blondin - exultet

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Blondin

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Photographiesduhors-texte:©D.R.

Tousdroitsdetraduction,d’adaptationetdereproduction

réservéspourtouspays.

©2016,GroupeArtĂšgeÉditionsduRocher

28,rueComteFĂ©lixGastaldi-BP521-98015Monacowww.editionsdurocher.frISBN:978-2-268-08476-3

ISBNepub:978-2-268-08553-1

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LEBLONDINDELINARDS

VintleBlondinduLimousin,oĂčsabelle-mĂšreavaitdĂ©gotĂ©une maison dans le lieu-dit de Salas, Ă  trois kilomĂštres deLinards.ÀéquidistanceentreRoyan,leberceaudeFrançoise,etMont-de-Marsan, la patrie des Boniface. L’idĂ©e, assuraitFrançoise, la femme d’Antoine, Ă©tait simple : « On placeAntoine loin des tentations, dans ce coin perdu oĂč il seratranquilleetoĂčilpourrasedĂ©vouertotalementĂ l’écriture »

Sicen’estquel’épiciĂšreducoin,YvetteGuary,Ă©taitunefande Blondin, et que les choses ne traĂźnĂšrent pas : un bistrot-bureau-ambassadefutouvertdanslafoulĂ©e:

«C’estmonamidel’époque,AndrĂ©Bonamy,lepharmaciendeSaint-Paul–levillagevoisin–,quiaeul’idĂ©ed’appelermonbureaudetabac-librairieLeJadisBar,puisqu’onĂ©taiten1971,et qu’Antoine venait de sortir son livre. Ce petit cafĂ© intime,sans chichis, est devenu un endroit oĂč se croisaient despersonnalitĂ©scĂ©lĂšbres:lefuturprĂ©sidentMitterrand,lafilledeGiscardd’Estaing,ValĂ©rie-Anne,Audiard,ColetteBesson,desjournalistes et, bien sĂ»r, Poulidor, le rĂ©gional de l’étape
C’était l’époque oĂč l’on ne dormait pas ; fallait les suivre,AntoineetFrançoise!Euxtournaientau51,moiauwhisky.J’aigardĂ© la plaque qu’Antoinem’avait offerte : ‘‘L’argent liquideestfaitpourĂȘtrebu.’’Jel’avaisposĂ©e,dansmondos,derriĂšrelacaisse.QuandilavaitavalĂ©unerondelledetomateetundemi-Ɠufdur,sonrepasĂ©taitterminĂ©.Parcontre,quandjefaisaisunpot-au-feuĂ lasaucegribiche, lĂ  ilcraquait!AntoineafaitdeLinards,villageoĂčilnesepassaitpasgrand-chose,unhautlieuintellectuel.Moiquiaivendudesbouquinsdansmavie,j’aurais

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dequoienĂ©crireun,maiscen’estpasdemainlaveille »GabyQuintanne, le pilote de la voituredepresse«102»,

qui suivait donc la « 101 » d’Antoine de prĂšs, du moinsmathĂ©matiquement,habitelamaisonlaplusprocheduJadisBar.IlseremĂ©more:«Antoinenousdisait,danssonbĂ©gaiementquinous Ă©tait devenu familier : “Longtemps, j’ai cru que jem’appelais Blondin, mon vĂ©ritable nom est Jadis
” Motalourdi par un temps dont le contenu ne lui convenait pasvraiment »

Quintanne rappelant : «Un huissier venu le saisir Ă  Salass’estentenduproposer:“Écoutez,moncherMaĂźtre,iciriennem’appartient, lepeuquevousvoyiezestaunomdemafemme.Tout ce que vous pouvez saisir, c’est la bouteille dePastis 51quejevousproposedepartageravecmoi ”»

«La101»,«la102»,lesvoituresdepresse,lacaravane,lesĂ©chappĂ©s, le peloton, la voiture balai, les rires, les drames, lesoleil,lapluie,levent
LeTourĂ©taitĂ ladĂ©mesured’Antoine.TaillĂ© pour lui. Le plus grand thĂ©Ăątre sportif du monde, enlibertĂ©,gratuit,pour tous lesĂąges. IlyĂ©taitchez lui,acteurdepremierplan,Ă l’arriĂšredelamythiquevoiture101,avecPierreChanypourmaĂźtre Ă  bord.En Ă©lectronmerveilleusement libre.En aimant le Tour, il se rapprochait des Français par seschroniquesquiontdonnĂ©Ă  la littĂ©raturesportiveses lettresdenoblesse.

FaçonnĂ© par le Tour de France, Antoine Ă©tait rodĂ© poursuivreleTourduLimousincyclisteduchaleureuxfeulecolonelPerrier, qui n’était autre que le pĂšre de P’tit Louis Perrier, enprioritĂ© dĂ©vouĂ© au rugby qu’il a servi comme conseillertechniquedansleNord.LeNordquimĂ©riteraitunchapitretantles Ch’tis de feu le docteur Ducasse ont apportĂ© Ă  la causeblondinienne, organisant des signatures pour ses livres, sansmanquer un seul des treizeMarathons des Leveurs de Coude

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germanopratins.Souslenomde«CharitablesdeBĂ©thune»,ilsont dĂ©montrĂ© qu’effectivement, et affectivement, les gens duNordontdanslecƓurlesoleilqu’ilsn’ontpasdansleciel.

Le Tour du Limousin, Antoine le suivait, le prĂ©cĂ©dait,l’entouraitd’uneaffection touteparticuliĂšre,commes’ils’étaitagidel’épreuvepharedesJeuxolympiques.ÉpreuveremportĂ©edeux fois par Bernard Hinault (1976-1977), avec RaymondPoulidordeuxiĂšme(en1975)pourquelalĂ©gendesoitrespectĂ©esursespropresterres.CohĂ©rentleRaymond!

« Antoine a enchantĂ© le Limousin dans tous les sens duterme,samagieaagidanslespetitsclubsdesportdelarĂ©gionoĂčilintervenaitavecjustesseethumanisme»,souligneClaudeLouis,dontlaculturen’ad’égalquelesensdelafraternitĂ©.

AntoineestrentrĂ©finirĂ ParisdanssonlogementdelarueMazarine oĂč Gaston le foutographe a tirĂ© un dernier clichĂ©,Jean-PierreCedĂšsachantĂ©uneultimechansonbasque,quelquesautres l’ont embrassĂ© du regard sachant que c’était la derniĂšrefois.Moi,rentrantĂ milleĂ l’heureenaviondeSanFrancisco,oĂč nous venions de marier Jean-Pierre Rives avec JenniferTaylorĂ Mendocino.Toujoursunehistoirederelais


Je garde, plus prĂ©cisĂ©ment, deux souvenirs d’Antoine.Quand,danslesderniĂšresannĂ©esdesavie,jeluitenaislamainpour traverser aux passages cloutĂ©s en le ramenant Ă  sondomicile, parfois en plein jour.Cettemain quime serrait fort,dont lesonglesĂ©taientdecurieuxboucliersĂ©pais,commes’ilsavaient pour mission de protĂ©ger des mains dont la droiteĂ©crivait si remarquablement. Il devait avoir au fond de sacaboche si cabossĂ©e, le vague souvenir de ses corridas oĂč lestoros mĂ©caniques le punissaient dĂšs lors qu’il ramollissait sapasse.Puni commeau rugbyquandon est pris avec le ballon.L’autreestliĂ©Ă mamĂšre,ChachieBidabe,laBasquaise,quandson regard bleu, d’une force incroyable, appuyait sur lui Ă 

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LESFILLESD’ANTOINE

LaurenceBlondin,filleaßnée

Cherpapa,

Bienque tu n’aies pas participĂ© Ă  la constructiondenotrevie, et que notre mĂšre l’ait assumĂ©e vraiment seule, il y avaitentrenous,endĂ©pitdetouteslesapparences,celienviscĂ©ralsiparticulier qui existe entre des parents et leurs enfants.Cela afaitde toicepĂšre«unpeuabsent»,commetu t’esdĂ©fini toi-mĂȘme.

