ble berri - mukt · 2019. 3. 25. · sar hitza - edito 2 sar hitza/editole ... 31 egutegia/agenda...
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n°62. zenbakia mars 2019ko martxoa
EUSKAL HERRIKO LABORANTXA BIOLOGIKOA ETA IRAUNKORRALE BULLETIN DE BIHARKO LURRAREN ELKARTEA CIVAM BIO DU PAYS BASQUE
BLE Berri
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 2 -
SAR HITZA - EDITO
2 SAR HITZA/EDITO
3 AROA/METEO DE BLE
4 SARREAK GAUR/RESEAUX
Les insectes pourraient disparaître
de la planète d’ici 100 ans
Les porteurs de projet d'installation
éligibles au financement VIVEA ?
Contamination croisée des produits
bios, où en est-on ?
6 HAZKUNTZA/ELEVAGE
Biosécurité en élevage porcin
9 GAI NAGUSIA/LE
DOSSIER
Travail du sol ou non travail du
sol, quelles stratégies en Agri-
culture Biologique ?
28 SALTZEKO / COMMERCIALISA-
TION
Le SYNABIO appelle les enseignes à
éviter la guerre des prix
Devenir paysan·ne en AMAP
30 ERLEZAINTZA/APICULTURE
Le cynips du châtaignier : un parasi-
te présent au Pays Basque
31 EGUTEGIA/AGENDA
AURKIBIDEA - SOMMAIRE
MARS 2019
Programme Biodversité Cultivée
Point budget / tréso
Préparation AG de BLE
Courrier de réponse de la FRAB.
Éléments de discussions Act'terres.
Activités de formation : réorganisa-
tions à venir dans le cadre de la
réforme de la formation profession-
nelle
Valorisation agneau de lait bio,
filière viande bovine bio
Réseau AMAP : point d'information
sur des tensions existant entre
producteurs bios
Asunak 2019
Diplôme Universitaire transition
agro-écologique paysanne
Prochain CA : le 8 avril 2019
On en a parlé en Conseil d’Administration
Le pouvoir économique en place a un talent remarquable pour récupérer les mots et
leur sens. Il a fallu 15ans de bataille à la filière de l’agriculture biologique pour inter-
dire la fallacieuse dénomination du yaourt Bio bifidus de Danone. En 2005 il était de-
venu Activia et, depuis peu, il propose une gamme certifiée en Bio. Finalement, des
parts de marché sont à prendre...
Autre mot récupéré, l’agroécologie est celui choisi par Mr Le foll, le ministre de l’agri-
culture de la précédente mandature pour verdir son projet agricole. Chacun met ce
qu’il veut derrière ce terme porteur de valeurs symboliques fortes mais qui n’encadré
par aucun cahier des charges ou réglementation. Cela a principalement permis la
mise en avant de l’agriculture de conservation. Elle est présentée comme un concept
agronomique révolutionnaire écologique qui rompt avec le mode passéiste (bio ou
conventionnel) basé sur le labour. Elle sauvera les vers de terre et rééquilibrera le
bilan carbone de notre planète selon ces promoteurs. Colloques, associations pour sa
vulgarisation, réseau sociaux , sociétés de conseil privées, etc., la communication
autour de ce concept est impressionnante ; elle a pourtant un gros défaut ; celui de
ne pas avoir encore fait ces preuves sans avoir recours au glyphosate. Pour-
tant, la société civile ne veut plus de ce désherbant systémique nocif dont la présence
dans nos urines est généralisée. Ce modèle dit ''agroécologique '', sorti du chapeau il
y a quelques années, est la fausse bonne solution qui cherche à s imposer pour sortir
d’un modèle conventionnel décrié. quel culot... quel talent...
Jusqu’à ce jour, seuls les systèmes d’agronomie biologiques basés sur la connaissan-
ce des sols, les rotations, la complémentarité de la polyculture et de l’élevage sont les
garants du capital de fertilités des sols et d’une alimentation saine. La recherche et
l’innovation doivent continuer à faire évoluer, à enrichir et à développer ces acquis.
C’est le sens du dossier de ce BLEBERRI. Bonne lecture.
Jon Harlouchet, éleveur et administrateur à B.L.E
FÉVRIER 2019
Point budget, tréso, 1ers éléments
résultats comptables 2018
Charte com' de BLE (cf groupe pilo-
te)
Préparation de l'AG du 29 mars 2019
Groupe de travail Asunak 2019
Retours de la réunion FRAB collège 1
du 31/1
Bilan de l'AAP de la CAB pour les
projets liés à BLE
Retours de la réunion réseautage bio
de la Chambre
Rôle des animateurs de BLE
dans projets avec les lycées agrico-
les
Dossier Biodiversité cultivée : re-
tours de la Commission du 23/1
Zuzenean zure esku 21/2 soir, ...
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 3 -
AROA - METEO DE BLE
CHAMP LIBRE POUR LE GLYPHOSATE !?
« Une signature discrète
au Salon (de l'agricultu-
re). Le Ministre de l'agri-
culture et 42 partenaires
-ayant tous intérêt à ce
que le glyphosate ne disparaisse pas
trop vite - ont signé un préambule à un
contrat de solutions » nous transmet
André Chalopin de Réseau-CIVAM. Cette
démarche est orchestrée par la FNSEA
et le contrat ne prévoit aucun objectif
chiffré pour la diminution puis l’arrêt du
glyphosate.
ET PENDANT CE TEMPS… LES INSECTES CONTINUENT DE DISPARAÎTRE
Cf. article page suivante « les insectes
pourraient disparaitre de la planète d’ici
100 ans ».
VENDREDI 29 MARS C’EST L’AG DE BLE
R e t r o u v e z - n o u s
nombreux-ses, à
partir de 9h30 à la
salle polyvalente de Lasse, pour le bilan
de 2018 et les orientations 2019 suivis
de la présentation du pacte bio Nouvelle
-Aquitaine et du label « territoire bio
engagé ». L’après-midi une visite de la
ferme Xubialdea sera proposée.
RETROUVEZ L’ACTUALITÉ DE BLE SUR BLE-CIVAMBIO.EUS !
Et voilà, à l’occasion de l’AG de BLE
nous officialisons la mise en ligne du
site internet de BLE. Vous-y trouverez
toutes nos actualités, offres de forma-
tion et, pour les adhérants de BLE, tou-
tes les ressources documentaires.
LA RELATION ÉLEVEUR - ANIMAL, RETOUR SUR UNE TABLE RONDE QUI FAIT DATE C’était à Asunak l’an dernier, 3 person-
nes : Anita Duhau, éleveuse en chèvre
pyrénéenne bio à Lohitzun, Eñaut Haris-
puru, éleveur bio de vache et brebis à
Ibarolle, et Elodie Stolear, vétérinaire
ostéopathe, qui ont eu la gentillesse et
le cran de venir témoigner de leur quo-
tidien avec les animaux : de la vie, de la
mort, de la relation,.... La vidéo est
accessible sur ce lien : https://
w w w . y o u t u b e . c o m / w a t c h ?
v=86jmSBNPQQ4&feature=youtu.be
COLLECTIF POUR UNE AUTRE PAC
Ce collectif, dont Réseau-CIVAM fait
partie, constitue « un espace commun
de réflexion et d’action, en vue de la
refonte de la politique agricole commu-
ne (PAC). [Il] défend une révision com-
plète de l’actuelle politique agricole
commune en faveur d’une nouvelle poli-
tique agricole et alimentaire commune
(PAAC) mise au service de tou·te·s les
citoyen·ne·s » Pour en savoir plus :
https://pouruneautrepac.eu/decouvrez-
nous-en-videos/
GAISKI ESANKA ARI DENAK BERETZAKO KALTE—CELUI QUI PARLE MAL SE FAIT PRÉJUDICE
Que mangeront nos enfants de-main ? La vision du syndicat des Jeunes Agriculteurs
Le syndicat des Jeunes agriculteurs
organisait une soirée « Que mange-
ront nos enfants demain ? » avec,
comme expert invité, Christophe
Dequidt, communicant ayant visité
17 pays lors d’un tour du monde sur
les moissons du blé. Il a présenté les
enjeux pour l’agriculture française :
9 milliards d’êtres humains à nourrir
en 2050, agriculture la plus perfor-
mante du monde et un marché en
pleine expansion à nos « portes » :
l’Afrique ! Cela nous laisse penser
que le futur pour l’agriculture fran-
çaise se trouve dans l’export vers les
marchés africains (déjà complète-
ment déstructurés par nos surplus!).
Malheureusement il n’y avait pas de
conclusion à son intervention… En
tous cas selon Mr Dequidt ce n’est
pas grâce à l’agriculture bio que l’on
va nourrir le monde car « c’est une
agriculture de niche qui ne dépassera
jamais 10 % » d’autant qu’il est cer-
tain « qu’un grand scandale va bien-
tôt arriver en agriculture biologi-
que » : les mycotoxines… Alors que
mangerons nos enfants demain ? Pas
de bio, mais des produits locaux
(ceux que l’on aura pas exporté en
Afrique) qui viendront de fermes à
taille humaine ? C’est ce que pourrait
laisser entendre la conclusion de
Jérémy Decerle, président des JA : «
Il vaut mieux des voisins que des
hectares », finalement les idées évo-
luent...
LE BPREA EN BIODYNAMIE S'OUVRE À LA VITICULTURE ET À L'ARBORICULTURE
Le BPREA en 2 ans adapté à la biodyna-
mie, profite d’une réforme impulsée par
le virage agroécologique du gouverne-
ment pour s’adapter aux demandes des
nouveaux porteurs de projets agricoles.
