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SommaireRevue de presse 4

30 jours 5

Courriers/témoignages 6

DĂ©bat/opinion 8

ActualitĂ©s 10‱ Tous en grĂšve le 20 janvier‱ Loi d’orientation‱ Salaires‱ Assurance maladie‱ Les nouveaux locaux du SNES‱ Le tsunami

Eco/social 18‱ Projet de loi sur le handicap‱ RĂ©duction du temps de travail

Dossier 21‱ L’apprentissage, Ă©tat des lieux

21

L’UniversitĂ© Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degrĂ© (SNES, 1, rue de Courty, 75341 Paris Cedex 07.TĂ©l standard : 01 40 63 29 00). Directeur de la publication : GĂ©rard AnthĂ©aume, TĂ©l. 01 42 80 91 04. RĂ©dacteurs en chef : Serge Chatelainet Alexis Chabot. SecrĂ©taire de direction : ThĂ©rĂšse Bara. Collaborateurs permanents : Nicolas BeniĂšs, Fabrice Giovanazzi. Responsable publicitĂ© :Clotilde Poitevin, tĂ©l. : 05 65 11 00 79. Photocomposition et photogravure: C.A.G. Imprimerie : RPN, Livry-Gargan (93). C. P. N° 0108 S 06386.I.S.S.N. N°0751-5839. DĂ©pĂŽt lĂ©gal Ă  parution. Conception : Voltaire & AssociĂ©s, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Prix

du numĂ©ro : 1,30 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France 26 € ; Ă©tranger etDOM-TOM : 40 €. 2) Autres, France : 37€ ; Ă©tranger : 51€. PublicitĂ© : CASDEN (2), ZIG-ZAG ;DIDACTHÈQUE BAYONNE (47), MAIF (48). Photo de Une : Thierry Nectoux. Pour s’informer et donnerson avis : MĂ©l : [email protected], Internet : http://www.snes.edu

DIFFUSIONCONTROLEDIFFUSIONCONTROLE

2 0 0 3

FenĂȘtre sur La voix des profs

10 Actualités :Tous en grÚve

DossierL’apprentissage,Ă©tat des lieux

MĂ©tier 29‱ Les langues vivantes dans la loi d’orientation‱ La philosophie en sĂ©ries technologiques‱ Les CPE dans la loi d’orientation

International 33‱ Éducation pour tous, rencontre de Beyrouth

CatĂ©go 34‱ CPGE : les heures supplĂ©mentaires‱ DĂ©tachement, et plus si affinitĂ©s

FenĂȘtre sur 36‱ La voix des profs

Culture 38‱ Livres-revues‱ CinĂ©ma/ThĂ©Ăątre/Spectacles/Expositions‱ MultimĂ©dia

Portrait 44‱ Une pratique pĂ©dagogique

36

ÉditoLe discours de vƓux du prĂ©sident de laRĂ©publique aux « forces vives de lanation » a Ă©tĂ© cette annĂ©e Ă©minemmentpolitique et s’inscrit rĂ©solument dans lecadre de la « stratĂ©gie europĂ©enne » deLisbonne et d’une politique libĂ©rale.Tandis que la reprise Ă©conomiques’essouffle, le prĂ©sident fait le pariparadoxal de relancer la croissance
sans augmenter les salaires.Il fait appel Ă  la concurrence pourbaisser les prix au moment oĂč la grandedistribution et les banques ont montrĂ©la force des monopoles privĂ©s. Il choisitla baisse de l’impĂŽt sur le revenu, lesdĂ©grĂšvements fiscaux qui touchent lesplus fortunĂ©s, et la hausse des impĂŽtslocaux qui, elle, pĂšse sur l’ensemble desmĂ©nages.Il veut relancer le crĂ©dit Ă  laconsommation dont l’accĂšs estprofondĂ©ment inĂ©galitaire et coĂ»teux.Sur les services publics, le discoursconfirme l’attaque contre l’ANPE et lapoursuite de la politique de privatisationfaisant fi de tout ce que l’histoirerĂ©cente a montrĂ© en Argentine, auRoyaume-Uni, aux États-Unis qui ontdĂ©mantelĂ© les services publics.L’école, qui n’était dĂ©jĂ  plus la prioritĂ©depuis deux ans, est quasiment absentede ce discours, mĂȘme si le prĂ©sident atentĂ© maladroitement de se rattraper lelendemain devant les « CorpsconstituĂ©s ». Et cela Ă  une semaine de laprĂ©sentation de la loi d’orientation enconseil des ministres. Il ne s’agit qued’une « rĂ©forme » dans la ligne de celledes retraites et de l’assurance maladie,ce qui n’est pas trĂšs rassurant. Il n’est jamais question du rĂŽle del’école, de la formation, de l’élĂ©vationdes qualifications dans la croissance, le dĂ©veloppement, le progrĂšs social.Seul l’apprentissage trouve grĂące auxyeux du prĂ©sident comme moyen sĂ»rd’accĂ©der au « bon emploi ».Ces choix budgĂ©taires ont conduitdepuis trois ans Ă  supprimer desdizaines de milliers de postes,notamment d’enseignants etd’encadrement Ă©ducatif (surveillants etaides Ă©ducateurs) bloquant toutepossibilitĂ© de remplacement aujourd’hui,rĂ©duisant l’offre de formation, fermantdes sections notamment technologiqueset professionnelles.La loi Fillon en prĂ©paration s’inscrit dansce cadre de renoncement Ă  toutepolitique Ă©ducative et socialeambitieuse. Ceci nous conforte dansl’idĂ©e que l’action unitaire forte est plusque jamais nĂ©cessaire. Le 20 janvier,nous serons en grĂšve pour dire que

nous souhaitonsconstruire une école et une société plusjustes, pluségalitaires,solidaires.

GisÚle Jeancosecrétaire générale

Bonne annĂ©e, bonne santĂ© !C’est ce qu’ensemble nous pouvons souhaiter pour notre syndicat et nos mĂ©tiers. Et cette annĂ©e 2005 commencesur une note trĂšs positive en terme de syndicalisation : plus de 61 000 collĂšgues ont dĂ©jĂ  acquittĂ© leur cotisation syn-dicale 2004/2005, soit dĂ©jĂ  quelque 3 500 de plus que l’an dernier Ă  la mĂȘme date. Les personnels de second degrĂ©confirment ainsi leur volontĂ© de se rassembler plus nombreux dans leur syndicat, et de construire ensemble les ripostesaux agressions et autres projets nĂ©fastes.Si vous ĂȘtes de celles ou ceux qui n’ont pas encore acquittĂ© leur cotisation, alors faites ce geste sans tarder auprĂšsde votre section SNES d’établissement ou auprĂšs de votre section acadĂ©mique.

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

REVUE DE PRESSEBONNE ANNÉE

Le travail, c’est la santĂ©...

Le travail ne protĂšge plus de la pauvretĂ©. C’est le constat essen-tiel du Secours catholique, qui a remis son rapport annuel Ă 

Jean-Pierre Raffarin [...]. PrĂšs des trois quarts (74 % exacte-ment) dĂšs 690 600 personnes en grande pauvretĂ© accueillies l’andernier par l’association ont un emploi prĂ©caire – trois fois plusque la moyenne nationale –, des « sous-contrats » qui entraĂźnentun succesion « de ruptures dans les ressources et donc une vie enpointillĂ© », note le rapport.Ces petits contrats (intĂ©rim, temps partiel, CDD, emplois aidĂ©s...)leur fournissent un revenu moyen de 540 euros par mois et parunitĂ© de consommation, infĂ©rieur au seuil de pauvretĂ© (602 eurosselon l’Insee). Ce sont les saisonniers et intĂ©rimaires qui ont lerevenu le plus faible (448 euros), tandis que seuls ceux qui ontun CDI Ă  temps complet parviennent Ă  dĂ©passer le seuil(675 euros). [...]Autre constante mise en lumiĂšre par le Secours catholique :l’embellie Ă©conomique des annĂ©es 1999-2001 n’a pas permis auxpersonnes les plus Ă©loignĂ©es de l’emploi de s’y insĂ©rer durable-ment : elles sortent du chĂŽmage en pĂ©riode de croissance mais yretournent dĂšs que la situation Ă©conomique se dĂ©grade, commeen tĂ©moigne la remontĂ©e des taux de chĂŽmage des personnesaccueillies, passĂ© de 58,6 % en 2001 Ă  66,5 % en 2003.Plus d’un quart des chĂŽmeurs accueillis est au chĂŽmage depuisplus de deux ans, et 66 % des demandeurs d’emplois ne sont pasindemnisĂ©s, alors qu’ils ne sont « que » 36,7 % au niveau natio-nal. Entre 1999 et 2003, alors que la proportion de chĂŽmeurs nonindemnisĂ©s a dĂ©cru en France (– 10 %), elle a augmentĂ© de 10 %pour ceux qui frappent Ă  la porte du Secours catholique.

17 novembre 2004

Travailler ne protÚge pastoujours de la pauvreté

7 décembre 2004

CLASSEMENT OCDE DES ÉLÈVES : LA FRANCEMOYENNEMENTPERFORMANTENi cancres ni premiers de la classe :cette annĂ©e encore, les Ă©lĂšvesfrançais affichent des rĂ©sultatssans Ă©clat, « lĂ©gĂšrement au-dessusde la moyenne » internationale.[...] En 2000, le premier palmarĂšsavait fait couler beaucoup d’encre :certains pays considĂ©rĂ©sjusqu’alors comme des modĂšlesĂ©ducatifs (France, Allemagne)s’étaient vu voler la vedette pardes nouveaux venus, comme leJapon, la Finlande ou le Canada.Trois ans plus tard, les tendancesgĂ©nĂ©rales demeurent [...].La France tire, quant Ă  elle, toutjuste son Ă©pingle du jeu : les Ă©lĂšvesde Seconde et de TroisiĂšme quicomposaient le panel ont obtenudes rĂ©sultats presque identiques Ă ceux de l’an 2000. En comprĂ©hension Ă©crite, ils sont14e si l’on retient les seuls pays del’OCDE [...]. Dans les matiĂšresscientifiques, ils ont obtenu une 10e

place (progressant de 3 rangs).

26 novembre 2004

L’IVG, UNE LIBERTÉFRAGILEAprĂšs 3 ans d’attente, le ministrede la SantĂ©, Philippe Douste-Blazy,a fini par signer, le 23 juilletdernier, l’arrĂȘtĂ© autorisant la prisede pilule abortive « en ville » pourdes grossesses ne dĂ©passant pas5 semaines. [...] Non revalorisĂ©depuis 13 ans, le prix de l’acte del’IVG a Ă©tĂ© augmentĂ© de 29 % cetĂ©tĂ©. Une façon de lutter contre lesmĂ©decins qui choisissent la clausede conscience pour des questionsde non-rentabilitĂ©. De plus, depuisjanvier 2002, toute jeune fillemineure peut se procurer Ă  lapharmacie, gratuitement et sansordonnance, une boĂźte de Norlevo,la pilule du lendemain qui, prise72 heures aprĂšs le rapport sexuel,permet d’éviter la grossesse.ProblĂšme : sur le terrain, la moitiĂ©des pharmaciens refusent de ladĂ©livrer. Une question d’avance defrais... alors que 8 000 Ă  10 000jeunes filles mineures se fontencore avorter chaque annĂ©e.

3 décembre 2004

LES 35 HEURES EN TRAVAILD’ASSOUPLISSEMENT[...] Dimanche, au Bourget,ministre de l’Économie et desFinances encore pour quelquesheures, Nicolas Sarkozyharanguait les militants de sonparti en leur disant : « Si nouspensons que les 35 heures ne sontpas la solution aux problĂšmes dela France, alors n’hĂ©sitons pas Ă en prĂ©senter une rĂ©formeprofonde. » Ce n’est pas danscette hypothĂšse que se place legouvernement. Mais celan’empĂȘche pas Jean-PierreRaffarin d’explorer toutes leshypothĂšses qui permettraient demontrer que les assouplissementsenvisagĂ©s ne sont passymboliques. C’est ainsi qu’ilpourrait jouer sur le compteĂ©pargne temps (CET) et le reposcompensateur, sans toucher Ă l’architecture gĂ©nĂ©rale dudispositif mis en place par MartineAubry. Le compte Ă©pargne tempspermet de reporter d’une annĂ©esur l’autre une partie des heuresde rĂ©cupĂ©ration au titre de la RTT.L’idĂ©e serait de permettre saconversion en droit Ă  formation(DIF) ou en Ă©pargne pour laretraite, voire en Ă©pargned’entreprise. Ce qui reviendrait Ă permettre de monĂ©tiser tout oupartie des jours de RTT.

8 décembre 2004

LES FONCTIONNAIRESLAISSÉS POUR COMPTERenaud Dutreil a-t-il vraimentl’intention de nĂ©gocier sur lessalaires des fonctionnaires ? Lessyndicats n’en sont pas convaincus.[...] Alors que son prĂ©dĂ©cesseurinsistait sur la « modernisationnĂ©cessaire » de la fonctionpublique pour faire passer lesrĂ©formes, Renaud Dutreil retrouvedes accents poujadistes pour tenterde diviser les fonctionnaires(« rigides, budgĂ©tivores etinefficaces ») et le reste desFrançais. Car c’est bien de budget qu’il s’agit.En pĂ©riode de crise de la dettepublique, les fonctionnaires sontdevenus une variable d’ajustementbudgĂ©taire.

Le dessin du mois

Le Canard enchaßné du 15 décembre 2004.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 5

Papesse. Mort de Françoise Verny, grande figure de l’édition française.

14déc.

Économie(s). Vote du budget de l’ÉlysĂ©e, en hausse de580 % depuis 1995.

20nov.

Mort à crédit. Les principaux créanciers de la planÚte (untiers de la dette mondiale) annulent 80 % de leurs créances.

21nov.

DĂ©mocratie. DĂ©but des manifestations contre les rĂ©sultatstruquĂ©es de l’élection prĂ©sidentielle en Ukraine.

23nov.

Espoir ? La conférence de Charm El Cheikh marque le soutien de la communauté internationale au processus démocratique en Irak.

23nov.

« Oui, si... » de Jacques Chirac Ă  l’adhĂ©sion de la Turquie Ă l’Union europĂ©enne.

15déc.

Maladie. Un protocole d’accord est signĂ© entre l’assurancemaladie et trois syndicats de mĂ©decins. Il instaure un parcours desoins coordonnĂ©.

15déc.

Tsunami. Un raz-de-marée provoqué par un tremblement de terre fait des dizaines de milliers de morts en Asie du Sud-Est.

26déc.

Élections en Irak. Assassinat du gouverneur de Bagdad.4

janv.

SolidaritĂ©. En IndonĂ©sie, confĂ©rence internationale sur l’aideaux pays d’Asie du Sud-Est victimes du tsunami.

6janv.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts » (Newton)Inauguration du viaduc de Millau.

14déc.

30 JOURS

Sous surveillance. La nouvelle Commission européenne estfinalement investie par le Parlement de Strasbourg.

18nov.

Iznogoud. Nicolas Sarkozy est Ă©lu prĂ©sident de l’UMP. HervĂ© Gaymard lui succĂšde Ă  Bercy.

28nov.

Oui ! Référendum interne au Parti Socialiste sur la Constitutioneuropéenne.

1ER

déc.

GrÚve dans le second degré.7

déc.

Discriminations. Adoption de la loi créant une HauteAutorité contre les discriminations et comportant un dispositif contresexisme et homophobie.

8déc.

Ci-gisent les 35 heures. Raffarin présente son «Contrat 2005» comportant un plan pour revenir sur les 35heures.

9déc.

Justice... Silvio Berlusconi est relaxé dans son procÚs pour corruption.

10déc.

ASIE DU SUD-EST

L’émotion et la colĂšreLe 26 dĂ©cembre, l’Asie du Sud-Est connaissait une catastrophe

naturelle d’une ampleur inĂ©dite. Elle a engendrĂ© des dizaines de milliers de morts, de blessĂ©s, de personnes dĂ©placĂ©es et plongĂ©esdans une dĂ©tresse et un dĂ©nuement profonds. D’une telle catastrophe humanitaire, le monde entier s’est Ă©mu,entraĂźnant un large mouvement de solidaritĂ©. L’émotion doit cependant faire place, d’ores et dĂ©jĂ , Ă  des interrogations sur l’absence de prĂ©vention du risque de tsunami, pourtant bienconnu dans cette rĂ©gion, et plus gĂ©nĂ©ralement encore sur les responsabilitĂ©s en cause dans cette catastrophe. L’avenircommande d’y rĂ©pondre afin d’éviter qu’un tel drame se renouvelle. Lire Ă  ce sujet les articles de la page 17.

©A

FP

Romulus ou Remus ?

Le professeur certifiéRomulus passa de nom-breuses années à pré-

parer ses cours et Ă  corrigerses copies ; Ă  l’écoute de sesĂ©lĂšves, il Ɠuvrait pour la rĂ©us-site de tous. Au cours d’unjour faste, il avait obtenu, auprix de nombreuses luttes quesa fin de carriĂšre fĂ»t revalo-risĂ©e : au 11e Ă©chelon, il atten-dait d’accĂ©der Ă  une promo-tion : la hors-classe.Mais c’était sans compter ladĂ©cision des Dieux : journĂ©faste ! Son frĂšre, le profes-seur certifiĂ© Remus, obser-vait rĂ©guliĂšrement le vol etle chant des oiseaux, il nour-rissait avec attention les pou-lets sacrĂ©s, espĂ©rait devenir

expert en l’art de lire leursentrailles et surtout s’entre-tenait souvent avec l’augurequalifiĂ©. Celui-ci, grĂące Ă  sabaguette divinatoire et expertdans l’art d’interprĂ©ter lesphĂ©nomĂšnes cĂ©lestes dĂ©cidaque seul Remus devait accĂ©-der Ă  la hors-classe : son ini-tiation Ă  la science auguralelui semblait bien plus impor-tante que le fait d’enseigner.Qui sait ce que l’augure qua-lifiĂ© avait lu dans les entraillesdes poulets ? Qui sait surtoutsi un autre augure qualifiĂ© n’yaurait pas lu autre chose ?
Que serait-il alors advenu deRemus ?Ceci est une autre Histoire


Corinne Gioanni-Massa

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6 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

DEBATCourriers

Le travail n’est plus un rempart contre la prĂ©caritĂ©J. Mancione, Bordeaux

Précarithon

BD ET MYTHOLOGIEUlysse, le vainqueur de la guerre de Troie,ne peut rentrer chez lui. Ce pĂ©riple est pleinde rebondissements. SĂ©bastien Ferrand a eul’idĂ©e d’adapter l’Ɠuvre d’HomĂšre pour larendre visible et lisibles aux jeunes gĂ©nĂ©-rations. C’est un travail d’utilitĂ© publique. Ilfaudrait le subventionner. Trois tomes poursuivre les aventures du roi d’Ithaque protĂ©gĂ©d’AthĂ©na et victime de PosĂ©idon. Ce n’est pastrop. Le dernier vient de paraĂźtre. Le gra-phisme a Ă©voluĂ©. Il est plus fou, plus liĂ© aufantastique. De quoi rĂ©jouir les enfants.Que nous sommes restĂ©s. N.B.‱ Ulysse, Émmanuel Proust Ă©ditions.

Ainsi en va-t-il du rapport France précaire 2003 remis par leSecours catholique le 16 novembre dernier au Premier ministrede la France, Jean-Pierre Raffarin.

Selon le Secours catholique, le travail n’est plus un rempart contre lapauvretĂ© : « tous les emplois prĂ©caires exposent Ă  la pauvretĂ© ». Laphrase a le mĂ©rite d’ĂȘtre claire et d’annoncer la couleur du rapport. Leniveau des plus fragiles ne cesse de se dĂ©grader et la proportion des per-sonnes sans ressource augmente. Les revenus, mĂȘme du travail, nerĂšglent pas tout. Au contraire, intĂ©rim, contrat Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e, tempspartiel, ... concernent particuliĂšrement les populations les plus dĂ©mu-nies. Parmi les travailleurs accueillis par l’association, les 3/4 occupentun emploi prĂ©caire.Une collĂšgue vient de s’adresser au SNES pour signaler sa situationpersonnelle ; elle n’avait sans doute pas lu le rapport du Secourscatholique. Elle Ă©crit pourtant : «actuellement, n’ayant aucun poste,je vis en tout et pour tout avec 300 €/mois (allocations familiales).Avec un tel budget, difficile de s’offrir un voyage jusqu’à Bor-deaux mĂȘme pour une bonne cause. On a du mal Ă  imaginer qu’unecatĂ©gorie d’enseignants soit trĂšs mal lotie, mal logĂ©e et qu’ils fontpartie des « travailleurs pauvres». Moi-mĂȘme, avant d’essayer d’in-tĂ©grer l’Éducation nationale, j’ignorais toutes ces galĂšres auxquellessont confrontĂ©s certains enseignants. J’ai 45 ans, 2 enfants Ă  chargeet j’enseigne depuis 7 ans... De l’Éducation nationale, j’espĂ©raismieux. »Le rapport France prĂ©caire dĂ©monte l’idĂ©e des chĂŽmeurs bien contentsde l’ĂȘtre : « les gens rencontrĂ©s ont une volontĂ© de travail. Pour une ques-tion de dignitĂ© par rapport Ă  leur famille et Ă  leur environnement ». Sila monoparentalitĂ© augmente, la situation des femmes seules et plusparticuliĂšrement des mĂšres est des plus prĂ©occupantes. PrĂ©caires,pauvres et maltraitĂ©s.Nous sommes sans doute loin des activitĂ©s d’un syndicat. Et pourtant, cesquestions concernent tout particuliĂšrement l’Éducation nationale et le sec-teur de l’éducation. ChĂŽmage, retards de paiement, difficultĂ©s Ă  payer sonloyer, la cantine, les dĂ©placements pour se rendre Ă  son travail, ... C’est ce que nous sommes allĂ©s dire le 24 novembre – dans le cadre d’uneaction nationale contre la prĂ©caritĂ© – au rectorat, et pas seulement dire. Les retards de paiement sont proprement scandaleux : comment peut-on accepter qu’un travail effectuĂ© soit payĂ© par l’État avec un telretard ? Surtout pour des personnes aux revenus irrĂ©guliers ! Manquede personnel pour traiter les dossiers ?Trop de personnels titulaires ? Ah bon ! Ce trop entraĂźnerait le chĂŽmagedes non-titulaires ? Et pourquoi M. Fillon envisage-t-il de confier lesremplacements aux collĂšgues de l’établissement ? La garantie de rĂ©emploi pour les contractuels n’est pas une aberrationde pensĂ©e. Tout le monde sait qu’en droit social, les faits prĂ©cĂšdent le

droit. La garantie de rĂ©emploi des MA n’était pas en son temps assurĂ©e.Le droit Ă  l’action sociale dont sont Ă©cartĂ©s les non-titulaires chĂŽmeursne serait-il pas un moyen honorable d’aider des collĂšgues investis dansleur mission et que le rectorat a Ă©lĂ©gamment rejetĂ©s Ă  l’ANPE. ? Et mĂȘme si ces collĂšgues ne pouvaient retrouver un emploi de rem-placement garanti, ne pourrait-on pas les aider Ă  prĂ©parer leur titu-larisation autrement que par la rĂ©ouverture des dossiers de candida-ture aux prĂ©parations des concours ? Ne pas se laisser endormir.Ces questions posent des choix financiers donc politiques. Face Ă  cerĂ©quisitoire contre l’emploi prĂ©caire, le Premier ministre a appelĂ© à« une mobilisation collective » contre la pauvretĂ© et exprimĂ© « lagratitude nationale pour l’engagement personnel au sein des asso-ciations». Il a rĂ©affirmĂ© sa confiance en un retour de la croissance etune baisse significative du chĂŽmage en 2005. On connaissait Jean-Pierre Raffarin comme un expert dans l’art d’endormir ses interlo-cuteurs. Parce que les prĂ©caires – et les autres – ne peuvent dormirtranquilles, il est temps pour toute la profession de montrer qu’ellene se laisse pas endormir. Le 7 dĂ©cembre, nous Ă©tions en grĂšve pour la dĂ©prĂ©carisation de l’em-ploi dans l’Éducation nationale. Continuons Ă  nous mobiliser !

À propos des prisons pour mineursC. H., S1 de Gaillac

Établissements pĂ©nitentiaires

Dans une ville accueillante duTarn, le maire se fĂ©licite d’avoirobtenu la construction d’un EPM(Ă©tablissement pĂ©nitentiaire pourmineurs) pour 2006. Ce dernier, prĂ©vu pour 60 mineursentre 13 et 18 ans, est l’un des 6Ă©tablissements projetĂ©s surl’Hexagone.Actuellement, 14 mineurs sontincarcĂ©rĂ©s pour la rĂ©gion Midi-PyrĂ©nĂ©es Ă  Seysses (oĂč 40 placessont disponibles) dans un quartierqui leur est rĂ©servĂ©. Augmenter « l’accueil » peutlaisser craindre de chercher avecplus de zĂšle des « pensionnaires »dans un contexte sĂ©curitairerenforcĂ© par l’application de la loiPerben. Par ailleurs, 150 personnesdevraient assurer l’encadrementavec pour moitiĂ© des adultes de laPJJ (protection judiciaire de lajeunesse). Un encadrement et unsouci Ă©ducatifs qui laissentpantois. Tant que les mineurs sonten libertĂ©, dans leur quotidien,leur encadrement Ă©ducatif(surveillants, Ă©ducateurs,enseignants, infirmiĂšres,mĂ©decins scolaires) diminuefortement, mais ils auraient droit

Ă  ce qui peut apparaĂźtre commeun « traitement de faveur » endĂ©tention. Cependant la prĂ©senceforte de la PJJ est un leurre. Eneffet, cette derniĂšre se voit deplus en plus contrainte Ă  prendreen charge uniquement desmineurs dĂ©linquants et Ă  lescontenir au moyen del’enfermement. C’est une dĂ©rivedangereuse car tout jeune enrelation avec la PJJ seracataloguĂ© de dĂ©linquant ipsofacto. Le SNPES-FSU (personnelsde l’éducation surveillĂ©e) semblebien seul Ă  dĂ©noncer ces projets.Or nous assistons Ă  la logique durĂ©pressif vainqueur du prĂ©ventifet de l’éducatif. Il ne faut pas que ces EPM seremplissent de jeunes dont on saitque 80 % retourneront en prison.Enseignants, parents, citoyens,nous devons dire NON Ă  laconstruction de ces EPM quirĂ©sonne dangereusement face Ă la diminution drastique desmoyens de l’Éducation nationale.Il me semble que nous devrionsdavantage intĂ©grer cettedimension rĂ©pressive dans notreĂ©vocation de la situation et dansnos revendications.

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PRODUCTION CULTURELLE ET OCCUPATIONLa pĂ©riode 1940-44 connut une Ă©tonnanteet paradoxale production culturelle enFrance alors que l’Allemagne s’appauvris-sait. Comment l’expliquer ? Les auteursrĂ©unis par Albrecht Betz et Stefan Martensessaient d’y rĂ©pondre. L’histoire culturelleest en train de gagner sa place. Les inter-rogations sont multiples sur ces intellec-tuels et leur rĂ©action, mais aussi leur fas-cination. Une vĂ©ritable leçon et d’histoireet de comportements. N.B.

‱ Les intellectuels et l’Occupation 1940-1944, Collaborer, Partir, RĂ©sis-ter, Editions Autrement, collection MĂ©moires.

Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 7

Un collĂ©gien arrĂȘtĂ© en plein cours au collĂšgeJeanne-d’Albret de Pau et menacĂ© d’expulsionJ.-J. L. M., pour le S2 des PyrĂ©nĂ©es Atlantiques

Rafle

Samuel Johnson a 16 ans et demi. Orphelin, Ghanéen réfugié enFrance depuis plusieurs mois, placé par le juge des enfantsdans un foyer de la région paloise, excellent élÚve assidu au col-

lĂšge Jeanne d’Albret depuis la rentrĂ©e de septembre dernier, il ne prĂ©-sente aucun danger ni aucune menace pour notre pays.Le 18 novembre Ă  9 h45, trois fonctionnaires de la Police Aux Fron-tiĂšres viennent l’arrĂȘter Ă  l’intĂ©rieur du collĂšge. Ses camarades de laclasse qu’il a dĂ» quitter brutalement pendant le cours sont traumatisĂ©s.Le personnel, et particuliĂšrement les enseignants du collĂšge, estchoquĂ©, indignĂ©.Il est ensuite internĂ© au centre de rĂ©tention administrative d’Hendaye,puis dans celui du Mesnil-Amelot dans la Seine-et-Marne, Ă  proxi-mitĂ© immĂ©diate de l’aĂ©roport de Roissy.Comme il est mineur, la police ne peut pas l’expulser. L’avocateMe Maripierre Massou dit LabaquĂšre a d’ailleurs dĂ©posĂ© le22 novembre un recours en rĂ©fĂ©rĂ© contre la menace d’expulsiondevant le tribunal administratif de Pau et l’expulsion est suspendue.La police demande alors au consulat du Ghana un laissez-passerpour le Ghana pour Samuel. Le consulat le fournit, en indiquant la datede naissance de Samuel, car il ont reconnu leur ressortissant. Chou blanc pour la police car le document indique que Samuel estmineur. Qu’à cela ne tienne. Elle fait pression sur le consulat pour obte-nir un nouveau document et exige « qu’il soit conforme aux examensradiographiques que nous lui avons fait subir » ! C’est-Ă -dire qu’ilsveulent faire primer un examen radiologique sans valeur scientifique, ettrĂšs discutable, sur deux papiers officiels indiquant l’ñge de Samuel.Il faut absolument que Samuel apparaisse comme majeur pour pou-voir ĂȘtre expulsĂ©, et il faut expulser Samuel pour emplir le quota d’im-migrĂ©s Ă  expulser.Malheureusement les pressions sont efficaces et le consulat fournit,paraĂźt-il (personne ne l’a vu), un nouveau laissez-passer avec une datede naissance « convenable ». Jeudi 16 dĂ©cembre, Samuel doit ĂȘtreexpulsĂ©. Il refuse de monter dans l’avion. Il est placĂ© en garde Ă  vue.Il est prĂ©sentĂ© Ă  un juge qui l’inculpe pour entrave Ă  procĂ©dure admi-nistrative. Il est jugĂ© le 20 dĂ©cembre devant la 17e chambre correc-tionnelle du tribunal de grande instance de Bobigny en Seine-Saint-Denis et condamnĂ© Ă  trois mois de prison Ă  Fleury-MĂ©rogis...Le S1 du collĂšge est intervenu dĂšs le 1er jour par une pĂ©tition unanimedu personnel, qui a Ă©tĂ© portĂ©e au principal du collĂšge.Une dĂ©lĂ©gation du S1, accompagnĂ©e du secrĂ©taire dĂ©partemental dela FSU, a Ă©tĂ© reçue Ă  la prĂ©fecture le 1er dĂ©cembre pour s’indigner del’entrĂ©e de la police dans un Ă©tablissement scolaire pour un motif sansaucun rapport avec la sĂ©curitĂ© des biens ou des personnes et pour pro-tester contre la politique d’expulsion des Ă©trangers, mĂȘme mineurs.Le 14 dĂ©cembre, le secrĂ©taire dĂ©partemental de la FSU, membre duS2 du SNES, rend visite Ă  Samuel au centre de rĂ©tention administrativedu Mesnil-Amelot.Une confĂ©rence de presse unitaire intersyndicale est organisĂ©e le 18dĂ©cembre Ă  Pau avec la FCPE, le MRAP et plusieurs autres associations. Le 23 dĂ©cembre Ă  15 heures, une manifestation est organisĂ©e par lesmĂȘmes devant la prĂ©fecture de Pau pour exiger la libĂ©ration de Samuel. La mobilisation s’étend. Le temps presse. L’indignation est grandede constater une dĂ©rive policiĂšre de cette ampleur.Cette fois-ci, il s’agit de Samuel Johnson. Mais des dizaines de cascomparables se passent chaque mois dans le dĂ©partement, l’acadĂ©miede Bordeaux et partout en France. La police intervient pour expulserdes enfants qui sont scolarisĂ©s Ă  l’école primaire, comme ils onttentĂ© de le faire Ă  Bordeaux. Chaque semaine, des jeunes gens quicommençaient Ă  s’intĂ©grer dans notre pays et qui sont scolarisĂ©srĂ©guliĂšrement, sont brutalement expulsĂ©s dĂšs qu’ils atteignent 18 ans.

Le cas de Samuel est remarquable, car il s’agit d’un mineur dont lapolice essaie de faire croire qu’il est majeur, en employant des pro-cĂ©dĂ©s inqualifiables, mais il faut prendre conscience que des raflesincessantes se produisent dans notre pays qui n’est plus terre d’asile.Le ministre nous dit que nous devons apprendre Ă  nos Ă©lĂšves lesvaleurs rĂ©publicaines. Monsieur le ministre, nous n’avons pas lesmĂȘmes valeurs.

Zéro pointéSections SNES-SNEP FSU du collÚge Jas-de-Bouffan,du lycée de Luynes, du lycée Cézanne, Aix

Télénotes

« Le grand problĂšme de l’État, c’estla rigiditĂ© de sa main-d’Ɠuvre »,« Le problĂšme que nous avons enFrance, c’est que les gens sontcontents des services publics ».Renaud Dutreil, ministre de laFonction publique et de la RĂ©formede l’État le 20octobre 2004.Le grand problĂšme du collĂšge Jas-de-Bouffan, du lycĂ©e de Luynes, dulycĂ©e CĂ©zanne et de tant d’autresĂ©tablissements en cette fin depremier trimestre c’est que nous nesommes pas content, des servicesofferts par des entreprises privĂ©es(COFRAMI et Microsoft) en sous-traitance du CRDP pour les notes etles bulletins en ligne sur Internet.Ce n’est pas un problĂšme de rigiditĂ©mais d’efficacitĂ© Ă  cause de sacomplexitĂ© et de sa lenteur. Sesconcepteurs savent-ils seulement

qu’ils risquaient l’encombrement Ă certaines pĂ©riodes ? Connaissent-ilsseulement le fonctionnement d’unĂ©tablissement et les besoins desenseignants ? La consĂ©quence pourles enseignants, ce sont des heuresde travail en plus sans aucun intĂ©rĂȘtpĂ©dagogique. Exemple au lycĂ©e deLuynes, deux heures et demi pourremplir les bulletins de 35 Ă©lĂšves,soit l’effectif normal d’une classe
quand le logiciel marche ! C’estparfaitement inadmissible!Vu le prix payĂ©, soit 300 euros, parun collĂšge — combien par lesnombreux autres collĂšges et lycĂ©esabonnĂ©s —, on peut se demanders’il n’aurait pas Ă©tĂ© plus simple deconfier le fonctionnement de cesservices en ligne au... service publicpar exemple, comme c’était le casl’an dernier.

PrĂ©cision/AutoritĂ©Nous avons omis de prĂ©ciser que l’article de F. de Singly sur l’autoritĂ© paru dansL’US Mag du mois de dĂ©cembre a Ă©tĂ© reproduit avec l’aimable autorisation desCahiers pĂ©dagogiques. L’interview rĂ©alisĂ©e par J.-M. Zakhartchouk a Ă©tĂ©publiĂ©e dans le numĂ©ro de septembre-octobre (426) de cette revue que l’onpeut se procurer pour exemple sur le site du Cercle de recherche et d’actionpĂ©dagogiques (CRAP): www.cahiers_pedagogiques.com

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

DEBATopinion

DISCRIMINATIONS POSITIVES. Le dĂ©bat autour du traitement des inĂ©galitĂ©s s’est focalisĂ© sur les formes que peuvent prendre les discriminations positives. Cette question est d’une grande complexitĂ©. Les deux points de vue prĂ©sentĂ©s dans ces pages n’engagent que leurs auteurs mais devraient permettrede faire avancer la nĂ©cessaire rĂ©flexion qui serait prolongĂ©e dans le cadre du congrĂšs.

L’inĂ©galitĂ© des chances d’ac-cĂšs aux grandes Ă©coles s’estaggravĂ©e et les discrimina-

tions dans le monde du travailrestent considĂ©rables. I l estessentiel de prendre l’exactemesure de ces rĂ©alitĂ©s pour cou-per court au dĂ©ni et sensibiliserĂ  l’urgence de l’action. L’obser-vatoire des discriminations y acontribuĂ© au moyen du testing,par envoi de C.V. quasi-iden-tiques. Nous avons mis en Ă©vi-dence la pluralitĂ© et la gravitĂ©des discriminations. Un handicapĂ© a 15 fois moins de chance dedĂ©crocher un entretien d’embauche qu’un candidat ordinaire, unhomme d’origine marocaine ou un candidat de 50 ans a 5 foismoins de chances. Une personne au visage disgracieux ou quihabite un mauvais quartier est Ă©galement clairement discrimi-nĂ©e. Ajoutons que pour certains emplois, les femmes sont discri-minĂ©es. D’autres encore sont en butte Ă  l’homophobie et les per-sonnes en situation d’obĂ©sitĂ© sont exclues du marchĂ© du travail.Les faits sont incontestables et ce diagnostic attire l’attentionsur la nĂ©cessitĂ© de traiter sans exclusive toutes les formes de dis-criminations.

Toutefois les politiques relevant de la discrimination positive,qu’elle soit basĂ©e sur des critĂšres ethniques ou socio-Ă©cono-miques, ne sont pas satisfaisantes : facteurs de discorde, ellesproduisent ou aggravent d’autres types de discriminations. Ellesagissent comme un voile sur les rĂ©els mĂ©canismes de l’inĂ©galitĂ©des chances : c’est parce que le fonctionnement de notre systĂšmeĂ©ducatif ou la gestion du personnel des entreprises et des admi-nistrations ne sont pas satisfaisants que cette inĂ©galitĂ© existe. Cesont ces dysfonctionnements qu’il faut Ă©radiquer plutĂŽt que d’in-venter des politiques qui visent Ă  corriger aprĂšs coup et Ă  lamarge les effets les plus choquants de nos propres pratiques degestion.Les jeunes scolarisĂ©s dans des lycĂ©es oĂč sont regroupĂ©s desenfants dont les origines sociales sont dĂ©favorisĂ©es (et dont lesparents sont souvent Ă©trangers) ne peuvent bĂ©nĂ©ficier des condi-tions d’enseignement et d’information qui leur permettent d’intĂ©-grer les classes prĂ©paratoires. Faut-il prendre acte de cette diffĂ©-rence de niveau et d’information, et faire accĂ©der de maniĂšrefacilitĂ©e un modeste contingent d’étudiants issu de quelques

« lycĂ©es dĂ©favorisĂ©s » aux grandesĂ©coles ? C’est la solution choisie parSciences Po. Mais pourquoi ne pasavoir une politique plus ambitieusequi donne rĂ©ellement leur chanceaux enfants dĂ©favorisĂ©s ? Et pour-quoi ne pas avoir d’abord songĂ© Ă modifier les modalitĂ©s du concoursd’entrĂ©e Ă  Sciences Po ? LesĂ©preuves de culture gĂ©nĂ©rale ou lamaĂźtrise d’une langue Ă©trangĂšre(essentielle Ă  Sciences Po) favori-sent en effet les enfants aisĂ©s. N’est-il pas plus juste, moins stigmatisant

et plus conforme aux idĂ©aux rĂ©publicains d’amener des lycĂ©ens,dĂ©savantagĂ©s par leur lieu de rĂ©sidence ou leur origine, Ă  unniveau d’excellence ?Au lieu de remĂ©dier aux dĂ©ficiences du systĂšme Ă©ducatif, dedoter en ressources supplĂ©mentaires tous les Ă©tablissementsscolaires qui accueillent les jeunes de milieux dĂ©favorisĂ©s, oucertains Ă©lĂšves qui souhaitent passer des concours, on prĂ©fĂšrecontourner la difficultĂ© en intĂ©grant Ă  la marge un contingent dejeunes issus de ZEP. À l’inverse, l’expĂ©rience de l’ESSEC,beaucoup moins mĂ©diatisĂ©e que celle de Science Po, consistejustement Ă  injecter des moyens et du soutien dans des lycĂ©espeu favorisĂ©s pour des jeunes particuliĂšrement motivĂ©s. LamĂ©thode choisie pour remĂ©dier Ă  une inĂ©galitĂ© des chancescroissante et Ă  une reproduction sociale effarante n’est pas anec-dotique. Si la discrimination positive mise en Ɠuvre parSciences Po reste une expĂ©rience limitĂ©e, elle servira de cache-misĂšre. Elle retarde en effet la rĂ©forme des autres voies d’accĂšsĂ  l’école (qui sont ouvertement discriminantes) et une actionvigoureuse de « justice sociale » dans les Ă©tablissementsscolaires. De plus si l’on gĂ©nĂ©ralisait la nouvelle voie d’accĂšs,on renoncerait aux rĂšgles du concours et de l’anonymat au profitde modalitĂ©s de sĂ©lection Ă  la discrĂ©tion des enseignants etd’oraux devant des jurys. En quoi ce retour en arriĂšre garantira-t-il Ă  l’avenir un traitement Ă©gal et non discriminatoire descandidats ? ïżœ

Jean-François Amadieu

Jean-François Amadieu est professeur Ă  Paris I PanthĂ©on Sorbonne. Ildirige l’Observatoire des Discriminations de l’UniversitĂ© Paris I, quimĂšne des Ă©tudes sur toutes les formes de discriminations : genre, eth-niques, Ăąge, gĂ©ographique, apparence, orientations sexuelles, handicap,etc. Sa mĂ©thode est de traiter conjointement les facteurs qui conduisent Ă des inĂ©galitĂ©s d’accĂšs Ă  l’emploi, de dĂ©roulement de carriĂšre, de salaires,d’accĂšs Ă  la formation ou encore de licenciement. L’observatoire mĂšnedes travaux (dont une dizaine de thĂšses) qui utilisent une grande diversitĂ©de techniques d’enquĂȘtes et adoptent une perspective pluridisciplinaire(gestion, sociologie, droit, Ă©conomie).http://cergors.univ-paris1.fr/observatoiredesdiscriminationsfd.htm

Remédier aux inégalités et aux discriminations,

Ă  l’école et dans le monde du travail demande

une action en profondeur, qui s’attaque aux

racines du problĂšme.

