de la vie - la croix bleue · « jusqu’à la mort nous te serons fidèles… » proclame un vieux...

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Libérateur Sans alcool… avec plaisir N° 158 • septembre 2007 le le Sans alcool… avec plaisir www.croixbleue. fr LA CROIX BLEUE • ASSOCIATION DE PRÉVENTION ET D’AIDE AUX PERSONNES EN DIFFICULTÉ AVEC L’ALCOOL 189, rue Belliard, 75018 Paris • Tél. 01 42 28 37 37 L’automne vie © John Keith – Fotolia.com de la

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LibérateurSans alcool… avec plaisirN° 158 • septembre 2007

leleSans alcool… avec plaisir

www.croixbleue. fr

L A C R O I X B L E U E • A S S O C I A T I O N D E P R É V E N T I O N E T D ’ A I D E A U X P E R S O N N E S E N D I F F I C U L T É A V E C L ’ A L C O O L

189, rue Belliard, 75018 Paris •Tél. 0142283737

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Édito

2 N°158 • septembre 2007

Le Libérateur • Septembre 2007 • n° 158 • Rédaction, administration:Croix Bleue,189 rueBelliard, 75018 Paris • Tél. 0142283737 • Directeur de publication: Maurice Zemb •Rédactrice, Françoise Brulin • Maquette, Safari :Tél. 0140391444 [email protected] • Imprimerie Bedi Sipap - 86007 Poitiers CEDEX • Abonnement : 17 € • CCPSociété Française de la Croix Bleue : Paris 158,99 M N° de C.P.P.P. : 1104G79245 •ISSN : 1153-1274 • E-mail : [email protected] •Site : www.croixbleue.fr

Çà y est presque: encore quelques mois, et je serai, moi aussi,à la retraite ! Et je ferai, moi aussi, partie des millions deFrançais du papy-boom désormais en post-activité profes-sionnelle. Tous ces hommes et ces femmes pour qui « noschères têtes blondes » se font tellement de souci, en particu-lier, d’argent. Et pour cause: la masse financière représentantles retraites risque de devenir absolument insupportable pourles actifs actuels et à venir. Et çà n’est pas prêt de s’arranger, vul’allongement de l’espérance de vie, qui ne cesse de progresser

d’année en année: de 72 ans en 1990 à 82 ans en 2050! Au point que le recordmondial de longévité des 122 ans de notre Jeanne Calment nationale a toutes leschances d’être dépassé d’ici pas longtemps! Au point que le nombre des centenaires« explosera » dans les prochaines années! Au point qu’il sera de plus en plushabituel de rencontrer des retraités jouissant d’un temps de retraite plus long queleur temps d’activité professionnelle??? Une évolution inéluctable de notre société, mais qui met les politiques comme lecitoyen que nous sommes face aux multiples défis du vieillissement: commentoffrir ou même, garantir une qualité de vie satisfaisante jusque dans cette grandevieillesse que les progrès de la médecine nous proposent, et parfois, nousimposent? Comment anticiper les besoins en structures et en prestations, et lesattentes en services qu’il sous-entend? Comment se préparer personnellement àcette période lorsqu’on est encore actif? Pour faire de ce temps « libre » un temps« béni », c'est-à-dire dont je peux profiter au mieux: apprendre l’anglais oul’informatique ou la cuisine; voir plus souvent ma famille et mes amis; savourerle fruit de mes années de labeur! L’automne de la vie étant aussi la saison desrécoltes, profitons-en! Mais sans oublier qu’au bout de chaque vie, aussi longueet « goûteuse » soit-elle, surgit la mort, contre laquelle aucune médecine, aucunetechnique, aucune force humaine ne saurait résister.Dans ce Libé, des spécialistes comme des anonymes approchent ces questions en leséclairant de leur vécu. Sans les épuiser, bien sûr, mais avec le désir d’ouvrir despistes. Autant de réflexions qu’à votre tour, vous pourrez creuser, consciemmentet en confiance. Pour ma part, je rajouterai celles-ci : est-on un jour un retraité de la Croix-Bleue?Arrête-t-on un jour d’être militant, et de vivre ses convictions et ses engagements enles incarnant, en particulier dans notre Association? Et quand, et comment lesanciens peuvent-ils, ou même, doivent-ils faire de la place aux plus jeunes? Etleur confier la vie présente, et en grande partie aussi, l’avenir de notre mouve-ment? Je suis parfois peiné par la façon dont certains – ou certaines – s’accrochentà leurs convictions: « la Croix-Bleue, c’est comme je le dis », prétend-on!« Jusqu’à la mort nous te serons fidèles… » proclame un vieux cantique. Mais est-ce que la vraie fidélité n’est pas, justement, de savoir passer la main? En prenantsoin, bien sûr, de préparer la succession, et pourquoi pas, de l’accompagner untemps, humblement, simplement? On redécouvre depuis quelque temps dans lesentreprises l’importance de la présence occasionnelle ou régulière de professionnelsretraités, qui deviennent des « consultants » précieux: les plus jeunes profitent deleur expérience, et l’entreprise en bénéficie sans conteste !Et à la Croix-Bleue? Nos aînés ont sans conteste beaucoup de choses à partageravec les plus jeunes. Mais en toute modestie. En refusant que ne surgisse ce quiressemblerait à une « dictature d’un passé idéalisé ». Et en étant reconnaissantpour la mise en forme commune de la Croix-Bleue de… demain: la Vie, ycompris celle de la Croix-Bleue, c’est bien la recherche d’« une place pour chacun,et chacun à sa place »! De telle façon que chacun et chacune, à sa façon et dansla mesure de ses moyens, participe à cette grande aventure d’une plus grandehumanisation de l’humanité ! Alors, comme le dit cette autre chanson,« … jeunes et vieux se réjouiront ensemble »!

Gérard SCHMITT

SommaireTémoignages

3 MoniqueFrancis

4 La fée bouteillePoème de Melle Lewis

L’automne de la vie5 Michel

Gabin6 Jardin7 Reine8 Barthes : plaisir de l’activité

non productive Le petit prince

9 Jacques Brel :“Les vieux amants”

10 Espérance de vie : extrait du rapport du Comité consultatifnational d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé

11 Comment vivent les retraités12 Alcoolisme et vieillesse

(alcoolweb) Suicide sous silence

13 Le courage de vieillir14 Le temps qui passe : les

étapes de la vie15 Le soleil couchant n’est-il pas

aussi beau que le soleil levant ?

Les jeunes qu’est-ce vous en dites?16 Non aux idées reçues

Nous avons lu17 L’aventure Peugeot

Une vie en plusOn tue les vieux

Alcoologie18 De la prise de conscience à

l’abstinence heureuse

L’association19 Formation informatique

en NormandieQuoi de neuf au siège ?De vous à nousLes sections

20 ArcueilYutz GorzeYutz Carnaval

21 Ribeauvillé-Sélestat22 Thann

Bitche23 Bouxwiller

L’hôpitalAudincourtValentigney

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Témoignages

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J’ai grandi comme toutes les petitesfilles de mon voisinage.Vint le jour de prendre le chemin del’usine.Je ne connaissais personne; il fallutque je m’habitue! Il arrivait, qu’après

huit heures de travail, on m’invite pourfêter un anniversaire.Je ne connaissais pratiquement rien àl’alcool; on m’a offert un verre, puis undeuxième verre et c’est devenu unehabitude non seulement au travailmais également à la maison. Je m’en-fonçais dans un gouffre et ça dura unevingtaine d’années.J’étais dans un autre monde, sansm’apercevoir ou voulant ignorer que jefaisais le malheur de mon entourage(mari et enfants). Je suis arrivée à fairedes kilomètres à pied pour chercherde quoi me satisfaire. Les dettescommençaient à s’accumuler, lesbêtises, les chutes, crises d’épilepsie;hospitalisation.Et mon mari essayait deme faire changer d’avis par la brutalité.Tout cela me laissait froide! Alors un jour, suite à un malaise dû àl’alcool, une personne sut me parlerjuste assez pour qu’une étincellecommence à briller.Après réflexion, j’airenoncé du jour au lendemain à l’alcool.Maintenant je peux parler de cettemaladie et j’aime lire et entendre lestémoignages.Ces galères me touchent,je m’y reconnais.Depuis que j’ai arrêté de boire, la vieest encore plus belle.Mon mari qui estfier de moi me soutient en gardantles jumeaux quand je participe auxréunions de la Croix Bleue.Pouvoir sortir de ce tunnel après plusde vingt ans d’alcoolisation est un dondu Ciel. Ma prière et celle de maFamille ont été entendues.

MoniqueSection de Thann

Je suis née un beau jourdu mois de maidans unpetit village

d’Alsace.

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Que tous trouvent ou retrouvent l’espoir, le souffle qui leur manque pour avancer dans la plénitude !Surtout, souvenons-nous d’hier et, avançons vers l’Avenir pour aboutir à notre espérance.Il faut toujours aller de l’avant et oser aller plus loin.L’alcoolisme est une maladie, fruit de la solitude et du repli sur soi.Il faut savoir dire NON, et prendre un chemin nouveau, menant à la respectabilitépuis au bonheur.D’abord, c’est sûr, l’abstinence fait peur, mais il faut se donner les moyens pour soutenir un nouveau projet de Vie.Projet qui peut se résumer à ceci : aider, servir et surtout donner un sens à sa vienouvelle.Que ces paroles puissent aider certaines personnes à combattre ce fléau dévastateurserait une belle victoire pour celles-ci et pour moi.N’oubliez jamais, toutes ces mains qui se tendent pour vous venir en aide !