Et puisqu’on me demande de parler de toi, je me penchedansmamĂ©moireenchevauchantletempsn’importecommentetje t’y retrouve toujoursunpeuenmargedemonexistence, enpointillĂ©, de mon enfance jusqu’à ton dĂ©part. Des petitssouvenirs tout lĂ©gers, comme celui oĂč nous nous sommesretrouvĂ©sdansuncafĂ©enfacedecheztoi,rueMazarine.TuesencompagniedeJean-MarieRiviĂšreetdeJacquesChazot,quiprend un air dĂ©solĂ© pour te demander de remettre ton dentierqu’en jouant tu fais claquer entre tes doigts comme descastagnettes. Ce jour-lĂ , tu tenais obstinĂ©ment Ă  me donnerquelque chose, alors tu t’es absentĂ© pour remonter chez toichercher deux superbes anges polychromes que je connaissaisbienpourlesavoirvusauquaiVoltaire,unpaquetdephotoset

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un Ă©norme Ă©dredon un peu sale, hĂ©rissĂ© de petites plumes quivoletaientpartout,etm’assuppliĂ©edelesaccepter.

Ou, ilyabeaucoupplus longtemps,cepĂšre tout jeunequijaillitdesachambredel’appartementduquaiVoltaire,tarddansl’aprĂšs-midi,vĂȘtud’unechemisedenuitblanche,quiprenddansses bras ses deux petites filles en leur racontant tout bas unehistoirederenard,etjesensencoredansmonoreillesonsoufflechaud.

JerevoistrĂšsclairementlalongueattentevainesurlepalierdeRogerNimier, l’espoir que fait naĂźtre l’ascenseur Ă  chaquefoisqu’ilsemetenmarche.EtnotremĂšrenavrĂ©equisaitquetuneviendraspas


Uneautrefois,commesitunousemmenaisfaireuntourdemanĂšge, tu nous as « offert » une promenade sur l’autoroutedansl’AstonMartinrougedeRogerNimier,quiavaitmispourl’occasionlafameusecasquettedechauffeur.

Quelques dĂ©jeuners au Petit Marguery suivis d’incursionsavectoichezGallimard,rueSĂ©bastienBottin,danslebureaudeRoger.Unefois,vousyparliezdequelquechosequeRogerĂ©taitentraind’écriresurMadamedeSĂ©vignĂ©,etsijem’ensouviens,c’estparcequevousl’appeliez«MadamedeC’estNimier».

Et,bienque jen’aiealorsquedeuxans, ilyacesouvenirauqueljetiensbeaucoup,pourtantsifugitif,Ă peineeffleurĂ©,deton pĂšre, quelques jours avant qu’il ne se suicide. C’était unhomme droit et charmant, avec lequel tu ne t’es pas toujoursbiencomportĂ©.Tuneluiaspasrendul’hommagequ’ilmĂ©ritait.Je sais que ça a laissĂ©dans ta vie commeunepetite plaiemalcicatrisĂ©e. Et si un don Ă©tait transmissible, c’est de lui que tutiendraisceluide l’écriture (etpasde tamĂšre,commeçaaĂ©tĂ©dit), lui qui a publiĂ© de nombreuses nouvelles saluĂ©es parl’écrivain Colette. Longtemps tu as eu Ă  cĂŽtĂ© de ton lit sonexemplaire du Journal de Jules Renard, tout flĂ©tri d’avoir Ă©tĂ©

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tant lu et soigneusement recouvert d’une vilaine petitecouverturemarron,avecĂ l’intĂ©rieur,Ă©critavecsoin,sonnometsonadresse:«PierreBlondin,ruedeChantilly.»

Etpuis, ilyaeuLinards.C’est lĂ qu’àl’ñgedevingt-troisans,j’aipassĂ©,pourlapremiĂšrefois,unenuitsouslemĂȘmetoitque toi, que je t’ai le plus vu, que nous avons Ă©tĂ© le plusproches.Àtelpointquele jouroĂč,simaldansmavie, jesuisvenue te voir dans l’idĂ©e floue et aberrante de chercher refugeauprĂšsdetoietquejesuisrepartiesansavoirabsolumentparlĂ©derien,tum’asĂ©critunelettreoĂčturĂ©pondaissanstetromperĂ toutcequej’avaisrenoncĂ©Ă tedire.

LorsdecessĂ©jours,unpeuavantl’heuredudĂ©jeuner,qu’onprenait rarement Ă  la maison, il y avait invariablement delongues, longues stations debout au comptoir de chacun desdiffĂ©rents cafĂ©s qu’on faisait tous, sorte de chemin de croix,pour ne blesser personne. J’avais le ventre ballonnĂ© par deslitresdejusdetomate,tandisqued’incessants«Remettez-nousça!»noyaientdeplusenplustonregard.

Etpourtant,onarrivaitquandmĂȘmeĂ avoirdesdiscussionsqui, elles, tenaientdebout.Comme je te trouvaisprisonnierdetout, tu me disais que ta vraie vie et ta libertĂ© commençaientquandtuallaisdanstonlitetquetureplongeaisdansletempspourretrouverlemondeetlesendroitsirrĂ©mĂ©diablementperdus,cetteĂ©poquedanslaquellevivaitencoretamĂšre,RogerNimier,KlĂ©berHaedens,GuyBoniface,RolandLaudenbach
La listeestlonguedetouscesdĂ©serteurs!

Tun’asjamaisguĂ©ridelamortdeRoger,quit’alaissĂ©dansunĂ©tatd’abandonetdesolitudequasipalpable.

Tuajoutais,maisça,tulefaisaissouvent:«Jevoudraistantparlerlittérature.»

En1943,dansune lettreĂ FrançoisSentein,etqu’onpeutliredanslesLettresaupetitFranz,JeanGenetĂ©crit:

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dĂ©but des annĂ©esMerckx, avec Jean Farges pour pilote, doncfaisant partie de la famille, cela m’autorise Ă  vous livrer ceshistoriettes:

«AvecAntoine,nouspartagionsl’amourdelanatureetdeschiens, rappelle le Jean conducteur. J’en ai eu beaucoup, luimoins. Antoine Ă©tait de la race des Seigneurs. Un hommeadorable,toujoursaimable,poli,simple.Unbonheurdel’avoirĂ bord.Quand ilapprĂ©ciaitquelqu’undĂ©couvertauxhasardsdesrencontres,illuidisait:“JevousinviteĂ Paris,aveclapersonnedevotrechoix!”Commeilcommandaitaubar:“Choisissezlaboissondevotrechoix ”»

Toujours en mouvement Ă  l’extrĂȘme pointe du FinistĂšre,Monsieur Jean, tout en sĂ©lectionnant quelques anecdotes danssa tĂȘte,grimaceĂ  l’idĂ©ede semettre enavant, lui l’hommedel’ombre


«ÀAvignon, on est en 1960, l’annĂ©e oĂč l’ItalienNancinigagne le Tour,Antoine a retrouvĂ© des copains du rugby. Et, Ă une heure avancĂ©e de la nuit, il se met, comme il aimait Ă  lefaire, Ă  torĂ©erdesvoitures. Jusqu’aumomentoĂč il calculemalson coup et il se retrouve les quatre fers en l’air
Directionl’hĂŽpital, radios, pas de fracture. Il s’en tire bien
 Dans lavoiture, au dĂ©part, PierreChany lui demande, alors qu’il vientjuste d’ĂȘtre relĂąchĂ©, s’il a eu droit Ă  une prise de sang
RĂ©ponse:“Oui,ouietils-ilsonttrou-trou-trouvĂ©quelquesgou-gouttesdesangdans,dans,dansmonalcool!”»

