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Le président du Club : Christophe BOUILLON Député de Seine-Maritime, Auteur du rapport parlementaire sur les nuisances sonores Dîner de lancement du Club Parlementaire Son & Société En présence de : Christian HUGONNET , Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la télévision Professeur Christine PETIT, Professeur au Collège de France Animé par : Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture Mardi 19 février 2013

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Le président du Club :

Christophe BOUILLON

Député de Seine-Maritime,

Auteur du rapport parlementaire sur les nuisances sonores

Dîner de lancement du

Club Parlementaire Son & Société

En présence de :

Christian HUGONNET , Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son

Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la télévision

Professeur Christine PETIT, Professeur au Collège de France

Animé par :

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr

et producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

Mardi 19 février 2013

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Club Parlementaire Son & Société

Dîner de lancement 19 février 2013

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Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Mesdames et Messieurs, au nom des intervenants et des initiateurs de cette soirée, je vous souhaite la bienvenue. Nous sommes très heureux de vous voir aussi nombreux. Le but de cette soirée du Club Parlement aire Son & Société est que vous fassiez connaissance. J’espère vous donner ainsi envie de vous retrouver pour d’autres réunions. Il m’appartient également de vous présenter les raisons de l’existence de ce Club Parlementaire.

J’ai été amené voici quelques temps à rédiger avec un collègue un rapport sur les nuisances sonores. Cette mission m’a conduit, lors d’auditions, à rencontrer un certain nombre d’acteurs, dont certains sont d’ailleurs présents ce soir. Par leur passion et

leur expérience, ils m’ont conduit à m’intéresser de plus près à cet objet qu’est le son. C’est pourquoi Christian HUGONNET, André STAUT et moi-même avons pensé qu’il serait nécessaire de créer une interface entre le monde du son, du bruit et les législateurs. Nous avons donc décidé d’inviter des parlementaires à venir vous écouter.

L’objectif premier n’est pas de leur donner des motifs de satisfaction sur l’état de la législation, mais au contraire des raisons de l’améliorer. Il s’agit également de leur donner envie d’investir ce large domaine. Le titre « Son & Société » traduit bien l ’idée que ce domaine présent e des enjeux de société à développer. Il est vrai que les Français sont souvent beaucoup plus inquiets de la pollution de l ’air ou de l’eau. Néanmoins, des enquêtes récentes montrent que, dans leur quotidien, le bruit est souvent perçu comme la nuisance principale. Cette nuisance est autant ressentie au domicile que sur le lieu de travail.

Des initiatives heureuses sont prises dans ce domaine. Par exemple, cette année a eu lieu la dixième Semaine du son, dont Christian HUGONNET va nous parler dans quelques instants. Je peux également citer les assises nationales du bruit. Il existe encore de nombreuses rencontres portées par des acteurs présents aujourd’hui.

C’est donc un sujet qui semble investi, ou du moins discuté. Pour autant, et c’était la conclusion de mon rapport parlementaire, je considère que le bruit reste le parent pauvre des pouvoirs publics. Un club comme celui-ci doit aider à ce que cet état de fait ne perdure pas. Nous devons faire en sorte que les questions du son et du bruit soient prises en compte dans toutes leurs dimensions.

Après Christian HUGONNET, nous entendrons Christine KELLY et Christine PETIT. Christine KELLY s’exprimera au nom du CSA. Son intervention dans le cadre de la Semaine du son a été appréciée et remarquée. Sa présence parmi nous est une occasion d’élargir la discussion vers les domaines de l’audiovisuel. Christine PETIT, Professeur au Collège de France, est spécialisée dans le domaine de la santé.

Michel ALBERGANTI, journaliste spécialisé dans les questions du son, animera nos discussions et nous permettra d’échanger dans de bonnes conditions. Je souhaite vivement que cette soirée nous permette de prendre rendez-vous pour approfondir l’un des thèmes abordés aujourd’hui. Merci de votre présence et de votre contribution.

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Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son

Je remercie Christophe BOUILLON d’avoir introduit le sujet avec une telle passion. Je vais vous présenter brièvement la Semaine du son. Il s’agit d’un mouvement que nous menons à Paris et dans soixante-dix villes réparties entre bientôt huit pays. Christine KELLY était d’ailleurs avec nous l’an dernier à Mexico, et Christine PETIT nous rejoindra peut-être cette année en Colombie.

La Semaine du son est une rencontre entre les industriels de tous secteurs d’activité, dans les domaines de l’acoustique, mais également dans ceux de la santé, ou encore de la musique. Nous réunissons également des sociologues, des psychologues, des facteurs d’instruments, et toute personne impliquée dans le domaine du sonore.

L’idée est d’amener nos élus à prendre conscience du fait que le monde s’écoute autant qu’il se regarde. Il est essentiel de comprendre que, derrière le sonore se trouvent des enjeux économiques et sociétaux évidents à prendre en considération. Si les effets néfastes du bruit ne sont pas maîtrisés, les retombées sur notre santé et notre comportement affecteront l’avenir de la France.

Cette Semaine du son est divisée en cinq thèmes, dont nous allons débattre ce soir. Tout d’abord, la s anté auditive, qu’abordera Christine PETIT. Il faut savoir que nous militons pour le dépistage des pathologies des jeunes enfants, dès la naissance.

Nous aborderons ensuite le problème de l’environnement sonore. Nous savons aujourd’hui que Paris, où nous nous trouvons, est l’une des villes les plus bruyantes du monde. Ce fait peut être assez catastrophique. Nous développerons ce sujet avec Acoucité. Nous parlerons également de l ’échelle des niveaux sonores. Il faudrait que chacun soit capable de savoir ce qu’est un niveau, au même titre que nous connaissons le degré Celsius.

Le troisième thème proposé concerne les techniques d’enregistrement sonore. Nous parlerons de la compression de niveau, et notamment du MP3. Je suis intervenu sur le sujet ce matin sur France Inter. Il est important d’arrêter de penser que le MP3 est l’avenir de notre reproduction sonore.

Nous nous questionnerons ensuite au sujet de la reproduction du son dans les salles de cinéma et tout le secteur audiovisuel. Nous insisterons à ce propos sur le rôle fondamental des phonothèques. Ce sont des l ieux de mémoire privilégiés de notre société, injustement méconnus.

Nous terminerons par l’expression musicale. Elle est particulièrement importante. Être capable de jouer d’un instrument de musique permet d’être en harmonie avec soi-même et le monde extérieur. Or, actuellement, moins de 2% de jeunes jouent d’un instrument. Par ailleurs, les collèges devraient disposer d’un atrium permettant aux élèves de se réunir et de jouer ensemble.

Bonne soirée à tous.

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Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la télévision

Un homme est un jour entré dans mon bureau. Je l’ai écouté parler du son pendant une heure. Il s’agissait de Christian HUGONNET. Je n’avais jamais fait attention au son de cette façon, et je l ’en remercie. Il m’a permis de prendre conscience de l ’importance du son dans notre réalité et de ses dangers. C’est un dossier que j’ai tenu à privilégier lorsque j’ai pris la présidence du groupe Publicité au sein du CSA. En effet, j’ai reçu par mail plusieurs plaintes de téléspectateurs. Je me suis engagé auprès d’eux à ne pas quitter le CSA sans avoir réglé le problème du volume sonore de la publicité. Il me semble avoir répondu, non sans difficultés, à cet engagement.

Matthieu ROGER, de la Direction technique du CSA, est témoin ce soir de la ténacité dont il a fallu faire preuve pour s’attaquer à cette question. Il s’agit, depuis plus de vingt ans, du premier sujet de plainte des téléspectateurs. Sa résolution a été possible grâce à la participation active de toutes les chaînes de télévision. Je pense notamment à France Télévisions, qui a réalisé un énorme travail interne à ce sujet. L’ARPP et l’Union des Annonceurs ont également joué un rôle important. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les acteurs du monde de la publicité, dans notre pays, sont mobilisés pour jouer pleinement leur rôle social. Nous sommes le premier pays au monde à avoir réglé le volume sonore, non seulement entre la publicité et les programme, mais également entre les chaînes. Dans d’autres pays, les annonceurs ne sont pas prêts à baisser leur volume.

