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1 COMMERCE INTERNATIONAL ET IDE : LE CAS FRANCO CHILIEN BEYRIERE Loïs Mémoire master 1 Economie Mention Economie des affaires européennes et internationales 2006 - 2007

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COMMERCE INTERNATIONAL

ET IDE :

LE CAS FRANCO CHILIEN

BEYRIERE Loïs Mémoire master 1 Economie Mention Economie des affaires européennes et internationales 2006 - 2007

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION …………………………………………………………... 1

I – LE CADRE THEORIQUE

1- La théorie néoclassique …………………………………………………………. 7

2- Le mode d’organisation des firmes s’avère déterminant ……………………... 8

A- l’intégration horizontale B- l’intégration verticale

3- Les politiques protectionnistes …………………………………………………. 10

A- Les droits de douane B- La mesure de quotas C- Les politiques commerciales de développement économique

4- L’effet du commerce intra-branche …………………………………………… 12

5- L’évolution des pays d’accueil : un facteur important ……………………….. 13

6- Des effets divergents en fonction des pays …………………………………….. 14

II- LE CAS FRANCO CHILIEN

1- Les rapports entre les deux pays ………………………………………………. 16

2- Les IDE au Chili ………………………………………………………………… 17

3- La balance commerciale entre les deux pays …………………………………. 18

4- Les flux d’IDE entre les deux pays ……………………………………………. 22

5- Le rapport entre balance commerciale et flux d’IDE ………………………... 23

CONCLUSION …………………………………………………………………. 25

Bibliographie …………………………………………………………………….. 26

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INTRODUCTION « Globalisation, mondialisation, internationalisation : autant de termes qui tentent d’appréhender les transformations dont les économies contemporaines sont l’objet. Dans ce contexte, la question des investissements directs à l’étranger (IDE) et des politiques de développement industriel revêt de façon générale une importance décisive ». (Bertrand Bellon, investissements directs étrangers et développement industriel méditerranéen, 1998). Il existe deux sortes de mouvements de capitaux entre pays : les IDE, et les investissements de portefeuille. Les investissements directs se rapportent d’avantage à une exportation de capitaux dans un autre pays dans le but d’acquérir un actif et de le gérer, tandis que l’investissement de portefeuille consiste à acheter des parts ou actions d’une société étrangère. L’IDE peut prendre plusieurs formes, notamment la création ou le rachat d’une entreprise dans le pays hôte, ou encore une participation dans une société étrangère (au minimum dix pourcents). Dans son livre, investissement international et dynamique de l’économie mondiale, Mar Humbert nous explique qu’en général, l’investissement direct n’émane pas d’une explication macro-économique. En effet, il est le résultat d’une décision micro-économique de la firme qui peut poursuivre plusieurs objectifs : la conquête d’un nouveau marché, soit lorsque le marché national est saturé, soit quand la firme profite d’un monopole. Il peut aussi y avoir un avantage comparatif d’un pays, d’où peut émerger une délocalisation (en général de production). La troisième raison essentielle de ces investissements sont les politiques d’initiatives de certains gouvernements qui cherchent à attirer les capitaux étrangers (fiscalité plus légère, droit de propriété industrielle assuré…). Ces raisons sont surtout caractéristiques des grands groupes. La délocalisation remettant en cause le rôle de PME du point de vue local ou national, celles-ci sont incitées à en faire de même. Par conséquent le mouvement des capitaux de PME à l’étranger est davantage induit par une réponse aux « grands » que par initiative entrepreneuriale.

Mais si la cause de ces IDE est principalement microéconomique, elle trouve également sa source dans l’histoire, et notamment dans la libéralisation des marchés mondiaux. Cette ouverture des marchés à véritablement commencé à s’institutionnaliser avec les accords du GATT en Octobre 1947. Cet accord trouvait son essence dans l’équité commerciale entre les pays :

• Une logique fondée sur la non discrimination. • Toute concession ou nouvel accord devait être favorable à tous les membres. • Engagement à ne pas augmenter les droits de douane.

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En 1973, une seconde étape importante est franchie avec le « Tokyo round » qui obligeait les pays à pratiquer une baisse des droits de douane, ainsi qu’à une entente pour baisser les obstacles non tarifaires (tel que l’harmonisation des normes techniques…). Enfin, en 1986, « l’Uruguay round » vient affirmer ce mouvement en débouchant sur l’accord de Marrakech de 1994 qui limite les droits de douane à 3,9% en moyenne et limite aussi considérablement la possibilité de protéger un marché, notamment par le biais de subventions. Cette proclamation du libre-échange entrainera un essor considérable des IDE dans le monde entier. Alors qu’entre 1945 et 1973, les IDE sont quasiment l’exclusivité des Etats-Unis, à partir de 1973, le monde verra une diversification et une augmentation de ces flux. En effet, dans les années 70, ces flux s’évaluaient à environ 25 milliards de dollars, et ils passent à 50 milliards en 1985. En 15 ans, ils seront multipliés par 28 puisqu’en 2000, ils seront de 1 400 milliards (Régis Bénichi, Histoire de la mondialisation, 2003). Sur la première marche du podium on retrouve bien entendu les Etats-Unis. Ils ont cette double capacité à la fois de pouvoir investir massivement à l’étranger, et de rester attractifs pour les investissements étrangers. Cette attractivité peut notamment découler de la baisse du dollar ou de mesures protectionnistes qui obligent les firmes « clientes » à s’installer sur le sol américain. Depuis dix ans, on observe une orientation très forte des investissements internationaux vers l’Asie, et principalement la Chine. En 1997, elle accueillait 40 milliards de dollars d’investissement, et en 2005, ces flux se totalisaient à 74 milliards de dollars (OCDE, 2005). A titre de comparaison, en 2005, les Etats-Unis en accueillaient 99 milliards de dollars et la France 64 milliards. Les pays d’Amérique latine arrivent loin derrière, puisqu’en 2002 l’ensemble du continent latino américain n’attirait que 50 milliards de dollars d’investissements étrangers. En 2004, l’Argentine à sa sortie de crise en comptait 4 milliards, le Brésil 18 milliards, et le Chili 8 milliards (OCDE, 2004). Mais à l’heure du capitalisme mondialisé, la question de l’origine de ces IDE ou encore de leur structure devient incertaine. En effet, ces firmes multinationales qui dans le passé pouvaient facilement s’identifier comme appartenant à un pays ou ayant une nationalité, sont de moins en moins identifiables. Non seulement elles ne se revendiquent plus d’aucun pays, mais de plus, leur capital est dispersé dans le monde entier entre des actionnaires d’horizons différents. Selon un rapport de la CNUCED de 2002, il existe 65 000 firmes transnationales détenant 850 000 filiales étrangères réalisant 10% du PIB mondial et le tiers des exportations mondiales. Par conséquent, on est en droit de se demander si dans un contexte suivant cette évolution, les actions commerciales de ces firmes seront toujours comptabilisées dans les balances de pays en particulier. Ce mémoire s’attachera aux échanges commerciaux franco chiliens ainsi qu’aux IDE entre ces deux pays. Le Chili est un pays de 756 626 Km2 pour 16,1 millions d’habitants. 87% de la population est urbanisée dont 40% vivent dans l’agglomération de Santiago. Il représente la première économie d’Amérique du Sud. Son indice de développement humain est de 0,854, ce qui le place au 37ième rang mondial. La monnaie nationale est le peso chilien (1 € = 716,64 CLP). En 2000, le PIB par habitant était de 9 417$, mais les inégalités sont criantes. 10% des plus riches détiennent plus de 45% de la richesse nationale. La carte suivante montre la géographie du pays avec les principales villes.

