dans les coulisses d’un livre pour enfants · 2019-11-27 · de nicolas raconte le regard qu’un...

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À RETROUVER SUR LEPTITLIBE.FR N°130 - 27 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2019 DANS LES COULISSES D’UN LIVRE POUR ENFANTS D’OÙ EST VENUE L’HISTOIRE ? COMMENT A TRAVAILLÉ L’ILLUSTRATRICE ? QUEL EST LE RÔLE DES ÉDITRICES ?

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Page 1: DANS LES COULISSES D’UN LIVRE POUR ENFANTS · 2019-11-27 · de Nicolas raconte le regard qu’un petit garçon porte sur le monde, je voulais que ma façon de dessiner reflète

À RETROUVER SUR LEPTITLIBE.FR

N°130 - 27 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2019

DANS LES COULISSESD’UN LIVRE POUR ENFANTS

D’OÙ EST VENUE L’HISTOIRE ?

COMMENT A TRAVAILLÉ L’ILLUSTRATRICE ?

QUEL EST LE RÔLE DES ÉDITRICES ?

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Chaque année, fin novembre, a lieu un événement très important dans le monde de la littérature pour enfants : c’est le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, à côté de Paris.

Des milliers d’enfants, d’adolescents, de parents et d’enseignants s’y rendent pour rencontrer des auteurs et des illustrateurs, obtenir des autographes et des photos, acheter des ouvrages…

Pour l’occasion, j’ai décidé de t’embarquer avec moi côté coulisses. Comment on fait un livre pour enfants ? Afin d’y voir clair, j’ai choisi un roman illustré qui m’a beaucoup plu et j’ai posé plein de questions aux personnes qui l’ont réalisé. Tu me suis ?

Rédaction Elsa Maudet Illustrations Émilie Coquard et Irène Bonacina Iconographie Émilie Rouy Édition Loïc Soleymieux

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MASKIME, 7 ANS PRESQUE 8, A PEUR DES GRANDES CHOSES

Maskime habite dans une grande ville, dans un grand immeuble. Même sa chambre lui semble (trop) grande. Et les choses gigantesques, quand on est enfant, ça fait un peu peur. Alors Maskime a trouvé la solution : il se concentre sur les petites choses. L’araignée qui roupille près de l’ampoule dans la cage d’esca-lier, la petite plante qui pousse sur le trottoir, la souris qui galope sur les rails du métro… Et bien sûr les scarabées sur les (énormes) crottes d’éléphant du zoo.

D’habitude dans le P’tit Libé, ce sont de vraies personnes qui s’expriment en début de numéro. Mais pas aujourd’hui… Non, aujourd’hui, place à Maskime ! Ce petit bonhomme est le héros du livre Maskime et les petites choses, un roman écrit par Nicolas Deleau et illustré par Irène Bonacina. Son prénom est un peu difficile à dire, mais c’est normal (pa-tience, l’auteur l’explique plus loin).

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Le zoo et les grosses crottes, c’est super pour réfléchir aux grandes et aux petites choses. Mais voilà qu’un jour, Maskime est tiré de ses pensées par un (gigan-tesque) éléphant… Et si, finalement, les

grandes choses n’étaient pas si grandes et les petites choses pas si petites ?

ILLUSTRÉDessiné.

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Souvent, les auteurs s’inspirent de leur propre vie, de ce qu’ils ressentent ou de leurs proches pour inventer des histoires. L’auteur de

Maskime et les petites choses, lui, s’est souvenu de l’enfant qu’il était. «Quand j’étais petit, j’étais comme Maskime, raconte Nicolas Deleau (en photo). Tout ce qui était un peu grand, tout ce qui avait trait au monde des adultes, me faisait un peu peur. C’est tellement plus rigolo quand on s’occupe des choses à sa portée. Comme on a l’impression de maîtriser ce qu’on regarde, on se sent plus à l’aise.»

