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Numéro du répertoire
2016/ (\ooo~
Date du prononcé
1 5 -12- 2016 Numéro du rôle
2014/AR/429
D Non communicable au receveur
Arrêt définitif
marques - épuisement (non)
- absence de consentement
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Présenté le
2 0 DEC. 2016 No enregistrable
D'HOOGHE K.
Expédition Délivrée à
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Délivrt?e à
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Cl V
Cour d'appel
Bruxelles
Arrêt
9ème chambre affaires civiles
Enregistré en debetoo.u • .rôle .... .!. ... .renvois au 2ème Bur. à compétences spéciales Brux1l lles
2 0 -12- 2016
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Cour d'appel Bruxelles- 2014/AR/429- p. 2
En cause de:
HONDA MOTOR Co Ltd, société de droit japonais dont le siège social est établi à Minato
I<U107-8556 Tokyo (JAPON), 1-1 Minami-Aoyama 2- Chome,
partie appelante,
représentée par Maître SCHNEIDER Marius Michael, avocat à 1050 BRUXELLES, avenue
Louise 250,
plaideurs: Maîtres SCHNEIDER Marius et de MONTJOYE Lauranne,
Contre:
ELEM S.A., dont le siège social est établi à 6110 MONTIGNY-LE-TILLEUL, Rue de Gazée 81,
inscrite à la Banque Carrefour des Entreprises sous le numéro 0420.994.450,
partie intimée,
représentée par Maître HOTELET Albert, avocat à 6000 CHARLEROI, avenue Général Michel
3.
****
1. La décision entreprise
L'appel est dirigé contre le jugement prononcé le 26 août 2013 par le tribunal de
commerce de Bruxelles.
Les parties ne produisent pas d'acte de signification de ce jugement.
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Il. La procédure devant la cour
L'appel est formé par requête déposée par 1;:~ société de droit japonais Honda Motor
Co.Ltd (ci-après désignée Honda) au greffe de la cour, le 19 février 2014.
La cause a été mise en état en application d'une ordonnance rendue le 20 mars 2014
sur pied de l'article 74 7 § 1er du Code judiciaire.
La procédure est contradictoire.
Il est fait application de l'article 24 de la loi du 15 jUiin 1935 sur l'emploi des langues
en matière judiciaire.
Ill. Les faits et antécédents de la procédure
1. Honda est un constructeur d'automobiles, de camions, de motocyclettes et de
scooters ainsi que d'avions d'affaire. Sa notoriété est internationale. Elle fabrique
notamment depuis 1983 une gamme de moteurs « GX » conçus pour les
applications lourdes en construction, groupes électrogènes, postes de soudage,
motopompes et autres utilisations industrielles. Elle est, entre autres, titulaire de la
marque communautaire n· 3310034 HONDA, de la marque Benelux n• 466611
HON DA, des marques communautaires n• 004710241 GX et n"005779186
nregistrées pour, notamment, des moteurs 1en classe 7.
Elem est une entreprise belge qui importe principalement de l'outillage et des
éléments divers pour l'habitation et le jardin, qu'elle distribue ensuite dans des
grandes surfaces belges et européennes, notamment en France, en Italie et en
Pologne.
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2. En juillet 2008, Honda constate que la chaine de magasins Makro vend des plaques
vibrantes sous la marque « Bu ild >> dont il est indiqué qu'elles sont équipées d'un
moteur Honda GX (cf. publicité Makro- pièce 6 du dossier de Honda}.
Le 3 décembre 2009, le consei l de Honda adresse un courrier à Elem dans lequel il ind ique que sa cliente a examiné le moteur équipant les plaques vibrantes et qu'i l
s'agit d'un moteur original monté sur une plaque vibrante d'un autre producteur. Il
ajoute cependant avoir constaté que « le moteur n'était pas muni d'une plaque
d'émission ( ... } pourtant rendue obligatoire par la Directive 97/68/EC du Parlement
européen et du Conseil du 16 décembre 1997 sur le rapprochement des
législations des Etats membres relatives aux mesures contre les émissions de gaz et
de particules polluantes provenant des moteurs à combustion interne destinés aux
engins mobiles non routiers » et que « le numéro d'identification du moteur avait
été meulé et rendu ainsi illisible (ce qui} n'est également pas conforme à la
Directive susmentionnée {selon laquelle} chaque moteur doit être pourvu de : (i) la
marque ou le nom du constructeur du moteur, (jii) le type et, le cas échéant, la
famille de moteurs ainsi qu'un numéro d'identification individuel du moteur et (iii) le
numéro de réception CE». Invoquant une vio lation de l'article 2.23.3 de la
Convention Benelux et de la loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce et
l'information du consommateur, le conseil de Honda met Elem en demeure de
cesser toute atteinte aux droits de Honda.
