couv supp 611 - snes
TRANSCRIPT
SommaireRevue de presse 4
30 jours 5
Courriers/témoignages 6
DĂ©bat/opinion 8
ActualitĂ©s 10âą Tous en grĂšve le 20 janvierâą Loi dâorientationâą Salairesâą Assurance maladieâą Les nouveaux locaux du SNESâą Le tsunami
Eco/social 18âą Projet de loi sur le handicapâą RĂ©duction du temps de travail
Dossier 21âą Lâapprentissage, Ă©tat des lieux
21
LâUniversitĂ© Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degrĂ© (SNES, 1, rue de Courty, 75341 Paris Cedex 07.TĂ©l standard : 01 40 63 29 00). Directeur de la publication : GĂ©rard AnthĂ©aume, TĂ©l. 01 42 80 91 04. RĂ©dacteurs en chef : Serge Chatelainet Alexis Chabot. SecrĂ©taire de direction : ThĂ©rĂšse Bara. Collaborateurs permanents : Nicolas BeniĂšs, Fabrice Giovanazzi. Responsable publicitĂ© :Clotilde Poitevin, tĂ©l. : 05 65 11 00 79. Photocomposition et photogravure: C.A.G. Imprimerie : RPN, Livry-Gargan (93). C. P. N° 0108 S 06386.I.S.S.N. N°0751-5839. DĂ©pĂŽt lĂ©gal Ă parution. Conception : Voltaire & AssociĂ©s, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Prix
du numĂ©ro : 1,30 âŹ. Abonnement : 1) Personnels de lâĂducation nationale : France 26 ⏠; Ă©tranger etDOM-TOM : 40 âŹ. 2) Autres, France : 37⏠; Ă©tranger : 51âŹ. PublicitĂ© : CASDEN (2), ZIG-ZAG ;DIDACTHĂQUE BAYONNE (47), MAIF (48). Photo de Une : Thierry Nectoux. Pour sâinformer et donnerson avis : MĂ©l : [email protected], Internet : http://www.snes.edu
DIFFUSIONCONTROLEDIFFUSIONCONTROLE
2 0 0 3
FenĂȘtre sur La voix des profs
10 Actualités :Tous en grÚve
DossierLâapprentissage,Ă©tat des lieux
MĂ©tier 29âą Les langues vivantes dans la loi dâorientationâą La philosophie en sĂ©ries technologiquesâą Les CPE dans la loi dâorientation
International 33âą Ăducation pour tous, rencontre de Beyrouth
Catégo 34⹠CPGE : les heures supplémentaires⹠Détachement, et plus si affinités
FenĂȘtre sur 36âą La voix des profs
Culture 38⹠Livres-revues⹠Cinéma/Théùtre/Spectacles/Expositions⹠Multimédia
Portrait 44⹠Une pratique pédagogique
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ĂditoLe discours de vĆux du prĂ©sident de laRĂ©publique aux « forces vives de lanation » a Ă©tĂ© cette annĂ©e Ă©minemmentpolitique et sâinscrit rĂ©solument dans lecadre de la « stratĂ©gie europĂ©enne » deLisbonne et dâune politique libĂ©rale.Tandis que la reprise Ă©conomiquesâessouffle, le prĂ©sident fait le pariparadoxal de relancer la croissanceâŠsans augmenter les salaires.Il fait appel Ă la concurrence pourbaisser les prix au moment oĂč la grandedistribution et les banques ont montrĂ©la force des monopoles privĂ©s. Il choisitla baisse de lâimpĂŽt sur le revenu, lesdĂ©grĂšvements fiscaux qui touchent lesplus fortunĂ©s, et la hausse des impĂŽtslocaux qui, elle, pĂšse sur lâensemble desmĂ©nages.Il veut relancer le crĂ©dit Ă laconsommation dont lâaccĂšs estprofondĂ©ment inĂ©galitaire et coĂ»teux.Sur les services publics, le discoursconfirme lâattaque contre lâANPE et lapoursuite de la politique de privatisationfaisant fi de tout ce que lâhistoirerĂ©cente a montrĂ© en Argentine, auRoyaume-Uni, aux Ătats-Unis qui ontdĂ©mantelĂ© les services publics.LâĂ©cole, qui nâĂ©tait dĂ©jĂ plus la prioritĂ©depuis deux ans, est quasiment absentede ce discours, mĂȘme si le prĂ©sident atentĂ© maladroitement de se rattraper lelendemain devant les « CorpsconstituĂ©s ». Et cela Ă une semaine de laprĂ©sentation de la loi dâorientation enconseil des ministres. Il ne sâagit quedâune « rĂ©forme » dans la ligne de celledes retraites et de lâassurance maladie,ce qui nâest pas trĂšs rassurant. Il nâest jamais question du rĂŽle delâĂ©cole, de la formation, de lâĂ©lĂ©vationdes qualifications dans la croissance, le dĂ©veloppement, le progrĂšs social.Seul lâapprentissage trouve grĂące auxyeux du prĂ©sident comme moyen sĂ»rdâaccĂ©der au « bon emploi ».Ces choix budgĂ©taires ont conduitdepuis trois ans Ă supprimer desdizaines de milliers de postes,notamment dâenseignants etdâencadrement Ă©ducatif (surveillants etaides Ă©ducateurs) bloquant toutepossibilitĂ© de remplacement aujourdâhui,rĂ©duisant lâoffre de formation, fermantdes sections notamment technologiqueset professionnelles.La loi Fillon en prĂ©paration sâinscrit dansce cadre de renoncement Ă toutepolitique Ă©ducative et socialeambitieuse. Ceci nous conforte danslâidĂ©e que lâaction unitaire forte est plusque jamais nĂ©cessaire. Le 20 janvier,nous serons en grĂšve pour dire que
nous souhaitonsconstruire une école et une société plusjustes, pluségalitaires,solidaires.
GisÚle Jeancosecrétaire générale
Bonne annĂ©e, bonne santĂ© !Câest ce quâensemble nous pouvons souhaiter pour notre syndicat et nos mĂ©tiers. Et cette annĂ©e 2005 commencesur une note trĂšs positive en terme de syndicalisation : plus de 61 000 collĂšgues ont dĂ©jĂ acquittĂ© leur cotisation syn-dicale 2004/2005, soit dĂ©jĂ quelque 3 500 de plus que lâan dernier Ă la mĂȘme date. Les personnels de second degrĂ©confirment ainsi leur volontĂ© de se rassembler plus nombreux dans leur syndicat, et de construire ensemble les ripostesaux agressions et autres projets nĂ©fastes.Si vous ĂȘtes de celles ou ceux qui nâont pas encore acquittĂ© leur cotisation, alors faites ce geste sans tarder auprĂšsde votre section SNES dâĂ©tablissement ou auprĂšs de votre section acadĂ©mique.
4 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
REVUE DE PRESSEBONNE ANNĂE
Le travail, câest la santĂ©...
Le travail ne protĂšge plus de la pauvretĂ©. Câest le constat essen-tiel du Secours catholique, qui a remis son rapport annuel Ă
Jean-Pierre Raffarin [...]. PrĂšs des trois quarts (74 % exacte-ment) dĂšs 690 600 personnes en grande pauvretĂ© accueillies lâandernier par lâassociation ont un emploi prĂ©caire â trois fois plusque la moyenne nationale â, des « sous-contrats » qui entraĂźnentun succesion « de ruptures dans les ressources et donc une vie enpointillĂ© », note le rapport.Ces petits contrats (intĂ©rim, temps partiel, CDD, emplois aidĂ©s...)leur fournissent un revenu moyen de 540 euros par mois et parunitĂ© de consommation, infĂ©rieur au seuil de pauvretĂ© (602 eurosselon lâInsee). Ce sont les saisonniers et intĂ©rimaires qui ont lerevenu le plus faible (448 euros), tandis que seuls ceux qui ontun CDI Ă temps complet parviennent Ă dĂ©passer le seuil(675 euros). [...]Autre constante mise en lumiĂšre par le Secours catholique :lâembellie Ă©conomique des annĂ©es 1999-2001 nâa pas permis auxpersonnes les plus Ă©loignĂ©es de lâemploi de sây insĂ©rer durable-ment : elles sortent du chĂŽmage en pĂ©riode de croissance mais yretournent dĂšs que la situation Ă©conomique se dĂ©grade, commeen tĂ©moigne la remontĂ©e des taux de chĂŽmage des personnesaccueillies, passĂ© de 58,6 % en 2001 Ă 66,5 % en 2003.Plus dâun quart des chĂŽmeurs accueillis est au chĂŽmage depuisplus de deux ans, et 66 % des demandeurs dâemplois ne sont pasindemnisĂ©s, alors quâils ne sont « que » 36,7 % au niveau natio-nal. Entre 1999 et 2003, alors que la proportion de chĂŽmeurs nonindemnisĂ©s a dĂ©cru en France (â 10 %), elle a augmentĂ© de 10 %pour ceux qui frappent Ă la porte du Secours catholique.
17 novembre 2004
Travailler ne protÚge pastoujours de la pauvreté
7 décembre 2004
CLASSEMENT OCDE DES ĂLĂVES : LA FRANCEMOYENNEMENTPERFORMANTENi cancres ni premiers de la classe :cette annĂ©e encore, les Ă©lĂšvesfrançais affichent des rĂ©sultatssans Ă©clat, « lĂ©gĂšrement au-dessusde la moyenne » internationale.[...] En 2000, le premier palmarĂšsavait fait couler beaucoup dâencre :certains pays considĂ©rĂ©sjusquâalors comme des modĂšlesĂ©ducatifs (France, Allemagne)sâĂ©taient vu voler la vedette pardes nouveaux venus, comme leJapon, la Finlande ou le Canada.Trois ans plus tard, les tendancesgĂ©nĂ©rales demeurent [...].La France tire, quant Ă elle, toutjuste son Ă©pingle du jeu : les Ă©lĂšvesde Seconde et de TroisiĂšme quicomposaient le panel ont obtenudes rĂ©sultats presque identiques Ă ceux de lâan 2000. En comprĂ©hension Ă©crite, ils sont14e si lâon retient les seuls pays delâOCDE [...]. Dans les matiĂšresscientifiques, ils ont obtenu une 10e
place (progressant de 3 rangs).
26 novembre 2004
LâIVG, UNE LIBERTĂFRAGILEAprĂšs 3 ans dâattente, le ministrede la SantĂ©, Philippe Douste-Blazy,a fini par signer, le 23 juilletdernier, lâarrĂȘtĂ© autorisant la prisede pilule abortive « en ville » pourdes grossesses ne dĂ©passant pas5 semaines. [...] Non revalorisĂ©depuis 13 ans, le prix de lâacte delâIVG a Ă©tĂ© augmentĂ© de 29 % cetĂ©tĂ©. Une façon de lutter contre lesmĂ©decins qui choisissent la clausede conscience pour des questionsde non-rentabilitĂ©. De plus, depuisjanvier 2002, toute jeune fillemineure peut se procurer Ă lapharmacie, gratuitement et sansordonnance, une boĂźte de Norlevo,la pilule du lendemain qui, prise72 heures aprĂšs le rapport sexuel,permet dâĂ©viter la grossesse.ProblĂšme : sur le terrain, la moitiĂ©des pharmaciens refusent de ladĂ©livrer. Une question dâavance defrais... alors que 8 000 Ă 10 000jeunes filles mineures se fontencore avorter chaque annĂ©e.
3 décembre 2004
LES 35 HEURES EN TRAVAILDâASSOUPLISSEMENT[...] Dimanche, au Bourget,ministre de lâĂconomie et desFinances encore pour quelquesheures, Nicolas Sarkozyharanguait les militants de sonparti en leur disant : « Si nouspensons que les 35 heures ne sontpas la solution aux problĂšmes dela France, alors nâhĂ©sitons pas Ă en prĂ©senter une rĂ©formeprofonde. » Ce nâest pas danscette hypothĂšse que se place legouvernement. Mais celanâempĂȘche pas Jean-PierreRaffarin dâexplorer toutes leshypothĂšses qui permettraient demontrer que les assouplissementsenvisagĂ©s ne sont passymboliques. Câest ainsi quâilpourrait jouer sur le compteĂ©pargne temps (CET) et le reposcompensateur, sans toucher Ă lâarchitecture gĂ©nĂ©rale dudispositif mis en place par MartineAubry. Le compte Ă©pargne tempspermet de reporter dâune annĂ©esur lâautre une partie des heuresde rĂ©cupĂ©ration au titre de la RTT.LâidĂ©e serait de permettre saconversion en droit Ă formation(DIF) ou en Ă©pargne pour laretraite, voire en Ă©pargnedâentreprise. Ce qui reviendrait Ă permettre de monĂ©tiser tout oupartie des jours de RTT.
8 décembre 2004
LES FONCTIONNAIRESLAISSĂS POUR COMPTERenaud Dutreil a-t-il vraimentlâintention de nĂ©gocier sur lessalaires des fonctionnaires ? Lessyndicats nâen sont pas convaincus.[...] Alors que son prĂ©dĂ©cesseurinsistait sur la « modernisationnĂ©cessaire » de la fonctionpublique pour faire passer lesrĂ©formes, Renaud Dutreil retrouvedes accents poujadistes pour tenterde diviser les fonctionnaires(« rigides, budgĂ©tivores etinefficaces ») et le reste desFrançais. Car câest bien de budget quâil sâagit.En pĂ©riode de crise de la dettepublique, les fonctionnaires sontdevenus une variable dâajustementbudgĂ©taire.
Le dessin du mois
Le Canard enchaßné du 15 décembre 2004.
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 5
Papesse. Mort de Françoise Verny, grande figure de lâĂ©dition française.
14déc.
Ăconomie(s). Vote du budget de lâĂlysĂ©e, en hausse de580 % depuis 1995.
20nov.
Mort à crédit. Les principaux créanciers de la planÚte (untiers de la dette mondiale) annulent 80 % de leurs créances.
21nov.
DĂ©mocratie. DĂ©but des manifestations contre les rĂ©sultatstruquĂ©es de lâĂ©lection prĂ©sidentielle en Ukraine.
23nov.
Espoir ? La conférence de Charm El Cheikh marque le soutien de la communauté internationale au processus démocratique en Irak.
23nov.
« Oui, si... » de Jacques Chirac Ă lâadhĂ©sion de la Turquie Ă lâUnion europĂ©enne.
15déc.
Maladie. Un protocole dâaccord est signĂ© entre lâassurancemaladie et trois syndicats de mĂ©decins. Il instaure un parcours desoins coordonnĂ©.
15déc.
Tsunami. Un raz-de-marée provoqué par un tremblement de terre fait des dizaines de milliers de morts en Asie du Sud-Est.
26déc.
Ălections en Irak. Assassinat du gouverneur de Bagdad.4
janv.
SolidaritĂ©. En IndonĂ©sie, confĂ©rence internationale sur lâaideaux pays dâAsie du Sud-Est victimes du tsunami.
6janv.
« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts » (Newton)Inauguration du viaduc de Millau.
14déc.
30 JOURS
Sous surveillance. La nouvelle Commission européenne estfinalement investie par le Parlement de Strasbourg.
18nov.
Iznogoud. Nicolas Sarkozy est Ă©lu prĂ©sident de lâUMP. HervĂ© Gaymard lui succĂšde Ă Bercy.
28nov.
Oui ! Référendum interne au Parti Socialiste sur la Constitutioneuropéenne.
1ER
déc.
GrÚve dans le second degré.7
déc.
Discriminations. Adoption de la loi créant une HauteAutorité contre les discriminations et comportant un dispositif contresexisme et homophobie.
8déc.
Ci-gisent les 35 heures. Raffarin présente son «Contrat 2005» comportant un plan pour revenir sur les 35heures.
9déc.
Justice... Silvio Berlusconi est relaxé dans son procÚs pour corruption.
10déc.
ASIE DU SUD-EST
LâĂ©motion et la colĂšreLe 26 dĂ©cembre, lâAsie du Sud-Est connaissait une catastrophe
naturelle dâune ampleur inĂ©dite. Elle a engendrĂ© des dizaines de milliers de morts, de blessĂ©s, de personnes dĂ©placĂ©es et plongĂ©esdans une dĂ©tresse et un dĂ©nuement profonds. Dâune telle catastrophe humanitaire, le monde entier sâest Ă©mu,entraĂźnant un large mouvement de solidaritĂ©. LâĂ©motion doit cependant faire place, dâores et dĂ©jĂ , Ă des interrogations sur lâabsence de prĂ©vention du risque de tsunami, pourtant bienconnu dans cette rĂ©gion, et plus gĂ©nĂ©ralement encore sur les responsabilitĂ©s en cause dans cette catastrophe. Lâavenircommande dây rĂ©pondre afin dâĂ©viter quâun tel drame se renouvelle. Lire Ă ce sujet les articles de la page 17.
©A
FP
Romulus ou Remus ?
Le professeur certifiéRomulus passa de nom-breuses années à pré-
parer ses cours et Ă corrigerses copies ; Ă lâĂ©coute de sesĂ©lĂšves, il Ćuvrait pour la rĂ©us-site de tous. Au cours dâunjour faste, il avait obtenu, auprix de nombreuses luttes quesa fin de carriĂšre fĂ»t revalo-risĂ©e : au 11e Ă©chelon, il atten-dait dâaccĂ©der Ă une promo-tion : la hors-classe.Mais câĂ©tait sans compter ladĂ©cision des Dieux : journĂ©faste ! Son frĂšre, le profes-seur certifiĂ© Remus, obser-vait rĂ©guliĂšrement le vol etle chant des oiseaux, il nour-rissait avec attention les pou-lets sacrĂ©s, espĂ©rait devenir
expert en lâart de lire leursentrailles et surtout sâentre-tenait souvent avec lâaugurequalifiĂ©. Celui-ci, grĂące Ă sabaguette divinatoire et expertdans lâart dâinterprĂ©ter lesphĂ©nomĂšnes cĂ©lestes dĂ©cidaque seul Remus devait accĂ©-der Ă la hors-classe : son ini-tiation Ă la science auguralelui semblait bien plus impor-tante que le fait dâenseigner.Qui sait ce que lâaugure qua-lifiĂ© avait lu dans les entraillesdes poulets ? Qui sait surtoutsi un autre augure qualifiĂ© nâyaurait pas lu autre chose ?âŠQue serait-il alors advenu deRemus ?Ceci est une autre HistoireâŠ
Corinne Gioanni-Massa
6 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
DEBATCourriers
Le travail nâest plus un rempart contre la prĂ©caritĂ©J. Mancione, Bordeaux
Précarithon
BD ET MYTHOLOGIEUlysse, le vainqueur de la guerre de Troie,ne peut rentrer chez lui. Ce pĂ©riple est pleinde rebondissements. SĂ©bastien Ferrand a eulâidĂ©e dâadapter lâĆuvre dâHomĂšre pour larendre visible et lisibles aux jeunes gĂ©nĂ©-rations. Câest un travail dâutilitĂ© publique. Ilfaudrait le subventionner. Trois tomes poursuivre les aventures du roi dâIthaque protĂ©gĂ©dâAthĂ©na et victime de PosĂ©idon. Ce nâest pastrop. Le dernier vient de paraĂźtre. Le gra-phisme a Ă©voluĂ©. Il est plus fou, plus liĂ© aufantastique. De quoi rĂ©jouir les enfants.Que nous sommes restĂ©s. N.B.âą Ulysse, Ămmanuel Proust Ă©ditions.
Ainsi en va-t-il du rapport France précaire 2003 remis par leSecours catholique le 16 novembre dernier au Premier ministrede la France, Jean-Pierre Raffarin.
Selon le Secours catholique, le travail nâest plus un rempart contre lapauvretĂ© : « tous les emplois prĂ©caires exposent Ă la pauvretĂ© ». Laphrase a le mĂ©rite dâĂȘtre claire et dâannoncer la couleur du rapport. Leniveau des plus fragiles ne cesse de se dĂ©grader et la proportion des per-sonnes sans ressource augmente. Les revenus, mĂȘme du travail, nerĂšglent pas tout. Au contraire, intĂ©rim, contrat Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e, tempspartiel, ... concernent particuliĂšrement les populations les plus dĂ©mu-nies. Parmi les travailleurs accueillis par lâassociation, les 3/4 occupentun emploi prĂ©caire.Une collĂšgue vient de sâadresser au SNES pour signaler sa situationpersonnelle ; elle nâavait sans doute pas lu le rapport du Secourscatholique. Elle Ă©crit pourtant : «actuellement, nâayant aucun poste,je vis en tout et pour tout avec 300 âŹ/mois (allocations familiales).Avec un tel budget, difficile de sâoffrir un voyage jusquâĂ Bor-deaux mĂȘme pour une bonne cause. On a du mal Ă imaginer quâunecatĂ©gorie dâenseignants soit trĂšs mal lotie, mal logĂ©e et quâils fontpartie des « travailleurs pauvres». Moi-mĂȘme, avant dâessayer dâin-tĂ©grer lâĂducation nationale, jâignorais toutes ces galĂšres auxquellessont confrontĂ©s certains enseignants. Jâai 45 ans, 2 enfants Ă chargeet jâenseigne depuis 7 ans... De lâĂducation nationale, jâespĂ©raismieux. »Le rapport France prĂ©caire dĂ©monte lâidĂ©e des chĂŽmeurs bien contentsde lâĂȘtre : « les gens rencontrĂ©s ont une volontĂ© de travail. Pour une ques-tion de dignitĂ© par rapport Ă leur famille et Ă leur environnement ». Sila monoparentalitĂ© augmente, la situation des femmes seules et plusparticuliĂšrement des mĂšres est des plus prĂ©occupantes. PrĂ©caires,pauvres et maltraitĂ©s.Nous sommes sans doute loin des activitĂ©s dâun syndicat. Et pourtant, cesquestions concernent tout particuliĂšrement lâĂducation nationale et le sec-teur de lâĂ©ducation. ChĂŽmage, retards de paiement, difficultĂ©s Ă payer sonloyer, la cantine, les dĂ©placements pour se rendre Ă son travail, ... Câest ce que nous sommes allĂ©s dire le 24 novembre â dans le cadre dâuneaction nationale contre la prĂ©caritĂ© â au rectorat, et pas seulement dire. Les retards de paiement sont proprement scandaleux : comment peut-on accepter quâun travail effectuĂ© soit payĂ© par lâĂtat avec un telretard ? Surtout pour des personnes aux revenus irrĂ©guliers ! Manquede personnel pour traiter les dossiers ?Trop de personnels titulaires ? Ah bon ! Ce trop entraĂźnerait le chĂŽmagedes non-titulaires ? Et pourquoi M. Fillon envisage-t-il de confier lesremplacements aux collĂšgues de lâĂ©tablissement ? La garantie de rĂ©emploi pour les contractuels nâest pas une aberrationde pensĂ©e. Tout le monde sait quâen droit social, les faits prĂ©cĂšdent le
droit. La garantie de rĂ©emploi des MA nâĂ©tait pas en son temps assurĂ©e.Le droit Ă lâaction sociale dont sont Ă©cartĂ©s les non-titulaires chĂŽmeursne serait-il pas un moyen honorable dâaider des collĂšgues investis dansleur mission et que le rectorat a Ă©lĂ©gamment rejetĂ©s Ă lâANPE. ? Et mĂȘme si ces collĂšgues ne pouvaient retrouver un emploi de rem-placement garanti, ne pourrait-on pas les aider Ă prĂ©parer leur titu-larisation autrement que par la rĂ©ouverture des dossiers de candida-ture aux prĂ©parations des concours ? Ne pas se laisser endormir.Ces questions posent des choix financiers donc politiques. Face Ă cerĂ©quisitoire contre lâemploi prĂ©caire, le Premier ministre a appelĂ© à « une mobilisation collective » contre la pauvretĂ© et exprimĂ© « lagratitude nationale pour lâengagement personnel au sein des asso-ciations». Il a rĂ©affirmĂ© sa confiance en un retour de la croissance etune baisse significative du chĂŽmage en 2005. On connaissait Jean-Pierre Raffarin comme un expert dans lâart dâendormir ses interlo-cuteurs. Parce que les prĂ©caires â et les autres â ne peuvent dormirtranquilles, il est temps pour toute la profession de montrer quâellene se laisse pas endormir. Le 7 dĂ©cembre, nous Ă©tions en grĂšve pour la dĂ©prĂ©carisation de lâem-ploi dans lâĂducation nationale. Continuons Ă nous mobiliser !
Ă propos des prisons pour mineursC. H., S1 de Gaillac
Ătablissements pĂ©nitentiaires
Dans une ville accueillante duTarn, le maire se fĂ©licite dâavoirobtenu la construction dâun EPM(Ă©tablissement pĂ©nitentiaire pourmineurs) pour 2006. Ce dernier, prĂ©vu pour 60 mineursentre 13 et 18 ans, est lâun des 6Ă©tablissements projetĂ©s surlâHexagone.Actuellement, 14 mineurs sontincarcĂ©rĂ©s pour la rĂ©gion Midi-PyrĂ©nĂ©es Ă Seysses (oĂč 40 placessont disponibles) dans un quartierqui leur est rĂ©servĂ©. Augmenter « lâaccueil » peutlaisser craindre de chercher avecplus de zĂšle des « pensionnaires »dans un contexte sĂ©curitairerenforcĂ© par lâapplication de la loiPerben. Par ailleurs, 150 personnesdevraient assurer lâencadrementavec pour moitiĂ© des adultes de laPJJ (protection judiciaire de lajeunesse). Un encadrement et unsouci Ă©ducatifs qui laissentpantois. Tant que les mineurs sonten libertĂ©, dans leur quotidien,leur encadrement Ă©ducatif(surveillants, Ă©ducateurs,enseignants, infirmiĂšres,mĂ©decins scolaires) diminuefortement, mais ils auraient droit
Ă ce qui peut apparaĂźtre commeun « traitement de faveur » endĂ©tention. Cependant la prĂ©senceforte de la PJJ est un leurre. Eneffet, cette derniĂšre se voit deplus en plus contrainte Ă prendreen charge uniquement desmineurs dĂ©linquants et Ă lescontenir au moyen delâenfermement. Câest une dĂ©rivedangereuse car tout jeune enrelation avec la PJJ seracataloguĂ© de dĂ©linquant ipsofacto. Le SNPES-FSU (personnelsde lâĂ©ducation surveillĂ©e) semblebien seul Ă dĂ©noncer ces projets.Or nous assistons Ă la logique durĂ©pressif vainqueur du prĂ©ventifet de lâĂ©ducatif. Il ne faut pas que ces EPM seremplissent de jeunes dont on saitque 80 % retourneront en prison.Enseignants, parents, citoyens,nous devons dire NON Ă laconstruction de ces EPM quirĂ©sonne dangereusement face Ă la diminution drastique desmoyens de lâĂducation nationale.Il me semble que nous devrionsdavantage intĂ©grer cettedimension rĂ©pressive dans notreĂ©vocation de la situation et dansnos revendications.
PRODUCTION CULTURELLE ET OCCUPATIONLa pĂ©riode 1940-44 connut une Ă©tonnanteet paradoxale production culturelle enFrance alors que lâAllemagne sâappauvris-sait. Comment lâexpliquer ? Les auteursrĂ©unis par Albrecht Betz et Stefan Martensessaient dây rĂ©pondre. Lâhistoire culturelleest en train de gagner sa place. Les inter-rogations sont multiples sur ces intellec-tuels et leur rĂ©action, mais aussi leur fas-cination. Une vĂ©ritable leçon et dâhistoireet de comportements. N.B.
âą Les intellectuels et lâOccupation 1940-1944, Collaborer, Partir, RĂ©sis-ter, Editions Autrement, collection MĂ©moires.
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 7
Un collĂ©gien arrĂȘtĂ© en plein cours au collĂšgeJeanne-dâAlbret de Pau et menacĂ© dâexpulsionJ.-J. L. M., pour le S2 des PyrĂ©nĂ©es Atlantiques
Rafle
Samuel Johnson a 16 ans et demi. Orphelin, Ghanéen réfugié enFrance depuis plusieurs mois, placé par le juge des enfantsdans un foyer de la région paloise, excellent élÚve assidu au col-
lĂšge Jeanne dâAlbret depuis la rentrĂ©e de septembre dernier, il ne prĂ©-sente aucun danger ni aucune menace pour notre pays.Le 18 novembre Ă 9 h45, trois fonctionnaires de la Police Aux Fron-tiĂšres viennent lâarrĂȘter Ă lâintĂ©rieur du collĂšge. Ses camarades de laclasse quâil a dĂ» quitter brutalement pendant le cours sont traumatisĂ©s.Le personnel, et particuliĂšrement les enseignants du collĂšge, estchoquĂ©, indignĂ©.Il est ensuite internĂ© au centre de rĂ©tention administrative dâHendaye,puis dans celui du Mesnil-Amelot dans la Seine-et-Marne, Ă proxi-mitĂ© immĂ©diate de lâaĂ©roport de Roissy.Comme il est mineur, la police ne peut pas lâexpulser. LâavocateMe Maripierre Massou dit LabaquĂšre a dâailleurs dĂ©posĂ© le22 novembre un recours en rĂ©fĂ©rĂ© contre la menace dâexpulsiondevant le tribunal administratif de Pau et lâexpulsion est suspendue.La police demande alors au consulat du Ghana un laissez-passerpour le Ghana pour Samuel. Le consulat le fournit, en indiquant la datede naissance de Samuel, car il ont reconnu leur ressortissant. Chou blanc pour la police car le document indique que Samuel estmineur. QuâĂ cela ne tienne. Elle fait pression sur le consulat pour obte-nir un nouveau document et exige « quâil soit conforme aux examensradiographiques que nous lui avons fait subir » ! Câest-Ă -dire quâilsveulent faire primer un examen radiologique sans valeur scientifique, ettrĂšs discutable, sur deux papiers officiels indiquant lâĂąge de Samuel.Il faut absolument que Samuel apparaisse comme majeur pour pou-voir ĂȘtre expulsĂ©, et il faut expulser Samuel pour emplir le quota dâim-migrĂ©s Ă expulser.Malheureusement les pressions sont efficaces et le consulat fournit,paraĂźt-il (personne ne lâa vu), un nouveau laissez-passer avec une datede naissance « convenable ». Jeudi 16 dĂ©cembre, Samuel doit ĂȘtreexpulsĂ©. Il refuse de monter dans lâavion. Il est placĂ© en garde Ă vue.Il est prĂ©sentĂ© Ă un juge qui lâinculpe pour entrave Ă procĂ©dure admi-nistrative. Il est jugĂ© le 20 dĂ©cembre devant la 17e chambre correc-tionnelle du tribunal de grande instance de Bobigny en Seine-Saint-Denis et condamnĂ© Ă trois mois de prison Ă Fleury-MĂ©rogis...Le S1 du collĂšge est intervenu dĂšs le 1er jour par une pĂ©tition unanimedu personnel, qui a Ă©tĂ© portĂ©e au principal du collĂšge.Une dĂ©lĂ©gation du S1, accompagnĂ©e du secrĂ©taire dĂ©partemental dela FSU, a Ă©tĂ© reçue Ă la prĂ©fecture le 1er dĂ©cembre pour sâindigner delâentrĂ©e de la police dans un Ă©tablissement scolaire pour un motif sansaucun rapport avec la sĂ©curitĂ© des biens ou des personnes et pour pro-tester contre la politique dâexpulsion des Ă©trangers, mĂȘme mineurs.Le 14 dĂ©cembre, le secrĂ©taire dĂ©partemental de la FSU, membre duS2 du SNES, rend visite Ă Samuel au centre de rĂ©tention administrativedu Mesnil-Amelot.Une confĂ©rence de presse unitaire intersyndicale est organisĂ©e le 18dĂ©cembre Ă Pau avec la FCPE, le MRAP et plusieurs autres associations. Le 23 dĂ©cembre Ă 15 heures, une manifestation est organisĂ©e par lesmĂȘmes devant la prĂ©fecture de Pau pour exiger la libĂ©ration de Samuel. La mobilisation sâĂ©tend. Le temps presse. Lâindignation est grandede constater une dĂ©rive policiĂšre de cette ampleur.Cette fois-ci, il sâagit de Samuel Johnson. Mais des dizaines de cascomparables se passent chaque mois dans le dĂ©partement, lâacadĂ©miede Bordeaux et partout en France. La police intervient pour expulserdes enfants qui sont scolarisĂ©s Ă lâĂ©cole primaire, comme ils onttentĂ© de le faire Ă Bordeaux. Chaque semaine, des jeunes gens quicommençaient Ă sâintĂ©grer dans notre pays et qui sont scolarisĂ©srĂ©guliĂšrement, sont brutalement expulsĂ©s dĂšs quâils atteignent 18 ans.
Le cas de Samuel est remarquable, car il sâagit dâun mineur dont lapolice essaie de faire croire quâil est majeur, en employant des pro-cĂ©dĂ©s inqualifiables, mais il faut prendre conscience que des raflesincessantes se produisent dans notre pays qui nâest plus terre dâasile.Le ministre nous dit que nous devons apprendre Ă nos Ă©lĂšves lesvaleurs rĂ©publicaines. Monsieur le ministre, nous nâavons pas lesmĂȘmes valeurs.
Zéro pointéSections SNES-SNEP FSU du collÚge Jas-de-Bouffan,du lycée de Luynes, du lycée Cézanne, Aix
Télénotes
« Le grand problĂšme de lâĂtat, câestla rigiditĂ© de sa main-dâĆuvre »,« Le problĂšme que nous avons enFrance, câest que les gens sontcontents des services publics ».Renaud Dutreil, ministre de laFonction publique et de la RĂ©formede lâĂtat le 20octobre 2004.Le grand problĂšme du collĂšge Jas-de-Bouffan, du lycĂ©e de Luynes, dulycĂ©e CĂ©zanne et de tant dâautresĂ©tablissements en cette fin depremier trimestre câest que nous nesommes pas content, des servicesofferts par des entreprises privĂ©es(COFRAMI et Microsoft) en sous-traitance du CRDP pour les notes etles bulletins en ligne sur Internet.Ce nâest pas un problĂšme de rigiditĂ©mais dâefficacitĂ© Ă cause de sacomplexitĂ© et de sa lenteur. Sesconcepteurs savent-ils seulement
quâils risquaient lâencombrement Ă certaines pĂ©riodes ? Connaissent-ilsseulement le fonctionnement dâunĂ©tablissement et les besoins desenseignants ? La consĂ©quence pourles enseignants, ce sont des heuresde travail en plus sans aucun intĂ©rĂȘtpĂ©dagogique. Exemple au lycĂ©e deLuynes, deux heures et demi pourremplir les bulletins de 35 Ă©lĂšves,soit lâeffectif normal dâune classeâŠquand le logiciel marche ! Câestparfaitement inadmissible!Vu le prix payĂ©, soit 300 euros, parun collĂšge â combien par lesnombreux autres collĂšges et lycĂ©esabonnĂ©s â, on peut se demandersâil nâaurait pas Ă©tĂ© plus simple deconfier le fonctionnement de cesservices en ligne au... service publicpar exemple, comme câĂ©tait le caslâan dernier.
PrĂ©cision/AutoritĂ©Nous avons omis de prĂ©ciser que lâarticle de F. de Singly sur lâautoritĂ© paru dansLâUS Mag du mois de dĂ©cembre a Ă©tĂ© reproduit avec lâaimable autorisation desCahiers pĂ©dagogiques. Lâinterview rĂ©alisĂ©e par J.-M. Zakhartchouk a Ă©tĂ©publiĂ©e dans le numĂ©ro de septembre-octobre (426) de cette revue que lâonpeut se procurer pour exemple sur le site du Cercle de recherche et dâactionpĂ©dagogiques (CRAP): www.cahiers_pedagogiques.com
8 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
DEBATopinion
DISCRIMINATIONS POSITIVES. Le dĂ©bat autour du traitement des inĂ©galitĂ©s sâest focalisĂ© sur les formes que peuvent prendre les discriminations positives. Cette question est dâune grande complexitĂ©. Les deux points de vue prĂ©sentĂ©s dans ces pages nâengagent que leurs auteurs mais devraient permettrede faire avancer la nĂ©cessaire rĂ©flexion qui serait prolongĂ©e dans le cadre du congrĂšs.
LâinĂ©galitĂ© des chances dâac-cĂšs aux grandes Ă©coles sâestaggravĂ©e et les discrimina-
tions dans le monde du travailrestent considĂ©rables. I l estessentiel de prendre lâexactemesure de ces rĂ©alitĂ©s pour cou-per court au dĂ©ni et sensibiliserĂ lâurgence de lâaction. Lâobser-vatoire des discriminations y acontribuĂ© au moyen du testing,par envoi de C.V. quasi-iden-tiques. Nous avons mis en Ă©vi-dence la pluralitĂ© et la gravitĂ©des discriminations. Un handicapĂ© a 15 fois moins de chance dedĂ©crocher un entretien dâembauche quâun candidat ordinaire, unhomme dâorigine marocaine ou un candidat de 50 ans a 5 foismoins de chances. Une personne au visage disgracieux ou quihabite un mauvais quartier est Ă©galement clairement discrimi-nĂ©e. Ajoutons que pour certains emplois, les femmes sont discri-minĂ©es. Dâautres encore sont en butte Ă lâhomophobie et les per-sonnes en situation dâobĂ©sitĂ© sont exclues du marchĂ© du travail.Les faits sont incontestables et ce diagnostic attire lâattentionsur la nĂ©cessitĂ© de traiter sans exclusive toutes les formes de dis-criminations.
Toutefois les politiques relevant de la discrimination positive,quâelle soit basĂ©e sur des critĂšres ethniques ou socio-Ă©cono-miques, ne sont pas satisfaisantes : facteurs de discorde, ellesproduisent ou aggravent dâautres types de discriminations. Ellesagissent comme un voile sur les rĂ©els mĂ©canismes de lâinĂ©galitĂ©des chances : câest parce que le fonctionnement de notre systĂšmeĂ©ducatif ou la gestion du personnel des entreprises et des admi-nistrations ne sont pas satisfaisants que cette inĂ©galitĂ© existe. Cesont ces dysfonctionnements quâil faut Ă©radiquer plutĂŽt que dâin-venter des politiques qui visent Ă corriger aprĂšs coup et Ă lamarge les effets les plus choquants de nos propres pratiques degestion.Les jeunes scolarisĂ©s dans des lycĂ©es oĂč sont regroupĂ©s desenfants dont les origines sociales sont dĂ©favorisĂ©es (et dont lesparents sont souvent Ă©trangers) ne peuvent bĂ©nĂ©ficier des condi-tions dâenseignement et dâinformation qui leur permettent dâintĂ©-grer les classes prĂ©paratoires. Faut-il prendre acte de cette diffĂ©-rence de niveau et dâinformation, et faire accĂ©der de maniĂšrefacilitĂ©e un modeste contingent dâĂ©tudiants issu de quelques
« lycĂ©es dĂ©favorisĂ©s » aux grandesĂ©coles ? Câest la solution choisie parSciences Po. Mais pourquoi ne pasavoir une politique plus ambitieusequi donne rĂ©ellement leur chanceaux enfants dĂ©favorisĂ©s ? Et pour-quoi ne pas avoir dâabord songĂ© Ă modifier les modalitĂ©s du concoursdâentrĂ©e Ă Sciences Po ? LesĂ©preuves de culture gĂ©nĂ©rale ou lamaĂźtrise dâune langue Ă©trangĂšre(essentielle Ă Sciences Po) favori-sent en effet les enfants aisĂ©s. Nâest-il pas plus juste, moins stigmatisant
et plus conforme aux idĂ©aux rĂ©publicains dâamener des lycĂ©ens,dĂ©savantagĂ©s par leur lieu de rĂ©sidence ou leur origine, Ă unniveau dâexcellence ?Au lieu de remĂ©dier aux dĂ©ficiences du systĂšme Ă©ducatif, dedoter en ressources supplĂ©mentaires tous les Ă©tablissementsscolaires qui accueillent les jeunes de milieux dĂ©favorisĂ©s, oucertains Ă©lĂšves qui souhaitent passer des concours, on prĂ©fĂšrecontourner la difficultĂ© en intĂ©grant Ă la marge un contingent dejeunes issus de ZEP. Ă lâinverse, lâexpĂ©rience de lâESSEC,beaucoup moins mĂ©diatisĂ©e que celle de Science Po, consistejustement Ă injecter des moyens et du soutien dans des lycĂ©espeu favorisĂ©s pour des jeunes particuliĂšrement motivĂ©s. LamĂ©thode choisie pour remĂ©dier Ă une inĂ©galitĂ© des chancescroissante et Ă une reproduction sociale effarante nâest pas anec-dotique. Si la discrimination positive mise en Ćuvre parSciences Po reste une expĂ©rience limitĂ©e, elle servira de cache-misĂšre. Elle retarde en effet la rĂ©forme des autres voies dâaccĂšsĂ lâĂ©cole (qui sont ouvertement discriminantes) et une actionvigoureuse de « justice sociale » dans les Ă©tablissementsscolaires. De plus si lâon gĂ©nĂ©ralisait la nouvelle voie dâaccĂšs,on renoncerait aux rĂšgles du concours et de lâanonymat au profitde modalitĂ©s de sĂ©lection Ă la discrĂ©tion des enseignants etdâoraux devant des jurys. En quoi ce retour en arriĂšre garantira-t-il Ă lâavenir un traitement Ă©gal et non discriminatoire descandidats ? ïżœ
Jean-François Amadieu
Jean-François Amadieu est professeur Ă Paris I PanthĂ©on Sorbonne. Ildirige lâObservatoire des Discriminations de lâUniversitĂ© Paris I, quimĂšne des Ă©tudes sur toutes les formes de discriminations : genre, eth-niques, Ăąge, gĂ©ographique, apparence, orientations sexuelles, handicap,etc. Sa mĂ©thode est de traiter conjointement les facteurs qui conduisent Ă des inĂ©galitĂ©s dâaccĂšs Ă lâemploi, de dĂ©roulement de carriĂšre, de salaires,dâaccĂšs Ă la formation ou encore de licenciement. Lâobservatoire mĂšnedes travaux (dont une dizaine de thĂšses) qui utilisent une grande diversitĂ©de techniques dâenquĂȘtes et adoptent une perspective pluridisciplinaire(gestion, sociologie, droit, Ă©conomie).http://cergors.univ-paris1.fr/observatoiredesdiscriminationsfd.htm
Remédier aux inégalités et aux discriminations,
Ă lâĂ©cole et dans le monde du travail demande
une action en profondeur, qui sâattaque aux
racines du problĂšme.
