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Comprendre le paranormal 1 Comprendre le Paranormal Philippe Wallon

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Vous avez beaucoup de question sur le paranormal

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Comprendre le paranormal

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Comprendre le

Paranormal

Philippe Wallon

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Comprendre le paranormal

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Introduction Comme le font remarquer les philosophes, nous n'avons jamais

accès à "la réalité", nous n'en avons qu'une image, une opinion.

Celle-ci repose sur quelques postulats, des concepts non

démontrés mais admis par tous, comme la causalité (la relation de

cause à effet). A partir de là, nos savants ont précisé un certain

nombre de règles, de "lois physiques". Celles-ci ont, peu à peu,

pris la place des "évidences". Le temps, par exemple, était

considéré comme une donnée intangible, jusqu'à ce qu'Einstein

précise sa nature et son caractère relatif.

L'idée que nous avons du monde repose sur notre expérience

sensible. Aussi nous admettons facilement certaines règles,

comme la "loi de la chute des corps" (gravitation). D'autres nous

sont difficilement accessibles parce qu'elles ne sont pas clairement

visibles dans notre expérience (comme la physique quantique).

Sans que nous nous en rendions compte, nous avons fait des lois

physiques de véritables dogmes, des objets de croyance "hors

desquels point de salut".

Cependant certaines lois gérant notre expérience, parmi les plus

élémentaires, ne sont pas admises par la physique : comment

expliquer qu'un paysan laboure, qu'un étudiant travaille avec

acharnement ? La réponse paraît simple : une bonne récolte pour

le premier, une profession valorisante pour le second. Or, cette

"cause" appartient au futur (ce qu'on appelle la "finalité"),

mécanisme que les sciences physiques ne reconnaissent pas.

Ainsi, nous vivons une sorte de "schizophrénie"

(étymologiquement "cerveau coupé en deux") : un monde

physique régi par la causalité, une vie quotidienne régie par la

finalité !

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Le "paranormal" fait partie de cette expérience que nous pouvons

vivre (souvent parfois), mais qui n'est pas reconnue par les

sciences : il nous arrive de savoir précisément ce que pense un

proche alors qu'il est loin de nous (télépathie) ou de prévoir un

fait, hors de toute logique (prémonition).

Cette opposition "normal / paranormal" n'est pas liée à la nature

des faits, mais à l'opinion que nous en avons. En effet, la

télépathie et la prémonition, quand nous la vivons, nous

apparaissent éminemment "normales", au point que nous nous

étonnons qu'elles ne soient pas encore expliquées. On peut donc

s'attendre à ce notre vision du monde change bientôt. Ce livre

voudrait agir dans ce sens...

Avant d'aborder les facultés paranormales, disons quelques mots

d'"Ouriel"

Le nom de "Ouriêl", dit encore "Uriel" est celui du premier ange de

l'Orient. Il est souvent invoqué dans les bénédictions et dans les

conjurations, pour découvrir les trésors cachés. Ce nom a été

choisi pour son caractère symbolique, car le "paranormal"

constitue encore à l'heure actuelle un trésor caché. Trésor parce

qu'il concerne des facultés très riches et intéressantes à tous

points de vue. Caché parce que, malheureusement, notre culture

continue à vouloir les ignorer, moins par incapacité à l'intégrer

dans son "corpus" que par une sorte de crainte, probablement

héritée de l'opprobre des siècles passés. Est-ce à dire que les

procès de sorcellerie sont encore dans tous les esprits ?

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I/ Les facultés paranormales A- La télépathie

La télépathie est probablement la faculté paranormale la plus

répandue, la plus accessible. On l’appelle parfois " transmission de

pensée ", mais ce terme est inexact. Il suppose l’existence d’une

transmission, c’est à dire le passage d’un " mobile " d’un sujet à

l’autre, ce qui n’a jamais été montré. C’est même l’inverse qui

semble attesté (expérience de la cage de Faraday). De plus, le

mot " pensée " se réfère généralement à un contenu mental

construit et conscient, or, la plupart des recherches s’oriente vers

l’idée que cette capacité repose sur l’émotion et émane de

l’inconscient.

Le terme " télépathie " paraît donc plus adéquat. Ce mot, qui date

du XIXème siècle, est formé à partir des mots grecs télé, la distance

et pathos, l’expérience subie, l’émotion de l’âme. Ces deux

éléments correspondent bien aux phénomènes : une fusion entre

inconscients, d’autant plus facile que les relations entre les

sujets sont plus fortes. Celle-ci apparaît préférentiellement

quand la conscience est amoindrie, durant le sommeil ou la

rêverie. Les cas spontanés sont parfois alors d'une précision

extraordinaire.

Il faut cependant distinguer la télépathie de la contagion affective,

et réserver le caractère de " paranormal " à des échanges entre

des sujets qui n’ont aucune possibilité matérielle de communiquer.

La distinction est cependant parfois subtile.

La télépathie est la faculté qui a fait l’objet du plus grand nombre

d’expériences scientifiques. Rhine l’a très largement mise en

évidence depuis les années 30, même si ses résultats sont d'une

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grande pauvreté par rapport aux cas spontanés. Ces

expérimentations ont cependant éliminé un certain nombre

d'hypothèses sur les mécanismes possibles de ces phénomènes.

Depuis, d’autres études ont confirmé ces travaux, avec des

méthodes plus sophistiquées, en particulier lors du sommeil. On a

en effet constaté que ces facultés étaient d’autant plus fréquentes

que la conscience était plus réduite (expériences du "ganzfeld").

Par l’utilisation de l’électro-encéphalographie qui permet d’éveiller

le dormeur immédiatement après son rêve, et d’éviter son oubli,

on a pu constater la fréquence des perceptions extra-sensorielles

pendant le sommeil.

On a souvent dit que la télépathie permettait une communication

instantanée entre deux sujets, plus rapides que la lumière. Ceci ne

correspond pas à l'expérience, qui montre, au contraire, que le

moment de l'émission du message et celui de sa réception sont

indépendants par rapport au temps (on peut émettre des

messages vers le passé ou vers le futur et en recevoir de même).

En conclusion, la télépathie dépasse donc les interprétations

actuelles en termes de sciences physiques.

1)Travaux de Rhine

Joseph Rhine a fait la plupart de ses expériences avec les cartes

de Zenner, un ensemble de 25 cartes, identiques 5 à 5, qui

portent chacune un symbole simple. Il a d’ailleurs utilisé ces

mêmes cartes pour explorer d’autres manifestations, telles

l'annonce d'une carte cachée et non connue de quiconque

(voyance) et la modification d’un tirage à distance (psychokinèse).

Il a répété ces expériences des milliers de fois. Il a fait entrer dans

le champ de l'expérimentation la télépathie, la voyance et l'action

de la pensée sur la matière. " Si les investigations de Rhine

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doivent être attaquées, il faut que ce soit sur d’autres bases que

celles de l'analyse mathématique ", dit l’Institut of Mathematical

Statistics (Honorton, 1975, cité par Varvoglis, 1992, p. 55)

Quelques ouvrages de Rhine :

Rhine, J.B., Extra-sensory perception, Boston, Bruxe Humphries,

1934.

Rhine, J.B., Le nouveau monde de l'esprit, Paris, A. Maisonneuve,

1955.

2) Télépathie et simultanéité

Mario Varvoglis (1992, p. 15) raconte qu’il fut réveillé dans la nuit

du 24 novembre 1976 par la voix de sa mère qui l’appela deux fois

par son prénom. Il fut troublé quelques minutes, car sa mère

vivait en Grèce, à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Le

lendemain matin il apprit qu’un tremblement de terre avait secoué

Thessalonique, où vivait justement sa mère.

On dit souvent que la télépathie permet de percevoir

instantanément une information, malgré une distance

considérable, mais ce n’est pas systématique. Beaucoup

d’exemples montrent un décalage important entre l’émission et la

réception. D’une manière générale, le message nous atteint quand

notre esprit est au repos, la nuit par exemple. Le moment de la

réception est alors sans rapport avec celui de son émission.

Ici, le moment de l’émission pourrait être celui de la secousse,

même si la mère ne se souvient pas avoir émis de message. Cela

n’est pas rédhibitoire, les télépathies les plus évidentes sont

souvent involontaires et parfois même inconscientes. On pourrait

discuter une prémonition de l’auteur portant sur sa mère, mais

l’un et l’autre phénomène reposent, en fin de compte, sur une

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sorte de " fusion affective ". Dans les cas spontanés, l’identification

d’un émetteur et d’un récepteur est souvent difficile, le

phénomène se présentant souvent comme une sorte de partage

d’émotion.

La simultanéité n’est donc aucunement un critère : la télépathie

est, dans son principe, aussi indépendante du temps qu’elle l’est

de l’espace.

3) Télépathie et rayonnements électromagnétique

On avait pensé que la télépathie pouvait être liée à des

rayonnements électromagnétiques, qui couvrent un large champ

depuis les rayons gamma jusqu’aux infrarouges, en passant par

les radiations visibles. Leur rôle était envisageable, puisque notre

corps émet de telles radiations, infrarouges notamment.

On a donc fait des expérimentations en plaçant le sujet émetteur

(ou le sujet récepteur) au sein d’une enceinte métallique (dite

" cage de Faraday ") ou d’épais murs de béton. Ces obstacles

arrêtent la plupart des rayonnements, sinon tous. Or, les résultats

ne mettent en évidence aucune diminution du phénomène dans

ces conditions (Jung, 1988, p. 34 ; Varvoglis, 1992...).

Par ailleurs, on sait que la puissance d’un rayonnement diminue

avec le carré de la distance. Or, les recherches, faites entre des

sujets parfois distants de plusieurs milliers de kilomètres, ne

montrent aucun amoindrissement de ces facultés. L’hypothèse

d’un rayonnement peut donc être laissée de côté, du moins sous

sa forme actuelle.

Pour tenir compte de la " remontée dans le temps " d’informations

télépathiques, on a imaginé qu’elles s’appuyaient sur l’antimatière,

car aucune particule matérielle n’a cette capacité. On a abandonné

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cette idée, car il ne saurait y avoir de contact avec la matière,

sans une mutuelle destruction immédiate avec un fort dégagement

de chaleur, ce qui n’a jamais été observé.

On a ensuite évoqué le rôle du tachyon, particule de vitesse

supérieure à la lumière imaginée par Feinberg dans les années 60

(avec Régis Dutheil, 1990), l’hypothèse de mondes parallèles à

flèches de temps inversées (avec Jean-Pierre Petit, 1993, p. 243).

On a enfin discuté l’idée de " champ " (avec Sheldrake, 1988)...

Aucune de ces conceptions n’apparaît véritablement propre à

expliquer la télépathie.

B- La voyance

On nomme "voyance" la perception directe, hors des moyens

habituels, de faits éloignés dans l'espace ou le temps. Ce terme,

consacré par l’usage, est inexact car le "cliché" n'est pas

forcément visuel. Il peut se présenter sous forme d'une voix ou

encore d'une odeur ou d'une sensation gustative. Les "divinations"

(du verbe latin "divinare" qui veut dire "deviner") peuvent se

présenter aussi comme des vertiges, une impression de froid ou

de chaud, une sensation particulière au niveau des organes.

Nous possédons tous ce "don". Nous pouvons vivre des

"prémonitions", des voyances sur notre propre avenir. Beaucoup

de témoignages suggéreraient que notre inconscient serait à

même de " balayer " (de " scanner ") notre existence, notre passé

et notre futur. Ce n’est pas une photographie du futur, mais un

ensemble d’images symboliques, issues de l’inconscient. La

conscience occulte habituellement ces manifestations. D’où l’usage

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des méthodes visant à annihiler la conscience, comme la transe,

utilisée depuis la plus haute antiquité.

Mais le cas plus courant est celui d'une voyance effectuée par une

personne habituée à une telle faculté. Dans ce cas, tout comme la

télépathie, la voyance se présente ainsi comme un partage

d'expérience, une fusion d'insconscients. Une voyante peut dire "je

sens une douleur au niveau des poumons, ne souffririez-vous pas

de là ?". Elle peut décrire avec précision le mal dont souffre le

consultant et l'orienter vers tel ou tel spécialiste médical. Cette

faculté est cependant si diverses dans ses manifestations qu'il faut

l'examiner, l'examiner à partir d'exemples.

Le voyant professionnel utilise souvent des cartes à jouer ou des

tarots, un pendule, ou encore une boule de cristal, le marc de

café. Il est cependant difficile de définir une syntaxe définie,

associant tel signe à telle signification (à la manière des mots

d’une phrase). Ce sont des " supports ", une simple aide pour une

intuition qui provient de son inconscient.

Certaines voyantes refusent d’annoncer l’avenir, elles préfèrent

éclairer le consultant sur sa dynamique profonde. La voyance, à

l’instar de la psychanalyse, révèle l’inconscient du sujet et les

tendances profondes qui l’animent. Comme la médium révèle

souvent brutalement et d’une manière souvent imagée ce qu’elle

perçoit, on a le sentiment que cet avenir est " écrit ". Il n’en est

rien, fort heureusement, toute action est libre, ou du moins elle

n’est conditionnée que par nos tendances profondes.

La prophétie est d’un tout autre ordre : c’est une annonce livrée à

des tiers, telle une bouteille à la mer, à propos d’événements dont

on ne sera jamais soi-même témoin. Celle-ci est exceptionnelle et

l’Histoire en garde souvent la trace.

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De nombreuses expérimentations (cf. Rhine) montrent que la

voyance est observable scientifiquement.

1) Prémonition

On appelle prémonition une "voyance sur soi-même". Elle n'est

pas forcément aisée à identifier car les "clichés" s'expriment de

manière symbolique : ils contiennent des images impénétrables,

incompréhensibles, que seul le contexte éclaire. En voici un

exemple personnel :

Je me souviens de m'être réveillé un matin avec deux intuitions,

que j'ai jugées immédiatement prémonitoires : la vision d'une

couleur noire, et un certain vague à l'âge. J'ai pensé qu'il ne

pouvait s'agir d'un deuil, car je n'étais pas vraiment triste. La

journée se passe tranquillement, mais, en quittant mon travail,

alors que j'étais chargé d'un gros paquet, j'accroche une veste de

cuir, à laquelle je tenais beaucoup et je la déchire. Cette veste

était d'un bleu si foncé qu'on pouvait la croire noire. J'en ai été

attristé...

Dans une prémonition, il est souvent nécessaire de s'interroger

avec soin pour découvrir le véritable contenu de son intuition. On

obtient généralement des éléments suffisamment précis pour

éliminer certaines hypothèses.

Ici, je savais d'emblée que, si le noir avait concerné un deuil, il ne

me toucherait pas directement, car ma tristesse était modérée.

Tout comme pour le rêve, on doit éviter une interprétation trop

rapide, et garder un certain recul. La tonalité émotionnelle d'un

cliché donne généralement des informations plus justes que ses

éléments formels (ce qui a trait à la forme du cliché, ici le noir, la

tristesse).

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Une prémonition peut aussi se traduire par un message venu de

l'Au-delà... ou simplement d'un "ailleurs" :

� Un ami testait un circuit électrique sous haute tension.

Son collègue était chargé de couper le courant, pendant qu’il

changeait la position d’éléments du circuit. Soudain, une

intuition, presque une voix : " Mets un fil à la terre ! ". Il

approchait du circuit l’extrémité d’un fil relié à la terre,

quand il est jeté en arrière par un énorme arc électrique.

Son collègue avait oublié de couper le courant ! "

Le plus souvent, nous attribuons ces informations à la bonne

fortune, ou encore à notre ange gardien :

� M. T. fait du tir sportif. N’ayant droit qu’à un nombre

limité de cartouches, il en fabrique lui-même. Il remplissait

soigneusement ses emballages : " Regarde si tu as bien

réparti la poudre. " La pensée surgit dans sa tête comme un

ordre. Il découvre que l’une d’elle renferme deux fois la

quantité normale. Il aurait fait sauter son arme, et lui avec. "

Je racontai cette histoire à une patiente dépressive, essayant

de l’éveiller à l’usage des intuitions positives. Elle répliqua

alors, avec un parfait naturel : " Moi, je ne prends jamais de

billet de Loto quand je sais que je ne vais pas gagner ! ".

2) Exemples de "clichés" de voyance

Toutes les sensations physiques peuvent véhiculer des

" divinations " : vertiges, impression de froid ou de chaud,

sensibilité des organes :

� Une voyante me racontait qu’elle sentait très précisément

sur elle le mal dont souffrait sa consultante. Elle pouvait

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donc le décrire, et orienter l’autre sur tel ou tel spécialiste

médical, et dire à l’avance quel type d’examen apporterait

les éléments diagnostiques. "

Ailleurs, on pourrait presque parler d’une " voyance motrice ",

l’inconscient s’exprimant directement au niveau de l’action :

� Mme K., à la terrasse d'un café, se sent poussée à parler

à une dame assise derrière elle. Sont alors sortis de sa

bouche des mots qu'elle ne contrôlait pas, et dont elle ne

garde aucun souvenir. La femme s'effondre en pleurs :

" Tout ce que vous avez dit est vrai ! " "

Le voyant professionnel utilise souvent des cartes à jouer ou des

tarots, un pendule, ou encore la boule de cristal, le marc de café.

Il s’agirait de " supports ", d’une simple aide pour des intuitions

qui proviendraient de son inconscient :

� Dans un centre où je venais de donner une conférence,

une médium faisait, avec le public, des voyances à partir

d’objets que lui avaient confiés les auditeurs (psychométrie).

J’écoutais avec un certain amusement ses annonces souvent

assez justes. A un moment, elle s’écrit : " A qui est ce

crayon ? " Aucune réponse. Elle se tourne vers moi : " Ce ne

serait pas à vous, Docteur ? " Je regarde, c’était

effectivement mon porte-mine. " Voulez-vous que je vous

fasse une voyance ? " Je réplique : " Ah non, ça jamais ! "

Elle rit et continue ses prédictions sur les spectateurs. Après

une dizaine de minutes, elle se tourne brutalement vers

moi : " Je n’en peux plus, il faut que je vous dise : vous allez

faire un livre d’ici la fin de l’année ! ".

Le cliché s’impose au médium, dépassant sa volonté, l’obligeant

parfois à agir, toutes affaires cessantes. Ailleurs, cependant, le

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cliché peut ne pas être identifié, même par ceux qui devraient

mieux le connaître. Rosana Nichols, voyante, raconte ainsi :

� Un jour, une femme d'une cinquantaine d'années est

venue pour connaître l'endroit où son mari rencontrait sa

maîtresse. Je lui répondis que je ne voyais absolument rien.

Mais un soir, sur le mur de notre salle de séjour, je vis se

graver en lettres capitales : "V...G...X. " Durant les deux

jours suivants, je n'ai vu que ces simples lettres. Le

troisième jour, pendant que je prenais mon petit déjeuner

avec mes enfants, d'un seul coup, j'entends :

"Vercingétorix ". Je trouvai ce mot tellement ridicule que je

n'en ai parlé à personne. Quelques jours plus tard, je

rencontre à nouveau cette personne, qui me repose la même

question. Je lui réponds : "Écoutez, franchement je ne vois

rien, mais j'ai entendu un mot idiot qui ne correspond à

rien : Vercingétorix ". Elle sursauta en disant : "Mais c'est

une station de bus que je connais, je vais aller voir. " Peu

après, elle retrouva son mari assis à la terrasse d'un café

avec sa maîtresse, face à cette station.

3) Lire dans les cartes

Texte d’Éliane Gauthier

Lorsqu’on possède le don de voyance, " lire dans les cartes "

revient à se livrer à une traduction simultanée d’un texte difficile.

Celui-ci se présente sous la forme de séquences de cartes, de

configurations symboliques, mais qui ne sont en rien aléatoires.

Bien que cela ne soit plus nouveau pour moi depuis longtemps, je

suis toujours fascinée par le retour des mêmes cartes d’une

consultation à l’autre. L’information majeure n’est pas démentie ;

elle se répète, enrichie de détails nouveaux. Il me reste à tenir

compte de ces modifications et à dévoiler tous les sens possibles.

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Donner une interprétation personnelle et catégorique revient à

s’emparer du pouvoir. Il faut plutôt restituer humblement ce qu’on

comprend afin que le consultant l’interprète à la lumière de son

expérience et de son passé. Je ne me lasserai pas de le répéter, le

" livre d’en haut " n’est pas immuable et écrit depuis toujours,

mais son contenu évolue, dépend pour une grande part de notre

effort sur nous.

Le consultant doit avoir la liberté de mettre ce qui lui est dit en

résonance avec sa propre clairvoyance. Encore faut-il qu’il soit

attentif à celle-ci. C’est ce qu’exigeait de lui l’oracle de Delphes :

"De quelle façon passerai-je le plus heureusement le reste de ma

vie ?" demanda, un jour, le roi Crésus à la Pythie. Elle lui répondit

: "C’est en cherchant à te connaître toi même, Crésus, que tu

vivras heureux."

Les informations issues des couches profondes en émergent par

fragments. C’est souvent après la consultation que ces fragments

se recomposent en un tableau cohérent. Alors seulement, la

véritable signification se dégage.

La formulation de la "prédiction" doit, avant toute chose, être

empreinte de prudence, de pudeur et de délicatesse. Quand on

parle aux gens de leur vie et de leurs problèmes, de ce qu’ils ont

de plus intime et de plus personnel, on risque toujours de paraître

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indiscret, brutal, et de les blesser. On ne s’approche de Psyché

qu’avec douceur et respect.

Personne ne vient voir une voyante par pure curiosité, désir de se

distraire ou de tuer le temps. Derrière cette démarche, il y a une

interrogation et, souvent, une angoisse, une souffrance. La

voyante peut dire des choses délicates, peu agréables à entendre,

mais à condition de prendre des ménagements, de ne pas faire

violence et, surtout, de ne rien présenter comme inéluctable. Car

la fatalité n’existe pas.

Il peut y avoir divers niveaux de lecture du message : un voyant

ne verra que le blocage, un autre ira au-delà, l’un verra le malheur

à venir et l’autre le malheur conjuré. Chaque voyant, selon sa

personnalité, ses centres d’intérêt, son passé, interprète de façon

différente les indications qu’il recueille. C’est tout le problème : là

se situe le danger le plus redoutable qui soit : la prise de pouvoir

par le voyant qui dispose de l’avenir du consultant.

En réalité, c’est le consultant qui porte en lui la réponse à la

question qu’il pose. Le voyant ne fait que lui permettre de la

rencontrer et de la reconnaître pour sienne. Mais c’est le voyant

qui la formule en mots, en "prédictions". Ce problème de la mise

en forme est capital. Les mots que j’emploie, s’ils donnent à

l’avenir une forme trop arrêtée, rigoureuse, contraignante, vont

emprisonner ou "braquer" le consultant. Seule la prédiction

formulée de façon nuancée, comme séquence d’événements

possibles mais non inéluctable, laisse subsister la liberté et permet

d’engendrer un avenir.

La voyance atteint à une dimension hors de l’espace et du temps.

Le consultant qui y pénètre avec le voyant prend de la hauteur à

l’endroit de ses problèmes et de sa souffrance. Il voit qu’elle peut

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être féconde, porteuse de sa transformation. Il s’en libère tandis

qu’ elle s’exprime symboliquement devant lui sous la forme de

petits cartons colorés. Il s’élève, en quelque sorte, dans les "paix

des cieux" pour gagner la "bataille humaine", comme dit la Jeanne

d’Arc de Péguy. Il brise le carcan de l’espace-temps qui nous

emprisonne, la causalité linéaire du monde de la matière. Qu’il

croie ou non en Dieu, il se hausse vers un monde supérieur.

4) Intuition et voyance

On nomme " intuition " la connaissance directe et immédiate, sans

le recours à un raisonnement. Or, ce sont souvent d'authentiques

"clichés de voyance".

Certains disent que la voyance n’existe pas, sinon elle

contribuerait à l’évolution des sciences, en révélant leur devenir.

On peut retourner cet argument : qu’est-ce qu’un grand savant, si

ce n’est un grand intuitif ? Einstein disait qu’il mettait parfois des

mois à formuler d’une manière scientifique une intuition qui

pouvait ne durer qu’une fraction de seconde (Kouznetsov, 1967).

Bohr dit avoir découvert le modèle atomique lors d’un rêve, alors

qu’il cherchait en vain depuis des mois. On raconte la même chose

de Kékulé, celui qui a découvert la structure spatiale du benzène.

De grands découvreurs donnent cependant tellement de poids à

leurs " clichés " qu’ils en perdent apparemment le souci de

scientificité. Des statisticiens américains ont ainsi calculé que

Mendel aurait menti : ses expériences sur les petits pois n’ont

jamais pu être aussi parfaites qu’il le prétend (Broad, Wade, 1987,

p. 37-39). On a récemment découvert qu’il en était de même pour

Pasteur : celui-ci a omis de prendre en compte dans ses

publications les résultats en faveur de la génération spontanée,

pourtant consignés dans ses carnets de laboratoire ! Il faut dire, à

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la défense de tous ces " voyants ", que le cliché offre le résultat

mais jamais le raisonnement :

A l’instar d’Einstein, l’intuition du résultat doit être amenée

logiquement, et cela seul le travail peut le réaliser. La voyance ne

porte jamais sur un raisonnement, une démarche rationnelle. Si

elle donne des informations d’allure conceptuelle (des chiffres par

exemple), c’est qu’elle s’appuie sur l’émotion. Belline (1975)

pouvait ainsi faire des prédictions chiffrées parce qu’elles

correspondaient à des émotions fortes, des gains financiers

importants par exemple…

5) Voyance et liberté d’action (cas rapporté par Louisa Rhine)

Souvent, le consultant a le sentiment que son avenir est écrit. Il

en tient pour preuve le fait que souvent, quoi qu’il fasse, la

prédiction se réalise. Or, quand l’annonce n’est pas évitée, c’est

souvent que nous manquons d’éléments pour l’interpréter. Il ne

s’agit en rien d’une loi générale :

� " Une mère rêva que, deux heures plus tard, un violent

orage allait éclater, et qu’un lustre tomberait sur la tête de

son bébé qui dormait dans son berceau juste au-dessous.

Dans le rêve elle vit le bébé tué. Elle réveilla alors son mari

qui s’exclama que c’était un rêve idiot. Le temps était si

calme. Elle alla chercher le bébé et le prit dans son lit. Deux

heures après, un orage causa la chute du lustre, à l’endroit

même où la tête du bébé se serait trouvée ; mais le bébé

n’était plus là pour être tué. " (d’après Louisa Rhine et

Hardy, 1989, p. 15)

Cette femme a identifié un rêve prémonitoire. Les détails en sont

limpides. Or, si nous examinons cet exemple, nous constatons que

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seuls les éléments sur lesquels cette femme n’a pu agir se sont

produits comme ils avaient été annoncés : le futur est

parfaitement déterminé. Mais la femme a pu intervenir, le futur

n’est en rien irrévocable. Ces éléments sont constamment

retrouvés. Face à une prédiction menaçante, il ne faut donc pas

rester passif, nous devons interroger le médium jusqu’à obtenir le

détail de la prédiction.

6) Les prophéties

La quasi totalité des voyances portent sur des faits dont le voyant

aura connaissance. On peut dire qu'il s'agit toujours de

prémonitions, c'est-à-dire des voyances sur soi-même. À l'inverse,

les prophéties portent sur des faits que le sujet ne pourra jamais

observer de lui-même.

Un certain nombre de prophéties historiques sont célèbres, celle

de la venue d'un Messie est parmi les plus connues. Or, le contenu

des prophéties est toujours extrêmement difficile à interpréter,

car, comme toute voyance d'ailleurs, il est symbolique : il utilise

des images et non des concepts analysables comme l'est notre

langage. Ainsi les Juifs attendent toujours le Messie, un Roi

d'Israël alors que les Chrétiens considèrent qu'il est déjà venu,

dans la personne de Jésus de Nazareth.

Le cas de Nostradamus est exemplaire. Les Centuries constituent

une suite de symboles curieusement agencés. Or, une étude

attentive révèle a posteriori des rapprochements étonnants. On

cite souvent l'histoire de la fuite à Varennes de Louis XVI. On ne

peut jamais décrypter ces vers. Si cela avait été possible, l'auteur

l'aurait fait. Il n'a pu aller plus loin que ces symboles parce qu'il

n'avait aucun élément de référence. Pour moi, Nostradamus a

menti en disant qu'il avait sciemment codé ses Centuries : il n'a vu

que ce qu'il a écrit, il n'a fait que mettre ses visions en vers.

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C- Les visions, les apparitions, les fantômes

Le terme de "vision", couramment employé, est inadapté car ce

phénomène dépasse largement le domaine de la vue ; le champ

couvert est celui des cinq sens. La grande question que pose la

"vision" est de savoir si elle correspond à une réalité quelconque.

Classiquement, il existe deux grands types de visions, les visions

religieuses, dont le type le plus achevé est la vision christique,

comme celle vécues quotidiennement par sainte Thérèse d'Avila,

et la vision de défunts.

Pour le médecin et le psychologue, il existe principalement deux

possibilités en dehors de la vue de la réalité ambiante : l'illusion ou

"perception déformée" et l'hallucination ou "perception sans

objet". Or la vision (ou l'apparition) ne se laisse pas réduire de la

sorte. Elle se trouve souvent confirmée par les faits, qu'il s'agisse

d'un simple rêve, d'une vision ou même, chose curieuse, d'une

hallucination.

Comment interpréter ces faits ? On peut penser à une

communication inconsciente et intense entre les sujets, sur le

mode d'une contagion affective, ce qui expliquerait la vision à

plusieurs. Il reste que certaines apparitions peuvent être

photographiées, filmées et enregistrées, c'est la

"transcommunication instrumentale".

La "réalité" d’une apparition pose des problèmes théoriques encore

non résolus, et qui ouvrent la question d’une coalescence de notre

monde matériel et de celui du rêve…

1) Apparition religieuse

L’Eglise catholique est probablement celle qui a le plus à faire face

à ces phénomènes, car la Vierge Marie constitue un des thèmes les

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plus fréquents (cf. Bouflet, Boutry, 1997). Voici un cas émanant

d’un croyant, que j’ai personnellement rencontré :

� Mr. S. me dit avoir vu la Vierge Marie de manière

distincte (en plein jour, alors qu’il était dans un état de

conscience normale). Elle lui a apporté un message qui, dit-

il, avait une portée personnelle, puis elle a disparu. Il me

relate ces faits comme s’ils étaient presque ordinaires. Cela

lui semble normal étant donné sa piété. A noter qu’il n’a

parlé de cela qu’à deux ou trois membres de son entourage.

Un tel récit est extrêmement fréquent, malgré l’apparence.

S’attachant aux " grands cas ", l’attitude des experts est souvent

passionnelle. Le catholicisme reste prudent : dans les derniers

vingt-cinq ans, seules quatre apparitions ont été considérées

comme authentiques par leurs évêchés respectifs. L’autorité

ecclésiastique s’appuie sur la qualité du culte qui y est rendu, ainsi

que le contenu du message marial. Mais l’Eglise ne donne pas des

règles " a priori ". Le cas de sainte Thérèse d'Avila, par exemple, a

longtemps été contesté par les autorités religieuses.

Pour interpréter les apparitions, il est essentiel de se pencher sur

leur contexte. L'apparition de Lourdes, par exemple, est survenue

chez une jeune fille très éprouvée (famille très pauvre, mère

brûlée gravement, père rendu presque aveugle par un accident de

travail, elle-même restée asthmatique d’un accès de choléra).

Bernadette rentrait d’une intense préparation à sa Communion,

elle était donc dans une situation prédisposant au mysticisme.

Dans d’autres cas, le cheminement est plus clair encore : une des

visions mariales les plus connues en France, celle de " la rue du

Bac " (Paris, 1830) s’est produite chez une jeune fille très pieuse

qui se coucha, ce soir là, " convaincue que son saint patron

exaucerait son désir (d’apparition) " (McClure, op. cit. p. 25 sq.).

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21

De plus, elle vivait dans un ordre religieux qui espérait ardemment

un tel événement. Le caractère " miraculeux " des visions doit être

parfois ramené à des dimensions plus psychologiques, sans que

cela doive diminuer la sainteté des lieux et des personnes.

D’une manière générale, on peut remarquer que la Vierge Marie

est toujours apparue dans les pays où le catholicisme était bien

implanté, mais également dans des pays en crise.

Le cas, contemporain, de Medjugorje est particulièrement

significatif, dans l’ex-Yougoslavie, où des centaines de milliers de

fidèles affluent sans discontinuer, depuis 1981, plusieurs jeunes

visionnaires y voyant la Vierge d’une manière presque continuelle.

Or, l’Église vient de prendre une position négative et sans

ambiguïté. Sans mettre en cause la sincérité des jeunes voyants,

ni d’ailleurs interdire la dévotion populaire, elle n’accorde pas sa

caution.

2) Sainte Thérèse d’Avila " voit " le Christ

Sainte Thérèse est interrogée par son confesseur :

� " - Mon Père. Notre Seigneur se tient près de moi. [...]

- Comment le voyez-vous ?

- Mon Père, je ne le vois point. [...]

- Alors comment savez-vous que c'est le Christ ?

- Je ne sais comment, mon Père. Mais je sais que c'est lui.

[...] Une lumière éclaire l'entendement sans nous frapper en

tant que lumière. [...]

- Une lumière qui n'en est pas une ?

- Non, car son éclat n'éblouit point [...]

- Qui vous dit que c'est Jésus-Christ ?

- Il me le dit lui-même. Mais avant qu'il me le dise,

l'entendement en moi le sait déjà. " (cité par Auclair, 1960,

p. 109 sq.)

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Comprendre le paranormal

22

Cette vision constitue une sorte de " savoir " immédiat, hors de

toute perception, car cette vision n’a aucun caractère

d’" extériorité ". Elle persiste souvent à l’identique, que le sujet ait

les yeux ouverts ou fermés. La vue n’est donc pas en cause.

D’ailleurs, personne ne voit l’apparition, en dehors du visionnaire

lui-même, comme d’ailleurs le confirment tous les cas où une foule

était rassemblée autour du visionnaire (Lourdes, Fatima... et

jusqu’à Medjugorje). Il ne s’agit pas non plus d’une croyance,

puisque les enregistrements électro-encéphalographiques révèlent

des tracés équivalents à ceux notés lors d’une perception

habituelle. Est donc fausse la définition habituelle de la vision :

" chose surnaturelle que voient ou croient voir certaines

personnes ".

3) Visions de défunts

A l'opposé de ces visions mariales qu'on entoure d'une large

publicité, d'autres sont singulièrement plus "intimistes", ce sont les

visions de défunts. Elles évoquent souvent l'hallucination, du fait

de la facilité à les interpréter suivant un mode psychanalytique :

Mme F. est hospitalisée pour une tentative d'autolyse

médicamenteuse importante, à la suite du décès de son mari.

Après la sortie du coma, elle apparaît très déprimée. Il est difficile

de tirer d'elle le moindre mot. J’administre un traitement

d'antidépresseur. Dans les entretiens, elle s'exprime lentement,

avec un langage pauvre, d'une manière que n'expliquent pas

entièrement les circonstances, et ceci malgré une intelligence

apparemment normale et un contact correct. Cela dure plusieurs

mois. Je découvre progressivement qu'elle est en fait gênée par un

secret très lourd, et qu'elle n'arrive pas à livrer. Elle finit par me

révéler que son mari décédé est en fait toujours là.

Tous les soirs, dit-elle, elle le retrouve, dans leur ancienne

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chambre. Il est près de la tête de son lit, debout, quasiment

immobile. Il n'apparaît pas hostile à son égard. Dans un premier

temps, elle hésite à se coucher et à s'endormir. Elle décide de

mettre son lit dans une autre pièce, et elle ne le voit plus. Mais,

avec le temps et devant l’absence de réaction de son " mari ", elle

revient dans sa chambre, et elle n'y prête plus attention.

Si elle m'en parle, semble-t-il, c'est qu'elle voudrait refaire sa vie,

et qu'elle imagine mal recevoir un homme sous les yeux de son

mari ! Elle finit par déménager. Après quelque temps de

tranquillité, il réapparaît dans le nouvel appartement. Ce n'est

qu'au bout de deux ans environ de présence quasi quotidienne

qu'elle ne le voit plus...

Que les veuves et veufs aient une vision de leur conjoint décédé

semble assez fréquent. Beaucoup n'en disent rien, pensant : "Plus

personne ne croit à ces choses-là."

Mais les manifestations de défunts ne se limitent pas aux visions

subjectives. Ils peuvent aussi se révéler de manière matérielle, au

travers de la transcommunication instrumentale en particulier.

4) Fantôme ? Une expérience troublante

Je reçois un jour un homme, qui se présente incapable de parler,

très angoissé. La famille ne comprend pas. Il venait d’arrêter une

psychothérapie, qui semblait bien se dérouler. Je décide de

l’hospitaliser pour lui donner un antidépresseur en perfusion. L'état

du patient s'améliore, mais trop lentement à mon goût. Il semble

extrêmement réticent. Je découvre peu à peu l'existence d'un

secret que le patient voudrait partager. Il me raconte son enfance,

très misérable, marquée par la déchéance de son père. Les

derniers mois de sa vie furent pénibles : le père gémissait sans

arrêt, même la nuit. On avait confié à mon patient la charge de

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s'en occuper. Ce n'est qu'après bien des entretiens qu'il me

raconte l'épisode qui suit :

Une nuit, il est réveillé par des cris d'horreur, il trouve son père

dans un état de panique, les yeux rivés sur la fenêtre. Les volets

ne sont pas fermés ; dehors, un visage affreux, grimaçant, de

taille beaucoup plus grande que nature, sans consistance

matérielle, mais plus dense qu'une simple vapeur. Ce phénomène

a duré, selon le patient, plusieurs minutes. Le lendemain, son père

lui demande : "Tu as vu, toi aussi ?" Le fils nie en bloc...

L'évocation de cette scène, trente ans après, le plonge dans

l’effroi.

Ce récit serait probablement resté enfoui si une collègue de travail

n'avait exercé sur lui un harcèlement sexuel pressant et durable.

Très rigoureux sur le plan moral, il s'est déprimé. Voyant cela, il

engage une psychothérapie qui lui fait brutalement revenir à la

mémoire cet épisode. Entendant cela, le thérapeute semble avoir

perdu pied. Il alterne, rapidement et sans le justifier auprès du

patient, divers traitements sédatifs, neuroleptiques et

antidépresseurs. Il pensait probablement avoir, par erreur,

déclenché des hallucinations graves. Cette attitude désarçonne le

patient, qui vient alors me consulter pour une hospitalisation.

Je prends alors le parti de dire au patient que de telles choses ont

été décrites dans des ouvrages (qu'il ne lira pas). Rassuré sur son

expérience, il révèle tout à sa femme, qui ne savait rien. Celle-ci

s'affole, m’appelle. Je lui dis ce que j’ai dit à son mari. Ne me

croyant qu’à moitié, elle téléphone au frère, puis à la sœur de son

mari, qui confirment les faits. Désemparée, la femme s'adresse à

moi... Je la rassure comme je l’avais fait avec son mari, et tout

rentre dans l’ordre.

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Comprendre le paranormal

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Une telle histoire montre qu’un thérapeute n’a pas besoin

d’attester la vérité d’une expérience, mais seulement de permettre

à la personne de ne pas se sentir " folle ". Les références à des

livres, même non lus, semblent avoir suffi…

5) Rêve, vision et cauchemar

Le rêve habituel n'est, habituellement, jamais confirmé par la

réalité. Il reste que certains rêves apparaissent d'emblée différent,

par leur tonalité, leur contenu, leur message. Voici une expérience

personnelle :

� Une nuit, alors que j’étais reçu à l’étranger, je fais un

rêve. Celui-ci me surprend d’emblée par sa tonalité

particulièrement brillante. Ma grand-mère (décédée plusieurs

années auparavant) est là, assise sur un canapé, immobile,

comme une apparition. Je me fais la réflexion, au sein même

du rêve : " Claude Lecouteux dit que l’apparition d’un mort

annonce généralement un décès. " Je crie alors à ma grand-

mère : " Dis-moi qui tu viens chercher. " Celle-ci reste

immobile. Je me dis alors : " Lempérière écrit que le sujet

n’est jamais dans un état de conscience normale quand il a

une hallucination visuelle, or il s’agit d’une hallucination, et

je suis dans un état normal. " Puis je me reprends, et

constate : " Non, je ne suis pas dans un état de conscience

normale, puisque j’ai une énorme pression sur les oreilles. "

Je me dis alors : " Par la pensée, je vais repousser cette

pression. " J’y parviens et constate que l’apparition s’est

effacée. Je me réveille alors. Je suis assez frappé, mais pas

vraiment inquiet. Habitué aux prémonitions, je me fais la

réflexion que si mort il y a, elle ne devrait pas frapper un

membre de ma famille. Je me rendors. A neuf heures, je

retrouve l’ami qui m’avait invité. Il me dit aussitôt : " Tu sais

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ce qui est arrivé cette nuit ? Le mari de ta gardienne est

mort, brutalement, à quatre heures du matin ! " Cette

femme avait été absolument charmante avec moi, elle

habitait au rez-de-chaussée.

