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Conseil communautaire du 11 avril 2014
Discours d’installation de Robert Herrmann,
Président de la Communauté urbaine de Strasbourg
Seul le prononcé fait foi
Mesdames, Messieurs, mes chers collègues,
Avant toute chose je veux vous dire le très grand honneur et le plaisir que je
ressens d’être devant vous aujourd’hui, la fierté aussi et le sentiment très fort de
la responsabilité et des devoirs qui m’incombent au regard des enjeux pour notre
territoire et ce rendez vous qui nous est donné le 1er janvier 2015, date de la
transformation de la communauté urbaine de Strasbourg en Eurométropole.
Je souhaite également exprimer mon plaisir de succéder à l’ami Jacques Bigot,
Premier président de la CUS issu d’une commune de notre agglomération autre
que la Ville centre. Jacques, durant six années tu as insufflé ta marque et ton
style à notre Communauté urbaine, sachant travailler dans la confiance avec ton
exécutif, dans l’efficacité et la clarté avec notre administration. Rare sont les
maires comme toi qui ont porté avec autant de force et de conviction l’idée que
le développement de leur commune était intimement lié à celui de la
Communauté urbaine et ce sous un double aspect. Cet esprit communautaire tu
l’as toujours porté, tout en restant attaché à l’identité d’Illkirch-Graffenstaden et
en en faisant d’Illkirch une Ville ouverte, attractive, appréciée.
Mes remerciements vont naturellement à Roland Ries réélu maire de Strasbourg.
Roland, tu as recueilli la confiance des Strasbourgeois sur les orientations que tu
veux donner à notre ville, l’ambition et le réalisme, le dialogue et la recherche
d’un équilibre. Je sais que nous travaillerons ensemble dans le respect et pour le
magnifique projet de l’Eurométropole.
Je veux aussi vous remercier chers collègues pour la confiance que m’avez
témoignée collectivement à travers le vote qui vient d’intervenir.
J’accueille cette responsabilité avec humilité et gravité tant notre société traverse
une crise aux multiples facettes : crise économique, sociale, environnementale,
morale et démocratique. J’entends pleinement le message lancé par les citoyens
à l’occasion des élections municipales. Leur confiance dans leurs élus s’est
érodée ces dernières années partout en France. L’abstention grandissante des
dernières élections municipales nous l’a rappelé sévèrement : de plus en plus de
nos concitoyens se détournent de l’action publique, ils doutent de la capacité des
politiques à améliorer leur quotidien. Pour répondre à ce cruel constat, pas de
solution miracle, mais je crois en une chose : tenir ses engagements et obtenir
des résultats, c’est le meilleur moyen de prouver à nos concitoyens que la
politique et les élections servent à quelque chose.
Mes nombreuses années d’élus tant au niveau de la ville que de la Communauté
urbaine de Strasbourg et du conseil général du Bas Rhin m’ont appris à bien
connaître ce territoire de 475 000 habitants formé par les 28 communes de notre
communauté urbaine.
Il existe ici un très fort potentiel métropolitain. Nous bénéficions d’atouts
remarquables, notre statut de capitale européenne, notre université, les grands
équipements culturels et sportifs, le port, le fleuve, des entreprises
remarquables…
Notre territoire est une puissante locomotive, créative et attractive, inventive et
soucieuse de tous ses habitants. Nous sommes tous acteurs de cette métropole
internationale, véritable creuset d’intelligences et de talents. L’Eurométropole
sera une chance pour construire, conforter, et faire rayonner notre agglomération
dans le Rhin supérieur.
Les défis de notre territoire sont multiples.
Il s’agit d’abord de répondre à la préoccupation première de nos concitoyens, je
veux bien sûr parler de l’emploi. Donner un emploi, c’est assurer de la dignité
pour tous. C’est un impératif pour assurer le vivre-ensemble et la cohésion
sociale de notre territoire, en permettant notamment à tous nos jeunes de trouver
leur place dans le monde professionnel. Pour relever ce défi, c’est d’abord aux
enjeux de l’attractivité, du rayonnement, du développement économique que
nous devrons répondre, car sans création de richesses, pas de création d’emplois.