Jean-FrançoisAmadieuest professeur Ă Paris IPanthĂ©on Sorbonne. Il dirige lâObservatoiredes Discriminations delâUniversitĂ© Paris I
Faire émerger les compétences...sans discrimination
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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 9
La dĂ©claration fracassante deNicolas Sarkozy appelant Ă lanomination dâun « prĂ©fet
musulman » a incontestablement(re)lancĂ© le dĂ©bat autour desmesures dites de discriminationpositive. Mais cette sortie Ă visĂ©esĂ©lectoralistes a Ă©galement ren-forcĂ© la confusion autour dâunelogique reposant notamment surun traitement prĂ©fĂ©rentiel. Toutdâabord, en laissant entendre quela discrimination positive se tra-duit par une place rĂ©servĂ©e dans lahaute fonction publique, lâancien ministre de lâIntĂ©rieur a donnĂ©des gages Ă ses dĂ©tracteurs qui la rĂ©duisent Ă une simple tech-nique : celle des quotas. Ensuite, en fondant la discriminationpositive sur un critĂšre religieux (ou, plus largement, ethnique),Nicolas Sarkozy a suscitĂ© une rĂ©probation lĂ©gitime : outre quâun
verrou constitutionnel « assure lâĂ©galitĂ© devant la loi de tous lescitoyens sans distinction dâorigine, de race ou de religion » (pre-mier article de la Constitution de 1958), câest avaliser uneconception de la sociĂ©tĂ© oĂč chacun sâexprime par et pour sa com-munautĂ©. Vision qui affaiblit considĂ©rablement la RĂ©publique dĂšslors obligĂ©e dâĂ©changer la « communautĂ© des citoyens » contre lecommunautarisme. Câest ainsi que finalement la discriminationpositive est gĂ©nĂ©ralement dĂ©finie par deux mots : « quotas eth-niques ». Pour essayer de sortir de cette approche rĂ©ductrice, jâai proposĂ©dans un ouvrage rĂ©cent (De la discrimination positive, BrĂ©al,2004) de dĂ©finir la discrimination positive ainsi : « instituer desinĂ©galitĂ©s formelles pour lutter contre des inĂ©galitĂ©s de fait ».Sans aucun doute imparfaite, cette dĂ©finition plus large a lâim-mense mĂ©rite de ne pas faire lâimpasse sur la discrimination posi-tive « Ă la française » : aussi bien pour ce qui concerne les zonesdâĂ©ducation prioritaire (ZEP) que les zones franches urbaines oumĂȘme lâexpĂ©rience rĂ©cente menĂ©e Ă Sciences Po Paris. Mais pourne pas participer Ă la confusion qui entoure ce concept sulfureux,jâai pris une prĂ©caution conceptuelle supplĂ©mentaire : toujoursfaire suivre discrimination positive du suffixe « socio-Ă©cono-mique » afin dâintroduire une distinction, qui me paraĂźt particu-liĂšrement opĂ©ratoire, entre discrimination positive « socio-Ă©cono-mique » dâune part et discrimination positive « ethnique »dâautre part. Et de considĂ©rer que la discrimination positive« socio-Ă©conomique » est aujourdâhui une nĂ©cessitĂ© absolue âdĂ©marche qui, certes, nâest pas sans effets pervers mais quidemeure un moyen essentiel de rĂ©duire la sĂ©grĂ©gation scolairequi ne cesse de sâaffirmer. Sâinscrivant dans une perspectiverĂ©publicaine, cette politique est dâautant plus impĂ©rative quelâimmobilisme nâest plus acceptable.Sans quotas, sans rĂ©fĂ©rence ethnique pour dĂ©signer les bĂ©nĂ©fi-ciaires potentiels, la discrimination positive « socio-Ă©conomique »
constitue en effet une solutionvolontariste pour essayer de crĂ©di-biliser cette valeur fondatrice denotre dĂ©mocratie quâest lâĂ©galitĂ©des chances. Cela suppose deretrouver lâesprit originel des ZEPet de sortir de la logique de gestioncomptable qui est actuellement lanĂŽtre : celle-ci a considĂ©rablementamoindri lâefficacitĂ© espĂ©rĂ©e de la« politique Ă©ducative prioritaire »qui, nĂ©anmoins, a permis dâĂ©viterque la situation continue de se
dĂ©grader pour des enfants qui dans le mĂȘme temps voient leursconditions dâhabitats se dĂ©tĂ©riorer. Reste que le « saupoudrage »des moyens, qui sâexplique en partie par le nombre trop Ă©levĂ© dezones concernĂ©es, conduit Ă des effets insuffisants, par exemple ence qui concerne le nombre dâĂ©lĂšves par classe. Or, lâamĂ©liorationdes rĂ©sultats scolaires des Ă©lĂšves issus des quartiers dĂ©favorisĂ©s esttrĂšs sensible Ă une prise en charge trĂšs diffĂ©renciĂ©e et Ă une rĂ©duc-tion significative du nombre dâĂ©lĂšves par classe. Loin de remettreen cause le principe des ZEP, donc de la discrimination positive« socio-Ă©conomique », cette rĂ©alitĂ© doit nous amener Ă mieuxcibler les moyens sur les zones oĂč se concentrent les difficultĂ©sscolaires.Au-delĂ , une relance par le haut, qui peut provenir dâun Ă©largis-sement du recrutement des grandes Ă©coles, est souhaitable. Lâinno-vation de la filiĂšre ZEP Ă Sciences Po nous indique une voiepossible : tout en entamant une diversification nĂ©cessaire de soneffectif, Sciences Po a ainsi suscitĂ© une nouvelle dynamique dansles ZEP concernĂ©es (Ă©lĂšves plus motivĂ©s et Ă©quipes enseignantesplus stables notamment). Câest la raison principale pour laquellejâai appelĂ© avec dâautres, dans un manifeste publiĂ© par Le Monde(19/10/2004), toutes les grandes Ă©coles Ă mettre en place unediscrimination positive « socio-Ă©conomique », et ce suivant lesmodalitĂ©s quâelles considĂ©reront les plus conformes Ă leurs spĂ©ci-ficitĂ©s. On signale souvent quâune telle gĂ©nĂ©ralisation offre lâop-
portunitĂ© de maintenir le concours inchangĂ©. Câest exact et regret-table. Mais en attendant le « grand soir » de la modification desĂ©preuves du concours que jâappelle Ă©galement de mes vĆux, faut-il rester immobile? Combien de temps encore allons-nous espĂ©rercette rĂ©vision du contenu du concours? Refuser que des lycĂ©ens deZEP entrent dans une grande Ă©cole serait-il un meilleur moyen delâobtenir ? Câest oublier que lâexpĂ©rience de Sciences Po, bienquâimparfaite, a eu le mĂ©rite de convaincre le plus grand nombreque certains Ă©lĂšves de ZEP ont le potentiel pour rĂ©ussir dans unegrande Ă©cole.En matiĂšre de lutte contre lâinĂ©galitĂ© des chances, il est temps defaire preuve de pragmatisme. ïżœ
Sortir de la confusion qui entoure le concept de
discrimination positive doit permettre une application
Ă lâĂ©cole. Parce quâil est temps de rĂ©agir...
LâamĂ©lioration des rĂ©sultats scolaires des Ă©lĂšves issus
des quartiers défavorisés est trÚs sensible à une
prise en charge trÚs différenciée et à une réduction
significative du nombre dâĂ©lĂšves par classe.
Eric Keslassy,sociologue (Dauphine),enseigne les scienceséconomiques et sociales
Pour la discrimination positive« socio-économique »!
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ACTUALITES ĂDUCATION, FONCTION PUBLIQUE, AGIR
Tous en grĂšve le je
Face Ă un gouvernement entĂȘtĂ© et intransigeantSâil y a un reproche qui ne peutpas ĂȘtre fait Ă ce gouvernement,câest celui de manquer de cohĂ©-rence. Sur le fond, comme sur lamĂ©thode. Le 16 dĂ©cembre, F. Fillon prĂ©-sente son projet de loi au ConseilsupĂ©rieur de lâĂducation. Desdizaines de tables rondes et ren-contres bilatĂ©rales ont eu lieu,mais le projet ne tient presqueaucun, voire absolument aucuncompte des remarques qui ont Ă©tĂ©formulĂ©es. Le projet est mas-sivement rejetĂ© par le ConseilsupĂ©rieur. Ce qui nâempĂȘche pasF. Fillon dâannoncer le soir mĂȘmequâil prĂ©sentera son projet enlâĂ©tat au Conseil des ministres du12 janvier puisque les avis donnĂ©ssont « contradictoires » (sic) etquâil refuse de cĂ©der aux « conser-vatismes » (resic). Le 21 dĂ©cembre aprĂšs plusieursdiscussions et contacts bilatĂ©rauxsur les salaires avec les fĂ©dĂ©ra-tions de fonctionnaires, leministre R. Dutreil annonce desmesures qui non seulement netiennent aucun compte desdemandes des fĂ©dĂ©rations pour
rattraper les pertes de pouvoirdâachat (5% depuis 2000) maisqui vont encore aggraver cespertes en 2005.
Une multitude de rendez-voussociaux en janvierFace Ă une telle politique gou-vernementale qui fait sentir ses
effets bien au delĂ de lâĂduca-tion et de la fonction publique, lemĂ©contentement de lâopinionpublique grandit. Mais le faitnouveau en ce dĂ©but 2005 câestque ce mĂ©contentement semblebien devoir retrouver la voie delâaction collective. Les mĂ©diaspronostiquent un mois de janvierdifficile pour le gouvernementqui sera confrontĂ© Ă une multi-plication des rendez-voussociaux. Si le SNES et les syndi-cats de la FSU du second degrĂ© sesentaient encore bien seuls dĂ©butdĂ©cembre, des actions ont marquĂ©depuis plusieurs secteurs (SNCF,casinos, pĂ©diatres sont les der-niers en date) et, surtout, biendâautres sont annoncĂ©es. Et lagrĂšve rĂ©ussie du 7 dĂ©cembre aĂ©tĂ© manifestement un facteurdĂ©cisif pour prĂ©cipiter de nou-velles dĂ©cisions dans lâĂducation.Les fĂ©dĂ©rations de lâĂducationse sont en effet rĂ©unies le 21dĂ©cembre et ont assez facilementtrouvĂ© un terrain dâentente surune dĂ©cision de grĂšve et sur uneplate-forme (cf. ci contre) por-tant sur les questions budgĂ©taires,le refus des mesures de suppres-sion de postes dans le cadre de la
SCIENCES ĂCONOMIQUES ET SOCIALES : LE SNES APPELLE A PARTICIPER A LA GRĂVE DU 12 JANVIERLes professeurs de SES sont trĂšs inquiets du pro-jet de loi prĂ©sentĂ© par le ministre de lâĂducationnationale qui remet en cause les possibilitĂ©srĂ©elles de choix des Ă©lĂšves et conduira Ă leurdisparition.La disparition en classe de Seconde dâune desdeux options de dĂ©termination contraindra lesĂ©lĂšves Ă choisir pour lâoption restante la LV2. Ilsseront ainsi privĂ©s de lâenseignement de SES etne pourront plus choisir leur orientation en
connaissance de cause. Ceci va tarir le recrute-ment de la sĂ©rie ES qui correspond Ă une fortedemande sociale et Ă de vĂ©ritables dĂ©bouchĂ©s.Le SNES demande que la LV2 soit intĂ©grĂ©e autronc commun de Seconde, ce qui permettraitde maintenir pour les Ă©lĂšves un choix suffisam-ment large : SES, LV3, langues anciennes, arts... Deplus, par souci dâĂ©conomie budgĂ©taire le projetprĂ©voit la suppression des dĂ©doublements enlycĂ©e notamment en SES.
Les enseignants de SES se mobilisent mercredi12 janvier lors de la prĂ©sentation du projet auConseil des ministres.Cette journĂ©e de grĂšve et de manifestation per-mettra un rassemblement national Ă partir de 11heures place de la Madeleine Ă Paris.Pour le SNES, cette action sâinscrit dans la logiquede sa grĂšve du 7 dĂ©cembre et de ses interventionsau CSE. Elle marquera une nouvelle Ă©tape dans laprĂ©paration de la grĂšve nationale du 20 janvier.
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Pour de vĂ©ritables nĂ©gociations garantissant des rĂšgles nationales, lâĂ©galitĂ© de traitement
sur tout le territoire, le respect des engagements des années précédentes et la mobilité du plus grand nombre.
Des promotions permettant lâaccĂšs du plus grand nombre Ă lâĂ©chelon terminal de la hors-classe dans le respect des accords de 1989.
Pour le rĂ©tablissement de 3 500 emplois dâenseignants,
CPE, CO-Psy pour la rentrée 2005 et augmentation de 4 000 postes
aux concours 2005.
Pour le retour aux recrutements dâĂ©tudiants surveillants
avec une premiÚre étape de 6 000 embauches pour la rentrée 2005.
Pour le rĂ©emploi des non-titulaires et lâarrĂȘt du recours
Ă la vacation pour les remplacements, des voies de titularisation.
C E Q U E
N O U S VO U LO N S
Pour des objectifs ambitieux pour tous garantis par une loi
budgétaire de programmation sur plusieurs années.
Abandon des logiques ségrégatives et des propositions
inacceptables (baccalauréat, brevet, remplacement, bivalence,
concours à affectation régionalisée, conseil pédagogique...).
Pour le maintien des rĂšgles nationales pour nos services,
nos carriÚres, et non le renforcement des hiérarchies locales.
ABANDON DU PROJET FILLON ET UNE AUTRE LOI DâORIENTATION
POSTES
Pour le rattrapage du pouvoir dâachat (perte de 5 % depuis 2000).
SALAIRES
MUTATIONS ET PROMOTIONS
LE SNES SâĂTAIT LANCĂ DANS LA GRĂVE DĂS LE MOIS DE DĂCEMBRE. LâINTRANSIGEANCE DONT FAIT PREUVELE GOUVERNEMENT A ENCORE ACCRU LE MĂCONTENTEMENT, NOTAMMENT DANS LâĂDUCATION NATIONALEET LA FONCTION PUBLIQUE, CE QUI A CONDUIT Ă CE QUE SE PRENNENT ENFIN DES DĂCISIONS UNITAIRES,NOTAMMENT DâALLER Ă LA GRĂVE LE JEUDI 20 JANVIER.
10 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 11
R DANS LA DURĂE
e udi 20 janviercarte scolaire et sur lâabandon duprojet Fillon, mĂȘme sâil ne fautpas cacher quâil reste des avissensiblement diffĂ©rents sur desquestions comme le socle com-mun ou la bivalence. Le lende-main, les fĂ©dĂ©rations de fonc-tionnaires dĂ©cidaient, câest unepremiĂšre depuis plusieurs annĂ©es,dâappeler Ă la grĂšve le jeudi 20janvier « partout oĂč câest pos-sible ». La plate-forme (texte ci-
dessous) est essentiellement cen-trĂ©e sur les salaires mais Ă©voqueaussi prĂ©cisĂ©ment la nĂ©cessitĂ© dedĂ©fendre et dĂ©velopper les ser-vices publics. De premiĂšresdĂ©cisions sont dĂ©jĂ prises danslâĂducation, les Finances et laSantĂ©. Les PTT seront en grĂšve le18 janvier et la SNCF le 19.
Dâautres secteurs sont sur le pointdâarrĂȘter leur position.
La loi dâorientation au cĆur de lâaction du SNESLe SNES ne peut que se rĂ©jouirde ces convergences indispensablespour faire cĂ©der le gouvernement.En mĂȘme temps il restera trĂšs atten-tif Ă ce que lâensemble de sa plate-forme soit bien prĂ©sente dans lesmobilisations et en tout particulier
la loi dâorientation. Nous deman-dons une autre loi dâorientationque le projet Fillon dont les ambi-tions affichĂ©es ne sont que destrompe lâĆil, qui programme desredĂ©ploiements, qui institue au col-lĂšge une logique de sĂ©grĂ©gation etqui dĂ©nature le sens de notre mĂ©tier.Face Ă un ministre qui joue mani-
festement lâopinion publique, leSNES poursuivra sa campagnemontrant quâil existe bien des alter-natives au projet ministĂ©riel (aprĂšsles forums de Marseille et Rouen,les forums de Toulouse, dâOrlĂ©anset Paris se tiendront ces prochainessemaines, la brochure « Notreambition pour lâĂ©cole » a fait lâob-jet dâun nouveau tirage Ă 100 000exemplaires).
Le 20 janvier sâinscrit dansune sĂ©rie de rendez-vousdâaction.Au-delĂ de la grĂšve, le SNES pro-pose de saisir toutes les occasionsde se manifester. Le 12 janvier Ă lâoccasion du Conseil desministres qui examinera la loi et Ă partir du 15 fĂ©vrier, quand le Par-lement en sera Ă son tour saisi.Le Conseil national des 11 et12 janvier dĂ©battra des suites Ă donner Ă ces actions. ïżœ
Bernard Boisseau
FĂDĂRATIONS DE LâĂDUCATION : FAEN - FERC-CGT - FSU - SGEN-CFDT - UNSA ĂDUCATION
COMMUNIQUĂS INTERSYNDICAUX
Alors que le service public dâĂ©ducation se doit dâassurer la rĂ©ussite de tous les jeunes et ainsi derĂ©pondre aux besoins de la sociĂ©tĂ©, les fĂ©dĂ©rations de lâĂducation nationale FAEN, FERC-CGT, FSU,SGEN-CFDT, UNSA Ăducation, dĂ©noncent une politique qui va Ă lâencontre de ces exigences.AprĂšs les coupes intervenues depuis 2003, les mesures de carte scolaire, de suppressions depostes et de fermetures de classes rĂ©sultant du budget 2005 sont dâune extrĂȘme gravitĂ©. Ellessont lourdes de consĂ©quences pour les Ă©lĂšves et lâensemble des personnels : rĂ©duction de lâoffredâenseignements, diminution des moyens de lutter contre lâĂ©chec scolaire, dĂ©gradation des condi-tions de travail et dâenseignement, prĂ©caritĂ© accrue. La diminution des recrutements compro-met lâavenir.Ces choix budgĂ©taires Ă©clairent pour partie le contenu du projet de loi dâorientation qui nonseulement ne comporte aucune programmation de moyens nouveaux mais prĂ©voit de nouveauxredĂ©ploiements. Ce projet rejetĂ© trĂšs largement par le CSE tourne le dos aux objectifs quâilaffiche. Ses dispositions ne permettront pas de conduire tous les jeunes Ă la rĂ©ussite scolaire, derĂ©duire les inĂ©galitĂ©s et, pour certaines, elles dĂ©graderont les conditions dâexercice de nosmĂ©tiers.
Par ailleurs les transferts de personnels rĂ©sultant de la loi de dĂ©centralisation se poursuivent en dĂ©pitde lâopposition des personnels.Cette politique intervient dans un contexte de remise en cause des services publics, du statut de leursagents et de baisse de leur pouvoir dâachat.Les fĂ©dĂ©rations veulent une autre politique permettant de rendre effective une vĂ©ritable ambition pourles jeunes et le service public. Elles rĂ©clament un plan dâurgence pour rĂ©pondre aux besoins.Elles exigent lâabandon de ce projet de loi, qui ignore les attentes exprimĂ©es lors de multiples dĂ©bats,et lâouverture dâune vĂ©ritable nĂ©gociation pour Ă©laborer une loi ambitieuse pour lâavenir des jeunes.Elles revendiquent une politique des services publics rĂ©pondant aux besoins de la sociĂ©tĂ© et dansce cadre le rĂ©tablissement et la progression du pouvoir dâachat.Les fĂ©dĂ©rations appellent les personnels Ă se mobiliser avec les parents et les jeunes dans le pro-longement des actions dĂ©jĂ conduites.Elles estiment dâores et dĂ©jĂ quâune journĂ©e nationale de grĂšve et de manifestation sâimposedans la troisiĂšme semaine de janvier, elles souhaitent quâelle puisse sâinscrire dans une mobi-lisation plus gĂ©nĂ©rale de lâensemble des fonctionnaires. Paris, le 21 dĂ©cembre 2004
Les organisations syndicales de la fonction publique se sont rĂ©unies le 22 dĂ©cembre 2004.Elles constatent que les dĂ©cisions unilatĂ©rales sur les salaires annoncĂ©es par le ministre ne rĂ©pon-dent en rien aux exigences quâelles avaient formulĂ©es. Loin de constituer un quelconque rattrapageces mesures programment pour 2005 une nouvelle perte de pouvoir dâachat du point dâindice; ellesvont contribuer Ă un nouvel Ă©crasement de la grille des salaires et crĂ©er de nouvelles injustices. Lerefus de nĂ©gocier sâinscrit dans une politique gouvernementale dont le service public et les agentsfont les frais avec notamment :âą Un affaiblissement et une remise en cause du service public.âą Une politique de lâemploi faite de suppressions massives, de manques dâeffectifs et de prĂ©caritĂ©accrue.âą De fortes inquiĂ©tudes sur le devenir des garanties statutaires.âą Des mesures autoritaires en guise de « dialogue social».Les organisations syndicales considĂšrent quâune telle situation implique une mobilisation des per-sonnels dans lâunitĂ© la plus large pour exiger une politique des services publics rĂ©pondant aux besoins.Dans ce cadre elles revendiquent :
âą Une mesure immĂ©diate de rattrapage du pouvoir dâachat des salaires et des pensions au regardde la hausse du coĂ»t de la vie depuis le 1er janvier 2000, alors que sur cette pĂ©riode le pouvoir dâachatde la valeur du point a perdu prĂšs de 5 %.âą Des mesures permettant dâassurer une progression du pouvoir dâachat sur la pĂ©riode Ă venir.âą Les indispensables mesures bas salaires, par un relĂšvement significatif du minimum Fonctionpublique, vĂ©ritable « sous-smic ».âą LâĂ©largissement de lâamplitude de la grille et des carriĂšres. Il sâagit de reconnaĂźtre les qualifica-tions, de mettre fin aux blocages des carriĂšres et dâamĂ©liorer les promotions.âą Le traitement du contentieux accumulĂ©.Les personnels des services publics et de la fonction publique seront dans lâaction dans lasemaine du 17 au 21 janvier 2005.Les organisations syndicales de la fonction publique CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC appel-lent lâensemble des agents Ă se mobiliser le jeudi 20 janvier 2005 en manifestant et en dĂ©ci-dant la grĂšve partout oĂč ce sera possible.
Paris, le 22 décembre 2004
CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC SALAIRES FONCTION PUBLIQUE : ACTION LE 20 JANVIER 2005
La grĂšve rĂ©ussie du 7 dĂ©cembre a Ă©tĂ© manifestement un facteur dĂ©cisif pour prĂ©cipiterde nouvelles dĂ©cisions dâaction
MERCREDI 12 JANVIERLa prĂ©sentation du projet Fillonau Conseil des ministres estune occasion de manifesternotre dĂ©saccord. Comme nous lâavions fait pour lepassage du texte au CSE le16 dĂ©cembre, le SNES et sesstructures acadĂ©miques etdĂ©partementales proposent unepalette dâinitiatives : rassem-blements, envois de mĂ©l, demotions et pĂ©titions, inter-ventions auprĂšs des mĂ©dias,organisation locale de jour-nĂ©es du remplacement Fillon,diffusion de tableaux de rem-placement, etc. Un mĂ©l seraadressĂ© Ă chaque syndiquĂ© don-nant des exemples concretsdâinitiatives. Vous pouvez aussiconsulter les sites du SNES. LaFSU tiendra une confĂ©rence depresse le 12 au matin Ă 11h pourprĂ©senter ses propositions. LeConseil national rĂ©uni le 12adressera un appel public augouvernement pour quâilrenonce Ă son texte. Cette jour-nĂ©e sera aussi marquĂ©e par lesgrĂšve des enseignants de SES.
12 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
ACTUALITES
SOCLE COMMUN OU CULTURE COMMUNE ?
LANGUES VIVANTES
Loi dâorientation
conduit Ă construire de nouvelles etprofondes inĂ©galitĂ©s dans lâaccĂšsaux savoirs : ainsi se crĂ©e une Ă©coleĂ deux vitesses avec des contenusenseignĂ©s pour certains et pas pourdâautres (EPS, enseignements artis-tiques, technologie par exemple).Le tri entre les savoirs, y compris Ă lâintĂ©rieur des disciplines, conduitĂ enfermer les apprentissagesautour de quelques savoirs ou com-pĂ©tences. Cette conception estinĂ©galitaire puisque ce sont lesĂ©lĂšves qui maĂźtrisent le plus vite lesconnaissances et les compĂ©tencesqui pourront Ă©largir leur champ etque, dâautre part, elle nie lâimpor-tance de lâapport des diffĂ©rentesdisciplines Ă la construction dessavoirs. On apprend Ă lire, Ă parler,Ă Ă©crire, en français mais Ă©gale-ment dans toutes les disciplines; lamaĂźtrise de la langue est un travailcontinu renforcĂ© par la diversitĂ©des approches et des contenus. Ausocle commun est assocciĂ© lâidĂ©eque la difficultĂ© peut ĂȘtre traitĂ©epar un ensemble de techniques,que les contenus enseignĂ©s nâontrien Ă voir avec la motivation, lacomprĂ©hension... La difficultĂ© Ă apprendre pour certains Ă©lĂšves Ă tel moment, Ă tel Ăąge⊠nâest alorspas analysĂ©e.
Notre conception de la culture commune est diffĂ©renteElle est fondĂ©e sur des savoirs et desvaleurs partagĂ©s, introduits Ă tra-vers des disciplines et des contenus. Nous raisonnons ainsi en terme decohĂ©rence globale autour dâobjec-tifs. Le propre de la culture paropposition au socle, ce sont desobjectifs gĂ©nĂ©raux Ă atteindre sâap-puyant sur une culture large etconcourant Ă dĂ©velopper la culturelittĂ©raire, scientifique, technique,artistique, lâĂ©ducation physiqueâŠpour permettre lâĂ©panouissementde lâindividu y compris sur le longterme et lui donner des instrumentsde comprĂ©hension et dâouverturesur le monde.La mise en cohĂ©rence critique desdisciplines peut donner du sens autravail des Ă©lĂšves et leur permettredâacquĂ©rir ce quâon appelle unevĂ©ritable culture. Il ne sâagit pasdâempiler, mais dâĂȘtre dans unelogique de choix de grandes ques-tions Ă traiter, y compris transver-sales, que les disciplines travaillentensemble avec des mĂ©thodesdiverses, des approches et descontenus spĂ©cifiques. Ainsi, aucontraire du ministĂšre qui veutintroduire lâĂ©ducation Ă la santĂ© ou
la lutte contre lâobĂ©sitĂ© comme uneĂ©ducation au comportement, nousla souhaitons dans la culture com-mune sur la base de la comprĂ©-hension des fonctionnements bio-logiques et des enjeux politiques,sociaux, environnementaux, cul-turels quelle recouvre : quel type desantĂ© pour quel type de mode devie, quels types dâinĂ©galitĂ©ssociales conduisent Ă des pro-blĂšmes de santĂ© ?Face Ă Fillon nous opposons uneautre conception de notre mĂ©tier.Les collĂšgues doivent pouvoirintervenir sur les contenus, donnerleur avis sur ce qui est dĂ©jĂ ensei-gnĂ© mais aussi sur lâĂ©volution desprogrammes. Nous proposons uneconception collective du mĂ©tier etdes apprentissages, de la forma-tion des Ă©lĂšves pour construire uneculture commune qui ne soit pasune simple somme dâĂ©lĂ©ments quechaque collĂšgue ou discipline dis-penserait isolĂ©ment. ïżœ
GisĂšle Jean
Le socle commun proposĂ© par François Fillon estextrĂȘmement Ă©troit en termede contenus Ă enseignerIl Ă©limine un certain nombre dedisciplines et postule lâexistencede prĂ©alables Ă certains enseigne-ments. La conception sous-jacenteest quâil serait possible de dĂ©finir unsocle minimum formĂ© dâĂ©lĂ©mentsde base liĂ©s Ă certaines disciplines,repĂ©rables, empilables au fil desannĂ©es. Ces derniers seraientconçus comme des outils ou dessavoirs au service des connais-sances Ă acquĂ©rir dans dâautres dis-ciplines. Par exemple, lire seraitessentiellement dĂ©chiffrer, alorsque lire est une compĂ©tence beau-coup plus complexe. Ce socle commun, en rejetant unepartie jugĂ©e non indispensable,
Le projet de loi dâorientation qui sera prĂ©sentĂ© le 12 janvier a confirmĂ© toutes nos inquiĂ©tudes : redĂ©ploiement des moyens, remise en cause des dĂ©doublements, des heures statutaires, suppression de la seconde option de dĂ©termination en Seconde, risque dâun collĂšge Ă plusieurs vitesses, remise en cause du bac comme examen national, remplacement, bivalence, mise en place dâun conseil pĂ©dagogique... Nous revenons dans ces deux pages sur certains aspects du projet de loi moins traitĂ©s dans les US prĂ©cĂ©dentes.
On pourrait considĂ©rer naĂŻvementque nous avons Ă©tĂ© entendus surune partie de nos demandes, aveclâannonce de groupes dĂ©doublĂ©s,mais le silence est total sur lefinancement de lâopĂ©ration. Le« seuil » de dĂ©doublement nâestpas annoncĂ©, or il est fondamental.Sur notre autre demande de porterĂ 3 h/Ă©lĂšve tous les enseignementsde LV, les propositions Fillon
nâapportent rien. Plus inquiĂ©tante :la mise en place de groupes deniveau en langues sur la base decompĂ©tences, la fin de la distinc-tion entre LV1 et LV2 et entre lesniveaux de classe pour la consti-tution des groupes permettraientune rĂ©duction des moyens allouĂ©sĂ lâenseignement des LV, et sâins-criraient mal dans le cadre du bac-calaurĂ©at qui, jusquâĂ preuve du
contraire, nâest pas une accumu-lation de certifications de niveaude compĂ©tences. Le texte ne ditrien non plus sur les moyens etdispositifs permettant de mainte-nir au moins lâactuelle diversifi-cation des langues enseignĂ©es.Nous vous renvoyons Ă lâana-lyse du groupe langues vivantesdu SNES dans ce mĂȘme numĂ©roen page 29. ïżœ
Permettre Ă tous de maĂźtriserles Ă©lĂ©ments dits de base peut sembler relever dâune bonne intention. MaisderriĂšre cette idĂ©e se cacheune conception profondĂ©ment inĂ©galitaire et erronĂ©e de la structuration desconnaissances, Ă lâopposĂ©de notre notion de culturecommune.
iDĂ©bat Ă Lyoni
Ăcole : le choix de lâambitionEn janvier, le dĂ©bat sur la loidâorientation de François Fillonbattra son plein. Pour faire partde ses propositions, la FSU orga-nise une rencontre dĂ©bat avec :GĂ©rard ASCHIERI, SecrĂ©taire gĂ©nĂ©-ral de la FSU, jeudi 3 fĂ©vrier 2005Ă 18 heures, Ă lâIUFM de Lyon,5, rue Anselme, Lyon 4e (amphiKergomard).
©D
R
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 13
Une conception ministĂ©riellerĂ©ductrice et inĂ©galitaire« dans un cadre budgĂ©tairecontraint »âŠ
La circulaire interministérielleprésentée lundi 3 janvier à la presse porte une concep-
tion dangereuse de lâĂ©ducationartistique et culturelle en englo-bant les enseignements artistiquesdans « lâĂ©ducation artistique etculturelle », comme dans le pro-jet de loi dâorientation pourlâĂ©cole.Le risque est grand de substitutiondes enseignements aujourdâhuiobligatoires dĂšs lâĂ©cole primaire,par des dispositifs artistiques etculturels divers (classes Ă projet,visites dâexpositions, rencontresavec des artistesâŠ).Pour le SNES, les enseignements
LYCEES : AVENIR DES SĂRIES GENERALES
EDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE
Nous connaissions déjà lesintentions ministériellesconcernant la classe de
Seconde : rĂ©duction de 2 Ă 1 dunombre dâenseignements de dĂ©ter-mination. Cela limitera les possi-bilitĂ©s de choix des Ă©lĂšves, ne leurpermettra plus une orientation basĂ©esur une dĂ©couverte de nouvellesdisciplines spĂ©cifiques Ă certainessĂ©ries et mettra en pĂ©ril nombre dedisciplines comme les SES, les dis-ciplines technologiques, les ensei-gnements artistiques, les languesanciennes, les langues vivantes 3 etrĂ©gionales (voir LâUS n° 609 du 26novembre 2004). Depuis, nous avons dĂ©couvert danslâannexe du projet de loi dâorien-tation de nouvelles propositionspour les PremiĂšres des sĂ©ries gĂ©nĂ©-rales avec lâintroduction dâensei-gnements permettant « une spĂ©-cialisation plus marquĂ©e » :initiation Ă la philosophie, ensei-gnements de communication, degestion des ressources humaines,dâart et de civilisations Ă©trangĂšresen L, histoire des sciences et destechniques et enseignement ren-forcĂ© de mathĂ©matiques en S, ini-tiation Ă la gestion des entrepriseset droit en ES. Nous prenons actede la volontĂ© affichĂ©e de sâinter-
roger sur une Ă©volution des sĂ©riesgĂ©nĂ©rales en cernant leurs diffi-cultĂ©s (la L pour se constituer unvivier suffisant dâĂ©lĂšves et la S quireste un parcours difficile oudĂ©courageant pour nombredâĂ©lĂšves), mais nous ne nous satis-ferons pas de voir reprisesquelques pistes de rĂ©flexion sansque les conditions de leur mise enĆuvre et leurs objectifs rĂ©els nesoient prĂ©cisĂ©s. On peut craindreque ces disciplines soient instal-lĂ©es, une fois de plus, sur desrĂ©ductions horaires des disciplinesexistantes. Rien nâest dit non plussur les conditions dâenseignement :qui assurera ces heures et avecquel horaire ? Ces propositions ne sont-elles quedes rĂ©ponses improvisĂ©es Ă la hĂąteen rĂ©ponse aux nombreuses cri-tiques sur la faiblesse du premierprojet dans lâorganisation deslycĂ©es gĂ©nĂ©raux ou sont-elles por-teuses dâune vĂ©ritable modifica-tion de lâarchitecture et de laconception des sĂ©ries gĂ©nĂ©rales ?A ce titre lâintroduction dâuneinitiation Ă la gestion des res-sources humaines en L ou desentreprises en ES nâest-elle pasrĂ©vĂ©latrice de la place grandis-sante que le ministĂšre veut don-
ner à « la culture dâentreprise » ?Si on rapproche de la rĂ©duction Ă un seul enseignement de dĂ©termi-nation en S1econde, câest la naturemĂȘme des SES et de la sĂ©rie ESqui semble remise en cause.Le SNES demande depuis desannĂ©es la prise en compte dâĂ©lĂ©-ments dâhistoire des sciences etdâĂ©pistĂ©mologie dans les pro-grammes des disciplines scienti-fiques. Cela ne signifie pas la miseen place dâun enseignement spĂ©-cifique en dehors des disciplineselle-mĂȘmes, mais bien une intĂ©-gration dans les programmes deces dimensions, avec une forma-tion des enseignants Ă ces problĂ©-matiques et un horaire adaptĂ©. Desquestions se posent sur le renfor-cement de lâenseignement demathĂ©matiques : sâagit-il dâun ren-forcement horaire, du rĂ©tablisse-ment des modules, de la mise enplace dâaide et de soutien ou dâunemodification des programmes ?Pour le SNES, les difficultĂ©s desĂ©lĂšves dans cette sĂ©rie proviennentaussi de son architecture unifiant lesanciennes sĂ©ries C et D pour faireĂ©chec Ă ce qui Ă©tait vĂ©cu comme lasuprĂ©matie des mathĂ©matiques.Cette proposition serait-elle, en fait,lâaveu de lâĂ©chec de cette rĂ©forme ?
Pour la sĂ©rie L, le ministĂšre reprenddes pistes formulĂ©es çà et lĂ depuisquelques annĂ©es, sans rĂ©elle cohĂ©-rence : sâagit-il de spĂ©cialitĂ©s deTerminale crĂ©ant de nouveaux« profils » en L ou dâenseignementsobligatoires en PremiĂšre seulement?Les rĂ©ponses Ă ces questions sontessentielles pour en mesurer lâim-pact sur lâattractivitĂ© de la sĂ©rie L,tout comme les prĂ©cisions indis-pensables sur les ouvertures versle supĂ©rieur que ces nouveaux pro-fils sont censĂ©s permettre.Inadmissible est la proposition : « Ă lâexception des langues, les dĂ©dou-blements actuels seront rĂ©exami-nĂ©s en fonction de leur intĂ©rĂȘt pĂ©da-gogique ». Est-ce leur intĂ©rĂȘtpĂ©dagogique qui est en cause, ouplus simplement leur coĂ»t ? Quiexaminera cet intĂ©rĂȘt ? Ceux qui,hier, paraient les TPE de toutes lesvertus et qui, aujourdâhui, les sup-priment en Terminale ?En lâĂ©tat, quâelles ne soient quâunbricolage pour un nouvel affichagedans le cadre dâune rĂ©forme dontun des objectifs reste la diminutiondes coĂ»ts Ă la charge de lâEtat ouune transformation inavouĂ©e dessĂ©ries, ces propositions ne peu-vent nous satisfaire. ïżœ
Roland Hubert
artistiques sont la pierre angu-laire du dĂ©veloppement de lâĂ©du-cation artistique et culturelle. Elledoit sâappuyer sur eux pour per-mettre une vĂ©ritable formationdes Ă©lĂšves.La circulaire prĂ©cise « que leministĂšre de lâĂducation nationaleassure aux Ă©lĂšves des Ă©coles et descollĂšges des enseignements artis-tiques obligatoires »: quâen sera-t-il rĂ©ellement demain puisque lesenseignements artistiques ne fontpas partie du socle commun prĂ©vupar le projet de loi dâorientationpour lâĂ©cole, et seraient exclus desdisciplines obligatoirement Ă©va-luĂ©es au brevet?Elle annonce la prĂ©sence dâunechorale dans tous les collĂšges. Enfait les professeurs nâont pasattendu les dĂ©clarations ministĂ©-
rielles pour en installer dans latrĂšs grande majoritĂ© dâentre eux!Cependant, pour quâelles existentpartout, il faudrait des dotationsspĂ©cifiques identifiĂ©es « cho-rales », ce que, bien Ă©videmment,la circulaire ne propose pas ! Lasuppression de 7500 postes dâen-seignants, « le cadre budgĂ©tairecontraint » comme lâannoncentles deux ministĂšres, et le projetdâune seule option de dĂ©termina-tion possible en Seconde, aurapour consĂ©quence la fermeturedâoptions artistiques en lycĂ©e. Onvoit mal, dans ce contexte, com-ment le ministĂšre va pouvoir rĂ©a-liser « la prĂ©sence effective dâuneoffre Ă©ducative artistique danstous les lycĂ©es »..., sauf Ă fairedisparaĂźtre des enseignementsartistiques au profit de disposi-
tifs artistiques qui nĂ©cessiteraientmoins de professeurs, voire quiseraient entiĂšrement dĂ©lĂ©guĂ©s Ă des structures extĂ©rieures.Cette circulaire ne rĂ©pond en riensur le fond Ă lâattente des ensei-gnants et des Ă©lĂšves, et ne prĂ©-voit aucun financement.Le manifeste pour lâArt Ă lâĂcole,initiĂ© par le SNES et le SNEP, etdĂ©jĂ signĂ© par dâautres syndicatset associations porte une autreconception et dâautres demandes.Il est signable en ligne :h t tp : / /www.snes .edu/pet i -tions/?petition=5Dans la continuitĂ© du manifeste, leSNES et le SNEP organisent uncolloque national les 3 et 4 fĂ©vrier2005: « Lâart, ça sâapprend! Lâart,ça sâenseigne! ». Inscriptions aucolloque: [email protected]
ACTUALITES
14 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
LA BATAILLE DES SALAIRESUN ENJEU MAJEUR
LES MESURES ANNONCĂES POUR LA FONCTION PUBLIQUE
Avant mĂȘme de rĂ©unir les fĂ©dĂ©rationssyndicales le 21 dĂ©cembre, le ministreavait fait savoir quâil nây aurait pas
dâaccord.Les mesures annoncĂ©es au cours dâunepiteuse mise en scĂšne consacrent donc labaisse de pouvoir dâachat du traitement desfonctionnaires et porteront le retard sur lesprix Ă plus de 6 % fin 2005 par rapport audĂ©but de lâannĂ©e 2000. Elles traduisent lechoix gouvernemental dâun affaiblissementdu service public, ponctionnĂ© dans sesemplois et atteint par le mĂ©pris portĂ© Ă lasituation de ses personnels.Pour Dutreil, câest par les promotionsdâĂ©chelon ou de grade que les agents pour-ront maintenir leur pouvoir dâachat.Câest bien le sens de lâindemnitĂ© de som-met de grade, rattrapant ceux des agents quine peuvent plus avancer automatiquementdans leur carriĂšre et que le ministre entendpĂ©renniser. En consĂ©quence, la grille indi-ciaire ne cesserait de se dĂ©valoriser.La rĂ©munĂ©ration serait Ă©ventuellementcomplĂ©tĂ©e selon les caractĂ©ristiques et leclassement du poste occupĂ©. Enfin, le troi-siĂšme Ă©lĂ©ment de la rĂ©munĂ©ration seraitdĂ©terminĂ© par la maniĂšre de servir delâagent, afin que les agents qui « prennent
des initiatives » voient leur pouvoir dâachatprogresser.Ces orientations dĂ©truisent les rĂ©fĂ©rencescommunes, la solidaritĂ© dans le travail.Elles transformeraient profondĂ©ment lacarriĂšre des fonctionnaires, les relationsde travail au sein des Ă©tablissements et desservices.Câest dâune autre politique salariale et delâemploi que la fonction publique a besoin.Nous le dirons dans la grĂšve unitaire du 20janvier. ïżœ Anne FĂ©ray
«
Reprise bousculĂ©e » : la der-niĂšre note de conjoncturede lâINSEE est claire. La
croissance attendue du PIB pour2005 (au mieux 2 %) est moinsĂ©levĂ©e que celle prĂ©vue par legouvernement (2,5 %). Princi-pale consĂ©quence : le chĂŽmagedevrait se stabiliser au niveauactuel.Principal responsable : lâenvi-ronnement international, avec lahausse du prix de lâĂ©nergie, lasurĂ©valuation de lâeuro, et desexportations tournĂ©es essentiel-lement vers la zone euro, dont lacroissance est faible comparati-vement aux zones dâAsie etdâAmĂ©rique.Dans ce contexte, les entre-prises, bien que bĂ©nĂ©ficiant durelĂšvement de leurs profits, sontattentistes et lâinvestissementne progresse pas. Il ne resteplus que la consommation pour
redynamiser la demande.Dans son discours de vĆux, leprĂ©sident de la RĂ©publique a rĂ©af-firmĂ© le credo gouvernemental :la concurrence pour baisser lesprix, la baisse des impĂŽts, et aempruntĂ© au gouvernement alle-mand lâidĂ©e des « micro-crĂ©-dits ». Aucune de ces solutionsnâest crĂ©dible. La concurrence ? LâexpĂ©rienceavortĂ©e de lâaccord entre la
grande distribution et les indus-triels montre que les rapports deforce lâemportent sur les mĂ©ca-nismes concurrentiels, surtoutquand la fameuse «concurrencelibre et non faussĂ©e» vantĂ©e dansla Constitution europĂ©enne est lecache-sexe des cartels et desrentes de monopoles, fort bienillustrĂ©s par lâexemple desbanques et de la tĂ©lĂ©phonie.La baisse des impĂŽts ? On saitquâil sâagit surtout dâun transfertentre impĂŽts dâĂtat et impĂŽtslocaux, et lâOFCE* vient de rap-peler que ce sont les mĂ©nagesqui supporteront lâessentiel desprĂ©lĂšvements sociaux supplĂ©-mentaires (3,4 milliards contre1,9milliard pour les entreprises).RĂ©sultat : la croissance du pou-voir dâachat des mĂ©nages va seralentir (+ 0,5 % au premiersemestre) et celle de la consom-mation va suivre.
COMMENT RELANCER LA CONSOMMATION SANS AUGMENTER LES SALAIRES ?TELLE EST LA QUESTION PARADOXALE DANS LAQUELLE LE GOUVERNEMENT SâEST ENFERMĂ.
