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BRISER LA MALEDICTION Comment l’imposition transparente et les impôts équitables peuvent transformer la richesse minière de l’Afrique en opportunité de développement
Briser la malédiction : Comment l’imposition transparente et les impôts équitables peuvent transformer la richesse minière de l’Afrique en opportunité de développement est publié par :
Open Society Institute de la République d’Afrique du Sud, Johannesburg
Third World Network Africa, Accra
Tax Justice Network Africa, Nairobi
Action Aid International, Johannesburg
Christian Aid, London
© Mars 2009
Ce rapport peut être librement cité et reproduit en faisant mention des auteurs
et des éditeurs.
Sommaire
Remerciements 3 Glossaire 5 Résumé analytique 6
Comment les subventions et l'évasion fiscales font chuter les revenus de l'exploitation minière Historique des régimes fiscaux miniers encouragés par la Banque mondiale Comment augmenter les revenus perçus des activités minières ? Recommandations
Introduction 12
Bref historique des régimes fiscaux miniers en Afrique 16
Première phase: augmentation des prix et des revenus 16 Deuxième Phase: prix bas et taxes peu élevées 17 Troisième phase: boom des matières premières et faiblesse des recettes publiques 24
Pourquoi les taxes sont-elles importantes ? 28
Les recettes constituent le principal avantage de l'extraction minière 28 Les gouvernements africains ne parviennent pas à toucher une part équitable de la rente minière 29
Perte de recettes fiscales due aux allégements fiscaux et à l'évasion fiscale 32
Les avantages fiscaux que les gouvernements accordent aux compagnies minières 32 Pratique d’évasion fiscale par les compagnies minières 51
Briser la Malédiction: Stratégies devant contribuer à l’augmentation des revenus et au
renforcement de la transparence 60
Révision des législations et contrats miniers aux fins d’accroissement des revenus 60 Transparence des systèmes budgétaires et de fiscalité 63 Déclaration transparente par les sociétés 68
Les bailleurs de fonds, facilitent ou compliquent-ils la collecte transparente des revenus ? 69 Réaction des compagnies minières face aux réformes de la fiscalité minière 74 Recommandations 75
Notes de fin de texte
77
4
Sigles
NEPAD Nouveau partenariat pour le développement Economique de
l’Afrique
CEA Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique
PMA Partenariat minier africain
ITIE Initiative pour la transparence dans les industries extractives
FMI Fonds monétaire international
AID Association internationale de développement
DfID Département britannique pour le
Développement international
BIP Produit intérieur brut
PNUD Programme des Nations-Unies pour le développement
CNUCED Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement
OCDE Organisation de coopération et de développement
économiques
NU Nations-Unies
CEDEAO Communauté économique des Etats de
l’Afrique de l’ouest
SADC Communauté de développement de l'Afrique
australe
CDS I nvestissements pour le développement
économique des collectivités
IDE l'investissement direct étranger
TVA Taxe sur la valeur ajoutée
TRS T a x e s u r l e
r e v e n u d e s s o c i é t é s
AGA AngloGold Ashanti’s
KCM Konkola Copper Mines
P.A Protocole d’accord
IPIS International Peace Information Service
IASB Conseil international des normes
comptables
IFRS Normes internationales d'information
financière
5
Remerciements:
Ce rapport a été édité par Kato Lambrechts en collaboration avec Claude Kabemba,
Abdulai Darimani, et Wole Olaleye. Les principales conclusions de ce rapport sont
basées sur des recherches menées par Mark Curtis, Tundu Lissu, Thomas Akabzaa,
John Lungu, Alastair Fraser, Laurent Okitonemba, Dona Kampata, et Patrick
Kamweba. Alex Cobham, Rachel Moussie, Paul Valentin, et Richard Murphy ont
fourni des commentaires.
6
Résumé analytique
En décembre 2008, le marché des métaux a été secoué par une « tempête parfaite » mettant
fin à la période de prospérité de cinq ans marquée par l’envolée des cours internationaux des
métaux. Les effets combinés de chute de la demande des métaux et de la forte baisse de la
demande des intrants par les investisseurs ont conduit à l’effondrement des cours du cuivre
de deux tiers et de l’once d’or d’un tiers par rapport à leur niveau record de juillet 2008.
La chute des cours des métaux a porté un sérieux coup aux réformes fiscales minières
menées dans certains pays africains riches en ressources minières au cours de ces deux
dernières années. Encouragés par la flambée des cours des métaux, les gouvernements de la
Zambie, de la Tanzanie, d’Afrique du Sud et de la République démocratique du Congo ont
dû modifier leurs législations fiscales ou les contrats miniers qu’ils ont signés avec les
compagnies minières en vue d’accroître les revenus qu'ils perçoivent des rentes minières.
Cette révision de contrats fiscaux est en partie due à la pression des citoyens – les
populations africaines se sont rendus compte que l’essor de l’industrie minière ne s’est pas
accompagné de l’augmentation des recettes fiscales sur l'exploitation minière ou des dépenses
liées à leurs besoins de développement de base.
Le bilan négatif des recettes fiscales générées de l'exploitation minière au cours de la période
marquée par la hausse des prix des métaux et des minéraux a motivé les organisations non
gouvernementales africaines et internationales à collaborer pour commanditer une étude sur
le régime de fiscalité minière et la transparence dans sept pays africains. Les pays retenus sont
le Ghana, la Tanzanie, la Sierra Leone, la Zambie, le Malawi, la République d’Afrique du Sud
et la République démocratique du Congo (RDC). Chaque étude pays a examiné les régimes
fiscaux précédents et actuels, les taux d'imposition ainsi que les motivations des changements
fiscaux, et a comparé les modalités des contrats miniers avec les législations fiscales
nationales.
Le principal argument développé dans le rapport est que les gouvernements africains n'ont pas
été en mesure d’optimiser les revenus fiscaux de l'exploitation minière qui leur sont dus par les
compagnies minières avant la flambée des prix entre 2003 et 2008. Ils n’ont pas été non plus
en mesure de profiter des profits exceptionnels résultant de la flambée des prix. Cet argument
se fonde sur deux raisons principales: ( i) les sociétés minières opérant en Afrique bénéficient
de nombreuses subventions et concessions fiscales ( ii ) Il y a une forte incidence de l'évasion
7
fiscale par les sociétés minières à cause des contrats miniers, des fusions et acquisitions
d'entreprises de nature secrète, et divers mécanismes comptables «innovateurs». Associés aux
lacunes institutionnelles, ces deux facteurs contribuent dans une large mesure à la diminution
des recettes fiscales qui doivent rentrer dans les caisses des gouvernements africains. En outre,
ces facteurs concourent à la diminution de la contribution de la rente des ressources minérales
au développement national. C'est ce qui explique la prépondérance des indicateurs de pauvreté
dans les communautés et pays africains riches en ressources minières. Pour inverser cette
tendance et assurer la maximisation des recettes fiscales générées de l'exploitation minière en
vue du développement national, le rapport recommande des réformes politiques, législatives et
institutionnelles susceptibles de règlementer les paiements effectués par les sociétés minières
aux gouvernements nationaux.
Les sociétés minières prétendent qu’elles doivent être rémunérées pour les risques particuliers
auxquels elles sont exposées tels que la flambée des prix et la récession à travers des
exonérations et aux autres allégements fiscaux spéciaux. Mais ces subventions fiscales ainsi
que l’évitement fiscal et l’évasion fiscale pratiqués par les compagnies minières ont dépouillé
les trésors africains de millions de dollars de manque à gagner fiscal de l'industrie minière. Le
manque de transparence et du contrôle des transactions financières qu’effectuent les sociétés
minières aux institutions gouvernementales conjugués à l'incapacité des institutions
gouvernementales à vérifier les comptes complexes des sociétés minières multinationales
contribuent également à ces pertes.
Comment les subventions et l'évasion fiscales font chuter les revenus de
l'exploitation minière
Ce rapport soutient que les gouvernements africains n'ont pas réussi à percevoir les rentes
supplémentaires générés par les sociétés minières avant et pendant le bond des prix des
minéraux et pour cause : (i) ils ont accordés des subventions fiscales aux compagnies
minières et (ii) les sociétés minières n’ont sans cesse fait des pressions sur les gouvernements
en vue de l’introduction des clauses liées à l’allégement fiscal dans les contrats miniers
secrètes résultant à une stratégie agressive d’évasion fiscale. En conséquence, les populations
des pays riches en ressources minières continuent de vivre dans la pauvreté et sont, dans
certains cas victimes de conflits violents alimentés par la richesse de leurs sous-sols comme
c'est le cas aujourd'hui dans l'est de la RDC. Pour briser cette «malédiction des ressources» et
transformer la richesse minérale en revenus en vue du développement, la réforme des lois,
des politiques et des institutions qui régissent les paiements effectués par les sociétés minières
aux gouvernements s’impose.
Dans le rapport, les estimations sont données sur le manque à gagner par les gouvernements
8
du Malawi, d’Afrique du Sud, de la RDC, de la Tanzanie, de la Sierra Leone, du Ghana et de la
Zambie suite aux allègements fiscaux spéciaux accordés aux entreprises dans les contrats
secrets ou dans les lois sur l'impôt minier promulgué dans ces pays depuis les années 1990. Le
rapport estime que les taux de redevance plus faibles ont coûté ou coûteront respectivement
jusqu'à 68 millions de dollar américain, 359 millions de dollar américain et 30 millions de dollar
américain par an au trésor public ghanéen, sud-africain et tanzanien. Au Malawi et en Sierra
Leone, des allégements fiscaux accordés dans les contrats miniers ont coûté ou coûteront aux
trésors publics jusqu’à 16,8 millions de dollar et 8 millions de dollar par an. En RDC, les
exonérations fiscales dans un seul contrat minier ont coûté au trésor 360.000 dollars par an.
En Afrique, les régimes de fiscalité minière sont un mélange de transactions fiscales secrètes et
discrétionnaire de même que les lois fiscales votées par le Parlement. La plupart des lois
fiscales minières datent des années 1990 et ont permis de réduire considérablement les impôts
afin d’attirer de nouveaux investissements étrangers directs dans le secteur. Cette politique de
réduction des impôts a été encouragée par la Banque mondiale dans tous ses pays clients en
Afrique comme un moyen de redynamiser le secteur minier. Nombre de ces lois permettent
aux ministres de négocier à leur discrétion des accords fiscaux avec les sociétés minières
individuelles, ce qui conduit souvent à la baisse des redevances, des impôts sur le revenu des
sociétés, des prélèvements sur les carburants, des rentes minières et à l’institution d’autres
taxes que celles prévues par la loi. Dans le pire des cas, les contrats peuvent exempter
complètement les compagnies minières de toutes taxes ou redevances, comme ce fut le cas
dans un certain nombre de contrats miniers signés entre les sociétés privées et les sociétés
publiques en RDC entre 1997 et 2003.
Historique des régimes fiscaux miniers encouragés par la Banque mondiale
Ce rapport retrace l’historique des régimes fiscaux miniers en Afrique depuis l'indépendance et
durant la période de fluctuation des prix internationaux des métaux. Il accorde une attention
particulière aux motivations de la Banque mondiale à ouvrir le secteur minier africain aux
investisseurs privés étrangers dans les années 1990, politique qui a conduit à la mise en œuvre
des régimes fiscaux miniers dans tous ses pays clients. Ensuite, le rapport indique que les
revenus constituent le principal profit de l'exploitation minière, ce qui indique qu’un régime
fiscal minier équitable et transparent revêt d’une importance capitale si la richesse minière est
traduite en développement. Le principal aspect de ce rapport examine les avantages fiscaux
accordés aux sociétés minières dans les lois et contrats fiscaux miniers, et donne des
estimations sur certains des coûts de ces exonérations. Ces subventions prennent la forme de
faibles taux d'imposition et des revenus non soumis à l’impôt. Il examine ensuite les stratégies
d'évasion fiscale utilisées par les sociétés minières tout en se concentrant principalement sur la
négociation des allégements fiscaux dans les contrats miniers confidentiels. Cette stratégie
9
d'évasion fiscale viole les directives de l'OCDE relatives aux multinationales à laquelle
nombre de ces compagnies prétendent adhérer. Certaines compagnies minières ont également
été accusées d’évasion fiscale - en Tanzanie, un commissaire de compte mandaté par le
gouvernement a révélé que quatre grandes compagnies d'exploitation des mines d’or du pays
auraient surévalué leurs pertes à des millions de dollars.
Comment augmenter les revenus perçus des activités minières ?
Pour inverser le « paradoxe de l’abondance », (le fait que les pays riches en ressources
naturelles sont le plus souvent les plus pauvres et mal gouvernés) caractéristique de
nombreuses sociétés africaines riches en ressources minières, des changements radicaux
doivent s’opérer. Ainsi, deux changements majeurs s’avèrent indispensables. Premièrement,
la transparence du processus d’élaboration des régimes fiscaux et des mécanismes de
paiement de l'impôt. Cette transparence exige que les citoyens soient en mesure de contrôler
les paiements, les recettes et l'utilisation des recettes fiscales minières. Pour contribuer à une
telle transparence, une nouvelle norme comptable internationale exigeant que toutes les
multinationales rendent compte des versements effectués aux gouvernements. Les bénéfices
qu’elles réalisent et les dépenses qu’elles effectuent dans chacun des pays où elles opèrent
doivent être déclarés de manière transparente. Le Conseil international des normes
comptables discute actuellement de l’introduction d’une telle norme dans le secteur de
l’industrie extractive. Cette initiative serait une réforme importante et permettrait aux
gouvernements et aux citoyens de suivre et superviser la collecte et l’affectation des recettes
budgétaires. Cela rendrait plus difficile le transfert des bénéfices entre filiales de sociétés
différentes. Deuxièmement, les régimes fiscaux miniers africains doivent être réformés afin
de s'assurer que les gouvernements africains sont en mesure de recueillir une part équitable
des rentes de l'exploitation minière pour financer leurs plans de développement nationaux.
Dans certains pays, cela nécessiterait une augmentation des taux de redevances et autres
taxes; dans d'autres, cela exigerait la fin de la pratique selon laquelle les clauses d’allégements
fiscaux contenues dans les contrats sont négociées en secret avec les entreprises
individuellement.
La chute des prix internationaux des matières premières minérales et la réduction du
financement international disponible pour de nouveaux investissements miniers pourraient
retarder les réformes fiscales de l'exploitation minière en cours ou récemment lancées dans
des pays comme la Tanzanie et la Zambie. En Zambie, le ministre des Finances a annoncé
lors de la présentation du budget à la fin janvier 2009 l’annulation d’une modification
fiscale adoptée par le Parlement il y a moins d'un an et l'introduction d'une nouvelle taxe sur
les bénéfices exceptionnels. S’adressant directement en juin 2008 aux sociétés minières lors
de la présentation du budget, le ministre tanzanien des finances a indiqué son incapacité à
10
mettre en œuvre les recommandations relatives à l’augmentation des taxes faites par une
commission présidentielle chargée de réviser le régime fiscal minier du pays bien qu'il n'ait
pas introduit une taxe sur le chiffre d'affaires des entreprises déclarant des pertes pendant
trois années consécutive ou plus .
Nombre de gouvernements africains sont encore réticents à rendre transparent leurs
transactions et recettes fiscales provenant des sociétés minières aux citoyens et aux
parlementaires. De nombreuses sociétés minières continuent donc à faire pression pour
obtenir des exonérations fiscales et ne parviennent pas à rendre compte de leurs revenus et
des redevances qu’elles versent au gouvernement pour les communautés dans lesquelles elles
opèrent. La crise du crédit et ses impacts, notamment la réduction des financements
disponibles pour l'investissement minier serviront de motivation aux gouvernements pour
poursuivre ces transactions secrètes. La crise servira aussi d’argument moral aux sociétés
minières pour exiger beaucoup plus d'exemptions. Ces complications systémiques et ces
politiques freinent la mise en œuvre de la réforme fiscale.
Le rapport soutient cependant que des solutions à la fois systémiques et politiques sont
nécessaires pour permettre l’augmentation des revenus de l'exploitation minière et
promouvoir la transparence. Au niveau systémique, il est nécessaire que toutes les
compagnies cotées dans les bourses de valeurs mettent en place une nouvelle norme
internationale d'information financière. Il faut les obliger à rendre compte de leurs opérations
financières et les redevances qu’elles versent au gouvernement et à d'autres structures selon
les pays. Cela permettra aux citoyens et aux parlements de contrôler les flux financiers entre
les sociétés mères et les filiales, et de détecter les pratiques d'évasion fiscale.
Les gouvernements africains doivent également réviser leurs lois sur la société afin d’exiger
que les filiales des multinationales minières incorporées dans leurs juridictions publient les
informations financières requises par l'Initiative pour la transparence de l'industrie extractive
(ITIE). Cela permettra d'assurer que les sociétés minières privées ou étatiques comme le
nombre croissant de sociétés minières chinoise appartenant ou financées par l’Etat chinois
soient tenues comptables par la législation nationale quant à leurs profits et pertes, et aux
versements effectués au gouvernement et à d'autres structures.
Recommandations aux gouvernements africains
1. Collaborer avec la Commission économique des Nations Unies pour
l'Afrique (CENUA) pour élaborer et publier un guide facile à utiliser
sur la fiscalité minière. Le guide doit mettre en exergue les meilleures
pratiques, détailler les objectifs, évaluer les pertes de revenus et les
avantages de chaque type d'instrument fiscal et de système de
11
concession fiscale.
2. Réviser les lois sur les sociétés et les règlements financiers pour exiger
que toutes les entreprises de l'industrie extractive utilisent le modèle
de l'ITIE dans leurs rapports financiers annuels.
3. Mettre un terme à la pratique visant à accorder des exonérations
fiscales aux sociétés minières dans les contrats miniers. Toutes les
clauses portant fiscalités minières devraient être légiférées
conformément aux lois en vigueur et confirmées dans les accords
d’exploitation minière.
Aux parlements africains
1. Adopter des lois exigeant des accords d’exploitation minière qui doivent être
ratifiées par les parlements, comme c'est le cas au Ghana et en Sierra Leone, et les
rendre public
2. Insister à l’utilisation d’une nouvelle norme comptable internationale qui obligerait
les compagnies minières à rendre compte de leurs profits, les dépenses et taxes, les
redevances et subventions communautaires payées à chaque exercice selon les pays.
Au Conseil international des normes comptables
Adopter une nouvelle norme comptable internationale pour les industries extractives qui les
obligera à rendre compte de leurs profits, les dépenses et taxes, redevances et subventions
communautaires payées à chaque exercice selon les pays.
Aux bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux
Accroître leurs aides financières aux gouvernements africains afin qu’ils puissent améliorer
leurs capacités de supervision et de vérification des comptes des sociétés minières et réviser
leurs lois fiscales. Les gouvernements africains devraient être libres d'utiliser ce financement
pour recourir à l'assistance juridique et à d’autres formes d’assistance technique de n'importe
quel fournisseur de services de leur choix
12
Introduction
Ce rapport a été rédigé par un groupe d'organisations de la société civile africaine et
internationale préoccupé par le manque de transparence dans les contrats miniers et par que
la perte de revenu en raison des avantages fiscaux miniers excessifs accordés aux sociétés
multinationales minières qui évitent parfois de payer les taxes et pratiquent l’évasion fiscale .
En s’appuyant sur des recherches menées au Ghana, en Zambie, en Tanzanie, en Sierra
Leone, au Malawi, en RDC et en Afrique du Sud, nous avons démontré dans nos analyses
que les gouvernements africains enregistrent des pertes estimées à des millions de dollars en
recettes fiscales provenant de l'industrie minière. Ces pertes sont en grande partie attribuées
aux allègements fiscaux trop généreux accordés aux compagnies minières généralement de
façon illégale dans les contrats miniers secrets, ainsi qu’à l'évitement fiscal et à l’évasion
fiscale. Ces pertes sont alimentées par le manque de transparence et de contrôle des
redevances que les sociétés minières versent aux institutions gouvernementales et à
l'incapacité des institutions gouvernementales à vérifier les comptes complexes des
multinationales minières.
Quatre décennies après les indépendances, de nombreux Africains continuent de nourrir de
grands espoirs sur le développement économique et social du continent à cause de sa
richesse énorme en ressources minières. Le plan de développement de l'Union africaine, le
Nouveau partenariat économique pour le développement de l'Afrique (NEPAD), estime que
l'activité minière, si elle est bien gérée, peut transformer les économies du continent. Cette
conviction a conduit le NEPAD à instituer en 2002 un Partenariat minier africain (PMA)
avec les sociétés minières.
En outre, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CENUA) est le fer
de lance du développement d'une Vision minière pour l'Afrique et conduit le processus de
l’élaboration des lignes directrices sur les meilleures pratiques à l’intention des
gouvernements africains afin d’assurer que leurs lois minières protègent l'environnement et
les communautés tout en favorisant la transparence et la responsabilisation dans le paiement
des redevances aux gouvernements.
Enfin, de nombreux gouvernements africains ont revu leurs contrats miniers et les lois fiscales
depuis l’essor des prix1 en 2003 et ont mis en place des systèmes de fiscalité minière plus
transparents et plus avantageux.
Ces nouvelles initiatives font partie des réponses au fait que ni la nationalisation, ni la
libéralisation des activités minières dans les pays africains riches en ressources minérales
13
n’ont pas pu apporter une transformation durable à leurs économies et à leurs sociétés. Les
richesses minières ont plutôt alimenté des conflits et sont sources de conflits violents dans
des pays tels que l'Angola, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone. Elles
ont retardé la diversification économique dans les pays tels que le Botswana et la Zambie, et
n’ont pas pu contribuer au développement des communautés et des économies des pays
riches en ressources minérales. Bien que les dirigeants africains aient reconnu cela 2, ils n’ont
pas pu saisir l’opportunité offerte par la flambée des prix des minéraux durant la période
faste de 2003-2008 pour maximiser les profits de l'exploitation minière.
L’opinion qui prévaut au sein de la communauté internationale3 est que les rentes provenant
de l’exploitation des ressources naturelles sont des sources sûres de déstabilisation dans les
pays riches en minéraux qui sont dirigés par un régime dictatorial (Zaïre sous Mobutu Sese
Seko) ou otages des conflits internes violents (Angola et la Sierra Leone). Dans le passé,
l’inexistence de l’Etat ou l’absence de l’autorité étatique reconnue pour exercer des fonctions
de l'Etat dans ces territoires ont conduit à l’absence d'institutions légitimes capables de
promulguer ou d'appliquer de manière démocratique et transparente des règles et des lois
convenues pour régir le fonctionnement et l’imposition des activités minières.
En conséquence, les entreprises ont souvent fini par faire des affaires avec des individus
plutôt que des institutions publiques. A titre d’exemple, les contrats miniers secrets signés
pendant la guerre de 1998-2003 en RDC ou pendant le conflit 1991-2001 en Sierra Leone ont
été largement influencés par des relations clientélistes entre les sociétés minières et les élites
politiques – les sociétés minières voulaient obtenir des avantages fiscaux en échange des
rétro-commission4 à verser aux élites politiques. L’exploitation minière artisanale par les
forces de l'opposition et leurs partisans contribue à la prolongation des conflits dans les
pays possédant des gisements minéraux à la surface de la terre ravagés par la guerre.
Les ressources naturelles ne doivent pas être une «malédiction» pour le développement. Les
citoyens - qui sont les bénéficiaires ultimes des ressources naturelles dans la plupart des
constitutions africaines - mettent de plus en plus de pressions sur les élites politiques du
continent afin d’assurer que les rentes d’exploitation minière soient fixées de manière
transparente et les revenus soient équitablement distribués sur la base des objectifs de
développement de la société. En définitive, c'est la qualité des processus législatifs et politiques
nationaux, les institutions de l'Etat et les dirigeants politiques qui vont déterminer si les
richesses naturelles servent à financer les projets de développement ou servent à garnir les
poches des élites politiques et économiques. Ce point de vue est partagé par la CEA qui
indique que « c’est la qualité des institutions qui détermine les gains de l'exploitation minière »
et que « la faiblesse des institutions a été à l'origine de la malédiction des ressources en
Afrique», et non l'activité minière en elle-même5». Le directeur des Mines du Botswana partage
14
le même point de vue. Il attribue le fait que le gouvernement arrive à percevoir 75 pour cent
de taxes sur les bénéfices nets déclarés par les sociétés diamantaires et des dividendes aux
politiques stables , à un leadership politique efficace, une bureaucratie fiscale de qualité et à la
bonne gouvernance6 .
Ce rapport se penchera sur les lois, les politiques et les institutions qui régissent les
paiements que les compagnies minières effectuent aux gouvernements sous forme de
taxes, de redevances et droits. Il soutiendra que l'augmentation des recettes budgétaires
dans les pays africains ne correspond pas à l'augmentation des bénéfices des sociétés
minières pendant la période de la flambée des prix des produits minéraux entre 2003 et
2008 parce que (i) les gouvernements ont accordé des subventions fiscales à l'industrie
et (ii) les sociétés minières ont manœuvré pour obtenir des allégements fiscaux dans les
contrats miniers secrets, entraînant une stratégie d'évasion fiscale abusive. Afin
d'optimiser les recettes fiscales pour le développement, les gouvernements africains
doivent :
• Cesser d’accorder des subventions aux compagnies minières étrangères à travers des
concessions fiscales.
• Mettre en place des régimes de fiscalité minière conformes à une stratégie industrielle
globale.
• Interdire l'utilisation des contrats confidentiels pour négocier des allègements fiscaux qui
aident les compagnies minières à éviter de payer des taxes et qui contribuent à la réduction
des revenus générés auprès des sociétés minières à des fins des travaux de développement
• Améliorer la surveillance institutionnelle du régime de fiscalité minière
Actuellement en Afrique, les régimes de fiscalité minière sont un ensemble de transactions
fiscales discrétionnaires et confidentielles et de lois votées par le Parlement. Les transactions
minières secrètes et discrétionnaires doivent être exclues du régime fiscal minier. Les
gouvernements et les parlements devraient par contre élaborer et adopter des lois fiscales
que les citoyens, les compagnies, les élus et les investisseurs peuvent superviser par le biais
d’une procédure budgétaire. En outre, le rapport soulignera une nouvelle norme comptable
internationale qui obligerait les multinationales minières à publier toutes leurs opérations
financières, y compris toutes leurs redevances aux gouvernements et aux autres structures
des pays dans lesquels elles opèrent.
Ce rapport présentera ces requêtes sous la forme suivante : tout d'abord, il fera un bref
aperçu historique de la fiscalité minière en Afrique dans le contexte du boom minier et de
15
l'implication de la Banque mondiale. Deuxièmement, il fournira des explications sur les
raisons pour lesquelles la communauté africaine et la communauté internationale doivent
accorder une attention particulière à la fiscalité minière. Troisièmement, il donnera un
aperçu de la méthode qu’utilisent les sociétés minières pour éviter de payer des taxes
dans les pays africains. Enfin, il présentera les deux principaux changements nécessaires
pour inverser la fuite des ressources minières qui pourraient servir à financer les projets de
développement dans les pays africains riches en ressources minières : primo, les régimes
fiscaux et les paiements de taxes doivent devenir transparents afin que les citoyens
puissent contrôler les redevances versées par les compagnies minières. Secundo, les
régimes fiscaux miniers devraient être réformés afin de s'assurer que les États africains
recueillent une part équitable des revenus miniers pour financer leurs plans de
développement.
Les recherches effectuées dans les pays concernés dans le cadre de ce rapport ont été
commanditées et financées par Third World Network Africa, Tax Justice Network Africa,
Southern African Resource Watch, Action Aid International et Christian Aid . Nous avons
travaillé avec des experts miniers au Ghana, au Malawi, en République démocratique du
Congo, en Sierra Leone, en Tanzanie, en Zambie et en Afrique du Sud pour étudier en
détail l'évolution de la fiscalité minière nationale, les forces motrices justifiants ces
régimes, ainsi qu'un certain nombre de contrats miniers dans ces pays7.
Dans chacun de ces pays, les organisations de la société civile nationale suivent activement
l'impact des activités minières sur l'environnement et sur les communautés et militent en
faveur du changement des législations minières et de comportement dans l’industrie
minière. Nombre de ces organisations sont membres de L'Initiative africaine sur
l'exploitation minière, l'environnement et la société (AIMES), un réseau d'organisations de
la société civile africaine et internationale qui mène une campagne active en vue d’une
exploration minière plus responsable et plus transparente en Afrique. Le réseau est
coordonné par Third World Network Africa, basé au Ghana.
