dans le secteur de l´assurance en afrique

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www.enass.fr l’Enass Ecole nationale d’assurances La problématique des Systèmes d’Information (SI) dans le secteur de l’Assurance en Afrique : Enjeux, préoccupations, opportunités et perspectives. Konan Jacob KOUASSI

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l’EnassEcole nationale d’assurances

La problématique des Systèmes d’Information (SI)dans le secteur de l’Assurance en Afrique :Enjeux, préoccupations, opportunités et perspectives.

Konan Jacob KOUASSI

La problématique des Systèmes d’Information dans le secteur de l’Assurance en Afrique Konan Jacob KOUASSI – Thèse Professionnelle Executive MBA CNAM / ENASS 2011-2013

2

Remerciements

Je voudrais en premier lieu remercier Monsieur Marc NABETH, Senior Manager à Colombus

Consulting, pour avoir accepté de diriger ma thèse. La rédaction du présent manuscrit m’offre

l’occasion de lui exprimer toute ma reconnaissance pour sa disponibilité, sa générosité et la

qualité de sa contribution.

Je remercie également Madame Myriam DOSSOU, Directeur Général de l'Institut National

d'Assurance Maladie (INAM) du TOGO, pour son appui et ses précieux conseils au moment

de mon choix d’effectuer cette formation.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude au parrain de la promotion 2011-2013 du MBA,

Monsieur Jean-Philippe THIERRY, Vice-Président de l’Autorité de Contrôle Prudentiel

(ACP-Banque de France), pour ses inestimables éclairages et pour m’avoir offert

l’opportunité d’effectuer une mission de 3 mois au sein de cette importante institution lors de

ma formation.

Je remercie Monsieur François EWALD, Monsieur Olivier de LAGARDE, Madame Anne

RAMIN et les membres de la commission de sélection pour m’avoir ouvert les portes du

MBA du CNAM-ENASS, Monsieur Pierre-Charles PRADIER, Directeur Délégué de

l’ENASS, et Madame Martine MAILLARD pour sa disponibilité.

Mes sincères remerciements aux professionnels1 du secteur de l’Assurance qui ont accepté

mes demandes d’interviews : Monsieur Wandrille LEROY, Madame Renata De LEERS,

Monsieur Pascal DOYE, Monsieur Sekou SYLLA, Monsieur Philippe GRAD, Monsieur

Jean-Luc MENDA, Monsieur Savane ISSIAKA et Monsieur Rishi SEWNUNDUN.

Je remercie enfin mon frère Laurent KONAN, Maïmouna DIARRA, Madame Ariane

NABETH, Monsieur et Madame AMANI, Monsieur Fousseni N’GUESSAN, ma famille, mes

enfants, ma compagne et tous ceux qui de près ou de loin m’ont aidé et contribué à la réussite

de mon projet.

1 Un tableau récapitulatif précisant leur fonction et société est donné à l’annexe n° 01

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Sommaire

Résumé ...................................................................................................................................... 4

Executive summary .................................................................................................................. 6

Introduction générale ............................................................................................................... 8

1. Première partie : Objectifs et enjeux des SI ................................................................ 11

1.1 Objectifs des SI .......................................................................................................... 12

1.2 Périmètre et Enjeux des SI......................................................................................... 15

1.3 Quels modèles de SI ? Quels coûts ? Quelles offres ? ............................................... 19

2. Deuxième partie : Etat des lieux et préconisations ...................................................... 26

2.1 Etat des lieux du Secteur de l’Assurance et des SI .................................................... 26

2.2 Les préoccupations .................................................................................................... 46

2.3 Les opportunités et préconisations ............................................................................ 52

3. Troisième partie : Tendances des innovations des SI et opportunités ...................... 61

3.1 Mutations de la société et du secteur privé ................................................................ 61

3.2 Les tendances des innovations des SI pour l’assurance ............................................ 62

Conclusion générale ............................................................................................................... 69

Annexes ................................................................................................................................... 70

Bibliographie ........................................................................................................................... 76

Table des matières .................................................................................................................. 78

La problématique des Systèmes d’Information dans le secteur de l’Assurance en Afrique Konan Jacob KOUASSI – Thèse Professionnelle Executive MBA CNAM / ENASS 2011-2013

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Résumé

Selon les données publiées dans l’étude Sigma 2011 de Swiss Re2, le marché africain de

l’assurance représente seulement 1,5% du marché mondial (soit USD 67 milliards de chiffres

d’affaires sur un total USD 4339 milliards) en 2010, pour une population de 1 milliard

d’habitants.

Cependant l’analyse des primes émises révèle une augmentation de 25 % en cinq ans contre

une évolution de 14 % à l’échelle mondiale sur la même période (USD 50 milliards sur un

total USD 3723 milliards en 2006)3.

Cette évolution est probablement et heureusement plus structurelle que conjoncturelle. Elle

pourrait s’expliquer en effet par l’émergence d’une classe moyenne mais aussi par des

réformes entreprises ces dernières années sur le continent Africain par les instances de

régulations nationales et régionales dans le cadre de l’assainissement de l’industrie de

l’assurance. Malgré les difficultés, l’hétérogénéité et l’étroitesse de son marché, l’assurance

en Afrique possède ainsi, de l’avis de plusieurs professionnels du secteur, de réelles

opportunités de croissance.

Cependant ce développement peut être ralenti par des lacunes au niveau des systèmes

d’information. Un état des lieux indique en effet que les SI des compagnies d’assurances en

Afrique sont généralement vétustes, peu évolutifs, et donc inadaptés pour la gestion des

risques et des contrats d’assurance. Monsieur Protais Ayangma, Président de la FANAF4,

l’atteste d’ailleurs dans l’interview paru dans la revue Les Afriques 5« Obsolète. C’est un

chantier sur lequel les compagnies doivent investir. Nous avons pris beaucoup de retard.

Beaucoup de compagnies dans l’espace CIMA6 n’ont pas un système d’information fiable.

».

2 Swiss Re, Sigma n°2/2011, L’assurance dans le monde en 2010 : Croissance des primes de retour – augmentations de capital. http://media.swissre.com/documents/sigma2_2011_fr.pdf, pages 7, 32, 36. 3 Swiss Re, Sigma n°4/2007, L’assurance dans le monde en 2006 : Retour en force des primes vies. http://media.swissre.com/documents/sigma4_2007_fr.pdf, pages 3, 27, 33. 4 FANAF : La Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines. http:/www.fanaf.org/. 5 Les Afriques, Journal en ligne n°178 du 10 au 16 novembre 2011, « Dans le monde entier, l’assurance se paie d’avance ». http://www.lesafriques.com/dossier-special-assurance/dans-le-monde-entier-l-assurance-se-paie-d-av-2.html?Itemid=308?articleid=30225. 6 CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances. http:/www.cima-afrique.org/.

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De plus, les indicateurs de l’UIT7 (taux de pénétration de l’Internet, l’indice de

développement des TIC (IDI) et le panier de prix des TIC (IPB)), de l’édition 2012 de la

publication mesurer la société de l’information8, montrent que la fracture numérique demeure

encore importante entre l’Afrique et les autres régions du monde. A l’exception des

Seychelles, de l’Afrique du sud, de Maurice, du Cap-Vert et du Botswana, les pays africains

occupent en effet les dernières places du classement montrant ainsi qu’ils ne disposent pas

encore des infrastructures et des compétences nécessaires à l’amélioration de la pénétration et

de l’utilisation des TIC. Les défis restent donc importants.

Le respect des exigences réglementaires locales et internationales, ainsi que la rude

concurrence dans un contexte de concentration et de globalisation, commandent aux assureurs

du continent de relever ces défis. Ce qui impose de disposer d’un système d’information agile,

performant et fiable, capable de s’aligner sur la stratégie de l’entreprise malgré le faible

niveau des budgets d’investissements.

Mots clés : Système d’information, informatique, performance, fiabilité, Internet, mobile,

données, assurance, Afrique, infrastructures, réseaux, applications, matériels, logiciels,

progiciels, investissement.

7 UIT : Union Internationale des Télécommunications 8 UIT, mesurer la société de l’information, édition 2012. http://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/ind/D-IND-ICTOI-2012-SUM-PDF-F.pdf.

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Executive summary

According to data published in the Sigma 2011 study by Swiss Re, the African insurance

market accounts for only 1,5% of the global market (a turnover of 67 billion US Dollar out of

a total of 4339 billion) in 2010, for a population of 1 billion people.

However, the analysis of written premiums indicates a 25% increase in five years compared

to a 14 % progression worldwide over the same period (50 billion US Dollar out of a total of

3723 billion in 2006).

Fortunately, this increase is probably more structural than cyclical. It may be the result of the

emergence of a middle class but also of reforms undertaken in Africa in recent years by

national and regional regulatory authorities in order to promote a sound insurance industry. In

the opinion of several industry professionals, the insurance sector offers real growth

opportunities, despite the challenges, diversity and limited size of its market.

Nevertheless, shortcomings in information systems might slow down this development. An

overview of the situation shows that the Information Systems of African insurance companies

are generally outdated, barely scalable, and thus inadequate for risk and insurance

management. Mister Protais Ayangma, Chairman of the Federation of African National

Insurance Companies (FANAF), further confirms it in an interview published in the magazine

Les Afriques « Obsolete. It is an area in which companies must invest. We have a long way to

go. Many companies in the CIMA (Inter-African Conference on Insurance Markets) zone do

not have a reliable information system. »

Moreover, the ITU indicators (Internet penetration, ICT Development Index (IDI) and the

ICT Price Basket (IPB)), from the 2011 edition of the publication Measuring the Information

Society, demonstrate that the digital divide is still very important between Africa and the rest

of the world. Except for Seychelles, South Africa, Mauritius, Cape Verde and Botswana,

African states find themselves at the bottom of the list, thereby proving that they still lack the

necessary infrastructure and skills to improve the penetration and the use of ICT. Therefore,

major challenges remain.

Compliance with local and international regulatory requirements as well as the fierce

competition in a context of concentration and globalization, make it more necessary for

African insurers to meet those challenges. This requires having a nimble, performing and

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reliable information system able to align itself with the company’s strategy, despite the poor

level of investment budget.

Key Terms: Information system, information technology (IT), performance, reliability,

Internet, mobile, data, insurance, Africa, infrastructure, networks, applications, equipment,

software, software packages, investment.

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Introduction générale

« Pour rester dans la course à la compétitivité, les organisations doivent aligner leur système

d’information, véritable colonne vertébrale de l’entreprise, à leurs objectifs business. »

affirmait Guy Bullen dans la préface de l’ouvrage Mesurer la performance d'un système

d'information9.

Cette assertion confirme, si besoin en était, le rôle central et incontournable du système

d’information de nos jours dans la gestion stratégique et opérationnelle des entreprises

d’assurance en raison de la particularité de leur activité.

En effet, la donnée et sa gestion sont généralement considérées comme des enjeux

stratégiques pour le secteur des assurances pour les raisons suivantes :

� Le principe du cycle de production inversé et la durée des engagements obligent

l’industrie de l’assurance à conserver, structurer, traiter, partager et analyser ces

nombreuses données sur des périodes relativement longues à l’effet de répondre aux

exigences quantitatives et qualitatives de la réglementation.

� La disponibilité de données de qualité sur les clients aide à l’amélioration de la

performance opérationnelle et du pilotage stratégique de l’entreprise en lui assurant

un avantage concurrentiel inéluctable.

La diversité des pratiques et des interprétations autour du concept du système d’information

non seulement d’une entreprise à l’autre mais encore d’un initié à un néophyte, nous impose,

à ce stade de la thèse, une clarification.

Dans leur ouvrage Mesurer la performance d’un système d’information10, David Autissier et

Valérie Delaye énoncent que « Le système d’information (SI) est l’ensemble des méthodes,

techniques et outils pour la mise en place et l’exploitation de la technologie informatique

nécessaire aux utilisateurs et à la stratégie de l’entreprise. ».