RĂMUNĂRATIONS DES ACTIFSâą Augmentation du point dâindice de 0,5 %au 1er fĂ©vrier et de 0,5 % au 1er novembre.âą Une « indemnitĂ© exceptionnelle de sommetde grade » : versĂ©e au cours du premiersemestre 2005 aux titulaires qui ont atteintau 31/12/2004 le dernier Ă©chelon de leurgrade ou de leur corps depuis au moins troisans; 1,2% du traitement indiciaire brut versĂ©en 2004.âą La suppression de la plus basse Ă©chellede rĂ©munĂ©ration au 1er juillet 2005.
PENSIONS DE RETRAITE+ 2 % au 1er janvier.
DES PRĂLĂVEMENTS NOUVEAUXAU 1ER JANVIER 2005âą Pour les actifs, lâassiette de la CSG passede 95 % Ă 97 % des rĂ©munĂ©rations Ă©li-gibles. Les fonctionnaires versent une coti-sation au rĂ©gime de retraite additionnellepouvant atteindre 1 % du traitement indi-ciaire brut (cf. article US Mag supplĂ©ment aun° 608).âą Pour les retraitĂ©s imposables, augmenta-tion du taux de la CSG de 6,2 % Ă 6,6 %.
Inflation prévue en 2005 : + 1,8 %.
Lâavis du SNES
Lâindice des prix contestĂ©Selon lâINSEE, les prix des produitsde grande consommation ont aug-mentĂ© depuis 1998 de 13,2 %, net-tement plus vite que lâinflation glo-bale (9,9 %).LâUFC « Que choisir » a indiquĂ© lesrĂ©sultats des relevĂ©s opĂ©rĂ©s parses observateurs sur les 47 pro-duits de grandes marques de sonpanier test : 12,2 % entre 2000 et2004.La crĂ©dibilitĂ© de la mesure de lâin-flation par lâindice des prix est Ă nouveau en question.
0,5 % + 0,5% ne font pas 1 %Un enseignant gagnant 2 000 ⏠par mois enmoyenne en 2004 qui est augmentĂ© de 1 % au1er janvier 2005 gagne 20 ⏠de plus pendant12 mois, soit 240 ⏠de plus sur lâannĂ©e ; il abien Ă©tĂ© augmentĂ© de 1 % sur lâannĂ©e. Si, parcontre, il gagne 0,5 % de plus au 1er fĂ©vrier et0,5 % au 1er dĂ©cembre, cela fait 10 ⏠de pluspendant 10 mois et 20 ⏠de plus en dĂ©cembre ;soit 120 ⏠de plus, câest-Ă -dire 0, 5 %. Conclu-sion : en prĂ©tendant que les fonctionnairesseront augmentĂ©s de 1 % en 2005, le gou-vernement se moque du monde. Pendant cetemps, les prix, eux, augmentent tous lesmois et souvent dĂšs le 1er janvier, en particu-lier les transports publics.
Les revendications salariales sontde retour, y compris dans le privĂ©avec des grĂšves chez H & M,Lesieur, Total... Les salariĂ©s com-mencent Ă ĂȘtre excĂ©dĂ©s par le« travaillez plus, mais gagnezmoins » du gouvernement. ïżœ
Daniel Rallet*OFCE : Observatoire français desconjonctures économiques©
John
Lea
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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 15
LâaccĂšs Ă la culturenâest ni unemarchandiseni un privilĂšge !Prix dâentrĂ©e en augmentation de13 %, suppression du tarif rĂ©duitaccordĂ© aprĂšs 15 h et le dimanche,rĂ©duction drastique de lâaccĂšs gratuitaux collections dont sont victimesles enseignants, les artistes et lesĂ©tudiants en art de plus de 26 ans ouĂ©trangers...DĂ©cidĂ©ment, le Louvre, avec lâassen-timent de son MinistĂšre de tutelle,se distingue par une politique de plusen plus mercantile qui va Ă lâencontredes devoirs de transmission, dâĂ©du-cation, de formation continue, artis-tique et professionnelle qui Ă©taientreconnus depuis longtemps commeindispensables Ă un travail de dĂ©mo-cratisation de la culture.Au Louvre comme ailleurs, nous assis-tons Ă une logique globale de remiseen cause du service public, sous cou-vert de sa rĂ©organisation adminis-trative et de sa prĂ©tendue rĂ©forme.MalgrĂ© la mobilisation des artisteset des enseignants, la direction duLouvre nâa rĂ©tabli la gratuitĂ©, moyen-nant la signature dâune Conventionnon rendue publique, quâaux seulsadhĂ©rents de lâassociation Maisondes Artistes prouvant ainsi une nou-velle fois quâelle cherche à «rentabi-liser» la gratuitĂ© en trouvant desbĂ©nĂ©voles professionnels ou en for-mation afin dâassurer le dĂ©veloppe-ment de sa mission de mĂ©diationvers le public.Face Ă ce constat, un appel unitairevient dâĂȘtre lancĂ© pour revendiquer leretour Ă la gratuitĂ© sans restrictionpour tous ceux qui viennent dâen ĂȘtreexclus et pour lâouverture dâun vĂ©ri-table dĂ©bat public sur une politiquede gratuitĂ© qui profiterait au plusgrand nombre.Un rassemblement se dĂ©roulera le 15janvier 2005 Ă partir de 11 h 30 devantla pyramide du Louvre.
Rassemblement unitairedevant le Louvre le samedi 15 janvier 2005
ASSURANCE MALADIECE QUI VA CHANGER
La loi entre vĂ©ritablement enapplication au 1er janvier 2005,mĂȘme si certaines mesures ne
seront installées que progressive-ment. Quelles en sont les consé-quences pratiques pour chacun ?
Le « parcours vertueux »Le passage chez le mĂ©decin trai-tant(1) devient obligatoire. Dans lecourant du 1er semestre 2005,chaque assurĂ© de plus de 16 ansdevra avoir fait connaĂźtre Ă sacaisse le nom de son mĂ©decin trai-tant. Un formulaire est envoyĂ© Ă chaque assurĂ© au cours des pro-chaines semaines. Ce choix pourraĂȘtre modifiĂ© ultĂ©rieurement. LemĂ©decin traitant est chargĂ© decoordonner les soins et de vousdiriger dans le systĂšme de santĂ©.Sâadresser directement Ă un spĂ©-cialiste vous coĂ»tera plus cher(dĂ©passement dâhonoraires auto-risĂ©s) et vous serez moins bienremboursĂ©. Le dossier mĂ©dical personnalisĂ©(ne sera prĂȘt quâen 2007) : il doitpermettre un meilleur suivi. Acces-sible par Internet grĂące Ă la carteVitale (progressivement modifiĂ©e etdotĂ©e dâune photographie) et Ă lacarte professionnelle des mĂ©de-cins, lâaccĂšs au dossier sera thĂ©o-riquement impossible aux assu-rances et mĂ©decins du travail. Vousaurez le droit de refuser lâaccĂšs Ă votre dossier, mais vous serezmoins remboursĂ©.Les arrĂȘts de travail : les contrĂŽlessont renforcĂ©s, notamment pourles personnes frĂ©quemment arrĂȘ-tĂ©es. La prolongation devra ĂȘtre
prescrite par le mĂ©decin qui ademandĂ© le premier arrĂȘt.Les affections longue durĂ©e : unprotocole de soins est Ă©tabli parvotre mĂ©decin traitant et le mĂ©de-cin conseil de la SĂ©curitĂ© sociale.Seuls les soins mentionnĂ©s serontpris en charge Ă 100 %.Le recours aux gĂ©nĂ©riques va sedĂ©velopper. Si vous exigez le mĂ©di-cament dâorigine, vous risquez denâĂȘtre remboursĂ© que sur la base dugĂ©nĂ©rique par la SĂ©curitĂ© sociale etla mutuelle.
Le coĂ»t de la rĂ©forme sera supportĂ© surtout par les assurĂ©s sociauxUn euro est dĂ©duit des rembourse-ments Ă partir du 1er janvier, pourchaque consultation, acte de biolo-gie ou analyse. Seuls les enfantsde moins de 16 ans, les femmesenceintes et les bĂ©nĂ©ficiaires de laCMU en sont exemptĂ©s,de mĂȘme sivous ĂȘtes hospitalisĂ©s. Un plafondannuel de 50 euros est fixĂ©. Cettefranchise doit ĂȘtre fixĂ©e annuelle-ment par lâUNCAM(2) : elle risquedonc dâaugmenter tous les ans. Lesmutuelles ne la rembourseront pas.Les cotisations augmentent au
1er janvier : lâassiette de la CSG etde la CRDS passe pour les actifs de95 Ă 97 % de votre salaire net (gaindâun milliard dâeuros). Pour lesretraitĂ©s, le taux de CSG passe de6,2 Ă 6,6 % (gain de 600 millionsdâeuros). Le taux de CSG sur lepatrimoine augmente de 0,7 %(630 millions dâeuros) celui de laCSG sur les jeux de 2 % (100 mil-lions dâeuros). La taxe sur les entre-prises fera rentrer 780 millions.Le forfait hospitalier : passe Ă 14euros (15 en 2006 et 16 en 2007).Lâaide Ă lâacquisition dâune com-plĂ©mentaire santĂ©: sous conditionde ressources (651,47 euros men-suels) lĂ©gĂšrement supĂ©rieures Ă celles de la CMU. Mais elle estbien infĂ©rieure au coĂ»t dâun contratmoyen. ïżœ Elizabeth Labaye
(1) Ă ne pas confondre avec le mĂ©de-cin rĂ©fĂ©rent, dont la rĂ©munĂ©ration Ă©taiten partie forfaitisĂ©e et liĂ©e Ă une pra-tique diffĂ©rente de la mĂ©decine de ville(notamment un nombre limitĂ© dâactes).La pression des syndicats de mĂ©de-cins les plus libĂ©raux fait disparaĂźtre cedispositif en 2006 au profit du mĂ©de-cin traitant.(2) UNCAM : Union Nationale desCaisses dâAssurance Maladie.
Pour le SNES, cette loi nâamĂ©liore en rien le systĂšme de santĂ© lui-mĂȘme. Pire, elle dĂ©tournede bonnes idĂ©es (coordination, suivi des patients) Ă des fins exclusivement comptables.Elle favorise un parcours Ă deux vitesses, en permettant lâaccĂšs direct aux spĂ©cialistes,qui verront leurs revenus augmenter en accueillant les assurĂ©s « pressĂ©s ». Lâobjectif de la rĂ©forme Ă©tait de rĂ©duire le dĂ©ficit. Faute de sâen prendre aux racines dumal (salaires, emplois) le dĂ©ficit continuera Ă se creuser, sauf si lâUNCAM(2) sous la pres-sion du comitĂ© dâalerte crĂ©Ă© Ă cet effet, prend des mesures de dĂ©remboursement accruesafin de limiter lâaugmentation des dĂ©penses. Des perspectives sombres pour lâavenirde lâassurance maladie.
« SĂCURISATION » DE LâĂCOLE
Une opĂ©ration de âComâ inacceptableUne dĂ©pĂȘche de lâAFP annonçait le 5 janvier quâune «vaste opĂ©ration nationale de sĂ©curisation» avec contrĂŽles dâidentitĂ© seraitorganisĂ©e aux abords de 2 collĂšges dâOrlĂ©ans, jeudi 6 janvier en prĂ©sence du Ministre de lâIntĂ©rieur.Renseignements pris, cette opĂ©ration Ă©tait censĂ© sâinscrire dans le cadre du protocole «Education-IntĂ©rieur» dâoctobre2004, nâavait fait, dâaprĂšs le MinistĂšre de lâEducation nationale, lâobjet dâaucune concertation prĂ©alable et prenait des pro-portions complĂštement dĂ©mesurĂ©es puisquâelle concernait 1400 Ă©tablissements difficiles et 8 000 policiers et gendarmes !Le SNES a dĂ©noncĂ© immĂ©diatement comme la plupart des syndicats dâenseignants, mais aussi de policiers, le caractĂšre tapa-geur dâune telle opĂ©ration qui nâamĂ©liorera en rien la sĂ©curitĂ© des Ă©tablissements et qui est dâautant plus contestable que cescontrĂŽles Ă priori ne sont justifiĂ©s par aucune raison prĂ©cise et quâils ont pris dans certains cas un tour particuliĂšrement inad-missibles ( interventions de chiens policiers â cf reportage diffusĂ© par FR3)Pour le SNES le message ainsi adressĂ© Ă lâĂ©cole et aux jeunes est Ă lâopposĂ© de la dĂ©marche dâĂ©ducation et de prĂ©vention quidevrait pourtant ĂȘtre la premiĂšre prioritĂ© de lâaction des pouvoirs publics. Force aussi est de constater que gouvernement selance dans une telle opĂ©ration alors quâil vient de supprimer en 3 ans et sans les remplacer plusieurs milliers dâemplois dâen-cadrement Ă©ducatif (30 000) dans les lycĂ©es, collĂšges des zones difficiles. Bernard Boisseau (le 6 janvier)
Premiers signataires : Louvre pourTous ; Syndicat national des artistesplasticiens- CGT ; Intersyndicale minis-tÚre de la Culture : CFDT, FSU, SUD,UNSA ; Fédération FSU ; SUD Education; SUD Etudiant ; Comité des Artistes-Auteurs Plasticiens ; Syndicat nationaldes Designers textile ; Union natio-nale des peintres illustrateurs ; Syn-dicat national des sculpteurs ; Uniondes photographes créateurs ; Unionsyndicale solidaires Paris ; CollectifGratuité enseignante dans les muséesnationaux ; Réseau Stop précarité.
16 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
ACTUALITES
plan en cinq ans de numĂ©risationdes archives a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©. Le premier niveau rassemble lacomptabilitĂ©, la trĂ©sorerie, lefichier, le secrĂ©tariat administra-tif et les salles techniques infor-matiques.Le deuxiĂšme niveau regroupe unensemble de quatre salles derĂ©union ou de formation. Les secteurs dâactivitĂ© du SNESsont rĂ©partis sur les cinq autresniveaux de bureaux, avec Ă cha-cun des niveaux une salle de tra-vail de 10-12 places.Cette nouvelle organisation devrait
Ce sera lâaboutissement dâunedĂ©marche amorcĂ©e il y a unan et demi visant Ă restructu-
rer les diffĂ©rents locaux du SNESen un seul lieu, pour ĂȘtre plus effi-cace, plus rationnel et plus Ă©co-nome. Le rapport financier jointĂ cette US donne les Ă©lĂ©ments definancement de cette opĂ©ration.Le SNES disposera alors pourlâensemble de ses secteurs dâacti-vitĂ© dâun immeuble sur huitniveaux totalisant un peu plus de3 000 m2 de surfaces. Un niveau regroupera la docu-mentation du SNES , lâIRHSES
DĂšs aujourdâhui, notez la nouvelle adresse du SNES national(Ă utiliser dĂšs le 26 janvier 2005) :
SNES - 46, avenue dâIvry, 75647 Paris Cedex 13La numĂ©rotation tĂ©lĂ©phonique ne changera pas globalement. Le standard restele 01 40 63 29 00.Les sections de Paris, CrĂ©teil et Versailles ne sont pas concernĂ©es par ce dĂ©mĂ©-nagement et demeurent rue Beccaria, Paris 12e.Le dĂ©mĂ©nagement se fera entre le 20 et le 28 janvier.Le siĂšge national sera fermĂ© les 27 et 28 janvier.Les services Internet et informatiques seront arrĂȘtĂ©s ou trĂšs perturbĂ©sentre mercredi 26 Ă 14 h et jeudi 27 Ă 12 h. ... dâautres informations dans les prochains numĂ©ros de LâUS.
Dâun quartier ... Ă un autreLe SNES quitte des locaux dontles premiers mĂštres carrĂ©s sontacquis il y a presque 40 ans rue deVillersexel dans le 7e arrondisse-ment. Pour lâanecdote, ils sontvendus Ă lâĂ©poque par la FCPE.Pour des raisons historiques, Ă lasuite de la LibĂ©ration, le siĂšge dela FEN est rue de Solferino. Câestcette proximitĂ© et celle du minis-tĂšre de lâĂducation nationale quiconduisent le SNES Ă se dĂ©ve-lopper Ă ses dĂ©buts dans ce quar-tier bourgeois devenu un des pluschers de Paris. La dispersion desdiffĂ©rents locaux, leur hĂ©tĂ©rogĂ©-nĂ©itĂ© rendent leur gestion et leur
exploitation de plus en plus coĂ»-teuses. Le pas est franchi en2003, et la recherche aboutit Ă un immeuble du 13e arrondisse-ment, quartier des Olympiades,qui sâil nâest pas lâimmeuble idĂ©alrĂ©pond Ă lâessentiel des contrain-tes posĂ©es: coĂ»t, localisation, sur-faces...Le SNES passe dâun quartierriche et bourgeois Ă un quartierriche dâhistoire populaire etouvriĂšre. Gageons que les mili-tants et les syndiquĂ©s sauront don-ner Ăąme et vie Ă ces nouveauxlocaux, Ă proximitĂ© dâuniversitĂ©sen expansion et de la BibliothĂšquenationale. ïżœ
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DĂMĂNAGEMENT DU SNESUN NOUVEL OUTIL LE 31 JANVIER, LE SIĂGE NATIONAL DU SNES SERA TRANSFĂRĂ46, AVENUE DâIVRY, DANS LE 13E ARRONDISSEMENT DE PARIS.
Le SNES met Ă la disposition de toutes lessections dâĂ©tablissements un nouveau mĂ©modes personnels du secondaire.
Tant sur les problĂšmes professionnels quoti-diens que rencontrent les personnels dansleurs relations aux Ă©lĂšves, Ă lâadministra-tion, aux parents, que sur les questions destatut, de carriĂšre, de protection sociale. Ilvous donne des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse etlâĂ©clairage du SNES.
Nous espĂ©rons quâil constituera un atoutpour faire vivre le syndicalisme de proxi-mitĂ© que nous pratiquons, faciliter lâactivitĂ©des sections locales, former de nouveauxmilitants et crĂ©er les liens tellementnĂ©cessaires pour Ă©viter lâisolementsouvent ressenti dans nos professions.
Il est disponible (et bien sĂ»r gratuit) dans votre sectiondĂ©partementale. NâhĂ©sitez pas Ă le demander.
et une partie de ses archives (Ins-titut de recherche sur lâhistoiredes enseignements de seconddegrĂ©), et ADAPT (activitĂ© Ă©di-tion et rĂ©flexion pĂ©dagogique).LâIRHSES a vocation Ă ĂȘtre lamĂ©moire du SNES; pour mieuxlui en donner les moyens et faci-liter lâaccĂšs Ă ses archives par leschercheurs et les Ă©tudiants, un
permettre un meilleur accueil dessyndiquĂ©s, une meilleure commu-nication entre les secteurs du SNESrassemblĂ©s dans les mĂȘmes locaux,et avec les militants et les adhĂ©-rents qui participeront aux rĂ©unionsou stages de formation au siĂšge duSNES dans des conditions de tra-vail amĂ©liorĂ©es pour tous. Lâavenirdira si ce pari est rĂ©ussi.
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Le nombre de morts est dĂ©jĂ trĂšs Ă©levĂ© et il risque desâalourdir encore dans les
semaines qui viennent. Des vil-lages, des villes, des Ă©coles et desoutils de travail ont Ă©tĂ© dĂ©truitspar le flot dĂ©vastateur. Les imagesont bouleversĂ© des millions degens ordinaires qui manifestentleur sympathie et leur solidaritĂ© enparticipant Ă toutes sortes de col-lectes de fonds pour venir en aideaux victimes de cette catastrophe« naturelle ».Cet Ă©lan de solidaritĂ© est en toutcas une bonne nouvelle quimontre que les populations sontcapables de se mobiliser mas-sivement pour venir en aide Ă dâautres ĂȘtre humains au-delĂ dâappartenances nationales,ethniques ou religieuses. Câestune vĂ©ritable gifle Ă tous ceuxqui raillent les militants qui disentquâun autre monde est possible,
un monde solidaire, sans guerre etsans pauvretĂ©.Pourtant cet Ă©lan de gĂ©nĂ©rositĂ©ne doit pas nous faire oublier quecette aide, prĂ©sentĂ©e comme dâunmontant Ă©levĂ©, devra ĂȘtre bienutilisĂ©e et quâil faudra Ă©galementsâinterroger sur les raisons dâunesi grande catastrophe.La question du systĂšme dâalerte etdâĂ©vacuation a dĂ©jĂ Ă©tĂ© soulevĂ©e, etnous souhaitons quâil se gĂ©nĂ©ra-lise Ă toutes les parties du mondesans considĂ©rations liĂ©es Ă larichesse des habitants des rĂ©gionscouvertes. Dâautres donnĂ©es sont Ă prendreen compte pour comprendre lâim-pact dâun tel dĂ©sastre, elles tou-chent au modĂšle de dĂ©veloppe-ment des pays en question. Lesinvestissements rĂ©alisĂ©s dans tousces pays nâont pas que de bons ef-fets. Câest vrai que les consĂ©-quences pour la ThaĂŻlande seront
certainement moindres de cellespour le Sri Lanka ou Aceh du faitnotamment du dĂ©veloppement desinfrastructures liĂ©es au tourisme.Mais ce modĂšle de dĂ©veloppe-ment perpĂ©tue beaucoup dâinĂ©ga-litĂ©s et rend la vie encore plusdifficile pour les plus pauvres.Les Ă©lĂ©ments des classes socialesles plus dĂ©favorisĂ©es ne bĂ©nĂ©fi-cient pas en Asie de systĂšme deprotection sociale dâĂtat et au-cun de ces pays nâa de systĂšme desecours bien organisĂ©.Pourtant les pays touchĂ©s par letsunami ne sont pas pauvres.LâInde est une super-puissancenuclĂ©aire. La ThaĂŻlande est un paysen dĂ©veloppement rapide. Le Pre-mier ministre ThaĂŻ et son entou-rage sont des multimillionnaires.Tous ces pays entretiennent desarmĂ©es nombreuses et fort coĂ»-teuses dont la fonction nâest pas deprotĂ©ger les populations mais deprotĂ©ger les intĂ©rĂȘts de ceux quisont au pouvoir. Ces armĂ©es ser-vent Ă©galement Ă maintenir le« mini-impĂ©rialisme » de ces Ătatsqui sont obligĂ©s de donner desgages de sĂ©curitĂ© Ă leurs investis-seurs Ă©trangers Ă lâombre de labase US de Diego Garcia.Rien nâest Ă rejeter dans cette aideaux victimes de cette catastrophe.Ni celle des USA, ni celles desentreprises qui nĂ©anmoins pourcertaines dâentres elles, en tirentdes avantages immĂ©diats. Mais ilne faut pas ĂȘtre dupe de lâhypocri-sie de ceux qui continuent de main-
TSUNAMICONSĂQUENCES AGGRAVĂESPAR LE MAL-DĂVELOPPEMENT
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LâAIDE POUR QUOI FAIRE ?
tenir une emprise Ă©conomique etmilitaire sur cette rĂ©gion, et quicontinuent de faire payer au prixfort mĂ©dicaments et infrastructuresune fois lâĂ©motion passĂ©e.Dans ces conditions, la confĂ©-rences des pays donateurs qui vase rĂ©unir Ă Djakarta devrait rompreavec la politique menĂ©e jusquâicidans cette rĂ©gion. Comme Wal-den Bello, une voix altermondia-liste de la rĂ©gion, demandons quecette confĂ©rence dĂ©bouche sur uncontrĂŽle dĂ©mocratique de lâaideet son attribution Ă ceux qui enont besoin, lâannulation sanscondition de la dette au FMI et Ă la Banque mondiale, la fin de lacourses aux armements et la fer-meture des bases militaires Ă©tran-gĂšres de la rĂ©gion avec lâaffecta-tion des ressources ainsi dĂ©gagĂ©esaux secteurs sociaux, et que lesgrandes entreprises y compris detourisme soient obligĂ©es de parti-ciper au financement de la recons-truction et au dĂ©veloppement. ïżœ
Roger FerrariSecrétaire international
Les dons et promesses de dons sâĂ©lĂšvent Ă plus de 2 milliards de dollars. Au moins deuxquestions se posent par rapport Ă ces fonds. LapremiĂšre concerne la concrĂ©tisation des pro-messes car elles ne sont pas toujours concrĂ©-tisĂ©es (en Afghanistan 50 %). La deuxiĂšmeconcerne lâattribution de cette aide et son uti-lisation. Le besoin de transparence et dâĂ©va-luation est absolument nĂ©cessaire pour la des-tination de lâaide qui ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©epour servir les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques ou gĂ©o-stratĂ©giques dâĂtats pas plus quâĂ des fins derivalitĂ© ou de concurrence entre ONG.
Une partie importante devra ĂȘtre destinĂ©e Ă remettre sur pied les moyens dâexistencede populations qui ne sont pas sous les pro-jecteurs de lâactualitĂ© Ă savoir hors acti-vitĂ© touristique et dans des zones difficilesdâaccĂšs. Lâexemple de Via Campesina montre, en sâap-puyant sur des groupes locaux, que lâon peut Ă la fois intervenir pour des besoins urgents debase (nourriture, eau potable, habitat et mĂ©di-cament) comme sur des besoins Ă plus longterme de reconstruction de leur propre envi-ronnement.
Câest la voie choisie par le SNES qui participeĂ travers ses cotisations Ă lâaide dâurgence de30000 euros dĂ©bloquĂ©e par lâInternationale delâĂducation dont la rĂ©partition sera assurĂ©e parle bureau rĂ©gional Asie auprĂšs des syndicatsdes pays touchĂ©s. En complĂ©ment, le SNESprend contact avec un syndicat du Sri Lankapour mettre en Ćuvre un projet de rĂ©habilita-tion de locaux syndicaux et de structure sco-laire. Pour ce projet, vous pouvez envoyer voscontributions au SNES Ă lâordre de SNES/Soli-daritĂ© Tsunami.
Roger Ferrari
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ĂCO/SOCIALHANDICAP. Alors que Jacques Chirac avait fait de cette question lâun des chantiersles plus ambitieux de son quinquennat, la loi qui devrait ĂȘtre adoptĂ©e solennellementle 18 janvier a fait lâobjet dâune valseâhĂ©sitation qui a suscitĂ© la colĂšre des associationsde handicapĂ©s, notamment aprĂšs le passage du projet de loi au SĂ©nat.
Projet de loi sur le handicap : en demi-teinte ?
iĂtat-civili
Quels noms ?Un des fondements du patriarcat esttombĂ© : depuis le 1er janvier 2005, bienaprĂšs la plupart des pays europĂ©ens, laloi française permet enfin aux enfants deporter le nom de leur mĂšre.* Cependant,en offrant trois possibilitĂ©s, la loi ouvrela porte aux dĂ©saccords : les parentspourront choisir le nom du pĂšre, celui dela mĂšre, ou les deux accolĂ©s (en cas dedĂ©saccord, câest le nom du pĂšre qui sâim-pose⊠grĂące Ă un amendement des sĂ©na-teurs). Le principe du double nom,comme cela se fait en Espagne, Ă©tait lasolution prĂ©conisĂ©e par le Collectif natio-nal pour le Droit des Femmes, car ellepermet la relation de lâenfant Ă ses deuxlignĂ©es mises Ă Ă©galitĂ©.* La loi est rĂ©troactive,il sera possible de modifierle nom des enfants de moins de 13 ans.
iMĂ©dicamentsi
Laboratoireset transparenceGrĂące aux laboratoires pharmaceu-tiques il est de plus en plus dangereuxdâĂȘtre malade.Le fabricant du DistilbĂšne condamnĂ© endĂ©cembre par le tribunal de Nanterre Ă indemniser la victime dâun cancer delâutĂ©rus, le Vioxx, un anti-inflammatoirede Merck, retirĂ© du marchĂ© par son pro-ducteur en octobre dernier (ce mĂ©dica-ment reconnu comme dangereux a coĂ»tĂ©130 millions dâeuros Ă la SĂ©cu en 2003),tandis que le concurrent, la firme Pfi-zer, refuse de retirer du marchĂ© sonCelebrex, pourtant accusĂ© de provoquerĂ©galement des accidents cardio-vascu-laires. Et maintenant, câest le must desantidĂ©presseurs, le Prozac, qui est sus-pectĂ© de susciter des tendances suici-daires et des actes de violence chez lespersonnes qui le prennent pour⊠sâenprotĂ©ger !Tout mĂ©dicament comporte un risque,mais ce qui est en cause dans cesaffaires, ce sont les tentatives des labosde masquer des rĂ©sultats nĂ©gatifsdâĂ©tudes cliniques ou dâĂ©touffer desplaintes de victimes. Bernard BĂ©gaud, prĂ©sident de l'univer-sitĂ© Bordeaux II, rĂ©sume bien le pro-blĂšme : « dĂšs qu'un mĂ©dicament prĂ©-sente un bĂ©nĂ©fice, on perd tout senscritique » (LibĂ©ration, 3 janvier). Il esturgent de mettre fin Ă la confusion quiexiste entre des intĂ©rĂȘts privĂ©s et lecontrĂŽle public, dâassurer la transpa-rence et la publication des Ă©tudes cli-niques, et de procĂ©der Ă des Ă©tudesaprĂšs lâautorisation de mise sur le mar-chĂ© pour voir les effets rĂ©els du mĂ©di-cament sur une population. La nouvelle« Haute AutoritĂ© », indĂ©pendante deslabos ? On peut rĂȘver.
Daniel Rallet
Celui-ci avait en effet voté desamendements qui restrei-gnaient considérablement la
portĂ©e de la loi. La mobilisation acependant permis des correctionslors du passage en 2e lecture Ă lâAssemblĂ©e, Ă la fin du mois dedĂ©cembre. Si des avancĂ©es ont puĂȘtre acquises, notamment sur leprincipe du droit Ă compensation,(aide Ă lâamĂ©nagement du loge-ment, dâun vĂ©hicule adaptĂ©, dâunfauteuil..), les associations hĂ©si-tent entre espoir et amertume, avecle sentiment quâune chance a Ă©tĂ©gĂąchĂ©e. Surtout, beaucoup esti-ment, comme Fernand TournanprĂ©sident de lâAPAJH, que « nousnâavons pas une loi de solidaritĂ©,mais une loi dâassistance ».Parmi les mesures envisagĂ©es, ledroit Ă lâaccessibilitĂ© des lieuxpublics et des transports doit ĂȘtreeffectif dans un dĂ©lai de 10 ans(dĂ©lai que les sĂ©nateurs avaientfait sauter, mais rĂ©tabli endeuxiĂšme lecture). La garantie deressources pour les personneshandicapĂ©es dans lâimpossibilitĂ©de travailler est acquise Ă hauteurde 80 % du SMIC (les associa-tions rĂ©clamaient lâalignement surle SMIC et sâinquiĂštent des condi-tions dâattribution, car celles-cisont liĂ©es au taux dâincapacitĂ©,ce qui ne leur paraĂźt pas perti-nent). Le droit pour les travailleurshandicapĂ©s ayant obtenu uneretraite anticipĂ©e, de percevoirune retraite Ă taux plein, a Ă©tĂ©ajoutĂ© in extremis par la secrĂ©-taire dâĂtat M.-A. Montchampqui a dĂ» essuyer le feu des cri-tiques aprĂšs les scandaleux amen-dements votĂ©s par la majoritĂ©UMP au SĂ©nat, obligeant le gou-vernement Ă amender luiâmĂȘmele texte. Dans chaque dĂ©parte-ment sera crĂ©Ă©e une maison duhandicap. Pour les enfants handi-capĂ©s, le principe dâinscription Ă lâĂ©cole la plus proche est adoptĂ©,tandis quâa Ă©tĂ© supprimĂ© lâamen-dement visant Ă interdire lâaccĂšsdâun enfant handicapĂ© « si sa prĂ©-sence Ă©tait jugĂ©e Ă mĂȘme de pro-
voquer des troubles qui pertur-bent de maniĂšre avĂ©rĂ©e la com-munautĂ© des Ă©lĂšves ». Mais cesprincipes se heurtent Ă lâinsuffi-sance de lâaide matĂ©rielle ethumaine Ă lâintĂ©gration (les AVSne compensant pas en totalitĂ© lasuppression des emplois-jeunes).Lâemploi reste Ă©galement lâun despoints noirs : 1/4 des adultes han-dicapĂ©s est au chĂŽmage et la loiqui prĂ©voit un taux de 6 % de per-
sonnes handicapĂ©es dans lesentreprises de plus de 20 salariĂ©s,nâest pas respectĂ©e, malgrĂ©lâamende dont le montant vientdâĂȘtre alourdi. ïżœ
Elizabeth [email protected]
* La loi a Ă©galement adoptĂ© une mesurerendant obligatoire sur les bouteillesdâalcool lâinformation sur les dangersde lâalcool en direction des femmesenceintes.
BĂNĂVOLES
Des gens de bienC
âest plus de 12,5 millions debĂ©nĂ©voles que comptaitnotre pays en 2003, ces don-
nĂ©es intĂšgrent les actifs qui, horsactivitĂ© professionnelle, partici-pent au dĂ©veloppement dâasso-ciations dont 84 % fonctionnentsans salariĂ©s. Selon un rapportde lâINSEE (2002), 45 % de lapopulation est adhĂ©rente dâuneassociation.Lâune des donnĂ©es rĂ©centesconcerne lâintervention dans cecadre dâune nouvelle gĂ©nĂ©rationde retraitĂ©s. Ces « seniors » uti-lisent leur disponibilitĂ© en temps,Ă©nergie, compĂ©tences pour mili-ter et contribuer au fonctionne-ment dâassociations sans butlucratif (loi de 1901).En novembre 2004, une Ă©tude du
centre dâĂ©tudes et de recherchessur la philanthropie indique que29 % des 60/69 ans et 19 % desplus de 70 ans sont bĂ©nĂ©voles ;ces chiffres Ă©volueront dans lesprochaines annĂ©es ; ils sont Ă relier au dĂ©veloppement desĂ©tudes dans les annĂ©es soixantequi fait que leur expĂ©rience, leurscompĂ©tences sont apprĂ©ciĂ©esdans les associations qui ne peu-vent sâoffrir des professionnelsconsultants ou dâencadrement auprix du marchĂ©.Lâengagement des enseignantsretraitĂ©s porte sur les actionshumanitaires et sociales au senslarge du terme, sur lâalter-mon-dialisme, la dĂ©fense de lâenvi-ronnement, la culture, toutesactions visant la solidaritĂ©, la jus-
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iDroit du travaili
Borloo invente lesalariĂ© jetableLe « contrat de travail intermĂ©diaire »« offert » aux salariĂ©s licenciĂ©s (avecmaintien de la rĂ©munĂ©ration pendantdouze mois), semble de plus en plusĂȘtre la « pilule » pour faire passer lâes-sentiel : lâaccĂ©lĂ©ration et « lâassouplis-sement » des procĂ©dures de licencie-ment. I l est mĂȘme question depermettre Ă une entreprise de licen-cier en quelques jours. Le capitalismerevisite ses origines.
iTextile et Santéi
Bombes Ă retardementLe 1er janvier 2005, le systĂšme des quotasqui rĂ©gissait le commerce mondial dutextile depuis plus de trente ans, a Ă©tĂ©dĂ©mantelĂ© en application des accordsconclus en 1995 avec la crĂ©ation delâOMC. Ces quotas, dĂ©finis pour chaquepays exportateur, protĂ©geaient dansune certaine mesure lâindustrie des paysdĂ©veloppĂ©s, et avaient permis le dĂ©ve-loppement des exportations de certainspays en voie de dĂ©veloppement, duMexique Ă lâIle Maurice en passant par leBangladesh. Les gagnants de cette dĂ©rĂ©-glementation du commerce mondialdevraient ĂȘtre les grandes puissancesasiatiques, lâInde et surtout la Chine,qui allie faibles coĂ»ts de production,qualitĂ© et une monnaie sous-Ă©valuĂ©e,rattachĂ©e au dollar. Les perdants serontles salariĂ©s des usines dĂ©localisĂ©es dansles pays dĂ©veloppĂ©s, en particulier danslâEurope mĂ©diterranĂ©enne, et denombreux pays pauvres victimes duredĂ©ploiement interne aux pays du Sud.Aucun souci Ă se faire pour les grandeschaĂźnes de la confection qui font dĂ©jĂ fabriquer leurs produits en Asie, sansĂȘtre trĂšs regardantes sur les conditionsde travail.
Dâautre part, lâaccord sur « les aspectsdes droits de la propriĂ©tĂ© intellec-tuelle », signĂ© il y a dix ans, toujoursdans le cadre de lâOMC, sâapplique pro-gressivement. Depuis le 1er janvier, lâIndedoit respecter les brevets dĂ©posĂ©s parles multinationales qui produisent lesmĂ©dicaments antisida et cesser dâex-porter ses gĂ©nĂ©riques Ă prix rĂ©duit.Lâaccord du 30 aoĂ»t 2003 permet desdĂ©rogations, mais le pays importateur,le Mozambique par exemple, doit prou-ver lâurgence de la situation pour jus-tifier ses achats de gĂ©nĂ©riques en Inde.Et les grands labos du Nord ont uneconception restrictive de lâurgence !
Daniel Rallet
tice, la lutte contre toutes lesexclusions et la solidaritĂ© inter-gĂ©nĂ©rationnelle.De nombreux retraitĂ©s exercentĂ©galement des fonctions Ă©lectivesou sont bĂ©nĂ©voles dans le sec-teur coopĂ©ratif ou mutualiste quifont partie, les deux derniers, delâĂ©conomie sociale Ă cĂŽtĂ© desassociations et des fondations.Concurrents dĂ©loyaux pour lessalariĂ©s ? LâexpĂ©rience des annĂ©espassĂ©es le dĂ©ment : câest par lâin-tervention des bĂ©nĂ©voles appuyĂ©epar un courant dâopinion que lespouvoirs publics ont dĂ» prendre Ă leur charge des actions (aides auxpersonnes ĂągĂ©es, aux handicapĂ©s,emplois-jeunes...).Il nâexiste pas Ă ce jour de statutdu bĂ©nĂ©volat Ă proprement
parler : quelques dispositionslĂ©gislatives des annĂ©es 93 et 2000permettent sous condition lâaccĂšsĂ des assurances et plus rarementdes allĂšgements dâimpĂŽt.Ă ceux, ignorants ou mal inten-tionnĂ©s, qui penseraient que lesretraitĂ©s sont inutiles, on conseillelâouvrage documentĂ© de BĂ©nĂ©-
dicte Holba (Documentation fran-çaise 2003) « BĂ©nĂ©volat et volon-tariat en France et dans lemonde ». Les mĂȘmes peuventĂ©galement sâadresser au minis-tĂšre de la Jeunesse, des Sports etde la Vie associative qui prĂ©pareune loi sur le volontariat (Ă suivredonc...). Annie Clavel
RĂDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
Vérités et contrevéritésL
e débat récent sur le tempsde travail se déroule dansune grande confusion, qui
semble parfois entretenue Ă loi-sir par la presse. Il a notammentĂ©tĂ© affirmĂ© Ă droite que les 35heures nâavaient pas crĂ©Ă© dâem-plois, que la remise en cause des35 heures allait crĂ©er desemplois, que la France sâappau-vrissait par rapport Ă dâautrespays (notamment les Ătats-Unis)parce quâon y travaille peu, alorsque la gauche proclamait la mortdes 35 heures. Or, ces quatreaffirmations sont fausses.Concernant les crĂ©ations dâem-plois, les estimations sĂ©rieuses(dont certaines Ă©manant de ser-vices gouvernementaux) varientselon les Ă©conomistes entre350 000 et 450 000. Certes, onpeut toujours critiquer les hypo-thĂšses aboutissant Ă ces rĂ©sul-tats, mais il faut dans ce cas trou-ver une explication au fait que laFrance a crĂ©Ă© plus dâemplois queles autres pays europĂ©ens Ă crois-sance comparable dans la pĂ©riode1999-2001, qui est une pĂ©rioderecord pour la crĂ©ation dâemploien France. Dans le discours gouvernemen-tal, la conversion de jours deRTT en salaire est censĂ©e doperle pouvoir dâachat des salariĂ©s,donc la consommation. Lesentreprises Ă©tant peu habituĂ©es Ă
payer leurs salariĂ©s Ă ne rienfaire, soit (version optimiste) lesheures supplĂ©mentaires effec-tuĂ©es permettent de produire ceque les salaires supplĂ©mentairespermettent de dĂ©penser et larĂ©forme nâa pas dâimpact, soit(version rĂ©aliste) les heures sup-plĂ©mentaires rĂ©duisent lesbesoins des entreprises en intĂ©-rimaires et en CDD et le chĂŽ-mage augmente.Le nombre dâheures de travailrapportĂ© Ă la population totaleest 28 % moins Ă©levĂ© en Francequâaux Ătats-Unis, 11 pointssâexpliquant par un temps de tra-vail plus court. Le MEDEF etses reprĂ©sentants en dĂ©duisentbrillamment quâil suffirait dâal-longer le temps de travail poursâenrichir. Câest oublier que laproductivitĂ© Ă©levĂ©e de la Francenâest possible que parce quâuntemps de travail court permet uneintensitĂ© du travail sans Ă©quiva-
lent ailleurs. Allonger le temps detravail rĂ©duirait la productivitĂ©,donc la production. Inversement,les 35 heures ont permis, ne lâou-blions pas, une formidable rĂ©or-ganisation du travail dans lesgrandes entreprises et des gainsde productivitĂ© parfois considĂ©-rables (10 % par an dans lâauto-mobile, par exemple, oĂč le pas-sage Ă 35 heures sâest souventaccompagnĂ© du passage dâune Ă deux Ă©quipes de travail). Pour beaucoup de salariĂ©s, laRTT sâest traduite par la modĂ©-ration salariale et une intensifi-cation du travail facteur defatigue et dâaccidents, ce qui faitque le temps gagnĂ© nâest pas dutemps libre mais du temps derĂ©cupĂ©ration. Comme, parailleurs, le surcoĂ»t salarial des35 heures a Ă©tĂ© en grande partiefinancĂ© par lâĂtat, il est clair queles 35 heures sont une trĂšs bonneaffaire pour la plupart desgrandes entreprises, qui nâontaucune envie de revenir Ă lasituation antĂ©rieure. Câest pour-quoi les 35 heures ne sont pasmortes, loin de lĂ . Surfant sur lemĂ©contentement de certains sala-riĂ©s, la rĂ©forme prĂ©vue par legouvernement Raffarin adapteen fait le temps de travail auxbesoins des entreprises, quivarient dâun secteur Ă lâautre.
Arnaud Parienty
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Professeur de SVT Ă la retraite, Françoise sâimplique toujours et organise des clubs santĂ©.
Les rapports dâactivitĂ© et financier nationaux sont publiĂ©s dans lecahier joint Ă ce numĂ©ro de LâUS. Ils sont soumis Ă lâapprĂ©cia-tion individuelle de chaque syndiquĂ©(e), qui est invitĂ©(e) Ă se pro-
noncer par un vote Ă bulletin secret.Le scrutin est organisĂ© dans chaque section SNES dâĂ©tablissement (S1)selon les indications fournies par votre section acadĂ©mique (S3).Chaque S3 adresse aux S1 le matĂ©riel Ă©lectoral nĂ©cessaire (liste desĂ©lecteurs et dâĂ©margement des votants, bulletins de vote, procĂšs-ver-bal de dĂ©pouillement). Le dĂ©pouillement des votes est effectuĂ© danschaque S1 Ă la date fixĂ©e par la section acadĂ©mique pour la clĂŽture duscrutin et les rĂ©sultats sont immĂ©diatement transmis au S3.
