brules vifs

34

Upload: la-maison-de-la-bible

Post on 06-Mar-2016

225 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Missionnaire parmi les lépreux en Inde, Graham Staines y périt avec ses deux fils: des extrémistes hindous ont mis le feu à la voiture dans laquelle ils se trouvaient. Un puissant témoignage de pardon et de consécration au Christ.

TRANSCRIPT

Page 1: Brules vifs

23 janvier 1999: le missionnaire australien, Graham Staines,est brûlé vif par des extrémistes hindous, avec ses deux plusjeunes enfants.

Cet acte va-t-il engendrer la haine? Bien au contraire, le té-moignage de Gladys, épouse et veuve de Graham, bouleverse lepays entier: «Je n’ai qu’un message pour le peuple indien. Je nesuis pas aigrie. Je ne suis pas non plus en colère. Mais j’ai ungrand désir: que tous les habitants de ce pays puissent trouverune relation personnelle avec Jésus-Christ, avec celui qui a donnésa vie pour leurs péchés. Chacun et chacune doit savoir que Jésusl’aime, que l’on peut lui faire confiance et s’aimer les uns les au-tres. Brûlons la haine et faisons briller l’amour de Christ.»

Un puissant témoignage de la consécration d’un couple au Christet du pardon qui libère. Un livre qui touche profondémentles cœurs.

Brûlés vifsAndreas Rapp et Gladys Staines

Brûl

és v

ifsA

ndre

as R

app

et G

lady

s St

aine

s

9 782826 034186 >

ISBN 2-8260-3418-9

Brûl

és v

ifs

Page 2: Brules vifs

Andreas Rapp et Gladys Staines

Brûlés vifsUn missionnaire et ses fils assassinésen Inde

Page 3: Brules vifs

Ce document est destiné à votre strict usage personnel. Merci de respecter son copyright, de ne pas l’imprimer en plusieurs exemplaires et de ne pas le copier ni le

transférer à qui que ce soit.

Copier, c’est copiller et c’est signer la fin d’une édition de qualité.

Ce document ne peut être obtenu que par téléchargement sur le site www.maisonbible.net ou sur un site agréé par

La Maison de la Bible. Ce téléchargement autorise l’acquéreur à une seule impression papier et à la consultation du fichier

sur un seul support électronique à la fois.

Toute publication à des fins commerciales et toute duplication du contenu de ce document ou d’une partie de son contenu

sont strictement interdites.

Toute citation de 500 mots ou plus de ce document est soumise à une autorisation écrite de La Maison de la Bible

([email protected]).

Pour toute citation de moins de 500 mots de ce document le nom de l’auteur, le titre du document, le nom de l’éditeur

et la date doivent être mentionnés.

Page 4: Brules vifs

Dédicace

C elui qui durant des années a soigné les lépreuxmérite des remerciements et la reconnaissance

pour son témoignage. Qu’au lieu de cela, il soit horrible-ment assassiné, constitue une monumentale dérive parrapport aux traditions de tolérance et d’humanité qui fontla réputation de l’Inde. C’est un meurtre qui se rangeparmi les actes les plus noirs du monde."

K.R. Narayanan, Président de l’Inde

"

Page 5: Brules vifs

A propos de l’éditeur*

Andreas Rapp, outre son activité professionnelle, s’estengagé, depuis 1989, en tant que pasteur et conseiller-expert de l’Inde. Il séjourne souvent en Inde même. Ils’est investi dans un orphelinat et dans un projet de cli-nique mais aussi dans la formation de responsables etdans l’édification de communautés. Il œuvre en colla-boration avec plusieurs organisations indiennes. Il asouvent l’occasion d’apprécier l’aide pleine d’abnéga-tion de nombreuses personnes vivant ici en Europe. Ilest marié et a quatre enfants qu’il veut avant tout rendreattentifs aux conditions de vie difficiles de nombreusespersonnes dans énormément de pays.

* Edition originale allemande

Page 6: Brules vifs

Table des matières

IntroductionPréface de l’édition allemande (1) . . . . . . . . . . . . . . . . 10Préface de l’édition indienne (2) . . . . . . . . . . . . . . . . . 201. "Non, je ne suis pas aigrie!" . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

La famille Staines2. Le drame: infamie ou chance? . . . . . . . . . . . . . . . . 303. Graham Staines: un cœur pour l’Inde . . . . . . . . . . 404. Minuit à Manoharpur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 605. Après la tempête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 666. Echos de la presse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

La léproserie de Mayurbhanj7. A l’origine, une femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1068. Un refuge pour les désespérés . . . . . . . . . . . . . . 1169. Au service des lépreux corps et âme . . . . . . . . . 126

Page 7: Brules vifs

Quinze mois plus tard10. Interview de Gladys Staines le 26 avril 2000 . . . 14411. La persécution actuelle des chrétiens a-t-elle

aussi des origines politiques? . . . . . . . . . . . . . . . 158

Dédié au peuple indien

Page 8: Brules vifs

Introduction

8

Page 9: Brules vifs

10

Préface de l’édition allemande (1)

Vol EK004 de Francfort à Bombay via Dubaï. Aucomptoir d’enregistrement, le hasard, sous la

forme d’une dame aimable mais décidée, ("Non, il nenous reste plus de place pour vous côté couloir!"), meplaça entre deux femmes assez jeunes. L’une, à peine lavingtaine passée, allait vivre quelques mois dans un ash-ram de Saï Baba, un des gourous indiens les plus connusen Occident à ce moment-là. Elle voulait approfondir saconnaissance d’elle-même avant de commencer sesétudes tout en espérant obtenir de l’Hindouisme desréponses à quelques questions essentielles… Non, ellen’avait jamais été en Inde et tout la passionnait. Enoutre, elle aimait l’aventure.