Francis HusserAbstinent depuis 504 jours, ceci grâce à l’aide précieuse du Seigneur, de ma Famille, de mes collègues de travail,

de ma psychologue et de tous les Adhérents membres de la Section de Thann.

Témoignages

4 N°158 • septembre 2007

Quiconnaît la dépendanceDe l’alcool et de ses appâtsMalgré le trop de ses souffrancesHésite à faire le premier pas.

C’est à eux que nous disonsL’espoir de la vraie guérison.Pour parer à l’effritementAvec eux cherchons le comment.

Le membre actif bénévoleOffre le choix du bon moyenPour pouvoir larguer l’alcoolEt construire les lendemains.

Nous offrons l’engagementQui permet l’émerveillementD’une vie tout autrementDécidée très librement.

Finis tous les reniements,En avant les renversements,C’est la lente transformationQui fait bouger les horizons.

Avec soi-même être clair,Positionner tous ses repères,Refuser les compromissions,Renforcer ses motivations.

Militer avec conviction,Lutter contre les exclusions,L’espérance, tel est l’enjeuDu message de la Croix Bleue.

Henriette Lewis

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La féebouteilleJe l’ai laissée tomber un beau

matin d’avril.

Je ne suis pas jaloux de ses nouveaux

amants,

Je sais bien qu’il y en a plus de cent,

plus de mille.

J’aimerais les aider, s’il en est

encore temps.Roger Lardoux

Section de VersaillesPetit quatrain écrit pour son passage de membre actif

N°158 • septembre 2007 5

Ça n’a pas toujours été vrai.Quand j’ai arrêté monactivité professionnelle, j’ai

eu un coup de blues. Je pensaisaux quinze années perdues dansl’alcoolisme, aux dix années qui ontsuivi avec un divorce et la solitudeen prime. J’avais l’impression que cequi aurait dû être mes plus bellesannées avaient été gâchées. Il m’ena fallu du temps pour remonter à lasurface. On dit qu’il vaut mieux nepas penser au temps qui passe.Aucontraire, il faut y penser ! Onvieillit tous, mais il est toujourstemps de faire de nouvellesexpériences. Il faut gérer sa vie,sinon on est condamné à la subir.La retraite, c’est la périodeprivilégiée des loisirs mais aussi dubénévolat. S’investir dans desdomaines qui tiennent à cœur, ça

permet de garder les deux piedsdans le monde. Et puis, ça permetaussi de garder de l’enthousiasme,de faire des projets, de se sentirutile et d’avoir la sensation qu’onpeut faire avancer les choses à sonniveau avec les autres. Là où il fautfaire attention, c’est de trouver lebon rythme! Ne pas en faire trop,équilibrer effort et plaisir, encoreune fois, il faut gérer !

Mon passé parfois douloureuxm’a appris des choses. J’en récolteaujourd’hui les fruits. La découvertede l’abstinence d’alcool fait partiede ce qui me rend plus fortaujourd’hui. J’ai plus de cartes entreles mains pour être heureux qu’il ya 20 ans en arrière. Et si ça dureencore une vingtaine d’années,c’est énorme, c’est le temps pourun enfant de devenir un homme ouune femme ! Et pour moi dedevenir un vieillard satisfait sansregrets ni remords.

Michel OsiowskyJe suis un

retraité de 66 ansplutôt heureux

Dossier : L’automne de la vie

Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,J'parlais bien fort pour être un homme

J'disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS

C'était l'début, c'était l'printempsMais quand j'ai eu mes 18 ans

J'ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS

Et aujourd'hui, les jours où je m'retourneJ'regarde la terre où j'ai quand même fait les 100 pas

Et je n'sais toujours pas comment elle tourne!

Vers 25 ans, j'savais tout: l'amour, les roses, la vie, les sousTiens oui l'amour! J'en avais fait tout le tour!

Et heureusement, comme les copains,j'avais pas mangé tout mon pain:

Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots:

"Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau,j'peux pas mieux dire, il fait très beau!

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,Moi qui suis à l'automne de ma vieOn oublie tant de soirs de tristesseMais jamais un matin de tendresse!

Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS

Seulement, plus je cherchais, et puis moins j'savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l'horlogeJe suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge?

Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS!

La vie, l'amour, l'argent, les amis et les rosesOn ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses

C'est tout c'que j'sais! Mais ça, j'le SAIS…!

Jean Gabin Maintenant je sais

Paroles : Jean-Loup Dabadie 1974

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6 N°158 • septembre 2007

Dossier : L’automne de la vie

Il y a là le plaisirLe plaisir de l'êtreQui a bougé son culSa carcasse et ses musclesMais aussi sa têteSans qu'on le lui commandeEn pure libertéSans compter ses heuresSes RTT ses congés payésOu pas payés

Car le jardin est un lieuOù l'on ne compte pas

Il y a le plaisirD'avoir respiré fortD'avoir sué fortD'avoir senti le soleilLa fraîcheur du matin tôtEt du soir tardLe plaisir de voir arriverLes nuages et la pluie

Car le jardin est un lieuDu sentir et du ressentir

Le plaisir d'avoir mis au mondeDans cette terre amoureuseLe plaisir gionesque de la terreDe cette terre jamais ringardeDe ces gestes jamais démodés.Le plaisir du silenceEt de la solitude heureuse

« Où le chant des oiseauxRemplace le babillage humain »

Le plaisir de cueillirToucher rincer,Éplucher découperÉmincer sentirCuisiner dégusterLe plaisirDe savoir faire tout cela

Car le jardin est un lieuDe jouissive connaissance

Le plaisir de l'observationDe la concentrationDe l'attentionDu temps donnéPour recevoir

Car le jardin est un lieuOù l'on partage

Le plaisir de cette réussite-làTotale personnelleEnrichissante enivrante

Car le jardin est un lieuOù l'on se réalise

Le plaisir de produireSa propre nourritureEt sa nourriture propre

A agir sur son cadre de vieLe plaisir de saisirLes processus vitauxDe l'existenceEt de comprendreVotre appartenanceÀ la nature et au tempsEt la fonction premièreDe la terreComme source de vie

Car le jardin est un lieuOù se reproduit l'être

Jean Bojko

Faire du potager c'est être

cultivé

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Dossier : L’automne de la vie

Elle a frotté, tout briqué, tout lavé,tout rangé, raccommodé et lessivé,elle a balayé, repassé, fourgonné,

elle a plié et déplié, elle a torché, etpuis langé, elle a jardiné, aussi bêché,aussi sarclé, et puis semé, et désherbé,arrosé, pour récolter, elle a coupé etnettoyé, et conservé, épluché et arrangé,pour cuisiner faire à manger, elle s'estdonnée, elle s'est crevée, elle a bossésans compter, sans penser, sans se lasser, se reposer, elle a bossé et malpayée, à la journée à l'arraché pourdes fermiers, pour des biens nés, ettrimbalée, et bringuebalée, et exilée, etmariée, et accouchée, et remariée.

Elle s'est quand même marrée, parfoismarrée... et embrassée aussi embrassée,oui, et embrassante. Même caressée-caressante et désirée-désirante...du coin de l'œil encore, regardée-regardante...

Princesse des jours passés elle estreine-mère de la journée. Elle règle,régit, contrôle, décrète, rassemble,organise, légifère, juge, relaxe, absout,soumet, condamne. Elle gouverne...

Elle règne, domus domini, sur lemonde sensible des objets, desmatières, des végétaux, le monde sensible des poussières du temps quisous les lits font des moutons, et dansle garage des rogatons.

Passant, si ton regard la croise, nemanque pas de la saluer, elle, et toutescelles qui tiennent les rênes desjournées et sont garantes du tempspassé.

Ivan Charabara

Reine de la journéeet princesse desjours passés,

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Cette nuit-là, je ne le vis passe mettre en route. Il s’étaitévadé sans bruit. Quand jeréussis à le rejoindre, ilmarchait, décidé, d’un pasrapide. Il me dit seulement :- Ah ! Tu es là…Et il me prit par la main. Maisil se tourmenta encore :- Tu as eu tort. Tu auras de lapeine. J’aurai l’air d’être mort,

mais ce ne sera pas vrai…Moi, je me taisais.- Tu comprends. C’est trop loin.Je ne peux pas emporter cecorps-là. C’est trop lourd.Moi, je me taisais.- Mais ce sera comme unevieille écorce abandonnée.Ce n’est pas triste les vieillesécorces.