16
Chapitre un
Bref historique des régimes de fiscalité minière en Afrique Depuis l'indépendance, les régimes fiscaux miniers africains ont été étroitement liés au prix
international des minéraux et des évolutions de la demande des métaux. La Conférence des
Nations unies sur le commerce et le développement distingue trois phases dans l'économie
mondiale des métaux - les années 1960 et 1970 , une décennie de forte demande de métaux ,
la hausse de prix internationaux des minéraux et l’augmentation de la production , les années
1980 et 1990 , une décennie marquée par la baisse de la demande des métaux par les pays
industrialisés , la surproduction des minerais brut et la baisse des prix et la phase actuelle,
commencée en 2002 et marquée par une envolée record des prix internationaux des matières
premières minérales soutenue par les demandes en métaux demande des pays nouvellement
industrialisés comme la Chine et l’Inde8 . Ce boom des prix n’a été que de courte durée –en
janvier 2009, les prix internationaux des produits de base étaient revenus à leurs niveaux du
début des années 2000. Les gouvernements africains ont adopté des approches très
différentes à chacune de ces phases
Première phase: augmentation des prix et des revenus
Durant les années 60 et 70, les gouvernements des pays africains riches en minéraux
nouvellement indépendants ont tous exprimé leur souhait de développer, de diversifier et
d’industrialiser leurs économies en se basant sur l'industrie minière. Dans la plupart des pays,
l’exploitation minière est devenue une activité dirigée par l’Etat. En nationalisant l'industrie,
les gouvernements espéraient générer plus de bénéfices de l'exploitation minière en créant des
emplois locaux, en consacrant les revenus générés aux services sociaux pour les communautés
minières et en enregistrant des recettes budgétaires plus élevées tout en ayant un intérêt direct
dans l'entreprise.
Durant cette période, les cours des minéraux ont connu une forte hausse à la suite de l'essor
de la demande internationale des matières premières minérales stimulée par une croissance
axée sur les métaux à la fois dans les pays industrialisés et dans les pays nouvellement
industrialisés. En Afrique, la plupart des opérations d'exploration et d'extraction minières ont
été gérées par des entreprises publiques – beaucoup d'entre elles étaient auparavant privées
avant d'être nationalisées. Compte tenu de la nature étatique des redevances minières, les
revenus miniers forment une part importante des recettes publiques et ont été utilisés dans des
Etats plus orientés vers le développement à financer des plans de développement nationaux.
17
Soutenus par la flambée des prix internationaux des métaux, le produit intérieur brut de la
Zambie a, en 1969, dépassé celui de la Corée du Sud et du Brésil. Dans les années 70, les
revenus provenant des opérations d'extraction du cuivre, gérés par Zambia Consolidated
Copper Mines, une société étatique, a fourni deux-tiers des recettes publiques, financé la
prestation de services de santé et d'éducation pour tous, ainsi que l'investissement dans le
développement de l'agriculture et d'autres secteurs. En 1989, les revenus provenant de
l'extraction minière ont contribué à 35 % des recettes publiques dans l'ex-Zaïre et 58 % au
Botswana –grâce en grande partie aux actions détenues par l’Etat dans l'exploitation minière.
D'ici là, cependant, les impôts miniers contribuaient seulement à 16 % des recettes publiques
en Zambie, reflet de la situation désastreuse de l'industrie.
Toutefois, malgré les grands espoirs et des déclarations politiques de nombreux
gouvernements africains à cet effet, l’exploitation minière n'a pas stimulé l'industrialisation
des économies du continent, à l'exception peut-être du régime d’apartheid en Afrique du Sud.
Néanmoins, dans des pays comme le Botswana et la Zambie, les activités d'extraction du
cuivre et du diamant ont permis à ces deux Etats de générer des revenus significatifs et ont
permis le développement économique des communautés minières.
Deuxième Phase: prix bas et taxes peu élevées Durant les années 80 et 90, une croissance plus lente des activités extractives sur le plan
international ainsi que la surproduction ont conduit à un effondrement des prix
internationaux – à l'exception de la période comprise entre 1990 et 1997 marquée par
l’augmentation des cours. Nombre de pays africains riches en minéraux ont été subitement
confrontés à une crise de la dette souveraine étant donné qu’ils n’ont plus gagné
suffisamment de devises de leurs exportations minières pour financer les remboursements de
prêts qu'ils ont contractés pendant les années d’essor. En dernier recours, la Banque
mondiale, par le biais, de l'Association internationale de développement s’est substituée aux
prêteurs traditionnels, ce qui lui a donné la possibilité de réécrire la législation et la fiscalité
minières dans toute l’Afrique. Cela s’est traduit par une diminution des taux d’imposition et
par des allègements fiscaux au profit des sociétés minières (voir encadré 1.1).
Ces réformes fiscales et les avantages fiscaux offerts par certains principaux pays miniers
tels que l'Australie, le Canada et les États-Unis à leurs multinationales minières pour
contrôler les explorations ont entraîné la montée en flèche des « juniors » qui obtiennent
des permis d’exploration minières et échange leurs concessions ou tente d’accumuler des
profits en un temps record.
18
Encadré 1.1
Stratégie minière de la Banque mondiale en Afrique
Avant les années 80, le financement des projets d'exploitation minière entrepris par le
secteur public ou privé dans les pays en développement était la principale préoccupation
du groupe de la Banque mondiale. A l'époque, c'était la seule source de financement
disponible à ces opérateurs. Toutefois, à partir de la moitié des années 1980, la BM a
décidé de mettre l’accent sur l’appui à la réforme des programmes de développement
minier dans les pays en développement. Elle a, en effet, commencé à fournir un soutien
financier et des conseils techniques à ses pays clients pour les aider à stimuler une plus
grande participation du secteur privé dans l'industrie minière grâce aux régimes fiscaux
«compétitifs ». A partir de la moitié des années 90, la BM a joué un rôle prépondérant
dans la formulation de nouveaux cadres juridiques miniers dans un certain nombre de pays
africains clients à « faibles capacités institutionnelles», dont la Tanzanie, le Ghana, la
Zambie, la Sierra Leone et la République Démocratique du Congo9.
En 1992, la Banque mondiale a publié sa « stratégie pour l'exploration minière en
Afrique ». Cela faisait partie d'un processus mondial de la Banque mondiale pour définir ce
qu’elle considérait comme son rôle dans le renforcement de l'exploitation minière en vue
du développement. A l'époque, l’exploitation minière commerciale se déroulait dans 20
pays d'Afrique.
L'objectif principal de la stratégie de la Banque mondiale pour l'exploitation minière en
Afrique et dans d'autres pays en développement était d’attirer des investissements « des
capitaux à haut risque » dans l'exploration de nouveaux gisements et se charger ensuite de
la gestion de l’exploitation des mines qui se faisait de manière hasardeuse par les Etats. La
stratégie africaine prévoit expressément que « la principale motivation de la Banque et des
bailleurs de fonds devrait être la réduction des « risque » pour l'investisseur ».
Cette proposition de la Banque mondiale s’appuie sur le fait que les investissements
étrangers directs dans le secteur minier sont importants pour la redynamisation de
l'industrie qui a été en partie ravagée par la mauvaise gestion et la corruption dans les
entreprises publiques. L’industrie avait donc besoin de capitaux et des technologies qui
n’étaient pas disponibles dans les pays africains.
Cette impulsion de réforme des régimes miniers africains afin d’attirer des investissements
étrangers faisait partie d'une stratégie globale visant à réduire le rôle que doit jouer l’Etat
dans le processus de développement. Il était également lié à la nécessité pour les
19
gouvernements africains de gagner des devises étrangères pour rembourser les prêts
contractés durant la période de la flambée des prix. La Banque mondiale a utilisé les
conditionnalités liées à l'attribution de l’aide et d'autres moyens pour persuader les
gouvernements africains réticents à privatiser leurs industries minières et attirer des
investissements étrangers dans le secteur, souvent au prix du manque à gagner qui pourrait
être consacré au développement.
Le changement du taux d'impôts et autres avantages fiscaux offerts aux compagnies
minières étrangères s’explique par la pénurie du capital consacré à l'exploitation minière
compte tenu des prix internationaux. C'est pourquoi les pays africains ont rivalisé entre
eux et avec d'autres économies minières pour attirer des capitaux à hauts risques en
mettant en place des régimes fiscaux « compétitifs ». Selon la stratégie, les investisseurs
exigent des conditions compétitives et des garanties absolues quant à la stabilité du climat
d'investissement et le respect des règles du jeu ».
Toutefois, ces régimes fiscaux ne font pas partie d'une plus grande stratégie industrielle
dans aucun pays africain. Ils seront plutôt contraires à l'opinion internationale dominante–
appelée le Consensus de Washington – selon laquelle le secteur privé et non des Etats,
devraient stimuler le développement.
La stratégie minière de la Banque mondiale n’a en aucune façon pu apporter de la
transparence dans les activités minières notamment les activités de collecte de taxes et
autres redevances que les gouvernements perçoivent des activités minières. Cette situation
a changé pendant ces dernières années :
la Banque mondiale est maintenant devenue un grand défenseur de l'Initiative pour la
transparence dans les industries extractives (voir l'encadré 4) et encourage activement les
gouvernements des pays clients riches en ressources à approuver l'ITIE. Elle aide même à
financer leur capacité à mettre en œuvre l'initiative. En RDC, par exemple, la Banque
mondiale a dénoncé le caractère secret des contrats miniers et a financé une étude
technique des contrats10. Toutefois, une étude récente menée par Global Witness et le
Centre d'Information de la Banque sur comment le FMI et la Banque mondiale utilisent
leur influence pour promouvoir la transparence des industries extractives a révélé que
s’agissant de la transparence, l'engagement de la Banque mondiale n'est ni cohérent ni
absolu dans tous les pays riches en ressources.11
« Les redevances sont souvent la seule importante source de revenus que gagnent les gouvernements durant
les premières années de nouvelles exploitations minières en raison des allégements fiscaux offerts aux
sociétés minières ».
20
La stratégie de la Banque mondiale a soutenu qu’il pourrait y avoir d’importants
investissements privés dans l'exploration et l'exploitation minière si les gouvernements
africains pourraient réduire les risques des petits et moyens investisseurs surtout –
appelés « juniors », basés au Canada et en Australie. En conséquence, « en structurant la
fiscalité en vue de réduire le risque d'impôts ou de redevances qui contribuent aux pertes
liées à exploitation, les gouvernements devraient prendre des mesures pour garantir plus
d'investissements et augmenter des taxes [recettes] durant la durée de vie de la mine ».
Etant donné que la plupart des pays africains appartiennent à la catégorie de pays à haut
risque, des régimes fiscaux très compétitifs et des incitatifs fiscaux devraient être mis en
place pour attirer des investissements des sociétés internationales ». La Banque mondiale
a fait valoir au nom de sociétés minières que les régimes fiscaux « compétitifs » leur
permettraient de «contrôler les coûts»
Concernant les recettes publiques, la stratégie a démontré que la politique fiscale devrait
se pencher sur la maximisation des recettes publiques pendant toute la durée de
l’exploitation minière – entre 10 et 20 ans. Cela nécessiterait des politiques qui favorisent
l'investissement dans les nouvelles mines étant donné que les nouveaux investisseurs
miniers devaient gérer leurs flux de trésorerie compte tenu de l’ampleur des fluctuations en
matière de rentabilité à cause de la nature cyclique des flux des prix. La Banque mondiale a
donc soutenu que le système fiscal devrait s’appuyer sur les taxes basées sur le profit.
Compte tenu de ce point de vue, la stratégie de la Banque a déconseillé fortement aux
gouvernements africains de fixer les redevances en se basant sur la valeur des ventes mais
plutôt sur les bénéfices déclarés par les compagnies minières. La Banque a maintenu que,
lorsque les redevances sont facturées en fonction de la juste valeur marchande à part égale
aux compagnies qui réalisent des profits et à celles qui réalisent des pertes, cela a)
augmente le risque de pertes d’exploitation et b) dissuade les compagnies d’entreprendre
les activités d’exploitation des mines souterraines à des coûts exorbitants et de qualité
inférieure, ce qui réduit la durée de vie de la mine. Paradoxalement, aucun des pays clients
de la Banque mondiale n’a suivi ses conseils pour supprimer complètement les
redevances. Ils ont plutôt diminués les redevances basées sur les valeurs marchandes
fixées aux compagnies. Le troisième chapitre montrera comment les redevances sont
souvent la seule plus importante source de revenus des gouvernements durant les
premières années de nouvelles exploitations industrielles, en raison des allégements fiscaux
offerts aux sociétés minières. Si elle insiste sur les risques que courent les compagnies
impliquées dans l'exploitation minière, la stratégie de la Banque ne dit rien sur les risques
importants auxquels font face les communautés environnantes des gisements miniers qui
comprennent notamment la perte de moyens de subsistance, des habitations et des
ressources naturelles de même que les risques sanitaires. Ironie du sort, la Banque
21
mondiale est aujourd’hui à l'avant-garde du plaidoyer en faveur d’une politique
environnementale efficace comme l'un des principaux axes d'un cadre juridique minier
moderne.
Dans la plupart des pays dans lesquels l’étude a été menée, les régimes de fiscalité minière
ont été influencés par la Banque mondiale. En Tanzanie, la Banque mondiale a financé le
développement du Projet d’assistance technique au développement du secteur minier. Ce
projet qui est destiné à promouvoir des réformes fiscales pour attirer des capitaux privés
dans le secteur minier a conduit en 1997 à l'élaboration de la politique gouvernementale
pour le secteur minier. Cette politique a assigné aux compagnies minières le rôle
primordial d’opérateur des exploitations minières, et au gouvernement le rôle de
régulateur. Aussi, en 1997, deux nouvelles lois ont-elles été adoptées couvrant les
investissements, les lois de finances et les droits de douane. Ces lois ont entraîné la
réduction des taxes et des droits de douane sur certaines importations et la légalisation du
rapatriement des bénéfices. La nouvelle loi minière, qui a suivi en 1998, n’a été que les
résultats directs du projet de réforme sectorielle financé par la Banque mondiale12 .
Au Ghana, l'implication de la Banque mondiale avait déjà commencé dans les années 80.
En effet, au début des années 80, l'Association internationale de développement a accordé
un prêt d’environ 50 millions de dollars au Ghana dans le cadre de son appui au
Programme de redressement économique pour promulguer la Loi sur les mines en 1986
et réhabiliter trois mines d'or gérées par l’Etat. En 1988, l’IDA a accordé un prêt au
gouvernement pour « la réhabilitation du secteur de l’exportation». Ce prêt était destiné
exclusivement au secteur minier et visait à (i) réhabiliter les mines économiquement
viables, (ii) aider à attirer des investissements privés dans le secteur minier, (iii) renforcer
les capacités des organismes gouvernementaux impliqués dans le secteur minier et (iv)
accroître les profits des petites exploitations minières pour le pays. Un troisième prêt,
pour le développement du secteur minier et le projet environnemental, visait à accroître la
capacité des institutions gouvernementales à remplir leurs fonctions d'administration des
droits miniers, fournir des informations géologiques fiables et modernes et encourager et
réglementer les investissements de manière qu’ils soient écologiquement rationnels.
En Sierra Leone, la Banque mondiale finance un projet d'assistance technique à hauteur de
6 millions de dollars visant à « accélérer le développement durable des industries
extractives en renforçant les politiques, le cadre fiscal et réglementaire, et attirer par la
suite des investissements dans l’exploitation minière à grande échelle pour poursuivre la
croissance du secteur ». La Banque mondiale s'attend à ce que ce projet aboutisse « à
l’augmentation des revenus que génère l’Etat de l’exploitation minière» en « renforçant
l'évaluation et la collecte des redevances... et l'exécution des paiements de l'exploitation
22
minière à petite ou à grande échelle ».
La Banque a également utilisé des « déclencheurs » pour alléger la dette et aider les pays
pauvres très endettés à opérer une réforme fiscale minière qui pourrait attirer des
investissements privés en Sierra Leone. Cela est devenu le principal objectif du
gouvernement dans sa politique de minéraux de base de 2003. L’un des 10 déclencheurs
actuels permettant au gouvernement de bénéficier d'un prêt de 10 millions de dollars de la
Banque mondiale est la modification du régime fiscal minier "conformément aux
recommandations du FMI". Certaines de ces recommandations faites en 2004
permettront d'accroître les recettes fiscales minières et la transparence dans le secteur
minier. Toutefois, la Banque recommande également que le gouvernement mette en
application les dispositions d'un protocole d’accord secret avec la Sierra Rutile, protocole
d’accord qui accorde un allègement fiscal énorme à la compagnie13.
En RDC, la Banque mondiale supervise les politiques minières du pays depuis 2001 après
10 ans d'absence. Sa principale stratégie était de stimuler la croissance économique à
travers des activités du secteur privé, en particulier, en essayant d'attirer des investisseurs
étrangers dans le secteur minier. Dans le même temps, il encourageait la privatisation des
sociétés minières parapubliques du pays, un processus lancé par le gouvernement, sous la
direction du premier ministre Kengo Wa Dondo, en 1995, avant le déclenchement de la
guerre. La Banque a encouragé trois importantes réformes structurelles essentielles dans le
cadre de sa stratégie transitoire d’appui : la restructuration des principales compagnies
parapubliques minières; la promulgation d'un nouveau Code minier en juillet 2002 et la
création d’un registre minier14 . La stratégie transitoire d’appui de 2004 de la Banque vise
la mise en application du Code minier à l’échelle nationale en vue d'améliorer la
transparence dans la gestion des revenus générés [du secteur minier] 1515.
Dans le cadre de cette stratégie, la Banque mondiale a financé un certain nombre d'études
et d'audits afin d’aider le gouvernement dans la restructuration de la Gécamines, une
société de cobalt et de cuivre appartenant à l’Etat. Tout ceci est resté secret. La première
étude menée en 2003 par un cabinet britannique, International Mining Consultants (IMC),
a révélé que tous les joint-ventures négociés entre la Gécamines, une société d’Etat
spécialisée dans l’exploitation du cuivre et de cobalt contiennent de nombreuses
anomalies, toutes au détriment financier de la Gécamines. IMC a recommandé que les
coentreprises avec des partenaires privés soient réexaminées dans le but d’optimiser les
revenus de l'Etat en rétablissant une relation plus équitable entre l'Etat et les
investisseurs. Afin d'aider la Gécamines à mettre en œuvre les nombreuses
recommandations d'IMC, la Banque mondiale a financé deux autres audits en 2005, y
compris un audit financier de six contrats d’exploitation en co-entreprise signé avec la
23
Gécamines entre 1997 et 2004. Cet audit a été mené par Ernst and Young. Selon les
vérificateurs a) les sociétés concernées n’ont pas mis à leur disposition des données
suffisantes pour faire une évaluation équitable de leurs opérations financières et b) les
conditions des contrats a empêché la Gécamines de tirer des avantages financiers des
coentreprises minières. Ils ont recommandé une révision radicale des clauses de six
contrats miniers et beaucoup plus de transparence dans la gestion des compagnies
minières1616.
Malgré ces recommandations, le gouvernement a continué à signer des contrats miniers de
joint-venture en violation du Code minier de 2002. L’expert en exploitation minière de la
Banque mondiale, Craig Andrews, a déclaré dans une note confidentielle à la Banque
mondiale en 2005, qu'aucun des contrats miniers n’a été négocié de manière transparente,
et que leurs clauses privaient Gécamines de sa part des profits générés des exploitations
minières1717. Ce constat a confirmé les critiques des organisations de la société civile
congolaise et internationale depuis le début de l'implication de la Banque dans le secteur
minier en RDC. Selon ces critiques, la Banque mondiale n’a pas tenu compte du manque
de capacités institutionnelles dans le pays à réglementer les compagnies minières privées et
a minimisé la mauvaise gouvernance et la corruption, principaux obstacles à la collecte de
revenu à cause du manque de transparence dans le système fiscal.
A titre d’exemple, les compagnies minières canadiennes représentent maintenant plus de
60 pour cent de tous les nouveaux investisseurs dans l'exploration minière en Afrique. Sur
chaque six des 1 220 compagnies cotées à la bourse de Toronto, cinq sont dans la
catégorie des « juniors »1818. Cette situation est très alarmante d’autant plus que ces
sociétés sont considérées comme très risquées par les investisseurs institutionnels et sont
plus susceptibles de demander aux gouvernements de leur accorder des avantages fiscaux
particuliers pour repousser des bailleurs de fonds potentiels. Nous soutenons que la
recrudescence de ces types d'investisseurs a compromis la qualité des investissements
étrangers directs dans le secteur minier africain nouvellement privatisée.
Les « juniors » ont besoin d’une importante subvention fiscale devant leur permettre de
financer leurs activités, ils ont besoin de réaliser des profits en un temps record étant donné
que leur longévité dans le domaine minier est limitée, et ils sont moins sensibles à la
responsabilité sociale.
Dans le cadre de sa stratégie industrielle, le gouvernement du Canada a accordé
24
d’importantes subventions fiscales aux sociétés minières canadiennes pour les inciter à
mener des explorations minières à l’étranger1919. Ces subventions fiscales comprennent :
Déductions pour créances et intérêts courus à l'étranger ;
Exonérations fiscales pour les bénéfices rapatriés au Canada ;
Déductions jusqu'à 100 % pour les investissements dans l'exploration et les
projets de développement entrepris par les sociétés elles-mêmes;
Opportunités pour les sociétés avec plusieurs projets à l'étranger (exploration et
exploitation) de déposer leurs fonds respectifs dans un seul compte lorsqu’il
s’agira de calculer les taxes à payer au Canada, ce qui permet d’accumuler des
bénéfices énormes dans des affaires plus rentables à combiner avec des projets
d'exploration moins rentables, ce qui réduit l'impôt total à payer,
Déductions pour amortissement et dépréciation accélérée,
Exonération fiscale de trois ans sur les dividendes engrangés par les actionnaires
des sociétés minières.
Cette phase a vu l'introduction des lois fiscales qui empêchent les gouvernements de
collecter une part équitable de la rente économique générée par l'activité minière.
Le système fiscal a été donc utilisé pour encourager les nouveaux investissements dans le
secteur en accordant des allégements fiscaux énormes aux sociétés minières et en
subventionnant une industrie qui comportent des risques très élevés. Dans la pratique,
cela signifie que la plus grande partie de la rente minière est revenue aux actionnaires, aux
financiers et aux propriétaires des sociétés minières – particulièrement entre 1990 et
1997quand les cours ont connu une augmentation significative par rapport à son faible
niveau de la période précédente
Troisième phase: boom des matières premières et faiblesse
des recettes publiques
Entre janvier 2002 et avril 2008, les prix internationaux des minéraux ont augmenté en
moyenne de 269 pourcent2020. Cette flambée des prix s'explique par une augmentation de
la demande des métaux de la part des économies émergentes comme la Chine et l'Inde et la
diminution de l’offre globale de minéraux en raison du manque d'investissement dans les
années 1980 et 1990. Grâce aux réformes intervenues dans les régimes d’investissements
étrangers en Afrique, cette flambée des prix a conduit à une énorme augmentation des
capitaux investis dans l'exploration et la production de minéraux à travers le continent.
La très forte hausse des cours depuis 2003 a été favorisée par l’augmentation du nombre
25
des investisseurs ayant des épargnes importantes et en quête des investissements à haut «
rendements » parmi les actifs très risqués mais peu nombreux à cause de la faiblesse des
rendements des actifs « sûrs » depuis le début de la crise financière. Cela a permis aux
projets d'exploitation minière risqués de bénéficier d’énormes soutiens financiers privés et
de l’appui financier des autorités. Par exemple, Equinox Minerals, coté sur les marchés
boursiers canadiens et australiens, a pu obtenir un prêt de 584 millions de dollars pour
développer Lumwana, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Afrique située en
Zambie. Ce prêt a été consenti par un syndicat de banquiers internationaux soutenus par
des agences officielles de crédit à l'exportation2121.
Cette combinaison de facteurs a entraîné une hausse record des prix du métal jaune, du
cuivre et de la platine depuis 2003, avec un pic en juillet 2008. Pendant cette période, le
cuivre a atteint un niveau record d'une moyenne de 9000 dollars américains la tonne ou
410 dollars américains le livre, alors que l'or a atteint son prix nominal le plus élevé,
1000 dollars américains l'once. Pour mettre cela en perspective, le prix du cuivre est
descendu à environ 2 000 dollars américains la tonne en 2004, et l’or à environ 300
dollars l'once en 2000. Merill Lynch a prédit un « super cycle » des matières premières
qui peut durer jusqu'à 50 ans à cause de l'industrialisation des pays émergents.
PriceWaterhouseCoopers a publié un rapport en 2006 intitulé «Let the Good Times Roll»,
détaillant la flambée des cours des actions minières et les profits des actionnaires de
l'exploitation minière.
Nous décrivons ci-dessous comment les commissions créées par les gouvernements de la
Zambie, d’Afrique du Sud, de la Tanzanie et de la RDC ont révisé les lois fiscales minière
lorsqu’ils se sont rendus compte que les trésors publics nationaux n’ont pas pu profiter de
l’envolée des cours des métaux en raison des avantages fiscaux exceptionnels dont jouissent
les compagnies minières, ainsi que leur capacité à éviter de payer des impôts en déclarant des
bénéfices inférieurs à ceux réellement réalisés (voir chapitre 3).
Dans un communiqué publié en août 2008, les administrateurs fiscaux africains de rang
supérieur ont reconnu ces fuites fiscales, en précisant que « des systèmes fiscaux plus
efficaces peuvent élargir l’assiette fiscale interne afin d’éviter de recourir à l’aide et la
dépendance des ressources uniques et promouvoir la croissance économique et réduire les
inégalités2222. Etant donné qu'entre 1991 et 2004, le continent a perdu l'équivalent de 7,6 %
du total de son PIB sous forme de fuite de capitaux, les gouvernements africains sont de
plus en plus conscients des pratiques des compagnies transnationales visant à échapper et à
éviter le paiement de taxe, et les techniques qu’elles utilisent pour saper leur assiette fiscale.
En outre, la hausse des prix internationaux des matières premières a amené les bailleurs de
26
fonds comme l’Union européenne, la Banque mondiale et le Département britannique pour
le développement international (DfID) à aider les gouvernements africains afin qu’ils
puissent augmenter leurs recettes fiscales de l'exploitation minière. En Zambie, le DfID a
financé l'équipe juridique qui assiste le gouvernement à réécrire ses lois fiscales, et le PNUD
met en œuvre un projet pilote visant à développer la capacité des gouvernements africains à
collecter et à gérer les recettes des industries extractives en commençant par la Sierra Leone
et le Mozambique2323.
Toutefois, depuis juillet 2008, les prix internationaux des métaux sont en chute libre. En janvier
2009, la plupart des métaux de base n’ont enregistré qu'environ deux tiers de leur prix record
alors que les contrats à terme ont été échangées à un coût marginal de production de ces métaux
ou inférieur à ce coût2424.
Nombre d'entreprises mettent un terme à leurs opérations particulièrement dans la « ceinture du
cuivre et de cobalt » de la RDC et de la Zambie compte tenu de baisse phénoménale des prix
internationaux. Par exemple, First Quantum, qui exploite les mines de cuivre et de cobalt, a
suspendu la production de cuivre dans la mine de Bwana Mkubwa en Zambie. Le cours des
actions de la société a chuté de près de 84 % par rapport à son prix record (bien qu’il soit encore
d’un tiers supérieur à son plus bas niveau) et sa valeur de marché est passée de 5,6 milliards de
dollars à 900 millions de dollars. La mine de Katanga, la plus grande mine de cuivre de la RDC a
connu une réduction de 98,5 % du cours des actions (bien qu’il soit toujours d’un tiers plus
élevé par rapport au prix moyen le plus bas), et sa valeur de marché est passée de 3,1 milliards de
dollars à 36 millions de dollars 25
Certains analystes miniers26
jugent temporaire l'effondrement actuel de prix internationaux
des métaux – un effet secondaire de la crise du crédit international. En raison de la crise du
crédit international, les banques font preuve d'un degré plus élevé d'aversion au risque, tandis
que certaines banques ont cessé de financer des projets d'exploitation minière mais la
réticence des banques ne s’est pas généralisée. Beaucoup d'entreprises, en particulier « les
juniors » mettent fin à leurs activités minières – avec un grand nombre de perte d’emploi –
dans des pays comme la RDC en attendant la hausse des prix 27 .