Ma voisine de droite, elle, avait déjà fait plusieursvoyages dans le nord de l’Inde et était littéralement fasci-née par la beauté des paysages. Elle voulait profiter deses vacances pour découvrir de nouvelles contrées etainsi sortir quelque peu de son train-train quotidien enAllemagne. Elle trouva quelque peu étrange ma questionde savoir ce qu’elle pensait de la misère omniprésentedans les quartiers insalubres. Non, elle n’avait encore

"

Page 10: Brules vifs

jamais visité réellement Calcutta ou d’autres grandesvilles.

Ces deux femmes jugèrent le but de mon voyage –l’inauguration d’un hôpital de campagne dans le sud del’Inde – très intéressant, mais restèrent plutôt étrangèresà la motivation chrétienne sous-jacente à ce projet.Jusqu’à présent, elles n’avaient jamais associé le mot"Inde" à une quelconque vie ou activité chrétienne. Cetteconversation me rappelle d’ailleurs mon premier voyageen Inde. Il faut le dire: notre imagination (occidentale) etnos attentes ont peu de rapport avec la réalité de cepays.

Nous, Européens, imaginons l’Inde tous de la mêmemanière: comme un magnifique pays d’aventures, à lapauvreté criante et à la culture fascinante. Ces trois des-criptions sont toutes aussi justes et importantes lesunes que les autres. L’Inde est un mélange de ces troischoses, mais de bien d’autres encore. Et ce mélange nese dévoile souvent à celui qui n’est pas du pays que demanière très lente, à l’occasion de certains "hasards".

En raison d’un passé récent, l’observateur attentif yassociera encore une autre image, celle de la persécutiondes chrétiens. De plus en plus fréquemment, les membresd’églises chrétiennes, mais aussi les adeptes d’autresreligions non-hindouistes, sont tracassés, molestés ou,comme le relate ce livre, assassinés. L’événement rap-porté ici décrit un fait particulièrement cruel qui retint,un court laps de temps, l’attention mondiale.

Pour mieux comprendre les causes, mais aussi lesconséquences possibles, de cette incompréhensibleférocité, il faut jeter un regard plus aigu sur l’Inde. Il fautsavoir que les progrès les plus modernes de ce payss’enracinent toujours dans des structures archaïques dela pensée et de l’autorité. Pour parvenir à la réalité, ilfaut voir au-delà des clichés. L’observateur attentif

Brûlés vi fs11

Page 11: Brules vifs

découvrira un monde surprenant et verra avec étonne-ment que Dieu est à l’œuvre dans ce pays.

Ce livre est le récit de destins individuels bien diffé-rents, aux arrières-plans très divers: celui d’un mission-naire australien inconnu, celui de lépreux abandonnés etexpulsés, celui d’extrémistes mis à l’écart à cause deleur idéologie, celui de quelques observateurs sociaux-politiques. L’Inde: ce mot évoque, en ce début du XXIe

siècle, le sort d’un milliard de vies, rassemblées dans unseul pays! Rien que ce chiffre montre qu’il ne peut yavoir de réponses simples aux puissants défis à relever.Un milliard de personnes, des êtres humains, qui,comme nous en Occident, cherchent à vivre leur vie, enessayant d’échapper aux injustices que leur naissanceimpose. Et bien trop nombreux sont ceux qui, dans cecercle infernal de la pauvreté, de l’oppression, de la cor-ruption et d’une religion sans espérance, finissent parperdre tout sens de l’orientation.

Ce livre est l’histoire d’une station missionnaireparmi d’autres dans cet immense pays. C’est l’histoirede la manière dont Dieu, au travers de personnes qui sedonnent totalement à lui, apporte la liberté et la vie àceux qui se posent des questions essentielles et qui sonten recherche. Même si cet événement ne représentequ’une toute partie de ce que Dieu fait dans ce pays, les"échos des médias" rapportés dans le chapitre 6, qui nesont que quelques exemples choisis parmi ce qui a étédit, montrent, d’une certaine manière, l’importance decette "toute petite partie" pour ce pays et ses habitants.C’est pourquoi j’aime ce livre. Il montre comment Dieuécrit l’histoire, aujourd’hui et devant nos yeux.

Préface 1 12

Page 12: Brules vifs

Pauvreté criante et richesse légendaireCelui qui, comme la plupart des touristes, arrive de nuità Mumbai (autrefois Bombay), ne voit pas les "pavementdwellers1" au premier coup d’œil, ces êtres qui ontdressé, par la force des choses, leur campement au bordde la route, n’ayant pas trouvé de place ailleurs.Lorsqu’ensuite, de jour, on quitte l’aéroport pour roulervers le centre de la ville, on est vite frappé par ces ran-gées de huttes en tôle et en débris de bois, alignées surdes kilomètres, le long de la route, et devant lesquellesse traînent littéralement dans la saleté des gossespouilleux et affamés. Ce sont ces images et cette misèrequi poussent vers l’Inde des gens comme Graham etGladys Staines pour apporter de l’aide, un peu de soula-gement et l’Evangile qui libère.

Et celui qui a la possibilité de jeter un coup d’œilderrière ces palissades de tôles découvre une autre vueinhumaine: la réalité des "slumlords", les rois des bidon-villes, celle des "moneylenders", les prêteurs d’argent, etcelle d’autres structures mafieuses de ces chefs et deleurs acolytes qui parviennent réellement à devenirriches en exploitant la misère et les besoins de ces mal-heureux. Et cette richesse s’étale encore ailleurs: enville, en effet, circulent de nombreuses et somptueusesautomobiles.

