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:\1 ('deciu-\,0u"1 iuairc UEVIIL\S.COllll1lUlliqlll'S pal'. l'Ageuce lIayas"
MARTIN
MAROC
'-
ROLJSIJETEpar Mauricc LE (~LAY
.Jc l'ai "cllcontré réœmmcnt, ce :\Ial,till dOlll il fnl ici
souycnl parlé, sinon lrop, ce ~lal'Lill qui me res,,-emlJle
comme llll frl're el qui parfois, à ceLte place, écrit des
choses illuliles qu'il signc impudcmllient dc nlon nom.
Celle fois-ci:ù mon abord (lue je pensais coudois, il
l'l'pondit laconiquement: « La IJarbe ~ », 11 y a toujours
quelque soldate:;qlle dans les t'a\;ons d(~ mon double. El
sans tl'OP m'inquiètel' de son accucil, je YOldus pourtant
m'assurcr cn lermcs choisis dcs motifs dc SOli humeur
Aussi l'epris-je:
- D'où vous vienl aujourd'hlli cet ail' sombre cl
SèVl'l'e'? L'cau lIIauqna-l-elle hier il votre rohillet, ou
(luelquc longue panne, al'rèt;11I1 la radio. YUIIS priva-l-clJe
d'ouïr l'orchestre il DubcaucJanl..:?
-- Cessez ~ mc dit :\larlill, ne !'l'oyez pas d'un r~thllle
alexandrin et d'ailleurs emprunté, corrigcl' volrc pro."e,
Ellc fut P,lI' Hémy BcaUl'ieux lui-môme classl'e de second
Ol'drc. Comme lout cc qui l'sI spécifi(luement marocain,
votre liU éra ture demcure en deuxil'lIle zone . Vous pour
rez peut-ètre remplil' celle-ci, Vous n'cn débOl'dcrez
jamais. Donc, jeune hommc, laisez-vous el laissez-moi
vous dil'e cc (lui cause aujourd'hui la rogne où IllC voycz.
Et ~Ial'lin, rctl'Oussant des deux maius sa moufotaehe
gauloise, s'expl'ima ainsi:
-.Je pcste conlrc ccrLaille Lendal)('c, ('Olt!re CCliX qlli
la professenL, cncore plus eonlre ceux qui l'exploile]lL. IlsulIit d'avoil' passé l'eau, (\'ètre venu au :\laroe uliliser
des facultés qllelcoll!lue:;, déploycr des aclivilés din'rses
pour subir dans le jugemcnt de nos l'l'ères de Fran('e un
amoindl'issemcnl, comme une perte de ccrlains droits de
cilé, cc (IUI~ HélllY BeauI'ieux appellcl',lit « Demillutio
capitis» IllOrale et intellecluelle. On \lOIlS a jadis dÔllié
le droit d'èlre rosières. Le mol est drôle mais ce qui l'e~t
moins eslla fortunc qu'il a l'aile. Il n'est pas UII « chal'gé
.le mission» qui, au reloul' d'icelle, Ile nous couvrc d'élo
ges mais ne laisse cnlelltlre que c'e:-t pllrl' polilesse, Et
celle api Ilion scmble ,il'lilliliH'mcnl élaldie qu'il n'y a iCI
lllle deux sodes d'illdi\'idus, les IWlldils el les Cl'(~lins,
.Je Ile protesterai pas outre Ille:;url' cOllire la première
de ('cs deux appelJat ions Le ballllil CEL il la mode; il esl
très l'épandu et beaueollp plus ailleurs qu'ici il \le juger
que pal' les liltus qu'on nOlis passe sous k Yi""l tle la (,;ell
Slln', X'cst pas d'ailleurs balldil qui veut. 11 y fauL des
moyens exceptionnels et je n'ai pas le ,,-enlilllent que llOlrc
tene marocaine soit féconde l'II bandits d'envergurC',
camille il peul en éclore SUl' l'el'laine l'ive fll'ul'ie que je
ne vellx pas dire, Compal'(~s nvel~ ceux qll'on ll'Ouve ail
leurs, il Il 'y :1 ici - que IV'IllY Ikallril'ux VOliS p.u'dolllle
le Illol - (lue de la roustissurc de balldil,;.
LI' sii'cll' el Il's mO'IlI's aidant, il rlC'vicnt dC' moins C'\I
mOlliS f,khellx d'dl'e lraité de bandit. II sel'a toujours
crllel d'Nrc laXl'~ d'imbécillité, C'csl pourquoi je m'in
slll'ge. Ne VOliS flalle!. pas dl' Ille lrouv('l' ici irrespec
tueux, ce qlli implicluerait logiquement que je puisse
,;LI'e parfois respectueux . .le le suis, en elId, mais poilll
loujonrs de nos formes sociales humainement établies,
l'II core moins .le c('rtains bOllzes qui s',v dl'mi'nen!. Et
comme e'esL précisémenl \le bonzC's ct ml;IIl(~ de bOllze,;
moroses qll'il s'agit, je voudrais ètre ponr l'elix-ci :-Înlple
ment impel,tinenl, il la manil're de nos aïcux, lesquels
cx(~(~llaient en l'el art tri''': franl;als cl qni :;c pertl, .le
vondrais donc illnsLn'r de trois exemples mon exposé
(,i de,;sus d('s faculks qll'on nous allribuc et de:- senti
mellLs ()lI 'on nOlis résel'\(~. Le premier exelllple reiIlOIl[C
ail voyage présidelltiel. Aulalll la pC'rsolllle de !'II. Dou
mCl'gue devait ici emporlel' tous les sut1'rages, aulunl
ccrtain gronpe l'accompagnant nous panll déplai:-anl ct,
par son atLitude, désobligeant. Ilalllains, ferllll's, dis
tanb, all'c(:tanl dc n'avoit' avec les pau\î'es ('crivlllllons,
bandils ou créliIls que 1I0US sommes, nul contacl ; man
geall't, dormanl, lravaillant en 1111 cén:Jcle dont leur ;,cul
l'eg';ml d(~fendait l'approche, tds nous sont appilJ'us les
joul'nillistcs dc la ('our, républie;lins de choix, pal'ail-il,
qui nons aUI'aienl d,"goùtés de la HI'publiq'lc si ~Ionsieur
Doumergue Il'eut été Iii pour 1I0US rappelcl'(lu'ellf' n'est
pas failc {IUC de pontifes prélentieux, Ces gens, pOUl' sc
distinguer du comlllun et nlal'qucr unc supérjOl'ilé illup
parcnLe il priori, pol'lenL ù leur IJollLolIlI,èl'e UII embll'me
CJu'on m'a dil èlre cl:'!ui llIème dc l'Eial. 011 y voit deux
siglcs : H, F. qui sc peu\'enl lraduire de diverses far;ons
et qu'Mayellt .le part ct d'autre deux l'pais el inquiélants
faisc,)aux de lictcurs dont les haches ll'allcllantes cnC<l
d!'elll ou mellaCfmt un pauvre peLil bonnet phrygien, mar
que du temps préselll,
.J'ignorais - voyez comme 011 est simple aux colo
nies: - q Il'il existùl dans le journalisme des lJOnzes
l'llal'g"S de quelqne fonelion sacl'ée. A l'eux-Iii dir:lÏ-je
CJue l~es façons de petil orgueil démocraliqne nc nons Cil
illlposent pas cl que s'ils sont Vl'aiIllcnt les servileurs
dévoués du Chef de l'Etal, ils de\'l'aicllt bicn, il l'l'gurd
de leu!'s hôtes, imitel' sa cl"II'nlanlc urbanilt',.
L'autre exclllple III'esl fourni par llll \ oyageur en
lillérdtul'e {lui, Cil lemps normal apprend l'orthographc
aux ledeurs du « Te 11I/1 li » el, Cil tcmps ccrlaillenlellt
anormal, s'intél'esse ù nos af1'aires, Celui-Iii a bien voulu
condescendre ù faÏI'e une conférence; non pas aux gens
.le Casablanca (pouah ~) mais il ccux dl' Bahal qui sont,
vou.-- le san'!., d'un nive'lu inlellcctuel e( Illornl pllls
1~levé .. Cc mOllsielll' ne s'est pas moins paYl' ces audilclIrs
dC' ('hoix cn leUl' Jé\'cloppalll, IIn(' heure d'horlog(', le
•
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1I1èmc suivanl : .Je suis crili(IUe lilléraire, mais ne l'J'o~cz
pas quc jc Iisc lcs livl'cs (lu'on m'cnvoic, Ils sonllelle
menl nombrcux q IIC mon lcmps scrail absorlJé ricn quc
pal' le soin d'en couper lcs pages,A ceux dïL:i, mes 1'l'('rcs cn bandilismc cl imbécillilé,
je rappelle IItI'un L:rilique CSlllll monsieur qui fabriquc ù
J'usagc des' :;nob:; des idée:; loules l'aile:; cn lilléralure,
El puis je me reloul'lle ver:; l\lonsicur DuLeauclard pour
lui diœ: - Chcr monsieur el ami, vous avez dépensé
une heure de kilo-\vall pour dill'user une voix qui parlail
pour ne rien dire, .\ous demandons à la radio qu'clienous charme et nous inslruise, .\ous sommes gens d'af
faires, donc all'airés. :'Ious n'avons pas de Lemps ù pcrdre
aux balivcrnes. POUl'lanlne refoulez pas les conférenciers
el autres oiscaux vcnus de Franec. Il cn esl de savanls,
de correcls el dc séricux.
A (lllOi l'inlcrpcllé "1 répondre qu'ici on s'csl payé sa
lèle auLanl (lue la noLre,
Le demier exemple, lc plu:; lri:;le, m'csl fourni par
l'un des nolres (lue nous avon:; jadis choyé (llHllld il
a1Jallaille:; noix du vcrgcr gouvcrnemcnlal cl qui, adulanl
aujourd'hui ce qu'hier il brùla, nous a l'ail du Maréchal
Lyauley un panégyrique oulré cl lcl que nc l'auraienl osé
scs plus imprudenls Lhuriféraires d'aulrefois. Puis il
nous a dil quc :;i nous avons quel(IUe vilalilé, quelquc
valeur, nous le de\'ons ù l'éducaleur mencilleux .. , elc ...
etc,
EL de nous l'aire dire ces cho::;es, comme à d'impar
donnables oublieux el par celle bouche encore, n'esl-cc
pas lrisLc à plcurcr ;
SUI' cc, Marlin ayanl vidé son sac, fil dcmi Lour ct
s'cn alla. El ù parlmoi, lui parlant, jc me disais:
- :\larLin, mon vieux, vous n'dcs vraimenl pas gai
(luand vous des de 'l1auvaise humeur el comme je ne
::;aurais laissel' nos lecleurs SUI' l'llllprcssion dc cc (illi
précède, jc vais lcur dire unc pctile hisloirc drolc qui
m'e::;lrevenuc cn vous rcvoyanL.
TouL lc monde saiL que 1larLin, mon double, me res
semble aLsolumcnL. Mais cc que l'un nc saiL pas, c'c::;L
qu'il resscmLlc aussi complèLemenl à André Lichll'nLer
ger, lequel élaiL le sosie parfail de Galliéni, Vous voycz
évidcmmcntla lilii're ...
UI' donL: un jour - c'éLaiL avant la guerre cL dan::; la
Hésidencc cn Lois improviséc par Tranchanl - l'officier
dc scn'ice, 1111 Loul jeune homme, perdanlnon sans causc
la lète, sc précipila chez Lyaulcy el lui cria:
- Mon (;énéral ;". il .v a, .. lù ... dans le jardiu .. , lc
(;énéral (;alliéni ... cn civil ... qui sc pfOm('ne ...
- .\om de Dicu ! proféra l'illuslrc prédéccsseur... cl
le C;uuverncmcnL (lui ne m'a pas prévenu:
(~ardc ù vous! Bl'anleLas, léléphone, Lousculade el
Loulle monde se précipilc sur le pcrron, le pauvre peLil
perrëln de Tnll1chanl. ..
Dans lc jal'din, devanL la maison, il n'y avail que
:\Iarlin (Itli n\vassanl, ôgal'é pcut-ètl'e, solilail'e sc promc
naiL f~tonn('~ du lJruiL, il rajusla du doigt son faux-col,
salua polimenl eL s'éloigna, disercl.
l\laUl'ice LE GLAY.
MAROC
LE MAROCdans la littérature française
pal' Holand LEBEL
C'esl peuL,êll'e avee Ics vel's de J.-B. Housscau, composés il la suile de la demandc cn mariagc donl full'objclla princesse dc Conli de la pal'l du sulLan Moulay IsmalQ,que lc :\Ial'Oc csl enll'è l'OUI' la 1)I'emii~l'c fois dans la lillérature fran~aise.
Cela ne veut pas dirc (lue le l\Ial'Oc n'exislail pasauparavanl dans la liLl'airie fralll:aisc. Au conlwire, trèsnombl'eux sonl chcz nous les livres qui parlenl du Maroc;mais ce sonl des onVfagcs pal'liculiers, qui lmilcnl del'esclavage chrélien dans les l'crs du Moghreb, el qui sonldus, soil ù des caplifs l'aclldés, soil aux l'eligicux dépulésù Meknès, ù Fez ou il Man'akech pour la rédemplion desmalheurcux prisonnier::;. 11 .' aurail loule unc hisloireforl inlél'essanlc il écrire sur cellc lillératurc dc cuptiviléau l'lal'Oc. On peuL s'cn rcndre comple en parcouranl, pal'expmplc, la palhéliquc Relation du sieur Mouëlle ou LeIrécit d'umbassade dcs HH. PP. de la !\lercy ou dc la Tl'inilé. Ce nc sonl louLefois pas là dcs œuvres qu'on al'habiludc de comprcndl'e sous le nom de lilléralure, elclics sonl pluLol failcs pOUl' rclcnir l'allcnlion dc l'hisLorien.
Les œunes qui s'illsL:rivcnl plus parliculièremenldans le domaine lillél'airc sonl assez rares à l'époque dela coursc burbaresquc, Les Romans mauresques qUlpamissenl au X\îl" el au XVIIIe siècles sonl dc puresficlions ll'aiLécs dans la forme cxoliquc convcnlionncllc,lelles quc La Princesse de Fe: par Préchac : au surplus,ce ne sonl pas des hisloil'cs cxclusivemenl marocaines.Lorsqu'il son lout' Voltairc padera du Maroc dans Candide,il nc donncl'a encore qu'unc image !Jicn supcrficiellc dupays.
C'c::;l-ù-dire qu'il nous l'aul allcndl'c la période conlcmporaine dc l'hisloire mal'ocainc pour avoir unc représenlalion plus exaclc, cn mèmc Lemps que plus al'lisliquc,dc cel cmpil'e chél'ificn reslé si longlemps fCl'lné.
Déjù, ù la suile de nolre conquêle algérienne, à propos des incidcnls de fl'Onli(~l'e soulevés à cellc occasion,on pcul nolcr dans la produclion livresque louchanlleMaroc une reel'Udc::;ccnL:e d'activilé. Ce nc sonl cependanlencore que des récils dc voyage. Mais bientôl, parmiceux-ci, un livrc se délache, un ll'ès brillanll'é(~il dù il laplumc de Piel'I'e Loli, qui suivail nolre minislrc plénipolenliaire il Fez; cc livrc, inlilul'~ Au Maroc, nous appoltcla pl'emièl'c vision coloréc, loujours vivante, (lui, dansune forlllc lillél'aire pal'failc, ail su caplivcr notrc curiosiLé marocaine,
Iks lors, lc :\lal'Oc enlrc dan::; les lelU'es fl'ançaiscs,comme il csL enll'é dans la sphère de nolrc inl1ucncepoliLiquc.
e'esl d'alJord la pacificalion mililaire ; el, avec clic,nailloule unc lilléralure guerrièl'c, œuvre des soldats eldcs l'eporLcrs qui suivenl nos colonnes. CCI'laines pagcsd'Emile \'olly leapilalllc Délanger) l'cslcronl pl'obablcmenl parmi les mcillcms lémoignages publiés il ce sujet.
Puis, c'csL lc lravail de reconnaissance géogTaphiqucdu PHYS ; cellc-ci, parfois, a pd'cl'dé la ('OIHluèlc, ('OIllIllC
cn témoigllent les cxploralions de Chal'1es dc Foucauld;mais, en général, clle suil les élapcs dc la pacifi,'alion cleomplètc nolrc adion : Iill,;ralurc documelllairc, sansdoule, mais lrès accessible, cl nullemenl n':~gligeable
même ici,Enfin, cc sonl des lourisles: el ceux-ci nOlis rami~
nenl plus dircdcmenl dans le domaine dcs puIJ!i('alionsoù nous dC\'ons marqucr llOS repi'res,
L'un des premiers esl André ï.he\î'i1lol. qui, ;1\I
momenl oit Ic \'icil élal dc choses suJJsisle encore, Yi:,ilcFcz cl pcinl Un crépuscule d'Islam, Xons rell'(lIl\'eronsChevrillon quinze ans plus lard, avcc J/url'ukech dllllS lespalmes, où le yoyageur r'forme sa vision marocaine,X'esl-il pas précieux pOUl'un pa,vs d'avoir eu, di's le débul,des inlrodueleurs lilléraires lels quc Loli cl Chcvrillon ';Ceux-ci sc lrouvent bicnlol suivis pal' d'aulres (·· ....ivain,.;,qui ne sonl pas inférieuI's aux' prcmiers inlcrpl'!'lc,.;, cl qui,dans dcs évocalions color~es, expressives, fonl goùlcr lecharme dc Rabat (Ra{}at ou les hew'es /IUlI'OCIlillesl cl del\Iarrakech (Marrakech ou {es seigneul's de (A l/!/s); sibien qu'on a juslemenl prélcndn qne les frères Tharaudavaicnl l'ail plus pOUl' la difTllSioll du i\lmoc en Fr,mcc queLous les travaux de vlligarisali'ln publiés officicllenlC'nl.
A la suilc de ces auleurs, IJeaucoup de [ourisles onllenu il consignel' dans qucllluc ollvragc les imill'e:,siolisde leur voyage au Moghreb. Les produclions, avouon:'-Ic,sonl de valeur lrès inégale. el la plllparl dl':' volnnlesdépassenl à peine la valeur d'un simple guide ,kscripliL~éanmoins, le public mélropolil,lin esl 10udH; par ('CSrécils de lecllll'e facile, clIc jeune Proledoral bélll'liciede celle vogue,
Mais la lilléralur~ coloniale nc sc salisfail pas detelles publicalions ll'Op h;Hives, Elle rél:\ame dcs Inelsplus subslanlieb. Forl Ileurenselllenl le l'broc lui afoumi cel alimenl solide, nécessail'e à son dé\'eloppelllelllhal'monieux.
A côlé d'œuvres romanesques, il l'usage des grandsenfants, qui, ici comme ailleurs, ont fleuri avec unesuperbe facililé, s'esl développée unc lill(~ralure dl'jilforl impol'lanle, gràce ù laquelle le :'Ilal'Oc LienL une placehonomble dans les lellres françaises,
Ce Ile sonl poinl les poi'les (lui lui onl assun" cc rang;cal' ceux-ci, encore peunom!H'eux, cl en dl~pil de cerLainsrccueils eslimablcs (Alfrcd Droin : Du sallg sw'l<llllosquée,Guslave Bouger, Hémy Beaurieux, Léonce Bolland,François Onll'roy), semblelll surloul des isolés dont lesmanifeslalions reslenl sans grande porlée, dll moins pOUl'le momenl pI'ésenl. Avel; plus d'auloriLl', les romancierselles conteUl'S onl assumé la lùchc de faire counailre leMal'Oc el scs habilanls. Csanl d'un moycn d'expl'essionmieux goùté du public, cl sans doulc aussi mieux adapltlaux fins poul'suivics, ils onl inconlcstablemelllréussi dansleur enlrepI'isc,
Deux grands courallls sc de"sillenl dalls cellc produclion d'apl'i's-guelTc: d'une pal'l, les livres qui onl pourprincipal objct l'dlHlc des milieux indigi'II('s; d'allireparl, ccux (lui observenl plulùl les miliellx ent'HI)(~ells. Ladislinclion, d'aillelll's, n'esl pas pal'linI1ièl'e au :\Ial'Ol', cl
1'011 lrouve dans I)I'es'lue Ioules nos eolonies ces deuxcouranls, (lui résuILcnl de nolre besoin de connaitre plusinlimemenl les ùmes de nos sujels ou de nos prol,"gés clles réactions des EUl'Opéens lransplallll's il la colonie.
Le l\laroc, lrès jeune lene d'expansioll curop,"enlle,ouverl il nous depuis peu, n'a pas encorc pcrmis, commcl'Algé,'ie, le développemcnl d'une l'ace 11("0 fran'.:aise donlles cal'acli;I'es spéeili'lues foul'llissenl si riche lllalii're ill'analyse dcs romallciers, Les éludes panics dalls ccl ordred'idécs, louchanl Jc Proleclol'al maroeain, s'appliquent ù
~IAROï.
des Iypes dïlomllles lels qu'on- ('l(renconlrc dans loulpays l'CIl!' ù ses dl'bnls. Les plus connu,.; de ces romanssonl : I~e cf)wjuél'ulIl d'Emile :'Iolly, l,el; hommes l/Oll/'euux
de C1ande !"arri're, Lit ville lIell/'e de :\larccl Fragcr, Les!zOl/lllleS de 111'f)ie de :'Ilaximilienlle Ileller, Le bout du l'ltil
dl' Jean l:ell'Illd . ..-\ c()lll de ces ,"Imles, d'aulres ouvrages,sans prételldre ,'"mp('" des ayenluriers 011 des ,;cumeurs,reprl'senlelll d(,s aspeds divers de la vic cllropéellne,civile ou milIlaire, Les 1I0ms d'Edouard de h:eysel' (/~a
Ultl'akll), dl' .Jean Viollis (f~('s délices de Fe), dc JeanHClland, de Ldy-CourlJii're, de J, Fonlelroye, s'imposenlici, ponr Ile ciL('r que quel'lues auteurs parmi beaucoupd'autres,
Cepclld;IIJ1, c'csL pluLol vers J'élude dcs milieux indigi'lIes (IUC s'esl P0l'll) l'cll'ol'l des 1'01Ilanciers cl des conteul'''. Il nl~ s'agil pas ici dl''; énJcaliolls du vieux "Ial'Oc,ni dc,; peilllures ù cadre hisloriqll(', lellcs que, par exemple, I~e,...' e.,·I'lIIl'es de J1éqll/lle: pal' ,\Iadame Xancy-George,Il s'agLl de 1'I'collsLillilioll"; plus dl'li( ;tle,.; cl plus IlllillleS :il ,;'agil de J'élude psycitologi(I"C des èlr('s 'lni Yivcnl ilcùlè de nOliS, d donl il IIOUS apparlienl de connailre lalIlenl;t!iL,", dl) pl'néLrer la vie profond(', ;t1in dc mieux lesCOllll)l'CIHlre pOUl' pouvoir IIIIeliX le,..; diriger,
Le 110111 de :'Ilauriu' Le (;Ia) reslera aLlacht' ù cesrep",",.;cnl;1I ions d'daLs d'ùllle parliculicr,; aux popllialionsber!>i'res, Ses Jl(;cils nUlI'ocl/ins de la {i/aine el des monis,
suins de UI/ddll, 1Uo, Les 1)1/8le1lI's, clc, .. consliluenl unenseig-ncnll'nl Inarocain qu'on nc ;-aurail négliger, L'auteur saiL cc doul il parle, cL avanl d'llcrire ses livres, illes a Vl'CUS. EII face dl~ Le (ilay sc lienl madame Aline. deLens qui s'esL VOU,'lll ù l'dude d'lin momie psychologique:1 pari, c(,lui de la f(~IllLlli' lllLl"ullllane. En pays d'lsl;lIll,seule ulle feillme pouvail pélll'ircr '/;111"; ,'e dOlllainc inaccessilde, el, avee une Iri's filw :<ensibiJill' joillie il uncob:'l'I'valion tri's sùre, nladalll(' de Lens a évoqué cn rclie!'loule celle vic cachée (I.e hal'em el/li"ouvert, Derrière lesuieu.L IIIW'S en ruilles, ,tguida),
Les rOlnanciers onl suivi soilles lmces de MauriceLe (;Iay, soil œlles d'Aline dc Lens: H,'né "Iaur, Palnel:'Ilarlllonl, Hené Euloge, madame IIcnrieLLe Célarill, sansoublier Paul Odinol, l'auleur du Caïd Abdallah, l\oli'cénuméraLion n'esl nullemenl limilalivc : mais nous nI'dl'essons pas lIn cala!llgLle, nous indiquous seulcmenl dcslem(ances, Les conleurs onl dudié le folklore marocaincl, s'in,;piranl ainsi d'l':,pril local, onl produil des peLiLeshisloircs lri's révélalriees : Allies moghrébines de .J os,Vallier, Les toits d'émeraude de Denvill el Tahar Essafi,el les conles de .Jean n~naud, de Lamolle Capron, deVizille, elc ...