Par la suite, les capacités des gouvernements africains à négocier avec les sociétés minières ont
commencé soudainement à s’émousser. Ceux qui ont déjà commencé à réformer leurs anciens
régimes fiscaux ou à renégocier des contrats miniers, sont maintenant confrontés à une pression
énorme de la part des compagnies minières pour inverser ces réformes fiscales suite à la chute
des prix internationaux. En Zambie, First Quantum conteste ouvertement les nouvelles lois
fiscales adoptées en avril 2008, et en Tanzanie, Barrick Gold, une société canadienne, avec
l'appui du gouvernement du Canada, conteste les propositions fiscales faites par la commission
27
gouvernementale chargée de réviser le régime d'exploitation minière du pays (voir le chapitre 4
pour plus de détails.)
Sans doute, il serait actuellement plus facile aux gouvernements des pays africains riches en
ressources minières de réformer leurs législations fiscales minières. Un ensemble de facteurs
a contribué à la baisse des cours des matières premières. Il s’agit notamment de :
la baisse de la demande aux Etats-Unis et en Chine des biens de consommation et des
projets d’investissement (dans les domaines maritime et aérien et du génie civil) qui
constituent la pierre angulaire de la plupart des matières premières ;
une forte baisse de la demande des investisseurs institutionnels pour les actifs des
produits de base – en partie à cause des préoccupations des investisseurs concernant la
volatilité et à cause du fait que les matières premières ont accumulé des positions
considérablement longue sur le marché et avaient conservé leur valeur donc peuvent
être liquidées pour de l'argent par les institutions financières sous pression, tels que les
fonds d’investissement spéculatifs.
Vraisemblablement, les prix vont continuer à chuter l’année prochaines ou au cours des deux
prochaines années mais il est certain que ces facteurs connaissent des changements au cours
des cinq prochaines années c’est-à-dire que les cours des matières premières sont susceptibles
d'augmenter par la suite. Ils sont peu susceptibles d'atteindre à nouveau les sommets records
de juillet 2008, du moins pas pendant une longue période, donc les marchés financiers
doivent être en mesure de fournir des crédits considérables du moins dans un avenir
proche.
A l’heure actuelle, les gouvernements devraient donc accepter des faibles revenus générés de
l’extraction minière, si ceci est l’impact de la fiscalité équitable, car les prix connaîtront une
nouvelle hausse au cours des prochaines années et ils profiteront d’une part plus équitable des
rentes minières.
28
Chapitre deux
Pourquoi les taxes sont-elles importantes ?
Les recettes constituent le principal avantage de l’exploitation minière en matière de
développement
L’extraction minière est une activité économique qui fonctionne quasiment en
« autarcie ». Les compagnies minières étrangères importent la majeure partie de leur matériel
d’extraction, ainsi que les services techniques, financiers et l’encadrement nécessaires à
l’exploitation des mines. Les entreprises africaines capables de fournir ces matériels et ces
services sont très rares et se retrouvent surtout en Afrique du Sud. Une fois extrait, le minerai
brut est exporté pour être raffiné ou transformé. Cela signifie que les compagnies minières
étrangères tissent très peu de liens avec l’économie locale, négligeant ainsi une occasion de
stimuler le développement du secteur privé et la création d’emplois. En outre, étant donné
l’ampleur des capitaux requis pour l’extraction industrielle, ces entreprises créent très peu
d’emplois proportionnellement à l’abondante main-d’œuvre disponible dans les pays africains
riches en minerais28 .
Potentiellement, la contribution la plus importante de l'extraction minière est la hausse du revenu des pays miniers
C’est la raison pour laquelle la Conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement (CNUCED), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique
et le Fonds monétaire international s’accordent à penser que le bénéfice essentiel de l’extraction
minière en Afrique réside dans sa capacité à générer des recettes publiques par le biais d’un
système fiscal et budgétaire transparent (CNUCED, 2007). Selon la CNUCED, la contribution
potentielle la plus importante de l'extraction minière est la hausse du revenu des pays minier»29.
La Banque mondiale conteste ce point de vue. Elle affirme que le transfert de
compétences, de technologies et de capitaux peut améliorer l’impact de l’activité minière
sur le développement économique et social d’un pays30 – à condition que les
multinationales minières intègrent le développement durable dans leur modèle
économique. Cependant, à notre avis, cette volonté fait encore défaut, surtout parmi les acteurs
juniors du secteur (voir encadré 2.1). Les recettes fiscales restent l’instrument essentiel permettant
au gouvernement d’accroître la participation de l’industrie minière au développement d’un pays
29
dans un avenir proche grâce aux cadres juridiques liant intentionnellement ou involontairement
l’activité extractive au développement des collectivités locales et plus largement au
développement de l’économie
Aussi, faudrait-il souligner que beaucoup plus de structures fiscales transparentes permettraient
d’établir une relation de confiance entre l’Etat et les citoyens. Ceci permettrait le renforcement
et le développement de la démocratie participative dans les pays africains riches en ressources
minières en proie au conflit.
Les gouvernements africains ne parviennent pas à toucher une part équitable de la rente minière
Nos recherches ont révélé que ce sont des millions de dollars de recettes dont sont privés
chaque année les trésors publics africains à cause des subventions fiscales minières accordées
aux compagnies minières et des pratiques d’évasion fiscale de ces dernières (voir chapitre 3). Si
les recettes perçues et distribuées à travers le budget est le principal avantage des exploitations
minières dans les pays africains, alors il est juste de conclure qu’à l'heure actuelle, l’exploitation
minière en Afrique, profite essentiellement à une catégorie de personnes : les hommes politiques
africains, les actionnaires des multinationales, les ingénieurs, les consultants des entreprises de
construction et de gestion et les investisseurs qui financent ces compagnies.
Les recettes d'exploitation minière peuvent créer la demande pour les petites et micro
entreprises locales implantées dans les communautés minières et ont servi dans le passé d’une
importante source de transferts de fonds vers des pays comme le Lesotho, le Mozambique et le
Malawi – toutes les réserves de travail au service des conglomérats miniers de l'Afrique du Sud.
Mais ceci est négligeable compte tenu de la transformation économique massive requise pour
lancer le développement durable dans les pays les moins avancés. Plus sérieusement, au lieu de
contribuer à réduire la pauvreté dans les communautés minières, l’exploitation minière
industrielle pose des risques graves à l'environnement et aux moyens de subsistance dans lesdites
communautés.
Encadré 2.1
Impacts de l’exploitation minière sur les populations locales
Les populations vivant dans les environs des mines continuent d’être des victimes de l’activité
extractive à grande échelle. En effet, elles reçoivent peu d’assistance de l’état pour sauvegarder
leurs moyens de subsistance, leur état de santé et leurs ressources naturelles.
Les organisations qui ont rédigé le présent rapport ont travaillé avec les communautés
30
touchées par l'exploitation minière dans de nombreux pays africains et ont détaillé les coûts de
l'exploitation minière pour les communautés et les ménages. Il s'agit de la diminution des terres
agricoles, de la contamination des sols et des eaux, de la pollution de l’air, de la déforestation,
des expulsions forcées, des dommages aux habitations et un cadre de vie dangereux31 .
Ces impacts sur les communautés constituent un coût supplémentaire pour la société. Jusqu'ici,
les régimes fiscaux miniers africains n'ont pas réussi à encourager les sociétés minières à
améliorer leurs pratiques sociales et environnementales, et les lois nationales n'ont pas pu non
plus à protéger de manière adequate les collectivités et les ressources naturelles dont elles
dépendent. Par rapport à l'immense énergie consacrée au calcul des coûts et à l’atténuation des
risques commerciaux de l'exploitation minière pour les entreprises, très peu d'efforts ont été
faits pour atténuer les risques sociaux et environnementaux que posent l’exploitation minière
aux communautés.
Bien que certaines sociétés de renom comme Anglo American, sont maintenant disposées à
examiner les voies et moyens devant leur permettre d'atténuer l'impact social et environnemental
de leurs activités minières après de nombreuses années de pressions exercées sur elles par les
organisations de la société civile et les communautés touchées, leurs pratiques varient
considérablement d'un pays à un autre. Ceci est en partie déterminé par les dirigeants politiques
du pays et par l’efficacité et la mise en application des lois locales. Un certain nombre de
normes internationales et les déclarations des Nations Unies encouragent les multinationales à
être socialement responsables, à respecter les droits de l'homme et à rendre compte des
dispositifs qu’ils ont mis en place pour atténuer l’impact social et environnemental de leurs
activités en particulier dans les pays ayant de systèmes juridiques faibles. Ces normes sont
notamment les principes directeurs de l'OCDE pour les multinationales, le Pacte mondial des
Nations Unies, les principes de l'Equateur et l’ l'initiative des rapports mondiaux. Bien que le
processus d'élaboration de ces normes ait conduit de nombreuses multinationales de renom à
œuvrer à l’amélioration de l’impact environnemental et social, il faudrait aussi (a) un leadership
politique national de qualité capable de protéger les moyens de subsistance et les ressources
naturelles des communautés vivant dans les zones minières et (b) une législation nationale
environnementale, un code minier approprié afin de protéger les communautés. La législation
de type de la CEA et le code minier de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de
l'ouest (CEDEAO) et le code minier de la communauté de développement de l'Afrique australe
(SADC) montrent que les gouvernements africains sont décidés à réformer les cadres juridiques
miniers pour protéger les droits des communautés minières32 .
La responsabilité première des gouvernements est de s'assurer que les citoyens aient accès à
l'éducation, aux soins de santé, à l’eau, à l’assainissement et autres besoins humains
fondamentaux. Les compagnies minières commencent souvent des opérations dans des régions
isolées et économiquement défavorisées – dans de nombreux cas, des régions négligées par le
31
gouvernement. Par conséquent, les collectivités locales attendent à ce que les compagnies
minières qu’elles considèrent comme de « nouveaux patrons » contribuent à l’amélioration de
leurs conditions de vie en mettant à leur disposition les infrastructures de base dont elles ont
besoin au lieu de compter sur leurs gouvernements. Il ne faut pas s’attendre à ce que les
compagnies minières fournissent ces services de façon efficace et équitable. Il n’existe non plus
des mécanismes de responsabilisation entre elles et les communautés. C'est pourquoi les
paiements d'impôt qu’elles effectuent au trésor public sont plus importants que les services
directs qu'elles fournissent aux collectivités, étant donné que ceux-ci sont tout à fait volontaires,
peuvent varier d'une année à l'autre, ne sont pas répartis équitablement et représentent une part
infime des bénéfices engrangés par de les compagnies minières. Les populations des
communautés minières devraient être en mesure de surveiller la collecte des revenus par
l’entremise des administrations centrales et locales et devraient s’impliquer dans la distribution
des revenus miniers et l’utilisation de ces ressources. Pour appuyer cet argument, le tableau ci-
dessous montre que les sociétés minières très rentables dépensent moins de 1 % des bénéfices
sur le développement social communautaire en Afrique du Sud.
Tableau 2.1
Dépenses liées au développement communautaire de cinq compagnies minières sélectionnées,
200733 (millions de $EU)
Dépenses liées au
développement
communautaire
(CDS)
Profits CDS en % de
profits réalisés
AngloGold Ashanti 3,2(*) 657 0,49
Impala Platinum 5,7 (**) 2.200 0,26
Lonmin 2,8 408 0,68
32
Chapitre Trois
Perte de recettes fiscales due aux allégements fiscaux et à
l'évasion fiscale
Les avantages fiscaux que les gouvernements accordent aux compagnies
minières
Il n'y a rien de plus triste dans cette affaire qu'un pays très pauvre, ne possédant presque rien qui puisse
attirer des IED, en dehors de son sous-sol, permette aux investisseurs étrangers de payer des impôts ridicules
ou favorise le non-paiement d’impôts dans l'espoir d'attirer davantage d'IED. Le résultat est que dans cette
situation, presque tous les investissements sont focalisés sur les niches génératrices de rente qui feraient le
bonheur des investisseurs à cause d’une fiscalité raisonnable. Les mesures incitatives ne génèrent presque aucun
investissement direct étranger supplémentaire et constituent pour la plupart des pertes pour le trésor public34.
La fiscalité a quatre principales fonctions dans la société : elle permet aux gouvernements de
percevoir des revenus à travers le budget et d’investir ces revenus dans les plans de
développement nationaux et locaux. Elle permet aux gouvernements de redistribuer ces
recettes à travers le budget pour réaliser un développement plus équitable. Elle permet aux
gouvernements de revoir le prix des biens et services pour atteindre des objectifs sociaux et
environnementaux ou influencer le comportement des entreprises et des particuliers, et à
plus long terme, elle est associée aux puissants canaux de la représentation politique étant
donné qu’elle encourage les contribuables à réclamer plus de responsabilité à leurs
gouvernements35.
Depuis les années 1990, la fiscalité minière dans les pays africains a été utilisée principalement
pour influencer les attitudes des compagnies minières en les encourageant à investir dans
l'exploration et l'extraction minière. La fiscalité applicable aux activités minières n'a pas été
utilisée avec succès pour générer des recettes publiques (à l'exception de l'Afrique du Sud et
du Botswana) ou pour redistribuer ces recettes par le biais du budget ; ou pour encourager la
valorisation et les bonnes pratiques sociales et environnementales au niveau des compagnies
minières.
Les gouvernements africains n'ont pas réussi à recueillir des recettes budgétaires importantes
de l'exploitation minière malgré la hausse de la production et des prix pour deux raisons
33
principales : les allégements fiscaux excessifs accordés aux compagnies minières entraînant
des subventions fiscales et l’évasion fiscale agressive pratiquée par les sociétés minières,
principalement en insistant sur les allégements fiscaux dans les contrats miniers confidentiels.
Cette section examinera comment ces pratiques ont privé les gouvernements de revenu qui
auraient pu être utilisés pour les projets de développement.
Il n'y a rien de plus triste dans cette affaire qu'un pays très pauvre, ne possédant presque rien qui puisse
attirer des IED, en dehors de son sous-sol, permette aux investisseurs étrangers de payer des impôts ridicules
ou favorise le non-paiement d’impôts dans l'espoir d'attirer davantage d'IED
En général, les gouvernements utilisent les types d'impôts suivants pour percevoir des
revenus des contribuables et auprès des entreprises : importation, exportation, valeur ajoutée,
ventes, revenus, gouvernement local, feuille de paie de l'entreprise, droit de timbre, gains en
capital et retenue à la source. Ils font également le prélèvement des taxes sur les véhicules
(en RDC), sur les biens immobiliers, sur les chiffres d'affaires interne, sur le revenu de
location de concessions, sur les salaires et le carburant. En plus de ces taxes, il peut être
également demandé aux sociétés minières de payer des redevances ou des impôts sur les
bénéfices exceptionnels.
Tableau 3.1
Impôts miniers et objectifs de la politique fiscale36
Type d’impôt Objectifs
Redevance à base unitaire Un paiement au titre de la cession de
propriété pour fournir des revenus stables
et sûrs
Redevance basée sur la valeur du produit Un paiement de cession de propriété pour
fournir au moins quelques revenus
Impôt sur les biens immobiliers Pour fournir des revenus stables basés sur
la valeur des biens immobiliers très souvent
à l’administration locale.
Retenue sur les intérêts d'emprunt Fournir des revenus afin d'encourager une
plus grande équité, encourager le
financement local
Retenue sur les services importés
Fournir des revenus afin d'encourager
l'utilisation de services locaux
Droits d’enregistrement Fournir des revenus d'exploitation aux
34
bureaux administratifs
Loyer et taxes d’utilisation Fournir des revenus stables, souvent à des
administrations locales, pour l’utilisation
des terres
Impôt sur le revenu Fournir des revenus basés sur la capacité de
payer
Impôt sur les gains en capital Tirer des bénéfices sur l’aliénation des actifs
corporels.
Impôt sur les bénéfices supplémentaires ou
sur les bénéfices exceptionnels
Profiter d’une partie des bénéfices
exceptionnellement élevés
Retenue sur les bénéfices versés ou
dividendes
Fournir des revenus basés sur la capacité à
payer afin d'encourager la conservation du
capital dans le pays
Dans tous les pays africains – à l'exception de l'Afrique du Sud (jusqu'en 2009) et du
Zimbabwe – les sociétés minières paient des redevances calculées en pourcentage de la
valeur de la production au trésor public. Seul le gouvernement zambien a adopté le
prélèvement exceptionnels et des impôts de profits variables. Le Parlement zambien a adopté
cette mesure dans le cadre de l’amendement du projet de loi de l'impôt sur le revenu en avril
2008 sous la pression de la population et de la société civile zambienne à cause du faible
niveau de recettes générées de l'exploitation minière par l’industrie minière nouvellement
revitalisée qui avait enregistré un prix record pour le cuivre entre 2004 et 2008. Les sociétés
minières doivent également verser des redevances pour la concession minière (une source
majeure de revenus de l'exploitation minière en Sierra Leone) et les dividendes aux sociétés
d’Etat partenaires (République Démocratique du Congo possède toujours une entreprise
publique, Gecamines, qui a au moins 25 % d’actions dans toutes les nouvelles exploitations).
Dans tous les pays où nous avons mené notre étude à l'exception de la Sierra Leone et de
l'Afrique du Sud, les principales sources de recettes générées par l'activité minière sont les
redevances et les impôts sur les salaires. En Sierra Leone, les permis miniers et les droits à
l’exportation (qui sont calculés de la même manière que les redevances) continuent toujours
d’être la plus importante source de revenu du gouvernement. En Afrique du Sud — qui
dispose d'une industrie minière bien établie et une administration fiscale moderne et efficace
— le gouvernement encaisse ses revenus miniers grâce à l'impôt sur les sociétés, qui, à 28
%, est le plus faible taux d'impôt sur les sociétés en Afrique (à l'exception du congé fiscal de
cinq ans accordé aux sociétés minières par le gouvernement du Mali). En Afrique du Sud les
35
compagnies minières paient un taux d'impôt variable sur le revenu – celles qui déclarent
moins de 5 % des bénéfices ne paient aucune taxe. Cette mesure vise à encourager
l’extraction des minerais en terre profonde et à un coût très élevé. Ces mines emploient la
majorité des 500 000 travailleurs miniers de l’Afrique du Sud.
Le taux auquel l'activité minière est taxée ainsi que la base fiscale appliquée détermineront le
revenu que gagne le gouvernement. Les sociétés minières bénéficient des subventions fiscales
en
1. payant de taxes inférieures à celles d'autres entreprises ;
2. bénéficiant des réductions d’impôt par le biais des allocations spéciales ;
3. bénéficiant d'une exonération de paiement de certains types de taxes.
Les sociétés minières font valoir qu'ils ont droit à ces aides fiscales pour deux principales
raisons. Tout d'abord, les activités minières comportent des risques beaucoup plus élevés –
risques géologiques, financiers et politiques – que les autres activités commerciales. En
raison de l'incertitude géologique, les entreprises peuvent dépenser d’énormes sommes
d'argent pour l'exploration sans trouver les gisements économiquement viables.
Financièrement, l’extraction et l’exploitation minière nécessitent d’énormes capitaux, qui
sont irrécupérables pour payer les équipements et des services spécialisés. Ces capitaux sont
obtenus auprès des prêteurs institutionnels, banques et bourses de valeurs, souvent après des
arrangements financiers complexes. La volatilité des prix internationaux ou l’augmentation
soudaine des taxes pourraient assécher les flux de trésorerie d'une société minière causant des
pertes financières aux investisseurs. Les régimes fiscaux faibles et stables dédommageraient
les investisseurs des conséquences de la volatilité et rendraient leurs projets plus « bancables».
Enfin, les sociétés font valoir qu'ils sont confrontés à un risque « politique » élevé dans les
territoires où l'État est faible ou absent, et les lois et règlements sont inexistantes, non
appliqués ou appliqués arbitrairement. C’est la principale raison pour laquelle les compagnies
minières cherchent à signer des contrats individuels avec les gouvernements stipulant le
règlement des différends d'ordre juridique dans les juridictions internationales et détaillant les
concessions fiscales individuelles et à stabiliser leurs concessions pendant la durée de vie du
projet.
Deuxièmement, s’agissant des risques financiers, l’exploitation minière industrielle nécessite
d’énormes coûts d’investissement pour l’acquisition des équipements et des prêts avant le
début de la production. Les compagnies minières font valoir qu’on devrait leur permettre
de différer le paiement d'impôt sur le revenu jusqu’au recouvrement des capitaux investis
sinon elles ne seraient pas en mesure de lever des capitaux sur les marchés internationaux et
peuvent faire face à des pertes de flux de liquidité opérationnelle. En termes comptables,
36
cela signifie la réduction de leur base fiscale en déduisant les dépenses en capital (y compris
les services de prêts) de l'exploration et du développement des mines directement de leur
revenu imposable alors que la plupart des autres sociétés cette déduction s’étale sur la durée
de vie de l’entreprise ou sur une plus longue période de temps définie.
Les gouvernements africains, cherchant désespérément à attirer les investisseurs étrangers
dans le secteur minier au cours des années 1990, ont modifié leur législation fiscale pour
accorder des allègements fiscaux aux sociétés minières avec l’appui de de la Banque
mondiale (voir encadré 1.1). Toutefois, la section ci-dessous montre que les Etats ont pris un
énorme risque en matière de développement en exonérant les nouvelles compagnies minières
des taxes pendant les premières années d’activités alors que les sociétés mères des filiales
minières partout en Afrique ont déclaré des bénéfices énormes lors de la flambée des prix de
2003 à 2008.
Bon nombre d’allégements fiscaux sont conçus spécifiquement pour répondre aux risques
financiers auxquels font face les compagnies marginales (exploration très coûteuse des minéraux
en profondeur) ou les juniors (nouvelles compagnies inexpérimentées surtout intéressées par
l’exploration). Cela soulève la question de savoir si les gouvernements africains devraient
courtiser les investissements pour des projets «marginaux» ou des projets d'exploration en
renonçant aux recettes qui doivent être consacrés au développement lorsque (a) les
avantages sociaux et économiques de tels projets sont insignifiants et (b) s’ils causent
souvent des dommages aux communautés locales (voir encadré 2.1 sur le coût social de
l'exploitation minière).
Insert Table 3.2
Tableau 3.2
Politiques fiscales depuis les années 1990 aux attributs uniques des investisseurs miniers
étrangers37
Raison justifiant les traitements spéciaux accordés aux compagnies minières
Politiques fiscales
Un programme d’exploration long et coûteux sera élaboré avant le démarrage des activités d’exploitation proprement dites. Au cours de cette période, il y n'aura aucun revenu permettant de compenser ces coûts
Compenser les dépenses d'exploration de pré-production avec les revenus futurs (Report des pertes et amortissements)
L’exploration minière est une activité exceptionnellement intense et une opération
- Mettre en place divers moyens devant permettre d’accélérer la récupération
37
qui nécessite l’importation d’un grand nombre d'équipements et d’importants services
des capitaux investis dès le démarrage des opérations de production
- Réduire ou exonérer les droits à l'importation
- Réduire ou exonérer le paiement de la TVA sur les services et les équipements importés
Les produits miniers sont destinés à l’exportation
- Réduire les taux ou exempter les droits d’exportation
- Exonérer les exportations de la TVA
Les mines produisent des matières premières qui sont sujettes à des modifications substantielles des prix sur une base périodique selon le cycle économique
- Renoncer à certains types de taxes, généralement des redevances, pour des projets confrontés à de sérieuses contraintes financières
- Permettre le report des pertes
Comme de nombreux projets d'exploitation minière dureront pendant plusieurs années, les entreprises craignent qu'une fois qu’elles vont récupérer leurs investissements, le gouvernement changera les lois fiscales ce qui aura une incidence négative sur le rendement
- Stabiliser tout ou une partie des impôts au moins pendant la durée des opérations minières
- Stabiliser les taxes par l’entremise des lois ou d’un accord
Une entreprise peut bénéficier d’un traitement fiscal
spécial pour une seule opération, mais l'exploration
en cours peut conduire à d'autres opérations
- Appliquer les principes de séparation des comptabilités, qui stipulent que les comptes des activités minières ne doivent pas être mélangés avec des comptes d’autres activités
Lorsque le niveau d'investissement est
particulièrement important, l'investissement peut
être placé sous un régime fiscal difficilement
altérable
- Conclure un accord négocié incluant des dispositions fiscales spéciales avec les compagnies minières
i) Faible taux d’imposition et exonérations fiscales
Dans le cadre de ce rapport, nous avons examiné le cadre officiel – impôt sur le revenu et
les codes miniers – régissant la fiscalité minière dans sept pays africains. Les enquêtes que
nous avons menées ont révélé des tendances à peu près similaires dans tous les pays. Ces
observations sont mises en relief par des études comparatives similaires38. Dans tous les pays
couverts par cette étude, les sociétés minières bénéficient des avantages fiscaux ci-après :
38
Exonération de la TVA sur les importations ou sur les ventes à l’exportation
Les compagnies minières ne peuvent pas récupérer la TVA qu’elles paient sur les biens et
services de bénéficiaires ultimes des minerais et ont donc droit, comme d'autres sociétés
d'exportation, aux exonérations ou remboursements de la TVA. Néanmoins, en Afrique du
Sud, en Namibie, au Burkina Faso et au Mali les sociétés minières n’ayant pas une grande
influence évidente sur la viabilité économique des investisseurs nouveaux ou existants ne
bénéficient pas de ces exonérations.
Exonération des droits de douane sur les importations et les exportations
Historiquement, la plupart des gouvernements dans le monde ont utilisé les droits sur les
importations et les exportations minières et autres importations pour atteindre une panoplie
d'objectifs stratégiques : de la protection des produits locaux à l’amélioration des
infrastructures. Depuis les années 1990, cette tendance a changé à cause de la libéralisation
du commerce menée par la plupart des gouvernements africains– qui est à l’origine d’un
énorme coût budgétaire. Les recherches entreprises par le FMI ont montré que les pays à
faible revenu n'ont pu récupérer qu’environ 30 % des pertes de revenus due à la libéralisation
du commerce39. Etant donné que les droits à l'importation ont chuté considérablement
depuis les années 1990, on pourrait soutenir qu'un droit à l'importation modeste pourrait
remplacer le revenu perdu à travers le remboursement de la TVA ou les exonérations, sans
décourager l'investissement. Les opposants de cette idée soutiennent que même les droits à
l'importation d’un niveau modeste peuvent rendre un projet marginal économiquement non
viable.
En Sierra Leone, les droits sur les exportations du diamant provenant des mines artisanales
est de 3 %, et de 5 % pour la seule société minière industrielle du pays, Koidu Holdings
Ltd et 3% sur les exportations de diamants des commerçants agréés. Etant donné qu’en
Sierra Leone, aucune des sociétés minières n’a déclaré un revenu imposable, ces droits
constituent la plus importante source de revenus miniers pour le gouvernement40.
Faibles taux d'impôt sur le revenu des sociétés (IRS)
Durant les deux dernières décennies, il y a eu une diminution générale des taux de l'impôt sur
le revenu des sociétés dans tous les pays, y compris les revenus de l'exploitation minière.
Dans la plupart des pays africains, les sociétés minières paient le même taux d’impôt sur les
sociétés que toutes les autres entreprises. C’est uniquement en Sierra Leone où elles paient
30 % contre 37,5 % pour les autres entreprises. Au Mali, les sociétés minières bénéficient
d’un congé fiscal de cinq ans. En Afrique du Sud, les sociétés minières sont exemptes
39
d'impôt si leur bénéfice déclaré est inférieur à 5 % des revenus. Les taux d’impôt sur les
sociétés varient entre 30 % et 35 %, par rapport au taux de 40 % et même de 50 % il y a deux
décennies. Exceptionnellement, le code minier ghanéen de 2006 n’impose que 25 % d’IRS,
contre 45 % en 1986.