Le BPREA rénové reste bien sur 2 an-
nées à temps plein, dont 2/3 de stage
pratique, […] mais les agriculteurs maî-
tres de stage en biodynamie ainsi que
l’équipe pédagogique en profite pour
ouvrir la formation à la viticulture et
l’arboriculture, en plus des autres pro-
ductions déjà possibles (élevage, maraî-
chage, grandes cultures, plantes médici-
nales). Pour en savoir plus : https://
www.bio-dynamie.org/formations/
formation-qualifiante-bprea/le-bprea-en
-biodynamie-fait-peau-neuve/
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 4 -
[…] Les insectes sont « essentiels » au
bon fonctionnement de tous les écosys-
tèmes, expliquent les chercheurs. Ils
pollinisent les plantes, recyclent les nu-
triments et servent de nourriture de
base aux autres animaux. [...] L’un des
impacts majeurs concerne les nombreux
oiseaux, reptiles, amphibiens et pois-
sons qui se nourrissent d’insectes.
[...] Les abeilles ont également été gra-
vement touchées, la moitié seulement
des espèces de bourdons recensées en
Oklahoma aux Etats-Unis en 1949 étant
présentes en 2013. Le nombre de colo-
nies d’abeilles aux Etats-Unis était de
six millions en 1947, 3,5 millions ont
disparu depuis. Il existe plus de 350
000 espèces de coléoptères et on pense
que beaucoup d’entre elles ont décliné,
en particulier les dendroctones du fu-
mier. Si on dispose de beaucoup moins
d’informations sur les mouches, four-
mis, pucerons, insectes boucliers et
criquets, les experts affirment qu’il n’y a
aucune raison de penser qu’ils s’en sor-
tent mieux que les espèces étudiées.
L’AGRICULTURE INTENSIVE POINTÉE DU DOIGT
« Si nous ne changeons pas nos métho-
des de production alimentaire, les insec-
tes dans leur ensemble s’engageront sur
la voie de l’extinction dans quelques
décennies », écrivent les chercheurs,
pour lesquels l’agriculture intensive est
la cause principale du déclin des popula-
tions d’insectes, en particulier la forte
utilisation des pesticides. L’urbanisation
et le changement climatique sont égale-
ment des facteurs importants.
Les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici 100 ans
Le Monde - 11 février 2019
Les insectes du monde entier sont en voie d’extinction, menaçant d’un « effondre-
ment catastrophique des écosystèmes naturels », s’est alarmé, fin janvier, la revue
scientifique mondiale Biological Conservation. Plus de 40 % des espèces d’insectes
sont en déclin et un tiers sont menacées, selon les chercheurs. Leur taux de mortalité
est huit fois plus rapide que celui des mammifères, oiseaux et reptiles. Au cours des
trente dernières années, la masse totale des insectes existant dans le monde a dimi-
nué de 2,5 % chaque année.
Selon M. Sanchez-Bayo, la disparition
des insectes semble avoir commencé à
l’aube du XXe siècle, puis elle s’est ac-
célérée dans les années 1950 et 1960 et
a atteint des « proportions alarmantes »
au cours des deux dernières décennies.
Les nouvelles classes d’insecticides in-
troduites au cours des vingt dernières
années, y compris les néonicotinoïdes et
le fipronil, ont été particulièrement
dommageables car ils sont utilisés régu-
lièrement et persistent dans l’environ-
nement. [..]
ETA IPARRALDEAN ? NOTRE PART DU TRAVAIL
Nous ne disposons pas d'étude spécifi-
que en Euskal Herri, mais il n'y a pas
de raison particulière à ce que nous
échappions à cela. BLE doit conforter
plusieurs actions déjà engagées, qui
ont un impact direct : développement
d'une agriculture biologique économe
(qui n'a pas recours aux pesticides de
synthèse), travail sur la gestion du
parasitisme sur les ruminants
(analyses copro, soins alternatifs,..),
sensibilisation à la problématique des
traitements insecticides contre cirphis
(en continuant à montrer que les fer-
mes bios parviennent à se développer
malgré la pression cirphis, en adaptant
les pratiques), accompagner les fermes
dans la mise en place et la valorisation
d'infrastructures écologiques favorisant
les insectes (dont les auxiliaires et les
pollinisateurs si précieux). Les
paysan·ne·s sont partant-e-s, et c'est
maintenant.
Assemblée Générale de la FNAB
Dans le cadre de son assemblée généra-
le annuelle, la FNAB, en partenariat
avec Bio en Hauts-de-France, organise
un colloque sur les enjeux liés à l’emploi
en agriculture biologique le mercredi 10
avril à 14h30 à Pierrefonds (60)
AU PROGRAMME :
Formation des salariés agricoles et des
futurs producteurs et productrices, at-
tractivité des métiers, rôle des collecti-
vités, engagement des acteurs de l’em-
ploi et de la formation pour l’agriculture
bio, emplois partagés et nouvelles com-
pétences managériales, qualité de vie
au travail : en présence de producteurs,
de chercheurs, des pouvoirs publics et
des acteurs de l’emploi et de la forma-
tion, deux tables-rondes permettront de
débattre de ces enjeux et construire les
solutions à mettre en place :
Comment lever les freins à la création
d’emplois salariés dans les fermes ?
Assurer le renouvellement des géné-
rations : et si ça passait par des
paysans bien formés et heureux ?
Détails et inscriptions ici :
https://www.weezevent.com/colloque-
10-avril-l-ab-un-reservoir-d-emplois-de-
qualite-pour-les-territoires
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 5 -
SARREAK GAUR—ACTUALITE DES RESEAUX
BLE compte parmi ses adhérents envi-
ron 10% de personnes en projet d'ins-
tallation, sur différentes productions
avec, actuellement, une dominante en
maraichage, PAM (Plantes Aromatiques
et Médicinales), arbo et volaille. Jusque
fin 2018, une attestation d'inscription au
PAIT (Point accueil installation transmis-
sion) a permis de les rendre éligible au
financement de formation VIVEA. Ces
formations sont très précieuses pour
cette étape de création d'activités, et
donc d'acquisition de compétences,
alors que certains ont un peu de temps
disponible avant de s'installer.
Dorénavant, cela ne fonctionnera plus
ainsi. Seules les personnes qui ont en-
gagé leur PPP (parcours de profession-
nalisation personnalisé) seront finança-
bles au VIVEA pour des formations pré-
conisées dans leur PPP avant installa-
tion. Il faut préciser que les formations
« avant installation » inscrites dans le
PPP doivent obligatoirement être sui-
vies, pour finaliser le dossier vers la DJA
(Dotation Jeune Agriculteur). Un des
effets de cela est aussi que le porteur
de projets, s'il veut être financé par le
VIVEA, devra réaliser son PPP un peu
plus tôt dans son parcours que ce qui se
réalise jusqu'à aujourd'hui. Et c'est au
conseiller projet (4 animateur·rice·s de
BLE sont agréées pour cela) d'attester
que les formations proposées ne peu-
vent être financées par d'autres fonds
de formation (CPF – pôle emploi, Région
Nouvelle Aquitaine...), après vérification
avec le porteur de projets.
Deux points nous questionnent au ni-
veau de BLE : faut-il que nous
« poussions » à faire un PPP plus tôt,
avec des préconisations « avant instal-
lation » pour pouvoir faire financer des
formations par le VIVEA ? Et accueille-t-
on dans les formations VIVEA les por-
teurs de projet non finançables ? La
réponse du CA est claire : oui, la partici-
pation aux formations reste ouverte aux
porteurs de projets, quelle que soit leur
situation. C'est très important. Pour
permettre cela, il est cependant impor-
tant que nous « jouions tou·te·s le
jeu », c'est-à-dire :
que les porteurs de projet pour qui
cela correspond au bon moment
s'engagent dans le PPP
que les finançables VIVEA fassent
un effort encore plus marqué pour
s'inscrire, participer, signer les
feuilles d'émargement, demander
les attestations MSA si nécessaire,
afin d'assurer un financement suffi-
sant sur la globalité des forma-
tions .
A l'échelle de BLE, ceci
revient symboliquement à or-
ganiser solidairement l'accueil
des porteurs de projets d'ins-
tallation au sein des groupes
de formation.
Tous ces éléments sont en évolution
rapide dans le cadre de la réforme de la
formation professionnelle, nous nous
tiendrons au courant de la suite !
Les porteurs de projet d'installation éligibles au financement VIVEA ?
Contamination croisée des produits bios, où en
est-on ?
La contamination de produits biologi-
ques par des OGM ou des pesticides
revient régulièrement dans le débat et
est parfois utilisée pour critiquer l’agri-
culture biologique.
Ces contaminations peuvent subvenir à
tout moment de la vie du produit : à la
production (matériel utilisé en commun
avec des non bio, produits épandus sur
les parcelles voisines, eau d’irrigation),
pendant le stockage et le transport
(matériel utilisé en commun avec non
bio), à la transformation (utilisation de
matière première non bio sur le site).
Le règlement européen de la bio n’im-
pose pas de seuil minimum de concen-
tration en produits non-autorisés, com-
me les pesticides. Néanmoins les pro-
ducteurs bios doivent mettre en place
des moyens adéquat pour éviter les
contaminations. En cas de contamina-
tion d’un produit, le règlement prévoit
une gestion au cas par cas par les orga-
nismes certificateurs : une enquête au-
près du producteur doit permettre de
déterminer l’origine de la contamination
et seuls les cas de contamination fortui-
te et inévitable permettent de maintenir
la mention biologique du produit.
Dans le cadre du nouveau règlement bio
européen, appliqué à partir de 2021, les
pays qui ont mis en place des seuils
(Italie, Belgique) pourront les maintenir
à condition de ne pas fermer leur mar-
ché aux produits bios provenant d’au-
tres pays européens.
En France, l’INAO travaille avec les or-
ganismes certificateurs à la mise en
place d'un système harmonisé de dé-
classement des produits dans le cas
d’analyses positives. Nous en saurons
plus dans quelques mois...
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 6 -
DE QUOI S'AGIT-IL ?
L'arrêté ministériel du 16 octobre 2018 vise à limiter le risque
de contamination d’un élevage vis-à-vis de la Peste Porcine
Africaine (PPA) et des autres dangers sanitaires tels que la DEP
et les salmonelles.
Parmi les mesures définies :
Empêcher tout contact direct et indirect des porcs avec des
sangliers.