Et puis il y a les "Bollywood", les studios de cinéma,avec leurs célébrités. C’est à Mumbai qu’est située laplus grande firme cinématographique du monde. On ytrouve la même magnificence et le même brio, lesmêmes fascinations et les mêmes extravagances qu’àHollywood, son pendant californien. Tout ce qui estnécessaire pour cette industrie existe ici. Et tout cela, àun jet de pierre des baraques en tôles et des "pavementdwellers".

1. N.d.T.: "les habitants du trottoir"

Brûlés vi fs13

Page 13: Brules vifs

Culture fascinante et troublant mélangeIl existe sûrement peu de gens qui, ayant voyagé en Inde,rentrent chez eux sans avoir été attirés par la diversitéculturelle et ethnique de cet immense pays. Oui, on estimpressionné par la diversité des groupes humains etethniques, par ces traditions séculaires, par ces festivi-tés expressives et colorées et finalement par le côtéétrange de la religion hindoue et de son apparente visioncontemplative du monde. Mais celui qui s’aventure tôt lematin après les festivités de "Divali" ou de "Ganesha",(fêtes exubérantes qui durent plusieurs jours), dans lespetites huttes d’un village, y trouvera probablement unpère de famille, quelque peu accablé et encore sous lecoup de la boisson, en train de faire une offrande à sesdieux lares afin qu’ils lui accordent une journée paisible.Ou l’on verra une mère de famille, qui, depuis l’aube, arassemblé quelques bouts de bois pour faire du feu, aété chercher de l’eau, et qui passera la plus grande par-tie de la journée à cuisiner. Car la douzaine d’assaisonne-ments possibles qui font la saveur du repas indiendemande une longue préparation.

Quant aux cérémonies d’offrandes, il y en a quasi-ment à toute heure dans ces temples que l’on rencontrepartout, magnifiquement ornés et décorés, qu’ils soientpetits ou grands. Dans les temples de plus grande taille,dédiés à une divinité connue dans toute la région, onrencontrera peut-être un prêtre, au crâne rasé, drapéuniquement d’un pagne multicolore, qui recueille lesoffrandes et procède au sacrifice. Celui qui s’entretien-dra avec lui constatera avec étonnement que ce jeunehomme à l’aspect un peu sauvage passe le reste de sonannée à étudier les sciences économiques ou l’informa-tique à Mumbai ou Delhi, par exemple. Et là-bas, il ne sepréparera pas seulement à sa future – et probablementglorieuse – carrière d’homme politique ou d’économiste,

Préface 1 14

Page 14: Brules vifs

mais il améliorera déjà les revenus bien conséquentsqu’il tire de sa fonction sacerdotale par des placementsboursiers. Il s’agit bien là de la génération "High-Tech"drapée dans ses ornements archaïques.

Pays d’aventures et poudrière politiqueLes descriptions et les images de ces paysages mer-veilleux de l’Inde remplissent des centaines de livres. Labeauté indéfinissable de nombreuses régions et lavariété de la faune et de la flore font de l’Inde un paysexceptionnellement attrayant. Le simple fait de s’asseoirune demi-heure à un croisement pour observer cette agi-tation riche en couleurs procure des impressions inou-bliables. Mais on est surtout frappé par les gens. Un mil-liard, ce chiffre froid, devient soudain une réalité vivante.

Mais comment vit la multitude de ce pays? Où habi-tent-ils? Où travaillent-ils? Comment viennent-ils à boutdes aléas de la vie quotidienne souvent si contraignants?Quand, par exemple, il faut livrer un vrai combat poursurvivre lorsque l’on veut prendre le train aux heures depointe dans une banlieue de la capitale? Ces trains, danslesquels les wagons de 1ère classe ne se distinguent pasparce qu’ils sont moins bondés mais uniquement parcequ’ils offrent une meilleure protection contre les odeursde transpiration qui émanent de cette masse de voya-geurs...

Ces énormes problèmes de société, amplifiés par lacorruption généralisée et l’effritement de l’autorité del’Etat, posent évidemment des questions quasimentinsolubles à chaque gouvernement. En outre, ils condui-sent à la formation de groupes politiques extrémistes oude mouvements fondamentalistes.

Un de ces groupes, constitué en parti politique dès1925, le BJP2, avait pour devise, en guise de solution aux

2. Bharatiya Janata Party: parti de la droite hindouiste nationaliste.

Brûlés vi fs15

Page 15: Brules vifs

problèmes de société, cette phrase tout aussi simplisteque fausse: "L’Inde aux Indiens!" Ce parti qui lutte pouratteindre son but sur différents fronts, obtint pour la pre-mière fois en 1996, une audience nationale. Ainsi le BJPaccéda au gouvernement dans plusieurs états de la fédé-ration, plus spécialement dans le Maharastra et samétropole, Mumbai, et dans l’Etat d’Orissa, sur la côteouest, où se sont déroulés les événements décrits dansce livre. En attendant, le BJP est devenu la plus grandeforce politique du pays, étant ainsi apte à désigner lePrésident, encore contrebalancé, il est vrai, par une fra-gile coalition de partis conservateurs et communistes(voir chapitre 11).

Persécution grandissante des chrétiensFaire un lien entre la persécution des chrétiens et l’Indeparaît difficile à bien des personnes. Les missionnairestels l’Allemand Bartholomé Ziegenbalg ou l’AnglaisWilliam Carey ne se sont-ils pas, au XVIIe siècle déjà,sacrifiés pour les pauvres de ce pays? Et depuis cetteépoque-là, n’y a-t-il pas eu un flot ininterrompu de chré-tiens, étrangers d’abord, mais surtout autochtonesensuite, qui se sont engagés sans relâche pour sauverles gens de la misère, de la pauvreté, de leurs conditionsde vie insoutenables et surtout aussi de l’abandon spiri-tuel? Est-il possible de compter le nombre d’écoles, decrèches, d’orphelinats, d’hôpitaux, de maisons deretraite, de dispensaires, de lieux culturels qu’ils ontconstruits? L’hôpital de Vellore, édifié par des chrétiens,ne jouit-il pas d’une réputation de tout premier ordre?