Seule la Namibie continue de percevoir un taux élevé d’impôt sur le revenu – 37,5 % pour les
sociétés qui n’explorent pas le diamant et 55 % pour les mines de diamants. Même si les
gouvernements pourraient augmenter leurs recettes en augmentant l’impôt sur les revenus,
cela ne pourrait pas garantir l’augmentation de l'assiette fiscale (voir chapitre 4). Selon un
document du FMI formulant des recommandations concernant les réformes fiscales minières
en Sierra Leone, « il n'y a aucune raison valable pour laquelle les sociétés [minières] devraient
bénéficier des réductions générales du taux d’impôt sur les sociétés... c'est assez fréquent que
les sociétés minières paient un taux d'impôt sur le revenu plus élevé que les autres
compagnies. L’imposition des taux plus élevés permet au gouvernement de s'approprier une
part des rentes provenant de l’exploitation des ressources41. Un certain nombre d'études
fiables ont trouvé que des incitations fiscales élevées ne conduisent pas nécessairement à
l’augmentation des investissements étrangers directs particulièrement dans les secteurs des
ressources naturelles, et que les gouvernements perdent des revenus en accordant ces
incitations aux sociétés minières42. Selon un rapport la firme international de conseils
« McKinsey », les incitations fiscales populaires telles que les congés fiscaux... ne servent
uniquement qu’à diminuer la valeur de ces investissements qui verraient probablement le
jour en tout cas43 ». Le FMI estime que les incitations fiscales contribuent au rétrécissement
de l'assiette fiscale des pays à faible revenu. Il indique qu’en Afrique subsaharienne,
l’utilisation des incitations fiscales est actuellement largement plus répandue que dans les
années 1980, avec plus de deux tiers des pays de la région offrant des congés fiscaux pour
attirer les investissements. Ces incitations non seulement réduisent l'assiette fiscale mais aussi
compliquent l'administration fiscale et sont une source importante de perte de revenus et de
fuite fiscale dans l'économie44 .
Faible taux de retenue à la source :
Les retenues d'impôt sont perçues sur les services fournis par les non-contribuables dans une
juridiction donnée et sont payées directement par les compagnies minières aux autorités
fiscales. Il s'agit pour l'administration fiscale africaine à faible capacité d'un moyen facile de
percevoir des impôts et de lutter contre les fraudes ou les évasions fiscales perpétrées par les
fournisseurs de services et les actionnaires. Dans les sept pays faisant l’objet de ce rapport, les
codes miniers et les lois fiscales prévoient la retenue à la source comprise entre 10 % et 15%
sur les dividendes payés aux consultants. En Afrique du Sud et au Burkina la retenue à la
source est de 12,5 %45. En Afrique du Sud, il existe une taxe secondaire similaire à la retenue
à la source qui est prélevée sur les dividendes des sociétés.
40
Ce taux est cependant inférieur à celui du Mexique, du Chili, et du Groenland qui est de
35%, 30 % en Australie occidentale et en Arizona et 20 % en Pologne et au Zimbabwe (où
la retenue à la source est créditée contre l'impôt sur le revenu)46. Au fil du temps, surtout
quand les projets miniers commencent à déclarer et à payer des dividendes plus élevés, les
gouvernements perdront des revenus importants en raison des faibles taux de retenues sur
l’impôt. Ceci est particulièrement important compte tenu du fait que les actionnaires
expatrient souvent leurs profits de dividende dans les paradis fiscaux où ils ne peuvent être
réglementés par les conventions de double imposition.
Exonération de l’impôt sur les bénéfices exceptionnels ou impôts sur les bénéfices supplémentaires
La Zambie est actuellement le seul pays africain qui applique un impôt sur les bénéfices
exceptionnels dans sa législation minière et ceci n’a commencé qu’en avril 2008. Au Ghana,
la loi sur l'exploitation des ressources minérales et minières de 2006 a supprimé l’impôt sur
les bénéfices exceptionnels qui figurait dans la loi sur l’exploitation minière de 1986.
L’impôt sur les bénéfices exceptionnels ou sur les bénéfices supplémentaires permet au
gouvernement de collecter des revenus supplémentaires lorsque les compagnies minières
réalisent des bénéfices exceptionnels. Les multinationales minières et leurs filiales en Afrique,
avaient annoncé dans la moitié des années 2000 une énorme augmentation des profits
réalisés résultant de l'augmentation brusque des prix internationaux de l'or, du cuivre, du
cobalt, de la platine et autres minéraux47. A titre illustratif, le prix du cuivre a été de quatre
fois supérieur en juillet 2008 que les prix estimatifs indiqués dans les études de marchés
réalisées par les entreprises investissant dans les mines de cuivre en Zambie.
Les Sociétés minières sont généralement contre les impôts sur les bénéfices exceptionnels qui
selon elles doivent être une compensation pour les risques financiers de leurs opérations.
Néanmoins et malgré l'opposition des compagnies minières, le gouvernement zambien, sous
la pression du public et des bailleurs de fonds, a introduit l’impôt sur les bénéfices
exceptionnels et l’impôt sur les bénéfices supplémentaires dans son code minier révisé en
avril 2008. Selon les amendements à la loi sur la fiscalité minière, les compagnies minières
devront payer une taxe sur les bénéfices exceptionnels fixée à 25 % lorsque les prix
internationaux dépassent le prix seuil convenu. L’impôt sur les bénéfices exceptionnels et les
taxes sur les bénéfices variables ne s'appliqueront pas concomitamment. En avril 2008, le
Ministre des finances a fait une projection de 415 millions de dollars, représentant le
montant que le gouvernement devrait percevoir comme revenu fiscal au titre de l'exercice
financier 2008/9. Sur cette base, le gouvernement a prévu une augmentation des
investissements dans le développement des infrastructures telles que l'électrification et la
construction des routes, financé par l’Etat zambien au lieu de recourir aux bailleurs de fonds.
41
Toutefois, certaines sociétés zambiennes – notamment First Quantum du Canada– ont
menacé d’intenter de poursuites judiciaires contre le gouvernement pour violation de leurs
accords de stabilité fiscale de 25 ans (voir la section 4 du chapitre). Beaucoup d'autres ont
demandé la réduction à 12,5% de l’impôt sur les bénéfices exceptionnels et l’abolition de
l’impôt sur les bénéfices variables qui est de 15 %. A cause de la chute des prix du cuivre
après l’envolée de juillet 2008, le gouvernement ne pourra plus recueillir la totalité des
revenus qu'il a projetés sur les taxes exceptionnelles au cours de cet exercice financier. Ce
qui est encore plus problématique est la pression exercée par les compagnies en vue d'abolir
la taxe qui est applicable uniquement lorsque le prix du cuivre dépasse 5.512 dollars par
mois. Ceci indique un manque de volonté de la part des compagnies minières à partager, de
façon raisonnable, les rentes de l’exploitation minière avec les gouvernements mais au même
temps demandent des subventions fiscales pour compenser les risques financiers.
Redevances faibles
Les redevances sont versées par les sociétés commerciales aux propriétaires d'une mine en
échange du droit d'extraire une ressource non renouvelable. Etant donné que les
constitutions africaines stipulent que l'Etat est le propriétaire des minéraux, les redevances
sont versées au trésor public. Seuls l'Afrique du Sud et le Zimbabwe n’imposent pas des
redevances. Toutefois, le gouvernement sud-africain prévoit présenter un projet de loi
introduisant de nouvelles redevances en 2009, étant donné que l’Acte sur l’exploitation des
ressources minières et pétrolières de 2004 stipule que l’Etat est le propriétaire des minerais
alors qu’avant les propriétaires fonciers privés étaient également propriétaires des minéraux
souterrains.
Les compagnies minières soutiennent généralement que les redevances ne devraient pas être
perçues et si elles sont perçues, elles devraient être calculées sur la base des bénéfices réalisés
et non la valeur des ventes. Elles justifient leurs positions par le fait que les redevances sur les
ventes réalisées ne prennent pas en compte les coûts de fonctionnement et pourraient donc
réduire la viabilité financière d'un projet. Pour cette raison, la Banque mondiale, dans sa
stratégie de 1992, a soutenu que les gouvernements africains devraient (a) réduire leurs
redevances et (b) utiliser les bénéfices déclarés, plutôt que la valeur des ventes comme base
pour calculer des redevances. Mais les experts en fiscalité minière ont rejeté cet argument
en avançant que « les effets de distorsion des redevances sont censés être beaucoup moins
graves pour toutes les parties en pratique qu'en théorie mais plus marginaux pour les mines
de qualité 48».
Certains économistes soutiennent que les redevances basées sur la valeur des ventes sont un
impôt régressif d’autant plus que les revenus restent les mêmes indépendamment des
42
bénéfices de l'entreprise. Mais les régimes fiscaux peuvent compenser cela par le biais de la
collecte de l'impôt sur le revenu des sociétés et des bénéfices supplémentaires ou des impôts
sur le revenu exceptionnel.
Une autre raison pour laquelle les gouvernements africains ne devraient ni réduire les
redevances ni introduire des redevances basées sur les bénéfices est que les compagnies
minières internationales peuvent manipuler leurs assiettes fiscales afin de réduire les bénéfices
déclarés (voir chapitre 4). Les redevances sont des impôts faciles à surveiller et à collecter
compte tenu de l'incapacité actuelle de nombreuses autorités des pays riches en ressources à
contrôler et à vérifier les bénéfices déclarés par les multinationales minières dotées des
structures de comptabilité très complexes et à cause de la nature opaque des transferts
financiers qu’elles effectuent. Il existe bien sûr un cadre juridique qui est mis en place et qui
énonce les principes clairs et transparents devant guider le calcul de la valeur des ventes de
minéraux. C’est donc sur cette base que les redevances sont calculées. A titre d’exemple, les
amendements de la loi zambienne portant impôt sur les revenus adoptée par le Parlement
en avril 2008 prévoient que les redevances soient calculées en se basant sur la cotation
moyenne mensuelle à la Bourse des métaux de Londres, sur les prix mensuels publiés dans le
Metal Bulletin ou sur les prix indiqués par toutes autres bourses de métaux comme convenu
avec le gouvernement. Au Ghana, le rapport sur les agrégateurs de l’ITIE a révélé que les
sociétés aurifères ont indiqué des prix différents pour l'or vendu le même jour conduisant à
des calculs de paiement des redevances différentes. Cela montre l'importance de la mise en
place d’un cadre bien défini pour calculer les prix de référence des minéraux49. En Sierra
Leone, les droits d’exportation sur les diamants alluviaux servent à financer l’Office sierra-
léonais de l’or et du diamant du ministère des minéraux et de l’exploitation minière qui
calcule le prix du diamant pour pouvoir fixer les droits de douanes sur l’exportation.
Les redevances constituent la principale source de revenu que les gouvernements gagnent
des nouveaux projets miniers pendant les premières années d’opération étant donné que les
compagnies d’exploration et les sociétés minières déduisent des revenus imposables
immédiatement ou sur une période maximale de trois ou quatre ans de même que toutes les
dépenses liées aux biens d'équipement et les intérêts sur les prêts consentis. Toutes les
sociétés minières peuvent reporter leurs pertes de recettes fiscales indéfiniment – lorsque les
dépenses en biens d’équipement sont supérieures au revenu imposable. En outre, elles
peuvent déduire immédiatement ou en quelques années, le coût total estimatif d'usure des
nouveaux biens d'équipement du revenu imposable. En principe, les sociétés amortissent ces
déductions sur la durée de vie de l'entreprise. L’ensemble de ces concessions signifient que
les sociétés minières qui investissent des sommes importantes dans l'exploration et
l'exploitation de nouvelles mines ne paieront pas d'impôt sur le revenu jusqu'à ce qu’elles
aient récupéré tous les fonds investis - parfois, cela peut prendre quelques années, parfois
43
cela peut prendre plusieurs années. CNUCED considère ces incitations comme « une
subvention voilée » accordée aux sociétés transnationales50.
Ceci étant, si les gouvernements n’arrivent pas à percevoir les redevances pendant les
premières années de nouveaux projets miniers, ils ne gagneront que très peu de revenus
budgétaires. Nous avons calculé les revenus sacrifiés au Ghana, en Tanzanie, en Sierra Leone
et en Afrique du Sud à cause des taux faibles des redevances fixées par les gouvernements
dans les lois sur la fiscalité minière depuis les années 1990. Ces lois ont été adoptées sous la
pression de la Banque mondiale (voir encadré 1.1) et sous la pression des compagnies
minières en Afrique du Sud. Nous avons calculé les pertes en comparant les recettes
réalisées sous le régime fiscal actuel aux revenus que les gouvernements pourraient réaliser si
les redevances étaient légèrement plus élevées. Ces calculs sont basés sur le taux de redevance
prévu dans les législations nationales. La section suivante est consacrée au calcul des recettes
perdues suite à la réduction ou à l’exemption des redevances négociée par les compagnies
dans les contrats individuels.
Au Ghana, la loi sur les ressources minérales et l'exploitation minière de 2006 impose des
redevances sur une échelle mobile de 3 % à 6 % de la valeur brute des ventes. Cette loi a
remplacé la loi sur les minéraux et les mines de 1986, qui a utilisé une échelle mobile de 3 à
12 %. Selon le rapport agrégateur de l’ITIE, aucune compagnie n'a jamais payé plus que
3% des redevances, en partie à cause des déductions pour amortissement et parce que
l'administration fiscale ghanéenne ne maîtrise pas l’utilisation des formules. Au Ghana, le
métal jaune représente 90 % ou plus des exportations de minéraux. Selon nos calculs, entre
1990 et 2007, le gouvernement avait perdu entre 387.74 millions de dollars (si les redevances
étaient fixées à 6 %) et 1,163 milliards de dollars (si les redevances étaient fixées à 12 %). En
2005, par exemple, le gouvernement ghanéen aurait dû recueillir plus de la moitié du montant
de la dette du pays si des redevances supplémentaires ont été payées au taux de 12 %.
Chaque année, les redevances supplémentaires auraient dépassées l’allègement de dette dont
a bénéficié le Ghana à travers l’initiative PPTE.
En Afrique du Sud, le gouvernement a élaboré, depuis mars 2003, un projet de loi portant
sur les nouvelles redevances. Le Parlement devrait adopter ce projet de loi en mai 2009.
L'industrie minière et la Commission sud-africaine de la concurrence ont soutenu fortement
que les redevances soient basées sur les bénéfices plutôt que sur les valeurs de ventes. Le
projet de loi initial a proposé une redevance de 8% sur le chiffre d'affaires pour les diamants
et de 2,25 % pour l'or. Ce taux a été réduit à une redevance de 3,7% basée sur les bénéfices
pour le diamant et 2,1 % dans le quatrième projet de loi élaboré en juin 2008. Si nous
utilisons le taux de redevance, compris entre 2,98 % et 4,63 %, proposé dans le troisième
projet de loi, le gouvernement sud-africain aurait perdu environ entre 359 millions de
44
dollars et 499 millions de dollars par an en revenus de minéraux non raffinés – sur la base
des revenus des métaux non raffinés et raffinés en 2006 en diminuant le taux de redevances
comme proposé dans le quatrième projet de loi51
En Tanzanie, à l’exception d’AngloGold Ashanti, aucune autre compagnie minière n'avait
payé d'impôt sur les sociétés avant la fin de 2008 – 10 ans après le démarrage des opérations
minières par les sociétés minières industrielles dans le pays52 AngloGold Ashanti a versé 1
million de dollars américains en 2007 au gouvernement tanzanien (voir section ci-dessous).
Par conséquent, les redevances représentaient la principale voie de collecte de revenu. Entre
2002 et 2006, les sociétés minières ont exporté environ 2 milliards américains de dollars d'or.
Au cours de cette période, environ 17, 4 millions de dollars ont été versés au gouvernement
à titre de redevance annuelle en se basant sur un taux de redevance de 3% de la valeur nette
(valeur marchande moins les coûts de transport et des opérations) des exportations d'or. Si
ces redevances devraient être augmentées à 5 % selon les recommandations de la
commission présidentielle chargée de réexaminer les accords53 conclus avec les sociétés
minières53, les recettes publiques auraient augmenté de 29 millions de dollars par an soit 145
millions de dollars pendant les cinq années. La Tanzanie est l'un des dix pays les plus pauvres
au monde – cet argent pourrait renflouer les caisses de l’Etat et pourraient servir à
l’amélioration des infrastructures de santé, de l’éducation et à la fourniture d’autres services
de base aux tanzaniens. Par exemple, le budget de l’Etat au titre de l’exercice 2007/8 prévoit
dépenser 48 dollars américains par personne dans les domaines de l’éducation, de la santé,
des infrastructures et de l’eau potable54. 145 millions de dollars américains suffiraient pour
fournir ces services à plus de 3 millions de personnes.
ii) Manipulation des abattements de l’assiette fiscale
Des problèmes sérieux existent autour de la manière dont les compagnies minières opérant
en Afrique reçoivent des allégements fiscaux pour les dépenses qu'elles engagent avant de
démarrer les exploitations minières. Aux fins de comptabilité, ces dépenses sont
généralement amorties jusqu’à la période pendant laquelle la mine est économiquement
active. Le traitement fiscal est très différent. Dans la plupart des cas, les allégements fiscaux
sont accordés lorsque le coût des dépenses est encouru. Cela a deux conséquences. La
première conséquence est que les comptes peuvent suggérer que ces compagnies réalisent
des bénéfices mais ne doivent pas payer de taxe. Cela apparait irrationnel aux yeux des
citoyens qui attendent que les collectivités bénéficient des avantages pécuniaires des licences
qu’elles délivrent aux compagnies minières pour réaliser ces profits. Deuxièmement, cette
méthode peut contribuer au report d'impôt pendant de nombreuses années, réduisant ainsi
massivement les recettes que les gouvernements africains génèrent de l’exploitation des
ressources naturelles qui constituent pour beaucoup d'entre eux la plus importante source de
45
revenu.
Dans certains pays, par exemple, il est permis aux sociétés minières de déduire les dépenses
en immobilisations effectuées dans le cadre de l'exploration et du développement de
nouvelles concessions du revenu imposable d'une ancienne concession. Cette pratique
équivaut à la subvention fiscale que l’Etat accorde aux compagnies minières et encourage les
sociétés minières à réinvestir les bénéfices dans l'exploration de nouveaux gisements miniers.
Les gouvernements doivent toutefois calculer les coûts en recettes fiscales perdues et les
comparer aux avantages de la nouvelle exploration avant d’accorder ces genres de
subventions aux compagnies minières. Le gouvernement zambien a, par exemple, décidé de
prendre toutes les mesures pour obliger à l'avenir les compagnies minières à renoncer à cette
pratique en « séparant » les paiements d'impôt sur leurs différentes concessions, et en
Tanzanie, la commission présidentielle chargé d’examiner le régime d'exploitation minière du
pays a recommandé qu’à l’avenir, il sera exigé aux compagnies minières de « séparer » leurs
concessions.
Nous ne contestons pas aux sociétés minières le droit de bénéficier des allégements fiscaux
sur les coûts qu'elles engagent. La question est combien de dépenses peuvent être déduites et
pour combien de temps. Les sociétés minières veulent déduire immédiatement tous leurs
intérêts sur les prêts contractés et les dépenses d'équipement et autres coûts d'immobilisation
de leur chiffre d'affaire. Cela semble être une demande raisonnable, mais en tenant compte
de l’énormité des dépenses que l'exploration et l'exploitation des mines exigent, les
compagnies minières investissant dans de nouveaux projets ne déclareront pas leurs
bénéfices réalisés pendant un certain nombre d’années pendant qu’elles remboursent leurs
créanciers et fournisseurs. Ceci est illustré par les constations que nous avons faites en
Tanzanie et en Sierra Leone.
La mine d'or de Geita est la seule mine qu’AngloGold Ashanti (AGA) exploite en Tanzanie
et est l'une des plus grandes mines à ciel ouvert d’Afrique. Selon les rapports annuels de la
société, cette mine d’or a produit 308 000 onces d'or en 2006 et la société a réalisé un profit
brut de 93 millions de dollars provenant des mines de Geita entre 2002 et mi-200755
Pourtant, AGA n’a payé qu’1 million de dollars d’impôt sur les sociétés jusqu'à présent et a
annoncé qu'il paiera d’impôt sur les sociétés qu’en 2011 après onze bonnes années
d’opérations. De même, Barrick Gold a enregistré un bénéfice net de 97 millions de dollars
entre 2004 et pendant le premier semestre de 2007 mais n'a pas encore commencé à payer
l’impôt sur le revenu des sociétés56
En Sierra Leone, Sierra Rutile commencera seulement à déclarer les revenus imposables en
2014, 10 années entières après le redémarrage des opérations en 2004. Koidu Diamonds, la
46
plus grande société minière spécialisée dans l'extraction du minerai de kimberlite et son
traitement du pays, a commencé les exploitations minières en 2004. En 2007, la société a
exporté des diamants évalués à 28,2 millions de dollars américains. Pendant ce temps, elle a
versé un total de 9,97 millions à l’Etat à titre de redevance et non d’impôt sur le revenu des
sociétés. Selon les projections financières de la société, elle ne commencera à déclarer ses
revenus imposables qu’en 2011. 57
En Tanzanie, il est permis aux compagnies qui ont signé des accords de développement
minier avec le gouvernement avant 2001 d'ajouter chaque année un supplément de 15 % à
leurs dépense d’immobilisation qu'elles n'ont pas encore été en mesure de compenser à
cause des bénéfices imposables. Il s'agit d'une clause contenue dans la Loi de l’impôt sur les
revenus de 1973 du pays, qui a été supprimée dans la Loi de l'impôt sur le revenu de 2001,
mais qui a été, sous la pression de la Banque mondiale et des gouvernements canadiens et
sud-africains, retenue pour les sociétés minières qui ont signé leurs contrats avant 2001.
Selon le commissaire tanzanien des minéraux, Peter Kafumu, "cette clause est ... comme une
incitation pour attirer des investisseurs et a été inclue sur conseil de la Banque mondiale.
Selon un haut responsable de la Chambre des mines de la Tanzanie, « nous savions que la
clause était nuisible à l'économie du pays parce qu’elle la prive de revenu fiscal de l'industrie
minière »58.
Cette mesure permet aux compagnies minières tanzaniennes d’ajouter cumulativement, au
début de chaque exercice, un supplément de 15 % au montant des dépenses en capital
qu’elles n’ont pas déduit du revenu imposable de l’exercice financier précédent. Cela
équivaut à une subvention publique aux sociétés minières et réduit la probabilité qu’elles vont
un jour un jour payer l’impôt sur leurs bénéfices. En 2003, un commissaire aux comptes
mandaté par le gouvernement pour vérifier les comptes des quatre principales compagnies
minières aurifères du pays a affirmé que les pertes déclarées par les deux plus grandes
compagnies minières du pays, AngloGold Ashanti et Barrick Gold Mine étaient supérieures
de plusieurs millions de dollars aux pertes réellement subies, ce qui a réduit leurs obligations
fiscales envers le gouvernement. Un audit commandité par le gouvernement a affirmé
qu’elles l'ont fait en formulant une « demande erronée »» ou en fixant les charges de
l'abattement fiscal supplémentaire de manière anticipée. Si ces chiffres sont exacts, cela a
coûté au gouvernement près de 132 millions de dollars en pertes de revenus entre 1998 et
200359.
Ce ne sont pas tous les régimes fiscaux miniers africains qui accordent ces généreuses
déductions pour amortissement. Dans certains régimes fiscaux, les sociétés minières doivent
« amortir » leurs dépenses en capital pendant plusieurs années pour permettre au
gouvernement de percevoir des revenus imposables à un stade plus précoce. En Zambie, la
47
nouvelle loi fiscale stipule que les entreprises peuvent déduire seulement 25 % des dépenses
d'investissement chaque année. Ceci est similaire aux types de déductions qui ont prévalu
avant les années 1990. A titre d’exemple, le régime fiscal ghanéen de 1975 a fixé à 20% la
déduction pour amortissement pendant la première année d’opération et 15 % du solde
tous les ans pendant la durée de vie de la mine. Actuellement, les sociétés minières
ghanéennes ne peuvent déduire seulement que 80 % au cours de la première année
d’opération et le reste par la suite en parts égales.
L’amortissement accéléré permet aux sociétés minières de déduire tout ou une partie des
coûts estimatifs d’usure de leurs machines et équipements immédiatement ou pendant les
premières années du projet. La plupart des compagnies étalent cette déduction sur la durée
de vie de l'entreprise. Cette mesure incitative retarde inutilement la déclaration des revenus
imposables par les sociétés minières. Au Malawi, le gouvernement a expressément refusé
d’accorder une telle mesure incitative à Paladin Ltd, première compagnie minière
industrielle du pays.
Les infrastructures adéquates, une stratégie adéquate d'exploitation minière et une autorité fiscale compétente
déterminent clairement le niveau de revenu que les gouvernements peuvent tirer de l'exploitation minière.
Ces incitations fiscales sont censées être une mesure nécessaire pour attirer de nouveaux
investisseurs pour exploiter les ressources minières des pays riches en minerais mais qui
manquent d'infrastructures pour soutenir une industrie minière d’où les coûts
d'infrastructure supplémentaires que ces investisseurs doivent supporter. Ainsi, au lieu
d'améliorer le secteur énergétique et les réseaux routiers, indispensables au fonctionnement
des sociétés minières dans les régions éloignées, les gouvernements préfèrent plutôt accorder
des allégements fiscaux aux compagnies minières en espérant que cela compenserait le
surcoût des opérations. Mais, les subventions fiscales ne devraient pas être utilisées pour
compenser les coûts opérationnels additionnels des entreprises, sauf si elles font partie d'une
stratégie d'exploitation industrielle bien conçue qui vise à lier l'activité minière à la
transformation du reste de l'économie.
Les infrastructures adéquates, une stratégie appropriée d'exploitation minière et une autorité
fiscale compétente déterminent clairement le niveau de revenu que les gouvernements
peuvent tirer de l'exploitation minière. En 2007, les compagnies aurifères sud-africaines
caractérisées par des coûts de fonctionnement plus chères au monde en raison de
l’enfouissement géologique en profondeur des minerais d'or, ont collectivement déclaré des
bénéfices imposables s’élevant jusqu’à 672 millions de dollars et ont payé 127 millions de
48
dollars au gouvernement. En Tanzanie, où les mines industrielles ne sont exploitées que
depuis 10 ans, ce n’est qu’une seule société qui a déclaré un revenu imposable pour autant
dérisoire.
Pour les pays africains qui souffrent pour l’instant d’une carence en infrastructure de qualité,
une stratégie minière clairement définie, des autorités fiscales compétentes, les redevances ou
les droits à l'exportation demeurent par conséquent un moyen très important de
recouvrement des recettes publiques pendant les premières années d’un projet d’exploitation
minière.
Tableau 3.3: Comparaison des impôts dans les législations fiscales sur l’exploitation minière (non pas les contrats) de quelques pays africains riches en ressources minières60
49
Redevances basées
sur la valeur
marchande
CIT TVA Taxes sur les importations/exportations
Taxe sur le carburant
Retenues à la source
Burkina Faso 7% pour les pierres précieuses 4% pour les métaux de base 3% pour les métaux industriels/précieux
35% Oui 11% pour les équipements miniers destinés à la production
n/a 12,5% sur les dividendes
Angola 5% pour les pierres précieuses 3% pour les minéraux métalliques (peuvent être fixées selon les mines)
35% 10% de taxe sur les revenus des investissements financiers
La TVA n’est pas applicable en Angola
Exonération n/a 15% sur les dividendes
Namibie 10% pour les pierres précieuses 5% autres minéraux
37.5% pour les compagnies non-diamantifères 55% pour les compagnies diamantifères
0-15%, pas de concessions pour les compagnies minières
pas de concessions pour les compagnies minières
n/a 5-15% sur les dividendes des intérêts à introduire en 2009.
Zimbabwe aucune 35% 0% 5% sur le matériel d'exploitation minière, remboursables si les minerais sont exportés
n/a 20% (crédité contre l'impôt sur le revenu)
Mali 6% sur les ventes brutes moins coûts de raffinage
0% pendant les cinq premières années (exonération fiscale) réduction de 35% si les bénéfices sont investis au Mali.