Jean-FrançoisAmadieuest professeur Ă  Paris IPanthĂ©on Sorbonne. Il dirige l’Observatoiredes Discriminations del’UniversitĂ© Paris I

Faire émerger les compétences...sans discrimination

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 9

La dĂ©claration fracassante deNicolas Sarkozy appelant Ă  lanomination d’un « prĂ©fet

musulman » a incontestablement(re)lancĂ© le dĂ©bat autour desmesures dites de discriminationpositive. Mais cette sortie Ă  visĂ©esĂ©lectoralistes a Ă©galement ren-forcĂ© la confusion autour d’unelogique reposant notamment surun traitement prĂ©fĂ©rentiel. Toutd’abord, en laissant entendre quela discrimination positive se tra-duit par une place rĂ©servĂ©e dans lahaute fonction publique, l’ancien ministre de l’IntĂ©rieur a donnĂ©des gages Ă  ses dĂ©tracteurs qui la rĂ©duisent Ă  une simple tech-nique : celle des quotas. Ensuite, en fondant la discriminationpositive sur un critĂšre religieux (ou, plus largement, ethnique),Nicolas Sarkozy a suscitĂ© une rĂ©probation lĂ©gitime : outre qu’un

verrou constitutionnel « assure l’égalitĂ© devant la loi de tous lescitoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » (pre-mier article de la Constitution de 1958), c’est avaliser uneconception de la sociĂ©tĂ© oĂč chacun s’exprime par et pour sa com-munautĂ©. Vision qui affaiblit considĂ©rablement la RĂ©publique dĂšslors obligĂ©e d’échanger la « communautĂ© des citoyens » contre lecommunautarisme. C’est ainsi que finalement la discriminationpositive est gĂ©nĂ©ralement dĂ©finie par deux mots : « quotas eth-niques ». Pour essayer de sortir de cette approche rĂ©ductrice, j’ai proposĂ©dans un ouvrage rĂ©cent (De la discrimination positive, BrĂ©al,2004) de dĂ©finir la discrimination positive ainsi : « instituer desinĂ©galitĂ©s formelles pour lutter contre des inĂ©galitĂ©s de fait ».Sans aucun doute imparfaite, cette dĂ©finition plus large a l’im-mense mĂ©rite de ne pas faire l’impasse sur la discrimination posi-tive « Ă  la française » : aussi bien pour ce qui concerne les zonesd’éducation prioritaire (ZEP) que les zones franches urbaines oumĂȘme l’expĂ©rience rĂ©cente menĂ©e Ă  Sciences Po Paris. Mais pourne pas participer Ă  la confusion qui entoure ce concept sulfureux,j’ai pris une prĂ©caution conceptuelle supplĂ©mentaire : toujoursfaire suivre discrimination positive du suffixe « socio-Ă©cono-mique » afin d’introduire une distinction, qui me paraĂźt particu-liĂšrement opĂ©ratoire, entre discrimination positive « socio-Ă©cono-mique » d’une part et discrimination positive « ethnique »d’autre part. Et de considĂ©rer que la discrimination positive« socio-Ă©conomique » est aujourd’hui une nĂ©cessitĂ© absolue –dĂ©marche qui, certes, n’est pas sans effets pervers mais quidemeure un moyen essentiel de rĂ©duire la sĂ©grĂ©gation scolairequi ne cesse de s’affirmer. S’inscrivant dans une perspectiverĂ©publicaine, cette politique est d’autant plus impĂ©rative quel’immobilisme n’est plus acceptable.Sans quotas, sans rĂ©fĂ©rence ethnique pour dĂ©signer les bĂ©nĂ©fi-ciaires potentiels, la discrimination positive « socio-Ă©conomique »

constitue en effet une solutionvolontariste pour essayer de crĂ©di-biliser cette valeur fondatrice denotre dĂ©mocratie qu’est l’égalitĂ©des chances. Cela suppose deretrouver l’esprit originel des ZEPet de sortir de la logique de gestioncomptable qui est actuellement lanĂŽtre : celle-ci a considĂ©rablementamoindri l’efficacitĂ© espĂ©rĂ©e de la« politique Ă©ducative prioritaire »qui, nĂ©anmoins, a permis d’éviterque la situation continue de se

dĂ©grader pour des enfants qui dans le mĂȘme temps voient leursconditions d’habitats se dĂ©tĂ©riorer. Reste que le « saupoudrage »des moyens, qui s’explique en partie par le nombre trop Ă©levĂ© dezones concernĂ©es, conduit Ă  des effets insuffisants, par exemple ence qui concerne le nombre d’élĂšves par classe. Or, l’amĂ©liorationdes rĂ©sultats scolaires des Ă©lĂšves issus des quartiers dĂ©favorisĂ©s esttrĂšs sensible Ă  une prise en charge trĂšs diffĂ©renciĂ©e et Ă  une rĂ©duc-tion significative du nombre d’élĂšves par classe. Loin de remettreen cause le principe des ZEP, donc de la discrimination positive« socio-Ă©conomique », cette rĂ©alitĂ© doit nous amener Ă  mieuxcibler les moyens sur les zones oĂč se concentrent les difficultĂ©sscolaires.Au-delĂ , une relance par le haut, qui peut provenir d’un Ă©largis-sement du recrutement des grandes Ă©coles, est souhaitable. L’inno-vation de la filiĂšre ZEP Ă  Sciences Po nous indique une voiepossible : tout en entamant une diversification nĂ©cessaire de soneffectif, Sciences Po a ainsi suscitĂ© une nouvelle dynamique dansles ZEP concernĂ©es (Ă©lĂšves plus motivĂ©s et Ă©quipes enseignantesplus stables notamment). C’est la raison principale pour laquellej’ai appelĂ© avec d’autres, dans un manifeste publiĂ© par Le Monde(19/10/2004), toutes les grandes Ă©coles Ă  mettre en place unediscrimination positive « socio-Ă©conomique », et ce suivant lesmodalitĂ©s qu’elles considĂ©reront les plus conformes Ă  leurs spĂ©ci-ficitĂ©s. On signale souvent qu’une telle gĂ©nĂ©ralisation offre l’op-

portunitĂ© de maintenir le concours inchangĂ©. C’est exact et regret-table. Mais en attendant le « grand soir » de la modification desĂ©preuves du concours que j’appelle Ă©galement de mes vƓux, faut-il rester immobile? Combien de temps encore allons-nous espĂ©rercette rĂ©vision du contenu du concours? Refuser que des lycĂ©ens deZEP entrent dans une grande Ă©cole serait-il un meilleur moyen del’obtenir ? C’est oublier que l’expĂ©rience de Sciences Po, bienqu’imparfaite, a eu le mĂ©rite de convaincre le plus grand nombreque certains Ă©lĂšves de ZEP ont le potentiel pour rĂ©ussir dans unegrande Ă©cole.En matiĂšre de lutte contre l’inĂ©galitĂ© des chances, il est temps defaire preuve de pragmatisme. ïżœ

Sortir de la confusion qui entoure le concept de

discrimination positive doit permettre une application

Ă  l’école. Parce qu’il est temps de rĂ©agir...

L’amĂ©lioration des rĂ©sultats scolaires des Ă©lĂšves issus

des quartiers défavorisés est trÚs sensible à une

prise en charge trÚs différenciée et à une réduction

significative du nombre d’élĂšves par classe.

Eric Keslassy,sociologue (Dauphine),enseigne les scienceséconomiques et sociales

Pour la discrimination positive« socio-économique »!

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ACTUALITES ÉDUCATION, FONCTION PUBLIQUE, AGIR

Tous en grĂšve le je

Face Ă  un gouvernement entĂȘtĂ© et intransigeantS’il y a un reproche qui ne peutpas ĂȘtre fait Ă  ce gouvernement,c’est celui de manquer de cohĂ©-rence. Sur le fond, comme sur lamĂ©thode. Le 16 dĂ©cembre, F. Fillon prĂ©-sente son projet de loi au ConseilsupĂ©rieur de l’Éducation. Desdizaines de tables rondes et ren-contres bilatĂ©rales ont eu lieu,mais le projet ne tient presqueaucun, voire absolument aucuncompte des remarques qui ont Ă©tĂ©formulĂ©es. Le projet est mas-sivement rejetĂ© par le ConseilsupĂ©rieur. Ce qui n’empĂȘche pasF. Fillon d’annoncer le soir mĂȘmequ’il prĂ©sentera son projet enl’état au Conseil des ministres du12 janvier puisque les avis donnĂ©ssont « contradictoires » (sic) etqu’il refuse de cĂ©der aux « conser-vatismes » (resic). Le 21 dĂ©cembre aprĂšs plusieursdiscussions et contacts bilatĂ©rauxsur les salaires avec les fĂ©dĂ©ra-tions de fonctionnaires, leministre R. Dutreil annonce desmesures qui non seulement netiennent aucun compte desdemandes des fĂ©dĂ©rations pour

rattraper les pertes de pouvoird’achat (5% depuis 2000) maisqui vont encore aggraver cespertes en 2005.

Une multitude de rendez-voussociaux en janvierFace Ă  une telle politique gou-vernementale qui fait sentir ses

effets bien au delĂ  de l’Éduca-tion et de la fonction publique, lemĂ©contentement de l’opinionpublique grandit. Mais le faitnouveau en ce dĂ©but 2005 c’estque ce mĂ©contentement semblebien devoir retrouver la voie del’action collective. Les mĂ©diaspronostiquent un mois de janvierdifficile pour le gouvernementqui sera confrontĂ© Ă  une multi-plication des rendez-voussociaux. Si le SNES et les syndi-cats de la FSU du second degrĂ© sesentaient encore bien seuls dĂ©butdĂ©cembre, des actions ont marquĂ©depuis plusieurs secteurs (SNCF,casinos, pĂ©diatres sont les der-niers en date) et, surtout, biend’autres sont annoncĂ©es. Et lagrĂšve rĂ©ussie du 7 dĂ©cembre aĂ©tĂ© manifestement un facteurdĂ©cisif pour prĂ©cipiter de nou-velles dĂ©cisions dans l’Éducation.Les fĂ©dĂ©rations de l’Éducationse sont en effet rĂ©unies le 21dĂ©cembre et ont assez facilementtrouvĂ© un terrain d’entente surune dĂ©cision de grĂšve et sur uneplate-forme (cf. ci contre) por-tant sur les questions budgĂ©taires,le refus des mesures de suppres-sion de postes dans le cadre de la

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES : LE SNES APPELLE A PARTICIPER A LA GRÈVE DU 12 JANVIERLes professeurs de SES sont trĂšs inquiets du pro-jet de loi prĂ©sentĂ© par le ministre de l’Éducationnationale qui remet en cause les possibilitĂ©srĂ©elles de choix des Ă©lĂšves et conduira Ă  leurdisparition.La disparition en classe de Seconde d’une desdeux options de dĂ©termination contraindra lesĂ©lĂšves Ă  choisir pour l’option restante la LV2. Ilsseront ainsi privĂ©s de l’enseignement de SES etne pourront plus choisir leur orientation en

connaissance de cause. Ceci va tarir le recrute-ment de la sĂ©rie ES qui correspond Ă  une fortedemande sociale et Ă  de vĂ©ritables dĂ©bouchĂ©s.Le SNES demande que la LV2 soit intĂ©grĂ©e autronc commun de Seconde, ce qui permettraitde maintenir pour les Ă©lĂšves un choix suffisam-ment large : SES, LV3, langues anciennes, arts... Deplus, par souci d’économie budgĂ©taire le projetprĂ©voit la suppression des dĂ©doublements enlycĂ©e notamment en SES.

Les enseignants de SES se mobilisent mercredi12 janvier lors de la prĂ©sentation du projet auConseil des ministres.Cette journĂ©e de grĂšve et de manifestation per-mettra un rassemblement national Ă  partir de 11heures place de la Madeleine Ă  Paris.Pour le SNES, cette action s’inscrit dans la logiquede sa grĂšve du 7 dĂ©cembre et de ses interventionsau CSE. Elle marquera une nouvelle Ă©tape dans laprĂ©paration de la grĂšve nationale du 20 janvier.

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Pour de vĂ©ritables nĂ©gociations garantissant des rĂšgles nationales, l’égalitĂ© de traitement

sur tout le territoire, le respect des engagements des années précédentes et la mobilité du plus grand nombre.

Des promotions permettant l’accĂšs du plus grand nombre Ă  l’échelon terminal de la hors-classe dans le respect des accords de 1989.

Pour le rĂ©tablissement de 3 500 emplois d’enseignants,

CPE, CO-Psy pour la rentrée 2005 et augmentation de 4 000 postes

aux concours 2005.

Pour le retour aux recrutements d’étudiants surveillants

avec une premiÚre étape de 6 000 embauches pour la rentrée 2005.

Pour le rĂ©emploi des non-titulaires et l’arrĂȘt du recours

Ă  la vacation pour les remplacements, des voies de titularisation.

C E Q U E

N O U S VO U LO N S

Pour des objectifs ambitieux pour tous garantis par une loi

budgétaire de programmation sur plusieurs années.

Abandon des logiques ségrégatives et des propositions

inacceptables (baccalauréat, brevet, remplacement, bivalence,

concours à affectation régionalisée, conseil pédagogique...).

Pour le maintien des rĂšgles nationales pour nos services,

nos carriÚres, et non le renforcement des hiérarchies locales.

ABANDON DU PROJET FILLON ET UNE AUTRE LOI D’ORIENTATION

POSTES

Pour le rattrapage du pouvoir d’achat (perte de 5 % depuis 2000).

SALAIRES

MUTATIONS ET PROMOTIONS

LE SNES S’ÉTAIT LANCÉ DANS LA GRÈVE DÈS LE MOIS DE DÉCEMBRE. L’INTRANSIGEANCE DONT FAIT PREUVELE GOUVERNEMENT A ENCORE ACCRU LE MÉCONTENTEMENT, NOTAMMENT DANS L’ÉDUCATION NATIONALEET LA FONCTION PUBLIQUE, CE QUI A CONDUIT À CE QUE SE PRENNENT ENFIN DES DÉCISIONS UNITAIRES,NOTAMMENT D’ALLER À LA GRÈVE LE JEUDI 20 JANVIER.

10 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 11

R DANS LA DURÉE

e udi 20 janviercarte scolaire et sur l’abandon duprojet Fillon, mĂȘme s’il ne fautpas cacher qu’il reste des avissensiblement diffĂ©rents sur desquestions comme le socle com-mun ou la bivalence. Le lende-main, les fĂ©dĂ©rations de fonc-tionnaires dĂ©cidaient, c’est unepremiĂšre depuis plusieurs annĂ©es,d’appeler Ă  la grĂšve le jeudi 20janvier « partout oĂč c’est pos-sible ». La plate-forme (texte ci-

dessous) est essentiellement cen-trĂ©e sur les salaires mais Ă©voqueaussi prĂ©cisĂ©ment la nĂ©cessitĂ© dedĂ©fendre et dĂ©velopper les ser-vices publics. De premiĂšresdĂ©cisions sont dĂ©jĂ  prises dansl’Éducation, les Finances et laSantĂ©. Les PTT seront en grĂšve le18 janvier et la SNCF le 19.

D’autres secteurs sont sur le pointd’arrĂȘter leur position.

La loi d’orientation au cƓur de l’action du SNESLe SNES ne peut que se rĂ©jouirde ces convergences indispensablespour faire cĂ©der le gouvernement.En mĂȘme temps il restera trĂšs atten-tif Ă  ce que l’ensemble de sa plate-forme soit bien prĂ©sente dans lesmobilisations et en tout particulier

la loi d’orientation. Nous deman-dons une autre loi d’orientationque le projet Fillon dont les ambi-tions affichĂ©es ne sont que destrompe l’Ɠil, qui programme desredĂ©ploiements, qui institue au col-lĂšge une logique de sĂ©grĂ©gation etqui dĂ©nature le sens de notre mĂ©tier.Face Ă  un ministre qui joue mani-

festement l’opinion publique, leSNES poursuivra sa campagnemontrant qu’il existe bien des alter-natives au projet ministĂ©riel (aprĂšsles forums de Marseille et Rouen,les forums de Toulouse, d’OrlĂ©anset Paris se tiendront ces prochainessemaines, la brochure « Notreambition pour l’école » a fait l’ob-jet d’un nouveau tirage Ă  100 000exemplaires).

Le 20 janvier s’inscrit dansune sĂ©rie de rendez-vousd’action.Au-delĂ  de la grĂšve, le SNES pro-pose de saisir toutes les occasionsde se manifester. Le 12 janvier Ă l’occasion du Conseil desministres qui examinera la loi et Ă partir du 15 fĂ©vrier, quand le Par-lement en sera Ă  son tour saisi.Le Conseil national des 11 et12 janvier dĂ©battra des suites Ă donner Ă  ces actions. ïżœ

Bernard Boisseau

FÉDÉRATIONS DE L’ÉDUCATION : FAEN - FERC-CGT - FSU - SGEN-CFDT - UNSA ÉDUCATION

COMMUNIQUÉS INTERSYNDICAUX

Alors que le service public d’éducation se doit d’assurer la rĂ©ussite de tous les jeunes et ainsi derĂ©pondre aux besoins de la sociĂ©tĂ©, les fĂ©dĂ©rations de l’Éducation nationale FAEN, FERC-CGT, FSU,SGEN-CFDT, UNSA Éducation, dĂ©noncent une politique qui va Ă  l’encontre de ces exigences.AprĂšs les coupes intervenues depuis 2003, les mesures de carte scolaire, de suppressions depostes et de fermetures de classes rĂ©sultant du budget 2005 sont d’une extrĂȘme gravitĂ©. Ellessont lourdes de consĂ©quences pour les Ă©lĂšves et l’ensemble des personnels : rĂ©duction de l’offred’enseignements, diminution des moyens de lutter contre l’échec scolaire, dĂ©gradation des condi-tions de travail et d’enseignement, prĂ©caritĂ© accrue. La diminution des recrutements compro-met l’avenir.Ces choix budgĂ©taires Ă©clairent pour partie le contenu du projet de loi d’orientation qui nonseulement ne comporte aucune programmation de moyens nouveaux mais prĂ©voit de nouveauxredĂ©ploiements. Ce projet rejetĂ© trĂšs largement par le CSE tourne le dos aux objectifs qu’ilaffiche. Ses dispositions ne permettront pas de conduire tous les jeunes Ă  la rĂ©ussite scolaire, derĂ©duire les inĂ©galitĂ©s et, pour certaines, elles dĂ©graderont les conditions d’exercice de nosmĂ©tiers.

Par ailleurs les transferts de personnels rĂ©sultant de la loi de dĂ©centralisation se poursuivent en dĂ©pitde l’opposition des personnels.Cette politique intervient dans un contexte de remise en cause des services publics, du statut de leursagents et de baisse de leur pouvoir d’achat.Les fĂ©dĂ©rations veulent une autre politique permettant de rendre effective une vĂ©ritable ambition pourles jeunes et le service public. Elles rĂ©clament un plan d’urgence pour rĂ©pondre aux besoins.Elles exigent l’abandon de ce projet de loi, qui ignore les attentes exprimĂ©es lors de multiples dĂ©bats,et l’ouverture d’une vĂ©ritable nĂ©gociation pour Ă©laborer une loi ambitieuse pour l’avenir des jeunes.Elles revendiquent une politique des services publics rĂ©pondant aux besoins de la sociĂ©tĂ© et dansce cadre le rĂ©tablissement et la progression du pouvoir d’achat.Les fĂ©dĂ©rations appellent les personnels Ă  se mobiliser avec les parents et les jeunes dans le pro-longement des actions dĂ©jĂ  conduites.Elles estiment d’ores et dĂ©jĂ  qu’une journĂ©e nationale de grĂšve et de manifestation s’imposedans la troisiĂšme semaine de janvier, elles souhaitent qu’elle puisse s’inscrire dans une mobi-lisation plus gĂ©nĂ©rale de l’ensemble des fonctionnaires. Paris, le 21 dĂ©cembre 2004

Les organisations syndicales de la fonction publique se sont rĂ©unies le 22 dĂ©cembre 2004.Elles constatent que les dĂ©cisions unilatĂ©rales sur les salaires annoncĂ©es par le ministre ne rĂ©pon-dent en rien aux exigences qu’elles avaient formulĂ©es. Loin de constituer un quelconque rattrapageces mesures programment pour 2005 une nouvelle perte de pouvoir d’achat du point d’indice; ellesvont contribuer Ă  un nouvel Ă©crasement de la grille des salaires et crĂ©er de nouvelles injustices. Lerefus de nĂ©gocier s’inscrit dans une politique gouvernementale dont le service public et les agentsfont les frais avec notamment :‱ Un affaiblissement et une remise en cause du service public.‱ Une politique de l’emploi faite de suppressions massives, de manques d’effectifs et de prĂ©caritĂ©accrue.‱ De fortes inquiĂ©tudes sur le devenir des garanties statutaires.‱ Des mesures autoritaires en guise de « dialogue social».Les organisations syndicales considĂšrent qu’une telle situation implique une mobilisation des per-sonnels dans l’unitĂ© la plus large pour exiger une politique des services publics rĂ©pondant aux besoins.Dans ce cadre elles revendiquent :

‱ Une mesure immĂ©diate de rattrapage du pouvoir d’achat des salaires et des pensions au regardde la hausse du coĂ»t de la vie depuis le 1er janvier 2000, alors que sur cette pĂ©riode le pouvoir d’achatde la valeur du point a perdu prĂšs de 5 %.‱ Des mesures permettant d’assurer une progression du pouvoir d’achat sur la pĂ©riode Ă  venir.‱ Les indispensables mesures bas salaires, par un relĂšvement significatif du minimum Fonctionpublique, vĂ©ritable « sous-smic ».‱ L’élargissement de l’amplitude de la grille et des carriĂšres. Il s’agit de reconnaĂźtre les qualifica-tions, de mettre fin aux blocages des carriĂšres et d’amĂ©liorer les promotions.‱ Le traitement du contentieux accumulĂ©.Les personnels des services publics et de la fonction publique seront dans l’action dans lasemaine du 17 au 21 janvier 2005.Les organisations syndicales de la fonction publique CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC appel-lent l’ensemble des agents Ă  se mobiliser le jeudi 20 janvier 2005 en manifestant et en dĂ©ci-dant la grĂšve partout oĂč ce sera possible.

Paris, le 22 décembre 2004

CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC SALAIRES FONCTION PUBLIQUE : ACTION LE 20 JANVIER 2005

La grĂšve rĂ©ussie du 7 dĂ©cembre a Ă©tĂ© manifestement un facteur dĂ©cisif pour prĂ©cipiterde nouvelles dĂ©cisions d’action

MERCREDI 12 JANVIERLa prĂ©sentation du projet Fillonau Conseil des ministres estune occasion de manifesternotre dĂ©saccord. Comme nous l’avions fait pour lepassage du texte au CSE le16 dĂ©cembre, le SNES et sesstructures acadĂ©miques etdĂ©partementales proposent unepalette d’initiatives : rassem-blements, envois de mĂ©l, demotions et pĂ©titions, inter-ventions auprĂšs des mĂ©dias,organisation locale de jour-nĂ©es du remplacement Fillon,diffusion de tableaux de rem-placement, etc. Un mĂ©l seraadressĂ© Ă  chaque syndiquĂ© don-nant des exemples concretsd’initiatives. Vous pouvez aussiconsulter les sites du SNES. LaFSU tiendra une confĂ©rence depresse le 12 au matin Ă  11h pourprĂ©senter ses propositions. LeConseil national rĂ©uni le 12adressera un appel public augouvernement pour qu’ilrenonce Ă  son texte. Cette jour-nĂ©e sera aussi marquĂ©e par lesgrĂšve des enseignants de SES.

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ACTUALITES

SOCLE COMMUN OU CULTURE COMMUNE ?

LANGUES VIVANTES

Loi d’orientation

conduit Ă  construire de nouvelles etprofondes inĂ©galitĂ©s dans l’accĂšsaux savoirs : ainsi se crĂ©e une Ă©coleĂ  deux vitesses avec des contenusenseignĂ©s pour certains et pas pourd’autres (EPS, enseignements artis-tiques, technologie par exemple).Le tri entre les savoirs, y compris Ă l’intĂ©rieur des disciplines, conduitĂ  enfermer les apprentissagesautour de quelques savoirs ou com-pĂ©tences. Cette conception estinĂ©galitaire puisque ce sont lesĂ©lĂšves qui maĂźtrisent le plus vite lesconnaissances et les compĂ©tencesqui pourront Ă©largir leur champ etque, d’autre part, elle nie l’impor-tance de l’apport des diffĂ©rentesdisciplines Ă  la construction dessavoirs. On apprend Ă  lire, Ă  parler,Ă  Ă©crire, en français mais Ă©gale-ment dans toutes les disciplines; lamaĂźtrise de la langue est un travailcontinu renforcĂ© par la diversitĂ©des approches et des contenus. Ausocle commun est assocciĂ© l’idĂ©eque la difficultĂ© peut ĂȘtre traitĂ©epar un ensemble de techniques,que les contenus enseignĂ©s n’ontrien Ă  voir avec la motivation, lacomprĂ©hension... La difficultĂ© Ă apprendre pour certains Ă©lĂšves Ă tel moment, Ă  tel Ăąge
 n’est alorspas analysĂ©e.

Notre conception de la culture commune est diffĂ©renteElle est fondĂ©e sur des savoirs et desvaleurs partagĂ©s, introduits Ă  tra-vers des disciplines et des contenus. Nous raisonnons ainsi en terme decohĂ©rence globale autour d’objec-tifs. Le propre de la culture paropposition au socle, ce sont desobjectifs gĂ©nĂ©raux Ă  atteindre s’ap-puyant sur une culture large etconcourant Ă  dĂ©velopper la culturelittĂ©raire, scientifique, technique,artistique, l’éducation physique
pour permettre l’épanouissementde l’individu y compris sur le longterme et lui donner des instrumentsde comprĂ©hension et d’ouverturesur le monde.La mise en cohĂ©rence critique desdisciplines peut donner du sens autravail des Ă©lĂšves et leur permettred’acquĂ©rir ce qu’on appelle unevĂ©ritable culture. Il ne s’agit pasd’empiler, mais d’ĂȘtre dans unelogique de choix de grandes ques-tions Ă  traiter, y compris transver-sales, que les disciplines travaillentensemble avec des mĂ©thodesdiverses, des approches et descontenus spĂ©cifiques. Ainsi, aucontraire du ministĂšre qui veutintroduire l’éducation Ă  la santĂ© ou

la lutte contre l’obĂ©sitĂ© comme uneĂ©ducation au comportement, nousla souhaitons dans la culture com-mune sur la base de la comprĂ©-hension des fonctionnements bio-logiques et des enjeux politiques,sociaux, environnementaux, cul-turels quelle recouvre : quel type desantĂ© pour quel type de mode devie, quels types d’inĂ©galitĂ©ssociales conduisent Ă  des pro-blĂšmes de santĂ© ?Face Ă  Fillon nous opposons uneautre conception de notre mĂ©tier.Les collĂšgues doivent pouvoirintervenir sur les contenus, donnerleur avis sur ce qui est dĂ©jĂ  ensei-gnĂ© mais aussi sur l’évolution desprogrammes. Nous proposons uneconception collective du mĂ©tier etdes apprentissages, de la forma-tion des Ă©lĂšves pour construire uneculture commune qui ne soit pasune simple somme d’élĂ©ments quechaque collĂšgue ou discipline dis-penserait isolĂ©ment. ïżœ

GisĂšle Jean

Le socle commun proposĂ© par François Fillon estextrĂȘmement Ă©troit en termede contenus Ă  enseignerIl Ă©limine un certain nombre dedisciplines et postule l’existencede prĂ©alables Ă  certains enseigne-ments. La conception sous-jacenteest qu’il serait possible de dĂ©finir unsocle minimum formĂ© d’élĂ©mentsde base liĂ©s Ă  certaines disciplines,repĂ©rables, empilables au fil desannĂ©es. Ces derniers seraientconçus comme des outils ou dessavoirs au service des connais-sances Ă  acquĂ©rir dans d’autres dis-ciplines. Par exemple, lire seraitessentiellement dĂ©chiffrer, alorsque lire est une compĂ©tence beau-coup plus complexe. Ce socle commun, en rejetant unepartie jugĂ©e non indispensable,

Le projet de loi d’orientation qui sera prĂ©sentĂ© le 12 janvier a confirmĂ© toutes nos inquiĂ©tudes : redĂ©ploiement des moyens, remise en cause des dĂ©doublements, des heures statutaires, suppression de la seconde option de dĂ©termination en Seconde, risque d’un collĂšge Ă  plusieurs vitesses, remise en cause du bac comme examen national, remplacement, bivalence, mise en place d’un conseil pĂ©dagogique... Nous revenons dans ces deux pages sur certains aspects du projet de loi moins traitĂ©s dans les US prĂ©cĂ©dentes.

On pourrait considĂ©rer naĂŻvementque nous avons Ă©tĂ© entendus surune partie de nos demandes, avecl’annonce de groupes dĂ©doublĂ©s,mais le silence est total sur lefinancement de l’opĂ©ration. Le« seuil » de dĂ©doublement n’estpas annoncĂ©, or il est fondamental.Sur notre autre demande de porterĂ  3 h/Ă©lĂšve tous les enseignementsde LV, les propositions Fillon

n’apportent rien. Plus inquiĂ©tante :la mise en place de groupes deniveau en langues sur la base decompĂ©tences, la fin de la distinc-tion entre LV1 et LV2 et entre lesniveaux de classe pour la consti-tution des groupes permettraientune rĂ©duction des moyens allouĂ©sĂ  l’enseignement des LV, et s’ins-criraient mal dans le cadre du bac-calaurĂ©at qui, jusqu’à preuve du

contraire, n’est pas une accumu-lation de certifications de niveaude compĂ©tences. Le texte ne ditrien non plus sur les moyens etdispositifs permettant de mainte-nir au moins l’actuelle diversifi-cation des langues enseignĂ©es.Nous vous renvoyons Ă  l’ana-lyse du groupe langues vivantesdu SNES dans ce mĂȘme numĂ©roen page 29. ïżœ

Permettre Ă  tous de maĂźtriserles Ă©lĂ©ments dits de base peut sembler relever d’une bonne intention. MaisderriĂšre cette idĂ©e se cacheune conception profondĂ©ment inĂ©galitaire et erronĂ©e de la structuration desconnaissances, Ă  l’opposĂ©de notre notion de culturecommune.

iDĂ©bat Ă  Lyoni

École : le choix de l’ambitionEn janvier, le dĂ©bat sur la loid’orientation de François Fillonbattra son plein. Pour faire partde ses propositions, la FSU orga-nise une rencontre dĂ©bat avec :GĂ©rard ASCHIERI, SecrĂ©taire gĂ©nĂ©-ral de la FSU, jeudi 3 fĂ©vrier 2005Ă  18 heures, Ă  l’IUFM de Lyon,5, rue Anselme, Lyon 4e (amphiKergomard).

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Une conception ministĂ©riellerĂ©ductrice et inĂ©galitaire« dans un cadre budgĂ©tairecontraint » 

La circulaire interministérielleprésentée lundi 3 janvier àla presse porte une concep-

tion dangereuse de l’éducationartistique et culturelle en englo-bant les enseignements artistiquesdans « l’éducation artistique etculturelle », comme dans le pro-jet de loi d’orientation pourl’école.Le risque est grand de substitutiondes enseignements aujourd’huiobligatoires dĂšs l’école primaire,par des dispositifs artistiques etculturels divers (classes Ă  projet,visites d’expositions, rencontresavec des artistes
).Pour le SNES, les enseignements

LYCEES : AVENIR DES SÉRIES GENERALES

EDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE

Nous connaissions déjà lesintentions ministériellesconcernant la classe de

Seconde : rĂ©duction de 2 Ă  1 dunombre d’enseignements de dĂ©ter-mination. Cela limitera les possi-bilitĂ©s de choix des Ă©lĂšves, ne leurpermettra plus une orientation basĂ©esur une dĂ©couverte de nouvellesdisciplines spĂ©cifiques Ă  certainessĂ©ries et mettra en pĂ©ril nombre dedisciplines comme les SES, les dis-ciplines technologiques, les ensei-gnements artistiques, les languesanciennes, les langues vivantes 3 etrĂ©gionales (voir L’US n° 609 du 26novembre 2004). Depuis, nous avons dĂ©couvert dansl’annexe du projet de loi d’orien-tation de nouvelles propositionspour les PremiĂšres des sĂ©ries gĂ©nĂ©-rales avec l’introduction d’ensei-gnements permettant « une spĂ©-cialisation plus marquĂ©e » :initiation Ă  la philosophie, ensei-gnements de communication, degestion des ressources humaines,d’art et de civilisations Ă©trangĂšresen L, histoire des sciences et destechniques et enseignement ren-forcĂ© de mathĂ©matiques en S, ini-tiation Ă  la gestion des entrepriseset droit en ES. Nous prenons actede la volontĂ© affichĂ©e de s’inter-

roger sur une Ă©volution des sĂ©riesgĂ©nĂ©rales en cernant leurs diffi-cultĂ©s (la L pour se constituer unvivier suffisant d’élĂšves et la S quireste un parcours difficile oudĂ©courageant pour nombred’élĂšves), mais nous ne nous satis-ferons pas de voir reprisesquelques pistes de rĂ©flexion sansque les conditions de leur mise enƓuvre et leurs objectifs rĂ©els nesoient prĂ©cisĂ©s. On peut craindreque ces disciplines soient instal-lĂ©es, une fois de plus, sur desrĂ©ductions horaires des disciplinesexistantes. Rien n’est dit non plussur les conditions d’enseignement :qui assurera ces heures et avecquel horaire ? Ces propositions ne sont-elles quedes rĂ©ponses improvisĂ©es Ă  la hĂąteen rĂ©ponse aux nombreuses cri-tiques sur la faiblesse du premierprojet dans l’organisation deslycĂ©es gĂ©nĂ©raux ou sont-elles por-teuses d’une vĂ©ritable modifica-tion de l’architecture et de laconception des sĂ©ries gĂ©nĂ©rales ?A ce titre l’introduction d’uneinitiation Ă  la gestion des res-sources humaines en L ou desentreprises en ES n’est-elle pasrĂ©vĂ©latrice de la place grandis-sante que le ministĂšre veut don-

ner Ă  « la culture d’entreprise » ?Si on rapproche de la rĂ©duction Ă un seul enseignement de dĂ©termi-nation en S1econde, c’est la naturemĂȘme des SES et de la sĂ©rie ESqui semble remise en cause.Le SNES demande depuis desannĂ©es la prise en compte d’élĂ©-ments d’histoire des sciences etd’épistĂ©mologie dans les pro-grammes des disciplines scienti-fiques. Cela ne signifie pas la miseen place d’un enseignement spĂ©-cifique en dehors des disciplineselle-mĂȘmes, mais bien une intĂ©-gration dans les programmes deces dimensions, avec une forma-tion des enseignants Ă  ces problĂ©-matiques et un horaire adaptĂ©. Desquestions se posent sur le renfor-cement de l’enseignement demathĂ©matiques : s’agit-il d’un ren-forcement horaire, du rĂ©tablisse-ment des modules, de la mise enplace d’aide et de soutien ou d’unemodification des programmes ?Pour le SNES, les difficultĂ©s desĂ©lĂšves dans cette sĂ©rie proviennentaussi de son architecture unifiant lesanciennes sĂ©ries C et D pour faireĂ©chec Ă  ce qui Ă©tait vĂ©cu comme lasuprĂ©matie des mathĂ©matiques.Cette proposition serait-elle, en fait,l’aveu de l’échec de cette rĂ©forme ?

Pour la sĂ©rie L, le ministĂšre reprenddes pistes formulĂ©es çà et lĂ  depuisquelques annĂ©es, sans rĂ©elle cohĂ©-rence : s’agit-il de spĂ©cialitĂ©s deTerminale crĂ©ant de nouveaux« profils » en L ou d’enseignementsobligatoires en PremiĂšre seulement?Les rĂ©ponses Ă  ces questions sontessentielles pour en mesurer l’im-pact sur l’attractivitĂ© de la sĂ©rie L,tout comme les prĂ©cisions indis-pensables sur les ouvertures versle supĂ©rieur que ces nouveaux pro-fils sont censĂ©s permettre.Inadmissible est la proposition : « Ă l’exception des langues, les dĂ©dou-blements actuels seront rĂ©exami-nĂ©s en fonction de leur intĂ©rĂȘt pĂ©da-gogique ». Est-ce leur intĂ©rĂȘtpĂ©dagogique qui est en cause, ouplus simplement leur coĂ»t ? Quiexaminera cet intĂ©rĂȘt ? Ceux qui,hier, paraient les TPE de toutes lesvertus et qui, aujourd’hui, les sup-priment en Terminale ?En l’état, qu’elles ne soient qu’unbricolage pour un nouvel affichagedans le cadre d’une rĂ©forme dontun des objectifs reste la diminutiondes coĂ»ts Ă  la charge de l’Etat ouune transformation inavouĂ©e dessĂ©ries, ces propositions ne peu-vent nous satisfaire. ïżœ

Roland Hubert

artistiques sont la pierre angu-laire du dĂ©veloppement de l’édu-cation artistique et culturelle. Elledoit s’appuyer sur eux pour per-mettre une vĂ©ritable formationdes Ă©lĂšves.La circulaire prĂ©cise « que leministĂšre de l’Éducation nationaleassure aux Ă©lĂšves des Ă©coles et descollĂšges des enseignements artis-tiques obligatoires »: qu’en sera-t-il rĂ©ellement demain puisque lesenseignements artistiques ne fontpas partie du socle commun prĂ©vupar le projet de loi d’orientationpour l’école, et seraient exclus desdisciplines obligatoirement Ă©va-luĂ©es au brevet?Elle annonce la prĂ©sence d’unechorale dans tous les collĂšges. Enfait les professeurs n’ont pasattendu les dĂ©clarations ministĂ©-

rielles pour en installer dans latrĂšs grande majoritĂ© d’entre eux!Cependant, pour qu’elles existentpartout, il faudrait des dotationsspĂ©cifiques identifiĂ©es « cho-rales », ce que, bien Ă©videmment,la circulaire ne propose pas ! Lasuppression de 7500 postes d’en-seignants, « le cadre budgĂ©tairecontraint » comme l’annoncentles deux ministĂšres, et le projetd’une seule option de dĂ©termina-tion possible en Seconde, aurapour consĂ©quence la fermetured’options artistiques en lycĂ©e. Onvoit mal, dans ce contexte, com-ment le ministĂšre va pouvoir rĂ©a-liser « la prĂ©sence effective d’uneoffre Ă©ducative artistique danstous les lycĂ©es »..., sauf Ă  fairedisparaĂźtre des enseignementsartistiques au profit de disposi-

tifs artistiques qui nĂ©cessiteraientmoins de professeurs, voire quiseraient entiĂšrement dĂ©lĂ©guĂ©s Ă des structures extĂ©rieures.Cette circulaire ne rĂ©pond en riensur le fond Ă  l’attente des ensei-gnants et des Ă©lĂšves, et ne prĂ©-voit aucun financement.Le manifeste pour l’Art Ă  l’École,initiĂ© par le SNES et le SNEP, etdĂ©jĂ  signĂ© par d’autres syndicatset associations porte une autreconception et d’autres demandes.Il est signable en ligne :h t tp : / /www.snes .edu/pet i -tions/?petition=5Dans la continuitĂ© du manifeste, leSNES et le SNEP organisent uncolloque national les 3 et 4 fĂ©vrier2005: « L’art, ça s’apprend! L’art,ça s’enseigne! ». Inscriptions aucolloque: [email protected]

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ACTUALITES

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LA BATAILLE DES SALAIRESUN ENJEU MAJEUR

LES MESURES ANNONCÉES POUR LA FONCTION PUBLIQUE

Avant mĂȘme de rĂ©unir les fĂ©dĂ©rationssyndicales le 21 dĂ©cembre, le ministreavait fait savoir qu’il n’y aurait pas

d’accord.Les mesures annoncĂ©es au cours d’unepiteuse mise en scĂšne consacrent donc labaisse de pouvoir d’achat du traitement desfonctionnaires et porteront le retard sur lesprix Ă  plus de 6 % fin 2005 par rapport audĂ©but de l’annĂ©e 2000. Elles traduisent lechoix gouvernemental d’un affaiblissementdu service public, ponctionnĂ© dans sesemplois et atteint par le mĂ©pris portĂ© Ă  lasituation de ses personnels.Pour Dutreil, c’est par les promotionsd’échelon ou de grade que les agents pour-ront maintenir leur pouvoir d’achat.C’est bien le sens de l’indemnitĂ© de som-met de grade, rattrapant ceux des agents quine peuvent plus avancer automatiquementdans leur carriĂšre et que le ministre entendpĂ©renniser. En consĂ©quence, la grille indi-ciaire ne cesserait de se dĂ©valoriser.La rĂ©munĂ©ration serait Ă©ventuellementcomplĂ©tĂ©e selon les caractĂ©ristiques et leclassement du poste occupĂ©. Enfin, le troi-siĂšme Ă©lĂ©ment de la rĂ©munĂ©ration seraitdĂ©terminĂ© par la maniĂšre de servir del’agent, afin que les agents qui « prennent

des initiatives » voient leur pouvoir d’achatprogresser.Ces orientations dĂ©truisent les rĂ©fĂ©rencescommunes, la solidaritĂ© dans le travail.Elles transformeraient profondĂ©ment lacarriĂšre des fonctionnaires, les relationsde travail au sein des Ă©tablissements et desservices.C’est d’une autre politique salariale et del’emploi que la fonction publique a besoin.Nous le dirons dans la grĂšve unitaire du 20janvier. ïżœ Anne FĂ©ray

«

Reprise bousculĂ©e » : la der-niĂšre note de conjoncturede l’INSEE est claire. La

croissance attendue du PIB pour2005 (au mieux 2 %) est moinsĂ©levĂ©e que celle prĂ©vue par legouvernement (2,5 %). Princi-pale consĂ©quence : le chĂŽmagedevrait se stabiliser au niveauactuel.Principal responsable : l’envi-ronnement international, avec lahausse du prix de l’énergie, lasurĂ©valuation de l’euro, et desexportations tournĂ©es essentiel-lement vers la zone euro, dont lacroissance est faible comparati-vement aux zones d’Asie etd’AmĂ©rique.Dans ce contexte, les entre-prises, bien que bĂ©nĂ©ficiant durelĂšvement de leurs profits, sontattentistes et l’investissementne progresse pas. Il ne resteplus que la consommation pour

redynamiser la demande.Dans son discours de vƓux, leprĂ©sident de la RĂ©publique a rĂ©af-firmĂ© le credo gouvernemental :la concurrence pour baisser lesprix, la baisse des impĂŽts, et aempruntĂ© au gouvernement alle-mand l’idĂ©e des « micro-crĂ©-dits ». Aucune de ces solutionsn’est crĂ©dible. La concurrence ? L’expĂ©rienceavortĂ©e de l’accord entre la

grande distribution et les indus-triels montre que les rapports deforce l’emportent sur les mĂ©ca-nismes concurrentiels, surtoutquand la fameuse «concurrencelibre et non faussĂ©e» vantĂ©e dansla Constitution europĂ©enne est lecache-sexe des cartels et desrentes de monopoles, fort bienillustrĂ©s par l’exemple desbanques et de la tĂ©lĂ©phonie.La baisse des impĂŽts ? On saitqu’il s’agit surtout d’un transfertentre impĂŽts d’État et impĂŽtslocaux, et l’OFCE* vient de rap-peler que ce sont les mĂ©nagesqui supporteront l’essentiel desprĂ©lĂšvements sociaux supplĂ©-mentaires (3,4 milliards contre1,9milliard pour les entreprises).RĂ©sultat : la croissance du pou-voir d’achat des mĂ©nages va seralentir (+ 0,5 % au premiersemestre) et celle de la consom-mation va suivre.