Si Antoine bluffait Jean Farges par la fulgurance de sesrĂ©parties,l’ñmeprotectricedupilotel’incitait,encontrepartie,Ă tenterde l’assagir.Avecdesmots,pesĂ©setmesurĂ©s,pourqu’ilmettelapĂ©daledouce.Cequin’étaitpas,pourl’artisteduvolantpeuportĂ©sur lesstagesprolongĂ©sdans lesdĂ©bitsdeboissons,unechosesimple.Commeleprouvecetteautrehistoire.DĂ©solĂ©

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pourceuxĂ quiceshistoiresdefoieĂ marĂ©ehautefontmalaucƓur,principalementquandils’agitdufiltred’Antoine


«Commeonlesait,AntoineaĂ©critsurd’autressportsquelevĂ©lo,surlelesquatrerouesĂ©galement.Notammentcepapierquej’aigardĂ©,parudansL’Équipele25septembre1961surleTourdeFranceautomobilequiserendaitenCorse–cequeleTourdeFrance cyclisten’a jamais fait –, pourdes chronos encĂŽtes.Antoinea titrĂ©sachroniqueL’ÎledeBeautĂ©audĂ©bottĂ©.Mais,avantd’arriversurplace, ilafalluprendreLeNapolĂ©on,vieux paquebot Ă  la mauvaise coque. Antoine avait trinquĂ© Ă Marseille avant d’embarquer et, aumoment demonter Ă  bord,soutenu car il tanguait, on le laisse assis. Et, il disparaĂźt !Personne n’a rien compris : “OĂč est passĂ©Antoine ? !
”Ehbien, aussi incroyable que ça puisse paraĂźtre, il a trouvĂ© lechemindesacabinetoutseuletenquatriĂšmevitesse
Quandon l’a retrouvĂ©, il dormait comme un bĂ©bé Le lendemain, ilfallut s’accrocher pour respecter les 50 km/h en grimpĂ©e,imposĂ©s par le rĂšglement sur le parcours. Avec des prĂ©cipicesqui firent Ă©crire Ă  Antoine quand on Ă©tait sur le versantdescendant:“Nousavionsl’illusiond’ĂȘtretroisskieurssuruneseule paire de skis [
].” Le troisiĂšme homme Ă©tant l’exquisPierreAbout,responsabledelarubriqueautoĂ L’Équipe.Puis,quelqueslignesplusloin,AntoinerendaithommageĂ laCorseet“aupaysageradieusementtorturĂ©â€qu’elleoffre.»

Lefaitd’avoirprisdescoursdeconduite,accĂ©lĂ©rĂ©sbiensĂ»r,Ă  MontlhĂ©ry avant de rentrer pilote Ă  L’Équipe, fut, pourl’occasion,utileĂ MonsieurJean!

Vient la jolie histoire deDalida, l’annĂ©e, nous sommes en1964, oĂč Jacques Anquetil remporte son 5e et dernier Tour «Onsaitqu’AntoineapprĂ©ciaitbeaucoupDalida,alors,unbeaujour, il l’a fait venir sur l’étape Bordeaux-Brive dĂ©guisĂ©e en

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homme,grimĂ©eavecunefaussemoustache.PierreluiavaitprĂȘtĂ©unecombinaisondemotard, elle cachait ses cheveuxdansunecasquette et portait des lunettes noires qui n’étaient pas “desommeil”,commeaimaitĂ direAntoine.Elleafaitl’étapedans“la101”,derriĂšre,Ă cĂŽtĂ©d’Antoine,avecChanydevant,commetoujoursĂ mescĂŽtĂ©s.AntoineachantĂ©â€œBambino”etPierreluiaracontĂ©quelquescroustillanteshistoiresdecourse.Àl’époque,lesfemmesĂ©taientinterditessurleTour
AntoineavaitrĂ©ussisoncoup,quellepremiĂšre!


Je me souviens, qu’ayant apprĂ©ciĂ© ma conduite, elle m’aproposĂ©dedevenir sonchauffeur.Ceque j’ai refusĂ©avec touslesĂ©gardsquejeluidevais.Avantquel’onapprĂźtqu’unterribleaccident, qui fera neuf morts, Ă©tait survenu, Ă  Port de Couze,prĂšs de Bergerac. ChoquĂ©e, Dalida nous quitta, rejoignit sonhĂŽtel et laissa une lettre pour les occupants de la voiture et,surtoutpourAntoine,biensĂ»r.»

Puis, quelques mois plus tard, Antoine et la passagĂšreclandestine se retrouveront Ă  Tokyo,Antoine comme « envoyĂ©spĂ©cial»deL’ÉquipeauxJeuxolympiques,DalidapourchanterdevantunparterreoĂčlejauneĂ©taitlacouleuruniforme.ManiĂšreinattenduederesterfidĂšleĂ laglorificationdumaillotdeleaderduTour!

Ainsi, Jean Farges poursuit-il son temps terrestre densifiĂ©par les souvenirs glanĂ©s au fil des kilomĂštres. FedericoBahamontes, l’Aigle de TolĂšde, vainqueur du Tour 1959, l’ainvitĂ©chezluienEspagne,etilagardĂ©laselledecheval(luiquia eu deux chevaux) que le Portugais JoaquimAgostinho lui aofferteavantdesetuerdansunaccidentsurleTourdel’Algarveen1984
unchienayanttraversĂ©laroutedevantsaroue!JeanduFinistĂšreaaussiconservĂ©unpavĂ©nonpasdeMai1968,maisde Paris-Roubaix oĂč il a, aussi, conduit l’Antoine, lĂ  dans lapoussiĂšredesvenellesduNord.

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Àl’intĂ©rieurde lavoiture101,Antoinesesentaitchez lui.Cette auto pas comme les autres, cette automobile (rouge) deplaisir, comparable aux trains de plaisir de la Belle Époque,incarnait la complicitĂ© et les joies du compagnonnage – desvaleurs fondamentales pour cet humaniste en quĂȘte d’absolu.Plus encore que sa rĂ©sidence d’étĂ©, la voiture deL’Équipe futsonmanteauetsamaisonprincipale.Ill’aditetrĂ©pĂ©tĂ©:«NotrecarrosseriemoderneĂ©taitquelquechosedesacrĂ©.LavieĂ bordfutexquise.»EtMichelClarel’aconfirmĂ©:«UnlieuprivilĂ©giĂ©debonheuretdegaĂźtĂ©.»

