deuil et médecine générale : enquête auprès de 244 endeuillés adultes

4

Click here to load reader

Upload: laetitia

Post on 31-Dec-2016

220 views

Category:

Documents


3 download

TRANSCRIPT

Page 1: Deuil et médecine générale : enquête auprès de 244 endeuillés adultes

Annales Medico-Psychologiques 171 (2013) 189–192

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Communication

Deuil et medecine generale : enquete aupres de 244 endeuilles adultes

Grief and general practice: A study of 244 adult bereaved people

Laetitia de Montgolfier

CSAPA Essonne Accueil Etampes OPPELIA, 10, rue de la Platrerie, 91150 Etampes, France

I N F O A R T I C L E

Mots cles :

Deuil

Deuil complique

Inventaire de deuil complique

Medecins generalistes

Keywords:

Bereavement

Complicated grief

General practitioners

Inventory of complicated grief

Primary care

R E S U M E

Objectif. – Decrire la sante mentale des personnes endeuillees dans la population generale afin de

determiner les facteurs associes a un deuil complique, ainsi que le role du medecin generaliste (MG)

concernant leurs soins.

Conception. – Etude transversale.

Methodes. – Neuf cent cinquante-sept personnes endeuillees ont ete repertoriees comme parents des

defunts enregistres dans le registre des deces de la ville de Versailles (departement des Yvelines, France)

entre le 6 janvier 2007 et le 31 octobre 2008 (entre six et 24 mois). Huit cent cinquante avaient une

adresse postale en France. Un questionnaire mesure l’existence d’un deuil complique, en utilisant

l’inventaire de deuil complique (ICG), si le score total est superieur a 25, ainsi que les caracteristiques

demographiques, les circonstances de la mort et la consultation d’un MG depuis la perte.

Resultats. – Trois cent soixante-sept questionnaires ont ete retournes (43 %), 243 ont ete acheves (29 %).

Les sujets repondeurs etaient significativement plus des femmes que les non-repondeurs, mais ils ne

differaient pas par leur lien avec le defunt (maries a 64 % vs 62 %). Soixante pour cent etaient en deuil

complique selon le score de l’ICG ; 88,1 % des repondants ont relate l’aide recue, pour 85,6 % de la famille

ou des amis et 22,1 % du MG. Soixante-sept pour cent d’entre eux ont consulte un MG ; 71,3 % ont trouve

le MG disponible pour parler de deuil, mais une minorite de MG ont pose des questions precises au sujet

de la realite du deuil.

Conclusion. – Le deuil complique est frequent dans la population generale et les MG ont un role central a

jouer dans ce soin. Certaines recommandations sont discutees.

� 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

A B S T R A C T

Objective. – To describe mental health of bereaved people in general population, to determine factors

associated with complicated grief and to describe general practitioner (GP) role of in their care.

Design. – Cross-sectional study.

Methods. – Nine hundred and fifty-seven bereaved people were listed as relatives of all the consecutive

died persons registered in Versailles city (Yvelines district, France) between 1/6/2007 and 31/10/2008

(between 6 and 24 months ago); 850 had a postal address in France. Questionnaire measured

complicated grief, using the Inventory of Complicated Grief (ICG), total greater than 25, demographic

characteristics, circumstances of death and explored consultation with a GP since the loss.

Results. – Three hundred and sixty-seven questionnaires were returned (43%), 243 (29%) were

completed. Responders were significantly more female than non-respondents, but they do not differed

with relationships with the deceased (wedded 64% versus 62%). 60% had complicated grief according to

ICG scores; 88.1% respondents reported help received, for 85.6% from family or friends and 22.1% from

GP. Sixty-seven percent of them consulted a GP; 71.3% found the GP as open to talk about bereavement

but precise questions about the reality of the bereavement are the minority.

Conclusion. – Complicated grief is frequent in general population and GPs have a central role to play in

this care. Some recommendations are discussed.

