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Un Peuple - Un But – Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET DES POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES ETUDES ECONOMIQUES
Document d’Étude N°36
Configuration de la Demande et Croissance Économique au Sénégal
DGPPE/DPEE/DEPE @ septembre 2016
1
CONFIGURATION DE LA DEMANDE ET CROISSANCE ECONOMIQUE AU SENEGAL
Par Issa FAYE, Hamat SY et Diabel DIOP
septembre 2016
Résumé
Cette étude anticipe sur la configuration de la demande qui découlerait de la mise en œuvre de la nouvelle politique
économique et sociale (PSE) du pays. D’abord, un diagnostic de la structure de la demande actuelle a été effectué
montrant que celle-ci est quelque peu extravertie, notamment, dans l’industrie lourde où les importations excèdent
largement la production locale. Ensuite, à travers un modèle DSGE, des simulations stochastiques et déterministes
ont été réalisées indépendamment dans deux secteurs, à savoir celui des biens et services échangeables et celui des
biens et services non échangeables. Les résultats montrent qu’un choc positif sur la Productivité Globale des
Facteurs (PTF) pourrait permettre, d’une part, de lever les contraintes qui pèsent sur l’offre, et d’autre part, de
réduire les importations dans le long terme au profit de la demande intérieure. Par ailleurs, un choc déterministe
suivant la politique de dépenses publiques (renforcement des dépenses en capital et rationalisation des dépenses
courantes) définie dans le Plan d’Action Prioritaire du PSE engendrerait une croissance du PIB de 7,7% entre 2014-
2018 avec une nouvelle configuration de la demande qui faciliterait la marche vers l’émergence.
Mots clés : croissance économique, offre, demande, DSGE
Classification JEL : 040, E20, E20, D58
Abstract
This paper anticipates the structure of the demand that best matching the output targeted by the new country’s
economic and social strategy (PSE). An analysis of the current structure of the demand indicates that in the heavy
industry branch among others, imports exceed output. Furthermore, using a DSGE model, stochastic and
deterministic simulations were performed independently in both tradable and non-tradable goods and services.
Results show that positive total factor productivity (TFP) shock should help lift the constraints on supply, and
reduce imports in the long run in favor of domestic output. Additionally, a deterministic shock based on public
spending policy (strengthening of capital and rationalization of current expenditure) as defined in the Priority Action
Plan of PSE should yield a 7.7% GDP growth between 2014 and 2018 with a new structure of the demand that
should facilitate the pursuit towards emergence.
Keywords: Economic Growth, supply, demand, DSGE
JEL classification: 040, E20, E20, D58
2
1. Introduction
Les performances économiques enregistrées au Sénégal depuis plusieurs décennies n'ont pas
permis d'impulser le développement et réduire significativement la pauvreté. Entre 1980 et 2013
où l'économie a atteint une croissance moyenne de 3,5%, seule la période post dévaluation du
FCFA, notamment la décennie 1995-2005, a été marquée par des taux moyens avoisinant 5%.
Ainsi, à travers une stratégie d'émergence, le Sénégal projette d'atteindre des taux de croissance
élevés d’au moins 7%. L’axe 1 du plan Sénégal émergent (PSE) est relatif à la transformation
structurelle de l'économie en privilégiant, notamment, des projets et programmes présentant des
niveaux de productivité suffisamment élevés pour booster la croissance et permettre l'émergence
à l'horizon 2035. A cet égard, un accent particulier est mis sur la définition de nouveaux secteurs
porteurs qui permettraient de stimuler l'offre productive nationale. Cependant, parallèlement à
cette offre, il est nécessaire de définir une politique de relance et de restructuration de la demande
adaptée selon que l’économie est extravertie ou tirée par l'absorption intérieure. La notion de
demande renvoie à la quantité de biens et services censés couvrir les besoins de consommation
et/ou d'investissement des agents économiques pour un niveau de prix donné. Si l'offre
productive s'accroit tandis que l'absorption de biens destinés à la consommation finale est
adressée essentiellement à l'extérieur, l'incitation à investir, produire et embaucher de la main
d'œuvre pourrait s'amoindrir lorsqu'en plus, l'économie peine à faire face à la compétition sur les
marchés extérieurs. L'importance de la notion de demande s'explique par son caractère dual qui
pourrait s’illustrer à travers l'exemple de la Chine dont l'économie est principalement extravertie
et celui des États-Unis qui dispose d’un fort marché intérieur capable d’absorber la grande
majorité de sa production.
Par ailleurs, si les économies en développement d’Asie de l’Est et du Pacifique ont pu jouer un
rôle moteur dans la croissance mondiale, c’est grâce à leur demande intérieure (Banque mondiale,
2013). En outre, les économies d’Afrique ont été largement soutenues pendant plusieurs
décennies par l'absorption extérieure à travers les exportations de matières premières.
Aujourd’hui, elles souffrent d’un ralentissement sous l’effet d’une contraction de la demande
internationale qui a fait chuter les cours mondiaux des matières premières. Ainsi, selon la dernière
édition d'Africa's Pulse de la Banque mondiale, la demande intérieure portée par la consommation
des ménages, l'investissement et les dépenses publiques devrait relancer la croissance en Afrique
Subsaharienne, qui s'élèverait à 4,4% en 2016 et 4,8% en 2017. Toutefois, selon le rapport 2014
sur les pays les moins avancées (PMA) de la CNUCED, la transformation structurelle nécessaire
3
pour la réduction de la pauvreté doit aller de pair avec l’augmentation de la demande intérieure et
extérieure (exportations) afin de créer des débouchés suffisants, susceptibles d’ouvrir des
possibilités d’emplois productifs et rémunérateurs. En 2006, ce même rapport faisait état de la
contribution des composantes de la demande dans la croissance du PIB des PMA. Il apparaissait
en moyenne que c’était la consommation privée qui contribuait beaucoup plus à la croissance
(51%), suivie des exportations (33%) et des investissements (31%).
A l'instar des pays en développement, le Sénégal est confronté à des contraintes qui pèsent aussi
bien sur l'absorption intérieure que sur la demande extérieure. D'une part, la faiblesse du marché
national due, en partie, à un niveau faible du pouvoir d'achat, n'encourage pas une production
nationale de masse. D'autre part, la concurrence accrue existant sur les marchés extérieurs à
laquelle s'ajoute le manque de capacités de production et d'infrastructures pour y accéder, plombe
la possibilité pour les entrepreneurs locaux de développer de véritables marchés d'exportations.
Ainsi, la croissance est principalement tirée par la demande intérieure avec une faible part
attribuée aux exportations. En moyenne, sur les quinze dernières années et en pourcentage du
PIB, les composantes de l'absorption ont été de 90,5% pour la consommation finale, 23,6% pour
la formation brute de capital fixe et 25,5% pour les exportations. Ces statistiques sont révélatrices
de la forte dépendance de l'économie sénégalaise vis-à-vis de la demande intérieure.
L'importance du rôle de la demande dans les pays en développement et, en particulier, au
Sénégal, tient au fait qu'en l'absence de marchés, la réticence dans les décisions d'investissement
des entrepreneurs locaux comprime considérablement les capacités productives. Par ailleurs,
l'accès au marché extérieur est plombé par des contraintes d'infrastructures et l'incapacité à
proposer des produits de qualité. Dès lors, il est important d'examiner le rôle que pourraient jouer
les composantes de l'absorption sur l'activité économique. En outre, l'économie sénégalaise se
caractérise par une demande quelque peu extravertie avec les importations de biens et services qui
pèsent 47% du PIB en 2014. L'ensemble de ces caractéristiques justifie l'intérêt d'examiner la
problématique de la demande dans le contexte du PSE qui est l'objet de la présente étude.
De façon spécifique, il s’agira, d'une part, de faire un diagnostic de la situation actuelle de la
demande intérieure et de la demande extérieure et, d'autre part, de proposer, au besoin, une
configuration optimale de la demande qui permettrait d'atteindre les objectifs fixés du PSE. Le
diagnostic permettra de voir si la configuration actuelle de la demande est pro-PSE.
Pour répondre à la problématique de la présente étude, la méthodologie proposée utilise un
modèle DSGE (Dynamic Stochastic General Equlibrium) qui permet d'intégrer, dans un cadre
4
cohérent et équilibré, des chocs aléatoires tels que le changement technologique. Ce modèle est
basé sur des fondements microéconomiques permettant d'expliquer les fluctuations des agrégats
macroéconomiques. Les modèles DSGE sont issus des modèles RBC (Real Business Cycle)
développés par les nouveaux keynésiens avec la prise en compte d’hypothèses telles que la rigidité
des prix ou les prix monopolistiques pour retrouver les résultats phares de la théorie keynésienne
qui soutiennent l'importance de la politique de relance de la demande pour la croissance.