Nous sommes également confrontés à nos limites.
Elles concernent les ressources qui se raréfient.
Les menaces climatiques et environnementales, les risques énergétiques, la
diversité et l’évolution des modes de vie nécessitent des stratégies partagées, des
visions à long terme, une capacité de prospective.
C’est d’autant plus indispensable que l’interdépendance des territoires n’a
jamais été aussi sensible sous cet aspect. Ma présidence de l’Adeus m’aura
ouvert bien des horizons.
Les transformations planétaires déterminantes telles que la mondialisation de
l’économie et la confrontation aux limites concernant l’énergie et
l’environnement vont induire des évolutions majeures au plan de la gouvernance.
Le dialogue public est dès lors un rempart pour échapper au risque de mesures
indispensables mais qui, si l’on n’y prend pas garde, risquent d’être imposées
autoritairement. C’est pourquoi j’installerai ainsi très rapidement un conseil de
développement regroupant les acteurs contribuant au développement de la
métropole - et notamment nos voisins de Kehl- pour concerter sur les stratégies
et projets territoriaux.
Notre siècle est urbain et les villes sont le creuset de la création d’activités, de
liens sociaux et culturels. Ces liens ne peuvent être assurés que par la solidarité
au sein des territoires.
Ces solidarités sont vécues au quotidien par les habitants de chacune des
communes : pour se déplacer, se loger, avoir accès à des équipements sportifs,
culturels, utiliser une eau de qualité et des services de propreté et de traitement
des déchets performants.
La Communauté urbaine constitue depuis l’origine une référence pour la
mutualisation des services rendus aux habitants et leur organisation en fonction
des attentes des communes. C’est en effet à travers les communes que s’établit
la relation de la communauté urbaine à l’usager, car c’est avec elles que la CUS
met en œuvre les services de proximité et accompagne l’évolution des espaces
de vie.
Cela se fait, et doit se faire, dans l’équilibre, l’équité et je m’engage à les faire
vivre avec et pour les communes, avec et pour nos concitoyens.
Ils nous le demandent. Eux qui sont tour à tour acteurs économiques d’un pôle
d’attraction engagé dans un contexte concurrentiel, mais également bénéficiaires
et usagers de services publics … Il nous incombe de leur garantir un bien-être
nécessaire, un cadre et un mode de vie respectueux et une pérennisation d’une
vie de quartier dans une grande ville et aussi au sein de chaque commune.
Mes chers collègues,
Je veux vous proposer une feuille de route qui réponde aux réalités et aux enjeux
du moment.
Deux convictions profondes guideront mon action :
On ne peut assurer le développement cohérent et prospère d’un territoire qu’en y
associant largement ses habitants et les différents acteurs qui le composent.
Cette culture du dialogue est l’indispensable gage pour engager les mutations
économiques, énergétiques, de modes de vie, qui s’imposent.
Par ailleurs le développement d’un territoire se joue d’abord sur les projets
destinés à le rendre plus heureux, plus efficace, plus attractif, au bénéfice de tous.
Pour attirer les entreprises, favoriser la création d’activités et d’emplois, nous
devons tracer la voie d’un développement économique ambitieux et durable. Je
sais que nous pourrons compter sur les bases solides mises en place par Jacques
Bigot et Catherine Trautmann. Je sais aussi que nous pourrons compter sur les
acteurs économiques : les chambres consulaires, les partenaires sociaux, les
organisations de filières, sur l’ensemble des créateurs et des entrepreneurs pour
relever ce défis.
Nous irons encore plus loin et plus vite dans notre stratégie de développement
économique en mobilisant les énergies, en faisant aboutir les grands projets : la
rénovation du Palais de la Musique et des Congrès et la construction du nouveau
Parc des expositions, qui permettront à Strasbourg les plus grandes
manifestations françaises et européennes. Le site historique de l’Hôpital Civil
poursuivra sa mutation en campus des technologies médicales permettant
d’attirer de nouveaux investissements et de nouveaux emplois dans un secteur
économique d’avenir.