Ne pas nourrir les porcs avec des restes de repas.
Interdire l’introduction de nourriture à base de porc ou de
sanglier provenant de pays infectés.
Ne pas introduire d’animaux provenant de périmètres infec-
tés.
Toute personne revenant d’un périmètre infecté et ayant
été en contact avec des porcs ou des sangliers doit respec-
ter un délai de 2 nuits avant d’accéder à l’élevage.
Nettoyer et désinfecter tout matériel et véhicule entrant
dans l’élevage.
Définir 3 zones dans l’élevage (cf schéma, à adapter à un
élevage de plein air):
une publique en dehors de l’enceinte de l’élevage
(parking, magasin de vente...) ;
une professionnelle, dans laquelle les véhicules et per-
sonnes explicitement autorisés peuvent entrer en res-
pectant les consignes de biosécurité ;
une d’élevage, avec un accès limité aux personnes, en
tenue d’élevage et dans laquelle les véhicules ne peu-
vent pas entrer.
Biosécurité en élevage porcin Suite à la détection de la peste porcine africaine (PPA) en Belgique, la France a décidé
de mettre en place des mesures renforcées de biosécurité. Une sorte de copier-coller
de la règlementation sanitaire mise en place en volailles ces dernières années, vis-à-
vis de la grippe aviaire, réadaptée aux suidés. Certaines mesures entrent en applica-
tion dès 2019 pour tous les éleveurs de porcs ou de sangliers.
Sas d’entrée avec marche en avant stricte, changement de
tenue et chaussures et lavage des mains.
Quarantaine vidée, nettoyée et désinfectée entre chaque
livraison dans laquelle le chauffeur n’entre pas et avec une
phase d’observation stricte.
Respecter des règles de biosécurité strictes pour l’embar-
quement des porcs, en particulier
impérativement nettoyer et désinfecter systématiquement
le quai et l’aire de stockage après chaque départ.
Être particulièrement vigilant sur la gestion de l’enlèvement
des cadavres : position de l’aire d’équarrissage, circuit d’ac-
cès du camion et se laver les mains, changer de bottes voi-
re de tenue ensuite.
L'arrêté peut être consulté en suivant le lien ci-dessous :
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/16/
AGRG1828116A/jo/texte
ZOOM SUR LA PPA
La PPA est arrivée début 2014 en Europe. Elle est présente
dans 11 pays européens dont la Belgique. La maladie n'est pas
dangereuse pour l'homme mais les suidés atteints meurent
dans 90% des cas. Elle se transmets entre suidés (porcs et
sangliers), mais aussi via tout ce qui a été en contact avec un
animal positif : chiens, matériels de transport, paille...
--> la maladie aurait parfois progressée de 1000km du fait de
l'ingestion par des sangliers de restes alimentaires contaminés,
sangliers ensuite en contact avec des porcs. Les zones à proxi-
mité des aéroports, surtout en provenance de Chine sont très
surveillées.
Conséquences d'un cas positif :
abattage total de l'élevage
restriction des mouvements sur le département
au cas par cas, mais potentiellement, abattage
sur toute une zone
arrêt des exports
chasse : arrêt ou autorisation sous certaines
conditions
HAZKUNTZA - ELEVAGE
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/16/AGRG1828116A/jo/textehttps://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/16/AGRG1828116A/jo/texte
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 7 -
QUI EST CONCERNÉ ?
« Tous détenteurs» de porcs ou de sangliers ; Dans le cas de
porcs présents hors d'une activité commerciale, il s'agira d'em-
pêcher le contact avec la faune sauvage, domestique, avec des
personnes ou véhicules extérieurs etc… La formation n'est pas
obligatoire, ni le plan de biosécurité.
QUELS SONT LES DÉLAIS D'APPLICATION ?
→ L'arrêté prévoit un certain nombre de dispositions d’applica-
tion immédiate : gestion des flux de véhicules, matériels, per-
sonnes et animaux (nettoyage-désinfection des camions char-
geant des animaux, sas sanitaire séparant la zone profession-
nelle et la zone d’élevage…), contrôle de l'alimentation
(interdiction des déchets de cuisine), de la litière (stockage de
la paille à l’abri des suidés sauvages), de la lutte contre les
nuisibles (dératisation) et de la gestion des cadavres.
→ dès 2019, un référent par ferme devra
suivre une formation « biosécurité dans les
élevages de porcs »
→ D’ici au 1er janvier 2020, tout détenteur
de suidés (porcs et sangliers) devra définir
un «plan de biosécurité», expliqué en for-
mation et précisé en annexe de l'arrêté,
pour l’ensemble de son exploitation,
«détaillant l’organisation des bâtiments,
parcs ou enclos où sont élevés et où circu-
lent les suidés». A la même date, tout site
d’exploitation de suidés devra être équipé
d’un quai d’embarquement des animaux et
d’une aire bétonnée ou stabilisée accessible
au véhicule d’équarrissage.
→ Au 1er janvier 2021, tout élevage devra
«disposer d’un système de protection per-
mettant d’éviter tout contact direct entre les suidés domesti-
ques détenus dans l’exploitation – quel que soit leur âge et
leur sexe – et les suidés sauvages» (applicable dès à présent
dans les zones « sensibles »). Il s'agit pour le moment de clô-
tures fixes avec grillage à mailles progressives, plus resser-
rées en bas pour éviter le passage des porcelets ou des mar-
cassins, et fils électiques internes / externes (cf. annexe 4 de
la circulaire DPEI/SDEPA/C2005-4073 du 20/12/2005).
En cas de non application ? Le préfet peut interdire toute en-
trée ou sortie de porcs sur la ferme.
LES ACTIONS DU RÉSEAU
La filière bio est particulièrement concernée, du fait de la spé-
cificité des élevages plein air. La FNAB, associée à la confédé-
ration paysanne, « est en lien avec les services du ministère
pour que les mesures soient à la fois exigeantes et réalistes au
regard des contraintes du terrain ».
La DGAL va visiter des fermes du réseau avec des porcs plein
air, afin de prendre connaissance des limites de cette régle-
mentation (dans le cas des volailles, certaines mesures
avaient été adaptées pour être applicables sur les petits éleva-
ges ; par ex. un seul sas pour plusieurs bâtiments).
Parmi les points de discussion que la FNAB à fait remonter à la
DGAL :
Le type de clôture retenu : un seul modèle ? possibilité
de clôtures amovibles sur certaines zones ?
des clôtures fixes (grillage + électricité) pour tous les
animaux ou seulement les reproducteurs ? ;
l'obligation de sas fermés, nettoyables et désinfectables
à chaque entrée de parc :possibilité d'avoir uniquement
une caisse métallique qui permettrait le changement de
chaussures et la désinfection des mains à l'entrée de
Critères à observer pour déceler la PPA (IFIP)
TABLEAU VIGILANCE CLINIQUE
SI VOUS CONSTATER sur vos PORCS
Appétit diminué
Fièvre (plus de 40°C)
Augmentation de la consom-
mation d’eau
Abattement
Regroupements inhabituels
d’animaux
+/- rougeurs sur la peau
(oreilles, abdomens…)
+/- avortements et mortalité
sous la mère
OU
Augmentation de
la mortalité
=
Doublement de la
mortalité habituelle
sur 15 jours dans 1
bande ou 1 salle
CONTACTEZ votre VETERINAIRE sans délai !
« Mieux vaut signaler un cas suspect qui s’avèrerait négatif
plutôt que de ne pas détecter la maladie »
Suite >
HAZKUNTZA - ELEVAGE
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 8 -
Formation « biosécurité en élevage
de porcs »
BLE vous propose une formation adaptée aux élevages de
porcs plein air (vs en bâtiments), le mardi 16 avril à Ostabat,
avec Christine Meymerit, formatrice pour interface élevage et
éleveuse de porcs gascons, avec atelier de naissage.
Au programme :
Les bases scientifiques de la PPA (reconnaissance de la
maladie – évaluation des risques – situation épidémiologi-
que)
Concevoir et gérer un plan de biosécurité (définition des
zones & flux – éléments de biosécurité - cas concrets)
Mettre en oeuvre les bonnes pratiques d’hygiène (plan de
nettoyage, désinfection, dératisation- examen de docu-
ments)
Pour vous inscrire :
[email protected] / 06 27 13 32 34
chaque parc (avec un sas sanitaire général au cen-
tre) ? ;
une aide financière pour les investissement que cela va
induire (clôtures, sas...) : néccessité de négocier une
aide nationale et non régionale qui induirait trop de dis-
parités.
Nous vous tiendrons informé de l'évolution de ces échanges.
Plus d'infos : http://biosecurite.ifip.asso.fr/
BIBLIOGRAPHIE :
http://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-
elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-
2020:71O68IBL.htm
IFIP _ http://biosecurite.ifip.asso.fr/_ Fiche Mesures de biosé-
curité recommandées pour les élevages vis-à-vis du risque de
Peste Porcine Africaine.
mailto:[email protected]://biosecurite.ifip.asso.fr/http://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-2020:71O68IBL.htmhttp://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-2020:71O68IBL.htmhttp://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-2020:71O68IBL.htmhttp://biosecurite.ifip.asso.fr/
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 9 -
PRÉSENTATION D’YVES HERODY :
Après une formation de géologue, ses
travaux sur les « conditions d’apparition
et de développement de la vie sur ter-
re » le conduisent vers la pédologie
dynamique. Au début de sa carrière, il
travaille à la remise en culture des ter-
res après conflits, et à l’installation défi-
nitive des personnes déplacées en zones
rurales. Cette expérience lui fera ren-
contrer un grand nombre de situations
dans le monde, et fondera son attache-
ment au gros bon sens. En 1980, il fon-
de le BRDA Bureau de Recherches sur le
Développement Agricole. Il développe
une approche pragmatique des sols
cultivés en vue d’une production de
haute qualité, rentable et autonome. En
utilisant les plus récentes avancées de
la géologie (notamment géochimie et
m i né r a l og i e ) , d e l a b i o l o g i e
(physiologie, biochimie et microbiologie)
et de la pédologie, il met en place un
protocole d’évaluation des sols basé
avant tout sur l’observation minutieuse
du terrain, complétée par des mesures
spécifiques du fonctionnement du sol.