SE RACONTER DES HISTOIRESSes héros sont un petit garçon nommé Maskime et un éléphant. Pourquoi ? «J’avais vraiment envie que le petit garçon s’appelle Maskime, et pas Maxime. Parce que quand on est petit, on dit Maskime, comme on dit “des sossettes” ou “un pes-tacle”», dit l’auteur. Puis Nicolas a toujours été «fasciné par les éléphants». Il admire «l’air extraordinairement intelligent qu’ils ont quand on les voit en vrai, leur longévité, le fait qu’on dise “avoir une mémoire d’éléphant”». La plus belle histoire d’éléphant qu’il ait lue, c’est les Racines du ciel, de Romain Gary. Un roman dont le héros se bat pour protéger ces animaux.

D’OÙ EST VENUEL’HISTOIRE ?

LONGÉVITÉLongue durée de vie.

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Avant d’écrire des livres, généralement, on en lit. «Il n’y a pas un grand écrivain qui ne soit pas d’abord un immense lecteur», assure Nicolas Deleau, qui est par ail-leurs professeur de français et de théâtre dans un lycée. Lui-même lisait et lit tou-jours énormément. Ça permet de savoir ce qu’on aime lire et donc comment on aimerait écrire – mais il ne s’agit pas de copier ! Pour Maskime et les petites choses, Nicolas «voulait la même atmos-phère que [dans le livre] Marcellin Caillou de Sempé», qui raconte «l’histoire drôle et tendre de la différence et d’une amitié».

VINGT ANS D’ATTENTE«Quand j’étais petit, mon papa me racon-tait beaucoup, beaucoup d’histoires. Elles étaient inventées en résonance avec les aventures du jour», se souvient Nicolas. Leur héros était un petit bateau de pêche appelé Tohu-Bohu. Et Nicolas lui-même se racontait beaucoup d’histoires, «plein,

plein, plein». Il en écrivait les résumés dans un petit journal de bord.

Maskime et les petites choses est sorti en mars 2019. Mais Nicolas l’a écrit… en 1998, 21 ans plus tôt ! Durant toutes ces années, l’histoire de Maskime est restée dans un coin, à l’abandon, parce que Nicolas ne savait pas comment contacter des maisons d’édition, ces entreprises qui font des livres. «Ça m’a convaincu d’une chose : il ne faut jamais désespérer de rien et ne rien jeter», conclut l’auteur.

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La dessinatrice de Maskime et les petites choses, Irène Bonacina (en photo), a l’habitude de faire des personnages vivants, qui bougent. «Je ne suis pas habituée à dessiner des pensées et j’ai trouvé ça génial, sourit-elle. C’est un texte qui me ressemble et en même temps qui m’a fait faire des choses nouvelles.» Pour imaginer l’univers de Maskime, elle a écouté ses sensations, elle s’est fiée à ce qu’elle ressentait en lisant l’histoire.

AVEC OU SANS LUNETTES ?Comment dessiner le héros, ce petit garçon très curieux du monde qui l’entoure ? «Il faut que le physique exprime la personnalité de l’enfant. Au début, il avait des lunettes. Mais ça focalisait sur le côté intello et je n’aimais pas ça. Je ne voulais pas que ce soit caricatural, je voulais que ce soit réaliste», raconte Irène.

COMMENT A TRAVAILLÉL’ILLUSTRATRICE ?

À LA RECHERCHE DU BON MASKIME Irène a fait beaucoup d’essais avant de trouver à quoi allait ressembler le héros.

«J’ai tout de suite imaginé un garçon fin, les cheveux décoiffés pour son côté rêveur, avec des vêtements plutôt classiques, voire un peu rétros (je ne le voyais pas avec les dernières baskets à la mode).»

«J’ai justement trop poussé vers l’aspect frêle et fragile dans mon dessin alors que Maskime est aussi très éveillé et curieux. Bref, il a fallu équilibrer.»

«J’ai crayonné beaucoup de personnages, parfois en ne changeant que de toutes petites choses : la forme de la nuque, le nez, la hauteur des yeux… Jusqu’à ce que je me dise “Tiens, le voilà ! C’est lui Maskime ! C’est lui que je cherchais !”»

