conférence régionale de santé du languedoc-roussillon conférence régionale de santé nous...
TRANSCRIPT
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 1
Conférence régionale de santédu Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006
Ouverture de la séance 3Jean-Pierre RIGAUX 3Directeur de la DRASS du Languedoc-Roussillon 3Dr Alain CORVEZ 5Directeur de l’ARH 5Madame Sylvie CABANES 5Représentante du Directeur de l’URCAM 5
Etat des lieux de la Conférence Régionale de Santé 6Pr Henri PUJOL 6Président de la Conférence régionale de santé 6
Mission « Dispositif des soins » 7Catherine CECCHI et Alain BETEILLE 7
Mission « Droits des usagers » 8Françoise MAYRAN et Christine MARVEJOLS 8
Les programmes du plan régional de santé publique 18Dominique KELLER 18
Programme « Périnatalité » 20Dr Michel GREMY 20
Programme « enfants, adolescents, jeunes adultes » 21Anne-Sophie DORMONT 21
Programme « adultes » 23Dr. Jean-Paul GUYONNET 23
Programme « séniors » 23Dr Alain COLVEZ 23
Présentation et constitution des groupes de travail thématiques 27
Ouverture des travaux de l’après-midi 31Pr Henri PUJOL 31Président de la Conférence régionale de santé 31
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 2
Ouverture des Etats généraux de l’alcool 31Jean-Pierre RIGAUX 31Directeur de la DRASS Languedoc-Roussillon 31
Etat des lieux épidémiologique 33Dr. Bernard LEDESERT 33
Etat des lieux dans le département de l’Aude 36Dr. Patrick GRESLE 36PH en psychiatrie au centre hospitalier de Carcassonne et responsable du centre d’alcoologie, président de l’ANPA 11
36
Etat des lieux dans le département du Gard 38Corinne CROUZET 38
Etat des lieux dans le département de Hérault 40Mme Meïssa NEKAA 40
Etat des lieux dans le département de la Lozère 42Mme Magali VIALA 42Directrice de l’ANPAA de la Lozère 42
Etat des lieux dans le département des Pyrénées-Orientales 45Michel MEVEL 45
Synthèse régionale et annonce de la restitution des ateliers 47Pr Jean-Louis BALMES 47
Atelier « Alcool et grossesse » 51Dr Philip FABRE 51
Atelier « alcool , jeunes et fêtes» 53Olivier PUECH 53Médecin inspecteur à la DRASS Languedoc-Roussillon 53
Atelier « Alcool et travail » 58Michel MEVEL et Dr GRESLE 58
Atelier « Alcool et seniors » 61Nathalie CHIOTTI 61Directrice du centre d’information régionale sur les drogues et les dépendances 61
Synthèse du débat et restitution 64Pr Henri PUJOL 64Président de la Conférence régionale de santé 64Christine FABRE 65Grès Médiation Santé 65
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 3
Ouverture de la séance
Jean-Pierre RIGAUXDirecteur de la DRASS du Languedoc-Roussillon
Je voudrais, Monsieur le Président, vous donner quelques informations sur l’état de la santé
publique dans notre région depuis la dernière Conférence régionale qui s’est tenue le 10 mai
dernier. La Conférence régionale de santé s’est dotée d’un bureau qui fonctionne et qui se réunit
régulièrement. Je pense que vous-même ou les deux vice-présidentes qui sont à cette tribune
pourront davantage que moi préciser le travail régulier qui est effectué dans ce domaine. Sur un
plan plus général, depuis le 10 mai 2006, deux informations importantes sont à retenir.
D’abord, le plan régional de santé publique a été arrêté par le préfet de région le 3 juillet 2006 pour
les exercices 2006-2007-2008 après avis de la Conférence régionale de santé. Vous avez d’ailleurs
dans votre dossier le document public qui a été diffusé à l’issue de cet arrêté préfectoral. Comme
vous l’aviez demandé et comme nous nous y étions engagés, nous y avons joint l’avis de la
Conférence régionale de santé. L’ensemble des collectivités territoriales, des organismes de
protection sociale, des grandes institutions, fédérations et groupements de professionnels a été
destinataire de ce document qui a été diffusé à plus de 2 000 exemplaires. Il existe également une
présentation simplifiée de ce document de 7 à 8 pages que nous pourrons éventuellement vous
fournir. Depuis que ce plan régional de santé publique a été arrêté, les services de l’Etat, de
l’assurance maladie, le bureau de votre Conférence, tous ceux qui participent aux travaux de la
santé publique essaient de travailler à la mise en œuvre pratique des programmes qui déclineront ce
plan régional de santé publique. Ce travail est en cours. Je pense que lors de la prochaine
Conférence régionale de santé nous pourrons vous donner le contenu de ces programmes. Comme
nous l’avions déjà évoqué, ce plan régional de santé publique aura quatre entrées transversales : la
périnatalité et l’enfance, l’enfance et l’adolescence, l’âge adulte, les personnes âgées. Ce découpage
permettra de donner une autre cohérence à notre plan régional de santé publique.
Deuxième information importante depuis le 10 mai 2006, la mise en place du groupement régional
de santé publique. Je vous rappelle que la loi du 9 août 2004 qui encadre désormais la santé
publique dans notre pays prévoit la rédaction et la mise en forme d’un plan régional de santé
publique sur trois ans, la constitution et l’animation de la Conférence régionale de santé et la
constitution de groupements régionaux de santé publique chargés de mettre en œuvre le plan
régional de santé publique qui a été arrêté par le préfet de région. Ces groupements régionaux de
santé publique ont pour mission :
• d’arrêter les conditions de réalisation du programme ;
• de développer les coopérations entre les différents acteurs qui participent à la mise en œuvre de
ce programme pour la réalisation du plan ;
• de favoriser le rapprochement de l’assurance maladie, de l’Etat et des collectivités territoriales
pour l’organisation des actions de ce plan ;
• de participer au financement des projets éligibles ;
• de contribuer à l’évaluation des programmes ;
• de conduire les campagnes de communication nécessaires à promouvoir la santé publique dans
notre région.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 4
Le groupement régional de santé publique devient donc l’instance exécutive, qui met en œuvre et
qui finance le plan régional de santé publique. La loi du 9 août 2004 prévoit que les groupements
régionaux de santé publique doivent obligatoirement prendre la forme d’un GIP constitué de l’Etat,
qui est majoritaire en voix, de l’ARH, de l’assurance maladie avec sa branche maladie représentée
par l’URCAM et sa branche prévention des accidents du travail et vieillesse représentée par la
CRAM, des grands instituts qui s’occupent de la prévention et de la veille sanitaire (l’Institut
national de prévention et d’éducation pour la santé pour le volet prévention, l’Institut national de
veille sanitaire pour le volet veille et alerte), des collectivités régionales, départementales et
communales qui le souhaitent. Ce groupement régional de santé publique en Languedoc-Roussillon
a pris la forme d’un GIP et sa convention constitutive a été signée le 11 juillet 2006 en préfecture.
Participent à ce jour au groupement régional de santé publique, outre l’Etat représenté par ses
administrations, l’ARH, l’assurance maladie avec ses composantes CRAM et URCAM, l’INPES,
l’INVS, le Conseil régional, trois Conseils généraux sur cinq (le Gard, l’Hérault et la Lozère), neuf
communes (Castelnaudary, Clermont-L’Hérault, Fournel, Limoux, Mende, Montpellier, Nîmes,
Prades et St Alban). En outre, quatre communes ont fait connaître par écrit leur intention de
soumettre leur adhésion à leur instance délibérative à partir de 2007 : la communauté des pays
d’Alès, Béziers, Carcassonne et Narbonne.
Le premier conseil d’administration de ce groupement régional de santé publique s’est réuni le
24 octobre dernier. Je tiens à dire que, parmi les personnes qualifiées qui font partie du conseil
d’administration, le préfet a souhaité qu’à côté de la Mutualité française et de l’Union régionale des
médecins libéraux, le Président de la Conférence régionale de santé, le professeur Pujol, soit le lien
entre la Conférence régionale de santé et le groupement régional de santé publique et puisse être
directement votre porte-parole auprès du groupement régional de santé publique.
Ce groupement régional de santé publique devrait disposer d’un budget prévisionnel de
6 839 900 euros (1 180 000 euros en provenance de l’assurance maladie et 5 649 000 euros en
provenance de l’Etat). Les crédits de fonctionnement seront limités au maximum, mais il faudra un
minimum de personnes pour le faire fonctionner, soit des personnes mises à disposition par l’Etat et
l’assurance maladie, et peut-être quelques personnes recrutées directement au titre de contractuels.
Au global, le montant des crédits de fonctionnement devrait tourner autour de 400 000 euros. Les
crédits d’intervention pour l’année 2007 à l’heure actuelle se chiffrent donc à environ
6 400 000 euros. Dans la pratique, le groupement régional de santé publique sera opérationnel le
1er janvier 2007. Ces 6 400 000 euros ne sont pas immédiatement disponibles parce que ce sont des
crédits qui financent déjà un certain nombre d’actions qui devront être pérennisées : je pense
notamment aux actions de financement des centres de vaccination, de lutte contre les MST, de lutte
contre le sida, de dépistage des cancers. Mais nous pensons que, dès la première année, 1 à
1,3 million d’euros seront disponibles pour lancer un appel à projets sur les politiques de
prévention, cet appel à projets prenant le relais de celui qui était déjà en vigueur entre l’assurance
maladie et l’Etat les années passées. Nous pensons également qu’il convient de réserver 100 000 à
120 000 euros de crédits entre les mains du conseil d’administration pour permettre le financement
d’actions de prévention bien spécifiques qui n’auraient pas été retenues dans le cadre de l’appel
d’offres ou qui ne seraient pas financées dans le cadre des crédits d’intervention fléchés
habituellement. Le groupement régional de santé publique aura donc dès le mois de janvier un plein
exercice. Il s’est doté d’un règlement intérieur. J’en serai le directeur. Le travail de ce groupement
sera d’associer toutes les parties prenantes au groupement régional de santé publique pour conduire
au sein d’un comité des programmes une politique de santé publique au plus près des
préoccupations de nos concitoyens dans la ligne du plan régional de santé publique qui a été arrêté.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 5
Dr Alain CORVEZDirecteur de l’ARH
Je suis particulièrement heureux d’assister ce matin à cette deuxième Conférence régionale de santé
à plus d’un titre. Premièrement, j’ai eu la chance de porter la loi de santé publique devant le
Parlement avec le ministre et nous avions beaucoup débattu du positionnement de cette Conférence
régionale de santé qui avait d’ailleurs été un peu interrompue dans son fonctionnement pendant
quelque temps et j’avais été l’un de ceux qui avaient poussé à ce que l’on ait cet espace de
rencontres que constitue la Conférence régionale de santé. Deuxièmement, la santé publique est un
vaste sujet. D’ailleurs, c’est un terme qui est parfois trop galvaudé au point que tout devient justifié
au nom de la santé publique sans que parfois l’on sache très bien ce que l’on met derrière ce terme.
Je pense que l’on a besoin de resserrer les objectifs pour donner un caractère opérationnel à ce que
l’on fait. Troisièmement, on ne voit pas comment l’hôpital pourrait ne pas être impliqué dans la
santé publique. Et pourtant, la vision structurelle de l’hôpital, pour ne pas dire parfois autiste de
l’hôpital, fait qu’il tourne assez peu son regard hors de ses murs. Je crois qu’aujourd’hui nous avons
une loi de santé publique qui a été assez fondatrice, qui avait été précédée d’ailleurs par la mise en
place d’agences sanitaires dans les années 98 et l’adoption du texte sur le droit des patients. Cette
loi d’août 2004 pose clairement les principes d’une politique de santé publique qui, dans sa
maturation, a trois étages : définir une politique nationale et la décliner opérationnellement sur le
terrain au travers de la Conférence régionale de santé qui fixe les orientations et le groupement
régional de santé publique.
Pour ma part, je serai un partenaire actif et contributif à cette politique car je ne vois pas comment
l’hôpital pourrait rester en dehors de ce sujet. Il n’empêche que du travail reste à faire auprès des
équipes et pour dégager des modes de financement sur des sujets que l’on a toujours tendance à
laisser de côté, en particulier ceux sur l’éducation thérapeutique. Fort heureusement, le plan cancer
nous a déjà montré le chemin de ce que peut être une action de santé publique lorsqu’elle est
volontariste, appuyée et financée. Pour le reste, nous avons encore des difficultés, avec des sujets de
préoccupation qui figurent dans les cinq grandes priorités : la santé mentale, les maladies rares, les
pathologies chroniques liées au vieillissement de la population. A mon niveau, j’aurai la volonté de
collaborer le plus possible à tous ces sujets de santé publique. J’aurai également, je l’espère,
l’occasion d’introduire davantage le débat avec les usagers. Nous avons besoin d’entendre ce que
les usagers pensent de notre système et de notre offre de soins. En effet, si l’on a tendance à
marcher sur deux jambes, l’organisation des soins avec le SROS d’une part et le nouveau mode de
tarification d’autre part, n’oublions jamais la qualité. Il n’est pas de meilleur juge de paix que le
jugement du patient. Ce sera mon leitmotiv permanent et ce sera aussi la réponse à ce mot que je
voudrais le plus opérationnel possible de « santé publique ». Merci.
Madame Sylvie CABANESReprésentante du Directeur de l’URCAM
Je vous prie de bien vouloir excuser Monsieur Létocart, qui n’a pu se joindre à nous aujourd’hui. Je
voudrais vous présenter la place de l’assurance maladie au sein du groupement régional de santé
publique. Nous participons aux travaux du groupement régional de santé publique et du plan
régional de santé publique depuis le début, avant même la mise en place des groupements régionaux
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 6
de santé publique et de la loi de santé publique. En effet, nous travaillons depuis longtemps avec les
services de l’Etat sur la santé publique en région. Nous participons financièrement au plan régional
de santé publique pour le financement d’actions de terrain. Nous avons aussi au niveau de
l’assurance maladie des actions prioritaires qui rejoignent les problématiques de la santé publique
en région. Nous voulons aussi contribuer aux travaux de la Conférence régionale de santé et nous
apporterons notre concours aux demandes qui seront faites par la Conférence. Notamment, des
travaux sur l’offre de soins et la répartition territoriale des professionnels de santé sont menés dans
le cadre des missions régionales de santé dirigées alternativement par l’ARH et par l’URCAM. Je
vous remercie.
Etat des lieux de la Conférence Régionale de Santé
Pr Henri PUJOLPrésident de la Conférence régionale de santé
Après avoir remercié les personnalités qui ont ouvert la séance, je voudrais m’adresser à vous qui
êtes membres de la Conférence régionale de santé et qui ne faites pas partie du bureau de la
Conférence. Vous nous avez élus, ce qui prouve que vous avez confiance en nous, et nous avons
travaillé à marche forcée pour tenir les échéances : il fallait en effet rendre un avis avant juillet. La
séance d’aujourd’hui revêt une grande importance, parce qu’elle est une ressource vers la
conférence plénière dont vous faites partie. Fort heureusement, vous allez pouvoir travailler plus
que vous ne l’avez fait jusqu’à présent parce que nous allons vous proposer des axes de travail. Le
bureau de la conférence a élu Mme Françoise Mayran pour représenter la Conférence régionale de
santé à la Conférence nationale de santé et Mme Catherine Cecchi vice-présidente de la Conférence
régionale de santé. Je peux témoigner que l’une et l’autre ne ménagent pas leur temps.
La Conférence régionale de santé a des missions particulières et un peu atypiques. Je remercie Alain
Corvez qui a été l’un des créateurs du texte., il ne croyait pas aller si loin, car figurez-vous que nous
avons un droit de regard sur l’organisation des soins et sur le respect du droit des usagers.
D’ailleurs, je voudrais saluer les usagers et les représentants d’association qui travaillent avec nous
dans le bureau de la Conférence. M. Lacroix n’est pas ici, mais il subit des soins. Il fait partie des
personnes très motivées.
Tout à l’heure, vous retiendrez votre souffle après les exposés, quand nous vous demanderons de
participer de façon concrète à des travaux dans le cadre de commissions et de groupes de travail. Je
ne fais pas de hiérarchie entre les deux. Quelle est la différence entre les commissions et les groupes
de travail ? Les commissions ont l’obligation de rendre un rapport annuel et les groupes de travail
sont inscrits dans des actions thématiques. Vous avez dans votre dossier la liste des propositions
que nous vous faisons pour participer à un groupe ou à une commission.
Nous avons travaillé sur cinq axes verticaux (modifier les comportements, réduire les risques,
réduire la mortalité évitable, etc.) et, à l’interface entre le plan régional de santé publique, l’action
devient horizontale. Pourquoi pas ? D’ailleurs, l’un de nous, à une réunion du bureau, avait dit :
bien naître, bien grandir, être bien dans l’âge adulte et bien vieillir. Il faut bien comprendre que tout
le travail que l’on a fait en vertical n’est pas nul, au contraire. Je vous remercie de considérer que
cette journée marque votre entrée dans l’action en tant que membre de la Conférence régionale de
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 7
santé. Je pense que les exposés qui vont suivre vous en convaincront. Je remercie tous ceux qui ont
voulu travailler sur un module très spécifique qui occupera l’après-midi : le problème de l’alcool.
Mission « Dispositif des soins »
Catherine CECCHI et Alain BETEILLE
Catherine CECCHI
Je vais vous présenter les travaux menés par la commission 1, qui s’occupe de l’analyse de
l’adéquation de l’offre de soins en Languedoc-Roussillon avec les besoins et les programmes du
plan régional de santé publique. Au départ, notre mission était plus restrictive, mais nous l’avons
élargie parce qu’il nous paraissait important de rentrer dans le cadre du plan régional de santé
publique. Je remercie d’ailleurs les personnes avec qui nous avons travaillé : M. Béteille, M. Nègre,
Mme Stoebrner-Delbarre parce que nous n’avons eu qu’une réunion de travail jusqu’à présent, mais
elle a été très productive.
L’objectif était d’émettre un avis sur l’évolution de la répartition territoriale des professionnels de
santé libéraux et sur le dispositif de permanence des soins. Nous avons défini l’offre de soins
comme la répartition des libéraux et l’évolution de cette répartition. Pour la permanence des soins,
nous avons pris en compte les interactions public-privé et l’accessibilité des soins. Le document de
base sur lequel nous avons travaillé était le rapport de la mission régionale de santé 2005 réalisé en
partenariat par l’ARH et l’URCAM. La méthode que nous avons utilisée était de trouver les
questions à se poser et de réfléchir ensuite sur ces questions. Nous en avons retenu quatre : qui fait
quoi ? Que veut-on connaître ? Comment les connaître ? Que doit-on connaître ? A la suite de ces
questions, je vous donnerai deux exemples pour vous montrer l’état d’avancement de nos travaux.
A la question « que veut-on connaître ? », il nous a semblé qu’il fallait porter un autre regard sur les
tranches d’âges des professionnels libéraux. Pourquoi veut-on les connaître ? Pour les classer en
fonction de leur proximité avec leur degré d’implication dans le circuit de la permanence des soins
et pour connaître la relève possible et apprécier les potentiels existants. En fait, il nous a semblé
important de réfléchir sur le cercle de l’organisation des soins. Le patient étant au cœur de la
permanence des soins, il existe plusieurs couronnes dans l’organisation des soins.
• La première comprenant les médecins généralistes, les gynécologues obstétriciens, les dentistes
et les urgentistes. Je pense que nous avons peut-être oublié les infirmières, mais je vous rappelle
que ce n’était qu’une première réflexion et qu’elle est donc perfectible.
• La deuxième couronne comprenant les kinésithérapeutes, les sages-femmes, les infirmières, les
médecins spécialistes, les orthophonistes, les orthoptistes.
• La troisième couronne comprenant les aides à domicile, les aides ménagères pour personnes
handicapées, les puéricultrices, les aides-soignantes, les laborantines, les infirmiers
psychiatriques, les infirmières, les anesthésistes, les pharmaciens, les épidémiologistes, les
biologistes, les podologues, les psychomotriciens, les opticiens, les orthoptistes, les
orthophonistes, les laborantines. Et la liste n’est pas exhaustive.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 8
Vous voyez que nous avons essayé de balayer large par rapport à l’organisation des soins, parce
qu’il nous a paru important de montrer cette interactivité par rapport à ces trois couronnes et à ce
cercle de l’organisation des soins.
Pour prendre une autre question, « qui doit-on connaître ? », bien sûr la réponse était simple, les
professionnels libéraux, mais il nous fallait aussi avoir les données populationnelles, les
aménagements urbains et les équipements technologiques. Là aussi, la liste n’est pas exhaustive.
Pour prendre l’exemple des aménagements urbains, pourquoi nous sommes-nous posé cette
question ? Tout simplement parce qu’il nous paraissait important dans l’organisation des soins de
connaître la répartition géographique des logements sociaux, mais aussi des logements adaptés en
fonction des types de handicaps : handicaps visuels, poly-handicaps moteur, surdité, déficience
intellectuelle, petite taille, vie en fauteuil roulant. Il nous a aussi paru important de connaître la
répartition des besoins en fonction des âges et les priorités par rapport aux maladies prépondérantes
en Languedoc-Roussillon. Il nous a aussi paru important de connaître la liste internationale de ce
qui existe en matière d’aménagements urbains et de logements permettant de faciliter l’accès aux
soins pour tous : les personnes âgées, les handicapés visuels, sensoriels, mentaux, moteurs, etc.
Vous pouvez remarquer que nous avons essayé de sortir de la réflexion uniquement centrée sur les
établissements de soins pour l’élargir aux besoins populationnels. Les équipements technologiques
nous ont paru aussi importants à connaître. Là aussi, la répartition géographique de l’accès internet
à haut débit, les héliports et les pistes BZ pour les hélicoptères SAMU, mais aussi les perspectives
en matière de technologies en haut débit de la région et de transports dans la région. En effet,
réfléchir à l’organisation des soins sans prendre ces données en considération, c’est oublier des
items importants qui ne permettront pas l’accessibilité, qu’elle soit sous forme informatique ou sous
forme de transport.
La solution d’avenir, c’est une double nécessité de définir clairement ce que l’on veut, de mettre en
place ce que l’on veut mettre en place, restructurer, pérenniser, ensuite de potentialiser les moyens
et les connaissances en les mettant en commun. C’est là que notre rôle est important dans une
notion de créativité et d’imagination. Je vous remercie.
Mission « Droits des usagers »
Françoise MAYRAN et Christine MARVEJOLS
Françoise MAYRAN
L’examen des droits des usagers doit se faire dans un dialogue constructif et constant pour
permettre d’avoir des éléments d’appréciation.