Il existait une telle osmose entre Blondin et la coursecycliste que le Tour de France semblait ĂȘtre complice de sonhumour : il lui fournissait en permanence la matiĂšre de sesfacĂ©tiesetdesesgags.AntoineĂ©taitunnoctambule.Ils’inventadeux surnoms : Monsieur Jadis et Gentleman-fermeur, parcequ’ilmettait un point d’honneur Ă  faire la fermeture des bars.Ses nuits Ă©tant gĂ©nĂ©ralement courtes, il s’exposait, comme lescoureurs,Ă desĂ©vĂšresdĂ©faillancespendantlajournĂ©e.Avantdesombrerdanslatorpeur,ilsecalaitsursonsiĂšgeetmettaitseslunettesnoiresqu’ilappelaitseslunettesdesommeil.

Il prenait de nombreuses notes sur le dĂ©roulement de lacourse,cequinousĂ©tonnaitpuisqu’ilnerĂ©digeaitpaslecompterendu,mais cettedisciplinequ’il s’imposait reflĂ©tait son soucide l’authenticitĂ©. Ilne trichait jamaispour faireunbonmotetses calembours Ă©taient toujours en situation. De surcroĂźt, ilsavaientlemĂ©ritedetraduiredefaçonimagĂ©eunĂ©vĂ©nement,undĂ©tail, une atmosphĂšre. Jeme souviensd’une longue Ă©chappĂ©ede Patrick Perret en Franche-ComtĂ©. Il Ă©tait le rĂ©gional del’étape. Pour la circonstance, nous avions choisi de « suivredevant », s’il est permis de s’exprimer ainsi. Pendant trois

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heures,onentenditlesexclamationsdupublicetdeuxmotsquiseprolongeaientdansune rumeur incessante :«Levoilà
Levoilà »

Antoine intitula son article « Le voilĂ  Perret ». Un titreparfait,Ă lafoisconcis,drĂŽleetfidĂšle,quirecrĂ©aitenunepetitephrasel’ambiancedel’étape.

Jemerappelleaussiune journĂ©edecaniculesur les routesduRoussillon.ÀEspĂ©raza,l’anciennecapitaledelachapellerie,onnousdistribuadeschapeauxdepaille.

« Faute d’un chapeau de paille d’Italie, dit Antoine enĂ©voquantlecĂ©lĂšbrevaudeville,onsecontenterad’unchapeaudepaillebiende cheznous. »CoiffĂ©d’un canotier, il nousoffritune dĂ©sopilante imitation de Maurice Chevalier chantant Lejoyeuxchapeaudepaille!Ainsi,lebrillantchroniqueurquisedĂ©lectait de pasticherMme de SĂ©vignĂ©, Verlaine ou PĂ©guy, cemonumentdeculture,incollablesurl’histoiredeFrancecommesur l’histoire de la littĂ©rature universelle, Ă©tait capabled’interprĂ©ter une chanson populaire des annĂ©es trentepratiquement oubliĂ©e. Sa mĂ©moire Ă©tait prodigieuse. Il nousĂ©tonnaitchaquejouretsespirouettesfaisaientnotrerĂ©gal.

J’entendsencoresonrireetsoncommentaireplusĂ©loquentqu’un long discours : « C’est merveilleux de dĂ©conner entreamis.JeneconnaisriendeplusrĂ©jouissant.»

Cependant, la rigolade masquait souvent le stress, surtoutlorsqu’onapprochaitdel’arrivĂ©e.AntoinecultivaitleparadoxeĂ longueur de journĂ©es. Clown triste, optimiste anxieux,dĂ©sinvolte et perfectionniste, partagĂ© entre l’envie d’écrire etl’ennuid’écrire,ilblaguaitetbuvaitpouroubliersesangoisses.L’apparitiondupanneaudesvingtdernierskilomĂštresaccentuaitsonmalaise.LaperspectivedelacopieĂ livrertroisheuresplustard et la hantise de la page blanche le rendaient positivementmalade. Qui l’eĂ»t cru ? Une telle rĂ©action paraissait

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inconcevable, eu Ă©gard Ă  son immense talent. Pourtant, sondĂ©sarroiĂ©taitbienrĂ©el,etilnousenafaitl’aveu:«J’étaisprisdenausĂ©esenpĂ©nĂ©trantdans la salledepresse, jeme trouvaisparfoisĂ lalimitedevomir.»

RevoirParis
Trenet s’en rĂ©jouissait.PasAntoine.MĂȘmesilarivegauchefaisaitpartiedesavie.LanostalgieduTourlefigeait dans un Ă©tat second. Les derniĂšres Ă©tapes ne pouvaientĂȘtrequemĂ©lancoliques.«Ilmefautattendrependantunannosretrouvailles,soupirait-il.Unandepatienceetd’impatience.»

JacquesAugendre

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LeDrMiserezdit leschosesparceque,plusdevingt-cinqans aprĂšs, il y aprescription et, aussi, parcequ’il estimequ’ilfallait les dire. Philippe Miserez rappelle que lorsqu’il Ă©taitaccompagnĂ©durobusteetincrevablerugbymanPucisteBernardCaseris,mĂ©decindesonĂ©tat,audĂ©partduTour1972Ă Merlin-Plage, front d’ocĂ©an bĂ©tonnĂ© Ă  tout va, Antoine, Ă  qui lesdirecteursduTour,JacquesGoddetetFĂ©lixLĂ©vitanprĂ©sentaientlemaĂźtredeslieux,rĂ©agit:«Ah,c’estvouslemurdeMerlin! »

En tant que co-auteur du livre, je me permets de raconterl’histoiresuivantequimetenscùneetPhilippeetAntoine,deuxchersamis.

Nous sommes sur le Tour 74, Ă  l’hĂŽtel Aquitania deBordeaux-Lac.Vers7heuresdumatin,MichelClare,quifaisaitchambre avec Antoine, me rĂ©veille. « Vite, trouve Miserez,Antoine s’est ouvert la tĂȘte
 » Vision d’horreur dans lachambre:Antoineestassisauborddesonlit,dusangpartout,sur levisage, sur lesdraps, sur lamoquettecacad’oie
Ilestgroggy. La lampe de chevet est Ă  terre, l’ampoule explosĂ©e.Seuleladouilleestintacte.Enfait,Antoines’estcassĂ©lafiguredessus, et elle l’a ouvert. Ce qui m’a permis de lui dire endĂ©couvrant lespectacle :«Disdonc, t’auraispasvoulurentrerdans la lumiĂšre ? ! »Voiciquim’incite Ă glisserunmotduMaĂźtre:

UneautrefoisoĂčAlbertVidalieluiavaitouvertlacaboched’uncoupdebouteilleetqu’ils’estapprochĂ©pourconstaterlesdĂ©gĂąts,ilfutreçuparun«ArrĂȘtedecopier»subliminal!

RetrouvonsAntoineĂ Bordeaux-Lac
À troisvolumineuxlascars, le docteur, Tonton Roro, pardon Roger Bastide,rĂ©cupĂ©rĂ© en chemin et moi, plus Michel Clare qui suit, nousportons l’Antoine, dissimulĂ© entre nous, pour que personned’autreneprofiteduspectacle,sefairerecoudreĂ  l’ambulance

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Aspro, lĂ , Ă  deux pas, oĂč Philippe lui pose cinq points sur lehaut du front – sans anesthĂ©sie, et le bougre n’a pas bronchĂ©.C’étaitunrude,lemonsieur
Et,envoiture,Simone


Le lendemain, le lecteur sedĂ©lectaitd’unechronique titrĂ©e« Les embarras du Chouan », signĂ©e de Nantes, la patrie deCyrilleGuimard.LavieduTourcontinuait,portantunAntoinequicrĂ©aitsapropreCarteduTendreaufildesĂ©tapes,avecseshauts, ses bas et ses faux plats que, lui qui ne mangeait pas,apprĂ©ciait!