Le 1er février 2010, le conseil de Elem répond que sa cliente a cessé la vente des
produits dès qu'elle a été informée par Makro et avant le 3 décembre 2009. Il y
affirme la bonne foi de sa cliente qui ne savait pas, à défaut de connaître la politique
de Honda, « si les machines qui ont été importées étaient ou non conformes », et
qu'elle avait été rassurée par son fournisseur chinois.
Le 19 août 2010, le conseil de Honda répond au 1conseil d'Eiem en l'invitant à lui
produire la preuve que cette dernière a fait l'acquisition des générateurs (lire
moteurs} auprès d'un vendeur officiel Honda. Le 16 septembre 2010, le conseil
d'Eiem adresse à cette fin l'échange de courriels entre sa cliente et son fournisseur
chinois, la société Might Company.
3. Ayant constaté que Elem continuait à commercialiser les plaques vibrantes et
commercial isait en outre des nettoyeurs haute pression équ ipés de moteurs Honda
GX, Honda a soll icité et obtenu une mesure de description des atteintes à sa marque,
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sur pied de l'article 1369bis du Code jud iciaire . L'expert désigné par une ordonnance
du Président du tribunal de commerce de Bruxelles du 14 février 2011 a déposé son
rapport le 17 mai 2011.
4. Le 9 juin 2011, Honda fait citer Elem devant le tribunal de commerce de Bruxelles
afin qu'il lui soit ordonné la cessation de la mise en vente des produits litigieux
portant les marques de Honda et la cessation des atteintes aux droits de propriété
intellectuelle et aux pratiques de commerce sous peine d'astre inte de 1.000 € par
atteinte. Elle sol licite également la condamnation de Elem à lui payer un dommage
matériel qu'elle évalue à 78.000,00 € (390 moteurs (212 nettoyeurs et 178
dameuses) X 200,00 € = 78.000,00 €) et un dommage moral évalué à 30.000,00 €.
Elle demande enfin la publication de la décision à intervenir ou d'un résumé de
celle-ci dans deux journaux belges francophone et néerlandophone, et sur la page
d'accueil du site Internet d'Eiem durant 15 jours.
Par le jugement entrepris, le tribunal de commerce de Bruxelles déclare la demande
de Honda recevable mais non fondée et la condamne aux dépens.
En appel, Honda demande à la cour de mettre à néant le jugement entrepris et de
faire droit à sa demande originaire.
Elem demande à la cour de «statuer comme de droit sur la recevabilité de l'appel
envers laquelle [elle] s'en réfère à justice ». Si l'appel est recevable, elle demande à
titre principal de le dire non fondé et à titre subsidiaire, de réduire la réclamation de
Honda à la somme de 1 € et de ne pas ordonner la publication de la décision à intervenir sur quelque support que ce soit.
IV. Discussion
5. Elem a déposé le 2 décembre 2016 une requête en réouverture des débats afin de
produire plusieurs photographies.
Ces documents ne constituent pas un fait nouveau ou capital justifiant une
réouverture des débats. Il s'agit en effet de photographies que Elem aurait eu le
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loisir de prendre et de produire pendant l'instruction du dossier, de sorte qu'elles ne
constituent pas des faits« découverts durant le délibéré».
6. Elem s'en réfère à justice sur la recevabilité de l'appel, ce qui constitue de sa part une
contestation; elle n'en indique toutefois pas les motifs.
L'appel formé dans les formes et délais légaux est recevable .