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Ses premiers clients commerciaux sont les Etats-Unis (15,7% des échanges), la Chine (12,1%) et le Japon (11,5%), la France (3,7%) elle n’arrive qu’en neuvième position (source : douanes chiliennes, 2005). Ses principaux fournisseurs sont les Etats-Unis (17,7%) l’Argentine (16%) et le Brésil (11,6), alors que la France n’est que dixième avec 2,5%. Le Chili exporte essentiellement des produits miniers (54%), des produits industriels (39%) et des produits de l’agriculture et la pêche (7%). Ses importations concernent surtout les matières premières, énergie et produits intermédiaires (58,7%), des biens d’équipements (19,1%) et des biens de consommation avec 16,1% (données de la Banque centrale du Chili). Le pays est intégré dans de nombreux accords internationaux tels que : l’ONU, l’OMC, l’OEA (organisation des Etats américains), l’ALADI (association latino américaine d’association) et le SELA (système économique d’Amérique Latine). Outre ces accords, il a développé de nombreux accords bilatéraux, notamment avec l’Union Européenne (2003), la Corée du Sud (traité de libre-échange en 2003) ou encore avec la Chine.

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Le schéma suivant montre la structure de l’économie chilienne.

Répartition du PIB par secteurs d'activité en 2004

industrie

constructionélectricité, gaz et eau

commerce, restauration

services financiers

services de santé et d'éducation

transports et communications

mine

agriculture

administration publiqueservices du logement

Source : Banque centrale du Chili Nous avons précédemment développé deux idées essentielles. La première est que les IDE se sont développés avec l’essor du libre échange et ainsi intensifiaient les échanges commerciaux internationaux. D’autre part, nous avons expliqué brièvement que ces mêmes IDE conduisaient le plus souvent à des délocalisations. L’on est en droit de se demander si ces dernières ne se substituent pas aux échanges et surtout aux exportations. Si on suit ce raisonnement, les IDE pourraient avoir un double effet sur le commerce international. D’où l’interrogation que nous nous posons : le commerce international et les IDE sont-ils substituables ou complémentaires ? Certains auteurs ont déjà mené des études empiriques principalement sur le cas des Etats-Unis ou du Japon. Nous allons tenter d’y répondre en analysant le cas de la France avec le Chili. En effet, ce pays présente le double avantage d’être une terre d’accueil des IDE, et à la fois de présenter une économie développée. Pour appuyer notre argumentation, nous commencerons par énoncer et expliquer les différentes théories émises à ce sujet en fonction des pensées et des époques, puis nous mènerons une analyse concrète avec le cas franco-chilien.

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LE CADRE THEORIQUE Dans le cadre de la question que nous nous sommes posé précédemment, à savoir si le commerce international et les IDE étaient complémentaires ou substituables, une double notion rentre en compte. Tout d’abord celle du pays investisseur qui exporte du capital pour investir dans un autre pays. La première opinion qui pourrait venir à l’esprit est celle d’une substitution simple des exportations vers ce pays par ces nouveaux investissements. Mais comme nous le verrons plus loin, le problème n’est pas simple et ne trouve pas forcément de réponse univoque. La seconde notion est celle du pays hôte qui lui accueille les investissements.

1- La théorie néoclassique

David Ricardo peut être considéré comme le père de la théorie du commerce international. Il parviendra par ses démonstrations, à abolir les « corn-laws » (mesures protectionnistes anglaises pour la production du blé). Il montre qu’un pays doit produire dans les secteurs où son désavantage est le plus faible (ce qui revient à dire le secteur où le coût d’opportunité est le plus faible). Cette théorie malgré ses décalages avec la réalité actuelle (ne fait état que de marchés en situation de concurrence pure et parfaite, ne prend en compte qu’un seul facteur de production « le travail »,…) a permis de mettre en avant le principe de spécialisation. Mais ce qui manque dans cette explication, c’est ce qui détermine cette spécialisation. Une autre analyse emboitera le pas, il s’agit de la théorie des proportions de facteurs émise par deux économistes suédois : Eli Heckscher et Bertil Ohlin qui seront rejoints plus tard par Samuelson. Selon eux, chaque pays doit produire en fonction de la proportion de facteurs (Terre, travail et capital) dont il dispose. Ainsi la spécialisation doit se faire dans le secteur qui utilise le facteur le plus abondant. Si on devait suivre la logique de ces théories, chaque pays trouverait un gain certain à l’échange, puisqu’il doit exporter le bien où il s’est spécialisé et importer celui auquel il a renoncé, ce qui stimule forcément le commerce international. Mais il ne s’agit aucunement de déplacer la production nationale vers un autre pays. Ici, chaque pays conserve son avantage, et la mobilité des produits substitue la mobilité des facteurs (qui selon ces théories est impossible). Or on peut constater que la réalité montre une situation bien différente. En effet, le capital est non seulement un facteur potentiellement mobile, mais il est essentiellement mobile (1800 milliards de dollars de transactions monétaires quotidiennes dans le monde selon l’OCDE). Par conséquent, ces explications posent les bases certes d’une logique qui pousse les pays à commercer, mais elle ne cerne pas les causes ou les raisonnements contemporains. La spécialisation est facilement observable, mais l’équilibre décrit dans ces théories ne colle pas avec les inégalités internationales au niveau du commerce. Et ceci est notamment dû aux nouvelles données mondiales qui se sont ajoutées ces vingt dernières années. Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction, la décision d’investir à l’étranger émane d’une décision microéconomique elle même entrainée par un contexte macroéconomique (concurrence internationale, politiques protectionnistes…).