Le lableau ne set'ail pas cOlllplcL si nous n'y ajoutionsdes es,.;ayistes (eommenl les appeler aulremenl .?) donlles pages onl l'heureuse forlune de plaire plus aux lecleurs nIaro('ains qu'ù Cl'UX dc la ;\léLropolc ; ou y reconnailra, daus des genres divers, A, de Tarde, G, lIanly,:\1. :'Iahon, IL Beauricux, A, Md('I'icr .. ,
Homancicl's cl eonlcul':<, cc ne sont plus lù des lourisles hüLifs qui rl'digenl des (C impressions» pour scdon uer un bl'evct d'exolisme ; cc sonl des habilanls dupays, failliliarisl'S avec les laug-ucs cl les mœUl'S locales,Il,; apparlieunenl il la bonue ll'adilion coloniale, la vraie.celle 'lui prend ù L"chc de révélcl' dcs " humanilés » iguorées, Aiusi le l'oman colonialn'esl plus 111I livre de fanlaisic, mais uu lravail s,;rieux qlli, sans nl'gligcr le eùlt;al'lisliquc, rejoinll('s dudcs docllnIenlaires,les eOlnplèlc,les l'clair!', cl qui collabot'c ù l'nlU\ï'C gl'lillt'al() de eoloni,;alion cn conlribuanl pour sa parl ù la meillcure connaissance des imllvidus el des l'aces,
l10land LEBEL.
MAROC
SAINTS MUSULMANS DU MAROCpat' J. PIPY:\,
Combien sonl-ils, dam; les lrés sainls cimelières, ou
isolés SUl' la letTC nue du bled marocain, ces sancluaires
où reposenlles sainls vénérables d'Islam -? Des cenlaines,
dcs milliers, on ne saurait dire !...
Pat'lout, on en rencontre: blanches koubbas adossées
aux l'emparls ou émergeant de l'uniformité des stèlcs,
dans les gt'amis cimetièrcs, bàlis en dehors dcs murs, où
loul autour du sainl, dort une infinité de morts, infiniment
oubliés.
Combien dc carrcfours, d'impasses nous révèlcnt un
coin myslérieux et sombt'e, où, pal' l'étroite fenêtre gril-
Celà esl dû, sans doutc, il lu prédominance tl'ès mar
quée, dans la formation ethniquc du Maroc, de l'élémcnt
bcrbère, En clret, lot'sque l'islamisme s'imposa aux Ber
bères, ceux-ci nc renil~rcnl pas leurs antiques tradilions
sacrées; el leurs sorcicrs, leul's prophélesses, dcvinrcnl
aulanl dc sainls el dc sainlcs dc la rcligion naissanle.
Pour ccs nouvcaux converlis, Allah élait lrop nouveau,
trop loinlain, trop invisible, aussi adressèrent-ils Icurs
prièrcs au sorciet' - devenu muraboul - qui manifcslail
pat' des miracles sa loute puissance,
L'anlhropolatrie berbl~re étail lrop profonde pour
..
Fez - Cimelièrc Sidi Bou Bail,er
lugée (à laquclle dcs malllS pieuses ont accroché tles
lambeaux d'étoffc;', nous pouvons voir, dans un décor de
pénombre, le gmnd catafalque recouvert de soie lamée aux
teintes fanées, ou bien de simples dalles el des stèles où
les Ot's brillenl seuls encore dans le suprême délaissement
d'alentoUl' !
Ailleurs, en pays berbère, les oliviers, les arganiel's
aux branches chargées de pietTes ou d'ex-voto divers,
Ics innombrables kerl\Ours (1) ou les haouitas massivcs
sonl aulant de tombeaux _. réels ou supposés - des
« saints» légcndaires.
P01U' qui vient de l'Est, d'Algérie ou de Tunisie, un
si grand nombre de sainls vénérés sur la lerre marocainc
est chose très frappante, car nulle parl ailleurs, en pa)s
d'Islam, ou n'en rcncontt'e unc telle infinité.
(1) J{erkoul' : las de pierres, en forme de pyramide, ayant
1111 car':lc!CI'C ,;aCI't\ ou servant tic nH'Iu~olee il un "ain!.
que la nouvelle religion ait balayé, suns rien en garder,
le culLe millénairc primitif.
Allssi, dc mème (lue dans l'blam oriental, certains
sainls sont inconlestablemenlles successeurs des divinités
du paganisme gréco-romain, un grand nombre de saints
musulmans du Maroc sont nés du culLe rendu à une divi
nité païenne, el n'ont exislé (lue pour légitimet' la conti
nuation de t'iles plus anciens,
D'autres eauscs plus génémles ont contribué au
développement du eulte dcs saints dans tout le Moglll'eb
ct au l\lat'oc en particulier, Unc des principales l'ut le
grand mouvemenl, la grande poussée religieuse qui sou
leva le Moghreb au XVIe siècle, Le triomphe des chré
ttens en Eut'Ope pt'Oduisil dans loule l'Afrique du Nord
unc cll'et'vcsccnce rcligicuse qui se manifesta pat' un
accroissemenl tt'ès marqué du nombre des saints. A celle
même époque, un mouvemenl, parallèle à celui qui créa
cn EUt'Op0 l'ordt'e d0s .Jésuitcs pour lultcl' ('01)I,'C lc pl'O-
lcslanlismc, donna naissance aux confl'él'ies religieuses
tlui se développèrenl ll'L'S l'Hpidemenl, "i mpidemcnl
même quc les sullans s:ladiens - amcnés ccpellliant au
pouvoir par ces confl'érics - cherchèl'cnt à se débal'l'as~
senies plusgènanles. La foi musulmane fut alors ('alluméc
pal' une foule de prédicalcurs, (lui cssaimi))'cnl du Sous,
du Dr:\, de la Scguiat-el-lIanll'a SUl'toul.
Certains onl pensé aussi (IU'il fallail voir dans la
rigueur du monothéïsme islamique, qui fait d'Allah un
Dieu si éloigné du fidèle, une autre cause du développe
ment du culle des saints: Il Il n'y a de Dieu que Dieu .. , »
Ccl a est possibl~, mais non cerlain; cal' au Inilieu dcs
supcrstilions les plus grossièl'cs, l'I"lam pcrsistc dans
son monothéïsme fondamenlal. el le culLe des saillls n'a
jamais été, pour celte raison même, ce que cerlains onl
dil: « une importation de l'Inde panlhéisle »,
MAROC
Dicu! El il faul bicn rcconnailrc quc landis IIU',lI11cllrS
lc nom de Dieu cl du Prophèle résonne paI'toul : dans Ics
mos1luécs, du haul des nlinarels, aussi bicn quc dans les
souks ou sur les lil\'l'cS du mcndiaul sordidc, « illlini.
obsédant, élcrncl)) au \laroc, lc plus souvcnl, c'cslle
Illal'aboullùcal 'lui csl invoqué pal' lcs masses populaires,
Ici « )'ombrc du sainl pèse SUI' l'homme, pleine d'éncrgies
rcdoulablcs hcUl' ou malhcur, baraka ou bùs, suinlilt
)',II'1'èl des deslin'~es clIc souhail du saint »,
Quclle est l'origine du mot « maraboul )\ el quelle nc
cst l'élymologie '?
Cerlains cn fonlllll dérivé de « mer'bout » (aLlach(~,
lié) ct pcnscnt il élablir unc corrélation cnlre cc mot et Ic
mot fran'.1ais « rcligicux » (du mol latin « rcligal'e » Icqucl
signifie aussi aLLaché, lié.) Mais, aussi séduisanl quc
puisse être ce rapprochement, il constiluc, suivanll'avis
très aulorisé dc 1\1. Doullé, une en'cur gl'ossièrc.
Sidi Roudnane dans le Zerhoun - :\llU'abou 1
Il lI'en est pas molUS vraI que l'Islam, comme le
chrislianisme, a dû saLisfaire au besoin qu'a l'homme de
sentir un intermédiaire entre la Divinité cL lui et accep
ter le culledes saints.
Bien que le PI'ophèle (prévoyant sans doule les abus
auxqucls ponrl'aiL conr!ltil'C ln dévolion aux sainls; Sf\ fui
l'ésel'vé le pouvoil' d'inlcl'ccssion (la chaftla;, l'hommc
qui, par nalure, sc plaît" à fOl'ger mille plaibantes socié
téz cntl'c Dicu cl lui» épmuva Ic bcsoin d'aulrcs inler
cesscUl's privilégiés: Ics sainls. Ce pouvoir d'inlerccssion
est unc gràcc qJ.le Dieu seul pcuL accordcr: II Qui peut
intervenir auprès dc lui sans sa permission? » (Coran,
verset du trône.)
Il semble que la pamle de MahomeL n'aiL poinl été
observée cl qnc celle Il permii'sion » :lil élé acconlée à
bcaueoup, pl'odiguéc mème, ù leI point rplC souvcnt la
masse populaire ne dislinguant plus lri's bien le dispeni'a
lcur de l'inlcITcsscul', s'adresse ... aux sninls plutôl (IU'Ù
L'éLymologie de « marabouL », que le musulman Pl'O
nonce Il merabêt » ou « merabàl », estloule difTpl'enle ;
merabêL dérive de (( ribal » dont il a conscrvé la mcine.
Les ribaL' étaicnl des forLs bùlis durimlles premiers
siècles de l'hégire loul Ic long de la ctHc Atlantique on
dans l'inlél'iclll' dcs Icrres pOUl' défendrc Ic lerriloire eon
Il'c les incursions possiblcs dc l'infidèle, Cclle lullc pOUl'
l'inviolabilité dntel'l'iloirc é/nnl considéréc par les musul
mans commc nnc forme du (1 djihad)) - de la guerrc sainte
-- ils s'cn l'urenl uonl!H'cux da us ('cs ribal' (où d'ailleurs
on sc Livrail il des excrciccs dc piélé cn mème lemps qu'à
la guerrc) pour couquérir la faveur divine,
Le nom de l'ibal' ou r'bal rcsla ainsi il quelques
villes où fUl'cnl consll'llils ces l'oris: Taza se nomma
longlemps Il H'Imt Taza» cl Haba! « n'Iml el Falh ))
(1(' 1'01'1 dl' la \ïeloil'e). A ~ari, Ù l\I,lzagnn, exislcnl
dcs l'luncs de ccs l'orls : Ù quclques kilomi-lres de ecllc
dCl'llii'rc ville, sc ll'o)l\"('nllrs v('sliges d'une vaslc enccinlc
lem mission de pl'Opagnnde religieuse, de leur action
loule pacifique. les musulmans OIll-ils fait de ces mHl'a
bouts de véritables sainls. Bien plus, la masse populaire
Ile se servit_plus d'autre lenne pour désigller un sailll
personnage; elle appliqua cc vocable il tuule espèce de
sainls, aux sainls véllél'ables cOlllme aux idiols, aux fous,
aux illuminés, el, allant plus loin encorp, ù lout ce (lui
peut avoir un l~aracti're sacré, ù des animaux pal' excmple.
Ainsi la cigogne est "maraboule)) et des Irgendes
expliquenl POIII"luoi elle c1allue du hec et pourqnoi celui
ci esl si loug: " La cigogne élail autrefois un cadi que
les procès ennuyaient. aussi, pour sc distraire, il avait
enduil de "avoll les degrés du prétoire, en ~ortc que les
pL.ideurs qui se pl'ésentaienl il son tribun,d glissaient et
tombaient SUI' le dos, ce qui faisuil ('dater de l'ire le
Jnugistml facétieux. Pour le punir', Dieu le changea en
cigogne cl ses claquements de bec l'appellent les éclals
de l'ire de l'ancien cadi, ))
Le corbeau, le hérisson. le pOl'c-épie, la grenouille,
l'hil'Ondelle, onl égalemenl un c,\I'acli'I'c sacré el sont
l'objet de légendes semblables .
Aussi les lelll't>s musulmans senlant combien celle
dénominat ion de marabout " recouvre de croyances
r'épl'Ouvi'es pal' l'Islam )), emploient-ils plutôt, pour dési
gner un sainl, le mol de « ouali )), celui qui est près (de
Dieu),
Si les saints mu,ullllans n'onl pas de signes distinc
l il'" extél'iellrs, ils out, du moins, des titres spéciaux: on
le~ désigne du IWlm de" Siyid », Sidi : (Sidi Abd-el-Kader
el Djilani, Sidi Bel Ahbès-cs-Sebti) ou bien encore de
moulù. Ce demier lilre ful illustré depuis lrois siècles
par' les chérifs, qui nn XVI" sih'le fondèrent l'empll'e du
Maroc, el qui l'àyaient, en quelque sorle, " monopolisé Il
(on les désignail souvent sous le nom de majesté Il mou
louycnne »). Mais Lous les marabouts se prélendant plus
ou moins chérifs, l'ui:iag-e a prévalu de les appeler égale
ment « moulàya )l (lui esl devenu Moulay: Moulay Abdes
siam, 1\Ioulay ldriss.
Très nombreux, puisque chaliue village. chaque
lribu, chaque cimeLière, en possède parfois plusieurs, les
sainls musulmans appal,tiennenl il des époques, à des
castes, il des races très dill'él'entes. Il y a des saints lJui
furenl - ou qui sonl, puisllu'il y a des sainls vivants
de tl'ès grands seigneurs, d'autres de pauvres diables
couverls de la Khü'qua en lambeaux, des sainls lri~s
savants, d'autres parfaitemenl illelll'és; des sainLs qui
pUt'ent se dil'0 les compagnons du ProphHe, el d'autres
qui demeurelll pour Lous les croyanls C( Sidi cl 1\I0kii ))
Monseigneur l'lnconllu, Tous l'CS sainls Ile furellt pas
mèrne toujours musulmans puisllu'il y cuL parmi eux des
dll'éliens ren{'gals et lJue, tians le Sud marocaill en par
ticul ier, on renconLre de nombreux sainl s j udco musul
mans, vénérés il la fois pal' les juifs et les musulman;;.
!\lais Lant <le voies mi'nenl ù la sainleté !...
..
•
qui fut le r'bat de Tf1, consll'Uil pt'Obablemenl au milieu
du XIIe siècle: les pOl'les, lcs baslions, les loUt'S subsis-
lenl encore; au cenlrc, un minarel demeure deboul,
mal'llutll1ll'emplacemcnl de la musquée disparue cl indi.
quanl bien quc les musulmaus pieux venaienl dans le,;
ribalnon seulemenl PUUI' guerroyer, nl<Iis ponr « .' chcl'
chel' un enseignemenl rcligieux cl des exelllples ascéli
ques )),
Dans les croyanees populaires, ccs lieux sonl d'ail
leUl's l'es lés une lerre sain Le; ils sonl vénérés non seu
lemenl il cause des nombreux lombeaux de marahouls
qui se trouvenl dans l'enceinle, mais <Jussi ù cause du
pouvoit' sUl'l1aturel que la dévulion populaire confère aux
ruines elles-mêmes; les cailloux, les lambeaux d'élofi'es,
Lous les ex-volo divers témoignentquïci, les deux culles
se sonljuxlnposé,.; : le culle islamique el Je- culLe païen
pl'imiliL
Plus lard, IOl'sque l'inlidi'le ful déliuilivelllenl chassé
du l\loghrcb cl Aql:a, le l'ibal', perdil sa destination
Fez - i\larubout de Bab Ségmu
p.'emière el Ile ful plus liu'un lieu Je relt'aile, Je prières,
un peu analogue ù un couvenl ; ceux qui s'y relirl~rent
rel,;urent le nom de merab'tin ou mourab'tin, Cc n~ot
rlevenu populaire lors du grand l'éveil religieux du XVI"sii'cle, se lnlllSfol'nla en « membl\l)) el le ribal' lui-même
changea de nom: on l'appela une znouïa.
Les merab'tin ne furenl plus, dils celle époque, que
ùes apalres chargés avanlloul d'islamiser les populalions
llu'ib trouvaienl snI' leur chemin, Aussi, en raison de
MAROC
(Li suivre) ,I. PIPYN.
#
LE PRIX LITTERAIRE
DU MAROCpal' Hl'my llEAUIUEC\
Le Prix du ~Iarol:, deslinl~ l:clle annl'e Ù lin ouyragelill('rairc, a l'lé d("l'ernl~ Ù ;\1. "\Iphonse ~Idl'rié, pOlir sonlinc " Pelit il/aro:: )) publil' pal' l'l'dilcur \)11 l'al', il ;\Iarrakech.
:\olre Hcnlc a parlé cn son Lemps de l:clle Wllyrespiriluelle el délil:alc, dans laquelle la scnsibilill' laplus fine s'allie il la plus ilTl'sislible (l1,ùlcrie. ~ous
ayons dil aussi cc llu'il fallail penser d'Ilne présenlalionbibliogTaphique l"i's soignl'e, ll'i's adaplt'~c au l'al'adi'red'un line YOUll Ù fait'c le diycrlissclllcnl dc Lous clIc rl'galdes délil:als.
Il esl un peu scabreux pOlIl' lm meln!JI'c du jUl'Y desembler s'applaudir lui-m(\me en lèmoignanl haulemenlsa salisfaclion du l:hoix qui a dé l'ail. Cependanl il le peuld'aulanl mieux qu'il a jadis formulé dans L:es mèmescolonnes cerlaines réserves SUl' le li\Te de ~l. i\ldl'ri(;, elque cc concours lui fOlll'nit une o('casion IIniqlle, commcon dil, de s'expliquer en loule franchise cl en loule lihcrll'SUI' les l'oncollrs elles concurrcnls.
Quand il esl qucsli0n d'lm prix lilll-raire, cela yculdire, que le jury doi 1 sc monll'cl' aŒnl loul sensible aux ml~rilcs pllremcnl lilll'raircs des concul'l'enls,Celle allil'lualion, qu'on pourrail croire inspirl-e pal' ~l. dela Palisse, n'csl pas si inulile <tu'ellc le parail. Hien n'cslsi l'acile il perdre de yue que l'objet cl que de se laissel' délerminer pOli!' loules sorles de dl-raisons pal' loules sOl'les deL:onlingcnces. C'esl le deslin ordinairc des jllrys, malgréICllr,.; IJOnncs inlenlions, el c'csl L:e qlli l'ail qll'en cellemalière, je pI'(;l'i'!'e encore le public ù Lous les jllrys.Un jour viendra sans doule qui yelTa la lin dc Lous lesconcours cl prix Iilléraires dl'finiliyemelll aYilis cl quireplacera l'l'criyain cn l'nec du ledeur sans aulre publicilécl sans aulre ballagc que son laIen!.
Heeonnaissons l'ependanl que cellc annl~e, ainsi dllresle que l'année llIème de la fondalion du prix, lluand ils'esl abslenu de couronncr des œU'Tes insullisanles, lejury s'csl bicn compol'l(',.
Il antil pOllrlanl du lnl\ail. ~ans parle!' d'aulcurs delalcnl (qrangers au ~Ial'Oc, ~1. "M(;rié sc ll'Ollvail en conCUlTence avee deux ("cri,'aills 'Illi pomaielll l'aire h("silCI'les jllges. Le l'l'sllllal aUl'ail d,', bicn dOlllcux si 1\1. Hcnl'Euloge, donllcs " Fils de l'Omure)) (,laicnl sUl'lcs rangs,avail su joindre ù sa connaissanec peu COlllllllllle dcsmœUl'S cl coulumes IJcrl,i'!'es cl ail senlillH'nl sOllyellll!'i's jllsle de la "il' el des inslincts pI'inlilifs IInc luullbleparl dc cellc é1émcnlail'e habilelé 'lui l'ail llu'unc O'U\Tedoeumcnlnire puisse drc considt'rl~e l'ommc documenlail'ecl comme lilll'rairc il la l'ois. POUl' moi, il, m'a loujoUl'spa!'u dél'onecrlanl de yoir sonlnl'llre Ù des .iu!'.'s dils "Iilh\l'ail'cs)l des oll\Tagcs d'nn slyle approximalif cl d'uncsynlaxe incel'lainc. Cl'S n<"gligPllccs ne sc pcn\'eIJl CXl'usel'qll'cn l'aH'ur dll gl;nie. :-;i M. Ellloge eonselll il s'obsel'\:erdayanlage, s'il rcnonel'. ('Oll1llle l'l'In lui a dt'jil l'lé dil, ùl'halJilude plll~I'ilc cl dl,~u"~le dc ll'ull'cr son fmn<;ais de1ll0ls bcrlJioJ'es donlla n("cessill' nI.' s"impose pas, il pouna
MAROC
sans doule un jour aspirer ù mieux qu'uu prix li.llél'aire dll~[al'ol': je le dis comme je le pl'nse, en loule fnllll:hise,l'al', di·s mainlenanl, ù dél'aul de slyle, il a loul cc qu'ilfaul pour relenir l'allenlioll.
Le « Chant ([1)/'2,.; la CO/l(Juète )) de 1\1. ()nl'I'oy, donlnous l'egTellons fOl'l de n'avoil' pu pa dei' dans « AJ(/l'oC »
lors de sa puLlicalion, le sel'Vice de l'ouvrage ne nousayanl pas l'lé l'ail, comme il eùl dé normal de l'espérer,ayail anssi de l'orles chanees. Les vers lr"'s correcls elconformes aux plus sll!'es lradilions classiqucs cl parnassiennes de M. Onfroy avaienl en clrel de quoi sl'duire llll
jur}. Si les quelques experls h\unis lem onl I)J'él'l'd~ lesdélicales élégies ou les ironiques fanlaisies donl il a plu à1\1. l\Idérié de couper pal' momenls sa prose, qlle 1\1. Onl'rovne s'en prenne ni à ses mériles, <lui sonl grands, ni il so;\inl'onlcslaLle habilcll' lechnique, mais simplemenl aumalheur des Lemps 'lui veul que les sensibililés d'aujourd'hui ne soienl plus gui're aceonl(\es ù son illspimlioll el ùsonrylhme. Bien Sill', il csl bon qu'cn loul poèle, mêlnele plus rérolll", il y nilllll pnl'llassien qui sommeille, maisil faul bien conslalcr 'Ille, dans noll'e hisloire lill<''I'ail'c, lel'al'w\sse a dt, lin lllouH'nH'nl sans 1endenIain, el 1lI01'ibond aussilôlque né. On lui doil les ceuvres impeeeablesde Leconte de Lisle cl de l/prédia pour ne parlerfJne de ceux-là, mais cc sonllil des œuvres qu'il esl précisémenl assez dangereux d'imiler.
Il serail Hill de conlesler il l\l. Onfroy ses noblesgOIÎls cl ses diflieiles modi.'!es, mais puisqu'il a, en se présenlant au pl'ix lillérairc du 1\Iaroc, sollieil(; l'adh(;sion 011,
si vous voulez, ln majoril(; d'Ull puLlic resll'cinl de huilmemlH'es, il aul'H pu se rendl'e comple que, ml\me aupri'sde [ellrés, plus disposés poul'lanl que (['aulees il suineleurs ehemins coulumiers el il savoul'er de glorieux souveIlir:.;, la perfeclion lradilionnelle de sa forme n'a pas reneonlré le succès qu'il aurail sans doule espéré.