Les fonctions productives, l’industrie et le bâtiment en particulier, doivent avoir
toute leur place sur le territoire de notre agglomération et nous devons nous
attacher à favoriser les conditions de leur développement.
Dans la période de crise que nous traversons, nous devons penser à la place de
l’Homme, le replacer au centre des enjeux économiques, en continuant à porter
une attention particulière aux nouvelles formes d’économies, celles qui militent
pour plus de solidarité, plus de justice sociale, celles qui sont actrices de la
transition énergétique comme l’Economie Sociale et Solidaire, la silver
économie et l’économie circulaire.
J’entends également porter cette politique de développement dans la
coordination et la coopération avec nos partenaires. Je suis convaincu qu’au sein
d’une si petite région comme l’Alsace, la concurrence et la compétition de
territoires n’a pas sa place. Nous travaillerons ensemble.
L’aménagement de notre territoire ne peut se dessiner sans une profonde
réflexion sur ce qui constitue le premier cadre de vie des habitants, à savoir leur
logement. Je veux là aussi tenir un langage de vérité. Une politique du logement,
privé et social, coordonnée à l’échelle de la métropole est non seulement une
nécessité que nous impose la Loi Borloo avec le PLU communautaire mais une
attente forte de nos concitoyens, de toute catégorie socioprofessionnelle et d’âge.
Elle est aussi un élément fondamental pour la vitalité et l’attractivité de la
métropole et de chacune des communes qui la compose. J’ai entendu dans les
débats des élections municipales bien des craintes face à une urbanisation que
les communes subiraient. Je suis sensible à certaines inquiétudes et convaincu
que grandir dans l’équilibre est la condition première d’un urbanisme réussi.
L’élaboration du PLU doit être l’occasion de débats, d’écoute et il se construira
avec et pour les villes. Jamais la CUS n’a imposé ses choix à une commune et ce
ne sera pas plus le cas demain qu’hier. Mais je le dis, le Not in My
Backyard/NIMBY ne peut tenir lieu de mode de pensée dans une communauté.
Nous avons des obligations à respecter dans le domaine du logement,
notamment du logement social, et nous nous devons collectivement de continuer
à porter une politique ambitieuse dans ce domaine.
La lutte contre l’étalement urbain sera aussi un vecteur pour atteindre les
objectifs fixés par le Plan de Déplacement Urbain : augmentation des
déplacements vélos et piétons à l’échelle de la métropole, augmentation de la
part des transports en commun, diminution globale de la part de la circulation
automobile qui représentait en 2009 46% des déplacements dans la Métropole.
La répartition entre transports collectifs et individuels est appelée à évoluer dans
un souci toujours plus présent de lutter contre l’effet de serre, les nuisances
sonores et la pollution atmosphérique. C’est au delà de l’aspect environnemental
un enjeu de santé publique. La question de l’accessibilité, notamment des villes
de la deuxième couronne, doit être traitée sans tabou et avec franchise mais sans
ignorer aussi les réalités financières et techniques. Oui il faut poursuivre
l’amélioration de notre réseau de transport public, Non le tram ne pourra pas
aller partout et il nous faudra être imaginatif pour encourager et développer de
nouveaux modes de déplacements collectifs.
Les mobilités sont aussi à prendre dans leur dimension sociale et comme facteur
de réduction des inégalités. Nos territoires ont besoin d’être accessibles, autant
par les différents modes de transports que par le Très Haut Débit via la fibre
optique afin de bénéficier des courants de créativité et d’attractivité.
La maitrise des technologies numériques est essentielle afin de réduire les
fractures sociales, culturelles et financières, faciliter l’accès aux savoirs. Ces
technologies offrent des opportunités d’accès aux services publics, de
simplification des relations avec les administrés. Elles autorisent de nouveaux
modes d’échanges entre les citoyens… et de dialogue public.
Il s’agit de développer le numérique, enjeu de la transformation du territoire et
du fonctionnement des individus, outil de transformation de nos façons de
penser l’économie, la démocratie, la gouvernance…. en s’appuyant là encore sur
le plan établi par Jacques Bigot et Catherine Trautmann et soutenu par
l’université et la CCI.