� 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Adresse e-mail : [email protected]

0003-4487/$ – see front matter � 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.01.028

Page 2: Deuil et médecine générale : enquête auprès de 244 endeuillés adultes

[(Fig._1)TD$FIG]

Fig. 1. Diagramme des participants.

L. de Montgolfier / Annales Medico-Psychologiques 171 (2013) 189–192190

1. Introduction

Le deuil est un evenement de vie universel auquel tout le mondefait face un jour. A la perte d’un etre cher peuvent survenir diversproblemes de sante, troubles physiques ou psychologiques, ou lesdeux, qui durent habituellement quelques mois (CIM-10, DSM-IV-R).

Cependant, certains auteurs ont rapporte le cas de personnesendeuillees qui developpent de facon prolongee ou intense unedetresse psychopathologique liee au deuil [11], et meme unemortalite excessive [3] en comparaison avec le deuil normal.Divers syndromes ont ete decrits comme deuil pathologique [4],deuil traumatique [9], deuil complique. . . [5] Les etudes vont versl’identification de sa specificite, ainsi que d’outils de diagnostic etde therapeutique [2,10]. Neanmoins, les difficultes persistent amener une telle recherche, car aucune definition claire du deuilcomplique n’a encore ete etablie dans les classifications inter-nationales de diagnostic [7]. Par consequent, l’incertitude perduresur les symptomes appartenant au deuil comme une reponsenaturelle a la perte d’un etre cher ou constituant une maladieinitiee de ce fait et qui necessite un traitement.

De plus en plus de personnes meurent de nos jours dans lesmilieux hospitaliers ou des unites de soins palliatifs, changeantainsi les circonstances de la mort, le type de soignants et la naturede la prevention ou la therapie orientee vers les personnesendeuillees [1,6]. Une question se pose au sujet du soutien desproches, et en particulier sur le role du medecin generaliste (MG)dans la prestation de soins aux personnes endeuillees, elle n’est pasencore exploree.

Cette etude a utilise les donnees d’un echantillon de basecommunautaire de personnes endeuillees afin d’examiner leur etatmental, de determiner les facteurs associes a un deuil complique,et si elles avaient consulte un MG apres la perte, et auquel cas letype de soins qu’il leur a donne.

2. Methode

2.1. L’echantillon d’etude

Les noms de toutes les personnes mortes enregistrees a Versaillesentre le 6 janvier 2007 et le 31 octobre 2008 (n = 1598) ont eteobtenues avec l’accord du procureur de la Republique du Tribunal deGrande Instance (Fig. 1). Six cent quarante et un n’avaient pas deparents en France signales (la mort a ete declaree par unetablissement sans un parent ou les parents ne vivaient pas enFrance). Parmi les 957 apparentes inscrits, 107 n’avaient pasd’adresse postale. Les personnes qui avaient une adresse postaleont ete invitees a participer a l’etude par une lettre. Elle decritqu’elles ont ete contactees en tant que parent d’une personnedecedee dans la ville de Versailles depuis six a 24 mois, la facon dontleurs noms ont ete obtenus, identifie les enqueteurs, expose lesobjectifs de l’etude. Elle leur propose de participer a un auto-questionnaire ou d’expliquer sur les raisons de non-participation.

Sur les 850 personnes contactees, 289 ont accepte de participer(35 %). Les non-participants invoquent un deuil trop douloureux(n = 22 ; 56 %) ; un questionnaire trop complique (n = 4 ; 10 %) ; desquestions trop indiscretes (n = 10 ; 26 %) ou un manque de temps(n = 3 ; 8 %). Par rapport aux participants, la population des non-participants etait significativement plus feminine (69,1 % vs 67,7 % ;p = 0,001) et plus agee (moyenne [DS] age, 74 [17] ans vs 66 [14] ans)(p = 0,001). Six questionnaires incomplets ont ete exclus.

L’echantillon de l’etude a ete n = 244. Il se composait depersonnes adultes qui avaient un membre de la famille ou unproche mort six a 24 mois auparavant. La grande majorite desparticipants etaient des conjoints des personnes decedees(n = 157 ; 64,3 %). Les autres participants etaient des parents,enfants, ou d’autres proches de la personne decedee.