Par exemple, le CSA américain a été très surpris de voir que nous avions entrepris ce travail avant eux. Ils ne vont le débuter qu’à la fin de l’année, et ne s’occuperont que de la différence sonore entre programme et publicité. Les disparités persisteront d’une chaîne à l’autre.

Les difficultés que nous avons rencontrées sont venues principalement de la compression dynamique, dont a parlé tout à l’heure Christian HUGONNET. Le CSA se heurtait au fait qu’en régie, le volume sonore de la publicité était le même que pour les programmes, mais le ressenti différent. Nous n’arrivions pas à comprendre ce qui se passait concrètement. Au bout de quelques années, nous avons compris la compression dynamique du son. Lorsque les annonceurs transmettaient aux chaînes leurs réclames, les couleurs étaient plus intenses, et le son était plus dense et dynamique.

Nous avons dû inventer des instruments pour capter ce son. Il a également fallu déterminer un niveau sonore à ne pas dépasser. Le CSA a profité d’une décision prise en 2010 au niveau européen pour pouvoir mener des avancées. Nous sommes ainsi arrivés à une valeur cible de -23 LUFS. Je laisserai aux spécialistes le soin d’expliquer les aspects techniques.

Depuis un an, nous avons commencé à réduire les différences de volume entre les chaînes. Ensuite, nous avons diminué la différence de niveau sonore entre les publicités et les programmes pour tendre vers cette valeur cible. Nous avons ainsi réussi à l ’atteindre au 1er janvier 2013. Evidemment, les variations sonores existeront quand même entre différents programmes, et nous y tenons. Cependant, ce problème spécifique est résolu. Nous contrôlons en ce moment les chaînes de télévision pour veiller à ce qu’elles respectent leurs engagements.

Nous avons rendu au Parlement un rapport sur ce qui a été entrepris à ce sujet l ’an dernier, et nous en sommes très fiers. En attendant les résultats des vérifications, nous pouvons d’ores et déjà annoncer que les plaintes sur le volume sonore ont diminué de moitié.

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Christine PETIT, Professeur au Collège de France

Je suis ravie de venir ce soir à votre rencontre, d’échanger avec vous sur notre perception du monde sonore. Mon intérêt pour l’audition s’ancre dans celui que je porte à la communication humaine. Si la vision est principalement sollicitée dans la reconnaissance des objets, l’audition quant à elle, est le support de la communication interpersonnelle. En effet, durant l’évolution humaine, une incroyable aptitude à associer une signification aux sonorités s’est développée. Cette évolution est le fondement du langage oral. L’audition est donc chez l’homme, le sens de la communication. Or, les êtres humains, sont parmi les animaux les plus sociaux ; nous

construisons aussi notre réalité par la parole. La communication interpersonnelle est essentielle à la plupart des apprentissages. Les enfants sourds profonds rencontrent de grandes difficultés dans l’acquisition de la parole..

Nous allons maintenant considérer la situation des malentendants . Le retentissement d’une surdité dépend de son degré de sévérité. ; les personnes atteintes d’une surdité profonde, sont plongées dans le silence. Il dépend également de sa période d’apparition. Les conséquences d’une surdité sont très différentes selon qu’elle est présente dès la naissance ou survient ultérieurement, en particulier après l ’âge d’acquisition du langage. Un enfant sur sept cents est atteint de surdité s évère ou profonde à la naissance. Pour eux, l’acquisition du langage s era particulièrement difficile et celui de la lecture, aussi. Grâce à des travaux menés par de nombreuses équipes de recherche, et notamment la nôtre qui a eu un rôle pionnier dans ce domaine, nous savons aujourd’hui que la part de l’hérédité est considérable dans les surdités sévères précoces des pays développés. Elle l’est aussi dans bon nombre de surdités légères. Ces dernières passent souvent inaperçues et ne sont souvent diagnostiquées que lorsque l’enfant est en situation d’échec scolaire. En effet, un enfant qui ne peut percevoir normalement les phonèmes est très freiné dans l’apprentissage de la lecture. A l’heure actuelle, on estime que, parmi les enfants adressés à un médecin pour une dyslexie, un tiers d’entre eux sont en fait malentendants.

Un nombre considérable de personnes deviennent malentendantes avec l’âge. Au-delà de soixante-cinq ans, environ 30% des individus sont gênés dans leurs échanges conversationnels. Environ 4 millions de personnes rencontrent donc des problèmes de communication en raison de malentendance. La perte d’audition liée à l’âge, que l’on nomme presbyacousie, est causée par des facteurs héréditaires souvent associés à des facteurs environnementaux, la surexposition au bruit en particulier.

Le coût social, médical et économique de la malentendance est considérable, éducation spécialisée et prothèses. De surcroît l’insertion professionnelle des malentendants est particulièrement ardue. Les malentendants rencontrent des difficultés dans ce domaine bien plus importantes que les malvoyants. La malentendance est en quelque sorte maltraitée, pour trois raisons principales. Tout d’abord le handicap du malentendant ne se voit pas. Ensuite, s a voix est souvent mal placée et peut être perçue comme agressive. Enfin, la faillite de la communication est aussi celle de l ’entendant qui ne parvient pas à faire entendre son message.

Des progrès considérables ont été réalisés dans la compréhension de l’origine et de la pathogénie des surdités.. Ainsi nous savons désormais identifier les gènes responsables de surdité congénitale ou survenant chez le jeune adulte. Plus de 70 d’entre eux ont été découverts. Des avancées semblables se dessinent pour la presbyacousie. Les mécanismes défectueux dans chaque forme de surdité sont progressivement élucidés. Les malentendants et leurs familles sont ainsi informés du risque de récurrence de la surdité, de la nature de l ’atteinte et bénéfice qu’ils peuvent escompter des divers types d’appareillage auditif compte-tenu de leur forme de surdité.

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Pour autant, ce domaine scirntifique et médical connaît de nombreuses faiblesses, en rapport notamment avec un cloisonnement des disciplines qui nuit au dynamisme de l’ensemble et en particulier à l’innovation diagnostique et thérapeutique. Le dialogue entre chercheurs et cliniciens doit s’articuler autour de la physiologie auditive, pour que les avancées fondamentales fertilisent la démarche d’exploration clinique. De nouvelles approches thérapeutiques sont à l’étude dont les avancées dépendront d’une orchestration bien conçue des rapports entre chercheurs, professionnels de santé et industriels.

Pour conclure, j’aimerais évoquer une situation passée qui devrait guider notre réflexion présente. L’implant cochléaire a été découvert en France par André DJOURNO vers 1957. Il est devenu progressivement une prothèse particulièrement efficace qui s’est répandue à travers le monde. Notre pays a ét é incapable d’en assurer le développement et le passage à l’industrie.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son

Nous avions imaginé, Christophe BOUILLON, Christine PETIT, et moi-même, un équivalent de l’Hôpital des Quinze-Vingt qui soit dédié à l’audition. Nous allons d’ailleurs bientôt en faire la proposition. Si ce lieu était construit, ce serait le signe d’un début de prise de conscience de l ’importance du son dans notre société.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Bonsoir à tous. Nous allons maintenant poursuivre la soirée avec des interventions concernant les quatre thèmes principaux cités par Christian HUGONNET. Ces thèmes sont l’angle majeur de la Semaine du son et de ce Club Parlementaire. Nous allons demander à quelques-uns des acteurs de ces thèmes de nous exposer leurs attentes quant à ce club. Pour commencer, nous parlerons d’acoustique et d’environnement sonore. Nous aimerions écouter Bruno VINCENT, Directeur de l’association Acoucité. Il s’intéresse à la qualité sonore au cœur de la ville.

Bruno VINCENT, Directeur d’Acoucité

Acoucité est un pôle de compétence en acoustique de l’environnement. Il a été créé par l’agglomération lyonnaise et regroupe des centres publics de recherche et techniques. Aujourd’hui, nous accompagnons une dizaine d’agglomérations français es dans la mis e en place de leur observatoire de l’environnement sonore.

En tant qu’observatoire, nous sommes souvent pris dans un paradoxe. Nous faisons de la métrologie, des mesures de l’environnement sonore, notamment celui des grandes infrastructures de transports. Mais, quand nous nous intéressons à la qualité de l’espace public, nos instruments connaissent leurs limites. En effet, quand je vous

parle, je vous expose au même niveau de bruit qu’une nouvelle infrastructure de transport. Nous sommes donc dans la nécessité d’adopter des approches multicritères. Il nous faut faire la différence entre un discours porteur de sens et un bruit de fond qui n’amène que peu d’informations.