Et pourtant, la persécution des chrétiens ne cessede croître. Après l’assassinat de Graham Staines, leministre de l’Intérieur de l’Inde parla "de cent seizeattaques contre les chrétiens, recensées par la police à

Préface 1 16

Page 16: Brules vifs

travers tout le pays, y compris cinq meurtres, depuisjanvier 1998". Mais quel est le chiffre réel?

Presque sans interruption, des organisations chré-tiennes informent sur ces attaques qui, à part les dom-mages et la misère qu’elles provoquent, engendrent deplus en plus la peur chez les chrétiens, les paralysent,mais par ailleurs les réveillent. Gladys Staines donne, àtravers son interview, un témoignage impressionnant(voir chapitre 10). Mais les menaces continuent. Pendantla rédaction de cette introduction, la première semainede juin, dans un village du district de Jalandhar, desouvriers maçons découvraient le cadavre d’AshishPrabash, évangéliste d’une Eglise libre, qui se déplaçaitdans les villages avec son équipe pour présenter un filmsur la vie de Jésus. Presque en même temps, le 8 juin,des bombes explosèrent dans quatre églises des Etatsd’Andhra Pradesh et de Karnataka, dont la capitale,Bangalore, est très réputée en Occident comme la"Silicon City". Le 6 juin 2000, dans l’Etat d’Uttar Pradesh,à quelque cent cinquante kilomètres de la capitale Delhi,un prêtre catholique George Kuzhikandan fut égalementbrutalement battu à mort par des agresseurs non identi-fiés.3

Jésus lui-même nous a annoncé (Jean 15:18-20;Matthieu 5:10-12) que nous serions persécutés et quenous souffririons à cause de son nom. Ainsi, même sinous savons qu’en Inde la persécution des chrétiens esttout à fait l’expression de ce combat spirituel, il nousfaut, pour comprendre pleinement toute la portée de l’as-sassinat de Graham Staines et de ses deux fils, égale-ment prendre en compte les circonstances sociales etpolitiques. C’est pour Jésus qu’ils sont morts, et cela, lanation l’a compris.

3. Pour des informations régulières sur l’Eglise persécutée, consulter les siteswww.hmk-aem.ch (Aide aux Eglises Martyres) et www.portesouvertes.fr/ch (.fr)

Brûlés vi fs17

Page 17: Brules vifs

L’Inde est visiblement en pleine évolution. Mais il nes’agit pas d’une évolution uniquement économique, cul-turelle et politique. Il y a manifestement aussi une évolu-tion spirituelle, derrière laquelle se cache la puissancede Dieu. Car Dieu est un Dieu qui fait l’Histoire, "qui écritl’Histoire". Si ce livre vous touche, alors suivez l’appel deGladys Staines et participez à cette évolution: priez etengagez-vous pour ce pays! Et si vous désirez en fairedavantage, écrivez-nous. Il y a encore mille autres possi-bilités de nous aider.

Grenzach-Wyhlen, juillet 2000

Andreas RappE-mail: [email protected]

Préface 1 18

Page 18: Brules vifs

Préface de l’édition indienne

Les chrétiens indiens et les change-ments de société

Voici quelques titres de journaux des deux der-nières années:

– "Un pasteur chrétien abattu"– "Destruction et incendie d’une église"– "Mise à sac d’un hôpital pour les habitants d’un

village éloigné et agression du personnel"– "Bibles brûlées en public"– "Menaces sur un Centre chrétien d’éducation".

On pourrait facilement allonger cette liste. Les atta-ques violentes augmentent en nombre et dans leurrépartition géographique. Aucun Etat de l’Inde ne peutplus se targuer d’y échapper. L’enchaînement des évé-nements ne peut s’expliquer, même en s’y appliquant,par l’action spontanée des populations locales. Il s’agitplutôt là d’une campagne minutieusement et stratégi-

20

Page 19: Brules vifs

Brûlés vi fs21

quement planifiée ayant pour motif caché de calom-nier et discréditer un groupe de la société.

"Depuis janvier 1998, il a été signalé dans tout lepays cent seize incidents ayant pour objet l’attaque dechrétiens, dont cinq assassinats", confirma le Ministrede l’Intérieur L.K. Advani au Rajya Sabha, le Conseildes Etats, deuxième chambre du Parlement. La vio-lence atteignit son apogée lorsque Graham Staines etses deux fils Philip et Timothy furent brûlés vifs.

Dès le Ier siècle, et avant que le christianisme n’aitatteint l’Europe, l’un des douze apôtres de Jésus vinten Inde. Et les Indiens qui adoptèrent la foi chrétienneont vécu, dans ce pays, depuis deux mille ans dansune coexistence pacifique, ayant accepté et gardé lecomportement et la manière de vivre des Indiens. Ilsne se sont jamais réclamés d’une identité différentequi leur aurait procuré des avantages particuliers.Jamais ils n’ont fomenté une révolte. Ils n’ont jamaisutilisé la violence pour combattre l’injustice. Ils fai-saient ce qui était spirituellement profitable et sain, etils le faisaient dans la justice, dans la paix et dansl’amour, selon les enseignements de Jésus-Christ. Ilsont ouvert des hôpitaux dans des régions dont onignorait même l’existence. Ils ont apporté la culture àun grand nombre de personnes. Ils ont soigné lesmalades, les personnes âgées, les handicapés, lesorphelins, les veuves et tous les exclus de notre pays.Ils ont accompli tout cela en tant qu’Indiens convertisà la foi chrétienne, pour le développement de l’Indecomme pays.