1. Sur l'atteinte à la marque
7. Honda s'oppose à l'importation et la commercialisation par Elem de moteurs Honda
GX - équipant des plaques vibrantes et des nettoveurs haute pression - dont elle
affirme qu'ils n'étaient pas destinés à la vente dans l' Espace économique européen.
Il n'est pas contesté par Honda qu'elle a fabriqué les moteurs litigieux. Cependant,
ces moteurs ont été commercialisés par elle en dehors de l'Espace économique
européen, en Chine, où ils ont été intégrés à des machines par des entreprises
tierces (chinoises) avant d'être importés en Belgique par Elem.
8. Selon l'article 2.20.1. de la même Convention, le droit exclusif à la marque permet au
titulaire d'interdire à tout tiers, en l'absence de son consentement, « a. de faire usage dans la vie des affaires, d'un signe identique à la marque pour des produits ou services identiques à ceux pour lesquels celle-ci est enregistrée », l'usage de la
marque étant notamment défini par l'article 2.20.2, c comme étant « l'importation ou l'exportation des produits sous le signe».
Le droit exclusif à la marque ne permet toutefois pas à son titulaire de s'opposer
à la commercialisation dans un Etat membre de l'Union européenne des produits
dont il a autorisé la commercialisation dans un autre Etat membre (Rep.not.,
Droits intellectuels, sous la dir. de O. Kaesmacher, Larder, 2ème éd., 2013, p.207).
Conformément à l'article 7 de la directive 2008/9.5/CE du Parlement européen et
du Conseil du 22 octobre 2008 rapprochant les législations des États membres
sur les marques (version codifiée} :
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« 1. Le droit conféré par la marque ne permet pas à son titulaire d'interdire l'usage de celle-ci pour des produits qui ont été mis dans le commerce dans la Communauté sous cette marque par le titulaire ou avec son consentement. 2. Le paragraphe 1 n'est pas applicable lorsque des motifs légitimes justifient que le titulaire s'oppose à la commercialisation ultérieure des produits, notamment lorsque l'état des produits est modifié ou altéré après leur mise dans le commerce >>.
Selon l'article 2.23.3 de la Convention Benelux sur la propriété intellectuelle : « le droit exclusif n'implique pas le droit de s'opposer à l'usage de la marque pour des produits qui ont été mis dans le commerce dans la Communauté européenne ou l'Espace économique européen sous cette marque par le titulaire ou avec son consentement, à moins que des motifs légitimes ne j'ustifient que le titulaire s'oppose à la commercialisation ultérieure des produits, notamment lorsque l'état des produits est modifié ou altéré après leur mise dans le commerce.»
A contrario, ces dispositions requièrent que le titula ii re de la marque ait consenti à la
commercialisation de ses produits à l'intérieur de l'Espace économique européen, ce
que Honda conteste en l'espèce.
9. Elem objecte en vain qu'il appartenait à Honda de s'assurer auprès des sociétés
chinoises qui ont fait l'acquisition de ses moteurs qu'elles ne les revendraient pas à une société susceptible de les commercialiser sur le marché européen. C'est en effet
à Elem- étant celle qui se prévaut du consentement de Honda - qu'il appartient de
prouver que Honda a autorisé la commercialisation des produits litigieux au sein de
l'Espace économique européen (Rep.not., Droits intellectuels, op.cit., p.208).
Cette preuve n'est pas rapportée en l'espèce par la production d'échanges de
courriels entre Elem et son fournisseur Zhejiang King:wash Electomachinery. Dans ces
courriels, il est simplement affirmé par ce fournisseur que «les moteurs Honda que
nous utilisons sont inclus avec des certificats européens » ou que « après avoir vérifié
avec Honda engine (Chongqing) compagny, ils nous ont dit qu'ils nous permettaient
évidemment d'exporter. Mais ils nous ont aussi fait part d'une chose, à savoir que la
maison mère Honda ne soutient qu'on Honda engine (fabriqués en République
populaire de Chine) d'exporter à l'étranger (sic)» !(pièces 5/3-5/6 de Elem et leur
traduction libre en pièce Sbis). Ces échanges ne permettent pas d'établir l'existence
d'un consentement certain de la part de Honda.