Il seraillelllps de parlcr du laul',;al lui-même. mais jen'en yeux poinllrop parler. J'aurais peur de m(,\lel' l't'pineaux lauriers, cl 1\I. l\1élérié possède une ùme si sensiLle elsi féminine, qu'on n'ose l'el11eurer qu'avec d'illfinies préeaulions. Si je lui dis que son succès me ravil parce queje suis eonvaincu qu'il élaille plus mérilanl il eause de safanlaisie, de son émolion, de son invenlion el de sonslyle, mais li ue cerlains passages cl mème, si j'ose ainsiparler, l'almosphi.'re de « Pelilll1aroc )) m'horripilenl, ilya me reproeher d'èlre il double face comme Janus. l\laismèllle si eelle disposilion lui Naïl éll'Ungèrc il lui, i\ld("ril~,
eerlains hommes ne peuvenl-ils avoir en lellres, en polilique, en je ne sais quoi encore des goü ls el des lendanceseonll'e les([uels la l'aison leur Ol'donne de l'l,agir? II cslvi!'il de décide!' eonll'e soi-même el de pd'férer il sonimpulsion ou ee qui semble avoir dl' la yaleur, ou cc qnipamil s,"I'ienx, jusle cl vrai. ~e soyez pas Li'op exigeanl,1\ldérit~, vous arcz déjù bealll'oup de moi, mais lllème aveecc « Petit Maroc)) qne je me l'l,jouis fOl'l de voir eoul'onné,vous n'avez pas encol'e mon CWUI', Croyez-moi, on s'cnl'ail nisl'menlune mison, clIc seul inconsolable en eellemalii'I'e e'esl moi qui ne ll'Ouve pas souvenl en moi-m<\medes molifs de m'aimer eOlIllllC je Ic souhailerais, Il l'nulrous résiguer, el lrouver aulre ehose pour me séduire.Sinon, il foul me laisser grogner ·Jalls mon coin eonlre lesdMauls IluC je vous ll'Ouye cl donl l'énuméra lion publiquene suiwa pas aujounl'hui voll'e char lriomphaI.
H...·my BEAL:H1ECX.
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Nos Peintres Marocains
pur .Jeun de NISMES
SI l'on ponvaiL raire des chel's-d'ceuvl'es avec desLhéories, cOlllbiell noLre épo(lue serail féconde en ceuHesd'al'L! La "nouvelle école» nous a apporlé en parLiculiel'plus de LhéOl'iciens que de Hais al'LisLes; aussi éprouveL-on un plaisir Ll'l'S l'éel devanL l'œuvre d'un peintre comme?llaLLéo Brondy, qui, ne s'embarrassant poinL de théoriesnoval1'ices, suil son inspiration el ulilise son arl avec foi.Dans ce domaine, comme ailleurs, les théories ont, cerLes,leur valeur de combat, el ne sonl pas Loujours vaincs;mais elles reliennenl peu le passanl.
L'œuvre d'un inlérêl si puissant d'un MaUéo Brondy,beau lravailleur, en possession d'un mélier sûr, agissanldans une discipline acLive qui ne s'improvise pas, captive,enchanLe, reLient.
\\1. MaLLéo Brandy esl un vieux M3I'ocain. ou pluLôtun vieil AI'I'icain, cal' il a parcoul'U non seulement le Maroc,mais aussi l'Algérie, du Sud au Nord. Je dirai même qu'ilesl le type du peinLre marocain, non de ces bohèmes quiaLLendenlla visite du génie parmi le désordl'e ell'exallationartificielle, mais de celui qu'anime la claire volonlé defaire par lui-même, sans se laisser détoumer par letl'Om pe-l'œil conven tionne!.
D'une curiosité saos cesse rn éveil, il a l'ail de lapeinllll'e le mode nalurel d'expression de sa pensée quinail .le l'inLeliigence sensible, dil'ecte eL insLinclive. SonœUVI'e, pleine d'une humanité réelle, s'inspire de l'inlérêlnaLurel des choses, de leur rel1el émouvanl el de leurcomplexité changeante.
11 s'esl nppliqué il l'ecueillir les images de la viemal'Ocuine, il les l'e1ier enlI'e elles avec clarté, il lescomposel' ave/"; amolli"
- ici, la vie tmnquille, de travail ou de rêve dans un"inLél'ieuI'Il, ou dans l'omLH'e des" loggia» de la zaouïa,qui abriLent des centaines de « tolbas,,; ailleurs, la vie desl'urs el df's souks, la vie du bled, la vie paisible du fellah,la vie dl' gmnde tente, où l'on partage le temps entre« la guerre et l'amour».
\\lais, quel que soil le thème choisi, MuLLéo Brondyvcul nous communiquel' avec fOl'ce l'impression qu'ilressent; il meL dans sou expression un enthousiasme réelen l11ême temps qu'une sérénité de compréhension qui,loin d'afl'niblir son inspiration, la soutiennent el laguic'enl.
Celle possibilité de sentir, d'exprimer cL de résumerles valeurs significatives exige une scienl'c (lui, il elleseule, classe les peinlres véritables; elle métier, chez unarliste comme celui-ci, n'esl qu'une coméquence logiquede sa pensée.
l\lalléo B.'on,)y jouiL tles beaux Lons, des belles l'onnes,tles belles composiLions~ et celle lriple beauté, il l'a exprimée dans ses loiles.
S'il élndie et peinl un « morceau Il avec beaucoupd'arl, il n'ignore pas que lu gmnde œuvre sc compose,c'esl-à-dire s'éql~ilibre, cherche la convergence deslignes ct le jeu harmonieux tics plans.
Ses fantasias, qui font songer à celles de Flasschœn,sont à mon avis très représentatives de son talent, elmm'quent la possession parfaile d'un slyle qui réussit às'affirmer avec une puissance de réalisme très personnel,dans des sujets si reballus qu'ils ne supportent plus lamédiocrilé.
L'artiste meL dans ces « fantasias» l'éclal chanlanldes belles harmonies colorées el la «solidilé fondamentaledcs compositions aux lignes pures Il.
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MATTÉO BRONDY
MAROC
Chevaux qui se eaill'enl et bondissent comme pourd'incroyables chevauchées, dans un galop incef'sanl, quipassenl dans un nuage de poussière blonde; bêtes emporlées par un indomptable élan, (lue le cavalier presseencore, penché sur l'encolure ou deboul SUI' !'es largesélriers; chatoiemenl d'dolres, scinlillemcnt du méla!,parmi des tourbillons de poudre ct de poussii'n" tandisque les fusils parlent ou volligent : il y a dans ces pagesmag-istrales comme une ilTésisl ible ivresse du mouvemenl,comme un désir de ce qu'il y a d'insaisissable dans lafanlaisie et dans l'espace.
Elles nous montrent d'éclalante façon le don de«colorisle» (dont on a beaucoup pal'!é) de ce peinlre.l\latléo Brondy eonçoil le problème de la couleUl' de lafa\:on lu plus inlelligente cL la plus pen,olllielle. Lecoloriste n'esL pas celui (lui jongle avec des couleUl's,mais celui qui l'ail vibrer lu couleur, InlpI.sc ou discrde,elle vibre intensément ici; peu d'arlistes marocains onlpoussé plus loin la science et l'instincl dl' l'accord deschauds (l'ouges, jaunes, bl'Uns) et des tons froids (bleus,verts, noir),
Malléo Brondy esl aussi le peintre de la lumière,lumière difl'use ou éclatan le selon l'heure et le lieu, Surle nuage el SUI' la montagne, sur les murs biancs ou ocresdes maisons et sur les terrasses, sur les terrains muels eldans la palmel'aie bl'Uissante, la lumière dit un monologueinlassnble, mais qui jamais ne lasse, parfois dialoguantavec l'ombre à la faveur de hardis conlre-jours,
Mattéo Brondy vit depuis de longues années il Meknès:la ville des hauts chérifs alaouites, dont le sultan MoulayIsmaël voulut l'aire un « Vel'sailles marocain», l'a conquisel gardé; on sent qu'il aime celle terre chaude, le Zerhounmauve ou bistre selon l'heme, la vieille ville toutevibranle et que nulle part ailleurs il nc sent mieux vivre,
"Sur les hauteurs de Meknès Il esl une page bienallachante. « Les teITasses» (effel de maLin) à l'heure dulever du soleil, il « l'heure exquise», comme dirall Vel'!aine.Disons, avcc un peintl'c commc celui-ci, (lue celle heureexquise esl pUl' excellence l'heUl'e simplificaLive qui,noyanl les déLails oiseux, dégage le caractère vrai d'unsite,
A côté de ces « paysages)) brossés avec maUrise, un« chaouch li el des cavaliol's du maghzen synthétist\s dansleur geste de garde, un «cavalier il l'étendard", qui n'estautre que le chef vénéré de la puissante confrérie desAïssaoua, élulle lI'ès vi vante cL très poussée, nous montrenlque les dons du peinlre se complèlenl mel'veilleusementles uns les autl'es; aueun d-eux ne supporte la médiocrité,ellous se réclament d'une aisance exceptionnelle.
Peu de peintres au Muroc sc sont allaehés à peindredes « Lypes", des visages, il brossel' des scènes de la vied'ici; il ~;emble que le paysage, l'enchantement de lalumièrt' aient seuls agi sur eux. Il faul un homme bienoutillé, une prospection allcntive de tous les inslanls,pour voil' outre, comprclllh'e la race, sentir la vie, MalléoBrandy n'est pas de ceux qui se eroienl quilles envers « lanature el la vie" quand ils ont campé un pol de travers etmis une LabIe de guinguois,,; il se mêle, lui, il la vie d'ici,en lI'anspose pOUl' nolre joie les 1I1 ille aspects et cc qui enl'ail la puissauee elle mystère.
Son œUVI'e, vivanle entre toutes, mûremenl méditée,puissamment écrite, esl une force el un enseignement.Aussi, nombreux sonl ceux qui, à l'occasion de semexposition, sonl venus apporter Un hommage d'admiration uu grand talent du peintre et de sympathie ill'homme qui, aimant seulemenl son &l't, les êlres et leschoses de son enlourage, s'esl contenté d'être lui·mêmeel. a fui les succès faciles de ceux qui tlail'l~nt le vent ou ~e
lJül'llelll il le suivre, .Jean de .\IS~IES,
LA
MAROC
GASCOGNEpal' ,1 canne LAYEH<;:\ E
La (;aseo"ne! cc tWill sonne cOlllme lin clail'on!M
Quand on le pl'Ononce, les Yisages s'{~clain'nt d'un sOlll'il'Cil'onique ou joyeux! Beau nom, évoeateul' de soleil, depanaches, de noblesse besogneuse, de spÏI ituel bon sens!
Le monde entier les connail, ces Gascons « menteul'set bl'elleul's sans vergogne ", grùce sUI'tolll 11 Dllmas et ùHostand; mais les romanciers et les poi~tes ne sont-i]:;pas les vél'itables créateurs de la poplllal'ité de certainshéros, mieux tlue ces héros eux-mèmes bien plus que
- « 'ladame, il )' a lù, slIr l'Odet, llll lJateall chal'g{'d'orangcs (Jlli atTi"e de chez VOliS.
- Un bateau chal'g{' d'oranges ~ ... C'est étonnant~...Et quel est le nom de ce bateau ~
- l,a Caialogne.- Ah? mais vous conrondez, mon pays, c'est la
(;ascogne et non la Catalogne!- Comme YOUS voudrez; C;ascogne, Catalogne, c'est
tOlljOlll'S le Midi, pas ~ "
Vieille rue à AuchAqllal'clle inédite de J, Laco11lllle
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r Histoire impartiale et froide '! AUI'éolée de gloire el Jechansons, sous le voile léger de ses yignes blondes, ou lesombl'e manteau de ses fOl'èts de pins, dans la sour'derumeUl' des tOl'l'ents pyrélH\ens, ou la molle complaintedes riYièl'es paresseuses du Lannemezan, elle est Lien unpell la l'eine des proYinces de France, ceLLe (iascognelégelHlail'e !
Tri's connue, oui mais peul-am allssi tl'i's malconnIle des Fmnçais moyens, tant ail point ùe vue sli'ieLcment g{'ographique qu'au point de YUC de sa race il laréputation exagérée. - La ~.;ascogne '! c'est vaste. Beaucoup englobent sous le nom de Gascog'ne tout le SudOuest de la France, mélangeant en une agréable saladem{'I'idionale P{'rigol'd, Querc)', Guyenne, B('al'n ct unepartie du Lang'uedoc. Cela me fait penser ù la lmnepatronne d'un petit hôtel de Quimpel' où j'étais descend Ileau début de la guerre, l:n JOUI', triomphalement, en sel'~'unt mon peLit Uéjeunel', elle me dil :
Comme pout' celle naïve brelonne, pour bien Jesgens, la Gascogne, c'est quelque part, là-bHs, dans leMidi! ... Certains de nos aeLeurs parisiens ne pl'ennenL-ilspas le plus PUI' accent marseillais pour interpréter desrôles de Gascons'! '
Oui la Ciascog'ne est vasLe, mais pas autant quc vousvoulez le cI'oil'e, mes hons amis! En fermant les yeux,évotl'lCz en votl'e fidôle mémoire une carte hal'monieuse denotre Fmnce; c'est lù, au Sud-Uuest, SUI' la l'ive gauchede la (;al'onne (SUI' la l'ive gauche seulement, Toulouseet la l'ive tit'oite, c'est le Languedoc) voici Yl'aiment laGascogno: LimiLée à l'Est pal' la Garonne, du Pont duHoi, bien au-delù de Marmande; au Sud, par les PYI'{~
Il{~es, mais seulement jusqu'aux souI'ces du (;ave de Puu,(c<\I' la l'ive gauche du Gave, c'est le Béal'll) elle compl'endau ceutl'e le Get's, le plus Gascon de tous les pays Gascons,le GCI'S avec ses vignes l'osées, son pitJIICpoull capiteux,son al'magnac dont l'odeul' seule e"t un poi'me ... cc bon
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YÏvanl el lraditionalisle pays d'Armagnac que José dePesquilloux céll~bl'e avec Lant d'l'mol ion dans une langue1~la,.;,.;ique ct eolol'{'e, La ('apilale du (;el'''; cl de la (;a,.;cogne c'e,.;t .\ueh, la ville lIl{~di{,Y<tlc qui snl'l'lolldle le (;ersde toute la hautcul' de son eseal iCI' monumental. Auch,l'atl'ie du poi,tc du Bartas, Elle c{'li'IJl'el'a en \Iai pl'Ochain pal' de belles fl\tes liLll'rail'cs, cl l'inauguration d'une,.;tatue, IL\I'tagnan nt~ "ers 1~)71 tout pl'i~s il Il kilomèLl'esde Vic Fezensac, d'.\rtagnan, incarnation du (~ascon
d'autl'efoi,.;, Aujoul'dhui nous avons d'autl'es mousquetaires: l'un d'eux, Pivola, l'elletier d'Oisy, n'est-il pas unmousquetaire de l'ail', plus réel, plus paeilique, mais aussibmvc, et plus modeste que son fri're aint' '!
A l'Oucst du (;crs, les Landes: la Chalosse ct les'gl'asses 1)l'aiJ'ies de L\doul', ses cOlll'ses landaises, véri ta-
MAROC
auslère : le plateau de Lannemezan, l'oueLLé des vents,eingV' de neige .. ,
(}U(~ de ,'aril',tl"s, que de contrastes!Ces petites patl'ies qui fOl'menl la Gaseogne, et qui
sonl aujolll'([ïllli 1111 l'cu de la FI'ance, élaient sépal'ées clhostiles an débul de l'époque l't~odale, Au .\ 1V" sii.~de
(;aston Phébus comle de Foix el de Béarn, IH' pul jamaisréunil' ces deux belles l)l'ovinees l'une au Sud-Esl, l'autl'eauSud-Ouest de la Gascogne, à cause de ce lrait de désunion,l'onDé par ces tl'Ois pelits comtés batailleUl's ct indépendauts, Neb()lI:'Ill, COllllllinges, l1igo/'/'c, Le BigolTe sUl,toulsi longtemps Il'l'lidudiblc avec sa terl'ihle l'cine Pdronille,une barbe bleue, l'usée, ambitieuse, ardente - à la manii~l'e
de la (;l'ande Cathel'ine - et devant laquelle tl'emblaienttous les IJal'Ons d'alentour, y compris de l'autl'e eùté des
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Vieillé l'ue (Granùe Pousterle)Aqua/'elle inédite de J, Lacomme.
-1
..."1
bIcs jeux d'adresse, de souplesse el de braYoul'l', ~ans
cruauté, Ses oies aux l'oies monstrueux el l'oudants, elenfin les Landes Yéri laules, l'orèts apaisantes où l'on n'en tendque le crissement des aiguilles de pins, et le roucoulementdes palombes,.,
Au :\ol'll du Gers "oiei le pays d'AIIJl'el-:\éral' 011 lastalue de FleUl'eLle éyollue les premii.'I'es amoUl'S d'Ilelll'i 1\'-les yergers de l'Agenais, 'Tai jal'din de la Fl'Hnel', cl dela poésie gasconne ayec le trouLadoul' Jasmin!
Euliu ail Sud-Est, c'est le \éllOuzan, ses pàturagesc.oupés de peupliel's el de poulllliel's plus ehal'gés de l'mits(1l1C ceux de :\ol'lnandie, mais il quoi bon le cidre, quand leviu abonde ct pétille'! le Comlllinges SUI' les l"'emiers COIltrel'orts pyrénéens, dressanl sa catht'drale l'orteresse deSaiut-Bel'traud au-dessus de la rianle plaine de Hivii.'re.Enlin tout ù rait eOllll'e les Pyrt'ul-es, les pl\nMl'Hnt mèmepal' des yallées ètl'Oites ct pittoresques, c'est le Bigol'l'e;Bagnères, Tarbes, Vic ... et Lourdes ... pays des roug-es capulets ct des chansons sonores. Entre ces contrées heureuses cl ri l'he::; ct le Gcrs, une séparalion étrang-e, l'Ulle
Uionlagiles, le belliqucux P'~I'e d'Aragon,Maintenant sur ceLLe vaste )ll'ovince, ad oSl"ée aux
Pyrénées, el deseendanl en pen les molles ou urusques, àl'Esl vers la Garonne, à l'Ouesl vers l'Océan, SUI' celteprovince long-lemps ennemie des Francs, si laLine par sarace, sa langue, son ciel, où Homains, Sarrasins el aussi\ïsigoths, ont laissé tant de souvenil's cl d'empI'cinles, llll
gl'tlnd sOllflle d'union ct de paix a passé. Elle ne conservede ses lllLtes d'antan que l'amoUl' de la gloire, de l'aventUl'edes rOllwnesques l'qllipécs, Ellc est diverse, mais une, comml' notl'e Fl'Hnce, el le (iascon - (du CoulIninges, desLandes, du (;el'S ou de Bigorrc) - eslloujours le jo)'euxcadet, pt·tri d'esprit et d'audace, beau-pariCUI' ct galant.Dans le passé, dans le présent des noms symbolisent uupa~'s, une l'ace: d'AI·tag-nan, Cyrano, Foch, Poeymirau(t),Pelletier d'Oisy ...
Hien de plus éloquenl que l'eLLe lilanie ~
Jeanne L\VEIHi:\E.
(1) Poeymir:m né il Pau, d'une ramill,' g"lI8l'Ollnl', ,,' ,'lIlel'l't'Cil Gascog'lIe, il Estang près d'Eauze,
Une Œuvre philanthropique admirable
LB SOGIETE mOSOlJIIBJE DE BIEJFAISAJGEde Casablanca
par Il. HOBY
Ce n'esl pas un des moindl'es mél'iles, cl c'est hien
ù COllP sil l' un des plus appréciables l'ésuIL;lls de l'ell'orl
civilisaleul' de la Fmnce au Maroc, (lue la cl'èalion cl
le développemenl des œuvres philanthropiques. 11 }" avail
dans cel « Empire fOI'luné)) - ainsi nommé sans doute
par anliphl'ase -- lant de misères ù soulager, [. limiler,
MAROC
mnl'quises el les portes cochères, Ils sonl tl'emblants et
crainlifs, cl cependanl éhonL('s el hal'tlis, car l'inslincl de
la consel'valion esl plus forl (lue fouI. Ils onl vile appris
il mentir, à mendier, il voler, il loul subir cl il toul oser
ponr « sorlil' leUl' venlre de la mlsi~re)), Devenus gmnds,
les uns sel'onl voleurs, souleucurs, criminels; les autres
il'Onl exercer 1f\t1rs lalenls au quarlier réservé, Lamenlable
perspeclive sur l'avenir.
()uelques hommes généreux onl eslimé qu'uu pareil
élal de choses esl incompatible avec la uotion même
de nolre Protecloral, d qu'il nous apparlenail, ù nous
Français, de créer un mouvemeul de hienf3isance, de
chari lé, de soltdari lé (1 ous ces termes ici sc confondeul j
pOUl' sauver lanL de malheureux du naufrage. Et l'enlre
prise, d'aulanl plus redonlable qu'elle se heUl'lail padois
au falalisme égoïste el rigoureux de quelques. uns, a été
mise SUI' pied, a pris CMpS, vil, se Jéveloppe el rend déjù
t"n gl'Otlp~ ~'orphelins avec le D'" Suberbielle du Sel'vicc (\'lIygii'nc de la ville el:\Illle Bertrand 111l1l'nuèl'e chargée du bon élat sanilait'c des pupilles de la SOCil~Lé,
•
à prévenir, à la fois dans l'ordre physiologique el mOI'al,que, dès les pl'emiers Lemps du Protectorat, des Sociétés
de Bienfaisance se sonl formée:3 el fonctionnent, grâce
il la collaboration étroite des pouvoirs publics el des
inilialives privées, poU\' le plus gl'alH.! bien de ces dés
hél'ilés de loules sortes, de ces « misérables)) donl le
nombre inquiète el ell'are,Nous aUil'ons aujourd'hui l'aLlention SUI' une des plus
l'écenles : « La Société Musulmane de Bienfaisance de
Casablanca.)) C'est essentiellcmenl une (l'uvre de rc
dressemcnl de l'enfance abandonnée, jetée il la rue, vouée
au vice, ù la proslitulion, au nime. Qui de nous n'a pas
cu l'occasion de voir, le jour ou la nuit, lrainer par les
rues ou sur les places de nutre ville, à demi nus,
faméliques, malades, porteurs de tares mlllliples, ('es
garçonnels cl ces fillelLes donl on sc demande combien
de fois ils ont il mnnger par semaine el où ils couchenl
quand il l'ail froid ? Ils videnl les ooiLes il ordures
en ({uête de quelque rogaton, Ils s'abritelll sous les
des services dont on feconnallm la valeur pal' l'énuméralion dl' faits précis:
En l!J2U, la Sociélé a l'e~ueilli ct noul'I'i, dans son
cenlre d'hébergemenl, 2:{.700 hommes ou femmes, soil
une moyenne journalière de 65 crève-la-faim ou sans logis.
J\lais l'en'orl pl'Încipal s'est porlé sur l'enfance, el il
jusLe mison : cm' il vaul loujolll's mieux prévenir la
délresse qu'avoil' il la soulager, cl si l'on parvient il
l'emeUre cenl individus dans le bon chemin, si on 10Ul'
foul'llilles moyens de vivre un jouI' pal' eux-mêmo, sans
le secollrs des aulres, c'esl aulanl de gugné pour l'aven il'.
:\ous devons tendl'e vel's la formalion d'une humanité
indépendante el Jibl'e.
A ccl en'el, la Société musulmane de bienfaisance a
l'ait aménager', au DCl'b Sidna, un vasle fondouk, un
orphelinat, el une école d'appre"tis"~(/ge : cela pour les
jeunes garçons qne l'on l'amasse, la Huil, dans la rue,
el qui ne peuvenl dire s'ils ont un glle cl des parents,
•
•
Là, les orphelins sont logés, nourris, vêtus et soignés, et
l'on opère entreenx, avec pmdence, unc sélection. Les plus
intelligents et les moins vicieux - ils conslituent les
truis quarts environ de l'ell'ectif - suivent les cuurs
de l'école professionnelle du Det'b Sidna, où ils apprennent
un métier. Les autres, il qui la paresse, le vice, les lares
héréditaires inlenlisent l'accès de celte école, apprennent
sous la surveillance d'un « mùallem 'l il confeclionnet· des
chouaris et il tisser des nalles. rn f(lih est allaché il
la maisun, et ('haque soir, pendanl deux ou tt'ois heures
il s'ell'urce de leut' inculquer quelques préceptes de morale
pour luller contre leurs mauvais instincts, les amender,
les rendre meilleurs. Besogne ingrate, certes! et entre
prise qui fem hausser les épaules aux sceptiques. Et
pourtant les résuILats obtenus jusqu'alors sont mer
veilleux. On constale la transformation rapide et radicale
de ces petils, surlout de ceux (lui fréquentent l'école: ils
écrivenl, lisent couramment, calculent bien, et sont
considérés pat· leurs maUres comme des élèves polis,
travaillems et disciplinés. Les récompenses - il en faut
loujuurs - ce sonL (IUelques dons de livres, très chers à
ces enfanLs (lui adorent la lecture, ct les parLies de
foot-bail, qui ont lieu sans spectatems dans un Lerrain
vague siLué près de l'école.