Cet exemple, malgré ses paradoxes, appartient aux " songes ",

aux apparitions en rêve. Comme le dit Claude Lecouteux (1986, p.

86, et 1995a, p. 89), les peuples germaniques au Moyen âge

appellent ce type de rêve cauchemar ou " entité réveillant le

dormeur en l’oppressant ". L’évocation de Lempérière (1977, p.

28) est par contre inexacte, car sa remarque ne concerne que les

apparitions christiques et mariales.

Dans ce rêve, je parais mener un véritable raisonnement, comme

si j’assistais au rêve de l’extérieur. Je peux presque agir, à la

manière d’un " rêve éveillé ", chose souvent constatée dans ces

rêves qui laissent un souvenir particulièrement brillant (comme les

" rêves de vol ").

On peut remarquer que je ne me suis pas adressé à l’entité

comme je le faisais avec ma grand-mère. J’aurais agi comme avec

une " succube ", un démon féminin singeant un proche pour

tromper le dormeur. Selon certains auteurs anciens, il s'agirait

d'un " fantôme ", qui ne parle ni ne bouge, à l’inverse d’un

revenant qui peut se manifester bruyamment.

La discussion de la " matérialité " de l’apparition a toujours été

difficile. En Occident, nous nous rangeons derrière un point de vue

adopté très tôt par l’Eglise catholique : " Ce qui se manifeste, ce

n’est pas l’âme, mais la figure, la forme, l’aspect du défunt ",

comme le dit St Augustin, au IVème siècle de notre ère, ce qui est

conforme aux conceptions psychanalytiques.

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Comprendre le paranormal

27

6) Réalité des apparitions

Depuis toujours, on s'interroge sur la réalité des apparitions. "La

Vierge est-elle vraiment venue à Lourdes, Fatima, Medjugorje..."

McClure fait remarquer que jamais la Vierge n'est apparue avec un

type sémite et un vêtement du début de notre ère, mais comme

une femme européenne habillée en blanc et bleu, d'une manière

presque stéréotypée.

Il reste qu'on ne peut rejeter d'un revers de main la réalité d'une

appartition. Dans le cas de Lourdes, par exemple, la simple illusion

peut être exclue. En effet, Bernadette, dans son comportement,

n'apparaît pas se conformer à l'attente du public. Elle va même à

son encontre : le 25 février, elle se mit en effet à gratter le sol, à

manger la terre qu'elle avait retirée, ainsi que quelques feuilles

d'une plante sauvage ! Devant le dégoût suscité par le geste, elle

dit que la Dame lui avait dit : "Va et bois à la source et lave-toi en

elle", puis : "Va et mange la plante qui pousse là." Curieusement

en effet, c'est à l'endroit même qu'elle avait gratté que, deux jours

plus tard, jaillit la célèbre source, point central du sanctuaire

actuel. Bernadette ne répond donc pas au cadre de la suggestion,

ni à rien d'approchant.

Souvent, quand on veut soutenir l’idée d’une " réalité " d’une

apparition, on remarque qu’elle concerne plusieurs personnes à la

fois. Or, souvent, celles-ci appartiennent, sinon à la même famille,

du moins au même village. Dans un tel contexte, des interactions

émotionnelles fortes s’installent presque automatiquement, par

contagion affective.

A Medjugorje, dans l’ex-Yougoslavie, des centaines de milliers de

fidèles affluent sans discontinuer, depuis 1981, plusieurs jeunes

visionnaires y voyant la Vierge d’une manière presque continuelle

(cf Laurentin, Rupcic). Des experts médicaux ont observé les

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enfants, et ont noté la synchronisation des

électroencéphalogrammes et des regards des visionnaires. Une

transmission d’informations habituelles étant exclue, peut-on faire

appel à des échanges incluant des perceptions sensorielles

subliminales, une contagion affective, à côté de perceptions extra-

sensorielles ? Ceci expliquerait que les visionnaires "voient" la

même chose.

Ceci étant dit, l’Église catholique vient de prendre une position

négative et sans ambiguïté (cf Bouflet, Boutry). Sans mettre en

cause la sincérité des jeunes voyants, ni d’ailleurs interdire la

dévotion populaire, elle n’accorde pas sa caution.

La vision dépasse largement le champ de l’hallucination, même si,

dans certains cas au moins, il est difficile de les distinguer.

7) Hallucination et réalité

Pour le médecin, l'hallucination est une "perception sans objet".

L'hallucination concerne au premier chef la folie (psychoses

hallucinatoires) et des intoxications (alcool, drogues

hallucinogènes). Mais elle peut survenir dans un état proche du

normal : fatigue extrême, privation de sommeil, à moins que ce

soit la classique "image hypnagogique", ces visions que nous

percevons alors que nous plongeons dans le sommeil. En d'autres

termes, elle ne correspond à aucune réalité, quelle qu'elle soit.

Est-ce toujours le cas ?

Or, tout comme les rêves et les apparitions, il arrive que certaines

"hallucinations" se trouvent bizarrement confirmées par la réalité.

Voici un cas qui m'a été relaté :

� Une nuit, une de mes collègues et amies a vu, dit-elle,

apparaître le Christ, alors qu'elle ne rêvait pas. Il a engagé

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29

une conversation avec elle. Il lui était alors évident que si

elle ne répondait pas à ses questions elle mourrait. Le

lendemain, lors d'une promenade dans les gorges du Tarn,

en prenant une photographie, elle s'est trop reculée, faisant

une chute de dix mètres. Au cours de cette chute, qui lui a

semblé durer très longtemps, elle dit avoir vu un paysage

particulier : des pâturages d'un vert tendre où paissaient des

vaches. Malgré la hauteur, elle n'a souffert que de fractures

bénignes. Elle pense encore actuellement que si elle n'avait

pas répondu à l'apparition elle serait morte.

Il s'agit de ce qu'on appelait, dans les temps anciens, un

cauchemar. Ce mot signifiait "entité, esprit, provoquant des

mauvais rêves" (ou "spectre nocturne"). Le revenant, ou l'entité,

apparaissait en songe et annonçait l'avenir, souvent une menace ;

l'interprétation de ces songes, était pris alors très au sérieux,

participait de la vie de la communauté. Ma collègue dit qu'elle ne

rêve pas, mais l'impression d'être éveillé est parfois trompeuse.

Sur le plan théologique, il n'est pas envisageable de penser que le

cauchemar de mon amie mette en jeu le Christ. Il n'a jamais

menacé de mort celui qui ne pourrait lui répondre. Il s’agirait de ce

qu’on appelait un " incube ", un démon masculin dont l’apparence

est trompeuse.

Ma collègue relate, durant sa chute, une autre réalité. Cette chose

est connue. Albert von Sankt Gallen Heim en a étudié une

centaine. Leur trait commun : "Il n'y avait ni anxiété ni trace de

désespoir, ni douleur, mais plutôt un sérieux plein de calme et une

acceptation profonde. [...] La personne qui avait fait une chute

entendait souvent une musique très belle et tombait dans un ciel

superbement bleu, rempli de nuées en forme de rosaces..."

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Osis et Haraldson, étudiant les expériences proches de la mort (ou

NDE) disent ainsi que, sur près de six cents avaient vu des êtres

humains, environ cent vingt avaient eu des visions de paysages

paradisiaques, enfin un peu moins de deux cents n'avaient pas eu

de visions mais avaient atteint une parfaite sérénité.

8) Transcommunication instrumentale, Images de défunts

a) Transcommunication

On appelle " transcommunication instrumentale " le fait qu’un

défunt se manifeste par un instrument. Le père François Brune a

écrit " Les morts nous parlent ", un ouvrage qui fait une recension

très complète de la littérature française et allemande sur le sujet :

une image de visage apparaît sur l’écran de télévision, une voix se

fait entendre à la radio, alors qu’ils ne devraient rien diffuser.

L’auditeur reconnaît un proche décédé, qui manifeste ainsi sa

survie au-delà de la mort.

Les critiques font remarquer qu’il s’agit souvent d’appareils

anciens dont la

syntonisation n’est

plus très précise. Un

témoin croyait

entendre une

musique d’outre-

tombe alors qu’il

s’agissait de la

radiodiffusion du

Miserere d'Allegri.

Ailleurs la soi-disant image d’un proche se révélait être celle d’un

personnage politique émise par une station lointaine.

Page 31: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

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Il reste cependant quelques cas troublants. L’un d’eux m’a été

communiqué, enregistré à partir d'une caméra de surveillance

fonctionnant en continu. Un jour, visionnant la bande, l’intéressé

constata, durant quelques secondes, une silhouette fantomatique

blanchâtre, paraissant se déplacer sans contact avec le sol.

b) Images de défunts (ou d’esprits)

Parfois des visions, en particulier celle ayant trait à des boules

lumineuses, laissent une trace sur la pellicule. Il arrive même

qu’un cliché (photo, cinéma) révèle une image lumineuse

paradoxale alors même que les intéressaient n’avaient fait que

pressentir une

apparition.

La photo ci-contre est

tirée de l'ouvrage de

Rose Morandière (que

j'ai rencontrée

personnellement, et

qui m'a dit des choses

fort intéressantes et

juste sur mon propre

avenir). Cette photo montre des lignes sinueuses, traces de

lumières qui se seraient déplacées durant la réunion de qu'elle

animait (Noël 1976). Je n'ai pas, pour ma part, d'explication, à

ceci près que de telles manifestations me posent problème sur le

plan théorique .En effet, pour moi, le paranormal est lié aux

couches profondes de notre Mental. A ce niveau, nous serions en

contact avec les lois de la nature et éventuellement l'Outre-

monde. Il n'y a cependant aucune raison que des appareils, quels

qu'ils soient, aient cette possibilité. Cependant, on peut penser

que, dans certains cas, notre esprit ait la faculté d'imprimer la

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Comprendre le paranormal

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pellicule. Jean-Pierre Girard en a fait la démonstration à plusieurs

reprises.

9) Photographies de "corps subtils"

Parfois, la photographie révèle une tache lumineuse qui ne

correspondait à aucune perception

visuelle.

La photo ci-contre est tirée de

l'ouvrage de Rose Morandière (que

j'ai rencontrée, et qui m'a fait une

forte impression !). A ce moment-là,

elle est restée durant près de deux

mois dans ce qu'elle m'a décrit

comme un sommeil extatique (ou

extase). Selon le commentaire de

l'ouvrage, il s'agirait de la

manifestation de son "corps astral",

un des "corps subtils" qui

entourerait notre corps physique et qui serait susceptible de s'en

détacher ("voyage astral").

Qu’en penser ? Tout comme pour les images des défunts, je

penserait plutôt que, dans certains cas, notre esprit ait la faculté

d'imprimer la pellicule.

D- L'action de la pensée sur la matière

L'action de la pensée sur la matière comprend deux "grands

chapitres".

Page 33: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

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1/ Le premier fait l'objet de recherches scientifiques, en

laboratoire ou non. On groupe ces manifestations sous le terme de

" psychokinèse " (en anglais " PK " pour " Psycho Kinesis "). Dans

ce registre, on différentie :

- la psychokinèse proprement dite, reconnue comme telle,

délibérée, " volontaire " et

- les poltergeists (mot issu de l’allemand et qui signifie " esprit

bruyant ") les manifestations " sauvages ", involontaires, parfois si

difficiles à interpréter qu’on les attribue à un " esprit ", issu de

l’Au-delà. On l’associe alors parfois à un éventuel fantôme identifié

dans les parages.

2/ Un chapitre beaucoup plus vaste, mais d'un abord difficile sur le

plan de la recherche et ce qu'on groupe sous le terme d'"action de

la pensée sur l'environnement". Dans ce registre, on peut identifier

la réalisation de souhaits, mais aussi de craintes... et d'une

manière tout ce qui peut concerner notre interaction consciente ou

non sur ce qui nous entoure. L'aspect "paranormal" est ici

beaucoup plus difficile à définir.

E- La psychokinèse

La psychokinèse est, étymologiquement, la capacité de faire

bouger des choses directement par l’esprit. Dans l’usage, on

réserve ce terme aux phénomènes contrôlés, où le sujet exerce,

plus ou moins sciemment, ses facultés, et on l’oppose aux

"poltergeists" (les "esprits frappeurs") quand les phénomènes

apparaissent spontanés et désordonnés. En effet, la plupart de ces

cas ont pu être attribués, non à esprit immatériel, mais au

fonctionnement psychologique d’un être humain, classiquement

une jeune fille à l’âge de la puberté.

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La psychokinèse peut être spontanée. Elle est plus fréquente qu'il

n'y paraît, beaucoup de cas ne sont pas ébruités. En effet, si la

télépathie et la voyance sont actuellement bien acceptées, la

faculté d'agir sur les faits matériels a encore de grands relents de

sorcellerie.

Etant fréquente, la psychokinèse a fait l’objet de nombreuses

recherches expérimentales. Celles-ci ont démontré le caractère

observable de la psychokinèse, mais les résultats ne sont

décelables qu'au prix d'analyses statistiques poussées. On est loin

de l'évidence des cas spontanés, et plus encore des poltergeists.

1) Psychokinèses spontanées

Comme le font remarquer nombre d’auteurs, la " chance " ne

serait-elle pas la forme la plus courante de psychokinèse ? De tels

phénomènes sont en effet souvent méconnus, même pour

l’intéressé accoutumé au paranormal :

Mme U., dont je connaissais les dons de voyance, me disait ne

plus supporter son interaction avec les appareils électriques. Un

jour elle m'appela au téléphone, elle riait : elle n'avait plus besoin

de télécommande pour sa télévision ! Dès qu'elle entrait dans son

salon, celle-ci s'allumait, et s'éteignait quand elle partait.

J'entrepris de la rassurer, alliant le conseil et une approche quasi

psychothérapique. Elle raccrocha, pour me rappeler quelques

instants après : je l'avais bien calmée, et les appareils ne

s'allumaient plus. Les phénomènes cependant se reproduisirent.

Son mari, chef d'entreprise, homme pragmatique s'il en est, me

déclara, bien plus tard, qu'il serait souhaitable que je fasse

quelque chose pour sa femme, il ne supportait plus de ne pas

pouvoir se raser tranquille en sa présence : la lampe de la salle de

bains clignotait dès qu'elle entrait !

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Comprendre le paranormal

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Si Mme U. n'était pas accoutumée au paranormal, et qu'elle n'eût

pas affaire à un psychiatre, on aurait déjà parlé d'esprit frappeur.

Elle a d'emblée conscience d'un chaos intérieur, d'un conflit brutal

de tendances contraires, et de sa relation avec ces manifestations

anarchiques. L'harmonisation de ces tendances provoque la

disparition des faits.

On peut exclure une explication électrique. D’ailleurs, la

psychokinèse peut porter sur des phénomènes tout autres,

associés aux précédents ou isolés, comme chez Willi Schneider,

âgé de dix-huit ans. Le cas est relaté par l'écrivain Thomas Mann

(1977), qui en a été témoin :

"La machine à écrire, posée là-bas par terre, commence à

cliqueter... Qui tape à la machine ? Personne... Les extrémités de

Willi sont maintenues. Avec son bras, à supposer qu'il pût libérer

son bras, il n'atteindrait pas la machine, du pied non plus… [...]

Déjà la ligne est achevée, on entend le chariot repoussé

bruyamment... [...] Mais, quand on regarde la feuille, il n'y a

qu'une suite sans signification de lettres minuscules et

majuscules..."

2) Psychokinèse expérimentale

La plupart des recherches scientifiques sur la psychokinèses se

sont orientées vers des analyses statistiques, étudiant l’effet de la

pensée sur des processus aléatoires, comme les tirages de carte

(avec Rhine, par exemple), la chute d’une balle dans une

" cascade mécanique aléatoire " (ou RMC, Nelson, cité par

Broughton, 1995, p. 243), le déplacement aléatoire d’un petit

robot (le tychoscope, Peoc’h, 1995) ou encore un phénomène

comme la période d’un corps radioactif (Schmitt, cité par

Broughton, id., p. 223). D’autres travaux étudièrent les effets de

la pensée sur la structure de la matière : Uri Geller, sous contrôle

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Comprendre le paranormal

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scientifique, rendit des cuillères " molles comme du chewing-gum

(Panati, cité par Broughton, p. 213)...

3) Peut-on croire Uri Geller ?

Uri Geller s’était rendu célèbre, dans années 70 par

d’innombrables expériences réalisées devant le public et qui

consistaient, en particulier, en des torsions de cuillères. On l’a pris

un jour à frauder, et il en a été déconsidéré. Mais qu’en penser

aujourd’hui ? Il s’est, semble-t-il, reconverti dans la recherche

pétrolière (utilisant la voyance sur plan en particulier) et en vivrait

fort bien.

Plutôt que d’épiloguer sur l’existence ou non de ses facultés, je

préférerais renvoyer à une anecdote qui m’a été racontée par

l’intéressé :

� À l’époque où Uri Geller officiait, un ami prestidigitateur

avait pensé pouvoir le ridiculiser. Lors d’une émission

télévisée, en accord avec le présentateur, il s’était fait

présenter comme un puissant médium. Il avait alors effectué

des torsions de cuillères, utilisant différents tours

d’illusionnisme classique. Mais aussitôt le téléphone du

studio se mit à sonner. Des auditeurs appelaient affolés :

regardant l’émission, ils avaient cherché, comme ils le

faisaient avec Uri Geller, à tordre eux-mêmes les cuillères.

Celles-ci s’étaient effectivement tordues, mais le phénomène

s’était étendu à d’autres objets, et cela devenait

catastrophique. Ils appelaient à l’aide.

Comment interpréter cette anecdote ? Dans le paranormal, il n’y a

pas d’observateur neutre. Le spectateur participe au phénomène,

qu’il le veuille ou non. L’"acteur" de ce processus semble ici

l’auditeur lui-même. Sur les centaines de milliers qu’ils étaient à

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Comprendre le paranormal

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regarder l’émission, de simples considérations statistiques

expliquent la révélation de sujets "doués". La puissance

d’évocation et de conviction du petit écran aurait fait jouer

fortement l’activité mentale de ces auditeurs, les orientant dans un

sens spécifique. Ces capacités étaient restées ignorées, rien

n’étant venu les susciter auparavant. De tels "artefacts" sont

redoutables, des personnalités fragiles pouvant sombrer devant

des faits dont la réalité est parfois incontestable.

Uri Geller suscitait, lui aussi, de tels phénomènes. On voit qu'il

n'était pas nécessaire qu'il ait de réels "pouvoirs".

F- Les poltergeists

"Poltergeist", en allemand, signifie "esprit bruyant". On réunit sous

ce nom un certain nombre de phénomènes, dès lors qu'ils ne sont

pas explicables par les moyens habituels : coups frappés, bruits

divers, déplacements, apports, disparitions d'objets, etc. Le terme

même d'esprit renvoie à l'idée d'une entité indépendante. Mais on

parvient souvent à identifier un auteur, ce qui fait rentrer le

processus dans la psychokinèse. L'usage prévaut cependant de

parler de poltergeist (pour un exemple, ) chaque fois que le

processus est mis en oeuvre de manière "sauvage", spontanée,

incontrôlée, et de psychokinèse dans les autres cas.

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Comprendre le paranormal

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L’hypothèse d’un poltergeist est fréquemment soulevée, mais

rarement vérifiée (le poltergeist d’Arcachon). Généralement, une

explication naturelle vient à bout de ces énigmes, mais ce n’est

pas toujours le cas.

Le sujet "répand au dehors" son énergie, comme s’il avait cassé un

objet. Le conflit intérieur, étant ainsi révélé, se résout comme

après une séance d’analyse. Dans le poltergeist, l’émotion,

s’exprimant de manière brutale, sauvage, atteint une puissance

que n’aurait jamais une psychokinèse ou une simple réalisation de

souhait.

Pour aller contre ces manifestations et "guérir d’un poltergeist", il

faut être un " catalyseur " de l’émotion du groupe.

La psychokinèse et le poltergeist illustrent l’action directe de la

pensée sur les faits. Ces manifestations évoquent des pulsions

inconscientes, difficilement contrôlables. Pour chaque individu,

elles ont une allure assez spécifique, utilisant préférentiellement

des voies déjà ouvertes : l’un fera tomber des pierres ou des

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Comprendre le paranormal

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clous, l’autre fera fonctionner des appareils électriques d’une

manière désordonnée... L’aspect anecdotique de ces

manifestations souligne, si besoin était, le désordre intérieur de

ces personnes, au moins lors des faits. A l’inverse, on ne notera

généralement pas de telles manifestations chez le sage ou le saint,

dont l’équilibre inconscient s’illustrera dans des actions sur la

matière cohérentes, riches et utiles.

1) Le poltergeist d’Arcachon, une habile manipulation

Le cas de la clinique d'Arcachon a défrayé la chronique, surtout

quand l'émission "Mystère" en a fait un reportage très

impressionnant à son sujet. Malheureusement, il ne s'est rien

produit de sérieux à cette époque là, d'après l'enquête très

poussée que l'un de nous a fait auprès des survivants, et l'un

d'entre eux en particulier, l'ancienne directrice elle-même. Celle-ci

est restée en contact avec de nombreux membres de son équipe,

et les avait intérrogés dès l'époque du tournage. Elle a

recommencé depuis, lors de notre enquête, ce qui a encore

confirmé on point de vue.

Il apparaît que le Docteur Cuénot a été manipulé par la seconde

des jeunes filles, soi-disant auteur des poltergeists, jeune fille qu'il

connaissait lui-même comme étant "hystérique".

Il est à noter que les éléments que nous relaterons ici étaient

connus de l'équipe de l'émission "Mystère", puisque cette

directrice, lorsqu'ils ont interviewé, leur a fait part de tous ses

doutes. Mais ils ont coupé son témoignage de manière à en

inverser le sens. Aucune menace de poursuite judiciaire ne les a

empêché de diffuser l'émission !

Voici ce qu'en disait le Dr Cuénot (Revue métapsychique, juin

1966), propriétaire depuis vingt-trois ans de l'établissement où

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Comprendre le paranormal

40

eurent lieu les prétendus faits. De plus, le Pr Robert Tocquet

(1974, p. 102 sq.), éminent spécialiste du paranormal, a

personnellement enquêté sur ce cas, mais il n'a été témoin que

d'un seul élément, relaté ci-dessous, des coups frappés sur la

porte qu'il tenait :

� De la mi-mai jusqu'au début septembre 1963, la Clinique

orthopédique d'Arcachon fut harcelée par la projection de

cailloux, de morceaux de moellons et de fragments de

briques dont l'origine est demeurée inconnue. [...] Pendant

cette période, les malades, la plupart allongés sur des

voitures, reçurent approximativement deux à trois cents

cailloux de tous calibres. [...] Les trajectoires des pierres, la

direction du tir, la vitesse, le nombre et la nature des

projections furent très variables. L'horaire fut, lui aussi, très

capricieux [...], mais particulièrement à la nuit tombante.

Jamais il n'y eut de malades blessés et si deux d'entre eux

furent touchés, ils ne le furent que très légèrement. La seule

condition, apparemment nécessaire et suffisante, était la

présence dans les parages de Jacqueline R., âgée de dix-

sept ans, ce qui autorisait tous les soupçons la concernant

[comme agent du phénomène]. Mais, malgré l'étroite

surveillance de la part des autres malades, jamais rien dans

ce sens ne put être mis en évidence. Au contraire [...] elle

fut lapidée copieusement. [...]

Le Dr Cuénot signale que la chute des pierres commença au

moment où le personnel et les malades de la clinique

apprirent que celle-ci allait être fermée ou vendue. A cette

époque, une malade, Angélina M., était très visée par les

cailloux. Ce n'est qu'après le départ d'Angélina (le 7 juillet)

que Jacqueline prit en quelque sorte le relais. [...] Les chutes

de cailloux devinrent de plus en plus fréquentes avec une

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prédilection toujours marquée pour l'environnement de

Jacqueline... Il lui suffisait de se trouver quelques minutes

en un lieu quelconque des terrasses extérieures pour que les

cailloux se mettent à tomber autour d'elle. Si elle s'absentait

de la clinique, les jets de pierre cessaient. Dès qu'elle

réapparaissait, ceux-ci reprenaient après une latence de cinq

à dix minutes à chaque fois. En même temps le poids, la

force et le nombre des pierres lancées sur les malades

augmentèrent rapidement pour devenir inquiétants en juillet

et en août : certains jours, il y en eut une trentaine. "

Robert Tocquet, envoyé sur place pour enquêter, s'installe (en

septembre) dans la chambre contiguë à celle de Jacqueline. Il

écrit :

� " Au cours de la première nuit que je passai dans cette

chambre, à 4 heures du matin exactement, quatre coups,

relativement violents, séparés par des intervalles de cinq à

six secondes, furent frappés à la porte de ma chambre. Au

troisième coup, je me levai et j'ouvris brutalement la porte

qui donnait sur un couloir parfaitement éclairé par des

lampes électriques. Personne ne s'y trouvait. C'est alors que

retentit le quatrième coup comme s'il avait été produit par

un poing invisible, cependant que je sentais vibrer la porte

que je tenais de la main gauche. "

Nous pensions disposer ici d’un témoignage de première main,

donné par deux observateurs scientifiquement reconnus. Le cas

aurait été particulièrement intéressant, car il mettait en œuvre

deux jeunes filles, se succédant l'une l'autre sans intervalle dans le

même établissement (et qui plus est dans la même chambre). Cela

aurait été très étonnant, puisqu'il est statistiquement exclu que le

hasard ait ainsi réuni deux sujets présentant tous deux des

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capacités aussi fortes et aussi rares. Si on élimine l’idée d’un

" esprit ", on aurait été conduit à faire intervenir le personnel de la

clinique et les autres patients. Ceux-ci auraient quasiment "dicté

un rôle" aux deux jeunes filles.

Par contre, l'hypothèse psychologique que je développais dans les

versions précédentes de cette page reste vraie, aussi je contiuerai

à la mentionner. Il aurait été vraisemblable que la première

malade, Angélina, avait pu provoquer une chute de pierre, qui

aurait pu même avoir eu une origine normale. En effet, les

personnes présentes étaient dans une situation psychologique fort

instable : l’établissement allait fermer, les patients devaient donc

quitter un lieu où ils se trouvaient bien ; les membres du

personnel étaient inquiets pour leur emploi. La rumeur a donc

trouvé un terrain particulièrement favorable à la diffusion d'une

histoire de poltergeist.

Le Dr Cuénot remarque, durant son enquête : "J’ai pu noter cette

espèce de refus systématique qui est presque l’inverse d’une

suggestion collective : tout le monde se refusant à admettre une

explication irrationnelle, puis, devant l’impossibilité d'une

interprétation, s’efforçant de ne plus y penser en s'abstenant de

tout commentaire. " (ibid., p. 105). Certes, cela n'excluait rien, car

les psychanalystes savent qu’un refus conscient peut masquer

l’inverse, au niveau inconscient (et j'ai un curieux cas personnel à

ce propos), mais on peut aussi trouver une explication plus simple

encore : il ne s'était rien passé d'anormal !

Un tel cas invite à la prudence, surtout que souvent les

poltergeists ont pour cadre une situation psychologiquement

instable... Il faut se méfier de tout le monde, y compris des

scientifiques ! Mais, ce qui caractérise la science, c'est qu'elle

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reconnaît ses erreurs. Il importe ici de le faire, et de diffuser très

largement l'information.

2) Le poltergeist de Rosenheim

L’exemple le plus célèbre est probablement celui étudié par Hans

Bender (professeur à Fribourg, en Allemagne), connu sous le nom

du "poltergeist de Rosenheim". En voici le récit, tiré de Broughton,

p. 287.

"Par un matin froid de novembre 1967, la plupart des employés de

l'avocat Sigmund Adam se trouvaient déjà au travail dans son

étude de la ville bavaroise de Rosenheim. Une des dernières

personnes à arriver fut Anne-Marie Schneider, une secrétaire de

dix-huit ans récemment embauchée. Elle entra dans le hall et ôta

son manteau. Alors qu'elle passait sous une lampe suspendue,

celle-ci se mit à se balancer, mais la jeune fille ne remarqua rien

du phénomène. Elle se dirigea vers le vestiaire, et le mouvement

de la lampe s'amplifia. Soudain l'ampoule du vestiaire se mit elle

aussi à se balancer. Un employé qui l'avait surveillée à son entrée

lui lança : " Achtung ! Die Lampe ! " Anne-Marie se courba et

releva son manteau pour se protéger. Un instant plus tard,

l'ampoule située dans le hall explosa, projetant une pluie d'éclats

de verre dans la direction d'Anne-Marie. Le balancement du fil

cessa, et avec quelques mots de remerciements à l'employé qui

l'avait mise en garde, Anne-Marie prit un balai pour ramasser le

verre. Les autres membres du bureau se replongèrent dans leur

travail. Ils étaient habitués maintenant.

Néanmoins l'avocat était à bout de nerfs. Son bureau subissait une

autodestruction rapide et ses affaires ralentissaient

considérablement. Les tubes fluorescents fixés au plafond

tombaient sans cesse en panne. Une fois, il se produisit une forte

détonation et tout l’éclairage s’éteignit tout d’un coup. Lorsque

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l'électricien, grimpé sur son échelle, examina les tubes au néon, il

s'aperçut que ceux-ci avaient tourné de 90 degrés dans leur

logement, interrompant la connexion électrique. À peine les avait-

il tous remis en état de marche qu'un autre bruit violent se fit

entendre et que les lumières s'éteignirent toutes à nouveau. Même

lorsqu'elles n'étaient pas allumées, les ampoules à incandescence

explosaient sans que le filament soit endommagé. Les plombs

sautaient sans raison apparente, et parfois s’éjectaient tout seuls

de leur logement. Les dysfonctionnements du téléphone étaient

particulièrement graves. Les quatre combinés sonnaient en même

temps sans qu'il y eût personne à l'autre bout du fil. Les

conversations téléphoniques étaient souvent interrompues pendant

de courtes périodes, ou coupées carrément. Les factures de

téléphone atteignirent des montants aberrants, et nombre de

numéros jamais appelés étaient facturés. Le liquide de

développement, dans les machines à photocopier, jaillissait

fréquemment de son réservoir sans que l'engin fût touché.

Tout d'abord, Adam et ses employés soupçonnèrent une déficience

du système électrique. Des ingénieurs de la centrale électrique

municipale et du bureau de poste (qui s'occupait du système

téléphonique) furent appelés, et un équipement de contrôle

installé sur les lignes électriques afin de détecter tout changement

d'intensité du débit. Ces appareillages enregistrèrent de très

importantes fluctuations du débit, qui coïncidaient souvent avec

les phénomènes observés. On déconnecta l'étude de l'alimentation

électrique municipale et l'on apporta une batterie de secours

devant fournir un courant " sans perturbation ". Les écarts

d'intensité de courant et les phénomènes continuèrent.

Des appareils d'enregistrement furent également branchés sur les

téléphones pour garder trace de tout appel émanant des bureaux.

Presque dès leur mise en fonction, ils enregistrèrent des appels

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envoyés des bureaux alors que personne n'utilisait le téléphone.

Les enregistrements révélèrent un nombre considérable d'appels à

l'horloge parlante (qui en Allemagne n’est pas un service gratuit),

souvent six par minute. Le 20 octobre, quarante-six appels à

l'horloge parlante en quinze minutes furent enregistrés. [...]

Le professeur Hans Bender de l'université de Fribourg, enquêteur

chevronné en matière de poltergeists, arriva en compagnie de

quelques collègues le premier décembre. Une semaine plus tard,

ils furent rejoints par deux physiciens de l'Institut Max-Planck

spécialistes de la physique des plasmas, F. Karger et G. Zicha, qui

commencèrent à chercher des anomalies dans l'installation

électrique et téléphonique. L'équipe de Bender remarqua

rapidement que les phénomènes inexpliqués et les perturbations

de puissance ne se produisaient que durant les heures de travail.

Il devint également très vite évident que tous ces phénomènes

avaient pour centre la personne d'Anne-Marie. Souvent, la

première anomalie enregistrée par le matériel de surveillance se

produisait au moment où Anne-Marie franchissait le seuil des

bureaux le matin. Bender supposa qu'il s'agissait d'un cas de RSPK

dont la jeune fille était l'agent.

Dès leur arrivée, Karger et Zicha entreprirent d'examiner les

sources d'alimentation. Le 8 décembre, ils adjoignirent des

équipements supplémentaires à ceux déjà en place. Entre 16 h 30

et 17 h 48 ce jour-là, l'appareillage enregistra quinze variations

brusques du débit à intervalles irréguliers. À peu près au même

moment, des craquements très forts se firent entendre, similaires

à ceux qu'auraient produits des étincelles géantes, cependant

chaque variation électrique ne s'accompagnait pas

systématiquement de ces manifestations sonores. Tous les bruits

furent enregistrés sur un magnétophone. On ajouta encore des

appareils pour mesurer le potentiel électrique et le champ

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magnétique près des enregistreurs, ainsi que l'amplitude sonore

dans les bureaux. Sur la base de leurs recherches, les physiciens

jugèrent qu'ils pouvaient éliminer comme causes plausibles les

variations dans l'alimentation électrique, les voltages démodulés à

haute fréquence, les charges électrostatiques, les champs

magnétiques statiques externes, les effets ultrasoniques ou

infrasoniques (y compris les vibrations), les branchements

défectueux ou des défauts de fonctionnement des appareils

enregistreurs et, finalement, une intervention manuelle.

Lorsque Bender eut exposé sa conviction que les perturbations

étaient dues à la PK, l'activité de poltergeist s'intensifia. L'équipe

de Bender ainsi que les ingénieurs de la compagnie d'électricité et

les officiers de police virent des assiettes décoratives sauter des

murs et des tableaux se balancer et même tourner autour de leur

crochet d'attache. Bender captura sur bande vidéo les lampes qui

oscillaient et les bruits de détonation, mais il ne put enregistrer les

mouvements des tableaux. Un autre enquêteur, utilisant leur

équipement, put enregistrer un tableau effectuant une rotation de

320 degrés sur son axe. L'équipe de Fribourg observa des tiroirs

s'ouvrant d’eux-mêmes et des documents qui se déplaçaient seuls.

Certains tiroirs s'éjectèrent complètement des meubles. Par deux

fois, un classeur de quelque 150 kilos s'écarta du mur d'une

trentaine de centimètres. Tandis que se produisaient ces

phénomènes, les enquêteurs notèrent qu'Anne-Marie était de plus

en plus nerveuse. Finalement elle manifesta des contractions

hystériques des bras et des jambes. Lorsqu'elle partit pour prendre

une période de repos, les phénomènes cessèrent aussitôt. Peu

après elle trouva un emploi ailleurs, et l'avocat ne connut plus

aucune difficulté. Dans les bureaux où travaillait désormais Anne-

Marie quelques perturbations se produisirent, mais moins

spectaculaires et qui cessèrent avec le temps.

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[...] Sur plus de trente-cinq cas qu'il avait étudiés, le professeur

Bender a toujours affirmé que celui de Rosenheim était le plus

impressionnant."

4) Guérir d’un poltergeist

Le guérisseur dit à la famille : " Si vous n’y croyez pas, je ne peux

rien faire. Pour que je puisse l'arrêter, il faut absolument que tout

le monde ici y croie. " (Michelet, id., p. 54). Il a compris,

intuitivement, le processus. " Adhérer au discours des victimes

n’est pas simplement une tactique destinée à rassurer. [... C’est]

la condition sine qua non de l'action [des guérisseurs]. " (id., p.

42).

L’observateur fait partie intégrante du processus. S’il s’affole, il

encourage le processus. S’il intervient sans crainte, imposant son

calme, il l’amenuise et le fait disparaître. Son efficacité tient à son

propre vécu, plus qu’à une conviction d’ordre psychologique : il dit

souvent posséder un " secret venu des ancêtres ". C’est, pour lui

une manière d’entrer dans le processus : utilisant les mêmes

références que les victimes, il crée alors avec elles une symbiose,

moteur fondamental du retour au calme. A contrario, l’observateur

scientifique est mal placé : sa nécessaire froideur, glaçant les

protagonistes, stoppera le processus avant qu’il arrive, à moins

qu’il participe, à son insu, à son entretien. Le religieux doit croire

au Diable s’il veut agir, il ne doit pas se parer des plumes du

psychanalyste. Trop l’ont oublié.

4) L’armoire qui craque

(Jung, Ma vie, p. 182 sq.)

Quand on parle de "poltergeist", de manifestation sauvage de la

psychokinèse, on image souvent une jeune fille à l'âge de

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l'adolescence, au psychisme instable. Il est donc d'autant plus

intéressant de présenter un cas qui met en jeu un psychiatre,

psychanalyste et, de surcroît, très célèbre. Voici en effet un

épisode significatif qui s'est situé dans la vie de Jung. Il date du 25

mars 1909 et prit place dans la maison de Freud. On peut le

classer parmi les "poltergeists" :

" Quelques années s’écoulèrent avant que Freud reconnût le

sérieux de la parapsychologie [...]. Tandis que Freud exposait ses

arguments, j’éprouvai une étrange sensation : il me sembla que

mon diaphragme était en fer et devenait brûlant, comme s’il

formait une voûte brûlante. En même temps un craquement

retentit dans l’armoire-bibliothèque qui était immédiatement à

côté de nous, de telle manière que nous en fûmes tous deux

effrayés. Il nous sembla que l’armoire allait s’écrouler sur nous.

[...] Je dis à Freud : " Voilà ce que l’on appelle un phénomène

catalytique d’extériorisation. " - " Ah ! dit-il, c’est de la pure

sottise ! " - " Mais non, répliquai-je, vous vous trompez, Monsieur

le Professeur. Et pour vous prouver que j’ai raison, je vous dis

d’avance que le même craquement va se reproduire. " Et, de fait,

à peine avais-je prononcé ces paroles que le même bruit se fit

entendre dans l’armoire. J’ignore encore aujourd’hui d’où me vint

cette certitude. Mais je savais parfaitement bien que le

craquement se reproduirait. Alors, pour toute réponse, Freud me

regarda, sidéré. Je ne sais pas ce qu’il pensait ni ce qu’il voyait. Il

est certain que cette aventure éveilla sa méfiance à mon égard ;

j’ai le sentiment que je lui avais fait un affront. Nous n’en avons

jamais plus parlé ensemble. "

G- Autres actions de la pensée sur la matière

L'action de la pensée sur la matière est un sujet très vaste et aux

connotations très diverses. A côté de la psychokinèse, que nous

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venons de voir, il faut parler de la "réalisation de souhaits". On se

borne souvent à la constater avec étonnement, ou avec angoisse

quand il s'agit de réalisation de craintes.

Dans le cadre religieux, on situe cette action dans le cadre de la

prière, même si cette prière, dite "active" ou "utilitaire" est

souvent réprimée par les prêtres comme étant une forme

abâtardie de la "vraie" prière, la prière d'adoration.

Il faut en dernier lieu traiter de ce qui entre dans le registre de la

Magie et de la sorcellerie.

1) La réalisation des souhaits

La réalisation des souhaits est probablement la faculté la plus

banale. En effet, comme le dit Freud, nous façonnons notre

environnement avec notre inconscient. Sans que nous nous en

rendions compte, ce que nous vivons au fond de nous-même se

transmet à l'autre et l'influence, même à son insu (contagion

affective). Nos attitudes peu ou pas conscientes font que nous

profitons ou laissons passer des "chances" :

� Une amie me racontait qu'un jour, alors qu'elle était

assez déprimée, elle hésitait à aller à un cocktail mondain

auquel elle était invitée. Ne faisant rien de particulier, et

n'ayant donc rien à perdre, elle s'y rendit. Là, parmi d'autres

rencontres, elle se mit à parler à un homme d'un certain

âge. Chemin faisant, elle finit par lui avouer qu'elle avait

depuis longtemps un projet qui lui tenait à cœur. L'autre lui

demanda des précision et lui dit: "Madame, je viens de

vendre une affaire. J'ai un peu d'argent, je finance votre

projet."

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Un homme vient me voir, désespéré. Il était licencié le

lendemain et sa femme venait de lui annoncer qu'elle le

quittait. Il me demande de l'aide. Je lui propose de faire un

"bilan" écrit de sa vie actuelle. La semaine suivante, il

revient, hilare. Je m'étonne. Il me raconte qu'il était payé

par au Smic. Écrivant son "papier", il se rappela qu'un ami,

producteur agricole, lui avait proposé, longtemps

auparavant, de prendre une "carte" pour lui. Il l'appelle

aussitôt. Celui-ci confirme sa proposition, ne lui demande

aucune exclusivité, ce qui permet à mon patient de s'établir

VRP multicarte. Le fixe qu'il lui donnait atteignant presque

son salaire antérieur, mon patient dit le lendemain à son

employeur : "Ne vous donnez pas la peine de me licencier,

je vous donne ma démission". Là-dessus, sa femme lui

rétorque : "Tu es un type bien, je reste avec toi !"

Nous nous laissons aller parfois au désespoir, oubliant que la

chance est là, à deux pas de nous. Un simple bilan permet parfois,

j'ai pu le constater, de prendre conscience d'ouvertures

"miraculeuses".