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12

RAYMONDPOULIDOR,CESAGESURDEUXROUES

Pourmoi,Antoinec’estungĂ©nie!


Sil’ñgefaitressortirencoreplusdesjouesdĂ©jĂ saillantes,sileshiversontposĂ©de laneigesursontoit,RaymondPoulidoresttoujoursaussireconnaissableaumilieudelapluscompactedes foules. Les yeux restentmalicieux, le nez toujours Ă  boutrond,lavoixnasillecommeautempsdesinterviewsĂ rĂ©pĂ©tition,aveclamĂȘmesilhouettedel’hommeenforme.

Cethommeestdevenuunproched’AntoinedĂšslorsqu’ilaposĂ©lesacenLimousin:«EntreLinardsetchezmoi,Ă Saint-LĂ©onard-de-Noblat,iln’yaqu’unevingtainedebornes,unpetitcontre-la-montre ! Antoine est venu me voir Ă  la maison. Ilm’impressionnait. Au point que je le vouvoyais. C’était un sigrandmonsieur.SurleTour,c’étaitpaspareil,j’étaisĂ vĂ©lo,etlui, dans la voiture 101 – que tout le peloton connaissait etrespectait–;jeletutoyaisnaturellementquandla101doublaitlepeloton:«AlorsAntoine,çava »Peut-ĂȘtreparcequejemesentaisenconditionavantageuse.Autant ilĂ©taitgentilavec lesgens,mĂȘme s’il y avait parfois des orages
, autant il pouvaitĂȘtremĂ©chantavecFrançoise,sacompagne.UnjourĂ lamaison,ill’acalottĂ©e!SousleprĂ©textequ’ellelecontredisait:«Ditesque-quejesuisun-unmenteur! »Et,vlan


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sontfaitespourlaparadeetlesimulacre.»LePuy-de-DĂŽme : « Et la montagne accoucha d’unsourire »

13eétape:Limoges(leLimousin)

LeLimousin,etplusparticuliÚrementlevillagedeLinards,aurontadoptéAntoine,quiyvivrapendantplusdevingt-cinqans.

«Tulleestunevilleprenante.Elleadequoiattireretretenir.»« À travers la Dordogne et la CorrĂšze, ces rĂ©gionspolygrottes,nousavonsrenouĂ©aveclesdouceursbiencrĂ©mantesdel’ñgedebiĂšre.»«AutrefoisonenvoyaitĂ LimogeslesgĂ©nĂ©rauxqu’onvoulaitĂ©vincer.Aujourd’hui,onlesenĂ©loigne.»

14eétape:Toulouse(Midi-Pyrénées)

Cette rĂ©gion aura toujours un parfum particulier pourAntoine.C’estdanslepetitvillaged’Aurevillequ’ilretrouvaitKlĂ©ber Haedens, quand il ne passait pas par Toulouse pourrejoindreJean-PierreRives.

« De Fleurance Ă  Auch, Ă  travers un paysagedoucement tourmentĂ© de ceps et de pampres, nousavons vu se presser Ă  l’infini, malgrĂ© la parcimoniedesagglomĂ©rations,unconcoursdepopulationsĂ nulautrepareil.»«LemarchĂ©decespetitesvillespavoisĂ©esdepĂȘches,

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de poires et de pruneaux nous donnait presque Ă regretterquelaseuleprimeurĂ laquellenousfussionsassujettisfĂ»tcelledel’information.»Toulouse : « Il est indĂ©niable que cette ville est unecapitale.Elleattireetrayonne.SesjustesprĂ©tentionsne s’étendent pas seulement Ă  ce qui pourraitcontribuer Ă  une gloire locale. Elle aspire Ă  desĂ©changes universels et y parvient en de nombreuxdomaines.»

15eétape:Perpignan(Languedoc-Roussillon)

LeLanguedocavaitpourAntoinelasaveurparticuliÚredesespremierspasdanslemondedelalittérature,enlapersonnede François Sentein. Parler de Sentein revenait à parler deJean Genet, mais aussi de Jacques Laurent et RolandLaudenbach.

«Quelquesvignoblesrabougris,peud’agglomĂ©rationsau revers des mamelles pelĂ©es des CĂ©vennes, deschemins malaisĂ©s et gravillonneux eussent, end’autrestemps,favorisĂ©l’aventure,l’escapade.»« Nous plongions vers cette frontiĂšre montagnarde,amicaleetcomplice,departetd’autredelaquelleonparledĂ©jĂ l’espagnolenFrance,encorelefrançaisenEspagne.»

16e Ă©tape : leMont-Ventoux (Provence-Alpes-CĂŽted’Azur)

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L’écrivain Albert Vidalie a vĂ©cu Ă  Reillanne, dans leLubĂ©ron. Il suffit de lire Monsieur Jadis pour comprendrel’importancequ’ilavaitdanslavied’Antoine.

Sainte-Maxime : « Ce bouquet garni incliné sur lamer.»

Nice : « La vieille ville, rongĂ©e par la couleur rose,encadrĂ©epardehautescollines, lĂ©chĂ©eparunevastemer dont l’impassibilitĂ© dissimule on ne sait tropquoi,prĂ©sentedesallĂ©gationsdevolcans,d’accordsetdedĂ©saccords.»Les Hautes-Alpes : « Un champ de bataillessomptueux Ă©tait laissĂ© en jachĂšre, avec ses escaladesau pourcentage vertigineux, ses descentes piĂ©gĂ©es Ă chaque virage, ses gravillons voltigeurs abandonnĂ©spar quelque Petit Poucet en dĂ©tresse, ses portesbĂ©antes et ses sorties de secours au revers deshameaux.»LeMontVentoux:«Nuln’ignoreque,telqu’ilest,celĂ©gendaireaccidentde terrainmĂ©rite ledĂ©touretqueson caractĂšremonumental tient en premier lieu Ă  cequ’il est unmonument que s’est donnĂ©e lamĂ©moiredeshommes.»

17eétape:Saint-Priest(RhÎne-Alpes)

Le24juillet1982,Ă©tapedeSaint-Priest,AntoinedonnaitĂ L’Équipe sa 524e et derniĂšre chronique du Tour de France,«Lesinconnusdanslasaison».

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hantises : unpĂšrequ’il n’avait pas eu le tempsd’admirer, unepetite famille en ruine, une prĂ©fĂ©rence ramenĂ©e d’AllemagnepourlesrudesamitiĂ©sdechambrĂ©e,unpenchantdeplusenplusimpĂ©rieux, non pour l’alcool, jurait-il, mais pour l’ivresse.QuandilprĂ©tendaitquesesbouquinsĂ©taientbouclĂ©senvingtetunjours,cen’étaitrienqu’ungrosmensonge.LeSingeamacĂ©rĂ©beaucoup plus longtemps que ça dans un esprit tendu vers unchef-d’Ɠuvre annoncĂ©. C’est si vrai que, revenant de Biarritzvers la fin de l’étĂ© 1958, par ce train qui s’appelait le Sud-Express,Antoines’apprĂȘtaitĂ subirlesreprochesordinairesdeRoland Laudenbach, son Ă©diteur. En dĂ©pit de ce qui Ă©taitconvenu, promis, jurĂ©, le livre n’était pas fini, il Ă©tait mĂȘmedramatiquementenpanne.