La Sociélé, ainsi qu'il convenail, ne s'intéresse pas
moins aux IiIlelles abandonnées qu'aux gat·çons. Bien
plus! ELendanL son action jusqu'aux extrêmes limites, elle
recueille les filles et les peLites domestiques des prostit uées
du quarlier rISset'vé, dvec le noble espoir d'en faire un
jour dèS femmes honnêtes. Dans ceL orphelinat, cunligu il
celui des gal'l;on~, fonctionne une é"ole d'I'nseignement
m(\ndgl't' où, sous la direclioq d'une mailresse française,
e\les s'initient à lous les travaux de la maison: lavage et
r"passage du liuge, raccommodage et couture, cui::-ine
même. Et le temps n'est pas loin, sans doute, où ceUe
école pout'ra foumir un personnel domestique choisi,
pour la plus gt'Unde joie de nos ménagères.
Enviroll 30 gat'çons eL 30 fillelles constituent l'd'
fecLif acluel des pupilles de la Société musulmane dc
bienfaisance. La noutTiture est simple, mais abondanle :
le matin, une réconfortanLe « harit'a »; il midi, une soupe
de légumes; le soir, une soupe ellCOt'e, et du thé. Chaque
enfant t'eçoiL deux boules de pain pat' joUI'; il ya un repas
de \'iande deux fois pat' semaine. Les dortoirs sont pOUt'vus
de hamacs. Les salles d'élude ont une LilJliolhèque gamie
d'ouvrages attlul'uttls ct ittslructifs, voisinant avec tluel·
ques jeux de dames, d'échccs et de dominos.
Ittutile dc dire qu'un dispettsairc a été installé dès la
premIère heure, pour les soitts médicaux et le service de
prophylaxie. Chaque jour une infirmière dévouée vient
panset' les plaies, soignet' les lètes des teigneux, meUre
du collyre dans les yeux malades, en un mot "eillet' au bon
élat sanilaire des orphelins, sous le controle d'un médecin
hygiénisle de la ville, donl les visites régulières ont lieu
deux fois pat' semaine. Enfin, ~J. le docteut' Lèpinay
MAROC
pI'Ocède périodiquemenl sur chaque enfant il des prises
de sang, et SOiglw ceux (lui sont t'econnus syphilitiques.
Pour ces dernil,t,s, une liche médicale est temw, pet'
meLLant de suivre d'unc fa'.;on précise les l'ésullals du
tt'ailemenl.
Les ressources Iinancit~resde la Sociélé comprennent:
une subvention du ProtectoraL, une subvenlion de la Ville,
quelques dons anonymes, eL les cotisations des membres
fondateUl's, bienfailcurs et adhérents. Les pt'évisions
budgélaires pour l'année lœO alleignaient :'>60.UOO francsil peine.
Chifi't'e dérisoire, si l'on songe il la grandeur de
l'ccuvt'e entrept'ise, :lUX misères secourues, aux exislences
t'cndues pOSSibles, saines, hOtlttêles el mème heurenses.
Comment ne pas applaudir il celte œuvre de redressement
physiologique, intelleeluel et moral, fondée en faveur des
petits indigènes, nos protégl's, si confot'me à notre idéal
français d'Humanité et de Justice? Et comment ne pas
désirer devenit' un de ces « colisants » dont la modeste
obole ne manquera pas de faciliter la tàche singulièrement
ardue des organisatems,
A. ROBY.
Voici la composition du Bureau de la Société
l\lusulmane de Bienfaisance:
Président. Si Taïeb el l\1olui, Pacha de Casablanca.
Vice-Président: Si El Kadir ben Mohammed Larhizi.
Sl'crétail'e : M. Bayloc, interprète civil.
Secrétaire-adjoint: Si El Hadj MokLar ben Abdesslem.
Trésorier: M, Provo, percepteur.
Trésorier·adjoint : Si Ali el Karouani.
. .L'œuvre dont M. A. Rohy, proviseur au Lycée
Lyautey à Casablanca, a bien voulu nous entretenirci-dessus est digne du plus grand intérêt, et nous
espérons qu'il aura suffi de la signaler au public et
cl nos lecteurs pour trouver parmi eux des personnes
généreuses qui voudront bien lui apporter l'appui de
leur sollicitude et de leur charité,
Les œuvres de secours cl l'Enfance, que celles·ci
s'occupent de pupilles européens ou indigènes,
méritent au-delû de toute expression cette sollicitude
particulière qui ne saurait avoir besoin d'être qué
mandée pour s'exercer.
Nous avons nommé plus haut les membres du
Bureau de la Société musulmane de bienfaisance deCasablanca et cité ses dévoués collaborateurs. Les
personnes qui voudront bien s'intéresser cl cette belle
œuvre philanthropique - dont nous avons révélé aussiles difficultés d'existence - voudront bien s'adresser cl
eux pour leur faire parvenir leurs dons.
JEU X
MAROC
D'ENFANTSLe viellx cillleti(~l'e où j'hal.ite est le jardin des enfants, LClll'S rubes de couleul's voltigent
(lU soleil. Ils se poussent et se l'oulent; ou hien font des eouleuvl'es avec des lanii'n~s d'('~COl,(,(' pour
croire fi u'ils s'effrayent et pouvoir criel',
Les plus sages posent une bl'andle SUI' une stde et jouent. il la balançoire; tandis que deux
grands s'installent Slll' unc tombe, comme sur un divan pl'ofond, pt jdtl'llt d('s (',u'tes sans
parler,
Cependant les tout-petits courent sans hut dans l'herbe haute; ct leur queue de cheveux
qll(~ soulève le vent a l'air de ramper senle, parmi les fleul's de moutal't\(',
Marrakech - Jeux l!'clIfaIlLs : lcs balanf.;oil'cs
•
TOITS BLANCS
Février mu;,
C'est un ciel de coquillage, où l'heure met de la lllOrt) où l'on entend la mer.
Et tachés de cigognes, toits pointus et terrasses, sous la chaux d les mousses, font une
blême image qui se dissout dans le soir, comme, dans le matin, la lune.
Muula)' Idriss - ToiLs ail t'l'l'puseule
1
MAROC
SOIR A SALÉEta Ilg P('() fo Ild de 1'(lllllll'eS, 1('s .i (\ l'd iIl S
ville,
Les degrés des terrasses montent jusqu'à
la lUlle. Bielle colllllJe UIIC rllll\('~e, elk iri:-;e
Rabat - Yue des Oudaïus SUl' Salé
Rabat - YIII' de la TOlll' Hassall sur l'oued BOIl-Hegl'C'g
chants des ellfallts SOIlS les hrallches, il la
VOIX de la mer, au bellglemellt des trou-
peallx.
."1(tic) Octoure 1!J1(i.
PÊCHEURS
•
Par un SOlI' dc nacre et de SOlC, les
falllles sous des capucholls de laille, passellt
au pied des l'emparts,
Trempés encore d'écume, ils vont à
pas d(~ chat, la hotte :-;Ul' 1<' dos; et leurs
gaules salis fill, (\('~passallt les tTéneaux, dall-
sent au ciel et agacent la lune.
•J('lU] C~\L()TTI.
(1)/III!os dl' JI.)
1':11' 1111 ,",oi,' dp '1<\<'I't' pt d,- soit' les pèdlC'llrs ;\ la ligIlP, ..
(HaLaI, la falaise sur l'ulled Dou-H"g'l'C'g)
VIEUX CANONS,VIEUX SOUVENIRS
par Henri RABANlT
Les viellx canons qui, du haut des remparts des villes ,tonnaient à grand renfort de bruit et de fuml~e, contreles l'régales chrétiennes, se sont Lus depuis nombre d'années, et leurs gueules encore Lournées vers la haute mer nemenacent plus personne.
Parfois, las de supporler le poids trop lourd de lapièce, trop lourd pour son bois vermoulu, le primitifafl'ùt sur lequel elle reposait, les a laissé choir, el ilsgisent à présent inofl'ensifs dans la poussière q IIi lesentoure. D'antres restés sur place s'inclinent lamentablement vers la terl'e, comme s'ils y vou!ni(,llt l'eLourner,ou se dressent encore orgueilleux vers le l:iel quïb sem·
MAROC
Cerlaines villes, il cet invenlaire, en élaienl p:llIVI'es,qu'on se plaisait il imaginer pourvues d'une artillerie formidable. Ainsi Salé, refuge des pirates redoutés des siècles passés, ne possédait en tout et pour tout que deuxcanons de bronze, huit de l'cret deux obusiers sans gl'andsol'llements les uns l'l les autres. Trois de l:es pièl:es Maientdans le ci:nelii~re de Sidi Ah ben Achir, cinq dans le cimetièl'e du 13ordj-el-Kébil', les obusiers étant seuls en placesur la plate fOl'me du dit bOl'dj.
A Babat, on a dénombré trente-neuf canons debronze, hnit de fer et lrois morliers de bronze. Quelques-uns de ceux qui gal'llissaient le l'l'ont de mer, s'allongeant parallèlement au boulevard El Alou, ont éll~ retirés de lems emplacemenls primitifs pour l:onl:ourir àl'ornementation des porles de la ville, ou des monumenls.Dans lout ce nombre, deux seuls sont français et portent sm' leur volée les fleurs de lys dc l'ancienne 1ll0IJaI'
chie; ils sont placés ù l'enlrl'e de 13ab cl Had. A Bab cl
Les eunons sur le tel'l'e-plein de l'Institut des Hautes-Etu,les l\IHl'oeaincs(Photo Chambon)
..
"
blent vouloir prendre il témoin de leur décrépitude et deleurs splendeurs passées.
Tous ces canons, ces tl'ès vieux canons, sontlo1ll'dsaussi de souvenirs. Ils ont vécu l'Hisloire marocaine,D'aucuns dressés sur d'aILiers navires ont été la proiedes corsaires, d'autres abandonnés par lCUl'S maUres chrétiens sont passés aux mains des Maures. Tous ont eu unpassé agité, Les uns, il Tanger, il Mogador, ont riposté aufeu des hùtiments du prince de Joinville, les l\lllres ont répondu aux bombanlements muILiples dont les /loUes dessouverains d'Europe gl'atifiaient Babat et Salé. ASafli,ils ont tonné contre Chateau-Henaud et du Chalard, avuntque de donner le signal des salves d'honneur tirées il ladescente de 1\1. de Breugnon venant en amb'lssadeur signerune paix désÎl'ée de part et d'autre.
Ces canons épars, hérilage du passé, la France protectrice les a recueillis, inventoriés, catalogués, en lesclassan t, et avec raison, au nombre des monuments historiques. La plupart sont restés il leur posle de guet, pour leplus gmnd pillûresque des remparts qu'ils conLribuentil orner.
Alou, sont postés deux canons porlant trois écussons chacun et qui sont d'origine portugaise. Pl'Obablemelltleur provenance est-elle une d.es places l'orles qu'cccupaient jadis les Portugais sur le litloral et qu'ils abnndollnèl'ent successivement, avec le malùnel.
A l'entrée dn jardin des Ondaïas, sont deux pièces qUiporlent en arahe le nom du sullan Sidi Mohammed, avecl'indication de l'an 118~1 d.e l'IIi'gire. l'ne des pii'cPs placôes devant le IIammam, est un souvenir du Lemps oùpour obtenir sur mer des corsaires une paix d'ailleun;toute relative, certains souverains d'Europe ne rougi:,;saient pas de foumir des armes il leul's ennemis. Et c'c:,;/ainsi qu'on trouve le nom du roi Guslave III dl' Suèdesur ce canon ofl'el't en « hommage» au Sllllan du l\laroc,
Le bordj SUI' l'oued Bou Regreg, contient encore huitcanons dont CilHl sont portugais et trois anglais, ct sonldat·~s de la fin du XVIII" siècle. Il nous souvient ici,qu'en HlÛ7, la petite lour crônelée qui est au ras de l'eausur le /leuve conlenait plusieurs coulcuvrincs il belle patine verte, et qui ne figurent pas dans la nomendal ure.
Yingt aulres pit·ccs, toules portugaises, on}('nl l'CII-
trée de la Chambre d'Agriculture sur le boulevard El Alou,ou sont en face de l'Institut des Hautes-Etudes Marocaines, tandis qu'un mortier de même origine, daté de1641, est en face du bureau des Arts. Il est encore deuxcanons que les R'batis connaissent bien pour les avoirentendus: cc sont ceux qui, sur le terre-plein au bas de laporle des Oudaïas, servent à donner le si~nal attendu dela rupture du jeQne, tous les soirs du mois deramadan.Ils sont en fer et sans ornements.
Les canons qui sont à Méhédiya ont été rassemblésau Bureau des Renseignements; ils sont d'origine espagnole et parmi les plus ornés. Ils portent dans un cartouche rectangulaire, respectivement les noms ~e « Felipe IV,rey de Espllna, 1618, Don Carlos Il, 1629 ,) avec l'agneaude la Toison d'Or et l'indication du nom et des titres dugrand mailre de J'artillerie d'Espagne. Un autre, d'origineinconnue, montre quatre gros anneaux de portage, avecdes motifs décoratifs faits de fers de lances et de grecques, l'inscription en est effacée.
A Casablanca, il n) avait que quelques pièces defer, peut-être est-ce une de celles-ci qui, à la mort de SidiMohamed, quand les tribus vinrent assiéger Dar BeIda,.ainsi que le lapporte Lemprière dans son ouvrage sur .le Maroc', ouvrille. feu sur elles. La ville était dépourvuede soldats, et ce ftirent des résidents espagnols qui· sechargèrent de la défense. Ils hissèrent à grand peine uncanon sur les murailles et tirèrent un coup à blanc quin'effraya pas forl les assiégeants, mais un second à mitraille, en en tuant .quelques uns, leur donna à réfléchir elles fit lever le siège. Safi était richement pourvue enartillerie: vingt-quatre pièces de bronze, lrente-et·unede fonle, sept.obusiers de bronze et trois couleuvrines.
Dans ce nombre, il n'en est aucune de française,mais par contre, nombre pe hollandaises provenant de
. prises ou de cadeaux au Sulla: Ellbs remontent au débutdu XVIIIe siècl,e, des inscriptions en arabe y ont été ajoutées. .
A Mogador, trente canons de bronze sont pr~8que
tous espagnols, le plus ancien remonte à 1595 et portele nom de Felipe II.
La nomenclature, pour être complète, devrait portersur les pièces trouvées dans les villes de l'intérieur;elle est mUelle sur Fez, Meknès et autres localites, parcontre elle relève un canon à Sellat, échoué là onue saitni pourquoi, ni comment; c'est un holll\ndais fabriquéen 1797.
A Marrakech,' il Ya un grand nombre de pièces espagnoles, la plupart de la fin du :XVIIIe siècle,· et deux hollandaises richement décorées d'arabesques. Deux deces pièces espagnoles portent l'indication qu'eUes ont étéfondues avec du cuivre d'Amérique et du Mexique.
Il resterait pour finir à donner la succeSsion des piè.ces de Cl{non de Tanger, c'est ce que nous ferons quelque autre jour. Là aussi les vieux canons de la batteriedes saluls se sont endormis probablement à jamais. Siclran.il ...
Henri RABANIT.
MAROC
LA RADE
Sur la ,'ade tout ume
Peinte en bleue violemment,
Passent en cé1'émonie·
Et remorqueurs et chalands.
·A leurs postes de mou#lage
Les vapeurs bien amarrés,
Se reposent des vo.yages,
Sur leurs flancs tout bigarrés:
De loin en loin, quelques grues
Se balancent sur les quaÛi,
Entassant jusques aux nues
Des montagnes de paquets.
O'll, soudain, une vedette
Passe comme un trait, laiSsant
Derrière sa silhouette
Un sil/age ébluuissant.
Tous· ces grf)s engins qui bougent,
Gentiment peinturlurés,
. Sont, de loin, .des jouets rouges
Par des /icelles tirés. "
Vincent CERDAN
•
..
[réc dp la Cllambre d'Agricult lire sur le boulevard El Alou,ou sonl en face dc nnstitul des Hautes-Etudes Marocaines, tundi" qu 'un mortier de même origine, daté de)(-i41, est en l'ace du bureau des Arts. Il esl encore deuxcallons que le,; R'batis connaissent bien pour les avoirenlendu,; : cc sonl ccux qui, sur le terrc-plcin au bas de lapode de,; Oudaïas, servent à donner le signal attendu dela rupl ure du jeùne, tous les soÏl's du mois de ramadan.Ils sont cn fer el sans ornements.
Les canons (lui sont à Méhédiyu ont été rassemblésau Bureau des Hen:;eignements ; ils sont d'origine espagnole el parmi les plus ornés. Ils pOI'lent dans un cartouchc rectangulaire, respectivement les noms de « Felipe IV,rey de Espan<l, 1618, Don Carlos II, 1629 ,) avec l'agneaude la Toison d'Or et l'indication du nom et des titres dugrand maître de J'artillerie d'Espagne. Un autre, d'origineinconnue, montre quatre gros anneaux de portage, avecdes mol ifs décoratifs faits de fers de lances et de grecqucs, l'inscription en est efracée.
A Casablanca, il n) avait que quelques pièces del'el', peut-êlre est-ce unc de celles-ci qui, à la mort de Sirlil\lohamed, quand les tribus vinrent assiéger Dar Beïda,ainsi que le 1apporle Lelllprière dans son ouvrage surle i\laroc', oU\TiL le feu SUl' elles. La ville était dépourvueue solda ts, el ce furent des résidents espagnols qui sechargèrent de la défense. Ils hissèrcnt à grand peine uncanon SUl' les mUl'ailles et tirèrcnt un coup à blanc quin'efTra)'a pas fal'l les 3ssiégeants, mais un ~econd à mitraille, en en tuanlquelques uns, leur douna à réfléchir ellcs lit lever Je sil~ge. Safi était l'lchement pOUl'vue enartillerie: vi1lgl.-qualre pièces de bronze, trente-el-unede fonte, sept obusiers de bronze el trois couleuvrines.
Dans cc nombre, il n'en est aucune de française,mais par 001ltre, nombre de hollandaises provenanl de
. prisps ou de cadeaux au Sultan. Enes l'emontcnt au débutdu XVIIIe siècle, des inscriptions en amDc y ont été ajoulees.
A l\Iogador, trente canons de bl'Onze sont presquetous espagnols, le plus ancien rcmonte à 1595 et portele nom de Felipe II.
La nomenclature, pour être complète, devrait porlersûr les pièces trouvées dans les villes de l'intérieur;elle est mueLle sur Fez, Meknès et autres localités, parcontre elle relf)ve un canon à SeUat, échoué là on ne saitni pOUl'quoi, IIi commcnl; c'est un hollandais fabriquéen 1797.
A l\larrakech, il y a un grand nombre de pièces espagnoles, la plupart de la fin du XVIIIe siècle, et deux hollandaises richement décorées d'arabesques. Deux deces pièces espagnoles portent l'indication qu'elles ont étéfondues avec du cuivre d'Amérique et du Mexique.
Il l'est erait pour finir à donner la succession des pièccs de canon de Tanger, c'est ce que nous ferons quel(lue aulre jOUl'. Là aussi les vieux canons de la batteriedes saluts se sont endormis probablement à jamais. Sictrallsit ...
Henri RABANIT.
~Q--
MAROC
LA RADE
Sur la 1'ade tout ume
Peinte en bltnte violemment,
Passent en cél'énwnie
Et remorqueurs et cltalands.
A leurs postes de mouillage
Les vapeurs bien amarrés,
Se reposent des vo,yages,
Sur lew's flancs tout bigarrés.
De loin en loin, quelques grues
Se balancent SU1' lèS quaù;,
Entassant jusques aux nues
Des montagnes de paquets.
Ou, soudain, une vedette
Passe comme u'n trait, l(l'issant
Derriète sa sz'lhouette
Un sillage éblouissant.
J'ous ces gros engzns qui bougent,
aentiment peinturlurés)
Sont, de loin, des jouets ,'ouges
Par des ficelles tirés.
Vincent CERDAN
Le Prisonnier.
« La letlre sociale écrite avec le fer.))ALFRED DE VU;NY.
J'ai rêvé que des .qens au parler rude et bref
Brusquement débarqués sur ma Cl)te natale
M'emmenaient prisonnier sur le bord de leur nef,
Et puis qu'ayant prescrit une lointaine escale,
Celui d'entre eux qui paraissait être leur chef
M'avait fait mettre aux fers dans le fond de la cale.
Là, j'usais ma fureur en sursauts énervés
Pour dégager mes mains fébriles des cordages
Et mes pieds douloureux à la barre rivés.
L'âpre relent des flots à travers les bordages
M'apportant le regret des horizons rêvés
Ravivait ma colère et mes élans sauvages ,.
Et sous moi je sentais, ivre de désespoir,
Une ondulation monotone et farouche
Monter de l'Océan que je ne pouvais 7)oir.
Sitdt que paraissait le mousse au geste louche,
Qui venait m'apporter l'eau do,!ce et le pain noir,
Sombre, je le toisais et n'ouvrais point la bouche.
Tandisqz/il descendait l'échelle d'un pied sûr,
Un peu de brise entrant avec lui par la trappe
Emplissait mon réduit du goût frais de l'azur,
« Va! Serre les liens de peur qu'il ne s'échappe
« Et qu'il ne monte au jour, le pt'isonnier obscur.
Il S'il fait un mouvement ou 05 'il résiste, frappe.
« Vous prétendez mener les nefs en haute mer,
l( Mais vous ne savez pas, ô marins de fortune,
« Les maUres-mots qui commandent au gouffre amer,.
« Vous ignorez les chants qu'on chante de la hune
« A la lueur blafarde el brusque de l'éclair
« Et dont le charme rend la temp~te opportune.
•
•
« Vraiment, qui vous a fait ainsi 'ZJOus hasarder?
« Les cieux au fond'desquels VObS cherchez votre route
,< N'auront qu'à peine asse.: d'astres pOllr vous 9uider.
« Su/fit-il de raidir ou de molli,. l'écoute.
« Et de tenir le 90uvernail sans embarder,
« Et d'écoper à temps l'eau qui remplit la soute?
« Toute une immensité de force et de fureur
« Se rit de vos calculs et de vos efforts vagues
Il Et joue insolemment avec votre terreur.
« Vous serez ramenés un jour au.l. c.rocs des dragues
« Et vous soulèverez l'épouvante et l'horreur,
« Vous qui n'avez point l'âme à l'image des va!/ues 1
« Moi, l'homme aux fers, je sais qu'en ce monde il n'est rien.f
« Rien qu'un déchalnement sans but et sans limites
« Pareil à cette mer qui nous sert de soutien.
« Vous, vous avez vos dieux, vos devoùs et vos rites,
\( Accommodez-vous en! J'ai pour unique bien
« Ce cœur toujours comblé de ce que vous maudites.
« Vous faites de mes jours d'intolérables nuits,
« Ah! Si mes rudes mains pouvaient saisir la barre,
\! Vous sentiriez alors que vous seriez conduits,
Il Au lieu de louvoyer sans astres et sans phare,
tl Au lieu de vous héler au milieu d'affreux bruits,
« B~lant de peur, ainsi qu'un bétail qu'on effare.
" Mais vous redoutez trop de lire dans mes yeux
« Cet émerveillement inlassable d'un monde
« Qui, dans sa nudité. vous parait odieux.
« 6t vous me maintenez dans la sentine immonde,
« Le carcan à la gorge et les poiqnets aux pieux.
« Craignant à chaque instant que la mer ne réponde
. « A l'appel de celui dont le courage admet
« Que l'Univers ne soit qu'un chaos frénétique,
« Et qui voit s'affronter les forces sans regret. »
Ainsi je méditais, plein d'une ardeur mystique,
Et tandis que ma chair sous l'entrave saignait.