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TRAIT VIVANTLes illustrateurs, c’est comme les auteurs : ils s’inspirent d’autres personnes – mais encore une fois sans copier, hein ! Irène, elle, aime beaucoup le livre l’Extrava-gant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet, de Reif Larsen, dans lequel les dessins aux traits noirs fins sont riches en détails. L’histoire de Maskime est des-sinée à la plume et à l’encre noire. Et à main levée, sans utiliser de crayon avant. «Donc ce n’est pas parfait, mais le trait est vivant», apprécie Irène. Puis la plume, ça permet de faire des dessins différents, parce qu’«on appuie plus ou moins et ça s’ouvre et ça se ferme».

Mais pas question de dessiner l’éléphant, le deuxième héros de l’histoire, de la même façon ! Un éléphant, c’est lourd, c’est costaud. Et en même temps, Irène voulait lui donner une certaine légèreté, à ce gros balourd. Alors comment faire ? Avec un gros pinceau, pardi !

Voici un extrait de l’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet.

NIL éditions, 2010, pour la traduction française. ILLUSTRATIONS PAR BEN GIBSON

ET REIF LARSEN

Au bout du compte, le livre compte une trentaine d’illustrations. Mais «j’ai fait beaucoup plus de dessins que ce qui est publié», confie Irène. Être illustratrice c’est ça : faire un premier essai, changer d’avis, recommencer… Pour finalement ne garder que ce qui semble parfait.

À LA RECHERCHE DU BON ÉLÉPHANT

«Comme l’histoire de Nicolas raconte le regard qu’un petit garçon porte sur le monde, je voulais que ma façon de dessiner reflète les impressions que reçoit Maskime de ce monde. L’éléphant,

c’est l’énorme, le hors-normes, la vie et ses imprévus, en somme.»

«Alors j’ai changé d’outil (le pinceau) et d’écriture (des taches jetées sur le papier). Je me suis permis quelques touches à la plume et à l’encre de Chine pour les yeux, la bouche...»

«Ainsi mon éléphant contraste avec l’uni-vers de Maskime : il est drôle, brouillon, massif.»

FOCALISAITConcentrait l’attention sur quelque chose en particulier.

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QUEL EST LE RÔLE DES ÉDITRICES ?

On a une histoire, OK. On a des dessins, d’accord. Mais nous, ce qu’on veut, c’est un livre ! C’est là que les éditrices inter-viennent. Caroline Drouault et Ilona Meyer (en photo) dirigent les Éditions des éléphants. L’histoire de Maskime et les petites choses est arrivée dans leur boîte mail le 6 octobre 2017. Le texte leur a tout de suite plu. «Il est extrêmement bien écrit, il a vrai-ment une âme d’enfant», apprécie Caroline. C’est elle qui a pensé à Irène Bonacina, qu’elle connaissait depuis longtemps, pour illus-trer l’histoire.

UN GRAND OU UN PETIT LIVRE ?En fait, les éditrices, ce sont les cheffes d’un livre. Elles doivent réfléchir à tout : le nombre de pages, de mots par page, le nombre d’illustrations et l’endroit où elles seront, le type de papier… Et même la taille du livre ! Il en existe des petits, des grands, des fins, des épais, des très illustrés ou juste un peu… Au début, les éditrices ont pensé à faire un ouvrage de 17 cm sur 24,5 cm (oui, c’est précis). Mais «comme tout est petit dans ce livre, on s’est dit qu’on avait peut-être intérêt à le réduire et lui donner cet aspect de petit objet précieux», explique Caroline.

Et puis la taille d’un livre, ça dépend aussi de la quantité de texte qu’il y a dedans. «Si on veut transporter trois billes, on les met dans un petit sachet. Si on veut en transporter plus, on prend une boîte», compare Ilona. Les éditrices ont testé différentes tailles, jusqu’à trouver celle qui leur convenait.