Il est important que les observatoires adoptent cette vision bipolaire entre le bruit de fond de la ville et le bruit qui est signifiant. Nous ne pouvons pas nous contenter d’une approche énergétique. Il est important d’être attentif à ce qui est de l’ordre du sensible, à travers des

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enquêtes et des prises de son. Un observatoire doit évaluer autant la qualité que la quantité. Nous ne devons jamais oublier ces trois pôles : le sensible, l ’énergétique et le patrimonial.

Un sonomètre ne peut pas rendre compte d’une ambiance. C’est pourquoi nous les couplons systématiquement avec des prises de son.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous allons maintenant donner la parole à Dominique BIDOU, responsable du CIDB, le Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit.

Dominique BIDOU, Président du CIDB

Je tiens à vous féliciter pour la création de ce Club. Le CIDB est un centre d’information. Et l’information doit circuler dans les deux sens. Ceux qui produisent l’information, notamment les industriels et les médecins, nous alimentent, mais nous écoutons également le public par le biais d’un centre d’accueil. Ce Club permettra donc de faire monter l’information dont nous disposons au niveau le plus élevé de l ’Etat. Je vais donner la parole à Alice DEBONNET-LAMBERT, qui va expliquer ce que nous écoutons au CIDB.

Alice DEBONNET-LAMBERT, directrice du CIDB

Le CIDB existe depuis trente-cinq ans et reçoit les plaintes concernant le bruit. Par exemple, un homme se plaignait du bruit que faisaient des enfants au-dessus de chez lui. Il était en réelle souffrance. Nous avons donc engagé deux psychologues de l’environnement pour prendre en compte cette situation.

Dominique BIDOU, Président du CIDB

C’est la vie telle que nous la percevons à travers les témoignages des personnes nous contactant. Notre stratégie est de parler d’amélioration de l’environnement sonore plutôt que de lutte contre le bruit. Nous veillons à rester positifs.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci beaucoup pour cette intervention. Nous avons parlé de l ’information et de la mesure. Nous allons maintenant nous intéresser au recours à la justice et à l’expertise. Pierre POUBEAU, qui représente les cabinets d’expertise en acoustique, est parmi nous ce soir. Pourriez-vous nous parler de votre rôle, mais également de vos attentes vis-à-vis de ce Club ?

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Pierre POUBEAU, Président du Collège national des experts judiciaires en acoustique

Bonsoir. Je suis le président du Collège national des experts judiciaires en acoustique. Il serait donc légitime de s’interroger sur le sens de ma présence aujourd’hui. En effet, l’expert judiciaire n’est pas un acteur, mais un observateur. Nous intervenons lorsque les lois ou les règles institutionnelles sont ponctuellement insuffisantes. Cela dit, la connaissance qu’a l ’expert de ces cas particuliers lui permet d’apporter des éléments importants pour le travail initié ce soir.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Le domaine de l ’environnement et du bruit concerne aussi la problématique de l’isolement acoustique. Joseph TORBAY, qui représente Acousystem, un fabricant de systèmes d’isolation, va nous donner son point de vue.

Joseph TORBAY, Président d’Acousystem

Bonsoir à tous. Je tiens à remercier Christian HUGONNET , créateur de la Semaine du son qui fête cette année ses dix ans.

Je représente la société Acousystem CDM France. Nous fabriquons et installons des matériaux anti-vibratiles. Ils sont destinés à atténuer les vibrations créées notamment par les voies de chemin de fer et l’activité industrielle. Nous intervenons directement sur les infrastructures. Acousystem dispose de trois familles de technologie : le caoutchouc, les ressorts métalliques et les coussins d’air.

J’attire votre attention sur l’un de nos produits phare, la « Jaquette ». Ce système, entièrement produit en France, nous a permis d’obtenir en 2009 un Décibel d’Or. Il est fabriqué à partir de caoutchouc

prélevé sur des pneus usagés. La « Jaquette » est produite en Moselle, en Lorraine, dans une région sinistrée en raison du déclin de la sidérurgie. De plus, cette technologie s’inscrit dans le développement durable. Cette gamme de produits est disponible sur notre site Internet.

Le Club qui vient de naître ce soir à l ’Assemblée Nationale permettra de faire connaîtr e nos métiers. Il pourra également populariser en France et à l’étranger cette technologie de pointe issue de la revalorisation des déchets. A l’aide de pneus usagés, nous donnons naissance à un produit pouvant durer cinquant e ans. En outre, il peut lui-même être recyclé.

Merci de votre écoute.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci, Monsieur TORBAY. Comme nous l’a expliqué Christine PETIT, l’environnement sonore et la santé sont étroitement liés. Je vais donc donner maintenant la parole à Hung THAI-VAN, chercheur, médecin spécialisé dans l ’audition. Il travaille au Centre de Recherche en Neurosciences à Lyon, et va nous donner son sentiment sur l’état des recherches dans ce domaine.

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Hung THAI-VAN, membre du Centre de Recherches en Neurosciences de Lyon – Professeur

de Physiologie et Praticien Hospitalier aux Hospices Civils de Lyon

Bonsoir, et merci de votre invitation. Je veux tout d’abord remercier le Professeur Christine PETIT d’être le moteur de la recherche en audiologie dans notre pays, et d’avoir tant apporté à la compréhension de la génétique de la surdité et de l ’audition.

J’ai deux messages à transmettre ce soir. Je m’exprimerai d’abord en t ant que médecin. Quand j ’ai débuté ma carrière d’audiologiste voici une vingtaine d’années, seule deux cliniques pratiquaient un dépistage auditif néonatal aux Etats Unis Aujourd’hui, il est réalisé de façon systématique dans toutes les maternités des Etats-Unis ainsi qu’au Canada. La France, qui ne l’a pas encore mis en place, a pris sur ce plan un énorme retard.

Lors d’un congrès d’Audiologie qui s’est tenu en Autriche il y a quelques mois, le Professeur Christine YOSHINAGA-ITANO, leader mondialement reconnu dans le domaine du dépistage auditif précoce et de ses conséquences, semblait peinée de la situation du dépistage en France, qui fait figure d’exception parmi les pays industrialisé. Nous savons effectivement aujourd’hui, sur la base d’études de psycholinguistique et de neurophysiologie que le dépistage tardif et donc la prise en charge tardive de la surdité d’un enfant va avoir des conséquences néfastes sur son développement cognitif et son insertion scolaire avec, en corollaire, un coût sociétal et financier très important. Il est donc plus que temps de généraliser la pratique du dépistage auditif néonatal dans notre pays et de lui accorder tous les moyens nécessaires.

Mon deuxième message concernera le développement technique et la nécessair e amélioration des prothèses auditives amplificatrices. Comme l ’a rappelé très justement le Professeur Christine PETIT, l’implant cochléaire est une découverte française. Pour autant, nous souffrons aujourd’hui d’une collaboration insuffisante avec nos partenaires industriels. La plupart des fabricants d’audioprothèses sont Suisses, Allemands ou Danois. Il existe également un fabricant américain. En France, une seule firme produit des implants cochléaires. Cela ne doit pas représenter pour autant un frein au développement, en lien avec les chercheurs et médecins français, de solutions techniques innovantes pour la prise en charge de la surdité.

Dans les dix ans à venir, les algorithmes de traitement du signal utilisés par les prothèses auditives devront prendre en compte les difficultés propres à chacun pour percevoir les contrastes phonémiques et les transitions formantiques. Des équipes de recherche y travaillent, notamment à Lyon, Paris et Clermont-Ferrand. A Lyon, nous mettons dans ce but l’accent sur les partenariats entre le monde académique et les entreprises privées. Nos contrats de recherche sont autant d’occasions de développer et de renforcer les interactions entre chercheurs, médecins et industriels spécialisés dans la prothèse auditive, conventionnelle ou implantée, ainsi que dans les techniques innovantes de rééducation d’enfants sourds et dyslexiques. Nous cherchons notamment à développer des solutions de rééducation basées sur les jeux éducatifs sérieux, mieux connus sous le t erme de « serious games ». Notre objectif est d’aboutir à moyen terme à des améliorations significatives de la prise en charge des patients présentant des troubles de l’audition, d’origine périphérique ou centrale, tant au niveau de la rééducation que de l’appareillage.