L'équipage entonnait quelque absurde cantique.
o Seigneur! Est-ce bien un rêve que ïa~ fait?
RtMY BEAURIEUX·
MAROC
Dans la préface de son « Offrande à la Musique", I!)
M. Jean-Richard Bloch regrette pour la littérature
d'avoir à employer cet outil qu'est le lang'age vulgaire,
d'avoir il sc servir des mots usuels. «Anloinelte, apporlez
moi mes panloullles», dit-il, ou quelque chose d'ap
prochant, il n'y a pas deux manières d'exprimer cela.
Et de déduire que la littérature doil, si elle veut s'élcvel'
au rang d'un art, se faire la mendiante d'autres arts, pal'
exemple, selon lui, de la peinlure et de la musique.
Cette proposition, que je n'ai pas voulu prendre trop
au sérieux, s'explique cependant pal' l'l'action contre la
tendance à l'abus fréquent d'une langue relâchée dans la
littérature. Cet abus est une perversion du même ordre
que celle qui consiste, pour un homme du monde, à jouer
le vulgaire. Le tout est de savoir que l'on joue. Toutefois
un jeu trop souvent répété, qui se refuse à l'effort, mais
simule de préférence l'instinct ou la brutalité, vous l'amène
assez facilement à ce niveau inférieur. Ce snobisme a assez
duré. Les gens en mal de spontanéité et de nudisme moral
qui sont allés jeter leur germe malsain dans un domaine où
ils n'avaienl que faire doivent êlre remis à leur place.
M. Bloch est un arlisle très sensible, non sans
grandeur, mais un peu confus el mystique. Il nous l'ail
passer ici à côlé de la queslion et glisser vers l'erreur.
La musique esl l'aile avec des noles, mais avec des
noles, on écrit: «Viens, Titine ", ou la «Symphonie Pas
torale ll. Le langage est fait avec des mots à l'aide desquels
on peut énoncer vulgairement une pensée malpropre, ex
primer un désiI' ulilitaire ou composer la prose de Valéry.
Affaire de tempéramenl, d'ambiance, de momenl el de fin
qu'on se propose. Chaque chose a sa valeur, mise à sa place,
rien n'esl indifférent, mais tout n'est pas égal.
Le langage, lui aussi, se mel à la forme. ((Tout art
suppose le choix d'une matière à soumettre à la forme»,
dit justement 1\1. Etienne Souriau. Celte' forme est
délerminée dans chaque cas pal' une harmonie à réalise"
avep- l'idée, avec le mouvement de la pensée, C'esl gl'àce à
celte harmonie formelle que le langage, malièl'e commune,
deviendra parfait symbole et arl.
~on, je ne suis pas de l'avis de M. Bloch.
\( Anloinette, apporlez-moi mes panloufnes,» A la scène,
par exemple, un acleur tirerail de ceUe phrase même
un eliet surprenanl. Mais voilà, l'en'el ne viendrail sans
doule pas des seuls mots; il viendrait d'une l'uptlll'e
d'équilibre, d'une opposilion tle tons, d'un jeu d'idées ...
Ce mépris désenchanté d'un artiste pour le langage el les
(1) Paris Librairie Gallimard (t'dition" dl" III NOUI'l'l1e !levu..
Française).
par Jean GOEVAERS
Jean GOEVAERS.
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.e
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mots usuels ne serail-il pas aussi la conséquence de rex
cessif engouement qu'a eu le Romantisme. «( Car le mot,
qu'on le sache, esl un êlre vivanl)l, enseignait Hugo. ,.• lres
vivanls qui, pour les symbolisles, « nous observent avec des
regards familiers». Et Baudelail'e écrivait: « 11 y a dans le
mot, dans le verbe, quelque chose de sacré qui nous défend
d'en faire un jeu de hasal'd.» Et cel être vivant, cct
êlre sacré a subi toutes les déformations que les
fanaliques ont coutume d'inlliger à ce qu'ils adorenl. Un
l'econnaîl aujoul"Cl'hui quc les mots ne sont que des signes,
et des signes sans mystère. Juste remarque, sans doute;
puisse-t-elle nous garder de cet autrc mystère inquiétant où
le mot risque de tomber, celui de l'impropriété, fùcheuse
conséquence d'une culture négligée. Mieux le mot sera
défini, plus l'altention pourra se délournel' de lui et se
reporter SUI' l'idée qui seule imporle la stylisation et
permelle symbole. C'est HU delà du mot que s'établissent
les constructions intelligentes et idéales que sonl les
multiples formes de l'arl littéraire, De eeci d'ailleurs,
soit dit en passant, r« Offrande,. de ;\1. Bloch est
est une heureuse pl'euve, sans qu'il soit nécessaire de
savoir que son recueil esl placé sous le signc d'Euterpe.
La diJl'érenee est dans la qualité enlre le naturel d 'url
slyle el les licences équivoques du langage parlé. L'éco
nomie nH~callique tlu langage résulle d'illt1uences con
tingentes qui agissent d'une façon assez confuse; elle a
une fin !ll1111édiate et ulilitaire, mais nous eonduit aus"j
vers d'autres fins éloignées qui nous échappenl, et lout
n'a rien à voir avec l'af'l, mais avec la vie. Que l'art lende
à s'idenlifier avec la vie, ou réciproquement, la lentative
esl aussi slél·ile. L'Esthétisme à la Ruskin, les essais Il'un
Réalisme absolu et rarement atteint, me semLlent ignorer
un onh'e dans les choses de l'espril sans lequel nous ne
pouvons être satisfail. Car la vie c'est, d'un certain point
de vue, tout ce qui esl donné, et d'autre part, cc qui esl
nécessaire; mais l'art, lui, ne peut commencer qu'à parlir
de ce qui est proposé au-delà du nécessaire. <;'est pourquoi
l'arl esl en quelque sorte indépendant de son pl'élexle el
peul être supporté par n'impol'le quel objet; il n'esl que
variations SUI' les données de la connaissance.
Inslrumentle plus souple de la connaissance, dernier
venu sans Joute au monde des arts, apl'ès les sons, les
l'ormes et les couleurs, le langage esl aple aux plus haules
de ces variations, car c'est dans l'exp,'ession la plus intel
ligible de la pensée qu'il porle l'arl. Le Verbe est la duire
idée en aclion. Il conduit encore l'action de la pensée, el.
c'est dans l'ordonnance de celle action supérieure que
nous voyons l'art.
préfaced'uneA propos
'.
MAROC.
L'ÉOOLE DE LA LOIREExtrait de CAILLOUTE' par Rémy BEAURIEUX, illustré par Jean HAI~AUT. - Félix MONCHû, Éditeur, RABAT
Au moment où il fut bien SÙl' que la peur du couteaude Ladoué tenait dUl'ablement Tutave au ventre, Caillouteaccomplit sa pl'omesse. Il vint dans les premiers jours duprintemps, alors que les martinets commençaient il noueret à dénouer autour de notre toit lems rondes stridentes.Eugénie, a,~coUl'UO à un coup de sonnette impél'ieux, ne
Sans doute, le cœur m'eùt battu si j'avais pu devinerque c'était ce Cailloute dont j'avais à cette époque oubliéla promesse, mais dont les yeux gris aux flammes viveshantaient souvent mes souvenirs, Ma surprise n'en fut queplus aigue quand, prié de descendre dans le cabinet demon père, je vis en face de la table, droit el svelte comme
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•
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put se donner le plaisir d'épier par l'entrebaillemenl de laporte cochère ouverte avec parcimonie ce client nouveaupour elle.
Cailloute lui poussa au visage le ballant et se manifesta tout à coup dans son insolite éclat. Devant ce grandgars dont le chef s'ornait d'une casquette il la visièremiroitante ct qui, sur une chemise sauvagement empeséeau cartonnage perforé de tibis d'os, étalait une cravate desatin glacé couleur sang de bœuf brodée d'élégiaquespetites fleurettes bleues, Eugénie, béante de stupeur, nesut que rompre pas à pas faee il l'intrus, toute à ~on rôleing'l'at. de servante au grand eœur, jusqu'au seuil de lasalle d'attente. Elle eut le bonheur, après une adroiteesquive sous l'aiselle de l'ennemi, d'y enfermer ce singulier malade, lurge d'épaules et libre de gestes; et nousfûmes pas longs il apprendre, ma mère et moi, que Monsieur avail présentement la visite d'un drôle de corps.
• Eu \'cnte da us toutes lcs Librairies du Maro".
Un jonc, celUi que j'avais connu accroché au pelit trapèzedes convalescents,
- Il Le voilà, fit mon père quand j'entrai. )l
Nous nous dévisageâmes longuement; moi, stupided'ahurissement devant l'imprévu de ce Cailloute endimanché que su cravate et son éternelle ceinture bleuepavoisaient de vif, lui avec celte même expression depitié un peu méprisante qui m'avail déplu si fort autrefois.Son examen terminé, Cailloute se tourna vers mon père:
- « Il a encore poussé, dit-il, mais pas en large. ))Il me toisa de nouveau; son rapide regard se posa sur
la bibliothèque, sur la tapisserie des murs, SUl' -les meubles, revint à mon père, et brusquement, avec une sorlede dureté dans l'accent:
- Il Alors comm' ça, m'sieur ,}' Major, vous vouleztoujours bien m' confier l' petil ? ".
- Il Oui! aux conditions que je t'ai dites. Rien que
•
du grand air, ct pas dc sales histoires. L'école de la Loir!',tant que tu voudras, mais rien que cellc-ln. Cesl c0mpris '?))
Cailloute eut un sOUt'ire jovial; sous la moussc de sesmoustaches, ses dents brillèrent clair taudis que scsyeux s'allumaient.
- " Oh! M'sieur l' Major, dirait-on pa;.;, déclara-t-ilavec sa désinvolture retrouvée, vous lIl'cn faite:,; uneréputation! l'lais sapristi! Les mauvais coups jusqu'icivous n'IlIavez jamais vu quO les encaisser. Quand à ceuxque j'ai pu arranger par-ci par là." »
- « lis ne s'en sont jamais vanlés, n'est-ce pas'? coupafroidement mon père, C'est ce que lu voulais dire sansdoutc '? TanL mieux pOUl' toi s'ils avaieut tarI, c'esL duresle parce que je le crois que je le fais confiance. MaisLrève de discours, Himbaud !
EL devanL Cailloute interpellé de son nom, mon piTedebouL soudain développa ses larg8 épaules. )) - SouviemLoi que si je m'entends à rafistoler les hommes, je saisaussi le8 défaire quand ils me manquent. SUI' ce, emmènemon garçon; Il est libre, cl fichez-llloi lous les deux lapaix, j'ai du travail. 'l
l\laintewlllL nous étions dans la l'Ue et lIatUt'cllementHOUS descendions vers la Laires l'un et l'autre ravis, silellcieux, et g'ênés. Cailloute m'avait d'abord dUllné la main,l'avait lâchée, s'dait décidé enfin à la reprendre. A samain sèche, habituée à serrer utilemenL ce (lu't'lIe telHiit,j'<l.vais l'impression d'être amarré comIlle par un grappinà ce compagnon sans doute séduisant, mais si lkconcertanL de costume ct d'allures! Cailloute, que la confiancede mon père dilatait, aurait bien voulu m'adresser laparole, mais les souliers qu'il avait chausi'és pour lacirconstance l'empêchait de trouver le~ mols qui pouvaient.convenir aux Hl'es de ma sorte. Il s'énervait, lui, le marcheur aux muelles espadrilles, d'entendre crier sur le grèsSl'S pas ferrés. A la fin, il n'y tient plus.
- « Y a pas, mon p'Iit gan;, déclara-t-il, faul d'abordrallier ma C<lgna, rapport à mes pompes, Elles me fonttrop d'mal aux arpiolls, ))
Celle phrase il laquelle je n'avl:lis ricn compris me fitouvrir de tels yeux que Cailloute se l'l"ul obligé d'userd'autres termes.
- « l\les grolles me fonl mal, tu saisis '? »
Hélas! je ne saisissais pl:lS davantagc, et nous n'enétions pas, Cailloul.e ct moi, à notre demier malentendu,Nous padions en etret des dialectes élrangers, et si Cailloute condescendait dédaigneuscmelli. à comprendre etmême à pader mon ll:lngage le cas échéant, il me fut dansles débuts de notre compagnonnage beaucoup plus malaiséde m'adapter à son vocabulaire à lui. l'iolre mutuelle incompréhension éclata dès le premiel' jour à propos d'ul!détail en apparence insignifiant, mais d'une telle imporLance pour Cailloute que je mesure aujourd'hui il l'indulgence dont il lit preuve l'aUrait que dès ce momenLj'exerçais sur lui.
Comme nous étions alTivés sur le quui à hauLeurs denatation, eL comme IIOUS nous étions arrètb;, allenLifs uuxexploits difficiles de pêcheurs à la Jo{rande volée, Guillouleme confia:
- « Faudra que j'l'enseigne c'te pratique, mon p'Iitgars, Une fois qu' tu la connais lu SOI'S tout ce que tu veuxde la rivière. »
- « La rivièl'e, interl'Ompis-jc, quelle rivière,monsieur '? Mais la Loil'e est Ull fleuve, voyons! C'est leLoiret qui est une rivière. ))
Cailloute me toisa du coup d'œil à la fois méfiant eLpitoyable qu'on a pour les aliénés, Puis, il haussa lesépaule.. ,
MAROC
- « Fleuvc ou l'ivière, je m'en fous, proféra-t-il avecautorité. Tout c' que j' sais, c'cst qu'tout c' qu'y a d'eaud'vant toi, ça s'appelle la rivière. El j'le conseille pasd' l'appeler autrement d'vanl ceux (lui sont à la couIc, tul' ferais prendre pour une bille, ))
Sot que j'élais, quand j'y pense, d'avoir pu croire quepOUl' satisfaire il la hiéral'l:hie géographique Cailloute eLses semblaules allaient nommer d'un mot masculin ceLLeLoir'e il laquelle ils étaient al tach{~s d'une si ùpre, d'uncsi jalouse passion. Maintcnanl qu'ils m'on appris à dire« la rivièrc \) comme eux, avec leur accent ehnntanl, eniusistant SUI' le son ouverL jusqu'il en avoir la uouchepleine pOUl' ;,;aVOUI'er la douceur de l'eau vive jusque dansson nom, je reyois toulle chemin que je parcourus jadisSUI' les traces de Cailloute, toules les étapes difficiles eldélicieuses de mon initiation.
Et d'abord, ce vnste paysage plein de ciel cl de ventau milieu duquel divague la LoiI'e, ce paysage 'Ille jeu'aITroutais qu'en de rares circonslauces dans de sagespromenades el qui élail pour moi désert ct comme schématique Cailloute sut à la fois l'agrandil' dl'meusur(mlCutet le retrécir à ma Illesul'l~. Grùee à lui, toute ceLLe videétendue devint foul'lnillante de noms, et j'eus tot fuis dedislilJg'lCl' par leUl' nomenclature ces grèves el ces riosmonoLones où les yeux des pl'Ofanes cherchellt en vainun poin t de repaire.
J'appris avec ravissemenL (Iu'au débouché du pont JeVierzon le faux bras de l'Ile Charlemag'ue rejoint la Loirecu un lieu dil. l'Amérique; qu'au Cabinet Vert succèdel'Orbette, il l'Orbell.e, le CalTé, au Carré le Pnl. Outl'e lesmouilles qui tiI'ent la plupart du temps leur uom du paysriveraill, je sus les appellalions plus secrètes des calles,cL là où les lermes manquaient, je pus, comme les mariniel's, cametériser les régions de la l'Ïvière pal' les pal'lieulaI'ilés de son cours ou dc son IiI. .Je d iseel'llai lesHoches Blanches, les Sables Mouvants, les Failles, là oùje n'avais auparavanL connu qU'lm fleuve pour ainsi direanonyme sous un tl'OP grand nom.
Celte extrême précision me donna le sentiment desdistances (lue j'évaluais mal aul.refois et me fit eomprendre l'amplclll' réelle de ces paysages daus lc:;qucls rien nelimilait les rcgards. i\hl.ls aussi l'immensité se tl'OuvaiLréparlie Cil canLons, ct chacun d'eux vivait pOUl' moid'une vie partieuli(~regrâce aujars (1), au sable des grèvesil l'odeur du vent, à la couleur de l'eau. J'érigeai,; ceuxque je préfémis il l'exclusion des autres en autant d'empires chimériques dont Cailloute et moi éLions les souverains ct que je peuplais d'imaginaires aventures COlUmesi ma vie nouvelle n'avait pas oITl'rt d'alimenls suffisantsà Illon ardeul', Cal' désormais, durant mes loisirs, je nc'1uillais guère Cailloute. La classe finie et mes devoirsbâclés, je prenais ma cOUl'se vers l'OrLeUe. Sans affronterLadoué 'lui me faisait peur, je descendais slIr la peliLegrève et je me faumais jusqu'à la ririère sous les lingcstoul'lnentés du venl. J'avais souvent la chance d'y trouverCailloute; (IlHllld il n'y Mait pas, je scrulais l'horizonpour y déeouvl'ir la silhouelle familière de son bachot etje le hélais à pleine voix comme ceux qui voulaient l'asSeI' la Loire.
En effet, à ses nombreux métiers, Caillou le joignaitcelui de passeur, Mais il ne l'exerçait régulièrement queles dimanches el,jours t'él'iés pOlll' transporter les amateursde l'Ol'belle ù l'l'pi de la digue qui ('sL llll endroit rt'JlulépèchanL. Les aulres jours, Cailloule occupé il lirer poUl'son compte sable ou poisson, ne sc dérangeait guère qu'cnl'honneur de ceux donl la voix et l'allure lui rcvenaient.
(1) JlI.l''';; g'I'IIVil'I', glllr'\,.; .
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Devenu SOli matelot el investi de sa confiance au poin~ desauter SUI' l'enrochement le premier et de raidir l'amarrepOUl' aider au débarquement, j'admirflis dunmtla traversée la rneneilleuse économie de ses gesles cl son habiletéil l'user alec Je courant, lalllùtmarchant toul le 10llg dubateau, la bourde sous l'aiselle elles mains au bordage,lalllôt poussant ù l'alTière a petits coups, allentif <'t maintenir le nez de la barque dans le sens de l'amonL Audessous de nous l'eau transparenle coumit SUl' un gravierfauve qui, se dérobant brusquement par endroits, nouslais"ait porlb sUl' une onde opaque el glauque dans laquelle la bourde de Cailloute enfonçait.
_ « Ici, aIlIlonçait-il viclorieusemen t, y a de la floUe! 0
Il monlrait il l'appui sa bourde ruisselanle et les femriaient un peu llerveusemellL Au resle, quand ellesétaient jeulJcs el bien l'ailes, Cailloute se chargeait volontiers lui-même du soiu de les me LIre il tene. Enlevéesd'autorilé, il les passaient ,lUX ho'omes déjà d~barqués
avec des plai:::anteries dont malgré tous les progrès quej'avais l'ails dam; sa lang'ue je ne saisissait pas très bienle sel mais qui les faisaient l'ire cn protestalll comme sion les ,n'ait chatouillées.
Hien pourt~llil ne valüilles jours où 1I0US étions seuls,Cailloute el moi, lorsque nous allions recollnaîlre dalls dt'sbancs de barL dlolls ou des coulées de jars très loin parfoisjusqu'au large de Combleux, et même au-delà. C'est dansces expéditions (lue j'appl'cnais il comprendre son parlercomposite et pilloresfluc, œ sabir (lui charriait pèle-mèlel'al'got du milieu, celui des mariniers, des clochard, desmarsouins, avec Ics beaux mol;; paysans cueillis sur lesri l'es au ltasal'd des escales enlre la Touraine et Bourbonnais, Il y fallait ajouter ceux que Cailloule, poète <'t samanière, iuventait parfois, ct si heureusement qu'ils scmonlnlient viables et qu'on les entendait répéter sur larivière pal' d'autres bouches que la sienne.
D'ailleurs, notre l'éelle intimité !le data que du mo·Illent où je pariai la même langue que lui. Cela Ille valutaussi dl'oil de cité pal'lni les hmcos (lu'il fréfjlICnlait, casteméprisante et fermée, qui ne sou\T"il, conllne Sésame,(pt':l de certains mols habilellle!lt plaf;t~s ct il des formulesobslinément rép(~l('es. Surtout, c'est dans ces cl'oisières àdeux que Cailloute ll1'apprenaitla Loire, heureux d'avoil'avec lui 1111 compagnon facile à élnet'l'eiller. Au Leau milieu d'un remous, il immobilisait son bachot.
- Il H'garde voir à droile, pHI' dessus le bordage! Tu
vois-t-i' au fOlld! »
A tmvers l' cau je disceruais UIIC masse noire à peuprès rOllde, un tronc d'arbre entraîné par les crues d'hiveret sans doute engagé dans les pierres sur le lit du fleuH~,
- Il Alors, disaiL Cailloute, c'est '.IDe bill' de IJois,t'es ben SÛl' '? Ben tu vas la voir, e'te bille. »
De sa iJOurde, illteurlaillégèrement la masse sombreque je voyais soudain à ma grallde stupeUl' remonler avecune lente majesté, Cailloute triomphail.
- « Tul'as vue, ta bille"! V'là qu'a remonte il conll'ecourant il c'l'heure, A s'ra ù Combleux avant nous. Tu::;ais mon p'lit gars, des brochets comme çà, en a pasbcaucoup d' pareils, mais y en a tout de mème dans larivière. \,:a va dtlllS les trent' livres et plus, et tu peuxt'imaginer c' que ça détruil. Et i' sont malins, ces pépèreslù, lu m' croire. J'ai mainles fois essayés d'en sodir un,Blais t'ien :\ raire: corde il guitare, fil d'acier, I;a coupeLoul, c'tc vermine. ,J'en ai vu un qu'une fois sur un' grèveà l'embouchure du canal. Les loulres, tu sais, mais elless'éLaient mises ù deux püur le crocher, mâle et femelle, etpour le lil'er su' l' sable, j'ai vn leurs empreintes. Quandon les a dél'ang'ées, clics lui avaicnl déjil croClté la moitié
MAROC
des reins, et il pesait trente livres encore, tu t' rendscomple, à la balance du boulanger où qu'on l'a porté 1D'ailleurs, ya sa tèle au lllUSt)C ; lu parles d'un oulil, etqu'est-ce qu'on n'a pas trouvé d'daus comme poiscaillequand on l'a ouvprt ! Ça ravage tout, c't'engeance ! )1
l\lais cc n'Hait qu'un dépit de concurrent qui faisaitainsi pader Caillou le, car dans la hiérarchie des habitanlsde la rivière l\lablie par ses pal'cils et par lui, les In'ochetsvenaient en bonne place immédiatement après les aloseset les saumolls ; ct tous n'étaient pas impossibles à prendre, En tous cas, tous ceux qui frèquentaientune mouille,Cailloute les connaissait; il savait les pal'ages qu'ilshantaient, leUl' parcours de chasse, et illeu1'(lounait desnoms.
Il y avait le Broclzel-du-t:uuranl-de-la-poinle-de-l'ile,celui d'EnlT'e-deux-yrèves et le Gendarme ainsi nommépal'ce qu'il portait des éhevrons dun bleu plus marqué,Qu'il sût nous donner du fil à retordre, ce Gendarme !Quinze jours durant - c'élaient alors les vacances - nousposâmes il son intentions des collets de laiton dans sespassages ordinaires, ces rigoles que lors des basses eauxles brochets lracent en traîllantleur ventre SUl' le sablemou des grèves quand ils vont chasser, Nous essa'yâmesde l'assommer à coup de Lourde, un jour qu'il se manifestait en sUlofacc au milieu d'un éclaboussement d'abletteséperdues. Nous nous résignâmes enfin à le pêcher régulièrement avec une ligne à vif tendue à l'a1'l'ière de lIotrebateau. t:ailloute enrugeait.