2.2. Mesures

Le questionnaire postal se composait de trois parties :

� la

premiere partie recueillait les caracteristiques des personnesen deuil (demographie, sante physique et mentale, relations avecle defunt et circonstances de la mort de ce dernier) ; � la deuxieme partie evaluait la sante mentale des individus

endeuilles. Elle recherchait un deuil complique, en utilisantl’inventaire des deuil compliques (ICG) [8], un auto-question-naire valide de 19 elements qui evalue les symptomes de deuilcompliquees, en utilisant une echelle de reponse de cinq pointsallant de « jamais » (zero) a « toujours » (quatre). Un score totalsuperieur a 25 diagnostique un deuil complique ;

� la troisieme partie explorait l’opinion des sujets endeuilles sur

l’aide recue et evaluait en particulier la consultation avec un MGdepuis la perte. Aux sujets endeuilles qui n’ont pas eu deconsultation, on demandait s’ils pensaient que le MG aurait etedisponible pour parler de deuil. Les sujets endeuilles ayantconsulte leur MG etaient interroges pour determiner si le deuiletait le premier motif de consultation, s’ils avaient trouve le MGdisponible pour parler de deuil et le type de questions et de soinseffectues par celui-ci.

L’analyse statistique a consiste en une etude univariee visant adeterminer l’existence d’un lien entre differents facteurs et le deuilcomplique, puis entre ces memes facteurs et la consultation en MG.

Page 3: Deuil et médecine générale : enquête auprès de 244 endeuillés adultes

Tableau 2Opinions des sujets endeuilles sur l’aide recue (n = 244).

Aide recue

Pas d’aide recue, n (%) 29 (11,5)

Oui, de l’aide recue, n (%) 215 (88,1)

De qui ?

Famille, amis, n (%) 209 (85,6)

MG, n (%) 54 (22,1)

D’autres professionnels de sante, n (%) 54 (22,1)

Associations pour les personnes endeuillees, n (%) 22 (9,0)

MG : medecins generalistes.

L. de Montgolfier / Annales Medico-Psychologiques 171 (2013) 189–192 191

3. Resultats

3.1. Caracteristiques des participants parmi les sujets endeuilles

Les sujets repondeurs etaient de sexe feminin a 67,7 %, ages de6 � 14 ans, et principalement a la retraite (Tableau 1). Le defunt etaitage de 71 � 2 ans, et il s’agissait de conjoints dans 64,3 % des cas, lamere ou le pere dans 21,3 % des cas, d’un enfant dans 11,1 % des cas etd’un autre lien dans 3,3 % des cas. La plupart d’entre eux avaient dejaconnu un deuil (37,7 %), peu avaient des antecedents psychiatriques.Ils ont mentionne des problemes de sante actuels pour 17,2 % dessujets. La mort est survenue dans 38,8 % des cas de facon brutale etinattendue, elle a ete violente pour 6,6 %. Cinquante-neuf pour centont donne des soins a la personne decedee avant la mort. Lesparticipants considerent a 70 % que l’annonce du deces a ete faite avectact ; 90,2 % avaient pratique un rite communautaire. La duree dudeuil etait de 14,5 mois en moyenne.

3.2. La sante mentale des sujets endeuilles

Les symptomes psychologiques exprimes par les intervenantsau moment de l’etude sont presentes dans le bas du Tableau 1. Ilsont surtout exprime des sentiments de calme, de paix, de vie et dela reorganisation, ils avaient de l’appetit et du plaisir dans lesactivites quotidiennes. Cependant, 50 % d’entre eux declarent avoirdes troubles de l’attention et 38,5 % des troubles du sommeil. Dessymptomes evocateurs des troubles depressifs ont ete evalues parune evaluation specifique qui objective une correlation modereemais significative avec l’ICG (r de Pearson a 0,48).