J’espère donc vivement que ce Club Parlementaire permettra de favoriser et de resserrer les liens entre les médecins, les chercheurs et les nombreux partenaires économiques susceptibles d’être intéressés par notre démarche.

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Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci beaucoup. Vous avez introduit vous-même la suite de la soirée, puisque nous allons maintenant parler de l’industrie. Thierry DAUDIGNON, qui représente la société Starkey, va nous dire quelques mots.

Thierry DAUDIGNON, Directeur Général de Starkey France

Bonsoir à tous. Je représente Starkey, le fabricant américain de prothèses dont nous a parlé Hung THAI-VAN. En attendant que les équipes de Madame PETIT développent des thérapies géniques, nous travaillons activement pour nous occuper à notre niveau de la presbyacousie. Je peux à ce sujet vous apporter une bonne nouvelle. Toutes les aides auditives présentes sur le marché sont maintenant numériques. Elles possèdent une capacité de signal de plus en plus importante.

Je me dois de signaler que, si notre laboratoire est américain, nous avons cependant des partenariats en France.

Nous travaillons notamment avec le Professeur LORENZI en recherche fondamentale.

Le futur de l’aide auditive va permettre aux malentendants une communication plus aisée. Nous avons beaucoup d’espoir dans ce domaine.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci beaucoup, Monsieur DAUDIGNON. Après le secteur industriel, nous allons écouter les syndicats. Il existe évidemment un syndicat des audioprothésistes, représenté ce soir par Luis GODINHO.

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Luis GODINHO, Président de l’UNSAF

Bonsoir. Je suis audioprothésiste et président du Syndicat National des Audioprothésistes. Notre métier est de donner ou de redonner la possibilité de communiquer, une fois qu’un ORL a établi son diagnostic. Nous travaillons surtout avec des gens atteints de presbyacousie.

Notre principal chantier, et le professeur PETIT en a parlé avec beaucoup de talent, porte sur la communication. En effet, la presbyacousie touche des gens qui ont possédé une bonne audition. Cette perte est toujours très difficile à vivre, et souffre d’un énorme tabou. Des personnes présentes ce soir m’ont-elles-mêmes avoué avoir du mal à reconnaître leurs problèmes d’audition.

Ces problèmes auditifs sont donc peu traités. En France, 3 à 4 millions de personnes pourraient porter des appareils auditifs. Or, seulement 30 à 40% sont appareillées, ce qui a des conséquences graves sur la vie quotidienne. Les presbyacousiques âgés peuvent notamment cesser d’avoir une vie sociale. Je souligne auprès des parlementaires le fait qu’ils coûteront plus chers en termes de santé. Nous pourrions donc réaliser énormément d’économie et améliorer la qualité de vie des personnes touchées par ces problèmes.

Actuellement, la communication à ce sujet est désordonnée. Nous travaillons avec le ministère de la Santé à donner une meilleure visibilité à ces prothèses. Nous cherchons également à régulariser l’offre, les prix étant actuellement libres. Nous voulons aussi mettre en place une campagne publicitaire aussi efficace que celle concernant les fruits et légumes.

Le jour où le ministère reconnaitra publiquement l’importance de ce problème pour la qualité de vie, beaucoup de choses pourront être débloquées.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous voici arrivés au milieu de notre soirée. Je vais vous laisser la possibilité de réagir sur les deux sujets venant d’être traités : l ’environnement sonore et la santé auditive.

Alice DEBONNET-LAMBERT, Directrice du CIDB

Le Professeur PETIT pourrait-il nous éclairer sur les corrélations existant entre maladie d’Alzheimer et malentendance ? De nombreux articles paraissent à ce sujet. Ce lien a-t-il été scientifiquement prouvé ?

Christine PETIT, Professeur au Collège de France

Je ne suis pas spécialiste de la maladie d’Alzheimer, mais cette idée fait sens. Jusqu’à présent, nous avons surtout parlé de l’audition en termes de seuil. Or, l’audition est bien plus large. Dans la langue française, le verbe entendre entretient cette ambigüité : entendre, c ’est comprendre. Les personnes atteintes d’Alzheimer n’ont pas un problème de niveau auditif, mais de compréhension du message sonore.

De la salle

Il existe des études sur le sujet, comme celles de l’équipe de Lynn, aux Etats-Unis. Ils ont publié le 21 janvier, dans le Jama Internal Medicine, un article concernant la perte auditive prédictive de déclin cognitif. Si nous observons une cohorte de gens âgés présent ant une presbyacousie, leur déclin cognitif sera plus important que chez des sujets sains. Nous n’avons pas encore pu démontrer que l’appareillage pourrait l’empêcher. Cependant, je connais

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personnellement des gens âgés s’étant équipés tôt, et dont le déclin cognitif a été moins important.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Est-ce que Philippe GUIGNOUARD, du GIAC, pourrait s’exprimer au nom des acousticiens français ?

Philippe GUIGNOUARD, Gérant du LASA et Président du GIAc

Bonsoir. Je suis donc Président du Groupement de l’Ingénierie Acoustique, qui représente la majorité des acousticiens en France. Nous avons pour le moment beaucoup parlé des malent endants ; mais il existe également des « bienentendants ». Il est important de leur donner un environnement adapté. Par exemple, des élèves placés dans une salle de classe avec une mauvaise acoustique apprendront plus difficilement.

Nous défendons cette nécessité d’une qualité d’environnement . Les personnes exposées à des situations bruyantes au travail et dans les transports ne supportent plus leurs voisins une fois chez eux. Ces aspects ont un impact sur la fatigue, la nervosité, et aboutissent à des dépenses de santé.

Nous travaillons avec le Conseil National du Bruit sur la rédaction de textes réglementaires. L’objectif est d’aider le législateur à concevoir des bâtiments mieux adapt és à leur usage.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous avons surtout discuté, pour le moment, des problèmes d’agression sonore, mais i l existe également des sons produits volontairement par des professionnels. Certains débats ont eu lieu dans ce milieu. Christine KELLY nous a par exemple parlé des différences de niveau entre les programmes à la télévision.

Nous avons la chance de compter parmi nous Jean-Michel KANDIN, responsable technique de Radio France. Il va nous apporter sa vision du rôle des professionnels dans la recherche d’une qualit é de l’environnement sonore.

Jean-Michel KANDIN, Directeur général adjoint chargé des techniques et technologies

nouvelles à Radio France

Bonsoir à tous. A Radio France, nous travaillons aujourd’hui entièrement en numérique. Toutes les prises de son sont réalisées en multicanal. Nous apportons également un grand soin dans le recrutement de nos équipes. Christian HUGONNET a d’ailleurs travaillé dans cette maison.

Nous rencontrons cependant un énorme problème. Le traitement du son à la radio est aujourd’hui sous-considéré. J’en ai d’ailleurs parlé à Madame KELLY. Le problème des différences sonores à la télévision est certes important. Mais aujourd’hui, de nombreux jeunes écoutent la radio avec un casque. Ils sont exposés des niveaux sonores ayant une dynamique de 3 dB. La production discographique pratique déjà un fort niveau de compression. Ce niveau est encore rehaussé lors des passages en radio.

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Club Parlementaire Son & Société

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Par ailleurs, le reste de la FM travaille pour le moment en analogique. Les niveaux de compression utilisés peuvent atteindre à Paris 10 dB. La conséquence est qu’un animateur travaillant par exemple à France Culture ne sera plus écoutable. Radio France diffus e ses signaux sur des fréquences situées entre des stations ayant 2 dB de dynamique et 10 dB de puissance multiplex.

Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la télévision

Sans briser le secret des délibérations, je peux vous dire que nous en avons parlé ce matin en réunion plénière du groupe de travail Santé. Ce problème de la radio est complètement tabou. De façon surprenante, nous ne recevons aucune plainte. Pourtant, la compression dynamique ne se trouve pas uniquement dans les messages publicitaires, mais dans tous les programmes.

Le chantier radio sera très important. Je ne l’aurai peut-être pas réglé avant de quitter le CSA, mais je vous promets que je l’aurai déjà profondément entamé.