D’où son habitude de sans cesse cher-
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
TRAVAIL DU SOL - NON TRAVAIL DU SOL.
Quelles stratégies en Agriculture Biolo-
gique ?
La base du travail de BLE depuis sa naissance en 1993 : l’AGRONOMIE APPLIQUEE sur le terrain avec les paysans.
Le partenaire principal : Yves HERODY (et son réseau, notamment Jacques PETIT, Dominique MASSENOT…).
Le résultat en 2019 : Près de 8 000Ha de sols cartographiés en Pays-Basque, des milliers d’analyses de roches, des centaines d’a-
nalyses de sols, des itinéraires techniques construits et validés avec les paysans (viticulteurs, éleveurs, maraichers…), des anima-
teurs-trices de BLE formés à la méthode HERODY d’analyse de sol, des dizaines de réunions dans les villages avec les paysans et
partenaires techniques, des rencontres humaines très riches, et surtout, des résultats satisfaisants sur le terrain qui permettent
une approche réellement autonome et économe des fermes. Chaulage au sable grossier de carrière, utilisation de compost jeune,
aération des prairies, etc.… Ces conseils sont le fruit d’un travail scientifique de plus de 20 ans, conjugué à la vérification par les
paysans.
Aujourd’hui/Demain : à l’heure des concepts et débats tels le labour/non labour, les TCS (techniques culturales simplifiées), le se-
mis direct sous couvert, l’interdiction ou pas du Roundup, etc., il nous a paru intéressant de revenir sur les fondamentaux agrono-
miques travaillés à BLE avec l’aide d’Yves HERODY, non pour nous donner raison mais pour tenter de remettre un peu de bon sens
dans tout ça.
Yves HERODY un « passeur de savoirs »
entre la géologie, la pédologie, l’agronomie…
et les paysans
L’agronomie de bon sens au coeur des systèmes agricoles autonomes et économes
cher à « regarder autrement ». Son but
est de permettre à l’agriculteur de cons-
truire son propre outil d’évaluation des
sols. Si la science et la technique sont le
fondement de ses travaux, le facteur
humain constitue la base d’une applica-
tion réussie. Le modèle de connaissance
des sols, souvent appelée « méthode
Hérody », a été appliquée dans un
grand nombre de pays et dans tous les
systèmes de production. Cela définit son
efficacité, sa capacité d’adaptation et
d’évolution, et a surtout apporté une
dimension d’humilité qui est celle des
gens de la terre. Il rédige actuellement
la collection « les fondamentaux de l’a-
griculture », sous forme de livrets tech-
niques (« Le chaulage », « La première
goutte de la première pluie : stockage
et épandage des fumiers », « l’azote
dans les moûts »…), qui permettent une
synthèse de plus de quarante ans d’ob-
servations détaillées, de vérifications
méticuleuses et d’essais de longue du-
rée, conduit dans des pays, des systè-
mes de cultures et des contraintes éco-
nomiques les plus variés. Suite >
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 10 -
CONNAÎTRE UN SOL :
« …Pour bien utiliser un sol et choisir les bons itinéraires tech-
niques de mise en valeur, il faut connaître son origine, son
histoire et son fonctionnement. Pour cela, on doit comprendre
comment se sont formées les particules minérales provenant
des roches mères (qui représentent 90 à 98% du sol), com-
ment elles s’associent aux matières organiques (qui représen-
tent 2 à 10% du sol) pour créer un milieu nouveau où les flux
d’énergie et d’éléments peuvent être utilisés par les organis-
mes vivants (activité biologique et microbienne du sol) et en
particulier les plantes cultivées au moment où elles en ont be-
soin… ».
Et c’est ici toute la contribution des travaux
de recherches d’Yves HERODY qui a réussi à faire
des passerelles entre la géologie (roches), la pé-
dologie (sols), l’agriculture (les pratiques agrico-
les), la qualité du produit final (conservation, arô-
mes…). Approche compliquée oui mais ô combien
passionnante et surtout nécessaire pour sortir des
« effets de mode » actuels et autre « copier-
coller ».
LE TRAVAIL DE CARTOGRAPHIES DES SOLS :
L’association BLE et Yves HERODY (aidés
des partenaires financiers) ont réalisé
deux cartographies majeures en Pays-
Basque :
En 2009/2011 : la cartographie des sols
de l’appellation viticole Irouleguy sur
2000Ha.
En 2014/2015 : la cartographie des sols à
vocation élevage sur 6000Ha portant les
zones de l’Oztibarre (dont les sols repré-
sentent 80% des sols cultivés du Pays-
Basque), de la vallée des Aldudes et de la
vallée de l’Hergaray.
A l’heure où le mot « innovation » est
dans toutes les bouches, nous considé-
rons que ces travaux de cartographies
des sols relèvent bien d’une innovation au
service du territoire car ils ont été traduit
« en application agricole » pour et par les paysans. Nous
avons voulu revenir dans ce BLE BERRI spécial agronomie sur
les principaux résultats de ces cartographies afin de les valori-
ser notamment auprès de la nouvelle génération de paysans
locaux.
AGRICULTURE ET TERROIR : POURQUOI EST-CE SI IMPORTANT ?
« …Arômes, goût, texture, comportement à la transformation
et à la conservation d’un produit final (lait, vin…) dépendent
directement et en grande partie du sol, du terroir (Ex : liens
entre la qualité d’un lait fromageable et les minéraux prove-
nant du sol). Toute pratique agricole qui minimise l’action du
milieu (sol) minimise l’effet terroir du produit fini.
En agriculture du terroir, on ne cherche pas à corriger le sol,
on cherche à l’utiliser avec ses caractéristiques issues de son
héritage (géologie, pédologie). On doit donc le connaître,
comprendre sa composition et ses dynamiques de fonctionne-
ment. On doit ensuite y adapter des pratiques agricoles d’opti-
misation du terroir et non de substitution au terroir... ».
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 11 -
RAPPEL DES CONDITIONS DE L’ACTIVITÉ MICROBIENNE DANS LE SOL :
Ainsi la POROSITE du sol est constitué de l’eau, de l’air, des organismes vivants et
des racines des plantes… et de vides entre tout ça. La porosité peut être héritée
(type de sol) et construite (par la pratique agricole).
Concernant les racines, elles ne se développent correctement que si la porosité
convient à leur taille. Toute racine nécessite en préalable une fissure pour se dévelop-
per. Une bonne porosité est gage d’une fissuration du sol adaptée aux racines des
plantes. Il est important de bien observer sur le terrain, le système racinaire en verti-
cale et en horizontale. Ainsi même pour installer un engrais vert ou une toute autre
culture, il faut s’assurer d’un minimum de bonne structure en amont.
La réflexion sur travailler ou pas le sol et à quel niveau retrou-
ve ici toute sa logique.
RAPPEL SUR LE MODE D’ÉLABORATION DE LA STRUCTURE DU SOL :
Structure fragmentaire : issue d’un
phénomène physique (gel, sec, travail
du sol), elle ne fera toutefois jamais
d’agrégation.
Structure d’agrégation : issue du tra-
vail des micro-organismes du sol. C’est
donc toujours le résultat de l’activité
biologique intense du sol.
Les micro-organismes sécrètent du
« mucus » microbien qui sert « de
colle » à l’agrégation des particules
minérales fines du sol.
Il faut donc, en amont, donner de
la matière aux micro-organismes
pour qu’ils puissent, en aval, sécré-
ter du mucus.
Le mucus microbien est un poly-
saccharide. Il faut donc que la ma-
tière donnée en amont permette
d’amener du polysacarose, « du
sucre ».
Deux pratiques agricoles permettent
d’amener « du sucre » dans le sol :
L’’engrais vert (détruit jeune avant
floraison et incorporé en surface).
Le fumier assaini (ou jeune com-
post avec couverture en amont du
fumier).
LES SOLS DU PAYS BASQUE :
« …Au Pays Basque, les faciès géologi-
ques (type de roches et de sédimenta-
tions) sont innombrables et leur réparti-
tion très complexe en raison des mou-
vements qui ont donné naissance aux
Pyrénées. La détermination des faciès,
leur gisement puis leur altération qui
donne les sols actuels est une véritable
enquête d’identification des terroirs.
Une grande partie des sols agricoles du
Pays-Basque (environ 70 à 80%) repose
sur une formation géologique appelée
Flysch (vallée de l’Oztibarre, d’Amikuze,
une partie de la Soule mais aussi une
partie du littoral…). On retrouve aussi
d e s s o l s g r è s t r è s a n c i e n s
(paléozoïques) qui forment la plupart
des zones de montagne (vallée de Ban-
Battance Porosité
Paramètres (par ordre
de priorité)
Incidences et actions possibles du producteur
La T° du sol
Une certaine T° du sol est nécessaire à la minéralisation des matiè-res organiques par les micro-organismes. Ainsi le sol doit se ré-chauffer pour que l’activité biologique se « remette en marche ».
Ce paramètre est directement dépendant du climat mais
aussi de l’aménagement agricole (notamment la gestion
de l’eau dans la parcelle : fossés…).
L’air et l’eau (et les vi-des du sol)
C’est la porosité ou structure du sol nécessaire pour l’activité biologique et pour le système racinaire des cultures.
Le travail du sol et l’engrais vert participent à la structure du
sol.
La nourri-ture des micro-organismes du sol : « nourrir le sol pour nourrir la plante »
Pour fonctionner, les micro-organismes du sol nécessitent de l’air, de l’eau mais aussi de l’azote et de l’énergie RAPIDES (leur « bol alimentaire »). Il faut recherche une bonne structure/porosité du sol ET un équili-bre entre l’azote et l’énergie.
La conduite des engrais vert et le choix de a fertilisa-
tion organique impactent directement sur ce paramètre.