Antoine de Saint-ExupéryLe Petit Prince

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8 N°158 • septembre 2007

Dossier : L’automne de la vie

« Je n'ai jamais beaucoup aimé le sport,et maintenant, de toute manière, j'enaurais passé l'âge. Alors que voulez-vousque quelqu'un comme moi fasse s'ildécide de ne rien faire ? Lire ? Mais c'estmon travail. Écrire ? Encore plus. C'estpour cela que j'aimais bien la peinture.C'est une activité absolument gratuite,corporelle, esthétique, malgré tout et enmême temps un vrai repos, une vraieparesse parce que n'étant rien de plusqu'un amateur je n'y investissais aucuneespèce de narcissisme. Cela m'était égalde faire bien ou mal. Quoi d'autre ?Rousseau en Suisse, vers la fin de sa vie,faisait de la dentelle.On pourrait sans trop d'ironie poser leproblème du tricot. Tricoter c'est le gestemême d'une certaine paresse, sauf si l'onest rattrapé par le désir de finir l'ouvrage.Mais les conventions interdisent auxhommes de tricoter. Cela n'a pas toujoursété. Il y a cent cinquante ans, cent ans

peut-être, les hommes faisaient couram-ment de la tapisserie. Maintenant ce n'estplus possible. Le tricot, voilà l'exempled'une activité manuelle,minimale, gratuite,sans finalité, mais qui représente tout demême une belle paresse, une paressebien réussie… »Jacqueline de commenter, non sansune pointe d'ironie : « Bon c'est ce quiarrive quand on parle de sujets qu'onconnaît mal... il doit confondre unpeu tout : tricot, canevas et vraie tapis-serie... Dommage qu'il soit mort avantla vogue des loisirs créatifs... »Évidemment, je suis d'accord pour memoquer de quelqu'un qui pense qu'ontricote sans vraiment avoir envie determiner l'ouvrage (ne serait-ce quepour en commencer un autre sanstrop culpabiliser !!!), simplement pourtuer le temps à la pointe de nosaiguilles et qui n'a l'air de n'avoir jamaistricoté (ou vu tricoter) qu'une écharpe

au point mousse - et en même temps,ma folle passion pour le tissage en cemoment, c'est exactement ça - le plaisird'une temporalité autre qui n'est pascelle de la productivité, ni de la renta-bilité - car faire soi-même un collier,ça n'est pas à proprement parler « ren-table », un peu comme une séance deyoga,une activité dans laquelle ne mettreaucun narcissisme, du pur plaisir... Et ceserait désormais interdit aux hommes?Je n'y crois pas trop…

http://dentellesdencre.canalblog.com/

Barthes et le tricotInterview de Roland Barthes sur la paresse accordée à Christine Eff,

journal Le Monde 16-17 septembre 1979, notre grand homme se demande à l'instarde Flaubert : « A quoi voulez-vous que je me repose »?

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Cette nuit-là...

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Dossier : L’automne de la vie

Engagement d’abstinenceForts de leur expérience, femmes et hommes de la Croix Bleue ont acquis la conviction que peutdevenir possible ce qui ne l’a pas été jusqu’alors. Ils affirment qu’à partir de la rupture avec l’alcool, un renouveau intervient. La guérison est possible. Nombreux sont ceux qui vivent laconfiance en Dieu comme une force essentielle.Nom, Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je promets de m’abstenir de toute boisson alcoolique pendant : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Motif de la signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

engagement du. . . . . . . . . . . . . . . . . au . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A découper et à renvoyer à : La Croix Bleue, 189 rue Belliard, 75018 Paris

Bien sûr nous eûmes des oragesVingt ans d'amour c'est l'amour folleMille fois tu pris ton bagageMille fois je pris mon envolEt chaque meuble se souvientDans cette chambre sans berceauDes éclats des vieilles tempêtesPlus rien ne ressemblait à rienTu avais perdu le goût de l'eauEt moi celui de la conquête

Mais mon amourMon doux mon tendre mon merveilleux amourDe l'aube claire jusqu'à la fin du jourJe t'aime encore tu sais je t'aime

Moi je sais tous tes sortilègesTu sais tous mes envoûtementsTu m'as gardé de pièges en piègesJe t'ai perdue de temps en tempsBien sûr tu pris quelques amantsIl fallait bien passer le tempsIl faut bien que le corps exulte

Finalement finalementIl nous fallut bien du talentPour être vieux sans être adultes

O mon amourMon doux mon tendre mon merveilleux amourDe l'aube claire jusqu'à la fin du jourJe t'aime encore tu sais je t'aimeEt plus le temps nous fait cortègeEt plus le temps nous fait tourmentMais n'est-ce pas le pire piègeQue vivre en paix pour des amantsBien sûr tu pleures un peu moins tôtJe me déchire un peu plus tardNous protégeons moins nos mystèresOn laisse moins faire le hasardOn se méfie du fil de l'eauMais c'est toujours la tendre guerre

O mon amour...Mon doux mon tendre mon merveilleux amourDe l'aube claire jusqu'à la fin du jourJe t'aime encore tu sais je t'aime.

LA CHANSON

DES VIEUXAMANTSJacques Brel 1967

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Espérance de vieL'espérance moyenne de vie de l'hommeconnaît depuis plusieurs décennies laphase de croissance la plus rapide detoute l'histoire de l'humanité. En France,il est d'ores et déjà acquis que, dès 2010,il y aura plus de personnes de plus de60 ans que de personnes de moins de20 ans. Les plus de 60 ans qui étaient11 millions en 1990 seront 16 millionsen 2015.Dès 1997, la moitié des femmeset le quart des hommes de notre payspouvaient espérer atteindre 85 ans.Cette longévité va encore progresser.Ce fait représente un problèmemajeur de notre société pour lesprochaines décennies… Les problèmesposés ne sont pas seulement dudomaine économique. Il convient ausside les aborder dans leur dimensionéthique.Si les réponses appropriées ne sont pasapportées rapidement, il est à craindreque s'accentuent l'isolement et l'exclu-sion que connaissent déjà, dans notresociété, un grand nombre de personnesâgées.Concernant les pays développés, l'en-semble des études démographiquepubliées ces vingt dernières annéesmontrent un accroissement régulier del'espérance de vie moyenne des hommeset des femmes (environ 3 mois par an)avec une différence constante entre leshommes et les femmes.

Il faut également souligner quel'augmentation de la population âgéesera loin d'être compensée par lavenue de nouveaux enfants surlesquels reposera la force de travaildes futures générations.

La fin de vie La mort a changé de lieu. On meurtde moins en moins à domicile et de plus en plus en institution. Les causes en sont un meilleur accès auxsoins, la croyance en l'efficacité de lamédecine, mais surtout l'urbanisation,la réduction de la taille des logements,l'individualisme, l'éclatement de lafamille, et son corollaire l'isolement etla solitude de la personne âgée.Cette institutionnalisation progressivea entraîné une médicalisation de la mort facteur de gestes inappro-priés, de coûts inutiles, quand elle

survient dans un environnementmédico-scientifique pour lequel lamort est habituellement ressentiecomme un échec technique.Il conviendrait d'éviter que la mortdes personnes âgées survienne dansdes lieux où l'on ne s'y intéresse pas.Nous disposons aujourd'hui d'unensemble de connaissances médicales,thérapeutiques, psychologiques etinstitutionnelles qui permettentd'améliorer vraiment les conditionsde la mort des personnes âgées, tantau plan physique que psychologique.

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Extrait du rapport sur levieillissement (25 mai 1998) du

Comité consultatif nationald'éthique pour les sciences de la vie

et de la santé

10 N°158 • septembre 2007

Dossier : L’automne de la vie

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Dossier : L’automne de la vie

Activités et styles de vie« Le retraité heureux est le retraité actif ». Le jeune retraité ale sentiment d'avoir devant lui une nouvelle plage de vie où il vapouvoir se consacrer à une réalisation de soi longtempsdifférée, ce qui le rend parfois boulimique d'activités nouvelles.Mais, au fil des années et des changements dans sa vie, ilpréfère bien souvent « profiter d'un nouveau rapport au tempspour se reposer, ne pas se presser, prendre le temps de s'occu-per de son domicile et de ses proches.Ainsi, nombreux sont lesretraités qui disent ne pas avoir le temps de faire toutes lesactivités qu'ils avaient plus ou moins planifiées avant la retraite ».Et pourtant,même si, en avançant en âge, le retraité a besoin deplus de repos, devient plus lent, si les durées nécessaires auxbesoins physiologiques et aux activités domestiques sont pluslongues en moyenne de deux heures chaque jour, on constateque les personnes de 60 ans et plus consacrent trois heuressupplémentaires par jour à leurs loisirs.Par ordre décroissant, les activités les plus pratiquées sont lesactivités manuelles (entretien de la maison, bricolage, jardinage),les activités sportives où les hommes sont majoritaires, les acti-vités culturelles, surtout pratiquées par les femmes, les activitésde société (scrabble, bridge, échecs...), les activités artistiques(peinture,poterie,...).Lorsque les forces déclinent, les activités quiréclament un effort physique important diminuent tandis que lesactivités de société ou culturelles se maintiennent;on limite aussiles déplacements, restent alors les loisirs intimes: lecture, radioet surtout la télévision devant laquelle les retraités passenten moyenne trois heures par jour et bien davantage encore envieillissant.Contrairement au cliché que certains veulent imposer,les retraités ne voyagent pas davantage que le reste de lapopulation: certains, certes, partent facilement au bout dumonde,d'autres se contentent de petits déplacements, il y a aussiceux qui ne voyagent jamais par manque d'envie ou de moyens.

Et la vie associative ? Un retraité sur quatre est membre d'une association, ce qui nesignifie pas qu'il y participe toujours activement et régulière-ment.Quant au bénévolat, il occupe moins de place qu'on ne luien attribue dans la vie des retraités qui craignent d'êtrecontraints à un engagement beaucoup plus important que celuiqu'ils sont prêts à assumer.