La suite du document se présente comme suit. La section 2 passe en revue la littérature
théorique et empirique relative aux problématiques de la demande. Les faits stylisés sont
présentés dans la section 3. La section 4 revient sur les points essentiels du DSGE et explique
la façon dont les fonctions d’absorption sont prises en compte par le modèle. Les résultats ainsi
que leur interprétation sont présentés dans la section 5. Enfin, la section 6 est réservée à la
conclusion.
2. Revue de littérature
Avec l’ouverture des économies et le développement des échanges internationaux, la demande
globale qui se confinait au seul marché national chez J. M. Keynes (1936) s’est transformée en
demande intérieure et extérieure. En effet, dans le reste de son ouvrage, la théorie générale, Keynes
milite pour l’autosuffisance nationale ("national self-sufficiency") et réfute la théorie de la
spécialisation de D. Ricardo (1817) sur la base des avantages comparatifs. Or, cette dernière a été
vérifiée par des tests empiriques réalisés à partir des années 50 et 60 qui ont contribué à sa
vulgarisation et à l’essor du commerce international.
G.D.A MacDougal (1951) et B. Balassa (1963) sont les premiers à effectuer des analyses
empiriques à partir des données comparant les productivités sectorielles et la structure du
commerce entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Ainsi, ces auteurs sont parvenus à montrer
clairement que le Royaume-Uni était un exportateur net dans certains secteurs et importateur net
dans d’autres par rapport aux États-Unis. Ils avaient donc mis en exergue que le commerce entre
ces deux pays révélait leurs avantages comparatifs et pouvait contribuer à faciliter leur accès au
plein emploi. Ainsi, contrairement à la pensée de Keynes, pour réaliser le plein emploi il ne suffit
pas seulement de booster la demande intérieure mais aussi de prendre en compte celle qui
provient de l’extérieur et adressée à un pays dans les secteurs où il dispose d’un avantage
comparatif. Des auteurs comme Angus Maddison (2007) ont montré que c’est le tournant vers
une économie de marché qui a permis à la Chine de répondre à une demande extérieure lui
5
permettant de tirer fortement sa croissance jusqu’à ce qu’elle devienne la seconde puissance
mondiale.
L'analyse de la demande intérieure et extérieure nécessite une compréhension profonde de ses
enjeux pour la croissance économique. Dans les pays d'Asie du Sud qui, pour la plupart, font
partie des pays émergents, l'économie est majoritairement extravertie. Ainsi, les travaux de Felipe
(2003) dans les pays asiatiques concernant l'analyse de la croissance ont démontré que la stratégie
de croissance tirée par la demande domestique ne permettrait pas de générer suffisamment de
ressources pour le développement dans ces économies dans la mesure où les niveaux de revenus
sont assez faibles. Ainsi, l'auteur suggère de s'orienter vers le marché extérieur. Cependant, le
profil des exportations est important pour mieux profiter de la demande extérieure et assurer une
meilleure stratégie de croissance. C'est ainsi que K. Lonik (2006) s'est intéressé aux liens entre les
exportations et la croissance économique de la Malaisie. Les techniques de cointégration ARDL
de Pesaran, Shin et Smith ont permis de déceler des relations de long terme entre la croissance,
les exportations de biens primaires et les exportations de produits manufacturés. Après avoir
établi ces relations de long terme, l'auteur montre une contribution négative des biens primaires à
la croissance, alors que les biens manufacturés stimulent la croissance. Ce qui indique
l'importance de la nature du profil d'exportations. Toutefois, une économie trop extravertie peut
subir des chocs exogènes sources de vulnérabilités importantes, surtout en période de crises
systémiques. Ainsi, le ralentissement récent de la croissance chinoise a poussé des auteurs comme
Y. Xing et M. Pradhananga (2013) à s'intéresser à la dépendance de la Chine vis-à-vis de la
demande extérieure. Les conclusions tirées de cette étude sont la forte dépendance de ce pays vis-
à-vis des exportations qui le pousse à s'orienter de plus en plus vers son marché intérieur.
D'autres auteurs ont étendu les recherches à la demande intérieure. Ainsi, F. Abou-Stait (2005) a
mené une réflexion sur le rôle des exportations dans la croissance en Égypte en s'intéressant
également à la demande intérieure. A l'instar des études précitées, les méthodologies adoptées
sont les tests de cointégration et ceux de causalité de Granger et la modélisation VAR. Les
résultats font état, d'une part, de relations de cointégration entre le PIB, les exportations et les
importations et, d'autre part, de relations de causalité au sens de Granger entre les exportations et
la croissance. Cependant, la causalité entre les exportations et l'investissement n'est pas vérifiée.
Par ailleurs, S. T. Jarra (2013) a étudié les relations de causalité qui pourraient exister entre les
exportations, la demande domestique et la croissance économique en Éthiopie. En recourant aux
tests de causalité au sens de Granger, l'auteur démontre les relations dynamiques qu'entretiennent
les exportations et la demande domestique avec la croissance économique avec, cependant, un
accent plus marqué pour la consommation finale des ménages. Les auteurs considèrent également
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que le basculement sur le marché domestique n'est pas effectif. Le même travail a été réalisé par
S. A. Ushad et al. (2013) pour les pays de la SADC. A partir d'un panel de onze (11) pays et à
l'aide d'une analyse causale de la croissance du point de vue des composantes de la demande, la
principale conclusion ressortie de cette étude est que c'est la demande domestique qui est le
principal moteur de la croissance dans la plupart des pays de la SADC. En utilisant également des
tests de cointégration sur données de panel, il ressort un support limité pour ce qui est du rôle
prépondérant des exportations dans la croissance.
Par ailleurs, des auteurs se sont intéressés à la relation qui lie la demande intérieure et la
performance des exportations. A cet égard, P. S. Esteves et A. Rua (2013) ont utilisé un modèle à
correction d’erreurs pour le cas du Portugal pour montrer que l’évolution de la demande
intérieure affecte la dynamique à court terme des exportations. Par exemple, une baisse des
ventes intérieures peut conduire les entreprises à essayer d'augmenter les ventes sur les marchés
étrangers. Il existe donc un effet de substitution statistiquement significatif entre les ventes
intérieures et étrangères. En outre, la relation semble être asymétrique en considérant le cas où
lorsque la demande intérieure augmente, les entreprises ne peuvent pas quitter les marchés
étrangers parce qu'elles ont déjà pris en charge certains coûts irrécupérables. En utilisant un autre
modèle à correction d'erreur sur un panel dynamique, A. Rua et al. (2015) ont élargi leurs travaux
intégrant 11 pays de la zone euro. Les résultats sont presque identiques et montrent l’existence
d’un effet de substitution lorsque la demande intérieure diminue et qui peut correspondre à une
relation asymétrique lorsque celle-ci augmente. En d’autres termes, la faiblesse du marché
intérieur se traduit par une augmentation des efforts pour servir les marchés étrangers, mais, à
l'inverse, pendant les périodes d'expansion, les exportations ne sont pas affectées négativement
par l'augmentation des ventes domestiques. D’autres auteurs tels que A. Belke et al. (2013) ont
également appliqué cette analyse aux pays de la Zone euro. Ainsi, en recourant toujours à un
modèle à correction d’erreurs, ils ont montré que s’il y a une forte utilisation des capacités de
production des entreprises locales dans les industries manufacturières, la demande intérieure
devient un complément des exportations. Par contre, dans le cas d'une faible utilisation des
capacités de production, la demande intérieure devient un substitut aux exportations. En effet, la
variable « capacité de production » est très utile dans l’analyse économique à court terme. Par
exemple, toute politique de stimulation de la demande n'a de sens que si l'appareil productif est
capable d'y répondre, faute de quoi elle n'entraînera que des hausses de prix et un accroissement
des importations (A. Saglio, B. Tabuteau, 1971).
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3. Quelques Faits stylisés
3.1. Production et Importations
L’examen de l’offre globale permet de classer les secteurs d’activités en trois principales
catégories. Il s’agit des secteurs pour lesquels la production locale excède les importations, ceux
qui enregistrent une production locale qui s’approche du volume des importations et les secteurs
qui sont quasiment improductifs, dont la demande locale est presque entièrement satisfaite par les
importations.