Préférez le fumier assaini, le compost jeune, les MO
faciles à décomposer et éviter donc les MO trop coria-
ces (déchets verts, digéstats méthanisation…).
Les bases L’activité biologique du sol entraîne une acidification du mi-lieu. Or l’acidité nuit à l’activité biologique. Il faut dont assurer une base pour (ré)équilibrer le milieu :
C’est la fonction du chaulage en sol acidifié, non calcaire (en
sol calcaire on ne chaule pas).
Si un de ces paramètres ne fonctionne pas correctement, la plante cultivée ne pousse pas bien (problème de rendement et/ou de
santé des cultures).
Suite >
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 12 -
ca…). On a aussi hérité de sols encore calcaire (vallée de l’Hergarai…). Entre chacune de ces grandes formations géologiques, on
peut aussi retrouver des micro-terroirs spécifiques comme les zones d’Ophyte, présente autour du vignoble d’Irouleguy… ».
LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES SOLS EN PAYS-BASQUE ET ITINÉRAIRES TECHNIQUES D’OPTIMISATION :
Principales carac-téristiques
Avantages Inconvénients Pratiques à favoriser
Sol à dominante minérale de LI-MONS à limon fai-blement argileux
Sol globale-ment fertile (dépend aussi de l’épaisseur)
Sensible à la battance en surface et parfois en profondeur. Peu de capacité de fixa-tion. Sensible au sec (selon épaisseur du sol et exposi-tion).
FISSURATION/AERATION : -Préférez des outils à dents, à ailettes. -Ne pas abuser des outils rotatifs. -Travail de sol de surface 2 à 10cm pour casser « la croûte de battance » (binage, scarification….). -Travail plus en profondeur 20-30cm parfois nécessaire pour fissurer « la semelle de labour » provoqué par le lessivage des fines. -Gérer le sur-pâturage /risque de battance. FRACTIONNEMENT des apports: Apports fractionnés de la fertilisation pour éviter les per-tes, les lessivages.
Des sols fertiles mais fragiles….Donner leurs de l’air….
Sol riches en ma-tières organiques
Réserves or-ganiques im-portantes
Mais réserves sous forme très stables (parfois trop stables)
FAVORISER L’ACTIVITE BIOLOGIQUE INTENSE : -Fumier assaini (garder les jus) 10 à 20T/Ha -Jeune compost (idem, épandage 1 à 3 semaines après le compostage), 10 à 20T/Ha -Légumineuses dans la rotation -Engrais vert détruit au stade jeune et incorporé en sur-face -Si engrais organiques du commerce : Farines, fientes, guanos, plumes EVITER D’AUGMENTER LES APPORTS STABLES : -Eviter vieux fumier, vieux compost (sauf certaines PAM) -Enlever les bois de taille -Surtout pas de déchets vert, de digéstats méthanisa-tion….pas adaptés et risque sanitaire élevé.
Des sols bien pourvus en matières organiques ….Favoriser l’activité biologique intense
Sol acidifié ou en cours d’acidifica-tion
Sol pauvre en calcium et assez bien pourvu en magnésium.
L’acidification nuit à l’acti-vité biologique du sol. Présence d’Aluminium en excès qui bloque des élé-ments.
CHAULAGE SOUVENT IMPERATIF : -Carbonate de Calcium 500 kgs à 1T/Ha/an -Carbonate de Calcium en sable de carrière : 5T/Ha tous les 5 ans -Si Dolomie 200Kgs/Ha INOCULER LES LEGUMINEUSES
Privilégier le chaulage au Carbonate de Calcium, à faire AVANT les apports organiques…
LES OLIGO-ÉLÉMENTS :
« …Tous les oligo-éléments sont présents dans les roches et
minéraux pyrénéens et donc dans les alluvions et colluvions.
Mais aussi d’autres métaux pas forcément désirables (par
exemple l’Aluminium). Il faut donc connaître les conditions de
mobilité/immobilité qui dépendent de plusieurs facteurs com-
plexes.
Les besoins en oligo-éléments sont couverts dans tous les
systèmes de production où le sol fonctionne. Toute carence
en oligo est aussi un indice que le système de production (et
donc le sol) fonctionne mal. Or un système de production
défaillant détruit le sol et pollue l’eau mais met aussi en dan-
ger la santé des animaux…et des hommes.
L’agriculteur peut sans problème mobiliser les
oligos en favorisant l’activité biologique intense, l’aé-
ration et le niveau organique « actif » (= facilement
minéralisable) mais aussi en luttant contre l’acidifica-
tion (chaulage adapté) et contre la complexolyse (MO
non complexantes).
La solution aux carences en oligos n’est pas l’achat systémati-
que, mais l’utilisation de techniques qui font fonctionner le sol
à l’optimum permis par sa génétique. Cela assure générale-
ment la mobilité des éléments essentiels tout en contrôlant la
mobilité des éléments nécessaires en très petite quantité… ».
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 13 -
EN SYNTHÈSE :
Gestion de l’excès d’eau Gestion du chaulage
1 : Faire ou refaire des fossés ouverts 2 : Les entretenir
1 : Choisir du Carbonate de Calcium 500gs à 1T/Ha 2 : Si sous forme de sable grossier de carrière 0-5mm : 5T/Ha tous les 5 ans. 3 : Chauler avant les apports organiques 4 : Jamais de chaux vive
Gestion du fumier/compostage Gestion du travail du sol ….ou pas
1 : Couvrir le fumier 2 : Le composter 1 à 3 fois en suivant 3 : L’épandre 2 à 4 semaines après Epandage 2-3 semaines mois avant les semis/plantation
1 : Observer si fissuration nécessaire 2 : Privilégier outils à dents, à ailettes 3 : Ne pas abuser des outils rotatifs 4 : Attention à ne pas faire de la « terre trop fine » 5 : Ne vendez pas votre charrue !Elle pourrait vous servir de temps en temps
Gestion des engrais organiques du commerce A éviter :
1 :Privilégier ceux à base d’ovin/bovin/équin et/ou farines, plumes, fientes, guanos 2 : Epandage 2-3 semaines mois avant les semis/plantation
1 : Déchets verts (sauf certaines PAM) 2 : Digéstats de méthanisation (consomme azote, augmente la MO stable, provoque présence de bactéries coriaces)
Valorisation agricole des digestats de méthanisation : attention danger !!!
Les digestats, sont composés de MO très stables comme la lignine (bois), dont la décomposition et la dégradation par les micro-
organismes présents dans le digesteur sont très (très) lentes.
Les sols agricoles basques présentent une accumulation historique de MO stables dû notamment aux précédents « fougère »,
touyas, ronces, forêt. L’utilisation en agriculture de ces digestats n’aurait pour conséquence qu’une augmentation de ces stocks de
MO stables dans ces sols. Il est difficilement concevable de demander à des bactéries dans des conditions de sol de faire mieux,
en matière de dégradation de la MO, que des bactéries placées en conditions optimales de température et d’humidité à l’intérieur
d’un digesteur.
Une accumulation de MO stable est aussi problématique qu’un déficit pour le rendement et la qualité sanitaire des plantes. Dans
notre cas, cela conduirait, à moyen terme, à un disfonctionnement du système d’alimentation sol-plantes :
Dérive microbienne : déséquilibre champignons/bactéries au sol avec terrain favorable aux maladies cryptogamiques sur la
plante.
Problèmes sanitaires : terrain favorable aux nématodes du sol, taupins et autres scutigerelles qui dévorent les cultures en
place.
Faim en azote : terrain favorable à une perturbation du cycle de l’azote et retard dans sa libération au moment opportun
pour la plante.
De plus, ces digestats sont riches en azote. Cependant, les formes sous lesquelles il se trouve sont très sensibles au lessivage et à
la volatilisation. Ce qui fait d’eux une menace plus que potentiel vis-à-vis de la qualité des eaux, surtout dans les sols agricoles
basques où les potentiels de fixation sont faibles (rétention des apports de fertilisants). De même, nous émettons quelques réser-
ves quant à leur réelle teneur en azote. Une réaction de méthanisation s’accompagne inéluctablement de fuites azotées sous for-
mes gazeuses.
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 14 -
Travail du sol… ou pas ? Sources : Cartographie des sols du Pays-Basque du BRDA HE-
RODY, interventions de Dominique MASSENOT et Jacques PE-
TIT, retours des paysans du réseau.
LE RAISONNEMENT SUR LE TRAVAIL DU SOL :
LE TRAVAIL DU SOL : RÈGLES À RESPECTER :
LES FACTEURS CLÉS DE RÉUSSITE DU TRAVAIL DU SOL :
AVANTAGES/INCONVÉNIENTS SELON TYPE DE TRAVAIL DU SOL :
Eléments de raisonnement du travail du sol
Optimisation du sol = maintien activité biologique intense
Productivité de la culture = rendement et qualité
Maitrise des adventices = efficacité et écologie
Maîtrise de l’érosion = durabilité du système
Eléments de raisonnement du travail du sol
Ressuyage = pas de bon outil au mauvais moment
Objectifs = activité des microbes/racines /gestion culture/adventices
Profondeur = travail profond souvent inadapté
Modulation = fragilité structural =combinaison pratiques
Eléments de raisonnement du travail du sol
Conditions de travail = respect du ressuyage
Evaluation porosité = besoin de fissurations
Pression des adventices =déchaumage impératif
Selon le type de sol
LABOUR NON LABOUR
AVANTAGES
Fissuration intense
Contrôle adventices
«Garantie» de résultat
(notamment en AB)
Maintien MO en horizon de surface
Diminution érosion
Optimisation créneau d’interven-
tion
RISQUES
Enfouissement MO trop
profond
Risque «semelle» de labour
Augmentation érosion
Temps et coût élevés
Baisse réchauffement du sol
Baisse minéralisation azote
Augmentation pression adventices
Augmentation risque mycotoxines
CHAUX VIVE ET CHAUX ÉTEINTE : PLUTÔT À PROSCRIRE
« L’utilisation de la chaux vive et de la chaux éteinte est deve-
nue une habitude en agriculture : or, si l’effet sur le pH est
rapide et fort (mais aussi fugitif), les conséquences géochimi-
ques et biologiques sont désastreuses. En effet :
La chaux soluble est un puissant insolubilisateur des métaux
entraînant notamment une forte immobilisation des oligo-
éléments.