Freud, en bon rationaliste et laïque de principe, traitait la

réalisation des souhaits de "pensée magique". Pour lui, il était

impossible d'obtenir une chose rien qu'en le pensant.

Effectivement, la "toute-puissance du désir" n'existe pas.

Cependant, comme l'explique le modèle du Mental, les désirs qui

nous occupent habituellement appartiennent aux couches les plus

superficielles de notre pensée. Mais les mystiques, les sages et les

saints, montrent bien que l'accès aux couches plus profondes de

notre "Mental" permettent des facultés particulières, dites

"paranormales", la réalisation directe des souhaits en particulier.

Des expériences simples permettent de tester cette faculté.

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2) La " pensée magique "

On appelle pensée magique : " l'idée que de penser quelque chose

est la même chose que de le faire. Elle est courante dans les

rêves, dans certains désordres mentaux, et chez les enfants. "

(Freedman, Kaplan, Sadock, 1976, p. 1313). " La pensée magique

se réfère à la croyance que des pensées spécifiques, la

verbalisation, les gestes associés, ou les postures peuvent, d'une

façon mystique, conduire à l'accomplissement de certains désirs

ou à prévenir certains maux. Les jeunes enfants sont enclins à

cette forme de pensée, comme conséquence de leur capacité

limitée à comprendre la causalité.. C'est l'aspect le plus

remarquable de la pensée obsessive-compulsive. Elle atteint son

expression la plus extrême dans la schizophrénie. " (id. page 385).

Ailleurs, (id. p. 632), les auteurs ajoutent : " Dans le phénomène

de la pensée magique, la régression découvre des modes de

pensée précoces plus que des impulsions. L'omnipotence de la

pensée est inhérente à la pensée magique. Le patient sent que,

simplement en pensant à un événement dans le monde extérieur,

il peut faire en sorte que cette événement arrive sans le moyen

d'une action matérielle. "

Pour le médecin, celui qui croit à la réalisation directe de sa

pensée est soit immature (proche de l'enfant) soit fou. Le médecin

ignore-t-il la prière, et son efficacité ? Il y a des médecins croyant

comme d'autres qui ne le sont pas. Mais ils constatent tous que les

patients vivent la pensée magique avec une grande angoisse. S'ils

les laissent persister dans ce cheminement, cela risque de les

entraîner vers un délire grave, dont on ne pourra les sortir que

difficilement. La meilleure solution est alors de les éloigner de

cette pratique.

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3) Foi et réalisation des souhaits

La réalisation des souhaits, "foi" dans les ouvrages d'origine nord-

américaine, est probablement la forme de paranormal la plus

banale et la mieux partagée. Elle apparaît souvent spontanée :

nous constatons que nos espérances, ou nos craintes se réalisent

sans même que nous l'ayons voulu. De nombreux livres parlent de

la force de la foi, de la puissance de l'optimisme, jusqu'à réaliser

nos projets les plus "fous" (cf. Robbins). Néanmoins, quand on

exploite cette faculté d'une manière systématique, on découvre

des dangers contre lesquels notre éducation nous a mal préparé.

J'ai longuement abordé cette question dans "Montagne lève-toi".

Néanmoins, cette possibilité est évoquée, et avec précision, dans

les textes les plus classiques, tels les Évangiles :

� "En vérité, je vous le dis, celui qui dirait à cette

montagne "Lève-toi et jette-toi dans la mer" et qui

n'hésiterait pas dans son coeur mais croirait que ce qu'il dit

arrive, cela lui arrivera." (Marc, XI, 23)

En trente mots, cette citation résume à peu près tous les

problèmes épistémologiques que pose la réalisation du souhait : la

possibilité qu'une pensée occasionne directement, sans

intermédiaire, un fait matériel. Même relatant les paroles du

Christ, ce texte est plus méthodologique que religieux. Il n'est pas

conforme aux dogmes occidentaux, et gêne beaucoup de

chrétiens. Le christianisme dit en effet qu'il faut prier Dieu, qui

choisit, ou non, d'exaucer le souhait. Ici, rien de tout cela : un

sujet vit une expérience sensible, au niveau de son "coeur", des

couches profondes de son être, c'est-à-dire l'inconscient ; s'il n'a

plus d'hésitations à ce niveau, le fait matériel arrive,

obligatoirement. Dieu n'intervient pas !

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Comprendre le paranormal

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La possibilité de la concrétisation de la pensée est niée par les

sciences, et pourtant elle ne s'oppose en rien à leurs prémisses,

car elles ont été définies dans des conditions "neutres". Voici un

court exemple pour mieux comprendre cette discussion.

On raconte qu’au Moyen âge un moine voulait bâtir une église en

pleine montagne. Il pria, un éboulement de terrain se produisit, et

le moine bâtit son église.

Sur le plan des faits, les sciences ne trouvent rien à redire, elle

énonce leur caractère profondément naturel. Le moine ne conteste

pas cette vision, il n’ignore pas que certaines montagnes sont

fragiles, il pose seulement que son souhait a été exaucé, très

précisément. Le savant se trouve assez démuni, car il lui aurait été

impossible de dire avec précision le jour ou l’heure d’un

effondrement, ni même son déroulement exact. Il n’y a donc pas

d’antagonisme entre l’explication du savant et celle du croyant. Ce

dernier n’attendait pas un fait anormal, mais un événement qui

permette son projet. Il en est de même dans le " miracle " : le

miraculé ne souhaite pas une guérison anormale, mais simplement

la guérison, la sienne.

Lors de sa prière, le croyant n’examine pas les faits extérieurs.

Souvent, il se retire à l’écart, dans un lieu fermé, supprimant toute

perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec

intensité, son activité s’inscrit dans les faits, même si

apparemment il s’en écarte en s’isolant dans sa cellule. Il fusionne

avec le fait, corps et âme. Il " est " le fait, comme l’énoncent les

orientaux ou les mystiques. A l’inverse, le savant examine le fait

du dehors. Jamais (du moins dans la physique), il ne doit

s’impliquer personnellement dans son déroulement. Il reste

" objectif " : le fait est un objet qu’il manipule de l’extérieur. Il

procède à une analyse du fait, sa division en éléments connus

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Comprendre le paranormal

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(Descartes). Cette analyse, le croyant n’en a cure, il traite les

événements d’une manière globale : il s’intéresse à leur

signification dans un cadre spécifique (ici la construction d’une

église) et ne se préoccupe pas du reste. Le croyant et le savant

opèrent donc d’une manière radicalement différente.

Quand le croyant se réjouit de voir son souhait exaucé, le savant,

lui, hausse les épaules : il invoque le hasard, la " coïncidence ", le

croisement opportun de deux chaînes causales... Contrairement à

l’apparence, cet argument n’en est pas un, car il ne constitue pas

l’énoncé d’un savoir.

Comment faire intervenir la pensée dans les chaînes causales de

ces événements ? Il faut tout d’abord remarquer que la causalité

n’est pas une donnée physique mais un postulat qui comporte

deux aspects : ontologique (comme principe) et expérimental, au

niveau de l’observation.

Examinons tout d’abord l’aspect "ontologique" : un fait résulte

d’un ensemble de causes, dont il constitue l’effet. Le principe de

causalité dit que " si les causes sont présentes, l’effet doit

nécessairement se réaliser ". Quand nous lâchons un objet pesant

et qu’il ne tombe pas, nous invoquons l’existence d’un facteur, que

nous devons obligatoirement trouver : un courant d’air

suffisamment puissant pour empêcher la chute, une force

magnétique repoussant l’objet (pôles de même nature), ou encore

un lien invisible auquel serait attaché l’objet. Si nous avons pu

éliminer une loi connue, nous sommes tentés de parler de

" lévitation ", d’action de la pensée. Sur le plan du principe, on

peut dire que les lois physiques constituent, en fin de compte,

qu’une mise en forme de notre observation.

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Comprendre le paranormal

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Ceci nous fait aborder le second aspect, expérimental, de la

causalité. Rhine, le premier, a montré que la pensée pouvait

influer les faits, ceux-ci ne suivaient plus alors une répartition " au

hasard ". Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en évidence

l’effet de la pensée, au sein même des conditions expérimentales

strictes (cf. Roux).

H- La prière

Il peut paraître curieux dans un tel site de traiter de la prière. Mais

il ne faut pas oublier que la première en date, probablement il y a

plus de trois millions d'années, a dû être une imploration des

"Forces" (ou du "Divin"). Il s'agit de ce qu'on appelle actuellement

la "prière active".

De nombreux livres parlent de la force de la foi, de la puissance de

l'optimisme, jusqu'à réaliser nos projets les plus "fous" (cf.

Robbins). Néanmoins, quand on exploite cette faculté d'une

manière systématique, on découvre des dangers contre lesquels

notre éducation nous a mal préparé. J'ai longuement abordé cette

question dans "Montagne lève-toi". Néanmoins, cette possibilité

est évoquée, et avec précision, dans les textes les plus classiques,

tels les Évangiles :

� "En vérité, je vous le dis, celui qui dirait à cette

montagne "Lève-toi et jette-toi dans la mer" et qui

n'hésiterait pas dans son coeur mais croirait que ce qu'il dit

arrive, cela lui arrivera." (Marc, XI, 23)

La possibilité de la concrétisation de la pensée est niée par les

sciences, et pourtant elle ne s'oppose en rien à leurs prémisses,

car elles ont été définies dans des conditions "neutres". Voici un

court exemple pour mieux comprendre cette discussion.

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Comprendre le paranormal

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� On raconte qu’au Moyen âge un moine voulait bâtir une

église en pleine montagne. Il pria, un éboulement de terrain

se produisit, et le moine bâtit son église.

Sur le plan des faits, les sciences ne trouvent rien à redire, elle

énonce leur caractère profondément naturel. Le moine ne conteste

pas cette vision, il n’ignore pas que certaines montagnes sont

fragiles, il pose seulement que son souhait a été exaucé, très

précisément. Le savant se trouve assez démuni, car il lui aurait été

impossible de dire avec précision le jour ou l’heure d’un

effondrement, ni même son déroulement exact. Il n’y a donc pas

d’antagonisme entre l’explication du savant et celle du croyant. Ce

dernier n’attendait pas un fait anormal, mais un événement qui

permette son projet. Il en est de même dans le " miracle " : le

miraculé ne souhaite pas une guérison anormale, mais simplement

la guérison, la sienne.

Lors de sa prière, le croyant n’examine pas les faits extérieurs.

Souvent, il se retire à l’écart, dans un lieu fermé, supprimant toute

perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec

intensité, son activité s’inscrit dans les faits, même si

apparemment il s’en écarte en s’isolant dans sa cellule. Il fusionne

avec le fait, corps et âme. Il " est " le fait, comme l’énoncent les

orientaux ou les mystiques. A l’inverse, le savant examine le fait

du dehors. Jamais (du moins dans la physique), il ne doit

s’impliquer personnellement dans son déroulement. Il reste

" objectif " : le fait est un objet qu’il manipule de l’extérieur. Il

procède à une analyse du fait, sa division en éléments connus

(Descartes). Cette analyse, le croyant n’en a cure, il traite les

événements d’une manière globale : il s’intéresse à leur

signification dans un cadre spécifique (ici la construction d’une

église) et ne se préoccupe pas du reste. Le croyant et le savant

opèrent donc d’une manière radicalement différente.

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Comprendre le paranormal

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Quand le croyant se réjouit de voir son souhait exaucé, le savant,

lui, hausse les épaules : il invoque le hasard, la " coïncidence ", le

croisement opportun de deux chaînes causales... Contrairement à

l’apparence, cet argument n’en est pas un, car il ne constitue pas

l’énoncé d’un savoir.

Comment faire intervenir la pensée dans les chaînes causales de

ces événements ? Il faut tout d’abord remarquer que la causalité

n’est pas une donnée physique mais un postulat qui comporte

deux aspects : ontologique (comme principe) et expérimental, au

niveau de l’observation.

Ceci nous fait aborder le second aspect, expérimental, de la

causalité. Rhine, le premier, a montré que la pensée pouvait

influer les faits, ceux-ci ne suivaient plus alors une répartition " au

hasard ". Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en évidence

l’effet de la pensée, au sein même des conditions expérimentales

strictes (cf. Roux).

I- Le dédoublement

Le dédoublement pose avec une particulière acuité une question

jamais résolue, en Occident tout au moins : la pensée est-elle liée

au corps physique ?

Le mot " dédoublement " n’est pas exact : voyant au loin son

corps physique, le sujet ne se perçoit pas pour autant dans un

" second " corps. Il existe cependant différentes formes de

dédoublement, dont certaines, comme le rêve de vol, sont

extrêmement banales. Le dédoublement est en effet fréquent,

mais on en parle peu, tant il parait hors de raison. En Europe, les

différentes Eglises ont largement contribué à cette opinion, depuis

l’époque médiévale en particulier, l’assimilant à la sorcellerie.

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Comprendre le paranormal

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Depuis peu, l’idée s’en est largement banalisée, sous le nom de

NDE.

La question de la matérialité du double peut néanmoins se poser

dans la forme la plus achevée (et la plus rare), la bilocation, le fait

d’être à plusieurs endroits à la fois. Mais, même chez des sujets

aussi coutumier du fait (comme, au cours de ce siècle, Yvonne-

Aimée de Malestroit), le dédoublement ne reste jamais prolongé,

tout au plus quelques instants.

Le dédoublement a fait l’objet d’approches expérimentales

nombreuses. Néanmoins, on n'a jamais pu valider au cours de ces

expériences la "réalité" du double à l'aide d'instruments, même les

plus sensibles (jauges de contrainte). Ceci donne toutes leurs

forces aux théories qui en font une sorte de production mentale,

issue de l'inconscient.

La "sortie du corps" peut être provoquée par un choc émotionnel

très fort, un accident ou une grande fatigue. Une règle assez

générale peut ainsi être établie : plus l’altération de la conscience

est importante, plus les faits observés s’avèrent exacts. La sortie

du corps ne présente aucun danger quand elle est spontanée.

Cependant, certaines personnes abusent du dédoublement (ou des

tentatives dans ce sens), ce qui est à l’origine d’illusions ou même

d’états proches du délire, d’où une abondante littérature autour du

" voyage astral ". Il existe une sorte de toxicomanie du

dédoublement .

Quant au corps physique, lors du dédoublement, son apparence

n’est pas non plus " normale ". Il est en effet fréquemment

immobile, prenant l’apparence du sommeil, de la transe ou même

de la mort. La raison en est simple : pour que se produise le

phénomène, la conscience doit être aussi réduite que possible.

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Comprendre le paranormal

59

Il faut cependant garder à l’esprit que la suppression de la

conscience n’entraîne pas forcément de sortie du corps. Il existe

d’importantes variations individuelles. Même le chaman n’est pas

capable de faire un " voyage " chaque fois qu’il le souhaiterait (cf.

de Rosny, 1987). L’inconscient demeure, quoi qu’on fasse,

incontrôlable.

Le dédoublement est spontané, dès lors qu'un certain nombre de

conditions sont remplies. C'est pourquoi il est connu depuis l'aube

de l'Humanité. Il constitue même un rite dans les cultures

chamaniques.

En dernier lieu, il importe de parler des possibilités d'un double

animal appelé encore "garou". Cette éventualité a fait couler

beaucoup d'encre et, au Moyen âge, a fait condamner beaucoup de

gens et brûler pour sorcellerie.

1) Les différentes types de dédoublements

L’exemple probablement le plus typique est celui où le sujet lui-

même se retrouve " ailleurs " que dans son corps. C’est la

classique NDE :

� Le Dr L., à la suite d'une intervention cardiaque grave,

s'est "retrouvé" au plafond de la salle de réanimation. Il

observait, dans la plus grande sérénité, les médecins et

infirmières s'agitant autour de son corps, changeant les

flacons de perfusion et tenant divers propos. Il put vérifier

l'exactitude des comportements et des dires, en même

temps qu’il apprenait qu’il avait échappé de peu à la mort.

Cet " ailleurs " peut être visualisé, ou du moins ressenti, par un

tiers. Il peut avoir l’allure d’une simple intuition :

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Comprendre le paranormal

60

� Mme U., une nuit, sent une présence à côté d'elle, dans

son lit. Il s'agit d'un homme, qu'elle connaît bien. Le

lendemain matin cet homme l'appelle au téléphone : il a

rêvé d'elle pendant la nuit.

Dans de très rares cas, il peut avoir une allure matérielle. Mais ce

n’est qu’une simple apparence, qui d’ailleurs change d’un instant à

l’autre :

� " C'est Mère Yvonne-Aimée, en civil, qui descend

précipitamment et qui, l'air effrayé, me lance à mi-voix ces

quelques mots :

- Prie ! Prie ! Si tu ne pries pas assez, on m'embarque en

Allemagne ! Ne le dis à personne ! Avant même que je

puisse répondre, elle était devenue à nouveau invisible. "

(Laurentin et Mahéo, id., p. 55).

Le témoignage est du Père Labutte, l’épisode se situe à Paris dans

le métro. La sœur était alors prisonnière de la Gestapo, dans

l’attente d’un éventuel transfert. Le double disparaît dès lors que

le message est passé. Ici encore, l’émotion (angoisse de mort)

apparaît avoir un rôle évident dans sa production. La soudaine

dissolution du double est une chose souvent reconnue. On la

retrouve d’ailleurs dans d’autres productions psychiques, comme

les ectoplasmes, comme le montre ce texte de William Crookes

(1923, p. 162), concernant le médium Daniel Dunglas-Home :

� " J'ai vu plus d'une fois un objet se mouvoir d'abord, puis

un nuage lumineux qui semblait se former autour de lui et,

enfin, le nuage se condenser, prendre une forme, et se

changer en une main parfaitement faite. [...] Au toucher, ces

mains paraissent quelquefois froides comme de la glace et

mortes ; d'autres fois, elles m'ont semblé chaudes et

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Comprendre le paranormal

61

vivantes et ont serré la mienne avec la ferme étreinte d'un

vieil ami. J'ai retenu une de ces mains dans la mienne, bien

résolu à ne pas la laisser échapper. Aucune tentative ni

aucun effort ne fut fait pour me faire lâcher prise, mais, peu

à peu, cette main sembla se résoudre en vapeur, et ce fut

ainsi qu'elle se dégagea de mon étreinte. "

2) Le rêve de vol

" La nuit, je vole comme un oiseau, j’arrive à me déplacer dans

des lieux inconnus... " J’en ai fait moi-même l’expérience à de

nombreuses reprises, mais les recoupements que j’ai pu mener

avec les lieux (en principe) visités ont été vains, je ne faisais que

des voyages imaginaires.

Catherine Lemaire (1993) me disait ainsi avoir, lors d’un

dédoublement, visité un pays qu’elle ne connaissait apparemment

pas. Elle en était ravie, car elle cherchait depuis longtemps une

preuve de la réalité matérielle de ses déplacements. Las, peu de

temps après, elle découvrait, dans un livre de sa bibliothèque, une

illustration correspondant très exactement à sa vision.

De tels voyages sont souvent associés à des rêves de chute

interminable, telle celle racontée par Lewis Caroll dans son livre

" Alice au Pays des merveilles ", ainsi qu’à de pénibles impressions

de paralysie des membres (Muldoon et Carrington, 1980). Aucune

explication médicale n’a cependant été fournie pour ce type de

rêves qui, comme ceux concernant des apparitions, laissent un

souvenir particulièrement brillant.

3) La NDE

Le terme NDE vient de l’anglais " Near Death Experience ", en

français " Expériences proches de la mort ". Comme l’ont bien

montré le psychiatre américain Raymond Moody (1990) et ses

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Comprendre le paranormal

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continuateurs, cette expérience est particulièrement fréquente

dans les états de " mort clinique ", mais elle est loin d’être

constante. Certains parlent d’expérience de l’Après-vie (Hardy,

1986), bien que nous ne puissions faire aucun rapprochement

sérieux à ce sujet. Je n’utiliserai pas non plus le mot de " voyage

astral ", car il fait référence à une thèse, inspirée de l’Orient (par

Leadbeater, Powell…) et controversée, d’un " corps astral ",

habituellement superposé au corps physique et qui se détacherait

dans certaines conditions, réversibles ou irréversibles (la mort).

4) Bilocation ou dédoublement "physique"

Malgré l’usage des mots dédoublement, double, on n’a jamais posé

que l’individu se diviserait en deux êtres physiques équivalents. Le

double n’est en aucune façon équivalent au corps physique. C’est

tout au plus une manifestation temporaire, sujet aux variations

psychologiques du sujet qui le produit. Voici un récit, assez

extraordinaire, datant du XIXe siècle et observé par l’archevêque

d’Upsal, en Norvège (cité par Lecouteux, 1992, p. 53 sq.) :

� " Peter Lärdal, le magicien, alluma des herbes et tint sa

tête au-dessus de cette vapeur narcotique et nauséabonde.

En quelques minutes, son visage eut la blancheur de la mort,

son corps s'affaissa dans le fauteuil après avoir été agité de

quelques soubresauts, et resta immobile, semblable en tout

point à celui d'un défunt. [...] Au bout d'une heure [...] les

couleurs revinrent lentement. [...] Peu après, Lärdal se

tourna vers moi et me dit : "A cet instant votre femme est

dans sa cuisine. [...] Pour vous prouver que je m'y suis

rendu véritablement, j'ai caché l'anneau nuptial de votre

épouse au fond de la corbeille à charbon, car elle l'avait

retiré pour préparer un plat." J'écrivis aussitôt chez moi. [...]

Ma femme me répondit qu'à l'heure dite, elle confectionnait

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Comprendre le paranormal

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un mets à base de farine, que jamais elle n'oublierait cette

journée, car elle avait perdu son anneau nuptial. [...] Il lui

semblait qu'un homme le lui avait dérobé, qui s'était

brièvement montré dans la cuisine, vêtu comme un riche

Lapon, mais qui s'était éloigné sans dire un mot, quand elle

lui avait demandé ce qu'il désirait. Plus tard, on retrouva

l'anneau dans la cuisine de l'archevêque, dans la corbeille à

pain. "

Aussi incroyable que puisse être ce récit, il n’atteint pas ceux

rapportés au sujet de Sœur Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-

1951), la personne qui a probablement manifesté les formes de

dédoublement les plus diverses et les plus solidement attestées de

notre siècle :

� " Yvonne était [alors] postulante [...]. Un matin, [...] elle

était dans ce qu'on appelle la laiterie, et elle travaillait. [...]

Elle m'a très bien accueillie, mais j'ai eu tout de suite

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l'impression qu'elle n'était pas là. Ça ne l'empêchait pas de

continuer son travail. [...] Alors Sœur Saint-Jean est

montée. [...] Elle l'a trouvée assise à sa table, écrivant sa

lettre. " (Mère Marie-Anne, déposition n° 102, faits datés du

21 juillet 1927, in Laurentin et Mahéo, 1990, p. 29)

A la différence du cas précédent, la sœur effectuait un travail

tant au niveau de son double (dans la laiterie) que de son

corps physique (dans sa cellule, à l’étage). Un tel cas, tout à

fait exceptionnel, était néanmoins, semble-t-il, assez courant

chez Yvonne-Aimée, étonnante personnalité, fondatrice et

Supérieure de l’ordre des Augustines hospitalières.

5) Approche expérimentale du dédoublement

On a pensé que le dédoublement pouvait faire l’objet d’un contrôle

scientifique, mais la plupart de ces expériences s’avèrent

décevantes. Morris (cité par Hardy, 1986, p. 72 sq.), par exemple,

utilisa un jeune chat qui cessait de miauler en présence de son

maître. Durant les sorties du corps, il cessa effectivement de

miauler, mais ne se dirigea pas pour autant dans la direction

présumée du double. Osis (idem, p. 67) employa des jauges de

contraintes qui n’ont pu, malgré leur très grande précision,

enregistrer la moindre pression.

On peut cependant se demander si le résultat décevant de ces

expériences n'est pas lié aux conditions expérimentales, car de

nombreux récits soulignent qu'un double peut avoir une action

matérielle.

Ces observations montrent combien nos conceptions habituelles

sont encore loin de cerner ces observations.

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6) "Toxicomanie" du dédoublement

Comme toute expérience paranormale, le dédoublement comporte

de réels dangers. La fascination qu'il exerce peut conduire à une

véritable "toxicomanie du dédoublement". Voici quelques cas qui

m’ont été personnellement relatés :

* Une collègue racontait ainsi utiliser le dédoublement, d’une

manière quasi quotidienne, pour rencontrer outre-monde son

amant décédé. Elle n’a arrêté ces expériences qu’au bord de la

folie.

* Mme H. est hospitalisée pour une dépression. A l’interrogatoire,

elle finit par avouer que, depuis très longtemps, elle quitte son

corps. Adolescente, elle était plus souvent dans ses voyages que

sur terre. Après son mariage, son mari n'a pas tardé à s'en

apercevoir. Il lui a demandé de s'arrêter, ce qu'elle a fait, mais

récemment la tentation est revenue. Fidèle à son engagement, elle

lutte contre, mais l’effort la conduit jusqu’à la dépression, et c’est

ainsi qu’elle m’est adressée. Je la rassure, et lui suggère de

prendre conseil auprès de personnes de confiance. Ce qu’elle fait.

Peu après, son médecin généraliste m’appelle, surpris de cette

amélioration aussi brutale que spectaculaire.

Il existe alors un réel danger psychologique. Le risque physique

est plus grave encore, car le dédoublement vérifiable requiert

souvent une perturbation grave du fonctionnement cérébral. Ceux

qui le cherchent avec les méthodes chimiques s’exposent à la

mort, qui survient d’ailleurs parfois. On ne saurait s’en étonner,

car le principe même du dédoublement (l’indépendance par

rapport à la personne et à l’espace) témoigne d’un accès à des

zones profondes de l’inconscient. Le dédoublement constitue donc

une méthode lourde, ce qui contraste avec d’autres facultés

paranormales, telles que la voyance ou la télépathie.

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7) Dédoublement et chamanisme

Comme Éliade (1968) le rappelle, les chamans sont choisis parmi

les enfants sujets à ces pertes de conscience. Cela est noté par

tous ceux qui côtoient ces populations. Saint-Clair (1973, p. 22)

note ainsi, chez les Indiens d’Amazonie : " Le jeune qui montre

des dispositions pour tomber facilement en transe et qui parle

avec les esprits est formé par le sorcier-guérisseur pour lui

succéder… ". Le futur chaman (sorcier) doit posséder deux

" qualités " que nous considérerions habituellement comme signes

de maladie : enfants susceptibles de faire des syncopes, des

lipothymies (évanouissements), ou même des crises d’épilepsie,

ou encore des enfants que nous qualifierions d’" hystériques " ou

de " nerveux " (sujets au " spasme du sanglot " par exemple). Le

fait de pouvoir parler aux esprits évoque également pour le

médecin l’enfant à tendances mystiques, ou sujet aux visions

(hallucinations), voire confinant à la psychose.

Ces crises ne sont cependant pas toutes d’origine naturelle. Les

sorciers et chamans utilisent largement la pharmacopée à leur

disposition. On en retrouve des exemples dans tous les textes

anciens, en Occident comme ailleurs. Celui de Jean de Nynauld,

daté de 1615 (cf. 1990, p. 79), par exemple, mentionne de

nombreuses substances, parmi lesquelles des plantes toxiques

(comme la ciguë), probablement utilisées parce qu’elles amènent

un état proche de la mort, et d’autres qui suscitent les visions

(l’opium). Cette liste, inspirée par Jean Wier (III, 17) et par les

auteurs antiques (Agrippa, Pline, etc.), reflète la complexité du

dédoublement sur le plan théorique : imagination ou vision

paranormale de la réalité. La Datura est à ce titre très éloquente.

Cette plante commune, couramment citée pour le dédoublement,

est très toxique et hallucinogène. De plus, l’odeur épouvantable de

sa décoction, la faisant appeler " bouillon du Diable ", a largement

Page 67: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

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servi la diabolisation du dédoublement. Dans les cultures

chamaniques, sont utilisées des plantes locales dont les

caractères, et même le nom, nous sont très largement inconnus.

Castaneda (1972), observant les sorciers mexicains, parle, entre

autre, des cactus contenant de la mescaline (Agave americana) ou

le peyotl (Lophophora williamsi), bien connus comme

hallucinogènes.

8) Les doubles animaux ou " garous "

Le double-animal est un des

sujets qui a le plus passionné

l'homme, probablement depuis

ses origines. Le plus connu est

certainement le "loup-garou" qui

est un pléonasme, car le terme de

garou (de warou, issu du francique wari-wulf) signifie déjà

homme-loup.

Certain récits laisseraient entendre que

le loup-garou est un homme devenu

loup, comme le laisserait entendre la

gravure de Cranach ci-contre. Il s'agit

d'une pure légende, car le corps

physiques ne saurait se transformer.

Cette "transformation" n'affecte que le

double.

Il ne faut pas non plus confondre la

lycanthropie (ce qui concerne les loups-garous)

avec l'hirsutisme, une affection consistant en

un accroissement anormal du système pileux,

comme l'illustre ce tableau ancien.

Page 68: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

68

Le loup-garou n'est pas non

plus un

être qui s'habille

simplement d'une peau de bête.

Lors de procès de

sorcellerie, certains accusés

auraient dit qu'ayant vêtu cette peau, ils n'ont pu la retirer. Ceci

évoquerait plutôt une affection psychiatrique...

Revenons au loup-garou. Il s'agit donc d'une variété de

"dédoublement" tel que nous l'avons vu dans les pages

précédentes. Il concerne le "corps de rêve" et lui seul et possède

donc ses caractères. Nous ne pouvons donc en représenter aucune

photographie.

À côté du loup, on trouve dans les témoignages les formes

animales les plus diverses : mammifères (souris, chiens, renards),

oiseaux (aigle, corbeau) et même insectes. Depuis les temps les

plus anciens. On connaît de tels récits dans toutes les civilisations.

Castaneda dit en avoir rencontré un, au Mexique [1972, p. 12] :

� "Je roulais de nuit en compagnie de deux amis indiens

lorsqu'un animal, qui me parut être un chien, traversa la

route. L'un de mes compagnons fit observer qu'il ne

s'agissait pas d'un chien mais d'un coyote géant. Je ralentis

et arrêtai la voiture le long de la chaussée pour observer la

bête. Pendant quelques secondes elle demeura dans le

faisceau des phares puis s'enfuit. Sans aucun doute nous

avions affaire à un coyote, mais deux fois la taille commune.

Très excités, mes amis convinrent de l'aspect inusité de

l'animal et l'un d'eux avança que cela pourrait être un

diablero [c'est-à-dire un sorcier]." :

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Comprendre le paranormal

69

Avons nous des témoignages de sujets "dédoublés" ? Laissons de

côté ceux des procès de sorcellerie, peu crédibles dans l'ensemble,

pour examiner ce qu'en dit Castaneda, dans le même ouvrage, il

raconte (p. 227) :

� "Je me souvenais d'avoir "ouvert mes ailes et volé". Je

me sentais solitaire, isolé dans ce vol à travers l'espace, me

dirigeant avec peine droit devant moi. L'impression se

rapprochait davantage de la marche que du vol. Mon corps

s'épuisait. Aucune sensation de liberté dans ce vol, non plus

que d'exubérance. [...] Trois oiseaux argentés [...]

émettaient une lumière métallique brillante comme celle de

l'acier inoxydable, mais plus intense, agitée et vivante.

J'aimais ces oiseaux et nous nous mîmes à voler de concert."

Castaneda s'est interrogé sur la réalité de cette expérience. Il posa

la question "des dizaines de fois" à Don Juan, son Maître indien :

"Je voulais savoir si je m'étais physiquement transformé en

corneille ou si j'avais simplement pensé et senti comme cet

animal. Il m'expliqua qu'un déplacement du point d'assemblage

vers la région du bas aboutit toujours à une transformation

totale..."

Comment reconnaître un "garou" ? Des erreurs révèlent les

lacunes de l'imagination du sujet dédoublé. En Haïti, Claude

Planson [1974, p. 239] dit avoir rencontré une vache-garou :

� "La route était si difficile qu'il n'était pas question d'aller

autrement qu'au pas. Je faillis pourtant, à un tournant,

percuter une vache qui se tenait couchée au milieu du

chemin. Eclats de phare, coups d'avertisseur, rien n'y fit. Elle

était là, comme un bloc de pierre noire, nous regardant de

ses gros yeux vides. Je voulus sortir pour la chasser.

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Comprendre le paranormal

70

Mathilda [ma femme] me retint par le bras et me dit

sèchement : "Assez de bêtises ! Reste où tu es ! Tu ne

comprends donc pas que tu n'as pas affaire à une vache,

qu'il s'agit d'un être humain métamorphosé !" [...] Il faut

avouer que j'étais à bout de nerfs. Je la repoussai

brutalement et j'ouvris la portière. J'entendis alors un rire

strident, un rire de folle qui se répercuta au loin, tandis que

la vache disparaissait, happée par la nuit."

Bien des récits disent qu'il persiste des relations fines entre le

double animal et le sujet. Toute blessure infligée au double, légère

ou grave, se répercute sur le sujet lui-même. Voici un cas, issu de

Jean Boguet et reproduit par Jules Michelet dans La sorcière :

� "Un chasseur avait été envoyé par un gentilhomme quérir

du gibier. A l'entrée d'un bois, il est attaqué par une grande

louve. De son coutelas, il lui coupe la patte, et la met dans

sa gibecière. Dégoûté de la chasse ce jour-là, il retourne au

château, et raconte au gentilhomme son aventure. Comme

preuve il fouille sa gibecière [...] et en tire [...] une main de

femme, fine et blanche, portant une bague armoriée ! Le

gentilhomme la reconnaît comme appartenant à sa femme.

Il appelle celle-ci, qui apparaît cachée dans son manteau. Le

mari écarte le manteau, et découvre la main coupée. [...]

Impitoyable, il dénonce sa femme. Elle fut brûlée à Riom."

[1966, note p. 147]

La fréquence d'une telle remarque doit nous interroger. Castaneda

[1972, p. 14] rapporte, de même, son dialogue avec une femme

mexicaine, Dona Luz :

� "- Je connaissais une femme, me répondit-elle. On l'a

tuée. J'étais petite fille. Cette femme, disait-on, se

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Comprendre le paranormal

71

transformait en chienne. Une nuit une chienne est entrée

dans la maison d'un homme blanc pour y voler du fromage.

D'un coup de fusil, l'homme l'a abattue, et précisément au

moment où la chienne expirait dans la maison de l'homme

blanc, la femme mourait dans sa cabane. Sa famille s'est

réunie et a décidé d'aller trouver l'homme blanc pour lui

demander de l'argent. L'homme blanc a payé beaucoup pour

l'avoir tuée.

- Comment ont-ils pu lui demander de l'argent alors qu'il

n'avait tiré que sur une chienne ?

- Ils ont dit que l'homme savait très bien qu'il ne s'agissait

pas d'une chienne parce qu'il n'était pas seul et comme les

autres il avait bien vu la chienne dressée sur ses pattes de

derrière - comme un homme - pour attraper le fromage

placé sur un plateau pendu au plafond..."

Il est difficile d'accepter l'idée d'un double animal. Il est peu

d'expériences contrôlées à ce propos.

N.B. Toutes les images de cette page sont tirées du très

intéressant ouvrage de Geneviève Carbone "La peur du loup",

dans la collection "Gallimard Découvertes", qui resitue

parfaitement l'histoire du loup-garou dans son contexte.

J- Autres facultés paranormales

Plutôt que de nous disperser parmi des dizaines de facultés aussi

rares que particulières, nous avons préféré nous concentrer sur

quelques facultés :

- La guérison non médicale,

- La résistance aux agents physiques, tels que la marche sur le feu

et la résistance au feu,

- La possibilité de contrer les lois de la gravitation : la lévitation et

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Comprendre le paranormal

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l'hyper-gravité,

- Les stigmates.

1) La guérison non médicale

La médecine soigne des maladies de plus en plus graves et de plus

en plus diverses. L’espérance de vie s’allonge sans cesse dans les

pays développés. On tient, dans la presse et les média, un

discours triomphaliste. Tous les jours on nous parle de nouvelles

découvertes, la biologie explique maintenant telle maladie, la

synthèse chimique est parvenue à élaborer un nouveau

traitement, plus efficace et mieux supporté. Ces avancées font

qu’on ne craint plus la maladie comme il y a cent ans. L’état

d’esprit a radicalement changé : on voit défiler dans la rue les

malades du SIDA réclamant la mise sur le marché de nouvelles

molécules, dès qu’elles se révèlent suffisamment actives ; on

demande une loi autorisant l’euthanasie active, pour aider à

mourir un patient qui souffre d’une maladie incurable et trop

pénible…

La réalité quotidienne est-elle vraiment cela ? En tant que

médecin, je la vis d’une manière toute différente. J’entends une

femme dire qu’on l’a traitée pour son cancer du sein, mais qu’elle

en ressort avec un bras grossi, douloureux et qu’elle ne peut pas

lever plus haut que l’horizontale. Je vois un homme qu’on a opéré

du dos, mais sans le prévenir qu’il aurait une rééducation très

longue et pénible, l’empêchant d’exercer sa profession durant des

mois. J’en vois encore qui disent que les antibiotiques n’agissent

plus sur leurs enfants parce qu’ils en en trop pris, qu’ils sont

malades une semaine sur deux ou presque… J’en viens à me

demander ce que je ferais moi-même si j’étais atteint d’une

maladie grave, et à dire autour de moi : " Moins on voit de

médecins, mieux on se porte " !

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Comprendre le paranormal

73

Il est donc temps d'examiner des possibilités "alternatives" pour

guérir. Nous allons étudier dans ce livre :

* Le magnétisme

* Les guérisons miraculeuses

* Les guérisons par l'esprit

* Les guérisons par les groupes de prière

* D'autres méthodes seront abordées par la suite,

2) Le magnétisme

Le mot "magnétisme" est un

raccourcissement du terme "magnétisme animal" imaginé par

Messmer, il y a plus de deux cents ans. Beaucoup d'auteurs, et

Messmer en premier lieu, l'ont rapproché du magnétisme

physique, celui concernant les aimants. Yves Rocard [1989],

physicien français et père de l'ex-premier ministre a cru pouvoir le

démontrer, mais ses expériences ne sont pas reproductibles.

Pour la magnétiseuse Edith Acédo, ce terme devrait être associé

au mot "main", en le faisant remonter à un dialecte ancien, où

"magne" signifierait "main".

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Comprendre le paranormal

74

"Magnétisme" serait une sorte de "don des mains". C'est au

travers de ses mains que le magnétiseur dit qu'il voit et qu'il agit.

Acédo dit cependant qu'elle peut déterminer les troubles du

patient, avec une précision quasi radiologique.

Cependant la voie sensorielle paraît n'être qu'un épiphénomène,

sans importance quant au mécanisme du processus. Je connais

Mme C., qui se dit voyante et avoir une voyance "radiologique".

Collaborant directement avec un cabinet médical, elle "voit"

également le remède (homéopathique) à proposer dans ce cas, et

qu'elle fait fabriquer dans un laboratoire indépendant. Elle semble

agir d'une manière très proche d'Acédo qui, elle, refuse le

qualificatif de voyante.

Je soigne par " imposition des mains "

(extrait de " Guérir l’âme et le corps ")

a) Témoignage de Gérard Thomassin

Je n’aime pas le mot " guérisseur " ; quand on me pose la

question, je réponds que je soigne par imposition des mains. Ma

grand-mère avait déjà quelques dons : elle enlevait le feu, mais

elle n’en faisait usage qu’avec les membres de sa famille et ses

proches. Il a fallu que mon père ait un problème très grave pour

que je me rende compte qu’il fallait vraiment que je fasse quelque

chose pour les autres. En juin 1984, mon père a été victime d’un

infarctus. Transporté d’urgence à l’hôpital d’Avignon, il sombra

dans le coma. On diagnostiqua une péricardite. Le médecin-chef

que vit ma mère ne lui laissa aucun espoir que mon père sorte du

coma. Celle-ci m’a donc téléphoné, et je me suis rendu à l’hôpital.

Une fois dans la chambre, j’ai ressenti que je pouvais intervenir.

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Comprendre le paranormal

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J’ai donc passé ma main droite dans le dos de mon père, et ma

main gauche sur son cœur. Il ne m’a pas fallu plus de deux à trois

minutes pour commencer à transpirer. Mon oncle, qui était présent

dans la chambre, était obligé de m’éponger le front sans arrêt. J’ai

imposé les mains environ vingt minutes avant que mon père, qui

respirait et râlait très fort, commence à se calmer. J’ai ôté mes

mains, j’étais épuisé. Il m’a d’ailleurs fallu une journée entière

pour récupérer. Je suis rentré à Cavaillon, et le lendemain matin

ma mère m’a appelé, très heureuse : mon père était sorti du

coma. Pour toute conclusion, le médecin dit à ma mère que " le

malade l’avait beaucoup aidé ". Aujourd’hui, mon père vient

d’avoir quatre-vingt cinq ans, il se porte très bien. J’ai alors décidé

d’ouvrir ma porte aux personnes qui avaient besoin d’aide.