Attention âą La pĂ©riode de vote est fixĂ©e par chaque acadĂ©mie (cf. calendrier).âą Dans plusieurs acadĂ©mies, ce vote national est couplĂ© avec dâautres
scrutins : rapports acadĂ©miques et/ou Ă©lections de la Commissionadministrative (CA) acadĂ©mique et/ou de bureaux dĂ©partementaux(S2). Si câest le cas dans votre acadĂ©mie / dĂ©partement, pensez Ă vousexprimer pour chacun des scrutins. Chaque S1 reçoit du S3 le matĂ©-riel appropriĂ© qui doit ĂȘtre utilisĂ©.Si le seul scrutin est celui sur les rapports nationaux, vous pouvezĂ©ventuellement utiliser le bulletin de vote ci-dessous.
⹠Les syndiqué(e)s retraité(e)s expriment leur(s) vote(s) individuel(s)les indications fournies par leur section académique.
⹠Les syndiqué(e)s isolé(e)s en France adressent leur(s) vote(s) indi-viduel(s) directement à leur section académique.
Hors de France et TOMLes sections SNES hors de France et des TOM recevront du SNESnational une circulaire spĂ©ciale pour lâorganisation des votes sur lesrapports nationaux dâactivitĂ© et financier.Les syndiquĂ©(e)s isolĂ©(e)s hors de France recevront individuellementles indications leur permettant de voter par correspondance. ïżœ
Eugenio Bressan ([email protected])
PRĂPARER LE CONGRĂS NATIONAL DU SNES 2005
20 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
B U L L E T I N D E V O T E
SUR LE RAPPORT DâACTIVITĂ NATIONAL
SUR LE RAPPORT FINANCIER NATIONAL
RAPPORT DâACTIVITĂ (1)
POUR CONTRE ABSTENTION
RAPPORT FINANCIER (1)
POUR CONTRE ABSTENTION
(1) Pour chaque vote, ENTOUREZ VOTRE CHOIX
CONTRIBUTIONS POUR LE CONGRĂS NATIONAL
LE MANS 2005Le congrĂšs national se prĂ©pare dâabord dans les sections dâĂ©tablissement(S1). Les syndiquĂ©s y dĂ©battent des rapports et orientations proposĂ©s(publiĂ©s avec LâUS n° 611 du 17 dĂ©cembre 2004) et proposent des contri-butions Ă leurs congrĂšs acadĂ©miques respectifs, prĂ©paratoires au congrĂšsnational. Nous reviendrons prochainement plus en dĂ©tail sur la prĂ©parationdâun congrĂšs national du SNES.LâUS tient toute sa place dans ce dĂ©bat prĂ©paratoire et publiera, dansquatre cahiers spĂ©ciaux, les contributions collectives ou individuelles quiseront adressĂ©es sur lâun ou lâautre thĂšme de congrĂšs.Les contributions, qui ne doivent pas excĂ©der 2500 signes (le souhait Ă©tantdâen publier le maximum pour reflĂ©ter du mieux possible la diversitĂ© desdĂ©bats), doivent ĂȘtre adressĂ©es Ă [email protected] contribution devra comporter le numĂ©ro et le nom du thĂšme auquelelle se rapporte.
CALENDRIERS ACADĂMIQUES DES VOTESAcadĂ©mie Du AuAix-Marseille lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005Amiens lundi 10 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 Besançon mercredi 12 janvier 2005 vendredi 25 fĂ©vrier 2005 Bordeaux lundi 24 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 Caen lundi 17 janvier 2005 vendredi 11 mars 2005 Clermont-Ferrand mercredi 12 janvier 2005 mercredi 9 fĂ©vrier 2005 Corse lundi 28 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 CrĂ©teil lundi 17 janvier 2005 vendredi 28 janvier 2005 Dijon lundi 21 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 Grenoble lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 Guadeloupe lundi 17 janvier 2005 mercredi 2 fĂ©vrier 2005 Guyane lundi 10 janvier 2005 lundi 31 janvier 2005 Lille lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Limoges lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Lyon lundi 24 janvier 2005 vendredi 11 fĂ©vrier 2005 Martinique lundi 10 janvier 2005 samedi 29 janvier 2005 Montpellier lundi 24 janvier 2005 jeudi 10 fĂ©vrier 2005 Nancy-Metz lundi 21 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 Nantes lundi 17 janvier 2005 samedi 5 mars 2005 Nice lundi 10 janvier 2005 jeudi 3 mars 2005 OrlĂ©ans-Tours lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Paris lundi 7 fĂ©vrier 2005 samedi 19 fĂ©vrier 2005 Poitiers lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Reims lundi 24 janvier 2005 samedi 12 mars 2005 Rennes lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 RĂ©union (La) lundi 31 janvier 2005 vendredi 25 fĂ©vrier 2005 Rouen lundi 21 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 Strasbourg lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 mars 2005 Toulouse vendredi 21 janvier 2005 vendredi 11 fĂ©vrier 2005 Versailles lundi 17 janvier 2005 mardi 1er fĂ©vrier 2005
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sur les rapports dâactivitĂ© et financier nationauxVOTES
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 21
DOSSIERApprentissage : voie de formation ou impasse ?
Dossier coordonnĂ© par Pierre Narbonne et Thierry Reygades - [email protected] photos du dossier ont Ă©tĂ© prises aux lycĂ©es Antonin-Artaud de Marseille, Gustave-Eiffel de Cachan et Ămilie-de-Breteuil de Montigny-le-Bretonneux.
Apprentissage
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Le dĂ©veloppement des formations initiales sous statutdâapprenti , « lâapprentissage », est pour beaucoup â ministĂšre, branches professionnelles, rĂ©gions⊠âle moyen de faire rĂ©ussir davantage de jeunes, de fournir aux entreprises des employĂ©s qualifiĂ©s,dâĂ©viter lâĂ©chec scolaire⊠Lorsque Jean-Louis Borloovise 500000 apprentis, François Fillon le doublementdu nombre dâapprentis dans les lycĂ©es professionnels,peu de voix sâĂ©lĂšvent pour remettre en question ces objectifs. Seules quelques-unes, et notamment les rĂ©gions et les entreprises, rĂ©clament les moyensde ces ambitions.
Lâapprentissage est-il vraiment la potion magiquecapable de rĂ©soudre les problĂšmes de formation,dâĂ©chec scolaire et de besoin de qualification ?Ce dossier nâa pas la prĂ©tention de rĂ©pondre Ă cettequestion, mais Ă travers diffĂ©rents Ă©lĂ©ments : les flux,les niveaux, les financements, la rĂ©ussite, et en interrogeant plusieurs acteurs : sociologues,politiques, patrons, formateurs, apprentis, il dresse un Ă©tat des lieux de cette question.Ce dossier nâest Ă©videmment pas exhaustif, des Ă©lĂ©ments plus complets sont disponibles sur le sitedu SNES.
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Accueil des apprentis
Des structures différentes
La durĂ©e du contrat est au moins Ă©gale Ă celle du cycle de formation qui fait lâobjet ducontrat. La prolongation en cas dâĂ©chec Ă lâexamen est admise pour un an maximum.Cette durĂ©e peut ĂȘtre rĂ©duite, en fonction duparcours prĂ©alable (jeunes dĂ©jĂ titulaires dâundiplĂŽme et prĂ©parant un autre diplĂŽme dumĂȘme niveau ou dâun niveau infĂ©rieur ; jeunesayant bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun contrat de qualification.La durĂ©e de formation ne peut ĂȘtre infĂ©rieure Ă 400 heures. Pour le baccalaurĂ©at professionnel etle BTS, cette durĂ©e est fixĂ©e par le rĂšglementgĂ©nĂ©ral du diplĂŽme (1 500 heures pour 2 ans ;750 si la durĂ©e du contrat est rĂ©duite Ă 1 an,suite Ă un positionnement). Il est possible dâen-chaĂźner les contrats dâapprentissage, pour prĂ©-parer des diplĂŽmes successifs (dâoĂč la « voie
Lâobjet du contrat dâapprentissage est dedonner au jeune ayant satisfait lâobligationscolaire « une formation gĂ©nĂ©rale, thĂ©o-
rique et pratique », en vue de lâobtention dâunequalification professionnelle sanctionnĂ©e par:âąun diplĂŽme de lâenseignement professionnelou technologique du second degrĂ© ou du supĂ©-rieur ;âąun titre dâingĂ©nieur, un titre ou un certificatinscrit au RĂ©pertoire national de la certifica-tion professionnelle.Le contrat dâapprentissage sâadresse auxjeunes de 16 ans Ă moins de 26 ans (avecune dĂ©rogation possible pour les jeunes de15ans ayant achevĂ© le premier cycle du secon-daire ou ayant effectuĂ© deux ans de classe prĂ©-paratoire Ă lâapprentissage).
Les chiffres de lâapprentissageâą360 000 apprentis (176 000 prĂ©parent un
CAP contre 80 000 en LP), 27 000 préparentun BTS (contre 234 000 en lycée).
âąTaxe dâapprentissage: 1386 millions dâeuros.âą Financement total : 3 431 millions dâeuros.âą Plus de 1 000 centres de formation (CFA et
SA) et prĂšs de 2 000 lieux de formation.
Le code du travail (art. R 115-1, créé parle décret 95-403 du 14/4/95) préciseque, selon les cas, les enseignements
dispensĂ©s aux apprentis pendant le temps detravail peuvent ĂȘtre donnĂ©s :âą dans un centre de formation dâappren-tis (CFA) ;âą dans une unitĂ© de formation par ap-prentissage (UFA) ;âą dans une section dâapprentissage (SA).En terme de structure, ce sont les CFA quisont les plus nombreux, gĂ©rĂ©s par prĂšs de1000 organismes. Ils peuvent ĂȘtre classĂ©s enfonction de la nature de cet organisme.Pour une section dâapprentissage (SA),une convention est passĂ©e entre lâĂ©tablis-sement et la RĂ©gion, le chef dâĂ©tablisse-ment assure la direction de la SA.Une UnitĂ© de Formation par Apprentis-sage (UFA) est le rĂ©sultat dâune conventionentre lâĂ©tablissement, le rectorat et un CFA.Le directeur du CFA assure la direction delâUFA. ïżœ
Le contrat dâapprentissage
« Une formation générale, théorique et pratique »
de lâapprentissage »). Lâapprentissage estune voie de formation initiale, ce qui expliqueque son contrĂŽle soit du ressort de lâĂducationnationale. Le code du travail assigne clairementun rĂŽle dans lâapprentissage Ă dâautres acteurs:chambres consulaires, branches profession-nelles et partenaires sociaux. ïżœ
Proportion Proportion de CFA effectifs apprentis
CFA gérés par une association (origine: org. professionnelles, 44 % 44 %mixte org. proffessionnelle et chambre consulaire...)
CFA gĂ©rĂ©s par lâĂducation nationale ou lâagriculture 27 % 12 %
CFA chambres consulaires 14 % 34 %
Autres (CFA communaux, Université) 15 % 10 % (Univ. : 1,9 %)
Ăvolutions effectives dâapprentissage en fonction du diplĂŽme prĂ©parĂ©250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
01995/1996 1996/1997 1997/1998 1998/1999 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003
CAP et autres diplĂŽmes niveau V MC Bac professionnel Autres diplĂŽmes dâenseignement supĂ©rieurBEP BP et autres diplĂŽmes niveau V BTS
AprĂšs une progression impor-tante entre 1995 et 2000, lenombre dâapprentis sâest stabili-sĂ© autour de 360 000. Ceci est dûà la diminution des apprentis prĂ©-parant les diplĂŽmes de niveau 5(â7 % pour les CAP) et Ă lâaug-mentation de ceux prĂ©parant undiplĂŽme de lâenseignement su-pĂ©rieur (+ 140 % pour les BTS).
Effectifs
TĂ©moignage
Travaillez-vous souvent avec des apprentis ?RĂ©cemment, jâai travaillĂ© avec deux jeunes que jâai moi-mĂȘme formĂ©s. Une expĂ©-rience Ă refaire, tant la formation est primordiale. Le manque de main-dâĆuvre est cruel, ce qui est dĂ» au fait quâĂ une certaine Ă©poque, il Ă©tait debon ton de dĂ©valoriser les mĂ©tiers manuels au profit des activitĂ©s, disons, pluscĂ©rĂ©brales. Aujourdâhui, il faut relancer la machine. Et le regain dâactivitĂ© dansce type de secteurs passera forcĂ©ment par une revalorisation globale dessalaires.Les relations avec les Ă©coles sont-elles efficaces ?Jâai eu lâoccasion de travailler avec les compagnons du devoir, et je dois
dire quâils rĂ©alisent un suivi des Ă©lĂšves de trĂšs prĂšs. Les autres, en revanche,sont moins efficaces dans ce domaine. Mais aussi Ă©trange que cela puisseparaĂźtre, câest plus avec les parents que jâai eu des problĂšmes, ils nâacceptaientpas forcĂ©ment le fonctionnement de lâentreprise et la communication Ă©taitdifficile.Le systĂšme de lâalternance pose-t-il des problĂšmes ?La rĂšgle du jeu est claire dĂšs le dĂ©part. On sait Ă quoi sâattendre⊠Mais biensĂ»r, câest toujours la semaine oĂč lâapprenti est en cours quâon aurait besoinde lui !
Propos recueillis par Matthieu Abadie
Bernard Bellanger, artisan plombier-chauffagiste à Saint-Barthélemy (49)
22 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 23
Financement
Un systĂšme complexe
lâaffirme le ministĂšre, cette rĂ©forme, qui aug-mente les ressources de lâapprentissage, ne di-minuera pas le montant de TA perçu par lesĂ©tablissements dâenseignement. Elle nâaurade toute façon aucun effet sur le dĂ©sĂ©qui-libre de rĂ©partition qui affecte les Ă©tablisse-ments publics, qui demande toujours Ă ĂȘtrecorrigĂ©. ïżœ
(1) Ces formations sont dĂ©finies comme celles qui, « avantlâentrĂ©e dans la vie active, prĂ©parent les jeunes Ă un em-ploi dâouvrier ou dâemployĂ© spĂ©cialisĂ© ou qualifiĂ©, de tra-vailleur indĂ©pendant, dâaide familial, de technicien, detechnicien supĂ©rieur, dâingĂ©nieur ou de cadre des en-treprises des divers secteurs Ă©conomiques ». Nâen font paspartie: les stages ANPE, stages organisĂ©s en fonction desprotocoles dâalternance, stages de la formation profes-sionnelle continue.
Ce systĂšme est dâune complexitĂ© et dâuneopacitĂ© rares, Ă tel point que lâon ne peutconnaĂźtre que dâune maniĂšre indirecte lemontant annuel de cette taxe.
Les modifications introduites par la loide cohĂ©sion socialeLâobjectif est dâaugmenter le montant de lataxe affectĂ©e Ă lâapprentissage, en suppri-mant plusieurs chefs dâexonĂ©ration etdâamĂ©liorer la transparence de la collecte,en rendant obligatoire le versement de lataxe Ă un organisme collecteur. Dans undeuxiĂšme temps, il est prĂ©vu de modifierles proportions quota /barĂšme Ă 57%/43%. Il sera donc important de vĂ©rifier si, comme
La taxe dâapprentissage, impĂŽt crĂ©Ă© en1925, est dĂ©finie comme « la partici-pation des employeurs au financement
des premiĂšres formations technologiques etprofessionnelles (1) ». Elle a donc vocation Ă contribuer au financement de la formationprofessionnelle initiale, sous statut dâap-prentissage comme sous statut scolaire ouĂ©tudiant. La taxe dâapprentissage reprĂ©sente 0,5 %de la masse salariale brute (= taxe brute,TB). Elle est divisĂ©e en deux parties : lequota (reprĂ©sentant une part de la taxe obli-gatoirement affectĂ©e au financement de lâap-prentissage) et le hors-quota (ou barĂšme).Depuis la loi de 1996, la rĂ©partition est lasuivante :Quota : 40 % TB (soit 0,2 % masse sala-riale), rĂ©parti en :⣠75 % pour les CFA (30% TB)⣠25% pour le fonds national de pĂ©rĂ©quation,qui a pour objet de corriger les inĂ©galitĂ©s de rĂ©-partition de la taxe entre rĂ©gions (10 % TB).Hors quota: 60% TB, rĂ©parti entre Ă©tablis-sements assurant des formations premiĂšres :Ă©tablissements de lâenseignement secondaireou supĂ©rieur, public ou privĂ©, technologique ouprofessionnel et CFA (Ă nouveau).Les employeurs peuvent sâacquitter de leurtaxe en la versant directement en totalitĂ© auTrĂ©sor public ou en effectuant, directement oupar lâintermĂ©diaire dâorganismes collecteurs,des versements au centre de formation.Un des principes essentiels de lâaffectationde la TA est celui de la libertĂ© du choix parlâentreprise des Ă©tablissements bĂ©nĂ©fi-ciaires. Ce principe contribue aux inĂ©galitĂ©sde rĂ©partition de la TA.
Le financement de lâapprentissage com-prend le financement de lâappareil de for-mation et lâensemble des aides ou incita-
tions aux entreprises employant des apprentis.Ce financement implique, dans un montagecomplexe, trois acteurs essentiels : lâĂtat,les rĂ©gions et les entreprises, entre lesquelsexistent des flux financiers croisĂ©s. Des or-ganismes intermĂ©diaires (branches profes-sionnelles, organismes collecteurs, fonds depĂ©rĂ©quation), interviennent dans ces flux etdans la rĂ©partition des fonds. Les mesures prĂ©vues par la loi de cohĂ©sionsociale vont modifier de façon importantemĂ©canismes et circuits de ce financement.Ce qui ressort de ce survol du financementde lâapprentissage est, en premier lieu, sacomplexitĂ©, qui fait quâil est trĂšs difficile
Ăvolution des moyens allouĂ©s Ă lâapprentissage (en millions dâeuros)(PrĂ©sentation du budget du ministĂšre de lâEmploi pour 2005) - (* : Ăvaluations)
2004 Projet de loide finances 2005
CrĂ©dits dâĂtat⣠Transferts aux rĂ©gions 1294 1134⣠Compensation dâexonĂ©rations de charges 791 773
Taxe dâapprentissage⣠Produit de la taxe * 1386 1428⣠Suppression dâexonĂ©rations* 123⣠Hausse de 0,06 % 197
DĂ©pense fiscaleCrĂ©dit dâimpĂŽt* 472
Total 3 431 4 127
Quâest-ce que la taxe dâapprentissage ?
dâĂ©valuer le coĂ»t par apprenti. La diversitĂ©des situations est Ă©galement importante(Ă©carts importants de ressources entre les
diffĂ©rents types de CFA que les quelquesmĂ©canismes correctifs existants ne font pasdisparaĂźtre). ïżœ
Ătablissements bĂ©nĂ©ficiaires de la TA en 2001% de TA Montant Taxe moyenne/apprenti,
Ătablissements reçu (en millions Ă©lĂšve ou Ă©tudianten 2001 dâeuros) (en euros)
CFA 46,1 % 443 1386
Ătablissements Second Public 15,5 % 149,5 105dispensant degrĂ© PrivĂ© 10,9 % 105 332 (sous contrat)des formations 1 790 (hors contrat)professionnelles SupĂ©rieur Public 9,1 % 88 183hors apprentissage PrivĂ© 18,1 % 174,3 2 093
Part de la TA dans les ressources des CFA
Pourcentage des ressources Catégorie de CFA totales du CFA
représenté par la TA
CFA dâassociation loi de 1901 30,5 %
CFA de chambres de commerce et dâindustrie 37,4 %
CFA de chambres de métiers 10,4 %
CFA dâEPLE 14,2 %
CFA de collectivité locale 13,2 %
Apprentissage, Ă©tat des lieux
24 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
DOSS
IER
Questions Ă Gilles Moreau, sociologue Ă lâuniversitĂ© de Nantes
« Ceux qui ne jurent que par lâapprentissage ne sont pas sĂ©rieux »
Les recherches de Gilles Moreau portent sur la jeunesse populaire, principalement celle quâaccueillent leslycĂ©es professionnels et lâapprentissage. Il vient de publier Le monde apprenti (2003, Ăditions La Dispute),un livre oĂč, Ă travers des enquĂȘtes empiriques par questionnaires et entretiens, les apprentis sâexprimentlargement sur leurs conditions de formation, de travail et dâinsertion. Il a par ailleurs coordonnĂ© unouvrage de synthĂšse sur les enjeux de la formation professionnelle initiale en France : Les patrons, lâĂtatet la formation des jeunes (2002, Ăditions La Dispute), et publiĂ© dans Le Monde diplomatique dâavril 2004un article intitulĂ© : « Lâenseignement professionnel ou la dĂ©faite dâun projet Ă©mancipateur ».
LâUS : Au moment oĂč le Premier ministre faitlâĂ©loge de « lâintelligence de la main », oĂč leministre de la CohĂ©sion sociale souhaite ren-forcer les financements de lâapprentissage, oĂč leministre de lâĂducation nationale souhaite dou-bler le nombre dâapprentis dans les lycĂ©es pro-fessionnels, peut-on parler dâune revalorisationdes formations professionnelles des jeunes?Gilles Moreau: La question de la revalori-sation de la formation professionnelle ini-tiale des jeunes ne peut pas se rĂ©sumer Ă deseffets dâannonces. Ainsi, lâobjectif de 500 000apprentis en 2007 est gratuit. Pour atteindre untel niveau, il faudrait que beaucoup plus dâen-treprises acceptent dâaccueillir des appren-tis. Or câest loin dâĂȘtre le cas, et les incitationsfinanciĂšres ne compenseront pas un problĂšmemajeur: aujourdâhui dĂ©jĂ , beaucoup de jeunesne trouvent pas de maĂźtre dâapprentissage.Ainsi, dans mes enquĂȘtes en Pays de la Loire,un quart des apprentis titulaires dâun CAPou dâun BEP et qui voulaient poursuivre enniveau IV nâont pas trouvĂ© dâentreprise pourles accueillir. On met souvent en exerguecertains secteurs comme le bĂątiment qui pei-nent Ă trouver des apprentis, mais câest pourmieux camoufler la sĂ©lection importante quâily a dans dâautres domaines dâactivitĂ© : encoiffure ou en pharmacie par exemple, il nâestpas rare de contacter cinquante entreprisespour trouver un maĂźtre dâapprentissage ! Orcomme le marchĂ© de lâapprentissage est unmarchĂ© non rĂ©gulĂ©, le taux dâĂ©chec Ă lâentrĂ©e(ou Ă la poursuite) en (dâ)apprentissage estinconnu. Il est rĂ©el, mais on fait comme sâilnâexistait pas !
LâUS : Comment analyser les Ă©volutions desvingt derniĂšres annĂ©es?G. M.: La dĂ©tĂ©rioration de lâimage des for-mations professionnelles est indĂ©niablementliĂ©e Ă celle des conditions de vie, de salaire etde travail des ouvriers et des employĂ©s.Dâailleurs, câest pendant les Trente Glorieusesque le lycĂ©e professionnel (le CET Ă lâĂ©poque)a connu son apogĂ©e : il formait de bons pro-fessionnels, voire une « aristocratie ouvriĂšre »
et portait haut et fort un projet Ă©mancipateur.Mais se contenter dâattendre le retour de joursmeilleurs est contre-productif.
LâUS : Comment agir?G. M.: Par exemple en reprenant lâexcel-lente idĂ©e de Jean-Luc MĂ©lenchon de rĂ©tri-buer les stages en entreprise des Ă©lĂšves deLP, en organisant le financement dâun quasi-salaire rĂ©glementĂ© nationalement pendantces pĂ©riodes en entreprise. Pour cela, il fautune volontĂ© politique que le gouvernementJospin nâa Ă lâĂ©vidence pas eue, et que biensĂ»r le ministre Fillon nâa pas. De mĂȘme,lâinvestissement des LP dans lâapprentis-sage peut ĂȘtre une bonne chose⊠Je saiscombien une telle affirmation peut paraĂźtrechoquante. Mais si lâenseignement profes-sionnel public a, ce que je crois, un savoir-faire, des pĂ©dagogies et une expĂ©rience enmatiĂšre de formation professionnelle, soninvestissement dans lâapprentissage mon-trera sa diffĂ©rence et donc ses forces. Luiseul peut rĂ©guler un dispositif aussi peuorganisĂ© et aussi inĂ©galitaire que lâappren-tissage ; lui seul peut insuffler dans lâap-prentissage un supplĂ©ment dâhumanitĂ© enrĂ©habilitant le triple objectif de « formerlâHomme, le travailleur et le citoyen ». Maisune telle perspective doit avoir un sens poli-tique. Il ne sâagit pas tant de « courir aprĂšs »ou de « concurrencer » les CFA privĂ©s quede construire un projet politique dâunifica-tion du systĂšme de formation professionnelleinitiale des jeunes.
LâUS : Vous pouvez dĂ©velopper?G. M.: Je crois que lâon est face Ă un « im-pensĂ© historique ». Le LP a Ă©tĂ© progressive-ment alignĂ© sur le modĂšle « bourgeois » dulycĂ©e, et apparaĂźt donc irrĂ©mĂ©diablementcomme une instance de relĂ©gation. Lâabandonen rase campagne des CAP en 1985 et celledes BEP que la rĂ©cente dĂ©cision du ministreFillon de crĂ©er les bacs pro en trois ans an-nonce, va dans ce sens. Or, si on regardelâensemble que constituent LP et apprentis-
sage comme un tout, on voit les choses dif-fĂ©remment. La France a un systĂšme « dual »de formation des futurs ouvriers et employĂ©s(LP dâun cĂŽtĂ©, apprentissage de lâautre),comme elle avait hier un double systĂšme deformation gĂ©nĂ©ral (primaire/primaire supĂ©-rieur dâun cĂŽtĂ©, lycĂ©e classique de lâautre). Cedernier a Ă©tĂ© au cours du XXe siĂšcle unifiĂ© ;le premier reste, sans aucune raison autrequâhistorique, divisĂ© entre apprentissage sco-larisĂ© et apprentissage salariĂ©. Penser un sys-tĂšme public unifiĂ© de formation profession-nelle initiale, câest penser autre chose que la« juxtaposition » des lycĂ©es des mĂ©tiers deJean-Luc MĂ©lenchon. Câest inventer quelquechose qui nâexiste pas, mais qui ne peut se
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faire quâĂ lâimage des processus historiquesdâunification scolaire en France, Ă savoir,par pilotage de lâĂtat et du service public.
LâUS : Et les apprentis ? Vous avez recueilli denombreux tĂ©moignages ; pourquoi un jeunechoisit-il aujourdâhui lâapprentissage ? G. M.: Pour quâun jeune se tourne vers lâap-prentissage, il faut quâil trouve dans son his-toire sociale et scolaire les moyens dâavoir unevision positive de ce mode de formation long-temps dĂ©lĂ©gitimĂ©. DâoĂč trois types dâappren-tis. Le premier rassemble les enfants dâartisanset de commerçants, surreprĂ©sentĂ©s dans cedispositif. SocialisĂ©s dans une famille dâin-dĂ©pendants, ils adoptent facilement ce modede formation. Ils y rĂ©ussissent dâailleurs trĂšsbien. Je dis souvent que lâapprentissage offreaux enfants dâindĂ©pendants ce que lâĂ©colegarantit aux enfants dâenseignants: une proxi-mitĂ© dâhabitus qui favorise la rĂ©ussite. Le se-cond type renvoie Ă ce que jâappelle « lâanti-intellectualisme populaire » ; on le trouveĂ©galement en LP. Il se bĂątit sur un « dĂ©sa-mour » scolaire, une survalorisation de lâex-pĂ©rience et le primat de la pratique commeforme de rĂ©habilitation de soi, Ă leurs yeux im-possible Ă lâĂ©cole. Et puis il y a ceux quejâappelle « les nouveaux apprentis ».
LâUS : Qui sont-ils?G. M.: Ce sont des jeunes, qui du fait de lapolitique des 80 % au bac et de lâallonge-ment des Ă©tudes sont devenus des « malgrĂ©-nous » scolaires, pour reprendre lâexpressionde StĂ©phane Beaud(1) : ils sont maintenus dansle systĂšme scolaire sans grand espoir de rĂ©us-site et surtout dans une situation impĂ©cu-nieuse que leurs origines populaires peuvent
DĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle, deux conceptions de la formation professionnelle des jeunes sâoppo-sent. La premiĂšre repose sur un apprentissage en entreprise, adaptĂ© au marchĂ© du travail, laseconde insiste sur le rĂŽle de lâĂ©cole et la formation du citoyen. La loi Astier de 1919 ne rĂ©sou-dra pas cette contradiction. Câest au lendemain de la seconde guerre mondiale que lâapprentissagedes mĂ©tiers Ă lâĂ©cole sâimpose. Les centres dâapprentissage, ancĂȘtres des CET, puis en 1975 desLEP et en 1985 des LP, seront les vecteurs de la formation professionnelle Ă lâĂ©cole, en sâappuyantsur le CAP, ils poseront les bases dâune culture technique.DĂšs 1945, les enseignants seront formĂ©s dans des Ă©coles normales dâapprentissage (ENNA), et for-meront Ă leur tour « lâaristocratie des ouvriers et des employĂ©s qualifiĂ©s ».Jusquâen 1975, on assiste Ă la montĂ©e en puissance de la formation professionnelle Ă lâĂ©cole etle dĂ©clin de lâapprentissage en entreprise.Câest Ă partir de 1980, que la tendance sâinverse, les lycĂ©es professionnels peinent Ă prĂ©serverleur culture technique, les ENNA disparaissent Ă la crĂ©ation des IUFM, et dans le mĂȘme temps despans entiers de lâindustrie sâeffondrent, et le chĂŽmage sâenvole !DĂšs lors les vertus formatrices de lâentreprise sont prĂ©sentĂ©es comme novatrices, les incitationsfinanciĂšres se multiplient, lâapprentissage Ă©largit son offre de diplĂŽme (du CAP au diplĂŽme dâin-gĂ©nieur), et Monsieur Borloo annonce un objectif de 500 000 apprentisâŠ
DâaprĂšs Gilles Moreau, Lâenseignement professionnel ou la dĂ©faite dâun projet Ă©mancipateur, LeMonde Diplomatique, mai 2004.
difficilement compenser. Du coup, ils peinentĂ Ă©pouser le modĂšle « lycĂ©en » qui domineaujourdâhui dans la jeunesse et qui se dĂ©finitpar une consommation festive et ludiqueimportante. Ils ont donc le sentiment dâĂȘtre enporte-Ă -faux et souvent en souffrent. Lâap-prentissage, par le salaire quâil offre, certesminime, leur permet de rĂ©soudre cette contra-diction initiale. Ils quittent lĂ©gitimementlâĂ©cole, et accĂšdent Ă un pouvoir dâachat quileur permet de « faire leur jeunesse » Ă lâinstardes autres lycĂ©ens. Câest un peu comme sâilsquittaient lâĂ©cole pour mieux ĂȘtre « lycĂ©ens ».Dâailleurs, leur rĂ©seau dâamitiĂ© et de socia-bilitĂ© reste lycĂ©en et ils ont peu le sentimentdâĂȘtre salariĂ©s.
LâUS : Dans un rapport sur « les discrimina-tions Ă lâembauche des jeunes », Claude BĂ©bĂ©arpropose Ă©galement lâapprentissage comme voiede formation ; lâapprentissage serait-il exemptde discrimination ?G. M.: Câest lâinverse ! Lâapprentissage est« blanc ». Les jeunes issus de lâimmigrationsont nettement sous-reprĂ©sentĂ©s dans lâap-prentissage, mĂȘme dans le bĂątiment. Ce nâestdâailleurs pas la seule diffĂ©rence entre le publicdes LP et celui de lâapprentissage salariĂ©. Laproportion de filles par exemple reste trĂšsfaible en apprentissage: 30% et cette part nâapas changĂ© depuis 30 ans. Ce qui montre com-bien les comparaisons entre lycĂ©e profes-sionnel et apprentissage (en termes dâinsertionpar exemple) sont Ă manier avec dâextrĂȘmesprĂ©cautions: ce ne sont pas les mĂȘmes popu-lations. En consĂ©quence, ceux qui ne jurentque par lâapprentissage ne sont pas sĂ©rieux. ïżœ
(1) 80% au bac, et aprÚs? La découverte, 2002.
Formation
Toute une histoire...
TĂ©moignages
Pisset, 16 ans, BEP mécanique automobile, option D
(motocycles, cycles)Pourquoi avoir choisi de suivre une formation en apprentissage ?Parce que je ne voulais pas suivre une forma-tion gĂ©nĂ©rale, je savais que je nâaurais pas leniveau nĂ©cessaire. Lâalternance CFA-entreprise te convient-elle ?Oui, jâaime bien le principe. Je prĂ©fĂšre dâailleursĂȘtre en entreprise, mĂȘme si les cours mâintĂ©-ressent Ă©galement. Le fait est que je me sensplus utile Ă lâentreprise, oĂč jâai lâimpressiondâĂȘtre important. Je travaille pour lâentre-prise Piaggio, qui fabrique des motocycles. Ily a une bonne ambiance, car je cĂŽtoie beau-coup de monde. Je ne pense pas que ça meplairait autant si jâĂ©tais seul avec mon patronet seulement quelques employĂ©s.ConcrĂštement, comment se passent les cours ?Je ne sais pas si câest partout pareil, maisdans mon CFA (lâInstitut national du cycle etmotocycle, ndlr), je suis Ă la fois des matiĂšresgĂ©nĂ©rales et techniques. Le niveau moyen estcelui de la TroisiĂšme. Souvent, nous ne faisonsque de la pratique lors de journĂ©es appelĂ©es« journĂ©es atelier ».Quel genre dâĂ©lĂšves y as-tu rencontrĂ© ?Je mâattendais Ă pas mal dâĂ©lĂšves plus oumoins en difficultĂ© scolaire, et jâen ai trouvĂ©quelques-uns. Mais il y a surtout des jeunes quiaiment la mĂ©canique et qui veulent en faireleur mĂ©tier.
Franck, 18 ans, chĂŽmeur depuis juillet 2004
Quelle formation as-tu suivie ?Pendant trois ans, jâai fait un BEP carrosserieau CFA Saint-Nicolas, Ă Issy-les-Moulineaux.Ma formation sâest terminĂ©e le 29 juillet 2004.Et depuis, que fais-tu ?Je suis au chĂŽmage ! Je cherche Ă droite Ă gauche, mais je nâai aucune piste. Ton Ă©cole ne tâa pas suivi aprĂšs ton diplĂŽme ?En fait, le problĂšme est que je nâai pas eumon diplĂŽme, je lâai ratĂ© dâun petit point.Alors lâĂ©cole mâa « virĂ© ». AprĂšs, il nây a euaucun suivi, ils mâont laissĂ© me dĂ©brouiller toutseul comme si je nâĂ©tais jamais passĂ© chezeux. Depuis, je « rame ».Que comptes-tu faire pour te sortir de cette situation ?Je compte aller Ă lâarmĂ©e pour au moins un an,histoire de mâoccuper. LĂ -bas, je pourrai pas-ser mon permis de conduire et faire quelquesĂ©conomies. Par contre, aprĂšs, je ne sais pasvraimentâŠ
Propos recueillis par Matthieu Abadie
26 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
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Apprentissage, Ă©tat des lieux
Questions Ă Maurice Pinkus, directeur dĂ©lĂ©guĂ© Ă lâUnion des industries et mĂ©tiers de la mĂ©tallurgie (UIMM)
« La voie de lâapprentissage nâest pas la voierĂ©servĂ©e aux jeunes en difficultĂ© »
LâUS : Le plan Borloo, comme le projet de loiFillon, propose de dĂ©velopper la formation ini-tiale des jeunes en apprentissage. CommentapprĂ©ciez-vous ces propositions? Ă quel niveaude diplĂŽme faudrait-il selon vous dĂ©velopper cesformations?Maurice Pinkus: DĂ©velopper quantitative-ment pourquoi pas, mais il y a des condi-tions. On ne fait dĂ©jĂ pas le plein dans tous noscentres de formation dâapprentis. Dans notrebranche, la mĂ©tallurgie, il y a une pratiqueancienne de lâapprentissage. Jusquâen 1985câĂ©tait rĂ©servĂ© aux CAP, ensuite lâUIMM asouhaitĂ© prĂ©parer le bac pro par apprentissage,le BTS Ă partir de 1987 et les diplĂŽmes dâin-gĂ©nieur Ă partir de 1989. La voie de lâap-prentissage nâest pas la voie rĂ©servĂ©e auxjeunes en difficultĂ©. Il sâagit dâun choix desjeunes et des entreprises.En 2004: 11000 apprentis sont entrĂ©s dansnos centres, ce qui correspond Ă environ25000 apprentis en formation. Ces chiffressont stables. On assiste Ă une augmentationdes plus hauts niveaux, le niveau V diminue,les IV et III augmentent.Le premier niveau demandĂ© devient aujour-dâhui le bac pro. Cela rĂ©pond Ă des besoins desentreprises, mais Ă©galement Ă une demande desjeunes dâatteindre des niveaux de formationpar des modalitĂ©s pĂ©dagogiques spĂ©cifiques.
LâUS : Les entreprises ont-elles les moyensdâaccompagner les apprentis dans leur forma-tion? En particulier existe-t-il en leur sein unnombre suffisant de tuteurs qualifiĂ©s?M. P.: Dans la mĂ©tallurgie, on a une stabilitĂ© deseffectifs dâapprenti. Pour certaines formations onpeut avoir des difficultĂ©s Ă trouver des entreprisesmais la vraie difficultĂ© est dâattirer des jeunes.Ici comme ailleurs, la voie professionnelle estchoisie par dĂ©faut. Les services dâorientation nejouent pas leur rĂŽle, Ă la fois dâinformation sur
les formations professionnelles et sur lâappren-tissage. Les entreprises doivent participer Ă la for-mation des jeunes quâil y ait ou non des possi-bilitĂ©s de recrutement. Dans le cadre des CFAInous prĂ©parons aux diplĂŽmes, un contrat doitaboutir Ă lâobtention dâun diplĂŽme.Le diplĂŽme reste une rĂ©fĂ©rence commune quiatteste dâune premiĂšre formation qui viselâinsertion dans lâentreprise. Il faut parfoiscomplĂ©ter par des CQP ou dâautres qualifi-cations mais le diplĂŽme reste un signal impor-tant pour lâentreprise.Il y a suffisamment de professionnels dansles entreprises aptes Ă encadrer des apprentiset le tutorat est intĂ©grĂ© dans les pratiques desentreprises. On insiste sur la qualitĂ© de la rela-tion entre les jeunes et les tuteurs, et il y a desformations souvent prĂ©vues pour les tuteurs.
LâUS: Le plan Borloo prĂ©voit une rĂ©forme de fi-nancement : augmentation de la taxe dâap-prentissage versĂ©e par les entreprises et ver-sement dâun crĂ©dit dâimpĂŽts par apprenti.Comment apprĂ©ciez-vous ces Ă©volutions?M. P.: Nous avons Ă©tĂ© furieux Ă propos delâaugmentation prĂ©vue de la TA et la suppres-sion de certaines subventions. Ce nâĂ©tait pasune demande de notre part. Nous nous sommesdonnĂ© les moyens de dĂ©velopper lâapprentis-sage par une mutualisation des fonds de lâal-ternance (35 % vers lâapprentissage). Il nâyavait pas besoin dâaugmenter la TA.Lâaugmentation de la TA contre le crĂ©ditdâimpĂŽts est un marchĂ© de dupes !
LâUS : La volontĂ© de dĂ©veloppement de lâap-prentissage fait craindre que le patronat necherche Ă prendre le contrĂŽle des contenus deformation pour les transformer en une seuleadaptation Ă lâemploi ou pire au poste de travail.Que rĂ©pondez-vous Ă ce sujet?M. P.: Le patronat, Ă travers les CPC(1), per-
met de garder une approche professionnelleaux formations. Pour des raisons budgĂ©taires,lâadministration serait trop facilement enclineĂ transformer ces formations en formations gĂ©-nĂ©rales.La formation professionnelle joue pleine-ment son rĂŽle, on parvient Ă faire acquĂ©rir desconnaissances gĂ©nĂ©rales en partant du concret.Dans nos formations en CFA, nous dĂ©velop-pons les mĂȘmes savoirs que dans les LP.Lâadaptation Ă lâemploi se situe si nĂ©cessaireaprĂšs lâobtention du diplĂŽme. Mais elle estfacilitĂ©e par lâexpĂ©rience due Ă la pĂ©riodepassĂ©e en entreprise.
LâUS: Gilles Moreau parle dâapprentissage « sĂ©-grĂ©gatif », est-ce votre analyse?M. P. : Lorsque lâentreprise recrute un ap-prenti, elle utilise les mĂȘmes critĂšres que pourun recrutement dâemployĂ©. Les questions demotivation et de maturitĂ© des jeunes sont es-sentielles, certains jeunes ne sont pas prĂȘts Ă intĂ©grer directement lâentreprise.En conclusion, lâUIMM demande une dis-cussion globale sur le dĂ©veloppement de lâap-prentissage avec les responsables politiques eten particulier le dĂ©veloppement de partenariatsentre lâĂducation nationale et les branchesprofessionnelles sur cette question.Nous ne sommes pas satisfaits de la dĂ©marchepurement quantitative qui, de plus, est Ă©clatĂ©eentre diffĂ©rents ministĂšres et responsablespolitiques. Il faudrait plus de cohĂ©rence. ïżœ
(1) CPC: commission professionnelle consultative, instanceoĂč les diplĂŽmes professionnels sont dĂ©finis et Ă©laborĂ©s.
Le rÎle des régions
Des politiques différenciées
En matiĂšre dâapprentissage, sur lequel ellesont compĂ©tence, les rĂ©gions ont menĂ©ces derniĂšres annĂ©es des politiques diffĂ©-
renciĂ©es, qui se sont traduites par des Ă©volutionsvariables: certaines dâentre elles, oĂč lâappren-tissage Ă©tait dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ©, ont menĂ© des po-litiques volontaristes (Pays de la Loire, RĂ©gionPACA), dâautres, qui nâĂ©taient pas des territoirestraditionnels de lâapprentissage, ont menĂ© une
politique qui a abouti Ă une forte augmentationdes effectifs (Bretagne, RhĂŽne-Alpes).Pour beaucoup de ces rĂ©gions, lâapprentissageest ainsi devenu une charge financiĂšre impor-tante, qui les a conduit Ă demander des rĂ©formesen matiĂšre de financement, en particulier Ă sou-haiter une affectation rĂ©gionale de la taxe dâap-prentissage. Plusieurs Ă©lĂ©ments rĂ©cents justifient un intĂ©rĂȘt
renouvelĂ© pour le contenu des politiques rĂ©gio-nales concernant lâapprentissage: le change-ment de majoritĂ© survenu dans certainesrĂ©gions; la volontĂ© gouvernementale de relancede lâapprentissage, qui, pour ĂȘtre effective,exige des relais au niveau rĂ©gional ; enfin, cer-tains transferts de compĂ©tence, qui accentuentle rĂŽle prĂ©pondĂ©rant des rĂ©gions dans lâap-prentissage (dĂ©termination du montant de lâin-
LâUnion des industries et mĂ©tiers de la mĂ©tallurgie(UIMM) est une fĂ©dĂ©ration professionnelle. Elleregroupe 130 syndicats de branche et 93 chambressyndicales territoriales. Elle reprĂ©sente 48000 entre-prises dans lesquels plus de 2 millions de salariĂ©s tra-vaillent. Câest un des « poids lourds » du MEDEF.