COMMENT RELANCER LA CONSOMMATION SANS AUGMENTER LES SALAIRES ?TELLE EST LA QUESTION PARADOXALE DANS LAQUELLE LE GOUVERNEMENT S’EST ENFERMÉ.

RÉMUNÉRATIONS DES ACTIFS‱ Augmentation du point d’indice de 0,5 %au 1er fĂ©vrier et de 0,5 % au 1er novembre.‱ Une « indemnitĂ© exceptionnelle de sommetde grade » : versĂ©e au cours du premiersemestre 2005 aux titulaires qui ont atteintau 31/12/2004 le dernier Ă©chelon de leurgrade ou de leur corps depuis au moins troisans; 1,2% du traitement indiciaire brut versĂ©en 2004.‱ La suppression de la plus basse Ă©chellede rĂ©munĂ©ration au 1er juillet 2005.

PENSIONS DE RETRAITE+ 2 % au 1er janvier.

DES PRÉLÈVEMENTS NOUVEAUXAU 1ER JANVIER 2005‱ Pour les actifs, l’assiette de la CSG passede 95 % Ă  97 % des rĂ©munĂ©rations Ă©li-gibles. Les fonctionnaires versent une coti-sation au rĂ©gime de retraite additionnellepouvant atteindre 1 % du traitement indi-ciaire brut (cf. article US Mag supplĂ©ment aun° 608).‱ Pour les retraitĂ©s imposables, augmenta-tion du taux de la CSG de 6,2 % Ă  6,6 %.

Inflation prévue en 2005 : + 1,8 %.

L’avis du SNES

L’indice des prix contestĂ©Selon l’INSEE, les prix des produitsde grande consommation ont aug-mentĂ© depuis 1998 de 13,2 %, net-tement plus vite que l’inflation glo-bale (9,9 %).L’UFC « Que choisir » a indiquĂ© lesrĂ©sultats des relevĂ©s opĂ©rĂ©s parses observateurs sur les 47 pro-duits de grandes marques de sonpanier test : 12,2 % entre 2000 et2004.La crĂ©dibilitĂ© de la mesure de l’in-flation par l’indice des prix est Ă nouveau en question.

0,5 % + 0,5% ne font pas 1 %Un enseignant gagnant 2 000 € par mois enmoyenne en 2004 qui est augmentĂ© de 1 % au1er janvier 2005 gagne 20 € de plus pendant12 mois, soit 240 € de plus sur l’annĂ©e ; il abien Ă©tĂ© augmentĂ© de 1 % sur l’annĂ©e. Si, parcontre, il gagne 0,5 % de plus au 1er fĂ©vrier et0,5 % au 1er dĂ©cembre, cela fait 10 € de pluspendant 10 mois et 20 € de plus en dĂ©cembre ;soit 120 € de plus, c’est-Ă -dire 0, 5 %. Conclu-sion : en prĂ©tendant que les fonctionnairesseront augmentĂ©s de 1 % en 2005, le gou-vernement se moque du monde. Pendant cetemps, les prix, eux, augmentent tous lesmois et souvent dĂšs le 1er janvier, en particu-lier les transports publics.

Les revendications salariales sontde retour, y compris dans le privĂ©avec des grĂšves chez H & M,Lesieur, Total... Les salariĂ©s com-mencent Ă  ĂȘtre excĂ©dĂ©s par le« travaillez plus, mais gagnezmoins » du gouvernement. ïżœ

Daniel Rallet*OFCE : Observatoire français desconjonctures économiques©

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 15

L’accĂšs Ă  la culturen’est ni unemarchandiseni un privilĂšge !Prix d’entrĂ©e en augmentation de13 %, suppression du tarif rĂ©duitaccordĂ© aprĂšs 15 h et le dimanche,rĂ©duction drastique de l’accĂšs gratuitaux collections dont sont victimesles enseignants, les artistes et lesĂ©tudiants en art de plus de 26 ans ouĂ©trangers...DĂ©cidĂ©ment, le Louvre, avec l’assen-timent de son MinistĂšre de tutelle,se distingue par une politique de plusen plus mercantile qui va Ă  l’encontredes devoirs de transmission, d’édu-cation, de formation continue, artis-tique et professionnelle qui Ă©taientreconnus depuis longtemps commeindispensables Ă  un travail de dĂ©mo-cratisation de la culture.Au Louvre comme ailleurs, nous assis-tons Ă  une logique globale de remiseen cause du service public, sous cou-vert de sa rĂ©organisation adminis-trative et de sa prĂ©tendue rĂ©forme.MalgrĂ© la mobilisation des artisteset des enseignants, la direction duLouvre n’a rĂ©tabli la gratuitĂ©, moyen-nant la signature d’une Conventionnon rendue publique, qu’aux seulsadhĂ©rents de l’association Maisondes Artistes prouvant ainsi une nou-velle fois qu’elle cherche Ă  «rentabi-liser» la gratuitĂ© en trouvant desbĂ©nĂ©voles professionnels ou en for-mation afin d’assurer le dĂ©veloppe-ment de sa mission de mĂ©diationvers le public.Face Ă  ce constat, un appel unitairevient d’ĂȘtre lancĂ© pour revendiquer leretour Ă  la gratuitĂ© sans restrictionpour tous ceux qui viennent d’en ĂȘtreexclus et pour l’ouverture d’un vĂ©ri-table dĂ©bat public sur une politiquede gratuitĂ© qui profiterait au plusgrand nombre.Un rassemblement se dĂ©roulera le 15janvier 2005 Ă  partir de 11 h 30 devantla pyramide du Louvre.

Rassemblement unitairedevant le Louvre le samedi 15 janvier 2005

ASSURANCE MALADIECE QUI VA CHANGER

La loi entre vĂ©ritablement enapplication au 1er janvier 2005,mĂȘme si certaines mesures ne

seront installées que progressive-ment. Quelles en sont les consé-quences pratiques pour chacun ?

Le « parcours vertueux »Le passage chez le mĂ©decin trai-tant(1) devient obligatoire. Dans lecourant du 1er semestre 2005,chaque assurĂ© de plus de 16 ansdevra avoir fait connaĂźtre Ă  sacaisse le nom de son mĂ©decin trai-tant. Un formulaire est envoyĂ© Ă chaque assurĂ© au cours des pro-chaines semaines. Ce choix pourraĂȘtre modifiĂ© ultĂ©rieurement. LemĂ©decin traitant est chargĂ© decoordonner les soins et de vousdiriger dans le systĂšme de santĂ©.S’adresser directement Ă  un spĂ©-cialiste vous coĂ»tera plus cher(dĂ©passement d’honoraires auto-risĂ©s) et vous serez moins bienremboursĂ©. Le dossier mĂ©dical personnalisĂ©(ne sera prĂȘt qu’en 2007) : il doitpermettre un meilleur suivi. Acces-sible par Internet grĂące Ă  la carteVitale (progressivement modifiĂ©e etdotĂ©e d’une photographie) et Ă  lacarte professionnelle des mĂ©de-cins, l’accĂšs au dossier sera thĂ©o-riquement impossible aux assu-rances et mĂ©decins du travail. Vousaurez le droit de refuser l’accĂšs Ă votre dossier, mais vous serezmoins remboursĂ©.Les arrĂȘts de travail : les contrĂŽlessont renforcĂ©s, notamment pourles personnes frĂ©quemment arrĂȘ-tĂ©es. La prolongation devra ĂȘtre

prescrite par le mĂ©decin qui ademandĂ© le premier arrĂȘt.Les affections longue durĂ©e : unprotocole de soins est Ă©tabli parvotre mĂ©decin traitant et le mĂ©de-cin conseil de la SĂ©curitĂ© sociale.Seuls les soins mentionnĂ©s serontpris en charge Ă  100 %.Le recours aux gĂ©nĂ©riques va sedĂ©velopper. Si vous exigez le mĂ©di-cament d’origine, vous risquez den’ĂȘtre remboursĂ© que sur la base dugĂ©nĂ©rique par la SĂ©curitĂ© sociale etla mutuelle.

Le coĂ»t de la rĂ©forme sera supportĂ© surtout par les assurĂ©s sociauxUn euro est dĂ©duit des rembourse-ments Ă  partir du 1er janvier, pourchaque consultation, acte de biolo-gie ou analyse. Seuls les enfantsde moins de 16 ans, les femmesenceintes et les bĂ©nĂ©ficiaires de laCMU en sont exemptĂ©s,de mĂȘme sivous ĂȘtes hospitalisĂ©s. Un plafondannuel de 50 euros est fixĂ©. Cettefranchise doit ĂȘtre fixĂ©e annuelle-ment par l’UNCAM(2) : elle risquedonc d’augmenter tous les ans. Lesmutuelles ne la rembourseront pas.Les cotisations augmentent au

1er janvier : l’assiette de la CSG etde la CRDS passe pour les actifs de95 Ă  97 % de votre salaire net (gaind’un milliard d’euros). Pour lesretraitĂ©s, le taux de CSG passe de6,2 Ă  6,6 % (gain de 600 millionsd’euros). Le taux de CSG sur lepatrimoine augmente de 0,7 %(630 millions d’euros) celui de laCSG sur les jeux de 2 % (100 mil-lions d’euros). La taxe sur les entre-prises fera rentrer 780 millions.Le forfait hospitalier : passe Ă  14euros (15 en 2006 et 16 en 2007).L’aide Ă  l’acquisition d’une com-plĂ©mentaire santĂ©: sous conditionde ressources (651,47 euros men-suels) lĂ©gĂšrement supĂ©rieures Ă celles de la CMU. Mais elle estbien infĂ©rieure au coĂ»t d’un contratmoyen. ïżœ Elizabeth Labaye

(1) À ne pas confondre avec le mĂ©de-cin rĂ©fĂ©rent, dont la rĂ©munĂ©ration Ă©taiten partie forfaitisĂ©e et liĂ©e Ă  une pra-tique diffĂ©rente de la mĂ©decine de ville(notamment un nombre limitĂ© d’actes).La pression des syndicats de mĂ©de-cins les plus libĂ©raux fait disparaĂźtre cedispositif en 2006 au profit du mĂ©de-cin traitant.(2) UNCAM : Union Nationale desCaisses d’Assurance Maladie.

Pour le SNES, cette loi n’amĂ©liore en rien le systĂšme de santĂ© lui-mĂȘme. Pire, elle dĂ©tournede bonnes idĂ©es (coordination, suivi des patients) Ă  des fins exclusivement comptables.Elle favorise un parcours Ă  deux vitesses, en permettant l’accĂšs direct aux spĂ©cialistes,qui verront leurs revenus augmenter en accueillant les assurĂ©s « pressĂ©s ». L’objectif de la rĂ©forme Ă©tait de rĂ©duire le dĂ©ficit. Faute de s’en prendre aux racines dumal (salaires, emplois) le dĂ©ficit continuera Ă  se creuser, sauf si l’UNCAM(2) sous la pres-sion du comitĂ© d’alerte crĂ©Ă© Ă  cet effet, prend des mesures de dĂ©remboursement accruesafin de limiter l’augmentation des dĂ©penses. Des perspectives sombres pour l’avenirde l’assurance maladie.

« SÉCURISATION » DE L’ÉCOLE

Une opĂ©ration de “Com” inacceptableUne dĂ©pĂȘche de l’AFP annonçait le 5 janvier qu’une «vaste opĂ©ration nationale de sĂ©curisation» avec contrĂŽles d’identitĂ© seraitorganisĂ©e aux abords de 2 collĂšges d’OrlĂ©ans, jeudi 6 janvier en prĂ©sence du Ministre de l’IntĂ©rieur.Renseignements pris, cette opĂ©ration Ă©tait censĂ© s’inscrire dans le cadre du protocole «Education-IntĂ©rieur» d’octobre2004, n’avait fait, d’aprĂšs le MinistĂšre de l’Education nationale, l’objet d’aucune concertation prĂ©alable et prenait des pro-portions complĂštement dĂ©mesurĂ©es puisqu’elle concernait 1400 Ă©tablissements difficiles et 8 000 policiers et gendarmes !Le SNES a dĂ©noncĂ© immĂ©diatement comme la plupart des syndicats d’enseignants, mais aussi de policiers, le caractĂšre tapa-geur d’une telle opĂ©ration qui n’amĂ©liorera en rien la sĂ©curitĂ© des Ă©tablissements et qui est d’autant plus contestable que cescontrĂŽles Ă  priori ne sont justifiĂ©s par aucune raison prĂ©cise et qu’ils ont pris dans certains cas un tour particuliĂšrement inad-missibles ( interventions de chiens policiers – cf reportage diffusĂ© par FR3)Pour le SNES le message ainsi adressĂ© Ă  l’école et aux jeunes est Ă  l’opposĂ© de la dĂ©marche d’éducation et de prĂ©vention quidevrait pourtant ĂȘtre la premiĂšre prioritĂ© de l’action des pouvoirs publics. Force aussi est de constater que gouvernement selance dans une telle opĂ©ration alors qu’il vient de supprimer en 3 ans et sans les remplacer plusieurs milliers d’emplois d’en-cadrement Ă©ducatif (30 000) dans les lycĂ©es, collĂšges des zones difficiles. Bernard Boisseau (le 6 janvier)

Premiers signataires : Louvre pourTous ; Syndicat national des artistesplasticiens- CGT ; Intersyndicale minis-tÚre de la Culture : CFDT, FSU, SUD,UNSA ; Fédération FSU ; SUD Education; SUD Etudiant ; Comité des Artistes-Auteurs Plasticiens ; Syndicat nationaldes Designers textile ; Union natio-nale des peintres illustrateurs ; Syn-dicat national des sculpteurs ; Uniondes photographes créateurs ; Unionsyndicale solidaires Paris ; CollectifGratuité enseignante dans les muséesnationaux ; Réseau Stop précarité.

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ACTUALITES

plan en cinq ans de numĂ©risationdes archives a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©. Le premier niveau rassemble lacomptabilitĂ©, la trĂ©sorerie, lefichier, le secrĂ©tariat administra-tif et les salles techniques infor-matiques.Le deuxiĂšme niveau regroupe unensemble de quatre salles derĂ©union ou de formation. Les secteurs d’activitĂ© du SNESsont rĂ©partis sur les cinq autresniveaux de bureaux, avec Ă  cha-cun des niveaux une salle de tra-vail de 10-12 places.Cette nouvelle organisation devrait

Ce sera l’aboutissement d’unedĂ©marche amorcĂ©e il y a unan et demi visant Ă  restructu-

rer les diffĂ©rents locaux du SNESen un seul lieu, pour ĂȘtre plus effi-cace, plus rationnel et plus Ă©co-nome. Le rapport financier jointĂ  cette US donne les Ă©lĂ©ments definancement de cette opĂ©ration.Le SNES disposera alors pourl’ensemble de ses secteurs d’acti-vitĂ© d’un immeuble sur huitniveaux totalisant un peu plus de3 000 m2 de surfaces. Un niveau regroupera la docu-mentation du SNES , l’IRHSES

Dùs aujourd’hui, notez la nouvelle adresse du SNES national(à utiliser dùs le 26 janvier 2005) :

SNES - 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13La numĂ©rotation tĂ©lĂ©phonique ne changera pas globalement. Le standard restele 01 40 63 29 00.Les sections de Paris, CrĂ©teil et Versailles ne sont pas concernĂ©es par ce dĂ©mĂ©-nagement et demeurent rue Beccaria, Paris 12e.Le dĂ©mĂ©nagement se fera entre le 20 et le 28 janvier.Le siĂšge national sera fermĂ© les 27 et 28 janvier.Les services Internet et informatiques seront arrĂȘtĂ©s ou trĂšs perturbĂ©sentre mercredi 26 Ă  14 h et jeudi 27 Ă  12 h. ... d’autres informations dans les prochains numĂ©ros de L’US.

D’un quartier ... Ă  un autreLe SNES quitte des locaux dontles premiers mĂštres carrĂ©s sontacquis il y a presque 40 ans rue deVillersexel dans le 7e arrondisse-ment. Pour l’anecdote, ils sontvendus Ă  l’époque par la FCPE.Pour des raisons historiques, Ă  lasuite de la LibĂ©ration, le siĂšge dela FEN est rue de Solferino. C’estcette proximitĂ© et celle du minis-tĂšre de l’Éducation nationale quiconduisent le SNES Ă  se dĂ©ve-lopper Ă  ses dĂ©buts dans ce quar-tier bourgeois devenu un des pluschers de Paris. La dispersion desdiffĂ©rents locaux, leur hĂ©tĂ©rogĂ©-nĂ©itĂ© rendent leur gestion et leur

exploitation de plus en plus coĂ»-teuses. Le pas est franchi en2003, et la recherche aboutit Ă un immeuble du 13e arrondisse-ment, quartier des Olympiades,qui s’il n’est pas l’immeuble idĂ©alrĂ©pond Ă  l’essentiel des contrain-tes posĂ©es: coĂ»t, localisation, sur-faces...Le SNES passe d’un quartierriche et bourgeois Ă  un quartierriche d’histoire populaire etouvriĂšre. Gageons que les mili-tants et les syndiquĂ©s sauront don-ner Ăąme et vie Ă  ces nouveauxlocaux, Ă  proximitĂ© d’universitĂ©sen expansion et de la BibliothĂšquenationale. ïżœ

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DÉMÉNAGEMENT DU SNESUN NOUVEL OUTIL LE 31 JANVIER, LE SIÈGE NATIONAL DU SNES SERA TRANSFÉRÉ46, AVENUE D’IVRY, DANS LE 13E ARRONDISSEMENT DE PARIS.

Le SNES met Ă  la disposition de toutes lessections d’établissements un nouveau mĂ©modes personnels du secondaire.

Tant sur les problĂšmes professionnels quoti-diens que rencontrent les personnels dansleurs relations aux Ă©lĂšves, Ă  l’administra-tion, aux parents, que sur les questions destatut, de carriĂšre, de protection sociale. Ilvous donne des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse etl’éclairage du SNES.

Nous espĂ©rons qu’il constituera un atoutpour faire vivre le syndicalisme de proxi-mitĂ© que nous pratiquons, faciliter l’activitĂ©des sections locales, former de nouveauxmilitants et crĂ©er les liens tellementnĂ©cessaires pour Ă©viter l’isolementsouvent ressenti dans nos professions.

Il est disponible (et bien sĂ»r gratuit) dans votre sectiondĂ©partementale. N’hĂ©sitez pas Ă  le demander.

et une partie de ses archives (Ins-titut de recherche sur l’histoiredes enseignements de seconddegrĂ©), et ADAPT (activitĂ© Ă©di-tion et rĂ©flexion pĂ©dagogique).L’IRHSES a vocation Ă  ĂȘtre lamĂ©moire du SNES; pour mieuxlui en donner les moyens et faci-liter l’accĂšs Ă  ses archives par leschercheurs et les Ă©tudiants, un

permettre un meilleur accueil dessyndiquĂ©s, une meilleure commu-nication entre les secteurs du SNESrassemblĂ©s dans les mĂȘmes locaux,et avec les militants et les adhĂ©-rents qui participeront aux rĂ©unionsou stages de formation au siĂšge duSNES dans des conditions de tra-vail amĂ©liorĂ©es pour tous. L’avenirdira si ce pari est rĂ©ussi.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 17

Le nombre de morts est dĂ©jĂ trĂšs Ă©levĂ© et il risque des’alourdir encore dans les

semaines qui viennent. Des vil-lages, des villes, des Ă©coles et desoutils de travail ont Ă©tĂ© dĂ©truitspar le flot dĂ©vastateur. Les imagesont bouleversĂ© des millions degens ordinaires qui manifestentleur sympathie et leur solidaritĂ© enparticipant Ă  toutes sortes de col-lectes de fonds pour venir en aideaux victimes de cette catastrophe« naturelle ».Cet Ă©lan de solidaritĂ© est en toutcas une bonne nouvelle quimontre que les populations sontcapables de se mobiliser mas-sivement pour venir en aide Ă d’autres ĂȘtre humains au-delĂ d’appartenances nationales,ethniques ou religieuses. C’estune vĂ©ritable gifle Ă  tous ceuxqui raillent les militants qui disentqu’un autre monde est possible,

un monde solidaire, sans guerre etsans pauvretĂ©.Pourtant cet Ă©lan de gĂ©nĂ©rositĂ©ne doit pas nous faire oublier quecette aide, prĂ©sentĂ©e comme d’unmontant Ă©levĂ©, devra ĂȘtre bienutilisĂ©e et qu’il faudra Ă©galements’interroger sur les raisons d’unesi grande catastrophe.La question du systĂšme d’alerte etd’évacuation a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© soulevĂ©e, etnous souhaitons qu’il se gĂ©nĂ©ra-lise Ă  toutes les parties du mondesans considĂ©rations liĂ©es Ă  larichesse des habitants des rĂ©gionscouvertes. D’autres donnĂ©es sont Ă  prendreen compte pour comprendre l’im-pact d’un tel dĂ©sastre, elles tou-chent au modĂšle de dĂ©veloppe-ment des pays en question. Lesinvestissements rĂ©alisĂ©s dans tousces pays n’ont pas que de bons ef-fets. C’est vrai que les consĂ©-quences pour la ThaĂŻlande seront

certainement moindres de cellespour le Sri Lanka ou Aceh du faitnotamment du dĂ©veloppement desinfrastructures liĂ©es au tourisme.Mais ce modĂšle de dĂ©veloppe-ment perpĂ©tue beaucoup d’inĂ©ga-litĂ©s et rend la vie encore plusdifficile pour les plus pauvres.Les Ă©lĂ©ments des classes socialesles plus dĂ©favorisĂ©es ne bĂ©nĂ©fi-cient pas en Asie de systĂšme deprotection sociale d’État et au-cun de ces pays n’a de systĂšme desecours bien organisĂ©.Pourtant les pays touchĂ©s par letsunami ne sont pas pauvres.L’Inde est une super-puissancenuclĂ©aire. La ThaĂŻlande est un paysen dĂ©veloppement rapide. Le Pre-mier ministre ThaĂŻ et son entou-rage sont des multimillionnaires.Tous ces pays entretiennent desarmĂ©es nombreuses et fort coĂ»-teuses dont la fonction n’est pas deprotĂ©ger les populations mais deprotĂ©ger les intĂ©rĂȘts de ceux quisont au pouvoir. Ces armĂ©es ser-vent Ă©galement Ă  maintenir le« mini-impĂ©rialisme » de ces Étatsqui sont obligĂ©s de donner desgages de sĂ©curitĂ© Ă  leurs investis-seurs Ă©trangers Ă  l’ombre de labase US de Diego Garcia.Rien n’est Ă  rejeter dans cette aideaux victimes de cette catastrophe.Ni celle des USA, ni celles desentreprises qui nĂ©anmoins pourcertaines d’entres elles, en tirentdes avantages immĂ©diats. Mais ilne faut pas ĂȘtre dupe de l’hypocri-sie de ceux qui continuent de main-

TSUNAMICONSÉQUENCES AGGRAVÉESPAR LE MAL-DÉVELOPPEMENT

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L’AIDE POUR QUOI FAIRE ?

tenir une emprise Ă©conomique etmilitaire sur cette rĂ©gion, et quicontinuent de faire payer au prixfort mĂ©dicaments et infrastructuresune fois l’émotion passĂ©e.Dans ces conditions, la confĂ©-rences des pays donateurs qui vase rĂ©unir Ă  Djakarta devrait rompreavec la politique menĂ©e jusqu’icidans cette rĂ©gion. Comme Wal-den Bello, une voix altermondia-liste de la rĂ©gion, demandons quecette confĂ©rence dĂ©bouche sur uncontrĂŽle dĂ©mocratique de l’aideet son attribution Ă  ceux qui enont besoin, l’annulation sanscondition de la dette au FMI et Ă la Banque mondiale, la fin de lacourses aux armements et la fer-meture des bases militaires Ă©tran-gĂšres de la rĂ©gion avec l’affecta-tion des ressources ainsi dĂ©gagĂ©esaux secteurs sociaux, et que lesgrandes entreprises y compris detourisme soient obligĂ©es de parti-ciper au financement de la recons-truction et au dĂ©veloppement. ïżœ

Roger FerrariSecrétaire international

Les dons et promesses de dons s’élĂšvent Ă plus de 2 milliards de dollars. Au moins deuxquestions se posent par rapport Ă  ces fonds. LapremiĂšre concerne la concrĂ©tisation des pro-messes car elles ne sont pas toujours concrĂ©-tisĂ©es (en Afghanistan 50 %). La deuxiĂšmeconcerne l’attribution de cette aide et son uti-lisation. Le besoin de transparence et d’éva-luation est absolument nĂ©cessaire pour la des-tination de l’aide qui ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©epour servir les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques ou gĂ©o-stratĂ©giques d’États pas plus qu’à des fins derivalitĂ© ou de concurrence entre ONG.

Une partie importante devra ĂȘtre destinĂ©e Ă remettre sur pied les moyens d’existencede populations qui ne sont pas sous les pro-jecteurs de l’actualitĂ© Ă  savoir hors acti-vitĂ© touristique et dans des zones difficilesd’accĂšs. L’exemple de Via Campesina montre, en s’ap-puyant sur des groupes locaux, que l’on peut Ă la fois intervenir pour des besoins urgents debase (nourriture, eau potable, habitat et mĂ©di-cament) comme sur des besoins Ă  plus longterme de reconstruction de leur propre envi-ronnement.

C’est la voie choisie par le SNES qui participeĂ  travers ses cotisations Ă  l’aide d’urgence de30000 euros dĂ©bloquĂ©e par l’Internationale del’Éducation dont la rĂ©partition sera assurĂ©e parle bureau rĂ©gional Asie auprĂšs des syndicatsdes pays touchĂ©s. En complĂ©ment, le SNESprend contact avec un syndicat du Sri Lankapour mettre en Ɠuvre un projet de rĂ©habilita-tion de locaux syndicaux et de structure sco-laire. Pour ce projet, vous pouvez envoyer voscontributions au SNES Ă  l’ordre de SNES/Soli-daritĂ© Tsunami.

Roger Ferrari

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ÉCO/SOCIALHANDICAP. Alors que Jacques Chirac avait fait de cette question l’un des chantiersles plus ambitieux de son quinquennat, la loi qui devrait ĂȘtre adoptĂ©e solennellementle 18 janvier a fait l’objet d’une valse–hĂ©sitation qui a suscitĂ© la colĂšre des associationsde handicapĂ©s, notamment aprĂšs le passage du projet de loi au SĂ©nat.

Projet de loi sur le handicap : en demi-teinte ?

iÉtat-civili

Quels noms ?Un des fondements du patriarcat esttombĂ© : depuis le 1er janvier 2005, bienaprĂšs la plupart des pays europĂ©ens, laloi française permet enfin aux enfants deporter le nom de leur mĂšre.* Cependant,en offrant trois possibilitĂ©s, la loi ouvrela porte aux dĂ©saccords : les parentspourront choisir le nom du pĂšre, celui dela mĂšre, ou les deux accolĂ©s (en cas dedĂ©saccord, c’est le nom du pĂšre qui s’im-pose
 grĂące Ă  un amendement des sĂ©na-teurs). Le principe du double nom,comme cela se fait en Espagne, Ă©tait lasolution prĂ©conisĂ©e par le Collectif natio-nal pour le Droit des Femmes, car ellepermet la relation de l’enfant Ă  ses deuxlignĂ©es mises Ă  Ă©galitĂ©.* La loi est rĂ©troactive,il sera possible de modifierle nom des enfants de moins de 13 ans.

iMĂ©dicamentsi

Laboratoireset transparenceGrĂące aux laboratoires pharmaceu-tiques il est de plus en plus dangereuxd’ĂȘtre malade.Le fabricant du DistilbĂšne condamnĂ© endĂ©cembre par le tribunal de Nanterre Ă indemniser la victime d’un cancer del’utĂ©rus, le Vioxx, un anti-inflammatoirede Merck, retirĂ© du marchĂ© par son pro-ducteur en octobre dernier (ce mĂ©dica-ment reconnu comme dangereux a coĂ»tĂ©130 millions d’euros Ă  la SĂ©cu en 2003),tandis que le concurrent, la firme Pfi-zer, refuse de retirer du marchĂ© sonCelebrex, pourtant accusĂ© de provoquerĂ©galement des accidents cardio-vascu-laires. Et maintenant, c’est le must desantidĂ©presseurs, le Prozac, qui est sus-pectĂ© de susciter des tendances suici-daires et des actes de violence chez lespersonnes qui le prennent pour
 s’enprotĂ©ger !Tout mĂ©dicament comporte un risque,mais ce qui est en cause dans cesaffaires, ce sont les tentatives des labosde masquer des rĂ©sultats nĂ©gatifsd’études cliniques ou d’étouffer desplaintes de victimes. Bernard BĂ©gaud, prĂ©sident de l'univer-sitĂ© Bordeaux II, rĂ©sume bien le pro-blĂšme : « dĂšs qu'un mĂ©dicament prĂ©-sente un bĂ©nĂ©fice, on perd tout senscritique » (LibĂ©ration, 3 janvier). Il esturgent de mettre fin Ă  la confusion quiexiste entre des intĂ©rĂȘts privĂ©s et lecontrĂŽle public, d’assurer la transpa-rence et la publication des Ă©tudes cli-niques, et de procĂ©der Ă  des Ă©tudesaprĂšs l’autorisation de mise sur le mar-chĂ© pour voir les effets rĂ©els du mĂ©di-cament sur une population. La nouvelle« Haute AutoritĂ© », indĂ©pendante deslabos ? On peut rĂȘver.

Daniel Rallet

Celui-ci avait en effet voté desamendements qui restrei-gnaient considérablement la

portĂ©e de la loi. La mobilisation acependant permis des correctionslors du passage en 2e lecture Ă l’AssemblĂ©e, Ă  la fin du mois dedĂ©cembre. Si des avancĂ©es ont puĂȘtre acquises, notamment sur leprincipe du droit Ă  compensation,(aide Ă  l’amĂ©nagement du loge-ment, d’un vĂ©hicule adaptĂ©, d’unfauteuil..), les associations hĂ©si-tent entre espoir et amertume, avecle sentiment qu’une chance a Ă©tĂ©gĂąchĂ©e. Surtout, beaucoup esti-ment, comme Fernand TournanprĂ©sident de l’APAJH, que « nousn’avons pas une loi de solidaritĂ©,mais une loi d’assistance ».Parmi les mesures envisagĂ©es, ledroit Ă  l’accessibilitĂ© des lieuxpublics et des transports doit ĂȘtreeffectif dans un dĂ©lai de 10 ans(dĂ©lai que les sĂ©nateurs avaientfait sauter, mais rĂ©tabli endeuxiĂšme lecture). La garantie deressources pour les personneshandicapĂ©es dans l’impossibilitĂ©de travailler est acquise Ă  hauteurde 80 % du SMIC (les associa-tions rĂ©clamaient l’alignement surle SMIC et s’inquiĂštent des condi-tions d’attribution, car celles-cisont liĂ©es au taux d’incapacitĂ©,ce qui ne leur paraĂźt pas perti-nent). Le droit pour les travailleurshandicapĂ©s ayant obtenu uneretraite anticipĂ©e, de percevoirune retraite Ă  taux plein, a Ă©tĂ©ajoutĂ© in extremis par la secrĂ©-taire d’État M.-A. Montchampqui a dĂ» essuyer le feu des cri-tiques aprĂšs les scandaleux amen-dements votĂ©s par la majoritĂ©UMP au SĂ©nat, obligeant le gou-vernement Ă  amender lui–mĂȘmele texte. Dans chaque dĂ©parte-ment sera crĂ©Ă©e une maison duhandicap. Pour les enfants handi-capĂ©s, le principe d’inscription Ă l’école la plus proche est adoptĂ©,tandis qu’a Ă©tĂ© supprimĂ© l’amen-dement visant Ă  interdire l’accĂšsd’un enfant handicapĂ© « si sa prĂ©-sence Ă©tait jugĂ©e Ă  mĂȘme de pro-

voquer des troubles qui pertur-bent de maniĂšre avĂ©rĂ©e la com-munautĂ© des Ă©lĂšves ». Mais cesprincipes se heurtent Ă  l’insuffi-sance de l’aide matĂ©rielle ethumaine Ă  l’intĂ©gration (les AVSne compensant pas en totalitĂ© lasuppression des emplois-jeunes).L’emploi reste Ă©galement l’un despoints noirs : 1/4 des adultes han-dicapĂ©s est au chĂŽmage et la loiqui prĂ©voit un taux de 6 % de per-

sonnes handicapĂ©es dans lesentreprises de plus de 20 salariĂ©s,n’est pas respectĂ©e, malgrĂ©l’amende dont le montant vientd’ĂȘtre alourdi. ïżœ

Elizabeth [email protected]

* La loi a Ă©galement adoptĂ© une mesurerendant obligatoire sur les bouteillesd’alcool l’information sur les dangersde l’alcool en direction des femmesenceintes.

BÉNÉVOLES

Des gens de bienC

’est plus de 12,5 millions debĂ©nĂ©voles que comptaitnotre pays en 2003, ces don-

nĂ©es intĂšgrent les actifs qui, horsactivitĂ© professionnelle, partici-pent au dĂ©veloppement d’asso-ciations dont 84 % fonctionnentsans salariĂ©s. Selon un rapportde l’INSEE (2002), 45 % de lapopulation est adhĂ©rente d’uneassociation.L’une des donnĂ©es rĂ©centesconcerne l’intervention dans cecadre d’une nouvelle gĂ©nĂ©rationde retraitĂ©s. Ces « seniors » uti-lisent leur disponibilitĂ© en temps,Ă©nergie, compĂ©tences pour mili-ter et contribuer au fonctionne-ment d’associations sans butlucratif (loi de 1901).En novembre 2004, une Ă©tude du

centre d’études et de recherchessur la philanthropie indique que29 % des 60/69 ans et 19 % desplus de 70 ans sont bĂ©nĂ©voles ;ces chiffres Ă©volueront dans lesprochaines annĂ©es ; ils sont Ă relier au dĂ©veloppement desĂ©tudes dans les annĂ©es soixantequi fait que leur expĂ©rience, leurscompĂ©tences sont apprĂ©ciĂ©esdans les associations qui ne peu-vent s’offrir des professionnelsconsultants ou d’encadrement auprix du marchĂ©.L’engagement des enseignantsretraitĂ©s porte sur les actionshumanitaires et sociales au senslarge du terme, sur l’alter-mon-dialisme, la dĂ©fense de l’envi-ronnement, la culture, toutesactions visant la solidaritĂ©, la jus-

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 19

iDroit du travaili

Borloo invente lesalariĂ© jetableLe « contrat de travail intermĂ©diaire »« offert » aux salariĂ©s licenciĂ©s (avecmaintien de la rĂ©munĂ©ration pendantdouze mois), semble de plus en plusĂȘtre la « pilule » pour faire passer l’es-sentiel : l’accĂ©lĂ©ration et « l’assouplis-sement » des procĂ©dures de licencie-ment. I l est mĂȘme question depermettre Ă  une entreprise de licen-cier en quelques jours. Le capitalismerevisite ses origines.

iTextile et Santéi

Bombes Ă  retardementLe 1er janvier 2005, le systĂšme des quotasqui rĂ©gissait le commerce mondial dutextile depuis plus de trente ans, a Ă©tĂ©dĂ©mantelĂ© en application des accordsconclus en 1995 avec la crĂ©ation del’OMC. Ces quotas, dĂ©finis pour chaquepays exportateur, protĂ©geaient dansune certaine mesure l’industrie des paysdĂ©veloppĂ©s, et avaient permis le dĂ©ve-loppement des exportations de certainspays en voie de dĂ©veloppement, duMexique Ă  l’Ile Maurice en passant par leBangladesh. Les gagnants de cette dĂ©rĂ©-glementation du commerce mondialdevraient ĂȘtre les grandes puissancesasiatiques, l’Inde et surtout la Chine,qui allie faibles coĂ»ts de production,qualitĂ© et une monnaie sous-Ă©valuĂ©e,rattachĂ©e au dollar. Les perdants serontles salariĂ©s des usines dĂ©localisĂ©es dansles pays dĂ©veloppĂ©s, en particulier dansl’Europe mĂ©diterranĂ©enne, et denombreux pays pauvres victimes duredĂ©ploiement interne aux pays du Sud.Aucun souci Ă  se faire pour les grandeschaĂźnes de la confection qui font dĂ©jĂ fabriquer leurs produits en Asie, sansĂȘtre trĂšs regardantes sur les conditionsde travail.

D’autre part, l’accord sur « les aspectsdes droits de la propriĂ©tĂ© intellec-tuelle », signĂ© il y a dix ans, toujoursdans le cadre de l’OMC, s’applique pro-gressivement. Depuis le 1er janvier, l’Indedoit respecter les brevets dĂ©posĂ©s parles multinationales qui produisent lesmĂ©dicaments antisida et cesser d’ex-porter ses gĂ©nĂ©riques Ă  prix rĂ©duit.L’accord du 30 aoĂ»t 2003 permet desdĂ©rogations, mais le pays importateur,le Mozambique par exemple, doit prou-ver l’urgence de la situation pour jus-tifier ses achats de gĂ©nĂ©riques en Inde.Et les grands labos du Nord ont uneconception restrictive de l’urgence !

Daniel Rallet

tice, la lutte contre toutes lesexclusions et la solidaritĂ© inter-gĂ©nĂ©rationnelle.De nombreux retraitĂ©s exercentĂ©galement des fonctions Ă©lectivesou sont bĂ©nĂ©voles dans le sec-teur coopĂ©ratif ou mutualiste quifont partie, les deux derniers, del’économie sociale Ă  cĂŽtĂ© desassociations et des fondations.Concurrents dĂ©loyaux pour lessalariĂ©s ? L’expĂ©rience des annĂ©espassĂ©es le dĂ©ment : c’est par l’in-tervention des bĂ©nĂ©voles appuyĂ©epar un courant d’opinion que lespouvoirs publics ont dĂ» prendre Ă leur charge des actions (aides auxpersonnes ĂągĂ©es, aux handicapĂ©s,emplois-jeunes...).Il n’existe pas Ă  ce jour de statutdu bĂ©nĂ©volat Ă  proprement

parler : quelques dispositionslĂ©gislatives des annĂ©es 93 et 2000permettent sous condition l’accĂšsĂ  des assurances et plus rarementdes allĂšgements d’impĂŽt.À ceux, ignorants ou mal inten-tionnĂ©s, qui penseraient que lesretraitĂ©s sont inutiles, on conseillel’ouvrage documentĂ© de BĂ©nĂ©-

dicte Holba (Documentation fran-çaise 2003) « BĂ©nĂ©volat et volon-tariat en France et dans lemonde ». Les mĂȘmes peuventĂ©galement s’adresser au minis-tĂšre de la Jeunesse, des Sports etde la Vie associative qui prĂ©pareune loi sur le volontariat (Ă  suivredonc...). Annie Clavel

RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL

Vérités et contrevéritésL

e débat récent sur le tempsde travail se déroule dansune grande confusion, qui

semble parfois entretenue Ă  loi-sir par la presse. Il a notammentĂ©tĂ© affirmĂ© Ă  droite que les 35heures n’avaient pas crĂ©Ă© d’em-plois, que la remise en cause des35 heures allait crĂ©er desemplois, que la France s’appau-vrissait par rapport Ă  d’autrespays (notamment les États-Unis)parce qu’on y travaille peu, alorsque la gauche proclamait la mortdes 35 heures. Or, ces quatreaffirmations sont fausses.Concernant les crĂ©ations d’em-plois, les estimations sĂ©rieuses(dont certaines Ă©manant de ser-vices gouvernementaux) varientselon les Ă©conomistes entre350 000 et 450 000. Certes, onpeut toujours critiquer les hypo-thĂšses aboutissant Ă  ces rĂ©sul-tats, mais il faut dans ce cas trou-ver une explication au fait que laFrance a crĂ©Ă© plus d’emplois queles autres pays europĂ©ens Ă  crois-sance comparable dans la pĂ©riode1999-2001, qui est une pĂ©rioderecord pour la crĂ©ation d’emploien France. Dans le discours gouvernemen-tal, la conversion de jours deRTT en salaire est censĂ©e doperle pouvoir d’achat des salariĂ©s,donc la consommation. Lesentreprises Ă©tant peu habituĂ©es Ă 

payer leurs salariĂ©s Ă  ne rienfaire, soit (version optimiste) lesheures supplĂ©mentaires effec-tuĂ©es permettent de produire ceque les salaires supplĂ©mentairespermettent de dĂ©penser et larĂ©forme n’a pas d’impact, soit(version rĂ©aliste) les heures sup-plĂ©mentaires rĂ©duisent lesbesoins des entreprises en intĂ©-rimaires et en CDD et le chĂŽ-mage augmente.Le nombre d’heures de travailrapportĂ© Ă  la population totaleest 28 % moins Ă©levĂ© en Francequ’aux États-Unis, 11 pointss’expliquant par un temps de tra-vail plus court. Le MEDEF etses reprĂ©sentants en dĂ©duisentbrillamment qu’il suffirait d’al-longer le temps de travail pours’enrichir. C’est oublier que laproductivitĂ© Ă©levĂ©e de la Francen’est possible que parce qu’untemps de travail court permet uneintensitĂ© du travail sans Ă©quiva-

lent ailleurs. Allonger le temps detravail rĂ©duirait la productivitĂ©,donc la production. Inversement,les 35 heures ont permis, ne l’ou-blions pas, une formidable rĂ©or-ganisation du travail dans lesgrandes entreprises et des gainsde productivitĂ© parfois considĂ©-rables (10 % par an dans l’auto-mobile, par exemple, oĂč le pas-sage Ă  35 heures s’est souventaccompagnĂ© du passage d’une Ă deux Ă©quipes de travail). Pour beaucoup de salariĂ©s, laRTT s’est traduite par la modĂ©-ration salariale et une intensifi-cation du travail facteur defatigue et d’accidents, ce qui faitque le temps gagnĂ© n’est pas dutemps libre mais du temps derĂ©cupĂ©ration. Comme, parailleurs, le surcoĂ»t salarial des35 heures a Ă©tĂ© en grande partiefinancĂ© par l’État, il est clair queles 35 heures sont une trĂšs bonneaffaire pour la plupart desgrandes entreprises, qui n’ontaucune envie de revenir Ă  lasituation antĂ©rieure. C’est pour-quoi les 35 heures ne sont pasmortes, loin de lĂ . Surfant sur lemĂ©contentement de certains sala-riĂ©s, la rĂ©forme prĂ©vue par legouvernement Raffarin adapteen fait le temps de travail auxbesoins des entreprises, quivarient d’un secteur Ă  l’autre.