Ceci est un chemin de fer. C’est comme un schéma de l’ensemble du livre. On y voit

notamment les espaces où doivent aller les textes et ceux où sont prévus les dessins.

Quand elles mettent le texte en page, les éditrices se rendent compte de ce qui

ne va pas. Là, par exemple, elles ont vu que le texte recouvrait l’éléphant.

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DIALOGUE CONSTANTPendant ce temps, Irène faisait des dessins, chez elle, qu’elle envoyait aux éditrices pour leur demander leur avis. «C’était un dialogue constant, j’envoyais des choses en permanence», précise l’illustratrice.

Quand un lecteur ou une lectrice est face à une pile de livres, dur dur de faire un choix. Ce qui aide, c’est la couverture. Il faut qu’elle soit jolie et qu’elle donne envie d’en savoir plus. «On a fait beau-coup de recherches sur la couverture, poursuit Caroline, l’éditrice. On a eu beaucoup de soucis avec la foule derrière, qui était parfois trop présente. Irène a fait plusieurs fonds.»

Les éditrices de Maskime et les petites choses voulaient quelque chose d’élé-gant. Elles ont donc décidé de faire une couverture épaisse, rigide et un peu en relief. Quand on la touche, il y a différentes textures. On appelle ça de l’embossage. «Ça fait ressortir ce per-sonnage au milieu de cette foule», note Caroline.

Une fois que tout a été validé, les édi-trices ont envoyé le livre à un imprimeur situé en Slovaquie, un pays d’Europe de l’Est. 3 000 exemplaires de Maskime et les petites choses sont sortis puis ont été mis en vente en France.

Les éditrices voulaient que le titre soit gros car l’écriture est importante dans le livre,

et le nom «Maskime» est intrigant. Elles ont d’abord utilisé des dessins existants pour faire

des essais de couverture, puis Irène a refait des illustrations. Elle a fait plusieurs tentatives

pour montrer la foule derrière Maskime ; il ne fallait pas qu’on la voie trop.

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COMMENT DONNE-T-ON ENVIE AUX GENS DE LIRE LE LIVRE ?

Sortir un livre, c’est un peu comme avoir un bébé. On l’a préparé, on en a pris soin, et quand il est enfin là, on trouve que c’est le meilleur, le plus beau, on est fier et on aimerait que tout le monde l’aime autant que nous ! Le problème, c’est que des gens qui ont pris le temps de faire un super livre-bébé, il y en a un paquet… Eh oui, chaque année, 12 600 nouveaux livres pour enfants paraissent en moyenne en France, selon l’institut d’études GFK. Pas facile de faire connaître le sien !

Pour que leurs livres trouvent une place en librairie, les maisons d’édition font appel à des commerciaux. Ce sont des personnes chargées de présenter les ouvrages aux libraires et de leur donner envie de les mettre en vente dans leur boutique. Pour les Éditions des éléphants, ils sont dix à parcourir toute la France. «Le commercial sait que tel libraire sera apte à défendre Maskime et tel autre pas», explique Caroline Drouault, l’éditrice.

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POUR LES ENFANTS TIMIDESPar exemple, la librairie Nemo, à Montpellier, aime beaucoup Maskime et les petites choses et le conseille à ses clients. Mais pas à n’importe qui ! «C’est un sujet qui ne va pas forcément concerner tous les enfants, pense Geneviève Fransolet, la libraire. Je l’ai trouvé très sen-sible, il peut toucher des enfants timides.» C’est en discutant avec les enfants et leurs parents qu’elle sait si ce livre pourra leur plaire ou pas.

Les maisons d’édition veulent aussi que les journalistes et les blogueurs parlent de leurs livres, car les articles sont lus par beaucoup de gens. C’est là que Gabriel Lucas intervient. Il est attaché de presse pour les Éditions des éléphants. Son travail est de donner envie aux journalistes de parler d’un ouvrage. Pour ça, il écrit un texte de présentation qu’on appelle un communiqué de presse, il leur envoie un exemplaire du livre, puis il les appelle

pour leur conseiller de le lire. Mais «je ne dis pas à un journaliste “lis ça, tu vas trouver ça génial”, parce que s’il le trouve nul, il ne me fera plus confiance», confie-t-il.