Christine MARVEJOLS
L’objectif était de vérifier que les droits des usagers et du système de santé sont respectés. La
mission était donnée dans l’arrêté du 10 juillet 2006 : rédiger un rapport soumis à l’approbation de
la Conférence régionale de santé et transmis à la Conférence nationale de santé.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 9
Françoise MAYRAN
Notre commission a un rôle dans le cadre de la législation : il est important de le souligner. Nous
devons rendre un rapport en mars 2007 à la Conférence nationale, qui remettra ensuite au ministre
une synthèse de tous les rapports des Commissions régionales de santé et cette synthèse sera rendue
publique.
Christine MARVEJOLS
Le ministère propose de s’appuyer sur des données existantes prenant en compte l’expression des
usagers et de traiter des thématiques communes
La commission a choisi de traiter les thèmes suivants : droit des personnes, accès aux informations
sur leur santé, application de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie,
expression collective et participation des usagers.
Françoise MAYRAN
Heureusement, le ministère nous avait préparé quelques éléments d’information. Les thématiques
communes ont été une orientation souhaitée par le ministère, de manière à ce que dans toutes les
Conférences régionales de santé l’on puisse confronter les situations. La commission a choisi de
s’aligner sur ce qui était proposé par le ministère : le droit individuel des personnes et l’expression
collective. S’agissant de la loi du 22 avril 2005 relative au droit des malades et à la fin de vie, il est
vrai que c’est une orientation souhaitée par le ministère, mais l’on sera peut-être amené à la revoir
un peu puisque la loi date du 22 avril 2005. Même s’il y a eu des avancées dans beaucoup
d’établissements, nous avons peu d’éléments de réflexion. Nous avons eu parfois l’impression que
le ministère nous envoyait en avant-garde pour faire avancer les problématiques, sans avoir
forcément des éléments d’évaluation sur ces thèmes-là.
Christine MARVEJOLSs
La démarche retenue consiste à sélectionner les données existantes, tester la méthode proposée et en
tirer les enseignements, expérimenter une approche complémentaire, faire des propositions à partir
des éléments analysés
Françoise MAYRAN
Nous intervenons au sein de cette commission en tant que bénévole. Grâce à la DRASS, nous avons
pu nous appuyer sur Catherine Fabre, de Grès Médiation, qui nous a aidés à élaborer une
méthodologie de travail avec des étapes importantes. Au-delà, nous avons souhaité garder cette
expression libre avec les usagers. Puis, nous aurons à établir des propositions et à élaborer ce
rapport.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 10
Christine MARVEJOLS
L’étape 1 est celle de l’examen des rapports des commissions des relations des usagers ou CRUQS :
nous avons eu 34 réponses sur 124 établissements sollicités, soit environ 25 % de répondants.
Nous avons ensuite étudié les rapports d’accréditation ou de certification de ces 34 établissements.
Françoise MAYRAN
Nous sommes partis enthousiastes en pensant que nous aurions des éléments très importants à partir
de l’examen des rapports des commissions. Nous avions une grille de lecture que nous avions
élaborée avec Grès Médiation, mais les établissements n’avaient pas cette grille de lecture. Donc,
les rapports envoyés par les établissements n’avaient pas forcément tous les axes que nous
souhaitions aborder. Le taux de 25 % de répondants est à noter. M. Pujol a interpellé
124 établissements, mais ils sont beaucoup plus dans la région. L’ARH est chargée de faire une
synthèse de ces commissions de relations. Pour l’instant, nous n’avons pas eu d’éléments sur ce
travail de synthèse qui pourrait appuyer, compléter et éclairer notre recherche d’évaluation sur ce
qui se fait dans les établissements et sur les problèmes de non droit concernant les droits des
usagers.
Nous avons aussi pensé que les rapports d’accréditation ou de certification de ces établissements
pouvaient être intéressants à étudier. Cela dit, ce sont des documents écrits très formels et très
édulcorés : ils ne donnent pas le sens de ce qu’est la qualité de la relation dans les établissements.
Nous avons aussi besoin de rencontrer d’autres personnes qui puissent nous exprimer l’absence ou
non de communication qui existe dans ces établissements.
Christine MARVEJOLS
Les commissions des relations des usagers ne sont pas encore toutes en place. Elles existent sous la
forme de commissions de conciliation. Nombre d’établissements que j’ai rencontrés et qui avaient
été sollicités n’avaient pas répondu parce qu’ils étaient encore en commission de conciliation. Je
pense que cela se fera au fur et à mesure.
La 2ème
étape consiste à approfondir les investigations, à avoir des entretiens avec des interlocuteurs
clés, représentants d’usagers et représentants d’établissement, à faire un repérage des actions de
mobilisation et d’implication des usagers et à recueillir leur parole.
Françoise MAYRAN
Nous avons eu trois réunions depuis la mise en place de cette commission. Nous avions envisagé
très rapidement de sélectionner un certain nombre d’établissements, petits et grands, publics et
privés, de manière à avoir leur parole par rapport à ces commissions de relations. Mais cela nous a
paru un peu précipité. Nous avons donc décidé de bien évaluer ce qui figurait dans les dossiers qui
nous étaient transmis et, dans un premier temps, d’interpeller des membres de la commission
régionale de santé en plénière, c'est-à-dire ceux qui pourront avoir une expertise pour nous apporter
leur témoignage et, dans un deuxième temps, ouvrir à d’autres représentants d’usagers ou à des
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 11
usagers qui ne sont pas dans la commission régionale mais qui pourront nous apporter un éclairage
important.
Concernant le repérage des actions de mobilisation, c’est dans l’expression collective des usagers
que nous souhaitons chercher des sources et trouver des innovations qui ont pu être faites en
Languedoc-Roussillon concernant la place des usagers dans les forums, dans les rencontres
citoyennes, dans les débats autour de la santé publique. Nous espérons, là aussi, avoir une source
d’information et des retours intéressants. Donc, nous avons tenu à rajouter, dans l’étape 2, le recueil
de la parole des usagers. Il nous paraît important de recueillir sur le vif certaines expressions,
certaines rencontres et de pouvoir entendre leurs témoignages. Merci.
Pr Henri PUJOL
Ces deux présentations ont illustré la façon dont nous avons travaillé, en toute clarté et en toute
spontanéité. Vous avez vu les deux rapporteurs, mais une quinzaine de personnes ont participé à
tous ces travaux. Je vais maintenant donner la parole aux représentants de l’ARH et de l’URCAM
et je vais leur rappeler une phrase très sympathique prononcée par Mme Françoise MAYRAN : « le
président de la Conférence a interpellé les établissements ». Il est vrai que j’ai interpellé les
établissements. Ai-je eu raison ? Je n’en suis pas tout à fait sûr. Quand vous vous adressez à un
directeur d’établissement, il faut être conscient qu’il reçoit beaucoup de questionnements et il
préfère répondre aux questionnements de ceux qui sont allocataires de ressources. Donc, la
méthodologie est très importante pour nous à l’avenir. Devons-nous travailler sur des documents de
l’ARH et de l’URCAM ? Ou devons-nous aller un peu plus loin ?
Dr Alain CORVEZ
Vous me posez une question difficile, M. le Président. Je pense que, dans la situation dans laquelle
nous nous trouvons, nous sommes en phase d’apprentissage de ce que nos cousins québécois nous
ont enseigné il y a moult années de cette démocratie participative autour de la santé. On le voit bien
dans les propos de ce matin : nous avons encore besoin de progresser. Au niveau des institutions, il
en est de même. Nous n’avons pas forcément encore pris l’habitude des partenaires. J’ai moi-même
fait un stage au Québec il y a quelques années et je regardais ce que disaient aujourd’hui les
Québécois sur leur plan de santé publique avant de venir à cette conférence : ils réclament moins de
structure et plus de coordination.
Je crois que ce leitmotiv s’applique totalement à nous. Il existe deux types d’approche. La première
approche est assez logique, nous y sommes plutôt habitués, mais elle est assez asymétrique : c’est
l’approche des structures qui, lancées dans leur propre dynamique, sont capables de produire des
documents d’une grande complexité et parfois d’une grande rigueur, mais qui ne laissent pas
beaucoup de marges de discussion. Et puis, je crois que, de plus en plus, nous avons vraiment un
rôle éducatif à jouer. La participation de quiconque (les usagers, les professionnels libéraux dans le
champ hospitalier, les professionnels du médicosocial dans le champ du sanitaire et inversement),
nous avons sans doute besoin de mieux nous connaître, de nous apprivoiser et de nous faire
confiance. Ce que vous nous proposez aujourd’hui dans une conférence comme celle-ci est
simplement, sur des sujets précis, de faire converger nos intérêts particuliers pour, globalement,
nous mettre dans une réflexion plus collective. Cet apprentissage passe bien sûr par la
démystification de certains de nos univers. Je conçois que l’univers hospitalier soit d’une grande
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 12
complexité, mais il n’en est pas moins vrai que cette complexité n’exclut pas que l’on puisse rendre
des comptes et que l’on puisse expliciter les attitudes que l’on peut prendre dans ce qui concerne le
plus intime de chacun, c'est-à-dire son choix de vie et son choix de mort.
En ce qui me concerne, au plan méthodologique, j’aurais bien envie d’associer davantage les
usagers à la phase amont. J’attends peut-être aussi, c’était d’ailleurs le but de la loi sur l’agrément
puis sur la représentation régionale, que cela s’organise un peu. Rien n’est pire que d’avoir à gérer
aussi des relations avec quelque groupe que ce soit, tout autant les usagers que les professionnels de
santé, pour s’entendre dire que ce n’était pas les bons, qu’ils ne connaissaient pas le sujet ou qu’ils
n’étaient représentatifs de rien. Nous avons donc un vrai besoin de structuration des partenaires, de
façon à ce que l’on puisse aller à l’essentiel, en étant portés aussi par des choses que l’on peut
consolider. Faute de quoi, on peut aussi s’engager dans un perpétuel débat, et c’est parfois notre
petit défaut français.
Mme Sylvie CABANES
Pour l’URCAM, pour éviter de s’engager dans un débat perpétuel, il faut apprendre à se connaître et
se rencontrer et notamment à connaître les travaux que nous menons les uns les autres. Plutôt que
de réfléchir dans son coin, il faut mettre nos travaux en commun et voir si nous pouvons, sur ce que
nous avons déjà fait, vous apporter des réponses. Après, nous le ferons dans la limite de nos
ressources. Il est vrai que l’on peut se poser beaucoup de questions et ne pas avoir les ressources
pour y répondre. Je pense que vous pouvez nous rencontrer. C’est le souhait de M. Létocart.
Pr Henri PUJOL
Je vais maintenant donner la parole à la salle pour des remarques.
Mme Chantal BLANC, ATD Quart Monde
Le mouvement ATD Quart Monde que je représente pense être là pour s’assurer de la mise en
œuvre de l’article 2 de la loi du 9 août 2004 relatif à la santé publique. Cet article 2 crée un article L
14-11-1-1 du code de la santé publique qui dit en substance que l’accès à la prévention et aux soins
des personnes fragilisées constitue un objectif de la politique de santé. Les programmes de santé
publique mis en œuvre par l’Etat, les collectivités territoriales et les organismes d’assurance
maladie prennent en compte les difficultés spécifiques des personnes fragilisées. Ceci représente
une espérance, une attente pour une large population du Languedoc-Roussillon. En 2006, le
Languedoc-Roussillon reste la région de France métropolitaine qui a les indicateurs de pauvreté
(CMU, accès au fonds d’aide aux jeunes) les plus élevés. A l’heure où des milliers de personnes ont
été exclues de l’AME, nous assistons à des déremboursements, à des dépassements d’honoraires, à
la perte de l’aide à la mutualisation militante comme celle qui existait autour de la CPAM de
Béziers qui n’est pas bien remplacée par le crédit d’impôt beaucoup plus inaccessible, à de
nombreux refus de prise en charge des personnes bénéficiaires de la CMU complémentaire,
notamment par les médecins spécialistes et les dentistes. Dans ce contexte, les dispensaires de
solidarité bénévoles sont plus que nécessaires et le dispensaire Accueil Santé Béziers soigne un
grand nombre de personnes qui ne trouvent aucun accès aux soins ailleurs. En particulier, ce
dispensaire va jusqu’à donner de l’insuline à des diabétiques insulino-dépendants. Nous sommes
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 13
tombés dans une situation où la santé devient une charité alors que nous pensions que le droit à la
vie était un droit. En bout de chaîne, l’âge moyen des décédés calculés par le collectif Les morts de
la rue est de 49 ans. Aujourd’hui, 20 novembre, c’est la journée nationale des droits de l’enfant. Je
suis là pour dire l’attente de tous ces enfants du Languedoc-Roussillon qui ont la bouche pleine de
caries, qui sont refusés par le dentiste, qui ne peuvent pas aller chez l’orthophoniste alors que la
directrice d’école écrit qu’ils en ont besoin, et ainsi de suite. Je vous demande pardon pour la
maladresse avec laquelle je m’exprime depuis le début de cette conférence de santé, mais le sens de
ma présence est là. Si je dis que c’est une attente, c’est parce que je crois en la nature humaine et
que j’espère que finalement cette attente se concrétisera non pas dans des groupes de parole au sein
de la Conférence régionale de santé – il est important que ces groupes fonctionnent et je remercie le
Pr Pujol de les proposer -, mais également dans le concret : je souhaite que ces gens se sentent
attendus dans notre système de prévention et de soins.
Pr Henri PUJOL
Merci Mme Chantal Blanc. Ce que vous appelez de la maladresse, nous l’avons vécu dans les
travaux auxquels vous avez participé, nous l’appelons de la combativité, de l’émotion et de la
générosité. Puisque tout à l’heure, vous allez intervenir en tant qu’animatrice du groupe
« précarité », je pense que cette pugnacité sera convaincante.
M. Robert CRAUSTE, vice-président de la région Languedoc-Roussillon
Je voudrais d’abord remercier celles et ceux qui ont travaillé dans ces groupes, dont le résultat nous
est présenté aujourd’hui. Par rapport à ce qui nous tient à cœur, cette démocratie sanitaire et la place
des usagers et des associations d’usagers, il faut véritablement poser aujourd’hui le problème du
financement de ces associations. Ils n’ont pas de moyens de fonctionnement, ils ne sont pas
remboursés dans leurs déplacements, ils n’ont pas de moyens de se former. Les collectivités
territoriales veulent bien participer, mais je pense qu’au plus haut niveau de l’Etat, il est nécessaire
de dégager un financement précis en faveur des associations d’usagers.
Concernant la permanence des soins, je pense que, dans ces premiers cercles d’intervention, il faut
rajouter les services d’hospitalisation à domicile, le HAD, les SSIAD et les réseaux.
Les maisons de santé pour tous ne sont pas la solution à tout, mais je pense que c’est un outil qui
pourrait dans l’avenir répondre à ces missions d’éducation, de prévention et de proximité.
Concernant les urgences pré-hospitalières, je pense que notre nation doit trancher entre une urgence
pré-hospitalière médicalisée, une urgence pré-hospitalière mixte ou une urgence pré-hospitalière
non médicalisée avec, dans ce cas, une augmentation forte du niveau de formation des secouristes.
Dr Alain CORVEZ
J’ai beaucoup de respect pour Mme Blanc, que j’invite à venir me rencontrer le plus vite possible à
l’ARH. Je suis particulièrement sensible à ce que vous avez présenté. J’étais mercredi dernier à
Perpignan assister à l’inauguration d’un centre de la Croix Rouge pour le plan hiver à l’intérieur
même de l’hôpital. Je trouve que c’est une symbolique très forte de voir qu’à l’hôpital on puisse
aussi faire du médicosocial et du social.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 14
Je voudrais dire qu’au-delà de ce que vous cité sur la précarité, j’insiste aussi beaucoup sur la santé
mentale. Aujourd’hui, un tiers des personnes qui vivent dans la rue souffrent de pathologies
mentales qui ne sont pas prises en charge et qui ont énormément de complications. Nous avons un
devoir d’agir et, pour être concret, dans les contrats d’objectifs et de moyens avec chaque
établissement, je mettrai un accent tout particulier sur l’accessibilité. Même si l’hôpital n’est pas le
seul mode de réponse à ce problème, en tout cas il doit y contribuer parce que c’est souvent aussi la
dernière petite lumière allumée la nuit ou dans les moments difficiles.
Mme Sylvie CABANES
Nous avons déjà eu des conversations sur ce sujet avec Mme Blanc. L’assurance maladie, même si
elle ne s’occupe pas complètement des droits des usagers sur l’aspect évaluation, se préoccupe
d’ouvrir des droits aux usagers pour accéder aux soins. Il est vrai que le dispositif est peut-être
complexe, mais des dispositifs se mettent en place. Ainsi, le plan national bucco-dentaire couvre un
bilan bucco-dentaire à différentes périodes de l’enfance et de l’adolescence avec une prise en charge
à 100 % des soins effectués suite à ces bilans. Ce dispositif n’existait pas lors de la première
conférence quand vous m’aviez interpellée sur ce dossier. La CMU est aussi un élément de réponse.
Il est vrai que certaines personnes n’ont pas accès aux soins, mais il appartient aux associations de
nous faire remonter ces informations. Nous essayons d’informer au mieux des droits, mais il est
vrai que certaines personnes n’accèdent même pas à l’information.
Un représentant de l’URAPEI
L’URAPEI représente les personnes handicapées mentales, physiques ou sensorielles. Je vous
remercie de m’avoir invité à participer à la Conférence régionale de santé car les personnes
handicapées vieillissent et, à leur handicap de base, s’ajoute le handicap de la vieillesse. Dans le
droit des usagers en question, les personnes âgées qui sont en maison de retraite ordinaire ont une
moyenne d’âge de 85 ans environ tandis que les personnes handicapées ont 60 ans : cela pose un
problème de cohabitation de générations différentes. Je pense qu’il faudra, dans l’accompagnement
de ces personnes, tenir compte de leurs spécificités. Des études sont en cours sur les maisons de
retraite mixtes, avec des personnes âgées ordinaires et des personnes handicapées mentales, mais on
en est encore aux balbutiements. Je crois qu’il faudra que la Conférence régionale de santé se
penche sur ce problème. Nous sommes à votre disposition pour participer à tous les travaux que
vous voudrez bien nous proposer.
Mme Françoise MAYRAN
Je voulais rebondir sur ce qu’a dit Chantal BLANC qui fait partie de notre commission. Nous avons
discuté par rapport aux thèmes retenus. L’accès aux soins était dans les thématiques. Il nous a paru
important de rappeler que, lors de notre avis sur le plan régional de santé publique, nous avons posé
un principe transversal : ne pas réduire la précarité et l’accès aux soins à une commission. On
traitera forcément ce thème dans les relations avec les usagers. Ce principe transversal, c'est-à-dire
la réduction des inégalités, à mon avis, doit être pris en compte aussi bien dans le premier groupe
sur la permanence des soins que dans les quatre axes dégagés par le plan régional de santé publique.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 15
Mme BASCOUL, association consommation, logement et cadre de vie
C’est avec plaisir que nous voyons le plan de travail et la place qui est faite aux usagers des
systèmes de santé. Je voudrais seulement attirer l’attention sur des interrogations par rapport à la
place des consommateurs. Aujourd’hui, le consommateur est confronté au problème suivant. Le
nombre des médicaments déremboursés est énorme. Le médicament devient une marchandise.
Notre équipe a fait une comparaison de prix. Ces médicaments étaient, il y a quelque temps,
prescrits par un médecin. Cela veut dire qu’ils avaient un impact sur la santé me semble-t-il.
Aujourd’hui, ils passent en vente libre sans aucune surveillance. A mon avis, c’est la porte ouverte
à l’automédication. Je pose la question à la Conférence régionale de santé. A quel niveau va-t-on
prendre en compte cette place du consommateur qui est face à un professionnel dans une relation
mercantile ?
Pr Henri PUJOL
Vous êtes vous-même membre de la Conférence régionale de santé. Donc, vous allez trouver un
groupe dans lequel vous pourrez exposer votre dynamisme. Merci pour vos remarques.
Mme Françoise MAYRAN
Vous êtes bienvenue dans la commission « respect des droits des usagers ».
Pr Henri PUJOL
Je voudrais rebondir sur ce qu’a dit Monsieur Robert Crauste Bien que vice-président de la région
Languedoc-Roussillon, il a beaucoup participé à nos travaux. Il a posé la question de soutenir dans
la conférence les personnalités qui font partie des associations, parce qu’elles sont totalement
bénévoles et ne sont pas adossées à un organisme qui puisse leur payer leurs déplacements de
Perpignan ou de Lozère quand elles viennent participer à un groupe de travail. Monsieur le
directeur, j’ai entendu tout à l’heure que dans le plan régional de santé publique, une enveloppe de
quelques millions d’euros et quelques centaines de milliers d’euros était prévue pour la logistique.
Peut-être faudra-t-il que nous vous proposions un dispositif qui permette aux membres de la
Conférence régionale de santé de s’exprimer dans des groupes de travail sans être pénalisés
financièrement.
M. Jean-Paul RIGAUX
Je vous l’ai dit en bureau. Je crois qu’il faut que nous fassions en début d’année un point sur le coût
qu’ont généré la mise en place de la Conférence régionale de santé qui s’est réunie trois fois (deux
fois en réunion de travail et une fois en réunion d’installation) et les réunions de bureau. Nous
avons un budget et nous vous donnerons le résultat de ce budget. Le problème des frais de
déplacement est un problème difficile à résoudre dans la mesure où leur remboursement n’est pas
expressément prévu. Si une décision était prise de rembourser la totalité des frais de déplacement de
tous les membres de la Conférence régionale de santé, je pense que le budget qui est actuellement
fléché sur la Conférence régionale de santé n’y suffirait pas. Alors, me direz-vous, il faudrait
rembourser uniquement les frais de déplacement pour les usagers et les petites associations. Moi, je
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 16
veux bien, encore faut-il que l’on définisse qui représente les usagers et qui représente les petites
associations parce que, pour moi, la Conférence régionale de santé est représentative de l’ensemble
des partenaires de la région Languedoc-Roussillon et chacun de vous représentez des usagers et des
associations. Je vous propose, M. le Président, de constituer un petit groupe de travail pour jeter les
bases d’une règle parce que le problème que vous soulevez est un vrai problème.