La Production locale excède les importations
Le Graphique 1 décrit le volume de l’offre globale dans les secteurs d’activités dans le cas où la
production locale excède les importations. Il montre, à première vue, le caractère dominant du
secteur tertiaire dans l’économie sénégalaise avec une plus forte production dans les services tels
que les postes et télécommunications, le transport, les activités des services aux entreprises, les
services financiers etc. Ainsi, le volume de la production locale de services dépasse largement
celui des importations. Au niveau du secteur secondaire, il en est de même pour l’industrie
alimentaire et une partie de l’industrie légère1, nonobstant la faiblesse du volume de la production
locale dans ces secteurs. S’agissant du secteur primaire, le volume de la production excède
également les importations. Toutefois, l’agriculture vivrière subit une concurrence des
importations qui portent essentiellement sur le riz.
1 L’industrie légère regroupe les secteurs dont l’activité ne nécessite pas l’utilisation d’un fort potentiel de
capital. Par contre, l’industrie lourde est intensive en capital.
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Graphique 4.1 : Volume de la production locale et des importations par
Source : ANSD, calculs des auteurs
La production locale est fortement concurrencée par les importations
Les secteurs d’activités qui font face à une forte concurrence des importations sont
essentiellement l’industrie lourde et une partie de l’industrie alimentaire et de l’industrie légère.
Dans le secteur de l’industrie lourde, le volume2 des importations s’est établi à 1098,2 milliards de
FCFA en 2014, soit un peu moins du double du volume de la production locale qui est de 533, 3
milliards de FCFA. En outre, les branches d’activités locales « fabrication de corps
gras alimentaire » et « fabrication de produits en caoutchouc » qui sont respectivement dans
l’industrie alimentaire et dans l’industrie légère connaissent une concurrence plus ou moins forte
face au volume des importations qui dépasse celui de la production domestique de 1,1 milliards
de FCFA pour la première branche et de 61,5 milliards de FCFA pour la seconde.
2 En comptabilité nationale, le volume est considéré comme la valeur à prix constant (année de base 1999).
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Graphique 4.2 : Volume de la production locale et des importations par secteur
d’activités
Source : ANSD, calculs des auteurs
De façon spécifique, il n’existe pas dans l’industrie lourde une offre locale pour la branche
d’activités de fabrication d’équipements ; ce qui fait que le Sénégal importe tous les produits de
cette branche. Les importations excèdent la production locale de 292,7 milliards de FCFA pour la
branche d’activités « fabrication de machines » et de 102,1 milliards de FCFA pour la branche
« construction de matériels de transports ». Elles surpassent, dans une moindre mesure, la
production domestique dans les branches d’activités « métallurgie, fonderie, fabrication » et
« fabrication de produits chimiques » avec des écarts respectifs de 83,8 milliards de FCFA et de
52,3 milliards de FCFA. En effet, les branches d’activités telles que le « raffinage, pétrole,
cokéfaction » et les « activités extractives » subissent une concurrence modérée face aux
importations avec un volume de la production domestique qui excède celui des importations
pour des écarts respectifs de 115, 9 milliards de FCFA et 58,5 milliards de FCFA. Toutefois, en
valeur, ce sont les importations qui excédent la production domestique de 93,8 milliards de FCFA
dans la branche d’activité du « raffinage, pétrole, cokéfaction » et de 51,7 milliards de FCFA dans
celle des « activités extractives » (voir figure).
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Production Importations
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Graphique 4.3 : Valeur de la production locale et des importations par secteur d’activités
(2014)
Source : ANSD, calculs des auteurs
3.2. Évolution de l’Absorption
L’absorption regroupe la demande intérieure composée de la consommation et de
l’investissement privé et des dépenses publiques. Son analyse est importante en ce sens qu’elle
permet de juger du niveau d’extraversion des économies et de définir des stratégies de croissance
tirée par la demande. En effet, comme mentionné dans la revue de littérature, l’existence d’une
demande effective incite les entrepreneurs locaux à produire davantage. Le graphique suivant
composé de deux figures (a et b) indique l’évolution de la configuration de l’absorption effective.
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Graphique 4.4 : Evolution de la configuration de la demande
Source : ANSD, calculs des auteurs
La configuration de l’absorption a connu une évolution contrastée qui profite tantôt aux
producteurs locaux tantôt aux firmes étrangères, et ce, pendant un peu plus de deux décennies
couvrant la période 1990 à 2014. Ainsi, la figure (a) décrit une concurrence entre les ventes
intérieures de produits locaux et celles portant sur les produits importés. En effet, l’évolution de
l’absorption intérieure en faveur du système productif national se manifeste seulement durant les
périodes 1990-1993, 1994-1996 et 2007-2010 avec respectivement une hausse de 2, 3 et 4 points
de pourcentage au bénéfice des entreprises locales. Cette évolution favorable aux producteurs
locaux pourrait s’expliquer sur la période 1994-1996 par les résultats positifs enregistrés suite à la
dévaluation du FCFA en termes de renforcement de la compétitivité des produits sur le marché
international. De même, la période 2007-2010 a été marquée par une intervention de l’Etat à
travers des politiques de soutien à la demande telles que les appuis à la consommation de produits
alimentaires et énergétiques, le plan d’appui au sous-secteur de l’électricité et le renforcement des
investissements publics notamment avec le financement d’importants projets d’infrastructures.
En somme, ces mesures ont contribué à orienter davantage la demande intérieure vers le marché
intérieur au détriment du marché extérieur.
Malgré ces mesures incitatives en faveur de la production locale, les importations continuent de
peser sensiblement sur la balance commerciale, voire de façon plus accentuée.
Par ailleurs, la figure (b) montre qu’il n’existe pas un effet de substitution bien établi entre les
ventes de produits locaux sur le marché intérieur et les exportations. Une baisse de la part de la
demande intérieure de produits locaux ne se traduit pas forcément par une hausse de celle de la
demande extérieure contrairement à ce qui ressort dans la figure (a) qui décrit un effet de
substitution parfaite entre la demande intérieure de produits locaux et les importations. Aussi, la
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configuration dans la figure (b) montre que la part de la demande intérieure de produits locaux sur
la production nationale a baissé entre 1990 et 2014 de 46% à 42% tandis que l’évolution des
exportations montre un maintien de leur part de 17% de la production nationale pour la même
période. Cependant, sur la période récente allant de 2010 à 2014, l’économie sénégalaise apparait
de plus en plus extravertie au détriment de l’évolution de la demande intérieure en produits
locaux avec une progression de 5 points de pourcentage du rapport des importations sur
l’absorption et de 3 points de pourcentage du ratio des exportations sur la production nationale.
3.3. Analyse de la consommation finale
La consommation finale occupe une place importante dans l’absorption de biens échangeables ou
non échangeables. C’est l’opération par laquelle ces biens sont détruits par l’usage destiné à la
satisfaction des besoins humains (individuels ou collectifs). Ainsi, la demande de consommation
finale est exprimée par les ménages qui satisfont leurs besoins et par l’Etat dans l’exercice de ses
missions régaliennes. Elle s’adresse aux entreprises locales ou étrangères qui produisent les biens
ou services. De ce fait, c’est une variable qui lie les acteurs de l’économie et son importance peut
refléter, voire influencer, le niveau de l’activité économique. Ainsi, l’analyse de sa configuration et
de son évolution pourrait être révélatrice de la santé de l’économie sénégalaise.
Graphique 4.5 : Configuration de la demande intérieure de consommation finale (en
volume et en %) par secteur (année 2014)
Source : ANSD, calculs des auteurs
Le graphique 4.5 montre que la demande intérieure de consommation finale est principalement
orientée vers les produits locaux dans tous les secteurs d’activités, nonobstant la part importante
des importations dans le secteur secondaire. Ainsi, en 2014 les parts de marchés qui s’offrent à
l’économie locale dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire sont respectivement de 86%,
70% et 97% de la demande intérieure de consommation finale. Les importations pèsent
faiblement sur cette demande dans les secteurs primaire et tertiaire avec des parts respectives de
86% 14%
70%
30%
97%
3% 0
200 400 600 800
1000 1200
local importé local importé local importé
secteur primaire secteur secondaire
secteur tertiaire
a
0 1000 2000 3000 4000
1990
1994
2000
2006
2010
2014 b
secteur primaire local
secteur primaire importé
secteur secondaire local
secteur secondaire importé
13
14% et 3% mais elles occupent néanmoins une part non négligeable dans le secteur secondaire,
soit 30% de la demande intérieure de consommation finale.
