éditorial : 1, 2, 3, soleil… · 2015. 5. 16. · -3-festival de cannes 2011 numéro 133 le stand...

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numéro 133 avril 2011 L’année 2011 s’annonce comme une année essentielle quant à notre histoire. Dans les événements de ce début d’année, souffle partout, le vent des révolutions. Comme l’effondrement du Mur de Berlin annonçait la fin des régimes de l’Est, les révoltes de Tunisie et d’Egypte annoncent la fin des idées reçues. La journée des Rencontres de la CST qui s’est tenue le 10 mars dernier à l’Espace Pierre Cardin a représenté un autre pas en avant pour notre association. Avec le passage au numé- rique des salles et les nouveaux problèmes que le maniement de ces technologies apporte, nous avons pu parler de qualité des projections et de respect de l’œuvre en conviant tous les acteurs de la chaîne cinématographique ; en premier lieu, les réalisateurs. Cédric Klapisch, que nous remercions encore chaleureusement pour sa prestation, est venu expliquer ses choix d’étalonnage, preuves – et donc projections d’extraits – à l’appui. Beaucoup de vraie pédagogie dans un discours très clair et bon enfant : ou comment expliquer que quelques points de magenta en plus ou en moins nous font passer d’une ambiance suggérant “Venise” en 2011 à une autre rappelant “Budapest” en 1950 ! Alain Besse et Rip Hampton O’Neil nous ont ensuite montré comment une projection plus ou moins bien réglée peut respecter ou dégrader une création ; message repris par l’auteur réalisateur Gérard Krawczyk pour qui le contrôle des salles reste une nécessité pour le respect de l’œuvre. Question : qui, mieux que la CST, a la légitimité, le savoir-faire et le talent pour opérer ces contrôles en respectant toute la chaîne de création et de diffusion du cinéma ? Nous avons pu en même temps, ce 10 mars, susciter le débat entre les créateurs de films, les distributeurs et les exploitants et avancer l’idée que le respect des normes cinématographiques a partie liée avec le droit moral des œuvres. L’enjeu est de taille car il implique que le cinéma n’est pas une marchandise comme une autre et que projeter un film en salle de cinéma, c’est montrer l’œuvre originale avec toute la responsabilité que cela implique. … Et la CST aussi va devoir, comme chaque année, exercer cette responsabilité de “montreur de films” en organisant et dirigeant l’ensemble des projections du Festival de Cannes, de la sélection officielle au Marché du Film. Cette prestigieuse responsabilité qu’exercent Pierre-William Glenn, Alain Besse et toute l’équipe de la CST représente une des originalités de notre association : si nous sommes légitimes à pouvoir contrôler les salles de cinéma pour les créateurs, les producteurs, les distributeurs, les exploitants et les spectateurs, c’est aussi parce que, chaque année à Cannes, nous assumons les plus belles projections du monde avec toute la passion nécessaire. Vous l’avez compris, ce numéro de La Lettre est aussi celui qui annonce les festivités cannoises, notre présence et votre présence au festival… Attention : 1, 2, 3, SOLEIL ! Pierre-William Glenn, président et Laurent Hébert, délégué général éditorial : 1, 2, 3, SOLEIL… www.cst.fr

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Page 1: éditorial : 1, 2, 3, SOLEIL… · 2015. 5. 16. · -3-Festival de Cannes 2011 numéro 133 Le stand de la CST Le stand de la CST est situé, comme à l’accoutumée, à l’Espace

n u m é r o 133 a v r i l 2 011

L’année 2011 s’annonce comme une année essentielle quant à notre histoire. Dans les événements de ce début d’année, souffle partout, le vent des révolutions. Comme l’effondrementdu Mur de Berlin annonçait la fin des régimes de l’Est, les révoltes de Tunisie et d’Egypteannoncent la fin des idées reçues.