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2- Le mode d’organisation des firmes s’avère déterminant

L’impact des IDE sur le commerce international peut être abordé de deux manières. La première le voit comme un substitut, puisque les exportations sont remplacées par des ventes locales sur les marchés où se trouvent les IDE. Cet effet est préjudiciable au pays investisseur, puisqu’il voit une détérioration de sa balance courante et de sa production nationale. L’autre vision elle, est plus optimiste, puisqu’elle considère l’IDE davantage comme un stimulateur d’échanges. Nous allons voir ici en quoi la décision de fonctionnement des firmes est déterminante pour comprendre les effets des IDE sur le commerce international.

A- L’intégration horizontale Dans le premier cas, c’est l’idée selon laquelle les sorties d’IDE entrainent une baisse des exportations qui prédomine. Selon Lionel Fontagné (professeur à l’Université Paris 1), c’est l’intégration horizontale, ainsi que la délocalisation de production intensive en main d’œuvre qui peut provoquer cet effet. L’intégration horizontale peut être définie comme l’acquisition ou le développement d’activités développant des produits sur la même gamme de valeur. Cette logique décisionnelle amène souvent les firmes à produire dans un autre pays, soit pour atteindre un marché étranger (l’objectif étant de s’étendre) soit pour bénéficier d’économies d’échelle. Selon Alain Samuelson, dans son livre Economie internationale contemporaine (1991), l’effet de substitution dépend de la fonction de la filiale. S’il s’agit d’une « filiale-relais », la firme veut maintenir une séparation stricte entre les activités domestiques et les activités à l’étranger. Elle se caractérise par l’installation ou l’acquisition dans plusieurs pays de structures de production (filiales) fabriquant la même gamme de produits (ce qui rejoint l’intégration verticale). Ici, l’action de la filiale est similaire à celle de la société mère, ce qui fait remplacer les exportations de la société mère par les exportations de la filiale. Cette pratique peut être matérialisée par différents procédés :

• Acquisition de filiales commercialisant des produits similaires. • Acquisition de filiales fabriquant des produits de remplacement. Cela permet de

maitriser une partie de la menace marketing (une des cinq forces de Porter). • Acquisition de concurrents directs. • La fabrication d’un bien de complément de la production principale.

Les principaux atouts de cette méthode sont les économies d’échelle, la défense contre la concurrence et les attaques de marché, et une force de négociation accrue. Par cette technique, la firme cherche à dégager un avantage certain de sa délocalisation (lorsqu’elle fait ce choix), notamment une baisse certaine des coûts, ou encore le bénéfice d’un monopole discuté sur le marché intérieur. On peut rejoindre l’approche néoclassique en disant que les pays avec comme facteur abondant le capital exporte les IDE dans les pays détenant comme facteur essentiel le travail pour les productions à faible valeur ajoutée. Ainsi les IDE non seulement remplacent les exportations vers ces pays « d’accueil », mais en plus augmentent l’importation de ces mêmes produits dans les pays investisseur. Ce phénomène est facilement observable par le biais de la dégradation de la balance commerciale. L’autre mode principal de fonctionnement des firmes multinationales est celui de l’intégration verticale.

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B- L’intégration verticale

A l’inverse de la précédente, celle-ci ne sépare pas entièrement la production domestique

de celle à l’étranger. Il n’y a qu’un seul propriétaire de l’ensemble de l’activité, mais les unités de production sont en quelque sorte complémentaire et dépendante les unes des autres. Chaque filiale est spécialisée sur un segment du processus productif. Ainsi ce système pourrait être qualifié de réseau à unités interdépendantes. Elle présente plusieurs degrés allant de l’intégration totale à la quasi intégration.

Cette méthode présente plusieurs avantages, notamment en termes de coûts. Grace à cela, l’entreprise intègre les marges d’intermédiaires, développe des économies d’échelles, reste en position de force sur les fournisseurs et la concurrence. Le fait de contrôler autant en amont qu’en aval la production permet d’accélérer la mise en circulation des produits. En ce qui concerne les échanges, contrairement à l’intégration horizontale, où les exportations du pays investisseur étaient substituées par les productions dans le pays d’accueil, ici, le développement des ces filiales favorise les échanges entre ces même filiales. La seule différence étant qu’il ne s’agit plus d’échanges de produits finis, mais davantage de consommations intermédiaires, de biens d’équipement, ou encore de technologies adaptées à la production. Par conséquent, le pays investisseur verra ses exportations de produits finis sans doute diminuer, mais ses exportations de produits utiles à la production (vers les filiales) augmenter. Mais une nuance reste à apporter, puisque dans l’intégration verticale, la proximité entre les filiales reste importante. Plus cette proximité est forte, plus la rationalité joue. On peut donc dire que le mode d’organisation des firmes (mode d’intégration) est primordial pour savoir si les IDE (ici associés aux délocalisations de production) sont ou non stimulateurs d’échanges internationaux. Mais ce n’est pas la seule explication.

3 niveaux d’intégration

Intégration complète Intégration modulée Quasi intégration

Toutes les activités nécessaires réalisées à l’intérieur de l’entreprise (approvisionnement, production, distribution, administration)

Une partie confiée à des entreprises indépendantes :

• Fournisseurs • distributeurs

Une partie confiée à des entreprises affiliées par alliances :

• Concession • franchise

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3- Les politiques protectionnistes

En 1957, Robert Mundell est le premier à introduire la notion de mouvements de capitaux

et de barrières à l’échange. Il renverse la théorie classique d’immobilité du capital et de mobilité internationale des produits. Il explique qu’en fonction des restrictions posées sur l’un ou l’autre par un pays, les conséquences sont différentes. Il dit ainsi : « Les mouvements de produits se substituent, tout au moins dans une certaine mesure, aux mouvements de facteurs (…) le renforcement des obstacles aux échanges stimule les mouvements de facteurs et (…) le renforcement des restrictions aux mouvements de facteurs stimule les échanges » (Mundell, 1957). On peut ainsi comparer deux systèmes différents de protectionnisme :

A- Les droits de douane

Lorsqu’un pays désire préserver son industrie ou un secteur en particulier, il peut exercer du protectionnisme sur les produits nationaux en pénalisant les produits étrangers. Cela consiste donc à poser un impôt sur les marchandises importées lors du passage de la frontière. Les droits de douanes représentaient jusqu’au milieu du 20ième siècle un outil considérable de pression sur le producteurs étrangers. On attend de ces droits de douane sept effets potentiels :