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 27
Questions Ă J.-L. MĂ©lenchon, sĂ©nateur et ancien ministre de lâEnseignement professionnel
« Lâapprentissage ne permet pas dâanticiperles besoins en qualification »
demnitĂ© forfaitaire versĂ© aux employeurs).Les informations disponibles sont encore frag-mentaires ; quelques rĂ©gions ont initiĂ© unerĂ©flexion. Câest en particulier le cas de laRĂ©gion RhĂŽne-Alpes, qui vise un effectif de50000 apprentis dans 5 ans (contre 32000aujourdâhui), ce dĂ©veloppement « devant sefaire en complĂ©mentaritĂ© des formations enlycĂ©es professionnels et technologiques » etvisant « des publics qui nâont pas accĂšs Ă cesformations ou pour lesquels le systĂšme scolairene convient pas ». Cette rĂ©gion mĂšne une
rĂ©flexion pour « labelliser des CFA publicshors murs, en travaillant avec les lycĂ©es pro-fessionnels de la RĂ©gion » et sâinterroge Ă©ga-lement sur le montant des primes versĂ©es, laprĂ©occupation premiĂšre Ă©tant de savoir com-ment ĂȘtre incitatif envers les employeurs, maissurtout envers les jeunes.La loi de cohĂ©sion sociale entraĂźne des ten-sions entre rĂ©gions et gouvernement, quâex-pose lâassociation des rĂ©gions de France (ARF).Cette loi est ressentie « comme une volontĂ©accrue de prise de contrĂŽle par lâĂtat de lâap-
prentissage au dĂ©triment des rĂ©gions ». LâARFprĂ©cise que « Les rĂ©gions exigent aujourdâhuiune clarification en la matiĂšre, confirmant unexercice de compĂ©tence de plein droit enmatiĂšre dâapprentissage et leur garantissant lesressources nĂ©cessaires notamment par percep-tion directe de la taxe dâapprentissage ». Maisla loi prĂ©voit Ă©galement des conventions Ătat-rĂ©gion, pour dĂ©velopper et moderniser lâap-prentissage : les rĂ©gions Alsace, Lorraine,Bourgogne, semblent nĂ©anmoins se montrerintĂ©ressĂ©es par cette perspective... ïżœ
LâUS : La relance de lâapprentissage apparaĂźtcomme une prioritĂ© du gouvernement enmatiĂšre de formation professionnelle. Quelle estvotre analyse, de cette politique? Estâelle Ă mĂȘme de rĂ©pondre aux besoins de qualificationdes annĂ©es Ă venir?Jean-Luc MĂ©lenchon : Je ne le crois pas.Lâurgence est de conduire une politique volon-tariste pour faire face Ă la pĂ©nurie de main-dâĆuvre qualifiĂ©e qui sâannonce avec les dĂ©partsmassifs en retraite. Les emplois sans qualifica-tion disparaissent inexorablement. Tant mieux !Le systĂšme de formation doit donc rĂ©pondre Ă lâexigence dâĂ©lĂ©vation du niveau de qualifica-tion. Câest un enjeu vital pour les salariĂ©s et pourque notre Ă©conomie productive puisse conser-ver son avantage comparatif. Dâautant que lesdĂ©localisations concernent aussi Ă prĂ©sent lesmĂ©tiers qualifiĂ©s ! Dans ce contexte, le dĂ©ve-loppement prioritaire de lâapprentissage est uncontresens. Ce mode pĂ©dagogique nâest adaptĂ©quâĂ quelques mĂ©tiers oĂč lâobservation du gesteprofessionnel est essentielle. Partout ailleursla qualification intĂšgre un nombre croissant desavoirs gĂ©nĂ©raux. Lâopposition entre savoir etsavoir-faire recule avec lâĂ©lĂ©vation du contenutechnique des objets produits et des procĂ©dĂ©s deproduction. Je suis donc consternĂ© par ce qui estprĂ©vu par le gouvernement: 150 000 apprentissupplĂ©mentaires sur une classe dâĂąge en dĂ©clindĂ©mographique, câest autant de jeunes en moinssous statut scolaire ! Du point de vue de laproduction, câest Ă©galement aberrant. Car lâap-prentissage ne permet pas dâanticiper les besoinsen qualification, il se contente de reproduire letissu existant.Cette prioritĂ© donnĂ©e Ă lâapprentissage est Ă inscrire dans une tendance lourde. En pĂ©riodedâĂtat minimum la question est posĂ©e desavoir si lâenseignement professionnel quali-fiant est du ressort du service public ou du sec-teur privĂ©. Trois facteurs poussent Ă la priva-tisation. Dâabord la mĂ©connaissance de cequâest la qualification professionnelle par les
Ă©lites politiques et de nombreuses sphĂšres delâĂducation nationale. Ensuite, une gestion delâĂtat Ă courte vue : abaisser ses dĂ©penses entransfĂ©rant au secteur privĂ© une partie de sesmissions. Enfin et câest le plus dangereux: lesavoir qualifiant, indispensable Ă chacun pourtravailler, est le plus facilement marchandi-sable. Il est la cible prioritaire des lobbiesmondiaux de lâenseignement lucratif.
LâUS : Quelle doit ĂȘtre, selon vous, la place delâapprentissage parmi lâensemble des voies deformation professionnelle initiale, et la place duservice public dans lâapprentissage? J.-L. M. : Il ne sâagit pas de dĂ©nigrer lâap-prentissage mais de le dĂ©mythifier ! Car il bĂ©-nĂ©ficie dâun a priori favorable aveuglĂ©. Sonbilan pĂ©dagogique nâest jamais fait. LâidĂ©eque lâinsertion professionnelle des apprentisserait meilleure, est une illusion. Je proposede partir de ce double constat : lâalternancesâest dĂ©veloppĂ©e sous statut scolaire, la « sco-
larisation » des enseignements se dĂ©veloppesous statut dâapprenti. La rĂ©flexion peut doncpartir des exigences intellectuelles et« concrĂštes » du travail contemporain et pasde querelles abstraites entre gens qui nâont passouvent mis les pieds dans un atelier.Je mets en garde les Ă©lus rĂ©gionaux et lessyndicats patronaux: lâapprentissage tous azi-muts met notre avenir Ă©conomique et celui desjeunes en danger. LâidĂ©e de contrat dâap-prentissage de moins dâun an prĂ©vu par legouvernement est aussi totalement nĂ©faste. Ilsâagit en effet dâautoriser le commerce delâenseignement des certificats de compĂ©tenceprofessionnelle, ces sous-diplĂŽmes Ă durĂ©ede vie limitĂ©e !Pour moi, le service public doit ĂȘtre prĂ©sentpartout. LâexpĂ©rience montre que le systĂšmede formation public est plus performant etmoins coĂ»teux. Cela est vrai aussi pour lavoie de lâapprentissage. La prĂ©sence dâunCFA dans un lycĂ©e professionnel ou techno-logique permet un meilleur suivi des jeunes,qui peuvent passer dâune voie Ă lâautre selonleurs besoins pĂ©dagogiques.
LâUS: Que penser des mesures annoncĂ©es visantĂ amĂ©liorer le statut des apprentis? AmĂ©liorerle statut de lâapprenti sans se prĂ©occuper decelui du lycĂ©en ou de lâĂ©tudiant ne biaise-t-il pasles choix? J.-L. M. : Les 350 000 apprentis actuels re-prĂ©sentent une rĂ©alitĂ© sociale quâil faut prendreen compte. Les mesures contribuant Ă amĂ©-liorer ce statut sont donc nĂ©cessaires. Le re-venu attachĂ© au statut dâapprenti est le prin-cipal facteur dâattractivitĂ© de lâapprentissage.Le problĂšme qui devrait ĂȘtre traitĂ© est celui dustatut du jeune en formation professionnelle.Dans ce cadre, lâintĂ©rĂȘt dâune allocationdâĂ©tudes est Ă©vident si lâon se rĂ©fĂšre aunombre de lycĂ©ens ou dâĂ©tudiants qui tra-vaillent parallĂšlement Ă leurs Ă©tudes et quisouvent vivent sous le seuil de pauvretĂ©. ïżœ
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Apprentissage, Ă©tat des lieux
28 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
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«De lâavis unanime de lâensemble desacteurs, lâapprentissage apporte unerĂ©ponse trĂšs adaptĂ©e au besoin de quali-
fication puis dâinsertion professionnelle desjeunes ; [...] lâapprentissage permet dâaccĂ©derplus rapidement Ă un emploi que tout autre modede formation... ». Câest ainsi quâest prĂ©sentĂ© lâap-prentissage, dans lâexposĂ© des motifs de la loi decohĂ©sion sociale : lâ« unanimitĂ© » des acteursrend inutile toute analyse prĂ©cise, construiteautour des nombreux Ă©lĂ©ments disponibles, rap-portĂ©s dans des Ă©tudes de la DARES, de la DEP...Quâapportent ces Ă©tudes? Seules quelques don-nĂ©es globales peuvent ĂȘtre rappelĂ©es ici :
RĂ©ussite aux examens âą La revue du CEREQ de novembre 2002,dresse le constat suivant: « les apprentis rĂ©us-sissent aujourdâhui aussi bien aux examens, sice nâest mieux, que leurs homologues prĂ©parantleur diplĂŽme par la voie scolaire. Ce quitĂ©moigne probablement de changements impor-tants dans ces deux populations ».âą Ce constat doit ĂȘtre nuancĂ© si lâon prend encompte le nombre important de ruptures decontrat dâapprentissage : de 25 % tous secteursconfondus avec des pointes Ă 50 %.
Insertion professionnelleâąEn termes bruts, lâinsertion des apprentis danslâemploi est effectivement meilleure que celledes lycĂ©ens, aprĂšs lâobtention de leur diplĂŽme:dĂ©but 2003, 7 mois aprĂšs avoir terminĂ© leur for-mation initiale, le taux dâemploi des apprentisest de 69 %, contre 58 % pour les lycĂ©ensâą Cette comparaison doit ĂȘtre faite avec prĂ©-caution, car dâautres facteurs interviennentdans lâinsertion (note de la DEP 04.21) :⣠la population des apprentis est essentiel-lement masculine (plus de 2/3 des effectifs), orlâinsertion des garçons est toujours plus facileque celle des filles ;⣠la majoritĂ© des sortants dâapprentissage(61 %, contre 40 % pour les sortants de lycĂ©e)a reçu une formation orientĂ©e dans le domainede la production, caractĂ©risĂ© par une meilleureinsertion par rapport au secteur des services ;⣠il y a corrĂ©lation entre le dĂ©veloppement delâapprentissage et la prĂ©sence de dĂ©bouchĂ©s.âą La note « premiĂšres synthĂšses » (DARES,janvier 2004) conclut que « les caractĂ©ristiquesindividuelles restent essentielles pour expli-quer lâinsertion » et relĂšve que, pour les jeunesen difficultĂ© dâinsertion, le passage par lâal-ternance est moins rĂ©ussi que pour les autres
publics (Ă©chec Ă lâexamen supĂ©rieur Ă 40 %).Ces jeunes sont surreprĂ©sentĂ©s dans les secteursdu commerce et de la vente.Cette mĂȘme note constate que la qualitĂ© delâinsertion (stabilitĂ© dans lâemploi) est meilleuredans certains secteurs (ceux qui ont le moinsrecours Ă lâalternance, comme les services auxentreprises, Ă lâopposĂ© du secteur des servicesaux particuliers). Elle dĂ©pend aussi du niveaude formation (Ă lâembauche dans la formationen alternance) : plus celui-ci est Ă©levĂ©, meilleureelle est. ïżœ
La position du SNUEPSyndicat National Unitaire de
lâEnseignement Professionnel (FSU)
La loi Borloo et le projet de loi dâorientationsur lâĂ©cole convergent pour tenter de passerrapidement de 350 000 Ă 500 000 apprentis.La premiĂšre, ignorant totalement lâensei-gnement professionnel public, met en Ćuvredes mesures pour amĂ©liorer le statut desapprentis, la qualitĂ© de lâapprentissage, lefinancement des CFA et des incitations finan-ciĂšres Ă lâembauche dâapprentis. Le ministreFillon rĂ©duit le pĂ©rimĂštre de lâenseignementprofessionnel : dĂ©professionnalisation desBEP et dans une certaine mesure des bacspro, rĂ©duction de la durĂ©e de formation :gĂ©nĂ©ralisation des bacs pro 3 ans, accĂšslimitĂ© Ă lâenseignement supĂ©rieur pour lesĂ©lĂšves de bac pro⊠et introduction systĂ©-matique de lâapprentissage en LP.Pour le SNUEP, lâapprentissage nâest pas unsystĂšme de formation adaptĂ© Ă notre temps.Mais le SNUEP estime indispensables les rela-tions entre lâĂ©cole et lâentreprise. Il militepour instaurer une charte de la qualitĂ© desstages et « des maĂźtres de stage », afin dâenamĂ©liorer lâefficacitĂ©.Pour les jeunes, la rĂ©munĂ©ration quâoffrelâapprentissage constitue un attrait incon-testable. Aussi, par souci dâĂ©galitĂ©, le SNUEPpropose dâaccorder une allocation dâĂ©tudes Ă tous les jeunes qui entreprennent des Ă©tudesprofessionnelles.Contrairement Ă ce qui est annoncĂ©, il nesâagit plus de complĂ©mentaritĂ© entre deuxsystĂšmes de formation, mais de remplacerpeu Ă peu le service public par la formationpatronale. Si aujourdâhui les LP sont en pre-miĂšre ligne, ces relances rĂ©pĂ©tĂ©es de lâap-prentissage et de lâalternance visent Ă terme Ă rĂ©duire lâensemble du systĂšme Ă©du-catif, du collĂšge Ă lâuniversitĂ©. MĂȘme silâapprentissage ne se pose pas de la mĂȘmemaniĂšre Ă tous les niveaux dâenseignement,il y a urgence pour tous les syndicats de laFSU concernĂ©s Ă trouver une rĂ©ponse uni-taire Ă cette offensive. Voir sur notre site :h t t p : / / w w w . s n u e p . c o m /publications/special_apprentissage2004.pdf
Insertion
Des Ă©tudes Ă©clairantes
CitĂ© technique Jules Verne: de la section dâapprentissage au CFA public, un choix des personnels
En octobre 2004, la nouvelle Ă©quipe de la RĂ©gionet le rectorat dĂ©cident de crĂ©er trois CFA publicsdans trois Ă©tablissements de lâacadĂ©mie (il nây ena aucun Ă lâheure actuelle) ; la question est alorsposĂ©e au LT Jules Verne: ĂȘtre ou ne pas ĂȘtrecandidat. Le dĂ©bat est beaucoup moins consensuel quepour lâouverture de la SA de BTS MAVA, lespositions vont du « non » de principe (ne soyonspas le cheval de Troie de lâapprentissage public)au « oui » catĂ©gorique (il ne faut pas abandonnerles jeunes apprentis au seul privĂ©, faisons Ă©voluerlâapprentissage dans le bon sens). Un vote Ă bulletin secret est organisĂ©, ouvert Ă tousles personnels de la CitĂ© Technique, enseignantset non enseignants. La moitiĂ© des personnels aparticipĂ© au vote ; deux tiers se sont prononcĂ©spour le « oui ».En dĂ©cembre 2004, le CA a approuvĂ© la candi-dature du LT par deux tiers de ses voix. Câestmaintenant la RĂ©gion qui dĂ©cidera si un CFApublic doit ĂȘtre crĂ©Ă© au LT Jules Verne. ïżœ
Taux dâĂ©chec Ă lâexamen des titulaires dâun contrat dâapprentissage(premiĂšres synthĂšses janvier 2004)
DiplĂŽme % dâĂ©chec Part des bĂ©nĂ©ficiaires
CAP et BEP 33,3 64,4
Bac pro, BP et autres diplĂŽmes de niveau IV 27,5 18,8
BTS et DUT 30,1 8,0
Mentions complémentaires (IV et V) 27,6 8,8
Total 31,4 100
L a CitĂ© Technique Jules Verne, Ă Mondevilledans le Calvados, est constituĂ©e dâun LP et
dâun LT. Elle propose, entre autres, un ensemblede formations dans le secteur de lâautomobile, duBEP au BTS. Le BTS MAVA (Maintenance etaprĂšs-vente automobile, option vĂ©hicules parti-culiers) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© au LT Jules Verne en 1992.Courant 2003, la RĂ©gion, Ă la demande de laprofession, souhaite ouvrir une deuxiĂšme sec-tion de BTS MAVA option vĂ©hicules particuliersen Basse-Normandie, sous statut dâapprentis-sage ; il y a au moins un CFA candidat.Inquiets de la perte de poids de lâenseignementpublic dans leur secteur, les collĂšgues se concer-tent. Fin 2003, le conseil dâadministration du LT voteĂ lâunanimitĂ© une motion soutenant la demandede crĂ©ation de SA de BTS MAVA. Cettedemande est dĂ©posĂ©e au conseil rĂ©gional, en jan-vier 2004Ă ce jour, la RĂ©gion devrait avoir fait son choixparmi les trois CFA privĂ©s et le lycĂ©e Jules Verne.
METIER
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 29
LANGUES VIVANTES Interrogations sur la loi dâorientation
LES ĂVALUATIONS INTERNATIONALES : PISA 2003Mercredi 12 janvier 200514 h - 17 h LycĂ©e Michelet Ă Vanves. MĂ©tro CorentinCelton, Porte de Versailles, Plateau de Vanves bus 58-89Ouvert Ă tousAvec la participation Antoine Bodin expert en Ă©valuationet Anne Laure Monnier de la DEP.Tous les trois ans, sous lâĂ©gide de lâOCDE, lâĂ©valuation inter-nationale PISA mesure et compare les compĂ©tences desĂ©lĂšves de 15 ans dans les trois domaines : comprĂ©hensionde lâĂ©crit, culture mathĂ©matique ou culture scientifique.En 2003 câest la culture mathĂ©matique qui Ă©tait au centrede lâĂ©valuation menĂ©e dans les quarante pays participants. La publica-tion dĂ©but dĂ©cembre des rĂ©sultats a donnĂ© lieu Ă de nombreux com-mentaires dans les mĂ©dias, ces derniers focalisant le plus souvent sur lesclassements des pays.Avant le congrĂšs, le SNES entend mener une rĂ©flexion critique sur les Ă©va-luations, leurs pertinences, leurs enjeux : quels sont les choix mĂ©tho-dologiques retenus dans PISA, quel est le cadre thĂ©orique qui les sous-tend, quelles conclusions peuvent ĂȘtre tirĂ©es des rĂ©sultats ? Dans quellemesure ces Ă©valuations peuvent-elles ĂȘtre instrumentalisĂ©es par lesdĂ©cideurs pour justifier des orientations en matiĂšre de politique dâĂ©du-cation ?
ET DES PRATIQUES
A C A D Ă M I Q U E S
O B S E R V A T O I R E S
DES PROGRAMMES
Lâenseignement des LV sâinscritpour le ministĂšre dans le cadredâune gestion plus rigoureuse
(cf. p. 27) et de la constructioneuropéenne (p. 3 et 24-25).
Quelles langues enseigner ?Le rapport ThĂ©lot souhaitait imposerlâanglais de communication inter-nationale dĂšs le CE2 en tant quecompĂ©tence Ă acquĂ©rir, nous avonsexprimĂ© notre dĂ©saccord. Le projetde loi Fillon prĂ©voit une languevivante Ă lâĂ©cole primaire, dĂšs leCE1 et quâune deuxiĂšme languevivante sera progressivement pro-posĂ©e Ă partir de la CinquiĂšme.Quels seront les horaires de LV1en SixiĂšme, de la LV2 en Cin-quiĂšme, QuatriĂšme et TroisiĂšme ?Quelle continuitĂ© entre le primaireet le collĂšge ?Pour le SNES, la discipline languevivante ne doit pas se transformeren simple savoir-faire. Câest unediscipline qui contribue, au mĂȘmetitre que les autres disciplines, Ă laculture commune. Le ministĂšre semble avoir renoncĂ©Ă lâobjet mal identifiĂ© quâest lâan-glais de communication internatio-nale. Il est inacceptable que sâim-pose comme norme ce qui nâest pasparlĂ© dans tel ou tel pays de lasphĂšre anglophone. Une gĂ©nĂ©rali-sation de lâenseignement dâunelangue vivante au CE1 paraĂźt sur-prenante alors que la gĂ©nĂ©ralisationau CE2 ne peut pas se faire fautedâenseignants. Lâenseignement de lalangue vivante pose dĂ©jĂ beaucoupde problĂšmes au niveau du CM etnotamment des problĂšmes didac-tiques car les enseignants nâont pastoujours reçu la formation nĂ©ces-saire comme le montrent les der-niers rapports de lâinspection gĂ©nĂ©-rale ou les recherches de lâINRP deLine Audin.Ne faudrait-il pas favoriser la sen-sibilisation aux LV dĂšs que pos-sible ainsi que les liens entrelangue maternelle et autres languesafin de permettre aux Ă©lĂšves dâac-quĂ©rir une meilleure maĂźtrise dela langue ou des langues ?La diversification des langues dansle second degrĂ© est devenue unepeau de chagrin. Les cartes deslangues et lâinstauration de pĂŽlesdans les acadĂ©mies ne semblent pasrĂ©gler la question du maintien dela diversification. Celle-ci ne sâamĂ©-liore pas, mĂȘme dans les acadĂ©miesqui ont affichĂ© la politique des pĂŽleset la volontĂ© de sauver lâallemand oudes langues de faible diffusion.
Aucune rĂ©elle Ă©valuation desclasses bilangues en SixiĂšme nâaĂ©tĂ© faite pour lâinstant.Les sections europĂ©ennes prĂ©co-nisĂ©es restent trĂšs marginales etdĂ©jĂ le « vivier » des enseignantsen DNL se pose. Elles serventdâaffichage dans les diffĂ©rentescirculaires tandis que la diversifi-cation sâamenuise (cf. rapportn° 63 du SĂ©nat de J. Legendre).
Quels contenus ?Selon une note de la DEP publiĂ©een 2004, qui a Ă©tĂ© trĂšs mĂ©diatisĂ©e etque rappelle le ministĂšre (p. 4),lâenseignement des langues vivan-tes en France va mal par rapportaux autres pays europĂ©ens Ă©valuĂ©s.Il faudrait selon le ministĂšre rĂ©for-mer cet enseignement en dĂ©velop-pant la communication et en utili-sant le cadre europĂ©en commun derĂ©fĂ©rence pour Ă©valuer les Ă©lĂšves. Un communiquĂ© de presse duSNES (12 mars 2004) a analysĂ© endĂ©tail cette note de la DEP. Il sâin-terroge sur la validitĂ© de cetteenquĂȘte menĂ©e dans plusieurs payseuropĂ©ens : peut-on comparer lesrĂ©sultats si les conditions dâensei-gnement sont diffĂ©rentes et si lestatut de la langue nâest pas lemĂȘme dans les pays considĂ©rĂ©s ?Pour amĂ©liorer les compĂ©tencesorales des Ă©lĂšves, il faut que ceux-ci puissent travailler en groupesrĂ©duits permettant la prise deparole et avec une frĂ©quence decours dâau moins 3 h/semaine.Il est clair aussi que lâapprentissagedes langues en France ne sâamĂ©-liorera pas si un travail importantnâest pas fait par lâinstitution sur lesreprĂ©sentations quâont les françaisdes langues, et si les langues nâac-quiĂšrent pas davantage droit decitĂ© dans les mĂ©dias (en multi-pliant les VO par exemple, lesĂ©missions sur les chaĂźnespubliques). Il est fondamental de rappelerquâon ne peut pas avoir pour leslangues vivantes les mĂȘmes objec-tifs dans le cadre de lâĂ©cole quedans un cadre professionnel : ondoit viser certes la communica-tion mais aussi les compĂ©tenceslinguistiques et culturelles en tra-vaillant sur les liens entre langue etpensĂ©e. La pratique raisonnĂ©e de lalangue doit se faire tout au long ducursus. Il est scandaleux de laissercroire, en entretenant des ambi-guĂŻtĂ©s entre apprentissage, maĂź-trise et bilinguisme, que les condi-tions dâapprentissage scolaire (sauf
lâexception que sont les filiĂšresbilingues), pourraient ĂȘtre lesmĂȘmes que les conditions dâap-prentissage naturelle (immersiondans la famille ou dans le pays).
Quelle Ă©valuationaux examens ?Le niveau attendu en fin de Troi-siĂšme est de B1 en LV1 et A2 enLV2, en fin de Terminale B2 enLV1 et B1 en LV2.Ce sont ceux du cadre europĂ©ende rĂ©fĂ©rence (la grille a Ă©tĂ© publiĂ©edans le dernier 8 pages LV).Il est nĂ©cessaire dâĂ©valuer lâoraltant au brevet quâau baccalaurĂ©at silâon souhaite que les compĂ©tencesorales des Ă©lĂšves progressent. La gĂ©nĂ©ralisation des Ă©preuvesĂ©crites au dĂ©triment de lâoral onteu des consĂ©quences nĂ©fastes surla didactique des LV au lycĂ©e.LâĂ©preuve orale du baccalaurĂ©atdoit Ă©voluer : tous les collĂšgues seplaignent de la liste de textes troplongue que doivent prĂ©senter lesĂ©lĂšves et de lâĂ©preuve qui ne per-met pas dâĂ©valuer les compĂ©-tences orales du candidat maisplutĂŽt sa capacitĂ© Ă mĂ©moriser lecommentaire du professeur.
Quel cadre ?Le projet prĂ©voit la gĂ©nĂ©ralisationdĂšs le collĂšge de « groupes deniveaux dĂ©terminĂ©s conformĂ©mentau cadre europĂ©en de rĂ©fĂ©rence »et un dĂ©doublement en Terminale.Pourquoi prĂ©voir un dĂ©double-ment en Terminale (si ce nâestune justification de la suppressiondes TPE) mais pas en Seconde et
en PremiĂšre? Y aura-t-il dĂ©dou-blement dans toutes les sĂ©ries?Ces groupes de niveaux au col-lĂšge sont une gĂ©nĂ©ralisation desNouveaux modes dâorganisation(NMO) expĂ©rimentĂ©s au lycĂ©e.Nous rappelons notre hostilitĂ© Ă lacrĂ©ation de groupes de languesen dehors de la rĂ©fĂ©rence Ă laclasse. Nous ne voulons pas degroupes de niveaux dont nousconnaissons tous les inconvĂ©-nients, quelle que soit la disci-pline. Cette nouvelle organisa-tion pĂ©naliserait les Ă©lĂšves desgroupes faibles et alourdiraitencore davantage la tĂąche desenseignants. En effet, cette orga-nisation demande de nombreusesheures de concertation commenous lâont signalĂ© les collĂšguesqui ont menĂ© ces expĂ©rimenta-tions dans certains Ă©tablissementssans moyens supplĂ©mentaires.Loin de rĂ©duire le nombredâĂ©lĂšves par classe, elle conduiraĂ accroĂźtre les effectifs par classe.Beaucoup dâinterrogations demeu-rent sur les postes nĂ©cessaires pourintroduire les dĂ©doublements enlycĂ©e, la LV en CinquiĂšme, surla façon dâamĂ©liorer rĂ©ellementlâenseignement des languesvivantes et dâassurer le maintiendâune rĂ©elle diversitĂ©. ïżœ
ThérÚse Jamet-Madec,Martine Villy
METIER
30 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
PHILOSOPHIE
Enseignement de la philosophieen séries technologiques
SCIENCES ET TECHNIQUES DE LABORATOIRE
Quel avenir pour les spécialités?
Le stage du 19 novembre 2004Ă©tait consacrĂ© Ă lâenseigne-ment de la philosophie dans
les sĂ©ries technologiques. Nous avons rappelĂ© le contenude la rencontre entre le SNES et legroupe dâexperts (GEPS). Nousavons fortement insistĂ© sur lâidĂ©ede maintien dâune culture com-mune qui impose clairement descontenus exigeants et en cohĂ©-rence avec lâesprit de lâenseigne-ment philosophique tel quâil estpratiquĂ© dans toutes les sĂ©ries.Notre principal souci a Ă©tĂ© de luirappeler lâimportance de la voietechnologique aux yeux du SNESet son attachement Ă la place delâenseignement de la philosophiedans cette voie, qui est et doit res-ter une voie de rĂ©ussite (le tauximportant de poursuite dâĂ©tudesdes bacheliers technologiquesaujourdâhui en est un indice). Ilnous faut constamment luttercontre le discours qui tend Ă dĂ©va-loriser cette voie et Ă en faire uneorientation « par dĂ©faut », ainsique contre la tendance Ă rĂ©duireles flux dâĂ©lĂšves vers ces sĂ©ries.Pour autant, nous nâen avons pasmoins conscience de la spĂ©cifi-citĂ© de lâenseignement de la phi-losophie dans la voie technolo-gique, spĂ©cificitĂ© qui se manifestepar une forte demande, de la partdes Ă©lĂšves, dâune explicitation
peut-ĂȘtre plus large, et de laconstruction de mĂ©diations per-mettant de sâapproprier les conte-nus de savoirs et les pratiques dela rĂ©flexion philosophique.En ce qui concerne le choix desnotions, nous avons Ă©galementsoulignĂ© quâil importait de prĂ©-server un juste Ă©quilibre entre desnotions plus axĂ©es sur la pratique(du type justice, travail, Ă©changes,politique, et mĂȘme langage...) etdâautres qui relĂšvent plus de laphilosophie gĂ©nĂ©rale, voire de lamĂ©taphysique (comme le sujet,la libertĂ©, la vĂ©ritĂ©, la nature, lamort, le bonheur, voire la reli-gion). Cette double orientation,outre quâelle paraĂźt susceptiblede maintenir la double exigenceprĂ©cĂ©demment rappelĂ©e, ren-contre en effet, si lâon en croitles tĂ©moignages des collĂšguesenseignant dans ces sĂ©ries, lademande des Ă©lĂšves, chez qui lâin-tĂ©rĂȘt pour la philosophie ne seraitpas liĂ© exclusivement Ă leur domi-nante disciplinaire. De ce pointde vue, le contenu du programmeFichant offre une certaine diver-sitĂ©, mĂȘme si lâon peut sâĂ©tonnerde certains choix (en particulierlâabsence insistante de la notionde langage, dĂ©jĂ Ă©cartĂ©e, malgrĂ© lademande du groupe philo duSNES, du programme des sĂ©riesscientifiques).
Quant aux documents dâaccom-pagnement, le GEPS nâa pas sou-haitĂ© en produire. Il sâest limitĂ©strictement Ă la confection duprogramme. La question deshoraires, des coefficients, demĂȘme que celle des Ă©preuves etde lâĂ©valuation (qui ne rentrenten aucune façon dans ses attri-butions) ont donc Ă©tĂ© laissĂ©es decĂŽtĂ©. Nous avons obtenu lâassu-rance quâun paragraphe portantsur le travail des Ă©lĂšves et lanĂ©cessitĂ© dâune rĂ©flexion com-mune sur les pratiques philoso-phiques, issu de la version ini-tiale du programme Fichant pourles sĂ©ries technologiques, seraitrĂ©intĂ©grĂ© dans le texte. Ce nâestpas suffisant, et en particulier toutce qui touche aux horaires et auxconditions dâenseignement(dĂ©doublements pas toujoursfaits...) nâest absolument pas prisen compte. Le SNES pour sa partprendra ses responsabilitĂ©s etdemandera une audience Ă laDESCO pour faire entendre sesdemandes.Sur les conditions de la consulta-tion, il semble que le ministĂšrenâait pas prĂ©vu de faire bĂ©nĂ©fi-cier les collĂšgues de rĂ©unions detravail interacadĂ©miques sur lenouveau programme. Pourtant lescollĂšgues qui enseignent dans cessĂ©ries, et aussi ceux qui nây ensei-
gnent pas ou plus, ont Ă dĂ©battrecollectivement, non seulement ducontenu du programme, mais desconditions dâenseignement dansces sĂ©ries, ce qui nâa pas Ă©tĂ© prĂ©vuĂ ce jour !Les Ă©changes qui ont eu lieu lematin du stage ont permis derevenir sur nos expĂ©riences,diverses de par la multiplicitĂ© dessĂ©ries et des Ă©lĂšves dont nousavons la charge, et fait apparaĂźtreclairement le souci de prendre encompte tous les Ă©lĂ©ments de notreenseignement, le problĂšme deshoraires et des coefficients, desconditions dâenseignement et despratiques, les attentes des col-lĂšgues en termes de formation,la question de lâĂ©valuation â donton sait Ă quel point elle est dĂ©ter-minante sur lâinterprĂ©tation quiest faite dâun programme â etcelle, incontournable, desĂ©preuves.Les difficultĂ©s, parfois bienrĂ©elles, du terrain, nous font tou-cher du doigt Ă la fois la nĂ©cessitĂ©de faire de la voie technologiqueune authentique voie de rĂ©ussite,mais aussi les obstacles qui sâyopposent encore, et lâon sait quelâon ne peut tout rĂ©soudre par unsimple changement de pro-gramme. ïżœ
Julien Cueille,Jean-Noël Gramling
La rĂ©novation de la sĂ©rie STLsâengage dans des conditionsbien diffĂ©rentes et beaucoup
moins dĂ©finies que celle de lasĂ©rie STI, pour laquelle les tra-vaux ont commencĂ© sur la basedâun projet global qui concernelâensemble des baccalaurĂ©ats decette sĂ©rie.La situation la plus claire est cellede la spĂ©cialitĂ© « biochimie-gĂ©niebiologique », pour laquelle ungroupe de travail a commencĂ© lestravaux de rĂ©novation, suite Ă unecommande ministĂ©rielle. Pour lesdeux autres spĂ©cialitĂ©s, chimie etphysique de laboratoire (CLPI etPLPI), les hypothĂšses suivantessemblent ĂȘtre, ou avoir Ă©tĂ© envi-
sagĂ©es. LâidĂ©e dâune fusion desspĂ©cialitĂ©s chimie et biochimie aĂ©tĂ© explorĂ©e lors de la premiĂšrerĂ©union du groupe de travail «bio-chimie-gĂ©nie biologique», pourĂȘtre finalement Ă©cartĂ©e. En ce quiconcerne la spĂ©cialitĂ© « phy-sique », deux projets paraissentexister : lâun intĂšgre cette spĂ©cia-litĂ© dans la nouvelle architecturede la sĂ©rie STI, dans le baccalau-rĂ©at « ingĂ©niĂ©rie des systĂšmesautomatiques », lâautre envisa-geant une fusion des deux optionsdu baccalaurĂ©at «PLPI » (mesuresphysiques et optique, et contrĂŽleet rĂ©gulation) et du baccalaurĂ©at«gĂ©nie optique ».Câest donc le terme dâincertitude,
pour ces deux spĂ©cialitĂ©s, quisemble le mieux caractĂ©riser leursituation actuelle. Pour le SNES,la nature, trĂšs diffĂ©rente, des troischamps (biochimie - microbiolo-gie, physique et chimie ) sur les-quels sont construits les trois spĂ©-cialitĂ©s de cette sĂ©rie, justifie lemaintien dâune structuration iden-tifiant trois baccalaurĂ©ats. CettesĂ©rie peut contribuer Ă dĂ©velopperlâaccĂšs aux Ă©tudes scientifiques, Ă partir dâune approche technolo-gique : câest dans cette optiqueque les travaux de rĂ©formedevraient sâengager, plutĂŽt quedâenvisager des regroupementsartificiels. Rappelons enfin quele fait quâune formation soit peu
rĂ©pandue ne saurait ĂȘtre la seulejustification Ă sa transformation,dâautres critĂšres devant entrer encompte lorsquâil sâagit de dĂ©ciderde la pertinence de son existenceFaites-nous parvenir avis ou ana-lyses sur le devenir de la sĂ©rie. ïżœ
Pierre Narbonne
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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 31
SCIENCES ET TECHNIQUES INDUSTRIELLES
LâannĂ©e de tous les dangers«N
ous voulons construire desséries générales technolo-giques industrielles » a
dĂ©clarĂ© un inspecteur gĂ©nĂ©ral lorsde la derniĂšre commission pro-fessionnelle consultative de lamĂ©tallurgie. Lâorientation des for-mations serait donc profondĂ©mentmodifiĂ©e.En effet, des groupes de travail,pilotĂ©s par lâInspection GĂ©nĂ©rale(IG), ont commencĂ© Ă Ă©laborerles maquettes des cinq baccalau-rĂ©ats technologiques industriels(1).Selon nos informations, lâIns-pection GĂ©nĂ©rale chercherait Ă redĂ©finir des contenus davantagetransversaux et plus tournĂ©s versdes concepts gĂ©nĂ©raux. AinsidisparaĂźtraient les supports spĂ©-cifiques (bois, systĂšmes motori-
sĂ©s, structurelles mĂ©talliques,optiques, matĂ©riaux...) au profit depĂ©dagogies davantage centrĂ©essur lâanalyse systĂšme. ConcrĂšte-ment, dans les Ă©tablissements neseraient conservĂ©s quâenviron30% des Ă©quipements. Dans lemĂȘme temps, les horaires Ă©lĂšvesseraient limitĂ©s aux alentours de30-32 heures, la langue vivante 2serait imposĂ©e, ce qui entraĂźneraitune forte baisse des horaires desenseignements technologiques.Sâil est nĂ©cessaire de rĂ©nover lescontenus des STI, cette rĂ©novationne peut pas faire abstraction delâexistant.Pour le SNES, une des failles duprojet de lâIG est de ne pas avoiranalysĂ© les motivations des Ă©lĂšvesqui suivent ces formations. En
particulier, pourquoi ce sont lesformations les plus gĂ©nĂ©rales quiperdent des Ă©lĂšves, alors que lesformations centrĂ©es sur desdomaines spĂ©cifiques maintien-nent leurs effectifs ?En gĂ©nĂ©ralisant les STI, on perdrade fait les formations les plus por-teuses : lâInspection GĂ©nĂ©ralecommet une erreur dâanalyse dra-matique pour les formationsindustrielles, pour les enseignantset pour la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.La force des sĂ©ries technologiquesest de dĂ©velopper des activitĂ©s etdes projets sâappuyant sur dessupports techniques choisis parles Ă©lĂšves en relation avec leurprojet de formation vers le bac etau-delĂ . Il ne faudrait pas oubliercette rĂ©alitĂ©. Il faudrait en parti-
culier mettre en dĂ©bat le cadragede cette rĂ©forme(2), et travailler Ă la fois sur les contenus des ensei-gnements technologiques et gĂ©nĂ©-raux en cohĂ©rence et complĂ©-mentaritĂ©. ïżœ
Thierry Reygades
(1) Voir LâUS n° 607 du 16/10/2004.(2) Le SNES rĂ©clame « la lettre decadrage » que le ministĂšre refuse defournir.
CONSEILLERS PRINCIPAUX DâĂDUCATION
LâĂ©volution du mĂ©tier au regard de la loi dâorientationL
a loi dâorientation de 1989,en modifiant le statut de1970, avait ouvert de nou-
velles perspectives Ă la concep-tion du mĂ©tier. En inscrivant dansun dĂ©cret « les CPE sont associĂ©saux personnels enseignants pourassurer le suivi individuel desĂ©lĂšves et procĂ©der Ă leur Ă©valua-tion...», elle confĂšre aux CPE unchamp de responsabilitĂ©s plusimportant.Mais le CPE ne dispose pas dâuncontenu de programme Ă trans-mettre, mais plutĂŽt des savoir-faire et des savoir-ĂȘtre qui contri-buent Ă permettre Ă lâĂ©lĂšve deconstruire ou de consolider sespropres savoirs et de communi-quer. Ces « savoirs » ne peuventpas ĂȘtre mis sur le mĂȘme planque les notes des contrĂŽles orauxet Ă©crits par matiĂšre. Son rĂŽle estsurtout de mettre des Ă©lĂšves dansles meilleures conditions pos-sibles dâapprentissage.La «note vie scolaire » ne peutĂȘtre une apprĂ©ciation chiffrĂ©e, etlâobtention dâun diplĂŽme doit res-ter liĂ©e Ă lâĂ©valuation de rĂ©sultatset en aucun cas Ă lâattitude ou aucomportement, ou Ă lâengagementde lâĂ©lĂšve dans la vie de lâĂ©ta-blissement. Le CPE lors desconseils de classe intervient dans
lâapprĂ©ciation globale, en appor-tant des informations complĂ©-mentaires sur les Ă©lĂšves, il peutexpliquer un comportement, ourelativiser certaines analyses. Ilest souvent la mĂ©moire de la sco-laritĂ© et dâune partie du vĂ©cu desĂ©lĂšves. Il assure le lien tout lelong de la scolaritĂ©, surtout lors-quâil suit, comme câest souvent lecas, des cohortes dâĂ©lĂšves.La traduction comportementaledans une note chiffrĂ©e « vie sco-laire», serait susceptible dâaltĂ©-rer le relationnel qui existe entrele CPE et les Ă©lĂšves. Par exemple,les fonctions de mĂ©diation,dâĂ©coute, sâen trouverait dĂ©natu-rĂ©es. Lâapprentissage Ă lacitoyennetĂ© conçu comme desrĂ©flexions et pratiques forma-trices, pourrait conduire certainsĂ©lĂšves Ă devenir des profession-nels de la dĂ©lĂ©gation. Il ne peut enaucun cas ĂȘtre confondu avec lapratique de la civilitĂ©, car lacitoyennetĂ© Ă lâĂ©cole ne doit pasdevenir le nouveau nom de la dis-cipline ou ĂȘtre le substitut de lâau-toritĂ© perdue.A la diffĂ©rence des professeurs, leCPE gĂšre non un groupe restreintdâĂ©lĂšves, mais une masse sou-mise Ă une discipline collective delâĂ©tablissement. Souvent seul en
collĂšge, le CPE ne peut connaĂźtretous les Ă©lĂšves de la mĂȘme façon,et lâĂ©valuation par le biais dâunenote chiffrĂ©e serait dĂ©licate, voireimpossible et surtout partiale.LâĂ©valuation de lâassiduitĂ© et du
comportement doit rester cequâelle est aujourdâhui, unesimple possibilitĂ© de mention surles bulletins et non devenir unenote de conduite. ïżœ
Evelyne Salé
AFFECTATION DES ENSEIGNANTS Ă ST-PIERRE-ET-MIQUELON ET DES CPE ET CO-PSY Ă MAYOTTE
Le BO du 16 dĂ©cembre 2004 rappelle les modalitĂ©s de candidature pourles collectivitĂ©s territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte. Le dossier doit ĂȘtre rempli en l igne sur le site SIAT(www.education.gouv.fr, rubrique « personnels, concours, carriĂšre »puis « enseignants ») du 10 au 24 janvier 2005, puis Ă©ditĂ© en deuxexemplaires (piĂšces justificatives en un seul exemplaire) et transmis auchef dâĂ©tablissement avant le 25 janvier 2005. Lesdits dossiers devrontĂȘtre reçus par la DPE B4 avant le 7 fĂ©vrier 2005. Sont concernĂ©s par ce mouvement tous les personnels du second degrĂ©souhaitant sâinstaller Ă Saint-Pierre et les seuls CPE, CO-Psy et directeurde CIO souhaitant muter Ă Mayotte. Cette annĂ©e encore le MEN « ne donne pas priorité» (sic !) aux collĂšguesde plus de 56 ans et Ă ceux ayant accompli moins de deux annĂ©es dansune acadĂ©mie mĂ©tropolitaine ou dans le mĂȘme DOM. Deux conditions tota-lement inacceptables parce quâelles tendent Ă limiter sans aucune jus-tification la mobilitĂ© des personnels... ce que nous combattrons lors dela FPMN correspondante.Pour tout renseignement concernant les conditions de vie et de rĂ©mu-nĂ©ration dans ces deux territoires, vous pouvez consulter le site dusecteur Hors de France (www.hdf.snes.edu), rubrique recrutement puisTOM, ou nous joindre par tĂ©lĂ©phone (01 40 63 29 41) ou par [email protected]. Nâoubliez pas de nous faire parvenir votre fiche syndicale (tĂ©lĂ©chargeablesur notre site) !