Le score moyen a l’ICG a ete de 30 � 15. Parmi les intervenants,145 (60 %) avaient un score superieur a 25 (un score considere commeun indicateur de deuil complique), et 98 (40 %) inferieur a 25.

Tableau 1Caracteristiques des sujets endeuilles (n = 244).

Demographiques

Femme, n (%) 165 (67,7)

Age, ecart type (extremes) 66,0 �14 (26–94)

Activite professionnelle, n (%) 62 (25,4)

Sante et antecedents psychiatriques

Antecedent de deuil, n (%) 92 (37,7)

Probleme de sante actuel, n (%) 42 (17,2)

Antecedent de depression, n (%) 17 (6,9)

Antecedent de tentative de suicide, n (%) 3 (1,2)

Lien avec la personne decedee

Femme/mari ou compagne(gnon), n (%) 157 (64,3)

Parents, n (%) 52 (21,3)

Enfant, n (%) 27 (11,1)

Autre, n (%) 8 (3,3)

Circonstances de la mort

Inattendue ou brutale, n (%) 95 (38,9)

Violente, n (%) 16 (6,6)

Presence au moment du deces, n (%) 28 (11,5)

Soins donnes au defunt par l’endeuille

avant le deces, n (%)

144 (59,0)

Consequences materielles pour l’endeuille, n (%) 84 (34,4)

L’endeuille eprouve de la n (%) 99 (40,6)

Rituels communautaires (funerailles, reunion de

famille. . .), n (%)

220 (90,2)

Sante mentale

Troubles du sommeil jamais ou rarement, n (%) 94 (38,5)

Troubles de la concentration jamais ou rarement,

n (%)

122 (50,0)

Perte d’appetit jamais ou rarement, n (%) 163 (66,8)

Sentiment d’etre pacifique jamais ou rarement,

n (%)

62 (25,4)

Sentiment que la vie se reorganise jamais ou

rarement, n (%)

45 (18,5)

Le deuil complique (ICG>25) 145 (59,7)

3.3. Aide recue

L’aide recue par les personnes en deuil est decrite dans leTableau 2. Les intervenants estiment avoir recu de l’aideconcernant ce deuil a 88,1 %, particulierement par leurs familleset/ou amis (85,6 %) et leur MG (22,1 %).

3.4. Soins effectues par les medecins generalistes

Parmi les endeuilles, 72,9 % ont consulte un MG au cours des sixmois suivant le deces de leur proche. Il s’agissait de leur medecintraitant a 81 %, qui etait egalement celui de la personne decedee dans56 % des cas. Les opinions des intervenants au sujet des consultationsde leur MG apparaissent dans le Tableau 3. Pour 70 % d’entre eux, ledeuil n’etait pas la premiere raison de consultation. Le MG a ete jugedisponible par 71,3 % des personnes, il a prescrit un traitement dans38,8 % des cas, sans consultation additionnelle pour 78 %, ni laconsultation d’un specialiste dans 69 %. Cinquante-six pour cent desendeuilles ont declare que le MG n’a pose aucune question au sujetde l’endeuille, ni sur les circonstances de la mort (73 % des cas). Ilsn’ont pas de reproche a faire a leur MG pour 59 % d’entre eux.

Soixante-cinq endeuilles n’ont pas consulte leur MG dans les sixmois apres la mort de leur proche (26,6 %). Parmi eux 58,5 % ontjuge que le MG etait disponible.

Les comparaisons de repondeurs selon qu’ils ont ou nonconsulte leur MG sont repertoriees dans le Tableau 3. Lespersonnes endeuillees ont consulte leur MG plus souvent si leurdefunt etait un conjoint ou un enfant, si elles ont procure des soinsa la personne decedee, si elles eprouvaient de la culpabilite vis-a-vis de la personne decedee, si elles declaraient avoir des problemesde sante ou avoir recu un soutien social par leur MG dans la reponseau premier questionnaire, et enfin si elles avaient un deuilcomplique selon de leurs reponses a l’ICG.

Tableau 3Soins des medecins generalistes (MG) aux sujets endeuilles, selon les sujets (n = 244).