Alors, pourquoi cette violence insensée, cettecampagne de haine systématique et cette guerre écœu-rante contre les chrétiens? Seraient-ils devenus unemenace pour l’unité et l’intégrité de l’Inde après tantde siècles vécus dans la paix? Le déchaînement decette terreur peut-il se justifier?

Page 20: Brules vifs

Préface 2 22

Les enseignements de Jésus-Christ ont bouleverséla société dans la mesure où les pauvres et les oppri-més ont été traités avec amour et miséricorde. Lesenseignements de Jésus ont fait que les personnesdéfavorisées par les préjugés raciaux et sociaux, issusdu système des castes, ont été libérées, et que désor-mais on s’efforce activement de créer une égalité etune justice aussi bien pour les riches que pour lespauvres, pour ceux qui ont des privilèges que pourceux qui n’en ont pas. Si tel est le changement apportéà la société, pourquoi alors une telle haine? Ou alors,les auteurs de ces atrocités et les partisans de cettecampagne de haine contre les chrétiens auraient-ilspeur de ces changements qui surgissent dans notrepays? Si tel était le cas, nous ne pourrions que dire:pauvre Inde!

Ce livre relate l’abominable mort de Graham Stai-nes et de ses deux fils, mais aussi de la réponse révolu-tionnaire de sa veuve Gladys et de sa fille Estherorpheline de son père. Il parle des perspectives admi-rables de la foi chrétienne, de l’engagement jusqu’ausacrifice des chrétiens pour notre pays, des persécu-tions survenues au cours des siècles et de la réactiondes chrétiens. Il montre combien la liberté de cons-cience de chaque individu doit être défendue dans cepays.

Vous trouverez dans ce livre matière à réflexion,ainsi qu’un appel à votre conscience. NotreConstitution ne garantit pas seulement un traitementégal pour chaque religion mais elle donne à chaquecitoyen le droit de bien réfléchir et de pouvoir ainsichoisir selon sa conscience. Etre chrétien ne signifiepas être "un peu moins Indien", bien que certaines per-sonnes, induites en erreur, le croient. Que ce livrepuisse vous aider à aiguiser votre conscience et à lasuivre sans crainte et en toute liberté.

L’éditeur indien

Page 21: Brules vifs

Chapitre 1

"Non, je ne suis pas aigrie!"

Gladys Staines

Petite fille, je m’intéressais déjà à tout ce qui tou-chait Dieu, et cela n’a pas changé. Outre la Bible,

ce sont les récits des hommes et femmes mission-naires qui ont éveillé en moi le désir de servir leSeigneur. Lors d’une convention de Keswick (confé-rence annuelle réputée sur la sanctification, qui setient dans le Nord de l’Angleterre), alors que j’avaistreize ans, j’ai commencé à cultiver une relation per-sonnelle avec Jésus-Christ.

Plus tard, je fis des études d’infirmière. Ce fut, jecrois, conduit par le Seigneur pour me préparer à montravail auprès des lépreux. Je devins par la suitemembre d’une œuvre internationale et, lors de dépla-cements à travers plusieurs pays d’Asie, je découvrispour la première fois ce merveilleux pays qu’est l’Inde.

Le temps que j’y ai passé fut pour moi une expé-rience merveilleuse. J’y ai aussi rencontré Graham,mon futur mari.

Graham était un missionnaire admirable. Il étaitaussi un mari et un père formidables. Malgré son stylede vie très mouvementé, il prenait toujours du temps

24

Page 22: Brules vifs

pour ses enfants et moi-même. Il était aimable et bonet faisait tout comme pour le Seigneur. Je rends grâcesà Dieu pour ces belles quinze années et demie quenous avons passées ensemble. Nous étions unis dansla foi, partagions la même vision des choses et étionsattelés à la même tâche.

En regardant en arrière, j’ai l’impression que leSeigneur m’avait préparée pour cette épreuve. Je mesouviens plus particulièrement de ma méditationquotidienne du 14 janvier 1999. Depuis ce moment-là, Jésus est devenu ma forteresse inébranlable, malumière dans les nuits les plus noires. Ma vie,aujourd’hui, lui appartient plus que jamais, à lui, lebon berger, et plus rien ne me manquera. Et même sije dois passer par la vallée de l’ombre de la mort, jen’y craindrai aucun mal, car le Seigneur est avecmoi.

Je n’ai qu’un message pour le peuple indien. Je nesuis pas aigrie. Je ne suis pas non plus en colère. Maisj’ai un grand désir: que tous les habitants de ce payspuissent trouver une relation personnelle avec Jésus-Christ, avec celui qui a donné sa vie pour leurs péchés.Chacun et chacune doit savoir que Jésus l’aime, quel’on peut lui faire confiance et s’aimer les uns lesautres. Brûlons la haine et faisons briller l’amour deChrist.

Je me réjouis de ce que le livre de la vie et del’œuvre de mon défunt mari puisse être publié.J’espère qu’il nous incitera tous à consacrer notre vieà Dieu afin que, à l’avenir, nous vivions et travaillionspour le Seigneur. Le commandement de l’heure est quenous priions pour qu’il y ait plus d’ouvriers dans lamoisson, qu’il y ait des personnes prêtes à vivre àl’image de Christ toute leur vie durant. Je prie pour

Brûlés vi fs25

Page 23: Brules vifs

que nous puissions tous vivre dans la paix et dansl’harmonie et témoigner de notre amour pour leSeigneur Jésus en servant nos frères et sœurs.

Gladys June StainesLéproserie de Mayurbhanj

“Non, je ne suis pas aigr ie” 26

Page 24: Brules vifs

La famille Staines

"Le monde a besoin de voir ce que Dieu peut faire d’unhomme qui s’est entièrement abandonné à Sa volonté."