La chaux soluble est un puissant minéralisateur des matières
organiques (MO) en commençant par les plus faciles à dé-
composer : or ces MO assurent une grande partie de l’activité
biologique intense. Le chaulage répété à l’aide de chaux
soluble entraîne une chute des MO nécessaires à l’Acti-
vité Biologique Intense.
La chaux vive et, moindrement, la chaux éteinte entraînent la
mort d’une quantité importante de microbes. La minéralisation
de ces corps microbiens morts fait « un coup d’azote » se tra-
duisant par le verdissement des prairies chaulées ou une
croissance rapide des cultures. Cet « effet azote » est
source de confusion chez l’agriculteur qui estime « que
l’on voit bien l’effet de la chaux ». Toutefois la chaux vive
peut être un désinfectant pour des parcelles contaminées par
certains microbes ou certains parasites, en complément des
autres traitements appropriés. Dans ce cas, il ne faut jamais
l’utiliser en continue.
Les chaux vive ne doivent jamais être utilisées en routi-
ne agricole. »
Extrait du cahier technique « Le chaulage : état calcique des
sols cultivés » 2015, BRDA Herody.
Chaux soluble et AB : Pour rappel, la chaux vive et éteinte
est interdite en AB. Son utilisation par les conventionnels en
« anti chenilles des prairies (cirphis) » s’avère donc peu ap-
propriée sur le plan agronomique et écologique.
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 15 -
« L'AB et l'Agriculture de Conservation
(AC) ont tous les deux des bienfaits sur
les sols et sur la biodiversité dans les
sols. En hybridant l'AB et l'AC il est pos-
sible de se reposer sur les leviers de
l'AB. A savoir, des rotations longues, la
couverture des sols mais en essayant de
réduire les perturbations mécaniques.
Un vrai challenge car jusqu'à présent, le
travail du sol, dont le labour, était la clé
de réussite de tout le système cultivé en
AB.
Cela pose de nombreuses nouvelles
questions techniques ! Comment sans le
labour ou sans travail du sol peut-on
gérer mécaniquement des adventices
avec des résidus en surface du sol ? Il y
a plusieurs leviers en AB : la rotation,
l'intégration de prairies temporaires...
ou encore, la gestion des couverts. Mais
comment semer dans un couvert que
l'on ne peut détruire avec un désher-
bant ? Ce sont de vrais challenges tech-
niques à relever.
C'est aussi pourquoi il y a moins d'agri-
culteurs en AB qui pratiquent le semis
direct. D'ailleurs il n'y a pas, à ma
connaissance, d'agriculteurs AB qui pra-
tiquent le semis direct (sans aucun tra-
vail du sol) sur toutes les cultures de
leur rotation. Il peut être pratiqué pour
l’implantation de certaines cultures de la
rotation qui s’y prêtent. Il y a en règle
générale toujours un travail du sol qui
se fait à un moment stratégique dans la
rotation. Certains systèmes bien maîtri-
sés techniquement parviennent à ne
labourer que tous les 6 ans par exemple
mais ont quand même recours à des
travaux du sol superficiels dans la rota-
tion. D’autres systèmes AB se passent
de la charrue totalement et développent
une stratégie TCSL (Technique Culturale
Sans Labour) avec de nombreux passa-
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
Suite >
AVIS D'EXPERT : ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS VIAN, ENSEIGNANT CHERCHEUR EN AGRONOMIE, SPÉCIALISÉ DANS LES SCIENCES DU SOL À L'ISARA LYON.
Est-il possible de conduire des parcelles en AB en arrêtant le labour ?
Echanges autour des conclusions d'une enquête réalisée auprès de 159 agriculteurs
bios sur toute l’Europe (programme TILMAN.Org) et de 10 années d'expérimentation
en Rhône-Alpes.
ges mécaniques plus ou moins superfi-
ciels sans retournement. Ces travaux du
sol, et notamment les labours, sont
positionnés pour maîtriser les adventi-
ces. Mais le choix se fait parcelle par
parcelle selon l’état structural et le sa-
lissement»
GÉRER DES COMPROMIS DANS LEUR CONTEXTE !
« L'agriculture est une gestion des com-
promis au quotidien, on se fixe un ob-
jectif mais il y a plusieurs voies pour
atteindre cet objectif : il ne faut pas
avoir d’œillères. Il y a beaucoup de dis-
cours sur la charrue actuellement, on se
demande comment on en est arrivé à
diaboliser cet outil à ce point là ! Un
outil utilisé depuis des millénaires, cer-
tes parfois mal utilisé, mais le message
important c'est : pas de dogme, être
pragmatique ! Il y a un équilibre à trou-
ver, selon sont pédo-climat, son objec-
tif, et cela pourrait être une combinai-
son de différentes pratiques : labour,
réduction de travail du sol et parfois
semis – direct ! »
Ex : la réduction de travail du sol est
particulièrement intéressante là où le
climat est sec, le mulch permettant de
maintenir l'humidité des sols ; à contra-
rio, sur un sol limoneux, en zone de
forte pluviométrie, réduire le travail du
sol peut entraîner des tassements en
profondeur : sortir la bêche pour véri-
fier !
Il faut conserver les fondamentaux :
c’est avant tout le climat et le type de
sol qui commandent, avant la technique
proprement dite. Et les effets sur le
rendements seront toujours une conju-
gaison de facteurs : envahissement des
adventices, déficit de minéralisation,
diminution de la structure du sol...
LES COUVERTS VÉGÉTAUX COMME CLÉ DE VOÛTE ? L'une des clé de réussite commune : les
couverts végétaux ! Ils présentent de
nombreux intérêts :
protection des sols,
réduction de la lixiviation de l'azote
(qui a lieu même en AB),
amélioration de l'état structural du
sol en maintenant la porosité, grâce
aux racines (elles profitent des in-
fractuosités, mais elles ne vont pas
« décompacter » un sol en 3 mois...
con t rô le de l ' e nherbement
(concurrence pour l'espace, la lu-
mière, les nutriments...)
augmentation du stock de carbone
organique dans le sol
Il est nécessaire d'approfondir les
connaissance sur ce sujet pour mieux
les intégrer dans la rotation (choix des
espèces, dates et méthode d'implanta-
tion, date et méthode de destruction...).
Des essais avec roulage du couvert et
semis dans le mulch sont testés (ex :
soja semé directement dans un couvert
de seigle roulé).
DES SUJETS QUI NE FONT PAS ENCORE CONSENSUS ! Stockage du carbone
« Il n'y a jamais eu de consensus scien-
tifique sur le lien travail du sol et stoc-
kage de carbone dans les sols ! Il y a eu
depuis peu une révision à la baisse des
chiffres présentés depuis quelques an-
nées sur le stockage additionnel permis
par le non labour. Ils apparaissent
moins élevés que prévus et dépendent
©ISARA
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 16 -
avant tout des retours de biomasse au
sol (quantité de résidus de culture –
rendement – et biomasses produites en
intercultures). »
« Et il est également possible de stocker
du carbone en pratiquant le labour, s'il y
a des couverts végétaux, une restitution
des résidus de culture et / ou des ap-
ports de matières organiques. A contra-
rio, en technique culturale simplifiée, où
le passage d'outils mécaniques peut
être répétitif, il n'y a pas de différence
avec la pratique du labour, voir, cela
peut entraîner du destockage. En semis
direct il peut y avoir plus de stockage,
seulement si tout ce qui a été cité en
amont est respecté ! »
Vie des sols
« Le non labour concentre le carbone
organique en surface, entre 0 et 15cm
(cf. graphique), et augmente la vie mi-
crobienne associée. Cependant, en des-
sous de 15cm, l'activité microbiologique
apparaît plus réduite qu'en labour. Les
microorganismes suivent la matière
organique ! Quand on compare les si-
tuations non-labour et labour sur 0-30
cm de profondeur les différences sont
faibles voir nulles entre ces systèmes.
La diversité bactérienne est même sti-
mulée dans les parcelles labourées, ce
qui est moins vrai en revanche pour les
champignons. Le labour a en revanche
plus d’effets sur les macroorganismes et
notamment les vers de terre, notam-
ment les anéciques. Mais ce qu’il faut
retenir c’est que les effets négatifs d’un
labour sur les vers de terre peuvent être
atténués selon la période et les condi-
tions d’application de cette pratique et
surtout par d’autres leviers agronomi-
ques à l’échelle de la rotation : insertion
de couverts et apports de matières or-
ganiques. Donc arrêtez de culpabiliser si
vous labourez ! Il faut choisir : des phy-
tos (plus ou moins…) et pas de travail
du sol ou du travail du sol (un peu, le
moins possible si possible...et en bon-
nes conditions) et pas de phytos ! Bref,
il n’existe pas de système parfait !
«Il faut intégrer aussi la dimension so-
ciale, les besoins et les envies de l'agri-
culteur, ce qu'il veut, ce qu'il cherche à
faire. Certains adorent les challenges,
relever des défis techniques, d'autres
sont très motivés pour préserver la fer-
tilité des sols, l'environnement. Ce n'est
pas blanc ou noir et il n'y a pas de sys-
tème parfait, en agronomie on gère des
compromis !»
En conclusion : se res-
pecter, observer, échanger et
s'adapter à son sol, son climat,
son contexte !
RÉFÉRENCES / POUR ALLER PLUS LOIN :
2016_vidéo YouTube_En ABC, réduire
les perturbations mécaniques_interview
GABB32
2016_vidéo YouTube_Jean-François
Vian : état des lieux de l'ABC en climat
tempéré et expérience en Rhône-Alpes
web : Brochure de synthèse du 6ème
colloque des Bios du Gers à Auch le
09/12/2016 _ AB+AC=ABC ? Comment
associer AB et et AC.