La journée des Rencontres de la CST qui s’est tenue le 10 mars dernier à l’Espace PierreCardin a représenté un autre pas en avant pour notre association. Avec le passage au numé-rique des salles et les nouveaux problèmes que le maniement de ces technologies apporte,nous avons pu parler de qualité des projections et de respect de l’œuvre en conviant tous lesacteurs de la chaîne cinématographique ; en premier lieu, les réalisateurs. Cédric Klapisch, que nous remercions encore chaleureusement pour sa prestation, est venu expliquer ses choixd’étalonnage, preuves – et donc projections d’extraits – à l’appui. Beaucoup de vraie pédagogiedans un discours très clair et bon enfant : ou comment expliquer que quelques points de magenta en plus ou en moins nous font passer d’une ambiance suggérant “Venise” en2011 à une autre rappelant “Budapest” en 1950 ! Alain Besse et Rip Hampton O’Neil nous ontensuite montré comment une projection plus ou moins bien réglée peut respecter ou dégraderune création ; message repris par l’auteur réalisateur Gérard Krawczyk pour qui le contrôle dessalles reste une nécessité pour le respect de l’œuvre. Question : qui, mieux que la CST, a lalégitimité, le savoir-faire et le talent pour opérer ces contrôles en respectant toute la chaîne decréation et de diffusion du cinéma ?

Nous avons pu en même temps, ce 10 mars, susciter le débat entre les créateurs de films,les distributeurs et les exploitants et avancer l’idée que le respect des normes cinématographiquesa partie liée avec le droit moral des œuvres. L’enjeu est de taille car il implique que le cinéman’est pas une marchandise comme une autre et que projeter un film en salle de cinéma, c’estmontrer l’œuvre originale avec toute la responsabilité que cela implique.

… Et la CST aussi va devoir, comme chaque année, exercer cette responsabilité de “montreur de films” en organisant et dirigeant l’ensemble des projections du Festival deCannes, de la sélection officielle au Marché du Film. Cette prestigieuse responsabilité qu’exercent Pierre-William Glenn, Alain Besse et toute l’équipe de la CST représente une desoriginalités de notre association : si nous sommes légitimes à pouvoir contrôler les salles decinéma pour les créateurs, les producteurs, les distributeurs, les exploitants et les spectateurs,c’est aussi parce que, chaque année à Cannes, nous assumons les plus belles projections dumonde avec toute la passion nécessaire.

Vous l’avez compris, ce numéro de La Lettre est aussi celui qui annonce les festivités cannoises, notre présence et votre présence au festival… Attention : 1, 2, 3, SOLEIL !

Pierre-William Glenn, présidentet Laurent Hébert, délégué général

éditorial : 1, 2, 3, SOLEIL…

w w w . c s t . f r

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COMMISSION SUPÉRIEURE TECHNIQUE DE L’IMAGE ET DU SON22-24, avenue de Saint-Ouen 75018 Paris - Téléphone : 01 53 04 44 00Fax : 01 53 04 44 10 - Mail : [email protected] - Internet : www.cst.fr

Directeur de la publication LAURENT HÉBERT - Secrétaire de rédaction VALÉRIE SEINEComité de rédaction LAURENT HÉBERT - Ce numéro a été coordonné par CHRISTELLEHERMET avec la collaboration de STÉPHANE BEDIN, FABIENNE BERTAULT, ALAINBESSE, MARC BOURHIS, DOMINIQUE BLOCH, DORIS COFFINET, PIERRE-WILLIAM GLENN, RIP HAMPTON O’NEIL, LAURENT HÉBERT, LUC HÉRIPRET,ALAIN JANUS, PETER KIRKPATRICK, STÉPHANE LANDFRIED, HANS-NIKOLASLOCHER, MICHEL MIRABELLA, DOMINIQUE SCHMIT, ALAIN SURMULET, ERICVAUCHER - La Lettre Numéro 133 : Maquette, impression AGENCE C3 - Siret38474155900056 - Dépôt légal AVRIL 2011

SOMMAIREFestival de Cannes 2011Cannes pratique page 3Cannes astuces page 4Le Prix Vulcain de l’Artiste Technicien page 5Les rendez-vous de la CST à Cannes page 6