Dans le secteur de l’assurance le système d’information (SI) peut être défini comme un

ensemble de ressources (personnel, procédures, données, équipements matériels et logiciels,

9 Mesurer la performance d’un système d’information, David Autissier et Valérie Delaye, Eyrolles - Editions d’organisation, 2008, page 10. 10 Mesurer la performance d’un système d’information, David Autissier et Valérie Delaye, Eyrolles - Editions d’organisation, 2008, page 49.

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technologies) permettant la souscription (front office), la gestion des contrats et des sinistres

(middle office), et la production des comptes techniques (back office).

Cette dernière définition sera celle retenue dans le cadre de notre thèse professionnelle.

Le marché africain de l’assurance est caractérisé non seulement par son étroitesse mais

également par de fortes disparités entre les régions selon les derniers chiffres publiés par

Swiss Re. Il représente à peine 1,5% du marché mondial en 2010 avec plus de 90% du volume

global des primes vies émis par l’Afrique du Sud.

En outre, à l’exception de quelques rares pays dont l’Afrique du sud, la grande majorité des

régions de l’Afrique ne disposent pas encore des infrastructures et des compétences

nécessaires à l’amélioration de la pénétration et de l’utilisation des TIC selon les indicateurs

2012 de l’UIT.

Enfin, les Systèmes d’Information (SI) des compagnies d’assurances en Afrique sont

généralement vétustes, pas fiables, et peu évolutifs de l’avis même des professionnels du

secteur.

Malgré ce tableau assez sombre, le marché de l’assurance en Afrique a connu une progression

de son chiffre d’affaires de 25% en cinq ans contre une évolution de 14 % à l’échelle

mondiale sur la même période selon les chiffres de Swiss Re, d’une part, et possède de réelles

opportunités de croissance (bancassurance, micro-assurance, assurance agricole, assurance

islamique) d’autre part.

Face au regain de la concurrence avec l’arrivée de nouveaux acteurs (SAHAM,

LEAPFROG,…) et au phénomène de concentration en cours dans l’industrie de l’assurance

Africaine, les dirigeants des compagnies mesurent désormais l'importance indéniable de la

technologie dans la fourniture d’une prestation de service de qualité à la clientèle, le

déploiement de produits et services innovants, et la performance de leur entreprise.

Cette situation soulève bien évidemment la difficile équation entre l’allègement des coûts du

SI et l’amélioration de ses performances qui conduit à poser les questions suivantes :

Comment réussir le pilotage des projets d’évolution ou de transformation de SI alignés sur la

stratégie de l’entreprise dans un contexte de restriction des dotations budgétaires ?

La problématique des Systèmes d’Information dans le secteur de l’Assurance en Afrique Konan Jacob KOUASSI – Thèse Professionnelle Executive MBA CNAM / ENASS 2011-2013

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Comment accéder à des coûts abordables d’une part aux solutions métiers (vie et non vie)

robustes adaptables selon l’environnement et les langues utilisés (Anglais, Français,

Portugais, Arabe) et d’autre part aux infrastructures techniques (réseaux, serveurs, base de

données, système d’exploitation) pour améliorer la qualité des données et le service aux

clients tout en accroissant la rentabilité des compagnies d’assurances ?

Comment adapter en permanence la tarification, les processus de gestion et l’éditique des SI

pour tenir compte des changements réglementaires réguliers ?

Quel est l’impact des innovations en termes de système d’information (mobile, Internet,

Cloud Computing, Webservices…) dans la fourniture et mise en place de solutions évolutives

dans le secteur de l’assurance en Afrique ?

L’objet de cette thèse professionnelle est de faire un état des lieux objectif sur les systèmes

d’information des compagnies d’assurance en Afrique afin d’apporter quelques éclairages et

préconisations aux problématiques évoquées plus haut.

La première partie traitera des objectifs et des enjeux des SI en présentant les modèles et les

offres de SI disponibles.

La deuxième partie sera consacrée à l’état des lieux du marché et de SI pour chacune des

quatre (4) régions de l’Afrique (zone CIMA, Afrique du Nord, Ghana-Nigéria-Afrique de

l’Est, Afrique du Sud) avec un focus sur les préoccupations, les opportunités et les

préconisations.

Enfin, la troisième partie abordera quelques aspects des tendances et opportunités des

innovations des SI et leur possible impact sur la performance des compagnies d’assurance et

l’amélioration de la qualité du service aux clients en Afrique.

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Première Partie :

Objectifs et enjeux des SI

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12

1. Première partie : Objectifs et enjeux des SI

1.1 Objectifs des SI

Le secteur de l’assurance est l’un des secteurs d’activité pour lequel la mise en œuvre d’un

système d’information devrait occuper une place centrale dans la stratégie de croissance des

compagnies au regard de la masse importante de données à traiter, des flux d’informations à

échanger avec la clientèle et les intermédiaires, et des évolutions régulières de la

règlementation.

Le schéma11 ci-dessous donne une vision synthétique du périmètre des SI dans le secteur de

l’Assurance :

Figure 01 : Vision synthétique du périmètre des SI dans le secteur de l’Assurance

11 Support de cours MBA ENASS 2012-2013, Les systèmes d’information en Assurance – Session 1 : le caractère central du SI, Angelina LAMY et Jonathan EUDELINE – ACCENTURE, page 10.

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Les objectifs assignés à un système d’information peuvent être classés en trois (3) grandes

catégories (ou fonctions).

1.1.1 Fonction utilitaire

Le SI a avant tout un rôle utilitaire. Il a pour objectif de véhiculer l’information dans toute

l’entreprise par le biais de solutions applicatives (messagerie électronique, intranet, gestion du

contenu, workflow) aidant à l’automatisation des processus métiers.

Le système d’information doit permettre d’assurer une bonne couverture fonctionnelle des

différentes branches d’activités de la compagnie.

Le SI contribue efficacement à la mise à la disposition des actionnaires, du régulateur, des

clients et des partenaires des informations fiables dans des délais acceptables.

L’entreprise devra en revanche mettre un accent particulier sur les processus de contrôle de la

qualité de l'information selon les critères suivants :

� intégrité et fiabilité de l’information

� sécurité, confidentialité et disponibilité de l’information

� conformité de l’information par rapport aux lois et règlementations

1.1.2 Fonction technologique

En plus de son rôle utilitaire, le SI a pour vocation de mettre au service des compagnies

d’assurance les importantes avancées réalisées dans les NTIC12 (Virtualisation, Stockage de

données, Cloud Computing, internet,…) dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

Dans un contexte de globalisation et de concurrence accrue, le SI permet aux compagnies

d’assurance d’exploiter les innovations technologiques à l’effet de créer de la valeur

(souscription de contrats d’assurance en ligne, paiement de primes et de sinistres par le

téléphone mobile,…).

12 NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication

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1.1.3 Fonction stratégique

Le SI se positionne aujourd’hui comme un élément clé de la stratégie des Directions

Générales des compagnies d’assurance. Il doit en permanence s’aligner sur les axes

stratégiques de l’entreprise afin de proposer des solutions performantes à moindre coût dans

le cadre des activités opérationnelles.

Le système d’information doit accompagner le développement des actions commerciales en

permettant, par exemple, la réduction du Time To Market13 susceptible d’augmenter la

rentabilité de l’entreprise en lui offrant la possibilité d’un meilleur positionnement face à la

concurrence.

Le SI doit également favoriser le travail collaboratif et valoriser les compétences et les

expertises des équipes.

13 Time to Market : délai de mise sur le marché (délai entre la décision de commercialisation d’un produit et sa commercialisation effective)

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15

1.2 Périmètre et Enjeux des SI

Le périmètre du système d’information est assez vaste et porte sur les constituants dont la liste

non exhaustive est donnée ci-après :

� Infrastructures réseaux

� Systèmes d’exploitation (client, serveur)

� Systèmes de communication

� Systèmes de gestion des bases de données

� Serveurs de données et systèmes de stockage

� Serveurs d’application

� Applications métiers

� Dispositifs de sécurité

� Procédures

� Outils de développement

� …

Le diagramme suivant illustre la différence entre les notions de système d’information et de

système informatique :

Figure 02 : Eléments constitutifs d’un système d’information

Informations + Acteurs + Processus +

Matériels + Logiciels systèmes + Applications métiers + Bases de données + Infrastructures réseaux

Système Informatique

Système d’Information

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Le développement des NTIC et la montée en puissance de la société du numérique

positionnent désormais la gestion des SI comme un enjeu primordial pour les entreprises.

Pour les compagnies d’assurance Africaines, l’amélioration des performances et de

l’efficience des SI pourraient être un bon levier pour leur croissance et leur compétitivité en

accroissant leur capacité d’innovation, à l’heure de la mise en place progressive sur le

continent de nouveaux cadres règlementaires incitatifs et des politiques d’assainissement du

secteur. Les enjeux sont donc nombreux et importants.

En effet, les enjeux liés aux besoins de développement, d’évolution, ou de rationalisation des

SI des entreprises d’assurances tournent autour des piliers suivants :

� l’augmentation du chiffre d’affaires et de la rentabilité

� la réduction des frais de gestion et des frais d’acquisition

� le respect des contraintes réglementaires et légales

� l’amélioration de la performance opérationnelle

� la réduction de la fraude

1.2.1 L’augmentation du chiffre d’affaires et de la rentabilité

Dans le but de gagner de nouvelles parts de marché et d’améliorer la qualité du service à la

clientèle, les compagnies d’assurances africaines n’hésitent plus à utiliser les NTIC pour

diversifier et étendre leur réseau de distribution. Le système d’information permet ainsi

d’aligner les modèles de ventes sur les différents canaux à l’effet d’améliorer leur l’efficacité

et la cohérence de l’ensemble du réseau de distribution.

L’existence d’un SI flexible et solide contribue également à accroitre la capacité de

l’entreprise à mettre sur le marché de nouveaux produits dès qu’une demande est identifiée.

Enfin, la technologie peut être un élément important de création de valeur dans le cadre de la

conception et la mise en œuvre des différentes actions de la stratégie de fidélisation de la

compagnie.

Il convient donc de noter qu’il est désormais indispensable aux compagnies d’assurances en

Afrique de disposer d’un SI réactif pour pouvoir résister à la pression continue des

concurrents et pour s’adapter en permanence aux changements des besoins du marché.

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1.2.2 La réduction des frais de gestion et des frais d’acquisition

La mise en place d’une politique de réduction des coûts apparaît comme l’un des axes

stratégiques à réussir par les assureurs du continent pour espérer remporter la difficile course

à la compétitivité à laquelle ils se livrent.

Le SI peut avoir un impact important sur la tarification dans le sens d’une baisse significative

des primes par :

� la baisse des frais d’acquisition obtenue par la diminution du niveau de

commissionnement du réseau de distribution

� la diminution des frais de gestion rendue possible par l’automatisation de certains

actes de gestion

La maîtrise des coûts passe également par une réduction intelligente des coûts des projets de

développement de nouveaux SI ou de maintenance des SI existants.

Enfin la mise en place d’un SI aidant à une sélection rigoureuse des risques peut conduire à

une baisse conséquente de la sinistralité du portefeuille.

Ces impacts du SI à la fois sur les primes, le niveau des sinistres, les frais de gestion et les

frais d’acquisition sont de bons leviers pour l’amélioration de la rentabilité des compagnies

d’assurances.

1.2.3 Le respect des contraintes réglementaires et légales

Les changements réguliers de la réglementation et de la législation obligent les compagnies

d’assurances à faire évoluer sans cesse leur système d’information pour rester conformes.

Les conséquences sur les SI seront plus ou moins importantes selon la nature des reformes.

Citons en exemple :

� le passage à la norme IFRS14 en 2012 au Ghana

� l’entrée en vigueur le 1er octobre 2011 du règlement nº 001/CIMA/PCMA/PCE/2011 ;

une reforme modifiant les relations entre assureurs, assurés et intermédiaires

d’assurance de la zone CIMA (Articles 13 et 541)

14 IFRS = International Financial Reporting Standards

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18

� l’application des directives Solvency 2 en 2014 en Afrique du Sud.

Ces contraintes règlementaires et légales ont souvent un impact sur l’éditique des compagnies

d’assurance.