Vincent-Caboud L., Peigné J., Casagran-
de M., 2017. Semis direct de cultures de
printemps sous couvert végétal roulé en
AB. Partie 2 : retours d'expériences et
de discussions entre agriculteurs et
chercheurs dans la Drôme. Isara Lyon –
ITAB.
Article TCS N°87, mars/avril/mai 2016,
P18-20 _ AB en AC – le point de vue de
l'Isara Lyon – vers plus d'intégration de
couverts végétaux.
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 17 -
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
Essais sur les techniques culturales simplifiées et semis direct en AB en Dordogne
Sources : Agrobio Périgord
En réponse aux nombreux questionnements sur l’intérêt du labour et son impact sur
l’environnement ainsi que sur l’adaptation possible des TCS en bio, Agrobio Périgord a
conduit, pendant plusieurs années, des essais in situ sur 7 fermes AB et non AB. Sur
l’une des fermes AB ils ont mis en place une plateforme d’essais comparatifs labour/
semis direct/semis simplifié. Voici un extrait des résultats du suivi sur 4 années.
Labour Semis
direct
Semis
simplifié
« Pendant 4 ans nous avons observé 3
modalités labour, semis direct, semis
simplifié avec à chaque fois les mêmes
cultures. Au départ du projet un bilan
de fertilité avec la méthode Hérody a
été réalisé afin de nous permettre d’é-
valuer y a eu des évolutions agro-
pédologiques dans le temps.
La parcelle étudiée a été divisée en 3
zones, sur lesquelles ont été affecté 3
itinéraires culturaux différents :
1- Labour à 20-
2- Semis direct sous couvert
3- Technique simplifiée semis devant un
travail au rota-labour.
Le principal apport fut 40 t/ha de com-
post de fumier en mars 2014. Les resti-
tutions des résidus de cultures furent
variables suivant les zones, du fait de la
forte variation de rendement.
5 critères ont été observés :
L épaisseur des horizons
La couleur
La texture
La carbonatation
La structure
Sur ces 5 critères 1 a bien évolué l
épaisseur des horizons.
L’épaisseur de l’horizon
humifère est un paramètre dé-
terminant car il permet de re-
lativiser la fertilité analytique
d’un sol : un sol peu pourvu
mais épais sera toujours plus
fertile qu’un sol riche et mince.
RÉSULTATS :
Labour : peu ou pas de variation
Présence de résidus de cultures non
dégradés
Semis direct : accumulation organi-
que en surface générant un horizon
humifère très superficiel.
Technique simplifiée : création
d’un horizon humifère sur la zone de
travail.
Impact des pratiques sur la gestion des ravageurs
Pourcentage de pieds de maïs attaqués par la pyrale et la sésamie par modalité
CONCLUSION
L’expérimentation a pu mettre en évi-
dence les avantages et inconvénients de
chaque itinéraire.
Concernant les inconvénients sur le sol,
la différenciation est apparue très claire-
ment au niveau de l’observation des
profils avec :
Pour le labour, la présence de MO
brutes (résidus de cultures) en lien
avec les perturbations du retourne-
ment sur la macrofaune du sol.
Pour le semis direct, apparition d’un
horizon très organique de faible
épaisseur (accumulation superficielle)
et risque de fermeture du sol à faible
profondeur.
Pour la TCS : l’itinéraire permet d’é-
viter les inconvénients des 2 itinérai-
res précédents.
A noter cependant qu’un des paramè-
tres fondamentaux de différence entre
les itinéraires concerne la maitrise du
salissement en AB et que sur ce critère
seul le labour (sans autres actions com-
pensatrices) atteint des résultats conve-
nables.
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 18 -
TÉMOIGNAGE DE FRANÇOIS GAILLICOU
EARL GAILLICOU : polyculture Elevage à Saint-Gladie
En bio depuis 19 ans, François Gaillicou produit du colza, de l'orge/pois, du tournesol,
du maïs grain et des lentilles à Saint Gladie. Il élève des bovins de race gasconne,
nourris avec les fourrages et céréales de la ferme, et commercialisés en circuits
courts.
Souhait de moderniser la manutention
et le stockage à la ferme
Essais de la culture d'haricot lingot pour
diversifier la vente directe, et augmen-
tation de la surface de lentille. Puis,
Production de soja à nouveau?
POURQUOI L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?
Francois Gaillicou a décidé de passer en
bio en 2000, par souhait de pratiquer
une agriculture saine, dans le respect de
l'environnement. C'est également l'ac-
complissement d'un travail mené depuis
de nombreuses années, par son père
dont il a pris la suite.
« Mon père utilisait l'homéopathie pour
soigner les animaux et il utilisait peu
d'intrants chimiques pour la conduite
des cultures. Il travaillait sur les techni-
ques alternatives, naturelles sur la fer-
me. J'étais donc sensible à ces techni-
ques à mon installation. Avant de pas-
ser en bio, je conduisais les cultures
HISTORIQUE
- Installation en 1989 sur 22ha, reprise
de la ferme familiale, avec un assole-
ment composé de maïs semence et ta-
bac, et des blondes d'Aquitaine.
Ensuite, avec le remembrement, mise
en place de l'irrigation sur 10ha, et des
légumes pleins champs,
1994 : reprise de la ferme voisine, arrêt
des légumes sous contrat. 100ha de
SAU
2000 : passage en agriculture biolo-
gique
Valorisation des productions en vente
directe (viande et lentille), et vente des
céréales à AGRODOC si surplus.
2019 et projets futurs
Passage de la ferme en zone défavori-
sée, et implication dans la MAE Saison
(passage de 15ha en prairie pour la
protection de la rivière).
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
avec le moins d'intrants possibles. Je
réduisais les doses des intrants pour les
légumes sous contrat. »
LA ROTATION :
Orge/pois
Colza
couvert hivernal (féverole/orge)
Maïs
Couvert hivernal
Tournesol
prairie/sorgho
©defermeenferme
Les concepts d'AB et d'AC
En Agriculture Biologique (AB), les intrants chimiques de syn-
thèse sont interdits (désherbants, insecticides, engrais...). Il
s'agit donc d'activer différents leviers pour une gestion globale
et préventive (rotation, date de semis, variété...). Le travail du
sol est également un moyen d'action. Il permet de contrôler
les adventices, de préparer le sol avant les semis, d'incorporer
des apports organiques...
Au niveau mondial, la réduction de la fertilité des sols et les
coûts de mécanisation ont remis en question certaines prati-
ques, dont le labour. Ce qui a mené de nombreux agriculteurs
à l'agriculture de conservation (AC). Quels en sont les princi-
pes :
une perturbation minimale du sol (réduction de la pro-
fondeur de travail du sol, absence de retournement du
sol, semis direct etc.)
une couverture permanente des sols (mulch vivant ou
mort)
une rotation culturale diversifiée
On distingue plusieurs TCSL (Technique Culturale Sans La-
bour) selon la profondeur et la surface de travail de l'outil :
Source : Semis direct de cultures de printemps sous couvert végé-
tal roulé en AB, Partie 2_Isara Lyon / ITAB
AGRICULTURE BIOLOGIQUE ET AGRICULTURE DE CONSERVATION : UNE COMBINAISON POSSIBLE ?
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 19 -
SAU 101 ha
15ha regroupés autour de la ferme, puis des
petites parcelles, un peu plus éloignées
Main d’œuvre 1 UTH et un apprenti
Productions Bovins viande :
35 mères de race Gasconne, 6 génisses, 65
boeufs Gascon/Limousin Ration : 100% autonomie fourragère et
concentrés. Foin, paille, enrubanné, céréales
de la ferme (maïs, orge, pois et féverole).
Achat de tourteau de lin pour finir l'engrais-
sement. Grandes cultures :
10ha de colza
10ha d'orge/pois
15 ha de maïs grain
15 ha de tournesol
1,5 ha de lentille
3ha de sorgo
Environ 50 ha de prairies
Types de sols Boulbènes principalement, et quelques par-celles avec une texture très limoneuse
(sensibles à la battance)
Une parcelle argilo-limoneuse
Texture plutôt facile à travailler
Parc matériel Majorité du matériel en propriété Batteuse, broyeur et petits matériels en copro-
priété (à 2)
Souhait d'achat d'une herse étrille 9m
Commerciali-
sation Veaux, vaches et bœufs : Vente directe en co-lis, AMAP, Restauration collective, cuisines et
cantines locales
Label AB depuis 2000
Cultures Rendements 2018 (qtx/ha) Fortes pluies.
Rendements moyens (qtx/ha)
Colza 7 15
Maïs 33 90
Tournesol 13 28
Orge/pois 30 50
Sorgho 30 43
LA GESTION DES MALADIES ET DES RAVAGEURS
François n'utilise aucun traitement contre les maladies et les
ravageurs. Il observe peu de maladies sur les cultures de prin-
temps. Par contre, beaucoup de taupins, scutigerelles et sésa-
mies sont présents dans les parcelles et peuvent notamment
engendrer de la casse sur maïs et tournesol. Le colza est éga-
lement sensible à la scutigerelle. En 2017, certaines zones,
dans quelques parcelles, ont du être re-semées.
LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR L'ÉLEVEUR...
Adapter son assolement
La construction des assolements est liée aux contraintes de la
récolte et du stockage. Les quantités produites doivent corres-
pondre :
aux capacités des camions de livraison (tournesol et
colza notamment)
aux capacités de stockage possible à la ferme (maïs,
orge, pois, féverole par exemple).
Gestion des plantes indésirables
Le désherbage est un challenge, car certaines parcelles sont
plus sales que d'autres. Des faux semis sont pratiqués fin mai,
puis un passage d'herse étrille est nécessaire avant la levée, à
Suite >
DESCRIPTION DU SYSTÈME ITINÉRAIRES CULTURAUX
Cultures de printemps (Maïs et Tournesol) :
Le semis des cultures de printemps est réalisé plutôt fin mai,
en fonction de la lune. Voici l’itinéraire technique suivi :
Broyage des couverts hivernaux
Cover crop (pour mélanger)
Labour
Outil à dent + herse rotative
Semis semoir 80
Herse étrille à l’aveugle après semis
Binage (3 passages)
Culture d'hiver (Colza et orge/pois)
Broyage et cover crop
Combiné herse rotative
Semis avec semoir à céréales
Couverts hivernaux
Chaque année, sur l'ensemble des parcelles en rotation
70kg de féverole et 80Kg d'orge en semences fermières
Passage d'un chisel et semis à la volée.