Quand j’entre dans la salle d’attente, je vois déjà si c’est grave ou

non. Les indications sur les patients me parviennent par le regard,

sous forme de flash. J’ai soigné un jour un monsieur que je savais

être président de société, père de trois enfants. Or en passant les

mains autour de sa tête, j’ai ressenti que ce monsieur était prêtre

! Je me suis permis de le questionner, et il me répondit, fort

surpris, qu’en effet il était allé au petit séminaire avant de changer

de voie...

Il n’y a pas de magie là-dedans : il faut que j’arrive à comprendre

le problème de la personne, après c’est déjà à 70 ou 80% guéri. Je

lui explique ce qu’elle doit faire pour se remettre sur pieds.

Je fais allonger la personne sur ma table, sur le dos et je

commence par une imposition des mains d’environ cinq minutes

sur la tête, ce qui permet à l’esprit de se détendre. Je viens alors

sur le coté droit et je travaille sur le plexus solaire. Bien souvent

les gens ont une sorte de boule au niveau de l’estomac qui

remonte jusqu’à la gorge, ce qui est d’origine nerveuse. Dès la

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76

première séance je parviens généralement à leur enlever cette

boule, parfois en les massant avec des huiles au niveau du plexus

solaire. Ensuite je travaille sur les jambes, la circulation du sang.

Enfin j’exécute quelques passes au dessus du corps pour terminer

la séance qui dure en moyenne entre vingt et trente minutes selon

l’état de réceptivité du patient.

Depuis quinze ans que j’exerce, j’ai obtenu, par la pratique et la

régularité des résultats, beaucoup de réponses, qui m’ont paru

d’une logique évidente. Je pense maintenant qu’il y a surtout deux

sortes de maladies : les maladies d’ordre mécanique telles que

fractures, rhumatismes, arthrose, et les maladies d’ordre

psychosomatique telles que maladies de peau, eczéma, zona,

psoriasis, même si ces maladies ont des causes très diverses.

Quelle que soit la maladie, il est important de poser mes mains sur

la partie atteinte. Pour un zona, je commence alors à ressentir,

ainsi que le patient, une forme de chaleur, puis me viennent des

picotements dans les doigts. Suivant ce que je traite, je ressens

une douleur parfois si violente au niveau de l’épaule droite que je

suis obligé d’interrompre le contact quelques secondes, pour

pouvoir récupérer. J’absorbe la douleur du patient : si le zona ne

fait que débuter, je transpire légèrement ; pour un zona avancé,

je vais transpirer pratiquement sur tout le corps.

Je ne pense pas avoir eu d’échec. En 48 heures la douleur

disparaît et toutes les plaies sont séchées. Après quinze ans de

pratique je suis toujours étonné de ce résultat.

Pour bon nombre de symptômes, le meilleur guérisseur c’est soi-

même. Très souvent je dis à mes patients : " Je peux vous aider,

mais aidez-moi ".

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77

Réflexions autour du magnétisme

(extrait de " Guérir l’âme et le corps ")

b) Édith Acédo

Le magnétisme est affaire de " mains ". L’origine du mot est

souvent rapportée à Magnésie, ville d’Asie Mineure où les Grecs

découvrirent la pierre d’aimant. Ma théorie berrichonne, qui

n’engage que moi, me plaît davantage… ¨Pour moi,

" magnétisme " vient de magner, donc de main

Aux portes de l’an 2000, nous ne sommes guère plus éclairés que

ne l’étaient les gens du Moyen Âge. Praticienne de longue date, je

n’ai aucune explication rationnelle au phénomène. Pour moi, le

magnétisme est cette force colossale qui émane en permanence de

tout ce qui existe et vit sur notre planète

Lorsque je dis : " Ma grand-mère, ma mère étaient guérisseuses ",

chacun s’imagine des personnages d’envergure et de renom. Pas

du tout. Qui n’est guérisseur en ce terroir du Berry ? Quasiment

tout le monde, au moins en ce temps-là, savait soigner, guérir, ne

fut-ce qu’un seul mal, une seule misère.

Ma sensibilité personnelle me fit très vite éprouver des sensations

lorsque mes mains évoluaient au dessus du corps des consultants.

Je m’attachais à démêler cet enchevêtrement de stimuli.

Chaque être vivant " possède " du magnétisme, mais tous les

humains n’en sont pas pourvus de manière égale, ni en quantité,

ni en qualité. Quel ingrédient faut-il donc ajouter pour manifester

des aptitudes à devenir magnétiseur ? Les magnétiseurs sont

toujours gens de foi. Existe-t-il un nombre plus important de

charlatans et de brebis galeuses en cette profession qu’en

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Comprendre le paranormal

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n’importe quelle autre ? Pour supprimer ou diminuer les

contrefaçons et les abus, peut-être conviendrait-il de démystifier le

sujet. Existe-t-il des techniques propres au magnétisme ?

L’importance du procédé est infiniment moindre... que la relation

au malade. Le magnétiseur est un personnage sensible, sensitif,

de grande acuité intuitive. Faisant confiance à son dieu, à son don,

à ses qualités de cœur et à ses mains, le magnétiseur suit ce qu’il

ressent ou pressent intuitivement. Ses mains vont et viennent au-

dessus du mal " au feeling ". Rien à voir avec le travail d’une

infirmière ou d’un chirurgien. Cela étant, rien n’empêche non plus

d’apprendre au moins un minimum d’anatomie et de physiologie

humaines. Cela permet de comprendre les maladies ou

dysfonctions, donc d’avoir une meilleure approche générale des

malades et d’avoir un langage commun avec les médecins...

Comment se donne le soin magnétique ? Chacun suit son instinct,

ses intuitions, ses croyances et ses mains. Pour la majorité, les

soins sont donnés aux malades assis ou debout. Mais de plus en

plus nombreux sont les magnétiseurs qui allongent leurs patients

sur une table confortablement matelassée.

Combien de séances sont nécessaires ? A quelle fréquence

convient-il de les donner ? L’appréciation est affaire de bon sens :

tout dépend de la nature de l’affection à traiter et de la valeur du

praticien. Les malades habitent rarement à proximité du domicile

du magnétiseur, du moins à Paris ou dans les grandes villes. Il

n’est tout de même pas aisé de faire parcourir des centaines de

kilomètres à quelqu’un dont les forces sont affaiblies par la

maladie, voire par la souffrance.

Pourquoi espacer les séances de trois semaines plutôt que les

donner tous les jours ou tous les deux jours ? D'abord, par respect

de la Vie à l'œuvre chez les malades : lui donner le temps de

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rassembler son potentiel d'expression, d'y inclure ce que nos

mains, notre cœur, notre esprit viennent d'y induire, et la laisser

traduire elle-même l'amélioration... à sa manière.

Actuellement, chez tout praticien correct, on peut admettre une

séance, voire deux, pour un zona, autant pour les algies et

douleurs diverses. Parfois il faudra trois à cinq séances de

magnétisme pour venir à bout de certains troubles chroniques ;

évidemment plus lorsqu’il s’agit d’accompagner des malades en

cours de traitements médicaux longs et fatigants. Tout cela est

affaire de jugement et d’évaluation, selon les cas à traiter.

*

* *

Édith Acédo a exercé toute sa vie comme magnétiseuse. Elle a

écrit plusieurs livres, dont " Ces mains qui lisent les corps " et une

autobiographie sous le titre " Mémoire d’une sorcière berrichonne,

le plombier du Bon Dieu ", tous deux aux Éditions Trigramme. Elle

est actuellement retraitée en pleine campagne, dans le centre de

la France.

Les " leveurs de maux "

(extraits de " Guérir l’âme et le corps ")

c) Dominique Camus

Face à la maladie, à la douleur physique, une seule chose compte :

que cesse au plus vite l’intolérable. Cependant, bon nombre de nos

concitoyens estiment que vouloir guérir selon les règles édictées

par la médecine officielle n’est pas toujours la façon la plus rapide,

la plus sûre et la moins coûteuse qui soit. Il n’est pas nécessaire

d’arpenter en tout sens nos campagnes et nos villes pour

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rencontrer des personnes qui préfèrent requérir les services

d’individus qui ont un " don " en la matière, une capacité reconnue

comme telle par leurs compatriotes. Parmi les différentes pratiques

de guérissage ayant cours dans notre pays, je ne parlerai ici que

de celle des " leveurs de maux ", ces gens qui ont la faculté de "

lever " du corps des humains ou des animaux les maux qui les

affligent. Ils y parviennent en effectuant simplement quelques

gestes, c’est pourquoi on les appelle bien souvent les " toucheurs".

Les motifs les plus fréquemment invoqués pour justifier le choix de

ce genre de cure sont le caractère aléatoire des thérapeutiques

présentées par les médecins et les limites de leur savoir. C’est

notamment le cas lorsqu’il s’agit de traiter certaines dermatoses

comme les verrues, le zona, l’eczéma ou le psoriasis. On met

généralement en avant la brièveté de la séance de soins et ses

effets très rapides. C’est bien parce qu’il n’avait pas " les moyens

de traîner comme ça " avec son affection que notre chauffeur

routier s’est fait examiner par Yvon Legalais : " C’est pas le tout,

moi quand je roule pas, j’suis pas payé ". Ces propos nous

rappellent que, pour bon nombre de nos concitoyens, le corps est

un incontournable instrument de travail, fait que nous avons

tendance à oublier. Il est donc hors de question qu’il ne puisse

fonctionner correctement.

Il est également des situations où la raison impose d’agir

promptement. On recourt aux services d’un leveur de maux,

sachant que de toutes façons " ça ne fait pas de mal ", et que

l’intervenant en question " a toujours su y faire ". Ceci est souvent

le cas lorsqu’il faut contrevenir aux ardeurs du venin inoculé par la

morsure d’une vipère ou faire cesser la douleur d’une piqûre

d’abeille, d’une entorse ou d’une brûlure. Dans le cas, bien

improbable, où le don se trouverait pris en défaut " il sera toujours

temps d’appeler le docteur ".

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Chahutant dans la cuisine avec son frère, une enfant reçut le

contenu d’une friteuse bouillante sur le côté du visage, le cou et le

torse. Irène Calmel nous dit : " Qu’est-ce que vous vouliez que je

fasse ! La petite, elle hurlait tout ce qu’elle pouvait. Alors je m’y

suis mise. On a vite déshabillé la gosse et j’ai soufflé. Comme elle

était salement brûlée, ça m’a bien pris dix minutes. J’étais

complètement saoule après. Il m’a fallu plus de temps pour

récupérer que la gamine. Elle, ça a été une affaire de quelques

minutes. Moi j’avais les poumons qui me brûlaient, et puis la gorge

aussi. Mais ça c’est une autre affaire. "

La mère de l’accidentée déclare qu’elle a " agi comme ça, sans

réfléchir. Je savais qu’Irène [qui est sa voisine de palier] a le don

pour le feu, alors j’ai fait ni une ni deux... Le plus incroyable de

l’affaire c’est que je serrais Catherine dans mes bras et qu’elle ne

disait rien. Elle sentait plus rien. Quand on a appelé le docteur le

lendemain matin, il n’en revenait pas. Quand je lui ai raconté ce

qui s’était passé, il a juste dit "vous avez bien fait". Il m’a

simplement prescrit une lotion pour que ça cicatrise sans faire de

marques. C’est tout... On peut dire que ça lui a mis des points

d’interrogations plein la tête. "

Si tout un chacun peut espérer voir mettre fin à ses souffrances en

s’en remettant aux bons soins d’un de ces guérisseurs, le succès

de la cure suppose le respect de certaines règles.

En premier lieu, il ne faut pas douter de l’issue de l’entreprise.

Comme la plupart de ses homologues, Pierre Couteux en fait un

préalable à la consultation : " Si une personne vient pour se faire

soigner et qu’elle s’en fout, il y a de grandes chances pour que ça

ne marche pas. Alors après on a bonne mine ! Moi, les j’m’en

foutistes je ne les soigne pas. Il y en a qui viennent en rigolant,

sans y croire, ni rien. Et bien, je n’y fais rien. " En exprimant cette

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nécessité, les leveurs de maux ne demandent aucunement à leurs

patients de croire en eux personnellement. Ils doivent simplement

avoir confiance dans l’efficacité du rituel.

L’abstinence alimentaire est parfois l’une des clauses de la cure,

notamment lorsqu’elle porte sur les verrues et les dermatoses "

humides ". Ne pas nourrir le mal, l’attaquer lorsqu’il est affaibli par

le manque de nourriture, est la base de cette règle, que suivent

aussi les intervenants. Ils sont ainsi assainis par le jeûne. Là

encore ils n’entendent pas que leurs consultants se dérobent à

cette exigence. Madame Paumelin affirme : " Écoutez, moi je me

prive de déjeuner, il n’y a pas de raison que la personne fasse pas

de même. C’est pas sérieux. Ceux qui veulent pas respecter les

règles ils ont qu’à aller voir ailleurs. C’est ce que je leur dis. "

Lorsqu’il s’agit d’intervenir sur les brûlures, le zona, les dartres,

voire les entorses, l’emploi d’une pommade est proscrit. Rien ne

doit faire écran entre le " pouvoir " du guérisseur et le mal. Celui-

ci doit, en quelque sorte, être " vierge ". Madame Durant

conseille : " Lorsque quelqu’un se brûle, il se forme une cloque

d’eau. Moi je le panse et dans la minute qui suit, hop, la cloque se

met à suppurer et l’eau s’en va. C’est terminé. Au bout d’une

journée, on ne voit plus de cicatrice, rien du tout. Le problème

c’est que souvent quelqu’un qui se brûle met de la pommade

dessus ou va voir un docteur et c’est le lendemain ou le

surlendemain qu’il apprend qu’on pouvait le panser. Dans ce cas,

ça donne plus de mal et la réaction du malade n’est pas pareille.

La brûlure ne part pas si vite et ça se cicatrise pas si bien. Il reste

toujours une marque. Là le pansement n’est pas si efficace. Il

faudrait que le brûlé ne mette absolument rien dessus et vienne

tout de suite. "

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Comprendre le paranormal

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Le guérisseur délimite la zone du corps où il va opérer. Il utilise

l’index de la main droite, le doigt qui accuse, ou parfois le pouce,

que certains considèrent comme " le doigt le plus fort ". Il sépare

les parties saines de celles qui sont affectées par le tracé d’un

cercle, généralement effectué dans le sens de la révolution solaire.

Il empêche ainsi le mal de s’étendre, le prenant au piège. Il ne lui

reste alors plus qu’à le détruire en faisant usage de l’arme de la

conjuration par excellence : la croix. Si ces personnes utilisent ce

signe lié au religieux, c’est faute de mieux. Leurs facultés ne

résultent pas de l’acquisition d’un savoir. C’est, comme le dit Joël

Joubert, " sur le tas " qu’ils ont appris à les mettre en œuvre.

L’officiant utilise souvent sa salive, substance qui symbolise

l’énergie vitale du soignant. Ce geste exprime une volonté forte de

vaincre l’adversité. Ainsi est-ce le cas pour combattre par l’humide

un excès de chaleur provenant d’un zona, de brûlures ou d’une

envenimation. Les patients déclarent alors éprouver une sensation

de fraîcheur, comme si déjà le venin perd de sa virulence ou le feu

s’apaise. A l’inverse, ceux dont les verrues ou les furoncles en sont

humectés en ressentent immédiatement les effets corrosifs. La

plupart la compare à de l’acide. Sous l’effet de sa causticité les

furoncles éclatent et les verrues se dessèchent.

Le souffle, qui représente la puissance interne de l’officiant, peut

être mis à contribution, notamment pour annihiler l’ardeur d’une

brûlure ou d’une inflammation musculaire. Sous le souffle " froid "

de messieurs Rouvel et Legalais, les entorses, foulures et autres

luxations " disparaissent comme par enchantement ", " les nerfs

rentrent dans leur tracé ".

Quand ces guérisseurs n’agissent pas directement sur le corps de

leurs consultants, ils utilisent des matériaux sur lesquels la

maladie est transférée et dont ils se débarrassent ensuite. Ils

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partent du principe que toute chose qui touche une personne

s’imprègne de ses propriétés et donc de ses maux. Toute action à

l’encontre de cet objet, qui constitue dès lors un substitut de

l’individu, se répercute sur lui. Le choix de l’objet de substitution

s’effectue en fonction de son analogie avec les caractéristiques

présentées par l’altération organique. Pour traiter les fièvres,

madame Guilever demande de lui faire parvenir un foulard rouge

que le sujet aura apposé sur son front et de lui indiquer son nom

et son prénom. Après avoir trituré quelques instants le tissu, le

temps qu’il s’imprègne de " sa force ", elle le soumet à l’action

lénifiante du vent en l’accrochant à un branchage. Dans le même

registre, d’autres enterrent au pied d’un tremble une mèche de

cheveux du souffrant ou un linge imbibé de sa sueur. Le tremble,

qui n’est autre que le peuplier, est choisi par analogie de nom

évoquant les tremblements du fiévreux.

3) Les guérisons miraculeuses

Autre discussion qui a remué le catholicisme, les guérisons

miraculeuses, celles de Lourdes en particulier. Certes, la plupart

sont encore incompréhensibles sur le plan médical. Mais

l’explication n’est pas forcément très loin. Je voudrais prendre

pour exemple le 65ème miracle de Lourdes, car il m’apparaît très

significatif :

� Delizia Cirolli, une jeune Sicilienne de 11 ans, souffre

brutalement de douleurs au genou, qui se révèlent provenir

d’une tumeur cancéreuse (un sarcome d'Ewing). Elle est

hospitalisée, et sa survie est alors évaluée à trois mois. Le

chef de service propose aux parents une amputation qui

devrait entraîner une amélioration du confort et une survie

de quelques mois. Les parents décident de la sortir de

l'hôpital contre avis médical, et la ramènent chez eux. Ayant,

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sur ces entrefaites, entendu parler de Lourdes, ils décident

de l'y emmener. Mais ils n'ont pas d'argent. Aussi tout le

village se mobilise-t-il pour recueillir la somme nécessaire.

Quelques semaines après le pèlerinage, la tumeur a régressé

puis a disparu, ce que l'équipe médicale a confirmé, radios à

l'appui (en 1976). Il n'y a pas eu de rechute depuis. La

Commission chargée d'enquêter sur les miracles de Lourdes

a conclu à une guérison surnaturelle, ce que l'Eglise a

entériné (en 1989).

On dit qu’il y a eu environ 6000 guérisons à Lourdes, parmi

lesquelles près de 2000 dossiers ont été instruits. Depuis 1947,

sur 1 300 dossiers ouverts, 57 ont donné lieu à la qualification de

guérison et 47 ont été présentés aux évêques pour les examiner

sur le plan religieux. Seuls 18 ont abouti à la dénomination

" miracle ". Les critères actuels sont : (1) La maladie décrite par le

(ou les) certificat(s) existait-elle avec certitude au moment du

pèlerinage à Lourdes ? (2) La maladie a-t-elle été brusquement

arrêtée alors qu'il n'y avait pas de tendance vers l'amélioration ?

(3) Y a-t-il guérison ? A-t-elle eu lieu sans l'emploi de

médicaments ? (4) Y a-t-il lieu de surseoir à conclusion ? (5) Une

explication médicale de cette guérison est-elle susceptible d'être

donnée ? (6) Échappe-t-elle aux lois naturelles ?

Dans ce 65ème miracle, les trois premiers points sont acquis, mais

je ne pense pas que les trois suivants le soient. On dit qu'un

organisme sain parvient à détruire quotidiennement environ 1 000

cellules anormales, précancéreuses. C'est la baisse des défenses

qui laisserait croître le cancer. Dans le cas présent, on imagine ce

qu'a pu représenter, pour des paysans pauvres, de s'opposer par

la force aux médecins, de prendre en charge, par eux-mêmes, la

survie de l'enfant, et enfin de réunir une somme pour eux très

importante, tout ceci au nom de la foi religieuse. Cette famille et

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Comprendre le paranormal

86

ce village ont véritablement communié psychologiquement

pendant plusieurs semaines, en une sorte d’Égrégore : la venue à

Lourdes a pu constituer une image mentale très forte, qui a

focalisé positivement la vie émotionnelle de ce groupe, à l’instar

des "groupes de guérison" actuels. L'enfant n'a eu qu'à s'insérer

dans ce bain, ce qui explique à mon sens l’évolution positive. S'il

n'y avait pas eu de pèlerinage, cette histoire aurait-elle jamais été

considérée comme un miracle ?

Pour moi, le critère (6) pose une grande question. En effet, la

progression des sciences élargira progressivement le champ des

"lois naturelles". Ce critère doit être manié avec la plus grande

précaution. La guérison miraculeuse sera probablement un des

chapitres du paranormal qui entrera le plus tôt dans les sciences.

En effet, il ne pose aucune question ni sur le temps, ni sur

l’espace, ni même sur la causalité...

La guérison miraculeuse s'inscrit dans un cadre plus large. En

effet, bien des exemples montrent que notre psychisme est

capable, par lui-même, de susciter la guérison du corps. Cette

faculté est encore accentuée quand un groupe se réunit pour

obtenir une guérison.

4) Les guérisons par le psychisme

Cette question a fait l’objet, pour les cancers en particuliers, de

nombreux travaux scientifiques. "La psychothérapie peut-elle

retarder la mort par cancer ?" La réponse semblerait a priori

positive. Différentes recherches montrent un taux de survie

multiplié par deux à la suite d'une psychothérapie. En France,

Jasmin souligne une différence d'évolution très significative dans

les cancers du sein suivant le type de fonctionnement psychique.

Mais, comme le souligne Alain Dorra, ces travaux ne sont pas

vraiment fiables sur le plan scientifique, et il semblerait qu'"il

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Comprendre le paranormal

87

existe actuellement dans le domaine de la psycho-oncologie autant

d'études mettant en relation psychisme et prolifération tumorale

que de travaux qui arrivent à la conclusion opposée."

Cependant, tous ces travaux, favorables ou défavorables à

l'hypothèse d'une action des mécanismes psychiques sur le cancer,

ne souffrent-ils pas d'un même handicap : ils se limitent au

conscient, dont on peut supposer, a priori, le peu d'action sur ces

processus ? Aussi, malgré toute la prudence qui s'impose dans ce

domaine très discuté, je pense qu'on doit examiner l'hypothèse

selon laquelle on peut solliciter mentalement les défenses de

l'organisme, et guérir de cette façon les maladies les plus

redoutables. J'aborderai, tout à la fois, la capacité qu'ont certaines

personnes de guérir les autres, les guérisons spontanées, hors

d'une intervention médicale, ainsi que celles dites inexpliquées,

voire miraculeuses. En effet, ces différentes manifestations

semblent faire un tout, même si toutes n'entrent pas dans le cadre

paranormal, loin de là :

� Mme R. a présenté, il y a plus d'une décennie, un cancer

bilatéral des seins, métastasé. Après son intervention, son

médecin lui prévoyait une survie ne dépassant pas trois

mois. Là-dessus, comme parfois cela se produit quand

l'échéance est proche, elle réalise la vanité de sa vie. Son

mari est parti avec sa secrétaire, ses enfants sont odieux et

ingrats avec elle... Sur les conseils d'une amie, elle jette tout

aux orties et se rend dans un centre de méditation aux USA.

Là, on lui dit que son cancer est lié à un excès de rigidité...

Elle y restera plusieurs années, et son cancer ne fera plus

parler de lui.

Beaucoup de femmes (ou d'hommes) ont ainsi, au seuil de la

mort, changé brutalement leur vie. Cette prise de conscience

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Comprendre le paranormal

88

semble avoir été un facteur important de leur évolution favorable.

Les travaux statistiques, dont les résultats varient largement

suivant les études, montreraient surtout la difficulté d'identifier

des critères scientifiques de ce changement de vie.

� On se souvient de Chichester qui, lors d'un examen

radiologique des poumons, a découvert qu'il était condamné

par un cancer à moins de six mois de survie. Préférant

mourir en mer que dans son lit, il a pris son bateau, toutes

affaires cessantes, et a réalisé les exploits qu'on lui connaît.

Il est mort depuis, mais près de deux décennies après, et de

tout autre chose.

En dehors d'une possible erreur médicale, on évoque l'hypothèse

que les vagues déferlantes auraient suscité massivement, et de

manière quasi constante, ses corticosurrénales, et donc les

corticoïdes endogènes, dont le rôle est connu dans l'évolution des

cancers. N'auraient-ils pas détruit le cancer d'une manière

naturelle ? Les Japonais font appel à des hypothèses similaires,

lorsqu'ils proposent à leurs cancéreux l'ascension du Mont-Blanc...

5) Guérison par les groupes de prière

Lors d'une émission de télévision, une femme racontait qu'un

jour, alors qu'elle était au stade terminal d'un cancer, elle entra,

par hasard, dans une église où se tenait une réunion de prière

d'un groupe charismatique. Elle observait le groupe et entendit le

prêtre dire qu'il y avait parmi eux une femme en stade terminal

d'un cancer, et qu'elle serait guérie. Il demanda à la personne

qu'elle veuille bien lever le bras. Sans même y penser, elle leva le

bras. Peu de temps après cette prière en groupe, ses examens se

normalisaient complètement. A ce jour, elle n'a pas eu de rechute.

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Comprendre le paranormal

89

Ces groupes se multiplient actuellement. Et j'entends des gens,

que je supposais loin de tout cela, me dire qu'ils en font partie.

Parfois ils se réunissent autour d'une personnalité marquante,

douée d'un charisme particulier. L'attitude du prêtre révèle une

intuition proche de la voyance. Il a senti l'arrivée de cette femme

étrangère au groupe et sa maladie. Par cette annonce très lourde,

le groupe, préparé à une communion mentale positive, s'est

brutalement focalisé sur cette personne. A joué une sorte de

synchronie, une contagion affective, organisant fortement les

émotions sur un thème spécifique : "En visualisant le malade

guéri, ils émettent une force de pensée bienfaisante", dit Maguy

Lebrun, animatrice de groupes de prière, et auteur d'un ouvrage

[1987]. Le prêtre, par son attitude, a réalisé de plus une sorte

d'"étiquetage", comme on dit actuellement : il a désigné cette

femme au groupe. Qu'elle soit étrangère a facilité les choses, car

aucune relation affective préalable n'interférait négativement avec

le processus. La disant mourante, il a eu un effet mobilisateur

immédiat, presque explosif, une sorte de "cri mental". La

rémission a suivi...

Dans les groupes de prière, bien des gens témoignent : "Ce n'est

pas un miracle que les gens viennent chercher, c'est de l'amour."

La détresse morale est la première cible. On retrouve des

éléments déjà vus : "Nous sommes les capteurs, les transmetteurs

aux malades de l'énergie développée par la prière de tous."

L'individu disparaît, et même l'individualité du groupe, dans une

soumission à une Entité, même si elle n'est pas explicitement

nommée. Le cadre religieux n'est pas précisé : il s'agit d'une

"forme d'amour qui, mêlée aux formes d'amour des autres, se

fond avec celles des "guides" pour devenir une somme. Au nom de

Dieu ou des forces cosmiques, c'est la même chose". Ceci évoque,

intimement mêlés, l'ésotérisme et de vagues intuitions

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chrétiennes. Les dogmes habituels cadrent mal avec ce que

ressentent les participants. Une animatrice, telle Maguy Lebrun, dit

ne pas se situer dans la foi catholique. Elle ajoute : "Dieu, c'est

l'ensemble des vibrations humaines astrales, c'est la quintessence

de l'esprit, c'est peut-être l'ensemble de toutes les forces

terrestres, de la nature, des énergies. C'est la vibration parfaite."

Cette accumulation de termes témoigne qu'elle cherche ses

références, mais on retrouve, à peine cachée, l'idée de Mental. Le

père Godel, qui connaît Maguy, le dit bien : "Sa conception de Dieu

est loin de la foi chrétienne, c'est un Dieu Impersonnel, un peu à

la manière hindouiste."

K- La résistance aux agents physiques

Notre organisme a la capacité de résister à des conditions

extrêmes. Nous avons tous entendus parler de fakirs, en plein

Himalaya capables de sécher sur eux-mêmes des draps gelés, par

la simple force de leur esprit.

Plus près de nous, nous savons que certains sont capables de

marcher sur le feu ou de résister au feu et à l'eau bouillante.

1) La marche sur le feu

Il existe actuellement de nombreuses écoles de marche sur le feu.

Ici la méthode fait appel à une transe

auto-induite. Elle s'inspire du Japon, où

M. R. l'a apprise auprès d'un Maître qui,

dit-il, se situait dans un cheminement

mystique. D'autres pratiquants, tel Tony

Robbins aux Etats-Unis, se placent dans

un cadre plus occidental, la

Programmation neuro-linguistique, par

exemple. Voici ce qu'en dit David

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Russel : "Quand je posai le pied sur les charbons, je n'avais

aucune idée de ce que serait mon expérience. Tout en traversant

le lit de charbons ardents, je n'eus que la vague notion de marcher

sur quelque chose de chaud." Ce sujet avait, semble-t-il, mis en

veilleuse sa pensée rationnelle, état induit par le Maître, et de ce

fait contrôlé par lui. Bob Audrey, toujours sous la direction de

Robbins, dit : "A la dernière seconde, avant de rejoindre le rivage

[le bord du feu], agacé par ce mystère, j'ai fortement pressé un

pied sur une pierre, un peu comme si j'écrasais un mégot de

cigarette, et je me suis grièvement brûlé."

� M. R., ingénieur CNRS, a effectué sous mes yeux (et

devant une nombreuse assistance) une marche sur le feu

d'une distance de cinquante mètres (deux fois vingt-cinq

mètres sans étape intermédiaire). Avant de commencer, il

s'arrête quelques instants sur un tas de sel, destiné à

assécher la plante de ses pieds. Il pousse un cri guttural.

Puis il part d'une manière mécanique. Faisant un rapide

demi-tour en bout de piste, il reprend le même chemin, en

sens inverse. Il s'arrête en fin de course un instant, lance le

même cri, avant de reprendre une attitude normale. Il

montre ses plantes de pieds à quelques observateurs. Après

les avoir brossées pour enlever les cendres, on constate

qu'elles ne sont en rien lésées. Cependant, une braise s'est

malencontreusement placée entre deux de ses orteils, le

brûlant gravement.

Une telle expérience ne se situe pas vraiment dans un cadre

paranormal dans le sens habituel. M. R. est d'esprit rigoureux.

Travaillant dans un laboratoire de neurophysiologie humaine, il est

à même de connaître les capacités de l'organisme. Pour lui, le pied

ne brûle pas parce que le temps de contact est trop court pour

qu'il arrive à la température critique. Il se met en état de transe

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(ce dont témoigne le cri) pour supprimer les hésitations. Laisser

gérer l'opération par des automatismes permet d'obtenir des

temps strictement constants. Le niveau d'inconscient qu'évoque M.

R. est superficiel, comme le manifesterait d'ailleurs la brûlure

entre les orteils.

Illustration : marche sur le feu (col. privée.)

2) Résister au feu

L'être humain peut présenter la faculté de résister au feu, au-delà

de l'imaginable. J'ai moi-même assisté à une séance avec un

chaman qui laissait ses mains sur la flamme d'une bougie plusieurs

minutes sans apparemment en ressentir la moindre brûlure.

L'émission "Mystères" a présenté une démonstration de

maniement du feu par Mario Mercier, chamans et auteur de

plusieurs ouvrages [1977...]. Celui-ci prenait des braises, si

chaudes que le présentateur disait ne pas pouvoir les approcher.

On lui avait adjoint un prestidigitateur, à titre d'expert. Mercier a

donc pris les braises à pleines mains, les a brisées dans ses doigts,

réduites en cendres, puis a ouvert les mains. Après avoir frottées

celles-ci ensemble, pour en dégager la cendre, aucune trace de

brûlure ! Et l'expert de confirmer la capacité étonnante du

chaman, attestant qu'il avait vérifié l'absence de prestidigitation.

Mercier expliquait ses facultés en disant qu'il était entré en contact

avec l'esprit du feu. Ainsi les braises ne le brûlaient plus.

Il arrive que cette insensibilité au feu surgisse de manière

sporadique, hors d'un apprentissage et de la vie mystique. La

résistance au feu est connue depuis la plus haute antiquité, dans

toutes les civilisations. Si la marche sur le feu apparaît fréquente

et de pratique relativement facile, le fait de rester durablement

dans les flammes et d'en ressortir intact, corps et vêtements, est

très rare.

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Comprendre le paranormal

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Thurston lui consacre un chapitre entier ("Salamandres

humaines"), il rappelle l'histoire du martyr chrétien saint Polycarpe

de Smyrne (vers l'an 156) :

� "Il fut condamné à être brûlé vif. Les piles de bûches

allumées flambaient violemment : les flammes, formant une

voûte, encerclèrent doucement le corps du martyr sans lui

faire aucun mal ; si bien que ses persécuteurs, pour en finir

avec lui, dépêchèrent un homme d'armes lui percer la

poitrine d'un fer de lance. Le jet de sang éteignit

l'embrasement, mais quand saint Polycarpe eut expiré, le

bûcher fut rallumé et son corps, sauf les os, fut réduit en

cendres." (p. 209)

Malgré l'exagération toujours possible, l'incombustibilité apparaît

liée à la vie du sujet, et donc à son état mental. Dès que cette vie

cesse, le corps subit la loi habituelle de la matière. Cette

résistance au feu concerne le corps mais aussi les vêtements.

Cette résistance au feu se communique à un tiers non entraîné,

par une contagion affective, d'inconscient à inconscient. Thurston

écrit ainsi, de François de Paule (p. 214) :

� "On avait édifié auprès de là un four à chaux... et il était

déjà allumé, quand on vint dire au saint qu'il s'effondrait.

Sur quoi François ordonna à un moinillon... de prendre un

bâton qu'il lui donna et de le planter à l'intérieur. Il dit au

jeune garçon de ne pas avoir peur, et en vérité il ne souffrit

aucun mal, et le four fut sauvé."

Quand le sujet se soumet "corps et âme" au Maître compétent, il

ne court pas de risque. C'est l'esprit du Maître qui,

instantanément, lui communique ses capacités. Il n'a besoin

d'aucune formation, mais, de ce fait, il n'acquiert rien. S'il s'extrait

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de cette relation, il perd tout : "Si vous me lâchez la main, vous

allez brûler horriblement", le prévient-on d'avance. Il faut

distinguer radicalement l'apprentissage habituel, qui porte sur des

rudiments, d'une transmission immédiate de la maîtrise la plus

accomplie.

Cette capacité est étrangère à l'intelligence, elle se réfère à un

fonctionnement mental "primaire", archaïque, largement

inconscient.

� "Le Frère François [de Paule] répondit : "Il est tout à fait

vrai que je suis un rustique, et si je ne l'étais pas, je ne

pourrais pas faire des choses comme cela." Et ce disant, il se

pencha vers le feu qui était bien grand et brûlait à belles

flammes. Il remplit ses mains de tisons et de charbons

ardents et les garda ainsi, et se tournant vers le chanoine, il

dit : "Vous voyez, je ne pourrais faire cela, si je n'étais un

paysan."" (Thurston, ibid., p. 212.)

On pourrait opposer à cette "incombustibilité" le phénomène de la

"carbonisation spontanée", décrite depuis très longtemps. On en

découvre régulièrement de nouveaux cas, et ils se ressemblent

tous.

L- Contrer les lois de la gravitation

Les lois de la gravitation nous semblent les plus parmi les plus

incontournables, et pourtant divers témoignages attestent qu'il est

possible de lui échapper. Le cas le plus connu est le fait de s'élever

physiquement et de voler comme le ferait un oiseau, c'est la

lévitation. On ignore souvent que l'inverse existe et qu'il est

possible de devenir si lourd que personne ne peut plus nous

déplacer, c'est l'hyper-gravitation.

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1) La lévitation

On appelle " lévitation " le fait qu'un sujet échappe

momentanément aux lois de la pesanteur, jusqu'à s'élever parfois

fort haut. C'est une des manifestations paranormales les plus

spectaculaires. Sa réalité semblerait peu discutable. Elle est

décrite dès les temps les plus anciens, dans toutes les religions.

D'innombrables témoignages ont été recueillis dans les procès de

canonisation. Bouflet [1992, chap. 1] relate sa fréquence chez les

mystiques, même récents. Il avance le chiffre de 10 % (21 cas)

sur les deux cents personnes mortes au xixe et au xxe siècle qui

ont été béatifiées ou canonisées (p. 31). Il note (p. 41), à propos

de Marie d'Agreda (1602-1665) :

" Le corps était privé de l'usage des sens comme s'il eût été mort.

[...] Il était un peu élevé de terre et aussi léger que s'il n'eût

aucun poids naturel, de sorte que par un seul souffle on le

remuait, même d'assez loin, comme une plume légère. " Ailleurs

(p. 47), il parle des visionnaires de Garabandal (près de

Santander, en Espagne, entre 1961 et 1965) : " Entre elles, elles

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se soulèvent avec une très grande facilité ; mais deux hommes

vigoureux arrivent à peine à en remuer une. "

Le plus connu des saints "lévitants" est sans conteste saint Joseph

de Cupertino (1603-1663). Prosper Lambertini (Benoît xiv),

(pape sous le nom de Benoît XIV), Promotor Fidei (l'Avocat du

Diable) lors du procès de béatification, écrit : " Des témoins

oculaires, d'une honnêteté indiscutable, portèrent témoignage des

fameuses élévations au-dessus du sol..." Elles ont été observées

plus d'une centaine de fois, et ce par des témoins aussi importants

que sceptiques :

" Quand, en 1645, l'ambassadeur d'Espagne auprès de la cour

papale, le grand amiral de Castille, traversa la ville d'Assise, il vint

saluer Joseph de Cupertino dans sa cellule. [...] Son épouse

exprima le désir de jouir du même privilège. [...] A cela il [Joseph]

répondit : "J'obéirai, mais je ne sais si je pourrais lui parler." En

réalité, dès qu'il pénétra dans l'église, son regard se posa sur une

statue de Mère Immaculée qui se dressait sur l'autel : il s'éleva à

l'instant d'une douzaine de pieds au-dessus de la tête des

personnes présentes jusqu'au pied de la statue. Après avoir rendu

hommage pendant un moment, il poussa son cri accoutumé, vola

en arrière et retourna tout droit à sa cellule, laissant l'amiral, sa

femme et la brillante suite qui les accompagnait muets

d'étonnement. " (Thurston, p. 26 et suiv.)

L'extase se révèle par le cri, qui jalonne souvent chez lui ces

épisodes. La lévitation cesse sitôt que la transe se termine, comme

souvent :

" S'étant élevé, il se posa sur une haute branche d'arbre qui ne

plia pas. Mais quand l'extase prit fin, elle menaça de se rompre, et

Joseph étant incapable de redescendre, il fallut utiliser une échelle

pour le sortir de ce mauvais pas. " [Guitton et Antier, 1994,

p. 178]

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Au décours de la transe, dès lors que la conscience réapparaît, le

phénomène cesse, définitivement. Ce n'est cependant pas le cas

de tous les saints. Sainte Sainte Thérèse d'Avila, autre

" lévitante " bien connue, dit ainsi :

" Mon âme était enlevée et même ordinairement ma tête suivait ce

transport sans qu'il y eût moyen de la retenir : quelquefois même

le corps tout entier était emporté, lui aussi, et ne touchait plus

terre. [...] Lorsque je voulais résister au ravissement, il me

semblait que des forces si puissantes que je ne sais à quoi les

comparer me soulevaient par les pieds. [...] J'avoue même que,

dans les débuts, j'étais saisie d'une frayeur très vive en voyant

mon corps ainsi élevé de terre." [1985, p. 195-196]

Parmi les laïcs, le médium Dunglas-Home est sans doute le plus

connu des lévitants. Il faut cependant remarquer, comme le

souligne Thurston (p. 11), que la plupart de ses démonstrations

étaient réalisées dans un demi-jour, propre à la supercherie...

On la rencontre également chez chez les "possédés" par le Diable.

Voici deux cas : le premier, en 1907, se situe au Natal (Afrique du

Sud), relaté par le chanoine François Gaquère, à propos d'une

jeune possédée de dix-sept ans, Claire-Germaine Cèle :

" Le suprême exorcisme fut fait par l'évêque en personne, Mgr

Henri Delalle, oblat de Marie Immaculée, originaire d'Apremont,

près de Metz, en Lorraine. Au cours de la cérémonie, il se produisit

un épisode qu'on aurait de la peine à croire s'il n'avait pas eu de

nombreux témoins. Après deux heures et demie de prières, tout à

coup la possédée s'envola à deux mètres de hauteur, et de là, elle

s'écria à l'évêque stupéfait : "Eh bien, l'évêque, qu'as-tu à me

regarder tout ébahi ? Imite-moi donc !" " Planson [1978, p. 230]

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Le second cas s'est produit en Italie, le 21 mai 1920 à 14 heures

et comporte une part de glossolalie :

"Il s'agit encore d'une malheureuse jeune femme livrée à ce

véritable supplice moral qu'est l'exorcisme, pratiqué cette fois par

le père Pier Paulo, en accord avec l'évêque Mgr Pellizari, du

couvent de Santa Maria de Campagna, près de Florence : "Soudain

retentissent, en latin, les premières paroles de l'exorcisme

(prononcées par la possédée) Exorcizo te, immundissime spiritu,

omne phantasma, omnis legio... A ces mots, la possédée,

saisissant de ses deux mains les pointes de ses pieds, s'enleva du

sol."" (Planson, ibid.)