Henry Varley

Page 25: Brules vifs

Chapitre 2

Le drame: infamie ou chance?

Il faut, aujourd’hui, beaucoup pour attirer notre atten-tion… Sauf si nous avons affaire à un acte qui relève

ou de l’amour ou de l’injustice. On peut presque direqu’il existe une loi non écrite affirmant que l’hommen’a jamais été destiné à faire du mal à son frère.Quelque permissive, quelque libérée ou tolérante quesoit devenue notre culture, il restera toujours deschoses que nous jugerons abominables.

A noter que ce point de vue est partagé même parles plus grands criminels. Ceux qui, par exemple, ontabusé d’un enfant, sont presque toujours méprisés,non seulement par les gardiens de prison, mais aussipar les codétenus. Il n’y a rien de plus repoussant queces agressions contre des êtres innocents ou démunis.

Si, par hasard, vous êtes originaire de Mumbai,vous vous souvenez certainement de Jayabala Ashar.Ce jeune collégien fut attaqué et poussé hors d’untrain en marche. Il perdit tragiquement ses deuxjambes. La presse commenta l’événement dans tousses détails. Les gens en prirent note, ce qui déclencha

30

Page 26: Brules vifs

une grande vague de solidarité. Une ville entière en futbouleversée.

Peut-être vous souvenez-vous aussi des explo-sions de bombes à Mumbai. En l’espace de quinzeminutes, une série d’explosions ébranla la ville. Mais,au milieu même de ces destructions, de ce chaos et decette fumée, il se passa quelque chose de particulier:les gens se rassemblèrent spontanément. Ils oublièrentleurs différences. Une très bonne entente se déve-loppa. On se mit à travailler main dans la main, à aider,à secourir. Voitures privées et taxis s’organisèrentpour transporter les blessés et les mourants vers leshôpitaux. C’était une gifle pour l’esprit de ce temps.

Le témoignage des Staines fut, par la grâce deDieu, une victoire sur le prince de ce monde. Celui-cipeut nous prendre la vie, empoisonner l’esprit de cer-tains hommes, mais il y a au ciel un Dieu vivant qui amis dans chaque cœur une loi non écrite (Romains2:14-16). Cette loi dit: "La vie d’un être humain a de lavaleur." Il existe la justice et l’injustice, et il existel’amour qui triomphe du mal. Alors, malgré ce que lediable cherche à faire croire aux hommes, nous croi-rons toujours que l’être humain n’a jamais été destinéà faire du mal à son frère.

Une nation entière a suivi cet événement. Je mesouviens comme si c’était hier de ce matin où, pour lapremière fois, j’entendis le nom de Graham Staines. Ilme sauta aux yeux, faisant la une du Times of India. Cequi s’était produit à Manoharpur faisait tous les grandstitres. Une fois que j’eus lu l’histoire dans tous sesdétails, ce fut comme si l’on m’avait donné un coupsur la tête. Non, cela ne pouvait pas être possible!

L’abominable n’était pas qu’il s’agisse de la mortd’un frère chrétien, ni que l’on ait à nouveau attaquébrutalement des chrétiens en Inde. Incompréhensibleétait la manière inhumaine avec laquelle Graham et ses

Brûlés vi fs31

Page 27: Brules vifs

deux fils, Philip et Timothy, avaient perdu la vie. Brûlésvifs, de sorte qu’il ne restait plus de leurs corps quequelques cendres du squelette. On les avait retrouvésliés dans une dernière étreinte, certainement unis dansune dernière prière terrestre à Celui qui a été au com-mencement et à l’accomplissement ultime de leur foi,Jésus-Christ.

Swami Agnivesh désigna cet acte comme un inci-dent qui a secoué et réveillé la conscience de la nation.Il ajouta que peu d’événements de ces derniers tempsavaient soulevé une indignation aussi violente, aussispontanée et aussi universelle que ce drame abomi-nable. En cette circonstance, le Premier Ministre AtalBehari Vajpayee déclara: "La honte me fait baisser latête." Il ordonna une enquête judiciaire qu’il confia àl’un des juges de la Cour suprême.

India Today qualifia cet odieux assassinat de"honte brûlante" et d’"infamie pour l’Inde". Ce journalrapporta tous les faits en première page. D’autresmédias du pays, dont Outlook et Frontline, attirèrentl’attention de leurs lecteurs sur ce qui s’était passé àManoharpur et sur bien d’autres crimes commis àl’égard des chrétiens.

Les médias internationaux relatèrent aussi lesfaits dans leurs émissions d’information, notammentdans celles de la CNN et de la BBC. Des journaux deréputation mondiale, le Times de Londres, le New YorkTimes, le Chicago Tribune, l’Australian et le SydneyMorning Herald, pour n’en citer que quelques-uns,condamnèrent vivement cet acte. Le monde entierapprit le martyre de Graham Stuart Staines et de sesdeux fils.

Le drame: infamie ou chance? 32

Page 28: Brules vifs

Si nous avions connu Graham person-nellement...La plupart d’entre nous n’avons jamais expérimentécombien il est douloureux de perdre, par la violence,quelqu’un que l’on a bien connu et aimé. Mais bien desgens ont personnellement connu et aimé Graham, lesaibo1, comme ils l’appelaient avec affection.

Ils ont le souvenir d’un homme aimable et ave-nant, habillé de manière tout à fait ordinaire, presquetoujours la tête couverte de son chapeau, roulant à tra-vers Baripada sur son vélo branlant. C’est là qu’ils’était entièrement consacré à l’œuvre de Dieu, qu’ilavait engagé sa vie pour le moindre de ses frères. Illogeait et soignait personnellement des lépreux dansune maison spécialement aménagée aux abords de laville.