5e Journée des Techniquesde l’Exploitation et de la Distribution10 mars 2011 page 7Le Guide technique de la cabine numériqueen anglais page 13

Actualités CSTFestival du Film Français de Richmond (Virginie)Du 24 au 27 mars 2011Quand deux êtres s’unissent… page 14On dirait le Sud… page 14Pieds nus sur les limaces page 16Evolution du métier de projectionniste :un avenir inconnu page 16Assemblée générale de la Ficam page 17CinemaCon 2011 - Las VegasLe Congrès de la Fédération américainedes exploitants page 19

Comptes rendus des DépartementsDépartement Imagerie Numérique etMultimédia - Réunion du 29 mars 2011 page 21Département Exploitation-Salles et Distribution - Réunion du 24 février 2011 page 22Département Production-RéalisationRéunion du 17 mars 2011 page 23Département Laboratoires et Postproduction ImageRéunion du 17 mars 2011 page 24

L’oeil était dans la salle et regardait l’écranSi on ne grossissait pas la forme du trait… page 25

agendaDu 11 au 22 mai - Cannes 64e Festival de CannesPalais des Festivalswww.festival-cannes.com

Du 11 au 22 mai - CannesMarché du FilmPalais des Festivalswww.marchedufilm.com

Du 24 au 26 maiLa Plaine Saint-DenisDimension 3 ExpoForum International de l’image3D reliefwww.dimension3-expo.com

Du 6 au 11 juin - Annecy51e Festival Internationaldu Film d’Animationwww.annecy.org

Du 8 au 10 juin - AnnecyMarché Internationaldu Film d’Animationwww.annecy.org

Du 15 au 25 juin - Seine Saint-DenisPantin20e Côté Courtwww.cotecourt.org

Du 15 au 19 juin - Cabourg25e Festival du Filmwww.festivalcabourg.com

Le 29 juin - ParisAssemblée généralede la CSTEspace Pierre Cardinwww.cst.fr

Du 1er au 10 juillet - La Rochelle39e Festival Internationaldu Filmwww.festivalarochelle.org

La Lettre N°134paraîtra en juillet 2011

L’assemblée générale de la CST aura lieu le 29 juin 2011

à l’Espace Pierre Cardin - Paris 8e

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n u m é r o 133Festival de Cannes 2011

Le stand de la CST

Le stand de la CST est situé,comme à l’accoutumée, à l’EspacePantiero, face au vieux port deCannes (Stand n° 204). Nous vousy accueillerons tous les jours, de 9 h 00 à 18 h 30 sans interruption.Vos contacts sur le stand : DorisCoffinet et Christelle Hermet Tél. : 06 84 91 84 52.

Les accréditations

Les festivaliers, accrédités parl’intermédiaire de la CST, doivent, àleur arrivée, retirer leur badge (ouaccréditation) au bureau des accré-ditations, situé entre l’Office du tourisme et l’entrée principale duPalais. Vous devez obligatoirement

vous munir d’une pièce d’identité etde votre confirmation d’accréditation,reçue par email.Pour toute autre question avant ledébut du festival, n’hésitez pas àcontacter, à la CST, Valérie Seine,par téléphone au 01 53 04 44 06 oupar email à l’adresse suivante :[email protected]

Les places pour les filmsen compétition officielle

Les films en compétition officiellesont projetés au Grand ThéâtreLumière. Ces projections sontaccessibles sur invitation et sur présentation de votre badge. Laprocédure de réservation des invitations reste inchangée : laréservation de ces invitations se faitauprès de Doris, sur notre stand de 9h30 à 13h00. Comme l’annéedernière, le retrait de ces invitationsest totalement géré par le festival.Vous devrez les récupérer, à l’aide devotre badge, auprès des hôtesses

du festival qui sont à votre disposi-tion aux points de distributiondédiés, à l’intérieur du Palais desFestivals (accès sur badge) : Niveau01, allée 11, stand 12 et Niveau 0,Hall Méditerranée. Nous attironsvotre attention sur le fait qu‘il estimpératif de respecter les délais deréservation et de retrait (voir tableauci-dessous).Nous vous rappelons que nous attribuons les places disponibles enpriorité à nos adhérents actifs, àjour de leur cotisation. Soulignonsqu’il est toujours plus facile d’obtenirdes places pour les séances de lajournée que pour celles du soir.Nous disposons d’un nombre deplaces extrêmement limité pour lasoirée d’ouverture et de clôture. Lanotion d’accompagnant n’existantplus, nous ne pouvons par consé-quent délivrer qu’une seule invitationpar personne accréditée.