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32 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
METIERCO-PSY
De qui parle le ministre ?
RENTRĂE 2005 EN COLLĂGE
Mise en place de la nouvelle TroisiĂšme
Le projet de loi dâorientationpour lâĂcole, qui est en faitune rĂ©vision du code de
lâĂducation, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© auCSE le 16 dĂ©cembre. Il nâa reçu lesoutien que du MEDEF, de laCG PME, de lâAssociation desmaires de France et de la CGC.Pour lâessentiel les mesures lesplus rĂ©trogrades ont Ă©tĂ© mainte-nues : retour Ă un lycĂ©e filiarisĂ©,disparition du deuxiĂšme ensei-gnement de dĂ©termination,bourses au « mĂ©rite », dĂ©lestageprĂ©coce vers lâapprentissage, socleminimum pour les uns et ouver-ture culturelle pour les autres...En ce qui concerne lâorientation,le code de lâĂ©ducation qui reprend
les lois existantes, notamment laloi de 1989 nâĂ©voque que les«personnels dâorientation». Nousavions dĂ©jĂ alertĂ© Ă lâĂ©poque, surle flou dâune telle appellation quipeut dĂ©signer nâimporte qui.Dans le rapport annexĂ© au projetde loi, le ministre confie aux« conseillers dâorientation » lamission de prĂ©voir avec les pro-fesseurs principaux les actionsqui permettront aux Ă©lĂšves de prĂ©-parer leur poursuite dâĂ©tudes ouleur avenir professionnel.De quels personnels sâagit-il ?Officiellement il nây a plus de«conseillers dâorientation » danslâĂducation nationale !Contrairement Ă ce quâaffirmait
encore le cabinet lors de notrederniĂšre audience, le MENsemble donc bien avoir tranchĂ©sur les Ă©volutions du corps quiapparemment passeraient obliga-toirement par la suppression dutitre de psychologue ! Lâajout dans le projet de loi de larĂ©fĂ©rence aux « perspectives pro-fessionnelles liĂ©es aux besoinsprĂ©visibles de lâĂ©conomie »confirme la volontĂ© dâencadrerles possibilitĂ©s dâorientation enfonction des dĂ©bouchĂ©s locaux etĂ court terme. (On remarque quela premiĂšre rĂ©daction qui situaitles besoins sur le long terme aĂ©tĂ© modifiĂ©e.) Ce projet doit ĂȘtreprĂ©sentĂ© au conseil des ministres
du 12 janvier. Câest le moment devous exprimer en faisant parvenirdes messages au cabinet duministre pour protester contre lamise en place dâune Ăcole sĂ©grĂ©-gative oĂč les choix dâorientationseront largement dĂ©terminĂ©s dĂšsle dĂ©but du collĂšge et oĂč il sâagitdavantage de rĂ©vĂ©ler des «talents » que de les faire naĂźtre etde les dĂ©velopper. Dans cecontexte, câest sĂ»r, des conseillersdâorientation-psychologuesseraient, comme le soulignelâOCDE, trop « coĂ»teux » !Alertons les parents, informonsles Ă©lus et participons activementĂ la grĂšve du 20 janvier. ïżœ
Catherine Remermier
La nouvelle TroisiĂšme seramise en Ćuvre Ă la rentrĂ©eprochaine, conformĂ©ment Ă
lâarrĂȘtĂ© du 2 juillet 2004, publiĂ© auBO n° 28 du 15 juillet 04 (consul-table sur notre site). DĂ©sormais ilnây aura plus quâune classe deTroisiĂšme et la LV2 devient obli-gatoire pour tous les Ă©lĂšves (saufceux en grande difficultĂ© qui choi-siront le module de dĂ©couverteprofessionnelle de sixheures).Parmi les nouveautĂ©s, figure lâop-tion de dĂ©couverte professionnellede trois heures (DP3) dont lecontenu sera dĂ©fini par un arrĂȘtĂ©soumis au prochain CSE. Nousrappelons que le SNES nâa jamais
Ă©tĂ© demandeur de cette option.Offerte Ă tous les Ă©lĂšves, elle doitselon nous constituer une ouver-ture culturelle sur le monde dutravail et lâensemble des mĂ©tiersexistants (pas seulement ceux prĂ©-parĂ©s par la voie professionnelle).Elle ne saurait se rĂ©duire Ă uneĂ©ducation Ă lâorientation, mais aucontraire amener les Ă©lĂšves Ă voirle travail «vivant» dans sa com-plexitĂ©, dans les ressources indi-viduelles et collectives quâil mobi-lise, dans ses Ă©volutions, Ă aborderdes notions Ă©lĂ©mentaires de droitdu travail, de sĂ©curitĂ© au travail...Si le texte soumis au CSE diffĂšreconsidĂ©rablement du projet initial
et prend en compte certaines denos critiques, le contenu de cetteoption reste dĂ©cevant Ă bien desĂ©gards : nous y reviendrons dansune prochaine US.Ne constituant pas une discipline,cette option a vocation Ă ĂȘtre priseen charge par une Ă©quipe pluri-disciplinaire restreinte. Au-delĂ du respect du volontariat des per-sonnels que nous exigeons (afinque lâoption ne serve pas devariable dâajustement des ser-vices) se pose la question lĂ©gi-time de leur formation. Se poseĂ©galement la question du finan-cement de ces trois heures dans lecontexte actuel de saignĂ©e bud-gĂ©taire. Pour toutes ces raisons,nous appelons les personnels descollĂšges Ă refuser systĂ©matique-ment de mettre en place cetteoption si lâĂ©tablissement ne reçoitpas le complĂ©ment de dotationnĂ©cessaire (et a fortiori si aucuneĂ©quipe ne se porte volontaire). Rien ne justifie que les Ă©lĂšvesconcernĂ©s par lâoption de troisheures soient regroupĂ©s dans unemĂȘme classe. Mais le module desix heures (DP6) implique davan-tage la constitution dâune classe,celle-ci Ă©tant alors plutĂŽt implan-tĂ©e en LP. Cette mesure transi-toire rĂ©servĂ©e, Ă notre demande, Ă un public restreint dâĂ©lĂšves repĂ©-rĂ©s en voie de dĂ©crochage sco-laire fera lâobjet dâune Ă©valuationau terme de deux annĂ©es de fonc-
tionnement. Quâelle soit implan-tĂ©e en collĂšge ou en LP, la classeĂ DP6 doit garantir aux Ă©lĂšvesconcernĂ©s le mĂȘme tronc com-mun que les autres (hormis laLV2) avec respect des horaireset programmes nationaux pourchaque discipline. Nous deman-dons donc un effectif restreintpour permettre aux Ă©lĂšves dâentrerefficacement dans tous lesapprentissages.La classe a vocation Ă se substituerĂ toutes les classes plus ou moinsdĂ©rogatoires actuelles (TroisiĂšmedâinsertion, technologique, prĂ©-paratoire Ă la voie profession-nelle...). Nous avons toutefoisappris que la DESCO souhaiteune suppression « en biseau » desTroisiĂšmes dâinsertion. LĂ oĂč ellesexistent, il appartient aux Ă©quipesconcernĂ©es de faire remonter Ă leur IA (via le CA) si elles sou-haitent le maintien ou la fermeturede leur TroisiĂšme dâinsertion... etĂ en informer le S2/S3. Lâim-plantation en LP de ces classesĂ©tant dĂ©cidĂ©e par lâautoritĂ© aca-dĂ©mique, aprĂšs consultation desComitĂ©s techniques paritaires,câest en effet aux niveaux dĂ©par-temental et acadĂ©mique que leSNES pourra veiller Ă ce quâellesne soient pas crĂ©Ă©es Ă cĂŽtĂ© desTroisiĂšmes dĂ©rogatoires exis-tantes, mais bien Ă la place. ïżœ
Ingrid Huet etMonique Parra-Ponce
ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES : INSCRIVEZ-VOUS AU COLLOQUE
ET SIGNEZ-LE MANIFESTENâoubliez pas de vous inscrire au col-loque national SNES-SNEP des 3 et4 fĂ©vrier 2005 (voir US n°611 du 17dĂ©cembre 2004). Pour tout renseigne-
ment : http://www.snes.edu/clet/rubrique.php3?id_rubrique=94 ou 01 4063 28 47.Le manifeste SNES-SNEP pour lâArt Ă lâĂ©cole est dĂ©jĂ signĂ© par des orga-nisations syndicales et associations : APEMU, CRAP, SNUEP-FSU, SNEPAP-FSU, SNU-CLIAS-FSU, SNAC-FSU, SNESUP-FSU, SNUPDEN-FSU, SNICS-FSU, UNSEN-CGT. Signez-le, diffusez-le et faites-le signer.Il est signable en ligne : http://www.snes.edu/petitions/?petition=5 ettĂ©lĂ©chargeable : http://www.snes.edu/clet/article.php3?id_article=856(voir aussi lâUS n°611 du 17 dĂ©cembre 2004).
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CoopĂ©ration syndicaleLe SNES est engagĂ© depuis plusieurs annĂ©es avecla NEA (USA), la FCE (Canada) et lâAEU (Australie),dans le programme de coopĂ©ration syndicale JohnThompson ; ce programme est destinĂ© Ă la forma-tion de responsables syndicaux de pays dâAsie,avec lâobjectif de renforcer leurs capacitĂ©s dâorga-nisation et dâaction. La session 2004 sâest tenue du13 au 29 octobre Ă Kuala Lumpur (Malaisie) avec22 stagiaires venus de syndicats de sept Ă©tats delâInde, et du Sri Lanka. Le SNES a co-financĂ© et par-ticipĂ© Ă la conception et Ă lâanimation du stage.
« Pratiquer la dĂ©mocratie »Un nouveau programme de formation « Pratiquerla dĂ©mocratie » conçu par le SNES et mis en Ćuvrepar le CSFEF aprĂšs une prĂ©paration collective dansune cellule pĂ©dagogique pluriculturelle, a Ă©tĂ© testĂ©Ă Dakar (SĂ©nĂ©gal) du 25 au 28 octobre 2004 et Ă Libreville (Gabon) du 31 octobre au 4 novembre.Ă Libreville ont participĂ© les responsables syndicauxdu SENA (20 personnes) ; Ă Dakar y ont participĂ©5 syndicats de lâĂ©ducation, en tout 57 sĂ©minaristes.Le programme a remportĂ© un franc succĂšs : durantles deux derniers jours les participants se sontcrĂ©Ă©s leurs propres supports dâintervention dansdes assemblĂ©es publiques avec leurs compa-triotes : dessins, chants, labyrinthe, textes ont Ă©tĂ©conçus afin de rappeler le sens profond du vote, Ă la fois pouvoir, droit et devoir, condition politiquede toute dĂ©mocratie.
Formation
Stage
INTERNATIONAL
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 33
Ces deux Ă©vĂ©nements se sont dĂ©roulĂ©savec la participation des ONG impli-quĂ©es dans le processus de lâĂducation
Pour Tous. Les syndicats francophones prĂ©sentsont Ă©tĂ© pris en charge grĂące Ă une subventionde lâAgence Intergouvernementale de la Fran-cophonie, via le ComitĂ© syndical francophonede lâĂ©ducation et de la formation (CSFEF).La prĂ©sentation des Ă©tudes de cas rĂ©gionalesdâAfrique, dâAsie, dâAmĂ©rique Latine et dumonde arabe a permis de lancer le dĂ©bat surle renforcement des capacitĂ©s des organisa-tions de la sociĂ©tĂ© civile (OSC), et dâexami-ner les besoins rĂ©els sur le terrain et les dĂ©fismajeurs Ă relever.Des discussions inter-rĂ©gionales sur la dĂ©fini-tion des prioritĂ©s conjointes selon les besoinscommuns ont permis de dĂ©gager les orienta-tions suivantes : les ressources pour le renfor-cement des capacitĂ©s ; la mise en rĂ©seau ; lepartage de ressources pour le renforcementdes capacitĂ©s ; lâĂ©largissement et le dĂ©place-ment des modĂšles/cadres de renforcementdes capacitĂ©s ; lâengagement dans les poli-tiques de dĂ©veloppement de lâĂ©ducation ; ladĂ©finition des objectifs stratĂ©giques, desactions possibles et des partenaires.Ces prioritĂ©s devraient ĂȘtre transformĂ©es enplans dâaction au niveau rĂ©gional. La dĂ©fini-tion du rĂŽle de la consultation collective desONG sur lâEPT (CCONG/EPT) ainsi quecelui de lâUNESCO ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s. Toute-fois, un accent particulier a Ă©tĂ© mis sur lâĂ©la-boration des plans dâaction nationaux et lamise sur pied des vĂ©ritables coalitions natio-nales prenant en compte tous les partenairesimpliquĂ©s dans lâĂducation Pour Tous.Les travaux de la rĂ©union annuelle de laCCONG ont dĂ©butĂ© par le lancement rĂ©gio-nal du Rapport mondial de suivi 2005 qui asuscitĂ© un vĂ©ritable dĂ©bat, notamment surlâefficacitĂ© du dispositif pour atteindre lâob-jectif EPT, et sur la place accordĂ©e Ă la sociĂ©-tĂ© civile dans lâĂ©laboration et lâexĂ©cution desplans nationaux.La projection dâune cassette vidĂ©o sur lesjeunes et les enfants dans les zones deconflit, qui traitait de la Palestine, a soulevĂ©un dĂ©bat houleux autour de lâĂ©laborationdâune dĂ©claration devant tenir comptedâautres zones dans le monde se trouvantdans la mĂȘme situation, telles que : la RĂ©pu-blique DĂ©mocratique du Congo (RDC), leDarfour et autres...Des initiatives du dĂ©veloppement de laCCONG/EPT ont Ă©tĂ© mises en exergue. Ilsâagit : dâune initiative dâalphabĂ©tisation pour
les exclus ; de contributions de la sociĂ©tĂ© civi-le au Rapport de suivi mondial 2006 ; decontributions des OSC au sommet mondialsur les objectifs du dĂ©veloppement du millĂ©-naire (ODM).En conclusion, les participants ont manifestĂ©leur inquiĂ©tude quant Ă lâatteinte des objectifsde lâEPT par rapport Ă la situation actuelle surle terrain et les insuffisances de financement. Lessyndicats, minoritaires dans ces assises, ontinsistĂ© Ă travers leurs interventions surlâĂducation publique et de qualitĂ© pour tous quimet lâenseignant au centre car son action estdĂ©terminante dans le processus.Certains participants ont a nouveau mis enaccusation les Ătats du Nord qui prĂ©tendentvouloir rĂ©aliser les objectifs de Dakar surlâEPT alors quâils mĂšnent des politiquescontraires aussi bien dans leurs coopĂ©rationsbilatĂ©rales quâĂ travers les instances interna-tionales oĂč ils siĂšgent. Ces critiques portentnotamment sur les politiques qui sont impo-sĂ©es aux Ătats en matiĂšre de recrutement, deformation et de rĂ©munĂ©ration des person-nels.Afin de jouer un rĂŽle plus efficace dans ceprocessus de promotion et de rĂ©alisation delâEPT, les organisations syndicales et lesONG francophones ont dĂ©cidĂ© de la mise enplace dâun rĂ©seau dâinformation et dâĂ©chan-ge pour permettre aux coalitions nationalesde sâenrichir de rĂ©ussites dâautres pays etpour peser plus efficacement au niveau inter-national. ïżœ
Roger Ferrari
ĂDUCATION POUR TOUS (EPT). Ă Beyrouth, se sont tenus sous lâĂ©gide delâUNESCO, le sĂ©minaire international sur le renforcement des capacitĂ©spour lâengagement de la sociĂ©tĂ© civile dans les politiques de lâEPT du 7 au8 dĂ©cembre 2004, ainsi que la rĂ©union annuelle 2004 de la consultationcollective des ONG sur lâĂducation Pour Tous du 9 au 11 dĂ©cembre 2004.
Rencontre de Beyrouth
NOS COLLĂGUES EN AFRIQUELa situation sociale de nos collĂšgues en Afrique ne sâamĂ©liore pas. Nous avons eu des contactstĂ©lĂ©phoniques avec des organisations membres de lâIE. Dans plusieurs pays les enseignants ontappelĂ© Ă des manifestations et Ă des actions de grĂšve. Câest le cas notamment au BĂ©nin, au SĂ©nĂ©galet au Niger pour les salaires et le dĂ©roulement des carriĂšres.Au BĂ©nin. Les collĂšgues font 3 jours de grĂšve par semaine depuis le 12 octobre 2004, le SecrĂ©tairegĂ©nĂ©ral du SYNEMP BĂ©nin nous a prĂ©cisĂ© les demandes qui sont : paiement des rappels de pro-motion ; le dĂ©crochage du traitement des enseignants de la grille salariale de la fonction publique ;la nĂ©gociation du statut juridique des contractuels de lâĂtat ; bilan de santĂ© pour les enseignants ;droit Ă la formation continue pour tous les enseignants.Au Niger. Dans un rĂ©cent contact, le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat des Enseignants du Niger(SNEN) nous a dit : « Les cours nâont pas repris normalement au Niger depuis le 4 octobre 2004,câest la grande mobilisation des enseignants dans tout le pays, il y a des meetings, des marches Ă lâappel du SNEN ». Les revendications sont : Ă©valuation des Ă©lĂšves par les enseignants ; dĂ©blocagedes salaires et des rĂ©gimes indemnitaires bloquĂ©s depuis 5 ans ; rĂ©forme de la retraite des ensei-gnants ; arrĂȘt du recrutement dâenseignants non qualifiĂ©s appelĂ©s « volontaires » ; recrutementdâenseignants qualifiĂ©s.AprĂšs toutes ces actions et des interventions des associations de parents dâĂ©lĂšves et des droitsde lâhomme, le gouvernement nigĂ©rien a annoncĂ© lâouverture des nĂ©gociations avec les syndicats.Le SNES suit attentivement lâĂ©volution de la situation. Issa Koulibaly
34 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
CATĂGORIESTAUX DE RĂMUNĂRATION DES HSA ET DES HEURES DE COLLES, MAXIMA DE SERVICE : câest la confusion la plus totale depuis que lâadministration utilise des logiciels mal programmĂ©s, qui remettent en cause rien moins que les dĂ©crets de 1950.
CPGE : heures supplémentaires,entre gabegie et irresponsabilitéD
âune acadĂ©mie Ă lâautre, onest stupĂ©fait de lâampleurde la confusion qui sâest
installĂ©e depuis quâen dĂ©pit detoute logique, lâadministrationsemble avoir dĂ©cidĂ© que le tauxde rĂ©munĂ©ration des HSA desprofesseurs de CPGE serait liĂ© Ă lâeffectif de la classe oĂč ilsenseignent. Les collĂšgues ayantdes effectifs plĂ©thoriques aurontainsi une augmentation dâenvi-ron 10 %, ceux en effectifsfaibles une diminution du mĂȘme
ordre, la majoritĂ© ne sera pastouchĂ©e. Pourtant la circulairedu 29 mars 2004, qui doit beau-coup Ă la persĂ©vĂ©rance duSNES, en abrogeant les inĂ©gali-tĂ©s entre disciplines, avait clari-fiĂ© la situation. Il nâexiste plusque deux maxima de service debase : 10 heures en premiĂšreannĂ©e, 9 heures en deuxiĂšmeannĂ©e et lâon attendait une sim-plification du mĂȘme ordre pourla rĂ©munĂ©ration des HSA et desheures de colles. Des effectifs
faibles ou plĂ©thoriques peuventmodifier ces maxima mais pour-quoi cela aurait-il dĂ©sormaisune incidence sur le taux desHSA ? Cette mesure noussemble injuste et, aprĂšs enquĂȘteet courriers auprĂšs de la DPE,lâorigine de celle-ci reste incon-nue, les rectorats rĂ©pondent« câest le logiciel, câest le logi-ciel ! ». Si lâon persistait, câesttoute lâinterprĂ©tation du dĂ©cretde 1950 depuis 53 ans quâil fau-drait revoir et une telle mesuredevrait alors sâappliquer auxprofesseurs du secondaire. Parexemple lâheure de premiĂšrechaire produirait mĂ©canique-ment une augmentation de 7 %du taux de lâHSA. Mais ontouche Ă lâabsurditĂ© la plusaiguĂ« lorsque lâon apprend quecertains rectorats sâapprĂȘtent Ă payer les heures dâinterrogation(colles) selon les effectifs de laclasse, alors que ces interroga-
tions sont individuelles ou pargroupe de 3 (scientifiques) Ă 12(informatique) ! Le logiciel en adâailleurs perdu la raison, cer-tains codes taux Ă©tant introu-vables, tout paiement est sus-pendu jusquâĂ nouvel ordre. Lesprofesseurs, les Ă©tudiants ouassistants qui interrogent enprĂ©pa depuis le mois de sep-tembre apprĂ©cieront. Pour notrepart, nous sommes sidĂ©rĂ©s de lalĂ©gĂšretĂ© de lâadministration, quinâa consultĂ© personne, a dĂ©jugĂ©une prĂ©cĂ©dente directive de ladirection des affaires financiĂšreset renvoie maintenant la respon-sabilitĂ© au bureau des classesprĂ©paratoires, qui sâoccupe dequestions pĂ©dagogiques ! Nousattendons une rĂ©ponse claire Ă ce sujet avant de publier de nou-veaux taux, car nous espĂ©ronsque la raison prĂ©vaudra. ïżœ
Jean-Hervé [email protected]
DE NOUVELLES PROCĂDURES D'ĂVALUATION DES ENSEIGNANTS sont expĂ©rimentĂ©es dans le plus grand secret.Elles concentrent dans les mains du chef d'Ă©tablissement l'essentiel de l'Ă©valuation.
Infantile et malsainL
âĂ©valuation des fonction-naires est en pleine transfor-mation. Cette Ă©volution, le
ministĂšre voudrait bien l'Ă©tendreĂ tous les personnels de lâĂduca-tion nationale, en particulier auxenseignants. Des expĂ©riencessont mises en place dans cer-tains Ă©tablissements, souventdans le plus grand secret, sansaucune concertation. Cela donnedes rĂ©sultats comme celui quevous trouverez ci-joint. Si lesujet nâĂ©tait pas aussi sĂ©rieux onpourrait sourire de lâapprĂ©cia-tion (A pour acquis, NA pournon-acquis, etc.) qui est la copiedu modĂšle d'Ă©valuation desĂ©lĂšves du premier degrĂ©. Chacunaura notĂ© que les items proposĂ©s
portent, pour une part impor-tante, sur lâactivitĂ© pĂ©dagogiquede l'enseignant dont lâĂ©valuationse trouve, de fait, transfĂ©rĂ© auchef dâĂ©tablissement. On sedemande comment un chefdâĂ©tablissement peut apprĂ©cier«lâadaptation aux programmes»ou « la lisibilitĂ© de la progres-sion» pour lâenseignement dansune discipline oĂč il n'a aucunecompĂ©tence. Lâabsence de noteclĂŽturant cette Ă©valuation metbien en Ă©vidence la volontĂ© dene plus faire appel Ă desbarĂšmes chiffrĂ©s, barĂšmes dontlâexistence est pourtant le seulmoyens dâassurer une vĂ©ritabletransparence. Ă travers une telleĂ©valuation câest la nature mĂȘme
de notre mĂ©tier qui est remis encause, lâessentiel des item repo-sant soit sur lâapparence soit surdes activitĂ©s qui ne constituentpas le noyau dur du mĂ©tier dâen-
seignant. Aujourdâhui le minis-tĂšre reste silencieux sur cesexpĂ©rimentations.
Daniel [email protected]
MAXIMA DE SERVICE CPGESelon le dĂ©cret de 1950, les maxima de service CPGE sâappliquentaux professeurs ayant un service complet en classes prĂ©paratoires.Nul besoin dâavoir un poste Ă©tiquetĂ© CPGE pour en bĂ©nĂ©ficier, lescollĂšgues effectuant une supplĂ©ance complĂšte en CPGE y ont aussidroit. Depuis la rentrĂ©e, invoquant lâutilisation dâun nouveau logi-ciel, certains rectorats contreviennent au dĂ©cret de 1950 : câest trĂšsgrave et nous intervenons fermement. Lâinformatique est au servicede lâhomme, et non le contraire.
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 35
Candidatures et sĂ©lectiondes dossiersMinistĂšres, hĂŽpitaux et collecti-vitĂ©s territoriales sont invitĂ©s Ă proposer des postes pour lâac-cueil en dĂ©tachement des ensei-gnants. Pourront y postuler lesenseignants totalisant au moinsquinze annĂ©es de service dâen-seignement. Les modalitĂ©s decandidature et de formulationdes vĆux doivent ĂȘtre prĂ©cisĂ©espar arrĂȘtĂ© et ne sont pas encoreconnues. Une « commission dâinstructionet dâorientation » crĂ©Ă©e auprĂšsdu recteur formule un avis surchaque dossier, en fonction desprĂ©fĂ©rences du candidat, Ă partirde la qualification et des « com-pĂ©tences et de la maniĂšre deservir » des candidats, apprĂ©-ciĂ©es par lâinspecteur et le chefdâĂ©tablissement.Câest ensuite Ă lâadministrationdâaccueil de faire connaĂźtre sonchoix parmi les dossiers qui luiauront Ă©tĂ© transmis.
DĂ©tachement puisintĂ©grationPendant la premiĂšre annĂ©e, lâen-seignant est dĂ©tachĂ© auprĂšs desa nouvelle administration. Ilreçoit une formation dâadapta-tion Ă lâemploi. Il lui est garantiune « rĂ©munĂ©ration globale » aumoins Ă©gale Ă celle quâil perce-vait antĂ©rieurement.
Ă lâissue de cette premiĂšreannĂ©e, lâintĂ©gration dans le nou-veau corps ou cadre dâemploipeut ĂȘtre prononcĂ©e Ă la demandede lâintĂ©ressĂ© et sous rĂ©serve delâaccord de lâadministration dâac-cueil. LâĂ©ventuelle indemnitĂ©compensatrice qui maintenait sarĂ©munĂ©ration globale antĂ©rieurecesse de lui ĂȘtre versĂ©e. Sa rĂ©mu-nĂ©ration suit alors les rĂšgles ducorps dâaccueil, le reclassementĂ©tant censĂ© assurer un indicesupĂ©rieur ou Ă©gal Ă celui dĂ©tenuantĂ©rieurement. Pendant cinq ans, le retour dansle corps dâorigine est de droit.
Lâintervention syndicaleLâintervention de la FSU a per-mis en premier lieu, dâouvrir lebĂ©nĂ©fice de ce dispositif Ă tousles enseignants du premier et dusecond degrĂ©, le projet initialĂ©cartait les AE, PEGC, institu-teurs et CE dâEPS. En revanche,le texte votĂ© par le Parlement nementionne que « les corpsenseignants », Ă©cartant notam-ment les personnels dâĂ©ducationet dâorientation. En commissiondu conseil supĂ©rieur, la FSU avotĂ© un vĆu pour quâils puis-sent ĂȘtre concernĂ©s.En second lieu, nous avons faitretirer comme Ă©lĂ©ment dâapprĂ©-ciation de la valeur profession-nelle « lâinvestissement profes-sionnel au-delĂ de la classe, dans
SUR LE FOND
Départs anticipési
Dispositif longuescarriĂšresDepuis le 1er janvier 2005 les dĂ©partsen retraite anticipĂ©e sont dĂ©sormaisaccessibles aux fonctionnaires (loi deFinances pour 2005, article 119), maismalgrĂ© les amĂ©liorations obtenues surle dispositif initialement envisagĂ©(suppression de la durĂ©e minimum deservices publics), les conditions exi-gĂ©es restent restrictives et le disposi-tif nâentrera pleinement en vigueurquâen janvier 2008.Voir supplĂ©ment Ă LâUS n° 604 du16 juin 2004, page 14.
Retraite des fonctionnairesiparents de trois enfantsi
Un nouveau reculvotĂ© au SĂ©natLes dispositions applicables pour ledĂ©part en retraite des fonctionnairesparents de trois enfants viennentdâĂȘtre brutalement modifiĂ©es (1). Ledroit Ă la liquidation de la pension deretraite avant 60 ans et aprĂšs 15 ansde service est dĂ©sormais liĂ© Ă la« condition dâune interruption de lâac-tivitĂ© pour chacun des enfants ».Lâamendement adoptĂ© Ă©carte de faitles pĂšres de famille du droit Ă cettedisposition. Il sâapplique Ă toutes lesdemandes qui nâont pas encore donnĂ©lieu Ă une dĂ©cision de justice. Il va Ă©galement se traduire par unerĂ©gression pour de nombreusesfemmes. LâexpĂ©rience a en effet mon-trĂ© quâun tel arbitrage, dĂ©jĂ retenupour la bonification pour enfant, a defait privĂ© aussi des milliers de mĂšresde ce droit. La FSU, avec les collĂšguesconcernĂ©es nâa cessĂ© de dĂ©noncer cesrĂ©gressions. En dĂ©pit dâune disposition complĂ©men-taire (2) permettant « dâassimiler Ă uneinterruption de lâactivitĂ© toute pĂ©riodenâayant pas donnĂ© lieu Ă cotisationobligatoire dans un rĂ©gime de base deretraite », ce vote nâen constitue pasmoins un nouveau recul des droits desfemmes fonctionnaires en matiĂšre deretraite.La FSU dĂ©plore le mĂ©pris avec lequelle gouvernement a systĂ©matiquementesquivĂ© ses questions sur ce dossier etdĂ©nonce tant le procĂ©dĂ© que la dĂ©ci-sion. La loi renvoie Ă la publication dedeux dĂ©crets en Conseil dâĂtat, dont larĂ©daction peut ĂȘtre dĂ©terminante pourun grand nombre de mĂšres de famille.La FSU poursuivra ses interventions etinvite les personnels Ă se mobilisermassivement le 20 janvier.
(1) Loi de finances rectificative pour 2004,article 136, JO du 31/12/04(2) Elle ne vaut, actuellement, que pour ce texte(parents de trois enfants).
SECONDE CARRIĂRE Le gouvernement annonce quâenviron 500 enseignantspourraient bĂ©nĂ©ficier dĂšs la rentrĂ©e 2005 dâun dĂ©tachement en application de la loi Fillon de 2003. Les dĂ©crets dâapplication seront publiĂ©s au coursdes prochaines semaines, mais les projets dâarrĂȘtĂ©s qui doivent les complĂ©terne nous sont pas encore connus.
Détachement, et plus si affinités
ou en dehors de lâĂ©tablissement ».Lâadministration a refusĂ© laconsultation des CAP, maissâest engagĂ©e Ă ce que la com-mission dâinstruction et dâorien-tation comprenne des reprĂ©sen-tants des personnels.Enfin, elle a Ă©cartĂ© notredemande dâassurer, le casĂ©chĂ©ant lors de lâintĂ©gration, lebĂ©nĂ©fice de lâindice Ă titre per-sonnel. ïżœ Anne FĂ©ray
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Sâil rĂ©pond Ă un besoin de mobilitĂ© professionnelle,ce dispositif est limitĂ©. Le gouvernement annonce500 emplois environ pour la rentrĂ©e 2005, un mil-lier par an ensuite alors que les ayants droit sontenviron 400 000.Les suppressions dâemploi annoncĂ©es hypothĂš-quent ces engagements et laissent prĂ©voir des ten-sions fortes dans les administrations dâaccueil quidevront dĂ©partager recrutements externes, promo-
tions de leurs agents et postes offerts aux ensei-gnants.La qualitĂ© de la formation sera dĂ©terminante.La FSU a rappelĂ© son opposition Ă la loi de rĂ©formedes retraites. Elle a renouvelĂ© ses demandes dâuneCPA attractive, de rĂ©tablissement des congĂ©s mobi-litĂ© et dâamĂ©lioration des conditions de travail.Elle sâest abstenue lors de la rĂ©union de la commis-sion des statuts du conseil supĂ©rieur.
NE PAS JETER SVPLa loi Fillon sur les retraites a Ă©tĂ© adoptĂ©e enjuillet 2003. Loin de « sauver le rĂ©gime parrĂ©partition » comme il a Ă©tĂ© dit, elle nâassuremĂȘme pas son financement Ă terme rapprochĂ©.Les nouveautĂ©s de la loi rendent encore pluscomplexe la constitution dâun dossier de pen-sion. Ce dossier reprend en effet la totalitĂ©dâune histoire professionnelle personnelle, mais aussifamiliale et sociale. Les difficultĂ©s ne sont certes pasnĂ©es avec la loi Fillon. Mais les dĂ©bats vifs auxquels ellea donnĂ© lieu ont conduit chacun Ă se poser dâune façondiffĂ©rente la question de la retraite.Lâobjet de ce livre est de rĂ©pondre Ă cette interrogation.Les auteurs se sont efforcĂ©s dâinformer trĂšs prĂ©cisĂ©-ment les collĂšgues pour la reconstitution de leur car-riĂšre, la constitution de leur dossier de retraite et lâĂ©va-
luation du montant de leur retraite de la tion publique. Ce livre a Ă©tĂ© conçu pour les militants syndicaux dans cette tĂąche, le souci dâinformer le plus clairement possur le contenu prĂ©cis de la rĂ©forme.Ce faisant, le livre est un moyen, Ă traverconnaissance informĂ©e de la question
retraites, de contribuer Ă reconstruire une mobilisatiodurable pour contraindre les pouvoirs publics Ă resur les nombreux aspects nĂ©gatifs de la loi en vigueudepuis le 1er janvier 2004.Les auteurs, Marcel Brissaud, Viviane Defrance, Domnique Deligny, Philippe Dupont, Anne FĂ©ray, ElizabeLabaye, Madeleine Lagane, Gilles Moindrot, Jean çois Quantin, Ărick StaĂ«len travaillent sur les quesde retraites au sein de la FSU et de ses divers syndic
BON DE COMMANDE
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ConnaĂźtre ses droits, calculer sa retraite
36 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
FENĂTRE SURLA VOIX DES PROFS
De fait, « il peut ĂȘtre tenu pour acquisquâentre la moitiĂ© et les trois-quarts desenseignants se sont plaints au cours de
leur carriĂšre de troubles vocaux ». Câest laconclusion dâune enquĂȘte rĂ©cente de lâINRSqui fait le point sur les donnĂ©es disponiblesĂ ce sujet, malheureusement insuffisammentĂ©tudiĂ© en France. Laryngites, rhinopharyngites, enrouement,douleurs dans le cou, raclements de gorgeâŠvoix fatiguĂ©e ou qui se casse, doivent alerterlâenseignant. Le soir, aprĂšs de nombreusesheures de cours, la voix peut ĂȘtre complĂšte-ment aphone, avec une gorge douloureuse. Ilpeut alors sâagir dâun Ă©puisement muscu-laire (hypokinĂ©sie), et peuvent se dĂ©velopperdes lĂ©sions (nodules, kystes). Une enquĂȘte de la MGEN (2001) met enĂ©vidence une forte prĂ©sence de laryngite etrhinopharyngite chez les enseignants (prĂšs de20 %, câest-Ă -dire 10 fois plus que les autresprofessions), alors que le nombre total dâaf-fections dĂ©clarĂ©es est plus faible chez lesenseignants que dans la population gĂ©nĂ©rale. La prĂ©valence est plus forte chez les femmes(23,4 %) que chez les hommes (14,4 %), etdans la tranche dâĂąge 30/39 ans (22,3 contre18,3 pour les plus de 50 ans), la lĂ©sion la plusfrĂ©quente Ă©tant le nodule de la corde vocale.Les enseignant(e)s de maternelle sont parti-culiĂšrement concernĂ©(e)s, sans doute en rai-son des techniques vocales utilisĂ©es, de la pri-mautĂ© de lâoral sur lâĂ©crit et de la nĂ©cessitĂ© decouvrir le bruit des enfants. Parmi les ensei-gnants du second degrĂ©, les professeursdâEPS sont particuliĂšrement touchĂ©s, ainsique les professeurs de langues et de fran-çais qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme « per-sonnels Ă risque », de mĂȘme que les ensei-gnants dĂ©butants qui ne maĂźtrisent pas encorelâutilisation de leur voix.
Quels sont les facteurs aggravants ?Le bruit est lâune des causes des difficultĂ©s :lâacoustique des salles, la rĂ©verbĂ©ration du
bruit, les chaises bruyantes, les gymnasesvastes et sonores, la mauvaise isolation parrapport aux pollutions acoustiques extĂ©-rieures, (travaux de rĂ©novation dans les Ă©ta-blissements, par exemple) sont des facteursentraĂźnant des comportements de forçagepour passer au-delĂ des bruits parasites.Les pollutions environnementales sont Ă©ga-lement des facteurs aggravants ; au-delĂ de lapollution ambiante, le travail quotidien dansles Ă©tablissements expose aux poussiĂšres decraie, Ă la prĂ©sence dans lâair de solvants(feutres), dâozone (photocopieuses)... Biendifficile dây Ă©chapper ! DâoĂč la nĂ©cessitĂ© detravailler lâ « instrument Ă cordes » quâest savoix, et de la protĂ©ger comme un violonisteson Stradivarius ! On sait dâailleurs que lesenseignants ayant pratiquĂ© dans lâenfance lechant ou le thĂ©Ăątre, ou qui sây adonnent dansleurs loisirs, prĂ©sentent moins de troublesque leurs collĂšgues (Ă©tudes de CarriĂšre etArnoux-Sindt, citĂ©es par lâINRS).Attention Ă©galement au tabac !
Quelle stratĂ©gie de prĂ©vention ?Aujourdâhui ces problĂšmes relĂšvent trĂšslargement encore dâune prise en charge indi-viduelle, chacun se dĂ©brouillant avec « sa »voix sans forcĂ©ment faire le lien avec sapratique ou son environnement profession-nel. Certes, la prise de conscience que lavoix des profs est lâinstrument de la trans-mission des savoirs et quâelle doit rester laplus harmonieuse possible a progressĂ©depuis quelques annĂ©es. Une circulaire du23 mai 1997 rappelle que lâenseignant « enfin de formation initiale » doit savoir « uti-liser lâespace et le geste et placer sa voix ».Mais lâintendance ne suit pas ! trop peu dâIUFM ont mis en place des formations Ă destination des stagiaires. Câest notammentle cas de lâIUFM de Paris. Cyrille Rault-Gregorio, formateur en Ă©du-cation musicale, chanteur et chef de chĆur,est lâun des maĂźtres dâĆuvre de cette for-mation :« Les modules â voix de lâenseignant â sedĂ©roulent en deux temps :âą Deux confĂ©rences (optionnelles) sur lavoix de lâenseignant. Il sâagit de prĂ©senter lefonctionnement physiologique du systĂšmephonatoire et dâobserver les risques liĂ©s Ă lâexercice du mĂ©tier dâenseignant ainsi quede donner des conseils plus techniques pour
LA VOIX EST LâINSTRUMENT DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS. Pour Anne Leymarie-Selles, orthophoniste, la voix « est lefruit dâune synergie entre la respiration, la vibration laryngĂ©e et la rĂ©sonance. Elle sâinscrit dans la globalitĂ© corporelleet psycho-sociale de chacun, avec son histoire passĂ©e et immĂ©diate de notre premier cri Ă notre dernier rĂąle, elle estnotre compagne si quotidienne que nous la nĂ©gligeons parfois ».*
Les profs et leur voix :un accord pas toujours parfait
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Bibliographieâą Corps et pĂ©dagogie, accord perdu entre le corps et le savoir ? CoordonnĂ© par VĂ©ronique Vanier - ADAPT Ăditions.
âą Troubles de la voix chez les enseignants, Ă©tude de LâINRS Documents pour la mĂ©decine du travail n° 98, 2e trimestre 2004.
âą EnquĂȘte Ă©pidĂ©miologique sur la santĂ© des mutualistes MGEN. Sous la direction de Viviane Kovess, 2001.
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 37
DOMINIQUE AUDOUX, médecin scolaire à Nevers, compétente en phoniatrie
Ă©viter la fatigue vocale (cas le plus gĂ©nĂ©ra-lement observĂ© dans les pathologies de lavoix chez lâenseignant).âąUne sĂ©rie de quatre sĂ©ances de travail enpetits groupes avec un professeur de chantcomplĂšte ces confĂ©rences et constitue la par-tie pratique de ce module. Il ne sâagit pas decours de chant mais de cours de placement dela voix permettant de prendre conscience denos possibilitĂ©s vocales.Le travail de la voix lyrique permet de dĂ©ve-lopper une utilisation de la voix optimale,notamment en ce qui concerne le rapportfatigue/puissance, câest pourquoi nous faisonsappel Ă ces personnes. Il va sans dire que, si ces sĂ©ances sont gĂ©nĂ©-ralement trĂšs utiles pour une premiĂšre dĂ©cou-verte, elles ne constituent pas une forma-tion suffisante pour placer la voixdĂ©finitivement (rien nâest dâailleurs dĂ©finitifen matiĂšre de voix). LâidĂ©al serait de pouvoirproposer quelques sĂ©ances dâune ou deuxheures dans le cadre de la formation continueĂ intervalle rĂ©gulier et ce, tous les deux outrois ans. La voix Ă©volue tout au long de lavie et les sensations que lâon dĂ©couvre dansle cadre de ce type de module se perdentassez rapidement. Les stagiaires de lâIUFM semblent trĂšs deman-deurs de ce type de cours et dâinformations carles modules sont tous complets.»
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Quel rĂŽle pourla mĂ©decine de prĂ©vention ?Lorsque le problĂšme nâa pas Ă©tĂ© traitĂ© en amontpar la formation, ce qui est le cas le plus frĂ©-quent, ce risque professionnel devrait impliquerdavantage la mĂ©decine de prĂ©vention : sans« surmĂ©dicaliser » la question, celle-ci peutjouer un rĂŽle de conseil, mais aussi intervenirauprĂšs des Ă©tablissements (examen des locaux,Ă©valuation de lâhygromĂ©trie, de lâambiancethermique, observation des postes de travailâŠ).La faiblesse du nombre de mĂ©decins de prĂ©-vention â en moyenne 1 mĂ©decin pour 18 000personnels (contre 3 300 dans le privĂ©) â, rendcette prĂ©vention tout Ă fait alĂ©atoire, les mĂ©de-cins Ă©tant contraints dâassurer lâurgence (per-sonnels en difficultĂ©) au dĂ©triment de la prĂ©-vention, des visites sur le terrain et de laformation. Du coup, pratiquement rien nâest faitĂ ce niveau (lâacadĂ©mie de Versailles mĂšnecependant une action en lien avec un pho-niatre, mais cela reste un cas isolĂ©). Une inter-vention des reprĂ©sentants syndicaux dans lesCHS devrait permettre dâattirer lâattention surce problĂšme, et de sensibiliser lâadministration.De mĂȘme, les demandes syndicales en forma-tion initiale et continue nâintĂšgrent sans doutepas suffisamment cette exigence. ïżœ
Elizabeth Labaye
*Dans un article extrait de « corps et pédagogie », Adapt.