En fait, les activités de chaque retraité dépendent largementde son vécu antérieur comme de son pouvoir d'achat. Il enva de même de son style de vie. Cette constatation a amenédes auteurs à établir une typologie des modes de retraiteen cinq groupes classés selon leur implication dans les loisirset la convivialité :La « retraite loisir » (44 %) regroupe les hyperactifs,fortement impliqués dans la vie associative et ouverts aumonde, grands lecteurs, grands voyageurs mais ne négligeantpas pour autant leurs relations sociales et familiales ; ils sonten bonne santé, avec des revenus confortables et le plussouvent mariés.La « retraite conviviale » (14 %) rassemble les plussociables qui reçoivent très fréquemment famille et amistout en pratiquant un certain nombre de loisirs, le sport enparticulier mais peu d'activités culturelles, ils participent peuà la vie associative et ne voyagent pas beaucoup ; c'est la"retraite active des classes populaires en bonne santé",mariés, dont les revenus sont moyens.La « retraite intimiste » (12,5 %) concerne ceux quiplacent leur domicile au centre de leur vie, avec des activitésmanuelles et la télévision pour principal loisir tout enmaintenant les relations avec la famille et les amis ; il s'agitgénéralement d'une femme dont les revenus sont modestes.La « retraite retranchée » (20 %) est celle de ceux quisont en retrait de la plupart des activités de loisirs àl'exception des activités culturelles, de la lecture (parti-culièrement la presse d'actualité) et des voyages, ils nerecherchent pas la compagnie des autres ; il s'agit le plus sou-vent d'un ancien cadre, aisé, de santé fragile.Enfin, la « retraite abandon » (9,5 %) se caractérisepar l'isolement social et familial, l'absence d'activités de loisirset d'intérêt pour quoi que ce soit. Ce groupe cumule leshandicaps : ils sont en mauvaise santé, pauvres, célibatairesou divorcés.Les retraités des quatre premiers groupes se déclarent globa-lement satisfaits de leur sort. Contrairement aux idéesreçues, ils ne courent pas après la jeunesse éternelle, « d'unemanière générale, tout en prêtant attention à leur état desanté, ils assument leur âge et ses implications d'une manièreassez sereine ». Par contre, ceux qui vivent la « retraiteabandon » considèrent leur vie négativement et souffrentde solitude et d'ennui.Ne serait-ce pas que bonne santé et conditions de viedécentes sont le minimum requis pour une retraite heureuse ?Ce questionnement devrait guider nos politiques futuresenvers les personnes âgées afin de satisfaire leurs besoinsfondamentaux, respecter leur droit à la spécificité en lesvalorisant, tout en reconnaissant leur normalité parl'intégration, en leur prêtant assistance pour préserver leurautonomie et en organisant enfin une prise en charge adéquatelorsqu'il devient nécessaire de les protéger.

AM. Odillon et MJ. SubletCRIAS -Centre du Rhône d'Information et d'Action Socialeen faveur des retraités et personnes âgées.

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Deux formes d'alcoolismechez le sujet âgé peuvent êtredistinguées : celle qui acommencé avant 65 ans et qui se pérennise, et celle qui débute après 65 ans. L'alcoolismedu sujet âgé est souventdifficile à diagnostiquer.

En cas d'alcoolisation, les sujets âgés,souvent polymédiqués, présententun risque accru d'interactions

médicaments/alcool surtout avec lestranquillisants et les sédatifs.La majorité des personnes âgéesconsomment rarement de l'alcool, lamoitié étant complètement abstinentepour des raisons de santé. Les diffé-rentes études sur l'alcoolisation des plusde 65 ans dans les maisons de retraiteou de soins montrent des résultats trèsvariables: suivant les auteurs, 8 à 70 % deces sujets auraient un problème d'abusd'alcool. Le sujet alcoolique âgé a, soitdéjà une consommation excessivedepuis l'âge de 40-50 ans, soit uneconsommation modérée qui a augmentéen situation d'épreuves.Cette alcoolisationtardive des personnes âgées est dans la majorité des cas liée à la solitude, à laperte du conjoint, à une affection invali-

dante, et à l'isolement. Certains auteursconstatent une diminution spontanée dela quantité d'alcool consommée chez lesalcooliques âgés. La baisse du seuil detolérance, due au vieillissement, sembleêtre l'élément majeur de cette relativetempérance.

Difficultés rencontrées pourdiagnostiquer l'alcoolisme du sujet âgé

Le médecin traitant est sans doute lapersonne qui a le plus d'opportunités derepérer l'alcoolisme de la personneâgée, dont l'isolement social et familial est relativement fréquent. Cependant,celui-ci est souvent confronté au déni du

problème alcool par le patient et surtout par son entourage.Plus de 70 % des personnes âgées sontsous traitement, dont près de la moitiésont des tranquillisants et des sédatifs.L'alcool peut interférer avec ceux-cicomme avec l'ensemble des médicaments;ces interactions alcool-médicamentspeuvent être dangereuses, voire mortelles.Les sujets ont par ailleurs un risqueaccru de chute et de confusion avec depetites doses d'alcool associées à la prisede psychotropes. Le patient fragilisé parl'absorption d'alcool impose donc auxmédecins une prudence particulièrequant au dosage de ses médicaments.

http://www.alcoweb.com/

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Même si le phénomène reste encore(trop) méconnu chez les personnesâgées, les conduites suicidaires sedéveloppent et les chiffres de l'Insermannoncent 3 542 suicides en 2001 chezles soixante ans et plus.Deux facteurs majeurs expliquent leurgeste : l’isolement et la dépression."On s’occupe beaucoup du sempiter-nel suicide des adolescents, s’indignepresque Pierre Satet, le président deSuicide-écoute, un service anonymequi permet de se confier par téléphone(Tél. : 01 45 39 40 00). Pourtant, plus

on avance en âge, plus le risque aug-mente. Et plus le taux de suicide estélevé." Chez les personnes âgées, lesconduites suicidaires aboutissentpresque toujours au décès.Plus question ici d’envoyer "un signalde détresse", mais bien "d’en finir".Aussi, depuis quelques années, lenombre de TS augmente dans les insti-tutions spécialisées surtout chez leshommes en particulier les veufs deplus de soixante-cinq ans.Moins spectaculaire que chez les

jeunes, ces suicides sont perçuscomme un choix "sensé" : celui d’avan-cer un peu l’heure de sa mort.Pourtant, les personnes âgées aussisouffrent. Leur mal-être ne perd pasen intensité à mesure qu’elles avancenten âge.

Manon Rivière

Personnes âgées :

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Dossier : L’automne de la vie

O n ne fera jamais trop pour les personnes âgées,pour les très âgées surtout. Impératif politiquede tout élu et de tout citoyen, obligation desolidarité familiale, cadeau d'humanité qui leurest dû.On est loin du compte pour le moment,

qu'ils vivent seuls ou en maison de retraite. Reste qu'il n'estjamais possible ni souhaitable de tout faire pour un autre,même dans la vieillesse. Il faut aussi y mettre du sien, faire appelà son courage, le courage de vieillir. Cela n'a rien à voir avecl'héroïsme, la performance ou la volonté de tenir le coup àn'importe quel prix. Le courage n'est pas un passage en force,mais une force intérieure pour un passage, l'avant-dernier passage.Un passage dont la durée est de plus en plus longue.Une chancepour partir de plus loin, trouver sa vitesse de croisière, s'habituerà de nouveaux paysages qui peu à peu se dévoilent.À moins derefuser d'être gens du voyage et de nier les réalités qui s'imposent:retraite, carte Senior, place de grand et arrière-grand-parent,suivi médical plus serré et combien d'autres minuscules réalitéscachées dans l'intime de chacun.Rien qui ressemble à un naufrage.Seulement, on s'achemine vers la fin du voyage, et cela demandeun courage.Le courage de vivre tout simplement, de vivre dans leprésent. Ce qui, dans le grand âge, requiert de lutter contrela tendance naturelle à se barricader dans le passé. Un passédont personne, à aucun moment de sa vie, ne peut sepasser : l'enfant entre dans son histoire en s'appuyant sur sapréhistoire, l'adolescent se construit sur les bosses et lescreux de sa petite enfance, l'adulte joue sa vie en deuxmi-temps, la seconde appuyée sur la première, en appro-fondissement, correction, remise en question. Nul n'échappeà son passé. Mais nul, à ces âges-là, n'en fera son pointd'appui premier pour vivre le présent : l'avenir est encoredevant.Il en est autrement au temps de la vieillesse. Quand l'avenirs'amenuise, le passé prend de l'ampleur et de la profondeur,devenant un formidable appui pour vivre le présent. Il n'estrien de plus terrible que de vieillir avec le sentiment den'avoir pas été, rien de plus réconfortant que de vieillir avecle sentiment d'avoir été. Parce que j'ai un passé, je suisaujourd'hui racine pour des arbrisseaux qui demain donne-ront leurs fruits. Parce que j'ai un passé, je suis mémoireavec laquelle des petits-enfants tresseront un brin de leurhistoire, je puis être référence pour des jeunes rencontrés.Vivre ce passé/présent est joie de la vieillesse - à conditiond'avoir le courage de relire son histoire, de se réconcilieravec elle, de témoigner avec simplicité des hardiesses et desfaiblesses qui l'ont marquée.Encore faut-il ne pas s'enfermer ou se laisser enfermerdans ce passé. Il y a du présent à savourer, quand il en estencore temps.Terminées les rages d'acquérir, de conquérir,de réussir. Finies les manies de plaire à tout prix, deconvenir, de faire semblant.Dépassées les tyrannies des appa-rences. Est venu le temps d'acquiescer à qui je suis en vérité,à ce qui fait plaisir, à ce que j'aime, à ce que jusque-là je n'aipu réaliser. C'est le temps de chanter, de danser, de jouer,