Cependant, celle-ci a beaucoup évolué en faveur du secteur tertiaire local ainsi qu’au profit des
importations dans les secteurs primaire et secondaire. En effet, en considérant la période allant de
1990 jusqu’à la fin de la décennie 2000, les produits locaux du secteur secondaire ont été les plus
demandés à des fins de consommation finale, mais leur rythme de progression a été le plus faible
comparé aux autres secteurs. Ainsi, entre 1990 et 2014, la demande intérieure de consommation
finale en produits locaux est passée de 125,02 à 334,97 milliards de FCFA dans le secteur
primaire et de 300,47 à 1116,19 milliards de FCFA dans les services avec respectivement des taux
de croissance annuels moyens de l’ordre de 4% et 6%, tandis que celle portant sur les produits
locaux du secteur secondaire a enregistré, en moyenne, une croissance annuelle de 3% en passant
de 560,17à 1026,23 milliards de FCFA. De plus, les importations ont augmenté de façon plus
soutenue que la consommation locale dans les secteurs primaire et secondaire. Ainsi, elles sont
passées entre 1990 et 2014 de 9,13 à 52,59 milliards de FCFA dans le secteur primaire et de
190,70 à 435,84 milliards de FCFA dans le secteur secondaire avec des taux de croissance annuels
moyens respectifs de l’ordre de 8% et 4%. Ces évolutions montrent que la consommation finale
dans l’économie sénégalaise s’oriente de plus en plus vers les services locaux et elle progresse
d’une manière propice aux importations dans les autres secteurs.
3.4. Analyse des consommations intermédiaires
Dans leur processus de production, les entreprises ont recours à des intrants qui servent, après
transformation ou utilisation, à produire d’autres biens destinés à satisfaire la demande de
consommation finale. Ces intrants sont des biens de consommation intermédiaire qui sont
produits par d’autres entreprises. En conséquence, la demande en biens de consommation finale
tire celle en biens de consommation intermédiaire, et ce, pour des entreprises qui partagent ou
non les mêmes secteurs d’activités. De ce fait, il en résulte des effets d’entrainements favorables à
l’économie pourvu que celle-ci dispose d’unités de production locales pour les deux types de
biens. Ainsi, l’analyse des consommations intermédiaires peut renseigner sur l’ampleur de cet
effet d’entrainement dans l’économie.
14
Graphique 4.6 : Configuration de la demande de consommation intermédiaire (en
volume) par produit local ou importé
Source : ANSD, calculs des auteurs
Le graphique 4.6 montre que la demande intérieure de consommation intermédiaire présente une
configuration proche de celle de la consommation finale. Mais les importations à des fins de
consommation intermédiaires sont plus importantes que celles destinées à la consommation
finale. En 2014, elles occupent 22%, 39% et 11% de la demande intérieure de consommation
intermédiaire respectivement dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. En revanche, La
demande satisfaite par la production locale reste la plus importante avec, respectivement pour les
trois secteurs 78%, 61% et 89% de parts de marchés en biens de consommations intermédiaires
disponibles pour les producteurs locaux.
3.5. Analyse de la formation brute de capital fixe
La formation brute de capital fixe correspond aux biens qui sont utilisés durablement dans le
processus de production, par exemple, des machines ou des bâtiments. Elle renvoie à
l’investissement consenti dans l’économie pour la production des biens destinés à la
consommation finale ou intermédiaire. Ainsi, la demande de ces biens durables peut également
refléter le niveau de l’activité économique et elle peut aussi s’adresser à des entreprises locales ou
étrangères. A cet égard, le niveau de la demande en formation brute de capital fixe ainsi que sa
configuration peut renseigner au même titre que les autres composantes de l’absorption sur la
capacité productive de l’économie.
78% 22%
61%
39%
89%
11%
0 200 400 600 800
1000 1200 1400 1600
local importé local importé local importé
secteur primaire secteur secondaire
secteur tertiaire
a
0 2000 4000 6000
1990
1994
2000
2006
2010
2014
b secteur primaire local
secteur primaire importé
secteur secondaire local
secteur secondaire importé
15
Graphique 4.7 : Configuration de la formation brute de capital fixe (en volume) par
produit local ou importé
Source : ANSD
Graphique 4.8 : Configuration de la formation brute de capital fixe (en volume) par
secteur
Source : ANSD
La quasi-totalité de la FBCF primaire serait locale contre 71% pour ce qui est de la production du
secteur secondaire.
3.6. Benchmarking par rapport à quelques pays émergents
Étant donné que le Sénégal aspire à l’émergence, les composantes de la demande de quelques
pays émergents seraient intéressantes à analyser.
Graphique 4.8 : Composantes de la demande de certains pays émergents
Source : Banque Mondiale
100%
0%
secteur primaire
local importé
71%
29%
secteur secondaire
local importé
0 200 400 600 800
1000 1200
local importé local importé
secteur primaire secteur secondaire
0
20
40
60
80
100
20
00
20
14
20
00
20
14
20
00
20
14
20
00
20
14
20
00
20
14
20
00
20
14
Brésil Chine Inde Sénégal Tanzanie Kenya
Dépenses de consommation finale des ménages
Dépenses de consommation du Gouvernement
Formation brute de capital
Exportations de biens et services
16
L’évolution de la structure du tableau des emplois nets des importations des pays émergents
étudiés ne fournit pas la distribution des ressources en termes d’absorption et d’échanges
extérieurs. L’allocation des ressources est différente d’un pays à l’autre. Cela devrait dépendre de
la politique commerciale menée dans chaque territoire économique, en liaison avec la capacité
d’absorption. Un exemple qui ressort de la figure porte sur l’économie chinoise qui, pendant
plusieurs décennies, a opté pour le développement de ses exportations pour se hisser à la tête des
pays émergents. En pourcentage du PIB, celles-ci sont passées de 21% du PIB en 2000 pour se
placer à 23% du PIB en 2014. Ainsi, la Chine a adopté une politique commerciale qui s’est
traduite par une réduction des importations et des dépenses de consommation privée pour
favoriser l’épargne et l’investissement.
Il ressort de ce Benchmarking que la plupart pays émergents sont parvenus à réduire de façon
sensible le poids de la consommation privée et à donner davantage de ressources à
l’investissement. Cela semble être un moyen pour bâtir un tissu industriel et/ou de production
efficace permettant de lancer l’économie dans une dynamique d’émergence basée sur les
exportations. La Tanzanie a entrepris des réformes majeures au courant des années 2000 qui lui
ont permis de développer son capital-investissement et le secteur extérieur afin de renouer avec
une stabilité macroéconomique. Toutefois, l’émergence peut être réussie avec une politique de
redynamisation du marché intérieur où la consommation privée occupe une place prépondérante.
C’est l’exemple du Kenya qui, entre 2000 et 2014, a porté sa croissance économique en
renforçant le niveau des investissements pour satisfaire à une forte demande intérieure au
détriment des exportations.
Au Sénégal, le niveau des investissements reste encore relativement bas pour bâtir une économie
résiliente et un tissu industriel acceptable. En 2014, le poids des investissements est évalué à
25,6% du PIB dont les 6,8% proviennent du public. Ce poids était de 35% et 45% du PIB
respectivement en Inde et en Chine. Cela dénote du gap important à combler pour se placer sur
la voie de l’émergence.
4. Méthodologie
4.1. Énoncé du problème :
L'objectif général de cette étude est d’examiner si la configuration de la demande est pro-PSE.
D'une part, cela consiste à faire un diagnostic de la situation actuelle de la demande intérieure et
de la demande extérieure. D’autre part, il serait utile de proposer, au besoin, une configuration
optimale de la demande qui permettrait d'atteindre les objectifs fixés dans le PSE. Pour ce faire,
17
la méthodologie adoptée repose sur le modèle d’Équilibre Général Dynamique Stochastique
(DSGE) qui part de fondements microéconomiques pour expliquer les fluctuations des agrégats
macroéconomiques. Les modèles DSGE sont issus des modèles RBC (Real Business Cycle)
développés par les nouveaux keynésiens avec la prise en compte d’hypothèses telles que la rigidité
des prix ou les prix monopolistiques pour retrouver les résultats phares de la théorie keynésienne
qui soutiennent l'importance de la politique de relance de la demande pour la croissance.