1.2.4 L’amélioration de la performance opérationnelle

Le SI participe grandement à l’amélioration de la performance opérationnelle des assureurs

par le biais de :

� la mise en place d’outils d’analyse de la rentabilité et de la surveillance du

portefeuille.

� l’intégration de module de gestion de Workflow, et la revue de certaines

fonctionnalités du SI à l’effet de réduire les durées de traitement et les retours des

sollicitations des utilisateurs.

� l’amélioration de la qualité du support aux employés et des services aux clients.

� la mise en œuvre de solution de e-learning pour le perfectionnement du personnel

1.2.5 La réduction de la fraude

Les fraudes à l’assurance sur le continent africain, comme partout ailleurs, sont nombreuses et

multiformes :

� l’usurpation d’identité

� la complicité de certains partenaires (garagistes agrées, centres de santé,…)

� les fausses déclarations à la souscription du contrat

� les transformations ou manipulations des informations relatives à la survenance du

sinistre pour pouvoir bénéficier des prestations

Sans disposer de statistiques fiables sur le sujet, il est aisé de déduire que les impacts

financiers de ces pratiques sont énormes et préjudiciables non seulement aux compagnies

d’assurance mais également à l’ensemble de l’économie régionale.

L’automatisation de procédures de détection de la fraude dans les SI couplée avec la mise en

place de cellules d’analyse et d’enquête peuvent permettre aux compagnies d’améliorer leur

rentabilité tout en leur offrant un levier pour la réduction de leur tarif.

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1.3 Quels modèles de SI ? Quels coûts ? Quelles offres ?

1.3.1 Les différents modèles de SI

Dans le cadre de l’analyse des différents modèles de système d’information, notre périmètre

sera limité au cœur de métier donc au système d’information de gestion.

1.3.1.1 Le modèle traditionnel de SI

Le modèle classique ou traditionnel de SI est orienté produit.

Comme le montre la représentation15 ci-dessous, cette vision du SI entraine un cloisonnement

de la gestion des informations par branche d’activité et par produit :

Figure 03 : Architecture traditionnelle d’un assureur

15 Support de cours MBA ENASS 2012-2013, Les systèmes d’information en Assurance – Session 1 : le caractère central du SI, Angelina LAMY et Jonathan EUDELINE – ACCENTURE, page 14.

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1.3.1.2 Le modèle actuel de SI

Contrairement au modèle traditionnel par silos, le modèle actuellement en cours des SI est

plutôt orienté client. Il permet ainsi d’obtenir une vue très synthétique des informations par

assuré.

Ce type de SI par sa souplesse permet de mettre à la disposition des utilisateurs du système la

synthèse des informations se rapportant à un client :

� l’historique de tous les contrats souscrits

� l’historique des sinistres

� une vue de tous les actes de gestion

� les indicateurs : le rapport sinistre à prime (S/P) ou la provision mathématique en cas

d’assurance sur la vie

Ce modèle de SI offre une vision 360° du client donnant la possibilité de se renseigner sur

l’historique et finalement sur la rentabilité du client dans le portefeuille.

1.3.1.3 Progiciel Vs Développement sur mesure

Dès lors la question du modèle de système d’information réglée, se pose ensuite la

préoccupation tout aussi importante du choix de son mode de mise en œuvre.

Cette problématique amène les assureurs africains à se poser régulièrement les questions

suivantes :

� Faut-il opter pour un développement sur mesure ?

� Réaliser une mise en œuvre par une acquisition de progiciel ?

� Ou plutôt s’orienter vers un mix des deux (2) solutions précédentes en fonction des

branches et des domaines à couvrir ?

Jusqu’à une période récente la grande majorité des compagnies d’assurance africaines

préféraient le choix des solutions propriétaires.

Toutefois la spécificité, la complexité et la constante évolution des SI dans le secteur des

assurances, commandent l’adoption d’une approche de mise en œuvre respectant les règles de

l’art (démarche méthodologique de référence), quel que soit l’option retenue.

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21

1.3.2 Les acteurs

Le tableau16 ci-après propose une démarche d’urbanisation d’un SI en indiquant à juste titre

les trois (3) visions à prendre en compte pour une mise en œuvre réussie :

Figure 04 : Schéma de la démarche d’urbanisation d’un SI

16 Optimind, Les dossiers techniques d’information Optimind : Le Système d’Information, Mars 2009. http://optimindwinter.com/wp-content/uploads//2009/06/optimind_dossier_technique_n_9-systeme_information.pdf, page 8.

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22

Les acteurs intervenants dans le processus de mise en œuvre d’un SI varient selon la taille et

le type de projet mais peuvent être regroupés de la façon suivante :

� Les éditeurs et distributeurs de logiciels

� Les distributeurs de matériels

� Les SSII et les intégrateurs

� Le personnel interne de la compagnie (informatique et non informatique)

La particularité des SI du secteur de l’assurance impose désormais aux compagnies un

fonctionnement en mode projet dans le cadre de leur déploiement.

Ce mode requiert une organisation spécifique avec l’utilisation de méthodes et d’acteurs

dédiés au sein de la compagnie d’assurance :

� le maître d’ouvrage (MOA ou AMOA), est le sponsor ou le client du projet. Il

s’occupe des phases de définition des besoins et s’assure que la solution délivrée est

conforme aux besoins exprimés par les utilisateurs du SI (Direction Générale,

Directions et Services)

� le maître d’œuvre (MOE), généralement la Direction chargée du Système

d’Information. En liaison avec la MOA, il a la responsabilité de la mise en œuvre et du

bon fonctionnement de la solution technique en ayant recours aux prestataires internes

et/ou externes.

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23

1.3.3 Les coûts et les offres

Nous donnons dans le tableau17 suivant, à titre indicatif, les estimations de prix de quelques

éléments clés utilisés dans l’évaluation des budgets pour la mise en place de SI dans le secteur

de l’assurance en Afrique :

Postes Provenance

(Pays/Continent) Prix estimés HT

en Euro

Licence du logiciel métier assurance Afrique / Asie Minimum 200.000

Europe Minimum 300.000

Redevance annuelle logiciel métier 15% à 20%

Mise en œuvre (intégration et migration) Afrique / Asie Minimum 400.000

Europe Minimum 2.000.000

Licence système d’exploitation (OS) serveur, standard pour 5 utilisateurs

3.000

Redevance annuelle support OS 15% à 20%

Licence base de données serveur, standard pour 100 utilisateurs

25.000

Redevance annuelle base de données 15% à 20%

Serveur avec 8 giga octets de mémoire et 1 Téra octets de disque dur

8.000

Redevance annuelle support serveur 10% à 15%

Baie de stockage avec 32 giga de mémoire et 3 Téra octets de disque dur

30.000

Redevance 3 ans support baie 10% à 15%

Abonnement mensuel internet – 2Mbps 200

Abonnement mensuel liaison spécialisée 600 à 1000

Coût journalier consultant, Profil Développeur confirmé

à Directeur de projet

Asie 150 à 300

Afrique Nord 400 à 600

Afrique Ouest 200 à 500

Europe (France) 800 à 1500

Figure 05 : Tableau estimatif des prix des constituants d’un SI

17 Ces chiffres sont tirés de la base des cotations auxquelles nous avons eu accès dans le cadre de projets de mise en place de SI dans le secteur des assurances en Afrique de 2007 à 2013.

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24

Le tableau ci-après donne la liste non exhaustive des éditeurs de progiciels métiers pour

l’assurance opérant sur le continent africain :

Editeur Logiciel Branche

MPHASIS - WYDE Wynsure Prévoyance, Santé, Epargne et IARD

INFOELSA CIRIS IARD

SYRAVIE LOGIVIE Retraite et Assurance Vie

LEADER INFORMATIQUE NOVANET IARD, VIE et Santé

ORASS ORASS@Suite IARD, VIE

CEGEDIM-ACTIV

Activ Insurance Suite Assurance de Personnes

EDI-Tunisie PROASSUR

SYLVERMOON LUNOS Enterprise Suite IARD, VIE et Santé

Figure 06 : Liste des éditeurs de progiciels d’assurance

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25

Deuxième Partie :

Etats des lieux et préconisations

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26

2. Deuxième partie : Etat des lieux et préconisations

2.1 Etat des lieux du Secteur de l’Assurance et des SI

Au regard des chiffres publiés par Swiss-Re sur le niveau des primes émises par le continent

Africain en 2010 et présentés dans les graphiques18 ci-dessous, le marché africain de

l’assurance reste encore marginal à l’échelle mondiale :

Figure 07 : Primes d’assurance en 2010 en Afrique

Toutefois ces chiffres indiquent un niveau de taux de croissance des primes plus élevées que

dans les pays industrialisés.

18 Swiss Re, Sigma n°5/2011, L’assurance sur les marchés émergents : Moteur de croissance et rentabilité. http://media.swissre.com/documents/sigma5_2011_fr.pdf, page 2.

Swiss Re, Sigma n°2/2011, L’assurance dans le monde en 2010 : Croissance des primes de retour – augmentations de capital. http://media.swissre.com/documents/sigma2_2011_fr.pdf, page 32.

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27

Ce niveau de croissance a eu pour conséquence de séduire les compagnies d’assurances de

rang mondial à la conquête de nouvelles opportunités d’affaires en raison de la stagnation des

marchés des pays industrialisés.

En dépit du potentiel de son marché et des restructurations en cours, les difficultés et les

enjeux à relever pour l’assurance africaine restent cependant importants :

� Inadéquation entre les offres de produits et les besoins des populations

� Nombre insuffisant de ressources humaines qualifiés et fuite de cerveaux (Brain Drain)

� Absence de données fiables pour un contrôle efficace du régulateur

� Données statistiques et séries historiques déficientes

� Infrastructures technologiques déficientes et encore trop onéreuses (bandes passantes, électricité,…)

Selon les données 2011 de l’UIT présentées dans le tableau ci-dessous, les valeurs de l’indice

IDI19 des pays en développement sont deux fois moins élevées que dans les pays développés.

Cependant une analyse plus détaillée de ces valeurs fait observer un taux de progression plus

élevé dans les pays africains sur la période 2010-2011. Ce qui traduit une adoption croissante

des TIC dans cette partie du monde :

Figure 08 : Classements et moyennes de l’indice IDI, par région, 2011

19 « L’Indice de développement des TIC (IDI) est une valeur repère (présentée sur une échelle de 0 à 10) composée de 11 indicateurs. Il a pour objectif de suivre les progrès accomplis en matière de développement des TIC, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, et de mesurer l’évolution de la fracture numérique au niveau mondial. L’indice IDI est divisé en trois sous-indices — accès, utilisation et compétences — chacun d’eux reflétant différents aspects et composantes du processus de développement des TIC. ». Source : UIT, mesurer la société de l’information, édition 2012.

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28

Le tableau suivant de l’UIT donnant les valeurs du panier de prix des TIC20, indique une

baisse globale de 30% de l’indice dans toutes les régions du monde. Malgré cette tendance

baissière importante les prix demeurent toujours élevés pour la grande majorité des pays

Africains :

Figure 09 : Valeurs du panier de prix des TIC dans le monde

Le degré de développement du secteur de l’assurance est corrélé à la situation économique

des pays et est de ce fait très variable d’une zone à l’autre du continent. Notre état des lieux

sera donc réalisé selon les quatre (4) principales zones suivantes :

� L’Afrique de l’Ouest et du Centre (Zone CIMA)

� L’Afrique du Nord

� L’Afrique Subsaharienne Anglophone

� L’Afrique du Sud

20 « …l’UIT a mis en place le panier de prix des TIC (IPB), outil de comparaison unique qui fournit de précieuses informations concernant le coût et l’accessibilité économique des services téléphoniques fixes, cellulaires mobiles et large bande fixes dans le monde. ». Source : UIT, mesurer la société de l’information, édition 2012.

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29

2.1.1 L’Afrique de l’Ouest et du Centre (Zone CIMA)

Le marché de la CIMA situé en Afrique subsaharienne francophone est composé par quatorze

(14) pays issus principalement de deux (2) espaces économiques sous régionaux membres de

la zone Franc CFA :

� Le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo (espace

UEMOA21)

� Le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad

(espace CEMAC22)

� Les Comores.