Consultation aupres des MG dans les six mois

suivant le deces

n (%)

Aucune consultation 65 (26,6)

Sentant que le MP n’aurait pas ete disponible

pour parler de deuil

48 (58,5)

Au moins une consultation 178 (72,9)

Le deuil est le premier motif de consultation 51 (28,7)

Le patient a trouve le MG disponible pour parler

du deuil

127 (71,3)

Etait aussi le MG de la personne decedee 137 (56,1)

MG interroge sur les circonstances de deces 16 (9,0)

MG interroge sur le soutien de la personne endeuillee 26 (14,6)

MG interroge sur la sante de la personne endeuillee 40 (22,5)

MG conseille des consultations plus frequentes 37 (20,8)

MG conseille de consulter un specialiste en sante mentale 30 (16,8)

Soins effectue avec un specialiste en sante mentale 11 (4,5)

MG aurait du conseiller la consultation d’un specialiste

en sante mentale

25 (14,0)

MG donne des medicaments a cause du deuil 69 (38,8)

Page 4: Deuil et médecine générale : enquête auprès de 244 endeuillés adultes

L. de Montgolfier / Annales Medico-Psychologiques 171 (2013) 189–192192

4. Discussion

Il s’agit d’une enquete d’observation aupres des endeuilles,realisee en population generale sur un echantillon suffisant pourpermettre une analyse statistique. Elle presente quelques limites.En effet, le deuil pathologique n’est pas clairement defini dans lesclassifications (DSM-IV-R ; CIM-10), ce qui complique son etude.

Concernant l’etude en elle-meme, la population a ete selec-tionnee. Il s’agit d’une enquete epidemiologique parcellaire,realisee au moyen d’un echantillon local. Selectionnees sur leregistre des deces de la ville de Versailles, 73 % des personnesinterrogees residaient en Ile-de-France. Enfin, l’echantillon esthomogene en raison notamment de l’approximation du « prochesignificatif » au lien familial, et du choix subjectif du « proche » leplus proche par le participant.

Par ailleurs, certaines limites sont liees aux methodes utilisees,comme le choix d’un questionnaire unique d’evaluation du deuil,l’absence de double saisie des donnees. Mais nombreux sont lesapports de cette etude. L’observation d’un fort pourcentage deconsultation d’un MG a distance d’un deuil, ainsi que d’un fortpourcentage de deuil complique a distance d’un deces.

5. Conclusion

Une fois sur cinq, le deuil genere mortalite, morbidite et/oupsychopathologie excessive. Il est alors denomme « deuilcomplique ». Or, certains facteurs creent les conditions de cettevulnerabilite.

Aujourd’hui, en France, les endeuilles se confient souvent auxpersonnels de sante, et particulierement a leur medecin traitant. Ilest donc necessaire que ce dernier s’approprie les outils dedepistage et les actions therapeutiques indiquees en cas de deuilcomplique.

Notre etude a ete realisee dans une population de 244 repon-deurs parmi 850 personnes interrogees par un questionnaire, six a24 mois apres le deces d’un proche signifiant. Elle montre que laproportion de deuil complique s’eleve a 60 %, et que parmi les

0003-4487/$ – see front matter

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.01.029

personnes interrogees, 67 % ont consulte leur MG dans le premiersemestre de deuil.

Cette etude incite les MG a considerer les demandes de soin quiemanent des personnes endeuillees comme de potentiels temoinsde deuils compliques. Il s’agit d’un motif secondaire de consultation ;malgre cela, celle-ci doit des lors s’appliquer a rechercher tous lesfacteurs associes au deuil. Elle implique une evaluation psycho-logique de la personne par un auto-questionnaire, puis l’identifica-tion des endeuilles necessitant un traitement.

Declaration d’interets

L’auteur declare ne pas avoir de conflits d’interets en relationavec cet article.

References

[1] Anderson W, Arnold R, Angus D, et al. Post-traumatic stress and complicatedgrief in family members of patients in the intensive care unit. J Gen Intern Med2008;23:1871–6.