Pas de TVA pendant les cinq premières années. 18% récupérable après les cinq premières
0 % au cours de l'exploration et les 3 premières années de production, après 7,5-22%
n/a 10% sur les dividendes
Mozambique Taxe de production sur la valeur des minéraux vendus Le pourcentage sera déterminé par le Conseil de ministres 10-12 % pour les diamants 3-8 % autres minéraux
32 % jusqu'en 2010, les compagnies minières investissant plus de 0,5 m de dollars paient moins de 25 % d'impôt pendant les 5 premières années de production
Exonération Exonération accordée à tous les équipements miniers
n/a 10% sur les dividendes
Malawi 10 % pour les minéraux non transformés 5% pour les autres minéraux
30% 0% Exonération Exonération n/a
50
Tanzanie 3 % pour les métaux jaunes peuvent être reportés si la marge d'exploitation est inférieure à 0
30% Exonération 0% pour les biens d'équipement destinés à l'exploitation minière 5 % pour les pièces détachées des équipements d'exploitation pour la première année, puis 0 % après
Aucune Aucune
République d’Afrique du Sud
Redevances basées sur les bénéfices doivent être introduites en 2009 3,7% pour le diamant 2,1% pour l’or
28% en 2008 Taux variable pour l’exploitation des mines d’or, jusqu'à 37,5 % en fonction du rapport de profit au revenu
14% % Taxes à l'exportation sur le diamant brut
n/a A percevoir en 2009, en remplacement de l'actuel 10 % STC sur les dividendes déclarés
Sierra Leone 5 % pour les pierres précieuses, 4 % pour les minéraux précieux, 3 % pour les minéraux industriels, 3 % pour l’exploitation minière artisanale
30 % (les compagnies non minières paient 37,5 %) 3,5% pour taxe
sur le chiffre
d'affaires si les
revenus sont
inférieurs à 7 %
du chiffre
d'affaires
n/a Seuls les équipements de prospection / exploration sont exonérés de taxe La loi relative à la Sierra Rutile fixe les droits à l'importation à 5 % uniquement pour la compagnie 5 % pour les équipements d’exploitation des mines de diamant 5,5 % pour taxe à l'exportation pour les mines industrielles 6% pour taxe à l’exportation – exploitation minière – 3 % pour la redevance 3% pour taxe à l'exportation pour les négociants
Aucune exonération, fixée séparément
10 % pour les entrepreneurs non-résidents 5% pour les entrepreneurs résidant 15 % pour les intérêts et 10% pour les dividendes
Zambie 3% pour le cuivre 30% remboursements de la TVA
Exonération accordée à tous les équipements d’exploitation minière
n/a 10% sur les dividendes et les intérêts
Ghana 3-6% 25% Exonération de la TVA
Exonération accordées à 500 articles utilisés dans l’exploitation minière
10% sur les dividendes et les intérêts
RDC 2% pour les métaux non ferreux 2,5% pour les métaux précieux 4% pour les pierres précieuses
30% La TVA n’est pas applicable en RDC
2% avant le début des opérations minières 5% lorsque les opérations ont démarré 3% biens de consommation sans droits à l'exportation
3% Taxe à l’importation
10% sur les dividendes Aucun sur l’intérêt sur les profits si la compagnie paie les droits des tiers.
51
Pratique d’évasion fiscale par les compagnies minières
i) Négocier les allègements fiscaux dans les contrats secrets
Les lignes directrices de l’OCDE à l’intention des multinationales stipulent que les entreprises
devraient s'abstenir de rechercher ou d'accepter des exonérations fiscales qui ne figurent pas dans
les cadres législatifs ou réglementaires.
Malgré l’existence de cette directive internationale, les multinationales minières qui cherchent à
investir ou à accroître leurs investissements en Afrique continuent de conclure des accords
confidentiels avec les gouvernements en vue d'acquérir des taux d'imposition spécial et des
concessions non stipulées dans les codes miniers. Ces avantages fiscaux sont normalement inclus
dans les accords d’exploitation minière qui énonce les responsabilités détaillées de chacune des
parties. Ces accords sont des contrats commerciaux juridiques et priment sur les législations
nationales. Ils se substituent au régime fiscal national lorsqu'ils comprennent des taux d'imposition.
Les accords d’exploitation minière confidentiels ont été un instrument clé utilisé par les compagnies
minières pour éviter de payer des impôts miniers énoncés dans la législation nationale. Elles ont pu
obtenir ces exemptions dans les pays désespérés à attirer des investissements privés étrangers dans
leur secteur minier depuis les années 1990 après que la Banque mondiale leur a notifié que leurs
régimes fiscaux miniers existant tels énoncés dans les législations minières et dans les lois relatives à
l’impôt sur le revenu n’étaient pas propices à l'investissement privé. Au lieu que les Parlements
procèdent à la révision des législations fiscales, les hommes politiques se sont arrogés ce rôle en
concluant des accords fiscaux secrets avec les compagnies d'exploration minière individuelles –
accordant à ces dernières l’opportunité d’obtenir, autant que possible, des allègements fiscaux
alléchants.
Cette section décrira comment ces accords fiscaux secrets ont été conclus en Zambie, en
Tanzanie, au Malawi, en Sierra Leone, au Ghana et en République Démocratique du Congo, et dans
quelle mesure ils diffèrent des taxes prévues dans les législations fiscales nationales. Elle fournira
également des estimations en Zambie, au Malawi, et en Sierra Leone sur le montant des recettes
perdues en raison de l'exonération fiscale.
En Zambie, les accords d’exploitation minière négociés avec des investisseurs privés qui ont repris
les mines de cuivre après la privatisation de la Zambia Consolidated Copper Mines en 1998
offrent des exonérations fiscales considérables aux sociétés minières. La législation minière permet
au ministre de tutelle de conclure des accords privés avec des compagnies minières. Selon Lennard
Nkhata, Secrétaire permanent par intérim au Ministère zambien des minéraux et des mines, le
secteur privé voulait obtenir des concessions afin de pouvoir être en mesure de recapitaliser les
mines une fois qu’elles démarrent leurs activités d’exploration et d’exploitation et les rentabiliser en
fin de compte. Les compagnies voulaient obtenir l’allègement de certaines taxes …pour que l’offre
soit très attractive61.
Des avantages fiscaux énormes sont accordés aux sociétés minières dans les accords qu’elles
concluent avec le gouvernement – qui payait Clifford Chance, un cabinet international d’avocat
52
basé à Londres pour ses expertises. Les deux plus grandes compagnies minières, Konkola Copper
Mines (KCM), détenue par Vedanta Plc en 2004 et Mopani Copper Mine, propriété de First
Quantum, ont réussi à négocier des contrats qui leur permettaient de payer seulement un cinquième
des redevances prévues par la Loi sur les mines. Fixé à 0,6 %, ces taux étaient les plus faibles en
Afrique. Une autre concession fiscale leur permet de différer les paiements de redevances si leur
marge d'exploitation de trésorerie est inférieure à zéro. Ces allégements fiscaux ont privé les coffres
du gouvernement de revenu indispensable au développement. Vedanta Plc a acheté KCM chez
Anglo American en 2004 à 50 millions de dollars, un prix défiant toute concurrence. Pendant la
période où le cuivre a enregistré de faibles prix, la mine a requis d'énormes nouveaux
investissements et Anglo American ne pensait pas que c'était une solution économiquement viable.
Cependant, avec la flambée des cours des matières premières, KCM a déclaré augmenter les
bénéfices d'exploitation de 52 millions de dollars en 2005 à 206,3 millions en 2006. Pendant ce
temps, First Quantum a réalisé un bénéfice net qui est passé de 4,6 millions en 2003 à 152,8
millions de dollars en 2005. Pendant que ces compagnies traversaient une période faste62, le ministre
des Finances de la Zambie, dans son discours sur le budget au titre de l’exercice financier 200662 , a
estimé que le pays obtiendrait moins de 11 millions de dollars de redevances de l'extraction du
cuivre lors du prochain exercice63 . Une comparaison historique permet de placer ces pertes de
revenus en perspective. En 1992, les prix internationaux du cuivre avoisinaient 2 280 dollars la
tonne et les mines de cuivre zambiennes ont produit environ 400 000 tonnes de cuivre. Les recettes
budgétaires provenant des impôts miniers de cuivre et autres versements s’élevaient à 200 millions
de dollars. En 2004, le prix du cuivre avoisinait 2,868 dollars la tonne, et après certains travaux de
restructuration du secteur du cuivre, le pays a encore produit 400 000 tonnes de cuivre. Cependant,
cette fois-ci, le pays n’a recueilli qu’environ 8 millions de dollars de recettes budgétaires de
l'industrie du cuivre64.
Les compagnies minières ont également demandé une réduction des taux d'impôt sur le revenu des
sociétés de 30 % prévu dans la Loi, à 25 %, de même qu’une exemption de 10 % de retenue à la
source prévues par la Loi. Entre 2002 et 2004, le gouvernement a recueilli seulement 3 millions de
dollars en redevances. Selon nos calculs, si les compagnies minières avaient payé les redevances de
3% sur le chiffre d'affaires brut tel que stipulé par la Loi sur l’exploitation minière et des minéraux,
le gouvernement aurait engrangé 63 millions de dollars supplémentaires qui auraient pu être utilisé
pour financer sa stratégie nationale de développement national65.
Ces allégements fiscaux ont été fixés pour une période pouvant aller jusqu'à 20 ans. Tous les
contrats d’exploitation minière stipulent que les sociétés minières peuvent traduire le gouvernement
devant un tribunal d'arbitrage international si ces exonérations fiscales sont supprimées. C'est
exactement ce que First Quantum a menacé de faire après que le Parlement zambien adopté des
modifications à la Loi de l'impôt sur le revenu en avril 2008 supprimant l'exonération fiscale dans
les contrats d’exploitation minière.
En Tanzanie, les plus importantes compagnies minières ont signé six accords d’exploration et
53
d’exploitation minière avec le gouvernement au cours des 10 dernières années. Aucune des sociétés
minières n’a demandé des exemptions de redevances ou de taux d'impôt sur le revenu des sociétés
dans les contrats miniers qu’ils ont signé avec le gouvernement tanzanien. Toutefois, elles ont
demandé des exonérations sur des taxes d’administration locale, sur la retenue à la source et sur les
prélèvements de carburant. Selon le Commissaire en charge des ressources minérales, Dr Peter
Kafumu, négocier avec les compagnies minières a été une expérience intimidante ; c’est un peu
comme une arme traditionnelle qui est braquée sur vous: « les sociétés minières tiennent un panga
par le poignet et l'extrémité pointue est pointée sur vous. »
En droit matériel, les taxes d’administration locale sont fixées à 0,3 % de la valeur du chiffre
d'affaires de la société alors que les accords miniers stipulent que les compagnies minières ne
paieront pas de taxes d’administration locale supérieures à 200 000 dollars américains par an.
Outre le fait que ces montants sont nettement inférieurs à 0,3 % du chiffre d'affaires, les
administrations locales n'arrivent même par à percevoir les 200.000 dollars stipulés dans le contrat
auprès des sociétés minières. Etant donné que les compagnies minières mettent d’énorme pression
sur les infrastructures et les collectivités des régions où elles opèrent, ces taxes permettent à
l’administration locale de fournir des services sociaux et autres services nécessaires indispensables à
la survie de la communauté. Les accords exemptent les compagnies de payer la retenue à la source
sur les intérêts destinés aux partenaires comme les sociétés mères ou associés, bien que la Loi de
1998 stipule qu’elles ne doivent pas verser la retenue à la source sur ces prêts.
Les compagnies minières ont également voulu obtenir des exemptions des prélèvements sur le
carburant. La Commission Bomani mise sur pied par le chef de l’Etat pour revoir les accords
d’exploitation minière estime que 39,8 milliards de Shilling tanzanien ont échappé au
gouvernement en 2006/2007 et en 2007/8 à cause des exonérations sur le prélèvement sur le
carburant accordé à six grandes compagnies minières. Si ces compagnies ne bénéficiaient pas de
ces exemptions sur le carburant qu’elles utilisent pour leurs groupes électrogènes à des fins de
production, comme le suggère la Commission Bomani, le gouvernement sera en mesure de réduire
ces pertes de revenus66. Les droits de timbre sont fixés à 0,3 % dans les contrats miniers soit le
dixième des 4% stipulés dans la Loi minière67.
Au Malawi, le principal cadre juridique de l'exploitation minière est la Loi relative aux mines et aux
minéraux qui date de 1981. Le nouveau projet d’uranium à Kayalekere dans le nord du pays,
exploité par Paladin Africa Ltd, est le premier projet d'exploitation minière à grande échelle à
entreprendre au Malawi. Le projet a été au cœur d’une controverse due au fait que les organisations
de la société civile ont traduit le gouvernement en justice pour violation de la constitution et de la
loi sur la protection de l’environnement du Malawi. Elles ont accusé le gouvernement de négocier
un contrat d’exploitation minière sans procéder à une étude d'impact environnementale adéquate,
de garder secret les clauses du contrat et de donner le feu vert au démarrage du projet en l'absence
de lois réglementant l'extraction d'uranium. Jusque là, le gouvernement est convaincu que
l'exonération fiscale qu'il a accordée à Paladin ne laissera pas vide les coffres de l’Etat comme ce
fut le cas de la Zambie et dans une certaine mesure, la Tanzanie. Selon Ellason Kasonga, le
54
directeur du département des mines « nous étions au courant de la présence des gisements
d'uranium mais nous avions préféré les laisser inexploités plutôt que d'obtenir un accord
désavantageux. Nous savons très bien que nos pays voisins ont échoué et nous avons décidé d'en
tirer des enseignements 68». Nous avons déduit de nos analyses que le gouvernement n’a tiré aucun
enseignement.
Le gouvernement a décidé d’acquérir 15 % des actions dans la société en échange d'un certain
nombre d'incitations fiscales qui sont accordées à la compagnie dans le contrat d'exploitation
minière. En effet, Paladin bénéficiera d'une réduction de 2,5 % d’impôt sur les sociétés, une
réduction des taux de redevance à 1,5 % pendant les trois premières années et 3 % par la suite par
rapport au taux de 10 % prévu dans la Loi pour les minéraux non raffiné.
Nous avons calculé les revenus qui échappent au gouvernement à la suite de la signature cet accord.
La majeure partie des recettes perdues peut être obtenue sous forme de redevances, compte tenu du
fait qu’elles sont relativement faciles à calculer sur la base du chiffre d'affaires brut estimé. Il est
plus difficile de calculer les pertes de revenus liées à la réduction du taux de l'impôt sur le revenu
des sociétés étant donné que les entreprises peuvent retarder la déclaration du revenu imposable
pendant de nombreuses années en raison des capitaux énormes et des dépenses opérationnelles
requises dans l'industrie minière. Les estimations les plus récentes montrent par exemple que les
dépenses en immobilisations sont de l’ordre de 200 millions de dollars par rapport aux projections
initiales de 187 millions de dollars69. Il est peu probable que la compagnie déclare tous les profits à
moins qu’elle ne récupère ces dépenses des revenus des ventes, ce qui peut prendre plusieurs
années. Etant donné que l'étude de faisabilité financièrement concluante entreprise par la
compagnie elle-même a indiqué une réduction des recettes escomptées de 195 millions dollars à
70 millions de dollars par an au cours des quatre dernières années d'exploitation, les revenus
budgétaires seront en grande partie composés des paiement de redevances70.
En se basant sur l'étude de faisabilité financièrement concluante entreprise par la compagnie, elle
réalisera des ventes environnant 197 millions de dollars d'uranium pendant les sept premières
années d'exploitation. Selon nos calculs, cela devrait apporter au Trésor public du Malawi environ
19,7millions par an si le taux de redevance était de 10 %. Même au cas où les ventes chutent jusqu’à
70 millions de dollars par an au cours des quatre dernières années d’exploitation minière, le
gouvernement devrait encore gagner 7 millions de dollars par an. Toutefois, les exonérations
fiscales généreuses accordées dans le contrat minier signifie que le gouvernement ne gagnera
qu'environ 2,9 millions de dollars par an au cours des trois premières années d'exploitation et 5,8
millions au cours des quatre prochaines années. Après cette période, les redevances chuteront
jusqu’à 2,1 millions de dollars71. 16,8 millions de dollars échapperont donc au gouvernement par an
au cours des trois premières années d’opération et 13,9 millions par an au cours des quatre
prochaines années. Pendant les quatre dernières années, 5 millions de dollars échapperont au
gouvernement par an. Ce qui fera au total 124,5 millions de dollars de manque à gagner pendant 11
ans d’opération. Même si le gouvernement réduisait les redevances de moitié, c’est-à-dire 5 %,
comme le gouvernement namibien dans le cas de Paladin qui exploite une autre mine d’uranium, il
55
en résultera toujours un manque à gagner de 62. 25 millions de dollars pendant toute la durée de
vie du projet qui est de 11 ans. Les 10 millions de dollars, déductibles d'impôt, promis par la
compagnie pour des projets de développement et d’approvisionnement en eau potable dans la
communauté de Kayalekera, paraissent dérisoires comparativement au manque à gagner.
En Sierra Leone, l’exploitation minière constitue l'épine dorsale de la stratégie de développement du
gouvernement. Avant la guerre qui a duré 10 ans, de 1991 à 2001, l’exploitation minière a généré
environ 20 % des recettes fiscales du pays. Mais actuellement, les revenus de l'exploitation minière
sont insignifiants. La plupart des recettes publiques sont constituées de taxes à l'exportation sur les
diamants. En 2006, les recettes publiques totales générées de l’exploitation minière s'élevaient de 9
millions de dollars à 10 millions de dollars, environ 5 % des ventes de diamants dont le total était
estimé à 179 millions de dollars.
Des études suggèrent que grâce aux réformes institutionnelles et au renforcement des capacités, les
sociétés minières Sierra-léonaises pourraient vendre jusqu’à 1 milliard de dollars de minéraux par
an d'ici 2020, soit une augmentation de sept fois supérieur aux niveaux actuels. Grâce à la gestion
adéquate du cadre fiscal et des dépenses budgétaires, les revenus tirés de ces exportations
pourraient contribuer à faire sortir jusqu'à 1 million de personnes de la pauvreté72.
Sierra Rutile, la deuxième plus grande compagnie exportatrice de minéraux en Sierra Leone a
bénéficié des exonérations fiscales mirobolantes dans les trois accords signés avec le gouvernement.
En 2001, le gouvernement et la Sierra Rutile ont signé un accord qui a été adopté au Parlement en
200273. La Sierra Rutile Agreement Act de 2002 fixe les redevances à 3,5 % des ventes totales et à
3,5% l’impôt sur le revenu du chiffre d'affaires ou 37,5 % des profits de la valeur la plus élevée. La
Loi contient également une clause de stabilité, qui permet à la Sierra Rutile de continuer à payer les
taxes qui y sont stipulées pendant toute la durée du bail minier, qui est de 25 ans. Puis, en juillet
2003, le gouvernement a signé un protocole d’accord avec la Sierra Rutile qui a annulé certaines
dispositions de la Loi. Tout d'abord, le protocole a réduit le taux de redevance à 0,5 % jusqu'en
2014, après quoi il reviendrait à 3,5 %. Aussi, il a réduit l'impôt sur le chiffre d'affaires à 0,5 %
jusqu'en 2014 et a totalement supprimé le paiement de l'impôt sur les bénéfices jusqu'en 2014. Il a
encore réduit le prélèvement sur l’importation du carburant de 12 % prévu dans la Loi, à 1 %
jusqu'en 2014.
Une étude menée en 2005 par la Banque mondiale sur l’industrie minière sierra léonaise a révélé
que cette offre fiscale était « en grande partie sous l’impulsion de la compagnie minière » qui a fait
valoir qu’elle allait lancer un important programme de rénovation et qu'elle avait déjà perdu des
dizaines de millions de dollars de matériel pendant la guerre civile. Selon de hauts fonctionnaires de
l'Administration fiscale, le gouvernement était « désespéré » et voulait drainer à tout prix de
nouveaux investissements. En février 2004, le gouvernement a conclu un accord avec la société à la
suite du protocole d’accord de 2003 confirmant qu'il allait renoncer à la retenue à la source
équivalent à 37 millions de dollars en contrepartie d’une paraticipation de 30 % dans la société,
comptabilisée annuellement à un taux de 3 %.
56
Une évaluation interne menée par le gouvernement sierra-léonais indique que le manque à gagner
résultant des concessions fiscales généreuses accordées à Sierra Rutile seraient de 98 millions de
dollars entre 2004 et 2016 – soit environ 8 millions de dollars par an. D'autres estimations réalisées
à l'aide de projections de revenus ont évalué les pertes à 68 millions de dollars, soit 5,6 millions de
dollars par an. La Sierra Leone est le pays le plus pauvre du monde – ce revenu supplémentaire
permettrait au gouvernement de réaliser son plan de développement national en investissant dans
les domaines de la santé et de l'éducation et dans le développement des infrastructures.
En RDC, l'histoire récente de l'exploitation minière est minée par des allégations de politiciens
corrompus accordant des exonérations fiscales illégales aux sociétés minières en contrepartie des
avantages privés. Ces allégations ont été bien documentées74. La Banque mondiale a financé un
certain nombre d'études et d’audits des conditions financières des contrats miniers signés depuis
1996. Un audit mené dans ce cadre en 2004 par Ernst and Young a révélé que Gécamines n'a reçu
aucune part des bénéfices réalisés suite à ses participations dans des co-entreprises avec des
sociétés minières privées en raison des dispositions et des modalités des contrats miniers qu'elle
avait négociés avec ces compagnies minières privées.
Le Président et les hauts fonctionnaires du ministère des mines étaient chargés de la signature de
ces contrats75 . En 2005, la Commission Lutundula, une commission parlementaire mise sur pied
par le gouvernement pour mener une enquête sur les contrats miniers du pays signés entre 1996 et
2003, a dénoncé l'ingérence des personnalités politiques de renom dans ces accords. Elle a constaté
que la plupart des contrats étaient « excessivement avantageuses aux sociétés minières ». En réponse
à ces constatations, une Commission interministérielle a été chargée en avril 2007 d’examiner tous
les contrats miniers signés entre le gouvernement et les compagnies minières – des juniors pour la
plupart – entre 1996 et 2006. Selon le rapport, aucun de ces contrats miniers n’est conforme à la
Loi. Le rapport a recommandé que sur les 61 contrats examinés, 39 doivent être renégociés et 22
annulés car ils étaient en flagrante violation du Code minier. Le groupe de travail mis sur pied pour
veiller à la mise en application de ces recommandations a décidé que 14 contrats pourraient être
validés suite à la présentation de nouvelles études de faisabilité, mais 25 devront être modifiées d'ici
2010.
Dans le pire des cas, les contrats signés avec des sociétés minières accordaient des exonérations de
tout impôt sur le revenu et des redevances. Nombre d’entreprises ont bénéficié de la réduction des
taux de taxe ou du report des paiements d'impôt pendant au moins cinq ans. Nous n’avons examiné
qu'un seul contrat, classé contrat de catégorie C qui doit être annulé.
En 2005, Oryx Natural Resources, société enregistrée dans les îles Caïmans, a signé un accord avec
MIBA, la compagnie de diamants appartenant au gouvernement, afin d'acheter 80 % des actions de
Sengamines, une concession de diamants estimée à 2 milliards située au sud de Mbuji-Mayi. First
African Diamonds, une société sud-africaine, a racheté la part de l'Oryx en 200676. Le contrat
stipule que la compagnie est exonérée du paiement des impôts, des redevances et la plupart des
autres impôts prévus dans la loi fiscale congolaise. La seule taxe qu’elle paierait étaient une taxe de
57
contribution professionnelle –- mais imposable six ans après le démarrage de la production ; des
taxes sur le chiffre d'affaires (taxe sur les transactions nationales) – qui prendra effet six ans après
le début de la production ; taxe sur le salaire des expatriés – qui prendra effet sept ans après le
début de la production ; et la retenue d'impôt sur les dividendes – cinq ans après le début de la
production.
Selon l’International Peace Information Service (IPIS)77 basé en Belgique, les concessionnaires
d'Anvers ont déclaré que Sengamines a exporté en moyenne 80 000 carats de diamants par mois
entre 2001 et 2003, à un prix dérisoire de 15 dollars le carat soit un montant de 14,4 millions de
dollars par an. Si la compagnie avait payé la redevance très faible de 2,5 % sur la valeur brute
comme stipulé dans la Loi, le gouvernement aurait gagné un minimum de 360 000 dollars pour les
redevances uniquement. Ce chiffre doublerait si le gouvernement congolais fixait la redevance à 5
% comme c’est le cas dans la plupart des autres pays africains riches en diamant.
Ce chiffre est toutefois une infime fraction du manque à gagner par le gouvernement de la RDC en
raison des exonérations fiscales généreuse que le gouvernement concède aux compagnies minières
dans les contrats d'exploitation minière. Ceci est illustré par le revenu dérisoire que la RDC génère
de l'exploitation minière. Selon les chiffres de la Banque mondiale, la contribution des recettes
fiscales au budget s'élevait à seulement 16,4 millions de dollars en 2003, 15,7 million en 2004, 26,7
millions de dollars en 2005, 11,7 millions de dollars en 2006 et 13 millions de dollars en 200778.
Selon un document de la Banque mondiale élaboré en 2007, « les pratiques frauduleuses perpétrées
par les compagnies minières et les agences gouvernementales ont créé un fossé entre ce qui devrait
être payé et ce qui est effectivement enregistré comme ayant été reçu en termes de redevances et de
rentes d’occupation de surface. L'écart est plus important si l'on prend en compte l’ensemble des
taxes minières: environ 200 millions de dollars par an devraient être générés par le secteur minier79.
Le gouvernement prétendait recevoir seulement 13 millions de dollars en taxes d'exploitation
minière en 2007, plus de 5 % de ce qu'il aurait dû percevoir. Pour mettre cette somme en
perspective, en Sierra Leone, où seulement deux compagnies minières industrielles sont
actuellement en exploitation, les impôts miniers ont rapporté environ 10 millions de dollars au
gouvernement en 2006.
Cette culture de confidentialité et des offres fiscales négociées individuellement dans les contrats
est caractéristique dans tous les pays africains et intégrées dans les stratégies d’affaire des
compagnies minières. Elle sape tous les efforts en vue de garantir une plus grande transparence
dans les paiements d'impôt par les sociétés et la redevabilité des gouvernements.
ii) Fausse facturation et évasion fiscale
On parle de fausse facturation commerciale lorsque une compagnie ne déclare pas la totalité de la
valeur de ses exportations ou gonflent les prix de ses importations. Cela permet à une entreprise de
réduire les bénéfices qu’elle déclare dans le pays où elle est enregistrée en tant que contribuable. La
fausse facturation est une pratique courante surtout dans le domaine des échanges commerciaux qui
se déroulent entre associés ou entre associés et compagnie mère des grandes multinationales. Ceci
58
est également dénommé prix de transfert. Un récent rapport de Global Financial Integrity, un
projet du Centre des politiques basé aux Etats Unis, estime qu'entre 2002 et 2006, en moyenne 10
milliards de dollars américains ont échappé au continent par an à cause de la fausse facturation
commerciale. C'est probablement des réalités qui sont considérablement sous-estimées en Afrique
compte tenu de l'absence des données commerciales et même si les données existent, elles ne
tiennent pas compte des factures commerciales entre filiales d’un même groupe d’entreprise80.
Néanmoins, il existe très peu de preuves concrètes pour démontrer dans quelle mesure cette
pratique a privé les trésors africains du revenu qu'ils auraient pu générer des impôts sur les
bénéfices de l'exploitation minière. Selon les calculs de la New Economics Foundation, les recettes
d'exportation ci-après ont été perdues à cause de la sous-évaluation ou la surfacturation des revenus
minéraux entre l'Afrique du Sud et les Etats-Unis: 412 millions de dollars en 2002, 84 millions de
dollars en 2003, 86 millions de dollars en 2004 et 38 millions de dollars en 2005 soit au total 620
millions de dollars sur les quatre années81.
En Afrique, nombre d’administrations fiscales minières n'ont pas encore les compétences requises
pour vérifier les comptes complexes des grandes multinationales minières ; donc si ces pratiques
existent, elles peuvent être inaperçues et rester impunies. En Sierra Leone, un ancien haut
fonctionnaire a reconnu publiquement que « c'est très difficile de savoir si [les sociétés minières]
réalisent des profits, car vous êtes obligé de croire à ce qu’elles vous racontent. Mais il est facile
d'augmenter les coûts d’opération. Vous pouvez également gonfler les coûts locaux. Ce qui manque
en Sierra Leone, c'est la capacité de surveiller et de réglementer ces coûts. Il est tout à fait possible
d’abuser du système82. Selon le commissaire tanzanien des minéraux : « nous n'avons pas les
capacités requises pour examiner leurs livres comptables. Les compagnies minières peuvent rédiger
leurs livres comptables de telle manière qu’il sera difficile aux pays du tiers monde de les
réglementer. Il est aussi difficile de cerner les clauses des contrats. Je pense que les sociétés
minières profitent de nos faiblesses dans le domaine juridique et de nos carences en capacité. »
Les multinationales peuvent éviter de payer des impôts dans les pays en développement à bien des
égards. Certains éléments portent à croire qu’elles ont principalement recours aux transferts
erronés pour éviter de payer des impôts. Il n’existe aucune obligation pour un pays de déclarer une
perte potentielle de recettes subies par un autre pays à cause des abus fiscaux dont il a profité au
détriment de ce dernier. Il n’existe aucune preuve que cela se produit. Ainsi, si des fonds sont
transférés d’un Etat africain où le niveau d'imposition est relativement élevé à un paradis fiscal ou
encore un pays de l’OCDE à faible niveau d’imposition, rien n’oblige l’Etat qui bénéficient
indûment de l’évasion fiscale de signifier à l’Etat africain la perte de ses revenus à cause de cette
pratique déplorable. Les pays africains sont par conséquent laissés à leur propre sort pour
combattre l’évasion fiscale et manquent sérieusement de ressources et de compétences pour
pouvoir faire face au fléau.