Sans alourdir le débat, je voudrais, pour reprendre le sens des interventions des uns et des autres,
vous dire que nous sommes là au cœur du débat de la Conférence régionale de santé. Je peux vous
assurer que tous les dispositifs, notamment depuis la mise en place de la CMU et de la CMU
complémentaire, existent pour permettre à toute personne qui est sur le territoire français de
bénéficier d’une bonne couverture maladie et d’un accès aux soins correct. Le problème est que cela
ne fonctionne pas toujours comme on l’entend, soit parce que les structures hospitalières ne sont pas
prêtes à accueillir ces personnes en difficultés, soit parce qu’un certain nombre de libéraux ne
veulent pas accueillir dans leur cabinet des personnes précaires, soit parce que l’information ne se
fait pas correctement auprès des intéressés. Justement, la Conférence régionale de santé doit
permettre, et vous avez commencé à le faire, de repérer les dysfonctionnements et les besoins.
S’agissant de l’accès aux soins des populations les plus précaires, là aussi, le débat n’est pas récent.
Dans le passé, nous avions mis en oeuvre en liaison avec l’ARH et l’assurance maladie un dispositif
qui s’appelait le plan régional d’accès aux soins et à la prévention (PRAPS) qui était un outil qui
finançait des actions permettant de faciliter l’accès de ces personnes précaires pour ensuite les
mettre dans le droit commun. Après moult réflexions, il a été considéré que le PRAPS revenait à
créer une filière différente du droit commun et qu’il était préférable de faire un plan régional de
santé publique généraliste avec des dispositions particulières d’accompagnement pour les plus
démunis. C’est ce qui a été fait dans les différents appels d’offres sur les politiques de prévention où
environ 35 à 40 % des crédits était fléché pour les populations les plus démunies.
Enfin, vous demandiez, M. le Président, si vous aviez eu raison ou tort d’interpeller directement les
établissements hospitaliers pour la mise en place de la commission des relations avec les usagers. Je
dirai qu’en période de routine, il sera préférable de s’adresser directement aux administrations qui
gèrent ce type de dispositif, mais pour cette année, je trouve que votre interpellation directe n’était
pas une mauvaise chose, parce qu’elle a permis au moins de rappeler que l’ensemble des
établissements étaient obligés de créer ces structures. Là aussi, on touche du doigt les difficultés que
rencontrent l’ensemble des pouvoirs publics. Entre le moment où s’exprime la volonté politique de
mettre en place un dispositif (2002) et son application sur le terrain dans la réalité de la vie
courante, il s’écoule parfois de nombreux mois voire de nombreuses années, en l’espèce plus de
cinq ans. Donc, votre interpellation a été à mon avis bénéfique et elle permettra de faire avancer les
choses.
Pr Henri PUJOL
Vous pensez que même ceux qui n’ont pas répondu ont lu la lettre ?
M. Jean-Paul RIGAUX
S’ils n’ont pas répondu, c’est qu’ils avaient des difficultés.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 17
Un intervenant
Concernant le médicament, il faudrait se poser la question : est-il bien rationnel et efficient que
dans notre pays on dépense beaucoup plus qu’ailleurs en médicaments ? Est-ce que l’on en tire un
bénéfice sanitaire ou non ? Cette question me semble poser un problème fondamental : celui de
l’évaluation. L’activité actuelle, la dépense actuelle est-elle bien orientée ? J’ai entendu un certain
nombre de remarques très judicieuses sur des besoins qui sont mal couverts. Vous avez parlé par
exemple de santé mentale. Faut-il augmenter les budgets ou au contraire mieux utiliser les moyens
actuellement disponibles ? Nous, service médical, nous sommes très axés sur cette analyse de
l’opportunité de ce qui est fait actuellement. Bien que l’on n’ait pas réalisé d’étude structurée sur la
bonne utilisation du système de soins, on a quand même beaucoup d’éléments pour dire
qu’actuellement le système est mal utilisé et le médicament en est une illustration éclatante. Il me
semble que toute cette organisation de santé doit être bâtie sur l’évaluation actuelle du système.
M. Corvez a abordé la question de l’hôpital et la question des SROS qui sont des questions
fondamentales.
Dr Alain CORVEZ
Je voudrais simplement dire que ce n’est pas antinomique aujourd’hui. Moi, je revendique le droit à
l’interpellation des usagers. Le système de santé a parfois tendance à s’évaluer lui-même. En tant
que producteur, il évalue sa production. Or tout le monde sait bien qu’une grande partie des besoins
aujourd’hui sont simplement analysés au travers de la consommation des soins et non pas au travers
du service rendu. Au-delà de l’évaluation de notre réponse à ce qui est une consommation de soins,
nous devons prêter davantage attention à ce que sont les attentes d’une partie de la population qui
ne sont pas toujours mesurées par nos indicateurs institutionnels et structurels. J’ai beaucoup étudié
le sujet particulier de la santé mentale. Tout à l’heure, Monsieur a aussi parlé du problème des
handicapés. Cela n’apparaît pas souvent dans les chiffres. Nous avons donc de vraies réflexions à
avoir sur les zones d’ombre du système. Sans tomber dans le débat permanent de qui représente
quoi, à un moment nous devons écouter quand même un certain nombre de demandes et les prendre
en compte par des indicateurs qui n’ont peut-être pas toute la rigueur scientifique que l’on
souhaiterait, mais qui ont le mérite de relater des situations humaines. Moi, je serai attentif à ce que
ces remontées se fassent parce que le mode d’expression de ceux qui sont exclus du système de
soins n’apparaît pas dans les indicateurs du système de soins.
M. Jean ASSENS, vice-président de l’URCAM
Je voudrais faire part d’une certaine déception. Lors de notre première réunion, nous avions bien dit
que notre objet était la santé publique et que la santé publique allait bien au-delà du système de
soins et qu’elle englobait l’environnement et les comportements à risques. Or ce matin nous ne
parlons que du système de soins qui est un élément essentiel de la santé publique mais qui n’est pas
tout. Moi, j’attends de la Conférence régionale de santé qu’elle fasse le lien entre les différents
acteurs, notamment entre le système de soins et les collectivités territoriales qui interviennent sur la
qualité de l’air, sur la qualité de l’eau, sur l’environnement.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 18
M. Bruno LEDU, représentant des infirmiers libéraux
Je voudrais rebondir sur ce que disait Monsieur Assens, dont je partage tout à fait l’avis. Bien
entendu, nous allons participer au dispositif de soins, mais pour parler des liens avec
l’environnement, etc. je voulais aussi interpeller la Conférence régionale de santé sur ce qui existe
déjà dans l’organisation sanitaire, c'est-à-dire les liens avec le comité régional de l’organisation
sanitaire et sociale et avec le comité régional d’organisation médicosociale. Y a-t-il des ponts entre
ces deux instances consultatives ?
Mme Catherine CECCHI
Dans la réflexion que nous avons menée concernant le système de soins, vous avez pu remarquer
que nous nous sommes posé ces questions de l’environnement. Connaître les pistes BZ pour les
hélicoptères du SAMU fait partie de l’environnement. Mais il est vrai que notre réflexion ne fait
que démarrer et vous êtes le bienvenu dans notre groupe.
Pr Henri PUJOL
Je voudrais rassurer M. Assens parce qu’il a beaucoup travaillé avec nous et il sait que nous avons
passé des heures à parler de l’environnement, de la santé publique au sens de la prévention des
risques. Il s’est trouvé que nous avons commencé par les soins. Peut-être est-ce de ma faute, j’ai
mal maîtrisé le temps, mais il y avait des gens importants et convaincus. Nous avons bien compris
qu’il allait se passer quelque chose pour la précarité. Or nous savons que ceux qui ont des
difficultés d’accès aux soins sont les mêmes que ceux qui sont exclus de la prévention et du
dépistage.
M. Dominique KELLER
Je dirai un mot pour répondre sur le lien avec les CROSS. M. Billy a été élu par le CROSS sanitaire
pour le représenter la Conférence régionale de santé et M. Chevalier représente le CROSS
médicosocial : donc il y a bien des membres du CROSS qui siègent à la Conférence.
Les programmes du plan régional de santé publique
Dominique KELLER
Le plan régional de santé publique a été arrêté le 3 juillet 2006. Ce plan contribue à la mise en
œuvre des objectifs nationaux de santé en tenant compte du diagnostic régional. Il doit comporter
un ensemble coordonné de programmes et d’actions pluriannuels. Un continuum doit exister entre
la prévention et les soins dans le cadre d’une approche globale de santé qui a été retenue par le plan
régional de santé publique. C’est pour cela qu’il est important qu’il y ait une forte articulation entre
le plan régional de santé publique et le SROS. La composition du groupement régional de santé
publique vous a été donnée tout à l’heure, donc je n’y reviendrai pas, mais j’insisterai sur le fait que
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 19
le travail par programme a pour objectif de rendre lisible dans le respect des compétences de chaque
administration, de chaque organisme d’assurance maladie, de chaque collectivité territoriale leur
capacité d’intervention par rapport à des objectifs et à des stratégies partagées.
Quatre programmes ont été retenus dans le plan régional de santé publique autour des quatre
périodes de la vie : un programme « naissance » qui est animé par le Dr Michel Grémy de la
DRASS, un programme « enfants, adolescents, jeunes adultes « qui est animé par Anne-Sophie
Dormont, un programme « adultes » qui associe le Dr Jean-Paul Guyonnet et le Dr Frédéric Jacquet
de la DRASS, et un programme « vieillesse » qui associe le Dr Colvez et Jean-Paul Romarin de la
DRASS.
Le choix des programmes a les fondements suivants :
• avoir une réponse cohérente et coordonnée par rapport à des objectifs partagés sur une
période de la vieQuand on regarde les programmes autour des périodes de la vie, on se rend compte qu’il y a un
positionnement naturel des collectivités territoriales. Ainsi, les Conseils généraux sont tout à
fait légitimes pour intervenir dans le champ de la périnatalité et dans le champ des séniors. Du
fait de la politique volontariste du Conseil régional, il est légitime à intervenir sur le programme
« enfants, adolescents, jeunes adultes ».
• faciliter la mobilisation des professionnels
• s’asseoir sur des instances de coordination qui fonctionnentJe pense à la conférence régionale de la naissance pour la périnatalité, à la conférence régionale
du vieillissement pour la vieillesse, à la commission régionale de l’organisation des soins de
l’enfant et de l’adolescent qui est prévue dans le cadre de l’animation des SROS et dont
l’objectif a été élargi au volet prévention.
Les principes d’élaboration sont les suivants. Les programmes ne réinventent pas des objectifs, mais
reprennent les objectifs du plan régional de santé publique et regardent en quoi ces objectifs
correspondent aux tranches d’âge concernées. Plusieurs objectifs du plan régional de santé publique
peuvent être traités simultanément dans les programmes. Dans l’axe 1 et l’axe 3 par exemple, un
objectif tourne autour des addictions. Je pense que l’intérêt est de pouvoir, dans le cadre d’une
démarche de programme, les rejoindre pour que l’on puisse avoir un continuum de la prévention au
dépistage et à la prise en charge.
Le lien entre les différents programmes doit être permanent. Je pense notamment au problème de
l’addiction de la femme enceinte qui est traité dans le programme périnatalité, en lien avec le
programme qui concerne les adultes.
Les ressources et les actions existantes doivent être valorisées dans ce programme. Par exemple, le
programme périnatalité s’appuie sur la démarche qui a été entamée depuis 5 ou 6 ans dans cette
région. Il ne s’agit pas de réécrire, il s’agit de reconnaître et d’amplifier ce qui a déjà été mené et
qui a produit un certain nombre de résultats sur le terrain.
Les programmes sont un cadre de référence. Le groupement régional de santé publique a pour but
d’organiser une mise en œuvre des moyens de l’Etat, de l’assurance maladie, des collectivités
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 20
territoriales où chacun conserve sa capacité d’initiative, sa capacité de décision et sa capacité
d’investissement.
Le plan régional de santé publique se décline à partir d’objectifs communs avec le SROS et la
politique des réseaux. Encore une fois, il ne s’agit pas de mobiliser que les moyens de la prévention,
mais de mobiliser de manière coordonnée l’ensemble des moyens qui contribuent à la mise en
œuvre d’une politique de santé publique.
Le programme présente une approche de santé publique : la prévention et la réinsertion. Chaque
programme sera constitué d’une matrice qui reprend les objectifs du plan régional de santé publique
regroupés par thème et qui précise la déclinaison de ces objectifs en population générale ou auprès
des populations spécifiques. Vous verrez que, dans ces programmes, il est prévu systématiquement
une entrée « populations vulnérables ».
Programme « Périnatalité »
Dr Michel GREMY
Je vais vous faire un bilan d’étape de l’avancement de la réflexion autour du programme périnatalité
ou bien naître. Ce programme existe depuis 1999 et a été impulsé à la demande des premières
Conférences régionales de santé. Je participe à l’animation de ce programme au niveau de la région
et je contribuerai à l’écrire en partenariat avec le Dr Nadia Rachidi du Conseil général de l’Hérault.
Ce programme a eu la chance de bénéficier en 1999 de la création des commissions régionales de la
naissance, qui sont des instances qui ont été créées réglementairement et qui sont placées auprès du
DRASS. Leur composition est intéressante, puisque chaque commission comprend un collège de
professionnels déclinant l’ensemble des professionnels quel que soit leur mode d’exercice
intervenant dans la périnatalité et un collège d’institutions (ARH, URCAM, DRASS, Conseils
généraux, directeurs d’établissements de santé). En outre, la vice-présidente de la Conférence
régionale de santé participe activement aux travaux de la commission régionale de la naissance.
Cette instance a joué un rôle majeur en termes d’impulsion dans tous les grands chantiers en
matière de périnatalité. Si des progrès ont été accomplis dans ce domaine dans la région, elle a joué
un rôle important.
Comment sera-t-elle associée dans le cadre de l’élaboration du programme périnatalité ? Il s’agit
d’infléchir des modalités d’action qui, pour la plupart, sont déjà largement engagées. Les modalités
concrètes qui ont été choisies ont été d’abord de présenter le plan régional de santé publique à la
CRN le 6 octobre. A la suite de cette présentation, il a été décidé de mettre en place une demi-
journée de travail sous forme d’atelier, ce qui a été fait vendredi dernier. A charge pour ces
différents ateliers de décliner la méthode qu’a exposée M. Keller, c'est-à-dire passer en revue
l’ensemble des objectifs du plan régional de santé publique qui manifestement étaient en lien avec
la périnatalité, et les décliner au niveau des femmes enceintes, au niveau des nouveaux nés et aussi
en direction des populations de femmes ou des couples en situation de précarité. Un autre aspect
spécifique de la démarche d’élaboration du programme périnatalité mérite d’être souligné : la
problématique transversale de la parentalité est absolument à prendre en compte.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 21
En matière d’échéancier, nous nous sommes fixés pour objectif d’arriver à une validation d’un
document à la prochaine séance de la CRN qui est prévue le 19 janvier.
Vous avez compris que ce programme a un certain recul, qu’il a la chance de bénéficier d’une
instance d’animation régionale qui est reconnue par l’ensemble des acteurs institutionnels et qui est
bien connue et bien investie par l’ensemble du réseau des professionnels. Les actions en cours au
niveau de la CRN prennent largement en compte les objectifs du plan régional de santé publique. Il
faut souligner aussi qu’autour des institutions et autour de la CRN de nombreux acteurs ont été
mobilisés pour décliner la politique périnatale de la région. Je citerai le réseau périnatal régional, la
stratégie de communication soutenue par le groupement d’études en néonatologie, le centre
d’orientation périnatal rattaché au CHU de Montpellier.
Suite à la consultation de vendredi, les thématiques qui apparaissent en lien avec la périnatalité sont
les suivantes :
• l’alimentation, l’activité physique, le surpoids et l’obésité avec deux orientations : comment
mieux prendre en charge les femmes enceintes en surpoids ou présentant une obésité ? La
promotion et le soutien à l’allaitement maternel ;
• les addictions (tabac, alcool, autres types d’addictions) ;
• les différentes formes de violence : la violence faite aux femmes, la prévention de la violence
chez l’enfant ;
• le mal être et le suicide ;
• la prise en charge graduée des grossesses dites à risques sur le plan médical ;
• les événements indésirables liés aux activités de soins.
La loi de santé publique nous fixe des objectifs d’amélioration en matière de gain en termes de
mortalité périnatale et maternelle. C’est un défi qui reste important, sachant que, même si notre
programme a obtenu des résultats substantiels, il faut considérer que, là comme ailleurs, rien n’est
acquis définitivement. Je vous remercie.
Programme « enfants, adolescents, jeunes adultes »
Anne-Sophie DORMONT
Ce programme concerne une population âgée de 29 jours à 25 ans. Il est réalisé avec une grande
participation des partenaires concernés par le biais d’un groupe de suivi qui est composé de
l’éducation nationale, des services de santé scolaire (s’appuient sur le programme santé social
académique), les DDASS, les Conseils généraux, avec un très fort investissement du Conseil
général de l’Hérault et de celui du Gard, le Conseil régional, un représentant de la commission
régionale « organisation des soins de l’enfant et de l’adolescent », l’URCAM, la CRAM, l’ORS et
le coordinateur des missions locales d’insertion. Ce groupe de suivi s’élargit autant que nécessaire
au fur et à mesure de l’avancement du programme.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 22
Après avoir sélectionné les objectifs du PRSP concernés pour cette population, j’ai réalisé ensuite
une consultation d’experts et de personnes ressources que je suis en train de poursuivre me
permettant de définir les enjeux de santé de chaque objectif.
Le programme s’appuie très fortement sur les groupes techniques thématiques qui existent déjà dans
la région et qui ont déjà travaillé sur les thématiques comme par exemple le groupe piloté par
Geneviève Le Bihan du programme régional de santé nutrition, le groupe santé des jeunes animé
par le Conseil régional ou un certain nombre de groupes collectif des jeunes, collectif Sida, etc.
L’organisation du programme à laquelle nous arrivons et qui a été pré-validée en comité de suivi est
la suivante. Les objectifs du plan régional de santé publique sont regroupés dans trois lignes :
1-capital santé,
2-comportements à risques et souffrance psychologique,
3-maladies rares, chroniques et troubles de l’apprentissage.
Chacun de ces groupes d’objectifs exprime sa déclinaison :
• auprès de l’ensemble des enfants, adolescents et jeunes adultes ;
• auprès des professionnels ou des lieux qui accueillent des enfants, des adolescents et des jeunes
adultes puisque cette population a la particularité d’être présente en milieu scolaire, en milieu
sportif, auprès de professionnels spécifiques ;
• auprès des populations vulnérables.
La première ligne, « capital santé », regroupe les objectifs du plan régional de santé publique et les
objectifs du programme santé social de l’académie au travers de l’alimentation et l’activité
physique, la sexualité dans son lien avec l’épanouissement, la santé bucco-dentaire, la couverture
vaccinale, la question du sommeil et du rythme de vie des enfants et des adolescents, les aspects
d’information et de communication sur les droits et enfin les questions relatives à l’éducation à la
citoyenneté.
La ligne « comportements à risques et souffrances psychologiques » regroupe les objectifs
insécurité routière, sexualité dans son volet risques, la question des addictions (alcool, tabac,
drogues), les accidents de la vie courante, la question relative aux violences et à la maltraitance, les
aspects de mal être et de prévention du suicide.
La ligne « maladies rares, maladies chroniques et troubles de l’apprentissage » regroupe les
objectifs de qualité de la vie, la prise en charge et le dépistage de l’obésité, les autres troubles du
comportement alimentaire, les troubles de l’apprentissage et les questions relatives à la sécurité des
soins et la prise en charge de la douleur.
Cette structure matricielle a été validée par le groupe de suivi. Nous sommes aujourd’hui en train de
rédiger une note de cadrage relative à chacune des déclinaisons qui devrait aboutir à l’élaboration
d’objectifs opérationnels. Cette matrice ainsi que les notes de cadrage donneront lieu ensuite à une
consultation assez large afin d’en valider le contenu et de l’ajuster en fonction de vos remarques.
Cette consultation s’organisera auprès de l’ensemble des personnes qui ont participé à sa rédaction
et auprès de l’ensemble des professionnels dont la Conférence régionale de santé. Je vous remercie.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 23
Programme « adultes »
Dr. Jean-Paul GUYONNET
L’exposé n’a pas enregistré.
Programme « séniors »
Dr. Alain COLVEZ
L’exposé n’a pas enregistré.
Un intervenant
Les deux présentateurs ont fait ressortir l’importance de la participation des Conseils généraux pour
la périnatalité avec les services de la PMI et pour la gériatrie avec les schémas gérontologiques
départementaux et la maison départementale des personnes handicapés. Or à notre groupement
régional de santé publique, nous n’avons que trois Conseils généraux sur cinq : il nous manque
l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Quelles sont les raisons de leur absence ? Peut-on les relancer
pour essayer d’obtenir leur participation qui me paraît importante pour la réussite du plan ?
Pr Henri PUJOL
Je ne connais pas les raisons profondes, mais je vais donner une raison logique. Le groupement
régional de santé publique se met en place progressivement. Ce n’est pas, à mon avis, une attitude
de refus d’un Conseil général. Mais il y avait des échéances pour la mise en place du groupement
régional de santé publique. Ensuite, ce n’est pas M. le maire de qui décide de rentrer dans le
groupement régional de santé publique. Il faut que son conseil municipal délibère, il faut donc du
temps. Il me semble que le rôle de la Conférence régionale de santé est de voter une
recommandation disant son souhait que les départements qui ne sont pas dans le groupement
régional de santé publique y soient.
Un intervenant
J’ai posé la question, mais je connaissais partiellement la réponse pour m’être renseigné sur
l’absence de participation du Conseil général des Pyrénées-Orientales. Ils ont peur qu’on leur
demande de l’argent : c’est aussi bête que cela ! Il suffit peut-être de leur faire connaître le budget
du groupement régional de santé publique, ainsi que les actions qui sont prévues. Ils verront qu’on
ne leur demandera pas d’argent, mais qu’au contraire on peut les aider. Et nous devrions emporter
leur adhésion. Je crois que pour l’Aude le raisonnement est le même.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 24
Pr Henri PUJOL
D’abord, M. Assens, vous devez être content parce que, sur presque tous les tableaux, il y a
« mangez correctement, faites de l’activité physique, ne fumez pas ». On revient aux fondamentaux.
Ils ont un peu raison de croire que l’on va leur demander de l’argent, mais on leur demandera de
soutenir des actions chez eux, dont ils pourront tirer un bénéfice de notoriété et de santé pour leurs
habitants. Par exemple, si une grande ville comme Montpellier mène des actions de prévention, elle
peut le faire dans le cadre du plan régional de santé publique et bien entendu elle investira sur son
propre territoire.
Un intervenant
Les collectivités territoriales qui adhèrent au GIP délibèrent sur un projet de convention. Ce projet
de convention ne prévoit pas de participation financière pour l’adhésion. Le seul engagement que
l’on demande à ceux qui veulent bien y souscrire est d’accepter les priorités régionales de santé
publique et d’y inscrire leur action de collectivité.