L’inverse de la lévitation (augmentation anormale du poids) est

souvent appelée " hyper-gravitation ".

2) L’"hyper-gravitation"

A l'inverse de la lévitation, on a décrit l'" hyper-gravité ",

l’augmentation anormale du poids. Bouflet (p. 63) cite le cas de

sujets qui ont, lors d'une extase, pris un tel poids qu'ils devenaient

impossibles à déplacer. En voici deux exemples récents et qui

semblent bien attestés. Le premier concerne Alexandrine-Marie da

Costa (1904-1955), dont le poids normal était de 40 kg :

� "Le Dr Azevedo invita un jour à soulever Alexandrine du

pavé : à ce moment précis, elle revivait la montée du Christ

au Calvaire avec la croix sur les épaules. Le prêtre, homme

très robuste, la prit sous les aisselles, mais tous ses efforts

furent vains. Il murmura : "En y mettant toute ma force, je

n'y arrive pas !"" (Bouflet, 1991, p. 64)

Une telle particularité a été décrite chez cette femme, à maintes

reprises. Le sujet a l'impression de ployer sous un poids énorme,

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celui de la croix de la Passion. On a constaté le même phénomène

chez une autre religieuse, Catherine-Aurélie Caouette (1833-

1905) :

� "J'ai essayé à diverses reprises et par divers moyens de

la soulever de son siège. Je n'ai pas pu donner le moindre

ébranlement à son corps et, en essayant de la soulever, j'ai

éprouvé l'effet d'un poids énorme qui fatigue celui qui veut

le mouvoir." (Bouflet, id., p. 65)

3) Les stigmates

On appelle "stigmate" des plaies du côté gauche du thorax, des

paumes et des pieds ainsi que du cuir chevelu, ces plaies évoquant

celles subies par le Christ le jour de sa Passion (couronne d’épines,

supplice de la croix). Un de leurs caractères les plus spécifiques

est qu’ils apparaissent subitement, souvent le vendredi (jour

anniversaire du supplice), et disparaissent d’une manière aussi

inexplicable le dimanche (jour de sa résurrection).

Ces lésions sont parfois transfixiantes (ils transpercent le membre

de part en part), elles ne s’infectent pas (à l’opposé de lésions

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Comprendre le paranormal

100

communes chez le même sujet) et présentent parfois des

écoulements sanguins qui ne respectent pas forcément les lois de

la pesanteur, pour l’Allemande Thérèse Neumann, en particulier.

Le premier a avoir présenté des stigmates est St François d’Assise.

Il sont apparus subitement, lors d’une transe (en 1226, soit deux

ans avant sa mort). Depuis St François, un nombre important de

sujets ont présenté des stigmates (Bouflet, 1996). Comme le fait

remarquer Bouflet, François d’Assise a présenté une forme

nouvelle d’adoration : il s’est assimilé au Christ, ce que personne

ne s’était permis auparavant.

La chose n’est pas innocente sur le plan psychologique. Les

manifestations paranormales illustraient, parfois d’une manière

très précise, des contenus inconscients. Ceci permet d’établir une

continuité entre les stigmates des saints et d’autres

manifestations, comme la dermographie des hystériques. S’il y a

une évidente différence d’échelle, il pourrait exister une certaine

parenté dans le mécanisme.

M- La Magie, la sorcellerie

La Magie est souvent confondue avec la

sorcellerie. Selon le dictionnaire Rey, la

"sorcellerie" serait une "Magie primitive",

opinion qu'on retrouve dans presque tous

les ouvrages sur le sujet. Toutes deux,

dans leur principe, consistent en une

action directe sur la nature grâce à des

procédés dits "occultes".

Ainsi, le sorcier peut faire tomber la pluie

(ou le prétend, comme l'indique

l'illustration) ainsi que d'autres calamités. Il peut répandre le

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Comprendre le paranormal

101

mal... sous toutes ses formes. C'était, avec l'art de guérir, un des

propos du chamanisme.

Lors des grands procès, une des accusations les plus courantes

était celle d'avoir participé à un Sabbat de sorcière, avoir établi

une relation intime avec le Diable. Mais ce qui amenait devant le

tribunal était probablement bien plus souvent l'allégation

d'envoûtement, encore courante aujourd'hui.

1) La sorcellerie

On considère traditionnellement la sorcellerie comme une Magie

qui aurait régressé vers les aspects

les plus abjects et les plus primitifs.

Pour le Moyen âge, elle s'appuyait

sur un commerce avec le Diable,

qu'attestait parfois un "pacte" (ci-

contre celui d'Urbain Grandier, brûlé

pour sorcellerie).

Actuellement, le terme de Magie

étant tombé en désuétude (trop

marqué par la Magie noire et du fait

d'une certaine confusion avec

l'illusionnisme), le qualificatif de

"sorcier" est de plus en plus revendiqué (Carlos Castaneda en est

l'exemple récent probablement le plus connu).

De fait, la sorcellerie recouvre des pratiques très contrastées. La

"basse sorcellerie", celle des campagnes, et une approche

chamanique de la nature, une recherche des lois qui relieraient la

pensée aux faits matériels (comme Castaneda le montre, d'une

manière assez lyrique).

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Même si la pratique sorcière survit de nos jours, elle appartient à

l'Histoire, au moins en Europe.

Illustration : col. privée

a) Le Diable

Une personne vient me voir : " Dites-moi si je suis possédée par le

Diable. C’est ma plus grande

angoisse. Je passe mon temps à faire

des rituels pour éviter cela… " La peur

du Diable n’est plus très courante et

c’est, d’une certaine façon, bien

dommage… Encore faut-elle qu’elle ne

conduise pas, comme pour cette

pauvre femme, à des troubles

obsessionnels-compulsifs (dits

" TOC ").

Durant tout le Moyen âge, la crainte du Diable était si monnaie

courante que, même durant les procès, on évitait soigneusement

d’évoquer les méthodes de sorcellerie et de Magie, quelle qu’elle

soit. Le " Marteau des sorcières ", manuel des juges lors des

Grands procès, écrit par Institoris et Sprenger était édité en petit

format pour pouvoir être ouvert sans être vu !

L’idée de " Diable " est, paradoxalement, récente dans l’Histoire de

l’humanité. Il apparaît dans le Nouveau Testament sans avoir

jamais été " présenté ". En effet sa création apparaît dans la Bible

au niveau du Livre d’Enoch, texte issu de la littérature apocryphe

apocalyptique juive (Esséniens), entre 210 et 60 avant J.C., dont

nombre d’ouvrages ont été retrouvés à Qumran. Dans le Nouveau

Testament, le Diable est omniprésent. La multiplication des cas de

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Comprendre le paranormal

103

possession donne l’occasion au Christ de manifester ses pouvoirs

d’exorciste.

Antérieurement, comme d’ailleurs dans toutes les religions dites

" primitives " et des religions polythéistes comme l’hindouisme, la

Divinité n’est jamais entièrement mauvaise. Kali et Shiva, par

exemple, ont, tout à la fois, des aspects négatifs et positifs.

" Lucifer " est couramment confondu avec l’Esprit du Mal. Or,

comme le souligne la Bible, il était avant l’ange le plus proche de

Dieu, qui l’a déchu pour avoir voulu L’égaler. Quand à Satan (stn

en hébreu signifie " l’opposant, celui qui met obstacle "), il

personnifie le Mal.

L’imagerie populaire montre le Diable sous forme d’un bouc

debout. Or, cette représentation apparaît directement issue de

celle de Pan, Dieu du désir sexuel et des forces de reproduction.

Ce rapprochement n’est pas vain…

Notes :

L'illustration : le "Diable" de Rennes-le-Château (en fait une statue

d'Asmodée)

Les informations de cette page sont tirées du Que sais-je ? " Le

diable " n° 3423, excellent ouvrage, complet et d’abord assez

facile.

Mettre une majuscule au Diable peut paraître paradoxal. Nous ne

voulons faire aucune discrimination entre les différentes Divinités,

de quelque religion que ce soit. Le personnage du Diable est

d’ailleurs d’origine si trouble qu’elle justifie cette particularité.

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Comprendre le paranormal

104

b) La sorcellerie des campagnes

La sorcellerie des campagnes persiste bel et bien, quoi qu’on

puisse dire. En France, on la dit plus fréquente dans l’Ouest

(Normandie, Bretagne, Poitou-Charentes) mais c’est probablement

parce qu’elle a été étudiée là plus qu’ailleurs. On la retrouve sous

des aspects très divers, qu’on pourrait schématiser de la manière

suivante :

* La première forme, assez sordide, consiste dans le combat

incessant entre un soi-disant " envoûteur " et un " désenvoûteur ".

Comme l’a bien montré Jeanne Favret-Saada, dans son livre " Les

mots, la mort, les sorts ", le mécanisme de cette sorcellerie est

des plus complexe. Un sujet note des faits dont la répétition ou le

caractère inopportun l’inquiète. Il pense qu’on lui a jeté un sort. Il

consiste alors un désenvoûteur qui confirme et utilise diverses

méthodes pour le dégager. L’" agent ", celui qui a mobilisé

l’envoûteur, est souvent un proche, un habitant du même village.

On ne saurait cependant oublier la part de l’entourage qui renforce

l’" ensorcelé " dans sa conviction et joue un rôle important dans

son affaiblissement. Cette forme de sorcellerie fait partie

intégrante des conflits de proximité, si fréquents entre voisins. Elle

prend un tour " magique " du fait des traditions qui n’ont jamais

cessé, malgré l’Inquisition et les Procès.

* La seconde forme n’implique nullement un " ensorceleur ". Le

sujet qui vient consulter souffre de divers maux dont l’origine peut

être attribuée au " hasard ", à la " mauvaise fortune ". Ce peut

être des maladies, accidents, etc. La méthode pour libérer le sujet

est, en fin de compte assez proche de la précédente, sauf qu’ici on

n’accuse pas un tiers. La prière, religieuse ou non, utilisant un

rituel connu ou secrète, a ici une grande part. Les saints sont

Page 105: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

105

souvent invoqués. Dominique Camus a fait de nombreux travaux

sur ce thème, en Bretagne.

* Une troisième forme confine au travail du guérisseur. C’est le

" leveur de maux ", également bien étudié par Camus. Ici, nous

vivons une sorte de miracle au quotidien, la guérison obtenue

restant souvent inexplicable pour les sciences. Ici encore, le secret

règne et nous sommes proches du religieux, dans un contact direct

avec les " forces de la

nature ".

c) La sorcellerie et l'histoire

Depuis 1450, et jusqu'en 1850

dans certaines contrées

d'Europe, les Procès de

sorcellerie endeuillé l’Europe.

On a brûlé d’innombrables

femmes et hommes, pour

l’essentiels issus de la campagne, mais aussi des notables, des

prêtres en particulier. Ces procès se déroulaient généralement de

manière expéditive. Certains condamnés étaient exécutés dans les

heures qui suivaient le

jugement. La défense était,

souvent, inexistante. De plus,

comme le souligne Mandrou,

les accusés avouaient souvent

sans même avoir été torturés.

L’accusation de sorcellerie

portait sur des faits très

divers. Mais on retrouve dans les procès, d’une manière de plus en

plus stéréotypée, outre l’accusation d’avoir utilisé des méthodes

Page 106: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

106

occultes pour agir sur autrui, la participation à un Sabbat de

sorcière.

Illustrations : collection privée

d) Le Sabbat de sorcières

Beaucoup de sorcières ont été brûlées

pour avoir participé à des Sabbats, à

des rencontres où elles étaient sensées

avoir adoré le Diable sous forme d’un

bouc. Cette idée date des premiers

procès, comme en témoigne l’image ci-

contre. Curieusement, cette adoration

concerne toujours l’arrière-train de

l’animal. Contrairement à l’apparence,

il ne s’agit pas de ridiculiser davantage

la sorcière. En effet, de très anciens cultes (ceux que les procès

condamnaient, sans le dire) concernaient justement l’adoration de

sculptures en forme de fesses (culte

assimilé à celui de Bacchus).

Durant ces sabbats, lesdits sorciers

étaient censés se livrer à toutes les

ignominies, égorger des enfants, avoir

des pratiques sexuelles " contre nature ",

en particulier avec le diable " dont le

sexe était froid et la semence brûlante ",

etc. La danse et la nudité y avaient une

grande place.

En comparant les motifs des

condamnations et des pratiques

magiques actuelles, en particulier dans

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Comprendre le paranormal

107

les peuples dits " primitifs ", on constate que l’intelligentsia de

l’époque jugeait des faits souvent exacts à partir de principes

moraux, sans se soucier de comprendre " de l’intérieur ".

L’amalgame était la règle. D’où un discours de plus en plus

stéréotypé. Une étude plus approfondie, à partir de témoignages

récents, nous permet cependant de resituer et comprendre les

faits.

Illustrations : Grandes Heures du Duc de Berry (Musée de

Chantilly)

et collection privée.

e) La vraie nature des Sabbats de sorcières

Lors des procès de sorcellerie, les prévenus étaient souvent

accusés d’avoir participé à des Sabbats de sorcières. Selon la

tradition, il s’agissait de réunions se tenant cachées, sur le

sommet d’une montagne (le classique " mont chauve ") ou dans la

clairière d’une forêt. Ont été ainsi condamnées des rencontres de

paysans, probablement un peu rebelles, mais qui n’avaient pas de

vrais rapport avec la sorcellerie.

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Comprendre le paranormal

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Beaucoup plus sérieuse

était l’accusation que la

gravure ci-dessus

résume à la manière

d’une " bande

dessinée ". Une femme

s’enduit le corps d’un

onguent (comme le

montre bien la seconde

gravure, ci-contre). Elle

s’envolait alors, passant

par la cheminée, allant

au Sabbat perchée sur

un balais. La formule de

l’onguent varie. On en

trouve une liste, assez complète dans l’ouvrage de Jean de

Nynauld. S’y mêlent des substances narcotiques, hallucinogènes et

de véritables poisons, tels la ciguë. On retrouve ici des éléments

bien connus, ceux permettant le dédoublement.

Tout porte donc à croire que, même à l’époque, les érudits

n’avaient aucun doute sur la véritable nature de ce cheminement

vers le Sabbat. Il s’agissait d’un voyage en rêve. De pauvres

femmes étaient ainsi brûlées parce qu’elles avaient rêvé !

De nombreux témoignages récents l'attestent, en premier lieu

l'ethnologue américain Carlos Castaneda, qui dit avoir "volé" après

avoir, quant à lui, fumé un ensemble d'herbes.

Pour plus d'information, se reporter à "Expliquer le paranormal",

chapitre B et C.

Illustrations : collection privée.

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Comprendre le paranormal

109

2) La Magie

La Magie est (selon le Rey) l’art de

produire des phénomènes par des

procédés occultes (je mets un grand

" M " pour la distinguer de

l’illusionnisme). Elle est probablement

aussi vieille que l’homme, et se

retrouve dans les écrits les plus

anciens (la Bible en particulier). Ainsi,

les faiseurs de tempête (cf.

illustration) ont probablement existé

de tout temps.

Au sein de la Magie, on distingue

habituellement la " Magie blanche ", se situant dans le Bien (en

principe) et la " Magie noire ", opérant dans le Mal.

En fin de compte, l’une et l’autre sont bien proches, au moins par

leurs procédés :

- l’utilisation de matériaux spécifiques : objets " bénéfiques " dans

la Magie blanche (reliques saintes, croix, épée consacrée) ; objets

" maléfiques " (clous de cercueil, terre de cimetière…) dans le cas

de la Magie noire. Bien souvent, ce sont d’ailleurs les mêmes qui

servent dans les deux cas (hostie consacrée, objets liturgiques),

- l’usage de formules spécifiques : prières religieuses (ou

apparentées) dans le cas de la Magie blanche ; prières modifiées

ou détournées de leur objet, " formules magiques "

(malédictions…) dans le cas de la Magie noire.

Je ne saurais conseiller la lecture d’ouvrage de Magie noire.

Néanmoins, on peut consulter l’ouvrage du R.P. Johannès pour

avoir une idée des rites.

Page 110: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

110

Il faut enfin parler du plus connu des ouvrages de Magie, " Le

Grand et le Petit Albert ", recueil de secrets attribués à Albert le

Grand, et qu’on peut trouver facilement en librairie… mais en

édition expurgée (et, de ce fait, difficile d’emploi !).

Illustration : collection privée.

a) Magie noire

Dans un site consacré au

paranormal, il importe de

parler de Magie noire. Mon

propos n’est pas de la

promouvoir, en aucune

façon, mais de donner des

informations sur la manière

dont on peut la comprendre.

Le premier principe, c’est

que la Magie noire repose, comme tout le paranormal, sur notre

capacité à mettre en branle les lois de l’Univers. Le modèle du

Mental, et ses niveaux profonds permet de donner un cadre à

cette hypothèse. De ce fait, il y a lieu de prendre la Magie noire,

comme la Magie dans son ensemble, avec le plus grand sérieux.

Ceci ne veut pas dire qu’il faut en être la victime, et surtout pas la

victime consentante.

Combien de fois ai-je vue de consultant me dire : "On m'a dit que

j'étais envoûté". L'envoûtement est en effet la pratique la plus

fréquente en Magie noire, mais, fort heureusement, ce n'est

souvent qu'une illusion. Il s'agit de réagir. Et pour cela, il faut

comprendre comment fonctionne la Magie noire.

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Comprendre le paranormal

111

Sur le plan pratique, la Magie noire repose sur un certain nombre

de pratiques, que nous ne décrirons pas ici, mais qui toutes, en fin

de compte, visent à susciter des images mentales très fortes et à

mobiliser la pensée autour d’un but néfaste. La Magie noire

s’entoure donc d’un cérémonial qui vise à mettre la pensée dans

les dispositions souhaitées. Les objets, poudres et philtres, n’ont

pas d’autre but.

On ne peut pas la pratiquer impunément, car, même si au début

" on n’y croit pas ", les premiers effets, perceptibles par tous les

pores de la peau, font que le processus échappe à la volonté et à

la raison. En effet, le " moteur " de la Magie (noire ou blanche) ne

se situe pas au niveau du conscient mais de l’inconscient profond,

et plus particulièrement la part de nous-même qui prend en

compte la réalité environnante (notre cerveau " animal "). Or,

nous ne contrôlons pas ces instances (pas plus que nous ne

contrôlons le fonctionnement de notre cœur…).

Les effets de la Magie noire ? Plutôt que de répondre de manière

moraliste, on peut s’inspirer du témoignage de Sonia Lazareff " La

sorcière blanche " : initiée à la Magie noire, elle se trouve

embarquée dans une spirale infernale, où les deuils et les

malheurs se succèdent jusqu’à ce qu’elle soit obligée de rentrer en

France.

Comment résister à la Magie noire ?

Illustration : dessin personnel.

Résister à la Magie noire

Page 112: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

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Contrairement à ce qu’on croit, il est

parfaitement possible de résister à la Magie

noire.

La première chose, et la plus importante, est

de savoir maintenir son esprit dans le Bien.

Toute idée de vengeance, et même de crainte, suscite chez nous

des " lieux de fragilité " sur lesquels viendra " s’accrocher " la

Magie noire. De fait, les clous de protection qu'indiquent cette

figure me semblent une chose difficile à manier et peu profitable,

au moins dans son principe.

Un patient me raconte qu’une de ses collègue de travail est venue

lui dire : " Tu es très protégé ! ". Son ton, et le contenu de la

conversation signifiaient, c’était pour lui une évidence, qu’elle avait

cherché à l’atteindre d’une manière magique. " Protégé ? ", il

l’était peut-être, mais il a surtout pensé que la protection à

laquelle cette femme faisait allusion venait de son état d’esprit

positif.

Si vraiment vous ne vous sentez pas à même de résister à ce que

vous pressentez, n’hésitez pas à demander conseil. Mais n’oubliez

pas que vous n’êtes peut-être pas blanc.

Un collègue m’envoie une femme. Celle-ci me téléphone : " Je

reviens du Maghreb. Je participais à une fête traditionnelle. J’ai vu

une tente. J’ai compris qu’il s’agissait de celle du marabout.

Comme il n’était pas là, je suis entrée. Mais, quand je suis

ressortie, il était là, furieux. Il m’a lancé ce que j’ai compris être

une malédiction. Depuis, je ne m’en sors plus. J’ai eu des

problèmes dès l’avion du retour, et depuis ça ne s’arrête pas. J’ai

vu des quantités d’exorcistes, et ils ne peuvent rien faire pour

moi " J’ai dit à cette femme qu’étant en province, elle pourrait voir

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Comprendre le paranormal

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le Dr V., tout à fait à même de comprendre ce qu’elle avait, et

éventuellement de l’adresser à une exorciste compétent. Elle me

demande si c’est un psychiatre. Quand je lui réponds : " Oui,

aussi ", elle me dit qu’elle n’a pas besoin de ça !

Pour moi, cette femme n’était pas folle. Outre un problème

vraisemblablement bien réel, elle s’auto-envoûtait et avait donc

besoin d’une aide sur différents plans…

N’allez pas voir n’importe quel exorciste. Il y en a de bons, mais

surtout beaucoup de mauvais… C’est un domaine où n’importe qui

peut se donner ce " titre ".

Illustration : col. privée.

b) Envoûtement

Notre propos, dans ce

site, n’est pas

d’indiquer comment

faire un envoûtement,

mais de dire en quoi il

consiste et comment

se protéger contre lui.

Fort heureusement,

l’allégation

d’envoûtement est bien plus fréquente que l’envoûtement réel.

� Un ami sonne à ma porte, un matin : "Ma femme

est malade depuis hier soir, je suis sûr que c'est ce

qu'elle a mangé hier, au dîner, chez vous!" Curieuse

entrée en matière... Je le fais asseoir, et le

questionne : il a planté hier une haie, et cette haie a

été écrasée pendant qu'il était chez nous. En outre, il a

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Comprendre le paranormal

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trouvé, sur la pente bétonnée menant à sa maison, un

chien mort... Je n'ai pas besoin d'aller plus loin.

Derrière ce discours qui pourrait paraître agressif, c'est

un homme aux abois : il est ensorcelé, ou du moins il

le croit. Comme nous étions en Martinique, mon ami

avait immédiatement pensé à un quimbois (un sort, en

langue créole). Je l'interroge plus avant : il me révèle

que sa haie était près d'un arrêt d'autobus. La nuit

tombant vers 18 heures, une foule importante est

encore susceptible de passer là, et des gens non

prévenus ont pu piétiner sa plantation, récente donc

fragile. Quant au chien, probablement est-ce un animal

errant, venu mourir là. De toute façon, il ne portait

aucun des ornements habituels du quimbois...

Malheureusement, parfois l’envoûtement semble plus

vraisemblable :

� Le Dr M. me racontait qu'une de ses patientes était

venue le voir, dans un grand syndrome dépressif.

Cette femme rapportait son état à un envoûtement.

suite à une jalousie amoureuse. Chaque fois qu'elle

ressentait un malaise, immédiatement un appel

téléphonique de l'épouse éconduite lui demandait

comment elle se sentait... Les traitements

psychothérapiques et chimiothérapiques étaient sans

effet. L'intervention d'un prêtre exorciste eut, lui, un

résultat immédiat. Mais le départ de l'exorciste pour un

long voyage fut l'occasion d'une rechute grave, avec

reprise des accès, chaque fois suivis de nouveaux

coups de téléphone. Le prêtre, de retour, fut à

nouveau requis et soulagea la malade par un lourd

exorcisme. La patiente apprit peu de temps après que

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Comprendre le paranormal

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l'épouse avait été victime d'un grave accident. Ce

qu'elle attribua au classique " choc-en-retour ".

Combien de voyantes ont dit à la personne venue les consulter :

" Vous êtes envoûté ". Il faut alors comment réagir. La première

chose à savoir est que la première personne qui nous envoûte,

c’est nous-même. L’auto-envoûtement est extrêmement fréquent,

et d’ailleurs des plus banal. C’est le fait de se dire qu’on est né

sous une mauvaise étoile, et de " broyer du noir ". Ceci étant dit,

si on a de sérieuses raisons de croire qu'une tierce personne vous

a envoûtée, par des méthodes utilisant la Magie noire, on peut

utiliser les mêmes méthodes.

Illustration : découverte d'une poupée utilisée pour un

envoûtement (collection F-W. S.).

N- Exorcisme

L’exorcisme est,

étymologiquemen

t, le fait de

délivrer du

Démon. Il

constitue une des

attributions du

prêtre. Dans

l’Église

catholique, cette

fonction était tombée en désuétude Dans les années soixante-dix,

on pouvait compter sur les doigts d’une main les prêtres exorcistes

français. Aujourd’hui, ils sont entre 80 et 90 : pratiquement un par

diocèse en moyenne, et souvent avec des équipes

d’accompagnement. Signe des temps !

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Comprendre le paranormal

116

L'exorcisme est requis dans tous les cas où on suppose que le

sujet est occupé par un esprit mauvais. Mais, comme le remarque

Georges Minois dans son Que sais-je ? sur le Diable, l'idée

d'exorcisme semble être apparue dans les sectes apocalyptiques

juives peu avant le Christ. Celui-ci apparaît, dans le Nouveau

Testament, très souvent dans ce rôle : "à en croire les Evangiles,

la possession par le Diable est aussi courante que le rhume, et

n'étonne personne" (p. 25). Georges Minois note qu'en dehors du

christianisme, cette possession par le Diable est exceptionnelle. Il

en déduit qu'elle serait très largement induite par l'attitude du

clergé et la crainte du Diable qu'il développe (souvent, semble-t-il,

pour des raisons politiques).

Il faut cependant remarquer que la possession n'est nullement

l'apanage du christianisme. Les religions traditionnelles, en

particulier celles qui reposent sur le culte des esprits (cultes

d'origine africaine en particulier) considèrent la possession comme

courante. Elle fait partie d'ailleurs du culte lui-même, sous la

forme de l'incorporation. Cependant, ces religions ignorant le

Diable (un esprit qui serait totalement mauvais), elles ne peuvent

pas reconnaître de possession de cet ordre.

Ceci étant dit, les rituels d’exorcisme sont, en principe, très

codifiés, et ce depuis les temps les plus anciens. Le rituel actuel

date du 17ème siècle et n'a été que tout récemment modifié. On

connaît bien le début du "Grand exorcisme" de l’Église catholique :

"Exorciso te, immundissime spiritus, omnis incursio adversarii,

omne phantasma, omnis legio, in nomine Domini nostri Jesu

Christi, eradicare, et effugare ab hoc plasmate Dei."

Les réactions à l’exorcisme sont assez variables, parfois très

fortes, ce qui fait que le canon prescrit que l'exorcisme se face en

huis clos.

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Comprendre le paranormal

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Illustration : exorciste en action (collection F-W. S.).

A consulter : " Manuale exorcismorum ", Anvers, Plantin, 1626

(rééd. " Manuel d’exorcisme de l’Église ", en latin et français, Paris,

Ed. Communication prestige, 1995).

1) Possession par un esprit et exorcisme

La réaction d'un sujet "possédé" à un exorcisme est assez

variable. Le sujet peut être menaçant :

� " Un psychiatre m’adressa Serge, dix neuf ans. Prostré

sur sa chaise, il regardait fixement le ciel en émettant des

grognements. Je commençai mon exorcisme. Soudain les

grognements s’accentuent, Serge tourne sa tête vers moi et

me "fusille" d'un regard meurtrier, les yeux exorbités striés

de filets de sang, l'écume aux lèvres. Il se lève et les mains

en avant, se précipite sur moi en criant avec rage, cherchant

à m'étrangler. Je saisis ma fiole d'eau bénite et je l'asperge.

Il s'arrête net et se roule par terre en écumant de rage. Il se

redresse brutalement, me fixe dans les yeux. Il se précipite

vers moi pour me mordre. Deuxième aspersion d'eau bénite,

il s'écroule à terre comme foudroyé. Je ne lui laisse pas le

temps de se relever. Crucifix en main gauche, je saisis de la

main droite mon épée d'exorcisme et je commence le rituel

d'exorcisme. Au bout d'une heure de ce combat, l'entité du

mal qui possède Serge est plus excitée que jamais. Je

concentre toute mon énergie sur les mots du rituel et je

trace sur son front l'esquisse d'un signe de croix avec le

crucifix. Il hurle, empoigne avec ses deux mains mon avant-

bras. Je lâche le crucifix, mais de l’épée que je tiens de la

main droite, je touche son poignet. Il lâche mon bras et se

recule, stupéfait. Je prononce les paroles du rituel. Mon épée

tient momentanément en respect le possédé. Une paix

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Comprendre le paranormal

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s'installe en moi, ma voix s'affermit. Tout devient plus facile,

comme si une force supérieure se manifestait à travers moi.

Après huit heures de combat éreintant, je le laisse,

rejoignant mon domicile pour dormir. Le lendemain, je

ressens des douleurs dans tout le corps, et j’ai l’impression

qu'une partie de mon énergie vitale me manque. Nous

arrivons alors aux tests ultimes. Il est capable d'accepter

une hostie consacrée sans la vomir ou la recracher. Il

supporte l'eau bénite, il accepte les onctions d'huile et récite

en même temps que moi les prières usuelles. Je trouve dans

son regard une expression amicale, sans aucune lueur

provenant d'une autre présence en lui. "

Ce récit rappelle le film "L’exorciste", mais il ne renferme aucun

élément véritablement paranormal.

Ce n'est pas toujours le cas. Voici un exemple, rapporté par un

témoin digne de foi, qui comporte une lévitation. Il date de 1907

et se situe au Natal (Afrique du Sud). Il est relaté par le chanoine

François Gaquère, à propos d'une jeune possédée de dix-sept ans

(Planson, 1978, p. 230) :

� " Le suprême exorcisme fut fait par l'évêque en

personne, Mgr Henri Delalle, oblat de Marie Immaculée,

originaire d'Apremont, près de Metz, en Lorraine. Au cours

de la cérémonie, il se produisit un épisode qu'on aurait de la

peine à croire s'il n'avait pas eu de nombreux témoins. Après

deux heures et demie de prières, tout à coup la possédée

s'envola à deux mètres de hauteur, et de là, elle s'écria à

l'évêque stupéfait : "Eh bien, l'évêque, qu'as-tu à me

regarder tout ébahi ? Imite-moi donc !" "

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Comprendre le paranormal

119

O- L'Occultisme

Le terme "Occultisme" vient du mot

"occulte" qui veut dire "caché". Il

participe à l'ésotérisme, enseignement

caché (en opposition à "l'exotérisme",

enseignement public).

Le contenu de l'Occultisme dépasse ledit

"paranormal", même si ces deux

domaines ont des points communs. On

peut s'interroger sur les raisons qui ont conduit à maintenir

longtemps cachée toute cette partie du savoir humain. Une des

premières raisons est probablement pratique. Très longtemps, du

fait de l'absence puis de la rareté des textes écrits, l'essentiel des

enseignements étaient oraux, et donc transmis de personne à

personne. C'est le cas du chamanisme en particulier.

Par ailleurs, tous ceux qui ont accédé à un certain savoir (quel qu'il

soit) savent combien il est difficile de le transmettre à quelqu'un

qui n'a pas une formation préalable, parfois très poussée. Il était

donc nécessaire d'opérer une rude sélection parmi les postulants

et de les empêcher de transmettre à n'importe qui ce qu'ils

acquéraient.

Dans le domaine "paranormal" il ne faut pas oublier (ce qu'on fait

trop souvent, surtout dans les milieux scientifiques) qu'en plus de

la connaissance "technique" elle-même, il importe d'avoir des

attitudes de pensée très spécifiques. En effet, le maniement direct

des lois de la nature, que constitue la Magie ou la sorcellerie,

comporte de grands risques, non seulement pour celui qui les met

en oeuvre, mais aussi pour celui qui transmet le savoir.

Page 120: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

120

Il reste qu'il existe une certaine "fascination du secret", qui n'est

pas toujours justifié. Le Christ n'a-t-il pas dit que la chandelle ne

devait pas être gardée "sous le boisseau", mais mise sur l'étagère

pour qu'elle éclaire toute la pièce. Cette phrase résume le principe

d'ouverture du christianisme, principe qui n'est probablement pas

pour rien dans son acharnement à éradiquer tout savoir secret, en

le considérant, globalement, comme de la Magie noire, un

commerce avec le Diable.

Illustration : le serpent Ouroboros, selon un manuscrit de saint

Marc.

P- Chamanisme

Le chaman (mot issu du toungouse

shaman) est, traditionnellement, le

" medecine-man ", le sorcier

chargé, dans les populations

primitives de l'Asie centrale de

l'Amérique ou de l'Océanie, tout à

la fois de faire tomber la pluie... et

de soigner les maladies de tous

ordres.

Il est caractérisé par sa faculté de se mettre en transe et, dans cet

état, d'aller consulter l'Autre monde et les entités qui y habitent

pour traiter avec elles et résoudre les problèmes de la

communauté. C'est ce qu'on appelle actuellement le

"dédoublement " (ou OBE).

Très longtemps, on a considéré les chamans avec une curiosité

mêlée de commisération. Actuellement, depuis une ou deux

décennies, au contraire, le chamanisme est à la mode, et tout un

Page 121: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

121

chacun se dit avoir fait une expérience chamanique ou pratiquer

cette discipline.

L'attitude raisonnable consiste à se maintenir entre ces deux

excès. Le chamanisme constitue, à n'en pas douter, une

expérience particulière, l'accès au " niveau où les faits se décident

". Mais, à l'inverse, la pratique assidue du dédoublement peut

mener, comme nous l'avons vu ailleurs, à l'illusion ou la folie.

L'Occidental peut-il pratiquer le chamanisme ? N'est pas chaman

qui veut. Traditionnellement, on ne choisit pas de devenir chaman.

Un événement, souvent grave, en décide (chute de la foudre,

maladie comportant des crises...). Le postulant doit alors passer

des épreuves redoutables dans la solitude, où il vit son propre

dépeçage, sur un mode intermédiaire entre le rêve et la réalité (cf.

Éliade). Cette épreuve peut entraîner la mort.

Certains Occidentaux visent à une expérience semblable en

prenant, sous le contrôle d'authentiques chamans, différentes

drogues. Cette expérience, dangereuse, est faite sous contrôle

médical strict.

Page 122: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

122

II/ Comprendre le paranormal Bien des explications ont été proposées pour comprendre le

paranormal. Nous les étudierons en quelques rubriques :

- les explications, normal et paranormal

- les explications scientifiques,

- les explications psychologiques,

- les explications religieuses et traditionnelles

A- Explication, normal et paranormal

Avant de parler d’expliquer scientifiquement le paranormal, il

faudrait parler de l’explication du normal, car on ne peut pas

demander au paranormal ce qu’on ne demande pas au normal.

Pour " expliquer " le paranormal comme on l’a fait du " normal ", il

faut énoncer des lois de " co-variation " : plus on lâche une bille

haut (dans le vide), plus elle va vite (accélération constante). La

difficulté pour le paranormal est qu’on ne peut quantifier les

variations du facteur-clé (voir plus haut) : la pensée.

Rhine a fait une étude scientifique du paranormal (comme ses

successeurs), mais il n’a pas défini pour autant la " pensée ". Il

s’est limité à demander à ses expérimentateurs de " penser ".

Comme on le sait maintenant, l’essentiel du processus est

" inconscient ", il est donc pratiquement incontrôlable. En

témoignent les difficultés qu’ont les grands " médiums " à mettre

en œuvre à la demande leurs facultés (cf. Ury Geller, Girard…

après les médiums du début du siècle). À l’heure actuelle seul un

contrôle " qualitatif " peut être obtenu, même si une vague

quantification peut parfois être.

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Comprendre le paranormal

123

Quelles sont les perspectives d’avenir ? De nombreux chercheurs

se penchent sur ce sujet. Dans les grandes lignes, on peut dire

que des conditions matérielles précises sont susceptibles d’induire

un fonctionnement inconscient spécifique, dont les variations

pourraient être quantifiées. L’énorme enjeu de cette question, et

les conséquences qui pourraient résulter d’une utilisation perverse

de ces facultés imposent une certaine discrétion.

Cependant, pour ma part, je pense que, pour la personne

directement concernée par l’expérience paranormale, celle-ci ne

saurait se situer que dans une démarche inspirée par le Bien et, si

possible, une évolution spirituelle.

1) L'explication du "normal"

L’explication du monde actuel passe par un certain nombre de

" lois physiques ".

Comment construit-on une loi physique ? On prend un fait, par

exemple laisser tomber une lourde bille. On fait alors des mesures,

par exemple à chaque instant de la chute de la bille sa place et sa

vitesse. On en tire alors une loi, ici la " gravitation " permettant de

prévoir à chaque instant les paramètres de la bille, moyennant une

accélération constante " g ", valant approximativement 9,81 m/s².

Cette loi n’est jamais prouvée. Elle est seulement validée dans

certaines conditions : vitesse initiale nulle, bille assez lourde pour

pouvoir négliger les frottements de l’air (à moins de faire

l’expérience dans un tube à vide), etc. On aura aussi soin d’éviter

des perturbations (électromagnétiques en particulier).

On tente alors une explication. Avant Newton, on parlait

d’accélération de la pesanteur. À partir de lui, on a parlé de

" gravitation universelle ", qui consiste en l’attraction mutuelle de

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Comprendre le paranormal

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tout corps (nous attirons la terre à nous !). Avec Einstein et sa

théorie de la Relativité générale, on parle de " courbure de

l’espace-temps " Dans quelques décennies, ou quelques siècles,

une théorie plus générale viendra prendre sa place.

Il faut observer le comportement de certains savants et les lois en

cours de construction pour comprendre le caractère très intuitif et

peu rationnel de la démarche scientifique. On a montré (cf " La

souris truquée ") que Mendel avait inventé une bonne partie des

expériences qu’il a présenté à l’appui de sa théorie de la

génétique. Récemment, on a constaté que Pasteur avait

délibérément masqué ses propres expériences quand elles allaient

dans le sens de la " génération spontanée ". Einstein a introduit

dans sa théorie de la Relativité générale un artifice de calcul, car il

ne pouvait pas admettre certaines de ses conclusions. Cette

constante a longtemps été retirée des traités, arguant qu’il

s’agissait d’une fraude. Actuellement, on est en train de la

réintroduire car elle semble fournit des résultats plus conformes à

l’observation (en particulier sur l’expansion de l’univers). Ne

parlons pas des interprétations de la physique quantique dont

aucune ne convainc la totalité des experts.

Il n’y a donc pas d’" explication " du normal. Il y a des

interprétations qui rendent provisoirement compte des faits,

jusqu’à ce qu’une théorie plus générale apparaisse (comme la

conception du temps à la fin du 19ème siècle).

Chaque " loi " est en fait une représentation commode de la

réalité, qui " tient " tant qu’elle n’est pas " rejetée ".

On dit souvent, à l'encontre du paranormal : "C'est une

coïncidence". Or, contrairement à l'apparence, ce n'est pas une

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Comprendre le paranormal

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explication, car le hasard est, avant tout, une absence

d'explication.

2) Le hasard n'est pas un savoir

La définition du hasard est : " Combinaison de circonstances

indépendantes de nous, que nous ne pouvons ni prévoir ni

empêcher, et dont nous ignorons la cause ". Faire appel au hasard

est donc l’aveu d’une ignorance. Depuis Pascal, nous connaissons

les " lois du hasard ", mais ce mot n’est qu’une image : les

manuels de statistiques peuvent même ne pas le mentionner (cf.

Lazar, 1967). L’étude des probabilités ne s’appuie pas sur ce

concept. Un dé à jouer, s’il est parfait, présente chaque face avec

une probabilité de 1/6 : si on jette ce dé un nombre suffisant de

fois, la fréquence observée s’approchera de cette valeur. Les

statistiques calculent la probabilité d’une éventualité si aucun

facteur extérieur n’interfère (hypothèse " nulle " ou H0). Si on

observe une répartition différente, on invoque l’hypothèse

" alternative " (ou H1), dont on mesure la possibilité en terme de

" risque ". Les méthodes statistiques, maintenant très

sophistiquées, reposent toujours sur ce principe. Elles reflètent les

" lois des grands nombres ", l’examen d’une collection suffisante

de faits identiques (relativement au facteur causal recherché).

Elles ne portent jamais sur un cas unique. Dire que l’éboulement

de la montagne relève du hasard ne signifie rien. La complexité du

phénomène est telle qu’aucune probabilité ne pouvait être

calculée.

B- Les explications scientifiques

Quand on traite de l’explication scientifique du paranormal, on a

tendance à chercher des théories susceptibles d’expliquer

immédiatement le paranormal. Or, nous ne disposons d’aucune

théorie adéquate. Il faut donc se pencher sur les prémisses même

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Comprendre le paranormal

126

de notre vision du monde : il existe un " trou " dans lequel s’insère

parfaitement le paranormal. Celui-ci n’oblige donc pas à modifier

nos lois physiques.

Le temps a toujours posé un problème à la physique et en pose

encore, au point que les colloques les plus scientifiques font encore

une large part à la philosophie. Comme le prévoyait la physique

quantique (paradoxe E.P.R.), l'expérimentation a montré (Aspect,

1985) que le temps et l’espace ne peuvent plus être considérés

comme des données physiques.