La MGEN a fait la proposition dâ une expertise collectivesous la responsabilitĂ© dâun chercheur de lâINSERM,expertise qui sera menĂ©e sur plusieurs annĂ©es(2004/2006). Elle a pour objectif de dĂ©finir les diffĂ©rentstroubles rencontrĂ©s chez les professionnels qui utilisent lavoix ; dâanalyser les donnĂ©es disponibles sur les problĂšmesde voix des enseignants (prĂ©valence, Ă©volution sur les 20 derniĂšres annĂ©es), dâĂ©tudier les diffĂ©rentes causespossibles de dysfonctionnement de la voix dans ces populations, de sâinterroger sur les facteurs aggravantsliĂ©s au sujet luiâmĂȘme ; de prĂ©senter diffĂ©rentes modalitĂ©sde dĂ©pistage (comment faire un bilan vocal ?), de diagnostic et de prise en charge ; dâanalyser les rĂ©percussions de ces troubles sur lâactivitĂ© des enseignants et leur impact en santĂ© publique ; de faire le bilan et lâanalyse critique des programmes de prĂ©vention dans diffĂ©rents pays.
Quels conseils pouvez-vous donner pour mieux utiliser sa voix ?La posture est un des Ă©lĂ©ments essentiels dans la maniĂšre de bienprojeter sa voix (la voix projetĂ©e Ă©tant destinĂ©e Ă un groupe, cenâest pas une voix utilisĂ©e en conversation) : la voix rĂ©sultant dusouffle expiratoire, ce souffle doit donc ĂȘtre suffisamment puis-sant pour faire vibrer les cordes vocales de maniĂšre efficace. Lesouffle sera dâautant plus puissant que la respiration est debonne qualitĂ©, lâutilisation de la respiration abdominale plus au-tomatisĂ©e avec une bonne connaissance de cette respiration : ins-piration en gonflant le ventre et non pas paradoxale, en rentrantle ventre comme elle est souvent inconsciemment utilisĂ©e. La respiration est de meilleure qualitĂ© si le thorax est verticali-sĂ©, les Ă©paules dĂ©gagĂ©es, abaissĂ©es, dĂ©contractĂ©es, le cou droit,le menton en trĂšs lĂ©ger « rengorgement », câest-Ă -dire ni en lâairni pointĂ© vers le sol, attitude en souplesse, sans raideur ;En position debout, les pieds lĂ©gĂšrement Ă©cartĂ©s assurent un an-crage au sol qui permet de donner de la puissance au souffle pourpeu quâon prenne conscience de son trajet jusquâau larynx.Câest un travail quâeffectuent les professionnels de la voix, no-tamment les chanteurs qui apprennent Ă prendre conscience dela trajectoire de leur souffle expiratoire. En position assise, on veille Ă ne pas pencher son thorax en avant(position utilisĂ©e par contre lors dâune Ă©coute dite bienveillan-te en situation duelle, mais ceci est une autre histoire), Ă garderla mĂȘme position du tronc-Ă©paules-cou-menton et Ă Ă©viter decroiser les jambes sous le bureau pour la mĂȘme raison que dansla position debout. Lâimportant est de bien connaĂźtre le processus de fonctionnementet de production de la voix et surtout de la sienne propre :
quelle hauteur, son timbre, en Ă©tudiant sa propre posture, ses va-riations et les consĂ©quences sur sa voix. Si lâon sent des tensions dans les mĂąchoires, dans le cou, dansles muscles de la face, dans les Ă©paules, des douleurs dans la gor-ge, de la sĂ©cheresse, des variations dâintensitĂ© de sa voix selonles moments de la journĂ©e, etc., câest que lâon force.
Que faire alors pour protĂ©ger sa voix ?âąPrendre conscience de sa propre respiration en sâexerçant Ă la res-piration abdominale rĂ©guliĂšrement, sans chercher Ă lâutiliserde façon consciente.
âąRenforcer sa musculature abdominale, gage dâune meilleureexpression du souffle, notamment expiratoire, meilleure puis-sance de celui-ci.
âąPrendre conscience de sa propre posture peut se faire en se pla-çant contre un mur, cela permet de se rendre compte de sa propreverticalitĂ©, par rapport Ă la posture « idĂ©ale».
âąUtiliser largement la relaxation du cou, des mĂąchoires (bailler,grimacer...), des Ă©paules, cela peut se faire tous les jours, avant ouaprĂšs les cours.
âąUtiliser des phrases courtes, utiliser les silences, balader son re-gard sur lâauditoire en captant les regards successifs.
Pour protĂ©ger sa voix quand on parle Ă un auditoire, il faut vraimentlâadresser Ă quelquâun : elle ne doit pas voleter dans le vide.
Ă qui sâadresser en cas de problĂšmes de voix ?Les ORL ou les phoniatres sont les professionnels de rĂ©fĂ©rencepour les diagnostics ; mais les orthophonistes sont particuliĂšrementdĂ©signĂ©s et compĂ©tents pour le suivi, lâentraĂźnement et la rĂ©Ă©du-cation des troubles de la voix.
LâĂgypte antique continue dâexercer une fasci-nation sur nous, pour un rĂ©gime qui a tenu plu-sieurs siĂšcles. Ses trĂ©sors sont encore visibles
aujourdâhui, tĂ©moignage de cette civilisation quinous a lĂ©guĂ©e une partie de notre environnement cul-turel â par exemple notre calendrier â et politique.Cette histoire ne cesse dâĂȘtre racontĂ©e. LâoriginalitĂ©de ce catalogue et de cette exposition Ă lâInstitut duMonde Arabe est de mettre en relation des Ćuvresâ limitĂ©es tout de mĂȘme Ă la pĂ©riode du nouvelempire pour lâessentiel â et la vie politique commecelle des individus avec leurs peurs, leurs faiblesses,leurs sexualitĂ©s, pour reconstruire leur monde. Unefaçon de lier archĂ©ologie et histoire. Les diffĂ©rentescollaborations couvrent tous ces champs donnantenvie dâen savoir davantage, dâaller voir sur placeen Ăgypte ainsi que cette exposition. Signalons unenouveautĂ© difficile Ă accepter : il fallait un partenaire,ce fĂ»t Total. ïżœ Nicolas BĂ©nies
Ce livre là nous propose une autre vision de notre histoire,celles des Provinces françaises, avec ses paysages, seslieux, ses Saints... Se dessine ainsi une cartographie des
peurs, des angoisses, mais aussi des difficultĂ©s, des famines, desdisettes qui ont structurĂ© la France dite profonde jusquâau XIXe
siĂšcle. Une partie de ces croyances, de ces superstitions faitencore partie de notre fond commun sans que nous le sachionstoujours. Câest une sorte de rĂ©sumĂ© culturel, dâexplications decertains de nos prĂ©jugĂ©s. Lâiconographie est adaptĂ©e au sujet.Les photographies laissent planer les fantĂŽmes de nos propresdĂ©mons. La conclusion de lâauteur montre que lâirrationnel aencore de beaux jours devant lui. Le besoin de croire, Ă©crit-il«ressurgit avec dâautant plus de force que lâhomme se sent fra-gile et impuissant Ă maĂźtriser son environnement. Or lâincerti-tude des temps actuels semble engendrer un regain dâintĂ©rĂȘtpour les phĂ©nomĂšnes irrationnels». ïżœ N. B.
CULTURELivres/Revues
Notre sĂ©lectionïżœ POUR OU CONTRE
La Turquie est Ă la mode. Laquestion de son adhĂ©sion Ă lâUEprovoque une profonde divisionĂ droite qui pourrait conduireune partie dâentreelle Ă voter nonau rĂ©fĂ©rendum.
Mis à part les clichés,avouons-le, marqués
par le racisme,commentanalyser lasituation dans cepays? Trois livres permettentde lâĂ©baucher. Le premier,gĂ©nĂ©raliste, se propose dâendresser un portrait historique.Des repĂšres nĂ©cessaires pour
juger de la place de la rĂ©volution desannĂ©es 20 mise en place par KĂ©mal.Cette Histoire de la Turquiecontemporaine est essentielle parcequâelle comble un vide bĂ©ant. LedeuxiĂšme, La RĂ©publique laĂŻqueturque, Ă travers des Ă©tudes assezlongues â en particulier sur lesystĂšme scolaire hĂ©ritĂ© du kĂ©malismemais remis en cause par les forcesintĂ©gristes â permet de continuer Ă en dessiner le portrait. PortraitcontrastĂ©, entre laĂŻcitĂ© â lâĂtat estlaĂŻc depuis KĂ©mal â et la montĂ©e desforces religieuses voulanttransformer lâĂtat. Enfin, le dernierse veut plus polĂ©mique et devraitfaire rĂ©agir, Lettres aux turco-sceptiques. Des affirmations serontcontredites, y compris dâun auteur Ă lâautre, et des dĂ©monstrations ferontrĂ©flĂ©chir.âą Histoire de la Turquie contemporaine,Hamid Bozarslan, RepĂšres/LaDĂ©couverte ; La RĂ©publique laĂŻqueturque, trois quarts de siĂšcle aprĂšs safondation par AtatĂŒrk, sous la directionde Robert Anciaux, Complexe ; Lettresaux turco-sceptiques, sous la directionde Gengiz Aktar, Actes Sud.
ïżœ CRI DE COLĂRESouvenons-nous. Le 2 septembre2004, Sylvie TrĂ©mouille et DanielBuffiĂšre, inspecteurs du travail, sontassassinĂ©s par lâexploitant agricolequâils venaient contrĂŽler. CâĂ©tait enDordogne. Cet Ă©vĂ©nement est dâabordpassĂ© inaperçu. Il a fallu lamobilisation de ce petit corps â 1500personnes â pour que gouvernementet mĂ©dias commencent Ă sâintĂ©resserĂ cette affaire. Ă ce meurtre ! GĂ©rardFiloche, lui-mĂȘme inspecteur dutravail, crie, en mĂȘme temps que sescollĂšgues, sa rĂ©volte contre unsystĂšme qui prĂ©sente le droit dutravail comme des contraintes, desrigiditĂ©s pour les entreprises et nonpas des garanties pour les salariĂ©s.
Révélateur de ce monde libéral.⹠On achÚve bien... les inspecteursdu travail, Gérard Filoche, Jean-Claude Gawsewitch éditeur.
ïżœ REGARDER LE CINĂMALâhistoire du cinĂ©maest en train de serĂ©aliser. Parfois detrĂšs Ă©tranges façons.Comme ce livre. 1001films, un titre quiattire lâĆil. Câest lebut. Dans lâordre
chronologique, sous la direction deSteven Jay Schneider, unesoixantaine de critiques nous livreune lecture des films qui ont comptĂ©.Il en est dâautres, bien sĂ»r, et lâonpourra critiquer tel ou tel oubli. Telque, il se prĂ©sente comme un outil dedĂ©couverte. Une fiche technique aumilieu de photos, dâaffiches pourdonner lâenvie dâen dĂ©couvrirdavantage. Un bel objet Ă la gloiredâun art spĂ©cifique du 20e siĂšcle. N.B.âą Ăditions Omnibus
ïżœCOMPRENDRE LA GUADELOUPEComplexitĂ© des rapports entre Noirset Blancs dans la Guadeloupe de la fin
du XVIIIe siĂšcle que ce livre, fondĂ© surdes sources inexploitĂ©es, permet decomprendre tout en ouvrant uneperspective inĂ©dite sur le mĂ©canismede lâesclavage et le fonctionnementde la sociĂ©tĂ© coloniale. Il met enlumiĂšre la catĂ©gorie des libres decouleur, ces descendants dâesclaves,eux-mĂȘmes propriĂ©taires dâesclavesqui jouent un rĂŽle clĂ© dans la sociĂ©tĂ©esclavagiste et pendant laRĂ©volution. Une sociĂ©tĂ© complexetouchĂ©e par la vague rĂ©volutionnairevenue de France. Lâesclavage, dâabordaboli en 1794, est rĂ©tabli en 1802. Faitunique dans lâhistoire, cet ouvrageraconte cet incroyable aller-retour. Ilbouleverse la problĂ©matique de laRĂ©volution et des rĂ©voltes dans lescolonies françaises des AmĂ©riques.
Florence Dursapt⹠Esclavage, métissage,liberté, La Révolutionfrançaise en Guadeloupe(1789-1802). FrédéricRégent, Grasset.
ïżœ POUR LâANNULATIONDE LA DETTE... PAR LE DROIT !Le CADTM a conçu ce petit livre pourdĂ©montrer que la thĂ©orie juridiquede la « dette odieuse » devraitpermettre dâĂ©radiquer une grandepartie du montant de lâendettementdes pays du Sud. Le moratoire nâestpas une solution. Les derniersĂ©vĂ©nements en Asie du Suddevrait conduire Ă lâannulationpure et simple de la dette. Unargumentaire Ă dĂ©velopper.âą Le droit international un instrumentde lutte ?, CADTM/Syllepse
ïżœ PORTRAIT DâUNE VILLEVarsovie. Quâest-elle devenue ?Quels sont ses animateurs ?Comment sâest-elle recomposĂ©e ?Les interviews rĂ©unies ici essaientde rĂ©pondre Ă ces questions. Pour
découvrir la Varsovie enmouvement. N.B.⹠De Bartek Chacinski,Autrement.
ĂGYPTE, ENTRE MYTHE ET RĂALITĂ
Une référence
Une histoire de France
Pharaon, exposition Ă lâInstitut du Monde Arabe,jusquâau 10 avril 2005, co-Ă©dition IMA/Flammarion
La France des croyances et des superstitions,Christophe Lefébure, Flammarion
38 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
NOS COLLĂGUES PUBLIENTïżœ ENTRĂE DANS LâĂCONOMIELes auteurs se sont mis en quatrepour nous prĂ©senter lâessentiel desconnaissances Ă©conomiques etsociales pour prĂ©parer les examenset concours de lâenseignement supĂ©-rieur. Au-delĂ , les dossiers commeles ouvrages recensĂ©s permettront Ă tout un chacun dâaborder ces rivagesqui semblent difficiles de lâĂ©conomiepoltique.âą Ăconomie, analyses contemportaines,D. Fleutot, J.-Y. Letessier, P. Madelaine, J.-P.Testenoire, Foucher.
ïżœ PENSER AUTREMENTJean-Yves Lacroix poursuit ses inves-tigations autour de la constructiondâautres sociĂ©tĂ©s alternatives auxcapitalismes. Dans ce premier tomeâ trois sont prĂ©vus â il passe en revueles utopies depuis les dĂ©buts de larĂ©flexion philosophique. Il prĂ©tend quela philosophie ne se comprend que liĂ©eĂ lâutopie.âą Utopie et philosophie, Jean-Yves Lacroix,Bordas.
ïżœ UNE REVUE ĂTRANGELes cahiers du dĂ©tour sont issus prin-cipalement dâun atelier dâĂ©criture thĂ©-rapeutique dans le cadre de lâACERMA,une association qui Ćuvre Ă la rĂ©in-sertion des malades alcooliques. Quâonlâouvre, et on sâapercevra quâil sâagit dâunevĂ©ritable revue de littĂ©rature. Tous lestextes dâoĂč quâils viennent trouvent icileur place. Le numĂ©ro 6 de juin 2001 por-tait, par exemple, sur le thĂšme du buvard.âąLes numĂ©ros sont en vente Ă lâACERMA, 22, quaide Loire, 75019 Paris. [email protected]
Notre sélection
ïżœ NOTRE TEMPS ET LE SIENRĂ©Ă©dition de deux livres essen-tiels Ă toute bibliothĂšque, Le casColtrane dâAlain Gerber oĂč dĂ©filetoute une Ă©poque, celle dâunegĂ©nĂ©ration venue Ă la moder-nitĂ© par Coltrane et le free jazz.Le romancier sâessaie Ă analyser
lâart particulier du gĂ©nie dĂ©guisĂ© ensaxophoniste tĂ©nor et il le fait en lienavec son Ă©poque, la sienne mais aussi lanĂŽtre. Ă ce moment-lĂ on pouvait sebattre pour ou contre Coltrane. On aperdu, malheureusement, lâhabitude deces joutes absolument nĂ©cessaires Ă toute formation Ă toute culture unifianttoute une gĂ©nĂ©ration.
Lâautre est une biographiebizarre, dĂ©montĂ©e Ă lâimage desa musique. Celle dâArt Pepper,un des grands altistes de cetemps. Une lĂ©gende. Quâaucunromancier nâaurait osĂ© racon-ter. Un polar de lâextrĂȘme. Il fal-
lait quâil le fasse. Elle permet dâapprĂ©-hender une des grandes voix du siĂšcleprĂ©cĂ©dent. Straight Life, Pepper savaitmanier lâironie. Il fut un rĂ©voltĂ©, un mar-ginal et sa sonoritĂ© dâalto ne ressemblaitquâĂ lui-mĂȘme. Il raconte quâil avaitsombrĂ© dans le coltranisme, perdantainsi sa personnalitĂ© en jouant du tĂ©nor.Il a fallu quâil retrouve lâalto pour seretrouver lui-mĂȘme. Une grande leçon.âąLe cas Coltrane, Alain Gerber; Straight LifeArt Pepper, Editions ParenthĂšses, diffusionHarmonia Mundi.
ïżœ COMMENT NAĂT UNE OEUVRE DâARTPar lâintermĂ©diaire de lâanalysedes films de J.-L. Godard, J.-P.Esquenazi esquisse une thĂ©ori-sation des conditions socialeset esthĂ©tiques permettant decerner la naissance dâune Ćuvre
dâart, dâune nouvelle culture. Godard sesert des traditions du film noir amĂ©ricainnotamment pour les bousculer, les mĂ©ta-morphoser, les faire siennes. La nou-velle vague, Ă ses dĂ©buts, se poseracomme les rĂ©volutionnaires de cet artjeune, le cinĂ©ma. DâaprĂšs lâauteur, ilsrĂ©pondent Ă une nouvelle donne socialerĂ©sultant des aspirations de ce quâilappelle une nouvelle classe moyenne.MĂȘme si ces concepts nâont pas grandsens, il nâempĂȘche quâil trace un paral-lĂšle intelligent, intĂ©ressant, entre lesenquĂȘtes sociologiques et la formeesthĂ©tique des films de Godard. CettethĂšse doit ĂȘtre discutĂ©e parce quâellepermet de lier esthĂ©tique et social touten laissant intact le mystĂšre de lâĆuvreelle-mĂȘme.
âąGodard et la sociĂ©tĂ© française des annĂ©es1960, J.-P. Esquenazi, Armand Colin
Supplément au no 617 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 39
ClassiqueBARTOK,
SAVANT ET POPULAIREIl y a un mois, lâOpĂ©ra BastillerĂ©sonnait des accords duConcerto pour orchestre deBela Bartok sous la direction de PierreBoulez. InterprĂ©tation magistrale, quirappelait aussi bien lâimportance dansla musique du XXe siĂšcle du compositeurhongrois, mort en exil aux Ătats-Unis en1945, que lâexcellence du chef français. SiBartok marque un tournant, Ă lâĂ©gal dâunStravinsky ou dâun Schoenberg, danslâhistoire de la musique, câest dâabordpar sa tentative pour rĂ©gĂ©nĂ©rer le lan-gage musical en le replongeant auxsources de la musique populaire. Dans sesĆuvres majeures, cette fusion de lamusique dite «savante» â sous lâinfluencemajeure de Debussy â et de la musiquepopulaire est unique. Ainsi, depuis Lemandarin merveilleux jusquâĂ la Musiquepour cordes, percussion et cĂ©lesta â sansdoute son chef dâĆuvre â en passant parles trois concertos pour piano, les concer-tos pour violon ou une abondante musi-que de chambre, lâĆuvre de Bartokdemeure essentielle. On sâen persuaderaen Ă©coutant les Ćuvres orchestrales sousla baguette de Ferenc Fricsay (DG), hier,ou de Pierre Boulez (Sony ou DG) aujour-dâhui, les Ćuvres pour violon interprĂ©tĂ©espar Yehudi Menuhin (EMI) ou Isaac Stern(Sony), les concertos pour piano danslâinterprĂ©tation de Geza Anda ou de Mau-rizio Pollini (DG).
Alexis Chabot
LE GĂNIE ET LâHISTRION GĂNIAL
Histoires du 20e siecle
Comment penser le20e siÚcle, ses révo-lutions sans faire
rĂ©fĂ©rence Ă Elvis Presleydâun cĂŽtĂ© et Ă Charlie Par-ker â Bird, lâOiseau pourlâĂ©ternitĂ© â de lâautre.Bird ne fut pas un gĂ©nieprĂ©coce. Il mit du tempsavant de savoir le B A BA
de la musique. Il travailla dur, parceque la musique, le saxophone altoquâil sâĂ©tait choisi le refusaient. Laquestion quâon est obligĂ© de seposer, que sâest posĂ©e Alain Gerberdans cette fausse-vraie autobio-graphie Ă la mode amĂ©ricaine, fai-sant intervenir tous les proches pourcerner lâenfance du personnage touten laissant le mystĂšre entier, estcomment devient-on un gĂ©nie ?Parker nâest pas nĂ© avec une cuilleren or â mĂȘme pas en argent â pourle jazz. Mais il vivra entourĂ© decette musique Ă Kansas City oĂč ilest nĂ© en 1920, il apprendra parcĆur â quand il pourra â tous les
solos de Lester Young, le saxophoniste tĂ©nor, poĂšte de lâindicible, alorschez Count Basie, capable de toutes les enfances. Il se forgera songĂ©nie. Personne ne peut ignorer Charlie Bird Parker, celui que ses ailesempĂȘchaient de marcher et qui sait nous entraĂźner â encore aujourdâhuimystĂšre du mystĂšre â toujours plus haut, toujours plus prĂšs du soleil.Bien sĂ»r quâil sâest brĂ»lĂ© les ailes ! Ce livre-lĂ est un roman â câest Ă©critsur la couverture â plus vrai que vrai, obligeant Ă Ă©couter cet Oiseau,Ă le rĂ©Ă©couter encore. Toujours.Elvis Presley commence sa carriĂšre lorsque Parker â il mourra le 12 mars1955 chez la baronne Nica â accĂšde Ă lâĂ©ternitĂ©, en juillet 1954. Cetterencontre avec Sam Phillips â producteur des disques Sun â a Ă©tĂ© plu-sieurs fois racontĂ©e ne serait-ce que parce que les marchands ont voulufĂȘter le soi-disant 50e anniversaire du Rock, lâan dernier. Il manquait pour-tant une biographie complĂšte de ce « poor white trash » accĂ©dant au sta-tut de lĂ©gende de son vivant, influençant tous les musiciens des annĂ©es60 Ă qui, sans le vouloir, il montra la voie. Or Elvis ne fut ni plus ni moinsquâun chanteur de blues. Son rĂ©pertoire le dĂ©montre, sa maniĂšre de sevĂȘtir, de se coiffer â les cheveux longs, la « banane » alors que la modeĂ©tait Ă la coupe « GI» â viennent directement du ghetto noir de Mem-phis, « Beale Street », comme le blues quâil chante. Le terme de Rock& Roll â Ă connotation directement sexuelle et grossiĂšre â sâest imposĂ©pour faire oublier que « toute la musique que jâaime, elle vient de lĂ , ellevient du blues ». Et de la Country & Western. Cette alliance ne devaitpas se voir, sinon la sociĂ©tĂ© Ă©tatsunienne Ă©tait menacĂ©e dâexplosion. Lesmots cachent ces rĂ©alitĂ©s pour laisser le racisme faire son Ćuvre de divi-sion. Sebastian Danchin, spĂ©cialiste du blues, a rĂ©ussi le tour de forcede nous faire comprendre le phĂ©nomĂšne Presley. Et nous prĂ©senter sonentourage dont le fameux Colonel Parker â ni colonel, ni Parker â quimĂ©tamorphosera le rĂ©voltĂ© en marchandise pour son plus grand profitde joueur invĂ©tĂ©rĂ© et faussaire patentĂ©. Une histoire triste, et pas seule-ment amĂ©ricaine, dâun artiste vaincu par la barbarie du profit Ă courtterme. Sa consommation excessive de mĂ©dicaments a Ă©tĂ© la seule façonde se construire un monde paralĂšlle pour continuer Ă vivre. La thĂšse delâauteur, la revanche du sud contre les Yankees nâemporte pas totalementlâadhĂ©sion. ïżœ Nicolas BĂ©niesâąCharlie, Alain Gerber, 559 pages, Fayard. Elvis Presley ou la revanche duSud, Sebastian Danchin, 479 pages, Fayard/La Biographie.
Beyrouth, années quatre-vingt : pendant lesconflits, la vie continue. Pour Lina, douzeans, la guerre fait rage au dehors mais
dâabord dans sa maison oĂč lâon est, dit larĂ©alisatrice, comme dans lâĆil du cyclone.Danielle Arbid, qui a dĂ©jĂ regardĂ© son pays endocumentariste (Seule avec la guerre, 2000)cherche ici, dans une fiction teintĂ©e dâauto-biographie, Ă reconstruire une mĂ©moire dis-persĂ©e oĂč se confondent les Ă©mois de la guerreet ceux de lâadolescence : attentes inquiĂštes,petites joies et grandes souffrances, premierbaiser et vie dĂ©vastĂ©e. Vue comme un nĂ©gatif photographique, lâhis-toire dâhommes quâest la guerre devient stric-tement une histoire de femmes : une enfant auregard sauvage que personne nâĂ©lĂšve, unemĂšre abandonnĂ©e, une vieille tante tyran-nique dont la guerre nâa pas modifiĂ© lesvaleurs, une petite bonne sensuelle en quĂȘte
feutrĂ© dâArbid ni de lâhystĂ©rie filmique dâunGitaĂŻ qui construit lâhorreur en reporter musclĂ©,ni du naturalisme compasionnel de Yedaya.Mais les trois films, mĂȘme sâils semblent dĂ©tour-ner le regard des thĂ©Ăątres habituels de la vio-lence guerriĂšre, ont en commun de nous rap-peler quâun pays est toujours en guerre lorsquele corps et lâĂąme des femmes y sont des champsde bataille. ïżœ Jacqueline Nacacheâą Dans les champs de bataille, Danielle Arbid(France-Belgique-Liban).
insatiable de plaisir. Les bombes qui Ă©cla-tent au dehors resserrent le groupe dans lesabris et en exacerbent les tensions. Le corpsfragile de la petite Lina et ses beaux yeuxgraves sont le lieu oĂč sâaffrontent, symboli-quement, les camps en prĂ©sence ; lâamour etla haine, la promesse et la trahison, la jouis-sance et la mort. On retrouve ici lâĂ©criture inti-miste du trĂšs beau court-mĂ©trage ĂtrangĂšre,conjuguĂ©e avec le talent singulier de DanielleArbid pour disloquer les images tout en mĂ©na-geant la fluiditĂ© du rĂ©cit et des sentiments. Les coĂŻncidences de la distribution font quâonne peut pas ne pas penser Ă deux films israĂ©liensĂ©galement tournĂ©s vers la souffrance desfemmes : importĂ©es et vendues comme desanimaux dans Terre Promise (Amos GitaĂŻ),cherchant Ă survivre comme on cherche Ă mou-rir pour les prostituĂ©es de Mon trĂ©sor (KerenYedaya). Bien sĂ»r on ne rapprochera le style
regretter lâexpĂ©rience de cette traversĂ©e nord-amĂ©ricaine du monde non pas selon Garpmais selon Bush : lui, les pommes pourries nelâinquiĂštent pas. Françoise Jeancolas-AudĂ©âą The corporation. Documentaire de Mark Achbaret Jennifer Abbott.
Le court se fait longSeul lieu qui rende vĂ©ritablement compte dujeune cinĂ©ma français dans toute sa diver-sitĂ©, le festival de Clermont-Ferrandaccueillera cette annĂ©e sa 27e compĂ©titionnationale, 17e internationale et 4e compĂ©ti-tion labo. Plus de 60 films français et 70 filmsinternationaux dâune cinquantaine de paysseront prĂ©sentĂ©s. Notamment un programmespĂ©cial NorvĂšge et un programme boxe, etbien sĂ»r des sĂ©quences scolaires, des ren-contres avec des rĂ©alisateurs, compositeurs...et le marchĂ© du film court. Tout autour, desexpos, animations, concerts, spectacles, etc.âą Festival du court mĂ©trage, 28/01-5/02. Toutesles infos sur www.clermont-filmfest.com
Le court se fait livreDirigĂ©e par deux cinĂ©philes passionnĂ©s etdĂ©fenseurs de longue date du court mĂ©trage,cette somme couvre avec rigueur, prĂ©cision etenthousiasme, tous les aspects dâun formatmĂ©connu : histoire, esthĂ©tique, Ă©conomie,thĂ©orie. Pour maints cinĂ©astes, de Cocteau Ă Franju, de Vigo Ă Marker, le court ne fut nibout dâessai ni salle dâattente du long, mais lecadre dâĆuvres fondamentales ; par-delĂ sesmĂ©rites proprement esthĂ©tiques, le court estaussi le terrain oĂč sâĂ©panouissent les formespĂ©riphĂ©riques, mal-aimĂ©es des structuresdominantes, expĂ©rimen-tal, militantisme et pro-pagande, danse et poĂ©sie.Le court mĂ©trage touche Ă tout, ce qui nâen fait pasun format dilettante, maisun lieu essentiel derĂ©flexion sur le film ;
lâhistoire du court, nous rappelle ce beaulivre, câest celle du cinĂ©ma tout court. J. N.âą Une encyclopĂ©die du court mĂ©trage français,Jacky Evrard/Jacques Kermabon, Festival CĂŽtĂ©court. Ed. Yellow Now.
MUSIQUECompositrices et auteures du XXe siĂšcleUn chant Ă soi est un partage de plaisirs etdâadmirations, en mĂȘme temps quâunegageure musicale ludique. Un programmeĂ©clectique et intense, qui raconte, avec unegĂ©nĂ©rositĂ© virtuose, quâau-delĂ des conquĂȘtesencore Ă mener, crĂ©er au fĂ©minin câest avanttout crĂ©er. Que la musique soit classique, dejazz ou populaire elle emporte tout. Lâauteurfemme ou homme fait preuve du mĂȘme Ă©lan,du mĂȘme don.Ćuvres de Tori Amos, Lili Boulanger, Lind-say Cooper, Lydia Domancich, MargueriteDuras, Graciane Finzi, Sofia GoubaĂŻdoulina,Juliette, LĂ©a Kettering, Huguette LĂ©garĂ©, Mar-guerite Monnot, Nathalie Quintane, MartheVassallo, Virginia Woolf. Traditionnels bre-tons et irlandais. Avec Lydia Domancich(piano), Marthe Vassalo (chant), FrĂ©dĂ©riqueBruyas (lecture).âą Un chant Ă soi, 14 et 15/01 Ă 21 heures, au Triton.
Le Triton se veut club de jazz. Mais il setrouve de lâautre cĂŽtĂ© du pĂ©riphĂ©rique. Pour-tant sa programmation devrait retenir lâatten-tion. Dâabord parce quâil met en valeur lesmusiciennes, ensuite parce quâil permet desrencontres prometteuses, comme celle du per-cussionniste François Merville et son quartetavec lâĆuvre Hermeto Pascoal, la banlieueet le BrĂ©sil. La musique Klezmer sera aussi dela fĂȘte. Les 28/01 et 18/02. Les autres musiquesne sont pas oubliĂ©es, la salsa, le 29/01, letango, le 3/02 et le jazz lui-mĂȘme, en parte-nariat avec la Mission Jazz 93, le 4/02.âą Le Triton, 11 bis, rue du Coq-Français, 93260 LesLilas. M° Mairie des Lilas. RĂ©serv. au 01 49 728313. Prix des places 12,50 âŹ. Tarif rĂ©duit 10,50 âŹ.
CULTURECinéma/Théùtre/Spectacles/Expositions
Histoire de femmes
CINĂMALe monde selon Bush
Mark Achbarest lâauteurde Chomsky,les mĂ©dias etles illusionsnĂ©cessaires,un film sur lel i n g u i s t edepuis long-
temps contempteur du systĂšme Ă©tats-unien.Cette fois, pour comprendre lâentreprise, avecla cinĂ©aste Jennifer Abbott et le juriste JoĂ«lBakan â auteur en 1997 dâun essai sur lâen-treprise mondialisĂ©e qui interrogeait « Lanature de cette nouvelle institution domi-nante » â il a pris Ă la lettre son statut de«personne morale ». Retenant le mot «per-sonne », les cinĂ©astes utilisent la clĂ© (sarcas-tique) de la psychanalyse pour en pĂ©nĂ©trermĂ©thodiquement lâinconscient. Il y a effet demasse et de coup de massue. Le film est long(2 h 25) et, soyons francs, Ă©prouvant. Lesinformations sont simultanĂ©es : plusieursniveaux de sous-titres sâajoutent aux donnĂ©esde lâimage montĂ©e court et de la bande-son.Câest en flux tendu que lâattention du specta-teur est sollicitĂ©e. De cette densitĂ© dĂ©mons-trative Ă©mergent, entre autres, des questions dedatation: lâenquĂȘte est-elle concomitante avecle scandale Enron peu Ă©voquĂ©? De mĂȘme ilest troublant que seuls les propos dâun traderfassent allusion au 11 septembre 2001 quiaurait Ă©tĂ© une belle opportunitĂ© de spĂ©culer surlâor. Il semble que le film ait Ă©tĂ© finalisĂ© Ă uneĂ©poque oĂč on pouvait imaginer la dĂ©faite deBush et lâarrivĂ©e au pouvoir dâune adminis-tration plus attentive aux dĂ©rives du capita-lisme. Ă la fin de 2004, The corporation estpresque dĂ©jĂ un document dâhistoire.Soit. Pourtant la charge instruite par le dossierest passionnante. De sa complexitĂ© Ă©manentdes lumiĂšres rĂ©vĂ©latrices. Personne ne devrait
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Dans lâĆil du cyclone
40 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
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Daphnis et ChloĂ© de Ravel :un DVD prĂȘtĂ© aux enseignantsĂditĂ© par le SCEREN-CNDP en partenariat avecRadio France, ce DVD est mis Ă la dispositiondes enseignants sous forme de prĂȘt dans lesCRDP, CDDP, CLDP. Il nâest pas destinĂ© Ă la vente.RĂ©alisĂ© pour des Ă©lĂšves, par des Ă©tudiants dulycĂ©e de lâimage et du son dâAngoulĂȘme, il proposedeux visions dâun concert : celle traditionnelleavec les instrumentistes sur scĂšne ; lâautre,inĂ©dite oĂč sâĂ©clairent les diffĂ©rents pupitres delâorchestre en fonction des instruments quientrent en jeu. Le livret dâaccompagnementdonne des pistes pĂ©dagogiques pour prĂ©parerle concert, permettre une Ă©coute attentive, etlâexploiter en classe.
Dix ans dĂ©jĂ La femelle du requin, revue littĂ©raire, fĂȘtera sesdix ans en 2005. Ce numĂ©ro permet de dĂ©couvrirun nouvel auteur, Thomas B. Reverdy, et deprendre conscience de lâimportance de lâĆuvre deAntonio Tabucchi. Un dossier de 30 pages lui estconsacrĂ©. âą http://lafemelledurequin.free.fr
Deux clubs de jazzLe Triton se trouve de lâautre cĂŽtĂ© du pĂ©riphĂ©-rique. On sait que câest une frontiĂšre difficile Ă franchir. Pourtant la programmation mĂ©rite quâonsây arrĂȘte. Les 26 et 27/11, Vicente Pradal proposede dĂ©couvrir les « canciones » des XVII et XIXe
siĂšcles. Un grand moment en perspective. Le 30,deux saxophones sâaffronteront : Sylvain Cathalaau tĂ©nor et StĂ©phane Payen Ă lâalto.Le New Morning, de son cĂŽtĂ©, invite Archie Shepp,saxophoniste mythique, et ses amis qui se pro-duiront le 25/11. Le 26, ce sera le tour de DavidMurray, autre saxophoniste tĂ©nor, dĂ©sormaisinstallĂ© en France. Le 1/12, ce sera un hommageĂ Janis Joplin et le 2, le pianiste cubain â dont ledernier disque, Mulatos, Ota Records/Night &Day â Omar Sosa, quâil ne faut pas rater.âą Le Triton, BP 13, 11 bis, rue du Coq-Français, 93260 Les Lilas,http://www.letriton.comâą New Morning, 7-9, rue des Petites-Ăcuries, 75010 Paris,http://www.newmorning.com
Depuis une trentaine dâan-nĂ©es, la crĂ©ation chorĂ©gra-phique ne cesse dâinnover
et dâĂȘtre marquĂ©e par une grandediversitĂ© dâexpressions, un espacede mĂ©tissage et de brassageculturel. Un foisonnement dejeunes crĂ©ateurs et de compa-gnies, empruntant Ă toutes lescomposantes de la crĂ©ationcontemporaine, du thĂ©Ăątre (PinaBausch fut lâune des plus presti-gieuses figures de ce rapproche-ment) aux visuels plastiques etcinĂ©matographiques, en passantpar les arts de la rue, la poĂ©sie...tout en gĂ©nĂ©rant aussi ses propresdĂ©couvertes et novations. Lâac-tualitĂ© tĂ©moigne de cette diver-sitĂ© et vivacitĂ©, dâun dĂ©ferlementdâimagination et de fantaisie.On danfe crĂ©ation «extravaganteet sensuelle» de JosĂ© Montalvoet Dominique Hervieu au ThĂ©ĂątreNational de Chaillot (20/1 au 19/2,en tournĂ©e avec notamment unarrĂȘt en juin Ă la Maison des Artsde CrĂ©teil, oĂč la Cie en rĂ©sidence asu faire danser tout un quartier...);Lâenfance de Mammame de Jean-Claude Gallotta au ThĂ©Ăątre delâOlivier (Istres, 1/2) ; TraversĂ©edâombres de la Compagnie Retou-
ramont â enrĂ©sidence Ă laMaison duthĂ©Ăątre et de ladanse Ă Epinay-sur-Seine quifourmille dâini-tiatives â auThĂ©Ăątre duLierre Ă Paris (19-22/1) avant decontinuer vers la salle Pablo-Neruda de Morsang-sur-Orge le31/1, au thĂ©Ăątre de Chatillon enmars... jusquâĂ Chaillot et Ă lâOpĂ©ra-Bastille Ă lâautomne.Le mois de janvier est intĂ©grale-ment consacrĂ© Ă des dĂ©couverteschorĂ©graphiques dans ce mĂȘmethĂ©Ăątre (www.letheatredulierre.com)et au ThĂ©Ăątre de la Bastilleaccueillant chaque mois de nou-velles crĂ©ations chorĂ©graphiques(«Tourlourou» de Carlotta Sagna,27-30/1, «Vaisseaux brĂ»lĂ©s» dePascal Gravat, 10-18/2)... Moinsprestigieuses mais reflĂ©tant aussiune grande diversitĂ©, des crĂ©ationschorĂ©graphiques se destinent plusparticuliĂšrement Ă un jeune public.Au ThĂ©Ăątre Dunois (Paris 13e) enpermanence, notamment Trace delumiĂšre de la Cie Claire Laronde(26-30/1), et Ă lâEspace Paris-
Plaine (15e) avec Le fabuleux des-tin de Sissi et François-JosephimaginĂ© par EthĂ©ry Pagava, ouplus ponctuellement au ThĂ©ĂątreFirmin GĂ©mier dâAntony (92)accueillant Curieuses, un voyageoriginal dans lâunivers de Barbe-Bleue (26/1) ou Ă lâĂtoile du Nord(75018) avec un mini-festival du11 au 29 janvier...Dans le prochain Mag, nous don-nerons la parole Ă Michel Caserta,chorĂ©graphe, chercheur et fonda-teur-directeur infatigable de labiennale nationale de danse duVal-de-Marne, qui, depuis plusde 20 ans, a accompagnĂ© etcontribuĂ© Ă lâĂ©mergence de nou-veaux talents... ïżœ
Philippe LavilleLes lieux Ă©voquĂ©s dans ce texte sont par-tenaires de «RĂ©ducâSNES», Chaillot appli-quant un tarif rĂ©duit Ă tout enseignant(coordonnĂ©es et prĂ©cisions sur les spec-tacles sur www.snes.edu).