M. Olivier LEBAY, Président de la fédération des maternités privées du Languedoc-
Roussillon
Je voudrais donner une information en matière de périnatalité. Les 11 maternités privées de la
région qui assurent environ 50 % des naissances se sont réunies au sein d’une association qui
s’appelle « bien naître en Languedoc-Roussillon » pour travailler sur des problèmes de santé
publique, notamment la lutte contre la tabacologie, la violence, la protection du nourrisson dans les
transports automobiles. Je vous propose de vous adresser les travaux de cette association.
Pr Henri PUJOL
Merci, nous proposons également que vous participiez officiellement à l’un des groupes de travail
qui vont être proposés.
Le groupement régional de santé publique sera un GIP, mais dérogatoire. Dans certains GIP, vous
avez un droit de vote au prorata de l’argent que vous mettez comme droit d’entrée. Là, il n’y a pas
de droit d’entrée. Vous entrez dans le GIP et ensuite vous pouvez faire des actions.
Une intervenante
Je voudrais juste que l’on fasse un rectificatif de sémantique par rapport au 4ème
groupe sur les
personnes âgées. A l’occasion du bureau, il nous paraissait plus judicieux de parler des séniors que
des personnes âgées : c’est un mot qui est plus doux et qui englobe une tranche d’âge beaucoup plus
large.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 25
Pr Henri PUJOL
Personnellement, je me réjouis qu’en abaissant l’âge à 55 ans, l’on soit beaucoup plus nombreux
comme personnes âgées.
Mme Chantal BLANC
Je voudrais faire une proposition au groupe des adultes. Ils ont choisi 21 objectifs dans les
27 objectifs du plan régional de santé publique et la Conférence régionale de santé avait donné un
avis dans lequel elle intégrait l’objectif « accès à la prévention et aux soins des personnes
vulnérables » au niveau du 12ème
objectif, mais cette proposition n’a pas été retenue et le plan
régional de santé publique a mis cet objectif en transversal. Puisque les personnes qui élaborent le
plan pour les adultes utilisent les objectifs, je voudrais leur suggérer qu’elles n’oublient pas que cet
objectif est devenu transversal et qu’il doit être évalué aussi. Le groupe des personnes âgées
pourrait aussi se rappeler de cet objectif transversal.
Pr Henri PUJOL
Oui, merci nous avons pris note de votre remarque.
Mme Françoise MAYRAN
La commission « respect des droits des usagers » va s’enrichir du travail de chaque groupe
« enfants, adolescents, adultes » et « séniors » parce qu’il y a dans tous ces groupes la
problématique de l’accès aux soins et à la santé.
Par ailleurs, je voudrais répondre à M. Assens. J’ai beaucoup apprécié sa réflexion sur le soin et la
santé parce que, en tant que présidente de la fédération des réseaux de santé, nous avons eu
l’occasion d’avoir de nombreux débats. Je voudrais rappeler que nous avons été obligés d’avoir un
champ limité. Je ne sais plus si c’est dans la réforme hospitalière de 90 ou dans les ordonnances de
96 que les établissements de soins sont devenus des établissements de santé. Donc notre première
recherche sera auprès des établissements de santé.
Dr Claude TERRAL
Je vous ferai part d’une réflexion d’une personne âgée à propos des jeunes. Je ne sais pas s’il est
trop tard pour s’interroger sur le découpage du groupe des jeunes qui va de 29 jours à 25 ans. Ce
n’est pas la limite de 29 jours qui m’interpelle, mais celle de 25 ans. En effet, tous les jeunes qui
sont sortis du giron parental se retrouvent dans des problématiques de personnes adultes. Cela fait
référence à tout le milieu étudiant. Ils sont plus de 90 000 en Languedoc-Roussillon. Cela fait
référence à tous les jeunes qui se retrouvent dans la formation professionnelle. Ont-ils vraiment plus
de raison d’être rattachés à un système où, du fait du poids des parents, leur autonomie est relative
ou plutôt à un système où ils sont considérés comme des adultes ? Quelque part, ce découpage
traduit le regard que l’on porte sur ces tranches d’âge. Je souhaiterais que les jeunes, à partir de 18-
20 ans, soient considérés comme des adultes, ce qu’ils sont. Je ne suis pas sûr que les
problématiques justifient cette limite de 25 ans.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 26
Pr Henri PUJOL
Cette remarque est excellente. Notre réflexion peut se poursuivre en dehors de cette catégorisation
par groupe. Si la Conférence régionale de santé estime qu’un créneau « adultes jeunes » justifie des
réflexions particulières, personnellement je l’approuve.
Mme Anne-Sophie DORMONT
En faisant une approche populationnelle, nous avons été obligés de fixer des limites d’âge. Elles
sont plutôt symboliques que réelles. En fait, il faut regarder le programme dans son ensemble. Je
comprends très bien la remarque de M. Terral, mais le travail que nous menons dans le programme
s’exprime au travers de trois sous-populations que sont les très jeunes enfants, les adolescents et les
jeunes adultes. Nous l’avons fait aussi parce que cela permettait d’être cohérent par rapport à
l’intervention des différentes collectivités. Quand la problématique rejoint les adultes, en fait on les
traite à travers le programme « adultes ».
MmeChantal BLANC
Les moins de 25 ans n’ont pas droit au RMI. Ils sont peut-être adultes, mais ils ne peuvent pas être
autonomes financièrement et avoir accès à certains droits. Ils sont encore sous la dépendance de la
famille.
Une intervenante
Le choix de la limite de 55 ans m’interpelle par rapport à l’équilibre des publics. La tranche des
actifs est assez réduite tandis que la tranche des séniors est énorme, et il faudra intégrer dans ces
séniors tous les séniors actifs qui, commençant à travailler très tard, n’auront pas leurs trimestres
pour partir à la retraite à taux plein. Cela me surprend de voir la limite abaissée à 55 ans alors que la
tendance est au recul de l’âge de la retraite.
Dr Alain COLVEZ
Si l’on veut parler de prévention, il vaut mieux s’y prendre un peu tôt, d’où la décision de ne pas se
caler sur les définitions administratives parce qu’elles provoquent plus d’ennuis que d’avantages.
Un accident vasculaire cérébral à 59 ans vous fait handicapé. Un accident vasculaire cérébral à
61 ans vous fait dépendant. Cette logique n’est pas cohérente. En outre, l’âge de 56 ans est l’âge
moyen de la cessation d’activité effective en France. Voilà les raisons qui ont conduit le groupe à
fixer la limiter à 55 ans.
Pr Henri PUJOL
Le terme de « séniors » est plus sympathique que celui de « personnes âgées ». Je crois que vous
ressentez exactement ce qu’a ressenti le bureau. Nous avions travaillé sur l’axe « réduire la
mortalité et la morbidité évitable », mais l’on s’aperçoit que, dans la périnatalité, on peut réduire la
mortalité aussi. « Promouvoir les comportements favorables à la santé » est une clé qui va dans
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 27
toutes les serrures : l’activité, l’alimentation saine, la lutte contre le tabagisme et l’alcool. Je pense
que ces remarques sont justifiées et montrent qu’il est impensable de construire des cloisons
étanches entre les groupes. Ce sont des groupes de mise en œuvre qui ont pour justification
essentielle l’opportunité de l’action sur le terrain en fonction des collectivités ou des organismes
impliqués dans l’action. C’est pour cela que je vais vous proposer de garder votre dynamisme et
votre enthousiasme pour participer à des groupes. Je vous les présente.
Présentation etconstitution des groupes de travail thématiques
Pr Henri PUJOL
La commission « dispositif de soins » est animée par Mme Catherine Cecchi. La commission « droit
des usagers » est animée par Mme Françoise Mayran.
Le groupe de travail « précarité » est animé par Mme Chantal Blanc. Qui veut se charger de
l’animation du groupe de travail « nutrition » ? Vous nous donnerez les noms à la fin de la séance.
Nous cherchons également un animateur pour le groupe de travail « environnement ».
Une intervenante
M. Assens s’est proposé pour l’animer.
Pr Henri PUJOL
M. Assens, vous ne voulez pas l’animer, mais vous voulez bien participer au groupe. Je crois que la
vice-présidente et la représentante au niveau de la nation feraient bien de réfléchir à animer d’autres
groupes.
Une intervenante
Le dimanche à 16 heures, je suis libre.
Pr Henri PUJOL
Elles sont totalement bénévoles et elles ne demandent pas de contrepartie. Nous cherchons aussi un
animateur pour le groupe « santé au travail ». S’il n’y a personne, on peut le remplacer par le groupe
« adultes jeunes » de M. Terral.
Dr Claude TERRAL
L’intervention, effectuée hors micro, est inaudible.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 28
Pr Henri PUJOL
Vous êtes élu. C’est pour cela que je pense que vous avez raison. Il faut le garder dans le groupe qui
a été élu. Mais vous comprenez également que ma démarche ce matin était de dire : s’il y a des
compétences, des bonnes volontés, du bénévolat, de l’action en dehors du bureau que vous avez élu,
on fait un appel à candidatures. Il ne s’agit pas de pleurnicher « on n’est capable de rien sans vous ».
Cela n’a rien à voir. On est un groupe constitué qui sait qu’il veut participer à telle ou telle
thématique. Ce groupe, pour l’instant, on ne va pas le mettre en jeu. Puis, on verra si, dans le
développement des actions, on le fait venir. Le groupe « information communication » en revanche
fonctionnera d’emblée. J’ai proposé d’en être l’animateur. Mme Catherine Cecchi fait partie du
groupe. Jean-Louis Lamarque de la CODERPA veut également participer à ce groupe. Si d’autres
personnes sont intéressées, qu’elles le fassent savoir.
M. Bernard LEDESERT
Pourquoi sur les thèmes « nutrition » et « santé au travail » la Conférence régionale de santé ne
participerait-elle pas aux travaux des groupes régionaux qui sont déjà en place dans ces deux
domaines ?
Pr Henri PUJOL
C’est ce dont je parle. Il ne s’agit pas de faire des groupes à part de ceux de l’Etat. Nous sommes
une conférence de 95 personnes. Il y a des bonnes volontés, il y a des thématiques, maintenant il y a
des programmes. Ces programmes ont des objectifs. Par exemple, dans la commission « droit des
usagers », on ne va pas tout refaire avec l’ARH et l’URCAM. On va demander les renseignements
là où l’on peut les obtenir. Dans le groupe « nutrition », on ne va pas refaire un programme
« nutrition », on va demander aux acteurs de l’Etat et aux acteurs professionnels où ils en sont.
C’est un accompagnement. Finalement, il n’y a que deux points où l’on doit remettre un avis à la
fin de l’année : l’organisation des soins en région et le droit des usagers. Le reste est du travail libre.
Mme Chantal BLANC
Le représentant d’Aides m’a demandé de l’excuser de ne pas pouvoir être présent aujourd’hui. Pour
les personnes qui n’ont pas pu être présentes, est-ce que la possibilité de s’inscrire sera relayée ? Par
ailleurs, il serait souhaitable de préciser le rôle de ces groupes et comment ils pourront interpeller
les différents acteurs et insérer leurs conclusions dans les avis de la Conférence qui seront publiés
en fin d’année.
Pr Henri PUJOL
Je crois que cela fait partie du travail que vous allez faire, mais vous êtes plutôt favorisée parce que
vous avez bien compris que le directeur de l’ARH vous a proposé un rendez-vous. Telle que je vous
connais, je sais que vous mettrez à profit ce rendez-vous pour faire avancer les choses. Je pense
qu’il y a de la place à prendre pour travailler, pour faire des observations, pour faire avancer les
choses.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 29
Une intervenante
Pour être sûre de bien comprendre, on peut s’inscrire soit dans l’une des deux commissions soit
dans l’un des groupes de travail.
Pr Henri PUJOL
Bien sûr.
Une intervenante
Des personnes qui ne sont pas élues à la Conférence ou désignées comme membres peuvent-elles
participer à des groupes de travail ? Je pense notamment au groupe « santé au travail ».
Pr Henri PUJOL
Premièrement, est-ce que des personnes de la Conférence qui ne sont pas dans la salle peuvent
s’inscrire ? Bien entendu, oui. Pour la deuxième question, je ne connais pas la réponse mais je la
soumets à M. Rigaux. Depuis que la Conférence existe, des personnalités m’écrivent pour me dire
qu’elles ne sont pas élues comme membre de la Conférence mais qu’elles ont un avis à porter dans
tel ou tel domaine. Nous n’avons pas la capacité de les faire entrer dans la Conférence, mais nous
pouvons transmettre leurs travaux aux services de l’Etat.
Un intervenant
J’aimerais que ce groupe ne soit pas passé par pertes et profits au moment où la santé au travail fait
son entrée dans la problématique de la santé publique. Les syndicats représentatifs et l’ARACT
pourraient être intéressés par cette thématique. Je pense que cet élargissement pourrait permettre de
faire vivre ce groupe « santé au travail » en connexion avec ce qui existe déjà.
Pr Henri PUJOL
Les membres de la Conférence sont les seuls à pouvoir participer à des groupes de travail de la
Conférence. Bien entendu, ils peuvent s’enrichir de la réflexion de telle ou telle personne, de telle
ou telle organisation, mais il ne nous appartient pas de les faire entrer dans la Conférence.
M. Jacques ARTIERES, CPAM de Montpellier
Pour éviter de rajouter une couche au millefeuille, ne serait-il pas plus productif d’avoir des
représentants de la Conférence régionale de santé qui interviennent dans les différents groupes
existants avec un système d’aller et retour ? Par exemple, je m’inscrirai au groupe « santé au
travail », mais je n’ai pas les disponibilités pour en être l’animateur. J’avais compris qu’il y avait la
volonté de créer un groupe de travail interne à la commission régionale de santé au travail qui
renverrait en réunion plénière le résultat de ces travaux, mais je me suis peut-être trompé. Moi, si
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 30
c’est pour aller représenter la Conférence régionale de santé sur les thématiques de la conférence
régionale de santé au travail, j’y suis tout à fait disposé, mais je ne peux pas faire plus.
Pr Henri PUJOL
Vous avez raison. J’ai peut-être donné à ces groupes une signification trop administrative. Si tel est
le cas, je m’en excuse parce qu’elle n’a pas lieu d’être. Si dans la commission « droit des usagers »
ou « information communication », on se retrouve 5, 6 ou 8, on ne va pas se réunir tous les mois ou
tous les deux mois. D’abord, on peut utiliser la messagerie électronique. Ensuite, on travaillera avec
les services compétents. On a bien compris que M. Terral était d’accord pour poursuivre la
réflexion sur les jeunes adultes, mais il ne va pas le faire tout seul, il va le faire avec la Conférence
et avec les services de l’Etat. Je crois qu’il faut simplifier. On a besoin de bonne volonté. On se
rend bien compte que l’emploi du temps de chacun est chargé. C’est dans ce sens que vous pouvez
apporter une contribution.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Pour que les choses soient claires, un certain nombre de contributions sont attendues presque de
manière obligatoire par la Conférence. Là, il y a des groupes de travail internes qui sont issus du
bureau. Pour les autres, il nous faudrait un certain nombre de bonne volonté. Soit vous êtes assez
nombreux pour constituer un groupe de travail interne à la Conférence, soit on a des correspondants
permettant de les associer au groupe « nutrition », au groupe « personnes âgées », au groupe
« adultes » et qui feraient le lien entre la Conférence et les groupes existants. Si le groupe n’existe
pas, un vide sera à combler.
Pr Henri PUJOL
Nous envisageons d’organiser une réunion publique pour faire une manifestation autour de la
promotion de la santé, indépendamment de nos réunions officielles.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 31
Ouverture des travaux de l’après-midi
Pr Henri PUJOLPrésident de la Conférence régionale de santé
Ce matin, nous avons travaillé sur des thèmes de santé assez généraux. Nous n’avons pas parlé du
problème de l’alcool parce qu’il justifie à lui seul la séance de l’après-midi. Je connais les méfaits
de l’alcool en tant que cancérologue mais je dois vous dire que ce n’est que la partie émergée de
l’iceberg parce que l’alcool crée beaucoup plus de troubles médicaux que les seuls troubles liés au
cancer, mais surtout l’alcool crée des troubles sociaux. J’ai connu dans mon entourage des drames
sociaux dus à l’alcool : est victime non seulement celui qui est alcoolique mais également son
entourage. Vous êtes là parce que vous connaissez la gravité du problème. Je souhaiterais qu’on
l’aborde sans idée préconçue. Vous n’êtes pas là pour écouter simplement des communications,
mais vous êtes là aussi pour participer au débat et faire part de votre point de vue. Je sais que
l’équipe de la DRASS et les spécialistes de la question ont bien travaillé. M. le directeur régional,
vous avez la parole.
Ouverture des Etats généraux de l’alcool
Jean-Pierre RIGAUXDirecteur de la DRASS Languedoc-Roussillon
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la Conférence régionale de santé,
mesdames et messieurs, je tiens d’abord à vous remercier, M. le Président, d’avoir bien voulu
consacrer cette partie des travaux de la Conférence régionale de santé à un thème de santé publique
reconnu comme prioritaire par la Direction générale de la santé et l’Institut national de prévention et
d’éducation pour la santé, celui de l’alcool. Je vous remercie également d’autoriser à cette occasion
l’ouverture de la Conférence à des personnes qui habituellement n’en font pas partie, mais qui ont
été invitées cet après-midi en qualité d’experts, de spécialistes ou plus simplement de témoins sur
un sujet qui ne laisse personne indifférent. Le ministère de la santé a en effet souhaité lancer un
grand débat sur l’alcool, cela pour deux raisons. La première est essentiellement liée à la part que
joue l’alcool dans notre pays. La dimension conviviale et festive de l’alcool est incontestable et à ce
titre les fêtes de famille, les pots entre collègues, le succès aux examens, les rencontres sportives,
gagnées ou perdues, sont souvent l’occasion de boire, de boire beaucoup, beaucoup trop. On ne peut
nier l’importance des boissons alcoolisées dans notre culture et dans nos traditions. Les
représentations sociales de l’alcool en France restent positives, même si force est de constater que
l’alcool est aussi la deuxième cause de mortalité évitable, avec plus de 45 000 morts par an. Chacun
sait aussi que l’alcool agit comme un facteur direct ou indirect associé à de nombreuses maladies
comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies digestives et qu’il est aussi souvent la
cause de nombreux accidents de la circulation. Enfin, la souffrance des familles, le risque pris par
les jeunes, les ruptures sociales, et la violence induite par cette consommation ne peuvent être
occultés. La négation du problème, une non intervention au stade précoce, entraînent souvent une
consommation excessive et le risque d’une dégradation rapide vers l’alcoolisme. Cette question est
importante, il faut se la poser et il est normal que les autorités sanitaires la posent.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 32
La deuxième raison pour laquelle le ministre de la santé a souhaité qu’un vrai débat sur l’alcool soit
mené est étroitement liée à la première. La loi de santé publique du 9 août 2004 prévoit notamment
dans son article 42 l’organisation de débats préalables à la remise d’un rapport par le ministre de la
santé au Parlement sur la thématique de l’alcool dans notre société. Je voudrais à ce sujet lire
quelques mots d’une intervention de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé : « l’objectif n’est pas
de vouloir imposer une quelconque prohibition ou un moralisme excessif, mais de sortir du déni et
du silence qui entoure habituellement les questions portant sur la consommation de l’alcool en
présentant une information sincère, simple et accessible à tous sur ses dangers. Ces échanges
doivent aussi être l’occasion d’ouvrir un large débat sur la mise en œuvre des politiques de santé
conduites dans ce domaine.
C’est donc dans ce cadre que, depuis début septembre, se tiennent dans chaque région des réunions
d’information, de sensibilisation, de réflexion ouvrant le débat en confrontant le point de vue des
professionnels, des associations, des citoyens, de tous ceux qui ont une représentation personnelle
de l’alcool. Dans la plupart des régions, ce débat public a pris la forme d’états généraux organisés
par la seule administration sanitaire. En Languedoc-Roussillon, compte tenu de la problématique
particulière que revêt cette question dans une région viticole, compte tenu du dynamisme de la
démarche de santé publique engagée par la Conférence régionale de santé et par son Président, en
accord avec le préfet de région, nous avons préféré privilégier un débat ouvert par la Conférence
régionale de santé et s’appuyant sur un état des lieux et des travaux conduits par les spécialistes
régionaux compétents dans ce domaine. A l’inverse, comme dans les autres régions, les conclusions
de cette réflexion seront, dès cette semaine, adressées à la DGS qui organise le 5 décembre prochain
à Paris une journée nationale de synthèse des contributions reçues. Notre après-midi de travail qui a
pour thème « l’alcool, quelle prévention ? quelle prise en charge en Languedoc-Roussillon ? »
s’inscrit donc pleinement dans cette démarche nationale et régionale. Cette réflexion a été préparée
par un comité de pilotage pluridisciplinaire présidé par le professeur Balmès, chef du service
alcoologie et addiction au CHU de Nîmes, et que je tiens à remercier particulièrement pour sa
précieuse contribution. Je souhaite également remercier tous ceux qui ont participé à ce comité de
pilotage et aux réunions de ce matin, notamment les groupes d’entraide qui ont participé de manière
assidue à nos échanges. En effet, pendant que la Conférence régionale de santé se réunissait ce
matin, à côté quatre groupes d’experts réunissant également des personnes qualifiées se réunissaient
autour de quatre thèmes différents professionnels qui vont maintenant nourrir nos réflexions sur des
thèmes bien ciblés comme l’alcool et la périnatalité, l’alcool, les enfants et les adolescents, l’alcool
et les adultes, l’alcool et les séniors. Ce découpage en tranche de vie n’a pas de secret pour les
membres de la Conférence régionale de santé puisque c’est celui retenu dans notre région pour
décliner le plan régional de santé publique en programmes d’actions.
La conclusion de nos travaux fera l’objet d’un document et les premières séries de
recommandations seront présentées en fin de réunion. Elles seront ensuite transmises comme je
vous l’ai indiqué au ministère de la santé pour la réunion du 5 décembre.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 33
Etat des lieux épidémiologique
Dr. Bernard LEDESERT
Ma présentation sera en trois grandes parties : les données de mortalité, les recours aux soins
concernant l’alcoolisme et les comportements.
I. Les données de mortalité
Classiquement, quand on étudie la mortalité liée à l’alcool, on s’intéresse à trois grandes causes de
mortalité : les cirrhoses, les psychoses alcooliques et les cancers des voies aérodigestives
supérieures. Ce n’est qu’une approche partielle liée à l’alcool parce que l’on passe ainsi sous silence
l’ensemble de la mortalité liée à des conduites d’alcoolisation excessive aiguë qui ont des
conséquences en termes de mortalité par accident ou dans un certain nombre de violences. Il
n’existe pas de consensus d’expert sur la façon de traiter les données de mortalité à ce sujet-là, mais
l’on sait que c’est une part importante des causes de décès.