• Effet de protection qui dépend de l’élasticité de la courbe d’offre • Effet de consommation afin de relancer le marché intérieur • Effet de recette fiscale. • Effet de redistribution du revenu national (il s’agit de bénéfices de prix plus

élevés) • Effet sur les termes de l’échange (dépend de l’élasticité offre des exportations). • Effet emploi. Comme le prix des importations augmente, la consommation

intérieure en fait de même, ce qui favorise le marché de l’emploi. • Effet sur la balance commerciale avantageux à court terme tant qu’il n’y a pas

de représailles. Bien entendu, la valeur de ces droits varie énormément en fonction des pays et surtout des secteurs. Pour donner une idée de l’ampleur, dans l’union européenne, les taxes à l’importation sur les produits alimentaires vont de 20% à 250%. Ces mesures sont d’ailleurs souvent source de discorde entre nations. Par exemple, le 26 mars 2002, la Chine, l’UE et seize autres pays décident de saisir l’OMC après la décision du gouvernement américain d’imposer des taxes de 8% à 30% sur certaines importations d’acier. Les responsables de l’OMC et notamment Pascal Lamy pensaient relancer le cycle de Doha (ronde de négociation sur la libéralisation du commerce international). Selon ses propos dans Le Monde du 28 juin 2006, « la négociation pourrait déboucher sur une réduction de ces droits de douane à un maximum de 20% pour les pays en développement ». Malheureusement, faute d’entente entre pays du Sud et pays du Nord, ces négociations ont été bloquées en juillet 2006. Les premiers revendiquaient que les pays développés stoppent leurs aides (surtout au secteur agricole) ainsi qu’un abaissement des droits de douane. Preuve est ici faite que ces meures de protectionnisme représentent pour certains pays une arme commerciale importante.

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Ces mesures protectionnistes restent le privilège des pays développés qui exercent ainsi une pression sur les producteurs des pays en développement. Mais à l’inverse, si aucune protection n’existait, des pans entiers de l’industrie déserteraient les pays « industrialisés ».

B- La mesure des quotas

Aussi appelés contingentements, ils consistent à fixer autoritairement le volume d’importations autorisées. Depuis le milieu de 20ième siècle, ils remplacent progressivement les droits de douane. Selon Colette Nême dans son ouvrage, « Economie internationale, les fondements » (1991), il existe trois causes essentielles à ces mesures :

• L’incertitude (lorsqu’un pays ne connaît ni la courbe de demande, ni d’offre pour un produit).

• l’inélasticité de l’offre étrangère (le seul effet étant d’améliorer les termes de

l’échange et de procurer une recette au gouvernement qui fait supporter le droit à l’étranger sans modifier le prix des importations du pays étranger).

• L’opportunité administrative rendue obligatoire par l’impossibilité d’utiliser des droits

de douane (institutionnalisation du droit de douane). Cette pratique a notamment été mise en lumière après la menace émise par l’Union Européenne et les Etats-Unis vis à vis du textile chinois. Elle peut paraître agressive envers les pays qui produisent à bas coût, mais elle ne fait que ralentir un processus engagé depuis longtemps.

C- Les politiques commerciales de développement économique On trouve ici deux types de politiques :

• Les politiques de substitution d’importation. Elles se résument en trois mesures : → « des tarifs factoriés » qui consistent à fixer des droits de douane élevés sur les produits finis et nuls sur les inputs afin de développer l’implantation industrielle. → Des taux de change multiples : faire varier les taux en fonction des courants commerciaux. → La création d’économies externes : lorsqu’il y a un contexte négatif, l’Etat intervient par le biais de dérèglementation. Mais ces politiques contiennent de nombreux inconvénients : elles ne font pas baisser les importations (changent seulement la structure), la production n’est pas compétitive (trop cher et basse qualité), elles ne créent pas un vrai tissu industriel, et peuvent aggraver les tensions sociales (en favorisant les privilégiés).

• Les politiques de promotion d’exportation. 3 instruments : → De bas niveaux de salaires qui débouchent le plus souvent sur du dumping social (Chine). → Discrimination par les prix (prix plus bas pour relancer la demande). → Le dumping de différentes sortes qui découle des subventions accordées par l’Etat (PAC dans l’UE, subventions de la sidérurgie américaine…).

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Là encore cette formule présente ses limites. En effet, elle impose un coût important des technologies et une dépendance envers les multinationales, risque de surenchère des pays en voie de développement. Toutes ces mesures restreignent forcément les échanges internationaux, puisqu’elles rendent difficiles les exportations et les importations. Par conséquent, les firmes désirant s’implanter pour diverses raisons (marché intérieur prometteur, marchés tiers visés…), doivent pour contourner ces obstacles renoncer à une part de leur activité dans le pays d’origine pour s’implanter dans ces pays protectionnistes. Elles auraient par conséquent un effet indéniable de substitution.

4- L’effet du commerce intra-branche

Selon Fabrice Mazerolle, le commerce intra-branche peut être défini comme la partie des échanges internationaux de produits qui a lieu à l’intérieur d’une même branche de l’industrie ou des services. La notion de branche rassemble l’ensemble des produits à technologies communes ou qui satisfont le même besoin. Une manière mathématique simplifiée pour affirmer ou non qu’un produit fait partie d’un secteur intra-branche, on divise les exportations totales de ce produit par les importations de ce même produit. Lorsque le résultat tend vers 1, alors la spécialisation devient intra-branche (A. Samuelson, Economie internationale contemporaine, 1991). Selon Finger (1975), « les échanges intra-branche seraient déterminés comme les échanges interbranches, par les différences de dotations factorielles ». Ainsi, des produits similaires pourraient être produits avec des proportions différentes de facteurs. En 1961, Linder explique ce phénomène par la demande interne des pays qui influence la production et donc l’exportation vers les pays à forte demande potentielle. Cette théorie sera rejointe par Ethier (1986) qui explique que la similitude des dotations factorielles favorise davantage l’investissement mutuel entre deux pays. Aujourd’hui, environ un quart du commerce mondial est de nature intra-branche, et pour les pays industrialisés, cette part est encore plus importante. Ce type de commerce explique donc en partie l’intensité des échanges entre pays similaires. Mais cette notion trouve sa source dans une autre, qui est la différenciation des produits. Il existe deux types de différenciation : la verticale et l’horizontale. En 1929, un économiste américain, Hotelling émet la nouvelle théorie du consommateur. Selon lui, un consommateur ne demande pas un bien en particulier, mais des caractéristiques du bien. Ceci oblige donc les firmes à prendre en compte la demande des consommateurs. Plus la demande est forte, plus le pays doit produire. Et c’est cette notion de force de la demande intérieure qui incarne le commerce intra-branche aujourd’hui. Cette théorie sera rejointe par le modèle néo-chamberlien qui s’intéressera d’avantage à la demande des variétés qui ne peut qu’influer la satisfaction des consommateurs. Cette satisfaction sera d’autant plus forte que le nombre de variétés sera grand. Et il existe la différenciation verticale induite par le modèle de Falvey en 1979. Ici, on prend plus en considération le pouvoir d’achat que les goûts. Les biens se différencient non pas en fonction de caractéristiques propres, mais en fonction de la qualité. Elle rejoint d’ailleurs la théorie néoclassique des avantages comparatifs, puisqu’ici, les pays se spécialisent en fonction des dotations factorielles. Par exemple, un pays relativement bien doté en capital produira des biens de haute qualité, tandis que le pays doté de facteur travail produira à une