D’abord, il est supposé que l’économie est composée de quatre types d’agents : les ménages, les
firmes, le Gouvernement et le Reste du monde. Ensuite, pour mieux répondre à la
problématique, une différenciation est effectuée entre biens échangeables et biens non
échangeables. Pour la première catégorie de biens, une fonction d’absorption intérieure est
définie selon que le bien est produit localement ou importé. Pour la seconde catégorie,
l’absorption est restreinte à la production locale. Par ailleurs, la demande extérieure est spécifiée
par une fonction d’exportation.
4.2. Spécification du modèle :
Le modèle est spécifié à travers la description du comportement au niveau microéconomique des
différents agents qui composent l’économie. Le but est de modéliser les variables
macroéconomiques telles que la croissance ou l’absorption (intérieure ou extérieure) en partant
d’un équilibre général dans une économie ouverte.
Les ménages :
Il est défini un continuum de ménages dans l’économie qui cherchent à maximiser leur utilité à
chaque période . Celle-ci dépend de leur consommation et de leur loisir – , avec
l'offre de travail pour la production de biens échangeables (T) et de biens non
échangeables ( ). La fonction d’utilité du consommateur est spécifiée selon une équation de type
CRRA (Constant Relative Risk Aversion) et définie par :
(1),
avec :
Les ménages investissent dans le capital physique qu’ils mettent à la disposition des
entreprises. Cet investissement intégre des coûts d’installations du capital. Ces derniers
permettent de limiter la volatilité des investissements totaux réalisés par les ménages et qui
sont décrits par la fonction suivante :
18
, avec
, les coûts d’installations.
Les ménages sont aussi responsables à chaque période de la dette privée extérieure . De plus,
leur consommation est taxée par l’Etat à un taux d’imposition ainsi que leur revenu et leur
capital aux taux respectifs et . Ainsi, ils maximisent leur utilité sous les contraintes de
ressources et de dynamique du capital mis à la disposition des firmes. Le programme de
maximisation est le suivant :
]
s.c :
(3)
(4)
Avec le taux subjectif d’escompte, le poids du loisir dans la fonction d’utilité. L’équation (3)
représente la contrainte de ressources des ménages avec et respectivement le prix à
la consommation, le taux de salaire et le rendement du capital investi. L’équation (4) est celle de la
dynamique du capital avec , le taux de dépréciation du capital. représente la somme du
capital investi pour la production de biens échangeables et de biens non échangeables :
De ce programme, l'expression du lagrangien est la suivante :
La résolution de ce programme de maximisation aboutit aux quatre équations suivantes :
19
(7)
(8)
L’équation (5) retrace l’arbitrage intertemporel qu’effectue le ménage entre la consommation et le
loisir. L’équation (6) représente la demande d’investissement ; elle montre que le niveau optimal
d’investissement est atteint lorsque le bénéfice marginal d’investissement
est égal à son
coût marginal. Ce dernier est la somme du coût d’acquisition du bien d’investissement (1) et du
coût marginal d’installation
. L’équation d’Euler (7) traduit l’allocation inter-temporelle de
la consommation entre deux périodes consécutives. L’équation (8) traduit aussi l’arbitrage inter-
temporel de la consommation entre deux périodes consécutives en fonction du taux d’intérêt. Ce
dernier est sensible à l’évolution de la dette extérieure privée à travers l’équation suivante :
(9)
Avec, et qui représentent respectivement le taux d’intérêt et la dette privée extérieure à
l’état stationnaire et la prime de risque ; est un paramètre positif
qui montre la sensibilité du taux d’intérêt à la déviation de la dette de sa valeur de l’état
stationnaire.
Les Firmes :
L’économie comprend des firmes qui combinent le capital et le travail fournis par les ménages
pour produire des biens échangeables (YT) ou non échangeables (YN) avec une technologie de
production de type Cobb Douglas. En supposant les rendements d’échelles constants, la fonction
de production est définie selon le type de biens par :
(10)
(11)
20
Avec et qui représentent respectivement la productivité totale des facteurs (PTF) pour
les biens échangeables et pour les biens non échangeables. et reflètent l’état de la
technologie pour la production de chaque type de biens et évoluent selon les équations suivantes :
(12), avec (13)
(14), avec
(15)
Avec et respectivement les parts du capital public dans la fonction de production de biens
échangeables et de biens non échangeables. Les équations (13) et (15) décrivent les chocs
aléatoires et qui sont soumis à la technologie utilisée pour la production des biens
échangeables et non échangeables. Ces chocs suivent un processus autorégressif d'ordre 1 (AR1),
avec , le paramètre de persistance du choc et , un bruit blanc.
À chaque période, les firmes cherchent à maximiser leur profit en écoulant leur production sur le
marché domestique à un prix pour les biens échangeables et pour les biens non
échangeables. Ainsi, selon le type de biens qu’elles produisent, leur programme est le suivant :
La résolution de ce programme permet de déterminer les équations de demande en facteurs de
production qui sont les suivantes :
(16)
(17)
(18)
(19)
Les prix et dépendent de l’état de la technologie et les prix des facteurs respectifs à la
production de chaque type de bien :
(20)
21
(21)
Le Gouvernement :
À Chaque période, le Gouvernement effectue des dépenses de consommation et des
dépenses d’investissement grâce à ses recettes fiscales et s'endette pour financer son
déficit. Ainsi, la contrainte budgétaire inter-temporelle de l’Etat est décrite par l’équation
suivante :
(22)
Avec , , et respectivement les dépenses de l’Etat, l’encours de la dette
publique, le taux d’intérêt de la dette publique et les autres taxes en dehors de l’impôt sur la
consommation et de l’impôt sur le revenu et le loyer du capital des ménages. Aussi, le
comportement de l’Etat en matière de dépenses publiques se résume à travers les équations
suivantes :
(23)
(24)
(25)
(26)
(27)
Les équations 25 et 27 montrent que les dépenses du gouvernement sont aussi affectées par des
chocs aléatoires, temporels et qui suivent un processus autorégressif d'ordre 1 (AR1)
avec et des bruits blancs. et sont les paramètres de persistance des
chocs pour chaque catégorie de dépense.
Par ailleurs, les dépenses d’investissement du gouvernement augmentent le stock de capital public
dans l’économie à travers l’équation suivante :
(28)
22
Avec , le taux de dépréciation du capital public et , un paramètre qui renseigne sur l’efficacité
des dépenses publiques.
Le Reste du Monde :
L’économie domestique réalise des activités de commerce sur les biens échangeables avec le reste
du monde à travers ses exportations et ses importations. En effet, les firmes qui produisent des
biens échangeables choisissent soit de les vendre sur le marché domestique ou sur le marché
extérieur :
(29)
Avec , les exportations qui sont modélisées à travers l’équation suivante :
(30)
où est le prix à l’export, , le taux de change effectif nominal et
le taux de
change effectif réel.
Les exportations reflètent la demande extérieure et les importations sont une composante de
l’absorption intérieure. Cependant, les importations sont évaluées à un prix différent de
(prix domestique portant sur les biens échangeables) et qui dépend du taux de change :
(31)
Spécification de l’absorption intérieure :
L’absorption intérieure totale de l’économie est composée de la demande de
consommation totale des ménages, de la demande d’investissement , et des dépenses du
gouvernement . Cette demande de biens s'adresse aussi bien au marché local qu'à l'étranger
(importations). Elle est évaluée à un prix qui est un prix composite à la consommation de
biens échangeables et de biens non échangeables. est une fonction duale des prix et
des deux types de biens.
(32)
(33)
23
Avec et qui représentent respectivement la part des biens non échangeable et l’élasticité
de substitution dans la fonction d’absorption totale. En effet, celle-ci se décompose en
absorption de biens échangeables et en absorption de biens non échangeables à
travers une fonction CES (Constant Elasticity of Substitution). Avec cette même fonction, se
décompose elle aussi en absorption de biens échangeables domestiques et en absorption
de biens importés . Un programme de minimisation des coûts de la demande permet de
déterminer les fonctions d’absorption de chaque catégorie de biens et le prix dual qui
évalue en fonction de et de . Il en résulte les équations suivantes :
(34)
(35)
(36)
(37)
(38)
Avec et , respectivement la part des importations et l’élasticité de substitution dans la
fonction d’absorption en biens échangeables.
Equilibre du modèle :
L’équilibre du modèle est tel que l’offre est égale à la demande sur le marché des biens
échangeables et non échangeables de même que sur le marché des facteurs de production (capital
et travail). Ainsi, les équations suivantes traduisent l’équilibre du modèle :
(39)
(40)
(41)
(42)
24
4.3. Processus de modélisation :
La modélisation s'articule essentiellement autour du calibrage et de la définition des scénarii de
simulations. Étant donné que l’objet de l’étude est de diagnostiquer la configuration de la
demande dans le cadre des objectifs fixés dans le PSE, 2014 est choisi comme année de base car
correspondant au démarrage. Le modèle sera ainsi calibré sur la base des données de cette année.