Arnaud Parienty

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Professeur de SVT Ă  la retraite, Françoise s’implique toujours et organise des clubs santĂ©.

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Les rapports d’activitĂ© et financier nationaux sont publiĂ©s dans lecahier joint Ă  ce numĂ©ro de L’US. Ils sont soumis Ă  l’apprĂ©cia-tion individuelle de chaque syndiquĂ©(e), qui est invitĂ©(e) Ă  se pro-

noncer par un vote Ă  bulletin secret.Le scrutin est organisĂ© dans chaque section SNES d’établissement (S1)selon les indications fournies par votre section acadĂ©mique (S3).Chaque S3 adresse aux S1 le matĂ©riel Ă©lectoral nĂ©cessaire (liste desĂ©lecteurs et d’émargement des votants, bulletins de vote, procĂšs-ver-bal de dĂ©pouillement). Le dĂ©pouillement des votes est effectuĂ© danschaque S1 Ă  la date fixĂ©e par la section acadĂ©mique pour la clĂŽture duscrutin et les rĂ©sultats sont immĂ©diatement transmis au S3.

Attention ‱ La pĂ©riode de vote est fixĂ©e par chaque acadĂ©mie (cf. calendrier).‱ Dans plusieurs acadĂ©mies, ce vote national est couplĂ© avec d’autres

scrutins : rapports acadĂ©miques et/ou Ă©lections de la Commissionadministrative (CA) acadĂ©mique et/ou de bureaux dĂ©partementaux(S2). Si c’est le cas dans votre acadĂ©mie / dĂ©partement, pensez Ă  vousexprimer pour chacun des scrutins. Chaque S1 reçoit du S3 le matĂ©-riel appropriĂ© qui doit ĂȘtre utilisĂ©.Si le seul scrutin est celui sur les rapports nationaux, vous pouvezĂ©ventuellement utiliser le bulletin de vote ci-dessous.

‱ Les syndiquĂ©(e)s retraitĂ©(e)s expriment leur(s) vote(s) individuel(s)les indications fournies par leur section acadĂ©mique.

‱ Les syndiquĂ©(e)s isolĂ©(e)s en France adressent leur(s) vote(s) indi-viduel(s) directement Ă  leur section acadĂ©mique.

Hors de France et TOMLes sections SNES hors de France et des TOM recevront du SNESnational une circulaire spĂ©ciale pour l’organisation des votes sur lesrapports nationaux d’activitĂ© et financier.Les syndiquĂ©(e)s isolĂ©(e)s hors de France recevront individuellementles indications leur permettant de voter par correspondance. ïżœ

Eugenio Bressan ([email protected])

PRÉPARER LE CONGRÈS NATIONAL DU SNES 2005

20 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

B U L L E T I N D E V O T E

SUR LE RAPPORT D’ACTIVITÉ NATIONAL

SUR LE RAPPORT FINANCIER NATIONAL

RAPPORT D’ACTIVITÉ (1)

POUR CONTRE ABSTENTION

RAPPORT FINANCIER (1)

POUR CONTRE ABSTENTION

(1) Pour chaque vote, ENTOUREZ VOTRE CHOIX

CONTRIBUTIONS POUR LE CONGRÈS NATIONAL

LE MANS 2005Le congrĂšs national se prĂ©pare d’abord dans les sections d’établissement(S1). Les syndiquĂ©s y dĂ©battent des rapports et orientations proposĂ©s(publiĂ©s avec L’US n° 611 du 17 dĂ©cembre 2004) et proposent des contri-butions Ă  leurs congrĂšs acadĂ©miques respectifs, prĂ©paratoires au congrĂšsnational. Nous reviendrons prochainement plus en dĂ©tail sur la prĂ©parationd’un congrĂšs national du SNES.L’US tient toute sa place dans ce dĂ©bat prĂ©paratoire et publiera, dansquatre cahiers spĂ©ciaux, les contributions collectives ou individuelles quiseront adressĂ©es sur l’un ou l’autre thĂšme de congrĂšs.Les contributions, qui ne doivent pas excĂ©der 2500 signes (le souhait Ă©tantd’en publier le maximum pour reflĂ©ter du mieux possible la diversitĂ© desdĂ©bats), doivent ĂȘtre adressĂ©es Ă  [email protected] contribution devra comporter le numĂ©ro et le nom du thĂšme auquelelle se rapporte.

CALENDRIERS ACADÉMIQUES DES VOTESAcadĂ©mie Du AuAix-Marseille lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005Amiens lundi 10 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 Besançon mercredi 12 janvier 2005 vendredi 25 fĂ©vrier 2005 Bordeaux lundi 24 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 Caen lundi 17 janvier 2005 vendredi 11 mars 2005 Clermont-Ferrand mercredi 12 janvier 2005 mercredi 9 fĂ©vrier 2005 Corse lundi 28 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 CrĂ©teil lundi 17 janvier 2005 vendredi 28 janvier 2005 Dijon lundi 21 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 Grenoble lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 Guadeloupe lundi 17 janvier 2005 mercredi 2 fĂ©vrier 2005 Guyane lundi 10 janvier 2005 lundi 31 janvier 2005 Lille lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Limoges lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Lyon lundi 24 janvier 2005 vendredi 11 fĂ©vrier 2005 Martinique lundi 10 janvier 2005 samedi 29 janvier 2005 Montpellier lundi 24 janvier 2005 jeudi 10 fĂ©vrier 2005 Nancy-Metz lundi 21 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 Nantes lundi 17 janvier 2005 samedi 5 mars 2005 Nice lundi 10 janvier 2005 jeudi 3 mars 2005 OrlĂ©ans-Tours lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Paris lundi 7 fĂ©vrier 2005 samedi 19 fĂ©vrier 2005 Poitiers lundi 21 fĂ©vrier 2005 samedi 12 mars 2005 Reims lundi 24 janvier 2005 samedi 12 mars 2005 Rennes lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 fĂ©vrier 2005 RĂ©union (La) lundi 31 janvier 2005 vendredi 25 fĂ©vrier 2005 Rouen lundi 21 fĂ©vrier 2005 vendredi 11 mars 2005 Strasbourg lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 mars 2005 Toulouse vendredi 21 janvier 2005 vendredi 11 fĂ©vrier 2005 Versailles lundi 17 janvier 2005 mardi 1er fĂ©vrier 2005

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sur les rapports d’activitĂ© et financier nationauxVOTES

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 21

DOSSIERApprentissage : voie de formation ou impasse ?

Dossier coordonnĂ© par Pierre Narbonne et Thierry Reygades - [email protected] photos du dossier ont Ă©tĂ© prises aux lycĂ©es Antonin-Artaud de Marseille, Gustave-Eiffel de Cachan et Émilie-de-Breteuil de Montigny-le-Bretonneux.

Apprentissage

État des lieux

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Le dĂ©veloppement des formations initiales sous statutd’apprenti , « l’apprentissage », est pour beaucoup – ministĂšre, branches professionnelles, rĂ©gions
 –le moyen de faire rĂ©ussir davantage de jeunes, de fournir aux entreprises des employĂ©s qualifiĂ©s,d’éviter l’échec scolaire
 Lorsque Jean-Louis Borloovise 500000 apprentis, François Fillon le doublementdu nombre d’apprentis dans les lycĂ©es professionnels,peu de voix s’élĂšvent pour remettre en question ces objectifs. Seules quelques-unes, et notamment les rĂ©gions et les entreprises, rĂ©clament les moyensde ces ambitions.

L’apprentissage est-il vraiment la potion magiquecapable de rĂ©soudre les problĂšmes de formation,d’échec scolaire et de besoin de qualification ?Ce dossier n’a pas la prĂ©tention de rĂ©pondre Ă  cettequestion, mais Ă  travers diffĂ©rents Ă©lĂ©ments : les flux,les niveaux, les financements, la rĂ©ussite, et en interrogeant plusieurs acteurs : sociologues,politiques, patrons, formateurs, apprentis, il dresse un Ă©tat des lieux de cette question.Ce dossier n’est Ă©videmment pas exhaustif, des Ă©lĂ©ments plus complets sont disponibles sur le sitedu SNES.

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Apprentissage, Ă©tat des lieuxDO

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Accueil des apprentis

Des structures différentes

La durĂ©e du contrat est au moins Ă©gale Ă celle du cycle de formation qui fait l’objet ducontrat. La prolongation en cas d’échec Ă l’examen est admise pour un an maximum.Cette durĂ©e peut ĂȘtre rĂ©duite, en fonction duparcours prĂ©alable (jeunes dĂ©jĂ  titulaires d’undiplĂŽme et prĂ©parant un autre diplĂŽme dumĂȘme niveau ou d’un niveau infĂ©rieur ; jeunesayant bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un contrat de qualification.La durĂ©e de formation ne peut ĂȘtre infĂ©rieure Ă 400 heures. Pour le baccalaurĂ©at professionnel etle BTS, cette durĂ©e est fixĂ©e par le rĂšglementgĂ©nĂ©ral du diplĂŽme (1 500 heures pour 2 ans ;750 si la durĂ©e du contrat est rĂ©duite Ă  1 an,suite Ă  un positionnement). Il est possible d’en-chaĂźner les contrats d’apprentissage, pour prĂ©-parer des diplĂŽmes successifs (d’oĂč la « voie

L’objet du contrat d’apprentissage est dedonner au jeune ayant satisfait l’obligationscolaire « une formation gĂ©nĂ©rale, thĂ©o-

rique et pratique », en vue de l’obtention d’unequalification professionnelle sanctionnĂ©e par:‱un diplĂŽme de l’enseignement professionnelou technologique du second degrĂ© ou du supĂ©-rieur ;‱un titre d’ingĂ©nieur, un titre ou un certificatinscrit au RĂ©pertoire national de la certifica-tion professionnelle.Le contrat d’apprentissage s’adresse auxjeunes de 16 ans Ă  moins de 26 ans (avecune dĂ©rogation possible pour les jeunes de15ans ayant achevĂ© le premier cycle du secon-daire ou ayant effectuĂ© deux ans de classe prĂ©-paratoire Ă  l’apprentissage).

Les chiffres de l’apprentissage‱360 000 apprentis (176 000 prĂ©parent un

CAP contre 80 000 en LP), 27 000 préparentun BTS (contre 234 000 en lycée).

‱Taxe d’apprentissage: 1386 millions d’euros.‱ Financement total : 3 431 millions d’euros.‱ Plus de 1 000 centres de formation (CFA et

SA) et prĂšs de 2 000 lieux de formation.

Le code du travail (art. R 115-1, créé parle décret 95-403 du 14/4/95) préciseque, selon les cas, les enseignements

dispensĂ©s aux apprentis pendant le temps detravail peuvent ĂȘtre donnĂ©s :‱ dans un centre de formation d’appren-tis (CFA) ;‱ dans une unitĂ© de formation par ap-prentissage (UFA) ;‱ dans une section d’apprentissage (SA).En terme de structure, ce sont les CFA quisont les plus nombreux, gĂ©rĂ©s par prĂšs de1000 organismes. Ils peuvent ĂȘtre classĂ©s enfonction de la nature de cet organisme.Pour une section d’apprentissage (SA),une convention est passĂ©e entre l’établis-sement et la RĂ©gion, le chef d’établisse-ment assure la direction de la SA.Une UnitĂ© de Formation par Apprentis-sage (UFA) est le rĂ©sultat d’une conventionentre l’établissement, le rectorat et un CFA.Le directeur du CFA assure la direction del’UFA. ïżœ

Le contrat d’apprentissage

« Une formation générale, théorique et pratique »

de l’apprentissage »). L’apprentissage estune voie de formation initiale, ce qui expliqueque son contrĂŽle soit du ressort de l’Éducationnationale. Le code du travail assigne clairementun rĂŽle dans l’apprentissage Ă  d’autres acteurs:chambres consulaires, branches profession-nelles et partenaires sociaux. ïżœ

Proportion Proportion de CFA effectifs apprentis

CFA gérés par une association (origine: org. professionnelles, 44 % 44 %mixte org. proffessionnelle et chambre consulaire...)

CFA gĂ©rĂ©s par l’Éducation nationale ou l’agriculture 27 % 12 %

CFA chambres consulaires 14 % 34 %

Autres (CFA communaux, Université) 15 % 10 % (Univ. : 1,9 %)

Évolutions effectives d’apprentissage en fonction du diplĂŽme prĂ©parĂ©250 000

200 000

150 000

100 000

50 000

01995/1996 1996/1997 1997/1998 1998/1999 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003

CAP et autres diplĂŽmes niveau V MC Bac professionnel Autres diplĂŽmes d’enseignement supĂ©rieurBEP BP et autres diplĂŽmes niveau V BTS

AprĂšs une progression impor-tante entre 1995 et 2000, lenombre d’apprentis s’est stabili-sĂ© autour de 360 000. Ceci est dûà la diminution des apprentis prĂ©-parant les diplĂŽmes de niveau 5(–7 % pour les CAP) et Ă  l’aug-mentation de ceux prĂ©parant undiplĂŽme de l’enseignement su-pĂ©rieur (+ 140 % pour les BTS).

Effectifs

TĂ©moignage

Travaillez-vous souvent avec des apprentis ?RĂ©cemment, j’ai travaillĂ© avec deux jeunes que j’ai moi-mĂȘme formĂ©s. Une expĂ©-rience Ă  refaire, tant la formation est primordiale. Le manque de main-d’Ɠuvre est cruel, ce qui est dĂ» au fait qu’à une certaine Ă©poque, il Ă©tait debon ton de dĂ©valoriser les mĂ©tiers manuels au profit des activitĂ©s, disons, pluscĂ©rĂ©brales. Aujourd’hui, il faut relancer la machine. Et le regain d’activitĂ© dansce type de secteurs passera forcĂ©ment par une revalorisation globale dessalaires.Les relations avec les Ă©coles sont-elles efficaces ?J’ai eu l’occasion de travailler avec les compagnons du devoir, et je dois

dire qu’ils rĂ©alisent un suivi des Ă©lĂšves de trĂšs prĂšs. Les autres, en revanche,sont moins efficaces dans ce domaine. Mais aussi Ă©trange que cela puisseparaĂźtre, c’est plus avec les parents que j’ai eu des problĂšmes, ils n’acceptaientpas forcĂ©ment le fonctionnement de l’entreprise et la communication Ă©taitdifficile.Le systĂšme de l’alternance pose-t-il des problĂšmes ?La rĂšgle du jeu est claire dĂšs le dĂ©part. On sait Ă  quoi s’attendre
 Mais biensĂ»r, c’est toujours la semaine oĂč l’apprenti est en cours qu’on aurait besoinde lui !

Propos recueillis par Matthieu Abadie

Bernard Bellanger, artisan plombier-chauffagiste à Saint-Barthélemy (49)

22 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 23

Financement

Un systĂšme complexe

l’affirme le ministĂšre, cette rĂ©forme, qui aug-mente les ressources de l’apprentissage, ne di-minuera pas le montant de TA perçu par lesĂ©tablissements d’enseignement. Elle n’aurade toute façon aucun effet sur le dĂ©sĂ©qui-libre de rĂ©partition qui affecte les Ă©tablisse-ments publics, qui demande toujours Ă  ĂȘtrecorrigĂ©. ïżœ

(1) Ces formations sont dĂ©finies comme celles qui, « avantl’entrĂ©e dans la vie active, prĂ©parent les jeunes Ă  un em-ploi d’ouvrier ou d’employĂ© spĂ©cialisĂ© ou qualifiĂ©, de tra-vailleur indĂ©pendant, d’aide familial, de technicien, detechnicien supĂ©rieur, d’ingĂ©nieur ou de cadre des en-treprises des divers secteurs Ă©conomiques ». N’en font paspartie: les stages ANPE, stages organisĂ©s en fonction desprotocoles d’alternance, stages de la formation profes-sionnelle continue.

Ce systĂšme est d’une complexitĂ© et d’uneopacitĂ© rares, Ă  tel point que l’on ne peutconnaĂźtre que d’une maniĂšre indirecte lemontant annuel de cette taxe.

Les modifications introduites par la loide cohĂ©sion socialeL’objectif est d’augmenter le montant de lataxe affectĂ©e Ă  l’apprentissage, en suppri-mant plusieurs chefs d’exonĂ©ration etd’amĂ©liorer la transparence de la collecte,en rendant obligatoire le versement de lataxe Ă  un organisme collecteur. Dans undeuxiĂšme temps, il est prĂ©vu de modifierles proportions quota /barĂšme Ă  57%/43%. Il sera donc important de vĂ©rifier si, comme

La taxe d’apprentissage, impĂŽt crĂ©Ă© en1925, est dĂ©finie comme « la partici-pation des employeurs au financement

des premiĂšres formations technologiques etprofessionnelles (1) ». Elle a donc vocation Ă contribuer au financement de la formationprofessionnelle initiale, sous statut d’ap-prentissage comme sous statut scolaire ouĂ©tudiant. La taxe d’apprentissage reprĂ©sente 0,5 %de la masse salariale brute (= taxe brute,TB). Elle est divisĂ©e en deux parties : lequota (reprĂ©sentant une part de la taxe obli-gatoirement affectĂ©e au financement de l’ap-prentissage) et le hors-quota (ou barĂšme).Depuis la loi de 1996, la rĂ©partition est lasuivante :Quota : 40 % TB (soit 0,2 % masse sala-riale), rĂ©parti en :➣ 75 % pour les CFA (30% TB)➣ 25% pour le fonds national de pĂ©rĂ©quation,qui a pour objet de corriger les inĂ©galitĂ©s de rĂ©-partition de la taxe entre rĂ©gions (10 % TB).Hors quota: 60% TB, rĂ©parti entre Ă©tablis-sements assurant des formations premiĂšres :Ă©tablissements de l’enseignement secondaireou supĂ©rieur, public ou privĂ©, technologique ouprofessionnel et CFA (Ă  nouveau).Les employeurs peuvent s’acquitter de leurtaxe en la versant directement en totalitĂ© auTrĂ©sor public ou en effectuant, directement oupar l’intermĂ©diaire d’organismes collecteurs,des versements au centre de formation.Un des principes essentiels de l’affectationde la TA est celui de la libertĂ© du choix parl’entreprise des Ă©tablissements bĂ©nĂ©fi-ciaires. Ce principe contribue aux inĂ©galitĂ©sde rĂ©partition de la TA.

Le financement de l’apprentissage com-prend le financement de l’appareil de for-mation et l’ensemble des aides ou incita-

tions aux entreprises employant des apprentis.Ce financement implique, dans un montagecomplexe, trois acteurs essentiels : l’État,les rĂ©gions et les entreprises, entre lesquelsexistent des flux financiers croisĂ©s. Des or-ganismes intermĂ©diaires (branches profes-sionnelles, organismes collecteurs, fonds depĂ©rĂ©quation), interviennent dans ces flux etdans la rĂ©partition des fonds. Les mesures prĂ©vues par la loi de cohĂ©sionsociale vont modifier de façon importantemĂ©canismes et circuits de ce financement.Ce qui ressort de ce survol du financementde l’apprentissage est, en premier lieu, sacomplexitĂ©, qui fait qu’il est trĂšs difficile

Évolution des moyens allouĂ©s Ă  l’apprentissage (en millions d’euros)(PrĂ©sentation du budget du ministĂšre de l’Emploi pour 2005) - (* : Évaluations)

2004 Projet de loide finances 2005

CrĂ©dits d’État➣ Transferts aux rĂ©gions 1294 1134➣ Compensation d’exonĂ©rations de charges 791 773

Taxe d’apprentissage➣ Produit de la taxe * 1386 1428➣ Suppression d’exonĂ©rations* 123➣ Hausse de 0,06 % 197

DĂ©pense fiscaleCrĂ©dit d’impĂŽt* 472

Total 3 431 4 127

Qu’est-ce que la taxe d’apprentissage ?

d’évaluer le coĂ»t par apprenti. La diversitĂ©des situations est Ă©galement importante(Ă©carts importants de ressources entre les

diffĂ©rents types de CFA que les quelquesmĂ©canismes correctifs existants ne font pasdisparaĂźtre). ïżœ

Établissements bĂ©nĂ©ficiaires de la TA en 2001% de TA Montant Taxe moyenne/apprenti,

Établissements reçu (en millions Ă©lĂšve ou Ă©tudianten 2001 d’euros) (en euros)

CFA 46,1 % 443 1386

Établissements Second Public 15,5 % 149,5 105dispensant degrĂ© PrivĂ© 10,9 % 105 332 (sous contrat)des formations 1 790 (hors contrat)professionnelles SupĂ©rieur Public 9,1 % 88 183hors apprentissage PrivĂ© 18,1 % 174,3 2 093

Part de la TA dans les ressources des CFA

Pourcentage des ressources Catégorie de CFA totales du CFA

représenté par la TA

CFA d’association loi de 1901 30,5 %

CFA de chambres de commerce et d’industrie 37,4 %

CFA de chambres de métiers 10,4 %

CFA d’EPLE 14,2 %

CFA de collectivité locale 13,2 %

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Apprentissage, Ă©tat des lieux

24 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

DOSS

IER

Questions Ă  Gilles Moreau, sociologue Ă  l’universitĂ© de Nantes

« Ceux qui ne jurent que par l’apprentissage ne sont pas sĂ©rieux »

Les recherches de Gilles Moreau portent sur la jeunesse populaire, principalement celle qu’accueillent leslycĂ©es professionnels et l’apprentissage. Il vient de publier Le monde apprenti (2003, Éditions La Dispute),un livre oĂč, Ă  travers des enquĂȘtes empiriques par questionnaires et entretiens, les apprentis s’exprimentlargement sur leurs conditions de formation, de travail et d’insertion. Il a par ailleurs coordonnĂ© unouvrage de synthĂšse sur les enjeux de la formation professionnelle initiale en France : Les patrons, l’Étatet la formation des jeunes (2002, Éditions La Dispute), et publiĂ© dans Le Monde diplomatique d’avril 2004un article intitulĂ© : « L’enseignement professionnel ou la dĂ©faite d’un projet Ă©mancipateur ».

L’US : Au moment oĂč le Premier ministre faitl’éloge de « l’intelligence de la main », oĂč leministre de la CohĂ©sion sociale souhaite ren-forcer les financements de l’apprentissage, oĂč leministre de l’Éducation nationale souhaite dou-bler le nombre d’apprentis dans les lycĂ©es pro-fessionnels, peut-on parler d’une revalorisationdes formations professionnelles des jeunes?Gilles Moreau: La question de la revalori-sation de la formation professionnelle ini-tiale des jeunes ne peut pas se rĂ©sumer Ă  deseffets d’annonces. Ainsi, l’objectif de 500 000apprentis en 2007 est gratuit. Pour atteindre untel niveau, il faudrait que beaucoup plus d’en-treprises acceptent d’accueillir des appren-tis. Or c’est loin d’ĂȘtre le cas, et les incitationsfinanciĂšres ne compenseront pas un problĂšmemajeur: aujourd’hui dĂ©jĂ , beaucoup de jeunesne trouvent pas de maĂźtre d’apprentissage.Ainsi, dans mes enquĂȘtes en Pays de la Loire,un quart des apprentis titulaires d’un CAPou d’un BEP et qui voulaient poursuivre enniveau IV n’ont pas trouvĂ© d’entreprise pourles accueillir. On met souvent en exerguecertains secteurs comme le bĂątiment qui pei-nent Ă  trouver des apprentis, mais c’est pourmieux camoufler la sĂ©lection importante qu’ily a dans d’autres domaines d’activitĂ© : encoiffure ou en pharmacie par exemple, il n’estpas rare de contacter cinquante entreprisespour trouver un maĂźtre d’apprentissage ! Orcomme le marchĂ© de l’apprentissage est unmarchĂ© non rĂ©gulĂ©, le taux d’échec Ă  l’entrĂ©e(ou Ă  la poursuite) en (d’)apprentissage estinconnu. Il est rĂ©el, mais on fait comme s’iln’existait pas !

L’US : Comment analyser les Ă©volutions desvingt derniĂšres annĂ©es?G. M.: La dĂ©tĂ©rioration de l’image des for-mations professionnelles est indĂ©niablementliĂ©e Ă  celle des conditions de vie, de salaire etde travail des ouvriers et des employĂ©s.D’ailleurs, c’est pendant les Trente Glorieusesque le lycĂ©e professionnel (le CET Ă  l’époque)a connu son apogĂ©e : il formait de bons pro-fessionnels, voire une « aristocratie ouvriĂšre »

et portait haut et fort un projet Ă©mancipateur.Mais se contenter d’attendre le retour de joursmeilleurs est contre-productif.

L’US : Comment agir?G. M.: Par exemple en reprenant l’excel-lente idĂ©e de Jean-Luc MĂ©lenchon de rĂ©tri-buer les stages en entreprise des Ă©lĂšves deLP, en organisant le financement d’un quasi-salaire rĂ©glementĂ© nationalement pendantces pĂ©riodes en entreprise. Pour cela, il fautune volontĂ© politique que le gouvernementJospin n’a Ă  l’évidence pas eue, et que biensĂ»r le ministre Fillon n’a pas. De mĂȘme,l’investissement des LP dans l’apprentis-sage peut ĂȘtre une bonne chose
 Je saiscombien une telle affirmation peut paraĂźtrechoquante. Mais si l’enseignement profes-sionnel public a, ce que je crois, un savoir-faire, des pĂ©dagogies et une expĂ©rience enmatiĂšre de formation professionnelle, soninvestissement dans l’apprentissage mon-trera sa diffĂ©rence et donc ses forces. Luiseul peut rĂ©guler un dispositif aussi peuorganisĂ© et aussi inĂ©galitaire que l’appren-tissage ; lui seul peut insuffler dans l’ap-prentissage un supplĂ©ment d’humanitĂ© enrĂ©habilitant le triple objectif de « formerl’Homme, le travailleur et le citoyen ». Maisune telle perspective doit avoir un sens poli-tique. Il ne s’agit pas tant de « courir aprĂšs »ou de « concurrencer » les CFA privĂ©s quede construire un projet politique d’unifica-tion du systĂšme de formation professionnelleinitiale des jeunes.

L’US : Vous pouvez dĂ©velopper?G. M.: Je crois que l’on est face Ă  un « im-pensĂ© historique ». Le LP a Ă©tĂ© progressive-ment alignĂ© sur le modĂšle « bourgeois » dulycĂ©e, et apparaĂźt donc irrĂ©mĂ©diablementcomme une instance de relĂ©gation. L’abandonen rase campagne des CAP en 1985 et celledes BEP que la rĂ©cente dĂ©cision du ministreFillon de crĂ©er les bacs pro en trois ans an-nonce, va dans ce sens. Or, si on regardel’ensemble que constituent LP et apprentis-

sage comme un tout, on voit les choses dif-fĂ©remment. La France a un systĂšme « dual »de formation des futurs ouvriers et employĂ©s(LP d’un cĂŽtĂ©, apprentissage de l’autre),comme elle avait hier un double systĂšme deformation gĂ©nĂ©ral (primaire/primaire supĂ©-rieur d’un cĂŽtĂ©, lycĂ©e classique de l’autre). Cedernier a Ă©tĂ© au cours du XXe siĂšcle unifiĂ© ;le premier reste, sans aucune raison autrequ’historique, divisĂ© entre apprentissage sco-larisĂ© et apprentissage salariĂ©. Penser un sys-tĂšme public unifiĂ© de formation profession-nelle initiale, c’est penser autre chose que la« juxtaposition » des lycĂ©es des mĂ©tiers deJean-Luc MĂ©lenchon. C’est inventer quelquechose qui n’existe pas, mais qui ne peut se

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 25

faire qu’à l’image des processus historiquesd’unification scolaire en France, à savoir,par pilotage de l’État et du service public.

L’US : Et les apprentis ? Vous avez recueilli denombreux tĂ©moignages ; pourquoi un jeunechoisit-il aujourd’hui l’apprentissage ? G. M.: Pour qu’un jeune se tourne vers l’ap-prentissage, il faut qu’il trouve dans son his-toire sociale et scolaire les moyens d’avoir unevision positive de ce mode de formation long-temps dĂ©lĂ©gitimĂ©. D’oĂč trois types d’appren-tis. Le premier rassemble les enfants d’artisanset de commerçants, surreprĂ©sentĂ©s dans cedispositif. SocialisĂ©s dans une famille d’in-dĂ©pendants, ils adoptent facilement ce modede formation. Ils y rĂ©ussissent d’ailleurs trĂšsbien. Je dis souvent que l’apprentissage offreaux enfants d’indĂ©pendants ce que l’écolegarantit aux enfants d’enseignants: une proxi-mitĂ© d’habitus qui favorise la rĂ©ussite. Le se-cond type renvoie Ă  ce que j’appelle « l’anti-intellectualisme populaire » ; on le trouveĂ©galement en LP. Il se bĂątit sur un « dĂ©sa-mour » scolaire, une survalorisation de l’ex-pĂ©rience et le primat de la pratique commeforme de rĂ©habilitation de soi, Ă  leurs yeux im-possible Ă  l’école. Et puis il y a ceux quej’appelle « les nouveaux apprentis ».

L’US : Qui sont-ils?G. M.: Ce sont des jeunes, qui du fait de lapolitique des 80 % au bac et de l’allonge-ment des Ă©tudes sont devenus des « malgrĂ©-nous » scolaires, pour reprendre l’expressionde StĂ©phane Beaud(1) : ils sont maintenus dansle systĂšme scolaire sans grand espoir de rĂ©us-site et surtout dans une situation impĂ©cu-nieuse que leurs origines populaires peuvent

DĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle, deux conceptions de la formation professionnelle des jeunes s’oppo-sent. La premiĂšre repose sur un apprentissage en entreprise, adaptĂ© au marchĂ© du travail, laseconde insiste sur le rĂŽle de l’école et la formation du citoyen. La loi Astier de 1919 ne rĂ©sou-dra pas cette contradiction. C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que l’apprentissagedes mĂ©tiers Ă  l’école s’impose. Les centres d’apprentissage, ancĂȘtres des CET, puis en 1975 desLEP et en 1985 des LP, seront les vecteurs de la formation professionnelle Ă  l’école, en s’appuyantsur le CAP, ils poseront les bases d’une culture technique.DĂšs 1945, les enseignants seront formĂ©s dans des Ă©coles normales d’apprentissage (ENNA), et for-meront Ă  leur tour « l’aristocratie des ouvriers et des employĂ©s qualifiĂ©s ».Jusqu’en 1975, on assiste Ă  la montĂ©e en puissance de la formation professionnelle Ă  l’école etle dĂ©clin de l’apprentissage en entreprise.C’est Ă  partir de 1980, que la tendance s’inverse, les lycĂ©es professionnels peinent Ă  prĂ©serverleur culture technique, les ENNA disparaissent Ă  la crĂ©ation des IUFM, et dans le mĂȘme temps despans entiers de l’industrie s’effondrent, et le chĂŽmage s’envole !DĂšs lors les vertus formatrices de l’entreprise sont prĂ©sentĂ©es comme novatrices, les incitationsfinanciĂšres se multiplient, l’apprentissage Ă©largit son offre de diplĂŽme (du CAP au diplĂŽme d’in-gĂ©nieur), et Monsieur Borloo annonce un objectif de 500 000 apprentis


D’aprĂšs Gilles Moreau, L’enseignement professionnel ou la dĂ©faite d’un projet Ă©mancipateur, LeMonde Diplomatique, mai 2004.

difficilement compenser. Du coup, ils peinentĂ  Ă©pouser le modĂšle « lycĂ©en » qui domineaujourd’hui dans la jeunesse et qui se dĂ©finitpar une consommation festive et ludiqueimportante. Ils ont donc le sentiment d’ĂȘtre enporte-Ă -faux et souvent en souffrent. L’ap-prentissage, par le salaire qu’il offre, certesminime, leur permet de rĂ©soudre cette contra-diction initiale. Ils quittent lĂ©gitimementl’école, et accĂšdent Ă  un pouvoir d’achat quileur permet de « faire leur jeunesse » Ă  l’instardes autres lycĂ©ens. C’est un peu comme s’ilsquittaient l’école pour mieux ĂȘtre « lycĂ©ens ».D’ailleurs, leur rĂ©seau d’amitiĂ© et de socia-bilitĂ© reste lycĂ©en et ils ont peu le sentimentd’ĂȘtre salariĂ©s.

L’US : Dans un rapport sur « les discrimina-tions Ă  l’embauche des jeunes », Claude BĂ©bĂ©arpropose Ă©galement l’apprentissage comme voiede formation ; l’apprentissage serait-il exemptde discrimination ?G. M.: C’est l’inverse ! L’apprentissage est« blanc ». Les jeunes issus de l’immigrationsont nettement sous-reprĂ©sentĂ©s dans l’ap-prentissage, mĂȘme dans le bĂątiment. Ce n’estd’ailleurs pas la seule diffĂ©rence entre le publicdes LP et celui de l’apprentissage salariĂ©. Laproportion de filles par exemple reste trĂšsfaible en apprentissage: 30% et cette part n’apas changĂ© depuis 30 ans. Ce qui montre com-bien les comparaisons entre lycĂ©e profes-sionnel et apprentissage (en termes d’insertionpar exemple) sont Ă  manier avec d’extrĂȘmesprĂ©cautions: ce ne sont pas les mĂȘmes popu-lations. En consĂ©quence, ceux qui ne jurentque par l’apprentissage ne sont pas sĂ©rieux. ïżœ

(1) 80% au bac, et aprÚs? La découverte, 2002.

Formation

Toute une histoire...

TĂ©moignages

Pisset, 16 ans, BEP mécanique automobile, option D

(motocycles, cycles)Pourquoi avoir choisi de suivre une formation en apprentissage ?Parce que je ne voulais pas suivre une forma-tion gĂ©nĂ©rale, je savais que je n’aurais pas leniveau nĂ©cessaire. L’alternance CFA-entreprise te convient-elle ?Oui, j’aime bien le principe. Je prĂ©fĂšre d’ailleursĂȘtre en entreprise, mĂȘme si les cours m’intĂ©-ressent Ă©galement. Le fait est que je me sensplus utile Ă  l’entreprise, oĂč j’ai l’impressiond’ĂȘtre important. Je travaille pour l’entre-prise Piaggio, qui fabrique des motocycles. Ily a une bonne ambiance, car je cĂŽtoie beau-coup de monde. Je ne pense pas que ça meplairait autant si j’étais seul avec mon patronet seulement quelques employĂ©s.ConcrĂštement, comment se passent les cours ?Je ne sais pas si c’est partout pareil, maisdans mon CFA (l’Institut national du cycle etmotocycle, ndlr), je suis Ă  la fois des matiĂšresgĂ©nĂ©rales et techniques. Le niveau moyen estcelui de la TroisiĂšme. Souvent, nous ne faisonsque de la pratique lors de journĂ©es appelĂ©es« journĂ©es atelier ».Quel genre d’élĂšves y as-tu rencontrĂ© ?Je m’attendais Ă  pas mal d’élĂšves plus oumoins en difficultĂ© scolaire, et j’en ai trouvĂ©quelques-uns. Mais il y a surtout des jeunes quiaiment la mĂ©canique et qui veulent en faireleur mĂ©tier.

Franck, 18 ans, chĂŽmeur depuis juillet 2004

Quelle formation as-tu suivie ?Pendant trois ans, j’ai fait un BEP carrosserieau CFA Saint-Nicolas, Ă  Issy-les-Moulineaux.Ma formation s’est terminĂ©e le 29 juillet 2004.Et depuis, que fais-tu ?Je suis au chĂŽmage ! Je cherche Ă  droite Ă gauche, mais je n’ai aucune piste. Ton Ă©cole ne t’a pas suivi aprĂšs ton diplĂŽme ?En fait, le problĂšme est que je n’ai pas eumon diplĂŽme, je l’ai ratĂ© d’un petit point.Alors l’école m’a « virĂ© ». AprĂšs, il n’y a euaucun suivi, ils m’ont laissĂ© me dĂ©brouiller toutseul comme si je n’étais jamais passĂ© chezeux. Depuis, je « rame ».Que comptes-tu faire pour te sortir de cette situation ?Je compte aller Ă  l’armĂ©e pour au moins un an,histoire de m’occuper. LĂ -bas, je pourrai pas-ser mon permis de conduire et faire quelquesĂ©conomies. Par contre, aprĂšs, je ne sais pasvraiment


Propos recueillis par Matthieu Abadie

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DOSS

IER

Apprentissage, Ă©tat des lieux

Questions Ă  Maurice Pinkus, directeur dĂ©lĂ©guĂ© Ă  l’Union des industries et mĂ©tiers de la mĂ©tallurgie (UIMM)

« La voie de l’apprentissage n’est pas la voierĂ©servĂ©e aux jeunes en difficultĂ© »

L’US : Le plan Borloo, comme le projet de loiFillon, propose de dĂ©velopper la formation ini-tiale des jeunes en apprentissage. CommentapprĂ©ciez-vous ces propositions? À quel niveaude diplĂŽme faudrait-il selon vous dĂ©velopper cesformations?Maurice Pinkus: DĂ©velopper quantitative-ment pourquoi pas, mais il y a des condi-tions. On ne fait dĂ©jĂ  pas le plein dans tous noscentres de formation d’apprentis. Dans notrebranche, la mĂ©tallurgie, il y a une pratiqueancienne de l’apprentissage. Jusqu’en 1985c’était rĂ©servĂ© aux CAP, ensuite l’UIMM asouhaitĂ© prĂ©parer le bac pro par apprentissage,le BTS Ă  partir de 1987 et les diplĂŽmes d’in-gĂ©nieur Ă  partir de 1989. La voie de l’ap-prentissage n’est pas la voie rĂ©servĂ©e auxjeunes en difficultĂ©. Il s’agit d’un choix desjeunes et des entreprises.En 2004: 11000 apprentis sont entrĂ©s dansnos centres, ce qui correspond Ă  environ25000 apprentis en formation. Ces chiffressont stables. On assiste Ă  une augmentationdes plus hauts niveaux, le niveau V diminue,les IV et III augmentent.Le premier niveau demandĂ© devient aujour-d’hui le bac pro. Cela rĂ©pond Ă  des besoins desentreprises, mais Ă©galement Ă  une demande desjeunes d’atteindre des niveaux de formationpar des modalitĂ©s pĂ©dagogiques spĂ©cifiques.

L’US : Les entreprises ont-elles les moyensd’accompagner les apprentis dans leur forma-tion? En particulier existe-t-il en leur sein unnombre suffisant de tuteurs qualifiĂ©s?M. P.: Dans la mĂ©tallurgie, on a une stabilitĂ© deseffectifs d’apprenti. Pour certaines formations onpeut avoir des difficultĂ©s Ă  trouver des entreprisesmais la vraie difficultĂ© est d’attirer des jeunes.Ici comme ailleurs, la voie professionnelle estchoisie par dĂ©faut. Les services d’orientation nejouent pas leur rĂŽle, Ă  la fois d’information sur

les formations professionnelles et sur l’appren-tissage. Les entreprises doivent participer Ă  la for-mation des jeunes qu’il y ait ou non des possi-bilitĂ©s de recrutement. Dans le cadre des CFAInous prĂ©parons aux diplĂŽmes, un contrat doitaboutir Ă  l’obtention d’un diplĂŽme.Le diplĂŽme reste une rĂ©fĂ©rence commune quiatteste d’une premiĂšre formation qui visel’insertion dans l’entreprise. Il faut parfoiscomplĂ©ter par des CQP ou d’autres qualifi-cations mais le diplĂŽme reste un signal impor-tant pour l’entreprise.Il y a suffisamment de professionnels dansles entreprises aptes Ă  encadrer des apprentiset le tutorat est intĂ©grĂ© dans les pratiques desentreprises. On insiste sur la qualitĂ© de la rela-tion entre les jeunes et les tuteurs, et il y a desformations souvent prĂ©vues pour les tuteurs.

L’US: Le plan Borloo prĂ©voit une rĂ©forme de fi-nancement : augmentation de la taxe d’ap-prentissage versĂ©e par les entreprises et ver-sement d’un crĂ©dit d’impĂŽts par apprenti.Comment apprĂ©ciez-vous ces Ă©volutions?M. P.: Nous avons Ă©tĂ© furieux Ă  propos del’augmentation prĂ©vue de la TA et la suppres-sion de certaines subventions. Ce n’était pasune demande de notre part. Nous nous sommesdonnĂ© les moyens de dĂ©velopper l’apprentis-sage par une mutualisation des fonds de l’al-ternance (35 % vers l’apprentissage). Il n’yavait pas besoin d’augmenter la TA.L’augmentation de la TA contre le crĂ©ditd’impĂŽts est un marchĂ© de dupes !

L’US : La volontĂ© de dĂ©veloppement de l’ap-prentissage fait craindre que le patronat necherche Ă  prendre le contrĂŽle des contenus deformation pour les transformer en une seuleadaptation Ă  l’emploi ou pire au poste de travail.Que rĂ©pondez-vous Ă  ce sujet?M. P.: Le patronat, Ă  travers les CPC(1), per-

met de garder une approche professionnelleaux formations. Pour des raisons budgĂ©taires,l’administration serait trop facilement enclineĂ  transformer ces formations en formations gĂ©-nĂ©rales.La formation professionnelle joue pleine-ment son rĂŽle, on parvient Ă  faire acquĂ©rir desconnaissances gĂ©nĂ©rales en partant du concret.Dans nos formations en CFA, nous dĂ©velop-pons les mĂȘmes savoirs que dans les LP.L’adaptation Ă  l’emploi se situe si nĂ©cessaireaprĂšs l’obtention du diplĂŽme. Mais elle estfacilitĂ©e par l’expĂ©rience due Ă  la pĂ©riodepassĂ©e en entreprise.

L’US: Gilles Moreau parle d’apprentissage « sĂ©-grĂ©gatif », est-ce votre analyse?M. P. : Lorsque l’entreprise recrute un ap-prenti, elle utilise les mĂȘmes critĂšres que pourun recrutement d’employĂ©. Les questions demotivation et de maturitĂ© des jeunes sont es-sentielles, certains jeunes ne sont pas prĂȘts Ă intĂ©grer directement l’entreprise.En conclusion, l’UIMM demande une dis-cussion globale sur le dĂ©veloppement de l’ap-prentissage avec les responsables politiques eten particulier le dĂ©veloppement de partenariatsentre l’Éducation nationale et les branchesprofessionnelles sur cette question.Nous ne sommes pas satisfaits de la dĂ©marchepurement quantitative qui, de plus, est Ă©clatĂ©eentre diffĂ©rents ministĂšres et responsablespolitiques. Il faudrait plus de cohĂ©rence. ïżœ

(1) CPC: commission professionnelle consultative, instanceoĂč les diplĂŽmes professionnels sont dĂ©finis et Ă©laborĂ©s.