tant que cela est possible. Le temps de s'émerveiller de lanature qui sera encore là quand on n'y sera plus, de jouir dusoleil qui sera encore là quand il ne nous chauffera plus, deprofiter des petits-enfants qui seront encore là quand on n'ysera plus.Vieillir, c'est opérer sa dernière évolution.Mais rien ne se fera sans le courage de vivre les variations,fluctuations et diminutions de la vieillesse. Variations ducorps, qui un jour affiche une forme juvénile, et le lendemainest en panne. Fluctuation des humeurs, roses un matin, et lesoir jaunes comme la bile. Diminutions des capacitésphysiques ou psychiques, provoquant un état de dépendance.Flux et reflux du goût de vivre et d'aimer, de la force decroire et d'espérer. La sérénité du grand âge est un mythe :il ne va pas de soi de vivre les ultimes images de son corps,de faire totale confiance à ses derniers visages de vivant, decroire aux menues significations d'une vie au ralenti. Il y fautdu courage.Par-dessus tout, le courage de l'intériorité. Non qu'il faille,avant l'heure, quitter le terrain : s'occuper, agir, se rendreutile est bon pour le moral et précieux - pour la société.Que deviendraient nombre d'associations et de commu-nautés sans les innombrables services rendus par lespersonnes âgées ? La fécondité des aînés est une réalitémajeure de la vie sociale.Reste qu'il faut savoir ne pas trop en faire, apprendre à seretirer le moment venu. Quand les forces commencent àmanquer, quand le cœur n'y est plus vraiment, quand la têtene répond plus comme avant. Un moment vient dans la vie- plus ou moins tôt pour chacun - où la priorité sera decultiver son jardin intérieur, le labourer plus profond, luiarracher des fruits inédits. À l'exemple du moine ou de lamoniale, d'un sage en solitude, de ces vieux du village enconversation tranquille sur le banc adossé à l'église. Il n'y alà rien qui ne ressemble à de la désertion ni au vide. C'estseulement un « plus être » intérieur dans un « moins faire »extérieur. Une autre forme du courage de vieillir, le couragede l'intériorité.

Albert Donval, Psychosociologue. Paru le lundi 21/03/2005 dans le journal « La Croix »

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Témoignage

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Dossier : L’automne de la vie

Au début on est jeune: c'est bien, on atout le temps, toute la vie devant soi.Tout -- ou presque -- est encore pos-sible, et on peut en avoir, des désirs etdes projets.Quand on sera grand, on enfera des choses, on sera quelqu'un! Ondécouvre, on apprend, on emmagasine,ça pourra toujours servir un jour, plustard, quand on y sera… Et même lesbanques semblent y croire, prêtes ànous avancer ce que, bientôt, bien sûr,nous pourrons leur rembourser aucentuple.Mais tout ça ne voudrait-il pas dire enfait qu'on n'est pas encore dans sa vie?Qu'on la projette, qu'on la désire, qu'onfait des provisions pour elle,qu'on essaiede la construire, mais qu'on n'est enco-re jamais que dans l'attente qu'elleadvienne,dans le préliminaire perpétuel?Le présent n'est-il pas alors simplemoyen en vue de l'avenir, toujours insuf-fisant de n'être pas encore ce demain oùon vivra vraiment? N'est-ce pas ça, laparadoxale impatience de la jeunesse,elle qui a pourtant tout le temps devantelle: l'avoir tout devant soi,n'est-ce pas jus-tement ne pas avoir de temps à soi,n'avoir, en fait, le temps de rien, aucuntemps présent, tout n'étant jamais qu'àvenir? Courir derrière sa vie, qui resteirréductiblement devant?Et puis vient une période un peu bâtar-de, éprouvante à dire vrai, où on com-mence à entrer dans sa vie, mais la têtetoujours bourrée d'« à venir », où se

heurtent donc incessamment présentréel et avenir projeté. Et on se retrouvetout perdu de découvrir que la vraievie offre des choses qu'on n'avait pasimaginées,tellement décevantes souvent,mesquines, médiocres mais aussi telle-ment riches et consistantes parfoisqu'on n'aurait jamais pu en imaginer detelles! Et voilà qu'on est contraint d'enrabattre sur ses sublimes ambitions, detenter de les adapter tant bien que malau présent qui commence,mine de rien,à insister, subsister, résister… pour lepire,mais pour le meilleur aussi -- ce quin'est pas le moins désorientant, loinde là en fait.Alors, que faire, si ce n'estdevenir plus humble, réaliser qu'il fautbien faire avec la réalité telle qu'elle estet que tout n'est pas si possible que ça,même si bien des choses qu'on n'eûtjamais été capable de croire possiblessont indubitablement réelles. Mais bon,ce n’est pas grave, quand on seravraiment grand, on mettra un peud'ordre dans tout ça...Et puis un jour, bizarrement, soudai-nement, on découvre que ça pourraitbien y être : sans trop savoir pourquoi,surgit subitement l'idée saugrenue queoui, on est sans doute bien en pleindedans, dans sa vie, dans son temps,dans son présent… Et même qu'on yest depuis toujours, ça semble alorstellement évident, même si jusqu'alorson ne pouvait pas le savoir, obnubilépar l'avenir. Or là, force est de consta-ter qu'on est bien soi, que c'est bien savie qu'on vit, faite d'un présent qu'ons'est soi-même mine de rien construitmême s'il n'est bien sûr pas exacte-ment celui qu'on s'était rêvé.Attendre, rêver, projeter, ce n'estbrusquement plus la priorité du jour,on voit maintenant, ô stupéfaction,qu'on a en fait déjà largement accu-mulé de quoi subsister. S'agit alors plu-tôt d'arrêter de courir, de se poser, degoûter ce qui se présente,et qui est bienlà, offert, depuis longtemps peut-être,même si ça ne correspond sans doutepas vraiment à ce qu'on attendait.Et on en arrive même à soupçonnerque, si ce qu'on a construit n'est pasexactement ce qu'on avait désiré mal-gré tous nos efforts, c'est peut-êtrebien qu'on ne désirait pas tant que ça

que ça arrive, en fait. Ce qu'on croyaitêtre nos désirs apparaît finalementcomme étant surtout constitué despressions extérieures diverses.Alors quel drôle de soulagement quecette impression qu'enfin on peut souf-fler! Comme tout devient bêtementsimple maintenant qu'il s'agit surtoutd'accepter ce qui est là! Quelle légèretéque de s'être finalement débarrasséde l'angoisse de ce qu'on a à devenir,maintenant que c'est fait ! Et quelleouverture sur le présent que de n'êtreplus crispé sur tout ce qu'on pourraitdevenir! Et pourtant, quelle désorientation radi-cale ! Plus de but sur lequel clairementse focaliser, plus de direction générale,plus de sens évident... On est propre-ment déboussolé, bref! Si on n'attendplus rien de précisément projeté, alorsquoi? "Profiter du présent", ce pseudo-principe qu'on a jusqu'alors toujoursrejeté haut et fort du côté de cessuperficiels inconséquents épicuriens,faudrait-il que, maintenant, ô ironie dusort, on s'en remette à lui? Voire qu'onfinisse spinoziste, à se réjouir béatementde ce qui est plutôt que de se lamenterde ce qui n'est pas puisque de toutesfaçons ce n'est rien -- que l'idée qu'ons'en fait? Serait-ce ça, la sérénité?

Étrange... Je ne dois pas encore être toutà fait mûre.Et puis, un jour sans doute (ça je ne saispas clairement, je me réfère juste auxsérieux coups de vieux qui m'ont déjàassaillie), on doit pouvoir se retrouveravec sa vie derrière soi, l'impression quetout ce qui est vraiment important pournous,on l'a déjà vécu, et qu'on n'est plusdisponible pour le vivre encore,même sibien sûr on continue à vivre... Et peut-être même à vivre de plus en plus serei-nement au fur et à mesure qu'on réaliseque l'important est derrière nous, etqu'il ne nous reste donc plus qu'àprendre la vie à la légère?

Carole Prompsy

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Ah, le temps qui passe… Et nous quiallons, plutôt bien ou carrémentmal, mais on ne sait trop vers où,en fait… En voilà un mystère, unvrai problème philosophique ouvertà tous ! Peut-on apprendre à vivre ?Mûrit-on ? Se construit-on au fur età mesure du temps qui passe ? Se prépare-t-on progressivement à mourir ? Ou bien reste-t-oninébranlablement le même,obstinément soi, hermétique aupoids des ans qui s'accumulent ?

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LLee soleilcouchantnn’’eesstt--iill ppaass aussi beau qquuee lleesoleil levant??