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qualité inférieure. Là encore on observe facilement des échanges principalement axés entre pays similaires du point de vue des dotations de facteurs et du pouvoir d’achat. Ainsi, les firmes investissant dans des pays similaires cherchent alors avant tout à répondre à une demande intérieure. De ces échanges ressortent des gains à l’échange. Tout d’abord, la spécialisation entraine une baisse des prix et une hausse continue de la qualité, ce qui améliore le rapport qualité prix. Ensuite, la diversité des produits induit une intensification des échanges entre ces pays, et une diffusion rapide des technologies. Dans la réalité, ceci s’observe par des implantations d’investissements directs dans des pays capitalistiques présentant des caractéristiques similaires : un pouvoir d’achat élevé, des dotations technologiques semblables… . On peut donc parler de complémentarité mais restreinte du point de vue géographique et économique. On peut ainsi définir les pays investisseurs comme les pays développés, et les pays d’accueil comme étant ceux en développement dans le cas de la différentiation verticale, ou également développés pour la différentiation horizontale.

5- L’évolution des pays d’accueil : un facteur important

Selon les deux économistes, P. Samuelson et M. Bayé les pays suivent un cycle de développement en quatre phases :

1- Phase du nouvel emprunteur. 2- Phase d’emprunteur évolué. 3- Phase de nouveau prêteur. 4- Phase de prêteur évolué.

Dans les deux premières phases, ces pays reçoivent l’épargne réelle de l’étranger correspondant à l’importation nette, et en même temps, des flux de capitaux attirés par le potentiel de production et les taux d’intérêts élevés (dus à la rareté des liquidités disponibles). Par la suite, le pays, grâce à ces capitaux développe des avantages comparatifs, ce qui augmente automatiquement la balance courante. A partir de ce moment, il peut former un excédent dans le but d’amortir les capitaux, jusque là empruntés, et également former de l’épargne (début de la troisième phase). Les taux d’intérêts baissent à leur tour et le pays émet à son tour des flux de capitaux. Le revenu augmente, ce qui détériore le terme de l’échange et fait baisser la balance courante. Dans la dernière phase, il devient alors plus intéressant d’investir à l’étranger que d’exporter. Mais cette théorie, même si elle peut s’appliquer aux pays maintenant industrialisés, ne s’applique pas toujours. On peut citer l’exemple sud américain (crise argentine…) et africain. L’économiste japonais Kojima, nuance sa réponse vis à vis du rapport entre IDE et échanges. L’investissement peut créer des échanges, mais à l’unique condition que le pays d’origine investisse à l’étranger dans un secteur où il a perdu ses avantages comparatifs, et que le pays hôte en détienne des potentiels. Cette intensification des échanges est notamment incarnée par le transfert de technologies, de savoir-faire, l’amélioration de la fonction de production du pays, l’augmentation des échanges avec les pays tiers… . Si le pays suit une voie de développement, son revenu et surtout sa demande intérieure augmentera. Ce développement économique associé à une égalisation des prix des facteurs entrainera, comme nous l’avons vu précédemment, du commerce intra-branche.

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On peut donc résumer l’idée générale. Les IDE permettent d’industrialiser le pays qui entre dans une nouvelle phase de développement et connaît de nouvelles demandes. Jusque dans les années soixante, les IDE visaient surtout à servir le marché local, ce qui entrainait une destruction des échanges (substitution d’importation). Mais aujourd’hui ce constat pourrait apparaître plus positif, puisque le volume des échanges internationaux croît constamment, même si le commerce intra-firme (l’essentiel du commerce aujourd’hui) est favorable au pays d’origine. En ce qui concerne l’impact sur les pays d’accueil, le bilan n’est pas toujours positif. En effet, les externalités liées aux IDE leur sont d’ailleurs souvent préjudiciables. Nous avons parlé précédemment du transfert technologique, mais le problème est que le pays investisseur ne peut se procurer un avantage monopolistique que par l’avancée technologique. En conséquence, ce transfert ne se fera que plus tard ou alors lorsque cette technologie sera désuète. Ceci est directement lié au fait que les firmes internalisent le plus souvent la recherche développement. On peut donc dire que la firme développe l’avancée technologique dans son pays puis en exploite l’avantage à l’étranger par le biais des IDE. De là découle un handicap lourd pour les pays en développement. Le pays d’accueil n’ayant pas d’avantage technologique, il se doit d’importer cette technologie de l’étranger, ce qui se substitue au développement d’une activité de recherche développement. Le transfert technologique ne bénéficie donc pas aux pays hôtes des investissements. Toutes ces théories incarnent une part de réalité, c’est à dire qu’elles sont en phase avec leur époque. Mais lorsqu’on parle de commerce international aujourd’hui, ou d’échanges internationaux, la complexité du phénomène est tout autre que par le passé. Il est vrai cependant que la théorie trouve souvent un contre exemple dans des études empiriques qui font une analyse d’un pays précis à un moment donné (problème de la généralisation de la théorie).

6- Des effets divergents en fonction des pays

Nous allons voir quatre études menées au fil du temps entre le début des années 80 et la fin des années 90 sur le sujet qui nous concerne. Comme nous l’avons dit précédemment, la théorie doit servir de base, mais ne doit indiquer aucunement une généralité. En effet, elle sert le plus souvent à indiquer le phénomène dans une époque et une zone géographique (pays développés) restreinte. Commençons tout d’abord par les études économétriques qui montrent une corrélation positive ou négative brute entre IDE et les exportations. L’étude Lipsey et Weiss (1984) montre qu’un dollar américain de production locale est associé à des exportations américaines additionnelles à hauteur de 9 à 25 cents. Le lien direct peut donc paraître négatif à première vue. Mais l’étude de Blomström (économiste suédois) et Kravis (économiste américain) parvient à expliquer que les IDE entrainent une augmentation des exportations tant vers le pays d’origine que vers le pays d’accueil. Selon eux, l’effet général de substitution est tout simplement « dilué » dans le développement des relations économiques entre les deux pays. E. Graham arrive aux mêmes conclusions avec l’exemple américain.