Le rÎle des régions

Des politiques différenciées

En matiĂšre d’apprentissage, sur lequel ellesont compĂ©tence, les rĂ©gions ont menĂ©ces derniĂšres annĂ©es des politiques diffĂ©-

renciĂ©es, qui se sont traduites par des Ă©volutionsvariables: certaines d’entre elles, oĂč l’appren-tissage Ă©tait dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©, ont menĂ© des po-litiques volontaristes (Pays de la Loire, RĂ©gionPACA), d’autres, qui n’étaient pas des territoirestraditionnels de l’apprentissage, ont menĂ© une

politique qui a abouti Ă  une forte augmentationdes effectifs (Bretagne, RhĂŽne-Alpes).Pour beaucoup de ces rĂ©gions, l’apprentissageest ainsi devenu une charge financiĂšre impor-tante, qui les a conduit Ă  demander des rĂ©formesen matiĂšre de financement, en particulier Ă  sou-haiter une affectation rĂ©gionale de la taxe d’ap-prentissage. Plusieurs Ă©lĂ©ments rĂ©cents justifient un intĂ©rĂȘt

renouvelĂ© pour le contenu des politiques rĂ©gio-nales concernant l’apprentissage: le change-ment de majoritĂ© survenu dans certainesrĂ©gions; la volontĂ© gouvernementale de relancede l’apprentissage, qui, pour ĂȘtre effective,exige des relais au niveau rĂ©gional ; enfin, cer-tains transferts de compĂ©tence, qui accentuentle rĂŽle prĂ©pondĂ©rant des rĂ©gions dans l’ap-prentissage (dĂ©termination du montant de l’in-

L’Union des industries et mĂ©tiers de la mĂ©tallurgie(UIMM) est une fĂ©dĂ©ration professionnelle. Elleregroupe 130 syndicats de branche et 93 chambressyndicales territoriales. Elle reprĂ©sente 48000 entre-prises dans lesquels plus de 2 millions de salariĂ©s tra-vaillent. C’est un des « poids lourds » du MEDEF.

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Questions Ă  J.-L. MĂ©lenchon, sĂ©nateur et ancien ministre de l’Enseignement professionnel

« L’apprentissage ne permet pas d’anticiperles besoins en qualification »

demnitĂ© forfaitaire versĂ© aux employeurs).Les informations disponibles sont encore frag-mentaires ; quelques rĂ©gions ont initiĂ© unerĂ©flexion. C’est en particulier le cas de laRĂ©gion RhĂŽne-Alpes, qui vise un effectif de50000 apprentis dans 5 ans (contre 32000aujourd’hui), ce dĂ©veloppement « devant sefaire en complĂ©mentaritĂ© des formations enlycĂ©es professionnels et technologiques » etvisant « des publics qui n’ont pas accĂšs Ă  cesformations ou pour lesquels le systĂšme scolairene convient pas ». Cette rĂ©gion mĂšne une

rĂ©flexion pour « labelliser des CFA publicshors murs, en travaillant avec les lycĂ©es pro-fessionnels de la RĂ©gion » et s’interroge Ă©ga-lement sur le montant des primes versĂ©es, laprĂ©occupation premiĂšre Ă©tant de savoir com-ment ĂȘtre incitatif envers les employeurs, maissurtout envers les jeunes.La loi de cohĂ©sion sociale entraĂźne des ten-sions entre rĂ©gions et gouvernement, qu’ex-pose l’association des rĂ©gions de France (ARF).Cette loi est ressentie « comme une volontĂ©accrue de prise de contrĂŽle par l’État de l’ap-

prentissage au dĂ©triment des rĂ©gions ». L’ARFprĂ©cise que « Les rĂ©gions exigent aujourd’huiune clarification en la matiĂšre, confirmant unexercice de compĂ©tence de plein droit enmatiĂšre d’apprentissage et leur garantissant lesressources nĂ©cessaires notamment par percep-tion directe de la taxe d’apprentissage ». Maisla loi prĂ©voit Ă©galement des conventions État-rĂ©gion, pour dĂ©velopper et moderniser l’ap-prentissage : les rĂ©gions Alsace, Lorraine,Bourgogne, semblent nĂ©anmoins se montrerintĂ©ressĂ©es par cette perspective... ïżœ

L’US : La relance de l’apprentissage apparaĂźtcomme une prioritĂ© du gouvernement enmatiĂšre de formation professionnelle. Quelle estvotre analyse, de cette politique? Est–elle Ă mĂȘme de rĂ©pondre aux besoins de qualificationdes annĂ©es Ă  venir?Jean-Luc MĂ©lenchon : Je ne le crois pas.L’urgence est de conduire une politique volon-tariste pour faire face Ă  la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e qui s’annonce avec les dĂ©partsmassifs en retraite. Les emplois sans qualifica-tion disparaissent inexorablement. Tant mieux !Le systĂšme de formation doit donc rĂ©pondre Ă l’exigence d’élĂ©vation du niveau de qualifica-tion. C’est un enjeu vital pour les salariĂ©s et pourque notre Ă©conomie productive puisse conser-ver son avantage comparatif. D’autant que lesdĂ©localisations concernent aussi Ă  prĂ©sent lesmĂ©tiers qualifiĂ©s ! Dans ce contexte, le dĂ©ve-loppement prioritaire de l’apprentissage est uncontresens. Ce mode pĂ©dagogique n’est adaptĂ©qu’à quelques mĂ©tiers oĂč l’observation du gesteprofessionnel est essentielle. Partout ailleursla qualification intĂšgre un nombre croissant desavoirs gĂ©nĂ©raux. L’opposition entre savoir etsavoir-faire recule avec l’élĂ©vation du contenutechnique des objets produits et des procĂ©dĂ©s deproduction. Je suis donc consternĂ© par ce qui estprĂ©vu par le gouvernement: 150 000 apprentissupplĂ©mentaires sur une classe d’ñge en dĂ©clindĂ©mographique, c’est autant de jeunes en moinssous statut scolaire ! Du point de vue de laproduction, c’est Ă©galement aberrant. Car l’ap-prentissage ne permet pas d’anticiper les besoinsen qualification, il se contente de reproduire letissu existant.Cette prioritĂ© donnĂ©e Ă  l’apprentissage est Ă inscrire dans une tendance lourde. En pĂ©rioded’État minimum la question est posĂ©e desavoir si l’enseignement professionnel quali-fiant est du ressort du service public ou du sec-teur privĂ©. Trois facteurs poussent Ă  la priva-tisation. D’abord la mĂ©connaissance de cequ’est la qualification professionnelle par les

Ă©lites politiques et de nombreuses sphĂšres del’Éducation nationale. Ensuite, une gestion del’État Ă  courte vue : abaisser ses dĂ©penses entransfĂ©rant au secteur privĂ© une partie de sesmissions. Enfin et c’est le plus dangereux: lesavoir qualifiant, indispensable Ă  chacun pourtravailler, est le plus facilement marchandi-sable. Il est la cible prioritaire des lobbiesmondiaux de l’enseignement lucratif.

L’US : Quelle doit ĂȘtre, selon vous, la place del’apprentissage parmi l’ensemble des voies deformation professionnelle initiale, et la place duservice public dans l’apprentissage? J.-L. M. : Il ne s’agit pas de dĂ©nigrer l’ap-prentissage mais de le dĂ©mythifier ! Car il bĂ©-nĂ©ficie d’un a priori favorable aveuglĂ©. Sonbilan pĂ©dagogique n’est jamais fait. L’idĂ©eque l’insertion professionnelle des apprentisserait meilleure, est une illusion. Je proposede partir de ce double constat : l’alternances’est dĂ©veloppĂ©e sous statut scolaire, la « sco-

larisation » des enseignements se dĂ©veloppesous statut d’apprenti. La rĂ©flexion peut doncpartir des exigences intellectuelles et« concrĂštes » du travail contemporain et pasde querelles abstraites entre gens qui n’ont passouvent mis les pieds dans un atelier.Je mets en garde les Ă©lus rĂ©gionaux et lessyndicats patronaux: l’apprentissage tous azi-muts met notre avenir Ă©conomique et celui desjeunes en danger. L’idĂ©e de contrat d’ap-prentissage de moins d’un an prĂ©vu par legouvernement est aussi totalement nĂ©faste. Ils’agit en effet d’autoriser le commerce del’enseignement des certificats de compĂ©tenceprofessionnelle, ces sous-diplĂŽmes Ă  durĂ©ede vie limitĂ©e !Pour moi, le service public doit ĂȘtre prĂ©sentpartout. L’expĂ©rience montre que le systĂšmede formation public est plus performant etmoins coĂ»teux. Cela est vrai aussi pour lavoie de l’apprentissage. La prĂ©sence d’unCFA dans un lycĂ©e professionnel ou techno-logique permet un meilleur suivi des jeunes,qui peuvent passer d’une voie Ă  l’autre selonleurs besoins pĂ©dagogiques.

L’US: Que penser des mesures annoncĂ©es visantĂ  amĂ©liorer le statut des apprentis? AmĂ©liorerle statut de l’apprenti sans se prĂ©occuper decelui du lycĂ©en ou de l’étudiant ne biaise-t-il pasles choix? J.-L. M. : Les 350 000 apprentis actuels re-prĂ©sentent une rĂ©alitĂ© sociale qu’il faut prendreen compte. Les mesures contribuant Ă  amĂ©-liorer ce statut sont donc nĂ©cessaires. Le re-venu attachĂ© au statut d’apprenti est le prin-cipal facteur d’attractivitĂ© de l’apprentissage.Le problĂšme qui devrait ĂȘtre traitĂ© est celui dustatut du jeune en formation professionnelle.Dans ce cadre, l’intĂ©rĂȘt d’une allocationd’études est Ă©vident si l’on se rĂ©fĂšre aunombre de lycĂ©ens ou d’étudiants qui tra-vaillent parallĂšlement Ă  leurs Ă©tudes et quisouvent vivent sous le seuil de pauvretĂ©. ïżœ

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Apprentissage, Ă©tat des lieux

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DOSS

IER

«De l’avis unanime de l’ensemble desacteurs, l’apprentissage apporte unerĂ©ponse trĂšs adaptĂ©e au besoin de quali-

fication puis d’insertion professionnelle desjeunes ; [...] l’apprentissage permet d’accĂ©derplus rapidement Ă  un emploi que tout autre modede formation... ». C’est ainsi qu’est prĂ©sentĂ© l’ap-prentissage, dans l’exposĂ© des motifs de la loi decohĂ©sion sociale : l’« unanimitĂ© » des acteursrend inutile toute analyse prĂ©cise, construiteautour des nombreux Ă©lĂ©ments disponibles, rap-portĂ©s dans des Ă©tudes de la DARES, de la DEP...Qu’apportent ces Ă©tudes? Seules quelques don-nĂ©es globales peuvent ĂȘtre rappelĂ©es ici :

RĂ©ussite aux examens ‱ La revue du CEREQ de novembre 2002,dresse le constat suivant: « les apprentis rĂ©us-sissent aujourd’hui aussi bien aux examens, sice n’est mieux, que leurs homologues prĂ©parantleur diplĂŽme par la voie scolaire. Ce quitĂ©moigne probablement de changements impor-tants dans ces deux populations ».‱ Ce constat doit ĂȘtre nuancĂ© si l’on prend encompte le nombre important de ruptures decontrat d’apprentissage : de 25 % tous secteursconfondus avec des pointes Ă  50 %.

Insertion professionnelle‱En termes bruts, l’insertion des apprentis dansl’emploi est effectivement meilleure que celledes lycĂ©ens, aprĂšs l’obtention de leur diplĂŽme:dĂ©but 2003, 7 mois aprĂšs avoir terminĂ© leur for-mation initiale, le taux d’emploi des apprentisest de 69 %, contre 58 % pour les lycĂ©ens‱ Cette comparaison doit ĂȘtre faite avec prĂ©-caution, car d’autres facteurs interviennentdans l’insertion (note de la DEP 04.21) :➣ la population des apprentis est essentiel-lement masculine (plus de 2/3 des effectifs), orl’insertion des garçons est toujours plus facileque celle des filles ;➣ la majoritĂ© des sortants d’apprentissage(61 %, contre 40 % pour les sortants de lycĂ©e)a reçu une formation orientĂ©e dans le domainede la production, caractĂ©risĂ© par une meilleureinsertion par rapport au secteur des services ;➣ il y a corrĂ©lation entre le dĂ©veloppement del’apprentissage et la prĂ©sence de dĂ©bouchĂ©s.‱ La note « premiĂšres synthĂšses » (DARES,janvier 2004) conclut que « les caractĂ©ristiquesindividuelles restent essentielles pour expli-quer l’insertion » et relĂšve que, pour les jeunesen difficultĂ© d’insertion, le passage par l’al-ternance est moins rĂ©ussi que pour les autres

publics (Ă©chec Ă  l’examen supĂ©rieur Ă  40 %).Ces jeunes sont surreprĂ©sentĂ©s dans les secteursdu commerce et de la vente.Cette mĂȘme note constate que la qualitĂ© del’insertion (stabilitĂ© dans l’emploi) est meilleuredans certains secteurs (ceux qui ont le moinsrecours Ă  l’alternance, comme les services auxentreprises, Ă  l’opposĂ© du secteur des servicesaux particuliers). Elle dĂ©pend aussi du niveaude formation (Ă  l’embauche dans la formationen alternance) : plus celui-ci est Ă©levĂ©, meilleureelle est. ïżœ

La position du SNUEPSyndicat National Unitaire de

l’Enseignement Professionnel (FSU)

La loi Borloo et le projet de loi d’orientationsur l’école convergent pour tenter de passerrapidement de 350 000 Ă  500 000 apprentis.La premiĂšre, ignorant totalement l’ensei-gnement professionnel public, met en Ɠuvredes mesures pour amĂ©liorer le statut desapprentis, la qualitĂ© de l’apprentissage, lefinancement des CFA et des incitations finan-ciĂšres Ă  l’embauche d’apprentis. Le ministreFillon rĂ©duit le pĂ©rimĂštre de l’enseignementprofessionnel : dĂ©professionnalisation desBEP et dans une certaine mesure des bacspro, rĂ©duction de la durĂ©e de formation :gĂ©nĂ©ralisation des bacs pro 3 ans, accĂšslimitĂ© Ă  l’enseignement supĂ©rieur pour lesĂ©lĂšves de bac pro
 et introduction systĂ©-matique de l’apprentissage en LP.Pour le SNUEP, l’apprentissage n’est pas unsystĂšme de formation adaptĂ© Ă  notre temps.Mais le SNUEP estime indispensables les rela-tions entre l’école et l’entreprise. Il militepour instaurer une charte de la qualitĂ© desstages et « des maĂźtres de stage », afin d’enamĂ©liorer l’efficacitĂ©.Pour les jeunes, la rĂ©munĂ©ration qu’offrel’apprentissage constitue un attrait incon-testable. Aussi, par souci d’égalitĂ©, le SNUEPpropose d’accorder une allocation d’études Ă tous les jeunes qui entreprennent des Ă©tudesprofessionnelles.Contrairement Ă  ce qui est annoncĂ©, il nes’agit plus de complĂ©mentaritĂ© entre deuxsystĂšmes de formation, mais de remplacerpeu Ă  peu le service public par la formationpatronale. Si aujourd’hui les LP sont en pre-miĂšre ligne, ces relances rĂ©pĂ©tĂ©es de l’ap-prentissage et de l’alternance visent Ă terme Ă  rĂ©duire l’ensemble du systĂšme Ă©du-catif, du collĂšge Ă  l’universitĂ©. MĂȘme sil’apprentissage ne se pose pas de la mĂȘmemaniĂšre Ă  tous les niveaux d’enseignement,il y a urgence pour tous les syndicats de laFSU concernĂ©s Ă  trouver une rĂ©ponse uni-taire Ă  cette offensive. Voir sur notre site :h t t p : / / w w w . s n u e p . c o m /publications/special_apprentissage2004.pdf

Insertion

Des Ă©tudes Ă©clairantes

CitĂ© technique Jules Verne: de la section d’apprentissage au CFA public, un choix des personnels

En octobre 2004, la nouvelle Ă©quipe de la RĂ©gionet le rectorat dĂ©cident de crĂ©er trois CFA publicsdans trois Ă©tablissements de l’acadĂ©mie (il n’y ena aucun Ă  l’heure actuelle) ; la question est alorsposĂ©e au LT Jules Verne: ĂȘtre ou ne pas ĂȘtrecandidat. Le dĂ©bat est beaucoup moins consensuel quepour l’ouverture de la SA de BTS MAVA, lespositions vont du « non » de principe (ne soyonspas le cheval de Troie de l’apprentissage public)au « oui » catĂ©gorique (il ne faut pas abandonnerles jeunes apprentis au seul privĂ©, faisons Ă©voluerl’apprentissage dans le bon sens). Un vote Ă  bulletin secret est organisĂ©, ouvert Ă  tousles personnels de la CitĂ© Technique, enseignantset non enseignants. La moitiĂ© des personnels aparticipĂ© au vote ; deux tiers se sont prononcĂ©spour le « oui ».En dĂ©cembre 2004, le CA a approuvĂ© la candi-dature du LT par deux tiers de ses voix. C’estmaintenant la RĂ©gion qui dĂ©cidera si un CFApublic doit ĂȘtre crĂ©Ă© au LT Jules Verne. ïżœ

Taux d’échec Ă  l’examen des titulaires d’un contrat d’apprentissage(premiĂšres synthĂšses janvier 2004)

DiplĂŽme % d’échec Part des bĂ©nĂ©ficiaires

CAP et BEP 33,3 64,4

Bac pro, BP et autres diplĂŽmes de niveau IV 27,5 18,8

BTS et DUT 30,1 8,0

Mentions complémentaires (IV et V) 27,6 8,8

Total 31,4 100

L a CitĂ© Technique Jules Verne, Ă  Mondevilledans le Calvados, est constituĂ©e d’un LP et

d’un LT. Elle propose, entre autres, un ensemblede formations dans le secteur de l’automobile, duBEP au BTS. Le BTS MAVA (Maintenance etaprĂšs-vente automobile, option vĂ©hicules parti-culiers) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© au LT Jules Verne en 1992.Courant 2003, la RĂ©gion, Ă  la demande de laprofession, souhaite ouvrir une deuxiĂšme sec-tion de BTS MAVA option vĂ©hicules particuliersen Basse-Normandie, sous statut d’apprentis-sage ; il y a au moins un CFA candidat.Inquiets de la perte de poids de l’enseignementpublic dans leur secteur, les collĂšgues se concer-tent. Fin 2003, le conseil d’administration du LT voteĂ  l’unanimitĂ© une motion soutenant la demandede crĂ©ation de SA de BTS MAVA. Cettedemande est dĂ©posĂ©e au conseil rĂ©gional, en jan-vier 2004À ce jour, la RĂ©gion devrait avoir fait son choixparmi les trois CFA privĂ©s et le lycĂ©e Jules Verne.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 29

LANGUES VIVANTES Interrogations sur la loi d’orientation

LES ÉVALUATIONS INTERNATIONALES : PISA 2003Mercredi 12 janvier 200514 h - 17 h LycĂ©e Michelet Ă  Vanves. MĂ©tro CorentinCelton, Porte de Versailles, Plateau de Vanves bus 58-89Ouvert Ă  tousAvec la participation Antoine Bodin expert en Ă©valuationet Anne Laure Monnier de la DEP.Tous les trois ans, sous l’égide de l’OCDE, l’évaluation inter-nationale PISA mesure et compare les compĂ©tences desĂ©lĂšves de 15 ans dans les trois domaines : comprĂ©hensionde l’écrit, culture mathĂ©matique ou culture scientifique.En 2003 c’est la culture mathĂ©matique qui Ă©tait au centrede l’évaluation menĂ©e dans les quarante pays participants. La publica-tion dĂ©but dĂ©cembre des rĂ©sultats a donnĂ© lieu Ă  de nombreux com-mentaires dans les mĂ©dias, ces derniers focalisant le plus souvent sur lesclassements des pays.Avant le congrĂšs, le SNES entend mener une rĂ©flexion critique sur les Ă©va-luations, leurs pertinences, leurs enjeux : quels sont les choix mĂ©tho-dologiques retenus dans PISA, quel est le cadre thĂ©orique qui les sous-tend, quelles conclusions peuvent ĂȘtre tirĂ©es des rĂ©sultats ? Dans quellemesure ces Ă©valuations peuvent-elles ĂȘtre instrumentalisĂ©es par lesdĂ©cideurs pour justifier des orientations en matiĂšre de politique d’édu-cation ?

ET DES PRATIQUES

A C A D É M I Q U E S

O B S E R V A T O I R E S

DES PROGRAMMES

L’enseignement des LV s’inscritpour le ministùre dans le cadred’une gestion plus rigoureuse

(cf. p. 27) et de la constructioneuropéenne (p. 3 et 24-25).

Quelles langues enseigner ?Le rapport ThĂ©lot souhaitait imposerl’anglais de communication inter-nationale dĂšs le CE2 en tant quecompĂ©tence Ă  acquĂ©rir, nous avonsexprimĂ© notre dĂ©saccord. Le projetde loi Fillon prĂ©voit une languevivante Ă  l’école primaire, dĂšs leCE1 et qu’une deuxiĂšme languevivante sera progressivement pro-posĂ©e Ă  partir de la CinquiĂšme.Quels seront les horaires de LV1en SixiĂšme, de la LV2 en Cin-quiĂšme, QuatriĂšme et TroisiĂšme ?Quelle continuitĂ© entre le primaireet le collĂšge ?Pour le SNES, la discipline languevivante ne doit pas se transformeren simple savoir-faire. C’est unediscipline qui contribue, au mĂȘmetitre que les autres disciplines, Ă  laculture commune. Le ministĂšre semble avoir renoncĂ©Ă  l’objet mal identifiĂ© qu’est l’an-glais de communication internatio-nale. Il est inacceptable que s’im-pose comme norme ce qui n’est pasparlĂ© dans tel ou tel pays de lasphĂšre anglophone. Une gĂ©nĂ©rali-sation de l’enseignement d’unelangue vivante au CE1 paraĂźt sur-prenante alors que la gĂ©nĂ©ralisationau CE2 ne peut pas se faire fauted’enseignants. L’enseignement de lalangue vivante pose dĂ©jĂ  beaucoupde problĂšmes au niveau du CM etnotamment des problĂšmes didac-tiques car les enseignants n’ont pastoujours reçu la formation nĂ©ces-saire comme le montrent les der-niers rapports de l’inspection gĂ©nĂ©-rale ou les recherches de l’INRP deLine Audin.Ne faudrait-il pas favoriser la sen-sibilisation aux LV dĂšs que pos-sible ainsi que les liens entrelangue maternelle et autres languesafin de permettre aux Ă©lĂšves d’ac-quĂ©rir une meilleure maĂźtrise dela langue ou des langues ?La diversification des langues dansle second degrĂ© est devenue unepeau de chagrin. Les cartes deslangues et l’instauration de pĂŽlesdans les acadĂ©mies ne semblent pasrĂ©gler la question du maintien dela diversification. Celle-ci ne s’amĂ©-liore pas, mĂȘme dans les acadĂ©miesqui ont affichĂ© la politique des pĂŽleset la volontĂ© de sauver l’allemand oudes langues de faible diffusion.

Aucune rĂ©elle Ă©valuation desclasses bilangues en SixiĂšme n’aĂ©tĂ© faite pour l’instant.Les sections europĂ©ennes prĂ©co-nisĂ©es restent trĂšs marginales etdĂ©jĂ  le « vivier » des enseignantsen DNL se pose. Elles serventd’affichage dans les diffĂ©rentescirculaires tandis que la diversifi-cation s’amenuise (cf. rapportn° 63 du SĂ©nat de J. Legendre).

Quels contenus ?Selon une note de la DEP publiĂ©een 2004, qui a Ă©tĂ© trĂšs mĂ©diatisĂ©e etque rappelle le ministĂšre (p. 4),l’enseignement des langues vivan-tes en France va mal par rapportaux autres pays europĂ©ens Ă©valuĂ©s.Il faudrait selon le ministĂšre rĂ©for-mer cet enseignement en dĂ©velop-pant la communication et en utili-sant le cadre europĂ©en commun derĂ©fĂ©rence pour Ă©valuer les Ă©lĂšves. Un communiquĂ© de presse duSNES (12 mars 2004) a analysĂ© endĂ©tail cette note de la DEP. Il s’in-terroge sur la validitĂ© de cetteenquĂȘte menĂ©e dans plusieurs payseuropĂ©ens : peut-on comparer lesrĂ©sultats si les conditions d’ensei-gnement sont diffĂ©rentes et si lestatut de la langue n’est pas lemĂȘme dans les pays considĂ©rĂ©s ?Pour amĂ©liorer les compĂ©tencesorales des Ă©lĂšves, il faut que ceux-ci puissent travailler en groupesrĂ©duits permettant la prise deparole et avec une frĂ©quence decours d’au moins 3 h/semaine.Il est clair aussi que l’apprentissagedes langues en France ne s’amĂ©-liorera pas si un travail importantn’est pas fait par l’institution sur lesreprĂ©sentations qu’ont les françaisdes langues, et si les langues n’ac-quiĂšrent pas davantage droit decitĂ© dans les mĂ©dias (en multi-pliant les VO par exemple, lesĂ©missions sur les chaĂźnespubliques). Il est fondamental de rappelerqu’on ne peut pas avoir pour leslangues vivantes les mĂȘmes objec-tifs dans le cadre de l’école quedans un cadre professionnel : ondoit viser certes la communica-tion mais aussi les compĂ©tenceslinguistiques et culturelles en tra-vaillant sur les liens entre langue etpensĂ©e. La pratique raisonnĂ©e de lalangue doit se faire tout au long ducursus. Il est scandaleux de laissercroire, en entretenant des ambi-guĂŻtĂ©s entre apprentissage, maĂź-trise et bilinguisme, que les condi-tions d’apprentissage scolaire (sauf

l’exception que sont les filiĂšresbilingues), pourraient ĂȘtre lesmĂȘmes que les conditions d’ap-prentissage naturelle (immersiondans la famille ou dans le pays).

Quelle Ă©valuationaux examens ?Le niveau attendu en fin de Troi-siĂšme est de B1 en LV1 et A2 enLV2, en fin de Terminale B2 enLV1 et B1 en LV2.Ce sont ceux du cadre europĂ©ende rĂ©fĂ©rence (la grille a Ă©tĂ© publiĂ©edans le dernier 8 pages LV).Il est nĂ©cessaire d’évaluer l’oraltant au brevet qu’au baccalaurĂ©at sil’on souhaite que les compĂ©tencesorales des Ă©lĂšves progressent. La gĂ©nĂ©ralisation des Ă©preuvesĂ©crites au dĂ©triment de l’oral onteu des consĂ©quences nĂ©fastes surla didactique des LV au lycĂ©e.L’épreuve orale du baccalaurĂ©atdoit Ă©voluer : tous les collĂšgues seplaignent de la liste de textes troplongue que doivent prĂ©senter lesĂ©lĂšves et de l’épreuve qui ne per-met pas d’évaluer les compĂ©-tences orales du candidat maisplutĂŽt sa capacitĂ© Ă  mĂ©moriser lecommentaire du professeur.

Quel cadre ?Le projet prĂ©voit la gĂ©nĂ©ralisationdĂšs le collĂšge de « groupes deniveaux dĂ©terminĂ©s conformĂ©mentau cadre europĂ©en de rĂ©fĂ©rence »et un dĂ©doublement en Terminale.Pourquoi prĂ©voir un dĂ©double-ment en Terminale (si ce n’estune justification de la suppressiondes TPE) mais pas en Seconde et

en PremiĂšre? Y aura-t-il dĂ©dou-blement dans toutes les sĂ©ries?Ces groupes de niveaux au col-lĂšge sont une gĂ©nĂ©ralisation desNouveaux modes d’organisation(NMO) expĂ©rimentĂ©s au lycĂ©e.Nous rappelons notre hostilitĂ© Ă  lacrĂ©ation de groupes de languesen dehors de la rĂ©fĂ©rence Ă  laclasse. Nous ne voulons pas degroupes de niveaux dont nousconnaissons tous les inconvĂ©-nients, quelle que soit la disci-pline. Cette nouvelle organisa-tion pĂ©naliserait les Ă©lĂšves desgroupes faibles et alourdiraitencore davantage la tĂąche desenseignants. En effet, cette orga-nisation demande de nombreusesheures de concertation commenous l’ont signalĂ© les collĂšguesqui ont menĂ© ces expĂ©rimenta-tions dans certains Ă©tablissementssans moyens supplĂ©mentaires.Loin de rĂ©duire le nombred’élĂšves par classe, elle conduiraĂ  accroĂźtre les effectifs par classe.Beaucoup d’interrogations demeu-rent sur les postes nĂ©cessaires pourintroduire les dĂ©doublements enlycĂ©e, la LV en CinquiĂšme, surla façon d’amĂ©liorer rĂ©ellementl’enseignement des languesvivantes et d’assurer le maintiend’une rĂ©elle diversitĂ©. ïżœ

ThérÚse Jamet-Madec,Martine Villy

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30 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

PHILOSOPHIE

Enseignement de la philosophieen séries technologiques

SCIENCES ET TECHNIQUES DE LABORATOIRE

Quel avenir pour les spécialités?

Le stage du 19 novembre 2004Ă©tait consacrĂ© Ă  l’enseigne-ment de la philosophie dans

les sĂ©ries technologiques. Nous avons rappelĂ© le contenude la rencontre entre le SNES et legroupe d’experts (GEPS). Nousavons fortement insistĂ© sur l’idĂ©ede maintien d’une culture com-mune qui impose clairement descontenus exigeants et en cohĂ©-rence avec l’esprit de l’enseigne-ment philosophique tel qu’il estpratiquĂ© dans toutes les sĂ©ries.Notre principal souci a Ă©tĂ© de luirappeler l’importance de la voietechnologique aux yeux du SNESet son attachement Ă  la place del’enseignement de la philosophiedans cette voie, qui est et doit res-ter une voie de rĂ©ussite (le tauximportant de poursuite d’étudesdes bacheliers technologiquesaujourd’hui en est un indice). Ilnous faut constamment luttercontre le discours qui tend Ă  dĂ©va-loriser cette voie et Ă  en faire uneorientation « par dĂ©faut », ainsique contre la tendance Ă  rĂ©duireles flux d’élĂšves vers ces sĂ©ries.Pour autant, nous n’en avons pasmoins conscience de la spĂ©cifi-citĂ© de l’enseignement de la phi-losophie dans la voie technolo-gique, spĂ©cificitĂ© qui se manifestepar une forte demande, de la partdes Ă©lĂšves, d’une explicitation

peut-ĂȘtre plus large, et de laconstruction de mĂ©diations per-mettant de s’approprier les conte-nus de savoirs et les pratiques dela rĂ©flexion philosophique.En ce qui concerne le choix desnotions, nous avons Ă©galementsoulignĂ© qu’il importait de prĂ©-server un juste Ă©quilibre entre desnotions plus axĂ©es sur la pratique(du type justice, travail, Ă©changes,politique, et mĂȘme langage...) etd’autres qui relĂšvent plus de laphilosophie gĂ©nĂ©rale, voire de lamĂ©taphysique (comme le sujet,la libertĂ©, la vĂ©ritĂ©, la nature, lamort, le bonheur, voire la reli-gion). Cette double orientation,outre qu’elle paraĂźt susceptiblede maintenir la double exigenceprĂ©cĂ©demment rappelĂ©e, ren-contre en effet, si l’on en croitles tĂ©moignages des collĂšguesenseignant dans ces sĂ©ries, lademande des Ă©lĂšves, chez qui l’in-tĂ©rĂȘt pour la philosophie ne seraitpas liĂ© exclusivement Ă  leur domi-nante disciplinaire. De ce pointde vue, le contenu du programmeFichant offre une certaine diver-sitĂ©, mĂȘme si l’on peut s’étonnerde certains choix (en particulierl’absence insistante de la notionde langage, dĂ©jĂ  Ă©cartĂ©e, malgrĂ© lademande du groupe philo duSNES, du programme des sĂ©riesscientifiques).

Quant aux documents d’accom-pagnement, le GEPS n’a pas sou-haitĂ© en produire. Il s’est limitĂ©strictement Ă  la confection duprogramme. La question deshoraires, des coefficients, demĂȘme que celle des Ă©preuves etde l’évaluation (qui ne rentrenten aucune façon dans ses attri-butions) ont donc Ă©tĂ© laissĂ©es decĂŽtĂ©. Nous avons obtenu l’assu-rance qu’un paragraphe portantsur le travail des Ă©lĂšves et lanĂ©cessitĂ© d’une rĂ©flexion com-mune sur les pratiques philoso-phiques, issu de la version ini-tiale du programme Fichant pourles sĂ©ries technologiques, seraitrĂ©intĂ©grĂ© dans le texte. Ce n’estpas suffisant, et en particulier toutce qui touche aux horaires et auxconditions d’enseignement(dĂ©doublements pas toujoursfaits...) n’est absolument pas prisen compte. Le SNES pour sa partprendra ses responsabilitĂ©s etdemandera une audience Ă  laDESCO pour faire entendre sesdemandes.Sur les conditions de la consulta-tion, il semble que le ministĂšren’ait pas prĂ©vu de faire bĂ©nĂ©fi-cier les collĂšgues de rĂ©unions detravail interacadĂ©miques sur lenouveau programme. Pourtant lescollĂšgues qui enseignent dans cessĂ©ries, et aussi ceux qui n’y ensei-

gnent pas ou plus, ont Ă  dĂ©battrecollectivement, non seulement ducontenu du programme, mais desconditions d’enseignement dansces sĂ©ries, ce qui n’a pas Ă©tĂ© prĂ©vuĂ  ce jour !Les Ă©changes qui ont eu lieu lematin du stage ont permis derevenir sur nos expĂ©riences,diverses de par la multiplicitĂ© dessĂ©ries et des Ă©lĂšves dont nousavons la charge, et fait apparaĂźtreclairement le souci de prendre encompte tous les Ă©lĂ©ments de notreenseignement, le problĂšme deshoraires et des coefficients, desconditions d’enseignement et despratiques, les attentes des col-lĂšgues en termes de formation,la question de l’évaluation – donton sait Ă  quel point elle est dĂ©ter-minante sur l’interprĂ©tation quiest faite d’un programme – etcelle, incontournable, desĂ©preuves.Les difficultĂ©s, parfois bienrĂ©elles, du terrain, nous font tou-cher du doigt Ă  la fois la nĂ©cessitĂ©de faire de la voie technologiqueune authentique voie de rĂ©ussite,mais aussi les obstacles qui s’yopposent encore, et l’on sait quel’on ne peut tout rĂ©soudre par unsimple changement de pro-gramme. ïżœ

Julien Cueille,Jean-Noël Gramling

La rĂ©novation de la sĂ©rie STLs’engage dans des conditionsbien diffĂ©rentes et beaucoup

moins dĂ©finies que celle de lasĂ©rie STI, pour laquelle les tra-vaux ont commencĂ© sur la based’un projet global qui concernel’ensemble des baccalaurĂ©ats decette sĂ©rie.La situation la plus claire est cellede la spĂ©cialitĂ© « biochimie-gĂ©niebiologique », pour laquelle ungroupe de travail a commencĂ© lestravaux de rĂ©novation, suite Ă  unecommande ministĂ©rielle. Pour lesdeux autres spĂ©cialitĂ©s, chimie etphysique de laboratoire (CLPI etPLPI), les hypothĂšses suivantessemblent ĂȘtre, ou avoir Ă©tĂ© envi-

sagĂ©es. L’idĂ©e d’une fusion desspĂ©cialitĂ©s chimie et biochimie aĂ©tĂ© explorĂ©e lors de la premiĂšrerĂ©union du groupe de travail «bio-chimie-gĂ©nie biologique», pourĂȘtre finalement Ă©cartĂ©e. En ce quiconcerne la spĂ©cialitĂ© « phy-sique », deux projets paraissentexister : l’un intĂšgre cette spĂ©cia-litĂ© dans la nouvelle architecturede la sĂ©rie STI, dans le baccalau-rĂ©at « ingĂ©niĂ©rie des systĂšmesautomatiques », l’autre envisa-geant une fusion des deux optionsdu baccalaurĂ©at «PLPI » (mesuresphysiques et optique, et contrĂŽleet rĂ©gulation) et du baccalaurĂ©at«gĂ©nie optique ».C’est donc le terme d’incertitude,

pour ces deux spĂ©cialitĂ©s, quisemble le mieux caractĂ©riser leursituation actuelle. Pour le SNES,la nature, trĂšs diffĂ©rente, des troischamps (biochimie - microbiolo-gie, physique et chimie ) sur les-quels sont construits les trois spĂ©-cialitĂ©s de cette sĂ©rie, justifie lemaintien d’une structuration iden-tifiant trois baccalaurĂ©ats. CettesĂ©rie peut contribuer Ă  dĂ©velopperl’accĂšs aux Ă©tudes scientifiques, Ă partir d’une approche technolo-gique : c’est dans cette optiqueque les travaux de rĂ©formedevraient s’engager, plutĂŽt qued’envisager des regroupementsartificiels. Rappelons enfin quele fait qu’une formation soit peu

rĂ©pandue ne saurait ĂȘtre la seulejustification Ă  sa transformation,d’autres critĂšres devant entrer encompte lorsqu’il s’agit de dĂ©ciderde la pertinence de son existenceFaites-nous parvenir avis ou ana-lyses sur le devenir de la sĂ©rie. ïżœ

Pierre Narbonne

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 31

SCIENCES ET TECHNIQUES INDUSTRIELLES

L’annĂ©e de tous les dangers«N

ous voulons construire desséries générales technolo-giques industrielles » a

dĂ©clarĂ© un inspecteur gĂ©nĂ©ral lorsde la derniĂšre commission pro-fessionnelle consultative de lamĂ©tallurgie. L’orientation des for-mations serait donc profondĂ©mentmodifiĂ©e.En effet, des groupes de travail,pilotĂ©s par l’Inspection GĂ©nĂ©rale(IG), ont commencĂ© Ă  Ă©laborerles maquettes des cinq baccalau-rĂ©ats technologiques industriels(1).Selon nos informations, l’Ins-pection GĂ©nĂ©rale chercherait Ă redĂ©finir des contenus davantagetransversaux et plus tournĂ©s versdes concepts gĂ©nĂ©raux. AinsidisparaĂźtraient les supports spĂ©-cifiques (bois, systĂšmes motori-

sĂ©s, structurelles mĂ©talliques,optiques, matĂ©riaux...) au profit depĂ©dagogies davantage centrĂ©essur l’analyse systĂšme. ConcrĂšte-ment, dans les Ă©tablissements neseraient conservĂ©s qu’environ30% des Ă©quipements. Dans lemĂȘme temps, les horaires Ă©lĂšvesseraient limitĂ©s aux alentours de30-32 heures, la langue vivante 2serait imposĂ©e, ce qui entraĂźneraitune forte baisse des horaires desenseignements technologiques.S’il est nĂ©cessaire de rĂ©nover lescontenus des STI, cette rĂ©novationne peut pas faire abstraction del’existant.Pour le SNES, une des failles duprojet de l’IG est de ne pas avoiranalysĂ© les motivations des Ă©lĂšvesqui suivent ces formations. En

particulier, pourquoi ce sont lesformations les plus gĂ©nĂ©rales quiperdent des Ă©lĂšves, alors que lesformations centrĂ©es sur desdomaines spĂ©cifiques maintien-nent leurs effectifs ?En gĂ©nĂ©ralisant les STI, on perdrade fait les formations les plus por-teuses : l’Inspection GĂ©nĂ©ralecommet une erreur d’analyse dra-matique pour les formationsindustrielles, pour les enseignantset pour la rĂ©ussite des Ă©lĂšves.La force des sĂ©ries technologiquesest de dĂ©velopper des activitĂ©s etdes projets s’appuyant sur dessupports techniques choisis parles Ă©lĂšves en relation avec leurprojet de formation vers le bac etau-delĂ . Il ne faudrait pas oubliercette rĂ©alitĂ©. Il faudrait en parti-

culier mettre en dĂ©bat le cadragede cette rĂ©forme(2), et travailler Ă la fois sur les contenus des ensei-gnements technologiques et gĂ©nĂ©-raux en cohĂ©rence et complĂ©-mentaritĂ©. ïżœ

Thierry Reygades

(1) Voir L’US n° 607 du 16/10/2004.(2) Le SNES rĂ©clame « la lettre decadrage » que le ministĂšre refuse defournir.