Le calibrage consiste à attribuer des valeurs aux paramètres et à chaque variable, sa valeur
correspondante à l’année de base. L’initialisation des variables a été réalisée à partir des comptes
nationaux de 2014. Le premier exercice a consisté à distinguer les biens échangeables des biens
non échangeables. A partir de cette différenciation, les données initiales relatives aux salaires et
aux profits ont été obtenues à partir des comptes d’exploitation de l’ANSD de 2014. Le Tableau
ressources emplois, pour la même année, a permis de calibrer les composantes de la demande que
sont la consommation et l’investissement privés, la consommation et l’investissement publics et
les exportations. Les paramètres tels que les élasticités de substitution ou de répartition ont été
calculés à partir des variables initiales. D’autres paramètres qui ne peuvent être calculés à partir de
données nationales ont été renseignés à partir de la littérature. Partant de la situation de référence,
il a été simulé, d’une part, des chocs de productivité et, d’autre part, des chocs déterministes basés
sur la politique des dépenses publiques définie dans le Plan d’Action Prioritaire (PAP) du PSE
afin d’examiner la configuration de la demande qui en découle et sa répercussion sur l'activité
économique.
5. Résultats et interprétations
Les simulations ont porté sur des chocs aléatoires de productivité et des chocs déterministes sur
les dépenses publiques en vue d’évaluer leurs effets sur l’absorption et sur la croissance. Les
simulations aléatoires décrivent un accroissement de la productivité des entreprises. Les
simulations déterministes se fondent sur les politiques de dépenses publiques définies dans le
PSE. Pour toutes les simulations, une distinction a été faite entre les biens échangeables et les
biens non échangeables. Il faut noter que l'idée est d'analyser la configuration de la demande à
travers l’évolution de la demande de produits locaux et celle de biens importés, et d'évaluer les
implications éventuelles sur la production et la croissance.
5.1. Productivité des entreprises et Configuration de la demande
L'un des critères de choix des projets phares identifiés dans le PSE est la productivité. Ainsi, les
résultats des chocs positifs de productivité sur les secteurs des biens et services échangeables et
des biens et services non échangeables ont permis d'analyser le comportement de la demande. En
d'autres termes, cette simulation met en évidence la structure de la demande lorsque le processus
25
de production devient plus efficace. Par ailleurs, les chocs de productivité ont montré comment
les politiques d'offre et de demande qui sont souvent jugées opposées par les autorités publiques,
pourraient entretenir des liens relativement étroits.
5.1.1. Choc sur le secteur des biens et services échangeables
Les biens échangeables renferment les produits qui font l’objet d’échanges avec l’extérieur donc
qui peuvent concurrencer la production locale. Ils sont essentiellement identifiés dans les secteurs
primaire et secondaire. Les deux graphiques suivants mettent en évidence les fonctions de
réponses impulsionnelles suite à un choc aléatoire de productivité sur le secteur des biens et
services échangeables.
Graphique 6.1 : Réponses impulsionnelles des fonctions de production suite à un choc sur la productivité
des biens échangeables
Source : calculs des auteurs
0%
1%
2%
3%
4%
5%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée de biens et services échangeables
0%
1%
2%
3%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée de biens et services échangeables
domestiques
0,0%
1,0%
2,0%
3,0%
4,0%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée totale de biens et services
-1%
-1%
0%
1%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée de biens et services non
échangeables
26
Graphique 6.2 : Réponses impulsionnelles des fonctions de demande suite à un choc sur la productivité
des biens échangeables
Source : calculs des auteurs
Le choc de productivité des biens et services échangeables génèrerait, à la première année, un
accroissement de 3,8% de la valeur ajoutée dans ce secteur dont 2,2% destinés au marché
domestique et 1,6% au marché extérieur. Par contre, le secteur des biens et services non
échangeables subirait une baisse de sa valeur ajoutée de 0,8% avant de connaître une
augmentation maximale de 2,8% à la dix-huitième année. En somme, la valeur ajoutée totale
augmenterait de 3,1% avant de connaitre une baisse tendancielle.
La réponse de l'absorption totale de biens et services importés est positive, en début de période,
et s'élèverait à 0,3% avant de subir une baisse progressive. Comparée à l’absorption de biens et
services domestiques, cette réponse est quelque peu marginale.
En définitive, ces évolutions pourraient s'expliquer par un regain de productivité des entreprises
locales qui tendrait à améliorer la qualité de l'offre de biens et services ; ce qui aurait comme
conséquence une baisse de la demande de biens et services importés. Cependant, il faut noter que
l'économie ne réagirait pas instantanément à une amélioration de la productivité par une baisse
des biens importés en ce sens que le changement technologique n’est pas automatique. La
conclusion de cette simulation est que l’augmentation de la productivité totale des facteurs est importante pour
soutenir la croissance par un accroissement de la demande de produits locaux et, en même temps, une tendance à la
baisse de la demande de biens et services importés. En outre, la réponse positive des exportations est également
0,00%
1,00%
2,00%
3,00%
4,00% 1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Absorption de biens et services échangeables
0,00%
0,50%
1,00%
1,50%
2,00%
2,50%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Absorption de biens et services échangeables domestiques
0,0%
0,5%
1,0%
1,5%
2,0%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution des exportations
-0,2%
-0,1%
0,0%
0,1%
0,2%
0,3%
1 7
13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Absorption de biens et services importés
27
illustrative de l'importance de la qualité des biens et services locaux pour pouvoir accéder aux marchés extérieurs.
Ainsi, les politiques d'offre peuvent modifier la configuration de la demande qui, à son tour, va influer sur l'offre.
5.1.2. Choc sur le secteur des biens et services non échangeables
Un choc de productivité de même ampleur sur le secteur des biens et services non échangeables
entrainerait une hausse de la valeur ajoutée totale de 3%. Contrairement au premier choc,
l’augmentation se poursuit jusqu’à la 7ième année atteignant un pic de 3,4% avant de connaitre une
baisse progressive. Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur des biens et services non échangeables
augmenterait de 4,5% alors que celle du secteur des biens échangeables subirait une baisse de
1,5%. En effet, étant donné que la productivité n'augmente que dans le secteur des BNE, ceteris
paribus, l'absorption de produits locaux échangeables subirait une baisse de 0,5% au profit des
importations qui s'accroitraient de 0,5%. Les exportations connaitraient également une baisse de
0,7% du fait d'une plus faible productivité des entreprises exportatrices.
Graphique 6.3 : Réponses impulsionnelles des fonctions de production suite à un choc sur la productivité
des biens non échangeables
-2,0%
-1,5%
-1,0%
-0,5%
0,0%
0,5%
1,0%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée de biens et services échangeables
-1,0%
-0,5%
0,0%
0,5%
1
7
13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée de biens et services échangeables
domestiques
0,0%
1,0%
2,0%
3,0%
4,0%
1 6 11
16
21
26
31
36
41
46
51
56
61
66
71
76
81
86
91
96
Evolution de la valeur ajoutée totale de biens et services
0,0%
2,0%
4,0%
6,0%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la valeur ajoutée de biens et services non
échangeables
28
Graphique 6.4 : Réponses impulsionnelles des fonctions de demande suite à un choc sur la productivité
des biens non échangeables
Source : calculs des auteurs
En définitive, les politiques d'accroissement de la productivité du secteur des biens et services non échangeables
engendreraient une croissance supérieure comparées à celles orientées dans le secteur des biens et services
échangeables. Ce résultat s’explique par le fait que la concurrence étrangère est inexistante pour les biens et services
non échangeables. En outre, ce secteur regroupe principalement des services émanant des pouvoirs publics ainsi que
les BTP. Cependant, l'investissement dans le secteur des biens et services non échangeables pourrait augmenter la
vulnérabilité de l'économie par une détérioration du solde commercial qui se manifesterait par un accroissement des
importations et une baisse des exportations.
5.1.1. Effets sur les composantes de l’absorption
A la suite de l’analyse de la demande selon qu’elle s’adresse aux entreprises locales ou étrangères,
il est important d’examiner les composantes de cette demande. Cependant, il faut préciser que les
données n’ont pas permis de différencier, pour chaque composante, la part qui revient à la
demande de biens et services locaux et celle des biens et services importés. Le graphique suivant
montre les évolutions de la consommation finale des ménages et de l’investissement privé.