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Swedenborg montre dans son étude (1979-1982) qui prend comme base l’exemple suédois, que l’IDE n’a pas d’effet significatif sur les exportations de la maison mère suédoise. Cela est du au fait que les ventes sur place se substituent à ces exportations, mais en en impliquant de nouvelles, portant sur des biens intermédiaires ou finis. Il montre qu’un dollar de vente sur place se substitue à deux Cents d’exportations, mais crée douze Cents de nouvelles exportations, ce qui donne un effet net de complémentarité de dix Cents. Les IDE sortants suédois conduisent à une modification de la nature des exportations. Dans une autre étude, S. Aitelhadj et F. Bidault montre l’impact de la délocalisation sur l’ensemble du tissu productif. En délocalisant, les grandes sociétés remettent en cause la sous-traitance locale (secteurs de l’automobile et de l’aéronautique principalement). Les PME sous-traitantes se voient obligées de délocaliser également pour suivre les transferts d’activité vers les nouveaux pays producteurs. Les IDE sont donc ici, pour les PME, assimilés davantage à un effet d’imitation des grandes sociétés, imitation contrainte par des obligations de coûts le plus souvent. Mais l’étude importante la plus récente est celle de Lionel Fontagné qui apporte des résultats surtout au niveau des secteurs industriels de trois pays : la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les effets des IDE sont différents selon ces pays. Pour le Royaume-Uni, l’étude montre que l’effet des IDE entrants et sortants est négligeable. En revanche, pour la France, chaque dollar d’investissement sortant donne lieu à un excédent commercial de 35 cents. Inversement, chaque dollar d’investissement entrant entraîne un déficit de 12 cents de la balance commerciale. En ce qui concerne les firmes américaines, l’effet des investissements entrants sont également différents. A titre de comparaison, un dollar d’investissement entrant entraîne 1,40 dollars d’importations en France alors qu’il n’entraîne que 60 cents d’importations aux Etats-Unis. La conclusion de cette dernière étude amène à dire que l’effet de l’IDE sur la balance commerciale du pays d’accueil est négatif à court terme, mais peut changer de tendance sur le long terme (retombées technologiques, effet sur les exportations à destination des pays tiers). Nous allons maintenant faire une analyse empirique en prenant comme exemple le modèle franco chilien. Il est à noter que nous n’analyserons que le secteur industriel, puisqu’il était le principal secteur d’échange entre les deux pays jusqu’à il y a peu de temps. Aujourd’hui, le secteur des services et principalement le secteur bancaire prend une place de plus en plus importante avec des contrats et des parts de marchés sans cesse croissants.

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LE CAS FRANCO CHILIEN

1-Les rapports entre les deux pays

La croissance continue du Chili (5,2% en moyenne sur les 24 dernières années) associée au traité de libre-échange entre le Chili et l’Union européenne a permis d’accroitre considérablement les échanges commerciaux entre les deux pays (1 642 millions d’euros fin décembre 2005). Compte tenu de la conjoncture attendue et de la performance chilienne en termes d’économie, ces rapports ne devraient que s’accentuer dans l’avenir. En 2005, les exportations françaises vers le Chili avaient enregistré une hausse de 32,1% ce qui tendait à rééquilibrer la balance commerciale entre les deux pays. Cette hausse des exportations est principalement due au secteur automobile. Pour donner un ordre d’idée, le secteur automobile et des biens d’équipement expliquent à eux seuls plus de 90% de la baisse des exportations françaises en 2004 (missions économiques). En revanche, les exportations du Chili vers la France, après avoir connu un pic en 2004, ont diminué en 2005 (baisse de 4%). Cette baisse est principalement expliquée par la baisse des exportations du cuivre (premier poste du commerce extérieur chilien). Les autres secteurs exportateurs du Chili sont principalement : les produits agroalimentaires (produits de la mer, fruits, légumes, vin) avec 138 millions d’euros en 2005, la filière du bois (49,9 millions) et la chimie (61,9 millions). Les grands groupes français s’intéressent de plus en plus à ce marché porteur. Ainsi, on a vu se multiplier les gros contrats avec Alstom (pour la réalisation de métros), Degremont (unité de dessalement d’eau de mer), Vinci, ou encore Airbus. Toutes implantations devraient renforcer les échanges franco-chiliens. Les entreprises françaises sont principalement présentes dans le secteur secondaire, mais ne délaissent pas pour autant les deux autres.

Répartition sectorielle des entreprises françaises

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Source : missions économiques, MINEFI, 2005.

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Aujourd’hui, la coopération économique entre nos deux pays concerne principalement le secteur agroalimentaire, surtout en matière sanitaire et phytosanitaire avec la sécurité sanitaire des aliments, la gestion de la forêt, les appellations d’origine, la formation et l’enseignement agricole… . L’accord d’association Union Européenne-Chili prévoit une coopération dans de nombreux autres domaines tels que l’industrie, les normes, les règlementations techniques, les PME, le secteur des services, le secteur des énergies, les transports, l’environnement… . 2-Les IDE au Chili