Sortez avec RĂ©ducâSNESElĂ©ments de programmation de quelques nou-veaux ou fidĂšles partenaires :âą Centre culturel Marcel Pagnol Ă Bures-sur-Yvette (01 69 18 79 50) Les chardons rouges, deJean-Jacques Greneau, sur la rĂ©sistance dâHelzaĂ Grozny, « comme un chardon rouge enracinĂ©dans les pierres » au milieu de « cette guerre quinâa de logique que par la raison du plus armĂ© etqui engendre la violence des opprimĂ©s », Ă©lĂ©-ment dâun cycle « Chantiers de guerre» crĂ©Ă© parla Compagnie du Minotaure (5/02, prĂ©cĂ©dĂ© Ă 17hdâune confĂ©rence-dĂ©bat dans le cadre du 60e
anniversaire de la victoire sur le nazisme : «RĂ©sis-tance/terrorisme ? » animĂ©e par Lucie Aubrac,avec la participation de la porte-parole des mĂšresde soldats russes envoyĂ©s en TchĂ©tchĂ©nie...).âą Centre dramatique de Thionville-Lorraine(nouveau nom du TPL, 03 82 82 14 92) Bar suivide La Festa, les remous de la sociĂ©tĂ© sicilienneĂ©crits par Spiro Scimone mis en scĂšne par Lau-rent Vacher (11-15/01).âąChĂąteau de Morsang-sur-Orge (01 69 72 2030)le ThĂ©Ăątre du Conte Amer prĂ©sente 4 piĂšces deMonique Enckell questionnant avec constanceet humour notre monde Ă la dĂ©rive, la spoliationdes richesses, les injustices... (18-30/01).âą ThĂ©Ăątre du Chaudron (75012 Cartoucherie(01 43 28 97 04) Georges Sand Ă lâAssemblĂ©enationale, une femme en politique, un hommageĂ cette militante de la libertĂ© et des luttes contrelâinjustice et la misĂšre, contre la peine de mortet pour les droits des femmes... conçu et rĂ©alisĂ©par Jeanne Champagne (6-12/01).âąThĂ©Ăątre du ChĂȘne Noir Ă Avignon (04 90 8240 57) adaptation trĂšs contemporaine du grandpoĂšme Ă©pique du Prix Nobel de littĂ©rature FrĂ©dĂ©ricMistral, Mireille par GĂ©rard Gelas (14/01-4/02).âąThĂ©Ăątre International de Langue Française :Un obus dans le cĆur de lâauteur libanais/quĂ©becoisWajdi Mouawad, une histoire de voyage Ă travers lesquestionnements de la vie comme les perçoivent lesenfants... mise en scĂšne Christian Gagneron (toutpublic dĂšs 14 ans, 25/01-19/02, 01 40 03 93 90).âą ThĂ©Ăątre Jean-Vilar Ă Vitry (01 55 53 10 60)crĂ©ation par Caroline Gautier et Carlo Carcanodâun opĂ©ra poĂ©tique et humoristique dont le per-sonnage principal est une classe reprĂ©sentĂ©epar un chĆur dâenfants, dâaprĂšs lâĆuvre dâEd-mondo de Amicis, particuliĂšrement de « Cuore »,cĂ©lĂšbre roman de 1884, contemporain de Pinoc-chio... (22-23/1).âą ThĂ©Ăątre de lâOlivier Ă Istres (04 42 55 24 77)avec le 7e festival des arts du geste Les Ă©lancĂ©esassociant spectacles de danse, cirque, thĂ©Ăątrevisuel... (fĂ©vrier).âąThĂ©Ăątre de la TempĂȘte (Cartoucherie, 01 43 2836 36) Le procĂšs de Kafka, mis en scĂšne parPhilippe Adrien, directeur du thĂ©Ăątre (11/01-13/02;rencontre-dĂ©bat aprĂšs le spectacle du 13/01).âą ThĂ©o-ThĂ©Ăątre (01 45 54 00 16) pour dĂ©couvrirde jeunes compagnies avec Hors course de BenoitMarbot (jusquâau 19/02), Demande Ă la pous-siĂšre de John Fanche (jusquâau 5/02), Lescaprices de Marianne de Musset par la CompagnieLa Strada (jusquâau 6/02).DĂ©tails sur ces lieux et programmations, etdâautres composantes de lâactualitĂ© culturellesur le site du SNES Ă lâadresse www.snes.edu/snesactu/ rubrique culture... avec lâaccĂšs per-manent Ă la base « RĂ©ducâSNES » rĂ©pertoriantla centaine de lieux accessibles Ă tarif rĂ©duitpour les syndiquĂ©s... [email protected]
pour son 80e anniversaire. Il Ă©vo-quera, Ă ce propos, les carriĂšres etles musiques de Arnold Schön-berg â musicalement progressisteet politiquement rĂ©actionnaire âet de Hanns Eisler, le composi-teur attitrĂ© de Brecht comme dethĂšmes rĂ©volutionnaires.Pour terminer dans la beautĂ© etdans la danse ce trimestre, la citĂ©se penche sur la MPB, musiquepopulaire brĂ©silienne, avecforums, concerts et diversesexpressions pour aborder ce pays-continent (du 19 au 29/03).Le cinĂ©ma ne sera pas oubliĂ©avec les films de Walter Sallesreliant Paris et le BrĂ©sil pouressayer dedĂ©finir desn o u v e l l e sformes denarrations.âą Rens. au 0144 84 44 84.w w w . c i t e -m u s i q u e . f r
MUSIQUELe monde tel quâil devrait ĂȘtre
Comme chaqueannée, depuis cinqans maintenant, lafédérations desassociations desmusiques et dansest r a d i o n n e l l e s(FAMDT) organiseen partenariat avecla Maison des Cul-
tures du Monde et lâIRMA, unfestival PlanĂštes Musiques pourfaire se rencontrer toutes lesmusiques du monde. Une sorte demanifeste pour un autre monde,ouvert sur les autres cultures etcapable de dialoguer les unes avecles autres. Un programme ouver-tement opposĂ© aux principesmĂȘmes du libĂ©ralisme. Un acte defoi dans notre commune huma-nitĂ©. Il aura lieu du 24 au 26/02 Ă Paris, avec la tenue de deux tablesrondes sur Sauvegarde du patri-
moine immatĂ©riel et musiques tra-ditionnelles en France (le 25) etPourquoi diffuser des musiquestraditionnelles/musique dumonde ? (le 26 Ă 10 h), troisconcerts et une sortie dâalbum.Une tournĂ©e sera ensuite organisĂ©epassant par Bouguenais (44), le14/04, St-Bonnet prĂšs de Riom(63) du 13 au 16/05, Tulle (19) le18/03... Nicolas BĂ©niĂšsâą Rens. au 05 49 95 99 90,www.famdt.com
Un festival permanentLa citĂ© de la musique proposeplusieurs rencontres. Beetho-ven/Chostakovitch face au pou-voir avec lâorchestre sympho-nique de Budapest et un forum(21 et 22/01), Le blues urbain(28 et 29/01) donc une nuit dublues avec Jean-Jacques Milteauet Mighty Moâ Roddgers, unelĂ©gende. Pierre Boulez sera lâin-terlocuteur du thĂšme Musiquepure engagĂ©e (du 5 au 22/02),
Ont participé à la conception de ces pages : Nicolas BéniÚs, Françoise Jeancolas, Philippe Laville, Jacqueline Nacache.
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 41
DANSE ET CRĂATION CONTEMPORAINE
Un monde enchanté
Voyage culturelSyrie-Liban, carrefour des civilisations, du 26/04 au7/05 (dĂ©part de Paris). RĂ©ducâSNES sâapplique aussiĂ cette initiative dâune association animĂ©e par des col-lĂšgues, organisatrice de sĂ©jours et de cours de languesĂ BĂšgles (33) : 05 56 85 62 70 ou 06 09 27 04 31.
42 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
CULTUREMultimédia
La demande de ressources pourlâenseignement du français langueĂ©trangĂšre (FLE) a considĂ©rable-ment augmentĂ© ces derniĂšresannĂ©es, y compris parmi nos col-lĂšgues enseignant en France, etĂ©galement pour des actions hors ducadre scolaire. LĂ encore, mĂȘme siInternet nâest Ă©videmment pas lapanacĂ©e, il serait dommage de nepas sâintĂ©resser aux possibilitĂ©soffertes par le rĂ©seau. On peut eneffet y trouver rĂ©ponse complĂšteou partielle aux divers besoins :âą acquĂ©rir des compĂ©tences ouconnaĂźtre les modalitĂ©s dâune cer-tification ;âą contacts ou adresses ;âą travaux de didactique deslangues ;âą pistes pĂ©dagogiques, Ă©ventuelle-
ment fiches prĂȘtes pour lâutilisationen classe ;âą exercices et logiciels en ligne ou Ă tĂ©lĂ©charger, rĂ©fĂ©rences de cĂ©dĂ©roms ;âą bibliographies... ou catalogues.On trouve ainsi des sites (et rĂ©fĂ©-rences) pour travailler les quatrecompĂ©tences :1. lâexpression Ă©crite Ă lâaide ducourrier Ă©lectronique, par la parti-cipation Ă des forums, des crĂ©a-tions collectives, jeux, ateliersdâĂ©criture dirigĂ©e... ;2. la comprĂ©hension Ă©crite avec lapresse Ă©crite, les contes... ;3. la comprĂ©hension orale Ă lâaide delogiciels, en Ă©coutant des radios... ;4. lâexpression orale avec des logi-ciels, voire en communicant avecdes internautes Ă lâaide dâunmicrophone et dâune webcam.
Et on trouve Ă©videmment aussides ressources pour acquĂ©rir desconnaissances : vocabulaire, gram-maire...Les listes de diffusion et forumssont bien utiles pour Ă©changerentre collĂšgues du FLE et on peutmĂȘme en crĂ©er pour amener lesĂ©lĂšves Ă communiquer. Par ailleurs, on profitera de lâexis-tence de sites en France comme Ă lâĂ©tranger pour varier les approchesou trouver la dĂ©marche adaptĂ©e Ă sa propre situation ; et on nâou-bliera pas tout ce qui sert au FLE
ET AUSSI, TOUJOURS POUR LE FLE
âą MĂ©thodologis http://perso.wanadoo.fr/methodologis/. Portail rĂ©alisĂ© par Pierre Picard,professeur au Centre Audiovisuel de Royan pourlâĂtude des Langues. Voyez par exemple Civilisation.
âą FIPF http://www.fipf.org/index_ressources.htm.Site de la FĂ©dĂ©ration internationale des profes-seurs de français. Des fiches pĂ©dagogiques (âQuoifaire avecâŠâ), des liens (âmĂ©diasâ, âque faireavec les mots ?â), des projets dâĂ©changes.
⹠Le monde du FLE http://fle.asso.free.fr/liens/index.htm. Site des associations de françaislangue étrangÚre, ADACEF, ANEFLE, ASDIFLE etSIHFLES, avec notamment des ressources péda-gogiques autour de Noël, de la chanson, de labande dessinée, etc. à connaßtre aussi pour les
adresses de listes de diffusion et forums, asso-ciations, syndicats...
âą EduFLE.net http://www.edufle.net/article111.html.40 sites de grande qualitĂ© sĂ©lectionnĂ©s en fonc-tion de lâavis des utilisateurs, commentĂ©s, clas-sĂ©s : arts, chansons et comptines, culture,expressions idiomatiques et proverbes, gram-maire, jeux, littĂ©rature, outils de rĂ©fĂ©rence, pro-duction et comprĂ©hension, prononciation etvocabulaire.
âą Francofil http://www.francofil.net/fr/fle_fr.html.Centre de ressources acadĂ©miques, scientifiqueset culturelles sur les pays francophones. Ă noter :liens vers institutions, Ă©changes linguistiques,recherche dâemploi.
⹠Francophonie : http://www.francophonie.org/(agence de la francophonie), http://dglf.cul-ture.fr/ (Délégation générale à la langue fran-çaise, avec pages sur la francophonie, la languefrançaise et les textes littéraires, la traduc-tion, etc.), http://www.auf.org (agence uni-versitaire de la francophonie à Montréal).
⹠Espace pédagogique FLE : http://www.u-grenoble3.fr/espace_pedagogique/index.html.
âą Ă visiter : http://www.francparler.org/cgi/index.pl, un site de lâagence intergouvernemen-tale de la francophonie.
âą Catalogue des listes de diffusion francophones :http://www.francopholistes.com/ et http://www.fr.net/news-fr/liste.html.
Pour le FLE, que chercher sur Internet ?
Ne nĂ©gligez pas dâutiliser pour le FLE des sites aussi divers que cesquelques exemples arbitraires (vous trouverez Ă©videmment des listes plusĂ©toffĂ©es sur les portails principaux).âą Comptines, chansons et poĂ©sies : http://www.momes.net/comptines/
index.htmlâą Chansons populaires : http://www.geocities.com/Vienna/Choir/7173/
index.htmâą PoĂ©sie : http://poesie.webnet.fr/âą Ambassades de France : http://www.adit.fr/âą Guide de lâInternet culturel : http://www.culture.gouv.fr/culture/int/âą AssemblĂ©e nationale : http://www.assemblee-nat.fr/âą GĂ©ographie de la France : http://www.france.diplomatie.fr/ rubrique
découvrir la France.⹠Histoire et géographie : http://www.ac-toulouse.fr/histgeo/⹠Exercices du Gril : http://www.univ-tlse2.fr/gril/⹠Orthonet, du Conseil international de la langue française
http://www.cilf.org/ (histoire de lâorthographe, etc.).âą TrĂ©sor de la langue française : http://atilf.atilf.fr/tlf.htmâą Cours de la BBC : http://www.bbc.co.uk/education/languages/french/
index.shtmlâą Ressources sur les langues (ministĂšre de la Culture) : http://www.culture.fr/
culture/dglf/liens/liens.htm⹠Répertoire de ressources éducatives en français : http://www.lettres.net/⹠Radio France International : http://www.rfi.fr/⹠Radio France : http://www.radiofrance.fr/
NE NĂGLIGEZ PAS
FRANĂAIS LANGUE ĂTRANGĂRE - FRANĂAIS LANGUE SECONDE
Des ressources sur le réseau
sans ĂȘtre fait pour le FLE : sites desmĂ©dias, journaux et revues Ă©crits,des radios, ou sites prĂ©sentant civi-lisation, histoire, gĂ©ographie, ins-titutions... et pourquoi pas le jar-dinage !Nous vous proposons quelquesliens, certains Ă©tant des portails siriches quâun seul serait dĂ©jĂ sus-ceptible de vous guider dans unelongue exploration aussi fructueuseque diversifiĂ©e. AprĂšs essai, vousgarderez dans vos signets un petitnombre de sites pour une grandevariĂ©tĂ© de types de recherches. ïżœ
©D
R
Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 43
âą fle.fr http://www.fle.fr/. Portailde rĂ©fĂ©rence, animĂ© par lâEspaceuniversitaire Albert Camus deMontpellier, sĂ©lection commen-tĂ©e des meilleurs sites pour pro-fesseurs et Ă©tudiants : ressourcespĂ©dagogiques, certifications etformations du FLE... Ne nĂ©gligezpas la rubrique Le cartableconnectĂ© qui conduit celui quiapprend Ă des activitĂ©s (orales,etc.) en fonction de ses besoins.âą ĂduFLE.net http://www.edufle.net/. Site coopĂ©ratif, lieudâĂ©changes entre les acteurs FLE.Nombreuses ressources (dossiersdidactiques, activitĂ©s et exercices,bibliographie) trĂšs bien commen-tĂ©es. Ne manquez pas la rubriqueRechercher, avec activitĂ©s et exer-cices en ligne classĂ©s selon unetypologie dĂ©taillĂ©e (grammaire,vocabulaire, Ă©coute/oral, Ă©crit, etc.).âą EduSud http://www.edusud.org/ressources/fle/sitographie.html. Portail du RĂ©seau africainde formation Ă distance (RESA-FAD), avec des liens largementcommentĂ©s. Ă noter : formation Ă distance, cĂ©dĂ©roms, français prĂ©-coce, français sur objectifs spĂ©ci-fiques, enseignement bilingue, etc.). âą ClicNet http://clicnet.swarthmore.edu/fle.html. Cet annuairede 400 ressources pĂ©dagogiquespour animer les cours, classĂ©s partypes dâactivitĂ© et niveaux requis
a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par Carole Netter, ensei-gnante de français Ă lâUniversitĂ©de Swarthmore (USA).
âą Bonjour de France http://www.bonjourdefrance.com/.LâĂ©cole Azurlingua de Nice, offrefiches pĂ©dagogiques complĂštes(documents didactisĂ©s, dĂ©roulementdes sĂ©quences...), directement uti-lisables en classe, deux forums, etc. âą FLE sitographie http://perso.wanadoo.fr/fle-sitographie/. Lesite de Thierry Lebeaupin (centrede linguistique appliquĂ©e, Besan-çon) est rĂ©guliĂšrement mis Ă jour,trĂšs riche, bien classĂ©. Ă noter :liens vers les mĂ©dias franco-phones (journaux, radios), versles dictionnaires gĂ©nĂ©raux et spĂ©-cialisĂ©s, vers des moteurs derecherche. « Jâai crĂ©Ă© ce site pouravoir un outil de travail me ser-
vant au CLA comme Ă lâĂ©trangeret montrant concrĂštement Ă quoipeut servir Internet. Jâexpose unepratique qui me convient tout enpensant quâelle peut aussi conve-nir Ă dâautres. En fait si la mon-dialisation effraie certains, onpeut Ă©galement parier quâelleserve âlâintelligence distribuĂ©eâet favorise la transmission de lâin-formation, la connaissance descultures, le renouvellement pĂ©da-gogique, et surtout la communi-cation grĂące au travail collabo-ratif, dimension la plus novatricedâInternet.»
âą L e w e b o s c o p e h t t p : / /millennium.arts.kuleuven.ac.be/weboscope/ Guide pour les res-sources en didactique du FLE surInternet, il sâadresse surtout aux(futurs) professeurs de FLE.Rubriques pour lâutilisation dâIn-ternet, pour lire, Ă©crire, Ă©couter,parler et une sĂ©rie dâactivitĂ©svisant lâintĂ©gration maximale desdiffĂ©rentes compĂ©tences. Et aussides outils de travail des connais-sances, grammaire, vocabulaire,interculturel. ïżœ
Le tracĂ© des courbes mathĂ©matiques peut ĂȘtre grandement facilitĂ© par desoutils informatiques. Pour lâĂ©lĂšve qui veut vĂ©rifier son travail commepour lâenseignant qui veut intĂ©grer ces tracĂ©s dans un cours ou un exer-cice, sur papier ou sur un site Internet, sans avoir Ă passer par le scanner. Sous Linux, on pourra utiliser :âą kmplot (du bureau KDE) qui contient de nombreuses fonctionnalitĂ©s,tracĂ© de courbes en coordonnĂ©es orthogonales ou polaires, fonctionsexplicites ou paramĂ©triques, combinaisons de fonctions (possibilitĂ© dechoix de couleurs, de lâĂ©chelle du quadrillage), les fonctions dĂ©rivĂ©es, lestangentes. Il sera ensuite possible dâimprimer la composition ou delâexporter au format pdf en passant par la fonction Imprimer ou unautre format en faisant une capture dâĂ©cran. Documentation en français :http://docs.kde.org/fr/HEAD/kdeedu/kmplot/.âą Mathplot permet en plus du tracĂ©, le positionnement de points, de tan-gentes, des intersections avec lâaxe xâx, sur la courbe, des minima et/oumaxima, les points dâintersections de deux courbes avec affichages descoordonnĂ©es. On peut mĂȘme tracer les solutions des systĂšmes dâinĂ©qua-tion. Page officielle : http://merd.sourceforge.net/pixel/mathplot.html. Mais chacun trouvera bien entendu ces deux logiciels libres dans sa dis-tribution Linux.Ă noter aussi un programme gratuit multiplate-forme, car Ă©crit en Java,que vous pourrez donc utiliser dans un navigateur sous Mac ou Linux ouWindows. Il offre en plus la possibilitĂ© de tracer des courbes en 3D, maisne permet ni la sauvegarde, ni lâexportation, ni le choix des couleurs (il fau-dra faire des captures dâĂ©cran). Voir http://vallyr.club.fr/java.html.Rubrique suivie par Claude Micouin : [email protected].
DES NOUVELLES DES LOGICIELS « ALTERNATIFS »
Pages réalisées par Alain Prevot pour Adapt-SNES 237, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, tél. : 01 40 63 27 70
[email protected]Ă partir des donnĂ©es rĂ©unies par MarylĂšne Cahouet, ValĂ©rie Sultan, ChristineChollet. De nombreux liens et commentaires sont Ă©videmment tirĂ©s des portailsci-dessus.Ces articles sont soumis Ă la licence libre GPL, câest-Ă -dire que la reproductionexacte et la distribution intĂ©grale sont permises sur nâimporte quel support, Ă autant dâexemplaires que vous le dĂ©sirez, pourvu que cette notice et lesmentions de copyright soient prĂ©servĂ©es.Tous les articles multimĂ©dias parus dans LâUS Magazine, des centaines de testsde cĂ©dĂ©roms, de nombreux liens, le catalogue des publications dâAdapt (commandeen ligne possible) sur http://www.adapt.snes.edu
NOS SITES DU MOISUn site Ă suivre
Lâassociation SĂ©samath sâefforcede dĂ©velopper une mutualisationde ressources Ă lâintention descollĂšgues de mathĂ©matiques.Avec en particulier des logicielset exercices gratuits (par tĂ©lĂ©-chargement en ligne) ou regrou-pĂ©s sur un cĂ©dĂ©rom diffusĂ© parGĂ©nĂ©ration-5 pour un prix rai-sonnable. âą Allez voir au moins le portail sĂ©sa-
math http://www.sesamath.net.Vous pouvez téléchargerMathEnPoche, logiciel libre.
⹠Si vous préférez, pour 20 euros,un CD, une interface graphique« professionnel le », uneversion enregistrant les scores,etc., informez-vous surhttp://www.generatio5.fr.
Nous avons expliquĂ© dĂšs le second dossier (US Magazine 11/99) pourquoilâĂducation nationale et ses personnels se devaient de dĂ©velopper lâutilisa-tion de logiciels libres : pour des raisons relatives aux valeurs que nousavons pour mission de transmettre, pour des raisons pĂ©dagogiques, pour desraisons pratiques et Ă©conomiques. Nous revenons trĂšs rĂ©guliĂšrement sur cesquestions et nous avons crĂ©Ă© une rubrique spĂ©cifique. Nous pensons cepen-dant que seront amenĂ©s Ă installer et utiliser de tels logiciels, soit les collĂšguesbien au fait des questions informatiques, soit les collĂšgues qui auront pro-gressivement dĂ©veloppĂ© leur utilisation des ordinateurs qui les entourent, quelsquâils soient. Nos articles donnent le plus souvent la prioritĂ© Ă ces collĂšgues,qui ne gĂšrent pas le rĂ©seau dâĂ©tablissement et hĂ©sitent Ă demander le rem-placement du pack Microsoft en vente quasi-forcĂ©e (et payĂ© avec lâachat delâordinateur) par un pack de logiciels libres, systĂšme dâexploitation compris.Dans cet esprit, nous avons expliquĂ© le mois dernier (et ce nâest pas la pre-miĂšre fois !) comment rĂ©aliser des outils pĂ©dagogiques et nous avons dĂ©critpar dĂ©faut les commandes usuelles sur des logiciels MS trĂšs connus. Notrepropos nâĂ©tant pas dâinciter Ă prĂ©fĂ©rer MS, nous avons prĂ©cisĂ© que lamĂ©thode Ă©tait identique sur certains logiciels libres et, sur deux sites citĂ©s,lâun explique comment faire des diaporamas avec OpenOffice.org, libre,gratuit, facile, performant... Si, aprĂšs cela, quelquâun cherche Ă se procurerPWPT... câest Ă nây rien comprendre !Nous avons reçu quelques rĂ©actions hostiles. Hostiles Ă ... ? Ă lâutilisation deslogiciels MS ?... Comme nous le redisons chaque mois, il est maintenant trĂšsfacile de faire dâautres choix sans perte de temps. Nous vous renvoyons auxarticles dĂ©jĂ parus : Pourquoi et quels LL (11/99 et 12/01) ? Des rĂ©seaux libresdans les Ă©coles (12/2002) ; installer Linux (06/04) ; notre rubrique Logicielslibres et alternatifs chaque mois, etc. Et bientĂŽt ce dossier : SâĂ©quiper en LLfacilement, chez soi et dans lâĂ©tablissement, pour toutes les fonctions clas-siques, facilement, rapidement, avec des logiciels performants. Ces texteset des liens sont sur notre site. Lequel est en cours de transfert sous Spip(libre) avec, dĂ©jĂ , notre catalogue de publications et, prochainement, unerubrique consacrĂ©e aux LL, restructurĂ©e. Alain Prevot, pour Adapt
MICROSOFT OU LOGICIELS LIBRES ? POUR QUI « ROULE-T-ON » ?
Sur le Web, les incontournables du FLE
44 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
au centre (il est un roi), soit en leplaçant Ă lâextĂ©rieur (il est unĂ©tranger). Dans les deux cas, il nepeut se structurer. Nous savonsaujourdâhui que les processusdâapprentissage doivent permettreque le sujet qui apprend Ă©tablisseun rapport avec le monde. Ce quiconduit alors Ă Ă©voquer desnotions comme celle de libertĂ© etde bonheur : la libertĂ©, ce nâestpas une facultĂ© que lâon apprenden soi, câest le produit dâuneconnivence avec des contraintes.Le bonheur, ce nâest pas rĂȘverdâĂ©liminer un jour toutes lescontraintes, câest apprendre à « jouer » avec. Le bonheur estdonc la consĂ©quence dâun « tra-vail » dans lâimprĂ©vu fait de« noces longues »(1) et dĂ©sintĂ©-ressĂ©es. Le CREPS Aquitaineorganise autour de ce thĂšme les15, 16 et 17 mars prochain (2005)un colloque intitulĂ© « art de jouer,art de vivre... » oĂč se rencontrerontphilosophe, artiste, entraĂźneurs... (2)
Pour en revenir au problĂšme dâin-terdisciplinaritĂ©, je prendrailâexemple des cours dâanatomieque nous donnons dans nos Ă©ta-blissements. Il y a une façon clas-sique dâenseigner cette matiĂšre,façon que lâon pourrait qualifierde « trĂšs chirurgicale ». Maisquel sens cela a-t-il rĂ©ellementcompte tenu des problĂšmes qui seposent Ă nous en matiĂšre dâen-
traĂźnement ? Si lâomoplate, parexemple, nâest plus simplementdĂ©crite mais problĂ©matisĂ©ecomme un Ă©lĂ©ment de la posturebipĂšde permettant de faire face de
lui un invisible qui est une vĂ©ri-table conception du monde. Or jepense que cette conception est laplupart du temps nĂ©gligĂ©e alorsque câest sur elle que tout repose.Parler dâexercice, câest â celadevrait ĂȘtre â parler de lâappren-tissage de « quelque chose » parun individu qui, en lâapprenant,sâhumanise. De quelle nature estcette chose, de quel homme est-il alors question et pour quelhomme cet apprentissage est-ilentrepris ? Malheureusement cemoment de rĂ©flexion en amontde lâapprentissage ne sembleguĂšre faire problĂšme dans lesmilieux de lâentraĂźnement sportifcomme dans les milieux de lâĂ©du-cation. De façon gĂ©nĂ©rale, noussommes trop centrĂ©s sur lescontenus et nĂ©gligeons la partdâinvisible qui porte sur le sens.Aucun contenu nâest porteur desens en lui-mĂȘme. Le sens, câestchacun dâentre nous qui leconstruit avec sa propre histoirede vie en interrogeant sans cesseles reprĂ©sentations Ă priori qui
LâUS : François Bigrel, vous ĂȘteslâinstigateur des Rencontres duCREPS Aquitaine qui traitenttous les quatre ans de thĂšmesdĂ©bordant largement le cadre dela seule pratique sportive. Vousavez produit en 2001 par exemple« Variations sur lâexercice », unouvrage collectif qui constituejustement les actes des rencontresde cette annĂ©e-lĂ . Que voulez-vous interroger dans la pratiquede lâexercice ?F. B. : Prenons lâexemple de lâen-seignement des sports collectifscomme le basket ou le handball.Il est frĂ©quent de faire prĂ©cĂ©derces apprentissages dâun jeu« idĂ©al », la « passe Ă dix » censĂ©eapprendre aux jeunes Ă se passerla balle afin quâils transfĂšrent celaensuite dans le jeu lui-mĂȘme. JeconsidĂšre aujourdâhui que nonseulement cet exercice ne permetpas dâavancer dans lâapprentis-sage de ces sports, mais pire, quâilgĂȘne cet apprentissage. Il est vraique quand on observe un matchde handball, on voit bien que lesjoueurs se font des passes et on enconclut « aisĂ©ment » quâil fautfaire des passes pour jouer auhand. Malheureusement faire despasses nâest pas du tout la finalitĂ©du jeu. Cette finalitĂ© est de faireface Ă lâincertitude posĂ©e par lessituations de jeu dans laquelle,certaines fois seulement, la passeest nĂ©cessaire. On joue pourinventer en situation des solutionspermettant de rĂ©soudre les pro-blĂšmes, Ă chaque fois originaux,qui sây posent. La « solution » enhandball, ce nâest pas de faire dixpasses, câest de marquer un but !Celui qui a la balle en main doitdonc dĂ©cider ou de tirer ou depasser la balle et il faut alors, pourlâentraĂźner, le replacer dans lecontexte des « exigences de lasituation ». Il faut quâil se frotte Ă ce que Miguel Benasayag appelledes « conditions nĂ©cessaires »,pour quâĂ©merge le comportementadaptĂ© du handballeur. Entre une« pĂ©dagogie de la passe » pouramener au handball, et une pĂ©da-gogie du handball par lui-mĂȘme,il y a un monde. Que ce soit dans la pratique spor-tive ou dans dâautres champs desavoirs, lâexercice charrie avec
existent ici ou lĂ . La situationsportive de compĂ©tition a unedouble singularitĂ© : lâoriginalitĂ©des circonstances qui la dĂ©finis-sent, lesquelles en nombre quasi
infini rendent la situation nĂ©ces-sairement unique (et donc imprĂ©-visible pour une part), et lâindi-vidu qui vit cette situation, qui estun ĂȘtre singulier. La question estdonc celle du sort « philoso-phique » que lâon fait subir Ă lanotion de « situation », et, der-riĂšre cette question, câest cetteautre, trĂšs ancienne, du rapportentre le sujet et lâobjet.
LâUS : En quoi votre recherchepeut-elle interpeller dâautreschamps disciplinaires ?F. B. : Justement en interrogeantles reprĂ©sentations du sujet dâunepart et les connaissances et lessavoirs dâautre part. Il y a deuxfaçons dâĂ©vincer ce sujet de lâactedâapprendre : soit en le plaçant
PORTRAIT UNE PRATIQUE PĂDAGOGIQUE
âLâexercice charrie avec lui une vĂ©ri
Repenser lâexigence de « haut niveau »
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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 45
façon originale Ă lâenvironne-ment, cela prend tout de suiteune autre dimension. Câest auformateur dâorganiser et dâassu-mer le savoir original quâilconstruit et propose en sâouvrantĂ des champs thĂ©oriques mul-tiples parce que, tout simplement,compte tenu de la mission quilui est confiĂ©e, il a trouvĂ© ce senslà « pour lui ». Le grand pro-blĂšme est donc celui de la for-mation des formateurs. Lâanatomie dont nous avons besoinnâest pas celle du chirurgien. Il ya un savoir dâordre anatomique Ă amĂ©nager en sâappuyant sur la
connaissance de la connaissanceque, par tradition, nous mĂ©con-naissons : le bon formateur câestcelui qui nâa jamais abandonnĂ© laquestion qui lâa mis, lui, en tra-vail. Il faut alors parler des sciencesen montrant leur degrĂ© relatif devaliditĂ© et cesser de les « fanati-ser », ce qui est toujours une solu-tion de facilitĂ©. Dâune part, elles nedisent pas la vĂ©ritĂ© mais une vĂ©ritĂ©parmi dâautres et ne sont dâaucunsecours en matiĂšre de choixĂ©thique. Pour former vĂ©ritablement,il faut apprendre avant tout auxjeunes de quelle nature est le savoir.Pour cela, il faut par exempleenseigner en faisant de lâĂ©pistĂ©-mologie, en retraçant la genĂšsedes connaissances, en montrantcomment les scientifiques qui
sâappuient sur les mĂȘmesconnaissances proposent pour-tant des modĂšles explicatifsconcurrents... Ce nâest pas seu-lement en voyant tomber lapomme que Newton a fait sesdĂ©couvertes...
LâUS : OĂč se situent les freinspour transformer la formationdes formateurs ? F. B. : Il y a quelques annĂ©es estparu dans La Recherche unarticle intitulĂ© « La maladie delâorme, ou lâignorance ensciences ». Cet article racontaitlâanecdote suivante : les ormes
ont eu une maladie au XIXe siĂšcleĂ Paris. Un botaniste a Ă©tudiĂ© etsoignĂ©, Ă ce moment lĂ , cettemaladie. Actuellement les ormesont cette mĂȘme maladie mais per-sonne ne peut les guĂ©rir. Alors onles coupe ! Cet article souhaitaitmontrer que quelquefois « lascience crĂ©e de lâignorance »parce quâaujourdâhui, il y a unspĂ©cialiste de lâĂ©corce qui est Ă Tokyo, un autre, spĂ©cialiste delâaubier, qui est Ă San Francisco...LâUniversitĂ© a construit son pou-voir sur quelques illusions quiont conduit Ă une perte impor-tante de sens. En privilĂ©giant le« comment », nous avons nĂ©gligĂ©le « pourquoi ». Or les princi-paux paradigmes ayant cours Ă lâUniversitĂ© ont maintenant cinq
siĂšcles. Pourquoi continuent-ilsde « travailler » sans ĂȘtre inter-rogĂ©s alors quâils influencent for-tement une certaine conceptionde la formation des maĂźtres ?Pourquoi ne savons-nous formu-ler lâexigence de « haut-niveau »quâĂ travers la lecture autorisĂ©epar ces paradigmes-lĂ ? Pourquoipersonne aujourdâhui nâest fina-lement plus capable de trouverdu sens Ă la recherche scienti-fique telle quâelle est produite ?Nous lui faisons une confiancequi est Ă lâimage de notre igno-rance. Ce nâest plus acceptableaujourdâhui. Je crois quâil nây a quâune seulecompĂ©tence Ă laquelle nous devonsen permanence nous prĂ©parer :câest celle de tenter dâ« apprendreĂ penser ». Penser, câest intro-duire de la relativitĂ© dans sonpropre point de vue et dans le pointde vue de lâautre tout en sâap-puyant sur lui. Câest aussi avoirle courage de faire ce que dit PaulValĂ©ry du mĂ©tier dâartiste,« sâavancer dans lâarbitraire et lais-ser derriĂšre soi la nĂ©cessitĂ© ». Cecourage de lâarbitraire dĂ©finit Ă mes yeux la vie humaine : quandBorg a inventĂ© son revers Ă deux
mains, il a ouvert un champimmense pour tous ceux qui sontun peu faibles avec une seule main.Combien avons-nous perdu dejoueurs de tennis qui auraient Ă©tĂ©bons Ă deux mains mais quinâosaient pas ? et a contrario com-bien avons nous perdu Ă©galementde joueurs que lâon a forcĂ© Ă jouerĂ deux mains alors que cela neleur convenait pas. Borg sâest« avancĂ© dans lâarbitraire » et « alaissĂ© derriĂšre lui la nĂ©cessitĂ© »
(mais pas lâobligation). Aujour-dâhui nous savons que lâon peutfaire un revers Ă une ou Ă deuxmains et que cela est Ă©quivalenttant que le revers est « efficace ».Il nous faut former lâaptitude à « inventer » et cela dans tous lesdomaines, car notre conditionhumaine en situation lâexige. ïżœPropos recueillis par Sylvie Nony
(1) Expression de Michel Serres.(2) Liste dans lâencadrĂ© ci-contre.
Apprendreà « avancerdans lâarbitraire »
SIXIĂMES RENCONTRES DU CREPS AQUITAINE15, 16 ET 17 MARS 2005
Avec : ANDRACA Pierre, CTR natation ; BACRI Jean-Pierre, acteur etauteur ; BASSIS Odette, prĂ©sidente du GFEN, docteur en sciences delâĂ©ducation ; COSTANTINI Daniel, entraĂźneur national (FFHB) ;DI MARTINO Jean-François, entraĂźneur national FFEscrime ; DUFLOColas, philosophe, professeur dâuniversitĂ© ; GATIEN Jean-Philippe,Ă©quipe de France de tennis de table ; JACQUARD Albert, gĂ©nĂ©ticien,Ă©crivain ; LEVEQUE Claude, artiste plasticien ; LEVY Alain, champion dumonde de bridge ; PERRENOUD Philippe, professeur dâuniversitĂ© ;PLEWINSKY Catherine, Ă©ducatrice sportive (natation) ; RAT Michel,entraĂźneur national (FFB) ; SCRIBOT Francis, professeur agrĂ©gĂ© dâEPS ;SCHWINT Daniel, professeur dâuniversitĂ© ; SUSBIELLES François, CTRpelote basque.DĂ©pliant Ă demander au CREPS Aquitaine, 653, cours de la LibĂ©ration, 33405 Talence Cedex.
i table conception du mondeâ
Il faut apprendre avant tout aux jeunes
de quelle natureest le savoir
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Le bon formateur câest celui qui nâa jamaisabandonnĂ© la question qui lâa mis, lui, en travail
ADAPT
46 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004
Un service du SNES
LE SITE DâADAPTIl a fait peau neuve : Alain Prevot, responsable des pages multimĂ©dia dans LâUS, vient de le rĂ©amĂ©nager.Vous pouvez consulter tous nos ouvrages (avec couverture couleur, sommaire complet, introduction,4e de couverture) comme si vous les feuilletiez. La commande en ligne avec paiement par cartesĂ©curisĂ© fonctionne bien : et câest tellement plus simple !Il est accessible directement www.adapt.snes.edu ou depuis le site du SNES.Y sont proposĂ©s, outre le catalogue des ouvrages Ă©ditĂ©s, des tests de CD-Rom Ă©ducatifs (400 environ)ainsi que de nombreux liens et toutes les pages multimĂ©dia de LâUS.
Autour des pratiquesartistiquesCorps et pĂ©dagogieUn recueil dâarticles pour tenter de comprendrece qui se joue dans les corps, quâil sâagisse deceux des enseignants ou de ceux des Ă©lĂšves :quel rĂŽle, encombrant ou crĂ©atif, le corps peut-il tenir dans les apprentissages ? Commentaffronter la difficultĂ© dâĂȘtre qui rend nos mĂ©tierssi exigeants ?Approches philosophique, psychanalytique ousociologique, tĂ©moignages : une quinzaine decontributions dont deux autour de Claude Pujade-Renaud et de Michel Bernard.âąCoordonnĂ© par V. Vanier, 144 pages, sept. 2004, 14âŹ.
EntrĂ©es dans la ville - Enseignerla ville : une dĂ©marche citoyenne La ville, devenue lâenvironnement quotidien de laplupart dâentre nous, est le lieu dâenjeux majeursde notre sociĂ©tĂ©. Comment la dĂ©crypter, sâyregarder, la redĂ©couvrir peut-ĂȘtre pour se lâap-proprier ? Câest la mĂ©diation des arts qui estproposĂ©e ici, en connexion avec les autres dis-ciplines scolaires, pour analyser avec des Ă©lĂšves
les multiples visages de cet espaceurbain, lieu de tension et de crĂ©a-tion (avec la participation dâA.Hayot, ethnologue et de F. Pavloff,Ă©crivain).âą CoordonnĂ© par V. Vanier, 1998,88 pages, 10 âŹ.
LettresEntre deux langues,Autobiographie et bilinguisme
Recueil de 25 trĂšs beaux textesoĂč des Ă©crivains de double cultureparlent de leur identitĂ©, de leurrapport Ă lâĂ©cole et Ă la crĂ©ation(Pasolini, HĂ©lias, Sarraute, Memmi,Chamoiseau, Kundera, Makine etbien dâautres). La possession dâune
seconde langue maternelle, quâelle soit rĂ©gio-nale ou Ă©trangĂšre, permet dâaborder de maniĂšreoriginale lâautobiographie. Textes assortis decommentaires sobres et efficaces pour travail enclasse.âąPar Micheline Cellier-Gelly, Claire Torreilles et Marie-Jeanne Verny, 144 pages, 15 âŹ.
Exercices de remĂ©diationpour la classe de françaisOutil de travail individuel ou collectif destinĂ©aux Ă©lĂšves de collĂšge. Des centaines dâexercicessimples et progressifs utilisables dans des classeshĂ©tĂ©rogĂšnes, pour la remĂ©diation comme pourlâapprofondissement. (MĂȘme collection et mĂȘmesauteurs que « La Bible et lâOdyssĂ©e » et « Fableset contes. »)âą Par D.Beloud, F. Droz et I. Hout.
Trois titres disponibles :
Au pays des mots : pour se familiariser avec ledictionnaire et les rapports entre les mots (dĂ©fi-nitions, familles de mots, antonymes, synonymes,homonymes, polysĂ©mie, champs lexicaux, expres-sions toutes faites).âą 64 pages, (pochette de deux cahiers), 2004, 12 âŹ.
Au pays de lâĂ©crit : pour sâapproprier un manuel,comprendre les consignes, repĂ©rer les types detextes, exploiter titre et couverture dâun livre,jouer avec les mots.âą 64 pages, 2004, 12 âŹ.
Fables et contes : pour repĂ©rer le schĂ©ma nar-ratif, le point de vue, savoir dĂ©crire, lire lâimage,sâentraĂźner Ă lâoral, sâinitier au latin et Ă la languemĂ©diĂ©vale, parodier.âą 64 pages, 2003, 10 âŹ.
Lectures croisĂ©es : le commentaire detexte en français, philosophie et histoireNos Ă©lĂšves ont Ă pratiquer lâexercice ducommentaire dans trois disciplines avecdes consignes parfois trĂšs diffĂ©rentes. Com-ment sây retrouvent-ils ? Cet ouvrageconfronte les pratiques, les prĂ©supposĂ©set lâhistoire de lâexercice scolaire dans lestrois matiĂšres, propose diffĂ©rentesapproches disciplinaires du mĂȘme texte etsâinterroge sur la paraphrase qui est au coeurmĂȘme de lâactivitĂ© du commentaire.âą Pochette de 84 pages, 1994, 11 âŹ.
Histoire des sciencesUne dizaine d'ouvrages Ă la fois accessibles etrigoureux, en co-Ă©dition Vuibert/Adapt, peuventĂȘtre consultĂ©s et commandĂ©s sur le sitewww.adapt.snes.edu
ThĂ©Ăątre : le dĂ©sir de jouerLe dĂ©sir de faire du thĂ©Ăątre estdevenu extrĂȘmement frĂ©quent.Quâest-ce qui aujourdâhui lemotive ? De quoi est-il le signe ?Quelle est sa lĂ©gitimitĂ© ? A quellereconnaissance peut-il prĂ©tendre ?
Est-ce encore le thĂ©Ăątre qui est en jeu ? Cetouvrage, en croisant des points de vue diffĂ©rents,sâinterroge sur lâuniversalitĂ© dâun dĂ©sir profon-dĂ©ment humain, en mĂȘme temps que sur la diver-sitĂ© des pratiques et la singularitĂ© des parcoursdâacteurs.âą CoordonnĂ© par Luc Boucris, 2000, 192 pages,11,50 âŹ.
Aventures dâĂ©critureLes ateliers dâĂ©criture se multi-plient dans des lieux et des milieuxtrĂšs diffĂ©rents. DâoĂč vient ce plai-sir dâĂ©crire individuellement maisen groupe, Ă partir dâun dĂ©clen-cheur ou de contraintes formelles?
Ăcrivains et enseignants sâinterrogent sur la via-bilitĂ© de ce type dâĂ©criture dans lâinstitution sco-laire et tĂ©moignent de pratiques trĂšs variĂ©esdans des lieux divers (dont un entretien avecFrançois Bon).âą CoordonnĂ© par V. Vanier, 2002, 135 pages, 14 âŹ.
De lâĂ©crit Ă lâĂ©cran :Maupassant, Renoir, SantelliQuand Renoir, avec Une partie decampagne, et Santelli, avec LâEn-fant, adaptent Maupassant Ă lâĂ©cran, ils invitent Ă redĂ©couvrirla poĂ©sie de lâeau, Ă regarder au-
delĂ des personnages, Ă prendre la mesure desretournements si frĂ©quents chez Maupassant.LâĂ©tude conjointe des nouvelles et des films, parses va-et-vient constants, permet de comprendrecomment les images, par la logique qui leur estpropre, peuvent fĂ©conder une lecture et dĂ©bou-cher sur une poĂ©tique.âąPar Luc Boucris, Prix Maupassant, 1996, 100 pages,10 âŹ.
La lecture plaisir : de festivalsen concours littĂ©rairesLâapparente dĂ©saffection pour la lecture quitouche les Ă©lĂšves nâest pas fatale. Depuis desannĂ©es, des enseignants lancent des expĂ©riencespĂ©dagogiques pour dĂ©velopper cette activitĂ© delecture. Pour quâelle retrouve son mystĂšre etredevienne un plaisir, il est parfois souhaitable depasser par des chemins dĂ©tournĂ©s : Goncourt desLycĂ©ens, Festival du Premier Roman de Cham-bĂ©ry, mais aussi expĂ©riences plus modestes etmoins mĂ©diatiques. âą CoordonnĂ© par V. Vanier, 1998 - 112 pages, 10 âŹ.
Le mythe dâOrphĂ©e dansles mĂ©tamorphoses dâOvideOrphĂ©e, câest lâamour, la mort, lamusique, la poĂ©sie... Ce mythe grec(sans texte grec), dâune exceptionnellefĂ©conditĂ© puisque indĂ©finiment repris,est Ă©tudiĂ© ici Ă travers les MĂ©tamor-phoses dâOvide. Cette Ă©tude intĂ©ressera les profsde lettres bien sĂ»r mais aussi tous ceux quiaiment lâhistoire dâOrphĂ©e, lâopĂ©ra de Monteverdiou les films dâAngelopoulos. âą CoordonnĂ© par Françoise LĂ©toublon, 2001,128 pages, 11 âŹ.
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