Miguel ADELISE, Membre de la FICAM

Ce problème de volume existe aussi en télévision. Les programmes t els que les dessins animés ont soumis les enfants à des niveaux sonores très importants.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission « Science Publique » sur France Culture

D’ailleurs, les directrices d’écoles maternelles savent que les enfants, lorsqu’ils arrivent le matin, parlent fort.

Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la télévision

La télévision française produit un énorme travail en direction des malentendants. Tous les programmes ont commencé à être sous-titrés en 2010. Ces 4 millions de téléspectateurs dont parlait Christine PETIT ont donc maintenant accès à la télévision.

Par ailleurs, je me suis battue pour que les chaines d’information diffusent chaque jour un journal en langue des signes.

Je voudrais enfin saluer le travail de lutte contre l ’obésité qui est fait par les chaines de télévision. Puisque quelqu’un a mentionné la campagne sur les fruits et légumes, je rappellerai que nous sommes le seul pays au monde où la publicité ne montre pas de personnes mangeant ou buvant devant un écran. J’en remercie l’ARPP et les annonceurs. En suivant cet exemple, nous pourrions mettre en place une charte concernant la lutte pour la sant é auditive.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci beaucoup Christine KELLY. Marc GRETHER-REMONDON, de France Télévisions Publicité, va justement nous parler des problèmes relatifs aux annonceurs.

Marc GRETHER-REMONDON, Secrétaire Général de France Télévisions Publicité

Je vous remercie tout d’abord pour vos propos introductifs. Christian HUGONNET m’avait dit un jour « l’oreille n’a pas de paupières ». Ce propos, illustrant les rapports entre vision et audition, est très important pour quelqu’un travaillant dans l’audiovisuel.

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Club Parlementaire Son & Société

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Concernant la publicité, il ne faut pas lui accorder trop d’importance. Grâce à Christine KELLY et au CSA, le problème est résolu.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci de confirmer cette bonne nouvelle. Nous allons écouter Olivier BINET, de l’Association Française du Son à l’Image.

Olivier BINET, Membre de l ’AFSI

Bonsoir. Je représente l’AFSI, qui compte environ deux cents adhérents parmi les ingénieurs du son. Parallèlement, je suis également le Directeur de la société Tapages & Nocturnes. Lors de ces débats, je pense que les ingénieurs du son seront surtout à l’écoute. Ce Club nous intéresse doublement. Nous sommes acteurs de la chaine sonore de la capt ation à la restitution et au mixage, mais nous sommes également des patients potentiels. En effet, de nombreux ingénieurs du son, arrivés à la cinquantaine, souffrent de surdité.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son

Je voudrais rappeler que les ingénieurs du son s’expriment très rarement, et se mettent avant tout au service de l’image.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Bernard HEGER, qui représente le Simavelec, le Syndicat des Industries de Matériels Audiovisuels Electroniques, va pouvoir nous expliquer les problèmes des industriels du secteur.

Bernard HEGER, Délégué général du Simavelec

Notre filière connaît actuellement une chance extraordinaire. En effet, l’ensemble de la population écoute de plus en plus des contenus audiovisuels. Nous essayons donc d’améliorer la qualité des produits qui permettent aux français d’écouter du son. Les ménages disposent en moyenne de sept à huit radios. Aujourd’hui, les jeunes qui écoutent la radio au casque doivent apprendre à différencier un bon contenu d’un mauvais contenu. Il leur faut donc du matériel de bonne qualit é.

La qualité permettra de mieux différencier les radios qui diffusent du contenu de celles qui font du bruit.

Laurent HEBERT, Délégué général de la Commission Supérieure Technique de l’Image et

du Son (CST)

Il me semble qu’un secteur de recherche sur le sonore s’est formé récemment au Simavelec ?

Bernard HEGER, Délégué général du Simavelec

Tout à fait. Comme l ’a dit Jean-Michel KANDIN, le sonore a été longtemps laissé de côté. Cette situation est en train de changer, que ce soit dans les salles de cinéma ou à la télévision.

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Club Parlementaire Son & Société

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Laurent HEBERT, Délégué général de la CST

Les écrans plats ne donnent pas l’exemple au niveau de la qualité sonore.

Bernard HEGER, Délégué général du Simavelec

Non, mais nous essayons de l’améliorer et de trouver le meilleur équilibre avec le prix.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Merci beaucoup. La parole est à Miguel ADELISE.

Miguel ADELISE, Membre de la FICAM

Bonjour. Je viens donc représenter la CST, la Commission Supérieure des Techniques de l’image et du son, et la FICAM, Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia. Nous avons travaillé avec le CSA sur les niveaux sonores acceptables télévision ainsi que pour la publicité télévisée. L’ARPP a été moteur sur le sujet.

Revenons sur la question de la s anté. La télévision dispose aujourd’hui d’un système destiné aux malvoyants, l’audio-description. Je voudrais donc demander aux

médecins s’il ne serait pas possible d’apprendre des gens dotés d’hyperacousie, comme des malvoyants.

Actuellement, les malvoyants nous expliquent que les signaux envoyés par l’audio-description sont pour eux agressifs. Peut-être pourrions-nous les faire participer à nos débats.

Par ailleurs, il faut signaler la prise de conscience des chaines de télévision au sujet de la publicité. Le téléspectateur, au lieu d’être séduit par le message, était auparavant repoussé par le niveau sonore.

Le travail est encore énorme en ce qui concerne la radio. Sur le plan européen, la radio numérique, soumet les instances (EBU et pays nordiques) à des discussion de première importance sur la gestion des basculements, nécessaires entre la FM et la radio numérique.. Pour le moment, en France, le problème des différences sonores entre la FM et la radio numérique est laissé de côté. Nous serons cependant bientôt amenés à nous en occuper et à s’inspirer des travaux déjà réalisés par les pays nordiques.

J’évoquerais enfin l’éducation des enfants. Il est fondament al que nous apprenions à nos enfants à écouter. Nous pouvons réfléchir à un chantier de l’Education Nationale concernant l’audiovisuel.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous voulions justement aborder l’éducation comme dernier thème, et parler notamment de l’expression musicale. Vincent MAESTRACCI, doyen de l’Inspection Générale en charge de l’éducation musicale et artistique, devrait pouvoir réagir à cette mise en cause.

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Vincent MAESTRACCI, Doyen de l’Inspection Générale au Ministère de l'Education nationale

Je vais vous raconter une anecdote. La semaine passée, j’étais en inspection dans un collège venant d’être rénové. Un professeur d’éducation musicale m’a accueilli dans une magnifique salle. Avant l’arrivée des élèves, il me place à un bout de la salle, se rend de l’autre côté, et claque très fort une porte. J’ai pu alors entendre des fréquences très graves et oppressantes.

Il a ensuite attiré mon attention sur la VMC, la Ventilation Mécanique Contrôlée. J’ai entendu un bruit blanc continuel qui emplissait cette salle. Par ailleurs, le système de diffusion de sons enregistrés n’est pas à la hauteur de l ’espace. Ainsi, si beaucoup de progrès ont été faits, il reste un long chemin.

La situation très difficile qui a été dessinée par les différentes interventions pointe du doigt les adultes, et principalement l’école. J’entends en même t emps à travers vos propos que l’école ne pourra pas agir seule. La responsabilité doit également être assumée par la famille et les médias.

Pour terminer, je parlerai en tant que musicien. Ayant enseigné pendant vingt ans, je crois que l’enjeu principal de l’éducation musicale est d’apprendre à l’élève qu’il peut être lui aussi vecteur de son. Mais ce vecteur, contrairement à beaucoup d’autres, il peut entièrement le maîtriser.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Daniel TERUGGI, qui dirige le GRM, le Groupe Recherche Musique au sein de l’INA, v a maintenant nous parler de la recherche sonore.

Daniel TERUGGI, Directeur du GRM à l’INA

Permettez-moi de me placer en défenseur du son à deux niveaux. D’une part, du côté de la recherche. Nous essayons d’apprendre aux machines à écouter. Cela nous permet de comprendre la complexité du phénomène d’écoute et de compréhension du sens. D’autre part du côté du GRM, où nous cherchons, depuis 1948, à donner l’opportunité à tous les sons de devenir musique.

La question de la musique est une question de mise en scène. La différence entre un klaxon et une trompette est avant tout culturelle et circonstancielle. Les musiciens ont appris à créer des contextes pour mettre en scène les sons.