Les administrations fiscales africaines parviennent parfois à déceler les irrégularités fiscales. En
2003, les commissaires aux comptes nommés par le gouvernement tanzanien ont indiqué que les
quatre grandes sociétés minières du pays auraient réclamé des dépenses en immobilisations sans
59
factures ou sans aucune preuve pour appuyer certaines de leurs dépenses. En outre, ils ont indiqué
que 6 762 documents seraient introuvables empêchant les commissaires de compte de vérifier si
les redevances... ont été effectivement payées pour les 939 livraisons précédentes83.
Les commissaires aux comptes ont aussi indiqué qu'ils ont été entravés dans leur travail par « la
réticence persistante des compagnies minières à coopérer ». A leurs avis, la défaillance des
compagnies à tenir des registres financiers adéquats en Tanzanie signifiait que « ces sociétés
minières sont en violation de la Loi (notre emphase), et leur refus de coopération pourrait être
interprété comme une volonté manifeste de cacher les déclarations défectueuses ».
Toutefois, malgré ces constatations, aucun effort n'a été fait pour déterminer si la somme estimative
de 132 millions de dollars qui échappent au Trésor public des pays africains riches en ressources
minières peut être récupérée auprès des compagnies minières.
60
Chapitre 4
Briser la Malédiction: Stratégies devant contribuer à l’augmentation
des revenus et au renforcement de la transparence
Révision des législations et contrats miniers aux fins d’accroissement des revenus
Le contenu du présent rapport révèle l’incapacité manifeste des régimes africains de fiscalité minière
à tirer une part équitable des bénéfices générés par l’extraction des ressources minières. Pour y
remédier, les gouvernements doivent colmater les ‘brèches’ présentes dans leurs régimes de fiscalité
qui favorisent la fuite des bénéfices. A cet effet, ils doivent prendre les mesures nécessaires ci-
après :
Rehausser le taux des impôts et des redevances prélevés sur les activités minières et les
bénéfices associés.
Réduire des allègements fiscaux inutiles qui entrainent le rétrécissement de l’assiette des
impôts sur le revenu des sociétés minières.
Eradiquer l’utilisation des contrats miniers secrets comme base d’exonération d’impôts aux
entreprises minières.
Au cours des dernières années, plusieurs gouvernements africains – dont certains nouvellement élus
– ont entrepris des révisions de leurs régimes de fiscalité minière. Ces initiatives de révision ont été
motivées en partie par l’explosion des cours des matières premières et par les pressions exercées par
la banque Mondiale, le FMI, ainsi que la Société Civile Africaine et Internationale dans le sens du
renforcement de la collecte transparente des impôts sur les activités minières.
En Tanzanie, le nouveau président élu Kikwete a promis au cours de son discours d’investiture en
décembre 2005 de réviser tous les contrats miniers afin d’assurer que « le peuple bénéficie des
abondantes ressources minières présentes à divers endroits du pays84. » Deux ans plus tard, il a
annoncé la formation d’un comité d’étude sur la législation et les contrats miniers.
A ce nouveau comité, avaient précédé quatre du même type et aucun des rapports issus de leurs
travaux n’a jamais été publié ; à l’exception des fuites du quatrième rapport intitulé :
« Révision des contrats d’exploitation minière et du régime de fiscalité du secteur minier ».
Le rapport indique la nécessité d’effectuer de profonds changements à la législation minière et aux
politiques de fiscalité minière et de renégocier les divers contrats d’exploitation minière signés avec
les entreprises minières. Cependant, à part de légers changements au contrat signé avec Barrick
Gold pour l’exploitation de la mine de Buzwagi, aucune des recommandations n’a été appliquée.
61
Nombre de concessions fiscales généreuses contenues dans les accords bilatéraux entre le gouvernement et les entités du
secteur privé continuent de freiner la collecte efficace de revenu en Sierra-Leone.
Suite à cette révision, le président a chargé une commission présidée par le juge Mark Bomani de
réviser les six contrats miniers signés avec les principales entreprises minières afin d’évaluer le
régime de fiscalité minière, d’identifier et d’examiner les droits et les obligations du gouvernement
et des investisseurs, ainsi que les dispositions fiscales contenues dans les contrats miniers, et
également de formuler des recommandations de réforme du secteur minier.
La Commission de Bomani a recommandé des réformes de grande portée du régime de fiscalité
minière à savoir la revalorisation des redevances sur l’or de 3% à 5%, l’application des taux prévus
dans la loi substantielle pour les droits de timbre, la retenue à la source, les impôts du
gouvernement local, les droits sur les importations (les importations minières demeureront
exemptes de droits) et les taxes sur le carburant (sauf les carburants utilisés pour la génération
d’électricité dans les mines). La Commission a également recommandé l’interdiction d’octroi
d’exonération fiscale spéciale aux entreprises dans leurs contrats.
Le ministre des Finances dans sa présentation du budget en 2008 n’a pas pris en compte la plupart
de ces recommandations ; et la seule réforme fiscale qu’il a annoncée a été une imposition de 0,3%
sur le revenu de toutes les entreprises ayant déclaré des pertes sur trois ou plusieurs années
successives.85 Il est évident que cette mesure vise à collecter des revenus auprès des entreprises
minières opérant en Tanzanie, mais seule AngloGold Ashanti a déclaré un faible revenu imposable
depuis le démarrage de ses activités.
En Sierra Leone, l’ancien et le nouveau gouvernement sous le Président Ernest Bai Koroma élu
en Septembre 2007, ont tous affirmé que le pays bénéficie très peu de l’exploitation minière. Selon
l’ex ministre des finances John Benjamin, ‘nombre de concessions fiscales généreuses contenues
dans les accords bilatéraux entre le gouvernement et les entités du secteur privé continuent de
freiner la collecte efficace de revenus. Le gouvernement a négocié et accepté la plupart de ces
contrats en position de faiblesse, notamment après la guerre lorsque la situation économique du
pays était encore précaire et marquée d’incertitudes’86.
En Juillet 2004, le gouvernement d’alors a chargé la commission des réformes juridiques de
conduire le processus de consultation en vue de la refonte de la loi minière. Après trois années
entières, soit en 2007, la commission a soumis son rapport au gouvernement, et le projet d’Acte
Minier est actuellement à la dernière étape d’élaboration. Le projet de loi ainsi établi comporte des
dispositions chargeant le Ministère des Mines de (a) développer un cadre de transparence pour la
déclaration et la publication des revenus tirés du secteur extractif, (b) de publier ses revenus tirés du
secteur extractif au moins une fois par an’ et(c) d’assurer que tous les paiements au titre des impôts
et redevances miniers…. soient dûment effectués 87. »
62
Par ailleurs, au début de l’année 2008, le Président a nommé un Groupe de Travail pour réviser
trois contrats miniers individuels signés avec les entreprises qui exploitent le rutile, le diamant et la
bauxite. Suite à ladite révision, un comité consultatif a été ensuite établi pour réviser l’intégralité de
la législation minière, examiner et évaluer tous les contrats miniers actuels, en particulier le
Protocole d’Accord de 2003 signé avec Sierra Rutile suite à l’abrogation de l’Acte Sierra Rutile de
2002.
Toutes ces évolutions combinées pourraient contribuer à accroitre les revenus collectés par le
gouvernement, pourvu que les exonérations fiscales spéciales accordées à Sierra Rutile soient
annulées, que les allégements fiscaux excessifs soient réduits dans le secteur minier et dans les
législations relatives à l’Impôt sur le Revenu, et que l’impôt sur les entreprises appliqué aux
entreprises minières soient prélevés au même taux applicable aux autres entreprises. Jusqu’à présent,
ces changements relatifs à l’imposition n’ont pas été pris en compte dans le nouveau projet de loi
minière.
En Zambie, le gouvernement du feu président Levy Mwanawasa a convenu en 2008 de réviser les
termes de fiscalité des accords d’exploitation minière négociés par son gouvernement depuis la
privatisation des mines de cuivre du pays, suite aux pressions politiques exercées par l’opposition,
les syndicats et la société civile. En Avril 2008, le Parlement de la Zambie a adopté un projet de loi
sur l’amendement de l’impôt sur le revenu qui a permis d’introduire de nouveaux impôts
respectivement sur le bénéfice et sur le profit variable lorsque les cours du cuivre et du cobalt
s’établissent à un niveau de croissance défini. Le projet de loi stipule également la réduction des
l’amortissement de 100% à 25% par an pour les entreprises minières et la définition d’un cours de
référence pour déterminer le taux de l’impôt sur le bénéfice88. De plus, le ministre des finances a
annoncé que les entreprises devront dorénavant payer 3% de redevance et 30% d’impôt sur
l’entreprise tel qu’indiqué dans la loi substantielle au lieu des taux réduits de 0,6% et 25% comme
négocié dans leurs contrats d’exploitation minière. Dans sa présentation du budget, le ministre a
projeté une augmentation des recettes du Trésor de 415 millions de Dollar EU.
En Mars 2009, le ministre des finances de la Zambie a plaidé que les entreprises minières soient
« épargnées » de nouveaux impôts sur le bénéfice et que les amortissements soient restaurés à leur
niveau antérieur de 100%. Ce plaidoyer est intervenu à cause des pressions grandissantes exercées
par les entreprises d’exploitation de cuivre en Zambie qui se sont lancées dans une vague de
cessation d’activités et de licenciement des travailleurs du fait de la chute drastique des cours du
cuivre. Etant donné que les entreprises minières ne paient pas d’impôts sur le bénéfice dans les
périodes de déflation des cours, la présente proposition d’allégement fiscal signifiera que les
Zambiens ne pourront pas à nouveau jouir des bénéfices lorsque les cours retrouveront le chemin
de la croissance.
Le retour aux taux d’amortissement de 100% permettra la réduction des bénéfices déclarés; ce qui
63
signifie que tout comme auparavant, les Zambiens devront attendre de longues années avant que les
entreprises minières ne contribuent au budget.
En RDC, les efforts de révision des contrats miniers évoqués dans le présent document,
entraineront sans doute une augmentation des revenus miniers du gouvernement, en dépit du
niveau extrêmement bas.
Les organisations de la société civile et les parlements doivent être en mesure de contrôler et de surveiller la collecte,
l’allocation, et l’utilisation des recettes budgétaires tirées des activités minières.
Cependant, le peu d’informations disponibles sur les termes d’imposition des nouveaux contrats en
cours de négociation révèlent que le gouvernement continue de négocier des taux d’imposition
spéciaux avec les entreprises minières en violation des termes et des taux prescrits dans le Code
Minier. Il a été signalé que le nouveau contrat signé avec Gecamines et Freeport McMoran,
codétenteurs de l’un des plus grands gisements de cuivre et de cobalt inexploités du monde situé à
Tenke Fungurume, comporte des taux spéciaux qui ne sont pas appliqués aux autres entreprises
minières. Certains de ces taux sont supérieurs aux taux prévus dans le Code minier – par exemple,
le taux des redevances est fixé à 2,5% au lieu de 2% tel que stipulé dans le Code, et l’entreprise
payera 1% de droit d’exportation au lieu d’en être exonérée comme les autres entreprises. De plus,
Gecamines augmentera sa part d’actions dans la mine de Tenge Fungurume en passant de 17,5% à
45%.89 Bien que les termes du nouveau contrat constituent une nette amélioration au contrat initial
qui a exempté l’entreprise de toutes les taxes, redevances et droits divers, ils maintiennent la
pratique de négociation fiscale individuelle avec les entreprises en dehors du cadre juridique;
compliquant ainsi le contrôle des flux de revenu.
Les termes du Code Minier de 2002 n’ont pas été soumis aux modifications engagées à travers le
processus de renégociation des contrats ; ce qui signifie que les 2,5% de redevance sur les
exportations de diamant seront maintenus. Cependant, le gouvernement pourrait doubler ses
recettes tirées de l’exportation du diamant s’il fait passer le taux à 5%, soit le taux appliqué par la
plupart des gouvernements africains.
Transparence des systèmes budgétaires et de fiscalité
La plupart des pays Africains riches en ressources minières dont les économies dépendent
fortement des industries extractives enregistrent un niveau croissance économique et de
développement humain inférieur à celui des pays ne dépendant pas de ce secteur.90 Le Botswana et
l’Afrique du Sud font notablement exception à ce ‘paradoxe de l’abondance’. Dans les pays tels que
l’Angola, la RDC et la Sierra-Leone, les guerres civiles ont été prolongées du fait de la disponibilité
des ressources facile à piller, tandis qu’en Angola, en RDC, en Tanzanie et en Sierra Leone,
d’aucuns estiment que les revenus tirés du secteur minier contribuent à l’aggravation de la
corruption91.
64
Pourtant, l’abondance en ressources minières n’a rien en soi qui condamne les pays à la faible
croissance, à la dépendance minière ou à la corruption92. L’impact de l’exploitation minière est
essentiellement déterminé à travers la législation adéquate, la collecte et la redistribution efficaces
des redevances et diverses taxes minières. La soi-disant malédiction des ressources ne pourra être
congédiée qu’à travers la définition d’une législation de fiscalité minière transparente et équitable,
l’existence d’un personnel qualifié pour la collecte intégrale des impôts et la redistribution efficace
de ces impôts à travers un processus budgétaire participatif et transparent.
Afin d’assurer l’obtention de revenus adéquats des activités minières et en vue de garantir leur
utilisation équitable en cohérence avec la stratégie nationale de développement du pays, les
organisations de la société civile et les parlements doivent être en mesure de contrôler la collecte,
l’allocation et l’utilisation des recettes budgétaires. A moins qu’un cadre juridique ne soit mis en
place pour permettre aux organisations de la société civile, aux parlementaires et aux citoyens
d’avoir accès aux informations relatives aux recettes budgétaires ; et à moins que des lois ne soient
définies pour leur permettre de contrôler la gestion et l’utilisation des recettes fiscales par le
gouvernement93, il n’y aura aucune garantie que les revenus tirés des activités minières contribuent
au développement et à la réduction de la pauvreté.
Actuellement, il est impossible pour la plupart des citoyens des pays riches en ressources minières
de contrôler la collecte et l’utilisation des revenus tirés des mines à partir des budgets élaborés. Il est
aussi extrêmement difficile pour les parlementaires de promulguer des lois minières qui impactent
directement les entreprises minières car :
les clauses de confidentialité contenues dans les contrats miniers empêchent leur divulgation
au public ;
les contrats miniers ne sont pas ratifiés ou supervisés par le parlement ;
les lois sur la liberté d’information n’existent pas; d’où l’impossibilité pour les citoyens
d’avoir accès aux informations non publiées ;
Il est de voir des rapports mis à la disposition du public ;
les lois relatives à la confidentialité du contribuable empêchent le public d’avoir le droit de
regard sur les recettes fiscales minières perçues par les autorités fiscales.
les entreprises multinationales et leurs filiales des pays africains ne sont pas contraintes par
les normes internationales de comptabilité de déclarer leurs entités génératrices de bénéfices
et la part qu’elles versent aux gouvernements et diverses institutions au titre des taxes et
autres paiements dans chaque pays où elles opèrent. La plupart des contrats miniers
comportent une clause stipulant que les taux d’imposition convenus dans les contrats ou
définis dans la loi substantielle auront force d’application durant toute la durée de validité
du contrat qui varie souvent entre 10 et 25 ans sans distinction des éventuels amendements
à la loi substantielle adoptée par le parlement.
Nombre de gouvernements africains préfèrent ne pas divulguer les taux d’imposition minière
négociés dans les contrats miniers et bloquent systématiquement le suivi parlementaire. De même,
65
la plupart des législations minières africaines stipulent que les gouvernements peuvent négocier des
taux d’imposition spéciaux avec les entreprises dont les investissements sont supérieurs à une valeur
définie. En outre, ces législations autorisent expressément le gel des exonérations fiscales durant
toute la durée de validité du contrat ainsi que la confidentialité, et permettent au ministre des mines
de négocier des taux d’imposition spéciaux avec les entreprises ou de reporter le paiement des
redevances. Tel est le cas en Tanzanie, au Ghana, en Sierra Leone, en RDC et en Zambie94.
En Tanzanie, Zito Kabwe, un député de l’opposition a été suspendu du parlement en août 2007
pour avoir introduit une motion individuelle proposant d’enquêter le gouvernement après la
signature par ce dernier d’un contrat minier en dépit de sa promesse de geler la signature des
contrats jusqu’à l’achèvement de l’évaluation du secteur.
Les parlementaires, les citoyens et les communautés affectées par l’exploitation minière sont exclus des débats en vue
de la définition de politique de collecte des impôts et des redevances
Aucun des six contrats signés entre le gouvernement et les entreprises minières n’a été publié et le
Commissaire chargé des ressources minières, Peter Kafumu, a à cet effet signalé que la possession
de ces contrats est un acte « illégal »95.
Au Malawi, le gouvernement a rejeté à plusieurs reprises la demande du parlement de publier les
contrats d’exploitation d’uranium signés avec Paladin Mining au moment des négociations dudit
contrat. Selon Goodall Gondwe, ministre des finances du Malawi, il serait ‘contraire à l’éthique’ de
débattre du contrat en public96.
En Zambie, le gouvernement a refusé de publier les contrats signés avec les entreprises
d’exploitation du cuivre malgré les pressions exercées par les syndicats, la société civile et les
parlementaires. Contrairement à la Sierra-Leone et à la RDC, le processus d’évaluation du secteur
minier en Zambie a été entouré d’une forte confidentialité.
En RDC, le Code Minier ne contraint pas le gouvernement à publier les contrats signés avec les
entreprises; cependant, en Mars 2008, il a publié tous les contrats en cours de révision sur son site ;
bien que des parties fussent omises. Au Ghana et en Sierra-Leone, la législation stipule l’obligation
du parlement de ratifier les contrats signés entre le gouvernement et les entreprises minières ; mais
en réalité leur suivi est négligeable.
Au Ghana, seul le comité parlementaire sur les mines et les ressources minières a l’autorité de
ratifier les contrats. En Sierra-Leone, un membre du comité parlementaire sur les mines et les
ressources minières a déclaré que ce comité n’a jamais constaté de visu le contrat signé entre le
gouvernement et Sierra Rutile qui a été transformé par la suite en Acte Parlementaire en 200297.
Ces pratiques excluent les parlementaires, les citoyens et les communautés affectées par
l’exploitation minière des débats en vue de l’élaboration de politiques de fiscalité minière et de
66
recouvrement des redevances. La récente révision des politiques et contrats miniers en Zambie, en
RDC, en Tanzanie et en Sierra-Leone a permis de confirmer les préoccupations des citoyens et des
communautés affectés par l’exploitation minière par rapport aux coûts en matière de
développement des concessions et subventions fiscales accordées aux entreprises minières. Le
présent rapport révèle que les gouvernements africains utilisent les concessions fiscales tout
simplement comme outil d’attraction des investissements miniers étrangers souvent douteux au lieu
de les utiliser comme une composante de la stratégie globale de développement industriel.
Les concessions fiscales couplées aux stratégies agressives d’évitement de taxes employées par les
entreprises minières ont dépouillé les pays des revenus devant servir au développement. Pourtant,
les pays riches en ressources minières sont plus que jamais dépendants de l’aide des contribuables
étrangers pour combler le déficit de leurs budgets de développement. Selon Zito Kabwe, un
parlementaire Tanzanien, membre de la Commission Bomani, « si l’intégralité des impôts était
payée, si l’or n’était pas sous-évalué et s’il n’y avait pas de gonflement des dépenses globales, cette
année, nous aurions des recettes minières légèrement supérieures aux subventions des donateurs98. »
Suite au recouvrement, les recettes minières doivent être de façon transparente allouées par le
gouvernement aux dépenses de développement planifiées et faciles à suivre. A l’exception des
redevances, la plupart des taxes minières sont directement versées au Trésor pour contribuer aux
dépenses globales budgétaires. Du fait que les redevances sont perçues en compensation à
l’extraction de ressources non renouvelables et étant donné que les communautés des régions
minières sont les plus affectées par l’exploitation minière, le principe en vigueur dans plusieurs pays
est d’allouer directement une part des redevances aux initiatives de développement communautaire
et d’infrastructure, mais également de couvrir les coûts liés au suivi du secteur minier.
La part des redevances versées directement aux communautés est très insignifiante. En Sierra-
Leone, seulement 0,75% des 3% des redevances prélevées sur les exportations de diamant99est
directement octroyé aux zones d’exploitation minière à travers le Fonds de Développement des
Communautés et des Zones d’Exploitation de Diamant (0,75%). Le reste est partagé entre le Trésor
(0,7%), les coûts de fonctionnement du Bureau de Contrôle de l’Exploitation de l’or et du diamant
(0.75%), les coûts d’évaluation (0,4%), le compte de réhabilitation de l’environnement détenu par le
gouvernement (0,05%) et le suivi des publications de l’information minière (0,1%). Les entreprises
minières ont également l’obligation de verser 0,1% des recettes brutes de vente au Fonds de
Développement Agricole pour la promotion de l’agriculture dans les zones d’exploitation minière.
En Tanzanie, la Commission Bomani a recommandé que seulement 3% des redevances perçues sur
l’or soient octroyés aux villages environnants des mines. Le reste est alloué au fonds de
développement de l’exploitation minière (60%), l’Autorité Tanzanienne des Mines qui est
l’équivalent de la Commission Minière du Ghana et au Conseil du District chargé de la zone
minière (7%). En RDC, la grande partie des redevances revient au gouvernement central (60%) et le
reste est octroyé aux structures du gouvernement local dans l’intérêt exclusif des communautés.
67
Cependant, il est à noter que le principe d’octroi des redevances aux communautés affectées par
l’exploitation minière n’est pas appliqué par l’ensemble des gouvernements. En Afrique du Sud, le
gouvernement a rejeté la proposition faite par les organisations de la société civile et les syndicats et
même certaines entreprises minières de consacrer les redevances perçues aux communautés des
zones d’exploitation minière.
Tel que prévu dans le nouveau projet de loi sur les redevances, les recettes au titre des redevances
seront recouvrées par le Trésor. Selon le ministre des finances, « non seulement l’allocation des
redevances est-elle contraire aux politiques adéquates de fiscalité, mais elle constitue également une
violation des principes fondamentaux de l’Acte d’exploitation des ressources minières et pétrolières
selon lequel les ressources minières nationales appartiennent à tous les Sud-Africains ». Par ailleurs,
« le gouvernement est disposé à entreprendre des programmes budgétaires destinés aux
communautés minières dans le cadre du développement économique local et/ou humain100 ».
Le contexte politique dans chaque pays, en particulier, le degré de délégation du pouvoir aux
autorités locales déterminera le type de mécanisme de dépense permettra aux communautés locales
de mieux définir et contrôler l’utilisation des recettes minières.
Déclaration transparente par les sociétés
En Afrique, la plupart des investissements miniers sont entrepris par les filiales des entreprises
multinationales ou transnationales basées en Afrique du Sud, au Canada, aux Etats-Unis, en
Australie ou en Europe et cotées sur un ou plusieurs marchés boursiers internationaux. Les lois
régissant les entreprises et les règlementations boursières de ces pays stipulent la nécessité pour
toutes les entreprises de publier leurs performances financières dans des rapports annuels en
fonction des normes internationales de déclaration financière définies par le Bureau des normes
internationales de comptabilité (IASB) ou selon les exigences des Etats-Unis.
Les normes internationales d’information financière ne contraignent pas les entreprises
multinationales à publier les données relatives aux bénéfices, dépenses et taxes pour chaque pays où
elles opèrent. Plutôt, leurs rapports ne précisent que les agrégats financiers de toutes leurs entités
confondues. Il est donc extrêmement difficile aux gouvernements et citoyens des pays africains
d’obtenir à partir des filiales les données relatives aux bénéfices, dépenses, taxes ainsi que les divers
paiements effectués aux gouvernements et autres institutions. Cette situation entraine à son tour,
l’incapacité de contrôler les recettes globales du gouvernement obtenues auprès des entreprises
minières, surtout que presque nulle part en Afrique les pays ne collationnent dans un fichier unique
les revenus tirés des paiements des entreprises minières respectives. Souvent, elles n’exigent pas de
ces entreprises la divulgation des données de leurs comptes locaux pour usage du public.
L’Initiative de transparence des industries extractives (ITIE) instaurée par le Royaume-Uni en 2002
après les campagnes des organisations de la société civile, vise à résoudre les deux difficultés notées.
D’abord, les gouvernements des pays candidats à l’ITIE doivent au titre des critères d’adhésion,
réorganiser leur comptabilité et publier tous les revenus tirés des industries extractives pour chaque
68
exercice budgétaire. Toutes les entreprises minières et autres entreprises doivent à leur tour accepter
de soumettre des rapports au gouvernement pour divulgation au public.
L’ITIE est un moyen de pression efficace qui oblige les gouvernements à améliorer leurs systèmes
de comptabilité et de déclaration des revenus tirés du secteur minier.
A travers l’Initiative, plusieurs donateurs tels que la Banque Mondiale, le DfID et la Norvège ont
apporté des appuis techniques et financiers en vue de renforcer les capacités des gouvernements à
assurer le contrôle et le recouvrement des recettes minières. Cependant, jusqu’à présent, l’initiative a
à peine obligé les entreprises à publier leurs bénéfices, dépenses et paiements aux gouvernements.
L’ITIE ne contraint pas les entreprises multinationales à publier pays par pays les paiements
effectués au titre des impôts et redevances. Par conséquent, il est extrêmement difficile, voire même
impossible aux citoyens, aux parlementaires et gouvernements de détecter les stratégies d’évitement
de taxe employées par les entreprises. Les entreprises ne peuvent pas être obligées à publier leurs
rapports nationaux en fonction du modèle de l’ITIE, à moins que cette obligation ne soit définie
par les lois nationales régissant la déclaration financière ; ce qui n’est présentement pas le cas.
Encadré 4.1
Modèle de déclaration financière de l’ITIE101
Selon les principes de l’ITIE, les entreprises minières ont l’obligation de publier les informations
suivantes au titre de chaque exercice budgétaire. Les contenus des informations seront définis
ensemble avec les entreprises de chaque pays en fonction de la législation fiscale nationale et des
diverses autres considérations :
I Recettes et bénéfices au titre de chaque concession ou licence
– Valeur et volume de la production totale.
– Valeur et volume des ventes totales.
II Taxes et droits payés à l’état
a) Taxes payées: impôt sur le revenu d’entreprise, déductions de TVA, droits de douane, impôts
sur le bénéfice, impôts sur l’immobilier, droit d’assise, taxes sur le carburant, taxes sur les véhicules,
impôts sur les dividendes payées, taxes sur les intérêts payés et autres.
b) Redevances payées
c) Droits payés: droits d’exploration, de licence, de location de terre, d’utilisation de ressources
minières et autres.
c) Droits: droits de timbre et autres
d) Dividendes
e) Dons aux gouvernements, dépenses communautaires
III Somme des impôts actualisés
Dépenses en capital, dépenses de recrutement de personnel, coûts d’exploration, contributions au
fonds de protection environnementale
69
Au vu de ces insuffisances, le meilleur moyen d’obtenir les informations devant permettre aux
gouvernements, aux citoyens et communautés de contrôler les paiements effectués par les
entreprises aux départements du gouvernement national et local, et au titre des projets de
développement communautaire passe par l’introduction de normes internationales de comptabilité
qui contraignent les entreprises nationales et multinationales à publier ces informations. De plus en
plus, les gouvernements africains exigent des entreprises nationales et étrangères le respect de ces
normes d’information. Nous estimons également qu’il y va de l’intérêt des entreprises minières de
publier ces informations étant donné que plusieurs d’entre elles ont d’ores et déjà exprimé la
volonté de participer à l’ITIE. D’abord, la fourniture d’informations claires sur les bénéfices, les
taxes et autres paiements dans chaque pays où elles opèrent permet à leurs investisseurs d’avoir une
idée précise des bénéfices réels et des risques auxquels sont confrontées les entreprises. Ensuite,
l’accès des communautés aux informations sur les paiements effectués au gouvernement ainsi
qu’aux diverses structures dans l’intérêt des communautés, permettra à ces bénéficiaires de
directement contrôler ces fonds au lieu de s’attendre à des investissements additionnels en matière
de services communautaires de la part des entreprises elles-mêmes.
