chap 22 droit
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Droit
Thème 8 : Comment le droit organise-t-il l’activité économique ?
Chapitre 22 :
La loyauté de la concurrence
MOTS CLÉS :
- Concurrence loyale / déloyale
- Contrefaçon
- Dénigrement
- Désorganisation
- Imitation
- Parasitisme
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SOMMAIRE
I – Les pratiques loyales et la concurrence déloyale ?
II – Les pratiques de concurrence déloyale les plus fréquentes ?
A) L’imitation
B) Le dénigrement
C) Le parasitisme
D) La désorganisation
III – L’action en concurrence déloyale
IV – La protection de la marque : l’action en contrefaçon
A) La marque et son enregistrement
B) La contrefaçon et l’action en contrefaçon
* * * * * * * Légende :
* * * * * * *
I – Les pratiques loyales et la concurrence déloyale
La liberté de la concurrence est un principe nécessaire et évident des rapports commerciaux.
Toutefois, la concurrence doit être loyale, c’est-à-dire que la liberté de concurrence n’autorise pas les
entreprises à user de procédés contraires aux usages loyaux du commerce pour nuire à un concurrent
afin de détourner sa clientèle. Fidéliser sa clientèle ou conquérir de nouveaux clients doit se faire avec
des moyens loyaux, avec honnêteté et probité, c’est-à-dire non contraires aux usages du commerce et
aux lois relatives à l’activité commerciale. Dans le cas contraire, l’entreprise sera sanctionnée.
La concurrence déloyale consiste en des agissements fautifs, pour attirer la clientèle des
concurrents, qui entraînent un préjudice lors de l’exercice d’une profession industrielle, commerciale
ou de service.
II – Les pratiques de concurrence déloyale les plus fréquentes
A) L’imitation
C’est le comportement d’une entreprise qui prend le nom d’un concurrent qui a un succès
commercial pour introduire la confusion dans l’esprit de la clientèle. Concrètement, il utilise les
mêmes signes distinctifs, dans le même domaine d’activité et la même zone géographique. Sont ainsi
imités en pratique le nom, l’enseigne, la marque, les emballages.
L’imitation (ou l’usurpation) du nom commercial constitue un acte de concurrence déloyale
lorsque les entreprises exercent des activités identiques ou similaires. Pour être protégée, l’enseigne
doit être spéciale et non générique (ex : « café du commerce ») et la clientèle doit être, pour les
commerces considérés, de même catégorie. La protection varie selon la nature du commerce et la
notoriété de l’enseigne, soit à la ville, voire à toute la France (ex. : l’enseigne « Galeries Lafayette »). Pour
les enseignes notoires, la jurisprudence considère que le titulaire de l’enseigne peut la protéger contre
tout empiètement, quel que soit le commerce concerné.
B) Le dénigrement
C’est le comportement d’une entreprise qui cite de manière injurieuse un concurrent, sa
production, son personnel, ses méthodes, ses prix… dans le but de lui nuire et de détourner sa
clientèle.
Le dénigrement consiste à critiquer son concurrent, sa réputation ou ses produits de manière
péjorative et excessive, dans des écrits (tract, prospectus plaquette publicitaire, courrier) ou à l’oral. Peu
importe que les critiques soient fondées, mais il faut que le concurrent dénigré puisse être identifié.
Le dénigrement ouvre droit à réparation lorsque l’entreprise visée est désignée, expressément
ou implicitement, ou identifiable par sa clientèle.
C) Le parasitisme
Le parasitisme est le fait, pour une entreprise, de se glisser dans le sillage économique d’une
autre afin de profiter des efforts commerciaux et de la réputation de cette dernière. Elle cherche à
profiter de sa réputation, de sa notoriété ou des investissements réalisés, c’est-à-dire de son travail
intellectuel.
Il existe ainsi une confusion ou un risque de confusion, et une volonté de tirer profit de la
notoriété d’autrui ou d’utiliser son travail pour réaliser des économies injustifiées. Concrètement, il
s’agit de l’usurpation de signes distinctifs (marque, logo, slogan, nom de domaine…), d’imitation de la
publicité, du conditionnement, de l’emballage…
Les avantages tirés du parasitisme sont multiples : réduction notable des investissements
matériels et intellectuels, gain de temps, prise de risque limitée.