Le docteur Binot Das, dermatologue et compa-gnon de travail de Graham durant plus de trente ans,se souvient: "Tous les mercredis matin, Graham venaitme chercher à la maison et nous allions ensemble à laléproserie. Chaque patient lui tenait particulièrement àcœur." B. S. Pande, fonctionnaire supérieur du cantonde Baripada, s’exprima ainsi: "Je ne peux toujours pasm’expliquer cette tragédie. Je pense souvent demanière très vive à ce formidable gentleman. Il étaittoujours là, prêt à aider aussi bien les habitants de laville que les étrangers." Et V. V. Yadav, employé desfinances à Baripada, dit: "Nous sommes catastrophés.Depuis bien longtemps, Monsieur Graham Stainesavait perdu son identité australienne. Il était devenuun citoyen à part entière de Baripada. Il était unelumière de cette ville."

1. Terme indien pour désigner un homme honoré et respecté, mais proche.

Brûlés vi fs33

Page 29: Brules vifs

Aujourd’hui encore, Graham est vivementregretté. Ses patients n’arrivent toujours pas àadmettre cette tragédie. Ils ont perdu Dada2, leur amiauthentique, rempli de compassion, leur grand frère.

Pensons par exemple à Kutlumaji, de Santal, unadivasi, membre d’une des castes situées au bas del’échelle. La lèpre lui avait fait perdre la plupart de sesorteils. Personne ne s’occupait de lui, sauf Graham quil’avait emmené à la léproserie à Mayurbhanj et l’avaitguéri. Après cette guérison, Kutlumaji épousa Saridaqui, elle aussi, avait été guérie dans l’établissement.Elle décrit ainsi ses sentiments:

"Notre monde était sombre. La mort était toujoursdevant nos yeux. Aucun des chefs religieux ne nous aoffert ne serait-ce qu’un seul repas. Quand nous leurdemandions l’aumône, ils nous jetaient des pierres etnous chassaient. Nous étions des intouchables. Ilsnous disaient que nous avions la lèpre à cause despéchés que nous avions commis dans notre vie anté-rieure, à cause de notre karma. Nous étions repoussésvers la jungle pour y mourir seuls, comme des vers deterre. Puis vinrent Dada Staines et ses amis. Ils tendi-rent leurs mains miséricordieuses et nous amenèrent àla léproserie. Alors, nous avons vu l’amour de Dieu.

Dada et son épouse lavaient personnellement nosulcérations et traitaient nos plaies avec des médica-ments. Quand nous fûmes guéris, ils nous donnèrentune petite formation et nous procurèrent du travail.Est-ce mal? Qu’a donc fait Dada pour qu’on le brûlevivant? Ils ont même tué Philip et Timothy, des enfantssi gentils! Ils nous rendaient visite et jouaient avecnous, nous des lépreux, nous, les bannis de la so-ciété..."

A ce moment-là, Sarida ne put continuer à parler,vaincue par la douleur.

2. Mot indien qui désigne avec beaucoup de respect le père de famille.

Le drame: infamie ou chance? 34

Page 30: Brules vifs

Padma, une autre de ses anciennes patientes, estmaintenant totalement guérie. Elle travaille dans laléproserie, apporte les médicaments aux malades etsoigne leurs plaies.

"Si cette maison devait être fermée, dit-elle, oùirions-nous, nous, les lépreux? Ces fanatiques religieuxet militants s’occupent-ils quelque part d’une léprose-rie? Ceux qui ne versent aucune larme sur notre sort,nous ont en plus rendu orphelins. Et ceci au nom de lareligion! Qu’ils nous disent donc, ces fanatiques, quelleinjustice ont bien pu commettre Dada Staines et sesenfants! Comment ont-ils pu faire une chose aussi abo-minable? Croyez-moi, ces gens ne pourront pas échap-per à Dieu."

Il y a des centaines de lépreux à Baripada et àMayurbhanj qui, comme Kutlumaji et Padma, sont endeuil, parce qu’ils ont perdu Dada Staines et ses en-fants.

Le procureur général adjoint du canton, BidhuPrasad Das, se souvient lui aussi: "Graham était un vraigentleman. Il avait à cœur les personnes et leurs pro-blèmes. Et tout ce qu’il faisait, il le faisait avec soin etconscience. Il était une bénédiction pour Mayur-bhanj.Il avait quelque chose d’attirant. Un aveugle l’enten-dant parler la langue oriya n’aurait jamais deviné qu’ilavait affaire à un Occidental. Graham parlait aussi cou-ramment le santali et le ho." – "Nous étions très amisavec sa famille, ajoute sa mère, Sova Das. J’ai connuGraham, lorsqu’il était encore célibataire. Puis, survintGladys, une maîtresse de maison parfaite et une mèrepleine d’amour pour ses enfants. Quelle crainte deDieu dans cette famille! Leurs enfants jouaient souventavec nos petits-enfants. Ils étaient tellement débor-dants de vie, innocents! Comment ces fanatiques ont-ils pu leur faire cela..." Et Sova Das éclata en sanglots.

Brûlés vi fs35

Page 31: Brules vifs

R. Balakrishnan, employé au Trésor à Mayurbhanj,réagit aussi avec une profonde émotion. Il se souvintque Timothy et Philip étaient des jeunes parfaitementnormaux, comme tous les autres jeunes. Et avec quellejoie ils jouaient au cricket avec ses propres enfants. Ildit, dans une interview accordée au journal IndianToday: "Depuis que j’ai vu leurs cadavres, j’ai perdu lajoie de vivre." L’envoyé spécial Ruben Banerjeeexprima le même sentiment: "J’espère que je n’auraiplus jamais à informer d’un tel événement."