En 2002, pour les cirrhoses, 276 décès ont été recensés en Languedoc-Roussillon. Pendant les
années 80, l’évolution en région a été parallèle à l’évolution au niveau national, mais depuis le
milieu des années 90, les décès par cirrhose ont augmenté au niveau régional alors qu’ils ont
légèrement diminué au niveau national.
Pour les décès par psychose alcoolique, 89 décès ont été recensés en Languedoc-Roussillon
en 2002. Le faible nombre explique le comportement un peu plus erratique de la courbe. La
comparaison avec le niveau national fait apparaître les mêmes évolutions que pour les décès par
cirrhose.
343 décès par cancer des voies aérodigestives supérieures ont été recensés en 2002 en Languedoc-
Roussillon. L’alcool n’est que l’un des facteurs de risque, souvent associé au tabac. Là encore, on
s’aperçoit que, dans un contexte de baisse régulière au niveau national des cancers des voies
aérodigestives supérieures, on a dans la région une évolution à peu près similaire à l’évolution
nationale dans les années 80 et un décrochage à partir du milieu des années 90.
II. Le recours aux soins
Nous avons des taux comparatifs de séjours hospitaliers de l’année 2002 et nous avons deux
grandes causes que nous pouvons isoler dans les bases qui sont à notre disposition : l’alcoolisme
chronique et les troubles mentaux dus à l’alcool et les maladies alcooliques du foie.
Pour l’alcoolisme chronique et les troubles mentaux, nous nous apercevons que les taux de recours
hospitalier observés dans la région sont inférieurs à la moyenne nationale alors que pour les
maladies alcooliques du foie, ces taux sont plutôt supérieurs à la moyenne nationale. Il faut
cependant analyser ces éléments avec prudence, parce que l’on sait que ces taux de séjour
hospitalier dépendent de l’état de santé de la population, mais aussi d’un certain nombre
d’habitudes ou de circonstances locales : les effets d’offre de soins, les habitudes et les pratiques
diagnostiques des praticiens et les pratiques de codage de ces séjours dans les bases de soins.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 34
L’analyse des rapports d’activités des centres de cure ambulatoires en alcoologie a été réalisée par
l’Office français des drogues et toxicomanie (OFDT). Elle permet de dénombrer le nombre de
recours à 2 600 soit 1,6 pour 1 000 habitants âgés de 20 à 74 ans. Il faut savoir que, dans un cas sur
cinq, il s’agit d’un recours unique. En Languedoc-Roussillon, on se retrouve avec la file active la
moins importante de France : là aussi, on voit l’effet de l’offre au niveau de cette problématique
dans la région.
Grâce aux données des unités d’alcoologie en milieu hospitalier que m’a communiquées
M. Balmès, nous avons une approche de l’activité en 2004. Nous sommes à un niveau de
consultations plus de 2 fois supérieur à celui qui était présenté au niveau des centres de cure. Il faut
savoir que ces chiffres sont sous-estimés par rapport à la réalité, parce que sur les Pyrénées-
Orientales, le recueil d’information n’est pas complet.
III. Les comportements
L’OFDT, avec la direction centrale du service national, met en place régulièrement des enquêtes sur
les consommations de différents produits dont l’alcool, à l’occasion des journées d’appel à la
défense nationale. Nous venons de recevoir les résultats 2005. Sur l’usage régulier d’alcool (nombre
d’épisodes de consommation supérieur ou égal à 10 dans les 30 derniers jours), nous nous
retrouvons à peu près dans la région au niveau national : cela concerne 1 jeune sur 7 à 17 ans. Vous
vous demandez peut-être ce qu’est le binje drinking. C’est un concept qui nous vient d’Angleterre :
ce sont des comportements d’alcoolisation aiguë en une seule occasion (5 unités d’alcool en une
occasion, une unité étant un verre de vin, un verre d’apéritif anisé, une bière ou un prémix : on sait
que chacune de ces unités contient à peu près la même quantité d’alcool). Au moins un épisode de
binje drinking au cours des 3 derniers jours est rapporté par la moitié des jeunes de la région, ce qui
est nettement supérieur à la moyenne nationale. Le Languedoc-Roussillon est ainsi la cinquième
région de France à ce niveau.
Les binje drinking réguliers, c'est-à-dire 3 épisodes ou plus dans les 3 derniers jours, concernent un
peu plus d’un jeune sur cinq. Nous nous situons nettement au-dessus de la moyenne nationale, en
sixième position des régions de France métropolitaine.
Les ivresses au cours de l’année touchent un peu plus d’un jeune sur deux. Là aussi, le Languedoc-
Roussillon est au-dessus de la moyenne nationale. En revanche, sur les ivresses régulières qui se
définissent par au moins 10 épisodes d’ivresse au cours de l’année, il n’existe pas de différence
entre ce qui est observé en Languedoc-Roussillon et la moyenne nationale. Cela concerne à peu près
un jeune sur dix.
On peut s’intéresser aux produits qui sont consommés par ces jeunes. Pour la bière et pour les
prémix, il n’y a pas de différence de fréquence de consommation par rapport au niveau national,
mais nous sommes quand même à des niveaux qui touchent deux jeunes sur cinq voire plus. En
revanche, la consommation de vin est supérieure dans la région à la moyenne nationale : un peu
plus d’un quart des jeunes, ce qui nous place en 5ème
position, après Midi-Pyrénées, l’Aquitaine, les
Pays de la Loire et l’Alsace. La consommation d’alcool fort touche un jeune sur deux, ce qui est
nettement au–dessus de la moyenne nationale. Le Languedoc-Roussillon arrive en 3ème
position
après la Bretagne et l’Aquitaine. La consommation de champagne ou de vin pétillant et mousseux
est inférieure à la moyenne nationale : nous sommes 21ème
sur les 22 régions.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 35
Une autre source d’information est le baromètre santé de l’INPES : nous avons des chiffres
représentatifs au niveau régional pour les 15-75 ans. On s’aperçoit que l’usage quotidien d’alcool
est rapporté par un habitant sur cinq dans la région, ce qui nous situe comme première région de
France métropolitaine. Nous sommes également première région de France métropolitaine pour
l’usage à risque d’alcool. Sur les ivresses au cours de l’année, il n’y a pas de différence par rapport
à la moyenne nationale. Concernant la consommation des produits, nous sommes dans la région en
sous-consommation pour la bière, mais nous sommes la 3ème
région de France pour la
consommation habituelle de vin après l’Aquitaine et Midi-Pyrénées. Sur la consommation d’alcool
fort dans le mois, nous sommes dans la moyenne nationale.
La troisième source d’information sur les comportements est une enquête faite par l’INRA avec
l’ONIVINS tous les 5 ans. L’enquête 2005 met en évidence une reprise de l’augmentation des non
consommateurs d’alcool et une consommation occasionnelle qui domine. Cette baisse de la part des
consommateurs réguliers touche aussi bien les hommes que les femmes et l’on ne retrouve presque
pas de consommateurs réguliers avant 35 ans.
Une enquête réalisée en 2000 auprès des consultants en médecine générale d’une part et en
établissement de santé d’autre part montre qu’un patient sur 4 de 16 ans et plus consommait de
l’alcool tous les jours, que 4 % des patients avaient besoin d’alcool le matin pour se sentir en forme,
que plus de 6 % des patients étaient dépendants à l’alcool (8 % chez les 16-24 ans). L’usage
d’alcool à risque est plus important chez les hommes que chez les femmes, dans un rapport de près
de 1 à 3, mais on note que, chez les femmes, ce comportement est élevé par rapport à la moyenne
nationale et nous situe au 2ème
rang des régions françaises. Cette consommation à risque est plus
fréquente chez les hommes, dans la tranche d’âge 45-64 ans, parmi les personnes qui ont un emploi
précaire, chez les ouvriers puis les artisans commerçants, chez les personnes percevant des
allocations sous conditions de ressources. Au niveau des patients hospitalisés, on observe que 8 %
des patients sont alcoolo-dépendants, que la situation en Languedoc-Roussillon est à peu similaire à
celle qui est observée au niveau national et que 12 % présentent un profil à risque sans être
dépendants.
L’observatoire régional d’épidémiologie scolaire mène une étude régulièrement grâce à un
partenariat entre le rectorat de l’académie de Montpellier, la DRASS et l’observatoire régional de la
santé. Cette étude montre que chez les jeunes en classe de 3ème
, en 2001-2002, 78,5 % avait déjà bu
de l’alcool, 8,6 % en consommaient une fois par semaine et, parmi les 78,5 %, un tiers avaient déjà
été ivres au cours de l’année, un quart avaient déjà eu des remarques de la part de leur entourage et
près de un sur cinq avait déjà eu l’impression de trop boire. Ce sont des résultats qui sont
parfaitement superposables à ce que l’on observe chez les adultes.
Les garçons ont deux fois plus de risque de boire régulièrement de l’alcool. Les fumeurs
occasionnels ou réguliers ont 2,3 fois plus de risque de boire régulièrement de l’alcool. Il y a un lien
entre consommation régulière d’alcool et consommation de drogue. Il y a un lien avec le fait d’être
déjà monté dans un véhicule conduit par une personne que l’on avait repérée comme ayant trop bu
de l’alcool. Il y aussi un lien avec le fait de ne pas mettre de casque à vélo ou à scooter.
Le Languedoc-Roussillon est particulièrement touché par la problématique de l’accidentologie
routière. Les indicateurs régionaux sont au-dessus de la moyenne nationale. Selon les données de
l’observatoire régional de sécurité routière, 13 000 PV pour alcoolémie ont été dressés dans la
région en 2004, en augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente : on voit l’effet de la
mise en place des politiques de prévention en matière de sécurité routière. L’analyse des fichiers
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 36
BAC remplis par les forces de l’ordre quand il y a des accidents mortels ou entraînant des blessés
graves permet de montrer que l’alcool est présent dans 12 % des accidents de la région contre 10 %
au niveau national, et dans 40 % des accidents mortels dans la région contre 30 % au niveau
national. Je vous remercie.
Jean-Pierre RIGAUX
Nous allons maintenant vous présenter un état des lieux dans chaque département de la région sur
les forces et les faiblesses du dispositif de lutte contre l’alcoolisme dans ces départements.
Etat des lieux dans le département de l’Aude
Dr. Patrick GRESLEPH en psychiatrie au centre hospitalier de Carcassonne et responsable du centre d’alcoologie,
président de l’ANPA 11
Je suis chargé de vous présenter le dispositif de soins et de prévention dans le département où
j’exerce. L’Aude est constituée de par sa géographie en deux pôles, avec un axe urbain caractérisé
par les villes de Carcassonne et de Narbonne et tout autour la garrigue et le désert. Le département a
été séparé en deux à la suite de la création d’un centre d’alcoologie à Carcassonne.
I. Le dispositif de prévention
1. Les acteurs et les actions
Le dispositif de prévention se caractérise par un maillage territorial important qui concerne
essentiellement l’Est Audois, à partir du centre d’alcoologie de Carcassonne qui est surtout centré
sur l’accès aux soins et la prévention auprès des publics démunis, avec des interventions dans des
CHRS et des lieux ressources de Castelnaudary, Limoux et Quillan.
Sont en place des interventions de prévention auprès des enfants et des adolescents scolarisés avec
un intervenant du centre d’alcoologie qui est spécialement désigné pour intervenir dans les
établissements scolaires.
Nous pratiquons les alcoolémies routières en accord avec le parquet avec lequel nous avons des
conventions formalisées pour des dépistages en pré-sentenciels.
S’agissant de la sécurité routière, le même intervenant qui intervient dans les établissements
scolaires assure une journée « alcool » dans les stages de sécurité routière.
Nous avons également mis en place une prévention en maison d’arrêt avec une intervenante du
centre d’alcoologie qui prépare à la sortie des détenus et qui s’efforce d’intervenir avant la levée
d’écrou pour préparer la suite des soins des détenus repérés comme ayant des problèmes avec
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 37
l’alcool. Bien souvent, ce sont des personnes qui sont passées préalablement par le centre
d’alcoologie et dont on sait qu’elles vont aller en maison d’arrêt.
Des points écoute jeunes cannabis ont été mis en place l’année dernière en milieu rural, avec un
succès mitigé.
La prévention des conduites à risques fait l’objet d’intervention ciblée aux urgences et à la
maternité, en liaison avec l’addictologie du centre hospitalier de Carcassonne.
2. Les points forts
Le premier point fort, ce sont les partenariats avec les services sociaux, les services judiciaires,
l’Education nationale par lesquels nous sommes bien repérés et sollicités.
L’implication du Conseil général est forte : il attribue une enveloppe assez conséquente pour la
prévention.
3. Les points faibles
Force est de constater une tendance à la dispersion, parce qu’il n’est pas facile avec les moyens qui
nous sont accordés pour la coordination d’arriver à trouver des temps de parole, des temps de
réunion, des temps de concertation.
Un autre point faible est un problème de reconnaissance parfois par les structures sanitaires. Nous
avons du mal à travailler avec les médecins généralistes et avec les services MCO du centre
hospitalier qui ont une culture très médicale et qui sont peu tournés vers la prévention.
La partie Est du département, centrée sur Narbonne, est en devenir. Du travail est fait à Narbonne,
avec notamment l’intervention d’une infirmière dans un CHRS de Narbonne et dans les lieux
ressources de Lézignan, de Narbonne et de Port-la-Nouvelle, mais le dispositif n’est pas assez
repéré comme celui du CCAA. La création d’un CCAA dans l’Est du département est en projet.
II. Le dispositif de soins
Il m’a paru important de distinguer deux catégories.
La première est un dispositif de soins qui s’efforce de travailler dans un continuum prévention-
soins : le centre hospitalier de Carcassonne avec les services de psychiatrie ou de gastroentérologie
qui s’articulent avec le centre d’alcoologie qui est en ville, le centre hospitalier de Narbonne qui
forme un binôme gastroentérologie-psychiatrie avec du bon travail local, l’hôpital local de Limoux,
le centre hospitalier de Castelnaudary qui font des sevrages de proximité, en lien avec le CCAA.
En dehors de ce continuum, on trouve une clinique psychiatrique polyvalente située à Badens, où
interviennent des visiteurs de Vie libre, et les services sectorisés de psychiatrie adulte, qui sont
gérés par l’ASM qui est un établissement PSPH dans des unités dispersées : Les Tilleuls à Limoux,
la Cité à Carcassonne, les Oliviers à Lézignan. Les structures qui travaillent en dehors d’un
continuum sont des structures psychiatriques.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 38
Je n’ai pas prévu d’analyse points forts et points faibles parce que cela m’amènerait à juger de
manière subjective des pratiques professionnelles et je ne me sens pas autorisé à le faire.
Etat des lieux dans le département du Gard
Corinne CROUZETANPAA du Gard
I. Le dispositif de prévention
1. Les acteurs et les actions
Au niveau de la prévention, il existe dans le département du Gard un nombre très important
d’acteurs qui effectuent des actions de prévention surtout en direction des enfants et des adolescents
scolarisés dans les établissements de l’Education nationale, de la formation, de l’insertion, etc.
Depuis vingt ans, des efforts de réflexion ont été consentis dans le Gard sur les approches en
prévention. Nous avons réfléchi sur les effets de l’information ponctuelle et nous avons comparé les
différentes approches de prévention. En fait, on dénombre beaucoup d’interventions dans le champ
scolaire mais un certain nombre d’acteurs privilégient des actions délibérément tournées vers la
formation de relais qui encadrent les enfants et les adolescents, mais aussi, dans le secteur
médicosocial, des formations qui ciblent des adultes en contact avec les enfants et les adolescents.
Des articulations sont mises en place pour aider les enfants et les adolescents concernés directement
par des consommations d’alcool dans le cadre familial. Vivre un problème d’alcool dans la famille
n’est pas sans conséquence dans le devenir. Nous avons essayé de faire des propositions concrètes
pour des enfants de parents qui venaient en soins. Parfois, dans le cadre du partenariat avec
l’éducation nationale, sont proposés par le biais des infirmières scolaires, des médecins de santé
scolaire des relais vers des dispositifs d’accueil et d’accompagnement de ces enfants.
Nous avons des actions qui, au-delà du cadre de formation des enfants et des adolescents, ont été
tournées vers des espaces de fête. Comment sensibiliser ? Au-delà de la prévention des risques
immédiats liés à une consommation d’alcool, quel message plus global peut-on transmettre à des
jeunes qui viennent pour tout autre chose que pour entendre un message de santé ? Dans le cadre
d’un partenariat très large, un certain nombre d’actions ont été menées depuis une dizaine d’années
dans le département du Gard.
L’alcool reste inscrit dans tous les programmes qui concernent la prévention routière. Dans toutes
les informations qui concernent la sécurité routière, il y a un message tout spécifiquement consacré
à l’alcool, qui va au-delà du risque immédiat pris lorsque l’on conduit un véhicule.
Les actions commencent à se structurer dans le département avec un collectif d’addictions qui
regroupe plusieurs partenaires. Est également mis en avant dans toutes les actions l’effort
d’articuler la sensibilisation, la prévention, l’aide précoce voire le soin. Un programme intitulé
« PAR 30 » s’adresse aux contrevenants pris en flagrant délit d’alcoolémie routière : on va les
rencontrer par l’intermédiaire de la police et de la justice et ils vont intégrer un programme
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 39
d’éducation et d’aide. Parmi tous les intervenants qui sont rencontrés dans ce programme, une forte
proportion a déjà des usages à risque. Cela permet de faire de la prévention secondaire et tertiaire.
Des actions ont été développées en direction d’un public en situation de précarité sociale, avec des
interventions dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale, sur tous les lieux d’accueil et
d’assistance aux personnes SDF.
Un autre travail à la maison d’arrêt décline des approches collectives de sensibilisation, dans tout un
pool de consultation, d’aide, d’accompagnement et de suivi à la sortie.
Le maillage territorial fonctionne : sur chaque zone du département, il existe un souci d’articuler les
approches collectives, les points d’écoute, d’accompagnement et de soins.
2. Les points forts
Le continuum prévention-soins est un premier point fort : les acteurs gardois se préoccupent de
l’effet que va susciter une rencontre avec des adolescents et des enfants, avec des publics démunis,
avec les relais.
Deuxième point fort, le partenariat est ancien avec les structures que j’ai citées et d’autres. Le
partenariat est réel avec les institutions telles que l’éducation nationale et l’assurance maladie.
3. Les points faibles
La première faiblesse est le manque évident de visibilité. Une personne qui arrive dans le
département n’a pas forcément connaissance de ce capital d’expérience et des savoir-faire.
Comment rendre plus visibles les actions qui sont menées ?
Le manque de coordination est un deuxième point faible. Cette coordination repose sur la volonté
des acteurs de mettre en forme leur action commune et leur partenariat, sans trop de moyens
financiers.
II. Le dispositif de soins
1. Les caractéristiques
Il existe dans chaque centre hospitalier du département un dispositif fléché, lisible et bien répertorié
pour traiter : le CHU de Nîmes et deux cliniques privées, le centre hospitalier d’Alès et deux
cliniques privées, le centre hospitalier de Bagnols avec deux cliniques privées également, le centre
hospitalier spécialisé d’Uzès et l’hôpital local du Vigan.
On trouve des équipes de liaison en addictologie sur les trois pôles de Nîmes, Alès et Bagnols-sur-
Cèze, qui sont des équipes assez réduites mais très mobilisées et efficaces, et un centre de post-cure
spécialisé dans le traitement des patients alcooliques.
Au niveau de l’ambulatoire, nous avons la chance d’avoir deux centres de cure ambulatoires en
alcoologie dans le département du Gard, l’un qui est géré par le CHU de Nîmes et l’autre par
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 40
l’ANPAA 30. Le CHAA de l’ANPAA 30 a pu mettre en place, avec l’incitation de la tutelle, un
maillage départemental sur des zones non pourvues du département.
Nous avons un autre centre de soins spécialisé en alcoologie et addictologie qui est géré par une
association du nord du département, qui s’appelle Le Vigan Interaide et qui propose, dans le cadre
d’un véritable travail partenarial, l’accueil des patients ayant des problématiques d’alcool.
Dans le Gard, il existe un réseau fort ancien sur Alès et un réseau sur Le Vigan qui a permis la
création de ce centre de soins.
Enfin, il y a un réseau d’associations d’entraide fort dynamique avec une très bonne représentation
des Alcooliques Anonymes sur les principales villes du département et dans certains villages. Sont
présentes également la Croix Bleue et Vie libre, qui a aussi un réseau étoffé d’adhérents.
2. Les points forts
Les points forts sont une connaissance réciproque des acteurs et un travail de réseau formalisé : des
conventions existent entre l’ANPA, les CHU et les cliniques privées.
3. Les points faibles
Il reste du travail à faire dans la liaison avec la psychiatrie publique en particulier.
Les moyens pour l’ambulatoire sont insuffisants. Par exemple, notre file active sera supérieure à
1 000 patients pour le CCAA de l’ANPA pour 2006.
Dernier point faible, des chaînons sont manquants : dans le dispositif d’aide, nous manquons
d’hébergements, d’appartements thérapeutiques. Et puis il y a un gros travail de sensibilisation des
médecins généralistes qui connaissent bien le dispositif à 30 %. Je vous remercie.
Etat des lieux dans le département de Hérault
Mme Meïssa NEKAACCAA Montpellier
Je travaille au CCAA de Montpellier, au CHU de Montpellier à l’unité de traitement des
toxicodépendances et au CHU de Nîmes au CAA.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 41
I. Le dispositif de prévention
1. Les acteurs et les actions
Sur Montpellier, nous sommes nombreux à travailler, à la fois le centre hospitalier et le CCAA. Au
niveau de la prévention, nous avons dans le cadre du CCAA une équipe d’infirmières qui vont dans
les CHRS rencontrer les publics défavorisés.
Nous avons aussi beaucoup d’actions de formation dans les entreprises, entre autres la TAM.
Nous avons aussi mis en place dans le cadre de la prévention un travail en direction des familles
d’accueil d’enfants qui étaient placés par la justice, qui ont souvent des parents qui ont un problème
addictif. On s’aperçoit que peu d’actions sont menées pour la prise en charge des parents. On place
les enfants, mais on ne traite pas la « source ». Ces enfants retournent les week-ends chez leurs
parents qui continuent à s’alcooliser. Il nous paraissait intéressant de rencontrer ces familles, de
mettre en place une formation pour qu’elles connaissent mieux la maladie alcool et de voir ce qui
pourrait être mis en place pour le suivi de ces enfants.