Je n'ai qu'une toute petite foi, naturelle,fragile, vacillante, bougonneuse ettoujours inquiète. Une foi quiressemble bien plus à une espérancequ’à une certitude.Mais, voyez-vous, à la courte lumièrede ma faible raison, il m’apparaîtirrationnel, absurde, illogique, injuste,contradictoire et intellectuellementimpensable que la vie humaine ne soitqu’un insignifiant passage de quelquescentaines de jours sur cette terreingrate et somptueuse.Il me semble impensable que la vie setermine bêtement par une tristedissolution de la matière, et que l’âme,comme une splendeur éphémère,sombre dans le néant après avoir

inutilement été le lieu spirituel etsensible de si prodigieuse clarté, de siriche espérance et de si doucesaffections. Il me paraît répugner à laraison de l’homme autant qu’à laprovidence de Dieu que l’existence nesoit que temporelle et qu’un êtrehumain n’ait pas plus de valeur etd’autre destin qu’un caillou…Mourir, au fond, c’est peut-être aussibeau que de naître. Est-ce que le soleilcouchant n’est pas aussi beau que lesoleil levant? Un bateau qui arrive àbon port, n’est-ce pas un événementheureux?

Doris Lussier

lagentiane.org

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La délinquance desjeunes explose… Elle est juste

plus visible

C’est le rapport de la commissiond’enquête sur le Sénat sur la délinquancedes mineurs qui le souligne: « La partdes mineurs dans le total des personnesmises en cause représente 21,18 %.Acontrario, cela signifie que les majeursreprésentent près de 80 % despersonnes mises en cause. Pourtant,c’est la délinquance des mineurs quimonopolise le débat public et provoqueà la fois un sentiment d’insécurité etl’exaspération de la population. » Celas’explique facilement: la délinquance desmineurs est plus visible que celle desmajeurs. Les incivilités, les dégradationsde biens, les vols sur la voie publique ouencore les bagarres sont principalementle fait des mineurs.En revanche, ces derniers n’ont commisque 3,4 % de crimes plus graves mais

moins visibles: les homicides – un chiffrequi diminue d’ailleurs en valeur absolue.« L’explosion de la délinquance est touterelative aussi, parce que « 5 % des jeunescommettent 60 à 85 % des infractions,dit le rapporteur des sénateurs.Tous lesmagistrats interrogés à ce sujet ontconfirmé cet état de fait: il existe bien un petit pourcentage de jeunes qui commettent une part importante desdélits. » Il ne faut donc pas stigmatiser « les jeunes » dans leur ensemble.D’autant plus que, comme le rappelJean-Marie Petitclerc, éducateur spécialisé,« on présente souvent les jeunes commeétant les acteurs, les facteurs, les auteursde cette violence.N’oublions pas qu’ils ensont les premières victimes et que 80 %des actes de violence commis par lesmineurs le sont à l’encontre… d’autresmineurs! Quatre faits sur cinq!Autrement dit, dans notre pays, le climatde violence qui règne est ressenti quatrefois plus douloureusement par lesmineurs que par les adultes: commej’aime à le rappeler aux politiques, il estplus dangereux d’être jeune collégiendans un collège de quartier sensible qued’être enseignant dans un collège dequartier sensible, et il est plus dangereuxd’être un jeune habitant d’un quartiersensible que d’être éducateur dans unquartier sensible ». D.G.

Sources: Commission d’enquête du Sénatsur la délinquance des mineurs ». 2002 –Géographie de la France criminelle d’AlainBauer, Odile Jacob, 2006.

Les jeunes boiventde plus en plus… Moins que

leurs parents

au même âge

Trois Français sur quatre croient que lesmoins de 18 ans lèvent le coude plus

facilement que leurs parents au mêmeâge. Faux, rétorque l’Institut derecherches scientifiques sur les

boissons. En 1971, on comptait encore12 % de buveurs réguliers chez les

12 – 18 ans. Aujourd’hui, c’est 1 %. Enrevanche, quand boisson il y a, c’est

jusqu’à l’ivresse, avec de plus en plus deconsommations dites « festives »

d’alcools forts.Ainsi, un bon quart desgarçons déclare boire chaque semaine,

contre 10 % des filles. Le samedi soirdétient tous les records. Celui du

nombre de verres consommés, environquatre. Mais aussi celui du nombre

d’accidents de la route…

Jean-Baptiste FrançoisSource : Les Adolescents français face à

l’alcool. IREB – 20011

L’image du jeune sous assistancebudgétaire a la vie dure. Or 61 %des foyers français seulementalimentent la tirelire de leurprogéniture, ce qui nous relègue audernier rang des huit pays euro-péens (France, Belgique, Italie,Espagne, Portugal, Grande-Bretagne, Pays-Bas,Allemagne)étudiés par l’institut de sondageIpsos. À 17 ans, le jeune Français

reçoit 35 eurosmensuels alorsque ses voisinsapprochent les50 euros! D’où larecherche de petitsjobs. La moitié desétudiants français touchent aumoins un salaire dans l’année. Lespetits boulots représentent enmoyenne 43 % de leurs ressources.

Selon Louis Gruel, chercheur àl’Observatoire de la vie étu-diante, « l’idée que les étudiants« bourges » ne bossent paspersiste. Mais l’origine sociale

ne fait plus la différence.Il y a ceux qui ont besoin de travailpour vivre,mais aussi ceux quiveulent préparer leur entrée dans lemonde du travail et ceux qui veulents’offrir des voyages,une voiture… »

J.-B.J.Source : L’influence des enfants sur lebudget familial. IPSOD 2003

NNOONN auxIDÉES REÇUES!

Les jeunes qu’est-ce que vous en dites ?©

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Les jeunes estiment que tout leur est dû… Ils cherchent plutôt l’autonomie

Ces trois articles sont repris d’un numéro de « Phosphore ».

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« Nous avons lu… »

Spécialisé dans l’histoireindustrielle, Alain FREREJEANdans son livre, relate l’histoire dela famille Peugeot.

Les membres de lafami l le Peugeot ,devenue luthérienneavec le Duc deWurtemberg dontdépendait à l’époquele pays,ont toujoursété imprégnés deculture protestante.L’éthique protes-tante qui fait partiede leur éducation

a orienté les Peugeot vers lesœuvres sociales.C’est dans le courant de la secondemoitié du XVIIIe siècle que le premierJean-Pierre Peugeot, né en 1734, engagela famille dans la voie qui va les conduireà l’industrie.Il s’est avéré que les membres de lafamille Peugeot ont été des pionniersdans le domaine social. On leur doit lacréation d’un hôpital à Valentigney, lafondation de la Croix Bleue française parLucy Peugeot, membre solidaire, etPierre Barbier ainsi que l’ouverture d’unpremier café de tempérance.Le premier engagement fut signé parPierre Barbier à la Croix Bleue suisse,suivi par Lucy Peugeot qui prit le premierengagement en France étant sensibleaux problèmes causés par l’alcoolismeet devenant ainsi le premier membresolidaire de cette association.Récit d’une aventure familiale, cet ouvrageest très agréable à lire et se dévorecomme un vrai roman d’aventures bienqu’il aurait été judicieux d’insérer unarbre généalogique de la famille Peugeot.

Nicole Adam

Section de Valentigney

Éditions du seuil, de:Joël de Rosnay, biologiste,écrivain scientifique,conseiller de la Cité desSciences, Jean-Louis Servan-Schreiber écrivain, entrepreneur,directeur de Psychologies Magazine,François de Closets essayiste, journaliste,producteur de télévision, DominiqueSimonnet Rédacteur en chef àL'Express, auteur de romans et essais.

«C'est un fabuleux cadeau que nous venonsde recevoir: une vie en plus! Quinze àvingt ans de bonus, dus aux récentsprogrès de la médecine et de la science.Mieux : nous pouvons consommer cesupplément d'existence en pleine forme,comme une seconde adolescence, entre60 et 75 ans. Bonne nouvelle pour l'indi-vidu, mais catastrophe pour la collectivité :la bombe Longévité risque de provoquerune crise sociale et économique sansprécédent. »

Au fil d'un dialogue incisif, les auteurs explorent cette révolution sur trois fronts.Le corps, d'abord: Pourquoi vieillit-on?Comment l'organisme « rouille-t-il » ? Peut-on retarder l'inéluctable ? L'esprit,ensuite : Quel sens donner à ce nouvel âge?Quelle attitude adopter face aux autres?Jusqu'où résister à son destin? La société,enfin: Est-il légitime que des légions deseniors gorgés de vitalité aient acquis ledroit à l'oisiveté ? Quelles conséquencespour les générations futures ? Commentéviter l'explosion ? Ce livre, qui fournit nombre de recettes devitalité, s'adresse à tous les âges. Il se veut unappel à notre responsabilité individuelle etcollective, et un manifeste humaniste pourvivre longtemps en restant bien vivant.

L’éditeur

Une vie en plusLa longévité pour quoi faire ?

Les Peugeot,deux sièclesd’aventuresAlain Frèrejean-Flammarion - 21,85 € -

On tue les vieuxÉditeur Éditions Fayard - Date de parution octobre 2006 - Nombre de pages 255 pages - Prix : 18,05 €De : Christophe Fernandez président de l'AFPAP (Association française de protection et d'assistance aux personnes âgées), Thierry Pons, coordonnateur del'AFPAP, Dominique Prédali, journaliste, le Pr Jacques Soubeyrand, chef du service demédecine interne et gériatrie à l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille.