D’autres rappels utiles

Le Festival de Cannes ne selimite pas aux films en compétitionofficielle. Il propose parallèlementbien d’autres sélections, par exemple“Un Certain Regard”, qui sontaccessibles sans invitation particu-

Festival de Cannes 2011

Cannes pratique

La 64e édition du Festival de Cannes se déroulera du 11 au 22 mai prochain.Voici quelques informations pratiques pour faciliter votre séjour !

Réservation Séance Officielle Retrait aux Stand CST points Festival

La veille Séance 8 h 30 La veille avant 16 h 30La veille Séance 11 h 00 La veille avant 16 h 30La veille Séance 19 h 00 Le jour même avant 15 h 30La veille Séance 22 h 00 Le jour même avant 15 h 30La veille Séance 0 h 00 Le jour même avant 15 h 30

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lière, sur simple présentation dubadge / accréditation. Voici un brefrécapitulatif des conditions généralesd’accès aux séances :

File d’attentede dernière minute

Pour les séances des films de la sélection officielle, organisées auGrand Théâtre Lumière, il existe unefile d’attente de dernière minute quipeut vous permettre d’assister à laprojection, même si vous n’avez paspu obtenir d’invitation. Le principeen est simple : les spectateursmunis d’invitation entrent, bien sûr,prioritairement. Quelques minutes

avant l’arrivée de l’équipe et enfonction du nombre de places restées disponibles dans la salle, lesspectateurs accrédités et présents

dans cette file d’attente sont invitésà occuper les sièges libres… Sivous empruntez cette file d’attentepour des séances de gala, la tenue

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n u m é r o 133 Festival de Cannes 2011

Sélections et programmes Salle Conditions d’accès

Compétition Grand Théâtre Lumière InvitationHors Compétition Grand Théâtre Lumière InvitationHors Compétition Salle du Soixantième BadgeSéances du lendemain(reprise des films de la Compétion Salle du Soixantième Badgeet Hors Compétition)

Séances Spéciales et Hommages Salle du Soixantième BadgeUn Certain Regard, Hommages,Court Métrage en Compétition Debussy Badgeet Leçon de Cinéma (Parfois en Buñuel)Cannes Classics, Cinéfondation Buñuel Badgeet Leçon de CinémaCinéma de la Plage Plage Macé Accès libreShort Film Corner Palais, Niveau 0 Badge

Plan d’accès aux Marches

CANNES ASTUCES…

SéjourPour préparer votre séjour ou pour des informations générales sur la ville deCannes merci de consulter le site de l’office du tourisme : www.cannes.travel/spip.php?rubrique8&rub=8&lang=fr

Navette Cannes/NiceLa ligne express 210 (Bus Rapides Côte d’Azur) assure la liaison entre l’aéroportde Nice (Terminal 1) et Cannes en 45 minutes.- Horaires Cannes/Nice : premier départ de Cannes (gare routière, à côté de l’Hôtelde Ville) à 7 h puis un départ toutes les demi-heures de 8 h à 18 h. Dernier départ : 19 h.- Horaires Nice/Cannes : premier départ du Terminal 1 de l’Aéroport à 8 h puis undépart toutes les demi-heures de 9 h à 19 h.Dernier départ de l’aéroport : 20 h.Tarifs trajet simple : 15,60 €Temps de parcours moyen (soumis aux aléas de la circulation) : 45 min Pour tout renseignement complémentaire : http://www.rca.tm.fr/

TaxisAllô Taxi Cannes : + 33 (0) 890 712 227 - Tarif aéroport vers Cannes : environ 80 €

Plus de renseignementsDes Points info signalés par un “I” jaune, sont situés à différents endroits de lazone Festival. Des hôtesses y aident les festivaliers à s’orienter et les accueillentpour tout renseignement.