Graham Staines est un serviteur de Dieu parmides milliers d’autres. Oubliés, et la plupart du tempstrès discrets, ils œuvrent sans relâche et transmettentpar la parole, et dans les faits – ce qui est tout aussiimportant – l’amour de Jésus. Ils ne sont jamais sousles feux de la rampe, mais font de ceux qu’ils serventleurs amis.

Peu ont aussi bien défendu l’œuvre de GrahamStaines que Abhay Mokashi, rédacteur politique deMid-Day. Dans sa rubrique Nation State, il écrivit:"J’ignore si Graham Stuart Staines, le missionnaire aus-tralien qui fut brûlé vif avec ses deux fils, a poussé lesgens à se convertir. Mais il a certainement fait unechose: il a transformé des lépreux en êtres humains,eux qui étaient traités par leurs propres parents etamis de manière pire que les animaux. Staines, safemme et ses enfants ont aidé les lépreux à vivrecomme des humains."

Il ajouta encore: "Les fondamentalistes hindous àqui l’on attribue l’assassinat de Staines et de ses deuxfils devraient savoir que ce ne sont pas seulement leschrétiens qui ont perdu ces trois hommes; leur mortest une perte pour l’humanité entière. Les lépreuxindiens, auxquels il a consacré sa vie, ont perdu leursauveur."

Le drame: infamie ou chance? 36

Page 32: Brules vifs

Un autre EtienneA travers toute persécution, Dieu adresse des voca-tions et suscite des messagers pour son œuvre. C’estune vérité biblique. L’un d’eux fut Paul, le pionnier del’Evangile et auteur de la moitié environ des livres duNouveau Testament. Mais pour qu’il pût y avoir unPaul, il fallut d’abord qu’il y eut un Etienne.

Paul avait d’abord respiré la haine contre les chré-tiens s’adonnant à des menaces et à des exécutions. Ils’était mis en tête d’éliminer toute la communautéchrétienne qui, selon lui, pervertissait la foi, celle qu’ildéfendait si ardemment. Certes, il rencontra ensuite leSeigneur Jésus-Christ sur le chemin de Damas, mais letémoignage d’Etienne avait sûrement dû l’impression-ner et le faire réfléchir.

Dans les chapitres 6 et 7 des Actes des Apôtres, laBible rend compte du témoignage puissant d’Etiennedevant le Sanhédrin, la cour de justice juive, et rap-porte que tous ceux qui, assis là, le regardaient, ont vuque son visage ressemblait à celui d’un ange (Actes6:15). On lit aussi qu’à la fin de son discours provenantd’un cœur brûlant pour son Dieu, un grand tumulte seproduisit dans le Sanhédrin, les hommes se bou-chaient les oreilles et fonçaient sur lui. Ils le traînèrenthors de la ville et se mirent à le lapider. Ils avaientlaissé leurs vêtements sous la garde d’un jeune hommenommé Saul (Actes 7:57-58), celui qui devint par lasuite l’un des plus grands apôtres.

Il a souvent été dit que le sang des martyrs est lasemence de l’Eglise. Aujourd’hui aussi, le meurtre bru-tal de Graham Staines a dû toucher de nombreux"Saul". Le Saint-Esprit les a certainement amenés àréfléchir sur la foi chrétienne. Peut-être se demandent-ils, à cet instant:

Brûlés vi fs37

Page 33: Brules vifs

– Qu’est-ce qui fait qu’un homme quitte son payspour aller se mettre au service des lépreux àl’étranger pendant trente-cinq ans?

– Où sa veuve et sa fille trouvent-elles leur force spi-rituelle pour pardonner, sans conditions, auxmeurtriers?

– Quel est donc ce Dieu auquel ils croient?– Pourquoi cette haine contre les missionnaires?– Comment cela se fait-il que Gladys et Esther conti-nuent à rester au service des lépreux àMayurbhanj?

– Se pourrait-il que toutes ces choses que l’on nousdit contre les chrétiens ne soient que des men-songes?

– Jésus aurait-il donc raison quand il affirme qu’ilest le chemin, la vérité et la vie?

Nous croyons que beaucoup, oui beaucoup de noscompatriotes rencontreront le Seigneur s’ils répondentà ces questions essentielles. Graham Staines n’est plusde ce monde, mais sa mort a conduit toute une nationà réfléchir sur Jésus-Christ.

Gloire à Dieu!

"Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Leserviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ilsm’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi."

Jean 15:20

Le drame: infamie ou chance? 38

Page 34: Brules vifs

Chapitre 3

Graham Staines:un cœur pour l’Inde

La victoire avait été difficile à remporter dans cettebataille. Et maintenant que la poussière retombait,

il parvenait mieux à regarder autour de lui. Ce qu’il vitle fit frissonner. Le sol était jonché de corps mutiléspar le combat. Les soupirs et les cris des blessésgraves ou mortellement touchés déchiraient ce silencelugubre. A la vue de cette dévastation totale, Ashokase mit à pleurer.

Cet instant changea à tout jamais le seigneur duroyaume de Maurja. L’histoire dit que la transformationfut si radicale qu’il ne fut plus craint en tant qu’Ashoka"le terrible". Ses sujets virent en lui un homme nou-veau, Ashoka "le miséricordieux". Kalinga, aujourd’huiOrissa, était la région qu’il voulait conquérir.

Aujourd’hui, vingt-trois siècles plus tard, un autrecrime atroce contre l’Humanité a été commis à Orissa,qualifié par le Président K. R. Narayanan d’un desactes les plus noirs de la terre: un homme de cin-quante huit ans et ses deux fils avaient été brûlés vifs.

Prem Shankar Jha, chroniqueur de Outlook, aécrit: "Le meurtre de Graham Staines et de ses enfants

40