Le temps apparaît comme réversible et l'espace sans consistance.

Le paranormal pourrait constituer un champ privilégié

d’observation de ces paradoxes. En effet, la pensée représente un

phénomène non-matériel, elle ne serait donc soumise ni au temps

ni à l’espace. On comprendrait ainsi les paradoxes de la télépathie

et de la voyance (par exemple), qui ignorent leurs contraintes.

Le paranormal introduit une relation entre un état psychique et un

fait (la télépathie et la voyance, qui concernent le rapport entre

deux pensées, se réfèrent en fin de compte à un fait, celui vécu

par le tiers). Or, les sciences physiques ne disposent d’aucune

définition de la pensée qui leur permette de la faire intervenir dans

les faits.

Un point mérite cependant une discussion plus approfondie, c’est

celui de la succession dans le temps de la cause et de l’effet.

Les sciences " dures " peuvent donc nous aider dans l’abord du

paranormal. Mais il ne faut pas se précipiter sur les lois actuelles,

qu’elles concernent la physique " classique ", la physique

relativiste ou quantique. Elles ne nous apprennent encore rien.

Cependant l’examen des principes des sciences laisse une place

pour examiner les relations entre les faits et la pensée. Il n’y a

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Comprendre le paranormal

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aucune " terra incognita ", source d’effroi, comme on a pu le

croire…

1) Le "paradoxe EPR"

On doit dire quelques mots de la " non-séparabilité " de la matière.

Plusieurs physiciens y ont vu un fondement possible du

paranormal. On parle souvent, à ce propos, du " paradoxe EPR ",

du nom d’Einstein et de ses deux élèves, Podolsky et Rosen.

Dans un article commun datant de 1935, ils identifièrent une

propriété nouvelle déductible de la théorie quantique, appelée

généralement la " non-séparabilité ". Cette propriété prévoit que

deux particules issues d’une même réaction restaient non-

séparées quelle que soit leur distance apparente. Pour Einstein,

une telle conclusion signifiait la disparition du temps et de l’espace

en tant que " données physiques ", ce qu’il ne pouvait admettre.

En posant ce paradoxe, il pensait montrer d’une manière évidente

la fausseté de la physique quantique. Or, Alain Aspect, au

Laboratoire de physique d'Orsay, en 1985, démontra

expérimentalement la véracité de ce paradoxe. Cette non-

séparabilité constitue un modèle de relation indépendante de la

distance.

Cependant, ce phénomène ne permet pas à des observateurs

d’échanger des informations, objectives et physiques, plus vite que

la lumière. Néanmoins certains modèles de la conscience y voient

une possibilité d’amorce d’une explication de la télépathie.

2) Le temps et l'espace

L' "homme de la rue" vit un temps irréversible, allant d'une

manière permanente et continue du passé vers le futur. Le présent

constituant un point ("moment sans épaisseur") se déplaçant sur

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Comprendre le paranormal

128

cette ligne. Or, la physique ne vérifie pas vraiment cette

conception.

La physique " classique ", celle de Newton, énonce un temps

réversible. Tout phénomène peut être décrit dans un sens ou dans

un autre sans que les lois changent : un pendule en haut de sa

course repart en sens inverse, et cela indéfiniment si on fait

abstraction des frottements. Il y a une stricte équivalence entre

énergie potentielle et énergie dynamique : on peut passer de l’une

à l’autre et réciproquement.

Le temps " irréversible " n’est apparu qu’avec le Second principe

de la thermodynamique de Carnot (en 1824). Le temps réversible

de la dynamique newtonienne correspond à une situation

exagérément simplifiée (Prigogine, 1996, p. 43).

La réversibilité disparaît dès que les situations se complexifient, ce

qu’avait déjà énoncé Poincaré au début du siècle. Du Second

principe est issue la notion d’entropie (ou " désordre d’un

système "). On sait que celle-ci croît constamment dans un

système isolé. L’idée d’un monde évoluant obligatoirement vers un

" désordre " a longtemps constitué un paradoxe. Or Prigogine, en

particulier, souligne le caractère universel de l’entropie.

Certains, comme Eddington (cité par Prigogine, op. cit., p. 27)

avaient déjà entrevu cette possibilité, et avaient posé qu’entropie

et temps n’étaient que les deux faces d’un même processus. En

termes moins théoriques, cela soulignerait que le temps serait un

caractère intrinsèque de la matière et qu’il n’aurait pas d’existence

propre (cf. Cohen-Tannoudji, 1990, p. 110) : pas de matière, pas

de temps ! La discussion est un peu plus complexe à propos de

l’espace, mais on arriverait à des conclusions du même ordre. On

ne peut oublier qu’Einstein avait relié étroitement le temps à

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Comprendre le paranormal

129

l’espace (Relativité restreinte), et ceux-ci à la matière (Relativité

générale).

3) Relation entre la pensée et les faits

Jung a montré que le paranormal était constitué par l'ensemble

des faits reliés à une pensée par le biais d'une signification

(concept de synchronicité).

Or on ne dispose pas encore d’une théorie qui rende compte de la

relation entre la matière (cérébrale) et la pensée – et donc, a

fortiori, des rapports entre la matière et la pensée, en général.

On peut, certes, imaginer que la matière aurait, intrinsèquement,

une double nature, matérielle (suivant le sens habituel) et

spirituelle. L’approfondissement de cette question constitue certes

une voie de recherche, mais tous les problèmes ne seraient pas

résolus pour autant. En effet, elle ne dirait pas comment introduire

la pensée dans les " chaînes causales ".

On pourrait se demander pourquoi on n’observe pas plus souvent

l’intervention de la pensée dans les expériences scientifiques. Les

raisons en sont multiples, mais cela n’a rien d’impossible, a priori.

4) La nature spirituelle de la matière

Selon certaines théories, la nature aurait un double aspect,

matériel et spirituel. Ce second aspect serait encore ignoré par les

sciences au niveau élémentaire, faute d’hypothèses appropriées. A

mesure de la complexification croissante de la matière, celle-ci

révélerait sa seconde nature, l’" esprit ", sous forme d’une pensée

primaire chez les animaux, puis de plus en plus élaborée au

travers de l’hominisation. Cette idée, défendue par Teilhard de

Chardin sur un plan philosophique, donnerait en même temps une

caractérisation physique des conditions de production de la

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Comprendre le paranormal

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pensée, ainsi que de ses contenus informationnels. Elle permettrait

une mise en relation des faits matériels et de cette pensée, quelle

qu’elle soit.

5) Pensée et causalité

Comment faire intervenir la pensée dans les chaînes causales de

ces événements ?

Il faut tout d’abord remarquer que la causalité n’est pas une

donnée physique mais un postulat, qui comporte deux aspects :

ontologique (comme principe) et expérimental, au niveau de

l’observation.

* Examinons tout d’abord l’aspect ontologique :

Un fait résulte d’un ensemble de causes, dont il constitue l’effet.

Le principe de causalité dit que " si les causes sont présentes,

l’effet doit nécessairement se réaliser ".

Quand nous lâchons un objet pesant et qu’il ne tombe pas, nous

invoquons l’existence d’un facteur, que nous devons

obligatoirement trouver : un courant d’air suffisamment puissant

pour empêcher la chute, une force magnétique repoussant l’objet

(pôles de même nature), ou encore un lien invisible auquel serait

attaché l’objet. Si nous avons pu éliminer une loi connue, nous

sommes tentés de parler de " lévitation ", d’action de la pensée.

Est-ce envisageable, sur le plan du principe ? Parfaitement, même

s’il est inutile de se jeter sur une théorie existante (aucune d’elles

n’explique ce phénomène). En effet, les lois physiques n’ont été

définies que dans un cas " neutre ", celui où aucun médium (ou

sage, ou saint) n’est présent. Sur le plan du principe toujours, rien

n’empêche de dire qu’à proximité d’un tel sujet les lois physiques

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Comprendre le paranormal

131

auraient été différentes. Celles-ci ne constituent, en fin de compte,

qu’une mise en forme de notre observation.

* Ceci nous fait aborder le second aspect, expérimental, de la

causalité.

Rhine, le premier, a montré que la pensée pouvait influer les faits,

ceux-ci ne suivaient plus alors une répartition " au hasard ".

Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en évidence l’effet de la

pensée, au sein même des conditions expérimentales strictes

(Peoc’h, 1995 ; cf. aussi Roux…).

6) Paranormal et sciences

Il ne faut pas s'étonner que le "paranormal" n'apparaisse pas dans

les sciences.

Tout d’abord, il faut rappeler que le paranormal résulte de

l’émotion. Or, les sciences visent, en premier lieu, à la maintenir

éloignée des laboratoires, froids et calmes par essence.

Les sciences expérimentales visent, comme une sorte de

préalable, à éviter tout rapport affectif entre le chercheur et son

observation : le chercheur doit toujours conserver une attitude

neutre face à ses observations. On peut dire que Rhine et ses

successeurs se sont ainsi placés dans les pires conditions qui

soient. Il est donc parfaitement compréhensible que les effets

paranormaux alors mis en œuvre aient pu seulement être

identifiés après des calculs statistiques complexes. On ne peut, de

même, s’étonner que ces effets aient même diminué jusqu’à être

indécelables (" fading "), ou même qu’ils aient été plus mauvais

que le hasard strict.

Le paranormal est ignoré, en outre, des sciences parce qu’il est

appelé sous d’autres noms, celui d’" intuition " en particulier. Nous

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Comprendre le paranormal

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avons vu que celle-ci joue un grand rôle dans les sciences. Les

découvertes importantes tiennent pratiquement toutes à une

méthodologie inductive (intuitive) et non pas déductive, issue

d’une démarche rationnelle. A l’image d’Einstein, travaillant des

semaines une intuition fugitive, le raisonnement se limite

généralement à donner à l’idée une forme qui l’insère dans le

cadre général des sciences.

Enfin, la construction même des lois physiques, statistiques,

gomme le fait paranormal. En effet, un chercheur s’appuie sur la

répétition de ses propres observations, une convergence de

résultats. Les résultats " erratiques " sont ignorés. Or, les facultés

paranormales, émanation de l’inconscient, interviennent d’une

manière incontrôlable, inopinée. Leurs effets sont donc, a priori,

ignorés dans une série de chiffres dont on ne retient que la

moyenne.

Il est cependant possible qu’un chercheur ait un tel désir d’obtenir

un résultat qu’il oriente inconsciemment l’ensemble de ses

expérimentations (nous l’avons vu avec Mendel et Pasteur). Ceci

est largement reconnu : on exige d’un chercheur qu’il décrive

précisément les conditions de son expérience, on peut ainsi, en les

répétant, en tester la validité.

On peut donc dire que les bases de la méthodologie scientifique

ont été de définir les lois physiques dans des conditions

psychologiques qu’on pourrait appeler "neutres". Sur un plan

théorique, on ne sait rien de l’aspect qu’elles pourraient prendre si

la pensée intervenait. Ces conditions "actives" sont cependant

accessibles sur un plan expérimental classique, comme l’ont

montré tous les travaux réalisés dans ce cadre, ceux de Rhine en

particulier. Introduire la pensée dans la causalité consistera à

examiner ces variations, leur nature et leur étendue.

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Comprendre le paranormal

133

7) Lois physiques, Conditions "neutres" contre "médiums"

Les lois physiques ont toujours été définies dans des conditions

"neutres", hors de la présence d'un "médium".

Une loi est énoncée à partir d'un certain nombre d'observations

convergentes. Or, le paranormal, est difficile à contrôler. S'il

apparaît lors d'une expérimentation, il ne sera pas pris en compte,

car ses manifestations seront gommées par les statistiques

(fondées sur la moyenne des observations). Même si un

expérimentateur parvenait à produire constamment de forts effets

paranormaux, ses résultats ne seront pas pris en compte parce

qu'ils ne seront pas confirmés par d'autres laboratoires travaillant

dans les mêmes conditions matérielles.

Enfin, pour valider une hypothèse, il faut la poser. Or, Rhine et ses

continuateurs, en posant l'hypothèse d'une intervention de la

pensée dans les faits, sont parvenus à la valider dans les mêmes

conditions que celles utilisées pour des phénomènes "normaux".

Les travaux de Rhine apportent cependant un élément essentiel :

ils montrent que le paranormal est observable dans les conditions

scientifiques habituelles. Il est même testable : les

expérimentations étaient suffisamment précises pour que l'idée de

l'action de la pensée sur les faits puisse être exclue. On sait en

effet que certaines hypothèses (comme celle de la psychanalyse)

ne sont pas testables.

On peut donc dire que l'idée d'une action de la pensée sur les faits

ne peut être exclue. En effet, elle n'est pas "prouvée", car aucune

hypothèse n'est jamais prouvée. Suivant les résultats

expérimentaux, elle peut seulement être rejetée (si les résultats

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Comprendre le paranormal

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sont contraires à cette hypothèse) ou ne pas l'être (si les résultats

sont en faveur).

8) Introduire la pensée dans les "chaînes causales"

On croit qu'il est impossible d'introduire la pensée parmi les

chaînes causales des faits. Plutôt que de discuter au niveau

théorique, étudions la réalisation du souhait :

On raconte qu’au Moyen âge un moine voulait bâtir une église en

pleine montagne. Il pria, un éboulement de terrain se produisit, et

le moine bâtit son église.

Les sciences reconnaissent l'éboulement, qu'elles considèrent

comme "naturel".

Le moine n’ignore pas que certaines montagnes sont fragiles, il dit

seulement que son souhait a été exaucé, d'une manière très

précise.

Le savant se trouve assez démuni, car il lui aurait été impossible

de dire avec précision le jour ou l’heure d’un effondrement, ni

même son déroulement exact.

Il n’y a donc pas d’antagonisme entre l’explication du savant et

celle du croyant. Ce dernier n’attendait pas un fait anormal, mais

un événement qui permette son projet. Il en est de même dans le

" miracle " : le miraculé ne souhaite pas une guérison anormale,

mais simplement la guérison, la sienne.

Lors de sa prière, le croyant n’examine pas les faits extérieurs.

Souvent, il se retire à l’écart, dans un lieu fermé, supprimant toute

perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec

intensité, son activité s’inscrit dans les faits, même si

apparemment il s’en écarte en s’isolant dans sa cellule. Il fusionne

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Comprendre le paranormal

135

avec le fait, corps et âme. Il " est " le fait, comme l’énoncent les

orientaux ou les mystiques.

A l’inverse, le savant examine le fait du dehors. Jamais (du moins

dans la physique), il ne doit s’impliquer personnellement dans son

déroulement. Il reste " objectif " : le fait est un objet qu’il

manipule de l’extérieur. Il procède à une analyse du fait, sa

division en éléments connus (Descartes). Le croyant et le savant

opèrent donc d’une manière radicalement différente.

Quand le croyant se réjouit de voir son souhait exaucé, le savant,

lui, hausse les épaules : il invoque le hasard, la " coïncidence ", le

croisement opportun de deux chaînes causales... Contrairement à

l’apparence, cet argument n’en est pas un, car il ne constitue pas

l’énoncé d’un savoir. Dire que l’éboulement de la montagne relève

du hasard ne signifie rien. La complexité du phénomène est telle

qu’aucune probabilité ne pouvait être calculée.

9) Souhait et inversion du temps

Bien des phénomènes paranormaux témoignent d’une " inversion "

dans le temps. La moindre réalisation du souhait nous confronte à

une action de la pensée sur des faits en cours ou appartenant déjà

au passé :

� Un jour, durant une consultation, je m’aperçois que j’ai

fait une grosse erreur dans mes rendez-vous. J’ai

complètement oublié Monsieur B., qui devrait arriver d’un

instant à l’autre. Il va introduire un retard insupportable

pour les autres patients. Je finis avec mon patient, ouvre la

porte, il n’est pas là ! Je prends le patient suivant. Deux

heures après, alors que j’ai pris un peu d’avance dans mes

rendez-vous, je trouve Monsieur B. dans la salle d’attente,

qui vient d’arriver. Il se confond en excuses. Il ne comprend

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Comprendre le paranormal

136

pas, sa route s’est trouvée complètement bouchée par un

accident. Il n’a pas pu m’appeler...

Même si une telle situation constitue typiquement un " non-fait "

pour le témoin extérieur, celui qui la vit la ressent comme un

véritable choc. Or de telles constatations sont absolument

courantes, dès qu’on se penche sur la réalisation de souhaits.

L’Histoire nous confronte à nombre de miracles qui " inversent " le

temps d’une manière plus manifeste encore : le Christ,

ressuscitant Lazare après trois jours, irait à l’encontre de tout ce

que nous savons sur la décomposition des corps après la mort. Ici

encore, en tant que savant, nous ne devons pas déclarer forfait, ni

invoquer une loi physique connue. Nous pouvons cependant

remarquer une règle absolument générale. Quand nous faisons un

souhait, notre pensée précède toujours l’information que nous

avons sur sa réalisation :

� Mme B. me dit qu’un jour elle provoqua une lésion grave

chez son compagnon. Très croyante, elle se mit à prier

ardemment. Intérieurement, elle lutta contre l’évidence de la

lésion, dont elle percevait de visu tous les signes. Peu après,

le médecin consulté leur annonça que l’accident était sans

conséquence, la lésion apparente résultant d’une anomalie

de naissance, mise en évidence à cette occasion. La

déformation disparaîtrait en un à deux jours, quand la

contusion s’effacerait.

Le souhait porte ici sur l’absence de conséquence de l’accident.

L’information suit, de quelques heures, le souhait. La succession

cause-effet est parfaitement respectée. Est-ce un jeu de l’esprit ?

Non, car le " fait paranormal " ne peut jamais être décrit qu’en

fonction de son acteur. Aussi curieux que cela puisse paraître, il en

est de même dans toutes nos sciences, même si nous avons trop

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Comprendre le paranormal

137

tendance à l’oublier. Cette discussion, fondamentale, sera

poursuivie dans le dernier chapitre de cet ouvrage, car elle

nécessite de reprendre les principes de l’observation à leur base.

C- Les explications psychologiques

L’interprétation psychologique du paranormal repose

essentiellement sur l’idée d’inconscient. En effet, tous ceux qui ont

l’expérience d’une faculté paranormale ont compris que la volonté

n’a qu’une prise très modeste, voire quasi nulle sur elle. Réfléchir

sur ces facultés a tendance à les annihiler. Il existe donc une

antinomie entre le paranormal et l’activité mentale dite " de

veille ", celle qui est la nôtre au quotidien, appelée aussi " la

conscience ".

La notion d’" inconscient " est des plus vagues. Une pensées

consciente peut devenir inaccessible l’instant d’après, et donc être

" inconsciente ". L’inverse est tout aussi évident.

L’inconscient a été bien exploré par les psychanalystes, mais Freud

n’a reconnu, au sein du paranormal, que la télépathie. Il a ignoré

(ou même rejeté) toutes les autres formes. Cependant, Freud a

été membre de la Society for Psychical Research, la société

britannique d'étude des phénomènes paranormaux. Jung, quant à

lui, s’est intéressé toute sa vie au paranormal. Un "poltergeist"

exemplaire semble avoir été d'ailleurs l'occasion de leur rupture.

Comme Freud l’a montré, l’inconscient n’obéit pas aux mêmes

règles que le conscient. Il ignore le temps et l’espace, les

délimitations entre les personnes... ce que nous avons souvent

retrouvé dans les manifestations paranormales. Les règles

élucidées par la psychanalyse peuvent donc servir de base au

décryptage de ces facultés.

Page 138: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

138

Les théories psychologiques, et en particulier psychanalytiques

ouvrent donc la possibilité d'expliquer les pouvoirs psychiques (cf.

les ouvrages d’E. Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed). Des

conceptions, telle que la "contagion affective", en continuité

directe avec les théories psychanalytiques, constitue une des

bases de bien des phénomènes paranormaux.

Mais les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes, au

moins dans leur ensemble, refusent encore souvent les

témoignages d’expériences paranormales.

1) L'inconscient

"Inconscient", dans le langage courant veut dire "non conscient".

On sait combien cela est labile, une pensée, un souvenir peuvent

être présents un instant et impossible à rappeler l'instant d'après.

On a l'habitude de décrire notre activité inconsciente comme une

suite de "couches" allant de la plus superficielle, la conscience

claire, jusqu'à des profondeurs d'autant plus insondables que les

mystiques le font aller jusqu'au Plan Divin (le modèle du Mental).

Coué et ses successeurs, principalement Nord-américains, ont

parlé du "subconscient" pour désigner la "partie" toute superficielle

de l'inconscient.

Plus profondément, on situerait l'"Inconscient" (avec un I

majuscule, par convention), celui des psychanalystes. Pour Freud,

le contenu de l'Inconscient serait en majeure partie le "refoulé" ce

que nous ne pouvons admettre dans notre conscience.

Jung est allé plus loin encore, en acceptant que l'inconscient

renferme des pensées qui n'ont jamais été conscientes, par nature

(comme des perceptions trop petites ou de durée trop courte,

dites "sub-liminales". Il pose que l'inconscient serait, en partie au

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Comprendre le paranormal

139

mons, constitué d’" archétypes ", des constructions symboliques

élémentaires qui se retrouvent dans les mythes les plus anciens ou

les plus éloignés de notre culture.

Actuellement, rares sont les psychanalystes freudiens qui

acceptent les témoignages de paranormal. La psychanalyse

apporte cependant des clés.

2) Paranormal et inconscient

L’interprétation psychologique du paranormal repose

essentiellement sur l’idée d’inconscient. En effet, tous ceux qui ont

l’expérience d’une faculté paranormale ont compris que la volonté

n’a qu’une prise très modeste, voire quasi nulle sur elle. Réfléchir

sur ces facultés a tendance à les annihiler. Il existe donc une

antinomie entre le paranormal et l’activité mentale dite " de

veille ", celle qui est la nôtre au quotidien, appelée aussi " la

conscience ".

L’inconscient a été bien exploré par les psychanalystes. Comme

Freud l’a montré, l’inconscient n’obéit pas aux mêmes règles que

le conscient. Il ignore le temps et l’espace, les délimitations entre

les personnes... ce que nous avons souvent retrouvé dans les

manifestations paranormales. Les règles élucidées par la

psychanalyse peuvent donc servir de base au décryptage de ces

facultés.

Cependant, Freud n’a reconnu, au sein du paranormal, que la

télépathie. Il a ignoré (ou même rejeté) toutes les autres formes.

Cependant, Freud a été membre de la Society for Psychical

Research, la société britannique d'étude des phénomènes

paranormaux.

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Comprendre le paranormal

140

Actuellement, rares sont les psychanalystes freudiens qui

acceptent les témoignages de paranormal. La psychanalyse

apporte cependant des clés. Freud avait montré que l’inconscient

produit des " images ".

Jung, quant à lui, s’est intéressé toute sa vie au paranormal. Un

"poltergeist" exemplaire semble avoir été d'ailleurs l'occasion de

leur rupture.

Les théories psychologiques, et en particulier psychanalytiques

ouvrent donc la possibilité d'expliquer les pouvoirs psychiques (cf.

les ouvrages d’E. Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed). Des

conceptions, telle que la "contagion affective", en continuité

directe avec les théories psychanalytiques, constitue une des

bases de bien des phénomènes paranormaux.

Mais les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes, au

moins dans leur ensemble, refusent encore souvent les

témoignages d’expériences paranormales.

3) Clés de la psychanalyse pour le paranormal

Freud a ainsi souligné l’indépendance de l’inconscient vis à vis du

conscient. On ne s’étonnera donc pas que nombre de facultés

paranormales soient attribuées à l’" extérieur ", comme les

apparitions ou les poltergeists, et qu’une action psychologique

puisse néanmoins les faire cesser, désignant ainsi l’origine réelle.

Freud a posé une sorte de " frontière " entre conscient et

inconscient. Chez le sujet normal, les pulsions issues de

l’inconscient sont suffisamment " filtrées " pour qu’elles troublent

peu le conscient : le paranormal est rare, ou considéré comme de

simples intuitions. Chez le névrosé obsessionnel (ou phobique), la

barrière est si totale que le sujet est comme " coupé " de son

Page 141: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

141

inconscient : il peut alors ignorer le paranormal. Chez le sujet

psychotique (le schizophrène en particulier), à l’inverse, cette

frontière est fragile, le sujet est menacé, presque en permanence,

par les contenus inconscients : le paranormal apparaît dans sa vie

quotidienne, la " pensée magique " constitue une forme de pensée

presque habituelle (avec cependant peu de méthodologie, ce qui

en diminue la crédibilité). L’hystérique se situe à un niveau

intermédiaire, et nombre des médiums ont été considérés comme

appartenant à ce registre.

A l’inverse, la continuité entre conscient et inconscient, explique

pourquoi nos intuitions confinent parfois au paranormal : la pensée

à propos d’un être cher à la télépathie, l’intuition sur l’avenir à la

voyance, le rêve à la vision ou au dédoublement. Nous passons du

plus banal au plus extraordinaire sans véritablement savoir si nous

avons quitté le " normal ". C’est d’ailleurs toute la difficulté des

expérimentations scientifiques.

Comme Freud l’a montré, l’inconscient n’obéit pas aux mêmes

règles que le conscient. Il ignore le temps et l’espace, les

délimitations entre les personnes... ce que nous avons souvent

retrouvé dans les manifestations paranormales. Les règles

élucidées par la psychanalyse peuvent donc servir de base au

décryptage de ces facultés. Mais Freud et les analystes n’ont pas

vraiment développé cette argumentaire, pour préserver, semble-t-

il, une certaine scientificité à une approche alors très controversée.

Néanmoins, des travaux plus récents, comme les ouvrages d’E.

Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed, montrent que la psychanalyse

peut rendre compte de l’essentiel des observations.

La crainte des psychanalystes n’est cependant pas seule à

expliquer l’ignorance des facultés paranormales qui devraient

émerger durant une cure. La clientèle de la psychanalyse, souvent

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Comprendre le paranormal

142

faite de patients aux tendances phobiques ou obsessionnelles, est

probablement la moins confrontée au paranormal.

En outre, Freud est parti des mêmes prémisses que les sciences

" dures ", c’est à dire une vision " décentrée " du monde, sans

point d’observation particulier. Nous verrons au chapitre 9 qu’une

telle vue des choses gêne l’interprétation du paranormal.

Il faut enfin rappeler que Freud a une idée assez restrictive de

l’inconscient : celui-ci serait, pour l’essentiel, le résultat du

" refoulement ", du rejet de ce qui n’est pas acceptable par le

conscient. Freud ignore donc, presque par principe, ce qui n’entre

pas dans ce registre. Jung a été donc amené à ouvrir le champ de

l’inconscient, il a pu alors y inclure le paranormal.

Jung, avec ses deux conceptions de l'Inconscient, ouvre un abord

du paranormal. C’est l’Inconscient culturel, l'idée que notre

inconscient contiendrait des mythes universels. Il nous en donne

des exemples, dont le plus connu est le "Scarabée d’or". Il en fit

un exemple-type de la synchronicité.

Pour expliquer la télépathie et la voyance, il utilise le concept

d’Inconscient collectif, emprunté à l’Orient.

Directement issue des théories psychanalytiques, la " contagion

affective " constitue probablement une des bases les plus

significatives des phénomènes paranormaux. La contagion

affective ne rend pas compte de l’ensemble du paranormal, mais

elle offre un premier abord de compréhension.

Ainsi les théories psychologiques, et en particulier

psychanalytiques ouvrent une perspective intéressante

d’interprétation des pouvoirs psychiques.

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Comprendre le paranormal

143

4) Le scarabée d’or

(Texte de Jung : Synchronicité et Paracelsica, Paris, Albin Michel,

1988, p. 39)

" Il y a longtemps déjà que le problème de la synchronicité

m’occupe : de façon sérieuse, plus précisément, depuis le milieu

des années vingt, le temps où, étudiant les phénomènes de

l'inconscient collectif, je rencontrais sans cesse des connexions

séries ou termes groupés - que je ne parvenais plus à expliquer

par le hasard. Il s'agissait en effet de "coïncidences" dont

l'apparition présentait un tel caractère de "sens" que dans leur cas

l'improbabilité, d'un hasard ne pourrait s'exprimer que par un

nombre d'une grandeur immense.

Je citerai, simplement à titre d'exemple, un cas que j'ai observé.

Dans un moment décisif de son traitement, une jeune patiente eut

un rêve où elle recevait en cadeau un scarabée d'or. Tandis qu'elle

me racontait son rêve, j'étais assis le dos tourné à la fenêtre

fermée. Soudain, j'entendis derrière moi un bruit, comme si

quelque chose frappait légèrement à la fenêtre. Me retournant, je

vis qu'un insecte volant à l'extérieur heurtait la vitre. J'ouvris la

fenêtre et attrapai l'insecte en vol. Il offrait avec un scarabée d'or

l'analogie la plus proche qu'il soit possible de trouver sous nos

latitudes : c'était un scarabéidé de la famille des lamellicornes,

hôte ordinaire des rosiers : une cétoine dorée, qui s'était

apparemment sentie poussée, à l'encontre de ses habitudes

normales, à pénétrer juste à cet instant dans une pièce obscure. je

suis bien obligé de dire qu'un tel cas ne s'était jamais présenté à

moi auparavant ni ne s'est représenté par la suite ; de même ce

rêve qu'avait eu ma patiente est resté unique en son genre dans le

champ de mon expérience."

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Comprendre le paranormal

144

5) La " contagion affective "

Les émotions sont contagieuses, on le perçoit dans l'expérience

quotidienne. Qui n’a pas participé à l'émotion de l'autre comme si

c'était la sienne. Dans un enterrement, il nous arriver de pleurer

même si nous ne connaissons pas le défunt ni même la famille.

Si nous observons cette émotion, elle paraît venir du plus profond

de nous-même, de notre intimité. Or ceux qui sont avec nous la

perçoivent également comme venant d'eux-mêmes. Nous

participons tous à la même expérience.

Cette constatation est si banale que nous nous l’expliquons par

l’"évidence". Or, sur le plan strictement logique, c'est un paradoxe

: comment considérer comme personnel ce qui appartient ne

même temps à tout le monde ?

Les psychanalystes connaissent bien ce type de communication,

qu'ils appelle "anobjectale" : elle ne différentie pas, comme la

conversation habituelle (dite "objectale"), le sujet (celui qui dit

"je") de l'objet (l'autre, "tu" ou "il").

Comment expliquer ce paradoxe ? L'Evolution (de Darwin) nous a

légué les "cerveaux" de nos ancêtres. Ceux-ci continuent à assurer

leur fonction, sous l'hégémonie des fonctions supérieures,

proprement humaines. Or, l'émotion semble siéger dans les zones

centrales du cerveau, que nous possédons en commun avec les

animaux. Au niveau émotionnel, nous vivrions comme nos proches

"cousins", ignorant la notion de personne. La contagion affective

serait une manifestation de ce fonctionnement ancien, permanent

mais inconscient.

Comme le soulignent les psychanalystes Spitz et Bowlby, l’animal

doit, pour survivre, savoir avec une extrême précision ce que

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Comprendre le paranormal

145

" pense " l’être vivant qu’il a en face de lui. On ne saurait donc

s’étonner que, malgré son apparence primitive, ce mode de

perception amène des informations surprenantes de justesse.

Il n’est pas inintéressant de se souvenir que cette région est

également celle de l’humeur (gaieté, tristesse) et celle des réflexes

conditionnés, ce qui expliquerait l’efficacité de certaines méthodes

et leurs paradoxes (méthode d’auto-suggestion, méthode Coué…).

Une telle contagion affective est susceptible d'être le lit de la

télépathie et de la voyance sur autrui, comme d'expliquer les

"visions à plusieurs", ce qui a pu faire croire à leur réalité.

6) Le modèle du Mental (ou du Moi), Un cadre explicatif pour le paranormal ?

Selon le modèle des niveaux du " Mental " (ou du " Moi ") notre

" esprit " serait composé de sept plans (ou niveaux). Le premier

plan serait notre conscience claire et le septième et dernier le plan

Divin. Cette conception est très largement répandue. Elle concerne

le bouddhisme, zen en particulier, mais aussi l’hindouisme, ainsi

que les mystiques, quelle que soit leur religion.

Cette hypothèse est certes religieuse, traditionnelle. Mais elle

pourrait constituer un cadre logique intéressant, car elle pourrait

relier les théories scientifiques et psychologiques. En effet, l’idée

d’un Divin, doué de capacités infinies est issue de l’expérience des

mystiques, des sages et des saints. La progression vers des plans

de plus en plus profonds se traduit par des capacités de plus en

plus brillantes. Le Christ, par des pouvoirs psychiques tout à la fois

puissants, utiles et adaptés aux circonstances. A l’opposé, les

malades ou les sujets fragiles accéderaient aux plans profonds par

accident. Ils présentent des capacités peu contrôlées, inutiles et

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Comprendre le paranormal

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surtout rigides. Ils témoigneraient de l’ouverture de " voies "

neuronales établies par hasard.

7) Ego, Mental et facultés paranormales

Les mystiques appellent "ego" (du latin qui veut dire "moi") ou

encore "petit je" la partie la plus superficielle de leur psyché, celle

qui leur permet de dire "je". Plus ils approfondissent la

connaissance d'eux-mêmes, plus ils se fondent dans le Divin, plus

cette notion de "je" disparaît.

Le Mental ne considère pas les facultés paranormales comme des

entités indépendantes. Elles ne font qu'exprimer les " qualités

divines ", dont témoignent et que relatent ceux qui s’approchent

du Divin.

L’augmentation d’étendue et de puissance dans les facultés

paranormales témoignent, pour eux, d’un rapprochement des

niveaux profonds. Elle s’accompagne obligatoirement d’une perte

du " je " (il ne s'agit pas d'un choix). D’ailleurs, les sujets familiers

du paranormal sur une longue période (voyants, guérisseurs…)

témoignent d’une diminution sensible de leur ego, même quand ils

ne souhaitent nullement embrasser une vie religieuse. Ils se disent

"simple passage" d'une force qui les dépassent. À l’inverse, plus ils

ont de " désir ", plus ils mettent en jeu leur volonté, moins ils

peuvent mettent en œuvre leurs facultés.

Cette même contrainte expliquerait un paradoxe : les Églises

humilient systématiquement les sujets présentant les capacités les

plus éminentes. Elles ont, empiriquement, constaté que la

diminution de l’ego est indispensable à l’équilibre psychique de ces

sujets. À l’inverse, l’enthousiasme des savants amène le " fading ",

la diminution progressive des facultés du sujet d’expérience si ce

n’est la folie.

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Comprendre le paranormal

147

8) Modèle du Mental, sciences "dures" et psychologiques

Le modèle du Mental étend l’inconscient des psychanalystes

(relativement superficiel) sur le " supra-mental " religieux et

permet d’utiliser les hypothèses psychanalytiques. Un simple

exemple : les stigmates. Beaucoup ont souligné la parenté avec la

dermographie des hystériques (cf. Lhermite, 1952), jusqu’à dire

que les stigmatisés étaient hystériques. Il paraît cependant difficile

d’interpréter les manifestations d’un esprit qui dépasse la normale

(le saint ou le sage) par des conceptions relatives à des sujets aux

capacités plus limitées que le sujet normal.

Le Mental propose une vision du monde centrée sur l’observateur,

car il situe la référence ultime, la Vérité (Dieu), comme le niveau

le plus profond. Une telle conception se retrouve dans la

psychanalyse, qui étudie tout au travers du discours du sujet. Les

sciences, malgré l’apparence, adoptent ce point de vue. En effet,

elles sont dites " universelles " parce qu’elles ne privilégient aucun

point de vue particulier, les disant tous équivalents. Mais la

description scientifique en elle-même est bien centrée sur

l’observateur. Les règles de passage d’un observateur à un autre

n’ont rien de facile. C’est ce qu’on appelle la " relativité ", initiée

par Descartes et complétée par Einstein, laisse augurer de

l’extraordinaire complexité d’une éventuelle description universelle

de la " réalité ", si même elle est envisageable.

La vision " centrée " du Mental a un intérêt fondamental, car elle

permet l’étude théorique du paranormal. En effet, la simple

logique nécessite qu’on ne puisse mettre en relation que des

choses qui appartiennent à un même plan. La synchronicité de

Jung, si elle permet une description unitaire des phénomènes

paranormaux, ne permet aucune analyse sur un plan logique. Le

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Comprendre le paranormal

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Mental le permet. En effet, le sujet " actif " dans le phénomène

paranormal est à même de " décrire " d’une part sa pensée (même

s’il ne peut avoir un accès indirect, du fait qu’elle se situe dans

l’inconscient) et, d’autre part, de décrire le " résultat ". Celui-ci

constitue, pour lui et pour lui seul, une autre " pensée " (comme

toute observation, quelle qu’elle soit). De fait, il met en relation

deux pensées, et peut énoncer des règles logiques entre elles,

leurs similarités par exemple.

Cette observation centrée, que redécouvre la physique moderne

(la physique des quanta), est cependant d’un maniement difficile.

En effet, elle suppose que tout observateur est en même temps

participant. Or, bien des facultés paranormales sont d’obtention

difficile. On est alors conduit à les observer de l’extérieur, en en

perdant le sens.

Bien des fraudes sont liées à ce paradoxe. L’observateur veut des

preuves. Celles-ci sont d’autant plus manifestes que la

manifestation est plus extraordinaire, donc plus improbable,

difficile à obtenir. La volonté étant antinomique du paranormal, le

risque d’échec est alors majeur : la fraude est tentante pour

l’" agent " qui ne veut pas se déconsidérer. Ailleurs, les

expérimentateurs s’appuient sur la répétition à l’identique de faits,

pour constituer une collection statistiquement exploitable. Du fait

du " fading ", de tels impératifs constituent les pires conditions qui

soient.

D- Les explications traditionnelles

On considère généralement les explications traditionnelles comme

le fruit de l’ignorance et de la confusion. Or, si on les examine

attentivement, on s’aperçoit qu’au contraire elles pourraient

fournir des bases d’interprétation tout à fait intéressantes.

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Comprendre le paranormal

149

Nous allons donc examiner ces interprétations traditionnelles,

successivement :

* Les forces de la nature, l’animisme (le shintoïsme)

* Les morts, les Esprits, le chamanisme

* Transe et possession, cultes africains

* Le polythéisme, l’hindouisme

* Le monothéisme et les religions occidentales

* L'hypothèse du "Mental", le mysticisme et le bouddhisme

1) Les forces de la nature, l’animisme � Un homme racontait, lors d'une émission de

télévision, qu'à chaque présentation d'avions en vol à

laquelle il assistait, un avion s’écrasait près de lui. Il

prévenait ses amis, car, disait-il, ces catastrophes ne

le mettaient jamais en danger, mais elles risquaient de

toucher ceux qui l'auraient accompagné.

Combien de fois avons-nous invoqué la loi des séries ? Quand nous

disons, avec plus ou moins de conviction, " jamais deux sans

trois ", nous n’imaginons pas une Entité, encore moins Dieu ou

Diable, mais simplement une intention, ce qu’on rapporterait

facilement à des Forces, celles de la nature.

Je remarquai un jour qu’un de mes amis japonais, professeur de

faculté, portait des amulettes avec lui. Il me dit très

naturellement : " En France, la nature est calme, immobile. Au

Japon, elle bouge : cyclones, tremblements de terre, éruptions

volcaniques... On la sent vivre, constamment ". L’animisme ne

saurait donc être réduit à une croyance de peuples primitifs. Au

Japon, il est partout, sous la forme de la religion traditionnelle, le

" shintoïsme " et concerne même les intellectuels les plus adaptés

et les plus subtils. Certes, le shintoïsme, par sa subtilité, ne

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Comprendre le paranormal

150

saurait résumer l’animisme. Mais il nous permet de ne pas voir

dans cette interprétation de la nature une croyance primitive.

D’ailleurs cette croyance est-elle vraiment absente des religions

monothéistes, que nous pensons " évoluées ". Dans le

christianisme, par exemple, il est d’usage de dire que le simple

regard du non-initié suffit à profaner le saint des saints d’un lieu

de culte. Si le catholique ou le protestant l’ont un peu oublié, le

pope orthodoxe conserve encore caché ce qu’il a de plus sacré. Il

en est de même dans le judaïsme où les rouleaux de la Torah

restent soigneusement enfermés en dehors des offices. Le texte

sacré doit rester caché du regard profane (comme la Mezouza

dans la maison, ou les batim pour la prière). Dans le cadre de

l’islam, la Kaaba, le rocher sacré, est toujours enfermé, invisible

derrière une énorme tente noire.