Nous travaillons en collaboration avec la justice et nous prenons en charge les personnes qui ont des
obligations de soins. Ces personnes viennent au centre pour avoir un suivi au niveau psychologique
et au niveau médical si besoin est.
Nous essayons aussi de mettre en place des formations et du soutien technique pour des personnes
relais. C’est surtout ce qui est fait du côté de l’alcoologie libérale. Nous avons la chance d’avoir sur
l’Hérault une activité libérale d’addictologie qui est bien présente.
2. Les points forts
Le partenariat ANPAA – hôpital fonctionne plutôt bien. Est en place depuis plus d’une année un
groupe de travail sur « alcool et grossesse », d’où mon intérêt pour l’atelier de ce matin.
Le réseau libéral est actif, mais non formalisé et peu développé. Nous essayons de travailler en
réseau avec les médecins libéraux car, comme la demande est importante, il faut pouvoir travailler
en relais.
Nous travaillons aussi beaucoup avec les équipes techniques de la DSD et, au niveau libéral, une
cellule a été mise en place avec des psychologues, des infirmiers et d’anciens malades qui tournent
dans différentes antennes pour apporter une information.
3. Les points faibles
Les points faibles sont la difficulté de répondre à toutes les demandes et le manque de moyens.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 42
II. Le dispositif de soins
1. Les acteurs et les actions
Les centres hospitaliers de Montpellier et de Béziers ont chacun des unités d’addictologie. Nous
avons aussi différentes cliniques avec lesquelles nous travaillons énormément. Nous avons
également un espace santé dans l’hôpital local de Lunel et un territoire de santé Ganges-Le Vigan.
Dans les centres de post-cure, nous retrouvons Notre-Dame de la Rouvière du Vigan dans le Gard,
St Pons de Sommières, La Canourgue en Lozère, le Château du Boy en Lozère, Font-Romeu dans
les Pyrénées-Orientales. En matière de centres de soins ambulatoires, nous avons un seul CCAA à
Montpellier. Le CCAA a mis en place différentes antennes à Sète, Pézenas, Clermont-l’Hérault et
Bédarieux, une consultation à la prison, des infirmières qui interviennent dans les CHRS et un
travailleur social qui intervient dans les CCAS. Le réseau existe : il est fragile, mais il est actif.
2. Les points forts
Les points forts sont des acteurs dynamiques et une offre diversifiée (libérale et hospitalière).
3. Les points faibles
Les points faibles sont un dispositif fragile parce qu’il n’est pas toujours formalisé, un manque de
coordination, un manque de transparence (on se posait la question de créer une sorte de petit livret
avec les coordonnées des différents intervenants), des difficultés de liaison avec les services de
psychiatrie publique, un manque de lits important, un manque de lien entre l’hôpital et la ville. De
fait, les médecins généralistes sont débordés : il n’est pas toujours évident de les intéresser. Je vous
remercie.
Etat des lieux dans le département de la Lozère
Mme Magali VIALADirectrice de l’ANPAA de la Lozère
I. Le dispositif de prévention
1. Les acteurs et les actions
Deux acteurs sont principalement identifiés comme intervenant directement dans le domaine de la
prévention des addictions et notamment du risque alcool : l’ANPAA et le comité départemental
d’éducation pour la santé. Néanmoins, de nombreux acteurs peuvent mener ou être impliqués dans
des actions et de nombreuses collaborations sont entreprises avec les structures sanitaires, les
associations d’insertion et les collectivités territoriales entre autres.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 43
Au niveau de l’ANPAA, la prévention se fait auprès des jeunes, mais une attention toute
particulière est portée à la formation d’adultes relais, notamment dans la communauté éducative,
mais également auprès de professionnels intervenant dans le champ médicosocial, afin de
pérenniser les actions de prévention.
Les interventions en entreprises existent, mais elles restent encore marginales. Nous avons du mal à
mobiliser les entreprises, surtout lorsqu’elles sont petites et qu’elles n’ont pas de CHSCT.
L’ANPAA intervient aussi dans l’animation d’un réseau addictologie créé en 2004.
Le comité départemental d’éducation à la santé participe aux actions de prévention en partenariat
avec l’ANPAA. Il anime des collectifs de professionnels, notamment autour du tabac, et il participe
aussi au réseau addictologie en animant des groupes de travail et en collaborant notamment sur la
méthodologie pour l’évaluation ou pour l’animation.
2. Les points forts
Les programmes sont élaborés avec les acteurs et avec les partenaires institutionnels, notamment
avec l’éducation nationale qui est notre partenaire privilégiée, mais aussi avec les services de la
justice.
L’intégration de la prévention dans la dynamique de réseau mise en place en 2004 facilite
l’articulation entre soins et prévention.
Nous avons bon maillage territorial : le petit nombre d’acteurs nous oblige à être présents sur tout le
département, même s’il reste des zones difficiles à atteindre du fait de l’éloignement géographique.
3. Les points faibles
Le petit nombre d’acteurs impliqués dans la prévention est le principal point faible du dispositif.
Les autres points faibles sont la difficulté de mobiliser les entreprises et le manque de moyens
financiers pérennes.
II. Le dispositif des soins
1. Les acteurs et les actions
Le centre hospitalier de Mende travaille sur le sevrage et l’orientation des patients. Un service de
soins de suite et de réadaptation dépendant du centre hospitalier général de Mende propose
d’accueillir les patients sevrés à l’hôpital en consolidation de sevrage. Le centre hospitalier
spécialisé de St Alban a une unité spécialisée de sevrage et de cure pour les patients dépendants
alcooliques présentant des troubles psychiatriques associés.
Le département compte deux centres de post-cure : le centre de soins spécialisé du Boy et le centre
de soins spécialisé Ste Marie à La Canourgue qui a la particularité d’accueillir des femmes et leurs
enfants.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 44
En matière de centres de soins ambulatoires, nous avons un CCAA et un CSST qui sont tous les
deux gérés par l’ANPAA 48. Ils proposent l’accompagnement médico-psychosocial des patients, ils
gèrent aussi un centre méthadone et ils proposent des consultations jeunes consommateurs.
2. Les points forts
Premier point fort, l’offre est recentrée sur un petit nombre d’acteurs, ce qui facilite la collaboration
entre les structures.
La dynamique de réseau mise en place en 2004 facilite les temps d’échange et de réflexion entre les
professionnels et vise à améliorer les modes de coopération entre les structures. Cette dynamique de
réseau est intéressante aussi parce qu’elle associe la prévention et le soin, les services de la justice
et l’éducation en général.
3. Les points faibles
Il manque des acteurs impliqués dans le domaine de la cure. Nous avons un service hospitalier qui
accueille des patients pour des sevrages et des cures, mais qui n’a pas de service spécialisé dans ce
champ-là. C’est un maillon manquant, qui nous oblige à nous adresser hors du département.
Il manque également des appartements thérapeutiques et des hébergements spécifiques.
Il est nécessaire d’améliorer les modes de collaboration entre centre hospitalier général et centre
hospitalier spécialisé, avec les difficultés d’orientation des patients qui présentent des troubles
psychiatriques associés ou des troubles du comportement.
L’implication de certains professionnels, libéraux notamment, fait défaut. De fait, il est difficile
d’impliquer les médecins généralistes dans la prévention et dans le soin pour les personnes
alcooliques. Cette difficulté vient aussi du manque de médecins.
La prise en charge des addictions est à renforcer en milieu pénitentiaire. Même si nous sommes
présents régulièrement en maison d’arrêt, nous avons peu de temps à consacrer à ces personnes. Je
vous remercie.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 45
Etat des lieux dans le département des Pyrénées-Orientales
Michel MEVELANPAA des Pyrénées-Orientales
I. Le dispositif de prévention
1. Les points forts
Le principal point fort du dispositif de prévention dans le département est le plan départemental de
prévention des addictions, avec un partenariat très large qui associe :
• le CODES qui prend toutes les références des établissements scolaires qui sont intéressés par la
prévention (les interventions dans les classes de 6ème
et de 2nde ont été initiées à l’origine par les
services de la DDASS, elles ont été mises en place depuis 2002 et, depuis, elles se poursuivent
malgré les aléas et le manque de pérennité des moyens) ;
• l’éducation nationale qui fait un travail énorme, avec les services de santé scolaire ;
• le Conseil général ;
• les mairies de Perpignan, Céret et Prades ;
• La police, la gendarmerie nationale, les douanes ;
• La mutualité, etc.
C’est un vaste programme. Il repose sur des interventions de 6 heures par classe, avec 1 heure à
1 heure 30 de rencontre avec les parents et 1 heure de bilan. On commence au mois d’octobre et on
termine, suivant les aléas de l’année, au mois de mai-juin.
2. Les points à développer
Il faut maintenir le dispositif existant, le développer en réponse aux demandes des établissements
scolaires, intégrer des nouveaux partenaires, faire du lien dans la cité (former des relais au sein des
quartiers en lien avec les intervenants sur place et avec une assistance technique) et développer la
formation en entreprise (nous sommes actuellement sur un projet sur la Ville de Perpignan).
II. Le dispositif de soins
1. Les acteurs et les actions
L’offre hospitalière est représentée par l’hôpital St Jean de Perpignan avec une addictologie de
liaison qui sera sûrement réorganisée parce que l’addictologie de liaison a tendance à faire de
l’ambulatoire étant donné que les médecins généralistes ont l’habitude d’adresser systématiquement
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 46
à l’hôpital. L’hôpital de Thuir nous offre quelque chose de prodigieux, qui fonctionne très bien au
niveau des publics précarisés : le module d’accueil et d’orientation du Dr Alezra, qui fait des
consultations avancées dans les CHRS et avec qui l’on travaille en partenariat. Ce module est
cofinancé par l’Etat, le Conseil général et la mairie de Perpignan. La clinique de Théza a un
programme d’abstinence qui fonctionne sur 4 semaines.
En matière de centre de post-cure, nous avons le centre de Val Pyrène à Font-Romeu, qui est dirigé
par le Dr Gomez.
S’agissant des centres de soins ambulatoires, nous sommes passés des consultations avancées
d’alcoologie aux consultations avancées d’addictologie. C’est un travail qui se fait en soirée mais
aussi entre midi et deux.
Etre repéré et repérable implique un travail régulier, aux mêmes jours et aux mêmes heures. Nous
avons des consultations avancées d’addictologie après des CHRS et des centres d’hébergement sur
place.
Nous avons aussi les mouvements néphalistes qui sont nombreux aujourd’hui et qui font un travail
complémentaire autour de la personne qui a des problèmes d’alcool.
2. Les points faibles
Le réseau des médecins généralistes est à développer. C’est l’une des missions du CCAA.
Les lieux ressources existants doivent être développés également. Nous avons des services de
gastroentérologie qui sont très performants. Quand nous discutons avec eux, ils sont tout à fait
intéressés. Je trouve qu’au-delà de l’intérêt, il s’agit de réintégrer dans ces services la personne
ayant des problèmes d’alcool dans une prise en charge tout à fait classique. Je pense à la clinique La
Roussillonnaise et à la clinique Médipole.
Autre point faible, les prises en charge hospitalière sur Prades et Céret avec un hôpital local sur
Prades et une clinique sur Céret.
S’agissant du maillage au niveau du département, nous avons des problématiques de prise en charge
en ambulatoire. Nous travaillons en partenariat avec le centre de post-cure de Val Pyrène et
l’ANPA. Nous allons développer tout ce réseau de prise en charge ambulatoire avec les médecins
généralistes et les intervenants sociaux. En plus, nous attendons pour 2010 le centre hospitalier
transfrontalier de Puigcerda. Il faut que nous soyons prêts à ce moment-là, de manière à étudier la
prise en charge transfrontalière sur le plateau cerdan. Je vous remercie.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 47
Synthèse régionale et annonce de la restitution des ateliers
Pr Jean-Louis BALMESCHU de Nîmes
Le Languedoc-Roussillon est dans le peloton de tête non seulement pour les consommateurs à
risques, mais aussi pour la consommation par tête d’habitant : nous dépassons la région Nord-Pas-
de-Calais. Nous sommes dans un environnement socioculturel et économique particulier, avec une
pression démagogique et électoraliste aboutissant à des non sens et desservant finalement la filière
vitivinicole. C’est donc un problème de santé publique.
L’implantation du dispositif en Languedoc-Roussillon a été soutenue par les tutelles, mais le
maillage est insuffisant au niveau sanitaire et médicosocial. Il n’y a pas de politique d’établissement
en particulier au niveau des soins. Il y a un gros problème : la filière psychiatrique n’a rien à voir
avec la filière addictologique, les liens entre les deux sont difficiles. Il y a 20 % de comorbidité
psychiatrique mais 80 % des personnes n’ont pas de comorbidité psychiatrique.
La prévention demande une coordination et surtout une modification des conditions de
financement. C’est l’un des points à faire remonter. On ne peut pas faire de la prévention sur des
financements à un an.
Enfin, les groupes d’entraide sont assez hétérogènes. Ils sont présents dans le Languedoc-
Roussillon, ils sont à soutenir, à former et à renforcer.
Le maillage dans le Languedoc-Roussillon est caractérisé par l’hétérogénéité des situations et les
inégalités d’accès à la prévention et aux soins sur le territoire.
Je voudrais insister sur la lisibilité insuffisante du dispositif. A quoi sert de faire de la prévention si
l’on ne sait pas à qui adresser les personnes à risques ?
Deuxièmement, il ne faut pas diaboliser les alcooliques. En fait, le public est constitué des
personnes à risques qui représentent entre 17 et 18 % de la population du Languedoc-Roussillon. La
prévention doit s’attacher aux consommateurs à risques et non pas à l’alcoolique.
Les propositions de notre groupe de travail mettent en avant la lisibilité (au lieu de mettre le code
du débit des boissons, afficher les tableaux d’équivalent verre dans les lieux de consommation), la
nécessité d’une information fiable, claire et partagée dans le recueil des données (l’item alcool n’est
pas une entrée pour les données épidémiologiques), l’amélioration de la lisibilité du dispositif vis-à-
vis du grand public mais aussi des professionnels, le besoin de formation, la prise en compte de la
problématique alcool-addiction, la sensibilisation des différents groupes à risques, la pérennisation
nécessaire des financements dans la prévention et dans le soin, la connaissance fine de la couverture
géographique en matière de prévention, de repérage et de soins, une coordination des acteurs de
prévention vers un consensus vers des référentiels communs.
Nombre de ces éléments ont été écrits avant la proposition de la circulaire sur l’addiction qui vient
d’être rendue publique. Pour améliorer la cohérence et la pertinence, le groupe de travail proposait
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 48
un groupe régional d’addiction auprès de la Conférence régionale de santé pour apporter son
expertise en termes de stratégie et de politique. Je vous remercie.
M. Jacques ARTIERES, CPAM de Montpellier
Sur les indicateurs, nous avons vu tout à l’heure dans les différents tableaux les décès liés à l’alcool,
mais ils n’apparaissent pas dans le Statis qui nous a été remis. Je crois que ce sont des chiffres assez
marquants : c’est une piste de travail.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Il est vrai que ce n’est pas repris dans les statistiques officielles. M. Ledésert, où avez-vous trouvé
les éléments que vous nous avez présentés en début de séance ?
Dr Bernard LEDESERT
Les données sur les décès sont issues de la base de données sur les causes médicales de décès. Elles
sont accessibles sur le site internet de la FNORS. Mais il est vrai que l’on a un problème pour relier
un certain nombre de décès à l’alcool. Un travail avait été fait dans les années 95, et c’est sur celui-
ci que l’on se base quand on dit qu’il y a 40 000 décès liés à l’alcool en France. Il faut sans doute
réactualiser ces données. Je sais que l’OFDT a prévu de s’y atteler dans son programme de
travail 2007.
Dr Pascal POSSOS, médecin alcoologue libéral
Je voudrais parler au nom des médecins libéraux qui manquent dans le dispositif. Quand je me suis
installé, j’ai demandé une valorisation de l’acte puisque je travaille dans un cabinet de psychiatrie et
je me demandais comment je pourrais vivre en faisant des consultations de 20 à 30 minutes avec un
C de spécialiste. On m’a répondu que ce n’était pas possible. J’ai également demandé que l’accès
aux soins soit hors coordination parce qu’un certain nombre de malades viennent me voir sans
passer par leur médecin généraliste. La CPAM m’a répondu que c’était impossible. Je ne vois pas
comment vous pourrez impliquer les médecins généralistes dans le dispositif s’il n’y a pas des
mesures spécifiques qui sont prises pour valoriser leur action et leur participation.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Ce problème dépasse largement le problème de l’alcool : c’est la place des médecins généralistes
dans les réseaux, dans la coordination, dans les actions de prévention.
M. Michel MEVEL, ANPA 66
Les gens qui ont des problèmes d’alcool font partie de la clientèle des médecins généralistes. Je
crois qu’il faut apporter une aide à ces patients et les prendre en charge pendant les périodes
difficiles où le médecin généraliste ne pourra pas continuer à les suivre. Nombre de médecins
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 49
généralistes disent qu’en tant que médecin de famille, ils sont les moins bien placés pour prendre en
charge une telle problématique qui implique des relations, des rôles, des problèmes familiaux.
Un intervenant
Je voudrais que l’on retienne que le médecin généraliste et tous les intervenants de terrain ont des
interventions brèves. Envisagez-vous un jour d’arrêter de boire ? Cela ne prend pas 30 minutes,
mais l’on sait que poser cette question diminue de 50 % la consommation. Il faut former les
médecins et les intervenants de premier accueil. Il ne faut pas se centrer uniquement sur les
alcooliques. Cela ne représente que 3 % de la population alors qu’il y a 17 % de gens qui sont juste
en amont et sur lesquels on peut intervenir.
Mme Béatrice ROUGY, directrice de la santé au Conseil régional
Je ne sais pas si le Dr Terral est encore là, mais il disait « l’alcool n’est pas un problème, c’est une
solution ». En fait, les chiffres que nous a donnés B. Ledésert ont fait apparaître le lien entre la
question de la précarité de l’emploi, des catégories socioprofessionnelles et le problème de
l’alcoolisation, ainsi que le lien entre l’alcoolisation des parents avec celle des enfants. On n’a peut-
être pas suffisamment réfléchi aux questions d’environnement social et familial qui sont impliqués
dans les consommations d’alcool.
Pr Henri PUJOL
Tout à l’heure, je faisais une remarque par rapport à d’autres maladies que l’alcoolisme. Vous
n’avez pas prononcé le mot, mais je m’excuse, ce que vous décrivez est une maladie qui entraîne la
souffrance de la personne, de son entourage, mais aussi d’autres familles. En 2001, je présidais une
Conférence régionale de santé. Du matin au soir, on a entendu des cris terribles de personne qui
avaient perdu leurs enfants sur la route. On ne se remet jamais de tels drames. Je voudrais
interpeller mon ami Balmès. Il avait raison, mais il y a dix ans je ne l’avais pas compris. Un jour, je
lui ai confié une personne qui était vraiment dépendante et il m’a dit « s’il ne veut pas, il ne guérira
pas ». Cela m’a terrifié. Il est vrai qu’un travail énorme est à faire en amont.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Plusieurs intervenants ont parlé de lisibilité du dispositif. Je voudrais que l’on précise ce que cela
veut dire. Faut-il faire connaître les structures existantes ?
Un intervenant
Je me fais le porte-parole du groupe de travail. Lorsque j’ai commencé mes études médicales,
quand un malade avait un cancer, la consigne était surtout de ne pas lui en parler. Quand les centres
anticancéreux se sont mis en place et que l’on a parlé du cancer, on a commencé à faire de la
prévention parce que l’on savait où était la limite. Tant qu’il n’y aura pas dans l’espace sanitaire de
soin d’une maladie alcoolique l’affichage « service d’alcoologie-addictologie », les médecins
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 50
généralistes ne sauront pas où adresser les malades. Ils les adressent à des psychiatres. Je n’ai rien
contre la corporation psychiatrique, mais 80 % des malades ne les concernent pas.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Merci pour cette précision.
Un intervenant
Je ne vois pas apparaître dans cet état des lieux quelque chose qui nous manque cruellement autour
de Montpellier, je veux parler des services d’hospitalisation en amont et en aval des post-cures.
Un intervenant
Cela pose le problème du SROS MCO et SSR. Actuellement, les troubles de la mémoire, les
troubles des comportements sont l’un des gros problèmes qui nous gênent dans la prise en charge de
ces malades. On se demande si, dans le premier mois, on peut travailler avec eux et s’il ne faudrait
pas attendre un ou deux mois avant de commencer à faire une psychothérapie. Ces centres
n’existent pas. Ils sont dans la circulaire qui va paraître sous forme de soins SSR pour troubles
cognitifs et comportementaux. Le Languedoc-Roussillon a constitué un groupe de travail sous
l’égide de l’ARH, la DRASS et l’URCAM dans lequel sont prévus des lits relais. Quand ce volet
addictologie passera-t-il en SROS MCO et SSR ? Le dossier est prêt. Il est dans un tiroir à l’ARH.
La circulaire demande qu’il soit inscrit pour cette année ou l’année prochaine en avenant sur les
SROS.
Dr Ramon GOMEZ, directeur du centre de post-cure de Font-Romeu
Dans le rapport que j’ai lu, je n’ai rien vu sur le coût. On dit que la santé n’a pas de prix, mais elle a
un coût. Il est peut-être intéressant de savoir combien coûte l’alcool (accidents, arrêt de travail,
etc.), pour le mettre en regard du coût du dispositif de prévention et de soins.
Dr Bernard LEDESERT
Je n’ai pas d’élément sur les coûts. Des travaux essayent d’évaluer le coût d’un certain nombre de
pathologies. On sait par exemple que le coût du tabagisme est nettement supérieur aux rentrées
financières liées aux taxes sur la vente des tabacs. Je crois que le coût de l’alcoolisme en France est
nettement supérieur à ce que l’alcool rapporte au niveau économique. Mais ce n’est pas une raison
pour passer à un discours prohibitionniste. En revanche, on peut montrer le poids que l’alcool a
dans la mortalité prématurée. On sait que l’alcool est un facteur très important de mortalité
prématurée.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 51
M. Jean-Paul ROMARIN, DRASS Languedoc-Roussillon
En 2004, le coût social de l’alcoolisme a été estimé à 17 milliards d’euros, soit 1,42 % du PIB. Sans
commentaire.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Nous allons passer à la restitution des ateliers de ce matin.
Atelier « Alcool et grossesse »
Dr Philipe FABREANPAA du Gard
J’ai été pendant 20 ans médecin libéral. Donc, je connais bien le monde du médecin généraliste. Les
médecins ont beaucoup de pression, ils ne veulent pas être addictologues, mais par contre ils sont
les dépositaires de la misère des citoyens. Ils ont les 20 % des malades addictifs dans leur cabinet.