CONSEILLERS PRINCIPAUX D’ÉDUCATION

L’évolution du mĂ©tier au regard de la loi d’orientationL

a loi d’orientation de 1989,en modifiant le statut de1970, avait ouvert de nou-

velles perspectives Ă  la concep-tion du mĂ©tier. En inscrivant dansun dĂ©cret « les CPE sont associĂ©saux personnels enseignants pourassurer le suivi individuel desĂ©lĂšves et procĂ©der Ă  leur Ă©valua-tion...», elle confĂšre aux CPE unchamp de responsabilitĂ©s plusimportant.Mais le CPE ne dispose pas d’uncontenu de programme Ă  trans-mettre, mais plutĂŽt des savoir-faire et des savoir-ĂȘtre qui contri-buent Ă  permettre Ă  l’élĂšve deconstruire ou de consolider sespropres savoirs et de communi-quer. Ces « savoirs » ne peuventpas ĂȘtre mis sur le mĂȘme planque les notes des contrĂŽles orauxet Ă©crits par matiĂšre. Son rĂŽle estsurtout de mettre des Ă©lĂšves dansles meilleures conditions pos-sibles d’apprentissage.La «note vie scolaire » ne peutĂȘtre une apprĂ©ciation chiffrĂ©e, etl’obtention d’un diplĂŽme doit res-ter liĂ©e Ă  l’évaluation de rĂ©sultatset en aucun cas Ă  l’attitude ou aucomportement, ou Ă  l’engagementde l’élĂšve dans la vie de l’éta-blissement. Le CPE lors desconseils de classe intervient dans

l’apprĂ©ciation globale, en appor-tant des informations complĂ©-mentaires sur les Ă©lĂšves, il peutexpliquer un comportement, ourelativiser certaines analyses. Ilest souvent la mĂ©moire de la sco-laritĂ© et d’une partie du vĂ©cu desĂ©lĂšves. Il assure le lien tout lelong de la scolaritĂ©, surtout lors-qu’il suit, comme c’est souvent lecas, des cohortes d’élĂšves.La traduction comportementaledans une note chiffrĂ©e « vie sco-laire», serait susceptible d’altĂ©-rer le relationnel qui existe entrele CPE et les Ă©lĂšves. Par exemple,les fonctions de mĂ©diation,d’écoute, s’en trouverait dĂ©natu-rĂ©es. L’apprentissage Ă  lacitoyennetĂ© conçu comme desrĂ©flexions et pratiques forma-trices, pourrait conduire certainsĂ©lĂšves Ă  devenir des profession-nels de la dĂ©lĂ©gation. Il ne peut enaucun cas ĂȘtre confondu avec lapratique de la civilitĂ©, car lacitoyennetĂ© Ă  l’école ne doit pasdevenir le nouveau nom de la dis-cipline ou ĂȘtre le substitut de l’au-toritĂ© perdue.A la diffĂ©rence des professeurs, leCPE gĂšre non un groupe restreintd’élĂšves, mais une masse sou-mise Ă  une discipline collective del’établissement. Souvent seul en

collĂšge, le CPE ne peut connaĂźtretous les Ă©lĂšves de la mĂȘme façon,et l’évaluation par le biais d’unenote chiffrĂ©e serait dĂ©licate, voireimpossible et surtout partiale.L’évaluation de l’assiduitĂ© et du

comportement doit rester cequ’elle est aujourd’hui, unesimple possibilitĂ© de mention surles bulletins et non devenir unenote de conduite. ïżœ

Evelyne Salé

AFFECTATION DES ENSEIGNANTS À ST-PIERRE-ET-MIQUELON ET DES CPE ET CO-PSY À MAYOTTE

Le BO du 16 dĂ©cembre 2004 rappelle les modalitĂ©s de candidature pourles collectivitĂ©s territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte. Le dossier doit ĂȘtre rempli en l igne sur le site SIAT(www.education.gouv.fr, rubrique « personnels, concours, carriĂšre »puis « enseignants ») du 10 au 24 janvier 2005, puis Ă©ditĂ© en deuxexemplaires (piĂšces justificatives en un seul exemplaire) et transmis auchef d’établissement avant le 25 janvier 2005. Lesdits dossiers devrontĂȘtre reçus par la DPE B4 avant le 7 fĂ©vrier 2005. Sont concernĂ©s par ce mouvement tous les personnels du second degrĂ©souhaitant s’installer Ă  Saint-Pierre et les seuls CPE, CO-Psy et directeurde CIO souhaitant muter Ă  Mayotte. Cette annĂ©e encore le MEN « ne donne pas priorité» (sic !) aux collĂšguesde plus de 56 ans et Ă  ceux ayant accompli moins de deux annĂ©es dansune acadĂ©mie mĂ©tropolitaine ou dans le mĂȘme DOM. Deux conditions tota-lement inacceptables parce qu’elles tendent Ă  limiter sans aucune jus-tification la mobilitĂ© des personnels... ce que nous combattrons lors dela FPMN correspondante.Pour tout renseignement concernant les conditions de vie et de rĂ©mu-nĂ©ration dans ces deux territoires, vous pouvez consulter le site dusecteur Hors de France (www.hdf.snes.edu), rubrique recrutement puisTOM, ou nous joindre par tĂ©lĂ©phone (01 40 63 29 41) ou par [email protected]. N’oubliez pas de nous faire parvenir votre fiche syndicale (tĂ©lĂ©chargeablesur notre site) !

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METIERCO-PSY

De qui parle le ministre ?

RENTRÉE 2005 EN COLLÈGE

Mise en place de la nouvelle TroisiĂšme

Le projet de loi d’orientationpour l’École, qui est en faitune rĂ©vision du code de

l’Éducation, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© auCSE le 16 dĂ©cembre. Il n’a reçu lesoutien que du MEDEF, de laCG PME, de l’Association desmaires de France et de la CGC.Pour l’essentiel les mesures lesplus rĂ©trogrades ont Ă©tĂ© mainte-nues : retour Ă  un lycĂ©e filiarisĂ©,disparition du deuxiĂšme ensei-gnement de dĂ©termination,bourses au « mĂ©rite », dĂ©lestageprĂ©coce vers l’apprentissage, socleminimum pour les uns et ouver-ture culturelle pour les autres...En ce qui concerne l’orientation,le code de l’éducation qui reprend

les lois existantes, notamment laloi de 1989 n’évoque que les«personnels d’orientation». Nousavions dĂ©jĂ  alertĂ© Ă  l’époque, surle flou d’une telle appellation quipeut dĂ©signer n’importe qui.Dans le rapport annexĂ© au projetde loi, le ministre confie aux« conseillers d’orientation » lamission de prĂ©voir avec les pro-fesseurs principaux les actionsqui permettront aux Ă©lĂšves de prĂ©-parer leur poursuite d’études ouleur avenir professionnel.De quels personnels s’agit-il ?Officiellement il n’y a plus de«conseillers d’orientation » dansl’Éducation nationale !Contrairement Ă  ce qu’affirmait

encore le cabinet lors de notrederniĂšre audience, le MENsemble donc bien avoir tranchĂ©sur les Ă©volutions du corps quiapparemment passeraient obliga-toirement par la suppression dutitre de psychologue ! L’ajout dans le projet de loi de larĂ©fĂ©rence aux « perspectives pro-fessionnelles liĂ©es aux besoinsprĂ©visibles de l’économie »confirme la volontĂ© d’encadrerles possibilitĂ©s d’orientation enfonction des dĂ©bouchĂ©s locaux etĂ  court terme. (On remarque quela premiĂšre rĂ©daction qui situaitles besoins sur le long terme aĂ©tĂ© modifiĂ©e.) Ce projet doit ĂȘtreprĂ©sentĂ© au conseil des ministres

du 12 janvier. C’est le moment devous exprimer en faisant parvenirdes messages au cabinet duministre pour protester contre lamise en place d’une École sĂ©grĂ©-gative oĂč les choix d’orientationseront largement dĂ©terminĂ©s dĂšsle dĂ©but du collĂšge et oĂč il s’agitdavantage de rĂ©vĂ©ler des «talents » que de les faire naĂźtre etde les dĂ©velopper. Dans cecontexte, c’est sĂ»r, des conseillersd’orientation-psychologuesseraient, comme le soulignel’OCDE, trop « coĂ»teux » !Alertons les parents, informonsles Ă©lus et participons activementĂ  la grĂšve du 20 janvier. ïżœ

Catherine Remermier

La nouvelle TroisiĂšme seramise en Ɠuvre Ă  la rentrĂ©eprochaine, conformĂ©ment Ă 

l’arrĂȘtĂ© du 2 juillet 2004, publiĂ© auBO n° 28 du 15 juillet 04 (consul-table sur notre site). DĂ©sormais iln’y aura plus qu’une classe deTroisiĂšme et la LV2 devient obli-gatoire pour tous les Ă©lĂšves (saufceux en grande difficultĂ© qui choi-siront le module de dĂ©couverteprofessionnelle de sixheures).Parmi les nouveautĂ©s, figure l’op-tion de dĂ©couverte professionnellede trois heures (DP3) dont lecontenu sera dĂ©fini par un arrĂȘtĂ©soumis au prochain CSE. Nousrappelons que le SNES n’a jamais

Ă©tĂ© demandeur de cette option.Offerte Ă  tous les Ă©lĂšves, elle doitselon nous constituer une ouver-ture culturelle sur le monde dutravail et l’ensemble des mĂ©tiersexistants (pas seulement ceux prĂ©-parĂ©s par la voie professionnelle).Elle ne saurait se rĂ©duire Ă  uneĂ©ducation Ă  l’orientation, mais aucontraire amener les Ă©lĂšves Ă  voirle travail «vivant» dans sa com-plexitĂ©, dans les ressources indi-viduelles et collectives qu’il mobi-lise, dans ses Ă©volutions, Ă  aborderdes notions Ă©lĂ©mentaires de droitdu travail, de sĂ©curitĂ© au travail...Si le texte soumis au CSE diffĂšreconsidĂ©rablement du projet initial

et prend en compte certaines denos critiques, le contenu de cetteoption reste dĂ©cevant Ă  bien desĂ©gards : nous y reviendrons dansune prochaine US.Ne constituant pas une discipline,cette option a vocation Ă  ĂȘtre priseen charge par une Ă©quipe pluri-disciplinaire restreinte. Au-delĂ du respect du volontariat des per-sonnels que nous exigeons (afinque l’option ne serve pas devariable d’ajustement des ser-vices) se pose la question lĂ©gi-time de leur formation. Se poseĂ©galement la question du finan-cement de ces trois heures dans lecontexte actuel de saignĂ©e bud-gĂ©taire. Pour toutes ces raisons,nous appelons les personnels descollĂšges Ă  refuser systĂ©matique-ment de mettre en place cetteoption si l’établissement ne reçoitpas le complĂ©ment de dotationnĂ©cessaire (et a fortiori si aucuneĂ©quipe ne se porte volontaire). Rien ne justifie que les Ă©lĂšvesconcernĂ©s par l’option de troisheures soient regroupĂ©s dans unemĂȘme classe. Mais le module desix heures (DP6) implique davan-tage la constitution d’une classe,celle-ci Ă©tant alors plutĂŽt implan-tĂ©e en LP. Cette mesure transi-toire rĂ©servĂ©e, Ă  notre demande, Ă un public restreint d’élĂšves repĂ©-rĂ©s en voie de dĂ©crochage sco-laire fera l’objet d’une Ă©valuationau terme de deux annĂ©es de fonc-

tionnement. Qu’elle soit implan-tĂ©e en collĂšge ou en LP, la classeĂ  DP6 doit garantir aux Ă©lĂšvesconcernĂ©s le mĂȘme tronc com-mun que les autres (hormis laLV2) avec respect des horaireset programmes nationaux pourchaque discipline. Nous deman-dons donc un effectif restreintpour permettre aux Ă©lĂšves d’entrerefficacement dans tous lesapprentissages.La classe a vocation Ă  se substituerĂ  toutes les classes plus ou moinsdĂ©rogatoires actuelles (TroisiĂšmed’insertion, technologique, prĂ©-paratoire Ă  la voie profession-nelle...). Nous avons toutefoisappris que la DESCO souhaiteune suppression « en biseau » desTroisiĂšmes d’insertion. LĂ  oĂč ellesexistent, il appartient aux Ă©quipesconcernĂ©es de faire remonter Ă leur IA (via le CA) si elles sou-haitent le maintien ou la fermeturede leur TroisiĂšme d’insertion... etĂ  en informer le S2/S3. L’im-plantation en LP de ces classesĂ©tant dĂ©cidĂ©e par l’autoritĂ© aca-dĂ©mique, aprĂšs consultation desComitĂ©s techniques paritaires,c’est en effet aux niveaux dĂ©par-temental et acadĂ©mique que leSNES pourra veiller Ă  ce qu’ellesne soient pas crĂ©Ă©es Ă  cĂŽtĂ© desTroisiĂšmes dĂ©rogatoires exis-tantes, mais bien Ă  la place. ïżœ

Ingrid Huet etMonique Parra-Ponce

ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES : INSCRIVEZ-VOUS AU COLLOQUE

ET SIGNEZ-LE MANIFESTEN’oubliez pas de vous inscrire au col-loque national SNES-SNEP des 3 et4 fĂ©vrier 2005 (voir US n°611 du 17dĂ©cembre 2004). Pour tout renseigne-

ment : http://www.snes.edu/clet/rubrique.php3?id_rubrique=94 ou 01 4063 28 47.Le manifeste SNES-SNEP pour l’Art Ă  l’école est dĂ©jĂ  signĂ© par des orga-nisations syndicales et associations : APEMU, CRAP, SNUEP-FSU, SNEPAP-FSU, SNU-CLIAS-FSU, SNAC-FSU, SNESUP-FSU, SNUPDEN-FSU, SNICS-FSU, UNSEN-CGT. Signez-le, diffusez-le et faites-le signer.Il est signable en ligne : http://www.snes.edu/petitions/?petition=5 ettĂ©lĂ©chargeable : http://www.snes.edu/clet/article.php3?id_article=856(voir aussi l’US n°611 du 17 dĂ©cembre 2004).

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CoopĂ©ration syndicaleLe SNES est engagĂ© depuis plusieurs annĂ©es avecla NEA (USA), la FCE (Canada) et l’AEU (Australie),dans le programme de coopĂ©ration syndicale JohnThompson ; ce programme est destinĂ© Ă  la forma-tion de responsables syndicaux de pays d’Asie,avec l’objectif de renforcer leurs capacitĂ©s d’orga-nisation et d’action. La session 2004 s’est tenue du13 au 29 octobre Ă  Kuala Lumpur (Malaisie) avec22 stagiaires venus de syndicats de sept Ă©tats del’Inde, et du Sri Lanka. Le SNES a co-financĂ© et par-ticipĂ© Ă  la conception et Ă  l’animation du stage.

« Pratiquer la dĂ©mocratie »Un nouveau programme de formation « Pratiquerla dĂ©mocratie » conçu par le SNES et mis en Ɠuvrepar le CSFEF aprĂšs une prĂ©paration collective dansune cellule pĂ©dagogique pluriculturelle, a Ă©tĂ© testĂ©Ă  Dakar (SĂ©nĂ©gal) du 25 au 28 octobre 2004 et Ă Libreville (Gabon) du 31 octobre au 4 novembre.À Libreville ont participĂ© les responsables syndicauxdu SENA (20 personnes) ; Ă  Dakar y ont participĂ©5 syndicats de l’éducation, en tout 57 sĂ©minaristes.Le programme a remportĂ© un franc succĂšs : durantles deux derniers jours les participants se sontcrĂ©Ă©s leurs propres supports d’intervention dansdes assemblĂ©es publiques avec leurs compa-triotes : dessins, chants, labyrinthe, textes ont Ă©tĂ©conçus afin de rappeler le sens profond du vote, Ă la fois pouvoir, droit et devoir, condition politiquede toute dĂ©mocratie.

Formation

Stage

INTERNATIONAL

Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 33

Ces deux Ă©vĂ©nements se sont dĂ©roulĂ©savec la participation des ONG impli-quĂ©es dans le processus de l’Éducation

Pour Tous. Les syndicats francophones prĂ©sentsont Ă©tĂ© pris en charge grĂące Ă  une subventionde l’Agence Intergouvernementale de la Fran-cophonie, via le ComitĂ© syndical francophonede l’éducation et de la formation (CSFEF).La prĂ©sentation des Ă©tudes de cas rĂ©gionalesd’Afrique, d’Asie, d’AmĂ©rique Latine et dumonde arabe a permis de lancer le dĂ©bat surle renforcement des capacitĂ©s des organisa-tions de la sociĂ©tĂ© civile (OSC), et d’exami-ner les besoins rĂ©els sur le terrain et les dĂ©fismajeurs Ă  relever.Des discussions inter-rĂ©gionales sur la dĂ©fini-tion des prioritĂ©s conjointes selon les besoinscommuns ont permis de dĂ©gager les orienta-tions suivantes : les ressources pour le renfor-cement des capacitĂ©s ; la mise en rĂ©seau ; lepartage de ressources pour le renforcementdes capacitĂ©s ; l’élargissement et le dĂ©place-ment des modĂšles/cadres de renforcementdes capacitĂ©s ; l’engagement dans les poli-tiques de dĂ©veloppement de l’éducation ; ladĂ©finition des objectifs stratĂ©giques, desactions possibles et des partenaires.Ces prioritĂ©s devraient ĂȘtre transformĂ©es enplans d’action au niveau rĂ©gional. La dĂ©fini-tion du rĂŽle de la consultation collective desONG sur l’EPT (CCONG/EPT) ainsi quecelui de l’UNESCO ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s. Toute-fois, un accent particulier a Ă©tĂ© mis sur l’éla-boration des plans d’action nationaux et lamise sur pied des vĂ©ritables coalitions natio-nales prenant en compte tous les partenairesimpliquĂ©s dans l’Éducation Pour Tous.Les travaux de la rĂ©union annuelle de laCCONG ont dĂ©butĂ© par le lancement rĂ©gio-nal du Rapport mondial de suivi 2005 qui asuscitĂ© un vĂ©ritable dĂ©bat, notamment surl’efficacitĂ© du dispositif pour atteindre l’ob-jectif EPT, et sur la place accordĂ©e Ă  la sociĂ©-tĂ© civile dans l’élaboration et l’exĂ©cution desplans nationaux.La projection d’une cassette vidĂ©o sur lesjeunes et les enfants dans les zones deconflit, qui traitait de la Palestine, a soulevĂ©un dĂ©bat houleux autour de l’élaborationd’une dĂ©claration devant tenir compted’autres zones dans le monde se trouvantdans la mĂȘme situation, telles que : la RĂ©pu-blique DĂ©mocratique du Congo (RDC), leDarfour et autres...Des initiatives du dĂ©veloppement de laCCONG/EPT ont Ă©tĂ© mises en exergue. Ils’agit : d’une initiative d’alphabĂ©tisation pour

les exclus ; de contributions de la sociĂ©tĂ© civi-le au Rapport de suivi mondial 2006 ; decontributions des OSC au sommet mondialsur les objectifs du dĂ©veloppement du millĂ©-naire (ODM).En conclusion, les participants ont manifestĂ©leur inquiĂ©tude quant Ă  l’atteinte des objectifsde l’EPT par rapport Ă  la situation actuelle surle terrain et les insuffisances de financement. Lessyndicats, minoritaires dans ces assises, ontinsistĂ© Ă  travers leurs interventions surl’Éducation publique et de qualitĂ© pour tous quimet l’enseignant au centre car son action estdĂ©terminante dans le processus.Certains participants ont a nouveau mis enaccusation les États du Nord qui prĂ©tendentvouloir rĂ©aliser les objectifs de Dakar surl’EPT alors qu’ils mĂšnent des politiquescontraires aussi bien dans leurs coopĂ©rationsbilatĂ©rales qu’à travers les instances interna-tionales oĂč ils siĂšgent. Ces critiques portentnotamment sur les politiques qui sont impo-sĂ©es aux États en matiĂšre de recrutement, deformation et de rĂ©munĂ©ration des person-nels.Afin de jouer un rĂŽle plus efficace dans ceprocessus de promotion et de rĂ©alisation del’EPT, les organisations syndicales et lesONG francophones ont dĂ©cidĂ© de la mise enplace d’un rĂ©seau d’information et d’échan-ge pour permettre aux coalitions nationalesde s’enrichir de rĂ©ussites d’autres pays etpour peser plus efficacement au niveau inter-national. ïżœ

Roger Ferrari

ÉDUCATION POUR TOUS (EPT). À Beyrouth, se sont tenus sous l’égide del’UNESCO, le sĂ©minaire international sur le renforcement des capacitĂ©spour l’engagement de la sociĂ©tĂ© civile dans les politiques de l’EPT du 7 au8 dĂ©cembre 2004, ainsi que la rĂ©union annuelle 2004 de la consultationcollective des ONG sur l’Éducation Pour Tous du 9 au 11 dĂ©cembre 2004.

Rencontre de Beyrouth

NOS COLLÈGUES EN AFRIQUELa situation sociale de nos collĂšgues en Afrique ne s’amĂ©liore pas. Nous avons eu des contactstĂ©lĂ©phoniques avec des organisations membres de l’IE. Dans plusieurs pays les enseignants ontappelĂ© Ă  des manifestations et Ă  des actions de grĂšve. C’est le cas notamment au BĂ©nin, au SĂ©nĂ©galet au Niger pour les salaires et le dĂ©roulement des carriĂšres.Au BĂ©nin. Les collĂšgues font 3 jours de grĂšve par semaine depuis le 12 octobre 2004, le SecrĂ©tairegĂ©nĂ©ral du SYNEMP BĂ©nin nous a prĂ©cisĂ© les demandes qui sont : paiement des rappels de pro-motion ; le dĂ©crochage du traitement des enseignants de la grille salariale de la fonction publique ;la nĂ©gociation du statut juridique des contractuels de l’État ; bilan de santĂ© pour les enseignants ;droit Ă  la formation continue pour tous les enseignants.Au Niger. Dans un rĂ©cent contact, le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat des Enseignants du Niger(SNEN) nous a dit : « Les cours n’ont pas repris normalement au Niger depuis le 4 octobre 2004,c’est la grande mobilisation des enseignants dans tout le pays, il y a des meetings, des marches Ă l’appel du SNEN ». Les revendications sont : Ă©valuation des Ă©lĂšves par les enseignants ; dĂ©blocagedes salaires et des rĂ©gimes indemnitaires bloquĂ©s depuis 5 ans ; rĂ©forme de la retraite des ensei-gnants ; arrĂȘt du recrutement d’enseignants non qualifiĂ©s appelĂ©s « volontaires » ; recrutementd’enseignants qualifiĂ©s.AprĂšs toutes ces actions et des interventions des associations de parents d’élĂšves et des droitsde l’homme, le gouvernement nigĂ©rien a annoncĂ© l’ouverture des nĂ©gociations avec les syndicats.Le SNES suit attentivement l’évolution de la situation. Issa Koulibaly

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34 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

CATÉGORIESTAUX DE RÉMUNÉRATION DES HSA ET DES HEURES DE COLLES, MAXIMA DE SERVICE : c’est la confusion la plus totale depuis que l’administration utilise des logiciels mal programmĂ©s, qui remettent en cause rien moins que les dĂ©crets de 1950.

CPGE : heures supplémentaires,entre gabegie et irresponsabilitéD

’une acadĂ©mie Ă  l’autre, onest stupĂ©fait de l’ampleurde la confusion qui s’est

installĂ©e depuis qu’en dĂ©pit detoute logique, l’administrationsemble avoir dĂ©cidĂ© que le tauxde rĂ©munĂ©ration des HSA desprofesseurs de CPGE serait liĂ© Ă l’effectif de la classe oĂč ilsenseignent. Les collĂšgues ayantdes effectifs plĂ©thoriques aurontainsi une augmentation d’envi-ron 10 %, ceux en effectifsfaibles une diminution du mĂȘme

ordre, la majoritĂ© ne sera pastouchĂ©e. Pourtant la circulairedu 29 mars 2004, qui doit beau-coup Ă  la persĂ©vĂ©rance duSNES, en abrogeant les inĂ©gali-tĂ©s entre disciplines, avait clari-fiĂ© la situation. Il n’existe plusque deux maxima de service debase : 10 heures en premiĂšreannĂ©e, 9 heures en deuxiĂšmeannĂ©e et l’on attendait une sim-plification du mĂȘme ordre pourla rĂ©munĂ©ration des HSA et desheures de colles. Des effectifs

faibles ou plĂ©thoriques peuventmodifier ces maxima mais pour-quoi cela aurait-il dĂ©sormaisune incidence sur le taux desHSA ? Cette mesure noussemble injuste et, aprĂšs enquĂȘteet courriers auprĂšs de la DPE,l’origine de celle-ci reste incon-nue, les rectorats rĂ©pondent« c’est le logiciel, c’est le logi-ciel ! ». Si l’on persistait, c’esttoute l’interprĂ©tation du dĂ©cretde 1950 depuis 53 ans qu’il fau-drait revoir et une telle mesuredevrait alors s’appliquer auxprofesseurs du secondaire. Parexemple l’heure de premiĂšrechaire produirait mĂ©canique-ment une augmentation de 7 %du taux de l’HSA. Mais ontouche Ă  l’absurditĂ© la plusaiguĂ« lorsque l’on apprend quecertains rectorats s’apprĂȘtent Ă payer les heures d’interrogation(colles) selon les effectifs de laclasse, alors que ces interroga-

tions sont individuelles ou pargroupe de 3 (scientifiques) Ă  12(informatique) ! Le logiciel en ad’ailleurs perdu la raison, cer-tains codes taux Ă©tant introu-vables, tout paiement est sus-pendu jusqu’à nouvel ordre. Lesprofesseurs, les Ă©tudiants ouassistants qui interrogent enprĂ©pa depuis le mois de sep-tembre apprĂ©cieront. Pour notrepart, nous sommes sidĂ©rĂ©s de lalĂ©gĂšretĂ© de l’administration, quin’a consultĂ© personne, a dĂ©jugĂ©une prĂ©cĂ©dente directive de ladirection des affaires financiĂšreset renvoie maintenant la respon-sabilitĂ© au bureau des classesprĂ©paratoires, qui s’occupe dequestions pĂ©dagogiques ! Nousattendons une rĂ©ponse claire Ă ce sujet avant de publier de nou-veaux taux, car nous espĂ©ronsque la raison prĂ©vaudra. ïżœ

Jean-HervĂ© [email protected]

DE NOUVELLES PROCÉDURES D'ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS sont expĂ©rimentĂ©es dans le plus grand secret.Elles concentrent dans les mains du chef d'Ă©tablissement l'essentiel de l'Ă©valuation.

Infantile et malsainL

’évaluation des fonction-naires est en pleine transfor-mation. Cette Ă©volution, le

ministĂšre voudrait bien l'Ă©tendreĂ  tous les personnels de l’Éduca-tion nationale, en particulier auxenseignants. Des expĂ©riencessont mises en place dans cer-tains Ă©tablissements, souventdans le plus grand secret, sansaucune concertation. Cela donnedes rĂ©sultats comme celui quevous trouverez ci-joint. Si lesujet n’était pas aussi sĂ©rieux onpourrait sourire de l’apprĂ©cia-tion (A pour acquis, NA pournon-acquis, etc.) qui est la copiedu modĂšle d'Ă©valuation desĂ©lĂšves du premier degrĂ©. Chacunaura notĂ© que les items proposĂ©s

portent, pour une part impor-tante, sur l’activitĂ© pĂ©dagogiquede l'enseignant dont l’évaluationse trouve, de fait, transfĂ©rĂ© auchef d’établissement. On sedemande comment un chefd’établissement peut apprĂ©cier«l’adaptation aux programmes»ou « la lisibilitĂ© de la progres-sion» pour l’enseignement dansune discipline oĂč il n'a aucunecompĂ©tence. L’absence de noteclĂŽturant cette Ă©valuation metbien en Ă©vidence la volontĂ© dene plus faire appel Ă  desbarĂšmes chiffrĂ©s, barĂšmes dontl’existence est pourtant le seulmoyens d’assurer une vĂ©ritabletransparence. À travers une telleĂ©valuation c’est la nature mĂȘme

de notre mĂ©tier qui est remis encause, l’essentiel des item repo-sant soit sur l’apparence soit surdes activitĂ©s qui ne constituentpas le noyau dur du mĂ©tier d’en-

seignant. Aujourd’hui le minis-tĂšre reste silencieux sur cesexpĂ©rimentations.

Daniel [email protected]

MAXIMA DE SERVICE CPGESelon le dĂ©cret de 1950, les maxima de service CPGE s’appliquentaux professeurs ayant un service complet en classes prĂ©paratoires.Nul besoin d’avoir un poste Ă©tiquetĂ© CPGE pour en bĂ©nĂ©ficier, lescollĂšgues effectuant une supplĂ©ance complĂšte en CPGE y ont aussidroit. Depuis la rentrĂ©e, invoquant l’utilisation d’un nouveau logi-ciel, certains rectorats contreviennent au dĂ©cret de 1950 : c’est trĂšsgrave et nous intervenons fermement. L’informatique est au servicede l’homme, et non le contraire.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 35

Candidatures et sĂ©lectiondes dossiersMinistĂšres, hĂŽpitaux et collecti-vitĂ©s territoriales sont invitĂ©s Ă proposer des postes pour l’ac-cueil en dĂ©tachement des ensei-gnants. Pourront y postuler lesenseignants totalisant au moinsquinze annĂ©es de service d’en-seignement. Les modalitĂ©s decandidature et de formulationdes vƓux doivent ĂȘtre prĂ©cisĂ©espar arrĂȘtĂ© et ne sont pas encoreconnues. Une « commission d’instructionet d’orientation » crĂ©Ă©e auprĂšsdu recteur formule un avis surchaque dossier, en fonction desprĂ©fĂ©rences du candidat, Ă  partirde la qualification et des « com-pĂ©tences et de la maniĂšre deservir » des candidats, apprĂ©-ciĂ©es par l’inspecteur et le chefd’établissement.C’est ensuite Ă  l’administrationd’accueil de faire connaĂźtre sonchoix parmi les dossiers qui luiauront Ă©tĂ© transmis.

DĂ©tachement puisintĂ©grationPendant la premiĂšre annĂ©e, l’en-seignant est dĂ©tachĂ© auprĂšs desa nouvelle administration. Ilreçoit une formation d’adapta-tion Ă  l’emploi. Il lui est garantiune « rĂ©munĂ©ration globale » aumoins Ă©gale Ă  celle qu’il perce-vait antĂ©rieurement.

À l’issue de cette premiĂšreannĂ©e, l’intĂ©gration dans le nou-veau corps ou cadre d’emploipeut ĂȘtre prononcĂ©e Ă  la demandede l’intĂ©ressĂ© et sous rĂ©serve del’accord de l’administration d’ac-cueil. L’éventuelle indemnitĂ©compensatrice qui maintenait sarĂ©munĂ©ration globale antĂ©rieurecesse de lui ĂȘtre versĂ©e. Sa rĂ©mu-nĂ©ration suit alors les rĂšgles ducorps d’accueil, le reclassementĂ©tant censĂ© assurer un indicesupĂ©rieur ou Ă©gal Ă  celui dĂ©tenuantĂ©rieurement. Pendant cinq ans, le retour dansle corps d’origine est de droit.

L’intervention syndicaleL’intervention de la FSU a per-mis en premier lieu, d’ouvrir lebĂ©nĂ©fice de ce dispositif Ă  tousles enseignants du premier et dusecond degrĂ©, le projet initialĂ©cartait les AE, PEGC, institu-teurs et CE d’EPS. En revanche,le texte votĂ© par le Parlement nementionne que « les corpsenseignants », Ă©cartant notam-ment les personnels d’éducationet d’orientation. En commissiondu conseil supĂ©rieur, la FSU avotĂ© un vƓu pour qu’ils puis-sent ĂȘtre concernĂ©s.En second lieu, nous avons faitretirer comme Ă©lĂ©ment d’apprĂ©-ciation de la valeur profession-nelle « l’investissement profes-sionnel au-delĂ  de la classe, dans

SUR LE FOND

Départs anticipési

Dispositif longuescarriĂšresDepuis le 1er janvier 2005 les dĂ©partsen retraite anticipĂ©e sont dĂ©sormaisaccessibles aux fonctionnaires (loi deFinances pour 2005, article 119), maismalgrĂ© les amĂ©liorations obtenues surle dispositif initialement envisagĂ©(suppression de la durĂ©e minimum deservices publics), les conditions exi-gĂ©es restent restrictives et le disposi-tif n’entrera pleinement en vigueurqu’en janvier 2008.Voir supplĂ©ment Ă  L’US n° 604 du16 juin 2004, page 14.

Retraite des fonctionnairesiparents de trois enfantsi

Un nouveau reculvotĂ© au SĂ©natLes dispositions applicables pour ledĂ©part en retraite des fonctionnairesparents de trois enfants viennentd’ĂȘtre brutalement modifiĂ©es (1). Ledroit Ă  la liquidation de la pension deretraite avant 60 ans et aprĂšs 15 ansde service est dĂ©sormais liĂ© Ă  la« condition d’une interruption de l’ac-tivitĂ© pour chacun des enfants ».L’amendement adoptĂ© Ă©carte de faitles pĂšres de famille du droit Ă  cettedisposition. Il s’applique Ă  toutes lesdemandes qui n’ont pas encore donnĂ©lieu Ă  une dĂ©cision de justice. Il va Ă©galement se traduire par unerĂ©gression pour de nombreusesfemmes. L’expĂ©rience a en effet mon-trĂ© qu’un tel arbitrage, dĂ©jĂ  retenupour la bonification pour enfant, a defait privĂ© aussi des milliers de mĂšresde ce droit. La FSU, avec les collĂšguesconcernĂ©es n’a cessĂ© de dĂ©noncer cesrĂ©gressions. En dĂ©pit d’une disposition complĂ©men-taire (2) permettant « d’assimiler Ă  uneinterruption de l’activitĂ© toute pĂ©rioden’ayant pas donnĂ© lieu Ă  cotisationobligatoire dans un rĂ©gime de base deretraite », ce vote n’en constitue pasmoins un nouveau recul des droits desfemmes fonctionnaires en matiĂšre deretraite.La FSU dĂ©plore le mĂ©pris avec lequelle gouvernement a systĂ©matiquementesquivĂ© ses questions sur ce dossier etdĂ©nonce tant le procĂ©dĂ© que la dĂ©ci-sion. La loi renvoie Ă  la publication dedeux dĂ©crets en Conseil d’État, dont larĂ©daction peut ĂȘtre dĂ©terminante pourun grand nombre de mĂšres de famille.La FSU poursuivra ses interventions etinvite les personnels Ă  se mobilisermassivement le 20 janvier.

(1) Loi de finances rectificative pour 2004,article 136, JO du 31/12/04(2) Elle ne vaut, actuellement, que pour ce texte(parents de trois enfants).

SECONDE CARRIÈRE Le gouvernement annonce qu’environ 500 enseignantspourraient bĂ©nĂ©ficier dĂšs la rentrĂ©e 2005 d’un dĂ©tachement en application de la loi Fillon de 2003. Les dĂ©crets d’application seront publiĂ©s au coursdes prochaines semaines, mais les projets d’arrĂȘtĂ©s qui doivent les complĂ©terne nous sont pas encore connus.

Détachement, et plus si affinités

ou en dehors de l’établissement ».L’administration a refusĂ© laconsultation des CAP, maiss’est engagĂ©e Ă  ce que la com-mission d’instruction et d’orien-tation comprenne des reprĂ©sen-tants des personnels.Enfin, elle a Ă©cartĂ© notredemande d’assurer, le casĂ©chĂ©ant lors de l’intĂ©gration, lebĂ©nĂ©fice de l’indice Ă  titre per-sonnel. ïżœ Anne FĂ©ray

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S’il rĂ©pond Ă  un besoin de mobilitĂ© professionnelle,ce dispositif est limitĂ©. Le gouvernement annonce500 emplois environ pour la rentrĂ©e 2005, un mil-lier par an ensuite alors que les ayants droit sontenviron 400 000.Les suppressions d’emploi annoncĂ©es hypothĂš-quent ces engagements et laissent prĂ©voir des ten-sions fortes dans les administrations d’accueil quidevront dĂ©partager recrutements externes, promo-

tions de leurs agents et postes offerts aux ensei-gnants.La qualitĂ© de la formation sera dĂ©terminante.La FSU a rappelĂ© son opposition Ă  la loi de rĂ©formedes retraites. Elle a renouvelĂ© ses demandes d’uneCPA attractive, de rĂ©tablissement des congĂ©s mobi-litĂ© et d’amĂ©lioration des conditions de travail.Elle s’est abstenue lors de la rĂ©union de la commis-sion des statuts du conseil supĂ©rieur.

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NE PAS JETER SVPLa loi Fillon sur les retraites a Ă©tĂ© adoptĂ©e enjuillet 2003. Loin de « sauver le rĂ©gime parrĂ©partition » comme il a Ă©tĂ© dit, elle n’assuremĂȘme pas son financement Ă  terme rapprochĂ©.Les nouveautĂ©s de la loi rendent encore pluscomplexe la constitution d’un dossier de pen-sion. Ce dossier reprend en effet la totalitĂ©d’une histoire professionnelle personnelle, mais aussifamiliale et sociale. Les difficultĂ©s ne sont certes pasnĂ©es avec la loi Fillon. Mais les dĂ©bats vifs auxquels ellea donnĂ© lieu ont conduit chacun Ă  se poser d’une façondiffĂ©rente la question de la retraite.L’objet de ce livre est de rĂ©pondre Ă  cette interrogation.Les auteurs se sont efforcĂ©s d’informer trĂšs prĂ©cisĂ©-ment les collĂšgues pour la reconstitution de leur car-riĂšre, la constitution de leur dossier de retraite et l’éva-

luation du montant de leur retraite de la tion publique. Ce livre a Ă©tĂ© conçu pour les militants syndicaux dans cette tĂąche, le souci d’informer le plus clairement possur le contenu prĂ©cis de la rĂ©forme.Ce faisant, le livre est un moyen, Ă  traverconnaissance informĂ©e de la question

retraites, de contribuer Ă  reconstruire une mobilisatiodurable pour contraindre les pouvoirs publics Ă  resur les nombreux aspects nĂ©gatifs de la loi en vigueudepuis le 1er janvier 2004.Les auteurs, Marcel Brissaud, Viviane Defrance, Domnique Deligny, Philippe Dupont, Anne FĂ©ray, ElizabeLabaye, Madeleine Lagane, Gilles Moindrot, Jean çois Quantin, Érick StaĂ«len travaillent sur les quesde retraites au sein de la FSU et de ses divers syndic

BON DE COMMANDE

Syndicat (ou section) : ..............................................................................................................................................................................................................................................................

Adresse : ...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Code postal :......................................................................................................... Ville : ......................................................................................................................................................................

Nombre d’exemplaires : ...................................... Montant total de la commande : ............................€ (4 € par exemplaire)

Prix pour les syndicats et les SD : 4 € – Prix public : 10 €

Bon de commande à envoyer à l’Institut de recherches de la FSU – 3/5 rue de Metz, 75010 Paris

ConnaĂźtre ses droits, calculer sa retraite

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36 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

FENÊTRE SURLA VOIX DES PROFS

De fait, « il peut ĂȘtre tenu pour acquisqu’entre la moitiĂ© et les trois-quarts desenseignants se sont plaints au cours de

leur carriĂšre de troubles vocaux ». C’est laconclusion d’une enquĂȘte rĂ©cente de l’INRSqui fait le point sur les donnĂ©es disponiblesĂ  ce sujet, malheureusement insuffisammentĂ©tudiĂ© en France. Laryngites, rhinopharyngites, enrouement,douleurs dans le cou, raclements de gorge
voix fatiguĂ©e ou qui se casse, doivent alerterl’enseignant. Le soir, aprĂšs de nombreusesheures de cours, la voix peut ĂȘtre complĂšte-ment aphone, avec une gorge douloureuse. Ilpeut alors s’agir d’un Ă©puisement muscu-laire (hypokinĂ©sie), et peuvent se dĂ©velopperdes lĂ©sions (nodules, kystes). Une enquĂȘte de la MGEN (2001) met enĂ©vidence une forte prĂ©sence de laryngite etrhinopharyngite chez les enseignants (prĂšs de20 %, c’est-Ă -dire 10 fois plus que les autresprofessions), alors que le nombre total d’af-fections dĂ©clarĂ©es est plus faible chez lesenseignants que dans la population gĂ©nĂ©rale. La prĂ©valence est plus forte chez les femmes(23,4 %) que chez les hommes (14,4 %), etdans la tranche d’ñge 30/39 ans (22,3 contre18,3 pour les plus de 50 ans), la lĂ©sion la plusfrĂ©quente Ă©tant le nodule de la corde vocale.Les enseignant(e)s de maternelle sont parti-culiĂšrement concernĂ©(e)s, sans doute en rai-son des techniques vocales utilisĂ©es, de la pri-mautĂ© de l’oral sur l’écrit et de la nĂ©cessitĂ© decouvrir le bruit des enfants. Parmi les ensei-gnants du second degrĂ©, les professeursd’EPS sont particuliĂšrement touchĂ©s, ainsique les professeurs de langues et de fran-çais qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme « per-sonnels Ă  risque », de mĂȘme que les ensei-gnants dĂ©butants qui ne maĂźtrisent pas encorel’utilisation de leur voix.

Quels sont les facteurs aggravants ?Le bruit est l’une des causes des difficultĂ©s :l’acoustique des salles, la rĂ©verbĂ©ration du

bruit, les chaises bruyantes, les gymnasesvastes et sonores, la mauvaise isolation parrapport aux pollutions acoustiques extĂ©-rieures, (travaux de rĂ©novation dans les Ă©ta-blissements, par exemple) sont des facteursentraĂźnant des comportements de forçagepour passer au-delĂ  des bruits parasites.Les pollutions environnementales sont Ă©ga-lement des facteurs aggravants ; au-delĂ  de lapollution ambiante, le travail quotidien dansles Ă©tablissements expose aux poussiĂšres decraie, Ă  la prĂ©sence dans l’air de solvants(feutres), d’ozone (photocopieuses)... Biendifficile d’y Ă©chapper ! D’oĂč la nĂ©cessitĂ© detravailler l’ « instrument Ă  cordes » qu’est savoix, et de la protĂ©ger comme un violonisteson Stradivarius ! On sait d’ailleurs que lesenseignants ayant pratiquĂ© dans l’enfance lechant ou le thĂ©Ăątre, ou qui s’y adonnent dansleurs loisirs, prĂ©sentent moins de troublesque leurs collĂšgues (Ă©tudes de CarriĂšre etArnoux-Sindt, citĂ©es par l’INRS).Attention Ă©galement au tabac !

Quelle stratĂ©gie de prĂ©vention ?Aujourd’hui ces problĂšmes relĂšvent trĂšslargement encore d’une prise en charge indi-viduelle, chacun se dĂ©brouillant avec « sa »voix sans forcĂ©ment faire le lien avec sapratique ou son environnement profession-nel. Certes, la prise de conscience que lavoix des profs est l’instrument de la trans-mission des savoirs et qu’elle doit rester laplus harmonieuse possible a progressĂ©depuis quelques annĂ©es. Une circulaire du23 mai 1997 rappelle que l’enseignant « enfin de formation initiale » doit savoir « uti-liser l’espace et le geste et placer sa voix ».Mais l’intendance ne suit pas ! trop peu d’IUFM ont mis en place des formations Ă destination des stagiaires. C’est notammentle cas de l’IUFM de Paris. Cyrille Rault-Gregorio, formateur en Ă©du-cation musicale, chanteur et chef de chƓur,est l’un des maĂźtres d’Ɠuvre de cette for-mation :« Les modules “ voix de l’enseignant ” sedĂ©roulent en deux temps :‱ Deux confĂ©rences (optionnelles) sur lavoix de l’enseignant. Il s’agit de prĂ©senter lefonctionnement physiologique du systĂšmephonatoire et d’observer les risques liĂ©s Ă l’exercice du mĂ©tier d’enseignant ainsi quede donner des conseils plus techniques pour

LA VOIX EST L’INSTRUMENT DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS. Pour Anne Leymarie-Selles, orthophoniste, la voix « est lefruit d’une synergie entre la respiration, la vibration laryngĂ©e et la rĂ©sonance. Elle s’inscrit dans la globalitĂ© corporelleet psycho-sociale de chacun, avec son histoire passĂ©e et immĂ©diate de notre premier cri Ă  notre dernier rĂąle, elle estnotre compagne si quotidienne que nous la nĂ©gligeons parfois ».*

Les profs et leur voix :un accord pas toujours parfait

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Bibliographie‱ Corps et pĂ©dagogie, accord perdu entre le corps et le savoir ? CoordonnĂ© par VĂ©ronique Vanier - ADAPT Éditions.

‱ Troubles de la voix chez les enseignants, Ă©tude de L’INRS Documents pour la mĂ©decine du travail n° 98, 2e trimestre 2004.