D) La désorganisation
Il s’agit d’une pratique de concurrence déloyale qui consiste à perturber fortement le
fonctionnement d’un concurrent grâce à des pratiques de type espionnage industriel, vol des fichiers
des clients, dégradation de panneaux publicitaires, piratage du site Internet, débauchage de salariés
de l’entreprise…
Par extension, la désorganisation du marché, comme la vente à perte, constitue un cas de
concurrence déloyale.
III – L’action en concurrence déloyale
Une entreprise victime de concurrence déloyale subit un dommage, et peut donc saisir le juge
pour obtenir la sanction des comportements, c’est-à-dire la réparation : on parle d’action en
concurrence déloyale. Cette action se base sur le principe de responsabilité présenté dans les
articles 1382 et 1383 du code civil. Le demandeur devra donc démontrer l’existence d’une faute (ici,
des actes traduisant l’intention de détourner la clientèle), d’un préjudice (une perte de clientèle…), et d’un
lien de causalité entre ces deux éléments.
Le dommage causé (perte d’un marché, réduction significative des ventes, atteinte à l’image de la
marque…) fait l’objet d’une réparation sous forme de dommages et intérêts.
Le juge peut également ordonner la cessation immédiate des agissements condamnables
(suppression ou modification de l’enseigne, saisie d’objets imités…) et la publication de la décision dans
la presse.
C’est le tribunal de commerce qui est compétent, car il s’agit d’un litige entre commerçants
se rattachant à l’exercice de leur commerce.
L’action en concurrence déloyale doit être exercée dans un délai de dix ans. Le délai ne
commence à courir qu’à partir du jour où les faits constitutifs de concurrence déloyale ont pris fin.
IV – La protection de la marque : l’action en contrefaçon
A) La marque et son enregistrement
La marque est un signe susceptible de représentation graphique servant à identifier les produits
ou services d’une personne physique ou morale. Sa fonction est de distinguer des produits ou des
services, c’est-à-dire permettre de les différencier de leurs concurrents, en garantissant leur origine.
Cet aspect est fondamental dans le monde concurrentiel qui est celui des entreprises.
Pour être protégée, la marque doit être enregistrée, en France, auprès de l’Institut national de
la propriété intellectuelle (INPI). L’enregistrement est valable dix ans, et peut être renouvelé
indéfiniment.
L’entreprise peut également décider de protéger sa marque au niveau européen ou au niveau
international (auprès de l’OMPI).
Cet enregistrement a pour objectif de protéger l’entreprise contre une concurrence déloyale : la
copie de la marque pour capter indûment une partie de la clientèle, qui constitue la contrefaçon.
B) La contrefaçon et l’action en contrefaçon
La contrefaçon consiste à imiter, reproduire, utiliser ou apposer une marque identique ou
similaire à une autre. En droit français, ce comportement est un délit, car il porte atteinte au droit de
propriété intellectuelle.
Cette infraction est réprimée par le code de la propriété intellectuelle en vue de protéger le
titulaire d’une marque enregistrée contre la contrefaçon. Outre les marques, la contrefaçon peut
également porter sur des inventions (brevets), des dessins et modèles ainsi que des œuvres
artistiques.
En ce qui concerne la contrefaçon, le droit a institué une procédure distincte de l’action en
concurrence déloyale. C’est alors le tribunal de grande instance qui est compétent.
C’est à l’entreprise de surveiller les éventuelles contrefaçons et de saisir le juge, dans le but de
faire cesser ce comportement et d’obtenir une réparation financière du préjudice subi.
Le tribunal peut prononcer l’interdiction de poursuivre les activités contrefaisantes, parfois
sous astreinte, le paiement de dommages et intérêts pour le préjudice subi, la confiscation et/ou
destruction des contrefaçons et la publication du jugement dans des journaux.
L’action en contrefaçon doit être exercée dans un délai de trois ans à compter des faits.
Notons qu’au-delà du respect des droits du titulaire de la marque, la contrefaçon représente
également une menace pour les consommateurs susceptibles d’acquérir un produit de mauvaise
qualité, potentiellement dangereux. La contrefaçon expose donc aussi à des sanctions pénales : le
tribunal correctionnel pourra en outre prononcer des sanctions pénales (amende et/ou
emprisonnement) et, le cas échéant, la fermeture totale ou partielle de l’établissement ayant servi à
commettre la contrefaçon.
Synthèse schématique