Livre-enquête, réquisitoire délibérément provocateur qui cognedirect dans le plexus, histoire d'alerter les consciences sur « la maltraitance, insidieuse, addition de petits dysfonctionnements insti-tutionnels,qui tue plus que la canicule », comme l'affirme le Pr JacquesSoubeyrand. « Il ne s'agit surtout pas de jeter l'opprobre sur les éta-blissements, mais de dénoncer certaines dérives et un système toutéconomique, où la vieillesse n'est plus vue qu'en termes d'inutilité, decontraintes.À partir du moment où on ne donne pas à ces personnestous les soins qu'elles mériteraient, on accélère leur fin. » Une« euthanasie économique et sociale » donc qui commencerait dèsl'hôpital.

D'autres médecins mettent l'accent, à rebours des auteurs du livre, surl'hyper-médication et l'acharnement thérapeutique que subissent nombrede patients âgés. Trop ou trop peu. C'est la réponse incertaine d'une société vieillissante confrontée à la perspective de son propre « naufrage ».

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1. Le CCAA nous a été présentéIl est composé du docteur REYNS, médecin… mais pas seu-lement, de Madame BARAS sophrologue, trois psy pourmettre des mots sur les maux, une infirmière qui peut allerà domicile, une diététicienne, une art-thérapeute qui aide àl’expression autrement que par des mots, une assistantesociale.

2. Nous avons échangé sur nosexpériences à la Croix Bleue Ce qui nous est arrivé dans l’alcool, les différentes étapestraversées :•Nous pouvons dire que la manière de nous en sortir doitvenir de nous.•On s’enrichit de l’expérience des uns et des autres.•On voit mieux de l’extérieur ce que l’on vit.• L’alcool fait toujours quelque chose et son contraire.• Il y a toujours la recherche d’un certain plaisir.• Le déclic c’est le constat que l’on ne peut gérer seul leproblème. Déclic = prise de conscience. Au lieu de sedemander pourquoi on en est là (ce qui revient à chercherdes fautifs), on va se demander comment s’en sortir.

3. Rôle des médicaments Découverte il y a 20 ou 30 ans des médiateurs chimiques,2 en 1970 une bonne quarantaine actuellement.

6 neuromédiateurs :La noradrénaline ou hormone du stress.L’adrénaline n’est pas un médiateur chimique mais il peuten prendre la place. Elle est sécrétée par le cerveauprimaire (base de la survie de l’espèce) mais s’épuise trèsfacilement.La dopamine, siège de la mémoire-recherche de plaisir,de désir, d’émotions.Besoin de vitamine B, fer, magnésium.La sérotonine, frein pour modérer l’agressivité.Aide à vivre en harmonie avec nous-même et nous-mêmeavec les autres.Le gabaApaisant, se dissout dans l’alcool. L’Aotal permet deremettre du gaba, le Gabacet de reconstituer la structurede la membrane de la cellule nerveuse.L’endorphineSecrétée par le système nerveux quand il est attaqué.Fabriquée par le cerveau pour se défendre contre l’alcool.Les « benzodiazépines » « singent » les effets del’endorphine.Lexomil, Equanil (remplacé de + en + par le Valium)Le Révia agit sur les endorphines (ferait que l’alcool nemarche plus)Sélestat aide à combler la sensation de vide quiaccompagne le sevrage.Le glutamateAgit à l’inverse du gaba.Si glutamate augmente, le gaba diminue.

• Sevragele Stablon, diminue les idées noires mais aussi toutes les activitéscérébrales.•Après sevrage- Prescription des IRS (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine),pour les alcooliques et les dépressifs.Ils luttent contre l’épuisement (Prozac = pilule du bonheur).À prendre au moins 6 mois.Les antidépresseurs n’entraînent pas de dépendance.- les médicaments qui donnent de la dopamine.

De la prise de

conscience à

l’abstinenceheureuse

Tel était le thème traité parMonsieur le docteur REYNSlors de l’assemblée générale de la Croix Bleuegroupe Nord le 24 mars 2007.

Conclusion:

en quelques décennies, l’alcoologie

est passée de la cure de dégoût

à la recherche d’un certain plaisir

pour arriver à l’abstinence heureuse.

18 N°158 • septembre 2007

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L'évolution technologique nous pousse à changer noshabitudes et nous devons adapter notre mode defonctionnement. L’informatique et Internet sont

accessibles aujourd’hui grâce à des coûts beaucoup plus baset permettent une appréciable rapidité de communicationet une réelle efficacité.Le groupe normand a décidé d'aider les membres qui ledésirent à se mettre à niveau avec ces outils.Plusieurs week-ends ont été programmés pendant l'année.Le premier a eu lieu en Haute Normandie et le second dansle Calvados. Cette formation regroupe les sections de Caen,Elbeuf Louviers, Le Havre, Rouen et St Lô. Les participantssont regroupés par deux et chaque duo dispose d'un ordi-nateur. Dix huit personnes participent à cette action.Autour de la problématique de la gestion administratived'une section, les exercices sont suivis avec application. Il estintéressant de signaler qu’après chaque week-end uneévaluation permet aux formateurs (Jean Pierre Le Juez etBéatrice Allais) de préparer le suivant. Ainsi, les pointsdifficilement compris sont revus avec une autre approche.Les thèmes abordés sont : le traitement de textes, le tableur(harmonisation des comptes de résultats et des livres decompte) la réalisation de plaquettes de typesaffichettes ou triptyques, le courrier électronique. À cecis'ajoute l'utilisation du vidéo projecteur pour animer desprésentations.

Jean-Pierre Le Juez

De vous à nousRéponse de Monique Schneider à NicoleLe Calvez et Liane Colbert rubrique« de vous à nous » Libérateur N° 156

Désolée, je vois que je n’ai pas été assez explicite.Je me suis mise à la place de l’observateurlambda qui découvre Le Libérateur dans une salled’attente. Pour lui, logiquement :Un liquide jaune dans une flûte à champagne,c’est du champagne

Un liquide jaune dans un verre à pied, c’est duvin blancUn liquide jaune dans un verre à jus de fruit, c’estde la citronnade.Voilà pourquoi, je recommandais un verre approprié.Nous avons un message clair à transmettre àceux qui ne nous connaissent pas encore. D’autrepart, je ne crois pas manquer de tolérance nid’humour. Et je bois mon thé, ni dans une gamelle,ni dans un verre en cristal, mais dans une tasse…à thé.

N°158 • septembre 2007 19

L’association

stagiaires de la formation informatique

Les membres s’investissentaussi en informatique

Quoi de neufau siège ?

Comme prévu, les travaux

de réfection des sols du

siège ont eu lieu en août.

Maurice Zemb et Jean-

Paul Ludwig ont dévoilé

un nouvel aspect de leurs

compétences en posant le

parquet flottant.

20 N°158 • septembre 2007

Les sections

En mars, les sections deYutz,Briey,et Metz,environ 90 personnesont fêté dignement monsieur carnaval.Bernard notre cuisinier nous avaitmijoté une excellente choucroute.Chants, danses, jeux ont amplementanimé cette soirée, un jury a délibérépour récompenser le plus original desdéguisements et ceci par catégorieenfants, femmes, hommes ; et tout cepetit monde s’est donné rendez-vouspour l'année prochaine.

Tu te souviens, c’était la fête à Arcueil… la fête de la Croix Bleue àArcueil. Avant la dispersion de l’été, nous avions le désir de nousretrouver une fois encore avec nos conjoints, enfants et amis pourresserrer nos liens.Tu te souviens, nous avions reçu cette si belle invitation… Et cesamedi soir est arrivé… et il faisait beau. En bavardant dans la cournous avons dégusté, pour nous mettre en appétit, des cocktailssans alcool succulents et originaux. Pendant ce temps des amiss’activaient pour faire le feu pour les grillades. Le résultat a étéparfait.Tu te souviens comme les conversations et les rires allaient bontrain – inoubliables instants de bonheur. C’était le moment desgâteaux variés, œuvre de nos nombreux pâtissiers, lorsqu’on nousréclama le silence pour écouter le message de notre amie. Nousavons alors partagé un intense moment d’émotion et d’écoute.C’est là que nous mesurons combien la Croix Bleue fait renaîtrel’Espérance et soutient chacun dans son chemin. C’est alors quenous comprenons combien notre présence est importante pourcontinuer à mener la lutte contre les ravages de l’alcool.

Le Message de notre Amie

Je profite de l’occasion de cette ren-contre festive pour vous dire « merci ».Merci de m’aider moi aussi à gérer ceproblème d’alcool qui ne nuit pas à moncorps mais à mon cœur.Je ne sais pas si vous pouvez imaginercombien vous m’avez apporté et m’ap-portez encore par le soutien que vousdonnez à mon mari et donc à moi aussiet par l’intérêt que vous m’avez manifes-té dans les moments extrêmementdouloureux que j’ai traversés et dont jene suis pas encore totalement sortie.Je pense que pour cela il a fallu que voussouffriez vous-même beaucoup.L’image que j’avais des consommateursexcessifs d’alcool était pitoyable et bienpeu charitable. Grâce à vous cette imagea beaucoup changé: j’ai compris qu’ils’agissait d’une maladie comme uneautre, peut-être plus dangereuse carplus complexe et non admise encorecomme telle par bon nombre depersonnes.Non seulement vous soutenez mon maripour qu’il sorte par sa décision de cettemaladie, mais vous êtes pour moi desexemples pour que je me batte poursortir de la mienne, car il y a des chosestransposables.Alors, du fond de mon cœur fragile,encore une fois : merci.