Retrait du sacAu bas du document Accès aux projections (donné au moment du retrait de votrebadge), un coupon détachable vous permet de retirer votre sac “Festival” ou“Marché” (selon votre type d’accréditation) aux comptoirs situés face aux banques d’accréditation. Ce sac contient les publications officielles.

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de soirée est de rigueur. En effet,placée à gauche des “Marches”,(repère 5 sur le plan), cette file permet à ses spectateurs de monter,comme les autres, les marches rouges (voir plan).En 2010, près de 4 000 personnesont pu ainsi assister sans invitation(mais sur présentation du badge !)aux séances de la sélection officielle.

Les événements de la CST

Chaque jour, la CST avec sespartenaires organise “Les Rendez-Vous de la CST”. Beaucoup de nospartenaires historiques seront présents sur notre stand à Cannes. Ces “Rendez-vous de la CST” sontaccessibles sur invitations qui sontà retirer, sur notre stand, auprès deDoris ou de Christelle.Notre bar sera à votre dispositionde 10 h 00 à 18 h 00. Vous y trouverez boissons fraîches et chaudes. L’accès est réservé à nosmembres à jour de leur cotisation età nos partenaires.

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Le Prix Vulcainde l’Artiste Technicien 2011

L e Prix Vulcain de l’Artiste Technicienrécompense un technicien pour sontravail de collaboration de création à

une oeuvre cinématographique. Décerné par un jury spécial désignépar la CST, il fait partie intégrante du palmarès du Festival de Canneset est remis au lauréat lors d’une soirée spéciale après le festival.

COMPOSITION DU JURY 2011

Présidente :Françoise Kirkpatrick(présidente et fondatrice du Festival du Film Français de Richmond)

Membres du Jury :Martine Baldacchino (assistante opératrice),Gérard Camy (président de l’association Cannes Cinéma), Gérard Cerf (projectionniste),Olivier Chiavassa (consultant), Eponine Momenceau (étudiante à La fémis section Image).

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Partenaire Date Programme

THALES ANGÉNIEUX Jeudi 12 mai Cocktail à partir de midi.Présentation du nouvelOptimo 45 - 120.

ECLAIR Vendredi 13 mai Cocktail à partir de midi.

CHRISTIE Vendredi 13 mai Cocktail communDOREMI à partir de 18 h 00

KODAK Samedi 14 mai Cocktail à partir de midi.

PANAVISION Dimanche 15 mai Journée Panavision de 9 h 30 à 17 h 00 : nouvelles méthodes detournage. Présentation de la nouvelle activitéd’éclairage Panalux.Cocktail à partir de midi.

DIGIMAGE Lundi 16 mai Cocktail à partir de midi.

SONY Mardi 17 mai Journée Sony de 9 h 30 à 17 h 00 : présentation du nouveau caméscope 35 mm et del’offre Digital Cinéma 4K.Cocktail à partir de midi.

FUJIFILM Mercredi 18 mai Cocktail à partir de midi..

GDC Jeudi 19 mai Cocktail à partir de midi.

BARCO Vendredi 20 mai Cocktail à partir de midi.

Les rendez-vous de la CST à Cannes

Nous remercions tous nos partenaires : Barco, Christie, Digimage Cinéma, Doremi Cinema, Eclair, Fujifilm, Kodak,Panavision, Sony et Thales Angénieux. Les partenaires et les adhérents de la CST sont invités à ces rendez-vouset peuvent retirer leur carton au stand de la CST.