Ils veulent bien participer, ils veulent être respectés, mais ils ne veulent pas être dépositaires de
méthodologies lourdes. Ils sont d’accord pour des interventions brèves, mais ils ne veulent pas d’un
travail énorme de prise en charge.
Dans l’atelier, nous étions moins d’une dizaine de personnes, mais les participants étaient très
motivés et très qualifiés en addictologie. Le sujet « alcool et grossesse » montre bien le paradoxe de
l’alcool. La thématique « alcool et périnatalité » au sens large représente à elle seule la léthargie de
notre société. Ce sujet a été emblématiquement ignoré par tout le monde. Cet atelier insiste pour
que l’on reconnaisse enfin la toxicité de l’alcool.
La première reconnaissance est de recueillir les consommations déclarées d’alcool. Pour cela, on a
décidé de faire passer ce message à travers un conseil minimal dans un questionnaire beaucoup plus
large sur l’hygiène et la santé de la grossesse, le but étant surtout de ne pas stigmatiser une
population. Le Dr Balmès l’a dit, évitons de stigmatiser une population ou une sous-population. Les
femmes n’ont pas à porter le chapeau du déni de la collectivité. Le moment privilégié, c’est le plus
tôt possible. On n’est pas obligé d’attendre une loi qui nous dise : c’est au 4ème
mois de grossesse
qu’il faut faire passer un questionnaire dans un entretien de 45 minutes que pratique la sage-femme.
Il est proposé que le premier intervenant qui va suivre une grossesse soit habilité selon une
codification particulière à faire passer cet entretien et à recueillir les consommations déclarées, afin
de pouvoir trier les simples consommations. Le syndrome d’alcoolisation fœtale ne représente que
la partie émergée de l’iceberg. La toxicité neurocomportementale est une petite bombe à
retardement. S’il y a eu des consommations qui étaient moins importantes que les consommations
chroniques, il y a un risque non négligeable de troubles neurocomportementaux chez l’enfant à
devenir dans la petite enfance jusque dans l’adolescence. 10 à 20 % des enfants et des adultes
jeunes qui seraient dans des IMP, des IMPro ou dans des CAT seraient victimes de la toxicité liée à
l’alcoolisation de la mère. Une loi a été votée sur l’affichage de toutes les boissons alcoolisées :
c’est une bonne chose pour tout le monde.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 52
La deuxième recommandation concerne le suivi des grossesses qui présentent ce risque. L’atelier
propose d’avoir un référent en milieu obstétrical : ce référent suivrait de façon privilégiée les
femmes avec des grossesses à problèmes. Il prendrait la mesure, il ferait l’interrogatoire et le suivi
et il organiserait le suivi au milieu de services spécialisés en lien avec l’addictologie et l’alcoologie.
Ces propositions doivent maintenant être mises en forme et discutées.
Pr Henri PUJOL
Ce que vous avez dit est très clair et très convaincant. Pour la femme enceinte, faut-il préconiser la
tolérance zéro ?
Dr Philip FABRE
C’est le message que fait passer le conseil minimal.
Un intervenant
Ce message a un peu de mal à passer et la société française d’alcoologie en est un peu responsable.
Si un bébé qui vient de naître ne peut pas prendre d’alcool, a fortiori il ne peut pas en prendre avant
de naître. Or, dans notre imaginaire, c’est la femme qui boit et l’on ne comprend pas que c’est le
fœtus qui boit. Peut-être aurait-on dû faire passer ce message : dès le premier jour, il ne faut pas
mettre d’alcool dans le biberon.
Pr Henri PUJOL
Vous avez très bien compris où je voulais en venir. On a l’habitude des doses. Par exemple, on va
dire qu’un verre de vin le matin et un autre le soir ne font pas de mal. Là, vous êtes clair : les
femmes enceintes ne doivent pas boire du tout d’alcool.
Un intervenant
Je rajoute que, quand une femme enceinte n’a que 0,50 gramme d’alcool par litre de sang, le bébé
lui a la même concentration par litre de sang mais pour un poids bien moindre.
M. Jean-Pierre RIGAUX
L’information est-elle bien connue des professionnels ? Ce message est-il délivré dans le cursus de
formation des infirmières et des médecins ?
Dr Philip FABRE
Ce matin, dans l’atelier, un praticien hospitalier en gynécologie obstétrique au CHU de Montpellier
nous disait qu’il avait organisé une réunion avec des praticiens. Sur les 15 praticiens qui étaient
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 53
présents, 3 seulement ont dit qu’ils préconisaient la consommation zéro d’alcool pendant la
grossesse.
Pr Henri PUJOL
On pourrait faire la une du Midi libre demain avec ces chiffres.
Philip FABRE
Il faut le dire sans stigmatiser cette population de femmes enceintes parce que ce sont elles qui
portent la vie. Comme nous avons un inconscient collectif, nous allons essayer de prouver la
toxicité de l’alcool par la petite porte que représente le fœtus : je crois que le pari est difficile.
Un intervenant
Nous avons travaillé sur les médecins gynécologues, les sages-femmes, le personnel infirmier, tous
étaient à peu près au courant, mais seulement deux ou trois arrivaient à en parler et les autres le
faisaient toujours avec le petit sourire du verre de vin bitterrois. Il y a toujours cette restriction « oui
mais, quand même un peu ».
Il faut également parler de la dose d’angoisse, de culpabilité que ressent une femme quand elle
apprend qu’elle est enceinte alors qu’elle a fait la fête le week-end précédent. Donc, le message doit
être clair et formel, mais la consommation d’alcool chez la femme enceinte ne provoque pas à tous
les coups des malformations fœtales.
Je voudrais apporter une nuance concernant les études faites dans les CAT : ce n’est pas 20 %, mais
80 % de problème d’exposition fœtale à l’alcool chez les enfants. C’est donc un problème majeur,
dont on n’a pas pris conscience.
Atelier « alcool, jeunes et fêtes»
Olivier PUECHMédecin inspecteur à la DRASS Languedoc-Roussillon
Si l’on n’avait que quelques mots à dire, on pourrait dire qu’il s’agit pour nous d’accompagner et de
réduire les risques en ciblant les populations.
Accompagner et réduire les risques parce que l’on ne délivre pas comme l’atelier précédent un
message d’interdiction totale de l’alcool pendant les fêtes car on sait bien que cet objectif est
illusoire. En revanche, nous ne sommes pas non plus dans le déni. Nous nous adressons à ces 17 %
de la population qui ne sont pas alcooliques mais qui boivent pendant les fêtes et pour lesquels on
pourrait faire quelque chose.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 54
Comment accompagner le risque ? On pourrait l’accompagner avec une guidance des adultes : les
adultes doivent montrer l’exemple. On pourrait aussi travailler sur le sens de l’ivresse : pourquoi
ces jeunes ont-ils des conduites d’alcoolisation qui les mènent à l’ivresse ? Un travail également
devrait être fait sur les rites d’intégration et sur la recherche d’autres rites d’intégration que ceux qui
s’appuient sur l’alcoolisation. Il faut aussi réduire les risques au niveau des conduites sexuelles et
les risques routiers.
Il faut cibler les populations les plus jeunes. On a cité l’exemple d’élèves qui sont en internat dans
des lycées, qui sont livrés à eux-mêmes le mercredi après-midi et qui, parfois, rentrent dans des
états d’alcoolisation avancés. Plus l’alcoolisation est précoce, plus elle est grave et surtout, plus elle
ouvre la voie à d’autres types de pratiques addictives. Les autres populations à risques sont les
étudiants, les jeunes filles et les sportifs. Il est avéré que les sportifs, surtout s’ils pratiquent un sport
en club et à un haut niveau, ont des consommations d’alcool assez élevées.
Dr DUHAMEL, chef de service de gastroentérologie à Béziers
Vous avez écrit « pas d’interdiction » : je ne comprends pas très bien.
Dr Olivier PUECH
Dans les manifestations sportives ou festives, on ne peut pas proscrire l’alcool. Le phénomène
alcool existe, il faut le limiter et l’accompagner.
Dr DUHAMEL, chef de service de gastroentérologie à Béziers
Quand vous voyez un adulte qui entraîne des enfants de 13 ans au foot le dimanche et qui leur
propose de la bière en fin de match, je me pose la question de « pas d’interdiction ».
Dr Olivier PUECH
Nous sommes d’accord. L’aspect sportif, c’est différent. C’est vrai qu’il y a des buvettes et que le
sport est souvent le lieu d’une consommation d’alcool, mais on retombe à ce moment-là sur
d’autres dispositifs qui sont des dispositifs légaux qui interdisent les buvettes sur les stades. Cette
interdiction n’est malheureusement pas respectée.
Une intervenante
Vous avez dit que l’alcool faisait partie des rites d’initiation. Il faut être vigilant avec les jeunes en
particulier qui pratiquent la poly-intoxication. Il faut prendre le problème alcool à bras le corps,
mais il faut veiller à que le jeune ne se tourne pas vers d’autres produits stupéfiants.
Pr Henri PUJOL
Nous avons la chance d’avoir dans cette salle des grands témoins, mais aussi des adultes jeunes.
Comment réagissent-ils vis-à-vis de ce problème ?
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 55
Mme CRUZ Monique, Croix bleue
On ne peut pas interdire l’alcool aux enfants. Nous sommes intervenus plusieurs fois dans des
collèges et des lycées. Les élèves traversent la rue, rentrent dans un bar, boivent une bière et vous
font un bras d’honneur. Nous avons trouvé préférable, plutôt que d’interdire l’alcool, de leur parler
de tout ce que l’alcool pourra leur apporter : des maladies, des accidents en moto, etc.
Pr Henri PUJOL
Non seulement on ne peut pas leur interdire, mais le programme national nutrition santé dit qu’un
verre de vin matin et soir n’est pas mauvais.
Un intervenant
Je ne suis ni témoin qualifié ni jeune. Concernant l’alcoolisation des jeunes, il faut prendre en
compte le phénomène de déplacement de symptôme : si l’on supprime une conduite addictive, on
risque d’en faire apparaître une autre. Je crois qu’il ne faut pas interdire aux jeunes l’accès à
l’alcool, mais il faut rappeler à ceux qui vendent de l’alcool leurs responsabilités. L’intervention de
la force publique devrait être plus soutenue. Après, une question nous dépasse peut-être mais, en
tant qu’adultes, nous devons nous la poser. Cette conduite addictive manifeste un malaise de la
jeunesse. La conduite que la dame de la Croix bleue décrivait me paraît tout à fait raisonnable : il
faut alerter les jeunes sur les risques qu’ils prennent. Mais cela ne nous dédouane pas, en tant
qu’adultes, d’essayer de leur offrir une société qui ne les emmène pas dans ces errances.
Dr Patrick GRESLE
Le hic en matière de prévention chez les jeunes est le suivant. Lorsque les adultes ont un discours
sur l’alcool, ils se focalisent sur les risques et quand les jeunes parlent d’alcool, ils parlent de
plaisir. C’est comme si, pour parler de sexualité, on parlait d’abord des maladies vénériennes.
Mme Karen ASNAR, Mutuelle des étudiants
Je ne suis pas là en tant que porte-parole, mais comme je travaille beaucoup avec les populations
étudiantes et jeunes en général, je faisais partie du groupe « jeunes et alcool ». Il est vrai que l’on a
fait le distinguo entre la consommation d’alcool qui est liée à la fête et qui ne pose pas vraiment de
problème. De temps en temps, on va un peu trop loin, on est un peu malade et puis voilà. Ce n’est
pas vraiment cela le problème principal parce que la consommation d’alcool dans tous les cas sera
là et il n’y a pas d’intérêt non plus pour la construction de la personne d’enlever la totalité des
risques liés à la vie de la jeunesse. La question qui se posait était d’accompagner ces jeunes dans la
prise de risque, dans la réduction des risques autour de la sécurité routière, de la sexualité, etc. Le
discours doit être assez clair là-dessus. On n’est pas contre la consommation d’alcool plaisir, on
n’est pas contre la consommation d’alcool qui est un vecteur de socialisation. Par contre, il y a une
partie problématique sur le discours que l’on doit tenir et l’image que l’on doit avoir notamment par
rapport aux associations étudiantes qui construisent tout un dispositif d’intégration autour de la
consommation d’alcool. Il faut essayer d’autres alternatives intéressantes là-dessus.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 56
Mme Béatrice ROUGY
Ne serait-il pas utile dans notre région de tradition viticole forte d’élaborer un guide du bien boire,
qui permettrait de valoriser une campagne de prévention autour du plaisir ? La proposition du
Dr Balmès d’obliger les débits de boissons à afficher les équivalents de verre d’alcool est très
bonne : comment se fait-il que l’on n’y ait pas pensé plus tôt ?
Un intervenant
Une réflexion est conduite dans notre région sur ce point puisque nous sommes une région viticole.
Je pense que quelque chose va se construire autour de ce que vous proposez.
M. Richard PAYONNE, délégué régional de l’ANPAA
Il existe une très grande différence, Madame, entre votre intervention et celle qui précède. Avec
celle qui précède, je suis entièrement d’accord. Le problème, c’est l’accompagnement de
l’expérience du risque pour les jeunes, quel que soit le type de risque. Le rapport risque - plaisir est
quelque chose que nous vivons tous comme adultes. Nous savons qu’à tout plaisir est associé un
risque et qu’à toute prise de risque est associé du plaisir. C’est parce que nous avons fait cette
expérience, que nous nous sommes construits dans ce rapport entre le risque et le plaisir que nous
pouvons continuer à vivre en prenant du plaisir à vivre sans être dans des situations de dépendance.
Pour les jeunes, quel que soit le type de risque, c’est pareil. Mon fils a 17 ans. Cela fait deux mois
qu’il a une moto et il en est à son deuxième accident. J’ai le choix entre lui confisquer la moto ou
l’accompagner. L’accompagnement me semble beaucoup plus formateur. Il se trouve que je suis
motard moi aussi. Je considère que l’expérience qu’il va faire s’il dépasse la difficulté qu’il a
actuellement sera formatrice pour la suite. Par contre, je suis tout à fait opposé à un guide du bien
boire. Un tel guide revient en fait à une incitation du monde des adultes à boire, à une valorisation
du boire : c’est contradictoire avec les valeurs de la santé publique. Accompagner les jeunes dans
leur expérience du boire n’a rien à voir avec un guide du bien boire.
Dr Jean-Louis BALMES
Pour avoir travaillé avec des jeunes sur le sens de la fête et avoir travaillé sur la régulation des férias
et du carnaval, non seulement à Béziers et à Nîmes mais aussi aux Antilles où il y a des rituels, je
voudrais dire qu’aux urgences on voit des adolescents qui arrivent ivres, pour des raisons
différentes. Un certain nombre se sont fait piéger mais ce n’est pas la majorité. Une grande partie de
ces jeunes se retrouvent dans des situations personnelles en grande difficulté ou en crise. Ce n’est
pas la simple ivresse du samedi soir. Une ivresse de temps en temps peut se comprendre, mais une
ivresse tous les samedis manifeste le signe d’un malaise plus profond.
Par ailleurs, la consommation d’alcool est un problème de santé publique. Nous voyons des
hépatites alcooliques chez des jeunes filles de 16 à 18 ans, nous voyons des Korsakov à 26 ans. Et
ce sont des gens qui font la fête simplement. Je pense qu’il est intéressant de travailler sur le sens de
l’ivresse ou sur le sens de la fête. Le guide du bien boire ne s’adresse pas à ces gens-là. 80 % des
gens savent à peu près comment on boit bien. Ce sont les autres qui sont en danger.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 57
Dr Philip FABRE
Les adultes doivent montrer l’exemple. Dans notre région, les fêtes alcoolisées sont nombreuses et
nous en sommes tous conscients. Puisque ce sont les adultes qui font le choix de la distribution de
boissons, sans être dans la répression, il faut guider cette distribution de boissons. Qu’en est-il des
vignettes que l’on donnait pour les autorisations de buvettes de boissons ? Qu’en est-il des prix qui
sont pratiqués ? Les alcools sont achetés dans les supermarchés et sont revendus à moins d’un euro
le verre de pastis. Il faut être conscient de tout cela et ne pas être dans le déni. Il appartient aux
adultes de régler eux-mêmes leurs problèmes de distribution de boissons. Ensuite, on informe les
jeunes et effectivement on restera dans un monde ouvert.
Un intervenant
Je ne suis pas directeur régional de la jeunesse et des sports, mais puisque vous avez évoqué le
problème de la consommation de boissons alcoolisées sur les lieux sportifs, je voudrais faire la
remarque suivante. Très souvent, les clubs équilibrent leur budget parce qu’ils ouvrent la buvette.
Très souvent aussi, lorsque des jeunes organisent une fête, l’équilibre se fait avec la vente d’alcool.
Il y a peut-être une responsabilité des collectivités territoriales, de l’Etat qui, lorsqu’ils financent
une structure sportive peuvent édicter un certain nombre de règles.
Dr Ramon GOMEZ, Font-Romeu
C’est un véritable problème de santé publique. Je confirme ce que disait le Dr Balmès. Nous voyons
de plus en plus de patients jeunes avec des atteintes lourdes. Cela nous fait réfléchir.
Je voudrais aborder la question du marketing des alcooliers. Les alcooliers ont trouvé des stratégies
de marketing très agressives pour les jeunes. Je pense aux bières fortes et aux boissons prémix qui
peuvent contenir jusqu’à 8 % d’alcool, mais qui sont très douces au goût. Je pense aussi à la
sponsorisation de fêtes d’élèves. Il faut empêcher ces gens-là, par un durcissement du cadre
législatif, de mettre toute cette stratégie en place et nous de notre côté nous devons imposer un
marketing de l’alcoologie avec des stratégies qui soient attirantes pour les jeunes et qui contrent un
peu les stratégies de ceux qui font la promotion de l’alcool.
Une représentante de l’association ALANON
L’association ALANON regroupe des familles et amis de malades alcooliques. Je suis interpellée
par le statut de la boisson alcool. N’importe qui peut aller acheter de l’alcool dans une épicerie ou
un supermarché. Combien de malades alcooliques sont angoissés à l’idée d’aller faire des courses,
parce que les bouteilles d’alcool sont à la portée de la main. Aujourd’hui, un jus de fruit est vendu
plus cher qu’un verre de vin. Je n’entends pas parler de cette vente libre d’alcool, qui fait qu’à
n’importe quel moment un malade alcoolique peut acheter un produit toxique et mortel pour lui.
Une intervenante
Cela pose le problème des épiceries de nuit. On sait bien que les jeunes, la nuit, quand ils ne savent
pas quoi faire, achètent de l’alcool dans une épicerie ou dans une station-service. Il faut inclure cet
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 58
aspect dans cette réflexion sur les jeunes et l’alcool. Limiter cette capacité à se procurer de l’alcool
la nuit, c’est peut-être aussi réduire les risques d’accident causés par l’alcool.
Un intervenant
La vente d’alcool dans les stations-services est interdite de 22 heures à 6 heures du matin.
Atelier « Alcool et travail »
Michel MEVEL et Dr Patrick GRESLE
M. Michel MEVEL
J’ai demandé à M. Greslé de venir avec nous parce que, ce matin, il a fait une introduction
magnifique sur le monde du travail actuel, que j’aurais été totalement incapable de vous restituer.
Nous avons eu un certain nombre de personnes qui représentaient les mouvements néphalistes, un
représentant des Mastodontes du travail de la SNCF qui nous a parlé d’une expérience très
intéressante au niveau de la SNCF, un représentant de la sécurité sociale en service prévention qui
nous a fait une révélation tout aussi extraordinaire et nous avons terminé par une conclusion sur le
travail actuel par l’un des ténors du travail à la DRTEFP.
Dr Patrick GRESLE
Il a été dit ce matin qu’il n’y avait pas assez d’entrepreneurs ou de personnes du monde du travail
pour témoigner de leur souci au quotidien. A partir des expériences de la SNCF et du témoignage
d’un inspecteur du travail, il est apparu que les situations étaient très hétérogènes suivant la taille
des entreprises et suivant la manière dont elles pouvaient s’équiper ou non de structures spécifiques
de prévention et que la consommation d’alcool n’avait aucun lien avec la pénibilité du travail qui a
toujours existé, mais qui a peut-être changé de nature et de qualité. Le plus petit dénominateur
commun à ces situations disparates est le fait d’inscrire l’alcool comme risque professionnel dans
les entreprises, soit de l’inscrire dans les règlements intérieurs des entreprises, soit de sensibiliser
les DRH ou les CHSCT. Les hôpitaux sont un no man’s land : le problème de l’alcool à l’hôpital
que ce soit pour les patients hospitalisés ou pour les soignants est rarement évoqué. Pourquoi ne pas
promouvoir l’hôpital sans alcool comme on a promu l’hôpital sans tabac ? L’idée est lancée.
Plus concrètement, il est apparu qu’il y avait un gros problème au niveau de la prévention. La
prévention, c’est bien, mais à qui adresser les personnes en difficulté ?
Dr Anne NARBONI
L’éducation nationale a deux équivalents temps plein de médecins de prévention qualifiés en
médecine du travail pour 50 000 personnels. On ne peut pas dire qu’il n’y en ait pas. En revanche, il
est vrai que le décret de 82 modifié en 95 qui prévoit une visite au moins quinquennale ne peut pas
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 59
être totalement appliqué en l’état actuel. M. le recteur est très soucieux de la prévention en direction
des jeunes. Le plan prioritaire cette année était « académie sans tabac ». J’ose espérer que ce ne sera
jamais « académie sans alcool », parce que pour rejoindre les propos de plusieurs intervenants, dans
ce domaine la prohibition peut être aussi dangereuse et faire le lit d’autres addictions (cannabis,
cocaïne, crack…). Nous sommes toujours confrontés au même problème. On interdit dans
l’enceinte de l’établissement, mais que font les jeunes à proximité ?
Dr Patrick GRESLE
Le problème est souvent contourné (je prends l’exemple d’un centre AFPA) en faisant gérer le bar
de manière associative.
On s’est rendu compte que l’évolution des contrats de travail rend la prévention en entreprise
beaucoup plus complexe et difficilement réalisable. On se retrouve avec une population en contrats
précaires, qui est souvent en situation difficile.
Une intervenante
Je suis aussi à titre professionnel agent hospitalier. Je voudrais signaler qu’au CHU de Montpellier,
une campagne a été faite pour promouvoir l’hôpital sans alcool. A la cafétéria, les boissons
alcoolisées ont été supprimées. Est-ce légal ou non ? Je ne sais pas. Les personnels peuvent toujours
aller à la station-service du coin chercher leur petite dose, station-service qui est d’ailleurs à côté de
l’hôpital psychiatrique.