Ces Etats ont en commun une règlementation, un corps de contrôle et une école de formation

pour les professionnels du secteur de l’assurance.

Selon les informations limitées disponibles, l’ensemble des Etats de la CIMA réaliserait près

de 12% des primes du reste de l’Afrique, exclusion faite de l’Afrique du Sud, avec environ

150 Sociétés d’Assurance opérant actuellement sur son espace pour une population estimée

à 222 millions d’habitants23.

Le marché de la CIMA apparait somme toute très étroit avec une activité marginale comparé

aux trois (3) autres zones de l’Afrique.

La zone CIMA est cependant caractérisée par une forte croissance des activités et du nombre

des acteurs depuis ces dernières années.

Toutefois une grande majorité de ces acteurs, de l’avis de plusieurs spécialistes, ne

posséderait pas une taille suffisante pour faire face à leur engagement en raison du niveau du

capital minimum règlementaire d’un montant de 1 milliard de FCFA (soit 1.524.390 d’euros)

jugé bas.

L’autre particularité de cette espace reste l’accroissement des délais de paiement et la

détérioration du niveau de la sinistralité.

21 UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine. www.uemoa.int/ 22 CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. www.cemac.int/ 23 Sources : Statistiques Nationales, PNUD, FMI, Fondation Mo Ibrahim. Ces chiffres ont été publié dans le magazine Courrier international, Afrique 3.0, Hors-série mars-avril-mai 2013.

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30

Selon les statistiques24 publiées par la FANAF et comme le montre le graphique ci-après, la

Côte d’Ivoire reste le leader de la zone CIMA suivi par le Cameroun :

Figure 10 : Parts de marché des principaux pays de la zone FANAF (Source : FANAF)

NSIA, COLINA (racheté en 2010 par le groupe marocain SAHAM), ALLIANZ, SUNU,

AXA sont les acteurs principaux de la zone CIMA avec une part de marché s’élèvant à 47,3%

des primes collectées au cours de l’exercice 2010 selon les chiffres la FANAF et représentés

par les deux (2) graphiques des pages suivantes :

Figure 11 : Classement des compagnies selon le ratio combiné (Source : FANAF)

24 FANAF, spécial chiffres 2010, http://www.fanaf.org/marche-de-l-assurance-en-afrique_a_67.html.

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31

Figure 12 : Taux de croissance des primes émises 2010 (Source : FANAF)

Le développement de l’assurance vie reste faible dans la zone CIMA. En effet les assurances

non-Vie représentent 74% des primes totales contre seulement 26% pour l’assurance-vie

contrairement à l’Afrique du Sud et au reste du monde selon les chiffres de la FANAF et

présentés dans la figure ci-dessous :

Figure 13 : L’assurance vie et non-vie en 2010 (Source : FANAF)

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32

Faisant référence à l’indice de développement des TIC (IDI) de l’UIT, les pays composant le

marché de la CIMA font tous partie, sans aucune exception, de la liste des pays les moins

connectés, comme l’illustre le tableau ci-après :

Figure 14 : Liste des pays les moins connectés (Source : UIT)

Ces chiffres donnent également la mesure de l’état d’obsolescence de la grande majorité des

systèmes d’information des compagnies d’assurance de la zone.

En effet la plupart des SI de la CIMA sont vétustes, peu évolutifs, et donc inadaptés pour la

gestion des nouvelles gammes de produits, y compris les multi- supports.

Ces SI majoritairement orientés produit ont été développés par silos. Ils possèdent les mêmes

caractéristiques qui seront traitées de façon détaillée au point 2.2 du deuxième chapitre mais

dont quelques-unes sont présentées dans les lignes suivantes :

� Les solutions métiers, mis à part quelques rares exceptions, ont fait l’objet de

développement spécifique (ou fait maison), sont vieillissants et ne fonctionnent pas

correctement.

� Les outils utilisés pour le développement desdites solutions sont habituellement le

RPG25 (ou GAP), Delphi, Windev, Microsoft Access ou Microsoft Excel.

25 Le langage RPG (Report Program Generator ou Générateur d'Application) est l’outil de développement classique disponible sur les machines serveurs AS400 du constructeur IBM.

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33

� L’obsolescence des équipements matériels avec la présence de nombreux serveurs

AS400

� Un nombre encore important d’architecture client-serveur comparativement aux

architectures orienté web avec des serveurs d’applications.

� La mise en place des SI ne respecte presque jamais les règles et méthodes de

fonctionnement en mode projet.

Le constat semble sans équivoque ; l’immense majorité des compagnies d’assurance de la

zone CIMA ne dispose pas à ce jour de SI performant et flexible pouvant soutenir leur

stratégie de croissance, en raison à la fois d’un manque de budget et d’une absence

d’approches méthodologiques fiables de conduite de projets.

La lourdeur de ces SI empêche également l’innovation au niveau produit. Les compagnies

dans leur ensemble reprenne à l’identique des produits européens sans tenir compte de la

spécificité de l’environnement africain.

Le Groupe Allianz, de l’avis de plusieurs consultants en NTIC opérant sur la région africaine,

fait partie de la liste restreinte des compagnies d’assurance de la zone CIMA à disposer d’un

SI fonctionnel dans l’assurance non Vie qui constitue la part essentiel de son chiffre d’affaires

en Afrique.

Il dispose d’une Direction Système d’Information Groupe basée au Cameroun et gérant seize

(16) filiales présentes dans onze (11) pays dont le GHANA.

Le même applicatif métier IARD développé sous Windev 5.5 est utilisé par les 11 filiales

IARD dont le GHANA. Cette application a pu être adaptée au contexte anglophone avec la

prise en compte des questions relatives à la gestion multidevise et des décimales, selon le

Directeur en charge du Système d’Information et de l’Organisation du Groupe.

L’obsolescence des SI dans la zone CIMA est incompatible avec les perspectives de

croissance du marché. Perspectives qui attirent notamment, récemment des groupes

marocains.

Avec l’acquisition du groupe COLINA par le Groupe SAHAM nous assistons à une percée

des compagnies marocaines dotées d’outils opérationnels et d’une culture aiguisée du résultat

sur la zone CIMA.

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34

La mise en place d’une stratégie de consolidation par les groupes régionaux (NSIA,

ALLIANZ, SUNU, AXA) repond aussi au défi de l’assurance au 21ème siècle.

Ces phénomènes de concentration entraineront surement une restructuration du secteur

(fusion-acquisition, fermeture,…) et nécessiteront de la part des compagnies d’assurance la

recherche d’outils extrêmement performants avec des fronts office dans un contexte de forte

concurrence.

Il ne sera désormais plus possible aux compagnies d’assurance qui souhaitent rester dans la

compétition de conserver leurs anciens outils (manuels, traitements sous Excel ou modules

rudimentaires de comptabilité).

Dans l’optique d’une meilleure professionnalisation du secteur, le régulateur malgré ses

faibles moyens (10 contrôleurs pour toute la zone) a entrepris des actions d’assainissement à

l’effet d’extirper « les brebis galeuses » comme le disait un assureur Tchadien26. Il importe

également de signaler l’entrée en vigueur le 1er octobre 2011 du règlement nº

001/CIMA/PCMA/PCE/2011 modifiant et complétant le code des assurances des Etats

membres de la CIMA.

« Le Conseil des ministres en charge des Assurances de la zone franc a pris une décision

importante qui touche aux articles 13 et 541 du Code CIMA. Pour faire simple, il y a deux

changements majeurs :

� L’article 541 interdit aux courtiers d’encaisser les primes.

� L’article 13 oblige l’assuré à payer sa prime au comptant avant toute prise d’effet.

C’est le retour à l’orthodoxie. »

Et Monsieur Protais Ayangma, Président de la FANAF de poursuivre « Nous étions une

curiosité mondiale dans le domaine de l’assurance. Dans le monde entier, l’assurance se paie

d’avance. A cause de ces anachronismes, nous accusons des arriérés de l’ordre de 50% de

notre chiffre d’affaires. Cette disposition va certainement améliorer la solvabilité des

compagnies. » 27

26 L'Afrique s'assure, RFI, émission 7 milliards de voisins, 10 novembre 2010. 27 Les Afriques, Journal en ligne n°178 du 10 au 16 novembre 2011, « Dans le monde entier, l’assurance se paie d’avance ». http://www.lesafriques.com/dossier-special-assurance/dans-le-monde-entier-l-assurance-se-paie-d-av-2.html?Itemid=308?articleid=30225.

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35

L’entrée en vigueur de ce règlement commence déjà à produire les résultats espérés d’après

les commentaires de plusieurs responsables de compagnies d’assurances.

Cette réorganisation en cours dans l’espace CIMA va assurément mettre au cœur des

préoccupations des compagnies d’assurance la problématique du SI.

Le groupe NSIA semble l’avoir intégré dans sa stratégie de croissance puisqu’il a récemment

créée une entité (NSIA Technologies) qui devrait, selon toute probabilité, gérer toutes les

questions relatives au SI pour le compte de toutes les sociétés du groupe.

Nous présentons dans les pages suivantes des captures d’écrans de 3 solutions métiers

utilisées dans la zone CIMA :

� Solution de gestion de l’assurance Vie, développée avec le langage RPG fonctionnant

sous une base de données DB2 sur un serveur AS400. Cette application est orientée

produit et est déployée en architecture client-serveur. Elle est installée dans plusieurs

compagnies de la zone CIMA (figure 15).

� Solution de gestion de l’assurance IARD, développée avec le langage Delphi

fonctionnant sous une base de données SQLServer sur un serveur équipé de

WindowsOS. Cette application est également orientée produit et est déployée en

architecture client-serveur. Elle est installée dans quelques compagnies de l’espace

avec des niveaux de versions différentes (figure 16).

� Solution de gestion de l’assurance Vie, développée avec le langage Java fonctionnant

sous une base de données Oracle ou SQLServer sur un serveur supportant

WindowsOS ou Unix. Cette application est orientée client. Elle peut être déployée en

architecture client-serveur ou n-tiers avec un serveur d’application. Elle est

actuellement en cours de déploiement dans 2 compagnies de la région (figure 17).

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36

Figure 15 : Solution de gestion de l’assurance vie sous RPG et AS400

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Figure 16 : Solution de gestion de l’assurance IARD sous Delphi et SQLServer

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Figure 17 : Solution de gestion de l’assurance Vie sous Java et Oracle

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40

2.1.2 L’Afrique du Nord

Le chiffre d’affaires cumulé des quatre (4) pays du Maghreb (Algérie, Egypte, Maroc,

Tunisie) est estimé à 6,6 milliards USD en 2011 selon les chiffres de Swiss Re présentés dans

le tableau ci-dessous :

Figure 18: Primes Vie et non Vie en 2011 en Afrique (Source : Sigma, Swiss Re)

Le chiffre d’affaires du Maghreb représente une part importante du marché africain, soit 10%

de l’ensemble des encaissements réalisés sur le continent et 40%, si on exclut l’Afrique du

Sud.

Le secteur de l’assurance de la zone est en cours de restructuration et est crédité d’un fort

potentiel de croissance en raison du dynamisme démographique. La population totale est

estimée 162 millions d’habitants28 (37 millions en Algérie, 81 millions en Egypte, 33

millions au Maroc et 31 millions au Tunisie).

Dans ce marché très diversifié, le Maroc apparait comme le leader de la zone (plus de 50% du

marché maghrébin de l'assurance en chiffre d'affaires) et occupe ainsi la 2ème du marché de

l’Afrique après l’Afrique du Sud avec près de 2 milliards de cotisation.

Les résultats obtenus par le secteur de l’assurance au Maroc sont le fruit du régulateur et des

acteurs pour assainir le marché au cours des années 1990.

Aujourd’hui seulement 17 assureurs dont trois (3) mutuelles se partagent le marché

Marocain.

28 Sources : Statistiques Nationales, PNUD, FMI, Fondation Mo Ibrahim. Ces chiffres ont été publié dans le magazine Courrier international, Afrique 3.0, Hors-série mars-avril-mai 2013.