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Evolution du contrôledes salles

Pierre-William Glenn, présidentde la CST, rappelle, en introduction,que l’original d’un film n’existe quelors de sa projection sur grandécran dans une salle de cinéma.Tous les autres supports doivent seréférer à cette excellence. Le cinémanumérique va constituer un énormepas en avant pour les réalisateurs etles collaborateurs de création maisseulement au prix d’un contrôletechnique dont l’absence signifieraitpresque à coup sûr une régression.Ecoutons-le : « Nous sommesdépositaires, – techniciens, réalisateurs,

producteurs, distributeurs, exploitants –d’une oeuvre qui doit être respectée,telle qu’elle a été voulue par sesauteurs et co-auteurs. Soyons sûrsque lesdites nouvelles technologiessignifieraient une perte de contrôledes créateurs, si nous ne veillonspas sur ces principes, si nous ne lescadrons pas par des normespartagées par tous. » Face au dangerde la dérèglementation dans cettepériode d’installation rapide, ilsouhaite que cette rencontresouligne la nécessaire cohésion detous les acteurs du film pour quecelui-ci parvienne au spectateurdans sa version originale et que laCST reste le garant de cette

solidarité interprofessionnelle. Abordantle sujet de l’évolution du contrôledes salles, il passe ensuite la paroleà Lionel Bertinet, directeur adjointdu cinéma en charge du cinémanumérique au CNC. Celui-ci présenteles grandes lignes de la réforme dudispositif actuel. Ce contrôle était,jusqu’à maintenant, inscrit dans laDécision Réglementaire N°12.Celle-ci présenterait, selon lui, deréelles faiblesses sur le planjuridique : le monopole de la CSTnotamment pourrait être considéréen cas de litige comme illégal. Cetexte a, en outre, l’inconvénient de ne faire référence qu’aux carac-téristiques dimensionnelles dessalles sans s’intéresser aux conditionsde projection. Dans un cadre globalde réforme du Code du cinéma, leCNC a refondu ce dispositif. Cenouveau Code du cinéma fondedans la loi l’autorisation d’exercicedes exploitants. On parle désormaisd’”homologation”. C’est le décretparu en Conseil d’Etat fin février quien définit les grands principes. Cedécret fait référence à une décisiondu Président du CNC, actuellementen cours de rédaction, qui seraprochainement transmise, pour avis,aux professionnels concernés.C’est cette décision qui définiraconcrètement les modalités de contrôle. Elle s’appuiera vraisem-blablement sur la norme AFNOR NF S 27-001 relative aux caractéris-tiques dimensionnelles des sallesde cinéma d’une part et intègrera,

5e Journée des Techniques de l’Exploitation et de laDistribution - 10 mars 2011

La cinquième édition de la Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution s’est tenue le 10 mars dernier, à l’Espace Pierre Cardin. Cet événement, pour lequel nous avons eu le plaisir d’accueillir plus de 400 participants, était consacré, cette année, à la qualité de diffusion en salle.

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n u m é r o 1335e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution

De gauche à droite : Lionel Bertinet, Richard Patry, Victor Hadida, Anne Pouliquen,Pierre-William Glenn et Laurent Hébert

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n u m é r o 133 5e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution

d’autre part, le respect des condi-tions de projection. Cette interven-tion du CNC suscitera, biennaturellement, le débat tout au longde cette journée.La FNCF, la FNDF et DIRE ontensuite été invités à ouvrir notrerencontre. Richard Patry, présidentadjoint de la FNCF, commence parfaire le point sur l’évolution de laprojection numérique depuis un an.Sur le plan législatif, la France a étéle premier pays au monde à voterune loi qui institue la contributionobligatoire des distributeurs au passage à la projection numérique :ce sont les fameux “VPF”.Parallèlement, le CNC a mis enplace une aide sélective à la numéri-sation pour les plus petites exploita-tions. Les régions aussi se sontfortement impliquées : 22 d’entreelles ont voté ou sont sur le pointde voter des dispositifs d’accompa-gnement financier, ce qui devraitpermettre pour beaucoup d’ex-ploitants de finaliser leur plan definancement. Du côté des salles, lenombre d’installations numériques acontinué à progresser à un rythmetrès soutenu. Avec plus de 1 000salles équipées en seulement 12mois, nous avons aujourd’huidépassé les 2 100 salles équipéessoit près du 40% du parc français.Richard Patry a ensuite rappeléque, pour aider les salles à bienpenser leur installation et à faire ensorte d’offrir une qualité optimaleaux spectateurs, la FNCF et la CSTont conjointement édité Le Guidetechnique de la cabine de cinémanumérique, envoyé, l’été dernier, àl’ensemble des salles de France etaujourd’hui traduit en anglais.Pour ce qui est de la distribution, lenombre de films disponibles ennumérique continue, lui aussi,d’augmenter : 84 films sont sortisen numérique en 2009, 123 en 2010et, au moins, 300 le seront en 2011.Le nombre de films en relief aug-mente lui aussi avec 16 films en 3Den 2009, 24 en 2010 et au moins 35films annoncés en 2011. Même si