‱ EnquĂȘte Ă©pidĂ©miologique sur la santĂ© des mutualistes MGEN. Sous la direction de Viviane Kovess, 2001.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 37

DOMINIQUE AUDOUX, médecin scolaire à Nevers, compétente en phoniatrie

Ă©viter la fatigue vocale (cas le plus gĂ©nĂ©ra-lement observĂ© dans les pathologies de lavoix chez l’enseignant).‱Une sĂ©rie de quatre sĂ©ances de travail enpetits groupes avec un professeur de chantcomplĂšte ces confĂ©rences et constitue la par-tie pratique de ce module. Il ne s’agit pas decours de chant mais de cours de placement dela voix permettant de prendre conscience denos possibilitĂ©s vocales.Le travail de la voix lyrique permet de dĂ©ve-lopper une utilisation de la voix optimale,notamment en ce qui concerne le rapportfatigue/puissance, c’est pourquoi nous faisonsappel Ă  ces personnes. Il va sans dire que, si ces sĂ©ances sont gĂ©nĂ©-ralement trĂšs utiles pour une premiĂšre dĂ©cou-verte, elles ne constituent pas une forma-tion suffisante pour placer la voixdĂ©finitivement (rien n’est d’ailleurs dĂ©finitifen matiĂšre de voix). L’idĂ©al serait de pouvoirproposer quelques sĂ©ances d’une ou deuxheures dans le cadre de la formation continueĂ  intervalle rĂ©gulier et ce, tous les deux outrois ans. La voix Ă©volue tout au long de lavie et les sensations que l’on dĂ©couvre dansle cadre de ce type de module se perdentassez rapidement. Les stagiaires de l’IUFM semblent trĂšs deman-deurs de ce type de cours et d’informations carles modules sont tous complets.»

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Quel rĂŽle pourla mĂ©decine de prĂ©vention ?Lorsque le problĂšme n’a pas Ă©tĂ© traitĂ© en amontpar la formation, ce qui est le cas le plus frĂ©-quent, ce risque professionnel devrait impliquerdavantage la mĂ©decine de prĂ©vention : sans« surmĂ©dicaliser » la question, celle-ci peutjouer un rĂŽle de conseil, mais aussi intervenirauprĂšs des Ă©tablissements (examen des locaux,Ă©valuation de l’hygromĂ©trie, de l’ambiancethermique, observation des postes de travail
).La faiblesse du nombre de mĂ©decins de prĂ©-vention – en moyenne 1 mĂ©decin pour 18 000personnels (contre 3 300 dans le privĂ©) –, rendcette prĂ©vention tout Ă  fait alĂ©atoire, les mĂ©de-cins Ă©tant contraints d’assurer l’urgence (per-sonnels en difficultĂ©) au dĂ©triment de la prĂ©-vention, des visites sur le terrain et de laformation. Du coup, pratiquement rien n’est faitĂ  ce niveau (l’acadĂ©mie de Versailles mĂšnecependant une action en lien avec un pho-niatre, mais cela reste un cas isolĂ©). Une inter-vention des reprĂ©sentants syndicaux dans lesCHS devrait permettre d’attirer l’attention surce problĂšme, et de sensibiliser l’administration.De mĂȘme, les demandes syndicales en forma-tion initiale et continue n’intĂšgrent sans doutepas suffisamment cette exigence. ïżœ

Elizabeth Labaye

*Dans un article extrait de « corps et pédagogie », Adapt.

La MGEN a fait la proposition d’ une expertise collectivesous la responsabilitĂ© d’un chercheur de l’INSERM,expertise qui sera menĂ©e sur plusieurs annĂ©es(2004/2006). Elle a pour objectif de dĂ©finir les diffĂ©rentstroubles rencontrĂ©s chez les professionnels qui utilisent lavoix ; d’analyser les donnĂ©es disponibles sur les problĂšmesde voix des enseignants (prĂ©valence, Ă©volution sur les 20 derniĂšres annĂ©es), d’étudier les diffĂ©rentes causespossibles de dysfonctionnement de la voix dans ces populations, de s’interroger sur les facteurs aggravantsliĂ©s au sujet lui–mĂȘme ; de prĂ©senter diffĂ©rentes modalitĂ©sde dĂ©pistage (comment faire un bilan vocal ?), de diagnostic et de prise en charge ; d’analyser les rĂ©percussions de ces troubles sur l’activitĂ© des enseignants et leur impact en santĂ© publique ; de faire le bilan et l’analyse critique des programmes de prĂ©vention dans diffĂ©rents pays.

Quels conseils pouvez-vous donner pour mieux utiliser sa voix ?La posture est un des Ă©lĂ©ments essentiels dans la maniĂšre de bienprojeter sa voix (la voix projetĂ©e Ă©tant destinĂ©e Ă  un groupe, cen’est pas une voix utilisĂ©e en conversation) : la voix rĂ©sultant dusouffle expiratoire, ce souffle doit donc ĂȘtre suffisamment puis-sant pour faire vibrer les cordes vocales de maniĂšre efficace. Lesouffle sera d’autant plus puissant que la respiration est debonne qualitĂ©, l’utilisation de la respiration abdominale plus au-tomatisĂ©e avec une bonne connaissance de cette respiration : ins-piration en gonflant le ventre et non pas paradoxale, en rentrantle ventre comme elle est souvent inconsciemment utilisĂ©e. La respiration est de meilleure qualitĂ© si le thorax est verticali-sĂ©, les Ă©paules dĂ©gagĂ©es, abaissĂ©es, dĂ©contractĂ©es, le cou droit,le menton en trĂšs lĂ©ger « rengorgement », c’est-Ă -dire ni en l’airni pointĂ© vers le sol, attitude en souplesse, sans raideur ;En position debout, les pieds lĂ©gĂšrement Ă©cartĂ©s assurent un an-crage au sol qui permet de donner de la puissance au souffle pourpeu qu’on prenne conscience de son trajet jusqu’au larynx.C’est un travail qu’effectuent les professionnels de la voix, no-tamment les chanteurs qui apprennent Ă  prendre conscience dela trajectoire de leur souffle expiratoire. En position assise, on veille Ă  ne pas pencher son thorax en avant(position utilisĂ©e par contre lors d’une Ă©coute dite bienveillan-te en situation duelle, mais ceci est une autre histoire), Ă  garderla mĂȘme position du tronc-Ă©paules-cou-menton et Ă  Ă©viter decroiser les jambes sous le bureau pour la mĂȘme raison que dansla position debout. L’important est de bien connaĂźtre le processus de fonctionnementet de production de la voix et surtout de la sienne propre :

quelle hauteur, son timbre, en Ă©tudiant sa propre posture, ses va-riations et les consĂ©quences sur sa voix. Si l’on sent des tensions dans les mĂąchoires, dans le cou, dansles muscles de la face, dans les Ă©paules, des douleurs dans la gor-ge, de la sĂ©cheresse, des variations d’intensitĂ© de sa voix selonles moments de la journĂ©e, etc., c’est que l’on force.

Que faire alors pour protĂ©ger sa voix ?‱Prendre conscience de sa propre respiration en s’exerçant Ă  la res-piration abdominale rĂ©guliĂšrement, sans chercher Ă  l’utiliserde façon consciente.

‱Renforcer sa musculature abdominale, gage d’une meilleureexpression du souffle, notamment expiratoire, meilleure puis-sance de celui-ci.

‱Prendre conscience de sa propre posture peut se faire en se pla-çant contre un mur, cela permet de se rendre compte de sa propreverticalitĂ©, par rapport Ă  la posture « idĂ©ale».

‱Utiliser largement la relaxation du cou, des mĂąchoires (bailler,grimacer...), des Ă©paules, cela peut se faire tous les jours, avant ouaprĂšs les cours.

‱Utiliser des phrases courtes, utiliser les silences, balader son re-gard sur l’auditoire en captant les regards successifs.

Pour protĂ©ger sa voix quand on parle Ă  un auditoire, il faut vraimentl’adresser Ă  quelqu’un : elle ne doit pas voleter dans le vide.

À qui s’adresser en cas de problĂšmes de voix ?Les ORL ou les phoniatres sont les professionnels de rĂ©fĂ©rencepour les diagnostics ; mais les orthophonistes sont particuliĂšrementdĂ©signĂ©s et compĂ©tents pour le suivi, l’entraĂźnement et la rĂ©Ă©du-cation des troubles de la voix.

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L’Égypte antique continue d’exercer une fasci-nation sur nous, pour un rĂ©gime qui a tenu plu-sieurs siĂšcles. Ses trĂ©sors sont encore visibles

aujourd’hui, tĂ©moignage de cette civilisation quinous a lĂ©guĂ©e une partie de notre environnement cul-turel – par exemple notre calendrier – et politique.Cette histoire ne cesse d’ĂȘtre racontĂ©e. L’originalitĂ©de ce catalogue et de cette exposition Ă  l’Institut duMonde Arabe est de mettre en relation des Ɠuvres– limitĂ©es tout de mĂȘme Ă  la pĂ©riode du nouvelempire pour l’essentiel – et la vie politique commecelle des individus avec leurs peurs, leurs faiblesses,leurs sexualitĂ©s, pour reconstruire leur monde. Unefaçon de lier archĂ©ologie et histoire. Les diffĂ©rentescollaborations couvrent tous ces champs donnantenvie d’en savoir davantage, d’aller voir sur placeen Égypte ainsi que cette exposition. Signalons unenouveautĂ© difficile Ă  accepter : il fallait un partenaire,ce fĂ»t Total. ïżœ Nicolas BĂ©nies

Ce livre là nous propose une autre vision de notre histoire,celles des Provinces françaises, avec ses paysages, seslieux, ses Saints... Se dessine ainsi une cartographie des

peurs, des angoisses, mais aussi des difficultĂ©s, des famines, desdisettes qui ont structurĂ© la France dite profonde jusqu’au XIXe

siĂšcle. Une partie de ces croyances, de ces superstitions faitencore partie de notre fond commun sans que nous le sachionstoujours. C’est une sorte de rĂ©sumĂ© culturel, d’explications decertains de nos prĂ©jugĂ©s. L’iconographie est adaptĂ©e au sujet.Les photographies laissent planer les fantĂŽmes de nos propresdĂ©mons. La conclusion de l’auteur montre que l’irrationnel aencore de beaux jours devant lui. Le besoin de croire, Ă©crit-il«ressurgit avec d’autant plus de force que l’homme se sent fra-gile et impuissant Ă  maĂźtriser son environnement. Or l’incerti-tude des temps actuels semble engendrer un regain d’intĂ©rĂȘtpour les phĂ©nomĂšnes irrationnels». ïżœ N. B.

CULTURELivres/Revues

Notre sĂ©lectionïżœ POUR OU CONTRE

La Turquie est Ă  la mode. Laquestion de son adhĂ©sion Ă  l’UEprovoque une profonde divisionĂ  droite qui pourrait conduireune partie d’entreelle Ă  voter nonau rĂ©fĂ©rendum.

Mis à part les clichés,avouons-le, marqués

par le racisme,commentanalyser lasituation dans cepays? Trois livres permettentde l’ébaucher. Le premier,gĂ©nĂ©raliste, se propose d’endresser un portrait historique.Des repĂšres nĂ©cessaires pour

juger de la place de la rĂ©volution desannĂ©es 20 mise en place par KĂ©mal.Cette Histoire de la Turquiecontemporaine est essentielle parcequ’elle comble un vide bĂ©ant. LedeuxiĂšme, La RĂ©publique laĂŻqueturque, Ă  travers des Ă©tudes assezlongues – en particulier sur lesystĂšme scolaire hĂ©ritĂ© du kĂ©malismemais remis en cause par les forcesintĂ©gristes – permet de continuer Ă en dessiner le portrait. PortraitcontrastĂ©, entre laĂŻcitĂ© – l’État estlaĂŻc depuis KĂ©mal – et la montĂ©e desforces religieuses voulanttransformer l’État. Enfin, le dernierse veut plus polĂ©mique et devraitfaire rĂ©agir, Lettres aux turco-sceptiques. Des affirmations serontcontredites, y compris d’un auteur Ă l’autre, et des dĂ©monstrations ferontrĂ©flĂ©chir.‱ Histoire de la Turquie contemporaine,Hamid Bozarslan, RepĂšres/LaDĂ©couverte ; La RĂ©publique laĂŻqueturque, trois quarts de siĂšcle aprĂšs safondation par AtatĂŒrk, sous la directionde Robert Anciaux, Complexe ; Lettresaux turco-sceptiques, sous la directionde Gengiz Aktar, Actes Sud.

ïżœ CRI DE COLÈRESouvenons-nous. Le 2 septembre2004, Sylvie TrĂ©mouille et DanielBuffiĂšre, inspecteurs du travail, sontassassinĂ©s par l’exploitant agricolequ’ils venaient contrĂŽler. C’était enDordogne. Cet Ă©vĂ©nement est d’abordpassĂ© inaperçu. Il a fallu lamobilisation de ce petit corps – 1500personnes – pour que gouvernementet mĂ©dias commencent Ă  s’intĂ©resserĂ  cette affaire. À ce meurtre ! GĂ©rardFiloche, lui-mĂȘme inspecteur dutravail, crie, en mĂȘme temps que sescollĂšgues, sa rĂ©volte contre unsystĂšme qui prĂ©sente le droit dutravail comme des contraintes, desrigiditĂ©s pour les entreprises et nonpas des garanties pour les salariĂ©s.

RĂ©vĂ©lateur de ce monde libĂ©ral.‱ On achĂšve bien... les inspecteursdu travail, GĂ©rard Filoche, Jean-Claude Gawsewitch Ă©diteur.

ïżœ REGARDER LE CINÉMAL’histoire du cinĂ©maest en train de serĂ©aliser. Parfois detrĂšs Ă©tranges façons.Comme ce livre. 1001films, un titre quiattire l’Ɠil. C’est lebut. Dans l’ordre

chronologique, sous la direction deSteven Jay Schneider, unesoixantaine de critiques nous livreune lecture des films qui ont comptĂ©.Il en est d’autres, bien sĂ»r, et l’onpourra critiquer tel ou tel oubli. Telque, il se prĂ©sente comme un outil dedĂ©couverte. Une fiche technique aumilieu de photos, d’affiches pourdonner l’envie d’en dĂ©couvrirdavantage. Un bel objet Ă  la gloired’un art spĂ©cifique du 20e siĂšcle. N.B.‱ Éditions Omnibus

ïżœCOMPRENDRE LA GUADELOUPEComplexitĂ© des rapports entre Noirset Blancs dans la Guadeloupe de la fin

du XVIIIe siĂšcle que ce livre, fondĂ© surdes sources inexploitĂ©es, permet decomprendre tout en ouvrant uneperspective inĂ©dite sur le mĂ©canismede l’esclavage et le fonctionnementde la sociĂ©tĂ© coloniale. Il met enlumiĂšre la catĂ©gorie des libres decouleur, ces descendants d’esclaves,eux-mĂȘmes propriĂ©taires d’esclavesqui jouent un rĂŽle clĂ© dans la sociĂ©tĂ©esclavagiste et pendant laRĂ©volution. Une sociĂ©tĂ© complexetouchĂ©e par la vague rĂ©volutionnairevenue de France. L’esclavage, d’abordaboli en 1794, est rĂ©tabli en 1802. Faitunique dans l’histoire, cet ouvrageraconte cet incroyable aller-retour. Ilbouleverse la problĂ©matique de laRĂ©volution et des rĂ©voltes dans lescolonies françaises des AmĂ©riques.

Florence Dursapt‱ Esclavage, mĂ©tissage,libertĂ©, La RĂ©volutionfrançaise en Guadeloupe(1789-1802). FrĂ©dĂ©ricRĂ©gent, Grasset.

ïżœ POUR L’ANNULATIONDE LA DETTE... PAR LE DROIT !Le CADTM a conçu ce petit livre pourdĂ©montrer que la thĂ©orie juridiquede la « dette odieuse » devraitpermettre d’éradiquer une grandepartie du montant de l’endettementdes pays du Sud. Le moratoire n’estpas une solution. Les derniersĂ©vĂ©nements en Asie du Suddevrait conduire Ă  l’annulationpure et simple de la dette. Unargumentaire Ă  dĂ©velopper.‱ Le droit international un instrumentde lutte ?, CADTM/Syllepse

ïżœ PORTRAIT D’UNE VILLEVarsovie. Qu’est-elle devenue ?Quels sont ses animateurs ?Comment s’est-elle recomposĂ©e ?Les interviews rĂ©unies ici essaientde rĂ©pondre Ă  ces questions. Pour

dĂ©couvrir la Varsovie enmouvement. N.B.‱ De Bartek Chacinski,Autrement.

ÉGYPTE, ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ

Une référence

Une histoire de France

Pharaon, exposition Ă  l’Institut du Monde Arabe,jusqu’au 10 avril 2005, co-Ă©dition IMA/Flammarion

La France des croyances et des superstitions,Christophe Lefébure, Flammarion

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NOS COLLÈGUES PUBLIENTïżœ ENTRÉE DANS L’ÉCONOMIELes auteurs se sont mis en quatrepour nous prĂ©senter l’essentiel desconnaissances Ă©conomiques etsociales pour prĂ©parer les examenset concours de l’enseignement supĂ©-rieur. Au-delĂ , les dossiers commeles ouvrages recensĂ©s permettront Ă tout un chacun d’aborder ces rivagesqui semblent difficiles de l’économiepoltique.‱ Économie, analyses contemportaines,D. Fleutot, J.-Y. Letessier, P. Madelaine, J.-P.Testenoire, Foucher.

ïżœ PENSER AUTREMENTJean-Yves Lacroix poursuit ses inves-tigations autour de la constructiond’autres sociĂ©tĂ©s alternatives auxcapitalismes. Dans ce premier tome– trois sont prĂ©vus – il passe en revueles utopies depuis les dĂ©buts de larĂ©flexion philosophique. Il prĂ©tend quela philosophie ne se comprend que liĂ©eĂ  l’utopie.‱ Utopie et philosophie, Jean-Yves Lacroix,Bordas.

ïżœ UNE REVUE ÉTRANGELes cahiers du dĂ©tour sont issus prin-cipalement d’un atelier d’écriture thĂ©-rapeutique dans le cadre de l’ACERMA,une association qui Ɠuvre Ă  la rĂ©in-sertion des malades alcooliques. Qu’onl’ouvre, et on s’apercevra qu’il s’agit d’unevĂ©ritable revue de littĂ©rature. Tous lestextes d’oĂč qu’ils viennent trouvent icileur place. Le numĂ©ro 6 de juin 2001 por-tait, par exemple, sur le thĂšme du buvard.‱Les numĂ©ros sont en vente Ă  l’ACERMA, 22, quaide Loire, 75019 Paris. [email protected]

Notre sélection

ïżœ NOTRE TEMPS ET LE SIENRĂ©Ă©dition de deux livres essen-tiels Ă  toute bibliothĂšque, Le casColtrane d’Alain Gerber oĂč dĂ©filetoute une Ă©poque, celle d’unegĂ©nĂ©ration venue Ă  la moder-nitĂ© par Coltrane et le free jazz.Le romancier s’essaie Ă  analyser

l’art particulier du gĂ©nie dĂ©guisĂ© ensaxophoniste tĂ©nor et il le fait en lienavec son Ă©poque, la sienne mais aussi lanĂŽtre. À ce moment-lĂ  on pouvait sebattre pour ou contre Coltrane. On aperdu, malheureusement, l’habitude deces joutes absolument nĂ©cessaires Ă toute formation Ă  toute culture unifianttoute une gĂ©nĂ©ration.

L’autre est une biographiebizarre, dĂ©montĂ©e Ă  l’image desa musique. Celle d’Art Pepper,un des grands altistes de cetemps. Une lĂ©gende. Qu’aucunromancier n’aurait osĂ© racon-ter. Un polar de l’extrĂȘme. Il fal-

lait qu’il le fasse. Elle permet d’apprĂ©-hender une des grandes voix du siĂšcleprĂ©cĂ©dent. Straight Life, Pepper savaitmanier l’ironie. Il fut un rĂ©voltĂ©, un mar-ginal et sa sonoritĂ© d’alto ne ressemblaitqu’à lui-mĂȘme. Il raconte qu’il avaitsombrĂ© dans le coltranisme, perdantainsi sa personnalitĂ© en jouant du tĂ©nor.Il a fallu qu’il retrouve l’alto pour seretrouver lui-mĂȘme. Une grande leçon.‱Le cas Coltrane, Alain Gerber; Straight LifeArt Pepper, Editions ParenthĂšses, diffusionHarmonia Mundi.

ïżœ COMMENT NAÎT UNE OEUVRE D’ARTPar l’intermĂ©diaire de l’analysedes films de J.-L. Godard, J.-P.Esquenazi esquisse une thĂ©ori-sation des conditions socialeset esthĂ©tiques permettant decerner la naissance d’une Ɠuvre

d’art, d’une nouvelle culture. Godard sesert des traditions du film noir amĂ©ricainnotamment pour les bousculer, les mĂ©ta-morphoser, les faire siennes. La nou-velle vague, Ă  ses dĂ©buts, se poseracomme les rĂ©volutionnaires de cet artjeune, le cinĂ©ma. D’aprĂšs l’auteur, ilsrĂ©pondent Ă  une nouvelle donne socialerĂ©sultant des aspirations de ce qu’ilappelle une nouvelle classe moyenne.MĂȘme si ces concepts n’ont pas grandsens, il n’empĂȘche qu’il trace un paral-lĂšle intelligent, intĂ©ressant, entre lesenquĂȘtes sociologiques et la formeesthĂ©tique des films de Godard. CettethĂšse doit ĂȘtre discutĂ©e parce qu’ellepermet de lier esthĂ©tique et social touten laissant intact le mystĂšre de l’Ɠuvreelle-mĂȘme.

‱Godard et la sociĂ©tĂ© française des annĂ©es1960, J.-P. Esquenazi, Armand Colin

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ClassiqueBARTOK,

SAVANT ET POPULAIREIl y a un mois, l’OpĂ©ra BastillerĂ©sonnait des accords duConcerto pour orchestre deBela Bartok sous la direction de PierreBoulez. InterprĂ©tation magistrale, quirappelait aussi bien l’importance dansla musique du XXe siĂšcle du compositeurhongrois, mort en exil aux États-Unis en1945, que l’excellence du chef français. SiBartok marque un tournant, Ă  l’égal d’unStravinsky ou d’un Schoenberg, dansl’histoire de la musique, c’est d’abordpar sa tentative pour rĂ©gĂ©nĂ©rer le lan-gage musical en le replongeant auxsources de la musique populaire. Dans sesƓuvres majeures, cette fusion de lamusique dite «savante» – sous l’influencemajeure de Debussy – et de la musiquepopulaire est unique. Ainsi, depuis Lemandarin merveilleux jusqu’à la Musiquepour cordes, percussion et cĂ©lesta – sansdoute son chef d’Ɠuvre – en passant parles trois concertos pour piano, les concer-tos pour violon ou une abondante musi-que de chambre, l’Ɠuvre de Bartokdemeure essentielle. On s’en persuaderaen Ă©coutant les Ɠuvres orchestrales sousla baguette de Ferenc Fricsay (DG), hier,ou de Pierre Boulez (Sony ou DG) aujour-d’hui, les Ɠuvres pour violon interprĂ©tĂ©espar Yehudi Menuhin (EMI) ou Isaac Stern(Sony), les concertos pour piano dansl’interprĂ©tation de Geza Anda ou de Mau-rizio Pollini (DG).

Alexis Chabot

LE GÉNIE ET L’HISTRION GÉNIAL

Histoires du 20e siecle

Comment penser le20e siÚcle, ses révo-lutions sans faire

rĂ©fĂ©rence Ă  Elvis Presleyd’un cĂŽtĂ© et Ă  Charlie Par-ker – Bird, l’Oiseau pourl’éternitĂ© – de l’autre.Bird ne fut pas un gĂ©nieprĂ©coce. Il mit du tempsavant de savoir le B A BA

de la musique. Il travailla dur, parceque la musique, le saxophone altoqu’il s’était choisi le refusaient. Laquestion qu’on est obligĂ© de seposer, que s’est posĂ©e Alain Gerberdans cette fausse-vraie autobio-graphie Ă  la mode amĂ©ricaine, fai-sant intervenir tous les proches pourcerner l’enfance du personnage touten laissant le mystĂšre entier, estcomment devient-on un gĂ©nie ?Parker n’est pas nĂ© avec une cuilleren or – mĂȘme pas en argent – pourle jazz. Mais il vivra entourĂ© decette musique Ă  Kansas City oĂč ilest nĂ© en 1920, il apprendra parcƓur – quand il pourra – tous les

solos de Lester Young, le saxophoniste tĂ©nor, poĂšte de l’indicible, alorschez Count Basie, capable de toutes les enfances. Il se forgera songĂ©nie. Personne ne peut ignorer Charlie Bird Parker, celui que ses ailesempĂȘchaient de marcher et qui sait nous entraĂźner – encore aujourd’huimystĂšre du mystĂšre – toujours plus haut, toujours plus prĂšs du soleil.Bien sĂ»r qu’il s’est brĂ»lĂ© les ailes ! Ce livre-lĂ  est un roman – c’est Ă©critsur la couverture – plus vrai que vrai, obligeant Ă  Ă©couter cet Oiseau,Ă  le rĂ©Ă©couter encore. Toujours.Elvis Presley commence sa carriĂšre lorsque Parker – il mourra le 12 mars1955 chez la baronne Nica – accĂšde Ă  l’éternitĂ©, en juillet 1954. Cetterencontre avec Sam Phillips – producteur des disques Sun – a Ă©tĂ© plu-sieurs fois racontĂ©e ne serait-ce que parce que les marchands ont voulufĂȘter le soi-disant 50e anniversaire du Rock, l’an dernier. Il manquait pour-tant une biographie complĂšte de ce « poor white trash » accĂ©dant au sta-tut de lĂ©gende de son vivant, influençant tous les musiciens des annĂ©es60 Ă  qui, sans le vouloir, il montra la voie. Or Elvis ne fut ni plus ni moinsqu’un chanteur de blues. Son rĂ©pertoire le dĂ©montre, sa maniĂšre de sevĂȘtir, de se coiffer – les cheveux longs, la « banane » alors que la modeĂ©tait Ă  la coupe « GI» – viennent directement du ghetto noir de Mem-phis, « Beale Street », comme le blues qu’il chante. Le terme de Rock& Roll – Ă  connotation directement sexuelle et grossiĂšre – s’est imposĂ©pour faire oublier que « toute la musique que j’aime, elle vient de lĂ , ellevient du blues ». Et de la Country & Western. Cette alliance ne devaitpas se voir, sinon la sociĂ©tĂ© Ă©tatsunienne Ă©tait menacĂ©e d’explosion. Lesmots cachent ces rĂ©alitĂ©s pour laisser le racisme faire son Ɠuvre de divi-sion. Sebastian Danchin, spĂ©cialiste du blues, a rĂ©ussi le tour de forcede nous faire comprendre le phĂ©nomĂšne Presley. Et nous prĂ©senter sonentourage dont le fameux Colonel Parker – ni colonel, ni Parker – quimĂ©tamorphosera le rĂ©voltĂ© en marchandise pour son plus grand profitde joueur invĂ©tĂ©rĂ© et faussaire patentĂ©. Une histoire triste, et pas seule-ment amĂ©ricaine, d’un artiste vaincu par la barbarie du profit Ă  courtterme. Sa consommation excessive de mĂ©dicaments a Ă©tĂ© la seule façonde se construire un monde paralĂšlle pour continuer Ă  vivre. La thĂšse del’auteur, la revanche du sud contre les Yankees n’emporte pas totalementl’adhĂ©sion. ïżœ Nicolas BĂ©nies‱Charlie, Alain Gerber, 559 pages, Fayard. Elvis Presley ou la revanche duSud, Sebastian Danchin, 479 pages, Fayard/La Biographie.

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Beyrouth, années quatre-vingt : pendant lesconflits, la vie continue. Pour Lina, douzeans, la guerre fait rage au dehors mais

d’abord dans sa maison oĂč l’on est, dit larĂ©alisatrice, comme dans l’Ɠil du cyclone.Danielle Arbid, qui a dĂ©jĂ  regardĂ© son pays endocumentariste (Seule avec la guerre, 2000)cherche ici, dans une fiction teintĂ©e d’auto-biographie, Ă  reconstruire une mĂ©moire dis-persĂ©e oĂč se confondent les Ă©mois de la guerreet ceux de l’adolescence : attentes inquiĂštes,petites joies et grandes souffrances, premierbaiser et vie dĂ©vastĂ©e. Vue comme un nĂ©gatif photographique, l’his-toire d’hommes qu’est la guerre devient stric-tement une histoire de femmes : une enfant auregard sauvage que personne n’élĂšve, unemĂšre abandonnĂ©e, une vieille tante tyran-nique dont la guerre n’a pas modifiĂ© lesvaleurs, une petite bonne sensuelle en quĂȘte

feutrĂ© d’Arbid ni de l’hystĂ©rie filmique d’unGitaĂŻ qui construit l’horreur en reporter musclĂ©,ni du naturalisme compasionnel de Yedaya.Mais les trois films, mĂȘme s’ils semblent dĂ©tour-ner le regard des thĂ©Ăątres habituels de la vio-lence guerriĂšre, ont en commun de nous rap-peler qu’un pays est toujours en guerre lorsquele corps et l’ñme des femmes y sont des champsde bataille. ïżœ Jacqueline Nacache‱ Dans les champs de bataille, Danielle Arbid(France-Belgique-Liban).

insatiable de plaisir. Les bombes qui Ă©cla-tent au dehors resserrent le groupe dans lesabris et en exacerbent les tensions. Le corpsfragile de la petite Lina et ses beaux yeuxgraves sont le lieu oĂč s’affrontent, symboli-quement, les camps en prĂ©sence ; l’amour etla haine, la promesse et la trahison, la jouis-sance et la mort. On retrouve ici l’écriture inti-miste du trĂšs beau court-mĂ©trage ÉtrangĂšre,conjuguĂ©e avec le talent singulier de DanielleArbid pour disloquer les images tout en mĂ©na-geant la fluiditĂ© du rĂ©cit et des sentiments. Les coĂŻncidences de la distribution font qu’onne peut pas ne pas penser Ă  deux films israĂ©liensĂ©galement tournĂ©s vers la souffrance desfemmes : importĂ©es et vendues comme desanimaux dans Terre Promise (Amos GitaĂŻ),cherchant Ă  survivre comme on cherche Ă  mou-rir pour les prostituĂ©es de Mon trĂ©sor (KerenYedaya). Bien sĂ»r on ne rapprochera le style

regretter l’expĂ©rience de cette traversĂ©e nord-amĂ©ricaine du monde non pas selon Garpmais selon Bush : lui, les pommes pourries nel’inquiĂštent pas. Françoise Jeancolas-Audé‹ The corporation. Documentaire de Mark Achbaret Jennifer Abbott.

Le court se fait longSeul lieu qui rende vĂ©ritablement compte dujeune cinĂ©ma français dans toute sa diver-sitĂ©, le festival de Clermont-Ferrandaccueillera cette annĂ©e sa 27e compĂ©titionnationale, 17e internationale et 4e compĂ©ti-tion labo. Plus de 60 films français et 70 filmsinternationaux d’une cinquantaine de paysseront prĂ©sentĂ©s. Notamment un programmespĂ©cial NorvĂšge et un programme boxe, etbien sĂ»r des sĂ©quences scolaires, des ren-contres avec des rĂ©alisateurs, compositeurs...et le marchĂ© du film court. Tout autour, desexpos, animations, concerts, spectacles, etc.‱ Festival du court mĂ©trage, 28/01-5/02. Toutesles infos sur www.clermont-filmfest.com

Le court se fait livreDirigĂ©e par deux cinĂ©philes passionnĂ©s etdĂ©fenseurs de longue date du court mĂ©trage,cette somme couvre avec rigueur, prĂ©cision etenthousiasme, tous les aspects d’un formatmĂ©connu : histoire, esthĂ©tique, Ă©conomie,thĂ©orie. Pour maints cinĂ©astes, de Cocteau Ă Franju, de Vigo Ă  Marker, le court ne fut nibout d’essai ni salle d’attente du long, mais lecadre d’Ɠuvres fondamentales ; par-delĂ  sesmĂ©rites proprement esthĂ©tiques, le court estaussi le terrain oĂč s’épanouissent les formespĂ©riphĂ©riques, mal-aimĂ©es des structuresdominantes, expĂ©rimen-tal, militantisme et pro-pagande, danse et poĂ©sie.Le court mĂ©trage touche Ă tout, ce qui n’en fait pasun format dilettante, maisun lieu essentiel derĂ©flexion sur le film ;

l’histoire du court, nous rappelle ce beaulivre, c’est celle du cinĂ©ma tout court. J. N.‱ Une encyclopĂ©die du court mĂ©trage français,Jacky Evrard/Jacques Kermabon, Festival CĂŽtĂ©court. Ed. Yellow Now.

MUSIQUECompositrices et auteures du XXe siĂšcleUn chant Ă  soi est un partage de plaisirs etd’admirations, en mĂȘme temps qu’unegageure musicale ludique. Un programmeĂ©clectique et intense, qui raconte, avec unegĂ©nĂ©rositĂ© virtuose, qu’au-delĂ  des conquĂȘtesencore Ă  mener, crĂ©er au fĂ©minin c’est avanttout crĂ©er. Que la musique soit classique, dejazz ou populaire elle emporte tout. L’auteurfemme ou homme fait preuve du mĂȘme Ă©lan,du mĂȘme don.ƒuvres de Tori Amos, Lili Boulanger, Lind-say Cooper, Lydia Domancich, MargueriteDuras, Graciane Finzi, Sofia GoubaĂŻdoulina,Juliette, LĂ©a Kettering, Huguette LĂ©garĂ©, Mar-guerite Monnot, Nathalie Quintane, MartheVassallo, Virginia Woolf. Traditionnels bre-tons et irlandais. Avec Lydia Domancich(piano), Marthe Vassalo (chant), FrĂ©dĂ©riqueBruyas (lecture).‱ Un chant Ă  soi, 14 et 15/01 Ă  21 heures, au Triton.

Le Triton se veut club de jazz. Mais il setrouve de l’autre cĂŽtĂ© du pĂ©riphĂ©rique. Pour-tant sa programmation devrait retenir l’atten-tion. D’abord parce qu’il met en valeur lesmusiciennes, ensuite parce qu’il permet desrencontres prometteuses, comme celle du per-cussionniste François Merville et son quartetavec l’Ɠuvre Hermeto Pascoal, la banlieueet le BrĂ©sil. La musique Klezmer sera aussi dela fĂȘte. Les 28/01 et 18/02. Les autres musiquesne sont pas oubliĂ©es, la salsa, le 29/01, letango, le 3/02 et le jazz lui-mĂȘme, en parte-nariat avec la Mission Jazz 93, le 4/02.‱ Le Triton, 11 bis, rue du Coq-Français, 93260 LesLilas. M° Mairie des Lilas. RĂ©serv. au 01 49 728313. Prix des places 12,50 €. Tarif rĂ©duit 10,50 €.

CULTURECinéma/Théùtre/Spectacles/Expositions

Histoire de femmes

CINÉMALe monde selon Bush

Mark Achbarest l’auteurde Chomsky,les mĂ©dias etles illusionsnĂ©cessaires,un film sur lel i n g u i s t edepuis long-

temps contempteur du systĂšme Ă©tats-unien.Cette fois, pour comprendre l’entreprise, avecla cinĂ©aste Jennifer Abbott et le juriste JoĂ«lBakan – auteur en 1997 d’un essai sur l’en-treprise mondialisĂ©e qui interrogeait « Lanature de cette nouvelle institution domi-nante » – il a pris Ă  la lettre son statut de«personne morale ». Retenant le mot «per-sonne », les cinĂ©astes utilisent la clĂ© (sarcas-tique) de la psychanalyse pour en pĂ©nĂ©trermĂ©thodiquement l’inconscient. Il y a effet demasse et de coup de massue. Le film est long(2 h 25) et, soyons francs, Ă©prouvant. Lesinformations sont simultanĂ©es : plusieursniveaux de sous-titres s’ajoutent aux donnĂ©esde l’image montĂ©e court et de la bande-son.C’est en flux tendu que l’attention du specta-teur est sollicitĂ©e. De cette densitĂ© dĂ©mons-trative Ă©mergent, entre autres, des questions dedatation: l’enquĂȘte est-elle concomitante avecle scandale Enron peu Ă©voquĂ©? De mĂȘme ilest troublant que seuls les propos d’un traderfassent allusion au 11 septembre 2001 quiaurait Ă©tĂ© une belle opportunitĂ© de spĂ©culer surl’or. Il semble que le film ait Ă©tĂ© finalisĂ© Ă  uneĂ©poque oĂč on pouvait imaginer la dĂ©faite deBush et l’arrivĂ©e au pouvoir d’une adminis-tration plus attentive aux dĂ©rives du capita-lisme. À la fin de 2004, The corporation estpresque dĂ©jĂ  un document d’histoire.Soit. Pourtant la charge instruite par le dossierest passionnante. De sa complexitĂ© Ă©manentdes lumiĂšres rĂ©vĂ©latrices. Personne ne devrait

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Dans l’Ɠil du cyclone

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Daphnis et ChloĂ© de Ravel :un DVD prĂȘtĂ© aux enseignantsÉditĂ© par le SCEREN-CNDP en partenariat avecRadio France, ce DVD est mis Ă  la dispositiondes enseignants sous forme de prĂȘt dans lesCRDP, CDDP, CLDP. Il n’est pas destinĂ© Ă  la vente.RĂ©alisĂ© pour des Ă©lĂšves, par des Ă©tudiants dulycĂ©e de l’image et du son d’AngoulĂȘme, il proposedeux visions d’un concert : celle traditionnelleavec les instrumentistes sur scĂšne ; l’autre,inĂ©dite oĂč s’éclairent les diffĂ©rents pupitres del’orchestre en fonction des instruments quientrent en jeu. Le livret d’accompagnementdonne des pistes pĂ©dagogiques pour prĂ©parerle concert, permettre une Ă©coute attentive, etl’exploiter en classe.

Dix ans dĂ©jĂ La femelle du requin, revue littĂ©raire, fĂȘtera sesdix ans en 2005. Ce numĂ©ro permet de dĂ©couvrirun nouvel auteur, Thomas B. Reverdy, et deprendre conscience de l’importance de l’Ɠuvre deAntonio Tabucchi. Un dossier de 30 pages lui estconsacrĂ©. ‱ http://lafemelledurequin.free.fr

Deux clubs de jazzLe Triton se trouve de l’autre cĂŽtĂ© du pĂ©riphĂ©-rique. On sait que c’est une frontiĂšre difficile Ă franchir. Pourtant la programmation mĂ©rite qu’ons’y arrĂȘte. Les 26 et 27/11, Vicente Pradal proposede dĂ©couvrir les « canciones » des XVII et XIXe

siĂšcles. Un grand moment en perspective. Le 30,deux saxophones s’affronteront : Sylvain Cathalaau tĂ©nor et StĂ©phane Payen Ă  l’alto.Le New Morning, de son cĂŽtĂ©, invite Archie Shepp,saxophoniste mythique, et ses amis qui se pro-duiront le 25/11. Le 26, ce sera le tour de DavidMurray, autre saxophoniste tĂ©nor, dĂ©sormaisinstallĂ© en France. Le 1/12, ce sera un hommageĂ  Janis Joplin et le 2, le pianiste cubain – dont ledernier disque, Mulatos, Ota Records/Night &Day – Omar Sosa, qu’il ne faut pas rater.‱ Le Triton, BP 13, 11 bis, rue du Coq-Français, 93260 Les Lilas,http://www.letriton.com‱ New Morning, 7-9, rue des Petites-Écuries, 75010 Paris,http://www.newmorning.com

Depuis une trentaine d’an-nĂ©es, la crĂ©ation chorĂ©gra-phique ne cesse d’innover

et d’ĂȘtre marquĂ©e par une grandediversitĂ© d’expressions, un espacede mĂ©tissage et de brassageculturel. Un foisonnement dejeunes crĂ©ateurs et de compa-gnies, empruntant Ă  toutes lescomposantes de la crĂ©ationcontemporaine, du thĂ©Ăątre (PinaBausch fut l’une des plus presti-gieuses figures de ce rapproche-ment) aux visuels plastiques etcinĂ©matographiques, en passantpar les arts de la rue, la poĂ©sie...tout en gĂ©nĂ©rant aussi ses propresdĂ©couvertes et novations. L’ac-tualitĂ© tĂ©moigne de cette diver-sitĂ© et vivacitĂ©, d’un dĂ©ferlementd’imagination et de fantaisie.On danfe crĂ©ation «extravaganteet sensuelle» de JosĂ© Montalvoet Dominique Hervieu au ThĂ©ĂątreNational de Chaillot (20/1 au 19/2,en tournĂ©e avec notamment unarrĂȘt en juin Ă  la Maison des Artsde CrĂ©teil, oĂč la Cie en rĂ©sidence asu faire danser tout un quartier...);L’enfance de Mammame de Jean-Claude Gallotta au ThĂ©Ăątre del’Olivier (Istres, 1/2) ; TraversĂ©ed’ombres de la Compagnie Retou-

ramont – enrĂ©sidence Ă  laMaison duthĂ©Ăątre et de ladanse Ă  Epinay-sur-Seine quifourmille d’ini-tiatives – auThĂ©Ăątre duLierre Ă  Paris (19-22/1) avant decontinuer vers la salle Pablo-Neruda de Morsang-sur-Orge le31/1, au thĂ©Ăątre de Chatillon enmars... jusqu’à Chaillot et Ă l’OpĂ©ra-Bastille Ă  l’automne.Le mois de janvier est intĂ©grale-ment consacrĂ© Ă  des dĂ©couverteschorĂ©graphiques dans ce mĂȘmethĂ©Ăątre (www.letheatredulierre.com)et au ThĂ©Ăątre de la Bastilleaccueillant chaque mois de nou-velles crĂ©ations chorĂ©graphiques(«Tourlourou» de Carlotta Sagna,27-30/1, «Vaisseaux brĂ»lĂ©s» dePascal Gravat, 10-18/2)... Moinsprestigieuses mais reflĂ©tant aussiune grande diversitĂ©, des crĂ©ationschorĂ©graphiques se destinent plusparticuliĂšrement Ă  un jeune public.Au ThĂ©Ăątre Dunois (Paris 13e) enpermanence, notamment Trace delumiĂšre de la Cie Claire Laronde(26-30/1), et Ă  l’Espace Paris-

Plaine (15e) avec Le fabuleux des-tin de Sissi et François-JosephimaginĂ© par EthĂ©ry Pagava, ouplus ponctuellement au ThĂ©ĂątreFirmin GĂ©mier d’Antony (92)accueillant Curieuses, un voyageoriginal dans l’univers de Barbe-Bleue (26/1) ou Ă  l’Étoile du Nord(75018) avec un mini-festival du11 au 29 janvier...Dans le prochain Mag, nous don-nerons la parole Ă  Michel Caserta,chorĂ©graphe, chercheur et fonda-teur-directeur infatigable de labiennale nationale de danse duVal-de-Marne, qui, depuis plusde 20 ans, a accompagnĂ© etcontribuĂ© Ă  l’émergence de nou-veaux talents... ïżœ

Philippe LavilleLes lieux Ă©voquĂ©s dans ce texte sont par-tenaires de «RĂ©duc’SNES», Chaillot appli-quant un tarif rĂ©duit Ă  tout enseignant(coordonnĂ©es et prĂ©cisions sur les spec-tacles sur www.snes.edu).