Nous devons ouvrir nos territoires aux potentiels que réservent les technologies
numériques, avec l’idée que l’initiative des développements revient aux acteurs
économiques et à la société civile. Nous soutiendrons et renouvelleront ainsi nos
filières, habitat, santé… Nous permettrons ainsi aux entreprises de gagner en
compétitivité, aux personnes d’accéder aux informations liées à l’emploi, à la
culture…
La voie vers une Eurométropole durable ne peut être entreprise sans une action
volontariste et une politique ambitieuse en matière de transition énergétique et
de développement des énergies renouvelables. Enjeu environnemental certes,
mais nécessité sociale également, tant l’énergie compte dans les dépenses des
ménages, notamment des plus modestes. C’est aussi un atout économique que
notre Métropole se doit de porter et de maitriser : réseaux de chaleur, géothermie
profonde, biomasse, ….les atouts de notre territoire sont nombreux en ce
domaine.
Je vous l’ai dit en préambule, face aux défis nous devons être capable
d’intensifier la prospective. Nous ne pourrons les relever qu’en renforçant et en
renouvelant la gouvernance.
Je crois là encore à un discours de vérité devant les citoyens.
Le nouveau mode d’élection prévu en 2020 induira une nouvelle forme de
représentation politique communautaire. Nous devons l’anticiper, l’organiser,
favoriser un dialogue public élargi, en vue d’une meilleure coordination des
politiques publiques, des investissements, et in fine d’une plus grande cohérence,
et donc d’une meilleure lecture favorisant une identité commune.
Nous devons tourner le dos chaque fois que possible aux affrontements partisans,
aux postures, pour répondre mieux aux attentes des maires et des citoyens des 28
communes, avec toujours le souci de notre agglomération.
Je préfère explorer une voie où les talents de tous sont mis en synergie et aller
vers une vision territoriale partagée, pour inaugurer une nouvelle gouvernance
où tous les maires peuvent être des acteurs engagés.
J’ai la conviction que cette voie est en phase avec les attentes de nos concitoyens.
L’idée est de quitter une organisation opposant centre et périphérie pour
construire un territoire pour tous, partant des modes de vie diversifiés qui
caractérisent notre société. Il ne s’agit pas d’opposer l’urbain à la campagne
mais de tirer partie de nos atouts pour l’ensemble du territoire. Nous devons
entamer cette révolution de la gouvernance.
Notre territoire a besoin de stratégies à long terme partagées entre collectivités.
Il nous incombe de fédérer des consensus forts dépassant les particularismes
politiques pour déterminer et porter un socle commun de ce qui nous caractérise,
nous unit et nous renforce collectivement. L’enjeu est de taille : le
développement de l’Alsace passe par celui de la Métropole.
Le pôle métropolitain Strasbourg-Mulhouse est un axe fort de notre capacité à
tisser des liens avec nos partenaires de la Région et du Département, avec nos
voisins du grand est français, de Bâle et des villes du Rhin Supérieur. C’est cela
aussi construire une métropole à 360°.
Voilà, mes chers collègues, la feuille de route que je vous propose, celle d’une
ambition pour que notre métropole rayonne, celle aussi d’une métropole
solidaire entre ses habitants et ses territoires.
Chers collègues, j’en suis convaincu, avoir cette ambition, ce n’est pas opposer
la ville-centre à la périphérie, c’est travailler dans l’intérêt général en regardant
notre territoire tel qu’il est. Nous devons tous y prendre notre part. C’est
pourquoi je souhaite que nous travaillions ensemble à construire
l’Eurométropole !
Je me félicite de la mobilisation de toutes les énergies effectuée dans le cadre de
l’accord passé entre les maires et la majorité strasbourgeoise et non entre le PS
et l’UMP.
Nous détenons là une opportunité historique pour changer la communauté
urbaine, souligner le primat du territoire et des citoyens. Nous jouons là la carte
de la responsabilité, n’est ce pas là la vrai noblesse de la politique.
Je vous remercie