Seulement voilĂ , dans le Sud-Express, on avait trouvĂ© lerebondissementgĂ©nial,leSingeavaittrouvĂ©sonsecondsouffle.En fouillant machinalement dans sa poche, Antoine en avaitretirĂ©unefeuilletoutechiffonnĂ©e:c’étaitleprogrammedufeud’artifice du 15 aoĂ»t, sommet traditionnel de la saison deBiarritz. Comme celle d’un compte rendu de toromachie, lalecturemirobolanted’unprogrammedefeud’artificeavait toutpourenchanternotreami.DelĂ ,l’idĂ©esuperbedufeud’artificequeFouquetetQuentinAlbertvont improviser sur laplagedeTigreville.Ce sera le point d’orgue du roman et, plus tard, dufilm d’Henri Verneuil – une scĂšne oĂč Jean Gabin, Jean-PaulBelmondoetNoĂ«lRoquevertpourrontdonnertouteleurmesure.

J’ai lecƓurmaintenantqui flanche,ausouvenirdece jourde l’automne 1958 oĂč Antoine vint dĂ©poser sur le bureau deLaudenbachunmanuscritquin’étaitpaslesienmaislemien.Ilavait fait despiedsetdesmainspour faire Ă©ditermonpremierlivre,LegrandcombatduQuinzedeFrance,commesic’était

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pour lui le plus urgent, une prioritĂ© qui passait avant celle desonƓuvremajeure ! Toutefois, le Singe, ranimĂ© dans le Sud-Express, Ă©tait maintenant sur de bons rails. Le personnage deQuentinAlbertavaittrouvĂ©sonparfaitmodĂšleenlapersonnedel’hĂŽtelier de Mayenne chez qui Antoine avait ses habitudes,quand l’imprimeur de l’endroit venait lui arracher, feuillet parfeuillet,lesdernierschapitresd’unouvrageencours.L’hĂŽtelierlui racontait son passĂ© au Tonkin et son combat contre lesboissons anisĂ©es. Antoine, lui, une fois n’est pas coutume,buvaitdupetit-lait.Et,bientĂŽt,ilmettraitlepointfinalaulivrequ’ilportaitdepuissilongtemps:

« Il se pencha longtemps Ă  la fenĂȘtre, Ă©coutant lesbruissementsdesaforĂȘtretrouvĂ©e,puis,refermantsesvolets,ilsedirigeaverslaglaceendĂ©clarant:

–Etmaintenant,voicivenirunlonghiver »

Deux ou trois jours plus tard, Roland Laudenbach eut lemanuscritenmain.Cettefoisc’étaitlebon,etseretirapourlelire.J’avaishĂątedesavoir.

«Alors,c’estcomment?demandai-je.–Antoineneferajamaismieux»,medit-il.

DenisLalanne

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14

JEAN-PAULBELMONDO,UNFIDÈLEPARMILESFIDÈLES

Jean-Paul Belmondo fait partie des inconditionnelsd’Antoine.Ilnousl’aconfirmĂ©,iln’yapassilongtemps,Ă laterrasse d’un cafĂ©, en plein soleil, derriĂšre l’AssemblĂ©enationale, en compagnie de Jean Rochefort. « Ah, Antoine,quellemerveille,quel talent,quelpersonnage ! »Jean-Paulfait partie du paysage de Saint-Germain-des-PrĂ©s depuis Àboutdesouffle,etmĂȘmeavant.Hieraurestaurant l’ÉchaudĂ©,avecFerrĂ©,Antoine,Carlos,FernandRaynaud
Aujourd’huiauComptoir,Ă l’OdĂ©on,chezsonpoteYvesCamdeborde,avectoujourslemĂȘmesourire,largeetgĂ©nĂ©reux


AntoineauraitpujouersonproprerĂŽle

Unacteur,c’estleprĂ©sent.LapostĂ©ritĂ©estauxsavants,auxphilosophes, peintres, sculpteurs, musiciens, Ă©crivains. Parnature, jevis intensĂ©mentauprĂ©sent,mais celan’empĂȘchepaslessouvenirsetUnsingeenhiverresteral’undemesmeilleurssouvenirs d’acteur. D’abord, tourner pour la premiĂšre fois (cedevait ĂȘtre, hĂ©las ! aussi la derniĂšre) avec Jean Gabin, c’étaitpourmoiunhonneur fou.Gabin,d’autrepart, Ă©taitunhommetrĂšs simple, qui me prit tout de suite en amitiĂ©. Nous noussommesbienvitedĂ©couvertdesgoĂ»ts communs,notamment lamĂȘmepassionpourlaboxe,lefootballetlecyclisme.Également

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Antoine, parce que simplement c’était un humain qui savaitĂ©couter.UnhommeaveccequeçareprĂ©sentedemagiqueetdesurprenant.AntoineĂ©taitrestĂ©enfant.IlvoulaitquejefasseduthĂ©ĂątreetilmevoyaitdanslerĂŽled’Hermione,entragĂ©dienne.À la vĂ©ritĂ©, il rejoignait un rĂȘve d’élĂšve au cours SolangeSicard
HermioneyĂ©taitauprogramme,etj’aijouĂ©desscĂšnesoĂč elle est passĂ©e en moi. Avec le recul, cela tend Ă  prouvercombien Antoine n’avait pas tort
C’était aussi l’avis demaseconde mĂšre, HĂ©lĂšne Duc, grande dame de la scĂšne qui m’ad’ailleurs eue comme Ă©lĂšve. Elle considĂ©rait que, voilĂ , mondestin se situaitdans la tragĂ©die,pasdans la chanson
 ily adesgensquifontautrechose.Maispasvraiment,puisque,pourmoi, la tragĂ©die est dans les chansons que j’ai chantĂ©es.MonbutĂ©taitdechanter
(petitsourire)mĂȘmesijenesaistoujourspas
(re-sourire)
Mais,j’aifaitdesprogrĂšs(3epetitsourire).J’aiservi lespoĂštes, les idĂ©esquisont les leurset lesmiennesĂ©videmment.Lecombatenmusique,c’estpassimal
Ilentremieuxdanslamaisondesgensetildescenddanslarue »

EtAntoine,commentsecomportait-ilavecvous,Juliette?


«Doux, fraternel. On se vouvoyait, je n’ai pas tutoyĂ© leschefsdemusiqueaveclesquelsj’aitravaillĂ©.Mameilleureamie,je ne la tutoie pas et l’on se connaĂźt depuis beaucoupplus detrenteans. Jen’ai jamais tutoyĂ©MichelPiccolialorsquenousĂ©tionsmariĂ©s »

D’Antoine,JuliettenepeutrefrĂ©nerunehistoirequilaporteaubonheur :«AvecsonamiVidalie,unredoutablecelui-lĂ , ilvenait dansma cour, tous les deux pleins commedes cantinesmilitaires,medonnerlasĂ©rĂ©nade.ParfoisĂ trois,quatreheuresdumatin,pour leplusgrandplaisirdemesvoisins
Mais ils

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Ă©taientsympasetn’ont jamaisvraiment regimbĂ©!EnprĂ©cisantque, une nuit aprĂšs avoir chantĂ©, j’avais gagnĂ© au casino Ă Biarritz l’argent nĂ©cessaire Ă  achetermon appartement, le rez-de-chaussĂ©emais aussi une partie du premier Ă©tage. Je n’avaisjamais jouĂ© au chemin de fer, j’étais enceinte de ma filleLaurence. Plus je gagnais, plus les yeux de mes voisinsdevenaient haineux tellement ils Ă©taient envieux. Moi quin’avaispasdesous,jegagnaismavieenchantantcommed’hab’et lĂ  ça tombait Ă  tout va
Je croulais sousunemontagnedejetons
Quand j’ai quittĂ© les lieux, le gentil caissier quim’apayĂ© en billets et il y en avait et il y en avait, m’a dit :“Mademoiselle GrĂ©co, je ne veux plus vous revoir
” Il avaitraison, parce que lĂ , j’aurais probablement tout reperdu
 Jen’aijamaisrejoué Lelendemain,j’aicommencĂ©parm’acheterunsacHermĂšs,leKelly,suffisammentgrandpourymettretousmesbiffetons »

Pourvous,c’estquoiquereprĂ©senteAntoine?