Dr Patrick GRESLE
Le code du travail stipule que l’on ne peut pas admettre l’alcool sur les lieux de travail sauf le vin,
la bière, le poiré et l’hydromel. Il faudrait peut-être le mettre à jour ! Par ailleurs, sur les boissons
servies à l’hôpital, une circulaire de 1958 prévoit une dose qui ne doit pas dépasser 25 cl de vin par
repas. Cette règle serait peut-être aussi à revoir.
Un intervenant
Pour rebondir sur votre proposition sur les panneaux d’affichage qui me semble tout à fait
intéressante, il y a un petit couac en région Languedoc-Roussillon où 85 % des entreprises sont des
TPE de moins de 10 salariés, sans représentant du personnel, sans CHSCT et souvent sans
panneaux d’affichage. Ensuite, les visites médicales du travail ont été espacées et ne sont plus
obligatoires que tous les deux ans sauf pour les métiers à risque. Enfin, si le code du travail permet
l’accès de certains alcools, c’est toujours avec l’accord du chef d’entreprise : donc, là aussi, il y a
une responsabilité qui doit être partagée.
Un intervenant
J’étais dans la commission et il se trouve qu’en Midi-Pyrénées, par rapport aux TPE, la stratégie ne
peut pas être la même. nous essayons d’obtenir la reconnaissance du risque alcool dans la liste des
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 60
risques professionnels, ce qui donne à la prévention en entreprise une porte d’entrée qui soit autre
que la morale, les chefs d’entreprise devant rendre des comptes sur les dispositions qu’ils ont prises
par rapport aux risques professionnels.
Un intervenant
Je sais qu’actuellement il vaut mieux que les pilotes d’avion embarquent avec un taux d’alcoolémie
égal à 0. Les conducteurs de train quant à eux ne doivent pas dépasser 0,50 gramme d’alcool par
litre de sang. Voilà des exemples complètement disparates qui sévissent actuellement.
Dr Patrick GRESLE
Je reviens sur l’hôpital sans alcool, car je crains d’avoir été mal compris tout à l’heure. Je dis
qu’instituer des lieux d’interdiction est un facteur qui fait diminuer la consommation et que, si on
l’a fait pour le tabac, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire pour l’alcool.
A ce titre, deux travaux ont été effectués. L’un a été mené dans les hôpitaux. Les malades à qui l’on
donne de l’alcool sont, pour beaucoup, des malades à qui le médecin prescrit de l’alcool. En tête
arrivent les orthopédistes, les anesthésistes, les cardiologues et les gynécologues. Vous avez des
entreprises dans lesquelles les employés portent un révolver à la ceinture. Cela s’appelle les
commissariats de police. Il y a des choses à dire aussi.
Une intervenante
Il me paraît important que les médecins du travail soient formés. Pour travailler en réseau avec
certains, je peux témoigner que la question de l’alcool n’est pas toujours abordée au moment des
visites médicales.
Un intervenant
Comment des personnes qui arrivent dans nos services en état très dégradé sont-elles toujours
insérées dans le monde du travail alors qu’elles ont manifestement un problème d’alcool, visible
même par une personne qui n’est pas formée ? Nous nous sommes posé cette question par rapport à
la médecine du travail.
M. Eric CECCO, Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle
Je suis intervenu dans ce groupe. Il est vrai que, s’agissant de l’alcool en entreprise, la situation est
très complexe. La première situation est celle de l’usage d’une machine dangereuse pour
l’utilisateur, pour ses collègues voire pour le public. Deuxième sujet, dans les grandes entreprises,
les restaurants qui sont des lieux de consommation d’alcool sont gérés par les représentants du
personnel puisque cela fait partie des œuvres sociales. Quand on aborde la prévention sur ce champ,
les représentants du personnel sont réticents car ils ont en ligne de mire le résultat aux élections
professionnelles. Nous avons également le cas où l’alcool peut être un risque professionnel dans
certaines professions où les repas avec la clientèle sont courants, où des caisses de vins sont offertes
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 61
en cadeau. Nous avons aussi tout ce qui est festif, initiatique, de décompression. J’ai connu le cas
de petites équipes de travail réunies autour de projets très exigeants, qui après allaient décompresser
sur le lieu de travail et commençait une soirée très arrosée dans l’entreprise. On ne peut aborder
cette question de la prévention de l’alcool en entreprise qu’en prenant en compte toutes ces
caractéristiques liées à des réalités très différentes. Enfin, quand on parle de précarité et de
consommation d’alcool, n’oublions pas que les contrats précaires sont des contrats légaux. On peut
donc se poser la question de la régulation dans l’utilisation de ce type de contrat dans l’impact
qu’ils peuvent avoir sur les conditions de vie des salariés.
Pr Henri PUJOL
Je suis non pas déçu, mais un peu surpris que les jeunes qui sont dans la salle ne prennent pas la
parole. Exprimez-vous. Vous vous exprimerez après le dernier atelier.
Atelier « Alcool et seniors »
Nathalie CHIOTTIDirectrice du centre d’information régionale sur les drogues et les dépendances
Nous étions un petit groupe de huit personnes et, pour enrichir notre réflexion, nous nous sommes
inspirés de données issues d’un travail réalisé par le réseau gériatrique du Nord du Dr Jacques
YGUEL. Je vais reprendre quelques chiffres clés qui ont été commentés au sein du groupe. 10 à
15 % des personnes âgées présentent des conduites problématiques de consommation d’alcool, ce
qui a été confirmé par certaines associations au niveau du groupe. Certains ont même dit que ce
chiffre était minimisé, du fait que les personnes qui interviennent à domicile auprès des personnes
âgées font très peu remonter cette problématique d’alcool. On parle peu de l’alcoolisation chez les
personnes âgées.
Selon une enquête réalisée auprès des professionnels par ce réseau, 98 % déclarent rencontrer des
problèmes d’alcoolisation dans leur clientèle, mais 88 % disent cependant ne pas l’avoir évoqué par
la personne. Ces chiffres ont été confirmés également au sein du groupe.
L’autre constat est le manque de lisibilité des différents acteurs pouvant intervenir dans ce domaine
après des personnes âgées.
Nous avons formulé plusieurs recommandations :
• sensibiliser sur le sujet par des campagnes nationales et la création d’un numéro vert que les
personnes âgées, mais également les familles pourraient appeler pour avoir des informations sur
l’alcoolisation des personnes âgées ;
• sensibiliser à un niveau local en facilitant le repérage des ressources les professionnels de 1ère
ligne (aide à domicile, auxiliaire de vie), les médecins généralistes, les gériatres, les urgentistes
(on a observé que l’hospitalisation peut révéler un problème d’alcoolisation chez la personne
âgée et être le point de départ d’une démarche pour la prise en charge de cette personne âgée) ;
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 62
• rendre lisible le système de soins et valoriser les groupes d’entraide ;
• enfin réaliser une enquête sur la prévalence du problème d’alcool chez les personnes âgées en
Languedoc-Roussillon.
Une représentante de l’association ALANON
Plusieurs fois, j’ai eu au téléphone des mamans de 85 à 90 ans qui se sentaient en danger parce que
leur fils buvait, cassait tout chez elles et qu’elles ne savaient pas à qui s’adresser. Je leur ai suggéré
de s’adresser à la police et à l’assistante sociale. En tant qu’association, le handicap le plus
important est justement le manque d’information sur le réseau. On ne sait pas qui sont les bons
interlocuteurs quand on a besoin de diriger les personnes en difficultés. Là, j’ai parlé de personnes
âgées, mais je pourrai aussi parler de mamans en danger.
Mme Marie PERRIN-LACOUR, conseillère technique en travail social à la DRASS
Je suis frappé par l’absence d’éléments qui mettent en avant que, pour aider une personne
alcoolique, il faut aussi travailler sur l’accompagnement psychologique de la personne et de son
entourage. Ce qui ressort des groupes est la prise en compte de l’aspect médical, mais il faudrait
aussi travailler sur le lien avec les autres acteurs de la société, y compris avec la police. On ne peut
pas traiter le problème de l’alcool que sur le plan du sanitaire.
Mme Nathalie CHIOTTI
Il a été évoqué dans le groupe de travail l’intérêt d’avoir des personnes relais au sein des différentes
institutions, qui puissent former les personnes de terrain dans les associations et dans les
établissements à cette problématique.
Une intervenante
Les CCAA font une prise en charge médico-psychosociale, car la maladie alcool nécessite une prise
en charge globale.
Un intervenant
Sur « alcool et séniors », le chiffre de 15% est sans doute sous-estimé. La violence subie par les
personnes âgées est importante et des enquêtes réalisées dans des foyers de gens âgés repèrent que
parfois 20 % de la population rentre dans ces foyers pour se mettre à l’abri des enfants qui boivent
et qui sont violents.
Au niveau des urgences, on ne pense pas à la consommation d’alcool et on a tendance à confondre
les effets de l’alcool avec ceux de la prise de médicaments. Un chiffre a été avancé : 50 % des
personnes âgées qui sont hospitalisées auraient un problème avec l’alcool. Ce chiffre me paraît
énorme. On n’a aucune idée de la prévalence en Languedoc-Roussillon, mais cela a à voir aussi
avec les personnes âgées qui sont battues par leurs enfants ou leurs petits-enfants. C’est un
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 63
problème énorme qui est complètement occulté. Il faut essayer de connaître la prévalence en
Languedoc-Roussillon : les chiffres sont entre 15 et 35 % des sujets âgés.
Michèle
Je suis alcoolique et je suis abstinente. D’abord, je voudrais vous dire que je suis très touchée
d’entendre parler d’alcool comme j’en entends parler aujourd’hui ici. Je suis très contente que l’on
considère enfin l’alcoolisme comme une maladie. Même si pour vous tous ici c’est une évidence, il
faut savoir que, quand on boit dans son coin tout seul, ce n’est pas du tout évident que l’on est
malade. Donc je vous remercie pour cela.
J’ai beaucoup aimé ce que le Dr Fabre a dit à propos de la jeune femme enceinte qui boit et qu’il
n’est pas question de stigmatiser et sur laquelle il ne faut pas faire reposer la responsabilité de
quelque chose qu’elle ne maîtrise pas.
Ensuite, on a parlé des jeunes et j’ai entendu : les jeunes s’ennuient, ils sortent du collège et ils vont
acheter des packs de bière à la grande surface.
Ensuite, j’ai entendu parler de gens dans le travail qui étaient sous pression et qui, pour
décompresser, organisaient une soirée alcoolisée sur le lieu de travail.
Maintenant, j’entends parler de personnes âgées qui boivent seules à la maison, qui sont sans doute
battues, qui vivent dans des situations extrêmement précaires et dans une détresse que l’on ne peut
pas mesurer ici.
Je pense que l’on doit faire très attention tous à ce que l’on va mettre en place. Il ne faudrait pas que
cela reste des pensées. Ce qui se passe est très grave et l’on doit mettre en place des moyens très
importants, bien plus importants que ce que l’on peut imaginer. Sensibiliser par des campagnes, il
faut le faire, parce qu’on ne doit rien négliger, mais à mon avis, il faudra aller plus loin que cela.
Merci.
Un intervenant
Cela fait plus de 25 ans que je travaille en alcoologie et enfin, depuis peu, on arrête de tenir un
discours sur les personnes âgées sur le mode « à l’âge qu’il a, laissez-le mourir tranquille avec son
alcool ». Enfin, on tient des discours qui redonnent aux personnes âgées leur dignité par rapport à
ces problèmes. Ils ont droit à de la prévention, ils ont droit à du soin, ils ont droit à des recherches
spécifiques. Ce qu’a dit le Professeur Balmès est tout à fait vrai. La plupart des personnes admises
en maison de retraite sont des personnes qui ont subi de la maltraitance de leur famille et de leurs
proches et qui subissent aussi de la maltraitance par les soignants dans ces institutions. En plus, ils
n’ont pas droit à la prévention et aux soins spécifiques dans les domaines de l’alcoologie. Cela
suffit ! Cela me fait plaisir que cet atelier ait eu lieu. Cela me fait très plaisir que vous ayez des
recommandations sur ce domaine et que l’on considère enfin les personnes âgées comme ayant des
droits comme tous les autres citoyens.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 64
Un intervenant
Je voudrais réagir à la proposition faite par la dame tout à l’heure sur le guide du bien boire. Il faut
faire une distinction entre le plaisir procuré par le goût et le plaisir procuré par les effets de l’alcool.
Je pense que, quand les jeunes boivent, ils recherchent surtout les effets de l’alcool plus que le
plaisir du goût.
Synthèse du débat et restitution
Pr Henri PUJOLPrésident de la Conférence régionale de santé
Merci pour ce témoignage. Je voudrais rapidement présenter une synthèse de ce que j’ai entendu.
Quand je dis que l’alcoolisme est une maladie, ce n’est pas du tout dévalorisant. Ce n’est pas un
défaut d’être malade. Si on n’appelle pas maladie une conduite qui tue, disons que c’est un drame.
J’ai retenu aussi l’importance de ce problème, qui est d’un périmètre assez extraordinaire. C’est un
problème médical, social, psychologique, d’où la difficulté à le saisir.
Je retiens également la motivation des acteurs. Je félicite non seulement les professionnels dont
c’est le rôle, mais également ceux qui ont pris la parole en tant qu’associatifs. Je trouve que les
associations doivent être respectées et soutenues. Il me semble que les témoignages que nous avons
entendus ont grandement contribué à l’atmosphère de ce débat qui a été de grande qualité. Il n’y a
pas eu d’invectives, il y a eu des échanges et il y a eu une convergence sur la nécessité d’aller plus
loin.
Enfin, on peut regretter qu’il n’y ait pas assez de communication sur ces problèmes et pas assez
d’interconnexion avec des acteurs qui sont très motivés et qui ont besoin d’être soutenus. Je pense
que c’était le rôle de la Conférence régionale de santé de proposer aux services de l’Etat d’entrer
encore davantage dans ces questions et de voir comment tous les acteurs peuvent être réunis pour
une meilleure efficacité. Bien entendu, vous me direz que ceux qui ont fait l’effort de venir passer
l’après-midi sont motivés, mais il me semble que si les services de l’Etat utilisent bien cette
dynamique, on peut aller plus loin.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Mme Fabre va résumer les recommandations que nous devons remonter au niveau national pour
contribuer à la réflexion nationale des états généraux du 5 décembre prochain.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 65
Dr Christine FABREGrès Médiation Santé
Je vais vous présenter une synthèse à partir des mots que j’ai entendus tout au long de la journée et
qui sous-tendent les recommandations que vous avez faites. La conférence cet après-midi a été
introduite par les notions de vision globale de la question et de dimension culturelle. Je pense que
l’on a retrouvé cette dimension tout au long de l’après-midi, avec le travail qui est à faire sur le sens
des conduites alcooliques. On a abordé aussi d’emblée la question du déni de la consommation
abusive et de la maladie alcool. On a retrouvé tout au long de l’après-midi cette notion de déni qui
est ressortie très souvent dans les recommandations sous la forme d’information. La question de
l’information, la visibilité du problème lui-même ressort de façon importante. Une autre dimension
qui ressort est celle de la non stigmatisation des publics. Les publics ont été identifiés sous
différentes approches. On est rentré dans le sujet par une approche populationnelle : les jeunes, les
adultes, les personnes âgées. On a parlé en filigrane des publics en situation de précarité. Bien sûr, il
a été évoqué le fait que la région Languedoc-Roussillon est particulièrement touchée par le
problème de consommation abusive d’alcool, de maladie alcoolique mais aussi de comportements à
risques.
L’état des lieux a mis en évidence des points communs entre les départements, mais aussi des
disparités. Les départements s’avèrent assez disparates en termes de couverture de soins, en termes
de dynamique de réseau et en termes de couverture territoriale. On a évoqué quelques zones qui
étaient relativement découvertes : un travail est probablement à faire autour de ces territoires. Les
points communs entre les départements sont la nécessité de rendre beaucoup plus visibles les
acteurs. L’information sur le problème, la visibilité des acteurs entre eux et la visibilité des acteurs
vis-à-vis des populations ressortent comme des manques dans les quatre ateliers et dans la
présentation de l’état des lieux. La question du partenariat est aussi une question complexe. On voit
bien que, dans la plupart des départements, le partenariat existe. Il a commencé à se structurer.
Parfois il est très abouti avec des conventions, ce qui est tout à fait intéressant. Mais dans cette
grande variation de partenariats, il y a des acteurs qui ne sont pas présents, mais qui sont essentiels :
notamment les médecins généralistes et les psychiatres.
Dans les comptes rendus des ateliers, ont été ciblées les questions directes auprès de la population :
le dépistage pour les femmes enceintes et l’alcool, mais aussi le suivi. Au sujet des jeunes, on a
abordé une notion que l’on n’a pas du tout abordée ensuite : la notion de réduction des risques. Je
pense que c’est une notion complexe, mais qui a du sens sur le thème de la prévention des conduites
à risques au niveau de l’alcool, avec la notion d’accompagnement et de rôle des adultes vis-à-vis
des jeunes. On a évoqué aussi la place de la famille dans l’atelier « personnes âgées ». On ne l’a pas
beaucoup abordée dans les autres ateliers, mais je pense que c’est une question importante. Cela
revient en fait à la vision globale de la maladie, comme l’avait évoqué M. Pujol en ouvrant les
travaux. Cela renvoie aussi aux conséquences sanitaires et sociales de ce problème de
consommation abusive d’alcool. On a aussi abordé la question des moyens. On n’a pas beaucoup
parlé de coût. Plusieurs acteurs professionnels ont dit qu’il était nécessaire, à la fois pour les actions
de prévention et pour le dispositif de soins, de pouvoir disposer de moyens pérennes.
Pour finir, la question de l’hébergement a été abordée : les possibilités d’hébergement font défaut
dans le dispositif. Cela montre bien que la prévention des maladies liées à l’alcool est à
l’articulation du sanitaire et du social et qu’il est d’un grand intérêt de prendre la question de façon
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 66
globale, comme l’a dit plusieurs fois le professeur Balmès, dans une approche sanitaire et sociale.
Merci beaucoup.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Je vous remercie pour cette synthèse et je vous félicite de l’avoir faite à chaud. Je peux témoigner
qu’elle n’était pas préparée à l’avance. Il faudra mieux la formaliser car nous devons l’envoyer
avant la fin de la semaine au ministère.
Pr Jean-Louis BALMES
Je suis à côté des membres du jury qui ont été tirés au sort. Il est logique de leur demander en
quelques mots ce qu’ils pensent.
Un membre du jury
Apparemment, nous sommes trois. Pour nous, je trouve que cela a été assez mal organisé parce que
l’on nous a demandés de venir à 13 heures 15. Nous sommes venus pour participer à une réflexion
sur le problème de l’alcool, mais nous n’avons pas participé du tout à la réflexion. On ne nous
donne que les résultats de la réflexion. Donc automatiquement nous n’avons pas grand-chose à dire,
nous avons l’impression d’arriver comme un cheveu sur la soupe. Je pense aussi que l’on n’a pas
abordé le problème de la honte liée à l’alcool et le fait que ce soit un sujet tabou pour les gens. Mais
bon, pour avoir une réflexion maintenant, c’est peut-être un peu tard.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Sur votre première interrogation, la moitié de la salle est dans le même état que vous. La moitié de
la salle n’a pas participé aux ateliers.
Un membre du jury
Je ne suis pas très spécialisé dans les questions d’alcool. Je connais beaucoup de séniors. En
général, ils ne boivent pas tellement d’alcool.
Les gens ont toujours bu et ils continueront à boire. On ne pourra pas l’empêcher. Que l’on essaye
de limiter les dégâts de l’alcool, c’est très bien, mais il ne faut pas se faire d’illusions. Au moment
de la prohibition aux Etats-Unis, les gens se battaient pour une bouteille ! Et les cas comme celui-là
sont légion. Limiter les dégâts, qui sont également des dégâts économiques. Il reste à savoir
combien coûte à l’Etat et à la sécurité sociale les soins et tout ce que cela peut entraîner par derrière.
Donc, il y a des tas de problèmes qui se posent, mais d’un autre côté, il y a des ressources fiscales et
des ressources salariales qui sont indéniables. Finalement, il y a une contradiction permanente entre
la nécessité de supprimer l’alcool et l’impossibilité de le faire.
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 67
Pr Henri PUJOL
Nous connaissons cette problématique dans la vie politique, culturelle, économique. Tout le monde
veut la paix universelle, mais on n’y arrive pas. Il faut donc que nous ayons la modestie de savoir
que nos travaux ne feront avancer les choses que petitement. Personne parmi nous ne pensait qu’en
une après-midi, on changerait l’alcoolisme en Languedoc-Roussillon ou en France. Mais je crois
que sont ressorties des compétences et des bonnes volontés pour aller un peu plus loin.
M. Jean-Pierre RIGAUX
Pour clôturer cette journée, je voudrais remercier les professionnels qui ont participé aux ateliers ce
matin et qui nous ont restitué leurs conclusions, les associations de bénévoles qui ont joué tout leur
rôle de porte-parole, les rapporteurs qui ont fait un travail de synthèse remarquable, le professeur
Balmès qui a animé le comité de pilotage et le professeur Pujol. En tant que Président de la
Conférence régionale de santé, vous avez bien voulu accepter l’ouverture de la Conférence à ce
débat. Ce n’était pas évident. Je pense que l’expérience est intéressante. Il faudra sans doute
réfléchir à d’autres thèmes à évoquer dans ce cadre. En tout cas, nous allons faire remonter ces
recommandations au niveau du ministère. Je vous remercie d’avoir contribué à faire avancer un
problème difficile de prévention qui entre tout à fait dans le cadre des politiques régionales de santé
que nous entendons conduire en région.
Compte-rendu rédigé par la société Ubiqus – 04 91 71 20 45 – www.ubiqus.fr
Conférence régionale de santé DRASS Languedoc-Roussillon
Montpellier, le 20 novembre 2006 68
Nous vous signalons que nous n’avons pu vérifier l’orthographe des noms suivants :
Béatrice ROUGY .................................. 48, 55
Dr Alezra..................................................... 45
Dr Eagle ...................................................... 61
Eric CECCO................................................ 60
Jacques ARTIERE ...................................... 30
Jean ASSENS.............................................. 17
Karen ASNAR ............................................ 55
M. Billy ....................................................... 18
Marie PERRIN-LACOUR .......................... 62
Mme CREUSE............................................ 54
Mme Stoebner-Delbarre................................ 7
Mme VASCO ............................................. 15
Monsieur CRAUSTE.................................. 13
Olivier LEBAY........................................... 24
Pascal POSOS............................................. 47
Richard PAILLONNE................................. 55
Robert Crauste ............................................ 15