candide’(«le’nègre’de’surinam»), l’hommequirit...
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ACTIVITES/ DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES
II. Groupement de textes : Aux frontières de l’humanité... // Textes 4 et 5
Lecture et bref commentaire d’extraits : Voltaire, Candide (« Le nègre de Surinam »), 1759 ; Victor Hugo, L’homme qui rit, 1869 ; Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, 1963.
Voltaire, Candide (« Le nègre de Surinam »), 1759 En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-‐à-‐dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. – « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-‐ tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? – J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. – Est-‐ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? – Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : » Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-‐les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. » Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible. – Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. – Qu’est-‐ce qu’optimisme ? disait Cacambo. – Hélas ! dit Candide, c’est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal ». Et il versait des larmes en regardant son nègre; et en pleurant, il entra dans Surinam.
Question : En quoi ce passage dénonce l’inhumanité de l’esclavage ? http://lewebpedagogique.com/hamedberkane8/candide-‐1759-‐de-‐voltaire-‐lecture-‐analytique-‐n-‐16-‐le-‐negre-‐de-‐surinam/ À RETENIR : Cet extrait, efficace dans sa brièveté, a pour but de faire constater avec intensité l’inhumanité de l’esclavage. Voltaire dénonce une pratique qui porte atteinte à la dignité de l’être humain, et en cela il rejoint un courant de son époque.
L’homme qui rit, 1869
Texte
C'est en riant que Gwynplaine faisait rire. Et pourtant il ne riait pas. Sa face riait, sa pensée non. L'espèce de visage inouï que le hasard ou une industrie bizarrement spéciale lui avait façonné, riait tout seul. Gwynplaine ne s'en mêlait pas. Le dehors ne dépendait pas du dedans. Ce rire qu'il n'avait point mis sur son front, sur ses joues, sur ses sourcils, sur sa bouche, il ne pouvait l'en ôter. On lui avait à jamais appliqué le rire sur le visage. C'était un rire automatique, et d'autant plus irrésistible qu'il était pétrifié. Personne ne se dérobait à ce rictus. Deux convulsions de la bouche sont communicatives, le rire et le bâillement. Par la vertu de la mystérieuse opération probablement subie par Gwynplaine enfant, toutes les parties de son visage contribuaient à ce rictus, toute sa physionomie y aboutissait, comme une roue se concentre sur le moyeu ; toutes ses émotions, quelles qu'elles fussent, augmentaient cette étrange figure de joie, disons mieux, l'aggravaient. Un étonnement qu'il aurait eu, une souffrance qu'il aurait ressentie, une colère qui lui serait survenue, une pitié qu'il aurait éprouvée, n'eussent fait qu'accroître cette hilarité des muscles ; s'il eût pleuré, il eût ri ; et, quoi que fît Gwynplaine, quoi qu'il voulût, quoi qu'il pensât, dès qu'il levait la tête, la foule, si la foule était là, avait devant les yeux cette apparition, l'éclat de rire foudroyant. Qu'on se figure une tête de Méduse gaie.
Victor Hugo, L'homme qui rit, 1869.
http://maupassant-‐lyc.spip.ac-‐rouen.fr/IMG/article_PDF/L-‐homme-‐qui-‐rit_a1225.pdf http://salon-‐litteraire.com/fr/victor-‐hugo/content/1917993-‐l-‐homme-‐qui-‐rit-‐de-‐victor-‐hugo-‐resume À retenir : Tout le roman est fondé sur le contraste, cher à Victor Hugo, du physique et du moral : c'est chez le saltimbanque difforme que se rencontre la beauté morale … BA DU FILM : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19432162&cfilm=194176.html
Question : Qui a une attitude monstrueuse, qui est le plus inhumain dans L’homme qui
rit ?
Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, 1963. http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-‐histoire/Eichmann-‐a-‐Jerusalem
Source : manuel de français Belin 1ère
Question : En quoi consiste la monstruosité d’Eichmann ?
Pour aller plus loin… Elephant Man
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19446023&cfilm=180.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Elephant_Man_(film)