En 2003, le pays enregistre des entrées d’IDE à hauteur de 2,982 milliards de dollars (4,2% du PIB), soit une hausse de 58% par rapport à l’année précédente, alors que les flux d’IDE sur l’ensemble de l’Amérique Latine baissaient de 19%. En 2003, le Chili était au 34ième rang mondial, 2ième rang sud américain et 3ième rang latino américain (derrière le Brésil et le Mexique) comme capteur d’IDE. 51% de ces IDE entrants concernent le secteur tertiaire devant le primaire et notamment le secteur minier (près d’un tiers en 2002). Les principaux pays investisseurs sont les Etats-Unis (25%), l’Espagne (24%), le Canada et la Grande-Bretagne. La France, elle n’arrive qu’au 8ième rang avec 1,4%. Cet attrait des IDE est surtout dû à une politique ancienne d’accueil des investissements. Cet essor correspond au retour des gouvernements civils dans les années 90, qui ont entraîné une politique continue de privatisations. Les IDE jouent un rôle fondamental dans l’économie du Chili en lui permettant notamment de financer son déficit des paiements courants. D’autre part, la législation, par son droit d’égalité entre investisseurs étrangers et locaux, favorise ces entrées d’investissements. En outre, ils sont autorisés dans tous les secteurs de l’économie, hormis quelques secteurs sensibles (hydrocarbures, nucléaire…). En plus de la main d’œuvre bon marché et qualifiée, les entreprises profitent d’infrastructures de haut niveau. Enfin, la fiscalité est un atout incontestable du pays, puisque les firmes bénéficient d’un taux modéré de l’impôt sur les sociétés (17% en 2004), et leur capital peut être rapatrié sans être taxé jusqu’à hauteur des fonds investis. Le système bancaire présente une structure fiable et efficace, malgré les crises passées (1982-1983). L’épargne totale drainée permet de financer environ 70% des besoins des entreprises. D’autres mesures ont eu comme rôle d’attirer ces capitaux étrangers : simplification des mesures administratives, aides financières publiques (pour les nouvelles technologies), conditions légales favorables… . Mais l’une des mesures les plus importantes pour les investisseurs reste les accords de libre échange destinés à éliminer progressivement les droits de douane (MERCOSUR, l’UE, la Corée du Sud, les Etats-Unis…). En ce qui concerne les IDE français sur le territoire chilien, ils restent timides. Au début des années 90, il n’y avait qu’une quarantaine de firmes présentes. Cependant, le niveau des IDE est en constante hausse depuis une décennie. Aujourd’hui, ces investissements concernent tous les secteurs à l’exception du secteur minier (secteur fort du chili) : l’agriculture (vin), l’industrie, la construction, les services. La place de la France est prépondérante dans les domaines de l’eau, de l’électricité et du gaz. Les flux d’IDE français à destination du Chili connaîtront une évolution à peu près régulière jusqu’en 1998, mais ils feront un bon considérable en 1999 avec une hausse de plus de 234%. Dans l’année qui suit, on peut observer (graphique suivant) une chute brutale (-92%).

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Flux d'IDE de la France vers le Chili

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Source: Foreign Investment Committee. Provisional figures as of December 31, 2006

3-La balance commerciale entre les deux pays

A- Les exportations du Chili vers la France

Exportations du Chili vers la France

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Source : Chelem 2003 A travers ce graphique, on constate que les exportations du Chili vers la France n’ont cessé d’augmenter durant ces trente dernières années et notamment à partir du milieu des

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années 70. Sur les trente années de données, on a une augmentation annuelle moyenne des exportations de 11,77%. C’est à partir de 1979 que l’on voit l’explosion de ces exportations (avec une augmentation de plus de 82% entre 1978 et 1979). Il y aura une seconde hausse spectaculaire des exportations en 1988 avec une augmentation de plus 65%. Les exportations n’ont connu que peu de baisses durant les 15 dernières années:

• 1992 avec – 7,42% • 1993, - 12,58% certainement du à la crise du système monétaire européen de 1992

(spéculations successives sur les monnaies européennes : Livre Sterling et le Franc) • 1996 qui est la plus importante avec -21%. • 2002 qui connaitra une diminution d’environ 9%.

Mais les exportations restent très inégales entre les différents secteurs. En ce qui concerne les exportations vers la France mais également vers la majorité des pays, le Chili se distingue dans cinq secteurs essentiels (comme le montre le graphique suivant) : la métallurgie non ferreuse, le papier, viandes et poissons, les boissons et la chimie organique.

Principaux secteurs exportateurs

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Métallurgie non ferreuse Papier Chimie organique de base

Viandes et poissons Boissons

Source : Chelem 2003 Le principal secteur exportateur reste depuis toujours la métallurgie non ferreuse. Sa part dans la balance commerciale n’a cessé de croitre : plus de 95% des exportations totales en 1975, 73% en 1985, 66% en 1990, et 65% en 2003. En valeur, cela représente plus de 400 millions de dollars exportés en moyenne chaque année depuis 1990. La plus forte augmentation s’est faite entre la fin des années 70 et le début des années 80 avec une croissance parfois supérieure à 100% d’une année à l’autre.

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Les quatre autres secteurs suivent une tendance similaire, avec des valeurs proches : entre 20 et 50 millions de dollars d’exportations annuelles depuis cinq ans.

B- Les exportations françaises vers le Chili

Exportations de la France vers le Chili

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Source : Chelem 2003 Les exportations suivent la même tendance générale que les exportations chiliennes avec plus de 15% d’augmentation annuelle moyenne. La plus forte croissance s’est faite ressentir en 1979 (+98%) du fait essentiellement du secteur automobile qui a vu ses exportations augmenter d’environ 205% (voir graphique suivant). Là aussi les baisses de ces dix dernières années sont rares et de faible intensité, hormis en 1999 où les exportations ont baissées de 62%, et en 2003 avec – 18%.

Principaux secteurs d'exportations françaises

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secteur automobile Fournitures électriques Produits de toilette Quincaillerie

Source : Chelem 2003

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C- La balance commerciale bilatérale

La balance commerciale entre les deux pays

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Exportations du Chili vers la France Exportations de la France vers le Chili

Source : Chelem 2003

Par ce graphique, on peut observer que la balance commerciale entre ces deux pays fait une sorte de « yoyo » en fonction des périodes. On peut dire qu’elle reste à peu près équilibrée jusqu’en 1982 avec un écart de seulement 12 millions de $ en faveur de la France. De 1982 à 1996, elle sera largement déficitaire pour la France (jusqu’à 350 millions de dollars en 1991) avant de retrouver un quasi équilibre en 1996 (13 millions de dollars de déficit). Elle sera même excédentaire en 1998 (+ 44 millions de $) et en 2001 (+ 164 millions de $). Mais depuis 2001, l’écart se creuse avec en 2003 un déficit commercial pour la France de plus de 320 millions de $. Mais cette analyse est à nuancer, puisque comme nous l’avons indiqué précédemment, cette étude ne porte que sur le secteur industriel, or le Chili connaît depuis quelques années un essor considérable du secteur des services. Et parmi les investisseurs de ce « nouveau » secteur, la France arrive dans les premiers. Si l’activité bancaire devait être prise en compte dans cette analyse, cet écart serait beaucoup plus faible.