- Il Nom de Dieu! c'te grande vache! j' finirai bienpal' le poirer! l' peut êt' malin, mais j' sUis'col'e plusmalin qu' lui. "
i\lisère! le Gendarme se trufl'ait de nous, Tantôt ilfaisait ricochcr le fretin sous notre nez et nous pouvionsvoÏl' entre deux eaux son grand corps filer comme uneombre; tantùt il poussaill'impudence jusqu'à tuer notrevif sans se pl'l~ndre au triple hameçon, Mais le pis, et ce(lui faillil exaspérer Cailloute) c'est qu'nn autre que luifut sur le poiut de prendre le Gendarme, V Il autl'e .. , et(Iuel autre! lHème pas un ma1'Ïnier, un braco, un hommede la l'ivièré, enfin! mais un bourgeois, un PariSien, unde ceux que Cailloute m'avait appris à nommer Il lesbilles ,l, un de ces pacifiques bourgeois qui pêchent dubord avec juste engins, sottement respectueux des lois etdes règles, et (IU'il convient de mépriser parce qu'ils nesavent pas y faire ct parcequ'il n'aiment la rivière qued'une molle tendresse.
Quelle alerte à parLil' du moment où quelqu'un criadu bord
- « Vn bloc à la ligne du père Pouget!» BrusqueIllcntretourné dans son bateau, Cailloute regardait, l'œildur, les narines ollvel'les, la bouche mauvaise,
- l( Nom de Dieu 1 mon p'tit gars, c'est le Gendarmequ'a mordu; ça n' peut êl' que que l'Gendarme! Et direque c'est c 'te bille qui va s' lenvoyer ! »
- « Il est monlé solide'? Il
- « Cte malice! sur de la corde il puits, comm' pourtirer un cheval. Tiens II' second floUeUl' qui fout l' camp 1JI
Mais le père Pougetll'é!ail pas de ceux auxquels laLoirc abandonne parfois en offl'llndc des brochets pareilsau Gendarme. Affolé par un si beau bloc, il avait saisi sagaule à pleines mains, et au lieu de laisser enfoncerjusqu'au qualriéme flotteur, il tirail, les mains rivées aubambou, le malheureux! impatient d'amener en surfaceune aussi belle proie. Cailloute fil entendre un petit siffiottement l'aSSUl'é.
- Il Tire comm' ça, tu vas l'avoir; c'est pesé! »
Ce ne fut pas long: une secousse rageuse secoua lelil, le scion 1evint brusquement comme un élashque et Je
Pouget pileux ramena jusqu'à l'enrochement son vif coupéen deux par les cisailles du Gendarme. Cailloute exullait :
_ « T'as vu, c'l' bille, non, mais, lu l'as vu '! Au lieud'laisser filer, ça s'énerve comme un gosse el ça part pourprend' des gibiers comm' v'là c'lui qui cavale à c't' heure.Ah malheureux! si j'avais été au bout du f1l !... )l
Poudant il lança courtoisement SUl' la rivièrc un« pas d' chance! Il dont le père Pouget était bIen incapable de savourer l'ironie triomphante. Et c'est à nous finalement, comme c'était justice, qu'échut le Gendarme.
Un jour, nous le suprimes en amont de la mouille,tandis que, raide comme un ringard, il dormait au soleilpar trente centimètres de fond. Cailloute, toujours auxaguets, l'aperçut de loin et preste, me passant la grande
MAROC
bon. « Allons: allons 1 tu y es, vieux camarade, j' lavaisbien dit qu' çà serait moi l' plus malin. Il Et Cailloute,avec une sorte de tend l'esse, lissait doucement de sonorteil nu l'écaille encore palpitante comme pour endormirplus doucement dans la mort cet adversaire digne de lui.
Cailloute m'emmenait aussi dans les grèves quis'étendent de l'autre côté du dua, Semées de flaques etcoupées de rios peu profonds, balayées par le courant d'airde la vallée, elles donnent l'illusion de la mer. Une odeurde marée s'exhale d'elles; au-dessus, les moueUes fontentendre lems cris rouillés; des courlis emplissent parintervalles leurs lointains d'un chant nostalgique et surleU!' sable, les mulettes, qui sont les moules d'eau douce,tl'acent de capricieux festons à la recherchent de l'eau
t
rame amarrée avec un câble qui servait à la fois Je gou~
vemail et de godille à sa barque:- « A laisser porter, p'tit gars, comme si on dérivail,
mais gouverne droit. Il
Déjà parvenu à l'avant, il avait ramassé sa fouène. Jevis luire au bout de son bras le trident d'aciel'. Un bruitsec foueUée, et maintenant au haut de la perche, lcs reinscloués par les pointcs, le Gendarme brandi se tordait surle champ d'azur du ciel comme un animal de blason. Cailloute le jeta sans cérémonie sur le plancher de la bnrque.Nous vîmes s'ouvrir convulsivement la gueule béunle etson sang rose les fameux chevrons blells se foneel' cts'éteindre. Cailloute évalua:
« Il fait bien ses quinze livres. Dommage que j'ai ôtéforcé de l'amocher; il ne vaudra que son poids. »
Et r,omme un soulH'esaul d'ilgonie soulevait le mori-
qui baisse. Nous y faisions de longues et fatigantes promenades, arrachant nos semelles des profondeurs du sablesous un implacnble soleil. Je m'arrêtais soudain devantd'indéfinissables lanières noirâtres et tordues desquelles,souvent, une guêpe rageuse s'envolait.
- l( Encore une, disait Cailloute, qui n'a pu rallier larivière! Et il m'expliquait :
- DUliS ces flaques que tu vois, mon p'tit gars, ill'c'ile de, poi.N)ns sUl'pI'is pal' la décrue. Y a d' tout làd'dans: brochets, perches, blanchaille, et j'y ai donnésonvent d' fameux coups d' filet. Une vraie résel've pourbracos, tu compl'ends, ct pas moycn d' cavaler. Mais sil'été dUl'e, faut vi vre. l'ont ça s' boulotte, allons.allon! (1).
Rémy BEAURIEUX,
(1) Allolllol-allollR : hl'allr.oIlJl.
•
l\lAROC
pat' Hl~my DEAlTU EU.\
La Comédie animale. pal' And l'l' DE\L\I::-;O\
(Hllilio/ls lJel'1/(//'1i G/'(/ssel) Heures JUIves au
Maroc. pal' l''''"'t:ale ~Al~~ET (I_es Hdilio/ls Riedel')
- Un précurseur de la Pléiade : Hugues Salelde Cazals-en-Quercy. pat' L.-A. BEHGOU(;\OU.\
(Editio/ls Occilallia, E.-Il Gl/ilard, édilwr),
~Iadame l'asl'all' ~aissel entl'epl'elld de l't-habiliter le"ist'al"lill's Illal'lWaills, .le dis: l'l''habilitel', t:al' au prt~jUgl"
dont il esL jJien dil1ieile de se dUcndrc quand on eslt{~nlOin
du l1Ièpl'is dont les accablent leurs t'I'i'res de racc musulmane s'ajoute la tel'l'ible condamnatioll prononcée jadiscOlll1'e eux pal' Il' Pi'l'e de Foucauld. qui a (\cl-it dans uncde ses PI'l"t'al'es 'I"e le" ./uif" mal'ocains l\(ail'nl au del'Iliel'cll'u't'(', dl' l'{'l'!ll'Ik dl's t\lt'e,;, l\ladaull' l'a,;t,ak ~aissl'l fait
""a i';l"1l1l'1l 1 ju"lil'l' d'une erl'Cur qui ue s'cxplique gu,\re de lapat't d'ull O!lsl't'yall'Ul' :lIIssi avisé l't d'ullc ;Im(' aussi hauleque celle du l'l'I'e dl' Foul'auld, il tlloitls IIU'OIl Ill' Yl'uille
Biell que 1'Olljel dl' SI',", t'oLudl's 1l0US Cil tl'a Ille assez loiude la vie colo:liale el "III'louL dll \Ial'ol', je IlC p"is lII'Clll[)(\chel' dl' "igun\cl' aux lecteurs dc celte Henle le linl'impOt'l<1I1t quI' \1. L.-.\, Bet'g'ollg'noux, pl'ol'esscul' au Lydl'Hegllault Ù Tallgcl', viellt de ('onsal't'el' il lIugues Salel.pOl'll' favol'i Ile Fl'alll:ois l'" el Pl't-cul'seut' de la PI{-iade,
\1. Bel'gouglloux a rait pl',\c,\der d'ulle Ilolice IJiogl'aphique trl~s détaillt'e et dablie "elon Jcs ri'glcs lesplus sll'idl's de la cl'ilique modcrne, qui conslitue Ulll'Y{'l'itable lllisl' au POillt, Ull(' ,"dition allnotl"e dl'S O'U\TeSd'lIug'es Salel, suivie d'ull lexique tOUjOlll'" PI,,"ciellx pOUl'l'illtelligellec des œU\l'es des éCl'iyains du .\\ï'·IIl" sii,ele.
Ceux qui s'intt-l'essellt aux périodes de tl'ansilioll el depl'l'paration des gnltldcs {,poques littt~raires liront ayet: Ullyît' illlt"J'(\t ecs pOl'llles d'inspil'Lltion et de forme sans douLcClleOl'e marotique, mais quc ]'abondallu~ des "OUU'llil'Smythologiques et H'Jssi un sout:i asscz neut' de t:OInpositionct de eonecntration de la pcnst'e apparenlc dt-jil aux O~U\Tes
de du Bellay el de Homard,Il nous e"t pal'tinJ!ii,I'ement agréable d'attircr l'at
lention du publit: ll1al'Oeain SUI' 111I oU\î'age de cc genre.Ll's travaux eonsat:I't:" il la eonllai"sallCe du l'Im'ol'. sidignes d't\tre l'm,oul'agl"s, si loual,les l'l si Ill''t'e,;sail'l:S,Ile doivent. P,lS 11011., fail'e oublil,t' qlll' notre paLl'ie Il'l'Stpas etll'Ol'e toLdelllcllt explol'ée, eL qu'il l'e,,t.e, Illl\llle pOUl'cellX dl' ses lils qui l1a!Jilcnt!'Afl'iqul' du \Ol'd, dl' belk"décoll\'cl'tes Ù fail'e dans SOIl histoit'(' lillèrair(', ~aehons
gr't' Ù \1. Bel'goug'noux dl' nous !';HOÏI' ral.pelè.
JJI/I'OC cnl'egistl'e aVcc peÎne la 1l1OI'l de ~Iademoiselle
Sainl, sœul'lle noire H,\sidellt (;'\lIt'l'al, dt:eédée cn France,
(}ue Madame et l\lonsicul' Llll'ieli Saint veuillent hien
trouver ici, cn cellc circolls\allce douloureuse, l'expression
de nos condoléant:cs rcspcclueuses et émues.
La mOl't du l\lal'l~t:haI Jolhc a fr;'ppé la France d'un
grand deuilualiollal dont le souvcnil' esltoujours yibrant.
Maroc ,,'associe à l'expression unanime de ce deuil ct
,,'inclille ù son lour bieu bas dt'vallt la tombe du <'iralld
Com ha llall l.
penscr que les mœurs auxquelles il a fait allusion soient('elle" dl' lluelque" mellahs du bled, aITi{'I'és cl alJl'uli,", pnt'lcs pm's{'l'utioll", ignod's de ~lndall1e ~aissel.
\ous Ile pouvons qu'ôtre sellsilJll's il lT qu'elle 1l0U';dit de la vie patl'ialTale el paisible des mellahs, du l'hal'nll'des ('imetiôres l'OUI me celui dl' ~lckui's qui a consel'Vl" je Ill'sais quel pal'I'um d(' Challaall,de Louchanlcs 1,1 ll<ÙVCS supet'sti tions talmud iq ues. el sUl'toul de la noble soi l' d'illstl'lldiollcl de savoir d'ullc r;\('c plus épl'isl', quoi qu'on en pCIl"e,d'idl"es que dc pl'Olils, tl'l'S l'at:ilemellt a"similabll' cl tl'l-",'econllai"sanl(' Ù l:eux qui lui fUIlL l'oldialll'c l'l sau'lll luidonnel' I:C qu'elle allelld d'eux,
Les Fl'anl;ais du \lal'Ot: Ile peuvelltque t'ai 1'1' le meillcuraccueil il un lin'C ill"pir'(" pat' les sellLimellls les' plus l'('SpedalJ!es d dalls le" pag'cs douloul','use" ou l'iaisalllesduquel t:il't:llie celle tl1l1011nlllte chaleur' de telldresse '1"'011
trouve dalls le" lIIeillcUl'S l'OlllallS d'Elissa Hhaïs.
BIBLIOGRAPHIQUECHRONIQUE
l\I. André Demaison n'est t:ertes pas un lllconnupOUl' no,", ledeul's. Le premier oll\Tage de la sene illLitnll"e : « La Comt~die animall''', en l'e,",pl'l'e : « Le Livredes IJl\tcs qll'on appelle Sall\;lg'l'S n, a ml"riLt' ulle hauted'compense : le (;l'and l'rix dll l'onHIll de L\t:adt'mieFI'ançaise, ce qui est bicn, el un gros sut:ci's a,uprès dupllblic, t:e qui estilliellx cnt:ol'e. J'ose pd'dirc, sans risll'wrde me trom pel' iJeaucou p, la nH\me chant:e il (( La Coméd ieanimale ", l'nline pareil dissipe Loutes les méfiances qu'onpeut concevoir It'gitimement il l'endroiL de la lillératlll'ecoloniale 011 exoliqlle, Il ne chert:he pas ù séduire leledeUl' pal' lin pi llol'cHI ne fat:ilc 011 pal' des rét:its scalldalellx d'aiJel't'alions ll'Opicales, mais il lui propose de,",tll'iellse,", ct pl'Oli la bics Illédi laI ions cn III i l'aisan t meSUl'el'la distant:e qlli sl"pal'c l'EIII'Opt'cn, Slll' dl' son elllpire SUI'les autres t:réalUl'es et Slll' la maLil,re, du pl'imitif, in·eel'lain, inqlliel, sans ee,",se nll'nal'/', lremblant sanscesse pour une dignittl humaine dont il a il peinet:onsciencc,
En dlOyant un jcunc t:himpanzt", le jeune dil'edeul'd'une plantation du t:entre de j'Afriquc ameute cOlill'elui les noirs parmi lesqucls il vit, paree qu'ils se figurentqu'cn eomnulllilluant il la bde les pouvoirs illimités del'hommc blanc, ou simplement Cil l'amenant il plus det:onseienee, t:elui-ci mt'dite de rendre allx singes la terredont ils étaient le,", antillues po,",se,",sellrs el de leur aSSUl'erSUI' les hommes un empil'c llu'ils po,",s,"daient alltl'efois,
Le li\Te de \1. llemaison sc l'ecolllnHlIll1e autant pal'une pénétration peu communc de )';1me primitive ctpal' IIne ,",Ylllpathie intelligente pour l'eux de nos fl'i'l'CSinfél'icUl's qui sont les plus pl'Oches de l'homme, que pal'un scntiment trios rat'e de t:C qllc la natul'c tl'opicale a dedéme,",III't' el d'ext:essil', des illllsions ct dl' l'inst~etjl'ittl
qll'clle CI't'e, des vertige,", auxquels clic enlraine. OngOlltel'a au,",si ia fl'ant:hise d'un slyle parfailement adapt,'~
au sujet, auquel, Cil sc IllOntl'allt Ull peu dil1ieile t:omnwil l'oll\'ient eIlU'I'S un laul'l'at de L\l'ad{'mic, on ne saul'Hitl'l'pl'oehel' qu'ulll' sOl'te ,Ill mol abandon qui nI' ya du t'l'sIejamais ju"qu'ù la Id'gligl'tll'e,
•
•
•
MAROC
pour Madame
t
•
L" ro~'"r, la lill'lIl' dl'tJill' d" la lallll)(',
La l't'vel'ie aH'e 1" ,loigl c()nll't~ la "·lllIH.·,
L'h"lII'" du tl,é l'ulllanl pl tl,,~ livI'p8 r"rIUt·'~,
La dOlW"lIl' dl' ~"nlil' la lin d" la ~oil't··t· ...
avec l'ongle l'Ion su<;ait le ~doigl saus
I\olle ('II Illollsselille illlpt'illlt"(' ol'allg'l"eCol el. poig'ul'ls l'ornl('s pDI' des petits
biai" l'eli,',s pal' des jOlll'S, ,'II ti"su ulli,aiu"j que la bandp du dU\'anl.
La jllpc esl luoul(;e pal' d('s plis platsdl' 1 elll ; la ccinllll'c nouèt' derrii'l'c cslt'~galelllPIII pliss('p.
vcrgogne,
De c:cs c:ortle[,.; de 1Jonhons au couvercle
de c:al'lon l'abattu et clos d'Un l'ouge
ruban échevelé, j'ai gardé un SOll\'elllr
vol uptlleux d tend re q Il 'a ueUlle
digestion laborieuse Ile me lit jalliaiB
renier,
Toutc la rigucur de nos hi\ers prl~sents
vient de ee que l'on dit radialenl' au lieu
de dire ;\Lre, et llue l'on dél'ende allx
petits enfants, SOIIS lin prélexte d'hy
gii~ne, de léchel' leur doigt poisseux,
Lcs délices de l'!ti\'er, les \oilù biell,
Mada 1Il(', gl'Ù2C:\ q ncltlllCS vers ébauc!tps,
\'os oC:Lllpations de grandes pel'sonnes
sont plus graVl~s ail c:oin du l'cu:
ic:i hcrmincpas avec dl' la neige
gl'llH'e",
supcrl1ue - nIais avcc: son m:lllteall dc
vcnt, de froidure ct de pluie, qui l'st
SOIIS tous les climats scmblablc, ù
quclques Ol'llcmcnts pd's, nous nous
trouvons pm'eilles ù la c:igale, fris
sonnante ct IOllle marl'l (k son im-
cl quand l'hiver \'innt pour dc bon, 1I01l
A\'ez-volls nppréc:ié ln dOIlC:cul' de c:e
gesle que l'on l'ait ù genoux au seuil de
l'hiver'! Du loyer déc:ouvel'l des c:eudrcs
s'l~c:happclll et volligent 'lui ont 1odeul'
et le c:al'adèr'e impalpable. irritant du
souvenir, Souvenirs d'ènrance, .. L'hiver
appartient ù elle mieux lIllC le~ saIsons
peuplées dc jardins 1Jrùlants et de
chemins buissonniers, SUI' les cendres
éteintes, on l'el l'ouve la trace des
souliers de Noi'! et le pal'1'um du sapin
l'aussi pal' mille petites bougies lJUI ont
de la peine il se tenir droites au Lout
d'un fil de l'cr adroitement entortillé,
Oh! ces peliles lJOugies de NOl'!, en
"pit'ales, anne1t"es c:omme des Loudes
puériles .. , il semule qu'elles s'allument
loutes en IIH\me temps a\'ec: la premii're
l1amilée de l'ltivel', et une joie secrNe,
IInl' en!'antinc espénlllce illutl1ille le
C:(CU1' comme la clJanI!Jl'e,
Lcs maisons sonl llIal c:haUl1...·b, rnrrs
sonl les architectes qlli ont prévu le
c:llHutl'age central en mèllle temps que
le Ke1Yinator, les C:<llTeaux du sol gi'lellt
1<, plante des pieds, les jointures des
portes et des l'endres laissent passel'
des vcnts cOldis, et SUl' la prol'olldeur
nOire d'Ilne c:heillinée on li'\,e avec
prl'c:ipilnlion un rideau l'ouillé qlll
Une papillole llui enveloppait IIne
friandise brille enCOl'e au lond de la
cheminée, et l'on se souvient du goùt
des l"~slius de Janvier, A\'ec (luelles
inlas,.;ahlcs dl~lices, quaud ou avail douze
ans, la langlll~ t'Ùpait ce papier ('(~l'he,
argenté. qni entoure un malTon glal'é
011 tlll l'h()('olal; on le lissait ensuitc
Causerie
Le froid qui séviL depuis IltlCllIlles
jours avec nne l'igneut' depuis longtemps
ignorée au ~laroc nous laisse apercevoir,
chère leetl'iee, avec constel'llation, qu'en
matière de vètements ehauds 1I0US
sommes fort dépourvues quand la bise
est \'enuc,
Ail pays du paradoxe, on IIC saurait
natmellcmenl qu'avoit' froid, puisqu'il
cst l'épnté pays challd; mais ce paradoxe.
Hobc (hl IilleLtl' cn TolJl'ako itlllJrilll('petite ceintul'c en daim de couleur assortie au tOIl dcs I1clIl'elt('S,
Col cl l'CVCI'S dl's mallches l'Il l'obra!coblanc,
le plus élonnant qlli soil, s'l'xplilluC
assez aisemenl de pal' sa natul'e 11Ième,
Ail Mm'oc, (lui jouil pl'esque d'un bout ù
l'autl'e dc l'année d'llll ciel c:lémcnt ct
d'unc tempél'atme idéale (les mois de
canicule ne comptent pas, puisque vous
les passez en Fi'ancc), 011 ne saul'ait
songel' sél'icusemcn t ù l' hi ver, p(~I'iodc
négligeable, hiver d'opl'reLLe ('0 III me ('es
déc:ol's dc papier pcinl où l'on l'ait
lomher de la neig.' en a('ide horillue,
MAROC
t
•
lelld l'evoluplueux
Huile CL) mOI1Sselill(~ illlPl'illlt"c UI',llIgo',cCol et poig'II('ls l'UI'L11l'S pnl' dcs pl'iits
hi ai" l'l'Iii,,, pal' de" JOIlI's, ('II lissll uLli,aill"i qlle la hande <Ill dm'alli..
La jllpe est IIIUlltl'C pnr (lPs plis platsde 1 CIII; la l'eilltll/'e nouéc c!cl'l'ii're estl~galcLII('lIt plis>il'C.
vcrgogne.
L(, ro~'('r, la ItlCUl' dl'uill' dl, la lalllp",
La l'('vel'ie av('c le doigl coull'e la lelllpe,
(,'hpl\I'c du Ihe l'ulllaul pl (lp~ livl'('H r('rlll"'~,
La dOlll'('UI' dl' ~el1lil' la lill dl' la ~Oil'"·'·'''
avec l'ongle et on su<.;ait le rdoigt sans
digeslion labol'ieuse ne Ille lit jallllli;.;
reUlel',
De ces eol'tlels de boubons au couvcrcle
de carton raballu ct clos d'uu l'ouge
ruban échevclé, j'ai gardé un souvenir
Toute la rigueur de nos hi vers pl'll:.ienls
vient de ee que l'on dit radialeLlI' au lieu
de dire ;Ure, et (11lC \"on d(Sl'ende aux
petits enfants, sous 11II pl'élexle d'hy
giilne, de léchel' leul' doigl poisseLlx,
Lm; délices dc IÎlivel', les voila bien,
Malla ml', gl':I2C il q lle!flllCS \'el'S ébauchl's,
"os occupations de gran(les personnes
sonl plus grav(~s Hli coin dn l'cu:
ici hel'minepas avcc de la neige
Les maisolls sonl III al chall[1'0c" rarrs
sont les archilectes qlli ont prévu le
dWlIll'age cenll'al en mème temps qlle
le l\eh'inalor, les carl'eaux dll sol gi'\ellt
la piaille des pieds, les joilll urcs des
pOl'tes el des l'eIH~tres laissellt passel'
de,; veLlts cOlilis, ct SUI' la pl'l\l'olldeul'
nOll'e d'lIlie chelilillée 011 li've a\'(~c
pl'l~cipilation Illl l'ideau l'ollillé qlll
gl'lnce",
cl quand l'hiver \'innl pour de bon, lIon
superllue - luais avec son manleall de
venl, de froidure cl de pluie, qui est
sons Lous les climals semblable, il
qnelqlles omemenls pl'i's. nous nouS
ll'ouvons pal'eilles il la cigale, l'ris
sonnanle cl [alite nWITI dl~ son Im-
A vez-vous a ppr('cié la dOllceul' de cc
gesle que l'on rail il gelloux ail srllil de
l'hivel' ~ Du (oyer découvert des cendres
s'échappelll cl voltigent 'illi Ollt l odeur
ct le cal'aclèl'e impalpable, ilTilaut du
,.:ouvenir', Souvenirs d'ênl'ance ... L'hiver
appal'lienl il elle mieux que lcs saIsons
peuplées de jardins }Jl'ùlants ct de
chemius buissonniers. SUI' les ceudres
éleintes, on l'cl l'ouve la tl'ace des
souliers de ~oi" ct le parl'lIm du sapiu
roussi pal' mille petites bougies (lUI onl
de la peine il sc tenil' droites au bout
d'tm fil de fer adl'oilement entortillé,
Olt! ces pel iles bougies de Noi'i, ell
spinl!es, anllelt'~es comme des Doucies
puériles ... il selllLlc (IU'elles s'ailulllelli
Ioules en ml~me lemps a\'ec la pl'emii'l'e
Ilalllbée de I"hivel" el ulle joie secl'i·te,
une' enfanline espél'tlnce illumiue le
CleUI' comme la elta111 l)\'e.
ulle papillote qui ellveloppail ulle
l'rialldise brille encore au lond de la
clteminée, ct l'on se souvient du goùl
des l'eslins de Janvier, Avee quelles
inlassables dl~lices, qllalld on avail douze
HIIS, la lHllgUP n\pait ce papiel' l'ôche,
arg"ilnlé, (illi enloul'e UII marl'on glacé
011 tlll chol'olal; on lc lissait ensuile
pour Madame
1•ilil
iliiIlIl'1
Causerie
An pays du paradoxe, on Ile saul'aÏl
nalul'ellement qu'avait- l'roid, puisqu'il
est répulé pays chaud; mais ec pal'adoxe,
Bobe dll HUdt(· eu Tobl'ako illl pri III l'pelite ceinture en daim de couleur assortie au tou dcs nelll'cLLes.