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Le consentement de Honda ne peut davantage être déduit du « certificat » émanant
de ce même fournisseur chinois et qui confirme à Elem « qu'ils pouvaient exporter
des nettoyeurs haute pression avec des moteurs Honda » (pièce 5/7 du dossier de
Elem et sa traduction libre) ni de certificats attestant des qualités de managment de
Zhejiang Kingwash Electromachinery ou du certificat délivré par AV Technology, ces
documents ne faisant nullement état ni, a fortiori, la preuve d'un quelconque accord
de Honda.
Honda a du reste confirmé (par la voix de son « Business Unit Manager», M. Desmet)
que les « sociétés chinoises (( Zhejiang King Wash Electromachinery » et (( Suzhou
lndustry Park Might Machine Co Ltd >> (ci-après ((les sociétés chinoises>>) n'ont pas et
n'ont pas eu de quelque manière que ce soit de liens économiques avec la société
Hondo. Les sociétés chinoises ne font pas partie du réseau de distribution de la
société Honda et ne constituent ni des filiales, ni des concessionnaires exclusifs, ni des
licenciés de cette dernière » (cf. pièce 11 du dossier de Honda).
Il est donc établi que Honda n'a pas consenti à la mise dans le commerce de ses
moteurs dans l'Espace économique européen. Ce constat est encore renforcé par la
circonstance que les moteurs litigieux n'étaient pas munis d'une plaque d'émission
rendue obligatoire par la Directive 97 /68/EG du Parlement européen et le Conseil
du 16 décembre 1997 sur le rapprochement des législations des Etats membres
relatives aux mesures contre les émissions de gaz et de particules polluantes
provenant des moteurs à combustion interne destinés aux engins mobiles non
routiers et que les numéros d'identification qui étaient gravés sur les moteurs en
vue d'indiquer le pays auquel ils sont destinés avaient été meulés et rendus illisibles
(cf. pièce 7 du dossier de Honda).
10. La circonstance qu'Eiem n'a pas fait l'acquisition de moteurs Honda GX, mais de
machines équipées de ces moteurs n'est pas pertinente. En effet, l'atteinte est
établie dès l'instant où les moteurs font l'objet d"une importation non consentie,
quand bien même les moteurs sont incorporés dans un produit global. Au
demeurant, en dépit de leur incorporation, la présence de ces moteurs de marque
Honda était visible (le logo GX qui figure sur le moteur apparait sur la photographie
de la machine représentée dans la publicité) et a du reste été mise en évidence dans
les folders publicitaires par l'indication « powered by Honda »; en conséquence,
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Elem pouvait et devait vérifier que son fournisseur chinois disposait des autorisations
requises pour que ces produits soient importés dans l'Espace économique européen.
11. Il se justifie par conséquent d'ordonner à Elem de cesser, sous peine d' astreinte, de
mettre en vente, sous les marques Honda et/ou GX, des produits dont Honda n'a pas
autorisé la commercialisation au sein de l'Espace économique européen.
Contrairement à ce que fait valoir Elem, il existe un risque de récidive dans la mesure
où elle a encore commandé des produits après s'être engagée à arrêter leur
commercialisation.
La mesure de publication sollicitée par Honda n'est en revanche pas nécessaire en ce
qu'elle n'est pas de nature à contribuer à faire cesser l'atteinte ou ses effets.
2. Sur le dommage
12. Honda sollicite la condamnation de Elem à lui payer une indemnité pour réparer son
dommage moral et matériel.
Il résulte du rapport de saisie description que:
l'expert a constaté la présence d'une plaque vibrante (dameuse) équipée d'un
moteur portant la marque Honda dans les ateliers de Elem;
le catalogue des produits 2010-2011 de Elem, fascicule Brick, contenait la
«photo du produit <<plateau vibrant», référence ( ... ), où l'on voit la marque Honda apposée sur le moteur de la machine et la mention suivante en grands caractères dans un encadré à côté de ladite photo : « Powered by Honda » »,
ainsi qu'« une description avec photo du produit «nettoyeur haute pression thermique », référence ( ... ), où l'on voit la mention suivante en grands caractères dans un encadré à côté de ladite photo : « Powered by Honda >> ».