La Coalition Publiez Ce Que Vous Payez est en train de plaider pour le développement de
nouvelles normes de comptabilité applicables aux entreprises extractives qui obligeraient les
entreprises multinationales à publier pays par pays les informations énumérées dans l’encadré 4.2.
La fourniture de ces informations ne devrait pas être une tâche compliquée pour les entreprises
étant donné qu’elles représentent la suite des informations qu’elles sont censées fournir sur une
base régionale ou pays par pays au titre des impositions locales. Certaines entreprises respectueuses
des meilleures pratiques ont déjà convenu de publier ces informations financières spécifiques dans
leurs rapports annuels102. L’équipe de recherche sur les activités extractives du Bureau des Normes
Internationales de Comptabilité103 publiera un document de discussion en 2009 et sur la base des
commentaires recueillis, elle pourrait recommander l’adoption de ces nouvelles normes
d’information financière.
Les bailleurs de fonds, facilitent ou compliquent-ils le recouvrement transparent des
revenus ?
Certains donateurs, notamment le FMI, la Banque Mondiale, le DfID, les membres du système des
Nations-Unies, la CNUCED, le PNUD et la CEA y compris les dirigeants politiques africains à
travers le Partenariat Minier Africain du NEPAD sont de plus en plus conscients que la richesse
minière de l’Afrique pourrait être transformée en un atout de développement au lieu d’être une
malédiction. Ils appuient à divers degrés les initiatives des gouvernements africains destinées à
utiliser le potentiel minier comme une stratégie de développement et à accroitre les revenus tirés de
l’exploitation minière104.
70
Encadré 4.2
Elaboration d’une IFRS commune aux entreprises multinationales
La Coalition Publiez Ce Que vous Payez plaide actuellement pour la révision de la norme
internationale de comptabilité (IAS14 – Information Sectorielle) régissant la méthode employée par
les entreprises multinationales pour la déclaration des revenus de leurs différentes filiales. Dans le
but de renforcer la transparence, toutes les entreprises multinationales doivent se conformer à
l’obligation de fournir les informations suivantes pour chaque pays où elles opèrent:103
1. chiffre d’affaires total de l’entreprise.
2. chiffre d’affaires des tiers.
3. dépenses tiers sans compter les dépenses de recrutement.
4. intérêts payés sur les prêts,
5. profit avant taxe.
6. impôts sur le bénéfice composés des impôts courants et différés.
7. autres impôts ou droits équivalents perçus par le gouvernement territorial au titre des opérations
locales.
8. le montant des paiements effectués au gouvernement du pays et à ses agences au titre des impôts
ou droits équivalents au cours de la période.
9. les passifs locaux au titre des impôts et charges en début et en fin de chaque période tel
qu’indiqué sur le bilan spécifique à ces périodes respectives.
10. passifs d’impôts différés dus à l’autorité fiscale nationale en début et en fin de période.
11. actifs bruts et nets exploités.
12. effectif des employés, leurs salaires bruts et les coûts associés.
13. noms de toutes les branches opérant sur le territoire.
14. étude comparative des données de chaque cas si applicable.
La fourniture de ces informations ne devrait pas être une tâche compliquée pour les entreprises
multinationales étant que nombre d’entre elles fournissent déjà la plupart de ces données dans leurs
rapports. La Norme Internationale de Comptabilité (14) relative à la déclaration segmentée exige
déjà des entreprises la fourniture de données relatives à l’effectif de leurs employés, à leur
rémunération et coûts associés, aux noms de toutes les branches opérant sur le territoire, aux
intérêts payés par ces branches, aux actifs bruts et nets exploités et aux passifs d’impôts différés.
Les IFRS applicables aux entreprises extractives doivent exiger au minimum la présentation pays
par pays des paiements et coûts ci-après:
• redevances et impôts payés en espèces.
• redevances et impôts payés en nature (évalués en espèces).
• dividendes.
71
• bonus.
• droits de licence et de concession.
• coûts de production.
• coûts d’exploitation
Encadré 4.3
Directives du FMI relatives à la transparente des recettes des ressources naturelles
Le FMI a été pendant longtemps la seule institution au sein de la communauté des donateurs à
plaider pour la mise en place de telles mesures. En Sierra-Leone, le FMI a prévenu le gouvernement
contre l’octroi d’incitations fiscales démesurées aux entreprises minières étrangères et contre la
réduction des taux de l’impôt sur l’entreprise qui leur sont appliqués. En Zambie, le FMI a appuyé
les récentes tentatives du gouvernement visant à rehausser les taux de l’imposition minière et des
redevances105. Malheureusement ses appuis consultatifs en matière de fiscalité sont confidentiels et
l’empêchent ainsi de participer aux débats sur l’imposition minière.
Dans son Guide de la Transparente des Recettes des Ressources Naturelles, le FMI met en garde
les pays contre l’octroi de subventions fiscales aux entreprises minières et plaide pour le
renforcement de la collecte et l’allocation transparentes des recettes minières. Pour réduire les
subventions fiscales octroyées aux entreprises minières, le Guide recommande que les contrats et
les accords miniers ne soient pas inclus dans le cadre d’imposition minière comme il en est le cas
actuellement. Plutôt, les termes de fiscalité convenus et définis dans les contrats miniers ne doivent
être qu’une simple répétition ou une confirmation de la loi matérielle. En cas de définition
d’accords spéciaux de fiscalité, dans les contrats miniers, ils doivent être incorporés à la législation
nationale suite aux débats publics et parlementaires et à l’évaluation. Par ailleurs, il est essentiel que
le budget reflète clairement les coûts des incitations fiscales qui se traduisent par des exonérations
fiscales indirectes résultant du traitement fiscal spécial accordé au secteur minier. Toute concession
par rapport au régime de fiscalité applicable aux autres secteurs telle que les remboursements de
TVA, les exemptions des impôts sur l’importation, les allègements des impôts sur les entreprises,
les exemptions des taxes sur le carburant ou autres doit être comptabilisée comme des dépenses
budgétaires. Une telle pratique permettra d’évaluer les subventions globales accordées au secteur
minier.
Dans le but de renforcer la transparence, le Guide du FMI recommande que les entreprises
minières nationales et internationales se conforment aux normes internationales de comptabilité et
d’audit ; que les cadres de politique du gouvernement et les cadres juridiques d’imposition soient
clairement et intégralement présentés au public et que la législation nationale comporte des sections
72
contraignant les autorités à publier les revenus tirés des ressources minières.
De plus, les recommandations du Guide indiquent que toutes les transactions impliquant
l’utilisation des recettes minières soient identifiées, décrites et prises en compte dans le à
processus budgétaire national. Il est également essentiel de développer des modèles standards de
contrat d’exploitation minière comprenant les termes d’exploration, d’exploitation et de production.
L’élaboration de ces modèles permettra de réduire le degré de discrétion qu’entretiennent les
hommes politiques de haut niveau sur les négociations des contrats miniers et facilitera la
prévention des cas de corruption. Enfin, le Guide recommande que tous les contrats miniers soient
mis à la disposition du public.
La CEA a été mandatée par l’Union africaine de préparer la Vision minière africaine qui comportera
les principaux objectifs, principes et valeurs devant servir de base au développement du secteur
minier en Afrique à l’avenir. Au nombre de ces objectifs et valeurs figure la maximisation des
recettes minières à travers la collecte transparente.
La CEA dirige également une étude panafricaine visant à recueillir des informations et des analyses
sur les régimes miniers de l’ensemble des pays africains. Ces études réalisées par un Groupe
d’Etude International serviront de base à la définition des diverses directives de politique minière
pour les gouvernements africains sur tous les aspects de l’exploitation minière y compris
l’imposition et l’élaboration d’un modèle de contrat d’exploitation minière basé sur les bonnes
pratiques en cours à travers le continent Africain106.
Cependant, nombre de gouvernements donateurs ont joué un rôle peu constructif et ont essayé de
freiner la mise en place de politiques participatives transparentes et de lois souveraines pouvant
permettre de tirer des bénéfices de développement de l’exploitation minière107. Dans les
paragraphes suivants, il a été démontré comment les gouvernements du Canada et des Etats-Unis
tous deux des économies minières, se sont ingérés dans les processus politiques locaux en Tanzanie
et en RDC pour défendre les intérêts de leurs entreprises minières.
En 1996, le Haut-commissaire du Canada en Tanzanie est intervenu à plusieurs occasions pour
influencer les révisions des lois minières de façon à promouvoir les intérêts des entreprises
canadiennes. Il a aidé à démentir les accusations justifiées des mineurs locaux qui mettaient en
doute la légitimité d’une entreprise canadienne, Sutton Ressources, et de ses projets dans les
73
gisements miniers de Bulyanhulu. En 2004, l’Ambassadeur du Canada aux Nations-Unies a critiqué
la section d’un rapport élaboré par le Panel des Experts sur l’Exploitation Illégale des Ressources
Minières de la RDC dans lequel neuf entreprises minières canadiennes ont été accusées de violation
des Directives de l’OCDE au cours du conflit prolongé dans le pays108. En Juin 2008, le personnel
du Haut-commissariat Canadien en Tanzanie a exercé des pressions sur les parlementaires afin
qu’ils rejettent les recommandations de la Commission Bomani ; un Comité mis sur par le
président pour réviser les contrats miniers et les cadres juridiques.
Un ancien ministre des Finances de la Tanzanie a publiquement critiqué le rôle des donateurs
étrangers en Tanzanie et leur ingérence dans la législation fiscale nationale. Il a déclaré que ‘lors des
préparations en vue de la promulgation de la Loi de 2004, plusieurs diplomates étrangers résidant
dans le pays ont formé un Comité pour examiner les propositions au titre du projet de loi relatif à
l’impôt sur le revenu ; un fait paraissant tout à fait étrange. « En ma qualité de Ministre des Finances
à cette époque, j’avais eu à m’entretenir à deux reprises avec eux pour prendre connaissance et
répondre à leur objections, particulièrement par rapport à l’imposition du revenu des entreprises
minières tel que proposé à l’époque par un expert de l’Université d’Oxford en Angleterre’.
Finalement, le gouvernement a décidé de reporter l’incorporation de la section ‘ressources minières’
de ce projet de loi à la nouvelle loi, car elle devait être réexaminée au moment opportun109 ». Selon
des sources, ces diplomates auraient agi pour le compte du Royaume-Uni, de la Norvège, de
l’Afrique du Sud et du Canada.
Le Canada et l’Afrique du Sud sont les pays d’origine de la majorité des compagnies minières
opérant en Tanzanie, y compris Barrick Gold et AngloGold Ashanti. Les diplomates de ces pays
essayaient de sauvegarder le privilège offert à ces compagnies de bénéficier des concessions fiscales
inclues dans la Loi de 1973 relative à l’Impôt sur le Revenu, qui étaient sous la menace d’être
abrogées dans la Loi de 2004. Au nombre de ces concessions fiscales figuraient la possibilité de
déduire de l’impôt sur le revenu à 100% des dépenses effectuées avant le démarrage de la
production, y compris la jouissance de subventions d’impôt octroyées par le gouvernement sur les
dépenses en capital.110
De même, le gouvernement des Etats-Unis a maintes fois contrecarré les efforts de la société civile
et des donateurs à instaurer la transparence dans le régime de fiscalité de la RDC. En 2005, la plus
grande entreprise d’exploitation de cuivre cotée en bourse, Freeport McMoRan Copper and Gold,
est devenue actionnaire majoritaire de la mine Tenke Fungurume, la plus grande mine de cuivre à
ciel ouvert au sud de la RDC. L’entreprise a signé le contrat pour l’exploitation de la mine Tenke
Fungurume à huis clos. La négociation a réduit la part d’actions du gouvernement dans le projet de
45% à 17%. L’expert des Affaires Minières de la Banque Mondiale, Craig Andrews, a critiqué
« l’absence absolue de transparence dans les négociations et l’approbation de ces contrats111 ». Cette
renégociation s’est déroulée en dépit de la recommandation formulée par la Commission de
Lutundula portant imposition d’un moratoire sur la négociation de tous les nouveaux contrats
jusqu’à la conduite d’une révision adéquate.
74
Un universitaire américain menant une enquête sur le contrat de Tenke Fungurume a critiqué une
diplomate de haut rang des Etats-Unis qui faisait partie des négociations. Selon l’expert, elle a été ‘la
principale artisane de la décision du Président Joseph Kabila de signer le contrat.112 Par la suite, elle
a pris fonction auprès de l’entreprise minière Freeport et a été nommée vice-présidente chargée des
relations avec le gouvernement en moins d’une année. Comme le disent les citoyens de la RDC,
« les Etats-Unis nous ont poussé à signer un contrat contre notre gré ; et la femme qui nous a forcé
la main …se fait de l’argent à partir de ce contrat113».
Réaction des entreprises face aux réformes de la fiscalité minière
Comme nous l’avons mentionné au chapitre 3, les entreprises minières estiment qu’elles ont droit
aux exonérations fiscales spéciales du fait des risques que comportent leurs activités. Il n’est donc
point surprenant qu’elles se soient opposées en masse aux changements proposés ou apportés aux
régimes de fiscalité minière. En Tanzanie, Barrick Gold s’est servie de l’influence du gouvernement
canadien pour essayer de suspendre la conduite des réformes du régime de fiscalité. Les entreprises
ont aussi publiquement critiqué les auteurs d’un rapport de la société civile qui incitait à la mise en
œuvre des réformes de la fiscalité minière. En Zambie, l’entreprise minière First Quantum a
immédiatement traduit le gouvernement en justice suite aux changements intervenus dans le régime
de fiscalité minière en Avril 2008 ; et d’autres entreprises ont eu des réactions similaires en
demandant la suppression des impôts sur le bénéfice et les impôts sur le bénéfice variable, y
compris la révision à la baisse des impôts sur le revenu à 25%. Le président de la Zambie a annoncé
en janvier 2009 la possible réduction des taxes minières en réponse aux pressions exercées par les
entreprises minières dont certaines ont cessé les activités du fait de la chute des cours du cuivre. Au
regard de cette situation, « nous ne devons pas tuer la poule aux œufs d’or. Il est peu rationnel
d’insister sur la collecte de quelques millions de dollar d’impôt si en conséquence des milliers
d’emplois seront perdus114 ».
Cependant, le représentant du FMI en Zambie a déconseillé au gouvernement de procéder à
l’abattement des impôts quelles que soient les pressions exercées par les entreprises115. Les faibles
cours du cuivre estimés en moyenne à 3000 dollars américains par tonne sont toujours en hausse
par rapport aux projections de cours définies dans les études de faisabilité de projet réalisées par les
entreprises qui ont racheté des mines au début des années 2000 avant le boom.
Les entreprises minières ont cité l’effondrement des cours des matières premières et le manque de
financement pour investir dans de nouvelles mines du fait de la crise économique mondiale comme
des raisons devant encourager le gouvernement à accorder des concessions fiscales. Selon les
commentaires de Barrick Gold sur les recommandations de réformes fiscales formulées dans un
rapport de la société civile et adoptées en majorité par la Commission de Bomani, « ces
changements ne contribueront qu’à aggraver le contexte économique déjà sombre du point de vue
des nouveaux investissements dans le secteur et à obscurcir davantage l’avenir du secteur minier en
Tanzanie ». En RDC et en Zambie, plusieurs entreprises minières ont suspendu leurs activités dans
l’attente de la remontée des cours116.
75
Recommandations
Pour que l’exploitation minière contribue au développement économique et humain dans les pays
riches en ressources minières, les gouvernements Africains, les donateurs y compris les entreprises
minières doivent relever certains défis. Il y a un risque réel que l’effondrement des cours mondiaux
des matières premières couplé à l’amenuisement du financement international des investissements
miniers paralysent les réformes de fiscalité minière en cours ou récemment adoptées dans les pays
tels que la Sierra-Leone, la Tanzanie et la Zambie. Ces pays pourraient également ne pas bénéficier
du prochain boom des cours des matières premières. De plus, les gouvernements pourraient
facilement se faire convaincre par les entreprises lors des négociations individuelles de contrat
d’octroyer des exemptions fiscales spéciales aux fins de compensation des risques auxquels elles
sont exposées.
En outre, bon nombre de gouvernements africains hésitent toujours à publier leurs négociations
fiscales et recettes fiscales perçues auprès des entreprises minières au parlement et au public pour
analyse. De même, la plupart des entreprises minières continuent d’exiger des exemptions fiscales et
sont toujours réticentes à divulguer leurs revenus et les impôts payés aux gouvernements dans
chaque juridiction où elles opèrent.
Il y a un risque réel que l’effondrement des cours mondiaux des matières premières couplé à l’amenuisement du
financement international des investissements miniers paralysent les réformes de fiscalité minière en cours ou récemment
adoptées dans les pays tels que la Sierra-Leone, la Tanzanie et la Zambie.
Pour éliminer ces obstacles au renforcement du recouvrement transparent des revenus du secteur
minier en Afrique, des solutions systémiques et politiques doivent être prises. Au niveau
systémique, il importe d’adopter une nouvelle norme internationale d’information financière qui
obligent toutes les entreprises cotées en bourse de publier leurs chiffres d’affaires et les impôts
payés aux gouvernements et autres structures pour chaque pays. Une telle obligation permettra aux
citoyens et aux parlementaires de contrôler les flux financiers entre les sociétés mères et les filiales,
et également de détecter les pratiques d’évasion fiscale.
Les gouvernements africains doivent aussi réviser leurs législations sur les entreprises pour exiger
que les filiales des entreprises minières multinationales opérant sur leurs territoires publient les
informations financières requises par l’ITIE. La divulgation de ces informations permettra d’obliger
toutes les entreprises minières y compris la multitude des entreprises minières détenues ou
financées par l’état chinois à publier leurs résultats financiers ainsi que les impôts payés aux
gouvernements et autres structures117.
Recommandation d’actions aux gouvernements africains
1. Collaborer avec la CEA pour développer et publier un guide compréhensif sur l’imposition
minière. Le guide doit comporter les bonnes pratiques et les pratiques alternatives et présenter
76
l’objectif tout en précisant les coûts liés aux pertes de revenu et d’avantages pour chaque type de
d’instrument fiscal et de concession fiscale.
2. Réviser la législation financière et des lois régissant les entreprises afin d’obliger toutes les
entreprises extractives à suivre le modèle de l’ITIE pour l’élaboration de leurs rapports annuels
financiers.
3. Abolir de la pratique de l’octroi d’exonérations fiscales aux entreprises minières dans les contrats
miniers. Tous les termes et taux de fiscalité minière doivent être légiférés dans la loi matérielle et
fidèlement répétés dans les contrats miniers.
Recommandation d’actions aux parlements africains
1. Promulguer des lois portant publication et ratification par le parlement des contrats
d’exploitation minière, tel qu’il en le cas au Ghana et en Sierra-Leone.
2. Mener des plaidoyers en vue de la mise au point d’une nouvelle norme internationale de
comptabilité contraignant les entreprises à publier leurs bénéfices, dépenses et impôts, y compris les
droits et les subventions aux communautés payées au cours de chaque exercice budgétaire sur une
base pays par pays.
Recommandation d’actions au Bureau des Normes Internationales de Comptabilité
Adopter une nouvelle norme internationale de comptabilité applicable aux entreprises minières et
contraignant ces dernières à publier leurs bénéfices, dépenses et impôts y compris les charges et les
subventions aux communautés payées au cours de chaque exercice budgétaire sur une base pays par
pays.
Recommandation d’actions aux donateurs bilatéraux et multilatéraux
Augmenter de l’aide financière aux gouvernements africains afin de renforcer leurs capacités en
matière de suivi et d’audit des comptes des entreprises minières et en vue de la révision de leurs
régimes de fiscalité minière. Les gouvernements africains doivent avoir la liberté d’utiliser ces fonds
pour s’octroyer des services en assistance technique et juridique ou autres du prestataire de leur
choix.
77
Notes de fin de texte
78
1 Les statistiques des matières premières du FMI montrent que l’indice du cours des métaux pour le cuivre, l’aluminium, le fer,
l’étain, le nickel, le zinc, le plomb et l’uranium a progressé de 40 en Avril 2002 à 200 en Avril 2008 ; équivalent à une croissance
moyenne de 269 pourcent des cours des minéraux durant cette période.
2 En 2007, la CEA et la Banque Africaine de Développement ont organisé une grande table ronde sur ‘la gestion des ressources
minières de l’Afrique en vue de la création du développement et la réduction de la pauvreté’. Les participants à cette réunion ont noté que la richesse du sous-sol Africain n’a entrainé ni la réduction de la pauvreté ni la création de la croissance dans les pays riches en ressources minières. Ils ont par conséquent chargé la CEA de la conduite d’une initiative panafricaine de recherche en vue de la fourniture de directives aux gouvernements Africains par rapport à comment transformer la richesse de leurs sous-sol en atouts de développement. La CEA a également élaboré le rapport suivant : ‘Intégration de l’exploitation du potentiel minier dans les stratégies
de réduction de la pauvreté’, Antonio M. A. Pedro, 1ère édition, aucune date disponible. 3Plusieurs recherches académiques remarquables ont été réalisées en appui à ce point de vue, comme celles de Paul Collier
économiste de la Banque Mondiale et de Anneke Hoeffler intitulée ‘Location de ressources, gouvernance et conflit, parue dans le
volume 49(1) du Journal de Résolution de Conflit en 2005. Ces points de vue sont évoquées dans nombre de recherches
académiques à savoir celles de Thad Dunning ‘Impacts de la dépendance des matières premières sur la performance économique et
la stabilité politique’, volume 49(4) du Journal de Résolution de Conflit en 2005, et de Lujala Paivi, Nils Peter Gleditsch et Elisabeth
Gilmore : ‘La malédiction du diamant : la guerre civile et le pillage des ressources’, paru dans le volume 49(4) du Journal de résolution
de conflit en 2005.
4 Le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies sur l’exploitation illégale des ressources minières et autres formes de richesse en
RDC, a établi que ‘les réseaux d’élite, directement ou indirectement, les entreprises et les individus ont incité au conflit et aux violations des droits de l’homme’ et que les conséquences de l’exploitation illégale se sont matérialisées par l’émergence des réseaux illégaux dirigés par soit des militaires soit des hommes d’affaires. Ces différents faits sont à l’origine du lien entre l’exploitation des
ressources minières et la persistance du conflit.’ Rapport du Groupe d’Expert de l’ONU sur la RDC, S/2001/357, Avril 2001. 5 Antonio M. A. Pedro ‘Intégration de l’exploitation du potentiel minier dans les stratégies de réduction de la pauvreté’, 1ère édition
du document de politique de la CEA, aucune date disponible, Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique.
6 Présentation de Jacob Thamage, Directeur des Mines auprès du Ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau à l’occasion du Forum
de Genève sur le Commerce et le Développement organisé par le Groupe de Travail de la CEA le 10 Mars 2008 à Bruxelles sur le thème ‘Recettes minières au service du développement’ 7 Le présent rapport est fondé sur les études et rapports préliminaires ci-après : Laurent Okitonemba et Kampata ‘Dans quelle
mesure le boom des premières peut-il augmenter l’assiette fiscale en Afrique ? Etude du cas de la République Démocratique du
Congo’, southern Africa Watch, OSISA, Kinshasa, Octobre 2008 ; Thomas Akabzaa ‘Régime de Fiscalité Minière du Ghana’. Third
World Network Africa, Accra, Octobre 2008, Patrick S Kambewa, ‘Régime de Fiscalité Minière du Malawi’, Septembre 2008; Alastair
Fraser et John Lungu, ‘A qui le bénéfice? Les Gagnants et les Perdants de la Privatisation des Mines de Cuivre de la Zambie’, Réseau
de Commerce de la Société Civile de la Zambie et Centre Catholique pour la Promotion de la Justice et la Paix (CCJDP, actuel
Caritas), 2006; Mark Curtis et Tundu Lissu, ‘Une Opportunité Exceptionnelle : La Tanzanie incapable de tirer profit des mines d’Or’,
publié par le Conseil Chrétien de la Tanzanie, le Conseil National Musulman de la Tanzanie, la Conférence Episcopale de la
Tanzanie, en Octobre 2008 ; Mark Curtis, ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance de Profiter de l’Exploitation
Minière’, la Coalition Nationale de Plaidoyer pour les Industries Extractives (NACE), Freetown, Mars 2009 (parution prochaine) ;
Mark Curtis ‘Exploitation et Régime de Fiscalité Minières en Afrique : un Tableau Comparatif’ mimeo, Octobre 2008 ; et Mark
Curtis, ‘Rapport sur l’Exploitation Minière : Comment le Boom des Matières Premières peut-il contribuer à la Croissance de
l’Assiette Fiscale en Afrique – Etude de Cas de l’Afrique du Sud’, mimeo, Octobre 2008, Patrick Kambewa,
79
‘Comment le Boom des Matières Premières en Afrique peut-il Contribuer à la Croissance de l’Assiette Fiscale de l’Afrique ? – Etude de Cas du Malawi’ projet de rapport, mimeo, Octobre 2008.
8 Rapport Mondial 2007 de l’Investissement: contribution des Entreprises Transnationales et des Industries Extractives au
Développement, CNUCED 2007
9 Pour un aperçu du rôle de la Banque Mondiale dans la Réforme du Secteur Minier des Pays en Voie de Développement, confer l’ouvrage ‘Le Rôle de la Banque Mondiale dans la Réforme du Secteur Minier’ de Felix Remy publié par le Département du Pétrole, du Gaz, des Mines et des Produits Chimiques du Groupe de la banque Mondiale, www.ifc.org/ogmc 10 Pour un aperçu détaillé des initiatives de la Banque Mondiale en RDC, y compris celles relatives à la transparence de l’exploitation
minière jusqu’en 2006, confer l’ouvrage ‘La Banque Mondiale en RDC: Mise à jour de Mars 2006’.