Le recours à l’animisme est ainsi parfois une sorte de clause de

prudence, si ce n’est un simple recours à l’efficacité :

� M. A. doit être mis en invalidité. Il y a deux ans, alors

qu’il circulait en voiture pour son travail, un camion le

percute de l’arrière. Il subit une torsion cervicale (le " coup

du lapin "), qui entraîne six mois d’arrêt de travail. Trois

mois après sa reprise, sur l’autoroute, il évite un bouchon

devant lui, mais la voiture qui le suit le tamponne, nouveau

" coup du lapin " et six mois d’arrêt. Quelques mois après sa

reprise, alors qu’il était dans l’appartement de son père, une

fuite de gaz entraîne une explosion, il voit arriver la flamme

sur lui, il a le temps de se protéger le visage. Il n’est brûlé

(gravement) qu’aux mains et aux bras. Il portait une

chemise de Nylon qui, dit-il, est devenu comme une

carapace rigide après l’incendie qui a dévasté

l’appartement…

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Comprendre le paranormal

151

Le sujet a-t-il sa part de responsabilité dans cette étonnante

succession de catastrophes ? Les compagnies d’Assurances

connaissent bien la " victimologie " : certains assurés ont en effet

une fâcheuse tendance à être des victimes innocentes… Pour

Freud, notre inconscient gère notre environnement très au-delà de

ce que nous imaginons (cf. la réalisation des souhaits). Le

sychiatre recherche une tendance morbide profonde.

2) Les morts et les Esprits, le chamanisme

Dans les temps anciens, le contact était quotidien avec les Esprits

incorporels (jamais incarnés) comme avec les morts (ou

désincarnés).

� " Maman, le colonel a dit que nous allions mourir dans un

quart d’heure. " Ma collègue, médecin d’urgences, sort à

peine de son sommeil qu’elle voit devant elle ses deux

enfants (11 et 9 ans), répétant ce message sibyllin. Elle se

lève et découvre que ses deux bambins opéraient avec un

oui-ja, une tablette divinatoire. La mère se fâche, raisonne

les enfants, puis les recouche. Une demi-heure, après ils

réapparaissent, hilares : " Le colonel nous a dit qu’il nous

avait fait une farce ! "

Qui n’a pas fait (ou tenté de faire) se déplacer un verre en face

d’une baguette portant lettres et chiffres, ou encore un guéridon ?

Avec l’" écriture automatique ", laissant cheminer la main sur le

papier, certaines personnes ont ainsi tracé des phrases dont la

facture reproduit la graphie et le style d’un proche disparu ou d’un

personnage célèbre.

Depuis l’apparition des appareils électroniques, s’est développée la

transcommunication (cf. Brune, 1988). Des images sont

accompagnées de paroles, alors que l’on ne devrait en principe

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Comprendre le paranormal

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rien capter. Ailleurs, une caméra de surveillance relève le

mouvement d’un fantôme.

M. Éliade (1968) a décrit les chamans, ces medecine-men qui font

profession de rencontrer les esprits lors de leurs extases, de leurs

sorties du corps. J’ai rencontré à Paris Emahó, un Amérindien qui

exerçait une profession classique quand il eut une vision, alors

qu’il circulait en voiture. Peu après, il eut une convulsion et un

diabète se déclara, s’aggravant progressivement jusqu’au coma. Il

eut alors le sentiment qu’ayant tout perdu, il pouvait " donner sa

vie ". Quand il se réveilla, il était guéri, et n’en a plus jamais

souffert. Il suivit alors l’enseignement d’un lama tibétain. En 1991,

alors qu’il était en Grande-Bretagne et qu’il avait réuni un petit

groupe pour un enseignement, il découvrit, progressivement qu’il

pouvait laisser ses mains sur la flamme d’une bougie sans en

ressentir de brûlures, et guérir par une sorte d’imposition des

mains. Depuis, il parcourt le monde, et j’ai pu ainsi l’observer.

Une telle histoire est typique. Le sujet devient chaman après être

" mort " et que son corps ait été " reconstitué os par os ", et qu’un

Esprit ou un défunt lui soit apparu en rêve. Parfois, il rencontre

successivement tous les " esprits des maladies " lors d’une extase

durant quelquefois plusieurs jours.

L’interprétation en terme d’Esprit, ou de défunt, correspond donc à

une expérience vécue de tous temps. Ceci ne saurait valider pour

autant la " réalité " de l’apparition, mais empêche de renvoyer ces

témoignages au rang de simples croyances.

3) Transe et possession, cultes africains

Le troisième type d’interprétation repose en effet sur la transe. En

Occident, on parle d’" état altéré de conscience ", ou encore d’état

hypnotique. Cette transe peut s’accompagner d’une modification

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Comprendre le paranormal

153

physique du sujet, parfois considérable. On parle alors souvent de

" possession " si elle est subie, ou d’" incorporation ", si elle est

délibérée. L’Esprit (ou la Divinité) ne se manifeste pas comme

extérieur au sujet, mais au travers du sujet qui peut acquérir des

facultés nouvelles, psychiques (médiumnité) ou physiques

(manger des braises…).

Ce sont probablement les cultes outre-Atlantique d’origine

africaine qui ont été les plus explorés de l’intérieur, le Vaudou

haïtien, le Candomblé afro-brésilien, etc. Ce sont des religions où

les choses sont données à " voir ", la réflexion abstraite y a peu ou

pas de place. Ces transes ne sauraient être mimées :

� Lors de l’initiation, par exemple, pour vérifier si la transe

est véritable, on passe une bougie sur les bras nus du

médium. S’il apparaît la moindre brûlure, on conclut à la

simulation (Bramly, p. 61).

Le rôle du médium est d’offrir volontairement son corps au Dieu

par la transe. Lors de l’incorporation, le sujet présente des

capacités sans commune mesure avec ce qu’il peut faire

habituellement, ou même ce qu’un humain peut faire : une jeune

femme peut ainsi boire quatre litres d’eau de vie en un temps très

court. C’est l’incorporation par Exù, qui cherche toujours à

s’enivrer. A noter que dès la fin de la cérémonie, elle n’est plus

saoule " Elle-même n’a rien bu. C’était son Dieu. "

On peut donner de tout cela une interprétation psychologique.

Chaque sujet, présentant un fonctionnement mental particulier,

est susceptible d’entrer en transe sur un mode identifiable comme

l’incorporation par un Dieu.

En Occident, on ne pratique guère l’incorporation, mais l’allégation

de possession est fréquente. Les manifestations en sont parfois

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Comprendre le paranormal

154

bruyantes, justifiant un exorcisme. La plupart des allégations de

possessions ne comportent, fort heureusement, pas de telles

manifestations. Cependant, l’Eglise catholique a été conduite, ces

dernières années, à porter une attention toute particulière à la

fonction d’exorciste, longtemps tombée en désuétude.

En résumé, l’idée de possession par une Entité rend compte de

manifestations parfois bruyantes, même en Occident. Les cultes

d’origine africaine (ou équivalents) sont centrés sur l’incorporation

volontaire. Ils ont acquis un contrôle efficace sur ces

manifestations qui semblent dépasser les interprétations

psychologiques.

4) Le polythéisme (l’hindouisme)

Polythéisme ne veut pas dire " adorer tous les Dieux ". Si on en

croit l’hindouisme par exemple, chacun, par inclination personnelle

ou familiale, ira davantage vers l’une ou l’autre des Divinités du

panthéon hindou. Mais, à l’instar du temple " au Dieu inconnu ",

relevé à Athènes par saint Paul, le fidèle veillera à ne laisser aucun

Dieu de côté ; on ne le négligera pas, de peur qu’il ne se retourne

contre vous.

Pour l’hindou, le paranormal est la marque du Divin. Pour

Ramakrishna, le grand mystique hindou du XIXème siècle, celui

qui accède au Divin acquiert par là même des pouvoirs

extraordinaires (Herbert, 1972, n° 1158). Les huit pouvoirs

psychiques sont :

(1) devenir aussi petit qu’un atome, (2) devenir aussi grand

qu’une montagne, (3) devenir aussi léger que du coton, (4)

devenir aussi lourd que du fer, (5) pouvoir toucher n’importe quoi

du doigt, aussi loin que ce soit, (6) réaliser tous ses désirs, (7)

créer, (8) être parfaitement maître de tous les éléments (ibid., p.

188, n. 2).

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Comprendre le paranormal

155

Ces pouvoirs n’apparaissent pas ici comme le " don " d’un Dieu

extérieur, mais comme le résultat d’une fusion avec le Divin, ce

qui se rapproche du bouddhisme.

Les pouvoirs paranormaux seraient donc des témoins d’une

évolution spirituelle. Certaines écoles hindoues se sont ainsi

centrées sur l’acquisition de pouvoirs, comme les fakirs, des yogis

se livrant publiquement à des exercices ascétiques. Cependant,

comme le souligne Ramakrishna (Herbert, n° 558), " il faut éviter

les pouvoirs miraculeux. Ils viennent d’eux-mêmes par la vertu

des disciplines (sâdhanâs) et des maîtrises des sens

(samyanama). Mais l’homme qui fixe son esprit sur les pouvoirs ne

pourra pas monter plus haut, il y restera embourbé ".

5) Le monothéisme et les religions occidentales

L’Occident s’est orienté depuis deux mille ans vers le

monothéisme. Mais cette évolution ne s'est pas faites avec ledit

paranormal. Cette lutte cachait de grands intérêts. Les Grands

procès de sorcellerie, par exemple, ont consisté pour une bonne

part en une lutte entre la bourgeoisie chrétienne des villes et la

campagne paysanne, encore très largement animiste, " magique ".

L’idée reste encore aujourd'hui très présente. On lit par exemple,

dans Le Petit Robert, au mot sorcier " personne qui pratique une

magie de caractère primitif, secret et illicite ". Cette définition

suggère qu’il y aurait une magie évoluée, licite et qui s’étalerait au

grand jour. Est-ce le citadin ou le prince qui condamne le paysan

ou, plus précisément, la paysanne ? Le monde scientifique perdure

dans cette attitude, même si ses raisons ne sont plus les mêmes.

Cette lutte apparaît spécifique au monde occidental.

Ceci dit, la valeur du surnaturel est reconnue : le christianisme, le

judaïsme et l’islam vénèrent les sages et les saints. Ces facultés

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Comprendre le paranormal

156

sont considérées comme témoins de leur spiritualité et de leur

intimité avec le Divin, et ceci depuis les temps les plus anciens.

Pour le catholicisme, c’est Dieu qui est à l’origine du miracle. Si un

être présente des facultés paranormales, l’Église examine

principalement leur contexte. S’il s'accompagne d'une spiritualité

évidente, elle considère que ces facultés procèdent de Dieu. Si ces

facultés coexistent avec une spiritualité pauvre ou nulle ou, pire

encore "schismatique", sa position est des plus réservée. Il n’y a

pas si longtemps, elle concluait à l’origine diabolique de ces

manifestations. Actuellement, elle s’abstient le plus souvent de

porter un jugement.

Parmi les manifestations paranormales, outre les apparitions déjà

étudiées plus haut, j’aimerais discuter deux cas, les stigmates et

les guérisons miraculeuses.

Le christianisme pose généralement Dieu comme extérieur à

l’homme. De fait, le surnaturel apparaît comme un " don ", une

chose donnée. Sur le plan pratique, cela ne pose pas de difficulté.

Mais la réflexion logique n’y trouve pas forcément son compte.

6) Le mysticisme et le bouddhisme

Le mysticisme et le bouddhisme sont probablement parvenus à

l'hypothèse la plus sophistiquée qui soit, en ce qui concerne le

Divin et, partant, l'interprétation du paranormal. Il s'agit de

l’hypothèse des niveaux du " Mental " (ou du " Moi ") selon

laquelle notre " esprit " serait composé de sept plans (ou niveaux),

en une gradation continue de notre conscience claire au plan Divin.

En Orient, cette conception est très largement répandue. Elle

concerne principalement le bouddhisme, le zen en particulier : " La

Vacuité… est au-delà de toute perception, au-delà de toute prise...

au-delà de l'être et du non-être... [Elle] est constamment avec

Page 157: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

157

nous et en nous, elle conditionne toute notre connaissance, tous

nos actes, elle est notre vie même. " (Suzuki, 1970, p. 87). On

retrouve cette idée dans l’hindouisme. Ramakrishna dit ainsi :

" Quelques âmes évoluées ont pu atteindre le septième plan, le

plan le plus haut du samâdhi, et se sont ainsi plongées dans la

conscience de Dieu... " (Herbert, 1972, n° 185). Les niveaux du

Mental ne sont pas spécifiques à l’Orient. Ils sont aux fondements

de l’expérience mystique, qui cherche le Divin au fond de soi,

comme l’expose sainte Thérèse d'Avila, dans " Le château de

l’âme " (cf. 1985, p. 807 sq.).

Le sujet, parvenu au niveau Divin, présente d’étonnantes capacités

paranormales. C’est le cas du Christ, mais aussi de sage orientaux,

tels que Milarépa, ascète tibétain du XIème siècle de notre ère et

personnalité essentielle du bouddhisme mahâyâna. Sa biographie

(p. 256) relate l’apparition de divers phénomènes, dont la

lévitation et la capacité de se transformer en n’importe quelle

forme désirée.

Certes, bien des grands saints (tels saint Bernard, saint Bruno,

saint Vincent de Paul…) n’ont jamais présenté de capacités

paranormales. Le paranormal étant manifestation de l’émotion, les

êtres d’une parfaite égalité d’humeur ont peu de chance de

produire de manifestations brillantes. Mais ils peuvent vivre le

paranormal au quotidien. Combien de sages ont ainsi dit que le

monde extérieur répondait à leur vie intérieure, comme un

véritable miroir.

Dans l’interprétation du paranormal, les niveaux du Mental

introduisent une subtilité nouvelle, la notion du Dieu impersonnel.

Dans les religions monothéistes, Dieu est prié comme une

personne extérieure, un Dieu personnel, le classique Deus ex

machina. Ce Dieu impersonnel n’est certes pas ignoré des religions

Page 158: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

158

monothéistes. C’est l’Esprit-Saint de la chrétienté. Mais, comme le

dit très bien Giraud dans le " Guide des religions " (p. 42), il

constitue une sorte de " Dieu inconnu ", pour les catholiques tout

au moins. Sa particularité est d’être " sans forme " (les Evangiles

le présentent, suivant les passages, comme une colombe ou une

pluie de flammes). L’Orient est, par contre, familier avec cette

notion.

III / Evaluation de vos facultés paranormales Voici quelques exercices simples et sans danger pour évaluer vos

propres facultés et surtout vous familiariser avec vos intuitions

profondes, qui dépassent largement notre vision " rationnelle " du

monde et de nous-mêmes. Un certain entraînement peut être

nécessaire, mais il est à la portée de tout le monde.

téléphone : écouter votre correspondant sans

décrocher le combiné.

Lorsque le téléphone sonne, ne décrochez pas, faites le silence

dans votre esprit et attendez quelques secondes. Vous allez

ressentir si votre correspondant est amical ou hostile, et même le

degré d’intimité que vous avez avec lui. Vous pouvez même sentir

la nature du message qui va vous être apporté.

Vous pouvez vous exercer également à savoir si un correspondant

que vous appelez va répondre ou non. Mais c’est un peu plus

difficile, car ici l’effet d’" attente " joue et risque de gêner votre

perception.

Courrier : lire le contenu d’une lettre sans l’ouvrir

Variante de l’exercice précédent. Tenez la lettre dans vos mains,

ou simplement regardez là, sans penser à rien. Vous allez voir, de

Page 159: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

159

même, si ce courrier vous annonce une bonne ou une mauvaise

nouvelle. Les plus compétents auront les détails de la lettre

comme si l’enveloppe était ouverte !

Prémonition active (voyance sur soi-même)

Vous aurez d’autant plus de résultats que vous interrogez un

avenir proche, de l’ordre d’une journée. Cet exercice étant plus

complexe, il nécessite quelques explications. Pour poursuivre ( voir

ci-dessous chap. prémonition active)

Réalisation de souhaits simples

La meilleure règle pour obtenir un résultat, est de se fixer des

objectifs qui vous sont nécessaires. Ainsi, tout votre corps

adhérera facilement à votre objectif. Ne faites jamais un exercice

" pour voir ", l’échec est assuré. Pour poursuivre, voir chapitre

suivant.

Page 160: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

160

A- Prémonition active

Vous allez tenter de prévoir le contenu de votre journée, l’issue

d’une rencontre par exemple, la réussite d’une action…

Premier point fondamental : se défier du désir, de toute forme de

souhait. Faire le silence dans son esprit.

Avec un peu d’entraînement, on perçoit alors la prémonition, sous

la forme d’une intuition d’une authenticité dépassant la raison. Il

s’agit d’un " message " simple, positif ou négatif, généralement

sans détail, donnant la connotation " affective " de l’événement

prévu.

Parfois, il faut " aider " la prémonition. Nous avons, sur

l’événement prévu, une idée générale qu’il faut préciser. " Lisez "

alors cette intuition en la comparant à des événements connus :

� Un matin, en me levant, je sens une tristesse que je vois

liée à la couleur noire. Banal, direz-vous : un deuil ! Je me

suis interrogé, en profondeur. La tristesse paraissait bien

modérée par rapport à une mort. L’après-midi, je déchirais

malencontreusement un blouson bleu nuit !

Autre exemple : je devais affronter une rencontre très

importante pour moi et qui se présentait vraiment très mal.

Mon inconscient me livra, avec une constance curieuse, le

message (en anglais !) : " no problem ". Effectivement, mon

adversaire me tira d’affaire d’une manière incompréhensible

pour moi, et contre son propre intérêt.

Un certain entraînement est néanmoins nécessaire pour distinguer

le désir (le souhait) de la prémonition.

Page 161: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

161

B- Réalisation de souhaits simples

Première règle, indispensable à respecter : vous ne faites pas de la

" recherche ", vous tentez de mener votre vie de la manière la plus

adéquate possible. Ne faites donc pas d’expérience pour

l’expérience, mais limitez-vous à des souhaits nécessaires. Par

ailleurs, s’il existe un moyen simple d’obtenir ce que vous

souhaitez, utilisez-le. Cette méthode ne s’applique que pour des

objectifs inaccessibles par les méthodes habituelles (sauf à utiliser

des moyens peu compatibles avec vos possibilités habituelles).

� Une amie me disait ainsi qu’elle n’avait jamais besoin de

s’inquiéter pour une place de parking. Elle en trouvait

toujours en face du lieu où elle se rendait.

Le souhait peut porter sur tout ce qui vous est nécessaire. Ne vous

préoccupez pas de sa possibilité sur le plan matériel. Vous serez le

premier étonné de voir les moyens extrêmement simples mis pas

le " Ciel " dans sa réalisation.

Il faut donc s’interroger sur ce que vous voulez réellement, ce dont

vous avez besoin. Ce peut être tout et n’importe quoi :

� Une amie avait besoin d’un ordinateur et n’en avait pas le

premier sous. Elle pria intensément. Elle reçut alors un

courrier d’une personne à qui elle avait rendu service des

années auparavant, lui disant à peu près : " Madame, vous

m’avez beaucoup aidé alors que j’étais dans le besoin.

Maintenant que je suis sorti d’affaire, veuillez recevoir

l’expression de mon remerciement. " Était joint un chèque

correspondant à la somme nécessaire à l’achat de

l’ordinateur.

Page 162: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

162

Il faut donc porter sur ce souhait la plus grande intensité. Un

moyen classique, vieux comme le monde, consiste à prier (Dieu,

un Dieu… quel que soit le nom qu’on Lui donne). C’est le meilleur

moyen de se mettre en position de " recevoir ".

Trois écueils :

* confondre désir et souhait. Un désir est l’œuvre de la conscience

superficielle, inefficace. Le souhait, portant sur une nécessité,

touche les profondeurs de notre être.

* s’attribuer le mérite du résultat. Il n’y a pas de meilleur moyen

pour se ridiculiser, ou même pour devenir fou. La " toute-

puissance " est probablement l’idée la plus répandue dans les

délires.

* chercher la " preuve " que le souhait a bien été exaucé (et que

ce ne soit pas le fait du hasard). Cette preuve n’existe pas et

n’existera jamais. Il ne faut pas oublier que la relation de cause à

effet, base de la preuve, n’est jamais définie pour un seul fait (sa

définition n’est que statistique) et qu’elle l’est seulement de

manière rétrograde (on retrouve toujours la cause, une fois l’effet

survenu). Dans le cas précédent, il était impossible à un qui que ce

soit de dire que le chèque arriverait à point nommé.

Un conseil : remercier le Ciel une fois le souhait obtenu et, si

possible, en faire profiter votre entourage. Le Ciel n’oubliera pas

votre générosité !

Des développements théoriques et pratiques de cette question ont

été faits dans mon ouvrage " Montagne lève-toi, l’expérience de la

foi "

Page 163: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

163

IV/ AQ sur le paranormal (questions les plus fréquemment posées)

(questions " E " = relatives à l’Expérience, questions " T " =

approche Théorique)

E1/ Est il " normal " de n’avoir jamais vécu aucun phénomène

paranormal ?

E2/ Est-il " anormal " de vivre des phénomènes paranormaux ?

E3/ Comment reconnaît-on une faculté paranormale chez autrui ?

E4/ Comment reconnaît-on une faculté paranormal chez soi-

même ?

T1/ Y a-t-il un lien entre la folie et le paranormal ?

T2/ Sommes-nous tous " paranormaux " ?

T3/ Qu’appelle-t-on " sujet psi " ?

T4/ Y a-t-il une preuve de l’existence du paranormal ?

T5/ Y a-t-il une place pour le paranormal dans le monde défini

actuellement par les sciences ?

T6/ Les lois scientifiques actuelles doivent-elles être transformées

pour accepter le paranormal ?

T7/ Le paranormal constitue-t-il un lien entre les sciences et les

religions ?

T8/ Les miracles des saints sont-ils du " surnaturel " ou du

" paranormal " ?

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Comprendre le paranormal

164

T9/ Pourquoi les saints présentent-ils plus de facultés

paranormales que les sujets " lambda " ?

E1/ Est il " normal " de n’avoir jamais vécu aucun

phénomène paranormal ?

Il faut tout d’abord faire la différence entre " n’avoir jamais vécu "

et " n’avoir jamais reconnu en soi " un phénomène paranormal.

Beaucoup de gens vivent quotidiennement des faits paranormaux

mais ne les reconnaissent pas comme tels. Une femme me disait

ainsi : " Je ne prends jamais de billet de Loto si je sais que je ne

vais pas gagner ". Quand je lui ai fait remarquer qu’il s’agissait

d’un faculté " paranormale " (voyance), elle a répliqué vivement :

" Non, c’est parfaitement normal ", ajoutant : " Je sais qu’il y a

une explication à ça. " Personnellement, j’attends toujours ! La

plupart des personnes qui vivent le paranormal constatent qu’il n’y

a aucune différence entre des intuitions très banales, par exemple

une pensée à propos d’un être cher, et le " paranormal " typique

(ici la télépathie).

En second lieu, certaines personnes, très intuitives, proches de

leur corps et de leurs intuitions profondes, sont plus à même de

vivre et de reconnaître le paranormal que d’autres, plus

Page 165: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

165

intellectuelles, tournées vers le concret. Il faut aussi faire la part

de la crainte de l’irrationnel, de ce qui ne s’explique pas clairement

ou de ce qui sort du cadre habituel de notre vision du monde.

E2/ Est-il " anormal " de vivre des phénomènes

paranormaux ?

Il faut, ici, faire la différence entre vivre de tels phénomènes dans

l’harmonie et l’équilibre et les subir dans la crainte et l’angoisse. Je

connaissais une femme qui disait percevoir, sitôt entrée dans un

autobus ou un métro, la vie des gens qu’elle côtoyait. Celle-ci

défilait comme un film dès qu’elle regardait la personne concernée.

Elle se disait oppressée par cette faculté, qu’elle identifiait

parfaitement comme de la voyance. Je l’ai aidée à se protéger et à

ne plus " voir " d’une manière inconsidérée.

Par contre d’autres personnes constatent, pour leur plus grand

bonheur, la nature leur offrir des " messages " répondant aux

questions qu’elles se posent ou réalisant leurs souhaits sans

qu’elles aient besoin de s’en préoccuper. Elles vivent

quotidiennement un échange avec la nature sain, souple et

enrichissant.

E3/ Comment reconnaît-on une faculté paranormale chez

autrui ?

Un certain nombre de gens prétendent avoir des facultés qu’ils

n’ont pas. À l’inverse un nombre probablement encore plus grand

en possèdent qu’ils ignorent, tant elles font partie de leur

" normalité ". Même les plus grands sujets " psi " ont

généralement mis du temps à appréhender l’ensemble de leur

capacité (si même ils l’ont jamais fait - cf. le Français Jean-Pierre

Girard). Aussi le plus grand flou règne en ce domaine. Il faut

cependant se souvenir que, dans le principe, nous avons tous la

Page 166: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

166

possibilité de présenter des facultés paranormales. Le plus

souvent, il s’agit de facultés très ténues : pensées à propos d’un

être cher qui se vérifient (télépathie), prémonitions (voyance),

réalisation de souhaits…

D’une manière générale, le problème n’est pas tant de

" reconnaître " une faculté chez autrui, mais de la vivre dans

l’harmonie et l’équilibre, ce qui peut être difficile si elle se

manifeste fortement et fréquemment.

E4/ Comment reconnaît-on une faculté paranormal chez

soi-même ?

Comme nous avons tous en nous-mêmes la possibilité d’en

présenter, le problème se pose surtout de contrôler ces facultés et

d’en faire bon usage. Il faut en effet se garder des illusions.

Combien j’ai vu de sujets disant avoir fait des " voyages astraux "

et n’avoir finalement fait qu’un rêve de voyage, analogue au rêve

habituel. Cependant, comme je l’ai dit dans mes ouvrages, nous

pouvons être confrontés brutalement à une expérience

" anormale " qui nous confronte à une vision du monde

radicalement différente. (Exemple : le cas du fantôme page 21)

T1/ Y a-t-il un lien entre la folie et le paranormal ?

On rejette souvent le paranormal en disant que ceux qui disent

avoir de telles facultés sont parfois " pas très nets " s’ils n’ont pas

fréquenté assidûment les hôpitaux psychiatriques. Les

psychotiques (en particulier les autistes) sont réputés pour

présenter des facultés paranormales.

La question est plus difficile qu’il n’y paraît. En effet, Freud et les

psychanalystes ont montré que la psychose révélait une fragilité

de la barrière conscient-inconscient. Or, les facultés paranormales

Page 167: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

167

étant aussi issue de l’inconscient, ceux qui peuvent en faire usage

seraient aussi ceux dont la " barrière " serait la plus ténue. Il y

aurait donc une évidente parenté entre les " fous " et ceux qui

sont coutumier du paranormal.

Il ne faut cependant pas oublier que les saints, et les plus grands

(le Christ en particulier) ont manifesté les facultés les plus

évidentes et les plus diverses. On peut donc dire que les facultés

paranormales ne sont en aucun cas un témoin de folie… même s’il

existe des liens.

T2/ Sommes-nous tous " paranormaux " ?

Comme l’explique le modèle du Mental, en particulier, nous avons

tous, au fond de nous-mêmes, la faculté de manifester des

capacités paranormales. Elles sont cependant évidentes que chez

certaines rares personnes. Elles peuvent témoigner d’un

déséquilibre psychique, mais aussi de sainteté (c’est d’ailleurs

pourquoi les Églises, dans leur ensemble, n’ont jamais considéré le

pouvoir paranormal comme un critère de sainteté). Un

entraînement peut permettre d’augmenter ses facultés (réalisation

du souhait, télépathie, voyance). Mais, comme je l’ai montré dans

un ouvrage, cela n’est pas sans risque, la folie n’étant jamais très

loin.

T3/ Qu’appelle-t-on " sujet psi " ?

On nomme ainsi un sujet présentant des facultés paranormales

évidentes. Ne pas confondre avec " psy ", qui désigne un

thérapeute (psychiatre, psychologue, psychothérapeute,

psychanalyste…).

T4/ Y a-t-il une preuve de l’existence du paranormal ?

Page 168: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

168

Paradoxalement, non. Il n’existe aucune " preuve " du paranormal

et n’en existera probablement jamais. En effet, il n’existe

discontinuité entre un fait " normal " et un fait " paranormal ". Si

je tire les bon numéros du Loto, c’est un fait rare, mais on ne peut

plus " normal ". Si par contre je coche les cases parce que je les ai

vus dans un rêve (ou une vision), le fait s’inscrit dans le

" paranormal ". Or, l’annonce n’appartient pas au fait lui-même,

mais à ma façon de le vivre. Certes quand J.P. Girard tord des

barres de métal ou en modifie la structure interne, on peut dire

" on ne comprend pas ", mais cela ne veut pas dire que dans

cinquante, cent ou deux cents ans, ce fait demeurera inexpliqué. Il

n’est donc pas " paranormal " par essence. C’est tout l’intérêt de la

notion de synchronicité de Jung, qui relie le fait à une pensée par

le biais d’une signification. Ceci peut constituer le point commun à

tous les faits paranormaux. Ici, dans l’exemple du loto, le fait est

le tirage, la pensée est ladite " prémonition ", la signification est

(entre autres choses) l’espoir de " gain " qu’il représente.

Il n’y a donc pas de " preuve " du paranormal puisque le fait lui-

même ne sort jamais du " normal ", même s’il peut être

extrêmement rare (comme la lévitation)

T5/ Y a-t-il une place pour le paranormal dans le monde

défini actuellement par les sciences ?

Oui, certainement, et sur deux plans.

* Rhine a, parmi les premiers, montré que la méthode scientifique

s’appliquait au paranormal, jusque dans ses outils de validation.

Les conditions expérimentales ne sont certes pas les meilleures qui

soient pour que s’exprime le paranormal, mais elles ne sont pas

foncièrement inadaptées. De plus, il a montré qu’à condition de

poser l’hypothèse de l’action de la pensée (ce que les scientifiques

Page 169: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

169

ne font pas habituellement), on pouvait l’attester dans les mêmes

conditions qu’on le fait pour les lois scientifiques.

On sait en effet que pour établir une loi scientifique, il faut poser

une hypothèse qu’on teste avec l’expérience pour voir si on doit ou

non la rejeter. Si on ne la pose pas, on ne peut pas la tester. Il est

donc faux de dire que les lois physiques ne peuvent accepter

l’action de la pensée sur la matière. Il faut juste étudier les

variations au niveau des " faits " et voir s’ils peuvent être corrélés

à une variable (dite " contrôlée) qui pourrait être nommée

" pensée " (même si la pensée ne peut encore être définie que de

manière relative).

* Second point, qui découle du précédent. Les lois physiques n’ont

été définies, de fait, que dans des conditions " mentalement

neutres " et n’ont jamais pris en compte ce qu’on pourrait

considérer comme les conditions " mentalement actives " dans

lesquelles s’exerce le paranormal. En effet, supposons un savant

qui observe une série de résultats pour une expérience donnée.

Pour tester son hypothèse, il va en faire la moyenne. Le

paranormal, étant peu contrôlable (puisqu’issu de l’inconscient),

s’il apparaît, ce sera de manière anecdotique, rare. Sa

manifestation sera donc perdue dans la masse des résultats,

gommée par la moyenne. On ne pourra le mesurer, même s’il est

apparu.

Plus encore, supposons un chercheur suffisamment " sujet psi "

pour que tous ses résultats découlent d’une action de la pensée.

On sait qu’une nouvelle loi scientifique n’est jamais admise

d’emblée. On demande à une équipe indépendante de refaire les

mêmes observations. Si elle les fait, on considérera les résultats

du premier chercheur comme erronés, et ils seront mis de côté. De

Page 170: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

170

ce fait, seuls les résultats " neutres " seront pris en compte, et les

lois physiques établies sur ces bases.

T6/ Les lois scientifiques actuelles doivent-elles être

transformées pour accepter le paranormal ?

Non, les lois scientifiques présentent l’aspect " neutre " des

relations entre les faits matériels. C’est donc un cas particulier,

simplifié, des lois de la nature, une référence en quelque sorte.

Que dire des lois dans un cadre " mentalement actif " ? Elles

présenteraient probablement des aspects très divers. On sait, par

exemple, que la période d’un corps radioactif est constante.

Diverses expériences ont montré qu’un sujet pouvait la modifier

grâce à l’action de sa pensée. On peut donc supposer que la

période " neutre " correspondrait à un résultat statistique " plus

probable " autour duquel s’organiserait d’autres possibilités,

d’autant moins probable qu’elles nécessitent une action mentale

plus forte… Une sorte de " tendance forte ", un peu (c’est une

image) comme le pendule a tendance a rester immobile dans le

sens vertical (position d’équilibre, " la plus probable "), alors que

toute action (ici matérielle) peut le déplacer vers des positions

d’autant plus loin de la position d’équilibre que l’action est plus

forte.

Comment " expliquer " ces variations ? Elles ne sont pas plus

" explicables " que les lois habituelles, qui représentent, en fin de

compte, seulement une description de notre environnement, dans

les conditions " neutres " mentalement (voir Question T5). Mais

ceci n’est qu’une supposition

T7/ Le paranormal constitue-t-il un lien entre les sciences

et les religions ?

Page 171: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

171

Avant de répondre, il faut probablement préciser les mots

" sciences " et " religions ".

* Sans vouloir donner une définition générale aux sciences, on

peut dire qu’elles constituent une description précise, organisée,

logique, du monde environnant. Les sciences " dures " traitent du

monde matériel. Les sciences humaines s’intéressent à l’humain

dans ses aspects psychologiques, sociaux…

Les religions nous permettent d’accéder, par notre foi, à la

Divinité, quel que soit le nom que nous lui donnions (un Dieu,

plusieurs Dieux, des Esprits, des Forces…). Par un échange avec la

Divinité, nous tentons de mieux vivre dans notre environnement.

On peut donc dire que les religions constituent une manière, tout à

fait personnelle, d’appréhender le monde environnant par notre

pensée.

* Le paranormal est constitué par la mise en relation de la pensée

et des faits (la synchronicité de Jung). Il est donc très proches des

religions. Mais il appartient également aux sciences, du fait qu’il

est analysable avec les méthodes scientifiques habituelles (cf. les

travaux de Rhine et de ses successeurs).

On peut donc dire qu’il constitue un trait d’union entre les sciences

et les religions.

T8/ Les miracles des saints sont-ils du " surnaturel " ou du

" paranormal " ?

L’idée de " surnaturel " renvoie à celle d’une " sur-nature ", d’une

autre nature, différente de celle que nous connaissons. Or, rien ne

vient, jusqu’à présent, confirmer cette idée. Entre les miracles les

plus évidents et le normal, on peut observer tous les

intermédiaires. Par ailleurs, certains faits exceptionnels, tels que la

lévitation, sont autant l’œuvre de saint que de laïcs ou même de

Page 172: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

172

" possédés " par le Diable (en tout cas éloignés de toute sainteté).

Ainsi le concept de " surnaturel " ne semble pas pertinente, du

moins d’un point de vue rationnel, scientifique.

Ceci étant posé, l’idée de " paranormal ", qui pose une limite

d’avec le " normal " et qui ne prend pas en compte la spiritualité

de la personne et ne semble pas, de ce fait, tout à fait adaptée.

T9/ Pourquoi les saints présentent-ils plus de facultés

paranormales que les sujets " lambda " ?

Les saints, au même titre que les mystiques et les grands sages,

ont appris à entrer en contact avec les profondeurs de leur être.

De ce fait (voir " Le modèle du Mental "), ils accèdent à des

niveaux où la " pensée " devient active. Cependant ces facultés

s’intègrent harmonieusement à l’ensemble de leur être et de leur

vie. Elles ne constituent pas de simples " artefacts ", stéréotypés

et inutiles, à la différence de certains " sujets psi ". C’est ce qui

révèle l’harmonie de leur fonctionnement, en tous points, leur

spiritualité.

Page 173: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

173

Glossaire sur le paranormal

* Autisme : forme particulièrement grave de psychose, qui se

caractérise par un début extrêmement précoce (premiers mois ou

premières années de la vie). On a souvent décrit chez eux des

facultés paranormales particulièrement évidentes (poltergeists,

voyance, calculateurs prodiges). Malheureusement, l’instabilité et

le déséquilibre de leur personnalité n’en font généralement pas

des sujets intéressants pour l’étude du paranormal.

* Barrière conscient-inconscient : dans notre expérience

quotidienne, nous n’avons pas, en principe, accès au contenu de

notre inconscient (en dehors des rêves, des lapsus… ou d’autres

circonstances, rares). Les psychanalystes expliquent cela par

l’existence d’une sorte de " barrière " qui empêcherait le contenu

de l’inconscient d’envahir le conscient. Cette barrière se serait

lentement édifiée au cours de l’enfance. Il faut savoir que

l’inconscient est " rempli " de phantasmes, souvent brutaux et

menaçants. Les maladies mentales révéleraient des anomalies de

cette " barrière ". Elle serait inexistante dans les psychoses (la

" folie ") et la névrose hystérique, exagérée (mais fragile) dans les

névroses phobiques et obsessionnelles.

* Camus (Dominique) : ethnologue breton (de Rennes), qui a

consacré à la "sorcellerie des campagne" de nombreux ouvrages.

Il montre combien celle-ci est vivace, même si elle est cachée,

refusant toute publicité, se fermant à l'habitant des villes,

incapable d'en comprendre les secrets.

* Castaneda (Carlos) : ethnoloque américain, connu pour avoir

présenté une Thèse à l'UCLA sur les plantes hallucinogènes au

Mexique. Il aurait suivi l'enseignement d'un sorcier Yaqui, nommé

Don Juan, qui lui aurait transmis des secrets millénaires. Il les

Page 174: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

174

relate dans de nombreux ouvrages qui ont eu un succès dans le

monde entier.

* Causalité (relation de cause-à-effet) : les sciences dans leur

ensemble se sont appuyées sur l’idée qu’un fait (appelé " effet ")

était toujours lié à un autre (appelé " cause ") qui l’a précédé dans

le temps. Ceci ne veut pas dire que la cause ait toujours été

reconnue, identifiée, mais on suppose qu’un jour, prochain ou

lointain, on la découvrira. Cette cause doit, selon l’usage, être

découverte dans le même " registre " que l’effet : on ne peut

expliquer un fait matériel que par un autre. Toute la difficulté se

situe alors dans l’articulation entre la matière et la pensée,

problème posé par Descartes (" dualisme ") et jamais encore

élucidé. La causalité s’oppose à ladite " finalité ". Le paranormal a

ceci de particulier que le lien entre la " cause " (pensée) et l’effet

(matériel ou non) n’obéissent pas aux règles habituelles (voir à

" synchronicité "). Dans le mot " relation de cause-à-effet ", il y a

le terme de " relation ", ce qui laisse entendre qu’il existe un

" lien " entre la cause et l’effet. Or, ce lien n’a jamais été mis en

évidence. Plus on approfondit la connaissance de la matière, plus

on trouve de phénomènes, mais aucun n’apparaît encore comme

" élémentaire ", indivisible. Ainsi, il existe entre les faits, une

relation " statistique " : si je lâche une boule sans lui imprimer de

mouvement, elle a toutes les chances de tomber vers le bas. Mais

elle peut aussi aller vers le haut. C’est très rare, mais cela a été

observé. En France, Jean-Pierre Girard, par exemple, en a fait la

démonstration avec différents objets : on appelle ce phénomène

" lévitation ".

Il importe donc de considérer la " relation de cause-à-effet "

comme une description des faits, la plus probable qui puisse être,

mais non comme un absolu, une nécessité exclusive, encore moins

comme une explication.

Page 175: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

175

Ainsi, on ne saurait demander la " cause " des phénomènes

paranormaux, puisque la " cause " des phénomènes normaux n’est

pas encore élucidée.

* Cause (des saints) : procès destiné à définir sur la personne

est susceptible d’être béatifiée ou canonisée. A récemment été

supprimé pour accélérer la procédure. Il est toujours nécessaire

que la personne ait suscité au moins un miracle pour être béatifié.

* Difficultés psychiques : on parle souvent de " dépression "

pour désigner l’ensemble des difficultés psychiques. Or, pour le

psychiatre, la dépression est caractérisée par une association (à

des degrés divers) de tristesse, d’angoisse, d’inhibition et de

douleur morale. À notre époque, beaucoup de gens souffrent

psychologiquement. Les causes en sont multiples : éclatement de

la famille, exode rural, perte des cadres sociaux... auxquels il faut

ajouter une désillusion devant les sciences. Celles-ci ont apporté

un bien-être matériel, mais pas de solution aux principaux

problèmes de la vie quotidienne. De plus, ces sciences, dans leur

recherche d’une crédibilité, rejettent une bonne part de

l’expérience de tous les jours, dès lors qu’on ne peut pas

intégralement l’expliquer. La part du " normal " se restreint ; des

phénomènes d’une certaine banalité apparaissent ainsi

paranormaux, alors qu’ils ne le sont en rien. (voir aussi " folie ")

* Einstein (Albert) : Physicien américain d'origine allemande

(Ulm 1879 - Princeton 1955), dont l' œuvre a radicalement

marqué la physique et la pensée scientifique du XXe siècle. Il est à

l'origine des théories de la Relativité restreinte qui étend le

principe galiléen de relativité aux phénomènes

électromagnétiques. Il généralise la théorie de la relativité

restreinte en y intégrant les phénomènes liés à la gravitation

(Relativité générale).