« des représentations en couleur des deux produits mentionnés ci-dessus avec la
mention « Powered by Honda )) )) figurent sur quelques parties du site internet
de Elem.
L'expert s'est par ailleurs fait remettre la comptabilité de Elem, laquelle lui a indiqué
que les dameuses (ou plaques vibrantes) équipées de moteurs Honda avaient été
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achetées en 2008. Il ressort de l'examen de ces pièces par l'expert que 178 plaques
vibrantes et 282 nettoyeurs haute pression ont été vendus par Elem, soit un nombre
total de 390 pièces (déduction faite de la command'e en cours qui a été annulée par
Elem à la suite de la visite de l'expert). Ce ch iffre est vainement contesté par Elem au
regard de la comptab ilité qu'elle a elle-même produite et qui a été analysée par
l'expert. La circonstance qu'aucune machine n'a été retrouvée dans les entrepôts de
Elem lors de la visite de l'expert en mars 2011 (en dehors d'une machine qui s'y
trouvait pour une réparation) n'est pas pertinente dès lors que les ventes litigieuses
ont été effectuées avant les opérations d'expertise.
L'éventuelle bonne foi de Elem- qui soutient avoir été assurée par ses fournisseurs
chinois qu'ils disposaient des autorisations requises ·· est inopérante.
Pour l'indemniser du bénéfice indument réalisé par Elem, Honda sollicite sa
condamnation à lui payer 200,00 € par produit, correspondant à différence entre le
prix d'un produit équipé d'un moteur Honda et un produit équipé d'un autre moteur,
de moindre renommée. Les ch iffres avancés par Honda ne sont pas contestés par
Elem et c'est en vain que celle-ci fait valoir que le nombre de machines équipées de
moteurs Honda vendues par elle est insignifiant au regard du nombre de moteurs
vendus par Honda, cette circonstance n'étant pas dE! nature à supprimer le dommage
matériel de cette dernière.
Hon da réclame également la condamnation de Elem à lui payer 30.000,00 € à titre de
dommage moral pour atteinte à sa réputation et à son nom. Au regard du nombre
peu élevé de moteurs commercialisés par Elem, ce dommage doit être fixé à 2.500,00€ ex aequo et bono à défaut d'autres éléments d'appréciation.
V. Dispositif
Pour ces motifs, la cour,
Dit n'y avoir lieu de rouvrir les débats;
Reçoit l'appel;
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Réforme le jugement entrepris sauf en tant qu'il a reçu la demande et liquidé les dépens ;
Statuant à nouveau pour le surplus,
Dit la demande originaire fondée dans la mesure ci-après précisée;
Constate qu'en commercialisant des plaques vibrantes et des nettoyeurs haute pression
équipés d'un moteur sur lequel est apposé la marque GX et Honda dont la
commercialisation au sein de l'Espace économique européen n'a pas été consentie par le
titulaire de ces marques, et en faisant usage des marques die Honda pour ces produits dans
sa publicité, la SA Elem porte atteinte aux droits exclusifs de la société de droit japonais
Honda Motor Co.Ltd sur lesdites marques ;
Ordonne la cessation de ces actes sous peine d'astreinte de 1.000,00 € par atteinte (par
produit et par publicité) et par jour à dater de la signification du présent arrêt, avec un
plafond de 100.000,00 €;
Condamne la SA Elem à payer à la société de droit japonais IHonda Motor Co.Ltd 78.000,00€
à titre de dommage matériel et 2.500,00 € à titre de dommage moral ;
Condamne la SA Elem aux dépens des deux instances, liquidés pour la société de droit
japonais Honda Motor Co.Ltd à 15.428,47 €.
Ainsi jugé et prononcé en audience civile publique de la neuvième chambre de la cour
d'appel de Bruxelles, le 15 -12- 2015
où étaient présentes :
Mme Françoise CUSTERS, Conseiller unique,
Mme Patricia DELGUSTE, Greffier,
P.DELGUSTE F.CUSTERS
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Copie conforme
Délivrée à :
art. Av is
Le Ministre du SPF Affaires Economiques,
Exempt du droit de greffe- art. 280,2• C.Enr.
01-000000738015
Bruxelles, le 27-12-2016
Greffier délégué