11 Voir l’ouvrage ‘Evaluation de la Mise en Œuvre de l’Initiative de Transparence des Industries Extractives du Fonds Monétaire
International et du Groupe de la Banque Mondiale’ et de Global Witness, Octobre 2008
12 Cité dans l’ouvrage ‘Une opportunité Exceptionnelle: La Tanzanie incapable de tirer Profit des Mines d’Or’ de Mark Curtis et
Tundu Lissuom, publié par le Conseil Chrétien de la Tanzanie, le Conseil National Musulman de la Tanzanie, la Conférence
Episcopale de la Tanzanie, en Octobre 2008 ;
13 Thomas Akabzaa, ‘Régime de Fiscalité Minière du Ghana’, document de concept non publié, Third World Network Africa,
Octobre 2008 14 Pour une analyse approfondie de l’implication de la Banque Mondiale en RDC, confer l’ouvrage ‘L’Etat et le peuple: Point sur la
gouvernance, l’exploitation minière et le régime de transition en République démocratique du Congo’, élaboré par l’Institut
Hollandais de l’Afrique Australe, le Service International d’Information pour la paix (IPIS) et Fatal Transactions, 2006 15 Document de Stratégie d’Appui à la Transition, Rapport No. 27751 de Janvier 2004 de la Banque Mondiale
16 Les six rapports élaborés par Ernst and Young peuvent être consultés sur le site: http://ratcliffephotos.free.fr . La mission réalisée par Ernst and Young s’est déroulée dans l’intervalle du 30 Mars au 22 Mai 2005 17 Protocoles du Bureau de la Banque Mondiale, ‘Contrats entre Gecamines et les Entreprises privées’, 08 Septembre 2005, cité dans le Rapport de Laurent Okitonemba et Dona Kampata intitulé : ‘Dans quelle mesure le boom des matières premières peut-il augmenter l’assiette fiscale en Afrique?’, Octobre 2008, rapport non publié commandé par le projet de Promotion des Ressources Minières de l’Afrique Australe de l’Open Society Institute of Southern Africa 18Denis Tougas, Le Canada en Afrique: La super puissance de l’exploitation minière, Journal
Pambazuka, 20 Novembre 2008
19 Denis Tougas, Le Canada en Afrique: La super puissance de l’exploitation minière, Journal Pambazuka, 20 Novembre 2008 20 Les statistiques des matières premières du FMI indiquent que l’indice du cours des métaux pour
le fer, l’étain, le nickel, le zinc, le plomb et l’uranium a décollé de 40 en Avril 2002 à 200 en Avril
2008
21 Voir ‘En Afrique: Comment le Boom des Matières Premières transforme l’Afrique Sub-
saharienne en une Région de Grande Importance pour l’Australie’, Roger Donnelly, Benjamin
80
Ford. Institut Lowry de Politique internationale’, Nouvelle Galles du Sud, 2008
22 Voir Communiqué de Pretoria émis par le Ministère des Finances de l’Afrique du Sud en
Octobre 2008
23 Entretien avec HP M’Cleod du PNUD à Freetown en Juillet 2008 24 Rapport d’Oxford Analytica intitulé: ‘Les cours des métaux en chute libre en Afrique’ daté du 05
Janvier 2008 publié dans le Journal Globe and Mail, www.theglobeandmail.com . Les cours du
cuivre profondément affectés – négociation du cuivre à 3000 Dollar EU la tonne à la LME, soit une
descente de la remontée de 9000 Dollar EU la tonne en Juillet, et en dessous de la moitié des 7000
Dollar EU la tonne en Janvier 2009. L’or par contre affiche une meilleure performance au regard
des statistiques du Conseil Mondial de l’Or qui indiquent un cours déprécié de 855 Dollar l’once en
baisse par rapport à la hausse historique de 1000 Dollar EU l’once en Avril 2008, mais toujours en
nette hausse par rapport au niveau bas de 300 Dollar EU enregistré en Janvier 2000. Le cours du
cobalt a régressé de 55 Dollar EU la livre en Mars 2008 à 17 Dollar EU la livre en novembre 2008,
principalement en raison de la chute profonde de la demande de la chine’, confer Barry Sargeant
25 Barry Sargeant, ‘Les rideaux miniers tombent dans la Province du Katanga en RDC du fait que les
ambitieuses Sociétés Minières Intermédiaires aux recettes affaiblies continuent de cesser les activités
principalement dans les mines de cobalt,’ Journal Mineweb, 24 Novembre 2008
26 Martin Creamer, éditeur de l’hebdomadaire Mining Weekly, lors d’une interview sur ‘le redécollage’ de l’Afrique du Sud le 12 Décembre 2008, a exprimé la certitude que les cours internationaux des métaux enregistreront un recul étant donné les diverses raisons à savoir le maintien des conditions structurelles à la base de leur montée en 2003, la dépendance de la Chine et de plusieurs pays industrialisés vis-à-vis des métaux pour leur croissance économique, l’insuffisance de la fourniture des métaux nécessaires à cette croissance et principalement la cessation des activités par la plupart des ‘petites’ mines provoquée par l’effondrement des cours… 27 Citation Aimes 28 La CNUCED estime que le secteur minier ne compte que pour 0,2% de la main d’œuvre globale en Tanzanie. Selon les statistiques du gouvernement, un-tiers des personnes âgées de 15 à 35 ans sont au chômage et sur les 700.000 diplômés libérés sur le marché de l’emploi chaque année, seulement 40.000 obtiennent un emploi dans le secteur formel. Cité dans l’ouvrage ‘Une Opportunité Exceptionnelle : La Tanzanie incapable de tirer profit des mines d’Or’ de Mark Curtis et Tundu Lissu, publié par le Conseil Chrétien de la Tanzanie, le Conseil National Musulman de la Tanzanie, la Conférence Episcopale de la Tanzanie, en Octobre 2008 29 Rapport Mondial d’Investissement de 2007: La part d’investissement des sociétés transnationales
et des industries extractives dans le développement, CNUCED 2007
30 Felix Remy, ‘Le rôle de la Banque Mondiale dans la Réforme du Secteur Minier: élaboration d’un cadre de politique de développement’, Département du Pétrole, du Gaz, de l’exploitation minière et des produits chimiques, Banque mondiale et IFC, 2003. 31 L’Organisation de Promotion des Ressources Minières de l’Afrique Australe, TWN Africa, les
membres d’Aimes, Christian Aid et Action Aid ont précisé dans les rapports récents comment les
81
communautés sont affectées par l’exploitation minière. Ces rapports sont entre autre : ‘Les Mines
de Cuivre en Zambie: Un Obstacle au Développement’, Octobre 2007, ‘Morts et Impôts : Le Bilan
Réel du non-paiement des Impôts’, Mai 2008, (www.christian- aid.org.uk), ‘Métaux Précieux :
Impacts d’Anglo-Playinium sur les Communautés Pauvres de Limpopo en Afrique du Sud’, Mars
2008 ; La Ruée Vers l’Or : Impacts de l’Exploitation de l’Or sur les Communautés Pauvres
d’Obuasi au Ghana, 2005 (www.actionaid.org.uk), ‘La Sierra Leone à la Croisée des Chemins: Saisir
la chance de tirer profit de l’exploitation minière’, Coalition Nationale pour la Promotion des
Industries Extractives, Freetown, prochain Mars 2009
32 Au nombre des normes volontaires de responsabilité sociale d’entreprise applicables à l’ensemble
des entreprises multinationales figurent le Directives de l’OCDE relatives aux Entreprises
Multinationales, UN Global Compact, les Principes de l’Equateur stipulant les normes régissant le
financement des projets d’exploitation minière par les banques. Le Rapport élaboré par Christian
Aid intitulé : Derrière les Masques: La Réalité de la Responsabilité Sociale d’Entreprise’ interroge si
les engagements en matière de responsabilité sociale d’entreprise sont suffisants pour amener les
entreprises à assumer la responsabilité de leurs impacts sur les communautés, 2004 (www.christian-
aid.org.uk).
33 Les chiffres fournis par les entreprises avec pour dénomination le Rand ont été convertis en
Dollar EU au taux de 1 Rand pour 0,127 Dollar EU
(*) Inclut les dépenses effectuées en Afrique Australe d’où proviennent la plupart des employés en
Afrique du Sud.
(**) Inclut les dépenses liées au développement des communautés au Zimbabwe du fait que le pays
compte également pour une partie des bénéfices obtenus: Anglo Platinium, Rapport sur le
Développement Durable
2007, p.34; AngloGold Ashanti, Rapport National d’Afrique du Sud: Vaal river, 2007, p.56; Impala
Platinum, Rapport Annuel 2008, p.31; Harmony Gold, Développement Durable 2007, p.42;
Lonmin, ‘Association pour le développement de Lonmin’, www.lonmin.com
34 Joel Bergsmann, ‘Conseils sur l’Imposition et les Incitations Fiscales liées aux Investissements Directs Etrangers’ Mai 1999, Présentation faite à l’occasion du Séminaire de consultation de la banque Mondiale sur les Investissements Directs Etrangers organisé en 2000, P.7 35 Alex Cobham, ‘Impacts de l’Evasion Fiscale et de l’Evitement Fiscal sur le Développement
financier’, Document de Travail No. 129 du Centre de Recherche sur les Politiques Financières et
Commerciales, Queen Elizabeth House, Université d’Oxford, Septembre 2005
36 Ce tableau a été conçu par James Otto dans l’ouvrage de James Otto et al, intitulé ‘Redevances
Minières: Impacts sur les Investisseurs, le Gouvernement et la Société Civile’ ; Banque Mondiale
2006
37 Tableau reproduit à partir de l’ouvrage de James Otto et al, intitulé ‘Redevances Minières: Impacts sur les Investisseurs, le Gouvernement et la Société Civile’, page 17
82
38 Les études les plus complètes sur la fiscalité minière sont celles intitulées : ‘Redevances Minières: Etude globales des impacts sur les Investisseurs, le Gouvernement et la Société Civile’ réalisée par James Otto, Craig Andrews, Fred Cawood et al, ‘Redevances Minières: Etudes globales des Impacts sur les Investisseurs, le Gouvernement et la Société Civile’ publiée par la Banque Mondiale en 2006, et la deuxième édition de ‘L’Etude comparative de la fiscalité minière globale’ réalisée par l’Institut de politique et de gestion des ressources minières globales et l’Ecole des mines de Colorado en Mars 2000 39 Thomas Baunsgaard et Mick Keen, Document de Travail du FMI, 05/112, 2005 40 Ce document est fondé sur les tableaux des recettes budgétaires du FMI publiés dans l’étude
réalisée par Emil M Sunley, Thomas Bannsgaard et Philip Daniel, sur les Incitations Fiscales et le
Régime de Fiscalité du Secteur Minier en Sierra-Leone, Département des Affaires Fiscales du FMI,
Avril 2004
41 Etude sur les incitations fiscales et le régime de fiscalité du secteur minier réalisée par Emil
Sunley et al, document du département des affaires fiscales du FMI, ‘pour usage officiel
uniquement’
42 Voir le document de L Wells, N Alleth, J Morriset et N Pirnia: ‘Utilisation des incitations fiscales
comme facteur d’attraction des investissements étrangers : Valent-elles le coût ?’, FIAS/WB, IFC,
2001,
43 Rapport Trimestriel 2004 de McKinsey, Volume I
44 Finance et Développement, FMI, Septembre 2008,
http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/2008/
09/gupta.htm
45 L’Afrique du Sud prélève également des taxes secondaires sur les entreprises (STC), soit 10% des
dividendes déclarées – cette taxe sera substituée par la retenue à la source sur les dividendes en
2009
46 Statistiques tirées de ‘l’étude comparative sur la fiscalité globale du secteur minier’, deuxième édition, Ecole des Mines de Colorado 47 PriceWaterhouse Coopers: ‘Moments forts de l’exploitation minière: évaluation des tendances globales de l’industrie minière’, 2006 48 James Otto, Redevances Minières, Banque Mondiale, 2006
49 BOAS and Associates, premier rapport consolidé de Ghana ITIE, 2007 50 UNCTAD, ‘Développement économique en Afrique: redéfinition du rôle des investissements directs étrangers’, New York/Genève, 2005, p 46 51 Ces estimations sont basées sur des chiffres fournis par le trésor Public, déclaration de presse du
O3 Juin 2008, Annexe 1, p.3, à consulter sur: http://www. treasury.gov.za/législation/bills/2008/
royalty/2008060301.pdf.
83
52 Seule AngloGold Ashanti a fait l’exception en réunissant des paiements de taxe évalués à 1
million de Dollar EU en 2007
53 Rapport du Comité Présidentiel d’Appui Consultatif au Gouvernement en matière de Suivi du
secteur Minier en République Unie de Tanzanie, Volume 2 d’Avril 2008 présidé par le Juge Mark
Bomani (Traduction Anglaise non officielle)
54 Estimations budgétaires tirées de l’ouvrage de Mark Curtis et Tundu Lissu: ‘Une Opportunité
Exceptionnelle’ la Tanzanie Incapable de Tirer Profit de l’Exploitation Minière’, CCT, Conseil
National des Musulmans de la Tanzanie, la Conférence Episcopale de la Tanzanie, Octobre 2008
55 Rapport Annuel 2006 d’AngloGold Ashanti, p. 80, www.anglogoldashanti.com
56 Sunday Citizen de la Tanzanie, 07 Octobre 2007
57 Mark Curtis, ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance de Profiter de
l’Exploitation Minière’, la Coalition Nationale de Plaidoyer pour les Industries Extractives (NACE),
Freetown, (prochain Mars 2009)
58 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis et Tundu Lissu : ‘Une Opportunité Exceptionnelle : La
Tanzanie incapable de tirer profit des mines d’Or’, publié par le Conseil Chrétien de la Tanzanie, le
Conseil National Musulman de la Tanzanie, la Conférence Episcopale de la Tanzanie, en Octobre
2008
59 Ibid 60 Ce tableau a été conçu à partir des informations issues des études de contexte commandées dans
le cadre du présent rapport sur la Sierra Leone, le Malawi, le Ghana, la Tanzanie, la Zambie,
l’Afrique du Sud et la RDC. Confer note de bas de page x. Des informations supplémentaires sont
disponibles dans l’ouvrage de Mark Curtis: ‘Exploitation et régimes de fiscalité minières en Afrique :
tableau comparatif’, mimeo, tirées des sources gouvernementales de ces pays respectifs.
61 Interviewé en 2006, cité dans l’ouvrage d’Alastair Fraser et John Lungu : ‘A qui le bénéfice? Gagnants et perdants de la privatisation des mines de cuivre de la Zambie’, Réseau Commercial de la Société Civile de la Zambie, Centre Catholique pour la justice, le développement et la paix (CCJDP, actuel Caritas), 2006 62 Ces chiffres sont tirés du document de PriceWaterhouseCoopers: Métaux et Exploitation
Minière: Evaluation des Tendances Globales de l’Industrie Minière en 2007
63 Audience budgétaire par Ngandu Magande, Député et ministre des finances et la planification le
03 Février 2006, www.zra.org.zm
64 Ces chiffres ont été publiés dans une présentation de la Chambre des Mines de la Zambie faite
par son Président lors d’une visite effectuée par la mission du FMI en Octobre 2006. La
présentation est intitulée : ‘Industrie Minière de la Zambie : Evaluation de la période post
84
privatisation’, non publiée
65 Une source de richesse: à qui profite l’inflation des cours des matières premières ?’, Christian Aid, Janvier 2007 66 République Unie de la Tanzanie: ‘Rapport du Comité Présidentiel d’Appui Consultatif au
Gouvernement en matière de Suivi du Secteur Minier’, Volume 2, Avril
2008
67 Mark Curtis et Tundu Lissu : ‘Une Opportunité Exceptionnelle : La Tanzanie incapable de tirer
profit des mines d’Or’, publié par le Conseil Chrétien de la Tanzanie, le Conseil National Musulman
de la Tanzanie, la Conférence Episcopale de la Tanzanie, en Octobre 2008
68 Interviewé par Judith Melby, Mars 2008, et cité dans l’ouvrage ‘Mort et Taxes: L’impact réel de
l’évitement fiscal’, Christian Aid, Mai 2008
69 Voir le rapport de Septembre 2008 du ‘projet de la mine d’uranium de Kayalekera au Malawi’, Septembre 2008, à consulter sur www.paladinenergy.com.au, et John Borshoff, Directeur Général de Paladin Energy Ltd, cité dans Marketwire, le 20 Novembre 2008 70 Etude de viabilité de financement bancaire cite par Patrick Kambewa dans l’étude de contexte réalisée dans le cadre de ce rapport 71 Ces estimations sont basées sur les estimations financières de Paladin Africa Ltd relatives au
retour attendu sur ses investissements dans la mine d’uranium. Selon ses propres projections
(www.paladinenergy.com.au), 1493 tonnes d’uranium seront produits au cours des sept premières
années, et 530 tonnes au cours des quatre dernières années. Les dépenses globales en capitaux sont
estimées à 300 millions de Dollar EU..... Quant aux coûts d’opérationnalisation du projet, ils sont
évalués entre 19 dollar EU/ livre au cours des 7 premières années et 23 dollar EU /1b durant tout
le cycle de vie du projet. Ces estimations ont également projeté le cours réel forfaitaire de l’uranium
à 60 dollar EU/1b au cours de toute la période des 11 ans.
72 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis, ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance
de Profiter de l’Exploitation Minière’, NACE, Freetown, (prochain Mars 2009)
73 Le président du comité parlementaire sur les mines a affirmé dans l’ouvrage de Mark Curtis, ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance de Profiter de l’Exploitation Minière’, NACE, Mars 2009, n’avoir jamais vu le contrat de ses yeux 74 Les études et rapports récents à savoir le rapport final du panel d’expert des Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources minières et autres formes de richesse en République Démocratique du Congo, UN S/2002/1146, et ‘L’Etat et le Peuple: Gouvernance, exploitation minière et régime de transition en RDC’, élaboré par l’IPIS, l’Institut Hollandais pour l’Afrique Australe, et Fatal Transactions, en 2006. L’ancien ministre des mines de la RDC, Florent Mututulo, entré en fonction en 1997 a déclaré sur la radio publique comment il a été approché par des hommes d’affaire étrangers du secteur des mines désireux de payer des pots de vin et comment il a décliné l’offre. La transcription des rapports Dan Rather Reports, publiés sur les ondes au Etats-Unis le 17 Septembre 2008, épisode 330, intitulée ‘La Mine en Général’
85
75 Plusieurs contrats de partenariat entre les entreprises étatiques et les entreprises privées ont été publiés sur le site internet du Ministère Congolais des Finances http://www.minfinrdc.cd. En Octobre 2007, cependant plusieurs pages étaient absentes des contrats. 76 Le gouvernement a exproprié First African Diamonds de Sengamines en Septembre 1998.
Actuellement, des plans sont en cours pour négocier un nouveau contrat avec un co-propriétaire
Russe. First African Diamonds compte porter l’affaire en justice tel que rapporté par John Helmer,
‘Alrosa supporte la RDC dans sa reprise de Sengamines’ dans le Journal Mineweb du 16 Septembre
2008 sur www.mineweb.net. Préalablement à la signature du contrat actuel avec Oryx en 2005,
Sengamines était codétenue par MIBA et une entreprise Zimbabwéenne dénommée Operation
Sovereign Legitimacy (Osleg). Dumisani Ndlela a déclaré dans le Journal Financial Gazette du
Zimbabwe le 03 Février que cette entreprise était détenue par quatre célèbres citoyens Zimbabwéen
dont deux étaient des figures principales des Forces Armées du Zimbabwe au cours de la guerre
avec la RDC. Cette entreprise a été nommément indexée dans le rapport final du panel d’expert des
Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources minières et autres formes de richesse de la
République Démocratique du Congo, UN S/2002/1146 comme l’une des 85 entreprises opérant en
RDC au moment de la guerre sans observation des directives de l’OCDE régissant les entreprises
multinationales.
77 Service International d’Information sur la Paix, ‘données sur exportations de Sengamines, Juin 2001 à Septembre 2003’, Antwerp, 11 Novembre 2003, www.ipisresearch.be 78 Claude Kabemba, ‘Est-il possible d’engager une renégociation adéquate et transparente des contrats miniers en RDC? Organisation de Promotion des Ressources Minières de l’Afrique Australe, Open Society Initiative of Southern Africa (OSISA), mimeo 79 Document de la Banque Mondiale sur ‘la Croissance de la RDC à travers la bonne gouvernance
du secteur minier’, publié en Novembre 2007, cité dans le document de Raf Custers
Sur ‘La session de la Banque Mondiale et du Congo RDC sur l’Exploitation Minière’, Service
International d’Information sur la Paix, Paris, 30 Novembre 2007
80 Nous évoquons les chiffres établis par les chercheurs de Global Financial Integrity en utilisant les
estimations brutes sans les méthodes de renversement pour calculer les sorties de capitaux résultant
des sous-facturations des exportations et des surfacturations des importations. Ces chiffres sont
mentionnés dans le tableau 16 du rapport intitulé : ‘Flux financiers illégaux des pays en voie de
développement de 2002 à 2006’, Dev Kar et Devon Cartwrigh-Smith, Global Financial Integrity,
Centre de Politique Internationale, Washington DC, 2008
81 Ces chiffres ont été calculés par la Fondation New Economics Foundation de Londres sur la base
des valeurs des échanges fournies par Simon Pak, un spécialiste Américain des fraudes de
facturation d’échanges. Cité dans l’ouvrage : Une source de richesse: à qui profite l’inflation des
cours des matières premières ?’, Christian Aid, Janvier 2007
82 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance
de Profiter de l’Exploitation Minière’, la Coalition Nationale de Plaidoyer pour les Industries
Extractives (NACE), Freetown, Mars 2009
86
83 Rapport d’Alex Steward Assayers: ‘L’évaluation du programme d’exploitation de l’or’, mimeo,
pp5-8. Le gouvernement n’a divulgué ce rapport à aucune des sociétés d’exploitation de l’or. En
réponse aux allégations formulées dans le rapport, la Chambre des Mines et de l’Energie de la
Tanzanie a déclaré qu’il relève d’un principe fondamental d’audit de permettre à la personne auditée
d’expliquer une quelconque anomalie notée au coures de la réalisation de l’audit. Malheureusement
cette suggestion n’a jamais été prise en compte ; d’où la vague de spéculation sur l’objet de ce
rapport. Le rapport continue d’être l’objet de discussion entre le gouvernement et les sociétés
minières respectives’.
84 Sunday Citizen, 13 Mai 2007
85 Le Citoyen, 13 Juin 2008 86 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance
de Profiter de l’Exploitation Minière’, Coalition Nationale de Plaidoyer pour les Industries
Extractives, Freetown, prochain Mars 2009, p 29
87 Ibid 88 Projet de Loi sur l’Amendement de l’impôt sur le revenu, 2008, Protocole, N.A.B, 24 Janvier
2008
89 Rapporté dans le Journal Northern Miner, en Septembre 2008 90 Plusieurs grands économistes tels que Jeffrey Sachs et Thorvadur Gylfason ont essayé de démontrer à travers des analyses de régression qu’il existe une relation négative entre la croissance économique et la dépendance des ressources minières; tandis que d’autres ont remis en question les données utilisées dans la réalisation de ces analyses 91 L’indice de corruption de Transparency International pour nombre de pays cadre parfaitement
avec leur dépendance vis-à-vis des ressources minières ou pétrolières. Par ailleurs, plusieurs des
pays non dépendants des ressources minières ont aussi obtenu des notes critiques.
92 Antonio M.A. Pedro, ‘Exploitation de la richesse minière en tant stratégie de promotion du développement et de réduction de la pauvreté’, Document de politique de la CEA No.1, date inconnue, la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique. 93 De tels mécanismes comprendront le recrutement d’un auditeur permanent du gouvernement et
l’existence de parlementaires bien informés pour contrôler les actions du gouvernement, définir des
lois favorable à l’accès aux informations, mettre en place des structures à travers lesquelles les
citoyens peuvent contribuer à l’application des politiques du gouvernement et des sanctions définies
contre la corruption.
94 C’est également le cas du Mozambique, du Burkina Faso, du Sénégal et du Mali. Cependant, il n’existe aucune disposition relative à la stabilisation fiscale dans la législation des pays riches en ressources minières tels que l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe, l’Ouganda, le Kenya, et la Côte d’Ivoire. Mark Curtis, ‘exploitation et régime de fiscalité minières en Afrique: tableau comparative, Octobre 2008, mimeo
87
95 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis et Tundu Lissu: ‘Une Opportunité Exceptionnelle : La
Tanzanie incapable de tirer profit des mines d’Or’, publié par le Conseil Chrétien de la Tanzanie, le
Conseil National Musulman de la Tanzanie, la Conférence Episcopale de la Tanzanie, en Octobre
2008.
96 Selon les déclarations faites par Franck Jomo le 08 Mars 2007 sur www.mineweb.net
97 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis ‘La Sierra-Leone à la Croisée des Chemins : Saisir la Chance
de Profiter de l’Exploitation Minière’, Coalition Nationale de Plaidoyer pour les Industries
Extractives, (NACE) Freetown, prochain Mars 2009
98 Entretien avec Judith Melby en Mars 2008, cité dans l’ouvrage
‘Mort et taxes: impact réel de l’évitement fiscal’, Christian Aid, Mai 2008
99 Koidu Diamonds, la seule société minière à payer 5% 100 Cité dans l’ouvrage de Mark Curtis, ‘Rapport sur le secteur minier: comment le boom des matières premières peut contribuer à la croissance de l’assiette fiscale – étude de cas de l’Afrique du Sud’, mimeo, Octobre 2008 101 Ce modèle a été adapté du livre de référence de l’ITIE, en Mars 2005, www.eititransparency.org
102 Document d’information élaboré par la coalition Publish What You Pay et l’Institut de
Contrôle des Revenus, IASB, table ronde de l’équipe de recherche sur l’industrie extractive le 15
Septembre 2008
102 Document d’information élaboré par la coalition Publish What You Pay et l’Institut de Contrôle
des Revenus, IASB, table ronde de l’équipe de recherche sur l’industrie extractive le 15 Septembre
2008
103 Normes Internationales de Comptabilité 14, déclaration de segment, mise à jour de 2005, adoption de l’IASB par la coalition Publish What You Pay, Global Witness, OSISA, Care, CAFOD, et Transparency International 104 La Banque Mondiale encourage les pays riches en ressources minières à incorporer le développement de l’exploitation minière à leurs documents de stratégie de réduction de la pauvreté et à promouvoir la transparence de l’industrie extractive dans les pays clients. La DfID a financé les honoraires juridiques du conseiller du gouvernement de la Zambie dans le cadre de la réalisation des récents réformes de la fiscalité minière, et le PNUD finance actuellement un programme pilote de renforcement de capacité des gouvernements à améliorer les collectes de revenu dans le secteur minier – les pays pilote sont la Sierra Leone et le Mozambique en Afrique. De plus, la Banque Africaine de Développement compte mettre en place une structure juridique pour assister les gouvernements sur le plan juridique des négociations de contrat. 105 Cette implication est détaillée dans l’ouvrage de Alastair Fraser et John Lungu, ‘A qui le profit ?
gagnants et perdants de la privatisation des mines de cuivre de la Zambie’, Réseau Commercial de la
Société Civile de la Zambie et le Centre Catholique pour la Justice, le Développement et la Paix
(CCJDP, actuel Caritas), 2006
88
106 Groupe d’Etude International, Termes de Référence de l’Evaluation des Régimes Miniers en Afrique, Antonio Pedro, CEA, mimeo 107 Voir l’ouvrage de Denis Tougas, ‘Le Canada en Afrique: la Super puissance de l’Exploitation Minière’, journal Pambazuka News du 20 Novembre 2008 108 Evans Rubera, ‘Exploitation Minière et Pratiques Coloniales en Tanzanie : le Retour de
l’Exploitation de l’Epoque Victorienne?’, journal Pambazuka News, du 20 Novembre 2008
109 Cité dans une lettre datée du 03 Décembre 2007 adressée au Président du Comité d’Evaluation
du Système de Règlementation du Secteur Minier, par le Ministre de l’Industrie, du Commerce et du
Marketing, Basil Mramba, à propos de la situation qui s’est produite lorsqu’en 2004, le
gouvernement a rejeté l’Acte de l’Impôt sur le Revenu de 1973 pour le remplacer par l’Acte de
l’Impôt sur le Revenu de 2004. Cité dans ‘Mort et taxes: Le réel impact de l’évitement fiscal’,
Christian Aid, Mai 2008
110 Le rapport du Comité Présidentiel d’Appui Consultatif au Gouvernement en matière de Suivi du Secteur Minier en République Unie de la Tanzanie, Volume 2 d’Avril 2000 111 Raf Custers, IPIS
112 Cité dans la transcription des rapports de Dan Rather, publiés aux Etats-Unis le 17 Septembre
2008, épisode 330 intitulé ‘La mine en général’.
113 Peter Rosenblum, professeur à l’Université de Colombie et Dan Rather, cité dans une
transcription des rapports de Dan Rather publiés aux Etats-Unis le 17 Septembre 2008, épisode 330
intitulé ‘La mine en général’.
114 Rupiah Banda dans son discours sur l’état de la nation prononcé le 16 Janvier 2008, et publié par
Reuters le 16 Janvier 2009
115 Birgir Anarson, Représentant Résident du FMI en Zambie, cité dans un rapport de Reuters
publié le 13 Janvier 2009, sur www.miningweekly.com
116 Barry Sargeant, ‘Les rideaux miniers tombent dans la Province du Katanga en RDC du fait que
les ambitieuses Sociétés Minières Intermédiaires aux recettes affaiblies continuent de cesser les
activités en particulier dans les mines de cobalt,’ Journal Mineweb, 24 Novembre 2008,
117 La Coalition Africaine Publiez Ce Que Vous Payez qui s’est réunie à Abuja en Septembre 2008, a
également recommandé que les exigences de déclaration d’ITIE soient incorporées aux législations
nationales en vue de l’introduction des projets de loi sur la liberté d’information dans tous les pays
Africains et la transparence des contrats miniers. Confer le Communiqué de la Coalition Publish
What You Pay, publié à la Réunion Régionale Africaine du 10 Septembre 2008.
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Conception et mise en page: Paul Wade, Johannesburg
Imprimé par: DS Print Media, Johannesburg
Photo de couverture: Habitants du village Mutakuja en Tanzanie, déplacés par Geita, une mine d’or
détenue par la société Anglo-Gold Ashanti.
Photo prise par Evelyn Hockstein
Photo du document: Miniers dans les puits de la société NFC Africa Mining à Chimbishi. Depuis la
vente de la mine par le gouvernement en 1997, les puits miniers ont été inondés et les
infrastructures de l’usine ont succombé à la rouille. Suite à la reprise par une entreprise chinoise, des
investissements ont été effectués pour revitaliser les mines; créant de ce fait 1800 emplois aux
mineurs locaux qui travaillent en rotation de 8 heures 24/24.