[2] Casarett D, Kutner J, Abrhm J. Life after death: a practical approach to grief andbereavement. Ann Intern Med 2001;134:208–15.

[3] Helsing K, Szklo M, Comstock G. Factors associated with mortality afterwidowhood. Am J Public Health 1981;71:802–9.

[4] Horowitz MJ, Bonanno GA, Holen A. Pathological grief: diagnosis and expla-nation. Psychosom Med 1993;55:260–73.

[5] Horowitz MJ, Siegel B, Holen A, et al. Diagnostic criteria for complicated griefdisorder. Am J Psychiatry 1997;154:904–10.

[6] Lautrette A, Darmon M, Megarbane B, et al. A communication strategy andbrochure for relatives of patients dying in the ICU. New Engl J Med2007;356:469–78.

[7] Prigerson HG, Horowitz MJ, Jacobs SC, et al. Prolonged grief disorder: psycho-metric validation of criteria proposed for DSM-V and ICD-11. el000121. PLOSMed 2009;6:1–12 [www.plosmedicine.org].

[8] Prigerson HG, Maciejewski PK, Reynoud CF, et al. The inventory of complicatedgrief: a scale to measure maladaptative symptoms of loss. Psychiatry Res1995;59:65–79.

[9] Prigerson HG, Shear MK, Jacobs SC, et al. Consensus criteria for traumatic grief:a preliminary empirical test. Br J Psychiatry 1999;17:467–73.

[10] Stroebe M, Schut H, Stroebe W. Health outcomes of bereavement. Lancet2007;370:1960–73.

[11] Stroebe M, Stroebe W, Abakoumkin G. The broken heart: suicidal ideation inbereavement. Am J Psychiatry 2005;162:2178–80.

Discussion

Dr E. Pewzner-Apeloig.– Le resultat de votre enquete aupres despersonnes endeuillees, en particulier le fait que 14 % d’entre ellesdeclarent a propos de leur generaliste : « Il aurait du m’envoyervoir un specialiste », ce resultat ne vous a-t-il pas donne l’idee etl’envie de lancer justement une enquete aupres des medecinsgeneralistes sur cette question du deuil et de l’envoi eventuel a unspecialiste ?

Reponse du rapporteur.– Absolument. Nous avons propose a desetudiants de realiser une etude miroir qui analyserait cette foisl’opinion de medecins generalistes relative a leurs patients endeuil, et a l’accompagnement qu’ils leurs proposent.

Dr M. Masson.– Je vous felicite pour l’originalite de votre etude.Dans cette enquete, vous trouvez que dans 56 % des cas lespersonnes endeuillees se plaignent aupres de leur medecingeneraliste de « douleur ». S’agit-il de la douleur morale, dedouleurs physiques aigues ou de reactivation de pathologieschroniques ?

Reponse du rapporteur.– En effet, 56 % (n = 22) des personnesendeuillees qui ont accepte d’expliciter leur non-participation al’etude invoquent un « deuil trop douloureux ». Le type de douleurdesigne est la douleur morale.

En revanche, le questionnaire propose aux participants recherch-ait « des douleurs dans les memes parties du corps ou les memessymptomes que la personne qui est morte. . . ». Il s’agit de la question12 de l’ICG. Leur reponse est « quelquefois » pour 25,5 % (n = 62) desendeuilles interroges, « souvent » pour 36,5 % (n = 89).

De plus, parmi ceux qui ont consulte en medecine generale, nousavons recherche l’existence de « soucis de sante » – presents a 42 %(n = 102) –, ainsi que l’attention portee par le medecin generaliste ala tristesse du patient retrouvee pour 74,2 % (n = 132) des patients.

Pr M.L. Bourgeois.– Felicitations. Enfin, une etude systematiqueet quantitative sur le terrain. Effectivement, les medecins general-istes sont en premiere ligne pour gerer le desarroi et les situationsde deuil.

DOI de l’article original :http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.01.028