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41

Le tableau ci-dessous présente l’évolution des parts de marché des compagnies marocaines sur la période 2008-2001 :

Figure 19: Evolution du Chiffre d’Affaires 2008-2011 par compagnie (Maroc)

Les assureurs marocains après la période de restructuration possèdent désormais le savoir-

faire et les ressources financières pour rivaliser avec les assureurs européens comme Allianz

et Axa dans la lutte de positionnement pour profiter du potentiel du marché africain.

Le groupe SAHAM (propriétaire de CNIA Saada Assurance) après le rachat du groupe

COLINA en 2010, a acquis en 2011 Global Alliance Insurance (GAI), l'un des principaux

assureurs Angolais.

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42

Dans le cadre de sa stratégie de croissance en Afrique et au Moyen-Orient le groupe SAHAM

a signé début 2013 un partenariat avec l’éditeur de logiciel CEGEDIM ACTIV.

Nous citons ci-dessous le communiqué de presse de CEGEDIM ACTIV en date du 14 janvier

2013 :

« …Cegedim Activ, entité de Cegedim Assurances, leader des logiciels et services dédiés à

l’Assurance de Personnes, annonce la signature d’un partenariat stratégique avec le groupe

SAHAM.

L’accord signé entre les deux parties pose les bases d’un partenariat centré sur les solutions

de gestion de l’assurance santé de Cegedim Activ et vise le développement des activités de

filiales TPA (Third Party Administration) du groupe SAHAM pour l’Afrique et le Moyen

Orient. » 29

Le marché du Maghreb dans sa structure ressemble globalement à celui de la zone CIMA

avec une forte proportion de l’assurance non-vie.

29 Communiqué de presse de CEGEDIM ACTIV en date du 14 janvier 2013

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43

2.1.3 L’Afrique Subsaharienne Anglophone

A l’image du Maroc et de l’Egypte, la majorité des pays subsahariens anglophones sont

aujourd’hui des marchés presque matures.

Le chiffre d’affaires de la zone subsaharienne anglophone représente également une part

significative du marché africain, soit 12% de l’ensemble des encaissements réalisés sur le

continent et 48%, si on exclut l’Afrique du Sud.

Dans l’ensemble des pays de cette zone anglophone se distinguent notamment :

� le Nigéria (165 millions d’habitants avec 1,2 milliards USD de primes en 2010 selon

les chiffres de Swiss Re)

� l’Angola (18,9 millions d’habitants)

� et le Kenya (37,8 millions d’habitants avec 0,8 milliards USD de primes en 2010 selon

la même source), qui est du reste le leader de l’Afrique de l’Est.

Le Kenya occupe cette position grâce à la vitalité de ses entreprises et au dynamisme de son

secteur privé. Le nombre de Kényans connectés à Internet a doublé entre 2010 et 2011 pour

atteindre les 10,6 millions d’internautes en 2011. De plus l’impact positif du web sur

l’économie permet désormais à Nairobi de rivaliser avec les Européens dans ce secteur, selon

une étude du site Internet World Stats sur l’année 2011.

Les réformes règlementaires introduites récemment au Nigéria (ce qui a entrainé la fermeture

de plusieurs compagnies) et le redémarrage de l’économie angolaise offrent de nouvelles et

importantes perspectives de développement du secteur de l’assurance dans la zone.

Notons que le Ghana a adopté, et ce depuis 2012, les normes comptables internationales IFRS

(International Financial Reporting) en lieu et place du GNAS (Ghana National Accounting

Standards) en vigueur depuis le 1 janvier 2007.

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44

2.1.4 L’Afrique du Sud

L’environnement du marché Sud-Africain des Assurances présente des différences

fondamentales par rapport aux trois (3) autres zones en raison de ses performances et de sa

taille.

L’Afrique du Sud est le seul pays du continent où la profession est développée. En effet ce

développement vient de la qualité de ses professionnels principalement formés à l’école

anglaise.

Le secteur met donc en pratique les mêmes règles et procédures de gestion qu’en Angleterre.

Ce marché libéralisé et dynamique s’apparente aux marchés européens (surtout Londonien) et

se présente comme la locomotive incontestée du continent Africain avec plus de 90% du

volume global des primes Vie en 2010 selon les chiffres de Swiss Re.

En Afrique du Sud, les primes Vie représentent 79,3% de primes totales du pays contre 20,7%

pour les assurances non-Vie. La situation est inverse dans le reste de l’Afrique où les

assurances non-Vie représentent 74% des primes totales contre seulement 26% pour

l’assurance-vie.

Selon A.M. Best « … la pénétration des assurances est élevée en Afrique du Sud vu la

maturité de son secteur de l'assurance-vie. »

Les trois (3) premières compagnies d’assurances du pays, selon le classement 2012 de Jeune

Afrique30, sont :

� SANLAM (6,7 milliards USD de primes)

� LIBERTY GROUP (3,4 milliards USD de primes)

� OLD MUTUAL LIFE ASSURANCE CO. (3,2 milliards USD de primes)

Après l’application depuis plusieurs années des normes IFRS, l'Afrique du Sud s’apprête à

introduire, à l'horizon 2014, les nouvelles directives comptables induites par Solvency 2.

30 Jeune Afrique, Spécial Finance, Edition 2012 – Hors-série n°31

La problématique des Systèmes d’Information dans le secteur de l’Assurance en Afrique Konan Jacob KOUASSI – Thèse Professionnelle Executive MBA CNAM / ENASS 2011-2013

45

De plus, selon l’indice de développement des TIC (IDI) de l’UIT, l’Afrique du Sud fait partie

des cinq (5) pays du continent qui disposent des infrastructures et des compétences

nécessaires à l’amélioration de la pénétration et de l’utilisation des TIC, comme l’illustre le

tableau ci-après :

Figure 20: Classement selon l’indice IDI mondial, 2011 par région (Source : UIT)

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46

2.2 Les préoccupations

Vu le nombre important des problématiques des SI dans le secteur des assurances en Afrique

nous avons opté pour un regroupement par type de préoccupation pour en faciliter la lecture.

2.2.1 Vision stratégique

La question de fond de notre point de vue est la compréhension des enjeux des SI par les

cadres dirigeants des compagnies d’assurances. Ont-ils le niveau de compétence en

connaissance technologique pour pouvoir mesurer les enjeux ? En ont-ils la volonté ?

Il existe un véritable problème de positionnement de la fonction SI dans la grande majorité

des compagnies.

Les organigrammes comportent très peu de véritables Directions chargées du Système

d’Information. On retrouve le plus souvent des Services Informatiques rattachés aux

Directions Administratives et Financières. Nous sommes encore loin d’une DSI structurée

autour d’une articulation MOA et MOE.

Il se pose enfin la question de la mise en place des DSI groupe au regard des stratégies de

concentration en cours dans la région.

2.2.2 Gestion de projets

Dans le cadre du développement ou de la modernisation de leur SI, les compagnies

d’assurance africaines semblent ne pas maîtriser la gestion des projets IT dans ses deux (2)

aspects fondamentaux :

� Le Pilotage stratégique (ou pilotage de portefeuille de projets). Cette phase importante

permet, à partir d’idées ou de demandes d’informatisation, de sélectionner les projets à

réaliser, de les prioriser en tenant compte des axes stratégiques, des risques et des

moyens de financement de la compagnie

� Le Pilotage opérationnel, phase non moins importante, qui permet une fois le projet

retenu de le planifier et de le piloter.

La non maitrise de la gestion de projets pourrait expliquer les difficultés suivantes observées

dans le secteur :

� Les problèmes récurrents dans l’expression et le recueil des besoins

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47

� L’inadéquation entre les fonctionnalités des solutions métiers et les besoins exprimés

(problème de couverture fonctionnelle des SI)

� Les difficultés de choix entre le Progiciel et le développement sur mesure

� Les questions relatives à la gestion multidevise et multilingue

� Le problème de la centralisation des applications métiers

� Les longs délais pour la prise en compte d’une petite évolution sur une garantie

(souvent 8 mois)

2.2.3 Contraintes techniques

Au niveau des contraintes techniques, les obstacles à surmonter sont les suivants :

� Le mauvais état des infrastructures technologiques et des connexions dans la grande

majorité des pays

� Les coûts d’accès encore élevés aux services sur la zone

� La vétusté des logiciels, des équipements matériels et des infrastructures réseaux des

compagnies

� Les problèmes de maintenance des serveurs à distance pour les compagnies ayant une

DSI groupe

� L’indisponibilité au niveau local d’intégrateurs de solutions maitrisant les métiers de

l’assurance

� La question des interfaces et des migrations de données dans le cadre de la reprise de

l’existant

2.2.4 Contraintes financières

Les contraintes financières restent des préoccupations importantes pour les compagnies

d’assurance de la zone au regard de la faiblesse de leur chiffre d’affaires :

� Le budget consacré au SI est insuffisant comparé à l’immensité des actions et des

objectifs à atteindre. Il est très en décalage du budget mis au service des SI des

banques faisait remarquer un assureur camerounais.

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48

� Le coût élevé des équipements matériels et des logiciels

� La question de la baisse du coût de maintenance des anciens systèmes

� L’épineuse et stratégique question de la réduction des frais de gestion et d’acquisition

2.2.5 Contraintes règlementaires

Les systèmes d’information existants sont difficilement adaptables aux changements réguliers

et rendus obligatoires par les évolutions fiscales, règlementaires et du business. Ces

contraintes induisent les problèmes suivants :

� La mise en conformité vis-à-vis de la règlementation

� La revue régulièrement de l’éditique des SI (risques juridiques)

2.2.6 Gestion opérationnelle du SI

2.2.6.1 Disponibilité du SI

La disponibilité du SI reste une des préoccupations importantes des compagnies d’assurances

en raison premièrement de l’instabilité dans la fourniture de l’électricité dans plusieurs pays

de la zone.

Les compagnies ne disposent pas toujours de plan de secours documenté, actualisé et testé

pour assurer la continuité du service en cas d’incidents :

� Comment fonctionner en cas d’indisponibilité partielle ou totale du système

informatique pendant plusieurs jours suite à une panne technique du SI ou à une

coupure d’électricité ?

� Comment se fait la reprise de l’activité après un incident ?

� Existe-t-il une possibilité de basculer sur un site de secours et dans quel délai ?

2.2.6.2 Fiabilité et qualité des données et performance du SI

Un grand nombre de SI de la zone n’arrive pas à produire des données fiables et de bonnes

qualités en tenant compte des observations et recommandations faites par les autorités de

contrôles suite aux missions d’audit des SI.

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49

Le constat fait par certains assureurs est parfois alarmant et choquant :

� Certaines applications génèrent par exemple des polices en double et ce de manière

aléatoire impactant gravement la cohérence de toute la base de données.

� Les résultats des calculs des valeurs de rachat et des provisions mathématiques sont

très souvent erronés (en assurance Vie)

� Les cas d’erreurs de calculs sur les commissions des réseaux en assurance vie sont

également nombreux en raison de la complexité de la structure de commissionnement.

� Le délai de traitement des demandes de travaux du métier par les services

informatiques varient entre 2 jours et 2 semaines en fonction de la complexité de la

demande

L’orientation produit du SI entraine aussi des problèmes d’interface entre les différentes

applications du SI :

� Le transfert des écritures techniques en comptabilité

� La récupération des données de la production et des sinistres dans le module de

réassurance

� La réconciliation des données du module de réassurance et de la comptabilité

2.2.6.3 Sauvegarde, restauration et traçabilité des opérations

Les tests de restauration ne sont pas régulièrement effectués après les sauvegardes. Les

procédures lorsqu’elles existent ne sont pas normalisées et souvent actualisées.

Le service informatique d’une compagnie d’assurance vie de la zone a été obligé de restaurer

après un incident une bande magnétique vieille de 3 mois (elle était la plus récente dans le lot

en état de fonctionnement). Cette action a conduit involontairement à la réémission et au

prélèvement de primes pendant de nombreux mois sur les comptes bancaires des clients dont

les contrats étaient arrivés à échéance entre la date de sauvegarde de cette bande magnétique

et la date de survenance de l’incident.