Je parle donc d’invention du son plutôt que de musique. En disant cela, je pense à tous les sons qui existent malgré nous, aux sons créés par la technologie, mais aussi aux sons que nous pouvons produire volontairement.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Pour terminer, je vous demande d’accueillir quelqu’un qui a un rôle actif en matière de production artistique du son, Agnès PUSSILIEUX. Elle est administratrice du Chœur et Orchestre Sorbonne Universités.

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Agnès PUISSILIEUX, Administratrice du Chœur et Orchestre Sorbonne Universités

Comme Vincent MAESTRACCI, je vais vous raconter une anecdote. Le Chœur et Orchestre Sorbonne Universités est face à de nouveaux enjeux. En effet, l’UFR de Musique et musicologie de Paris-Sorbonne est en train de s’implanter dans le XVIIIème arrondissement, dans de nouveaux locaux, Porte de Clignancourt. Elle y sera bientôt dotée d’un auditorium de cinq cents places. Jean-Dominique POLACK, spécialiste de l’acoustique des salles, qui est présent ce soir, a d’ailleurs contribué à sa conception.

Ce chœur et cet orchestre ont donc quitté le quartier latin pour s’installer en résidence dans le XVIIIe arrondissement. L’une des missions que nous nous donnons est de permettre la rencontre des étudiants musiciens avec de nombreux acteurs et publics de ce nouveau quartier, , en

particulier avec les publics scolaires n’ayant que peu d’accès à la musique savante vivante.

Je me suis rendue au collège, située en face du centre Clignancourt. J’ai été très surprise de découvrir que le professeur d’éducation musicale est maintenant un contractuel. Il n’est là que pour quelques mois et n’a pas un grand désir d’investissement.

Répétons encore l‘absolue nécessité de la présence d’un professeur de musique face aux enfants.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Je pense que nous avons fait le tour des thèmes proposés. Avez-vous des questions ?

Victor HAIM, Président de l’ACNUSA

Bonjour. Je suis le président de l’ACNUSA, l’Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires. L’ACNUSA a été créée en 1999 avec pour seule mission de s’occuper du bruit. Mais, depuis 2010, elle s’occupe de toutes les pollutions liées aux aéroports. J’ai pris mes fonctions en mai, en partie grâce à l’aide que m’a apporté le rapport de Christophe BOUILLON, lors de mes auditions devant les deux assemblées.

Ce qui m’étonne dans les propos actuels, c’est que nous parlons beaucoup du son, et très peu du bruit. Nous comptons aujourd’hui une dizaine d’aéroports qui sont dits « acnusés ». C’est-à-dire, que, compte tenu de leur trafic, ils sont placés dans une catégorie particulière. Nous y trouvons notamment Orly, Roissy, Nice et Lyon. Actuellement, 7 ou

8 millions de personnes sont touchées tous les jours par des nuisances sonores de 55 à 60 dB. De plus, le nombre de passages d’avions peut être, par exemple, de cent soixante-dix par nuit à Roissy.

Les liens entre ces éléments et le dernier rapport de l’ONU sur l’urbanisation paru en juillet dernier me semblent préoccupants. Ce rapport prévoit une population mondiale de 9,6 milliards d’habit ants dans trente ans. 87% de la population de l’Europe de l’ouest vivra en zone urbaine. Nos enfants seront donc très probablement contraints d’habiter des mégalopoles équipées d’aéroports. Le problème est le même pour les autoroutes.

Installer de nouveaux aéroports revient à développer la pollution des transports et entraine une perte de t erritoire national. Ils sont la plupart du temps installés dans des plaines utilisées pour l’agriculture. Nous sommes donc face à une catastrophe.

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Nos débats ont porté sur le son. Or, nous pouvons commander le son, par exemple à l’aide d’une télécommande, mais pas le bruit. Je ne me suis personnellement pas rendu compt e des différences sonores des publicités, puisque je ne les écoute pas. Chacun a une souffrance par rapport à un bruit particulier. Il serait intéressant d’étudier les dimensions psychologiques, sociologiques et les problèmes d’accoutumance liés au bruit.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son

Sur cette notion de son et de bruit, je précise que le bruit est un sous-ensemble du son.

Gérard CAMBON, Sec rétaire général du Conseil National du Bruit

Je souhaite dire un mot sur le volet éducatif qui vient d’être évoqué. Le Conseil National du bruit a engagé depuis plusieurs années une démarche éducative visant à concilier tout à la fois l’éducation aux risques auditifs, l’éducation musicale, et l’éducation au civisme., L’objectif, avec le soutien des ministères de la santé et de l ’écologie était de créer une synergie en vue de proposer des outils de référence aux enseignants et élèves du secondaire, réunis dans ce que l’on pourrait nommer un « guide du savoir ». Cela permettrait de prolonger l’action menée avec succès voici une dizaine d’années, avec Nicolas FRIZE dans les écoles primaires.

Nous n’ en sommes encore qu’à une phase préliminaire, Dominique BIDOU et moi-même avons sollicité l'an dernier le ministère de l’Education Nationale sur cette question. Il me semble très intéressant de s'impliquer à nouveau tous ensemble sur un tel sujet.

Bertrand FURIC, Président d’Agi-Son

Bonsoir. Je suis le président d’Agi-Son. Il s’agit d’une association interprofessionnelle réunissant les syndicats de salariés, d’employeurs, ainsi que les grandes fédérations du spectacle vivant. Pour rebondir sur le propos de Gérard CAMBON sur l’éducation au sonore, je vais parler du décret de 1998 sur les lieux musicaux. A l’époque, dans le secteur du spectacle vivant et des lieux de musique amplifiée, nous nous sommes sentis dans l ’obligation de nous organiser.

Nous voulions en effet montrer, alors que les débats tournaient autour du bruit et de la nuisance sonore, que nous étions responsables et conscients de nos outils. Nous avions également à accomplir un travail de formation des professionnels, mais aussi d’éducation. Aujourd’hui, Agi-Son travaille avec plusieurs partenaires, dont l’Education Nationale. Nous avons d’ailleurs sorti un DVD en coédition. Nous publions également un guide permettant aux professionnels de notre secteur de comprendre les textes officiels.

Très souvent, le secteur du spectacle vivant subit des textes qui ne sont adaptés qu’à l’industrie. Monsieur BOUILLON, vous avez inauguré à Rouen un nouveau lieu, « Le 106 ». Ce lieu attire un public important. Je vous alerte donc sur le fait qu’avant même d’être amplifiés, les instruments de musique peuvent dépasser les 100 dB.

Nous aurions intérêt à travailler ensemble sur des textes qui protègent les salariés, les spectateurs, et l’ensemble des professionnels du secteur. Il faut cependant prendre garde à ce que ces textes ne prennent pas la forme d’une censure artistique. Nous sommes en revanche tout à fait disposés à travailler avec vous sur la lutte contre la compression du son.

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Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

L’ambition de ce Club est justement d’agir comme une veille permanente. Les textes parlementaires sont souvent produits en réaction à un fait. Dans le cadre d’une loi , nous pouvons procéder à des auditions. Cependant, l’anticipation est la meilleure des solutions pour mesurer l’ensemble des impacts d’un texte voté à l ’Assemblée Nationale ou au Sénat. Ces discussions permettent donc d’éviter l’inflation législative, ou des t extes de loi qui ne seraient pas assez spécifiques.

Notre pays n’est pas assez habitué à procéder à des études d’impact avant d’avoir à voter une loi.

Laurent HEBERT, Délégué général de la CST

La CST, Commission Supérieure Technique de l’Image et du Son, représente les techniciens du cinéma et de l’audiovisuel. Je vais donc vous parler de la production artistique du son. Il faut faire une différence entre le son subi et le son voulu. La notion subjective du son est importante. Contrairement à Victor HAIM, j’ai l’impression que nous parlons ce soir du son en tant que nuisance. Je tiens à affirmer que le son est quelque chose de formidable.

Nous ne devons pas toujours rester dans la limite de 100 décibels. La CST s’occupe du Festival de Cannes. Un réalisateur a demandé, lors d’une projection, un effet sonore d’un niveau énorme. Nous avons cependant décidé de garder ce son, qui était volontairement gênant.