-0,6%
-0,4%
-0,2%
0,0%
0,2%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Absorption de biens et services échangeables
-0,4%
-0,2%
0,0%
0,2%
0,4%
0,6%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Absorption de biens et services importés
-0,8%
-0,6%
-0,4%
-0,2%
0,0%
0,2%
0,4%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution des exportations
-1,0%
-0,5%
0,0%
0,5%
1 7 13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Absorption de biens et services échangeables domestiques
29
Graphique 6.5: Évolution de la consommation et de l’investissement privés suite aux deux types de chocs
Source : calculs des auteurs
Ce graphique montre que les composantes de la demande que sont la consommation et
l’investissement privés évoluent positivement sur l’ensemble de la période. Notons d'abord que
les résultats précédents sur l’absorption intérieure et les exportations sont compréhensibles car
respectant l’équilibre macroéconomique global. Cependant, le canal par lequel la configuration de
la demande se modifie pourrait s'expliquer par la rémunération des facteurs de production qui
connait une évolution positive comme le montre le graphique ci-après.
Graphique 6.5: Évolution des rémunérations des facteurs suite aux deux types de chocs
Source : calculs des auteurs
Comme le montre le graphique, les taux de salaire augmentent pour les deux types de chocs avec
un accent plus marqué pour le secteur des biens et services non échangeables. Cette évolution
positive des salaires impacte sur le niveau de consommation finale des ménages et entraine, par
ricochet, une augmentation de la demande effective, ce qui pousse les entreprises à produire
davantage et à contribuer positivement à la croissance.
5.2. Politiques de dépenses publiques et Configuration de la demande
Les objectifs de croissance sur la période 2014-2018 sont définis dans le Plan d'actions
prioritaires (PAP) du PSE. Il est avéré, dans les théories économiques, notamment keynésiennes,
que la demande peut constituer un instrument de soutien à la croissance. Certains analystes
0,0%
0,5%
1,0%
1,5%
2,0%
2,5%
1 7
13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de la consommation privée suite au premier choc
Evolution de la consommation privée suite au second choc
0,0%
0,5%
1,0%
1,5%
2,0%
2,5%
1 7
13
19
25
31
37
43
49
55
61
67
73
79
85
91
97
Evolution de l'investissement privé suite au premier choc
Evolution de l'investissement privé suite au second choc
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0,4
1 4 7 10
13
16
19
22
25
28
31
34
37
40
43
46
49
52
55
58
61
64
67
70
73
76
79
82
85
88
91
94
97
100
rémunération des salaires
30
considèrent que les politiques de dépenses sont plus efficaces que les politiques fiscales en ce sens
que les dépenses publiques engendrent des effets multiplicateurs susceptibles de booster l’activité
économique tandis que les politiques fiscales laissent une certaine marge de recours aux
importations. A travers les politiques de dépenses, l'État pourrait ainsi accroître les activités des
entreprises locales.
Les simulations sont effectuées sur la base de l'évolution des dépenses courantes et de celle des
dépenses d'investissements publics prévues sur la période 2014-2018. Le PAP décrit dans la
stratégie d’émergence devrait se traduire par une rationalisation des dépenses courantes et une
augmentation plus soutenue des dépenses en capital. A travers des chocs déterministes, il est
possible d'évaluer les effets escomptés sur les composantes de la demande et la croissance. La
configuration de la demande sera appréhendée à travers la comparaison de l'évolution de la
demande de produits locaux et celle de biens et services importés.
5.2.1. Effets sur l’absorption
Le graphique ci-après met en évidence l'évolution de la demande intérieure et extérieure
consécutive aux chocs de dépenses publiques du PAP. Il montre également le volume des
importations qui reflètent la demande de biens importés.
31
Graphique 6.6 : Évolution de la demande intérieure et extérieure suite aux chocs déterministes
Source : Calcul des auteurs
Les résultats de la simulation montrent que les plans de dépenses d'investissement et de dépenses
courantes prévus dans le PSE tendraient à renforcer la demande intérieure adressée au marché domestique
au détriment des importations. En effet, une hausse de la demande de biens et services échangeables
domestiques serait observée sur une longue période au même titre que la demande de biens et
services non échangeables. Ces évolutions correspondraient sur la période 2014-2018 à un
accroissement de 9,64% de la demande intérieure adressée au marché domestique contre une
augmentation de 2,44% des importations. En outre, les exportations progresseraient également
de 3,5% contribuant à atténuer légèrement le déficit commercial. La politique de dépenses
publiques ainsi définie dans le PSE permettrait de réduire dans une certaine mesure les
importations. Celles-ci connaitraient certes une légère augmentation notamment sur la période
couvrant le PAP, mais, au bout de 10 ans, elles suivraient une tendance baissière. Ces
changements dans la demande s'expliquent par le fait que 60,5% des dépenses prévues dans le
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 32
34
36
38
40
42
44
46 Absorption de B & S non échangeables domestiques
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 12
12.5
13
13.5
14
14.5
15
15.5
16
16.5
17 Absorption de B & S échangeables domestiques
32
PAP concernent le secteur tertiaire dont les activités, bien que faisant appel à des biens importés,
boostent principalement la demande de produits locaux par des biens et services non
échangeables.
En définitive, la nouvelle configuration de la demande évoluerait en faveur de l’économie locale car l’absorption
intérieure de produits domestiques de même que la demande extérieure poursuivraient une tendance haussière.
5.2.2. Effets sur les composantes de la demande
A la suite des effets sur les fonctions de demande précédemment présentés, il serait intéressant
d'analyser les impacts sur les composantes de la demande intérieure. Les résultats sont consignés
dans le tableau suivant :
Graphique 6.7 : Évolution des composantes de l’absorption intérieure suite aux chocs déterministes
Source : Calcul des auteurs
Pendant la période de mise en œuvre de la politique de dépenses publiques, la demande extérieure
suivrait une évolution contrastée de même que certaines composantes de l’absorption intérieure à
savoir les importations, les dépenses de consommation des ménages et l’investissement privé. Les
exportations connaitraient une augmentation de 8,12 % la première année suivie d’une baisse de
5,12 % la deuxième année avant de continuer à évoluer sur une tendance haussière. Par contraste,
33
sur les deux premières années les importations subiraient une baisse de 12,71 % suivie d’une
hausse de 14,03 % avant de poursuivre légèrement une tendance haussière qui s’estomperait au
bout de 10 ans.
Consommation privée
La consommation privée évoluerait dans le même sens que les importations sur les deux premières
années avec une forte baisse de 15,7% suivie d’une légère augmentation de 1,5% avant de poursuivre sur
les trois années une diminution de 0,6 %. Sur la période couvrant le PAP, les dépenses de
consommation des ménages connaitraient, au total, une baisse de 14,8%. A court terme, cette baisse
de la consommation s’expliquerait par le revenu qui connaitrait un affaissement à la première année
et serait réduit de 10,5% entre 2014 et 2018. En outre, la chute brutale du niveau des revenus des
ménages la première année de l’ordre de 16,2% aurait également, comme conséquence indirecte, la
réduction des importations de 12,71% sur cette même période reflétant la forte présence de produits
importés dans les biens de consommation des ménages. Toutefois, en raison de la poursuite de
l’augmentation des dépenses publiques avec des proportions plus importantes affectées aux
dépenses en capital, les dépenses de consommation de biens et services importés reprendraient une
évolution à la hausse qui finirait par s’estomper au bout de 10 ans.