«UnimmenseĂ©crivain,AntoineestunorfĂšvre,plusquedel’écriture, des sentiments. Parfois un personnage Ă©trange quienlevait ses dents, enfin son rĂątelier, et s’amusait avec. Parprovoc’. Quand il se faisait piquer par les flics, c’était samaniĂšreĂ  luidemordre
Nousavionsdes rapportsnocturnesd’oĂč il sort qu’avec lui, rien n’a jamais Ă©tĂ© ni normal, nivulgaire, ni Ă©vident. Il Ă©tait quand mĂȘme d’une autre planĂšte.PlanĂšte qu’il partageait avec Roger Nimier. Moi qui suis unefemmedegauche,j’avais,Ă©trangement,quelquechosedetendreaveceuxplutĂŽtmarquĂ©sĂ droite.ToujourssurfonddepoĂ©sie.»

Gainsbar, qui a, comme vous, habité rue de Verneuil, etAntoineétaient-ilsproches?

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« J’ai amenĂ© Serge, tout au dĂ©but de sa carriĂšre au ClubSaint-Germain, rue Saint-BenoĂźt. Dans les annĂ©es 1950, j’enavais peint les tabourets, j’y Ă©tais chez moi. Du temps ducharmant Marc Dolnitz, mort d’une maniĂšre crapuleuse, voiciune dizaine d’annĂ©es, qui ouvrira l’Alcazar avec Jean-MarieRiviĂšre. Antoine et Serge, ce sont deux univers totalementdiffĂ©rents.Pourcommencer,GainsbourgĂ©taitunjuifrusse.Avecune dramaturgie trĂšs forte. Alors qu’Antoine est un espritfrançaistrĂšsaigu.SiĂ l’aisesurleTourdeFrancecarilestchezluipartoutdanscetteFrancequ’il aimeetqui l’aime.LeTourl’inspirait »

Une pause, un coup de fil et
 « Si l’on ne tombait pas,commeça,aumĂȘmemomentauCourrier,cen’étaitpasAntoinequim’appelait,certainementparpudeur,craignantdedĂ©ranger;c’était sa femme, Françoise. Je les retrouvais au Courrier carj’aime les endroits oĂč se rencontrent les gens que j’aime et leCourrierdeLyonenfaisaitpartie.»

Quedira-t-ond’Antoinedans20ans?

« J’espĂšre qu’ils seront moins cons et qu’ils lui rendrontjustice en reconnaissant en lui et l’écrivain gĂ©nial et l’hommeexceptionnelqu’ilaĂ©tĂ©! »

Etsurvous,quesera-t-ildit?

«On verra bien (petit sourire)
 J’espĂšre qu’il y aura desgensquidiront:“Jel’aiconnueetjel’aime!”»

DanslesboĂźtesdenuitenfumĂ©esdel’aprĂšs-guerre,leTaboudelarueDauphineetdeBorisVianenpremier,universquela«GrandeDameenNoir»amagnifiĂ©,onbrĂ»laitlachandellepar

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train en gare de Dax. On s’en racontait des vertes et des pasmĂ»res et on Ă©coutait Guy nous dire combien « sonAntoine Ȏtaituntypehorsducommun,qu’enĂ©critureilyavaitluietlesautres. Et que pour la dĂ©conne il Ă©tait en premiĂšre ligne.Quec’étaitunsacrĂ©bambocheur!ÀlavĂ©ritĂ©,c’estplutĂŽtcesecondaspect du personnage qui nous attirait le plus. Pour nous, cen’était pas vraiment le temps de la lecture, plutĂŽt le tempsd’écrirenosproprespages,cellesconcernantlerugby!»

Pierre Albaladejo en imposait Ă  Antoine parce qu’il Ă©taitaussi « matador », qu’il avait les cojones de se placer devantl’encorneur,sachantlegoĂ»tquenotrehommedeplumeportaitĂ la corrida et le respect qu’ilmanifestait Ă  ces hommes d’épĂ©equefurentLuisMiguelDominguinetAntonioOrdóñez.VoirleSingeenhiveroĂč,viaJean-PaulBelmondo,ilĂ©cartelesvoituresdevanttoutlevillagefascinĂ©.

«Donc,nousavionshĂątederetrouvercetAntoinechĂ©riparGuyBoniface,notrecherFanfanlaTulipe.Maisavantdenousrendre auCourrierdeLyonpour l’y retrouver,on fonçaitdansles Halles se taper d’énormes morceaux de barbaque qu’ondĂ©voraitaupetitmatin,aumilieudeslouchebems,enbuvantdurouge. La panse calĂ©e, nous traversions la Seine pour trinqueravecAntoine.Certainsbuvaientplusqued’autres,moijefaisaispartiedesmoinsgaillardssurlepichet »

AmitiĂ© liĂ©e, Antoine qui apprĂ©ciait l’élancĂ©e silhouette de«Balaeltorero»etlepersonnagequ’ellecontenait,selaissait,deloinenloin,ramenerparlui,rueMazarine,del’autrecĂŽtĂ©dela rue des Saint-PĂšres. Ce qui Ă©tait unemarque de confiance,doncd’affection,delapartduMaĂźtre.

«UnsoiroĂčjeleraccompagnaiĂ sondomicile,j’étaisrestĂ©sur le pas de la porte, la parole coupĂ©e. Les huissiers Ă©taientpassĂ©sparlĂ ,ilnerestaitqu’unetableetunbuffet.Parcontre,quelquesbouteillesattendaientqu’onleurfasseunsort.Dequoi

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trinquerĂ l’amitiĂ©,aurugbyetĂ lacorrida!Ilm’avaitexpliquĂ©enbĂ©gayant:“Ilvaut,vaut,vautmieux,perdre,perdre,perdredel’argentqu’un,qu’unami
”Dugenre, l’amitiĂ©,çan’apasdeprix. Il donnait son argent Ă  qui en avait besoin et n’en avaitpluspourpayersonloyer
Enrepartant,jemesuisdit:“QuelmĂ©tierdemisĂšrequ’écrirepourlesautres!”»

Cher Bala dont la maman, LĂ©onore EtchemendibehĂšre (lamaison au pied de la montagne), venait, comme son noml’indique, d’Euskadi (de Saint-Martin-d’Arrossa), pays quienchantaitl’Antoineparseschansons,lesensdurespect,auquels’ajoutentlasoliditĂ©etl’équilibreduquotidien


Le jour de l’enterrement de Guy, Pierrot Bala a invitĂ© unimmensepackdecopains,unequarantainedepersonnesdontlecompositeurPierreBarouhetsafemmed’alors,AnouckAimĂ©,Ă dĂ©jeunerĂ lapetiteauberge,encontrebasdelaroutedeMont-de-Marsan, Ă  Saint-Vincent-de-Paul, Chez DespĂ©ries, rĂ©putĂ©epoursescrĂȘpes,aussipoursesanguillesetsongibierbraconnĂ©.DespĂ©ries, surnommĂ© «mignemosca » parce qu’il avait avalĂ©unemoucheetque labestioleavait continuĂ©Ă battredesailesdanssonventre,finirasesjourslĂąchĂ©spard’autresailes.Cellesdu vieux coucou qu’il pilotait Ă Rion-des-Landes.Un Ă©clat derirequiestpartidanslesĂ©clatsdupire


DespĂ©riesĂ©taitunhommecommelesaimaitAntoine,de lagueulemais pas trop grande, du cƓur, trĂšs grand et des idĂ©es,pascellesdesautres!