Christian HUGONNET, Ingénieur Acousticien, président de l’Association la Semaine du Son

Nous pouvons effectivement parler des différences entre les sons. Je pense notamment aux sons dont l’énergie est permanente. La compression rend la règle des 105dB dans les boites de nuit insuffisante. Quand cette loi a été imaginée par Jack Lang, nous parlions d’un son qui avait des niveaux forts et des niveaux faibles, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Quand Laurent HEBERT parle de niveaux forts au cinéma, il s’agit de niveaux qui ne sont pas permanents. Ces niveaux sont alors supportables.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous pouvons quand même parler des niveaux sonores au cinéma. Certaines personnes supportent mieux le son des publicités que celui du film, ce qui est une aberration. De nombreuses personnes âgées ne se rendent plus au cinéma à cause du son.

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Club Parlementaire Son & Société

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Laurent HEBERT, Délégué général de la CST

Je ne suis pas d’accord avec vous. Le son au cinéma n’est pas subi. De nombreux peintres, comme Gustave COURBET, nous font éprouver une gêne excessive. Il est normal, dans le même ordre d’idée, qu’un article puisse choquer.

Lors d’une réunion de la CST, nous avons étudié une scène d’un film de Gérard KRAWCZYK. Un personnage entrait dans une boîte de nuit, et devenait fou à cause du bruit. Si le son de la scène est diminué, elle n’est plus compréhensible.

Le son est certes subi sur le moment, mais dans un contexte accepté au préalable par le spectateur.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Ce que vous dites n’est pas en rapport avec la réalité. Je vous parle de classes entières d’âge privées de cinéma.

Eric LEFEVRE, Sec rétaire général de l’Association des ingénieurs de la radio et de la

télévision

Bonsoir. Je suis Secrétaire général de l’Association des ingénieurs de la radio et de la télévision, ainsi que conseiller technique au ministère de l ’Intérieur. Je veux exprimer ma satisfaction quant à la résolution du problème de la publicité à la télévision. En effet, Hervé BOURGES me l’avait confié en 1994 lorsqu’il était encore Président du CSA. Les premières mesures avaient été effectuées à l’époque avec l’Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications. Il aura fallu une génération pour mener à bien cet objectif.

J’ai fait partie du Conseil Supérieur de l ’Audiovisuel jusqu’à l’arrivée de Monsieur BAUDIS en 2001. Voici comment j’expliquais la perception du son d’une publicité à la télévision. Pour un usage normal, un téléspectateur se situe environ à trois mètres de son écran. Au moment où arrivait la publicité, il aurait fallu reculer de neuf mètres pour avoir la même impression sonore que pour le reste du programme. Je rends donc de nouveau hommage à Christine KELLY.

L’autre dossier dont je me suis occupé jusqu’à mon départ était celui de la puissance sonore du signal multiplex. Lorsque Jean-Michel KANDIN travaillait à NRJ, nous en avons discuté à de nombreuses reprises. Il s’agit d’un vrai fléau. J’ai rédigé en partie la décision 87-23 du 6 mars 1987 de la CNCL, l ’ancêtre du CSA. Nous y indiquions ce qu’étaient les excursions de fréquence et les harmoniques sur les émetteurs FM. A l’époque, toutefois, nous ne parlions pas encore de la puissance du signal multiplex.

A sa création en 1991, le CSA a perdu le pouvoir règlementaire de la CNCL. Cette décision 87-23 n’a jamais été modifiée. La puissance du signal multiplex n’est donc pas encadrée. Certaines radios, comme France Culture et France Musique, sont donc écrasées par d’autres stations disposant d’un signal multiplex puissant.

Ce problème a un autre effet pervers. Les radios utilisant une haute énergie modifient la puissance apparente rayonnée. Une station de radio privée disposant, par exemple, de 10 kilowatts à la Tour Eiffel, sera entendue jusqu’à 130 kilomètres de la Tour. Avec la même puissance, il est impossible d’entendre France Culture après 50 kilomètres.

Le CSA aurait vraiment intérêt de s’intéresser à ce sujet.

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Christine KELLY, Conseillère au CSA en charge des questions d’intensité sonore à la télévision

Je suis vraiment contente d’avoir abordé ce sujet pour la première fois ce matin lors d’une réunion. Cette puissance du signal multiplex est effectivement très utilisée en France. Nos fréquences dépassent parfois même les frontières. Cela pose évidemment des problèmes à la France au niveau européen.

Je suis en désaccord avec ce qu’a dit Monsieur HAIM. Je n’aime pas l’idée d’opposer le bruit au son. Par ailleurs, lorsque le CSA travaille, il le fait en douceur, pour que le téléspectateur ne se rende pas compte des changements.

Par ailleurs, le CSA fait très attention à laisser int actes les œuvres artistiques.

L’existence de ce Club pourra peut-être éviter qu’un parlementaire dépose de nouveau une proposition de loi pour réduire le son des publicités à la télévision. Ce fait s’est produit récemment, alors que la question avait déjà été résolue.

Je terminerai en disant que si Christian HUGONNET m’a permis de concevoir l’importance du son, il m’a aussi amenée à enregistrer les voix des personnes qui me sont proches.

Miguel ADELISE, Membre de la FICAM

En télévision, nous avons réussi à évacuer le problème de la puissance rayonnée avec l’arrivée de la TNT. En effet, le fait d’avoir un terme proche des émissions télévisuelles analogiques (30 novembre 2011), nous a permis de gérer plus facilement la compatibilité numérique-analogique, et par là même, la puissance rayonnée. Je pense que la solution sera la même pour la radio.

Jean-Michel KANDIN, Directeur général adjoint chargé des techniques et technologies

nouvelles à Radio France

Je remercie Eric LEFEVRE pour avoir exprimé ma pensée de façon intelligible. La radio est actuellement en analogique. Il est possible de travailler dessus, et je me félicite que le CSA prenne le dossier en main. Dans l’article 12 de la loi de 1986, nous pouvons lire : « les caractéristiques techniques des signaux émis pour la fourniture des services

diffusés par voie hertzienne terrestre ou par satellite doivent être conformes à des

spécifications techniques définies par arrêté interministériel, pris après avis du Conseil

supérieur de l'audiovisuel ; lorsque ces signaux sont numérisés, leurs caractéristiques

techniques sont normalis ées. Cet arrêté précise également les conditions de la protection

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Club Parlementaire Son & Société

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radioélectrique des services de communication audiovisuelle considérés ». L’arrêté n’a jamais été publié.

Bertrand FURIC, Président d’Agi-Son

Puisque nous parlons de lois, je voudrais alerter les déput és sur une directive européenne de 2006 relative à la protection des salariés. Cette loi protège les ouvriers du bruit industriel, mais comment peut-on la respecter lorsqu’il est question d’un guitariste qui reste une heure sur scène ?

Je tiens par ailleurs à ce que la distinction entre spectacle vivant et discothèques soit bien claire.

Jean-Dominique POLACK, Vice-président de la Semaine du Son, Professeur à l’Université

Pierre et Marie Curie (UPMC)

Bonsoir. Je vais revenir sur la question des nuisances sonores. Nous avons parlé des nuisances aériennes, des nuisances dans la ville, mais n’avons pas dit un mot des nuisances souterraines. 2,5 millions de personnes prennent chaque jour le métro. Comparativement au niveau sonore, par exemple, du métro de Munich, les trains parisiens sont extrêmement bruyants. Il serait temps de s ’occuper de ce dossier. La RATP se refuse à agir.

Victor HAIM, Président de l’ACNUSA

Je suis désolé que Madame KELLY ait pris mon propos pour une agression. J’ai noté en l’écoutant qu’un parlementaire a demandé une règlementation après l’apport des modifications. Je ne suis donc pas le seul à n’avoir pas perçu le changement du niveau sonore des publicités.

Mon objectif n’était pas d’opposer le son et le bruit, mais d’attirer l’attention sur une population qui souffre du bruit. Un bruit est différent d’un son identifiable. Par ailleurs, mon intervention ne visait pas uniquement les avions. J’ai ainsi parlé des voies rapides et du métro.

Je pense que c’est dans ce secteur que des recherches relevant à la fois de la sociologie, de la psychologie et de la médecine devraient être menées.

Michel ALBERGANTI, Journaliste scientifique à Slate.fr et producteur de l’émission

« Science Publique » sur France Culture

Nous avons largement abordé ce problème dans le cadre des nuisances sonores de l’environnement.