Col el revers des manches en TobralcoblaIH;.
Le l'roitl qui sévit depuis (ltlCl(llies
joul's avec une rigueUl' depuis longtemps
ignorée au :\laroc nous laisse apercevoir,
chèl'e lectl'ice, avec constemalion, qu'en
malière de vèlements challds nous
sommes fort dépourvues quand la bise
est venue,
le plus élonnanl qui soit, s'cxplique
assez aisemenl de pal' sa nature mème.
Au Mal'Oc, IJui jouit p"esque d'un bout il
l'aull'e de l'année d'lllI ciel clément el
d'unc lempél'alUl'e idéale (les mois de
canicule ne complenl pas, puisque vous
les passez en FI'ance), Oll ne saUl'ail
songcl' sél'icusement il l' h ivel', plll'iode
négli geable, hi vel' ll'0pl"reLle COlllllle ('CS
décol's de papier peint où l'on l'ail
101111)('1' dl' la neige rn a('idr horilllll',
•
•
ces bonheut'~donl on pl'Q(ile::;i mal el qui
sonl grands cl sages avec uu ail' pelit.
L'hiver, les visilc~, les sorlies l'I'ileu~e,.;
cl la maitl gaulée sc chaulfanl il une
Hamme élrangi're ,f~'anl que de sc tendre
vel's ul1e l'l'agile lasse de Chine qui Il'a
l,as l'arôme l'amilier .. , les obligalions
mondaines, hélas ~
Mais les délices de la fl'Oide saison sc
oomenl, ~!adame, il ces choses poéliques
ou frivoles, ct je dois vous parlel' main-
Hohe pOUl' gralld(' lilldll' l'II ('l'(\P(' d('l:hin(' 011 lal1'das l'ose,
Petits plissés boulous perles l'oses,
tenanl des moyens pratiql1es de nous
défendre coulre le froid qui uous pn'Ild
en suqH'ise cl désarmées devant ses lances
aigue::;,
.l'entends di'jù le cli(IUcli~ des aiguilles
froissant la doul:e laine de i\légiwe, il la
mode parce qu'elle ('~V(H(lW les sporls
d'hiver cl la Suisse, .. i\lais Ilulle Il'a
le conl'age d'é\'(lquer \l'ralle, \l'rane, qui
serl ù d('ux tins, cl quc 1'011 complolait de
ll'ausl'l,rIUCI' l'Il une cOlluette slation
d'hivel', ,;'euorgueillira-l-elle de cc
souple chandail ,;porlil' aux ligne,;
g(~om(·tri(lul's, bario\(' comme le devoir
d'uu pOlache qui sc sct'ait anllIS(~ Ù
peindre la ligure de sa démonstralioll '?
,"ous ayez bien raison, 'J:ldam(', de
l\lAHOC
tricotel' acli\'emenl, Cela réchuuf1'era vos
doigts goun\s el \'OUS donnem UII vê
lemeIlt confortable, le seul ù parler en
celle sai~on, a \'(~c de gl'OS soulier~ lac('s
SUI' des liaS saus lransparelH:e, Ainsi
l'duc, vous .llOulTez oU\Tir la porte
d'une main hardie, gantée sans mièvrerie
ct vous enfoncer dans le grand ,lIr
coupant d'un beau malin de gel. Ah,
la baIl ne selJsation d'avoir les joues
peintes au vermillon sous le pinceau
un peu vif dc la Lise où semLle s'êlre
glissé trois poils de criIl .. , la Lonne
sensalion " tandis que d'un pas alerte
on martèle la tenc dlll'cie où déjil les
odeUl's du p,inlt'mps se composenl
auloul' des Jeunes pOlbSCS ensevelics,
Ici l'lli\'er esl cout't el déconcertant; il
a des faccs multiples, lanlôt pluvieux,
humide ct morne comme nïmporle quel
hivel' dans une :-;omLre petile ville du
:'101'11, Llnlôl (\datant, avec un beau ciel
dur, nui, l'lIlgur:lIlt comme une SO\(:
glad'(' de haut prix, hivcl' de Cllte
d'Azur cl de :\l(~ditel'I'alli~t', Ces hivers
lit nOlis n"sen'ent l'un el l'autl'c des
joul'llées tri''; l'l'aides où le besoin de
se cOll\Tir primc taule coquel.terie,
devienl le dWl'manl instinct primitif'
un peu animal de retl'Ouver la chaleur
coùte (Ille coùle ct rejoint le gesle
pud iq uc de l' E ve frissonnante,
Ll'S beaux cndll';helnenl.s dans la che
Iniut',c ou 11I(~nW la l1al11111e Illelie dunc
Iilnlpc it pétrole - on ll'ouve maintenal,l
dcs modi'lcs si p('rl'ed ionnés qUI
nous l'pal'gnclll l'cnnuyeuse IJesog'ne de
tlsOllllt'r ct le souci de l'ciller ù cc que
Ir, bùche\' soittoujoul's gal'lli, ne sul1isenl
pas il nous donne\' celle chaleur récon
forlante - on Ile peul pas l'ester élel'llel
ment aupr('s du l'cu n'est-ce pas! - ~\os
occupations, deplusen plus, nous appel
lent dehors ct il al'l'ivc souvenlque :\!on
sieur ct l\ladame rentranl en,;emble de
leur tùdw quotidiennc s'exdaIllent au
scuil du logis glacial: « Hrr.. , qu'il l'ait
donc froid", »
Il faul ,;onger it nous munil' de vète
ment s pl'a liq ues (lU i nou,; pCl'lllellronl. de
bravet' lous le,; ICIIlP';, Lcs ("pais ('hall
dail,; qllc l'on pcul rendre si coqllcls
avec un peu de goùt d'invenlion el d'a
dresse sOlll tout indi(llIt~S avec la jllpe de
gros lainage d'ulle allure ,;porlive, sous
l'indispensahle manteau inlperm('abili"é
- on en l'ait ;llIssi desijolis, cn ('l'(''pe de
Chine pOlit' l'ecevoir l'eau dll ci(01 .. ,
.l'avais dOliC l~spéré vous lin,,?r celle
tlolH' dll soir ('II (,l''\P!' s,dill "Jall'" 01'11(',('
dl~ lllh(~.; dl' !ll:rl,'s pl d(' slriiSs l'orlll:llllIII 0 1il'.
l'oi~-ci les l'oints llOuv('aux des tricot:-;
de Jaine pour vous perlllellre la con
fedion de pull-ovel' seyants Pl douillets,
mais l'atelier de modl~ lilti s'oecupe toul
spécialement de vous il Paris a dt':\:lIIllOIl
allente cl Ill'a envoyé pOUl' vous sen'ir
de Illodi'les l'CS jeunes femmes gra
CIeuses, ces Illignollnes lilleUe,;; elles
ne craignenl pas d'all'l'OIlter en robes dé
col1eté<'s cl <'n llHlIlChcs courtes l'atmos-
ph(~re glacée de nw causeric d'hiver .. ,
~IICIIELl:'lE.
I~~L~N~:. \ 11... ] !<:;'S
\ ous appn'llons an'(' plai,;Îl' lesl,ia\\(:ail1es d~~ :'Ilad('nwiselle IlayolI, prolcSS(~III' d(' ';IXli'Ill(' au L\('("(~ (;olll'aud ÙHabal, l'l dl' :'II, (:IcI'nwlI'n, atll'il'n adllliIlisll'atelll' de la l'e\ll(' lIJa/,(J(', adtlell("Illelll dil,(,('tellt' dl' l'Ulli('1' de PllolieiU'et de Rl'llI'l'spnlalioll;\ (:asaldanca, \OIlSndrpssolls allx d<'Il'\ fialll'("';, 1I0S Yin's dSilll'i'1'i_'s f('licilHtiullCi,
#
MONDANITESLe mariage DAILLIER-CORDIER
Le 10 lk('ellllJl'c dl'l'niel' a ('LI) 1'1'./1'./' d, Ù l\ahaL leIllal'iag'l' dc \ladl'Illoisl'Ik \Iadelcine Cordier, lille dl'
\1. (:ol,d leI', Prcmier Pd'sidcnt dc la COUI' d',\ppcl de l'eUe
ville, aVCl' le lientell<\nt Piel'I'e Ilaillil'l', du :-;el'vicc dcs
,\Il'aires Indigi'lIl's du \l<trlll',
l\lAROC
les jeuncs l~pOUX, fiL cnLendrc ensuiLe scs accents ('10·
qnenLs, aUcntivenwnl snivis pal' 1lIH' t'onle 1"IllUt', dans
une atnlOsphi'l'e de sympathic d dc l'('I'ueillcllll'nL.
lin gl'al'icux COl'Li'gc de jl'uncs filles el d'cnfants l"tail
la gardc d'holllH'UI' de la nlarjl"l', l'avissantc 1~1 chal'Illank
dans sa toi!eL\e ]1\;lIlciw d'nnc 1"ll"ganll' silllplil'ili'"
.\ la sortie de la (:allll"dl'ale, SOIiS le porche oil SI'
prcssait eill'Ol'C \In pliidil' nOlullI'l'nx, Il's jl'lIn!'s IIl,II'il"S
Le cOl'Lège dholllleUl' du mariage Daillier-Col'llicl'
La cérémonie t:ivile avaiL
eu lieu le Ç) décembre, aux
Scnit:es \lunicipaux, cn
pd'scnt:e dcs LtmlOills el, des
PI'Ot:iH'S parcnLs. l\l. Habaud,
(:hef dcs Scniccs \Iunici
panx, remplissaiL les fone
1iOlls d'o!ïil'icr d't-LaL-civil.
La l'l'rl'monil' l'el igicuse
.;'csL dt\roldl"e enla Cathl"lIJ'alc
:-;t-Piel'l'l" devanL 11lle nonl
breuse assislance qui rt"'tlllis
sait tonks les pCI'sonnalitl;s
l'iviles elluiiiLail'c",; dl' la vil"'.
()n ren)arqllail la pn",..;elll,c
de \1. Lucil'n :-;aint, rési·
dent g'l"ul"ral dl' Fi'alwe ,III
\Ial'Oc, al,.,olllpaglll"de \1. Yoi
zard, l'ill'!' dl' ,..;on (:ahinl~1
(:i\il, el du lieutcnant dl'
vai",;sl'an BI'lln, aIL.wlll" naval.
Au l'olll'S dll sel'vicl' l'eli
gieux, dcs plus imposants, SI'
lil'cn t appI'l,clcr, alLcrnan La vce
les sons gl'aves cl Illajestueux
des gl'alldcs orgues, des soli
de \iolon cL dl' \'iolon('l'ile
l'Xl'TII1 1"S an'e 1111 gTalld 1<111'111.
La helle al1oeuLion d n
n, P. Colombiej', qui IlnilLe jeune con pie Daillil'r-Cortiit'I'
sourianls passt'-!'enl sous la
vOIHc d'aeicl' l'OI'!ll('C pal' les
sabres HU clail' d'ullC dou
bit- haic de jeullcs ol'liciel's,
l'oIllpagllolls el amis dll lieu
lellallL Uailliel'.
A lïssllc de la bl"nédidioll
IlllpLiall'. lin IlIlIch t'ut ollel'L
dalls Il''''; salolls dl's :-;el'viees
;\llIlIie:pallx pal'Ie,..; pal'l'Ills du
jeulle l,OU l'Il'. (:eLLc l'l'l'eptioll,
ljui t'III dl''''; plu,..; I,,'illallles el
dl's plus allillll"I'''';, l'etillL 1'01'1,
tard daus la soil'l:e Ull gl'alld
lIollll,,'e dïll\ill""';.
(}IIC ~ladall)(' cl :\1. 1('
1jl'uLellalll Pit'I'j'l' Ilaillil'I'
\cllillelll hiell ll'oun'l' leI,
a\el' 1I0S vœllx de \JOu!leul',
UII {'c!lo tardit' mais loujouI's
ehall'ul'eux dl' la sympalhie
ljui les l'IIlolll'a cl sc llIHIIÎ
l't-sla ullalliml'lIlelllie jouI' de
leIll' ullioll. i\os sillei'l'cs fl'Ii
('ilatiolls \0111 aussi ù Il'UI'S
t'amilles. :\Iadallll' t'l i\1. Ilail
lil'I', \Iadallll' ('\ \1. (:Ol'di('I',
,.,i IJÎcll COI1I1I1S t'l cslillll'S.
t
La Protection des Animaux
(:'esllil IlIIe qlleslion dl\jù \Ïeilk, Illl~nle dans nolreEmpirc d'inl'orluIH' animale, el ou ue lui a pas ellL:Ore dounI'· dl' solulion salisl'aisante,
()ui de UCHlS ue ,;'e,.;l l·tIlU ù yoir rouel' dl' L:OUPS dcI"Hou uu pau\!'c bOUI'I'iL:ol pliaul ,.;ous le tH\rda, ou il yoil'a\"l'C qud dl"ploiemeul de ml'lhodiquc sauyagerie un l'ondudelll' d'amba l'mppe Illl nlllicl ou lin cheyal ù lJOul dl'1'01'CC"; '? II ml' ,.;ouyienl a\"llil' YU al'l'iycI' un jOlll' aux aballoirs un nlOulon que le IJel'ger ayaill"!wrgnl' d"tlll L:OUP dell'ili'le, Lc speeLa!>le de l'elle Illaihelll'cuse bc~le, alJrulie,cnsanglanU'e, le globe oeulaire dc'~ehiquell' el pendanl,dail absolumenl hideux, De lelles sci'ncs 1'l'\ollenL il jusleliU'e Lous ceux qlll, mème sans aimer pal'liutiih'cment lesanimaux, ont au C'(l'ur un pell de bonlé el d'espril de jus lice,Elles sonl, ail ",laroe, d'une fh"qllence regreLLable, lllalgrl'les ell'mL,.; dcs pou\"llil's publics el l'eux de J'inilialiye priYc"c,(:ela esl dl'plol\lble ù bien des c'~gal'ds : qllelles llue soienlJellr apalhic, klll' apparenle indill'c"renL:e, Lous les animauxressentent el'lll'ikmenl les nlauyais lmilemenls, C'esll'indiL:e d'une Illenlalill~ nHllIyaise on bien l'msle que de mallmilel' des èLres qlli ne nous sonl inl'él'ieur,.; 'lue de bienpeu \11, qui aidenL cl,JaquI' jour il nolre ll'aqlil, si habilemenl parl'ois, d que la doul'l'ur rail" rl'll<lre » danHllage,presque loujoul's,
Cerles, ilesl des animaux rl'lil',.;, dilliciles, lille l'on eslobligé de cOl'l'igel', II l'aul alors le fail'e ,l'ee calme, modl"raLion, cl ne sc jamais laisser enlraînel' pal' la coli'l'e, D'ailleurs la rc"li\ill~ 011 la llll'cham;ell\ des auilllaux proYienl leplus sou\'enl de nl<lIlnlis lrailemenls anlèl'ieurs ou dell'Oublcs physiolog'ili'ws di yers :. sll\'(l i lé, alléra lions de la\ision, hypereslhesie g'l"nl'rale, Ce n'esl pas en l'rappanl 1111
chentllllyope 'J1l\JIl remlH~cllem d'anJil' pelll' ~
En dehOl's des l'aisons d'htlluanill'· qui mililenl en fa\'(~UI' des animaux, on ne peul niel' que le speeLalJle desl~yice,.; exerel's publiql\('menl SUl' eux ne ,.;oil pas d'un lri'sIltall\·ai,.; exemple poul'le,.; eul'anls, souyenl indill'él'enls ùla soull'muce de,.; bèll'S, crue),; pa l'roi,.; , conlllll' l'a anli'remenl eonslaLt'· Illlgo, AlIll'e raison, d qui n'esL pa" Ù
lH"gliger Ille sendJle-l-il, e'esl le l';kheux ell'eL 'lue produisenl de lelles ,.;!'i'nes Slll' Il'S \'isiteuI's el lOllrisles surloulanglo-saxons, Il ne l'auL pas oublier '[ue dans la 'majorilédes pa y,.; de langue anglai,.;e ks animaux ,.;onL lmill"s aYe(~
nH"nagelllL'lIl eL dOlleelll'l'lljlle de~ loi~ St"vi'I'e~ Illlni,.;senl11',; bl'ulaux, l'iIre~ d'aillelll's, (:ela Ill' conlribue pas Ù lIolrebon l'l'Ilom il ]('ll',lIlgCl' cl expos!' il dl'''; l'c'dlcxions désagn'~able,.;, ('Olllllle m'en lil lin jour IInL' dame anglais!' :elle conslala que nons étion~ sa 11\ ages sou,.; cc rnpporl :On me n;!lOndm 'lUL' les Anghus ne ~onl pa" ù eiler (;Olllmemodi'les de doneeul' en malil're I~oloniale, mais eeei eslIIne alllrc hisloire,
A I~Ùll" de" anilllallx llIallraiU's il y Cil a d'alllres plusnOlllbl'ellx elleOl'e : (;ellX qll'on ne soigne pas, les ble,,;sl's,le,.; malade,.; ~ Sans qu'on plli,.;,.;!' le,.; laxer de (;l'lUlULl', IJcallCOllp d'indigi'ues ne donnenl aUCllU soins ù leuI's bdeslorsqll'ellL's onl des bles";IlI'es de hal'lwehelllelll 011 qu'ellessonL malade~, l'al' l'alalismL', pal' insolH'ianee paree qlleDiell .Y pOIll'\"oil'a, il,.; (~onlinuenl ù les Illilisel' ainsi, El ilfalll allx anilllallx uWl'oeains IOllle lelll' l'Ilslicil<'~, lOllle 11'111'élonnanl(~ eudlll'alll:e pOlll' qll'il pllissenl continllel' il ll'availlL'r dan,.; dl' kll(',; ('ondilions, C('ux-lit aw-;,.;i ,.;onl inLl'rL',;sanls el il l'aul S'l'n pl'I'·oecllper.
Il apparalL dom: q'w la prokdion des anilllallx ail~Iamc, soil IIne n"I'ilable nt"ees,;iV' sociale; IIne œllVI'e ilmenL'I' Ù bien pamllillemenl il lanl d'allll'es,
1'0111' (;('.Ia, qll'a-I-on rail ot1kiellem!'lIl:) Hien si l'onsc lie IllliqIl!'lI11'n1 allx dahirs pl'onlll1gllt"s depllis l'dabli,;sellwnl dl~ l'ml('doraL. En j'l"alilt'·, Il'S pOllvoil'S pnldic,; sesonl dl'lJllls IOllglelllps ,"mil"; de ('('1 étaL dl' clw,.;es el ontl'~Sil'yl" d'y appol'lej' un l'emi'de, Ill''; I\tlï le (;rand Yizil'adressail aux Paehas une eirl'Illaire 11'111' recommandanlde veiller ù ~e qlle les animaux ne soienl pas l'objel denlall\·ai,.; lnlllemenls, l'eeommalldalion d'aillelll's inspiréc
(1) Ceux ([ue la ,[uestion in\,',,'csse tl'ollvet'ont la thèsc delïnteilig-('lIl'e des IH'Il's 1'1' Il ln "f(ua hl c III l'Ill l'xposép Pl déf('IHlnc (lallSl'oll\'l'ag-I' du v"""I'illail'l~-('0101111(,1 Il,,,''l<'g'lIil'l' : (1 [.'at'li,'ilt',ps)'chi([ue chez les animaux )l,
MAROC
de pl'escriplions coraniques, Le,.; l\IohlasseL élaienl plusparlil~lIli(\remenlcharg('s de l'appliealion de eeLLc eirCIIJail'e el devaienl, ail (~Olll'S dl' l'rt'quenlcs LOIll'nl'es, ,.;ignalel'le,; animallx malade,; 011 maill'aill's clic,; faire conduil'e enfOIlI'l'ii'l'l' le l'as <'~cltt";lIll 1\) mai I\llï),
(:es disposilions inslll'li,;anll',; 011 lomb("es (~n d"'SIIt'-!.lIIleolll dt'· l'appel'''es el l'''nl'ol'c'',(,,; ;', plllsiellrs l'l'prises pal' Il'Hc"sideul (;ènl'ral el pal' la Ilil'(~clion de la Sl''ellrill''(;lm<'~I'ale, POUl' les ressorli,.;sanl,.; fran\:ai,;, l'aule d'unell'~gislalion spl'ciale, on a l'ecommallll<'~ l'applieation desarlides -l-ï\) ct -JHO dll (:ode 1't'~nal, nwi,.; ils sonl peuappl'opl'il'S l'l prl~tl'nl il de nllllLiples illlel'I)J'<"lalions,
Tellc,; qU'l'lie,.; ,.;onl, ees meSUj'es onl n<'~anmoins donnc'~
la possibiliLl~ d'agir, ,;an" allel' il l'eneonlrl' des el'Ovanee,.;el des lisages d'ablis, sans heu l'leI' 1I's susceplibilfLés dellOS pl'ol<"gt'~s, Elles pel'llleLLenl aux agents ds L\UtOl'ilc" de~igllaler les illlli\'idus coupables de mauvais lmjlemeuLs oude nl"gligenee cl de le,.; dl~l'él'er aux Pachas (lui appl'l~eienl
leur eouduile, Chaque Illois lu poliL:e étublil ullrupport surles cas de mauvais lrai lemenls, les L:oIIII i lious dans leslluelles ils oul éll' exercés el la suile llui leur a étl~ donlll~e
pal' la juridieLiou eompélcnLe, Les c;Qupables peuvenl ôlrerrappc'~s d'umendes; les allimaux, eOIlc1uils l'Il fourrii're, vSOli L soignés j uSlJ u 'il guéri,.;on eoml'Ide aux l'l'a is d IIpropriétaire, (:erluines villes onl mc\me pris des disposilions spéciales pour la !'((pl'ession de,.; sl\viees exereésslll'ies animaux: e'e,.;l le ea,.; pOUl' (:asalJlanea el J\.lal'l'akech,
Ces mesul'es onl donlll~ des rl·,.;u!Lals ll'i's apprl~,~iables
depuis longtemps: on voil moins d'animaux mallrailt'~s ouIJle,.;sé,;, dans les villes ,.;urlouL. Les rapporls mensuels l'Ilfonl foi el les per,.;onnes rc'~sidalll depuis llueltlue Lemps au:\Iaroe onl pu apprt"c;ier elles-rlH~mcs ceLLe améliorulioll,
, , 1,),1' leur ~ùlé les pa~'lic;ulier,.;ne sOlll pas re,.;lés non plusIlHlltlerenls a la IluesllOn, Ils olll cherché à soulager lamisèl'e animale, cL e'esl dans ee bul qu'a élé créée l'Cnion~Ial'oc;aine pOlll' la l'rolecLion des Animuux, il va (11IClques;lIlnt~e,.;, Celle associalioll, donl le siilge se trouve à Casabianca, esl acluellemcnL pl'é"idôe par l\l" Marzue, Elle,.;'el1'ol'c;e pal' (,les conl'érences publiques, ù développcrl'amolli' des atllmaux el ù apprendre à le,.; bien lrailer,~lalhellI'eusemenl, vu ses l'aibles moyens limlllc;icrs, vu,il l'aul le dil'e au,.;si, l'indill'él'Cncc du public fran!:ais POUI'('elle teu \Te, ses rl"ali sa lion,.; n' 011 1 pas pu prendre jusq u' àpl't'~senl un gmnd déyeloppemenl.