2.2.6.4 Sécurité, et confidentialité des données sensibles

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50

2.2.6.5 Vision unique du client et identification des assurés

Les SI orientés produit ne permettent pas d’avoir une vision synthétique sur l’ensemble des

informations clé du client (contrats, prestations, rentabilité,…).

La problématique de l’identification des assurés est importante dans l’objectif d’améliorer la

qualité des services, de réaliser sans difficulté des actions commerciales (envoi de sms ou de

courriers) et de lutter efficacement contre la fraude.

2.2.7 Gestion de la relation avec les partenaires

En raison de la rigidité actuelle de leur SI, les assureurs africains rencontrent d’énormes

difficultés dans les échanges d’informations de qualité avec leurs partenaires (agents,

courtiers, santé, garagiste).

Les solutions non exhaustives mises en œuvre pour régler la problématique de

l’interconnexion afin de collecter les données de souscriptions et de prestations sont les

suivantes :

� La location d’une liaison spécialisée

� L’installation d’une liaison par VSAT31

� L’installation d’un système VPN32 sur une connexion internet

� Le déploiement d’une solution virtualisation (ex CITRIX)

� L’installation de l’application métier chez le partenaire avec la mise en place de

procédures de récupération et de transfert des données dans le SI de la compagnie (par

internet ou site)

Ces solutions connaissent des fortunes diverses :

� Elles sont très coûteuses pour celles qui marchent

� Elles sont très lentes au niveau des temps de réponse et pas souvent fonctionnelles

pour les questions de débit et de disponibilité de la connexion internet

31 VSAT (Very Small Aperture Terminal) : Terminal d'émission ou de réception par satellite doté d'une antenne de faible dimension. http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/VSAT/82631 32 VPN (Virtual Private Network) ou réseau privé virtuel

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51

� Dans le dernier cas, elles sont sources de fraudes et de génération d’incohérences dans

la base de données de la compagnie avec les opérations de récupération et de transfert

pas très fiables de l’avis même des assureurs de la zone

2.2.8 Capital humain

Les compagnies manquent de ressources humaines qualifiées (métier, actuaire et

informaticien) dans les fonctions intermédiaires (Afrique du Sud exclue).

2.2.9 Performance opérationnelle de la compagnie

Pour la grande majorité des compagnies, les systèmes informatiques semblent avoir été

conçus pour le personnel technique (actuaire et informaticien). Leurs interfaces ne sont pas

orientées utilisateurs et obligent de ce fait le personnel métier à solliciter continuellement les

équipes techniques.

Les SI actuels sont parfois un frein à la performance opérationnelle des compagnies

d’assurance africaines.

Les cas de conception de produits d’assurances n’ayant pu faire l’objet de commercialisation

en raison de l’impossibilité de sa gestion par le système informatique de la compagnie sont

légions dans la zone (la problématique du Time To Market).

Cette situation a amené la Direction Technique d’une compagnie d’assurance vie de l’Afrique

de l’Ouest à lancer la commercialisation de son produit phare par le canal d’une banque

partenaire le temps du développement de son SI afin d’occuper le marché.

Les SI existants sont caractérisés par le manque d’outils collaboratifs et de bonnes solutions

de gestion de contenu et de workflow. Cette absence impacte négativement la qualité du

service aux clients :

� Le non-respect des engagements et des délais (retards et difficultés dans la production

des contrats et dans le règlement des prestations et des sinistres)

� La problématique de l’échange d’informations fiables et régulières avec le client afin

de lui éviter les fréquents déplacements et longues heures d’attente dans les locaux de

la compagnie ou des partenaires.

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52

2.3 Les opportunités et préconisations

Les différentes étapes de développement de solutions (développement sur mesure ou

progiciel) pour le secteur de l’Assurance en Afrique ne prennent pas suffisamment en compte

les phases importantes d’expression des besoins, d’étude de faisabilité et d’analyse

fonctionnelle et de tests.

Ces points cruciaux de la mise en œuvre d’une solution informatique métier ne semblent donc

pas bien compris et appliqués par les éditeurs de logiciels d’une part et les compagnies

d’assurance d’autre part.

Les différents échanges réalisés dans le cadre de cette thèse professionnelle confirment

l’information largement répandue dans le secteur selon laquelle les compagnies d’assurance

n’intégreraient presque jamais, dans leur processus d’acquisitions, de phases de qualification :

� Pas d’analyse des écarts fonctionnels,

� Pas de phase « bac à sable »

� Pas de roadmap détaillée intégrant les phases d’intégration et de migration

Les valeurs de rachat et des provisions mathématiques, par exemple, générées par les SI

seraient généralement fausses.

Ces mêmes sources parlent des mêmes pratiques du côté des fournisseurs ou intégrateurs de

solutions qui de plus n’intégreraient pas dans leur prestation un niveau de formation à l’effet

de permettre le transfert de compétences vers les équipes du client.

Une autre raison du mauvais fonctionnement du SI sur le continent Africain pourrait découler

de la vision du profit à court terme d’actionnaires des compagnies (hormis les assureurs aux

standards internationaux) qui investissent très peu non seulement dans l’infrastructure

informatique (Matériel, réseaux, logiciels) mais également dans le recrutement de personnel

informatique expérimenté et bien formé.

Nous assistons souvent à un décalage entre un Conseil d’Administration peu au fait des

problématiques opérationnelles de l’assurance et des Directeurs Généraux qui souhaiteraient

eux disposer de SI fiable et agile dans le contexte actuel de concentration et de forte

concurrence.

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53

Ce décalage peut constituer un obstacle majeur pour ces Directeurs Généraux qui ont compris

que pour les années à venir, l’un des enjeux importants des compagnies d’assurance en

Afrique sera la réussite de la transformation de leur système d’information ; gage d’un

pilotage réussi au niveau stratégique, opérationnel et financier de leur business.

Nous donnons, à cet effet, dans les pages suivantes quelques pistes de réflexion.

2.3.1 La gestion des projets IT

Les besoins d’évolution réguliers des SI dans le secteur des assurances obligent à l’adoption

d’une approche de gestion du SI en mode projet.

Cette conduite de projet de SI doit désormais être faite sous l’angle d’un investissement

financier.

Il importe à ce titre aux Direction Informatiques des compagnies d’assurance chargées de

prévoir et de mettre en œuvre ces investissements de faire face à deux (2) enjeux essentiels :

� Justifier les apports attendus des investissements induits par les besoins de mise en

place de SI

� Prioriser les investissements les uns par rapport aux autres dans un contexte de

rationalisation des moyens

En effet pour réussir la conduite de la modernisation des SI de leur entreprise les dirigeants se

devront d’appliquer une méthodologie prenant en compte les deux (2) aspects fondamentaux

suivants :

� Le Pilotage stratégique (ou pilotage de portefeuille de projets). Cette phase importante

permet à partir d’idées ou de demandes d’informatisation de sélectionner les projets à

réaliser, de les prioriser en tenant compte des axes stratégiques, des risques et des

moyens de financement de la compagnie

� Le Pilotage opérationnel, phase non moins importante, qui permet une fois le projet

retenu de le planifier et de le piloter.

Pour chaque nouveau projet, il importe de bien délimiter le périmètre et les objectifs en

intégrant surtout les impacts sur le SI existant.

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54

Je propose dans les pages suivantes une synthèse de la démarche conçue pour le pilotage

stratégique dans le cadre d’une mission33 à l’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP-Banque de

France). Cette démarche se veut simple et adaptable selon l’entreprise et le contexte

d’utilisation.

33 Cette mission de 3 mois (Juin-Août 2012) s’est déroulée au sein du Service SIAIDS de la DRHMSI de la Banque et avait pour objectif la conception et la mise en place d’un outil pour le pilotage des portefeuilles de projet.

La démarche comporte six (6) phases comme présentées dans le schéma suivant :

1

4 Étude de faisabilité

Analyser la faisabilité financière,

organisationnelle et technique du

projet, proposer des solutions

(scénarios).

3 Étude d’opportunité

Analyser et démontrer le bien-

fondé de la demande par rapport à la stratégie de la banque, aux

objectifs du domaine et présenter les gains attendus.

2 Expression des besoins

Formaliser l’idée de départ en plan

d’actions concret en faisant

apparaître ses avantages et ses

inconvénients pour les bénéficiaires.

Phase d’étude ou avant-projet

Dossier d’expression de besoins

Dossier d’étude d’opportunité

Dossier d’étude de faisabilité

Continuer ?

OUI

NON

OUI 6 Initialisation du projet NON

Lancer ?

5 Synthèse

Dossier de fin d’étude

Demande d’informatisation � Plans (ou axes stratégiques) de la

Compagnie � Sollicitations des Directions/Services

Sources des demandes :

Note de lancement de l’étude Valider ? OUI NON

1

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56

L’outil proposé repose sur un ensemble de 10 critères pour la sélection des projets candidats

à l’entrée dans le portefeuille et leur priorisation en tenant compte :

� Des axes stratégiques de l’entreprise

� De l’évaluation du niveau des risques

� Et des moyens de financement de l’entreprise

L’évaluation de chaque critère est faite sur une échelle variant de 1 à 5 avec la possibilité

d’utiliser un coefficient de pondération.

Les différentes étapes du processus sont :

� Réaliser les différentes actions de la phase d’étude 34(expression des besoins, étude d’opportunité, étude de faisabilité) pour chacun des projets candidats

� Evaluer ensuite le projet à l’aide de la fiche de synthèse de la demande d’informatisation35

� Saisir enfin les notes obtenues dans la feuille Excel 36dédiée à la hiérarchisation des projets du portefeuille

Cette démarche pourra atteindre ses objectifs à la condition que les dirigeants du secteur

mettent en place une organisation avec la volonté de renforcer de la fonction SI (MOA, MOE)

au sein de leur entreprise.

2.3.2 Facteurs clés pour la mise en place d’une solution métier

Nous donnons ci-après une liste non exhaustive d’éléments ou d’actions qui pourraient aider à

la mise en place d’une solution métier pour un SI flexible et efficient :

� Faire évoluer le SI vers une solution orientée client et services en remplacement des

solutions existantes orientée produit pour améliorer la productivité et le service au

client

� Prévoir dans la conception de la solution un lien entre la souscription et les

programmes de réassurance pour la gestion des exclusions et des limitations

34 Les modèles de plan des phases d’études (besoins et opportunités) sont donnés à l’annexe n° 03 35 Le modèle de la fiche de synthèse est donné à l’annexe n° 04 36 Le modèle de la feuille Excel est donné à l’annexe n° 05

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57

� La solution devra être capable de mettre à la disposition des dirigeants des compagnies

d’assurance des indicateurs (ou critères) de mesure de la rentabilité. A titre d’exemple,

la société SCOR dispose d’un outil de tarification unique (utilisé dans le monde entier)

restituant en temps réel la rentabilité affaire par affaire.

� L’outil devra permettre d’automatiser les tâches afin que les gestionnaires sinistres

consacrent plus de temps à la gestion de la relation client

� Le SI peut aider à la diminution des coûts de gestion par la prise en charge d’une

partie des tâches par le client. Un espace client pourra être intégré à cet effet au

logiciel métier

� La solution devra être orientée web

� Le SI devra permettre une vision 360° du dossier client (cotation, contrats,

sinistres,…)

� Il devra également être suffisamment agile et flexible pour s’adapter en permanence

aux changements (stratégique, règlementaire, technologique (technologies mobiles,

réseaux sociaux, internet))

� Prendre en compte les questions relatives à la sécurité et à la disponibilité du SI au

cours de toutes les phases du projet.

� Le SI doit rester ouvert pour pouvoir prendre en charge les problématiques d’interface

entre solutions applicatives

� Utiliser les nouveaux supports technologiques pour communiquer avec les clients et

les partenaires

� Explorer la voie de la signature d’un partenariat avec un éditeur sérieux de logiciel

pour la mise en œuvre de la solution à l’image du partenariat signé entre CEGEDIM

ACTIV et le Groupe SAHAM

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58

2.3.3 Réduction des coûts du SI

Les démarches de réduction des coûts des investissements sont multiples et spécifiques. Nous

recommandons à côté des démarches existantes l’exploration des pistes suivantes :

� Investir dans la virtualisation

� Préférer l’acquisition des baies de stockage aux serveurs traditionnels

� S’orienter vers la mutualisation des infrastructures techniques et des coûts

Figure 21: Photos d’une gamme de baies de stockage (Source : EMC)

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2.3.4 Conduite du changement

La conduite du changement pilier important des projets de modernisation des SI n’est

malheureusement pas toujours bien comprise et bien appliquée.