Autre homme d’ouverture, il porte aussi le numĂ©ro « 10 »desmeneursde jeu, JeanGachassinĂ©tait surnommĂ©PeterPan,Abdou, comme le sprinter Seye, Gachette ou simplementJeannot.Grandjoueurhautcommetroispommes,ilenafaitvoirdesvertesetdespasmĂ»resĂ sesadversaires.C’étaitunathlĂšte,classĂ©autennis;ilestd’ailleursprĂ©sidentdelafĂ©dĂ©rationdecesport. Toujours proche d’AndrĂ© Boni, dont il a Ă©tĂ© l’ouvreur

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dans leur temps enbleu-blanc-rouge, l’espiĂšgle Jeannot n’étaitpas le dernier quand il s’agissait de se confronter au verbedĂ©conner. Avec pour spĂ©cialitĂ© de se lancer dans le vide enpositionfƓtaleversuncopainquiatoujourseulerĂ©flexedelerĂ©cupĂ©rerdansleberceaudesesbras.EmblondinisĂ©,commetantd’autres, par notre extravagant et fascinant Germanopratin, ilresteunfand’Antoine.

AvecGuyBoni, puis JoMaso et JeanSalut, autres talentsmajusculesduXVdeFrance,JeannotGachassin faisait lemurde l’hĂŽtel Louvois qui, Ă  l’époque, les abritait, prĂšs de laComĂ©die-Française, pour s’en aller rejoindre l’Antoine auCourrier deLyonde l’autre cĂŽtĂ©duGave, pardonde laSeine,pourdevenirlescomĂ©diensdeleursimprovisations.

«AntoineĂ©taitunphare,salumiĂšrenouschauffait l’esprit,nous faisait dubien.Guy Ă©tait toujours prĂšs de lui. Ils Ă©taientcommedesjumeaux.AvecDĂ©dĂ©,pasloin,biensĂ»r.MaisDĂ©dĂ©Ă©tait moins “festeyre” que nous. » Puis : « Michel Crauste,commemoideLourdesĂ l’époque,n’avaitjamaisratĂ©lareprisedutravailĂ l’EDFlelundimatin


AprĂšs unmatch gagnĂ© Ă  Colombes, Jean Lenzi convie lesBoni et Crauste sur le plateau de la 2. Avec AndrĂ© Dassary,ancien joueur du PUC chanteur d’opĂ©rette qui, prĂ©tendant unrefroidissement,avaitrefusĂ©dechanter.Ensuite,viteauCourrierpouryretrouverAntoine.LĂ ,oncommenceĂ faireleszouaves.Dassary, toujours le bĂ©ret sur la tĂȘte en bonBasque qu’il est,chanteĂ tue-tĂȘte!
EtleMongol,lui,commenceĂ grimacer.Ilfallaityaller
Guyavaitenviederester,moij’étaisprĂȘtĂ fairedurabĂ Paris,etDĂ©dĂ©Ă©taitpourrentrer.CommelevoulaitsonrĂŽle de grand frĂšre. Alors, deux taxis sont appelĂ©s pour nousamenerĂ lagared’Austerlitz.LestaxissontlĂ etl’oncommandeladerniĂšre tournĂ©e.On rentredans lebahutet là
plantĂ©, lesquatre pneus Ă©taient Ă  plat ! Antoine et Guy les avaient

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3-MichelDĂ©onQu’onlelisepourlui-mĂȘme

4-BernardPivotD’unseulcoup,ilbifurque,ilvaailleurs


Àborddelavoiture101

5-JeanFarges,lepiloteDalidaenpassagerclandestin


6-PierreChany,lemaßtreàbordLessecretsduménageàquatre!


7-MichelClare,letĂ©moinprivilĂ©giĂ©C’étaitungrandtravailleur


8-JacquesAugendre,mĂ©moiredesĂ©popĂ©esIlĂ©taitnotre«gentlemanfermeur» 

LecƓurduTourbatpourAntoine

9-JeanBobet,compagnondechambreduMaĂźtreAntoineetsespirouettes

10-DelasalledepresseduTouravecJeanHatzfeldDespagesendimanchées

11-PhilippeMiserez,mĂ©decinduTourC’estletabacquil’atuĂ©!


12-RaymondPoulidor,cesagesurdeuxrouesPourmoi,Antoinec’estungĂ©nie!
RenĂ©Fallet:«nonĂ Poupou»

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LeTourdesToursd’Antoine

Chroniquesd’untourPrologue:Bayonne(LePaysbasque)1ĂšreĂ©tape:Bordeaux(l’Aquitaine)2eĂ©tape:LaRochelle(Poitou-Charentes)3eĂ©tape:OrlĂ©ans(leCentre)4eĂ©tape:Nantes(PaysdelaLoire)5eĂ©tape:Brest(laBretagne)6eĂ©tape:Rouen(laNormandie)7eĂ©tape:CompiĂšgne(laPicardie)8eĂ©tape:Lille(Nord-Pas-de-Calais)9eĂ©tape:Reims(Champagne-Ardenne)10eĂ©tape:Metz(laLorraine)11eĂ©tape:Mulhouse(l’Alsace)12eĂ©tape:Montluçon(l’Auvergne)13eĂ©tape:Limoges(leLimousin)14eĂ©tape:Toulouse(Midi-PyrĂ©nĂ©es)15eĂ©tape:Perpignan(Languedoc-Roussillon)16eĂ©tape:leMont-Ventoux(Provence-Alpes-CĂŽte

d’Azur)17eĂ©tape:Saint-Priest(RhĂŽne-Alpes)UnGermanopratin

Lesingeetl’escargot

LesingedanslabergerieLessingesenhiver

13-DenisLalannedanslecoupdufeud’artifice

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Unsingeauxbainsdemer

14-Jean-PaulBelmondo,unfidĂšleparmilesfidĂšlesAntoineauraitpujouersonproprerĂŽle

UnCourrierpleind’histoires

15-LesSavy,proprietairesduCourrierdeLyonSesbellesrĂ©solutionss’envolaient!


16-Caviglioli,grand-reporterĂ CombatetauNouvelObsLespiedsdanslechampagne!

17-JulietteGrĂ©co,lavoisinedelaruedeVerneuilIlĂ©tait,quandmĂȘme,d’uneautreplanĂšte!

18-Blondin-GainsbourgsurfonddeVerlaine-RimbaudAupanthéondurugby

19-AndrĂ©Boniface,princed’OvalieetgardiendutrĂ©sor

Antoine,c’étaitle3efrĂšre!

20-PierreAlbaladejoetJeanGachassinDeuxdemisbienservis

21-Jean-PierreRives,lerelayeurdeGuyBoniLamagied’Antoine

22-Symbadrencontresongrand-pùreMaintenant,jel’appelleAntoine


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