Au ~Im'oc C;Olllnle d;tlls beaucoup d'aull'es pays, cc sonlsUl'loul les ol'gauisalions anglnise,.; el 'lllH''l'ieaine,.; qui fonlteU\Te ulile, parce Ilue gc"nèra1emenl lri's l'iches el pourvues de moyens d'acLion pui,.;sanls, C'esl aiu,.;i llOlammenllJu'ù la suile d'une c;ampugne cnlreprise en HJ2G par MissCOOPCI', prol'c,.;scur ù l'UniversiV' de :\ew-York, el avecl'appui de l'Il' Charles A, \\ïlliams, a élt'~ c;réé il Fl's un« Poste de secours aux animaux)J, dirigl'~ pal' nolre cou l'l''''' l'ele ,dOcleUl' (;rimprel. Cc posle l'l'cueille el soigne lesalllmaux blessés ou malades, les hospilalise jusqu'ilguérison, loul cela graluitL'lllellL. Il e,;l inconleslaulequ'uu lei ol'gauislllc rende d't"norllles ,.;ervices, el onne peul l'egrdler qU'lllle chose, e'esl qu'il soil le seulde c;eLLc impol'lanL:e au Maroc, :"c"alllnoins, dans d'aulresvilles, l'illilialive Ill'ivl'e a su \'l'nir en aide aux bêles desomme el allH"liorer qucllJue peu Icut' sorL.
,Enfin nou,.; ne pOll\'ons passer sous ,.;ilellc;e l'œuvre~THlmen1ellkace ac;compl ie dans le LIed parle,.; vélérinairesIIlSpeeLeul'''; Ik l'éleyage c1rarg("s du ,.;cniee des eonsu!lalions indigi'nes, Ces consullatiOlls dOlllH(es gmlUIlcmenl aux indigi'nc,.; nl"l'cssileux onl eonlriulll" dansun? bu'ge nH'SlllT au bien-NI'e cl ù la proleeLion des:u,1I Illau x , Lù L'IICOI'e, nOlis ne pouvons quI' (!t"plorerl'lIlsut1i'';,llll'e l'elalive du PCl''';Ollllel cOlnpélenL.
'l'clic l'sl, dan,; ,;es grulHles 1ig'nes, J'OI'ganisalionac~uelle, lanl publique que pri\ée, de la proleeLion desanlmallX au Mal'oc, lIans lin Ill'lH'hain Hl'lic!e, nous('ludil'I'OIIS le~ moyens qui nOIl"; sl'lIlblL'nl P1'0 pre,; Ùj'l'lIdl'C plu,.; l'i'lieaces le,.; disposilions exislanles cl ùeomblel' le,.; laeunes (l'l'elles nou,.; puraissenl pI'èsenler,
J)oeLeUl' 1'1.-(;, DEYIHAS,Vétérinaire,
LES FAITS DE LA QUINZAINEpal' HAVAS
Jeudi 1 .'" Janvier envol deetOO.OOO l'ranc:,; (':,;l commis au Casino deSice,
- La tempête règne SUI' les côtes deFrance et s'étend dans l'intéricuI' de laFmnce.
- Dans un discours radiodill'usé ~l.
i\Iussolini afl1rmc, en français el en anglaIs, son hOlTeUl' de la guerre cl sondésil' d'uu prochain désarmement.
- Vingt lrois mil)eUrS sonl victimesd'un éboulemenldans la mine Easl-Hand,
Vendredi 2 -- Une révolullOn éclale à
Panama; le présidenl cl plusieurs hautsf,llIclionnaires sonl arrêtés.
- Un entretien a lieu enlre les rerJl'ésenlanls des Trésor~l'les l'l'anl,;aise cl anglaise, à Pal'is, SUI' la coopéralion desmarchés monétaires,
- La Banque de France ramène il 2";"le Laux de son escomple,
- Soixanle ll'Ois posliers révotlués illa suile de la gTl'vedu 15 mai l~);m,sonl
réinlégrés.
Samedi 3 - Le maréchal Joll're, levainque Ill' de la i\larne, décl'dc il ~ h. :!;{,
- Des agenls communisles provoquenl des grèves dans les usines de laPrusse Hhénane; de violenls incidentssc produissenl il i\Ioers,
-- M, Lucien Saint interrompt son séjour
à Marrakech pour se rendre auprès de sa
sœur gravement malade à Paris.
Dimanche.f - D'innomLraLles lélégrammes venus de Lous les poinls dumonde, appol'lenl au gouvel'llemenlfrançais les condoléances des gouvel'llemenls élrangel's il l'occasion du déc, sdu maréchal JoJl're,
- D'aprl's un joul'llal anglais un cr<lnevieux d'un million d'années anrail élélrou \'é p!'i's de Pekin pal' un pl'Ofesseuranglais.
- La princesse \ïdol'ia, sœur du roid' Anglelcne décl'de il Londres.
Lundi.5 - l' ne l'oule immense défilealec l'ecncillclllent devant le corps duvaillliueur de la i\larne qui a élé lransporlé ù l'Ecole de Guene.
- Un djich a attaqué un groupe de tirail
leurs sur le front de l'Oued el Abib, Nous
avons un officier, un sergent et 11 tirailleurs
indigènes tués et 7 blessés,
MAnoc
- Un raz-de-marée enlève une grue du
Port de Tanger et endommage l'extrémité de
la jetée en construction,
- La commission d'elllluôle parlementaire sc refuse il poursui \Te ses ll'avaux avant d'avoir communicalion de lacomplabilité d'Ouslric,
Mardi 6 -;\1 Leygues, minislre dede l'InlérieuI' l'ail signer un importanlmouvemenl prél'eclol'al.
- L'all'ail'e Ouslric l'ail boule de neige. L..l juge d'insll'Uclion l'ail arrêlel' M,(;inludon, in,lustriel, ellallce un mandal
d'arrêl con ll'e M. LagrosiJ ièl'e, ancienlkpuLé de la Mal'Linique el Séjoul'llè, ancien candidal ;1 la ~lal'linÎllue, i\1. Lederlin, sénaleUt' de la COI'se,esl inculpé d'abus de conliance el d'escl'Oquerie,
- On al'l'êLe il Bouen des Chinois qUirecevaienl de l'opium en proveuance dei\!arseille el le dil'igeail SUl' les EtaLsli nis.
Mercredi 7 - Les oLsl~<lues nalionales du maré('hal.Jo/l'r'e onl été célébrée::;solennellement. Ulle foule immense asuivi le corLège. 1\1. BarLhou, minislre dela guene a prononcé un beau discoursau nom du Gouvernemenl el de l'Académie Fraul,;aise.
- La crise économique bal son pleinaux Etals-Unis; le nombre des chômeursalLeignail :!,(;~O.OOO lc :n décemlJl'e; on
cl'ainl un lock-oul dans les liIaLul'es <luial1'eclel'ail 500.000 oUYl'iers,
- Les av;aleurs iLaliens arrivenl il Hiode Janeiro où ils reçoivenl nn aecueilenthousiaste.
Jeudi S - Un complot esl dt~couverl
il CUkl, ayanl pour liul la deslructionpar l'incendie des planlations de cannesù sucre de CuLa,
- Dans son message de nouvelleannée, l'archevêque de Breslau répl'Ouvele nalionalisme fanali<lue.
- Deux avions ilaliens sonl entrés encollision il leur déparl de Bolama. Il y acin<1 morts,
- On annonce la morl de M, Molle,député el ma ir'e d 'Ol'Hn.
- Le généml Ber'lheloL esl ampulé dela cuis;;e,
Vendredi 9 - M, Rolland, chef de servi
ce à la Conservation Foncière du Maroc, est
nommé chevalier de la Légion d'Honneur,
- 1\1. Allier'l Sarraul, visile la baseua va le de Toulon,
- Des ca;; de pesle sonl signalt's dansla pl'Ovince dc Conslantiue,
- Un scaudale sans précédenl se pro-
duil il Xe\\' York où Ti jeunes :\e\\'-,\orkai"cs onl t'l'~ en\'oy(',CS dans nne m;\I:,;ondc cOI'l'eelion, sans jugemenL; de nOIllbreux juges cl policemen sont conlpronlls.
Samedi 10 - L'alLel'l'iss<lge d'avionspolonais en Allemagne provoque de nouveaux incidents enlre les denx pa):,;.
- Les négocia lions enlre pl'Opriélaircsel mineul's du Sud du pa)s de (;alles:,;onl de nouveau inlerrompues, Les tissel'Hnds de l'Ubler refusenl toule diminulion de salaires,
- Les obsèques de Mlle Louise Saint, sœur
du Résident Général de France au Maroc,
sont célébrées à Paris,
~. La lemp0Le rl'gne snI' les ctHes deProvence el la neige el 1<1 grippe sévissenl il ~lar"eille,
Dimanche Il - Cosles ct Bellonlefonl une conférence.i1 Bruxelles,
- Un incendie se déclare dans lescombles de l'hôpital. Laennec il Paris;une salle dc mdlades peuL êLr'e rapidemenl éV<leuée; il n'y a pas de victimes.
- Au tribunal de Booklyu un hercule,devenu subilemenl fou lue il l'aide d'unebarre de l'CI' qualorze inculpés cl deuxgardiens,
Lundi 12 - M. Bordes, <lncien gouvel'lleur de l'Algérit', ne sc pr'ésenlerapas ù la députalion il Cérel par suiLe dej'a~gl'a\'nLion de son élal de sanLé.
- La neige lomLe cn abondance cnOl'anie, la circulaLion esl inlerrompue endivers endroils,
- L'aviou 1\IA.\ américain TrI/de\\' ind, parli des Bermudes pour lesA\:ores depuis deux jours, n'esl sigualénulle parI. On erainl qu'il soil perdu CIlmer.
- 1\1. ChéroIl, soufl'l'aut, doit garder leIiI.
Mardi 13 - 1\1. Bouisson esl rééluprésidenl de la Chambre.
- La Chambre elle S(\rwl suspendenlleur sé'lnces en sigue de deuil, apri'sl'éloge dn mal'échal Jofrre, prononcé pal'les deux lH'<\sidellls.
- La rechel'ehe des causes de l'éboulemcllllragique de Foul'Vii'rcs, ù Lyon,rar l lroll ver uu lac soulel'win ù ~OO n\.de l'hùpilal de Chazeaux,
- On all!lünce la 1ll00'l dc 1\1. (;aulhierVillars (Willy), <pli ful le collaboraleurde Mille Cole lie.
- En Anglelel'l'e, un avion capote,dellx aulres se heurlenl dans l'ail' cl unhydravion couic; d<lns la UH\me jOllI'IH;e,liualre mOl'ls,
STEIN, ancien masseur des HOpitaux. - Massages, Pédicure. - Balima, rue Berge, Télép. 38-49
l'tABOC
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Si vous aimez bien manger
Tout est cuisiné par moi-même
On s'abon,ne partout mm"MA~OC"
sur les conflit,; ouvriers, défaile qui en
lrainerai la démission du cabinet.
- Li ue panne d 't~lcclriei ll' i IIInlObil isepenflanl-IO minutes un demi million devoyageurs sous les lunnels du mélro
londonnien ..
Samedi 2-/. - 1\1. Briand n'acceplepas de formel' le nouveau cabinet; 1\1. La
vaI, sénaleuI' de la Scine accepte la mission que lui oll'rc ~1. Doumergue.
- \\1. Buyal eslnommé rappol'leur del'a Irai re de la S.:\ .L\. Viscosa. Il déclare
qu'il esl disposé il appuyer une proposilion lendanl il l'envoyer celle a1l'aire devanlla commission spéciale de la Haule
COl\l' du Sénat.
- L'éqnipe de France se fait LaUre il
Edimbourg par li poinls il 4 par les rug
bymen écossais.- Le financier (iualino, l'ami d'Ouslric
est condamné il 5 ans de l'éclusion dansIlle de Lipari pour avoir causé de gmves
dommages à l'économie de la nalion.Dimanche 25. - Les a via leurs ilalieus
sonl parlis de Hio de J aueiro par le lmin
pour se rendre il Sao·Paulo.-- Le roi d'Espagne a signé un décrel
a ugmenlanl les droils de douane pour lespays n'ayanl pas de lrailé commercialavec l'Espagne. Celle mesure vise nolam
menl le dumping soviélique.-1\\. Laval a commencé ses consulLa
lions; l'opinion générale, dans les eouloil's de la Chambre, esl qu'il esl néces
saire d'aboulil' il un l\linislère de conCi
lialion ayanl une l'orle majorité.
AU FIN GOURMET
Allez AUflN GOURMET!
H.I1JST'.i~ CH. \ ~ rI'"111111111111111111 Madame Veuve LESUR. 111111111111111111
Rue de Iii République - RA()AT - Téléphone N° 25,00
France il \Vashinglon, remel au colonel
Lindbergh la cl'avale de commandeurdc la Légion d'honncur.
Mardi 20 Janvier. - Le (iouvct'llemenl américain envisage Illle série dcmesures énergifjllCs Cil vue de l'éliminalion des communisles aux Elals-l'nis.
- Le rapporl de la commission préparaloire du désannemenl csl adopL\~ il
l'unanimilé pal' le Conseil de la S.D.:\.- La Chambrc adople le budgel des
Finances cl aIJOl'de celui de la Sanlé
Publique.- Tl'Ois IJombes fonl explosion dans
le mélro de Buenos-Ayres, tuanl l:~ personnes; il y a de lr(~s nO:T.breux blessés.
Mercredi 21· - De violenls séis'~es
se produisenl dans le cenll'e de .Java; ilya de nombreuses desll'Uclions.
- De viol en les lempêles sévissenl f'nTurquif~ el dans la ~Ier :\'oil'e: les eommnnicaliolls enlre Ankara cl SlamlJOulsonl inlerl'Om pues.
- A la S.D.:\T. on discule les incidenlsde la lIaule-Sill'sie.
- La fulure conslilulion de l'Inde,
élabo~'ée par la conférence de Londres,conlienl lrop de réserves, d'après lesnalionalisles.
Jeudi 22· - Le minisli're Sleeg eslrenversé PaI' 2~)3 voix conlre 2H:{ il lasuile de l'inlerpellalion de \\1. Buyal; ilavail duré 40 jours.
- A la chambre des Communes le
minisll're Mac Donald esl misenminorilé.
- Le créaleur de la S.N.1.A, Viscosa,
1\1. GlIalino, esl an'dé il Turin.
- Le maréchall'daiu, successeur dumaréchal Foch il l' ,\ eadémie Française,
esl re\:u par M. Paul Yalél'Y.
Vendredi 23. - Les éludianls espagnols décidenlla grève géuérale.
- Les journaux anglais pr(~voienl que
le cabinellravaillisle sem ballu lors duvole, en lroisième leclUl'e du pl'Ojel de
Mercredi 1-/ .- ~I. Briand, ayanl depal'lir pOUl' (icnè\-e, rc(:oil la ,-isile de
1\1. IIenderson.- M. Steeg a reçu M Lucien Saint.
- l'ne mission scieulili(llIe (Iuille
Alger pour sc rendre par voie de lerre
dans l'Oubanghi-Chari.- Des fermiers canadiens 011'I'enl il
~1. ~Iac Donald le choix enll'e la sécession
ou des mesUl'CS prolégcanl leuI' pro
duclion de blé.
Jeudi 15 - ~L Doumer esl réélu
présidenl du Sénat.- La région de Mexico csl éprouvée
par un violenl lremblemenl de lerre qui
a d lll'é deux minu les.- La ~hambre dcs dépulés réinlègre
les dépu lés comm unisles ~Iarly, quiétail en prison, cl Duclos, (lui esl en
fuiLe.c_ l'ne lempéLe de nelge s'abal sur
l'Oranie, où la monlagne s'al1"aisse SUI' la
roule de ~lers-el··Kebil'.
Vendredi 16. - A Gen('ve 1\1. Brianddéclare que la France avail résolumenl
accompli les gesles les plus larges enYlIC d'assurer le renouvellement de l'al
mosphère (lui pl~se SUI' l'Eumpe.- L'ancien député de la 1\larlinique,
M. L<lgrosillièl'e, esl arrèlé au large du
Havre; il sera lransféré il Paris.- La lempèle soullle avec \Ïolence
SUI' les cùles d'Algérie, landis que lapluie el la neige sévissenl il l'inlérieur
du pays.- Les lremlJlelllcnls de lenc sc muI
liplenl au Mexique; la ville d'Oaxaca esl
délruite.
Samedi li. - Un incidenl sc produilenlre 1\1. Borel, minislrc de l'AgriculLure, el 1\1. Meyer, sous-secrélaire d'Elal
il l'Economie Salionale.- La Chambre des dépulés adople il
l'unanimilé un crédil de (j7ü millions pour
les lravaux urgenls des roules, pol'ls el
campagnes.- l'ne ralllC du Inélro ncw-YOl'kais
déraille sous un lunnel, el le premierwagon S'(;CI'aSC conlre llll mur; une cenlaine de personnes sOlll I)lcsst~ps.
Dimanche IS. - Lc Heich fèle le liO"'"anniversaire de la fondalion de l'Empire.
- Le rapide" PYI'I;nt'cs-Cùle d'Argenl, "d(~l'Uille dans les Landes, il n'y a
pas dl' vidimes, mais les lrains sulJisscnlde longs I·clal'lis.
Lundi 19. - li ne locomoli ve prellden écharpe un lrain de voyageurs enPologne. On comple Hués el 41 blessé!5,
- La ChamlJl'e des dépulés abordel'examen du budgel cl lermine dans la
mèmc sL;ance la dis.:ussion génél'ale.-1\1. Palll Claudel, amlHlssadel\l' de
La promotion du 1cr JanYiBr 1931 dans l'ordre du OUISSRro RLAOUITE
M. ANDRÉ"Joseph, prulIlu COlllnHllldeul'
M. LAKANAL Jean, prulIlu CUIIIIIl<lllll('lIr
Parmi les nOllVeaU.D pro
mus dans l'ordre chérifien du
Ouissalli Alaouite nous rele
l'ons Ul'ec plaisir les noms
suivall/s:
Au grade de Commandeur:
Hégion de Habal :
1\1. LE~ HAHDT Edgard.
DirecleUl' Général Adjoinl de
l'Office Chérifien dcs Phos
phdtes à Rabal.
Hégion du Gharb:
1\1. DECflAUD Edouard,
M, BOSCH, ,\ Hakd, prullIu C!Il,v,l!il'I'
Sc{;rélaire de la Chambre dc
Commerce de Kénilra.
Région de Meknès:
1\1. LAKANAL Jcan, entre
preneur cl colon il Mcknès.
Conlrôle Civil des Abda
Ahmar:
M. A;\DIÜ~ Joseph, colon
à Safi,
NOlis adressons aux nou
veaux décorés nos vivcs féli-
cilaliolls.
.,
f"
M. Ceorges GODDlrIN, il Habat,pl'O III Il Ot1iri!'('
M, LIBNIRT rernand, il lIalla[,\ëritiraleur eu Lâliments, p.'OI1lI1 Chcvaliel'
MAROC
~r ~COMPAGNIE DES CHEMINS DE FE~ DU MAROC
AVIS AU PUBLICLa Compagllie des Cbemills de fer du Maroc il. l'holllleur .l'illformer le Puhlic que
l'Admillistmtioll Supérieure Cl homologué le nou\'el horaire ci-aprl's sur les lignes de CASABLAl\'CA il PETITJEAN, FES et TANGER.
Cet bOl aire eom porte diversf~s améliorations et notamment l'aecélération des trains entreCASABLANCA et FES ou TANGER.
Il est appliqlH'~ depuis le jeudi (luiuze janvier.
CASABLANCA-VOYAGEURS - PETITJEAN PETITJEAN - CASABLANCA-VOYAGEURS1 .,
VnlS ilES t;.\I:I<:S '1' ..\.11 1' ..\.1:: 1' ..\.1" .1
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CASABLA:\CA 7.:.?0 10.15 I:L :30 I~.OO :.?l.00
FEIHIALA 7.12 10.:i~1 13.5:.? 18.22 21.:.?4 FI~S (dépa1'l) :.?2.51 11.::4:·4:3 40 5;) 2;) :)0
7.5;) 1-1.0:3 1~.;:;3l\1E K:\II~ S (él1'l'ivée:1 . 0.07 12.4~1
l\IA~SOCHlAJJ 54 04 ::4 (dépal't) . Hi
1
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(JI. HI IG
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TEMAIL\ ~.:3:.? 14.4;) ml:.? PET 1'1'.1 K\ \ (a l'I'Ù'éel . l.lt 14.00")- 4G 1;~t).)
HAB.\T-.\gucdal ~.·](i Il.-I? IL17 1\1.:.?4 ?:.? .:3:~ 1 1 t1" :.?;) T..\.\t '1' •.\. Il 'l' ..\. \fi47 • 0) ;)8 ::4 41i1'4'e/ dil'4'CtIl.47 1\).:!~ ----------
IL\ BAT-Ville8.;)(J 1;).01 :.?:.?:;}8
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SALJ~~1.01 I:.?OO 1;>.12 1\1.:1\1 n.oo '! .;)4 1·1. ;lV\).02 01 1') 40 O~ S\\}I SLIMA:\E0) 5(i 1500
sml BOL I\.i\AIJEL \1.11 1:.>.1;) \;').2;) HI.;):'> :.?:). J \1 ::.I:.? 1;). IIi1:) Hi :'>Ii ;):) :'>0 1\( :EB[\ ,
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SIDI TA lI\l . ~) 2/i 15.:37 :.?0.04 :3o;)ti 1Cl. :l\!.)- :)8 0;> SIIII Y"\IIL\_1 :IS ·10
KK\ITH.\ \1.40 I:.? 4:) 1:>.;) 1 20.1~ :.?:U\I 4.08 7-:W 1:.?48 l().()~ 17.4:.?54 58 I\E:\ITHA 17 l()l') ')') :10smI YAJJL\
.. )."".. ..... 7.42 l:UIO Hi.:32 17. ;)4')') .).) sml TAllll .-0) .1- 1:) 01 ;~:) ~)r)
KCEBL\ . 1:l.4~) 4.4(i 7.;)2 1:),]0 16.44 18.0·14(i S\\}l BOl' Ki\;\IJEL·17 r,:l Il "15 (J5
SWI SLDlA~E 140:'> 1.1·1S,\U: rd!1 ~.Œ) 1:1.2:1 Hi.;)\) 1~.170·1 1\) 0:3
> O~I;'>·1 17.01 1\1
PETIT.IEA\ :YI'I'ù'(:e) Il. 2;1 \.ciO ;) I:l 1:-L:~:~ 17.11 IK.2~HAIL\T-Ville H'!:>I20 ]8 :~~) 1;) :)0
1: AB.\T-.\gucdnl ri. :'>1 H.'!I 1:L:~H 17.1 \1 IK.:::;Trains correspondants sur le T.-F. ·r .).) :m :.?o :11_.)
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(déport) . 1t; 1 4\1SKHIH.\T 47 04 {\).O]
F I~S ('"'l'il'ée' 17.:il l 1;.0:3 BOUZ\IKA ~I.OO 14.17 H).1401 18 l,)._._-
\).I:.? 1·1.2\) 1\).2liPETIT.JEA:\ (déparl) 14. 15
12.00 l\IA:\SOUHIAII
\" :30 .)-0) ~,
TA"' (; EH-l'lage (!/l'J'.). 1~1.:l::1 fi. 1;) FEIHIALA (i.2K ~1. :.>;: II.·lO IK.:'>I 1\1.:17:.m :'>·1 II 21 :~~
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FOBJIlUlDIBE PBBTI'UEFRANÇAIS -MAROCAIN
Pour commander,se faire servir,
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-RABAT
FÉLIX J\IONCHO. EDIT.tlUR
1926
,