La conduite du changement porte sur l’ensemble des dispositions devant être prises (avant,

pendant et après) pour communiquer, sensibiliser et obtenir l’adhésion des parties prenantes

pour une réussite du projet et son acceptation par les destinataires dudit projet.

Il importe donc de prévoir une dotation variant généralement entre 10 à 15% du budget pour

le financement du volet du projet relatif à la conduite du changement.

Il est également utile voir indispensable d’impliquer suffisamment le service chargé de la

gestion des ressources humaines pour les questions se rapportant à la formation pour s’assurer

de la disponibilité de tous les acteurs du projet.

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60

Troisième Partie :

Tendances des innovations des SI et

opportunités

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3. Troisième partie : Tendances des innovations des SI et

opportunités

3.1 Mutations de la société et du secteur privé

Contrairement aux clichés existants encore sur cette partie du monde, le continent Africain

amorce depuis plusieurs années une mutation sociale importante.

Nous assistons à l’éclosion d’une nouvelle classe sociale intermédiaire au fait du numérique

et de la technologique.

La jeunesse majoritaire sur le continent (40% de la population a moins de 15ans) est de plus

en plus urbanisée, et de plus en plus connectée à internet et aux médias sociaux, y compris

dans les quartiers défavorisés et dans les zones rurales. Cette jeunesse fréquente assidument

les kiosques internet et est habituée aux médias (radios, bouquet satellite, affichage, …).

Ces habitudes créent naturellement des désirs de consommation et influent sur les

comportements.

Nous observons également un retour au pays d’une partie de la diaspora africaine et

notamment d’étudiants diplômés de très bonnes écoles et des cadres qualifiés intégrant le

secteur privé en pleine croissance.

L’Afrique continent des contrastes et des disparités est qualifiée par les institutions

financières internationales (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Banque

Africaine de Développement) de « nouvelle Asie ».

Les technologies mobiles ont assurément joué un rôle non négligeable dans les

transformations en cours et à venir.

La croissance du taux de pénétration du mobile en Afrique est la plus élevée au monde en

2011 comme l’illustreront les tableaux des pages suivants.

Toutes ces mutations constituent pour les assureurs opérant sur le continent une réelle

opportunité.

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62

3.2 Les tendances des innovations des SI pour l’assurance

Selon les chiffres de l’UIT et illustrés par les trois (3) graphiques suivants, la technologie

mobile est celle ayant le taux de pénétration, le plus élevé en 2011, dans les pays en

développement de 78% contre 23% dans les pays développés et 40% à l’échelle mondiale :

Figure 22: Evolution du secteur des TIC dans le monde (Source : UIT) Nous donnons dans les pages suivantes quelques indications sur les innovations pouvant être

exploitées dans les SI des compagnies d’assurance en Afrique.

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63

3.2.1 Le téléphone mobile

L’assurance par le téléphone est déjà mise en œuvre sur le continent (Tanzanie, Kenya,

Ghana, Zambie, Côte d’Ivoire,…) pour la souscription de contrats et le paiement des

cotisations.

Ces premières expériences sont réalisées sur la base de partenariats signés entre la compagnie

d’assurance (ou son intermédiaire) et une entreprise de téléphonie cellulaire comme le montre

les exemples37 suivants avec M-PESA et M-BIMA :

Figure 23: Exemple assurance mobile

37 http://cic.co.ke/

http://www.microinsurancecentre.org/resources/documents.html

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M-Pesa, n°1 du m-paiement en Afrique

Ou comment le téléphone mobile est devenu un outil universel de partage et de développement en Afrique.

Développé par l’opérateur kenyan Safaricom, M-Pesa est un service de transfert d’argent par téléphonie mobile. Créé en 2007, il permet de déposer de l’argent sur son compte, d’en envoyer à un contact ou d’en retirer dans certains distributeurs du pays, le tout sans qu’il soit nécessaire pour l’utilisateur de disposer d’un compte bancaire. Aujourd’hui le service compte près de 15 millions d’utilisateurs, soit un Kenyan sur trois !

Devenu le symbole de l’innovation et de la réussite du m-paiement en Afrique, M-Pesa a fait des petits parmi ses voisins, comme au Niger, en Syrie ou même en Haïti. Et aussi l’objet de détournements plus solidaires, comme Mamabika qui permet à des femmes enceintes des bidonvilles de Nairobi d’économiser afin de pouvoir accoucher décemment dans un hôpital.

Ce succès du m-paiement s’explique en partie par le faible taux de bancarisation du continent africain, à 13%, alors que le taux de pénétration de la téléphonie mobile atteint déjà les 25%. Le mobile devient un levier de fond pour rattraper le retard de bancarisation et un moteur de développement de projets.

L’Afrique est ainsi le premier continent en termes de m-banking, une technologie qui commence à peine à s’implanter dans les pays occidentaux, et qui prouve encore une fois que l’innovation n’est pas l’apanage des pays du Nord.

Source : http://www.sfr.com/nos-engagements/faisons-du-numerique-une-chance-le-blog/m-pesa-ndeg1-du-m-paiement-en-afrique

CIC M-PESA AGENTS INSURANCE PACKAGE

This product is specially designed to provide Insurance protection to proprietors of M-Pesa Shops. The product is packaged to provide holistic protection under one insurance policy as per the following sections:

Section I – Money Insurance Cover for Loss of money whilst in transit or in the insured’s premises through theft, robbery, threat / hold up or hijack. Money is defined to mean Kenyan Currency either in coins and / or notes form as issued by the Central Bank of Kenya The definition of currency for the purpose of this policy shall be extended to cover E-Money in the Mpesa Phone transferred following hold up / threat at gun point only.

Section II – Fidelity Guarantee Insurance Cover for loss of money through an act of fraud / dishonesty of employees

Section III – Work Injury Benefits Act (WIBA) Insurance This section provides Indemnity for liability under the Work Injury Benefit Act (WIBA) 2007 in respect of bodily injury or illness / disease sustained in the course of employment

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65

WIBA is a compulsory cover by legislation for all employees and is an affordable option for compliance with the Law.

Indemnity Limits The cover is packaged into three bands / options depending on the level of float held in the Mpesa shop. The premium indicated against each caters for the three sections above

BAND I – Upto 50,000 II – 50,001 – 100,000 III – 100,001 – 250,000

ANNUAL PREMIUM Kshs. 4,309 Kshs. 7,574 Kshs. 11,466

Where the Mpesa shop operates a float beyond the maximum limit of Kshs. 250,000 the Company shall advise the premium to apply.

The WIBA section covers one employee but where cover for additional employees is required the following additional premium shall apply for each additional shop attendant

Insurance Application Procedure

We have designed a simple proposal form which can be completed and delivered to any of our CIC offices countrywide or send online to our email address below. The proposal form can be accessed from our website (www.cic.co.ke) or in any of our office countrywide. Email: [email protected]

Premium Payment Through a partnership with Safaricom the Company has established the following Pay bill number through which premium can be paid at the comfort of the client’s premises Pay Bill Number – 600122. On the account number the agent should enter their Mpesa agent number. Besides protecting the Mpesa business we have developed a personal accident cover for the proprietor of the Mpesa shop

PERSONAL ACCIDENT COVER FOR PROPRIETOR Covers the proprietor for bodily injury caused by violent, accidental, external and visible means resulting directly and independently of any other cause

Benefit Option 1 Option 2

Death 500,000 250,000

Permanent Total Disablement 500,000 250,000

Temporary Disablement ( Weekly benefits max. 104 weeks) 5,000 5,000

Medical Expenses 70,000 50,000

Funeral Expenses 50,000 50,000

Annual Premium 2,000 1,200

Source : http://cic.co.ke/portfolio/m-bima/

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La commercialisation des polices d’assurance par ces nouveaux canaux permet non seulement

d’atteindre les classes moyennes mais également les couches les plus modestes de la

population.

Pour l’heure ces expériences sont réalisées sur des plateformes non directement intégrées aux

SI des compagnies d’assurance. Le montant des commissionnements et le coût des solutions

d’interfaçage (avec l’opérateur téléphonique ou l’intermédiaire) restent encore élevés.

Les assureurs auraient donc intérêt à explorer ce nouveau canal de distribution tout en

recherchant des axes d’amélioration.

Des analyses sur les possibilités d’amélioration pourraient être réalisées à partir de l’exemple

du tableau suivant :

Figure 24: Possibilités de développement autour du mobile

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3.2.2 La biométrie

Les besoins sans cesse croissant de l’identification des assurés pour mieux cibler les prestations et

lutter contre la fraude entraine le développement de nombreuses expériences afin d’utiliser cette

technologie dans l’industrie de l’assurance.

Le contrôle de l’identité des clients pourra être réalisé par l’utilisation d’une carte à puces

biométriques ou par la mise en œuvre de système de reconnaissance vocale.

Les premières expérimentations de l’utilisation de la biométrie dans le secteur de l’assurance en

Afrique ont été initiées en Afrique de l’Est (Ouganda, Kenya,…).

Figure 25 : La biométrie

3.2.3 Le stylo numérique

Le stylo numérique (ou e-pen) est une technologique destiner à appuyer la souscription et à amorcer

un début de dématérialisation dans les compagnies d’assurance.

En effet la caméra intégrée au stylo permet de numériser et d’archiver en temps réel les

informations relatives à la souscription.

Ce stylo est déjà opérationnel dans les réseaux de distribution de l’assureur Allianz.

Sa technologie pourrait être utilisée à court terme sur le continent africain :

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Figure 26 : Le stylo numérique

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69

Conclusion générale

Les systèmes d’information (SI) ont un rôle indispensable dans l’amélioration de la rentabilité

des entreprises d’assurance et de la qualité du service à leur clientèle en raison de la

complexité et de la spécificité de leur métier.

Monsieur Hervé Lambert, Directeur des études supports et référentiels à la direction des

systèmes d'information (DSI) de Generali France, l’a d’ailleurs rappelé, lors d’une table ronde

organisée par l’Argus de l’Assurance38: « Le système d'information dans les sociétés

d'assurances est l'équivalent des chaînes de production dans l'industrie. C'est lui qui permet

aux assureurs de produire de nouvelles offres, de gérer les contrats et les sinistres. »

Les actions vigoureuses d’assainissement entreprises par les régulateurs sur les différents

marchés de la région et les stratégies de regroupement mises en place par les acteurs ces

dernières années donnent une opportunité supplémentaire aux assureurs africains d’amorcer la

transformation de leur SI.

Ces modernisations de leur SI pourront être sources de rentabilité et de renforcement de la

performance opérationnelle à la condition que ces assureurs intègrent dans leur organisation

une véritable fonction SI et investissent dans des solutions applicatives orientées client et

web, flexibles et robustes.

S’appropriant les innovations technologiques en cours de développement (mobile, stylos

électroniques, biométrie), les entreprises d’assurance pourront davantage rapprocher leurs

services de leur clientèle dans une société africaine en pleine mutation.

La véritable clé se trouve dans la maturité des entreprises autour de la compréhension de ces

importants enjeux.