Fertilisation et chaulage
15 à 18T/ha de fumier de bovins avant l'orge pois.
4T/ha de fiente de volaille bio avant le maïs, le tournesol et
le colza. (au printemps et fin d'été).
Chaulage : 4 à 5 T/ha de sable de carrière (Bergouey Vielle-
nave) tous les 4 ans
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 20 -
l'aveugle (pour maïs et tournesol uniquement).
Qualité des prairies
Sur les prairies, les légumineuses disparaissent rapidement.
Les sols sont peut-être trop acides, et le chaulage peut-être
peu efficace selon l'éleveur. « J'essaye de semer des mélanges
les plus diversifiés possible.
Les aléas climatiques
En agriculture biologique, le moindre décalage et les aléas cli-
matiques ont un fort impact. Mon atelier élevage permet de
soutenir les pertes lors des années difficiles.
LES POINTS DE VIGILANCE EN AB :
1. Avoir des bons sols avec une texture facile à travailler et une
bonne structure, pour obtenir des rendements corrects et valo-
riser les passages de travail du sol
2. Améliorer la structure du sol :
Décompacter des que nécessaire pour faire entre l'eau et
l'air, car le tassement est un problème pour les sols et le
nombre de passage en bio est important (binage, herse,
etc...).
L'observation de l'éleveur : moins on travaille les sols, plus
la structure s'améliore
Les lentilles ont un très bon effet aérateur comme la févero-
le, avec un système racinaire bien développé
3. Etre précis et rigoureux dans le travail du sol : ne pas labou-
rer trop profond, avec des outils bien réglés. Sur des parcelles
bien travaillés et avec une bonne structure, les impacts des
adventices et des ravageurs sont moindres.
4. Pouvoir construire un assolement et une rotation sur plu-
sieurs années, en alternant cultures d'hiver et cultures de prin-
temps.
5. Optimiser ses couverts hivernaux, qui apporteront une cou-
verture hivernale, de la structure et de la matière organique.
6. Observer, réagir rapidement et surtout au bon moment :
faux semis, binage pour la gestion des adventices par exemple.
Cette observation est essentielle : regarder la structure des
sols, les ravageurs présents et la flore indésirable.
« Il faut bien observer son sol et s’y adap-
ter »
« J'ai une parcelle assez argileuse, difficile à travailler. Je ne la
laboure jamais et je fais le minimum en travail. J'obtiens mes
meilleurs rendements sur cette parcelle. Mais les autres sont
différentes en texture et structure. Elles supportent mieux un
travail du sol comme le labour ».
€/unité
(T ou Kg)
Quantité apporté /
ha €/ha
Chaulage 16 €/T 4 T/ha 64
Semences maïs 300
Semences tnsl 280
Semences col-za/orge/pois
0 (fermières)
Engrais fumier ferme
Engrais fiente volailles
80€/T 4T sur 35ha
425
Labour 180
Bineuse 45€/
passage 3 135
Carburant (environ)
12
Décompactage 300
Séchage et stockage
50€/T
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
QUELQUES CHIFFRES
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 21 -
TÉMOIGNAGE DE JEAN-MICHEL ETCHEGARAY
EARL XEMIANIA - polyculture Elevage à Béguios En bio depuis 2009, Jean-Michel produit des céréales pour la fabrication de pâtes et fari-
ne, ainsi que du maïs et des méteils pour l'alimentation de son troupeau de bovins allai-
tants. Il commercialise la viande en vente directe et en circuits courts.
PRÉSENTATION DU SYSTÈME
SAU 55 ha Main d’œuvre 1UTH et un associé non exploitant
Productions Bovin viande :
55 mères actuellement de races blondes d'Aquitaine, Ba-
zadaises et Black Angus, sur Béguios et Orègue.
Ration 100% de la ferme : fourrages, maïs, méteil en an-
née normale.
Cultures : maïs et blés de pays pour l’alimentation humaine,
meunerie et transformation en pâte sur la ferme.
Types de sols Parcelles argilo-limoneuses faciles à travailler (la structure
s'est améliorée depuis le passage en bio car mise en place de
rotation et de couverts hivernaux)
Problème de battance si travail du sol dans conditions trop
humides.
Parc matériel Herse étrille en copropriété
Houe rotative et bineuse en CUMA
1 bineuse en propriété
Semoir en CUMA
Herse rotative en CUMA
Charrue en copropriété
Moissonneuse batteuse (entrepreneur ou CUMA)
Commercialisation Vente directe : 2/3 colis en livraison, AMAP et magasins, 1/3
en restauration collective via BIOZKARIA
Label AB depuis 2007
HISTORIQUE :
Installation en 2003 sur la ferme
familiale de 25ha, ovins et bovins
viande.
2004 : vente directe de la viande -
IDOKI et adhésion à BLE.
Arrêt des brebis et développement
du troupeau bovin viande. (veaux et
vaches engraissées).
2007 : Conversion à l'agriculture
bio
2009 : Certification AB de la fer-
me.
2017 : reprise des terres familiales
(30ha) en bio en Avril 2019.
Création de l'EARL Xemiania
2019 et projets futurs :
Diversification végétale : Mise en
place d'un moulin et d'un atelier de
transformation de pâtes à base de
farine de blé et de maïs à la ferme
en 2019. Souhait de vendre en di-
rect.
Souhait de diminuer le nombre de
vaches allaitantes.
ASSOLEMENT 2019 :
Maïs grain : 4.5 ha
Maïs population : 2 ha (1ha blanc et
1ha de grand roux basque)
+ (6ha de Méteil )
Blé tendre Poulard : 4 ha (pâtes)
Blé population : 1.5 ha
Petit Epeautre : 0.5 ha
Orge de brasserie pop : 0.6 ha
Blé dur : 1 ha
Essais de différentes variétés de blés
sur une parcelle : 8m² par bande. Blé de pays Association blé-féverole
©Xemania
Suite >
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BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 22 -
GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO
Prairie : 41 ha dont 20 ha en prairie temporaire entrant dans la
rotation
LA ROTATION
Rotation de 6 années minimum avec 3 espèces différentes :
Maïs grain
Couvert hivernal : féverole restituée au sol (engrais vert)
ou avoine/vesce enrubanné
Maïs grain
Céréales à paille
Céréales à paille
Prairie (2 à 6 ans si bien installée).
ITINÉRAIRES CULTURAUX
Cultures de printemps (Maïs):
Broyage du couvert -- labour -- herse rotative -- semis
avec semoir 80cm inter-rang + passage de l'herse étrille
à l'aveugle (si conditions le permettent) + houe rotative
à la levée + 2 passages de bineuses jusqu'au stade 6/8
feuilles. (dernier passage en accéléré pour butter les rangs).
Le semis est réalisé plutôt fin mai, le plus tard possible, lorsque
les terres sont bien ressuyées.
Céréales à paille (blé, orge, épeautre et méteil (mélange céréa-les et féverole)
Après la récolte, épandage du fumier en septembre, pas-
sage d'un décompacteur, puis du chisel. Semis en Octo-
bre et novembre selon le temps.
Association mise en place en 2018 : Blé/féverole (140kg +
60kg), orge/pois (140kg +25kg), blé en pur(150kg/ha).
Le travail du sol est assez simple car le climat en automne est
plutôt doux, les terres sont chaudes et souvent assez sèches
pour bien les travailler.
Les céréales seront conservées pour la transformation en fari-
ne/pâte si la récolte est qualitative ou à destination du trou-
peau bovin.
Les couverts hivernaux :
Travail du sol au cover-crop
Semis des couverts en combiné : herse +semoir.
Féverole pure semée à 100Kg/ha
Avoine/vesce à 150Kg/ha.
Il épand 20 à 25 T/ha de fumier de bovins mélangés avec 8T/
ha de fiente avec paille de volaille bio avant le maïs, au prin-
temps. C'est une plante gourmande en azote, et la fiente ren-
force la qualité du fumier.
Pour le chaulage : Il épand du carbonate en poudre (400kg/
ha) habituellement (impasse en 2018). Auparavant, l'éleveur
épandait du sable de carrière 5T/ha / 4 à 5 ans.
Les prairies : les prairies sur-pâturées ou qui sont intégrées
dans la rotation se salissent rapidement, avec du rumex. Les
rotations des animaux et le chargement peuvent être amélio-
rés.
LA GESTION DES MALADIES ET DES RAVAGEURS
Jean-Michel ne rencontre pas de difficultés avec les ravageurs
dans ses parcelles, il observe peu d'attaques de taupins ou de
scutigérelles et n'utilise aucun traitement contre les maladies
et les ravageurs. En cas de limaces, il peut épandre du sluxx
(à base de fer), anti- limace homologué en bio.
Les printemps humides, comme l'année 2018, peuvent entraî-
ner de fortes maladies sur les céréales à paille, et impacter
sévèrement le rendement .
LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR L'ÉLEVEUR...
Le temps humide au printemps : les parcelles ne sont pas
encore bien ressuyées ni réchauffées. Il est nécessaire de pa-
tienter et de travailler dans de bonnes conditions pour un tra-
vail du sol réussi. En 2018 par exemple, le climat très pluvieux
n'a pas permis de faire une conduite culturale satisfaisante
(trop humide pour aller biner).
LES POINTS DE VIGILANCE EN AB :
La mise en place des rotations et des couverts hiver-
naux améliorent réellement la structure des sols.
Travailler le sol dans de bonnes conditions et dans
le bon timing est primordial. Même si les fenêtres mé-
téos sont parfois très courtes, il est préférable d'attendre
le bon moment et d'adapter son travail à cha