TRADUIT EN RUSSE ET EN CHINOISPour ce numéro, c’est le P’tit Libé qui a contacté Gabriel. Et lui a demandé s’il pouvait recommander un bon livre ayant à la fois pas mal de texte et pas mal de dessins. Il a tout de suite pensé à Maskime et les petites choses, et il a eu raison.

Un livre peut aussi sortir du lot si des bibliothèques décident de le mettre en avant, s’il est sélectionné pour un prix littéraire, s’il est utilisé en classe par des enseignants… Maskime et les petites choses n’a pas le succès de Harry Potter. Mais même un petit livre peut accom-plir de grandes choses. «Il va être traduit en russe et en chinois, annonce Nicolas Deleau, son auteur. C’est très émouvant.»

APTECapable.

BLOGUEURSPersonnes qui écrivent sur des sites internet à elles.

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BONUS : CE QUE TU NE VERRAS PAS DANS LE LIVRE

Tu l’auras compris, l’illustratrice et les éditrices ont fait beaucoup d’essais avant d’arriver à la version finale de Maskime et les petites choses. Tu veux voir quels dessins n’ont pas été gardés ? En voici quelques-uns.

Et on commence par une illustration de… Nicolas Deleau, l’auteur ! Eh oui, Nicolas dessine aussi. Il avait d’ailleurs proposé aux Éditions des éléphants d’il-

lustrer lui-même l’histoire de Maskime, mais les éditrices ont préféré demander à quelqu’un d’autre (à Irène Bonacina, donc).

«Je voyais Maskime comme un petit garçon de 7-8 ans, tout simple, un petit monsieur tout-le-monde, explique Nicolas Deleau au

sujet de son dessin. Le sourire, parce que Maskime fait attention aux petites choses et qu’il est gentil. La marinière, parce que je trouve ça très joli graphiquement, que j’en porte toujours et que Maskime et ses questions, Maskime et ses peurs… c’est un peu moi. Mais maintenant, je le trouve trop grand, je lui ferais des membres plus courts, un peu moins “sauterelle”…»

Nicolas a un peu discuté des dessins avec l’illustratrice et les éditrices, mais vraiment pas beaucoup. «Vu que je suis aussi illustrateur, j’avais peur d’être abo-minablement chiant, donc j’ai dit “je veux la surprise”.» Il a laissé Irène travailler tranquillement.

Et maintenant, place à quelques dessins d’Irène.

«Mon éléphant contraste avec l’univers de Maskime : il est drôle, brouillon, massif dit Irène.Je voulais que ma façon de dessiner reflète les impressions que reçoit Maskime de ce monde».

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Chien Pourri à Paris : Pop Up ! de Colas Gutman et Marc Boutavant (L’École des loisirs, 24,90 €). À partir de 6 ans.

«Mon livre préféré est Chien Pourri à Paris : Pop

Up !. C’est l’histoire d’un chien et d’un chat qui vivent ensemble dans les faubourgs de Paris. Un jour, ils ont l’envie de partir visiter Paris. Pendant leur voyage, ils rencontrent un petit garçon qui a perdu ses parents. Tout au long de leur voyage, ils vont l’aider à les retrouver.

«J’aime ce livre parce qu’il est plein d’émo-tions et parce qu’il est rigolo. L’histoire est drôle, tout comme les dessins. C’est pour-quoi je le recommande à d’autres enfants.» Sophie, 9 ans

Oh, boy ! de Marie-Aude Murail (L’École des loisirs, 6,80 €). À partir de 11 ans.