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Comprendre le paranormal

176

* Enfant : le paranormal apparaît comme une émanation de

l’inconscient. L’enfant vit beaucoup plus avec ses intuitions que

l’adulte. Chez lui, la barrière conscient-inconscient est plus faible,

voire inexistante. De ce fait, on ne s’étonne pas de voir des

facultés exister chez l’enfant et disparaître à mesure que l’âge

avance. Certaines s’éteignent dès trois-quatre ans, d’autres plus

tard. À l’inverse, les poltergeists sont réputés liés à des

adolescents (souvent des filles). Par ailleurs la " pensée magique "

est à la base de la pensée de l’enfant.

* Expérimentations : Depuis Rhine, dans les années 30, de

nombreux scientifiques ont étudié le paranormal à l’aide des

méthodes scientifiques habituelles. Certes, ces conditions

semblent loin d’être les meilleures. Rhine, par exemple, constatait

un rapide " fading " (diminution) des facultés de ses sujets ou

même des résultats plus " mauvais " que le hasard. Mais ces

expérimentations ont eu le mérite de " prouver " l’existence de

liens entre la pensée et la matière.

* Favret-Saada (Jeanne) : ethnologue française d'origine

tunisienne, maître de recherche au CNRS, est principalement

connue pour son excellent livre "Les mots, la mort, les sorts",

décrivant par le menu sa recherche sur la sorcellerie dans le

Bocage de l'Ouest. Elle montre, avec une grande finesse

d'observation, le mécanisme de la sorcellerie, associant par des

liens subtils et combien pervers l'ensorceleur, la victime et son

voisinage et le dés ensorceleur.

* Finalité : conception selon laquelle un fait peut être expliqué

par un autre qui lui fait suite dans le temps (à l’inverse de la

causalité ou l’explication, dite " cause " doit toujours l’avoir

précédé). Dans les sciences de la matière, la finalité n’a, en

principe, aucune valeur explicative. Par contre, on ne saurait

Page 177: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

177

rendre compte du comportement de l’homme (et probablement

des êtres vivants dans leur ensemble, au moins à partir d’un

certain moment de l’Évolution) sans faire appel à la finalité :

l’effort de l’étudiant n’est pas explicable par l’achat de livres (par

exemple), mais par l’obtention d’un diplôme (futur), celui de

l’employé par l’arrivée d’un salaire à la fin du mois (entre autres

choses), etc.

* Folie : les troubles mentaux (graves) sont de nature diverses.

Ceux que voient habituellement le psychiatre sont de deux

ordres : névroses et psychoses. D’autres troubles ne donnent pas

lieu à consultation. C’est la justice qui y est confrontée, au travers

des actes délictueux : personnalités perverses et les sociopathies…

dont la demande de soin est rare ou inexistante. Le paranormal

est souvent associé à " folie ", car, pour des raisons qui ne doivent

rien au hasard (voir aussi " barrière conscient-inconscient ").

* Fraude : le paranormal, probablement plus que tout autre

domaine d’observation, est le lieu de prédilection de la fraude et

de l’illusion. La demande du public va de pair avec la difficulté

d’obtention des phénomènes. Même les plus chevronnés des

" sujets psi ", devant la demande de reproduire à l’envi leurs

facultés, se sont laissés aller à la fraude. Ce qui ajoute à la valeur

de l’observation personnelle (" observateur participant ") qui,

seule, permet une réelle compréhension du paranormal. (voir " le

modèle du Mental ")

* Freud : médecin autrichien (1858-1939), fondateur de la

psychanalyse. Il est un des premiers à avoir compris que

l’inconscient avait un fonctionnement continu. Il a énoncé les

règles de base de son fonctionnement. Même s’il n’admettait que

la télépathie, les règles qu’il a découvertes sont fondamentales à

connaître pour comprendre le paranormal (voir en bibliographie les

Page 178: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

178

ouvrages de Laborde-Nottale, Si Ahmed et de Ph. Wallon). Il a par

contre souvent dit que notre inconscient façonnait notre

environnement. S'il pensait aux attitudes positives ou négatives,

proches du conscient, on peut étendre cette idée à notre

inconscient profond et à son action sur la réalité.

* Hallucination : pour le psychiatre, c’est une " perception sans

objet ". Elle est caractéristique de la psychose hallucinatoire, dont

elle est le symptôme central. Mais elle existe aussi chez le sujet

normal : la fatigue, le manque de sommeil, les toxiques (LSD,

hachisch, alcool) peuvent les provoquer. Elle est aussi normale

(mais parfois surprenante) dans la période transitoire entre veille

et sommeil (" image hypnagogique "). Certaines hallucinations

sont aussi le fait de circonstances exceptionnelles : accident, chute

dans le vide… (voir hallucination et réalités)

* Inconscient : dans le langage banal, on appelle ainsi ce qui

n’est pas conscient. Mais on sait que ce qui n’est pas conscient à

un moment donné peut l’être à l’instant suivant. Freud a ainsi

distingué le " subconscient ", dont le contenu peut devenir

facilement conscient, de l’" inconscient ", habituellement

inaccessible. Il a expliqué cette impossibilité par le refoulement,

une force que nous mettions en place parce que nous ne pouvions

supporter de voir apparaître en nous telle image, telle pensée…

Même si cette idée n’est pas rejetée à l’heure actuelle, on

considère, avec Jung et ses successeurs, que le contenu de

l’inconscient ne se résume pas au " refoulé ". Certaines pensées

sont inconscientes par nature (comme celles qui ont trait à notre

fonctionnement biologique interne), certaines perceptions sont

inconscientes parce qu’elles sont de taille trop petite ou qu’elles

sont trop brèves (elles sont dites " sub-liminales "). Les orientaux,

avec le modèle du Mental (ou du Moi) vont plus loin. Le conscient

Page 179: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

179

ne serait que le niveau le plus superficiel de notre " activité

psychique ", dont le plus profond serait le Plan divin.

"Inconscient collectif" : Jung explique certains phénomènes

paranormaux (télépathie, voyance) par le fait que les couches

profondes de notre inconscient ne nous seraient pas

"personnelles". Nous aurions accès à ce niveau à l'inconscient

d'autrui.

"Inconscient culturel" : Jung constate que souvent les rêves ne

sont interprétables que si on connaît les mythes. Il constate même

que certains patients semblent avoir directement accès à des

mythes complètement étrangers à leur culture d'origine. Il postule

que l'inconscient serait susceptible de contenir, sous la forme

d'archétypes, les grand mythes de l'humanité.

* Jung (Carl-Gustav) : psychiatre suisse (1875-1961), il a

développé les hypothèses de Freud sur l’inconscient. Il a énoncé,

en particulier, l’idée que notre inconscient ne nous était pas

personnel. Nous pouvions le partager avec d’autres (Inconscient

collectif). Dans certains cas, nous pouvons même avoir

directement accès à des notions anciennes ou étrangères à notre

culture (Inconscient culturel). (Œuvres de Jung sur le paranormal)

* Lazareff (Sonia) : nièce de Pierre, l'ex-directeur de France-

Soir, à Abidjan, elle se fait initier à la magie et la sorcellerie à la

sorcellerie et la Magie africaine. Elle pratique durant de

nombreuses années. Dans son ouvrage "La sorcière blanche", elle

nous montre quels sont les effets, et surtout les aléas, d'une telle

pratique. Elle est actuellement à Paris, où elle travaille comme

médium.

* Mental (ou Moi) : théorie orientale qui postule l’existence, au

sein de notre activité psychique de sept niveaux (ou plans), dont

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Comprendre le paranormal

180

le plus superficiel est notre conscient et le plus profond le plan

Divin. Cette théorie constituerait un modèle intéressant pour

expliquer le paranormal .

* Marche sur le feu : faculté plus fréquente qu’on ne le croit, on

trouve souvent des stages proposant de telles marches. Antony

Robbins, en particulier dit que dès le premier soir d’un stage de

trois jours 95 % des participants acceptent de marcher avec lui et

le réussissent. Il est évident que cette faculté ne s’acquiert pas

pour autant. Elle est directement liée à une " relation affective "

forte avec le "meneur de jeu".

* Miracle : d’une façon générale, on appelle " miracle " un

phénomène inexpliqué qui se situe dans un cadre religieux,

souvent en relation avec un lieu (saint) ou un personnage d’une

haute spiritualité. Pour les guérisons miraculeuses, un certain

nombre de critères ont été énoncés (Lourdes) comme étant (1) La

maladie décrite par le (ou les) certificat(s) existait-elle avec

certitude au moment du pèlerinage ? (2) La maladie a-t-elle été

brusquement arrêtée alors qu'il n'y avait pas de tendance vers

l'amélioration ? (3) Y a-t-il guérison ? A-t-elle eu lieu sans l'emploi

de médicaments ? (4) Y a-t-il lieu de surseoir à conclusion ? (5)

Une explication médicale de cette guérison est-elle susceptible

d'être donnée ? (6) Échappe-t-elle aux lois naturelles ?

* Modèle : on appelle " modèle " une représentation simplifié de

la réalité, dans le but de pouvoir l’analyser. On vérifie alors,

expérimentalement, les déductions élaborées sur le modèle, pour

en tester la validité.

* Naïf (simple d’esprit) : le " naïf ", paradoxalement, tient une

des premières places dans le paranormal, tant l’intelligence et les

facultés conscientes semblent antinomiques avec ses

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Comprendre le paranormal

181

manifestations. Le Christ ne disait-il pas dans son Sermon sur la

montagne : " Heureux les pauvres en esprit, car ils verront

Dieu " ? On a tenté de traduire de multiples manières cette

phrase, tant elle choquait. Or, il n’est qu’à regarder nombre de

disciplines spirituelles, en particulier le zen, qui cherche à

retrouver la simplicité de l’enfance. " Naïveté " ne doit pas être

confondu avec " crédulité ", le fait de croire n’importe quoi sans

analyse. L’étude du paranormal a trop souffert d’une telle attitude.

* Névrose : maladie psychologique caractérisée par un conflit

intérieur. Le névrose reconnaît la nature pathologique de son

trouble, mais il ne peut pour autant le faire disparaître. Freud a

été l’un de ceux qui ont le plus aidé à en comprendre le

mécanisme. Parmi les névroses, les plus connues sont les

" névrose d’angoisse ", les " névroses phobiques ", les " névroses

obsessionnelles " et les " névroses hystériques ". On décrit

maintenant différentes formes de transition avec les psychoses.

Les névroses hystériques, chez qui la barrière conscient-

inconscient est faible, sont ceux qui présentent le plus de facultés

paranormales. À l’inverse, les névroses phobiques et

obsessionnelles, chez qui cette barrière est trop " forte " ignorent

jusqu’à la possibilité de tels phénomènes.

* Normal : caractère de ce qui est " dans la norme ". Le mérite de

ce mot est qu’il se réfère clairement à une construction artificielle

et provisoire, contingente à l’époque. De ce fait, des facultés

comme la télépathie ou la voyance sont, suivant l’observateur,

normales ou paranormales (voir explication, normal, paranormal).

* Objectif, subjectif : on appelle " objectif " ce qui se réfère à un

" objet " par opposition au " subjectif " qui concerne le " sujet ".

Les sciences de la matière et de la vie ont toujours veillé à être

" objectives ", c’est-à-dire à maintenir l’observateur en dehors de

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Comprendre le paranormal

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l’observation. Elles pensaient pouvoir donner du monde qui nous

entoure une représentation " universelle ", une réalité

indépendante de l’observateur. Or, la " relativité " montre bien la

vanité d’une telle entreprise, la physique des quanta probablement

davantage encore. Ledit paranormal ne peut cependant être

totalement défini que de manière subjective. Voir à ce sujet " le

modèle du Mental ".

* Paranormal : Ce mot, d’origine anglo-saxonne, qui signifie

étymologiquement " à côté du normal " (du grec " para " =

" auprès de ") et désigne un certain nombre de phénomènes (qs)

n’appartenant pas à la " norme " habituelle de nos sciences,

principalement les sciences dites " dures ". Cette norme est

récente (au XVIIème siècle, Descartes et Newton, par exemple,

considéraient Dieu comme " faisant partie " des sciences).

Cependant l’idée d’une " norme " n’est pas mauvaise en soi, le

paranormal établissant un lien " physique " entre l’objet habituel

des sciences (la matière) et notre pensée, il ne saurait entrer dans

la démarche habituelle (cf. synchronicité)

* Pensée : Il paraît impossible, a priori, de définir la pensée pour

permettre de la relier à un fait (synchronicité). C’est d’ailleurs une

des raisons qui maintiennent le paranormal en dehors des théories

scientifiques. En effet, le paranormal concernant des faits

(matériels ou non), il importe de trouver une définition

" opératoire " de la pensée, c’est-à-dire qui permette de la faire

entrer dans un raisonnement de type scientifique. Or, depuis

Descartes, personne n’est parvenu à le faire (d’où le " dualisme "

pensée-matière). Rhine et ses continuateurs ont contourné cette

difficulté en se contentant d’observer la différence statistique entre

les faits tels qu’ils auraient dû survenir " au hasard " (sans

influence extérieure) et l’observation réelle. Cette approche

expérimentale, on le conçoit bien, ne permet aucune ouverture

Page 183: Comprendre Le Paranormal

Comprendre le paranormal

183

théorique quant à la relation pensée-fait (par contre, le modèle du

Mental permet cette relation).

* Phantasmes : contenu inconscient assez élémentaire et

souvent brutal, de connotation sexuelle, agressive… ou d’amour.

Ils se révèlent dans toute leur ampleur dans les rêves ou les

cauchemars, mais nous les percevons parfois, sous une forme

filtrée (cf. barrière conscient-inconscient), dans des conditions

particulières de notre vie. Ils peuvent nous surprendre au point

que nous ne les reconnaissons pas comme nôtres.

* Planson (Claude) : ancien directeur du Théâtre des Nations, il

découvre le vaudou haïtien lors d'une mission. Il consacrera à

cette religion plusieurs ouvrages où il parle en tant qu'initié, ce qui

est rare pour un Occidental.

* " Psi " (sujet) : on appelle ainsi une personne susceptible de

présenter une faculté paranormale, surtout s’il manifeste une

certaine maîtrise.

* " Psy " : il importe de distinguer, parmi les différents

thérapeutes :

- le " psychiatre " qui est toujours, du moins en France, un

médecin spécialiste, interne des hôpitaux ou titulaire du CES de

psychiatrie (titres protégés par la loi),

- le " psychologue ", qui est (selon la loi) obligatoirement titulaire

du DESS de psychologie (5 ans d’études). Les études de

psychologie se tiennent à la Faculté de Lettres et sont issues

(historiquement) de la philosophie.

- le " psychothérapeute ", qui est, à la différence des deux

précédents, simplement une fonction (dont le nom n’est pas

protégé par la loi), celle de soigner (en principe) au travers de la

parole,

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Comprendre le paranormal

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- le " psychanalyste ", également une fonction non protégée par la

loi. Le psychanalyste doit avoir, en principe, fait une psychanalyse

personnelle.

* Psychose : maladie psychologique caractérisée par un trouble

majeur de la relation avec la réalité. Elle peut être liée à la prise

d’un toxique (LSD, haschich, alcool…) ou non. Elle est alors dite

" psychogène ". Parmi les psychoses classiques, on peut citer la

schizophrénie, la paranoïa… Les psychanalystes attribuent la

psychose à l’irruption permanente des contenus issus de

l’inconscient, ce qu’ils interprètent comme une fragilité de la

barrière conscient-inconscient. Le paranormal, émanation de

l’inconscient, apparaît donc assez fréquent chez les sujets

psychotiques, mais il est encore plus souvent allégué. Ladite

" pensée magique " est une des bases de la pensée du psychotique

(voir aussi névrose).

* Pouvoirs psychiques : on appelle parfois ainsi les facultés

paranormales, en ce qu’elles fournissent un " pouvoir " sur la

matière. Ce mot recouvre en fait une illusion, ceux qui pratiquent

le savent bien, car la simple idée de pouvoir personnel, et donc de

" je ", est antinomique aux facultés paranormales, quelles qu’elles

soient.

* Qualitatif, quantitatif : on appelle " observation qualitative "

celle qui permet d’observer les qualités d’un fait, sans qu’on puisse

définir d’identité entre deux faits (ce qui permet de les rassembler

en collections). La psychologie, pour l’essentiel, fait l’objet

d’observations qualitatives. À l’inverse, on parle d’observation

" quantitative " quand on peut faire intervenir un chiffrage. Celui-ci

n’intervient que si on peut définir l’équivalence de deux

observation, et donc effectuer des collections d’observations

identiques (par rapport à l’élément considéré). À partir de là, on

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Comprendre le paranormal

185

peut tenter de définir des comparaisons (plus grand, plus petit)

dont la valeur est dite " objective ", indépendante de

l’observateur.

* Quanta (physique des) : initiée par Einstein avec l’effet

photoélectrique, elle est l’œuvre d’une multitude de savants

éminents. Si, sur le plan pratique, elle n’est plus contestée, elle

est d’une telle complexité théorique qu’aucune interprétation n’a

vue encore le jour. L’" interprétation de Copenhague ", souvent

mise en avant, n’est qu’un " plus petit dénominateur commun " et

ne se réfère qu’à des généralités, encore pas toujours admises. Il

est inutile de préciser que, contrairement à l’apparence, la

physique des quanta est incapable d’expliquer le paranormal (cf.

les explications scientifiques)

* Ramakrishna : sage hindou (1836-1886) d'origine brahmane

qui fut probablement une des plus grandes âmes de l'Inde durant

ces derniers siècles. Il explora mentalement toutes les grandes

religions. Son enseignement, exclusivement oral, fut pieusement

recueilli par ses disciples et édité en français par Herbert.

* Rationnel : on dit d’une logique qu’elle est " rationnelle " quand

elle correspond à un certain nombre de règles, dont les principales

sont le " tiers-exclu " et la " causalité ". Par une extension abusive,

on considère comme rationnel ce qui est conforme au sens

commun. Les sciences, durant toute leur histoire, ont obligé à des

remaniements bien peu " rationnels " dans ce sens (rotation de la

Terre autour du Soleil, Relativité, physique quantique…). Le

paranormal obéit à un certain nombre de règles logiques qui sont

cependant fort éloignées de ce sens commun (l’ensemble de ce

site en fournit de nombreuses illustrations).

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Comprendre le paranormal

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* Relativité : contrairement à ce qu’on pense souvent, la

relativité a été initiée par Descartes, avec ses " repères ". Il a,

probablement un des premiers, compris qu’on ne pouvait décrire

les phénomènes de manière adéquate qu’en fonction d’un

" repère " à trois dimensions (x, y, z). Il avait énoncé les règles de

passage entre deux observateur immobiles l’un par rapport à

l’autre. Einstein a, quant à lui, énoncé, dans la Relativité

restreinte, les règles de passage entre deux observateurs dont la

vitesse relative était constante. Dans la Relativité générale, il a

énoncé les règles permettant de passer entre deux repères

présentant une accélération relative constante. On ignore tout des

règles de passage entre deux repères quelconques. La complexité

extrême de la Relativité générale laisse deviner l’extraordinaire

difficulté de l’énoncé de telles règles. De fait, l’idée d’une " réalité "

unique reste un postulat, largement fondée sur l’expérience, mais

encore non vérifiée de manière scientifique. Le sera-t-elle jamais ?

Il est probablement inutile de rappeler que la Relativité est

incapable d’expliquer le paranormal, du moins dans ses aspects

actuels et ses extensions prévisibles.

* Rhine (Joseph Banks) : professeur de psychologie, travailla, avec

son épouse Louisa, sur la parapsychologie dès 1927, à l'université

de Duke à Durham (Caroline du Nord, USA). A l'aide des tests les

plus rigoureux, et sur des milliers d'expériences, ils attestèrent de

la réalité (statistique) de l'influence de la pensée sur les faits (ainsi

que la télépathie et la voyance). Ils publièrent de nombreux

travaux scientifiques.

* Saint : depuis les temps les plus anciens, on a identifié des

sujets dont la vie et l’action témoignaient d’une très grande

spiritualité. Certaines Églises, dont le catholicisme ont défini des

critères de sainteté. Un véritable procès (dit " cause ") est instruit

pour définir si la personne peut être vénérée comme telle. On se

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Comprendre le paranormal

187

doute cependant que bien des saints éminents n’ont jamais été

canonisés (l’Histoire récente le montre bien) alors que d’autres

l’ont été pour des raisons bien étrangères à leur vie (si même ils

ont vécu, comme saint Georges qui n’a jamais existé et était en

fait une divinité gauloise). Ces saints ont souvent, mais pas

toujours, présenté des pouvoirs paranormaux.

* Spiritualité : étymologiquement " ce qui a trait à la vie

spirituelle " et donc au Divin. Mais il n’y a probablement pas de

mot plus difficile à définir, d’autant plus que la vraie spiritualité

échappe à l’intelligence, et donc aux mots. Néanmoins ceux qui

ont connus des êtres profondément spirituels n’ont eu aucun doute

sur leur évolution. Une grande spiritualité s’accompagne souvent,

mais pas toujours, de phénomènes paranormaux. Saint Bernard,

saint Benoît, etc. n’ont présenté (en apparence tout au moins),

aucune faculté particulière.

* Stigmates : on appelle ainsi des traces qui apparaissent sur la

peau, et qui concernent généralement des sujets mystiques,

profondément religieux. Ils figurent la Passion du Christ et se

composent, suivant les cas, des marques de clous dans la paume

des mains (ou aux poignets) et le dos du pied. Parfois, ils

s'accompagnent des traces évoquant la Couronne d'épine et la

blessure reçue au côté gauche par le Christ. Ces lésions peuvent

être "transfixiantes", c’est-à-dire qu'elles constituent un trou

passant au travers du membre, laissant parfois voir le jour. Ces

lésions ne suppurent pas (à l'inverse d'autres lésions chez le

même individu) et se jouent même de la pesanteur, remontant le

long du corps (cf. Thurston, Bouflet).

* Synchronicité : on entend généralement par ce mot la

survenue, au même moment ou dans un instant bref de faits

(matériels ou psychologiques) porteurs de la même signification,

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Comprendre le paranormal

188

sans qu’on puisse établir entre eux de relation de cause-à-effet.

Jung en a fait le prototype de la " relation acausale " (c’est-à-dire

" sans cause "). Dans son œuvre, il a donné plusieurs définitions

de ce mot, mais toutes se rejoignent autour de la conception de :

" une relation entre un fait et une pensée par le moyen d’une

signification ". Cette définition paraît tout à fait propre à fournir un

cadre au paranormal. En effet, ce qui le caractérise, en fin de

compte, c’est d’établir une relation entre un fait (matériel ou non)

et une pensée, ce qu’aucune science n’a jamais pris en compte, du

moins jusqu’à présent. D’où le terme de " paranormal ". La

" norme " représentant la description habituelle de ces sciences

(sciences de la matière et de la vie, sciences humaines).

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Comprendre le paranormal

189

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Imbert-gourbeyre, A.., La stigmatisation, Grenoble, J. Million, 1996.

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* Jung, C.G., Ma vie, Paris, Gallimard, 1966. (autobiographie, parue après sa mort, relatant les rapports de Jung avec le paranormal)

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Lapassade, G., Les états modifiés de conscience, Paris, PUF, 1987.

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* Lecouteux, C., Fées, sorcières et loups-garous au Moyen âge : histoire du double, Paris, Imago, 1997.

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Mann, Th., Le défi à la matière, Paris, Tchou-Laffont, 1977.

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Mercier, Chamanisme et chamans, St Jean-de-Brayes, Dangles, 1977.

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Michelet, J., La sorcière, Paris, Garnier-Flammarion, 1966.

Michelet, S., Lorsque la maison crie, Paris, Robert Laffont, 1994.

Migueres, J'ai été le cobaye des extra-terrestres, Paris, Promazur, 1979.

MILAREPA ou le Jetsung Kaboum, Paris, Ed. A. Maisonneuve, 1975.

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Moody, R., La vie après la vie, Paris, Robert Laffont, 1977.

Muldoon, S., Carrington, H., La projection du corps astral, Monaco, Le Rocher, 1980.

* Nichols, R. (et Wallon, Ph.), Vivre la voyance, Paris, Pocket, 1994. (ouvrage " phénoménologique " sur la voyance, malheureusement épuisé)

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Ortoli, S., Pharabod, J.P., Le cantique des quantiques, Paris, La Découverte, 1984, col. Le Livre de Poche.

Peoc'h, R., Psychokinetic action of young chiks on the path of an illuminated source, J. of Scient. Exploration, 1995, 9, 2, p. 223-229.

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Prigogine, I., la fin des certitudes, Paris, O. Jacob, 1996.

Ranky, Vérités et illusions de la parapsychologie, Paris, Dervy, 1996.

Reeves, H. et al., La synchronicité, l’âme et la science, Paris, A. Michel, 1995.

Renard, H., Des prodiges et des hommes, Paris, Philippe Lebaud, 1989.

Rhine, J.B., Extra-sensory perception, Boston, Bruxe Humphries, 1934.

Rhine, J.B., Le nouveau monde de l'esprit, Paris, A. Maisonneuve, 1955.

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* Robbins, A., L’éveil de la puissance intérieure, Genève, Edi-Inter et Montréal, Ed. du Jour, 1993.

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Rosenthal, Pygmalion à l’école, Tournai, Casterman, 1971.

Rosny (de), E., Les yeux de ma chèvre, Paris, Presse-Pocket, 1987.

* Roux, A., Krippner, S., Solfvin, G., La science et les pouvoirs psychiques de l'homme, Paris, Sand, 1986.

Saint-Clair, D., Magie brésilienne, Paris, J’ai lu, 1973.

Searle, J. R., Deux biologistes et un physicien en quête de l’âme, La Recherche, 1996, 287, 62-77

Sheldrake, R., La mémoire de l'Univers, Paris, Le Rocher, 1988.

* Si Ahmed, D., Parapsychologie et psychanalyse, Paris, Dunod, 1990 (un des quelques ouvrages français sur les relations entre paranormal et psychanalyse, livre disponible chez l’auteur au 15 rue Bargue, Paris 15ème).

* Spitz, R.A., De la naissance à la parole, Paris, P.U.F., 1968) .

Suzuki, D. T., Le non-mental selon le bouddhisme zen, Le Courrier du Livre, Paris, 1970.

Suzuki, D.T., Essais sur le bouddhisme zen (deuxième série), Paris, Albin Michel, 1972. (éd. originale anglaise 1930-34).

* Thérèse d'Avila (Sainte), Œuvres complètes, Paris, Le Seuil, 1985.

* Thurston, H., Les phénomènes physiques du mysticisme, Monaco, Le Rocher, 1986 (1re éd. en anglais : 1951).

* Tocquet, R., Les mystères du surnaturel, Paris, J'ai lu, 1974.

* Varvoglis, M., La rationalité de l'irrationnel, une introduction à la parapsychologie scientifique, Paris, InterEditions, 1992. (excellent recueil des travaux récents sur le paranormal)

von Franz, M.L., La psychologie de la divination, Paris, A. Michel, 1995.

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* Wallon, Ph., Montagne lève-toi, l’expérience de la foi, Paris, Le Dauphin, 1990.

* Wallon, Ph., La relation thérapeutique et le développement de l’enfant (la contagion affective), Toulouse, Privat, 1991 (ouvrage qui traite de la " contagion affective, malheureusement épuisé, disponible sur commande)

* Wallon, Ph., Expliquer le paranormal, Paris, Albin Michel, 1996.

* Wallon, Ph. Le paranormal, Paris, PUF, 1999 (col. Que sais-je ? n° 3424)

Warcollier, R., La télépathie, Paris, Felix Alcan, 1921.

Winkin, Y., La nouvelle communication, Paris, Le Seuil, col. Points, 1981.

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Ouvrages de Philippe Wallon sur le paranormal

" Le paranormal ", Paris, PUF, col. Que sais-je ? (n° 3424), 2002, 2ème édition, 7ème mille

Ouvrage court (128 pages) et accessible à tout public, présentant les facultés paranormales les plus courantes, l'approche scientifiques qui en ont été faites, ainsi que les interprétations. Cette nouvelle édition est illustrée, montrant une lévitation, différents aspects de la psychokinèse (de Jean-Pierre Girard) ainsi que plusieurs fantômes. Toutes ces photographies, inédites pour la plupart, ont bien entendu toutes les garanties de sérieux nécessaire. Cet ouvrage montre ce

qu'un esprit rationnel peut penser du paranormal, en restant à l'écart des illusions et des erreurs (ainsi que des passions) trop fréquentes dans ce domaine. (prix public : 6,5 euros ; 42 francs)

" Expliquer le paranormal, les niveaux du Mental ", Paris, Albin Michel, 1996

Cet ouvrage analyse d’une manière approfondie les principales facultés paranormales au travers d’un nombre important de cas cliniques issus des collection de l’auteur et de la littérature. Des interprétations détaillées sont données qui permettent de comprendre comment on peut actuellement interpréter le paranormal à partir des théories largement admises actuellement. (Prix public : 15 euros ; 98 francs TTC)

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Montagne lève-toi, l’expérience de la foi, Paris, Ed. du Dauphin, 1990

L’auteur expose, à partir de son expérience personnelle et d’une analyse approfondie de la littérature, le contexte et les mécanismes de l’action de la pensée sur les faits. Il en montre les risques, souvent méconnus et généralement non abordés pas les ouvrages sur le sujet, et les manières d’y remédier. (Prix public 13,60 euros, 89 francs)

" Guérir l'âme et le corps, au delà des médecines habituelles", Paris, Albin Michel, 2000

fOuvrage collectif rassemblant dix-neuf contributions, émanant de médecins, prêtres, psychanalystes, thérapeutes, universitaires (ethnologues, historiens...), journalistes ainsi que des praticiens (sophrologues, voyante, magnétiseur...). On découvre ainsi que nous avons tous en nous la faculté de guérir, mais qu'elle doit être sollicitée, car elle appartient à l'inconscient dont nous n'avons pas la maîtrise. Dans un style clair, accessible à tous, cet ouvrage fait le point sur le sujet, tant controversé des modes de la guérison non médicale (prix public 15 euros ; 98 francs).

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" La contagion affective, ou le domaine complexe, subtil, de l'empathie", Paris, Le Dauphin, 2000

Ouvrage traitant d'un phénomène particulièrement curieux et ignoré du grand public, quoi que constaté quotidiennement, la "contagion affective". Nous percevons ce que vit un intime comme si cela émanait de nous-même, nous sommes envahi par ce ressent celui qui nous fait face, au point que nous avons le sentiment d'être un seul être... Comment expliquer l'angoisse que nous transmet l'un, la dépression de l'autre, ou encore le "coup de foudre" ? Ouvrage destiné en premier lieu au professionnel de la relation, thérapeute, avocat, mais aussi tous

ceux qui veulent mieux comprendre leurs rapports aux autres et, en fin de compte, leur propre fonctionnement psychologique (prix public 13,70 euros ; 90 francs).

" Maîtriser sa vie, les 7 niveaux du Mental ", Genève, Jouvence, 2001

Maîtriser sa vie, est-ce possible ? Par des exercices précis et expliqués simplement, ce livre guide un approfondissement que nous pouvons mener par nous-même et sans risque. Des forces nouvelles naîtront en nous, nous utiliserons les aléas de notre vie comme source de savoir, nous découvrirons le monde dans sa dynamique intime, nous vivrons son déroulement avec sérénité et ne craindrons plus le futur et ses incertitudes. À la portée de tous les publics, ce livre n’a pas la prétention de remplacer un thérapeute ou un médecin, mais il permet de voir plus clair, d’utiliser au

mieux notre potentiel, au-delà même de ce que nous aurions jamais imaginé (prix public : 12,90 euros ; 84,62 francs).

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" Dieu voici comment les Français te prient", Paris, Fayard, à paraître en avril 2002

Réflexion sur la prière dans les religions présentes en France Collectif sous la direction d'Alexandra Demarigny et Philippe Wallon

Si la pratique religieuse officielle a diminué, la prière n’a jamais été aussi vivante, vibrante, nécessaire qu’aujourd’hui. Le monde a changé, les progrès technologiques se sont imposés à tous, le raisonnement scientifique est enseigné dès l’école, mais c’est par une prière intime que l’homme exprime ses émotions, ses doutes, ses espoirs, ses colères, ses remerciements, sa tristesse. Cet ouvrage est un guide pour celui qui s’interroge sur sa foi, sa pratique ou sa

vie. Une grande force, une profonde sérénité et une étonnante poésie se dégagent des paroles de ces hommes et de ces femmes issues des différentes religions. Malgré les apparences, nous prions tous le même Dieu. La prière relie les humains, par-delà les croyances, les dogmes et les conflits (prix public 20 euros ; 131,19 francs).

Ouvrages d'Eliane Gauthier sur la voyance

Eliane Gauthier, comédienne de formation, était la "Julie" de la célèbre série télévisée "L'Ile aux enfants". Une expérience personnelle de la psychanalyse, acquise après la découverte de son "don", l'ont amenée à comprendre que la voyance reposait sur la communication d'inconscients, sur la faculté de saisir l'autre. Par

trois ouvrages, elle nous fait profiter de son expérience.

"Voyance, de la dépendance à la liberté", Paris, Ed. Albin Michel, 1995

Dans ce premier livre, Eliane Gauthier, médium atypique, raconte comment elle a découvert par hasard et récusé, avant de l'accepter non sans peine au terme d'une psychanalyse, son "don". Celui-ci peut s'avérer très bénéfique. A la

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condition de n'être pas une "diseuse de bonne aventure" irresponsable et de ne pas prendre le pouvoir. Car "notre avenir n'est pas préfabriqué. Il nous appartient et il faut user de la voyance sans abdiquer sa liberté". Alors seulement, la voyance peut être d'une aide précieuse

"La voyance et votre destin, la fatalité n'existe pas", Paris, Ed. Pygmalion / Gérard Watelet, 1998

L'auteur développe ses conceptions de la voyance, entièrement opposée à celle, simpliste, d'une "Madame Irma". Si on éclaire le chemin du consultant sans prendre le pouvoir, en lui révélant ce qu'il sait "sans savoir qu'il sait", il pourra échapper à un passé qui obscurcit son avenir et l'empêche d'accéder à la liberté. Car notre avenir n'est pas écrit " en dehors de nous". La voyance ne consiste pas à

le lire et à s'y résigner, mais à aider à le forger.

"Voyants, mode d'emploi", Paris, Buchet/Chastel, 1999

Ce petit guide pratique (qui n'a pas d'équivalent) donne aux personnes qui consultent des voyants - il y en a des millions en France - des conseils sur la façon de tirer le meilleur parti de leurs consultations. Il aide à comprendre comment fonctionne la voyance et comment, souvent sans que le voyant s'en rende compte, elle peut devenir dangereuse si on ignore tout d'elle.. Enfin, le livre il propose au lecteur de "tester"

rapidement son propre don, car celui-ci existe, à des degrés divers, chez chacun d'entre nous.

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Table des matières

I/ Les facultés paranormales __________________________________________ 2

A-La télépathie _____________________________________________________ 4 1)Travaux de Rhine ____________________________________________________ 5 2)Télépathie et simultanéité______________________________________________ 6 3)Télépathie et rayonnements électromagnétique____________________________ 7

B-La voyance_______________________________________________________ 8 1)Prémonition _____________________________________ Erreur ! Signet non défini. 2)Exemples de "clichés" de voyance______________________________________ 11 3)Lire dans les cartes __________________________________________________ 13 4) Intuition et voyance _________________________________________________ 16 5) Voyance et liberté d’action (cas rapporté par Louisa Rhine) _______________ 17 6) Les prophéties______________________________________________________ 18

C-Les visions, les apparitions, les fantômes______________________________ 19 1) Apparition religieuse ________________________________________________ 19 2) Sainte Thérèse d’Avila " voit " le Christ ________________________________ 21 3) Visions de défunts __________________________________________________ 22 4) Fantôme ? Une expérience troublante __________________________________ 23 5) Rêve, vision et cauchemar ____________________________________________ 25 6) Réalité des apparitions ______________________________________________ 27 7) Hallucination et réalité ______________________________________________ 28 8) Transcommunication instrumentale, Images de défunts ___________________ 30

a) Transcommunication______________________________________________________ 30 b) Images de défunts (ou d’esprits) _____________________________________________ 31

9) Photographies de "corps subtils" ______________________________________ 32 D- L'action de la pensée sur la matière _________________________________ 32

E- La psychokinèse _________________________________________________ 33 1) Psychokinèses spontanées ____________________________________________ 34 2) Psychokinèse expérimentale __________________________________________ 35 3) Peut-on croire Uri Geller ? ___________________________________________ 36

F- Les poltergeists __________________________________________________ 37 1) Le poltergeist d’Arcachon, une habile manipulation ______________________ 39 2) Le poltergeist de Rosenheim __________________________________________ 43 4) Guérir d’un poltergeist ______________________________________________ 47 4) L’armoire qui craque _______________________________________________ 47 (Jung, Ma vie, p. 182 sq.) _______________________________________________ 47

G- Autres actions de la pensée sur la matière ____________________________ 48

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1) La réalisation des souhaits ___________________________________________ 49 2) La " pensée magique " ______________________________________________ 51 3) Foi et réalisation des souhaits _________________________________________ 52

H- La prière_______________________________________________________ 55

I- Le dédoublement _________________________________________________ 57 1) Les différentes types de dédoublements_________________________________ 59 2) Le rêve de vol ______________________________________________________ 61 3) La NDE ___________________________________________________________ 61 4) Bilocation ou dédoublement "physique" ________________________________ 62 5) Approche expérimentale du dédoublement _____________________________ 64 6) "Toxicomanie" du dédoublement______________________________________ 65 7) Dédoublement et chamanisme ________________________________________ 66 8) Les doubles animaux ou " garous " ____________________________________ 67

J- Autres facultés paranormales ______________________________________ 71 1) La guérison non médicale ____________________________________________ 72 2) Magnétisme_____________________________________ Erreur ! Signet non défini.

a) Témoignage de Gérard Thomassin ___________________________________________ 74 b) Édith Acédo ____________________________________________________________ 77 c) Dominique Camus________________________________________________________ 79

3) Les guérisons miraculeuses ___________________________________________ 84 4) Les guérisons par le psychisme________________________________________ 86 5) Guérison par les groupes de prière ____________________________________ 88

K- La résistance aux agents physiques _________________________________ 90 1) La marche sur le feu ________________________________________________ 90 2) Résister au feu _____________________________________________________ 92

L- Contrer les lois de la gravitation ____________________________________ 94 1) La lévitation _______________________________________________________ 95 2) L’"hyper-gravitation"_______________________________________________ 98 3) Les stigmates_______________________________________________________ 99

M- La Magie, la sorcellerie__________________________________________ 100 1) La sorcellerie _____________________________________________________ 101

a) Le Diable______________________________________________________________ 102 b) La sorcellerie des campagnes ______________________________________________ 104 c) La sorcellerie et l'histoire _________________________________________________ 105 d) Le Sabbat de sorcières ___________________________________________________ 106 e) La vraie nature des Sabbats de sorcières______________________________________ 107

2) La Magie _________________________________________________________ 109 a) Magie noire ____________________________________________________________ 110 b) Envoûtement ___________________________________________________________ 113

N- Exorcisme_____________________________________________________ 115 1) Possession par un esprit et exorcisme _________________________________ 117

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O- L'Occultisme __________________________________________________ 119

P- Chamanisme___________________________________________________ 120 II/ Comprendre de paranormal 119

A- Explication, normal et paranormal_________________________________ 122 1) L'explication du "normal" __________________________________________ 123 2) Le hasard n'est pas un savoir ________________________________________ 125

B- Les explications scientifiques _____________________________________ 125 1) Le "paradoxe EPR"________________________________________________ 127 2) Le temps et l'espace ________________________________________________ 127 3) Relation entre la pensée et les faits ____________________________________ 129 4) La nature spirituelle de la matière ____________________________________ 129 5) Pensée et causalité _________________________________________________ 130 6) Paranormal et sciences _____________________________________________ 131 7) Lois physiques, Conditions "neutres" contre "médiums" ________________ 133 8) Introduire la pensée dans les "chaînes causales" ________________________ 134 9) Souhait et inversion du temps________________________________________ 135

C- Les explications psychologiques ___________________________________ 137 1) L'inconscient______________________________________________________ 138 2) Paranormal et inconscient___________________________________________ 139 3) Clés de la psychanalyse pour le paranormal ____________________________ 140 4) Le scarabée d’or___________________________________________________ 143 5) La " contagion affective " ___________________________________________ 144 6) Le modèle du Mental (ou du Moi), Un cadre explicatif pour le paranormal ? 145 7) Ego, Mental et facultés paranormales _________________________________ 146 8) Modèle du Mental, sciences "dures" et psychologiques ___________________ 147

D- Les explications traditionnelles____________________________________ 148 1) Les forces de la nature, l’animisme ___________________________________ 149 2) Les morts et les Esprits, le chamanisme________________________________ 151 3) Transe et possession, cultes africains __________________________________ 152 4) Le polythéisme (l’hindouisme) _______________________________________ 154 5) Le monothéisme et les religions occidentales____________________________ 155 6) Le mysticisme et le bouddhisme ______________________________________ 156

III/ Evaluation de vos facultés paranormales 155

A- Prémonition active ______________________________________________ 160

B- Réalisation de souhaits simples ____________________________________ 161 IV/ AQ sur le paranormal 160