Sortez avec RĂ©duc’SNESElĂ©ments de programmation de quelques nou-veaux ou fidĂšles partenaires :‱ Centre culturel Marcel Pagnol Ă  Bures-sur-Yvette (01 69 18 79 50) Les chardons rouges, deJean-Jacques Greneau, sur la rĂ©sistance d’HelzaĂ  Grozny, « comme un chardon rouge enracinĂ©dans les pierres » au milieu de « cette guerre quin’a de logique que par la raison du plus armĂ© etqui engendre la violence des opprimĂ©s », Ă©lĂ©-ment d’un cycle « Chantiers de guerre» crĂ©Ă© parla Compagnie du Minotaure (5/02, prĂ©cĂ©dĂ© Ă  17hd’une confĂ©rence-dĂ©bat dans le cadre du 60e

anniversaire de la victoire sur le nazisme : «RĂ©sis-tance/terrorisme ? » animĂ©e par Lucie Aubrac,avec la participation de la porte-parole des mĂšresde soldats russes envoyĂ©s en TchĂ©tchĂ©nie...).‱ Centre dramatique de Thionville-Lorraine(nouveau nom du TPL, 03 82 82 14 92) Bar suivide La Festa, les remous de la sociĂ©tĂ© sicilienneĂ©crits par Spiro Scimone mis en scĂšne par Lau-rent Vacher (11-15/01).‱ChĂąteau de Morsang-sur-Orge (01 69 72 2030)le ThĂ©Ăątre du Conte Amer prĂ©sente 4 piĂšces deMonique Enckell questionnant avec constanceet humour notre monde Ă  la dĂ©rive, la spoliationdes richesses, les injustices... (18-30/01).‱ ThĂ©Ăątre du Chaudron (75012 Cartoucherie(01 43 28 97 04) Georges Sand Ă  l’AssemblĂ©enationale, une femme en politique, un hommageĂ  cette militante de la libertĂ© et des luttes contrel’injustice et la misĂšre, contre la peine de mortet pour les droits des femmes... conçu et rĂ©alisĂ©par Jeanne Champagne (6-12/01).‱ThĂ©Ăątre du ChĂȘne Noir Ă  Avignon (04 90 8240 57) adaptation trĂšs contemporaine du grandpoĂšme Ă©pique du Prix Nobel de littĂ©rature FrĂ©dĂ©ricMistral, Mireille par GĂ©rard Gelas (14/01-4/02).‱ThĂ©Ăątre International de Langue Française :Un obus dans le cƓur de l’auteur libanais/quĂ©becoisWajdi Mouawad, une histoire de voyage Ă  travers lesquestionnements de la vie comme les perçoivent lesenfants... mise en scĂšne Christian Gagneron (toutpublic dĂšs 14 ans, 25/01-19/02, 01 40 03 93 90).‱ ThĂ©Ăątre Jean-Vilar Ă  Vitry (01 55 53 10 60)crĂ©ation par Caroline Gautier et Carlo Carcanod’un opĂ©ra poĂ©tique et humoristique dont le per-sonnage principal est une classe reprĂ©sentĂ©epar un chƓur d’enfants, d’aprĂšs l’Ɠuvre d’Ed-mondo de Amicis, particuliĂšrement de « Cuore »,cĂ©lĂšbre roman de 1884, contemporain de Pinoc-chio... (22-23/1).‱ ThĂ©Ăątre de l’Olivier Ă  Istres (04 42 55 24 77)avec le 7e festival des arts du geste Les Ă©lancĂ©esassociant spectacles de danse, cirque, thĂ©Ăątrevisuel... (fĂ©vrier).‱ThĂ©Ăątre de la TempĂȘte (Cartoucherie, 01 43 2836 36) Le procĂšs de Kafka, mis en scĂšne parPhilippe Adrien, directeur du thĂ©Ăątre (11/01-13/02;rencontre-dĂ©bat aprĂšs le spectacle du 13/01).‱ ThĂ©o-ThĂ©Ăątre (01 45 54 00 16) pour dĂ©couvrirde jeunes compagnies avec Hors course de BenoitMarbot (jusqu’au 19/02), Demande Ă  la pous-siĂšre de John Fanche (jusqu’au 5/02), Lescaprices de Marianne de Musset par la CompagnieLa Strada (jusqu’au 6/02).DĂ©tails sur ces lieux et programmations, etd’autres composantes de l’actualitĂ© culturellesur le site du SNES Ă  l’adresse www.snes.edu/snesactu/ rubrique culture... avec l’accĂšs per-manent Ă  la base « RĂ©duc’SNES » rĂ©pertoriantla centaine de lieux accessibles Ă  tarif rĂ©duitpour les syndiquĂ©s... [email protected]

pour son 80e anniversaire. Il Ă©vo-quera, Ă  ce propos, les carriĂšres etles musiques de Arnold Schön-berg – musicalement progressisteet politiquement rĂ©actionnaire –et de Hanns Eisler, le composi-teur attitrĂ© de Brecht comme dethĂšmes rĂ©volutionnaires.Pour terminer dans la beautĂ© etdans la danse ce trimestre, la citĂ©se penche sur la MPB, musiquepopulaire brĂ©silienne, avecforums, concerts et diversesexpressions pour aborder ce pays-continent (du 19 au 29/03).Le cinĂ©ma ne sera pas oubliĂ©avec les films de Walter Sallesreliant Paris et le BrĂ©sil pouressayer dedĂ©finir desn o u v e l l e sformes denarrations.‱ Rens. au 0144 84 44 84.w w w . c i t e -m u s i q u e . f r

MUSIQUELe monde tel qu’il devrait ĂȘtre

Comme chaqueannée, depuis cinqans maintenant, lafédérations desassociations desmusiques et dansest r a d i o n n e l l e s(FAMDT) organiseen partenariat avecla Maison des Cul-

tures du Monde et l’IRMA, unfestival PlanĂštes Musiques pourfaire se rencontrer toutes lesmusiques du monde. Une sorte demanifeste pour un autre monde,ouvert sur les autres cultures etcapable de dialoguer les unes avecles autres. Un programme ouver-tement opposĂ© aux principesmĂȘmes du libĂ©ralisme. Un acte defoi dans notre commune huma-nitĂ©. Il aura lieu du 24 au 26/02 Ă Paris, avec la tenue de deux tablesrondes sur Sauvegarde du patri-

moine immatĂ©riel et musiques tra-ditionnelles en France (le 25) etPourquoi diffuser des musiquestraditionnelles/musique dumonde ? (le 26 Ă  10 h), troisconcerts et une sortie d’album.Une tournĂ©e sera ensuite organisĂ©epassant par Bouguenais (44), le14/04, St-Bonnet prĂšs de Riom(63) du 13 au 16/05, Tulle (19) le18/03... Nicolas BĂ©niĂšs‱ Rens. au 05 49 95 99 90,www.famdt.com

Un festival permanentLa citĂ© de la musique proposeplusieurs rencontres. Beetho-ven/Chostakovitch face au pou-voir avec l’orchestre sympho-nique de Budapest et un forum(21 et 22/01), Le blues urbain(28 et 29/01) donc une nuit dublues avec Jean-Jacques Milteauet Mighty Mo’ Roddgers, unelĂ©gende. Pierre Boulez sera l’in-terlocuteur du thĂšme Musiquepure engagĂ©e (du 5 au 22/02),

Ont participé à la conception de ces pages : Nicolas BéniÚs, Françoise Jeancolas, Philippe Laville, Jacqueline Nacache.

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DANSE ET CRÉATION CONTEMPORAINE

Un monde enchanté

Voyage culturelSyrie-Liban, carrefour des civilisations, du 26/04 au7/05 (dĂ©part de Paris). RĂ©duc’SNES s’applique aussiĂ  cette initiative d’une association animĂ©e par des col-lĂšgues, organisatrice de sĂ©jours et de cours de languesĂ  BĂšgles (33) : 05 56 85 62 70 ou 06 09 27 04 31.

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42 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

CULTUREMultimédia

La demande de ressources pourl’enseignement du français langueĂ©trangĂšre (FLE) a considĂ©rable-ment augmentĂ© ces derniĂšresannĂ©es, y compris parmi nos col-lĂšgues enseignant en France, etĂ©galement pour des actions hors ducadre scolaire. LĂ  encore, mĂȘme siInternet n’est Ă©videmment pas lapanacĂ©e, il serait dommage de nepas s’intĂ©resser aux possibilitĂ©soffertes par le rĂ©seau. On peut eneffet y trouver rĂ©ponse complĂšteou partielle aux divers besoins :‱ acquĂ©rir des compĂ©tences ouconnaĂźtre les modalitĂ©s d’une cer-tification ;‱ contacts ou adresses ;‱ travaux de didactique deslangues ;‱ pistes pĂ©dagogiques, Ă©ventuelle-

ment fiches prĂȘtes pour l’utilisationen classe ;‱ exercices et logiciels en ligne ou Ă tĂ©lĂ©charger, rĂ©fĂ©rences de cĂ©dĂ©roms ;‱ bibliographies... ou catalogues.On trouve ainsi des sites (et rĂ©fĂ©-rences) pour travailler les quatrecompĂ©tences :1. l’expression Ă©crite Ă  l’aide ducourrier Ă©lectronique, par la parti-cipation Ă  des forums, des crĂ©a-tions collectives, jeux, ateliersd’écriture dirigĂ©e... ;2. la comprĂ©hension Ă©crite avec lapresse Ă©crite, les contes... ;3. la comprĂ©hension orale Ă  l’aide delogiciels, en Ă©coutant des radios... ;4. l’expression orale avec des logi-ciels, voire en communicant avecdes internautes Ă  l’aide d’unmicrophone et d’une webcam.

Et on trouve Ă©videmment aussides ressources pour acquĂ©rir desconnaissances : vocabulaire, gram-maire...Les listes de diffusion et forumssont bien utiles pour Ă©changerentre collĂšgues du FLE et on peutmĂȘme en crĂ©er pour amener lesĂ©lĂšves Ă  communiquer. Par ailleurs, on profitera de l’exis-tence de sites en France comme Ă l’étranger pour varier les approchesou trouver la dĂ©marche adaptĂ©e Ă sa propre situation ; et on n’ou-bliera pas tout ce qui sert au FLE

ET AUSSI, TOUJOURS POUR LE FLE

‱ MĂ©thodologis http://perso.wanadoo.fr/methodologis/. Portail rĂ©alisĂ© par Pierre Picard,professeur au Centre Audiovisuel de Royan pourl’Étude des Langues. Voyez par exemple Civilisation.

‱ FIPF http://www.fipf.org/index_ressources.htm.Site de la FĂ©dĂ©ration internationale des profes-seurs de français. Des fiches pĂ©dagogiques (“Quoifaire avec
”), des liens (“mĂ©dias”, “que faireavec les mots ?”), des projets d’échanges.

‱ Le monde du FLE http://fle.asso.free.fr/liens/index.htm. Site des associations de françaislangue Ă©trangĂšre, ADACEF, ANEFLE, ASDIFLE etSIHFLES, avec notamment des ressources pĂ©da-gogiques autour de NoĂ«l, de la chanson, de labande dessinĂ©e, etc. À connaĂźtre aussi pour les

adresses de listes de diffusion et forums, asso-ciations, syndicats...

‱ EduFLE.net http://www.edufle.net/article111.html.40 sites de grande qualitĂ© sĂ©lectionnĂ©s en fonc-tion de l’avis des utilisateurs, commentĂ©s, clas-sĂ©s : arts, chansons et comptines, culture,expressions idiomatiques et proverbes, gram-maire, jeux, littĂ©rature, outils de rĂ©fĂ©rence, pro-duction et comprĂ©hension, prononciation etvocabulaire.

‱ Francofil http://www.francofil.net/fr/fle_fr.html.Centre de ressources acadĂ©miques, scientifiqueset culturelles sur les pays francophones. À noter :liens vers institutions, Ă©changes linguistiques,recherche d’emploi.

‱ Francophonie : http://www.francophonie.org/(agence de la francophonie), http://dglf.cul-ture.fr/ (DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  la langue fran-çaise, avec pages sur la francophonie, la languefrançaise et les textes littĂ©raires, la traduc-tion, etc.), http://www.auf.org (agence uni-versitaire de la francophonie Ă  MontrĂ©al).

‱ Espace pĂ©dagogique FLE : http://www.u-grenoble3.fr/espace_pedagogique/index.html.

‱ À visiter : http://www.francparler.org/cgi/index.pl, un site de l’agence intergouvernemen-tale de la francophonie.

‱ Catalogue des listes de diffusion francophones :http://www.francopholistes.com/ et http://www.fr.net/news-fr/liste.html.

Pour le FLE, que chercher sur Internet ?

Ne nĂ©gligez pas d’utiliser pour le FLE des sites aussi divers que cesquelques exemples arbitraires (vous trouverez Ă©videmment des listes plusĂ©toffĂ©es sur les portails principaux).‱ Comptines, chansons et poĂ©sies : http://www.momes.net/comptines/

index.html‱ Chansons populaires : http://www.geocities.com/Vienna/Choir/7173/

index.htm‱ PoĂ©sie : http://poesie.webnet.fr/‱ Ambassades de France : http://www.adit.fr/‱ Guide de l’Internet culturel : http://www.culture.gouv.fr/culture/int/‱ AssemblĂ©e nationale : http://www.assemblee-nat.fr/‱ GĂ©ographie de la France : http://www.france.diplomatie.fr/ rubrique

dĂ©couvrir la France.‱ Histoire et gĂ©ographie : http://www.ac-toulouse.fr/histgeo/‱ Exercices du Gril : http://www.univ-tlse2.fr/gril/‱ Orthonet, du Conseil international de la langue française

http://www.cilf.org/ (histoire de l’orthographe, etc.).‱ TrĂ©sor de la langue française : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm‱ Cours de la BBC : http://www.bbc.co.uk/education/languages/french/

index.shtml‱ Ressources sur les langues (ministùre de la Culture) : http://www.culture.fr/

culture/dglf/liens/liens.htm‱ RĂ©pertoire de ressources Ă©ducatives en français : http://www.lettres.net/‱ Radio France International : http://www.rfi.fr/‱ Radio France : http://www.radiofrance.fr/

NE NÉGLIGEZ PAS

FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE - FRANÇAIS LANGUE SECONDE

Des ressources sur le réseau

sans ĂȘtre fait pour le FLE : sites desmĂ©dias, journaux et revues Ă©crits,des radios, ou sites prĂ©sentant civi-lisation, histoire, gĂ©ographie, ins-titutions... et pourquoi pas le jar-dinage !Nous vous proposons quelquesliens, certains Ă©tant des portails siriches qu’un seul serait dĂ©jĂ  sus-ceptible de vous guider dans unelongue exploration aussi fructueuseque diversifiĂ©e. AprĂšs essai, vousgarderez dans vos signets un petitnombre de sites pour une grandevariĂ©tĂ© de types de recherches. ïżœ

©D

R

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 43

‱ fle.fr http://www.fle.fr/. Portailde rĂ©fĂ©rence, animĂ© par l’Espaceuniversitaire Albert Camus deMontpellier, sĂ©lection commen-tĂ©e des meilleurs sites pour pro-fesseurs et Ă©tudiants : ressourcespĂ©dagogiques, certifications etformations du FLE... Ne nĂ©gligezpas la rubrique Le cartableconnectĂ© qui conduit celui quiapprend Ă  des activitĂ©s (orales,etc.) en fonction de ses besoins.‱ ÉduFLE.net http://www.edufle.net/. Site coopĂ©ratif, lieud’échanges entre les acteurs FLE.Nombreuses ressources (dossiersdidactiques, activitĂ©s et exercices,bibliographie) trĂšs bien commen-tĂ©es. Ne manquez pas la rubriqueRechercher, avec activitĂ©s et exer-cices en ligne classĂ©s selon unetypologie dĂ©taillĂ©e (grammaire,vocabulaire, Ă©coute/oral, Ă©crit, etc.).‱ EduSud http://www.edusud.org/ressources/fle/sitographie.html. Portail du RĂ©seau africainde formation Ă  distance (RESA-FAD), avec des liens largementcommentĂ©s. À noter : formation Ă distance, cĂ©dĂ©roms, français prĂ©-coce, français sur objectifs spĂ©ci-fiques, enseignement bilingue, etc.). ‱ ClicNet http://clicnet.swarthmore.edu/fle.html. Cet annuairede 400 ressources pĂ©dagogiquespour animer les cours, classĂ©s partypes d’activitĂ© et niveaux requis

a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par Carole Netter, ensei-gnante de français Ă  l’UniversitĂ©de Swarthmore (USA).

‱ Bonjour de France http://www.bonjourdefrance.com/.L’école Azurlingua de Nice, offrefiches pĂ©dagogiques complĂštes(documents didactisĂ©s, dĂ©roulementdes sĂ©quences...), directement uti-lisables en classe, deux forums, etc. ‱ FLE sitographie http://perso.wanadoo.fr/fle-sitographie/. Lesite de Thierry Lebeaupin (centrede linguistique appliquĂ©e, Besan-çon) est rĂ©guliĂšrement mis Ă  jour,trĂšs riche, bien classĂ©. À noter :liens vers les mĂ©dias franco-phones (journaux, radios), versles dictionnaires gĂ©nĂ©raux et spĂ©-cialisĂ©s, vers des moteurs derecherche. « J’ai crĂ©Ă© ce site pouravoir un outil de travail me ser-

vant au CLA comme Ă  l’étrangeret montrant concrĂštement Ă  quoipeut servir Internet. J’expose unepratique qui me convient tout enpensant qu’elle peut aussi conve-nir Ă  d’autres. En fait si la mon-dialisation effraie certains, onpeut Ă©galement parier qu’elleserve “l’intelligence distribuĂ©e”et favorise la transmission de l’in-formation, la connaissance descultures, le renouvellement pĂ©da-gogique, et surtout la communi-cation grĂące au travail collabo-ratif, dimension la plus novatriced’Internet.»

‱ L e w e b o s c o p e h t t p : / /millennium.arts.kuleuven.ac.be/weboscope/ Guide pour les res-sources en didactique du FLE surInternet, il s’adresse surtout aux(futurs) professeurs de FLE.Rubriques pour l’utilisation d’In-ternet, pour lire, Ă©crire, Ă©couter,parler et une sĂ©rie d’activitĂ©svisant l’intĂ©gration maximale desdiffĂ©rentes compĂ©tences. Et aussides outils de travail des connais-sances, grammaire, vocabulaire,interculturel. ïżœ

Le tracĂ© des courbes mathĂ©matiques peut ĂȘtre grandement facilitĂ© par desoutils informatiques. Pour l’élĂšve qui veut vĂ©rifier son travail commepour l’enseignant qui veut intĂ©grer ces tracĂ©s dans un cours ou un exer-cice, sur papier ou sur un site Internet, sans avoir Ă  passer par le scanner. Sous Linux, on pourra utiliser :‱ kmplot (du bureau KDE) qui contient de nombreuses fonctionnalitĂ©s,tracĂ© de courbes en coordonnĂ©es orthogonales ou polaires, fonctionsexplicites ou paramĂ©triques, combinaisons de fonctions (possibilitĂ© dechoix de couleurs, de l’échelle du quadrillage), les fonctions dĂ©rivĂ©es, lestangentes. Il sera ensuite possible d’imprimer la composition ou del’exporter au format pdf en passant par la fonction Imprimer ou unautre format en faisant une capture d’écran. Documentation en français :http://docs.kde.org/fr/HEAD/kdeedu/kmplot/.‱ Mathplot permet en plus du tracĂ©, le positionnement de points, de tan-gentes, des intersections avec l’axe x’x, sur la courbe, des minima et/oumaxima, les points d’intersections de deux courbes avec affichages descoordonnĂ©es. On peut mĂȘme tracer les solutions des systĂšmes d’inĂ©qua-tion. Page officielle : http://merd.sourceforge.net/pixel/mathplot.html. Mais chacun trouvera bien entendu ces deux logiciels libres dans sa dis-tribution Linux.À noter aussi un programme gratuit multiplate-forme, car Ă©crit en Java,que vous pourrez donc utiliser dans un navigateur sous Mac ou Linux ouWindows. Il offre en plus la possibilitĂ© de tracer des courbes en 3D, maisne permet ni la sauvegarde, ni l’exportation, ni le choix des couleurs (il fau-dra faire des captures d’écran). Voir http://vallyr.club.fr/java.html.Rubrique suivie par Claude Micouin : [email protected].

DES NOUVELLES DES LOGICIELS « ALTERNATIFS »

Pages réalisées par Alain Prevot pour Adapt-SNES 237, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, tél. : 01 40 63 27 70

[email protected]À partir des donnĂ©es rĂ©unies par MarylĂšne Cahouet, ValĂ©rie Sultan, ChristineChollet. De nombreux liens et commentaires sont Ă©videmment tirĂ©s des portailsci-dessus.Ces articles sont soumis Ă  la licence libre GPL, c’est-Ă -dire que la reproductionexacte et la distribution intĂ©grale sont permises sur n’importe quel support, Ă autant d’exemplaires que vous le dĂ©sirez, pourvu que cette notice et lesmentions de copyright soient prĂ©servĂ©es.Tous les articles multimĂ©dias parus dans L’US Magazine, des centaines de testsde cĂ©dĂ©roms, de nombreux liens, le catalogue des publications d’Adapt (commandeen ligne possible) sur http://www.adapt.snes.edu

NOS SITES DU MOISUn site Ă  suivre

L’association SĂ©samath s’efforcede dĂ©velopper une mutualisationde ressources Ă  l’intention descollĂšgues de mathĂ©matiques.Avec en particulier des logicielset exercices gratuits (par tĂ©lĂ©-chargement en ligne) ou regrou-pĂ©s sur un cĂ©dĂ©rom diffusĂ© parGĂ©nĂ©ration-5 pour un prix rai-sonnable. ‱ Allez voir au moins le portail sĂ©sa-

math http://www.sesamath.net.Vous pouvez téléchargerMathEnPoche, logiciel libre.

‱ Si vous prĂ©fĂ©rez, pour 20 euros,un CD, une interface graphique« professionnel le », uneversion enregistrant les scores,etc., informez-vous surhttp://www.generatio5.fr.

Nous avons expliquĂ© dĂšs le second dossier (US Magazine 11/99) pourquoil’Éducation nationale et ses personnels se devaient de dĂ©velopper l’utilisa-tion de logiciels libres : pour des raisons relatives aux valeurs que nousavons pour mission de transmettre, pour des raisons pĂ©dagogiques, pour desraisons pratiques et Ă©conomiques. Nous revenons trĂšs rĂ©guliĂšrement sur cesquestions et nous avons crĂ©Ă© une rubrique spĂ©cifique. Nous pensons cepen-dant que seront amenĂ©s Ă  installer et utiliser de tels logiciels, soit les collĂšguesbien au fait des questions informatiques, soit les collĂšgues qui auront pro-gressivement dĂ©veloppĂ© leur utilisation des ordinateurs qui les entourent, quelsqu’ils soient. Nos articles donnent le plus souvent la prioritĂ© Ă  ces collĂšgues,qui ne gĂšrent pas le rĂ©seau d’établissement et hĂ©sitent Ă  demander le rem-placement du pack Microsoft en vente quasi-forcĂ©e (et payĂ© avec l’achat del’ordinateur) par un pack de logiciels libres, systĂšme d’exploitation compris.Dans cet esprit, nous avons expliquĂ© le mois dernier (et ce n’est pas la pre-miĂšre fois !) comment rĂ©aliser des outils pĂ©dagogiques et nous avons dĂ©critpar dĂ©faut les commandes usuelles sur des logiciels MS trĂšs connus. Notrepropos n’étant pas d’inciter Ă  prĂ©fĂ©rer MS, nous avons prĂ©cisĂ© que lamĂ©thode Ă©tait identique sur certains logiciels libres et, sur deux sites citĂ©s,l’un explique comment faire des diaporamas avec OpenOffice.org, libre,gratuit, facile, performant... Si, aprĂšs cela, quelqu’un cherche Ă  se procurerPWPT... c’est Ă  n’y rien comprendre !Nous avons reçu quelques rĂ©actions hostiles. Hostiles Ă ... ? À l’utilisation deslogiciels MS ?... Comme nous le redisons chaque mois, il est maintenant trĂšsfacile de faire d’autres choix sans perte de temps. Nous vous renvoyons auxarticles dĂ©jĂ  parus : Pourquoi et quels LL (11/99 et 12/01) ? Des rĂ©seaux libresdans les Ă©coles (12/2002) ; installer Linux (06/04) ; notre rubrique Logicielslibres et alternatifs chaque mois, etc. Et bientĂŽt ce dossier : S’équiper en LLfacilement, chez soi et dans l’établissement, pour toutes les fonctions clas-siques, facilement, rapidement, avec des logiciels performants. Ces texteset des liens sont sur notre site. Lequel est en cours de transfert sous Spip(libre) avec, dĂ©jĂ , notre catalogue de publications et, prochainement, unerubrique consacrĂ©e aux LL, restructurĂ©e. Alain Prevot, pour Adapt

MICROSOFT OU LOGICIELS LIBRES ? POUR QUI « ROULE-T-ON » ?

Sur le Web, les incontournables du FLE

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au centre (il est un roi), soit en leplaçant Ă  l’extĂ©rieur (il est unĂ©tranger). Dans les deux cas, il nepeut se structurer. Nous savonsaujourd’hui que les processusd’apprentissage doivent permettreque le sujet qui apprend Ă©tablisseun rapport avec le monde. Ce quiconduit alors Ă  Ă©voquer desnotions comme celle de libertĂ© etde bonheur : la libertĂ©, ce n’estpas une facultĂ© que l’on apprenden soi, c’est le produit d’uneconnivence avec des contraintes.Le bonheur, ce n’est pas rĂȘverd’éliminer un jour toutes lescontraintes, c’est apprendre à« jouer » avec. Le bonheur estdonc la consĂ©quence d’un « tra-vail » dans l’imprĂ©vu fait de« noces longues »(1) et dĂ©sintĂ©-ressĂ©es. Le CREPS Aquitaineorganise autour de ce thĂšme les15, 16 et 17 mars prochain (2005)un colloque intitulĂ© « art de jouer,art de vivre... » oĂč se rencontrerontphilosophe, artiste, entraĂźneurs... (2)

Pour en revenir au problĂšme d’in-terdisciplinaritĂ©, je prendrail’exemple des cours d’anatomieque nous donnons dans nos Ă©ta-blissements. Il y a une façon clas-sique d’enseigner cette matiĂšre,façon que l’on pourrait qualifierde « trĂšs chirurgicale ». Maisquel sens cela a-t-il rĂ©ellementcompte tenu des problĂšmes qui seposent Ă  nous en matiĂšre d’en-

traĂźnement ? Si l’omoplate, parexemple, n’est plus simplementdĂ©crite mais problĂ©matisĂ©ecomme un Ă©lĂ©ment de la posturebipĂšde permettant de faire face de

lui un invisible qui est une vĂ©ri-table conception du monde. Or jepense que cette conception est laplupart du temps nĂ©gligĂ©e alorsque c’est sur elle que tout repose.Parler d’exercice, c’est – celadevrait ĂȘtre – parler de l’appren-tissage de « quelque chose » parun individu qui, en l’apprenant,s’humanise. De quelle nature estcette chose, de quel homme est-il alors question et pour quelhomme cet apprentissage est-ilentrepris ? Malheureusement cemoment de rĂ©flexion en amontde l’apprentissage ne sembleguĂšre faire problĂšme dans lesmilieux de l’entraĂźnement sportifcomme dans les milieux de l’édu-cation. De façon gĂ©nĂ©rale, noussommes trop centrĂ©s sur lescontenus et nĂ©gligeons la partd’invisible qui porte sur le sens.Aucun contenu n’est porteur desens en lui-mĂȘme. Le sens, c’estchacun d’entre nous qui leconstruit avec sa propre histoirede vie en interrogeant sans cesseles reprĂ©sentations Ă  priori qui

L’US : François Bigrel, vous ĂȘtesl’instigateur des Rencontres duCREPS Aquitaine qui traitenttous les quatre ans de thĂšmesdĂ©bordant largement le cadre dela seule pratique sportive. Vousavez produit en 2001 par exemple« Variations sur l’exercice », unouvrage collectif qui constituejustement les actes des rencontresde cette annĂ©e-lĂ . Que voulez-vous interroger dans la pratiquede l’exercice ?F. B. : Prenons l’exemple de l’en-seignement des sports collectifscomme le basket ou le handball.Il est frĂ©quent de faire prĂ©cĂ©derces apprentissages d’un jeu« idĂ©al », la « passe Ă  dix » censĂ©eapprendre aux jeunes Ă  se passerla balle afin qu’ils transfĂšrent celaensuite dans le jeu lui-mĂȘme. JeconsidĂšre aujourd’hui que nonseulement cet exercice ne permetpas d’avancer dans l’apprentis-sage de ces sports, mais pire, qu’ilgĂȘne cet apprentissage. Il est vraique quand on observe un matchde handball, on voit bien que lesjoueurs se font des passes et on enconclut « aisĂ©ment » qu’il fautfaire des passes pour jouer auhand. Malheureusement faire despasses n’est pas du tout la finalitĂ©du jeu. Cette finalitĂ© est de faireface Ă  l’incertitude posĂ©e par lessituations de jeu dans laquelle,certaines fois seulement, la passeest nĂ©cessaire. On joue pourinventer en situation des solutionspermettant de rĂ©soudre les pro-blĂšmes, Ă  chaque fois originaux,qui s’y posent. La « solution » enhandball, ce n’est pas de faire dixpasses, c’est de marquer un but !Celui qui a la balle en main doitdonc dĂ©cider ou de tirer ou depasser la balle et il faut alors, pourl’entraĂźner, le replacer dans lecontexte des « exigences de lasituation ». Il faut qu’il se frotte Ă ce que Miguel Benasayag appelledes « conditions nĂ©cessaires »,pour qu’émerge le comportementadaptĂ© du handballeur. Entre une« pĂ©dagogie de la passe » pouramener au handball, et une pĂ©da-gogie du handball par lui-mĂȘme,il y a un monde. Que ce soit dans la pratique spor-tive ou dans d’autres champs desavoirs, l’exercice charrie avec

existent ici ou lĂ . La situationsportive de compĂ©tition a unedouble singularitĂ© : l’originalitĂ©des circonstances qui la dĂ©finis-sent, lesquelles en nombre quasi

infini rendent la situation nĂ©ces-sairement unique (et donc imprĂ©-visible pour une part), et l’indi-vidu qui vit cette situation, qui estun ĂȘtre singulier. La question estdonc celle du sort « philoso-phique » que l’on fait subir Ă  lanotion de « situation », et, der-riĂšre cette question, c’est cetteautre, trĂšs ancienne, du rapportentre le sujet et l’objet.

L’US : En quoi votre recherchepeut-elle interpeller d’autreschamps disciplinaires ?F. B. : Justement en interrogeantles reprĂ©sentations du sujet d’unepart et les connaissances et lessavoirs d’autre part. Il y a deuxfaçons d’évincer ce sujet de l’acted’apprendre : soit en le plaçant

PORTRAIT UNE PRATIQUE PÉDAGOGIQUE

”L’exercice charrie avec lui une vĂ©ri

Repenser l’exigence de « haut niveau »

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façon originale Ă  l’environne-ment, cela prend tout de suiteune autre dimension. C’est auformateur d’organiser et d’assu-mer le savoir original qu’ilconstruit et propose en s’ouvrantĂ  des champs thĂ©oriques mul-tiples parce que, tout simplement,compte tenu de la mission quilui est confiĂ©e, il a trouvĂ© ce senslĂ  « pour lui ». Le grand pro-blĂšme est donc celui de la for-mation des formateurs. L’anatomie dont nous avons besoinn’est pas celle du chirurgien. Il ya un savoir d’ordre anatomique Ă amĂ©nager en s’appuyant sur la

connaissance de la connaissanceque, par tradition, nous mĂ©con-naissons : le bon formateur c’estcelui qui n’a jamais abandonnĂ© laquestion qui l’a mis, lui, en tra-vail. Il faut alors parler des sciencesen montrant leur degrĂ© relatif devaliditĂ© et cesser de les « fanati-ser », ce qui est toujours une solu-tion de facilitĂ©. D’une part, elles nedisent pas la vĂ©ritĂ© mais une vĂ©ritĂ©parmi d’autres et ne sont d’aucunsecours en matiĂšre de choixĂ©thique. Pour former vĂ©ritablement,il faut apprendre avant tout auxjeunes de quelle nature est le savoir.Pour cela, il faut par exempleenseigner en faisant de l’épistĂ©-mologie, en retraçant la genĂšsedes connaissances, en montrantcomment les scientifiques qui

s’appuient sur les mĂȘmesconnaissances proposent pour-tant des modĂšles explicatifsconcurrents... Ce n’est pas seu-lement en voyant tomber lapomme que Newton a fait sesdĂ©couvertes...

L’US : OĂč se situent les freinspour transformer la formationdes formateurs ? F. B. : Il y a quelques annĂ©es estparu dans La Recherche unarticle intitulĂ© « La maladie del’orme, ou l’ignorance ensciences ». Cet article racontaitl’anecdote suivante : les ormes

ont eu une maladie au XIXe siĂšcleĂ  Paris. Un botaniste a Ă©tudiĂ© etsoignĂ©, Ă  ce moment lĂ , cettemaladie. Actuellement les ormesont cette mĂȘme maladie mais per-sonne ne peut les guĂ©rir. Alors onles coupe ! Cet article souhaitaitmontrer que quelquefois « lascience crĂ©e de l’ignorance »parce qu’aujourd’hui, il y a unspĂ©cialiste de l’écorce qui est Ă Tokyo, un autre, spĂ©cialiste del’aubier, qui est Ă  San Francisco...L’UniversitĂ© a construit son pou-voir sur quelques illusions quiont conduit Ă  une perte impor-tante de sens. En privilĂ©giant le« comment », nous avons nĂ©gligĂ©le « pourquoi ». Or les princi-paux paradigmes ayant cours Ă l’UniversitĂ© ont maintenant cinq

siĂšcles. Pourquoi continuent-ilsde « travailler » sans ĂȘtre inter-rogĂ©s alors qu’ils influencent for-tement une certaine conceptionde la formation des maĂźtres ?Pourquoi ne savons-nous formu-ler l’exigence de « haut-niveau »qu’à travers la lecture autorisĂ©epar ces paradigmes-lĂ  ? Pourquoipersonne aujourd’hui n’est fina-lement plus capable de trouverdu sens Ă  la recherche scienti-fique telle qu’elle est produite ?Nous lui faisons une confiancequi est Ă  l’image de notre igno-rance. Ce n’est plus acceptableaujourd’hui. Je crois qu’il n’y a qu’une seulecompĂ©tence Ă  laquelle nous devonsen permanence nous prĂ©parer :c’est celle de tenter d’« apprendreĂ  penser ». Penser, c’est intro-duire de la relativitĂ© dans sonpropre point de vue et dans le pointde vue de l’autre tout en s’ap-puyant sur lui. C’est aussi avoirle courage de faire ce que dit PaulValĂ©ry du mĂ©tier d’artiste,« s’avancer dans l’arbitraire et lais-ser derriĂšre soi la nĂ©cessitĂ© ». Cecourage de l’arbitraire dĂ©finit Ă mes yeux la vie humaine : quandBorg a inventĂ© son revers Ă  deux

mains, il a ouvert un champimmense pour tous ceux qui sontun peu faibles avec une seule main.Combien avons-nous perdu dejoueurs de tennis qui auraient Ă©tĂ©bons Ă  deux mains mais quin’osaient pas ? et a contrario com-bien avons nous perdu Ă©galementde joueurs que l’on a forcĂ© Ă  jouerĂ  deux mains alors que cela neleur convenait pas. Borg s’est« avancĂ© dans l’arbitraire » et « alaissĂ© derriĂšre lui la nĂ©cessitĂ© »

(mais pas l’obligation). Aujour-d’hui nous savons que l’on peutfaire un revers Ă  une ou Ă  deuxmains et que cela est Ă©quivalenttant que le revers est « efficace ».Il nous faut former l’aptitude à« inventer » et cela dans tous lesdomaines, car notre conditionhumaine en situation l’exige. ïżœPropos recueillis par Sylvie Nony

(1) Expression de Michel Serres.(2) Liste dans l’encadrĂ© ci-contre.

ApprendreĂ  « avancerdans l’arbitraire »

SIXIÈMES RENCONTRES DU CREPS AQUITAINE15, 16 ET 17 MARS 2005

Avec : ANDRACA Pierre, CTR natation ; BACRI Jean-Pierre, acteur etauteur ; BASSIS Odette, prĂ©sidente du GFEN, docteur en sciences del’éducation ; COSTANTINI Daniel, entraĂźneur national (FFHB) ;DI MARTINO Jean-François, entraĂźneur national FFEscrime ; DUFLOColas, philosophe, professeur d’universitĂ© ; GATIEN Jean-Philippe,Ă©quipe de France de tennis de table ; JACQUARD Albert, gĂ©nĂ©ticien,Ă©crivain ; LEVEQUE Claude, artiste plasticien ; LEVY Alain, champion dumonde de bridge ; PERRENOUD Philippe, professeur d’universitĂ© ;PLEWINSKY Catherine, Ă©ducatrice sportive (natation) ; RAT Michel,entraĂźneur national (FFB) ; SCRIBOT Francis, professeur agrĂ©gĂ© d’EPS ;SCHWINT Daniel, professeur d’universitĂ© ; SUSBIELLES François, CTRpelote basque.DĂ©pliant Ă  demander au CREPS Aquitaine, 653, cours de la LibĂ©ration, 33405 Talence Cedex.

i table conception du monde”

Il faut apprendre avant tout aux jeunes

de quelle natureest le savoir

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Le bon formateur c’est celui qui n’a jamaisabandonnĂ© la question qui l’a mis, lui, en travail

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ADAPT

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LE SITE D’ADAPTIl a fait peau neuve : Alain Prevot, responsable des pages multimĂ©dia dans L’US, vient de le rĂ©amĂ©nager.Vous pouvez consulter tous nos ouvrages (avec couverture couleur, sommaire complet, introduction,4e de couverture) comme si vous les feuilletiez. La commande en ligne avec paiement par cartesĂ©curisĂ© fonctionne bien : et c’est tellement plus simple !Il est accessible directement www.adapt.snes.edu ou depuis le site du SNES.Y sont proposĂ©s, outre le catalogue des ouvrages Ă©ditĂ©s, des tests de CD-Rom Ă©ducatifs (400 environ)ainsi que de nombreux liens et toutes les pages multimĂ©dia de L’US.

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les multiples visages de cet espaceurbain, lieu de tension et de crĂ©a-tion (avec la participation d’A.Hayot, ethnologue et de F. Pavloff,Ă©crivain).‱ CoordonnĂ© par V. Vanier, 1998,88 pages, 10 €.

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seconde langue maternelle, qu’elle soit rĂ©gio-nale ou Ă©trangĂšre, permet d’aborder de maniĂšreoriginale l’autobiographie. Textes assortis decommentaires sobres et efficaces pour travail enclasse.‱Par Micheline Cellier-Gelly, Claire Torreilles et Marie-Jeanne Verny, 144 pages, 15 €.

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ThĂ©Ăątre : le dĂ©sir de jouerLe dĂ©sir de faire du thĂ©Ăątre estdevenu extrĂȘmement frĂ©quent.Qu’est-ce qui aujourd’hui lemotive ? De quoi est-il le signe ?Quelle est sa lĂ©gitimitĂ© ? A quellereconnaissance peut-il prĂ©tendre ?

Est-ce encore le thĂ©Ăątre qui est en jeu ? Cetouvrage, en croisant des points de vue diffĂ©rents,s’interroge sur l’universalitĂ© d’un dĂ©sir profon-dĂ©ment humain, en mĂȘme temps que sur la diver-sitĂ© des pratiques et la singularitĂ© des parcoursd’acteurs.‱ CoordonnĂ© par Luc Boucris, 2000, 192 pages,11,50 €.

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De l’écrit Ă  l’écran :Maupassant, Renoir, SantelliQuand Renoir, avec Une partie decampagne, et Santelli, avec L’En-fant, adaptent Maupassant Ă l’écran, ils invitent Ă  redĂ©couvrirla poĂ©sie de l’eau, Ă  regarder au-

delĂ  des personnages, Ă  prendre la mesure desretournements si frĂ©quents chez Maupassant.L’étude conjointe des nouvelles et des films, parses va-et-vient constants, permet de comprendrecomment les images, par la logique qui leur estpropre, peuvent fĂ©conder une lecture et dĂ©bou-cher sur une poĂ©tique.‱Par Luc Boucris, Prix Maupassant, 1996, 100 pages,10 €.

La lecture plaisir : de festivalsen concours littĂ©rairesL’apparente dĂ©saffection pour la lecture quitouche les Ă©lĂšves n’est pas fatale. Depuis desannĂ©es, des enseignants lancent des expĂ©riencespĂ©dagogiques pour dĂ©velopper cette activitĂ© delecture. Pour qu’elle retrouve son mystĂšre etredevienne un plaisir, il est parfois souhaitable depasser par des chemins dĂ©tournĂ©s : Goncourt desLycĂ©ens, Festival du Premier Roman de Cham-bĂ©ry, mais aussi expĂ©riences plus modestes etmoins mĂ©diatiques. ‱ CoordonnĂ© par V. Vanier, 1998 - 112 pages, 10 €.

Le mythe d’OrphĂ©e dansles mĂ©tamorphoses d’OvideOrphĂ©e, c’est l’amour, la mort, lamusique, la poĂ©sie... Ce mythe grec(sans texte grec), d’une exceptionnellefĂ©conditĂ© puisque indĂ©finiment repris,est Ă©tudiĂ© ici Ă  travers les MĂ©tamor-phoses d’Ovide. Cette Ă©tude intĂ©ressera les profsde lettres bien sĂ»r mais aussi tous ceux quiaiment l’histoire d’OrphĂ©e, l’opĂ©ra de Monteverdiou les films d’Angelopoulos. ‱ CoordonnĂ© par Françoise LĂ©toublon, 2001,128 pages, 11 €.

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