Puisque nous approchons de la fin de notre soirée, je vais donner la parole à Andr é STAUT, qui va nous expliquer le fonctionnement d’un Club Parlementaire.

André STAUT, Staut & Associés

Si j’avais eu des doutes sur la richesse du monde du son, ils auraient disparu après ce diner. Je ne regrette pas d’avoir écouté Christine KELLY quand elle m’a demandé de recevoir Christian HUGONNET. C’est lui qui nous a amenés à mettre notre expérience de Club Parlementaire au service de ce beau sujet.

Staut & Associés possède une expérience dans plusieurs clubs parlementaires. Nous menons depuis huit ans le CPAA, Club Parlement aire sur l’Avenir de l’Audiovisuel et des médias. Puis nous avons créé un Club

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sur la publicité, actuellement en sommeil, que nous allons d’ailleurs bientôt relancer en l’associant au CPAA. Nous menons également un Club parlementaire consacré au sport, le CPSEC.

Dans tous ces secteurs, le but est d’animer des plateformes d’échanges et de dialogue ouvertes et transversales. Ces plateformes sont neutres et constituent des outils de veille, de travail et d’échange d’informations entre les acteurs de chaque secteur d’activité concernant chaque club.

Ce soir, nous avons posé les fondations de notre nouveau Club, le Club parlementaire Son et Société, relatif à votre passionnant et dynamique secteur.

Dans la foulée, nous allons avec Christophe BOUILLON, convaincre un noyau dur de parlementaires d’être actifs sur le sujet. Simultanément nous allons vous rencontrer afin de vous expliquer plus en détails le fonctionnement du club et les conditions d’adhésion et très vite constituer le groupe des premiers membres du Club représentant les acteurs du secteur du Son dans sa diversité. Une réunion aura ensuite lieu entre les membres pour lister les thèmes à aborder et ébaucher un calendrier.

Je pense que l ’un des premiers thèmes sera la sant é.

Je laisse à Christophe BOUILLON le soin de conclure cette soirée.

Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime

Je vous remercie une nouvelle fois de votre présence et de votre participation. Nos intervenants nous ont permis d’entrer rapidement dans le débat. Vous avez ouvert ce soir de nombreux chantiers de réflexion. Il nous appartiendra, dans les mois qui viennent, de rendre cette question centrale à l ’Assemblée, ainsi qu’au Sénat.

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Liste des présents au diner-débat

Nom Prénom Société

ADELISE Miguel FICAM - Fédération des industries du cinéma, de l’ audiovisuel et du multimédia

ALBERGANTI Michel France Culture

BALIZET Véronique La Semaine du Son

BALLARIN Patrick Digitime

BERGER Kheira INA - Institut national de l’audiovisuel

BIDOU Dominique CIDB - Centre d'information et de documentation sur le bruit

BINET Olivier AFSI - Association Française du Son à l'image

BLANCHARD Jean-Philippe Audiopole

BOUILLON Christophe Député de Seine Maritime

BOUTEILLER Pierre Journaliste

CAMBON Gérard CNB - Conseil National du Bruit

CHARRIERE Marc Alcatel Lucent

CLARK Gisèle REALISASON

DAUDIGNON Thierry Starkey

DEBONNET-LAMBERT Alice CIDB - Centre d'information et de documentation sur le bruit

DECALONNE Jean-Claud e Feeling Music

DUBOIS Anne-Mareille Staut & associés

DUFOURNET Dominique Bucodes - Surdifrance

ERNOULD Franck Journaliste

FODDE Gilles Yamah a Music Europe

FURIC Bertrand Association Agi-Son

GARCIA Alexandre CNAM

GIRARD-REYDET Eric ACNUSA

GLADIEU Michel GH Acoustique

GODINHO Luis UNSAF- Syndicat National des audioprothésistes

GRAND D’ESNON Anne France Televisions

GRETHER-REMONDON Marc France Télévision Publicité

GUIGNOUARD Philippe LASA

GUINET Cyril France Televisions

HAIM Victor ACNUSA

HEBERT Laurent CST - Commission Supérieure Technique de l'Image et du Son

HEGER Bernard Simavelec

HORVILLEUR Jean-Louis La Semaine du Son

HUGONNET Christian La Semaine du Son

JACQUAND Klara Association Agi-Son

JANVIER Evelyne Collège Européen d es exp erts en ad ministration publique

KANDIN Jean-Michel Radio France

KELLY Christine CSA

LAMY Antoine Le Kiosque Haby Consultants

LE MUET Yoan Saint-Gobain Ecophon

LEFEVRE Eric Ministère de la Défens e

LIBOLT Anaïs Dolby

LOUPIAS Gérard DTS Inc

MABILLE Pascal DMS - Digital Media Solutions

MAESTRACCI Vincent Ministère de l'Education nationale

MAFFEI Elena Staut & associés

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MARIANI-DUCRAY Francine CSA

MARTIN Stéphane ARPP

MIETLIKI Fanny BruitParif

MIGNON Armelle Radio France

MISEREY Yves Le Figaro

MISTLER Blaise SACEM

MOURET Vincent DMS - Digital Media Solutions

OLNY Xavier CETE Lyon - Centre d'Etudes Techniques

PETIT Christine Institut Pasteur

POLACK Jean-Dominique Université Pierre et Marie Curie

POUBEAU Pierre Compagnie des experts judiciaires

PUISSILIEUX Agnès Université Paris 1

REINE-ADELAIDE Estelle La Semaine du Son

ROGER Matthieu CSA

STAUT André Staut & associés

TERUGGI Daniel INA (institut national de l’audiovisuel)

THAI-VAN Hung Hôpital Lyon Sud

TORBAY Vania Acousystem

TORBAY Joseph Acousystem

VINCENT Bruno Acoucité

WANEGUE Jean-José Journaliste

ZAGURY André TSF-Tivoli Audio

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Communiqué d’intention :

« Club Parlementaire Son & Société » Trop souvent ignoré ou mal connu, le SON est pourtant une véritable question de société tant il impacte notre être et notre quotidien sous de multiples aspects : culturel, médical, environnemental, économique et pédagogique. Chaque année, l’association présidée par Christian Hugonnet « La Semaine du Son » nous rappelle l ’importance des problématiques liées au son. De ce constat est née la volonté d’apporter une continuité et une régularité en créant une plateforme active de rencontres et de dialogue : un « Club Parlementaire Son & Société ».

Le but du « Club Parlementaire Son & Société » est de sensibiliser les décideurs publics et les entreprises de l’importance de notre environnement sonore. Rapprocher les acteurs et instances concernés par les problématiques du son avec les milieux économiques et les pouvoirs publics. La présidence du « Club Parlementaire Son & Société » sera assurée par un collège de parlementaires de profil et d’appartenance politique différents ayant une légitimité incontestable et une forte représentativité pour l’efficacité et le bon rayonnement de cette plateforme. (Comme par exemple les députés Christophe Bouillon et Philippe Meunier, auteurs du rapport d’information de juin 2011 sur les nuisances sonores) Cette plateforme pourra se réunir sous forme de petit-déjeuner ou de dîners-débats (autour de 2-3 dans l’année) déclinant autour d’un ou plusieurs invités les thèmes d’actualité touchant l’environnement sonore. Si les rencontres s’effectuent en principe dans l’enceinte parlement aire (Assemblée nationale ou Sénat), les membres et autres participants pourront à loisir se déplacer au gré d’un thème ou d’un invité spécifique et en fonction des opportunités. Une adhésion à ce « Club Parlement aire Son & Sociét é » sera proposée aux acteurs concernés à la rentrée parlementaire. C’est tout naturellement vers Staut & Associés que s’est tournée l’association pour assurer la bonne marche de cette plateforme. En effet, André Staut est cofondateur de plusieurs Clubs parlementaires chargés d’assurer le dialogue entre les sphères publiques et économiques de façon continue dans plusieurs secteurs: le CPAA (Audiovisuel et Médias en 2004), le CPPES (Publicité en 2009) et le CPSEC (Sport en 2011)

Les rencontres du club

� 19 février 2013 : Dîner-débat de lancement du Club.

33 rue de Tocqueville, 75017 Paris

Tel: 01 43 80 62 26 / Fax: 01 43 80 35 54 [email protected] - clubparlementairecpson.blogspot.fr

www.stautassocies.fr