38 http://www.argusdelassurance.com/acteurs/assureurs/l-assurance-est-encore-le-royaume-du-fait-maison.57950

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Annexes

Annexe n° 01 : Liste des personnes interviewées

Nom et Prénoms Fonction Société

Wandrille LEROY Directeur Commercial Europe MPHASIS Wyde

Renata De LEERS Directeur Général ACB CONSULTING

Pascal DOYE Directeur du Système d’Information ALLIANZ Africa

Sekou SYLLA Directeur Général Groupe SIDAM

Savane ISSIAKA Directeur Général UNACOPEC-CI

Philippe GRAD Chef du service SIAIDS ACP-Banque de France

Jean-Luc MENDA Adjoint au Directeur DRHMSI ACP-Banque de France

Rishi SEWNUNDUN Directeur du Système d’Information MAURITIUS UNION

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Annexe n° 02 : Liste récapitulative des tableaux et graphiques

Référence Intitulé

Figure 01 Vision synthétique du périmètre des SI dans le secteur de l’Assurance

Figure 02 Eléments constitutifs d’un système d’information

Figure 03 Architecture traditionnelle d’un assureur

Figure 04 Schéma de la démarche d’urbanisation d’un SI

Figure 05 Tableau estimatif des prix des constituants d’un SI

Figure 06 Liste des éditeurs de progiciels d’assurance

Figure 07 Primes d’assurance en 2010 en Afrique

Figure 08 Classements et moyennes de l’indice IDI, par région, 2011

Figure 09 Valeurs du panier de prix des TIC dans le monde

Figure 10 Parts de marché des principaux pays de la zone FANAF (Source : FANAF)

Figure 11 Classement des compagnies selon le ratio combiné (Source : FANAF)

Figure 12 Taux de croissance des primes émises 2010 (Source : FANAF)

Figure 13 L’assurance vie et non-vie en 2010 (Source : FANAF)

Figure 14 Liste des pays les moins connectés (Source : UIT)

Figure 15 Solution de gestion de l’assurance vie sous RPG et AS400

Figure 16 Solution de gestion de l’assurance IARD sous Delphi et SQLServer

Figure 17 Solution de gestion de l’assurance Vie sous Java et Oracle

Figure 18 Primes Vie et non Vie en 2011 en Afrique (Source : Sigma, Swiss Re)

Figure 19 Evolution du Chiffre d’Affaires 2008-2011 par compagnie (Maroc)

Figure 20 Classement selon l’indice IDI mondial, 2011 par région (Source : UIT)

Figure 21 Photos d’une gamme de baies de stockage (Source : EMC)

Figure 22 Evolution du secteur des TIC dans le monde (Source : UIT)

Figure 23 Exemple assurance mobile

Figure 24 Possibilités de développement autour du mobile

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Figure 25 La biométrie

Figure 26 Le stylo numérique

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Annexe n° 03 : Modèle de plan pour les phases d’étude de besoins et d’opportunités

1- Plan - Expression des besoins

L’objectif est de formaliser explicitement les besoins exprimés en plan d’actions concret en

faisant apparaître ses avantages et ses inconvénients pour les bénéficiaires.

• Rappel du contexte • Objet du dossier :

1. Nouveau projet (conception) 2. Maintenance ou évolution (optimisation)

• Délimitation du périmètre et spécification des objectifs poursuivis : 1. Objectif principal 2. Objectifs complémentaires

• Rappel de l’existant (processus, acteurs, domaines, applications,…concernées) • Évaluation des gains attendus • Contraintes (échéances réglementaires ou événementiels, délais de mise en œuvre,…) • Risques liés à la réalisation ou à la non-réalisation du projet

2- Plan - Étude d’opportunité

S’appuyant sur l’expression des besoins, elle a pour objectif d’analyser et de démontrer le

bien-fondé de la demande par rapport à la stratégie de la banque, aux objectifs du domaine et

de présenter les gains attendus. Elle permet une prise de décision (Go/NoGo) pour la

poursuite des travaux et la réalisation d’une étude de faisabilité.

• Rappel de l’objet, des objectifs et des enjeux (à partir du dossier d’expression des besoins)

• Analyse de l’adéquation avec stratégie de la banque • Impacts organisationnels et humains • Exigences de qualité (contraintes de fonctionnement, niveau de sécurité, taux de

disponibilité,…) • Volumes prévus • Coûts • Délais de mise en œuvre

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Annexe n° 04 : Fiche de synthèse de la demande d’informatisation

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Annexe n° 05 : Fichier Excel pour la hiérarchisation des projets

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Bibliographie

Ouvrages

Le grand livre du DSI : Mettre en œuvre la direction des systèmes d’information 2.0, Jean-François Challande et Jean-Louis Lequeux, Eyrolles - Editions d’organisation, 2009

Pratiquer la conduite de projet, Henri-Pierre Maders et Etienne Clet, Editions d’organisation, 2005

Mesurer la performance d’un système d’information, David Autissier et Valérie Delaye, Eyrolles - Editions d’organisation, 2008

COBIT : Pour une meilleure gouvernance des systèmes d’information, Dominique Moisand et Fabrice Garnier de la Bareyre, Eyrolles, 2009

Gestion de projet : Vers les méthodes agiles, Véronique Messager Rota, Eyrolles, 2008

Le pilotage de portefeuille de projets, Jean-Yves Moine, AFNOR Editions, 2010

Support de Cours MBA - ENASS

Les systèmes d’information en Assurance – Session 1 : le caractère central du SI, Angelina LAMY et Jonathan EUDELINE – ACCENTURE

Etudes

http://media.swissre.com/documents/sigma2_2011_fr.pdf

http://media.swissre.com/documents/sigma4_2007_fr.pdf

http://media.swissre.com/documents/sigma5_2011_fr.pdf

http://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/ind/D-IND-ICTOI-2012-SUM-PDF-F.pdf

Sites Internet et articles en ligne

http://www.acp.banque-france.fr/accueil.html

http://www.ffsa.fr/

http://www.ffsa.fr/webffsa/risques.nsf

http://www.argusdelassurance.com/

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/evolutions-reglementaires-le-casse-tete-des-donnees.46806

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/assureurs/avoir-un-apercu-des-evolutions-de-son-si-a-moyen-terme.56390

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/assureurs/de-la-souplesse-dans-l-organisation-et-dans-l-informatique.46807

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77

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/logiciels-ou-progiciels-du-pragmatisme-avant-tout.57967

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/assureurs/l-assurance-est-encore-le-royaume-du-fait-maison.57950

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/compagnies-bancassureurs/axa-affiche-ses-ambitions-en-afrique.58903

http://www.argusdelassurance.com/acteurs/allianz-equipe-son-reseau-de-distribution-de-stylos-numeriques.61536

http://www.swissre.com/

http://www.fanaf.org/

http://www.fanaf.org/marche-de-l-assurance-en-afrique_a_67.html

http://cima-afrique.org/

http://www.lesafriques.com/

http://www.lesafriques.com/dossier-special-assurance/dans-le-monde-entier-l-assurance-se-paie-d-av-2.html?Itemid=308?articleid=30225

http://www.optimind.fr/

http://optimindwinter.com/wp-content/uploads//2009/06/optimind_dossier_technique_n_9-systeme_information.pdf

www.uemoa.int/

http://cic.co.ke/

http://www.sfr.com/nos-engagements/faisons-du-numerique-une-chance-le-blog/m-pesa-ndeg1-du-m-paiement-en-afrique

http://cic.co.ke/portfolio/m-bima/

http://www.microinsurancecentre.org/resources/documents.html

Revues

Jeune Afrique, Spécial Finance, Edition 2012 – Hors-série n°31

Courrier International, Afrique 3.0, mars-avril-mai 2013 – Hors-série

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Table des matières

Résumé ...................................................................................................................................... 4

Executive summary .................................................................................................................. 6

Introduction générale ............................................................................................................... 8

1. Première partie : Objectifs et enjeux des SI ................................................................ 11

1.1 Objectifs des SI .......................................................................................................... 12

1.1.1 Fonction utilitaire ............................................................................................... 13

1.1.2 Fonction technologique ...................................................................................... 13

1.1.3 Fonction stratégique ........................................................................................... 14

1.2 Périmètre et Enjeux des SI......................................................................................... 15

1.2.1 L’augmentation du chiffre d’affaires et de la rentabilité .................................... 16

1.2.2 La réduction des frais de gestion et des frais d’acquisition ................................ 17

1.2.3 Le respect des contraintes réglementaires et légales .......................................... 17

1.2.4 L’amélioration de la performance opérationnelle .............................................. 18

1.2.5 La réduction de la fraude .................................................................................... 18

1.3 Quels modèles de SI ? Quels coûts ? Quelles offres ? ............................................... 19

1.3.1 Les différents modèles de SI .............................................................................. 19

1.3.1.1 Le modèle traditionnel de SI ........................................................................ 19

1.3.1.2 Le modèle actuel de SI ................................................................................. 20

1.3.1.3 Progiciel Vs Développement sur mesure ...................................................... 20

1.3.2 Les acteurs .......................................................................................................... 21

1.3.3 Les coûts et les offres ......................................................................................... 23

2. Deuxième partie : Etat des lieux et préconisations ...................................................... 26

2.1 Etat des lieux du Secteur de l’Assurance et des SI .................................................... 26

2.1.1 L’Afrique de l’Ouest et du Centre (Zone CIMA) .............................................. 29

2.1.2 L’Afrique du Nord ............................................................................................. 40

2.1.3 L’Afrique Subsaharienne Anglophone ............................................................... 43

2.1.4 L’Afrique du Sud ............................................................................................... 44

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2.2 Les préoccupations .................................................................................................... 46

2.2.1 Vision stratégique ............................................................................................... 46

2.2.2 Gestion de projets ............................................................................................... 46

2.2.3 Contraintes techniques ....................................................................................... 47

2.2.4 Contraintes financières ....................................................................................... 47

2.2.5 Contraintes règlementaires ................................................................................. 48

2.2.6 Gestion opérationnelle du SI .............................................................................. 48

2.2.6.1 Disponibilité du SI ....................................................................................... 48

2.2.6.2 Fiabilité et qualité des données et performance du SI .................................. 48

2.2.6.3 Sauvegarde, restauration et traçabilité des opérations .................................. 49

2.2.6.4 Sécurité, et confidentialité des données sensibles ........................................ 49

2.2.6.5 Vision unique du client et identification des assurés .................................... 50

2.2.7 Gestion de la relation avec les partenaires ......................................................... 50

2.2.8 Capital humain ................................................................................................... 51

2.2.9 Performance opérationnelle de la compagnie .................................................... 51

2.3 Les opportunités et préconisations ............................................................................ 52

2.3.1 La gestion des projets IT .................................................................................... 53

2.3.2 Facteurs clés pour la mise en place d’une solution métier ................................. 56

2.3.3 Réduction des coûts du SI .................................................................................. 58

2.3.4 Conduite du changement .................................................................................... 59

3. Troisième partie : Tendances des innovations des SI et opportunités ...................... 61

3.1 Mutations de la société et du secteur privé ................................................................ 61

3.2 Les tendances des innovations des SI pour l’assurance ............................................ 62

3.2.1 Le téléphone mobile ........................................................................................... 63

3.2.2 La biométrie ....................................................................................................... 67

3.2.3 Le stylo numérique ............................................................................................. 67

Conclusion générale ............................................................................................................... 69

Annexes ................................................................................................................................... 70

Bibliographie ........................................................................................................................... 76

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Table des matières .................................................................................................................. 78

Thèse professionnelle soutenue en mars 2013

pour l’obtention du MBA Manager d’entreprise majeure Assurance

Sous la direction de : Marc NABETH

Président du Jury : François EWALD

Une école est un lieu de production et de diffusion de connaissances.

L’Ecole nationale d’assurances s’organise pour répondre le mieux possible à cette mission en direction de ses élèves d’abord, mais aussi de la profession de l’assurance et de ses partenaires :

• les « séminaires innovation » animés par les auditeurs du Centre des Hautes Etudes d’Assurance (CHEA), permettent aux professionnels de suivre les grandes innovations en assurance telles qu’on peut les observer à l’étranger ;

• les « dialogues de l’Enass » éclairent l’actualité par le débat avec une personnalité remarquable ;

• « les travaux de l’Enass » sont destinés à faire bénéficier la profession des travaux menés au sein de l’Enass par ses professeurs et ses élèves, à tous les niveaux, dans la mesure où les jurys qui les ont évalués ont noté leur qualité et leur originalité. Ces travaux vous seront adressés par Internet, certains d’entre eux pouvant faire l’objet d’un tirage sur papier ou même, être édités.

Nous souhaitons que toutes ces initiatives vous soient profitables.

François Ewald Président du Conseil scientifique et pédagogique de l’Université de l’Assurance