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4-Les flux d’IDE bilatéraux

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flux d'IDE français au Chili flux d'IDE chiliens en France

Source: Foreign Investment Committee. Provisional figures as of December 31, 2006 Ce graphique ne fait que montrer les inégalités entre les pays en termes de mobilité du capital. Le fait est que le Chili est davantage une terre d’accueil d’IDE. Cependant, si l’on devait se référer à la théorie de P. Samuelson et M. Bayé (les quatre phases de développement des pays), et que l’on observe l’évolution depuis le début des années 2000, on peut dire que le Chili entre dans une nouvelle phase de développement. Cette version est difficile à confirmer, mais l’excédent commercial dégagé par le Chili sur la même période peut en effet indiquer un changement de rang de ce pays. Jusqu’à maintenant, les investissements étrangers, forts dans le secteur industriel, bénéficiaient d’un avantage de coût de main d’œuvre. Le pays a su profiter de cet « avantage comparatif » pour se développer et commencer à s’autofinancer. Par conséquent les investissements étrangers dans l’industrie diminuent, et les capitaux sortant chiliens augmentent. La période est peut être insuffisante pour amener des conclusions, mais la corrélation entre le développement de l’économie chilienne, sa tertiarisation et l’évolution des IDE amène à se poser la question : le Chili est-il en train de devenir un pays industrialisé ?

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5- Le rapport entre balance commerciale et flux d’IDE

A- Qu’en est-il pour la France ?

D’après les calculs effectués, l’effet des IDE sur la balance commerciale est très variable en fonction du pays. Les calculs sont effectués sur une période de 13 ans (1990 à 2003). Nous allons commencer par analyser le cas des IDE français au Chili, puis nous verrons celui des IDE chiliens en France.

Rapport IDE/balance commerciale

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Flux d'IDE français au Chli exportations françaises au Chili importations françaises du Chili

Source: Chelem, 2003 Foreign Investment Committee, 2004 Ce graphique met en relation les flux d’IDE français au Chili avec ses exportations et importations bilatérales. Il permet de rendre visuel ou non une corrélation positive ou négative. Pour le réaliser, nous avons dut faire correspondre les séries. En effet, en données brutes, nous avions les flux d’IDE et les exportations/importations de la même année. Or, comme nous cherchons à connaître l’effet de l’IDE sur le commerce, il fallait déplacer la série des IDE qui expliquent les activités commerciales de l’année qui suit (et non de la même année). Ainsi, nous obtenons une corrélation positive mais pas très accentuée (coefficient de 0,46 pour les exportations, et de 0,47 pour les importations). Cela signifie que lorsque les investissements français augmentant ou baissent, les exportations et importations bilatérales suivent la même tendance en fonction des années (environ une fois sur deux). Une corrélation permet de conforter une hypothèse, mais ne signifie pas forcément causalité. Nous devons donc calculer le poids de ces IDE dans l’activité commerciale entre ces deux pays. Là encore, l’effet attendu est surprenant, puisqu’on constate que les IDE ont le même poids sur les exportations que sur les importations. Sur la période indiquée au dessus (1990-2003) les IDE français expliquent à un peu plus de 21% les exportations françaises vers le Chili, et à 22% les importations de ce même pays.

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La théorie selon laquelle les IDE font baisser les exportations et augmenter les importations n’est que partiellement vérifiée ici. La hausse des augmentations est facilement explicable par les délocalisations de productions dont les produits sont ensuite exportés vers le pays d’origine. Quant aux exportations, plusieurs raisons peuvent être évoquées : la hausse des exportations de produits semi-finis nécessaires à la production, une augmentation des exportations à destination de pays tiers transitant par le Chili, une augmentation de la demande intérieure due au développement… .

B- Le Chili : une force montante ?

IDE et effets sur la balance commerciale

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Evolution de flux d'IDE chiliens (en%) Evolution des exportations françaises (en%)

Evolution des exportations chiliennes (en%)

Source: Chelem, 2003 Foreign Investment Committee, 2004 Bien entendu, le Chili ne constitue pas pour l’instant un pays investisseur au sens occidental du terme. C’est d’ailleurs pour cela que le graphique ci-dessus indique l’évolution en % et non les valeurs brutes, puisque l’écart entre les valeurs est bien trop important. Cependant, nous pouvons tout de même établir une corrélation entre les deux, du même ordre que pour la France (coefficient de 0,38 pour les importations et de 0,52 pour les exportations). Mais ce qui est plus intéressant, c’est le poids de ces IDE. Nous pouvons dire (après calcul) que les IDE chiliens expliquent à 15% de ses importations provenant de la France, et à environ 30% de ses exportations vers ce même pays. Depuis 1999, ce rapport augmente et les investissements chiliens dans le monde s’intensifient (notamment en Amérique de Sud). La proximité géographique ainsi que l’intégration des marchés (ALENA, MERCOSUR…) favorise sans doute ce phénomène, mais le Chili, qui depuis plus d’une décennie contraste avec ses voisins sur sa bonne santé économique, semble montrer des signes de similitudes avec les pays investisseurs.

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EN GUISE DE CONCLUSION Avec le temps, les théories se sont souvent confrontées, chacune laissant derrière elle une base de réflexion nécessaire à l’avancement de la suivante. Le commerce entre nations a existé bien avant les premiers économistes. Mais le temps et l’évolution des pays ont amené la complexité qu’il est nécessaire aujourd’hui d’expliquer. Et ce sont d’ailleurs ces mutations temporelles qui font émerger les nouvelles théories et « révoquer » les anciennes. Le commerce international, comme l’ensemble de l’économie, pourrait se matérialiser en deux notions essentielles : les pertes et les gains. L’on pourrait penser que ce que l’un gagne, l’autre le perd, ou alors que les gains de l’un profite à l’autre. Et c’est question que nous retrouvons dans notre mémoire. Les IDE représentent-ils une force ou un handicap pour le commerce international ? Cette question trouve plusieurs réponses, mais le plus souvent divergentes ou dans des environnements économiques différents. Pour ce qui est des investissements directs étrangers, les effets ressentis varient généralement en fonction de la situation économique du pays. Nous avons vu en fin de première partie quelques exemples connus. Après avoir étudié le cas du Chili, nous pouvons dire que les investissements français ont stimulé les échanges commerciaux avec ce pays, puisque les exportations de la France vers le Chili en sont stimulées, et les exportations du chili vers la France également. Le Chili semble se développer à grande vitesse, ce qui risque de se répercuter sur les IDE ou tout du moins d’en modifier la destination (passer d’investissements étrangers dans l’industrie à des investissements visant les services). Cette évolution est-elle dut aux IDE ? En partie sans doute, puisqu’ils ont permis de développer un avantage comparatif dans certains secteurs. Mais ce qui est sur, c’est qu’à ce rythme, il se pourrait bien qu’à l’échelle de l’Amérique latine, le Chili devienne un pays développé.

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