Membre sympathisante, F.

Tu te souviens

c’était la FÊTE à Arcueil

Sections de Yutz, Briey et Metz

DuCARNAVAL

En mai, à peu près unecentaine d’amis étaient venus pourpasser ensemble une agréablejournée festive le beau tempsétant de la partie. Certains sontallés dénicher le muguet dans lesbois jouxtant le chalet.Repas fut pris sous un chapiteaupuis pour clore cette journée, latraditionnelle tombola a été tirée dontle premier prix fut un superbe karcher.

LA kermess

Printemps - Été à

RIBEAUVILLÉ SÉLESTAT

Les sections

N°158 • septembre 2007 21

LAC BLANCLa section de Ribeauvillé - Sélestat a choisi le week-endde Pentecôte pour sa sortie à la Ferme Emmaüs au lacBlanc. Le soleil était au rendez-vous quand une vingtainede membres actifs et sympathisants tous avec la bonnehumeur dans leurs bagages sont montés sur les crêtesvosgiennes. Randonnées pédestres, farniente au soleil,tricot, jeux de société et bien entendu les bons repaspréparés par André et Catherine, voilà le programme destrois journées passées ensemble dans une ambiancecalme, sereine et conviviale. À quand le prochain séjour ?C'est la question qui était sur toutes les lèvres en guised'au revoir.

BROCANTE Le 3 juin à Guémar, la section a renouvelé sa présence sur le Marché aux Puces.Le stand, mettant en avant la nouvelle affiche de la Croix Bleue, a attiré nombrede passants.

FÊTE CHAMPÊTRELa fête champêtre annuelle de la sectionRibeauvillé - Sélestat a rassemblé les setionsCroix Bleue du Groupe Haute-Alsace ainsique les associations amies. Nous avons eule plaisir d'avoir parmi nous notre Présidentnational Maurice Zemb qui a partagéavec nous cette agréable journée. Après lessalutations de bienvenue de la responsable,Marie-Thérèse Rapp, axées sur lemot Ensemble, accompagnées duchant du même titre.Après un boncouscous et un choix de desserts,quelques couples se hasardèrent surla piste de danse où Roger passaitde la musique pour tous les goûts.Mais le succès de la journée fut sansaucun doute celui que remportaMaurice Zemb avec ses chansonstyroliennes qui furent très applaudies.Au courant de l'après-midi, Jean-Louis Christ, Député-Maire de Ribeauvillé nousrendit visite ainsi que deux maires des localités voisines.Une tombola bien garnie fitdes heureux. Une fois de plus la fête fut réussie.

Jean-Louis Christ, député maire de Ribeauvillé,s’entretient avec M. Zemb et M. Rapp.

SORTIE ÉQUESTREEnfin, pour récompenser les bénévoles après l’organisation de tous ces évène-ments, la désormais traditionnelle sortie équestre a eu lieu fin juillet au ClubÉquestre de StrasbourgL’initiation équestre pour les plus courageux ou sportifs des membres ainsi queleurs familles a précédé un repas de grillades et salades variées. Le Jardin desDeux Rives, voisin du Club, a favorisé les promenades digestives.

sse À GORZE

Une trentaine de membres des sections deThann, Trois Frontières,Valentigney et deRibeauvillé viennent de passer un week-end à SEE dans le Tyrol autrichien.Cette escapade de trois jours nous a permisd’agréables découvertes, comme cette pro-menade autour du lac appelé « le Kopsee » qui s’est terminéedans un brouillard à couper au couteau, ou encore la visite decette mine d’argent et de cuivre où à 800 mètres sousterre vous cheminez dans un petit train avant d’accéder ausite d’exploitation.Accompagnés d’un guide nous avons découvert combien lesconditions de vie de ces ouvriers étaient difficiles.

Moment inoubliable: visite de la capitale du Tyrol, Innsbruck !Hébergés dans la Famille Mallaun, nous avons tous profitéde l’accueil, de la gentillesse qui caractérisent toute cetterégion qui a gardé intact nature, coutumes et chaleureusesimplicité.Merci Maurice pour le récital folklorique improvisé en soirée!

Alain Sansig

Suzanne et Christiande la section de Bitche

22 N°158 • septembre 2007

Les sections

C'est en présence de 75 Croix-Bleuzards etd'une table bien garnie qu'a eu lieu unedouble remise d'insignes à la section deBitche.

Suzanne et Christian sont devenus membres actifs decette section et se sont engagés à venir en aide auxpersonnes piégées de l'alcool, ainsi qu'à défendre lesvaleurs de la Croix Bleue.Rendez-vous fut pris pour l'an prochain, car ce fut unetrès belle journée.

Gérard HAAS

Thann au Tyrol

Détente à CaenLa section de Caen a organisé le 2 juin 2007, une journée détente autourd’un tournoi de boules, dans la forêt de Grimbosq dans le Calvados. Cesactivités permettent de resserrer les liens de la section et à certains de seretrouver de façon conviviale sans l’alcool.

Le méchoui annuel

Le 24 juin 2007, malgré la pluie, la section a organisé son méchoui annuel. Lesfamilles et les membres se sont retrouvés autour d’un repas puis de quelquesactivités. Cinquante-sept personnes se sont ainsi réunies.

Le clown du marché

artisanal de Belvoir est

un croixbleusard!La section d’Audincourt vend de

petits bracelets fantaisie pour aider

au financement du Congrès 2008.

La section de l’Hôpital étaitprésente à la fête de la musique deHoste (petit village de 400 habitantsen temps habituel et 7000 lors dela soirée musicale). L’association« Entente et Loisirs » forte de 200membres a très bien organisé la soiréeen associant la prévention à leur fête.Trois associations étaient présentes :lutte contre la drogue, le sida etl’alcool au volant. Quelque 250 per-sonnes faisant office de « capitaines desoirée » ont soufflé dans l’alcootest.Aucun test positif n’a été descellé.Les alcootests, affiches, bracelets ettee-shirts étaient mis à disposition parla prévention routière et la communede Hoste. Merci à eux et égalementaux membres de la section et leurscompagnes. Un nouvel engagement adéjà été pris pour associer la CroixBleue à cette grande fête en 2008.

René Pernet

La section de Bouxwiller a organisé une sortie à Sinsheim en Allemagne aumusée technique de l’automobile. Des membres des sections de Bitche,Sarrebourg et Saverne, ainsi que des amis soutenant notre action nousont accompagnés. Après avoir regardé un film en 3D, nous avons puremonter le temps et contempler toutes sortes de reliques, allant du véloen bois au Concorde et au Tupolev en passant par les tracteurs et leslocomotives à vapeur ainsi que beaucoup de matériels militaires allemands etrusses de la dernière guerre. Ce fut une journée agréable et nous noussommes donné rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle sortie.Nous avons accueilli deux nouveaux membres lors de la réunion du 6 juin2007. Un moment intense et rempli d’émotion ! Gilbert Isenmann etOttmar Metz ont reçu, en souvenir de ce jour, deux tableaux représentantpour l’un un château et pour l’autre un oiseau perché sur le bout d’unebranche. Le château symbolisant la Croix Bleue qui accueille au jour dedétresse et la branche, l’appui pour ne pas tomber.

Jean-Claude SchererResponsable section de Bouxwiller

Le LibérateurQuatre numéros par an ................................................................................................17 €

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Abonnement simple .................................................................. 17 €nnou

Abonnement & don ............................................ plus de 17 €nnou

Don simple ................................................................................................................nnCi-joint un chèque du montant choisi établi à l’ordre de la Croix Bleue

L’association, reconnue d’utilité publique, est habilitée à recevoir des dons et legs. Pour les sommes supérieures à 15 €,un reçu fiscal sera envoyé.

Bulletin d’abonnement et /ou de don" À retourner à :Association la Croix Bleue, 189 rue Belliard, 75018 Paris.

Une première pour

la section de l’hôpital

N°158 • septembre 2007 23

Les sections

Les vacances de la

section de Bouxwiller

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“Écraser le champignonÉcraser le champignon

“Il enfourche son vélo. C'est une matinée ensoleillée de la fin de l'été. La fraîcheur du matin est encore empreintede l'humidité de la veille : un dimanche pluvieux… pas tout à fait comme les autres. Aujourd'hui, c'est le pre-mier jour de sa retraite ! En roulant tranquillement, très tranquillement, ses pensées s'égarent au long de laroute de ses souvenirs. Quarante ans de carrière à écouter la même rengaine. Depuis le service militaire, dansle train, où il avait passé le permis poids lourds, puis comme chauffeur livreur express… et même dans le transportscolaire, où les gosses le lui chantaient : « chauffeur, si t'es champion, appuie, appuie… » Mais il est déjà midipassé et le voilà arrivé. Il abandonne le vélo au fossé, s'avance dans le sous-bois parfumé d'un avant-goût d'automneet repère le bon coin. Les voilà. Paisible, il s'allonge sur le ventre, les fixant calmement.Toute une vie àécraser le champignon ! À partir de maintenant, c'est décidé, il prendra le temps de les regarder pousser !

Stéphane R. Robbe

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