les lettres par al-Qalqasandi, ub al-asa fi inaat al-insa, 14 vol., al-Qahira, 1913-1920, vol. V, p. 428.

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 3294595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 32 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 33

    Fig. 1 : Lettre n 4Procuratori di San Marco, Commissarie miste, busta 180, fascicolo IX, n 4

    (Archivio di Stato, Venezia)

    Recto

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 3394595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 33 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • 34 F. BAUDEN

    Verso

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 3494595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 34 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 35

    Fig. 2 : Lettre n 5Procuratori di San Marco, Commissarie miste, busta 180, fascicolo IX, n 5

    (Archivio di Stato, Venezia)

    Recto

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 3594595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 35 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • 36 F. BAUDEN

    Fig. 3 : Lettre n 6Procuratori di San Marco, Commissarie miste, busta 180, fascicolo IX, n 6

    (Archivio di Stato, Venezia)

    Recto

    94595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 3694595_DenHeijer_PIOL_61_01.indd 36 3/07/12 09:233/07/12 09:23

  • ANALYSE LINGUISTIQUE DE TROIS LETTRES 37

    Verso

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