«Mon livre préféré c’est Oh, boy ! de Marie Aude-Murail. Ça raconte l’histoire de trois enfants qui viennent

de perdre leurs parents et qui cherchent de la famille pour ne pas aller à l’orphelinat. Mais leur seule famille, c’est un demi-frère et une demi-sœur qui se détestent…

«J’adore ce livre car il est à la fois drôle, émouvant et très bien écrit. Mon personnage préféré c’est Venise, la plus petite du trio, car c’est à elle que l’on s’attache rapidement. Et en général j’adore lire Marie-Aude Murail. C’est un livre que je vous conseille de lire, et je peux vous assurer, vous allez l’adorer !» Capucine, 12 ans

Tu l’auras compris, pour faire un livre il faut plein de gens, qui savent faire des choses différentes. C’est d’ailleurs l’objet de Bienvenue dans ma maison d’édition (de Didier Cornille et Sophie Strady, Hélium, 15,90 €, à partir de 6 ans). Cet ouvrage en forme de grande maison se déplie pour dévoiler des mini-livres t’expliquant de façon simple et parfois drôle les différentes étapes pour faire le tien. Des conseils que tu pourras suivre pour traduire en texte et en images les folles aventures qui peuplent ton imagination !

Mais je m’arrête là, car cette semaine, ce n’est pas moi qui remplis le coin lecture : place à des critiques d’enfants !

MON COIN LECTURE

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Gardiens des cités perdues de Shannon Messenger (Pocket Jeunesse, environ 8 €). À partir de 9 ans.

«Les Gardiens des cités perdues sont une série de romans de fantasy écrits

par Shannon Messenger. Il y a huit tomes. Ces romans racontent l’histoire d’un groupe d’elfes, dont Sophie, Dex, Keef, Fitz sont les principaux. Les aventures se déroulent entre notre monde et le monde des elfes. Au début, on suit les aventures de Sophie, qui a 12 ans et qui découvre lors d’une sortie scolaire qu’elle est une elfe. Elle va alors rejoindre l’école des elfes et vivre plein d’aventures.

«J’adore cette série car il y a beaucoup d’aventure, de suspense, beaucoup de moments drôles aussi. Ce que j’aime, ce sont leurs histoires et aventures très com-pliquées, pleines de rebondissements. Au début, j’ai lu et aimé car j’adorais leurs pou-voirs (télépathie, contrôle des ordinateurs, anticipation des sentiments des gens… ils peuvent vraiment avoir toutes sortes de pouvoirs). Maintenant, ce qui m’intéresse, c’est plus la complexité des rapports entre eux, et surtout avec les ennemis qui peuvent devenir des alliés ou plus.

«Par exemple, des fois, leur ennemi peut devenir leur amoureux, ou un personnage découvre que son ennemi est son frère. C’est dingue ! Certains personnages meurent. Des gentils se font emprisonner, voler, voire tuer. Je trouve ça excitant. C’est vraiment ma série préférée.» Nour, 8 ans

La Pire Soirée de ta vie d’Andy Rowski (404 éditions, 14,95 €). À partir de 13 ans.

«J’ai été attirée par ce livre car l’auteur, Andy Rowski, est une youtubeuse que

j’aime beaucoup. L’histoire se déroule dans un manoir durant le soir d’Halloween. C’est un roman d’épouvante. J’ai énormément ap-précié ce livre car nous pouvons faire des choix au fil des pages : il y a 11 fins différentes ! Nous pouvons donc relire ce livre à plusieurs reprises afin de connaître toutes les issues pos-sibles. Je vous recommande.» Jeanne, 12 ans

Les Grandes Civilisations (Quelle Histoire, 12,50 €). À partir de 7 ans.

«Ce livre parle des dif-férentes civilisations. Il

s’agit des civilisations égyptienne, grecque, romaine, maya, gauloise et viking. Pour chaque civilisation, il explique le style de vie, les inventions, les croyances et les Dieux, et la manière d’écrire.

«J’apprécie particulièrement ce livre car je me suis intéressée à la mythologie grecque et j’ai voulu savoir comment ça se passait dans les autres civilisations. Si toi aussi tu souhaites en savoir plus sur ces différentes civilisations, ce livre est facile à lire et à com-prendre.» Nour, 10 ans

Retrouve d’autres conseils de lecture sur LEPTITLIBE.FR

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