Investissement privé
L’investissement privé se maintiendrait presque à son niveau initial à la première année avec une
faible augmentation de 0,1% avant d’enregistrer un fort accroissement de 18,2% et de poursuivre,
comme la consommation privée, une baisse de 13,7% sur les trois années suivantes. Au total, le secteur
privé accroitrait ses investissements, en réponse à l’accroissement des dépenses publiques, de
8,9% sur les quatre années couvrant le PAP. Aussi, le secteur privé augmenterait ses investissements
sur une courte période notamment sur la seconde année de mise en œuvre du PAP avant de subir
un effet d’éviction conjoncturel induit par le maintien de l’accroissement des dépenses publiques. En
effet, cette augmentation des dépenses de l’État devrait être financée en grande partie par
l’endettement public ; ce qui occasionnerait une certaine concurrence qui viendrait se manifester
sur le marché des fonds prêtables. Ainsi, la baisse des investissements privés à partir de la
deuxième année du PAP pourrait s’expliquer par une contraction des ressources disponibles
prêtables au secteur privé. Ainsi, entre 2014 et 2018, l’augmentation des dépenses publiques à
travers une nouvelle configuration se traduirait par une augmentation de 19,4% de la dette
publique contre une faible progression de l’ordre de 0,5% du niveau d’endettement du secteur
privé. Il faut toutefois noter que l’endettement public n’est pas désagrégé dans le modèle pour
faire notamment ressortir le financement sur le marché sous-régional. Un tel découpage aurait
34
sans doute atténué l’effet d’éviction. En outre, la baisse des exportations au cours de la deuxième
année serait imputable à la composition des investissements publics et privés fortement dominée
par des biens et services non échangeables tels que les infrastructures de soutien à la production,
les biens immobiliers avec l’accroissement de l’offre d’habitat social et l’électricité avec le
développement de nouvelles sources d’énergies (solaire, éolien, biomasse, etc.). Cela pourrait
également expliquer la faible progression des exportations entre 2014 et 2018 de l’ordre de 3,5%.
En somme, l’accroissement de la demande intérieure pendant la période de mise en œuvre du
PAP résulterait de l’augmentation des dépenses publiques et dans une moindre mesure de
l’investissement privé.
5.2.3. Effets sur l’offre
Suite aux chocs déterministes basés sur les politiques de dépenses publiques définies dans le PAP,
la situation économique serait inscrite sur un sentier de croissance avec une progression du PIB
de 7,77% entre 2014 et 2018. Le graphique ci-après montre les impacts de la simulation sur les
fonctions d'offre.
Graphique 6.9 : Évolution de l’activité économique suite aux chocs déterministes de dépenses publiques
Source : Calcul des auteurs
35
Sur la période couvrant le PAP, la progression de l’activité économique résulterait d’une
augmentation de la valeur ajoutée de 9,65 % dans le secteur des biens et services non
échangeables et d’une hausse moins importante de 5,86 % de la valeur ajoutée générée dans le
secteur des biens et services échangeables. La différence en termes de création de valeur ajoutée
entre les deux secteurs pourrait s'expliquer par l’écart en termes d’investissement octroyés dans
chaque secteur expliquant aussi la faible bonification des exportations pendant la période de mise
en œuvre du PAP. En revanche, l’offre domestique de biens et services échangeables, tirée par la
demande, connaitrait une augmentation de 9,65% au même titre que l’offre de biens et services
non échangeables. Sur le long terme, les effets du PAP se traduiraient par une poursuite de la
progression de l’activité économique suivant une tendance favorable à la marche vers l’émergence
avec une nouvelle configuration de la demande dont les dépenses de consommation privée
finiraient par progresser en s’orientant davantage en faveur des biens et services produits
localement.
6. Conclusion et recommandations
La structure de la demande est importante dans la stratégie d’émergence. Le Sénégal est plutôt
confronté à une contrainte d’offre en ce sens que le pays ne parvient pas à s’inscrire durablement
sur un sentier de croissance élevée. Cette étude avait pour objectif d’examiner la configuration de
la demande en effectuant un diagnostic de sa structure et en définissant au besoin une
configuration optimale permettant de maintenir une croissance économique soutenue et durable,
telle que prévue dans le PSE.
Le diagnostic de la demande a été nécessaire pour pouvoir simuler des chocs de productivité et
évaluer les réactions des différentes variables de la demande ; l’objectif étant de proposer une
configuration optimale de la demande en phase avec les objectifs d’émergence de l’économie
sénégalaise. La méthodologie utilisée est celle d’un modèle DSGE en économie ouverte avec trois
agents économiques nationaux : les ménages, les firmes et le gouvernement. Le modèle prend en
compte le comportement microéconomique de chaque agent économique tout en spécifiant la
fonction d’absorption selon l’origine du bien ou du service consommé. Pour les biens et services
non échangeables, l’absorption est satisfaite par la production locale à la différence des biens et
services échangeables, lesquels peuvent faire l’objet, en plus de la production intérieure, d’une
importation. Une spécification pour chaque type d’absorption a été faite et tenant compte des
prix relatifs des biens et services échangeables avec le reste du monde. Le calibrage du modèle a
été effectué sur la base des données macroéconomiques de 2014 qui correspond à l’année de
démarrage de la mise en œuvre de la nouvelle politique économique du Sénégal.
36
Il ressort du diagnostic de la demande, une évolution contrastée de la demande intérieure depuis
les années 1990 accompagnée d’une balance commerciale structurellement déficitaire.
L’intervention récente du gouvernement à partir de sa politique de soutien à la demande a permis
de stimuler la production locale via la demande intérieure. Mais, le poids des importations reste
encore important, tiré, notamment, par les industries lourdes et alimentaires. L’analyse de la
consommation finale qui représente plus de 90% du PIB montre qu’elle est majoritairement
orientée vers les produits locaux, pour des parts de marché respectives de 86%, 70% et 97% dans
les secteurs d’origine primaire, secondaire et tertiaire.
Comparativement à certains pays émergents, l’économie sénégalaise peut réussir sa stratégie
d’émergence en s’appuyant, d’une part, sur le marché intérieur via une augmentation des
investissements privés et de la consommation locale des ménages. D’autre part, un accroissement
des investissements privés permettant de bâtir un véritable tissu industriel afin de booster les
exportations peut également faciliter la marche de l’économie vers l’émergence.
Les résultats ont montré d’abord, à partir d’une simulation stochastique, que la productivité des
entreprises privées est déterminante pour stimuler la demande intérieure et extérieure. Cependant,
l’impact sur la valeur ajoutée du secteur des biens et services non échangeables est plus soutenu
que celui des biens et services échangeables. A partir des plans de dépenses publiques définis
dans le PAP, des simulations déterministes ont permis de trouver un taux de croissance de 7,7%
entre 2014 et 2018. Toutefois, une baisse à court terme de la consommation finale des ménages
serait enregistrée, du fait d’une contraction des revenus, ainsi qu’une diminution de
l’investissement privé due, en partie, à un effet d’éviction sur le marché des fonds prêtables. Par
contre, à long terme, la consommation privée connaitrait une augmentation à travers une
nouvelle configuration de la demande qui s’adresse davantage aux entreprises locales incitant ces
dernières à accroitre leurs investissements.
Les résultats de la simulation stochastique ont montré l’importance d’améliorer la productivité
des entreprises pour stimuler la demande intérieure et concurrencer les produits importés. Ainsi,
les recommandations suivantes peuvent être formulées :
L’Etat devrait promouvoir l’innovation notamment à travers la mise en place d’un
système performant dans le domaine de l’enseignement technique et de la formation
professionnelle ainsi que dans le domaine de l’enseignement supérieur en renforçant, à ce
niveau, les dépenses d’investissements en recherche et développement. En effet,
37
l'évolution du progrès technique, mesurée par celle de la productivité globale des facteurs,
dépend principalement du rythme des innovations ;
la formation de la main d’œuvre pour une réelle appropriation des Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC) permettrait de mieux tirer parti du transfert
international de technologie ;
l’État devrait également mener des politiques de protection en recourant à la fiscalité, aux
subventions et aux incitations à l’investissement en capital afin de booster la productivité
et réduire la concurrence des produits importés;
l’Etat devrait aussi poursuivre les efforts visant à mettre en place un environnement
propice aux affaires et aux investissements et œuvrer à identifier et lever les contraintes
qui pèsent sur les entreprises; et
accélérer la création de parcs industriels pourrait également permettre aux entreprises
locales d’accroître leur productivité et de contribuer à amorcer un processus
d’industrialisation indispensable au rééquilibrage pérenne de la balance commerciale.
Les résultats de la stimulation déterministe ont montré quant à eux l’importance d’une bonne
politique de dépenses publiques. Ainsi, les recommandations suivantes, destinées à faire de la
commande publique et des dépenses d’investissements publics des moteurs de croissance des
entreprises locales, peuvent être formulées :
la commande publique devrait davantage s’orienter vers les produits locaux en ce qui
concerne les biens industriels chaque fois que cela est possible. Il faudrait bien entendu
que l’offre locale soit suffisamment attractive du point de vue de la qualité et du prix pour
pouvoir se substituer aux importations. ; et
accorder davantage de moyens au FONGIP, au FONSIS et à la BNDE contribuerait à
faciliter l’accès au crédit aux entrepreneurs ; ce qui est indispensable pour le
développement des petites et moyennes entreprises (PME) qui ont un rôle crucial dans la
stratégie d’émergence du pays.
38
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