la 3D, qui a été le véritabledéclencheur du déploiement, a déjàmontré quelques signes d’essouf-flement. Une nouvelle fois dansl’histoire du cinéma, les spectateurssemblent refuser la “3D gadget”: ilssouhaitent voir des oeuvres, pen-sées dès leur conception, pour la3D et avoir la possibilité du choixentre les deux versions au sein d’unmême cinéma : 3D mais aussi 2D.L’année qui s’est écoulée nous aaussi donné l’occasion d’acquérirune expérience grandeur naturedans les cabines numériques de nossalles et nous a montré que la co-existence du 35 mm à côté dunumérique n’est pas chose facile.De nouvelles difficultés techniqueset opérationnelles sont ainsiapparues. La gestion quotidiennedes DCP et des KDM, la circulationdes copies, la maintenance, le suividans le temps de la qualité de l’imageet du son, la qualité des installa-tions, l’adaptation des TMS, lesniveaux sonores, la formation, lesinnovations telles que la prochainearrivée du 4K ou des sourceslumineuses au laser sont des enjeuxmajeurs pour nos métiers ! RichardPatry rappelle qu’il est, plus quejamais, nécessaire de faire en sorteque chacun des maillons de lachaîne de fabrication et de diffusion

des films - les distributeurs, les laboratoires, les transporteursmatérialisés ou dématérialisés, lesinstallateurs, les techniciens, etc -travaillent ensemble pour mener àbien ces différents chantiers ! Il conclut ainsi : « La salle de cinémadoit rester cet écrin, ce lieu uniquequi voit naître le premier contact dufilm avec son public. Attention de nepas sacrifier la qualité qui doit resternotre préoccupation majeure afinque l’expérience cinématographiquereste unique et irremplaçable ! ». Victor Hadida, président de laFNDF, prend ensuite la parole. Pourlui, la salle doit rester à l’avant-garde. Au moment où la télévisiondevient numérique, la salle doit pro-poser des conditions de projectionoptimales et de qualité constante.Le numérique doit permettre desauvegarder la diversité. Fin 2012,la plupart des sites serontnumérisés. Les distributeurs ontcette même exigence de qualité carils représentent les auteurs. « Il fautêtre exigeant sur les supports, lesfichiers numériques doivent êtreirréprochables ». Anne Pouliquen, déléguée généralede DIRE, s’est montrée aussi trèsattachée à la qualité de la projectionet “interloquée par le récent décretsur l’homologation”.

De gauche à droite : Raymond Terrentin, Cédric Klapisch et Thierry Beaumel

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n u m é r o 1335e Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution

L’importance de bonsréglages pour biendiffuser les films

En pleine promotion et à unesemaine de la sortie de Ma part dugâteau, Cédric Klapisch nous a faitl’honneur d’être présent, pour cettepremière table ronde. Accompagnéde son étalonneur RaymondTerrentin et de Thierry Beaumeldes Laboratoires Eclair, il est venudémontrer en images la nécessitéde respecter les choix artistiques engarantissant la qualité de diffusiondes oeuvres. Sont présentés aupublic des extraits de son film, pro-jetés en alternance avec de bons oude mauvais réglages, afin d’illustrerla possible altération de la qualité, lagêne induite et la perte de sensartistique. L’exercice est éloquent :nous pouvons tous constater quecertains détails disparaissent, chan-geant ainsi le sens de la scène ouaffaiblissant l’émotion souhaitée parle metteur en scène. Il est clair quela chaîne de diffusion doit être cor-rectement calibrée afin de retrouvertoute la finesse des intentions artis-tiques. Le réglage du brûleur, l’uni-formité d’éclairement, les réglagesde colorimétrie sont essentiels pourassurer une projection dans l’optimi-sation des paramètres du projec-teur. Tout le monde est d’accordpour dire que les réglages d’usinene suffisent pas ! Pour CédricKlapisch qui fait “des films depuisplus de vingt ans, le parc de salles afait d’énormes progrès”. Pourtantdemeure pour lui un vrai problèmesur le niveau sonore de passagedes films en salles, souvent très lar-gement inférieur à celui souhaité parles auteurs. « En dehors du son, il ya de moins en moins de problèmes.Nous sommes pourtant souvent per-çus comme des ennemis par les sal-les alors que c’est tout le contraire.Un mixeur ou un chef opérateur nesont pas les ennemis d’un projection-niste car tout le monde travaille avecle même objectif : la qualité ».

Richard Patry modère : « Toutexploitant cherche à se rapprocherau plus près de la volonté des réali-sateurs. Mais il faut aussi être rai-sonnable dans les deux sens. Lapériode de transition étant un vérita-ble cauchemar pour l’ensemble dela chaîne, nous avons collective-ment pris le parti d’aller vite pour laphase de déploiement. Avec unrythme de trois salles installées cha-que jour, on comprend vite qu’il estimpossible de peaufiner les régla-ges. L’enjeu va être à présent defaire revenir les installateurs afinqu’ils terminent correctement leurtravail. Laissez-nous un tout petitpeu de temps ! ».

La chaîne de diffusionà l’ère numérique

La table ronde suivante(“Solidarité de la chaîne de qualitédes oeuvres – Quand la techniquerencontre le droit moral”) réunitGérard Krawczyk (réalisateur),Tommaso Vergallo (représentant delaboratoire Digimage), Martin Bidou(distributeur - Haut et Court), AndréLabbouz (directeur technique de lasociété de distribution Gaumont) etRichard Patry (représentant de l’ex-ploitation), animée par Laurent

Hébert (délégué général de la CST).Pour Tommaso Vergallo, un labora-toire doit, comme les autres mail-lons de la chaîne, être au service del’oeuvre. Mais, il souligne que bienévidemment, il est nécessaire, pourobtenir un certain niveau de qualité,de faire en sorte que cette exigencesoit également présente lors du tra-vail en amont. L’idéal est bienentendu d’avoir affaire à une chaînecomplète globalement bien calibrée.Il rappelle, par ailleurs, qu’actuelle-ment, l’accroissement du nombredes possibilités a pour effet perni-cieux de multiplier de la part desproductions les demandes de plusen plus tardives de modifications cequi rallonge considérablement lesdélais de finalisation des oeuvres.André Labbouz, directeur technique

de la société de distributionGaumont souligne que, s’il y a com-bat à mener, celui-ci ne doit pas êtredirigé contre l’exploitation. Encontact permanent avec les salles, iltémoigne de son expérience et dubon niveau qualitatif global. La muta-tion est rapide, les deux systèmescoexistent et des besoins de forma-tion se font sentir mais cettepériode de transition obligatoire doitdonner lieu à encore plus de com-

De gauche à droite : Tommaso Vergallo, Laurent Hébert et Gérard Krawczyk

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munication et de travail en commun.Pour Martin Bidou (distributeur maisaussi exploitant), « Les débuts del’exploitation 100% numérique surcertains cinémas ont fait passer uncap à bon nombre de distributeurs.Désormais, nous avons toujoursaccès à un DCP sur les films étran-gers : les vendeurs nous en livrentun systématiquement, c’est entrédans les moeurs. /.../ Notre préoc-cupation aujourd’hui porte davantagesur l’optimisation du nombre de disques durs en fonction du nombrede salles ». Laurent Hébert rappelleà tous que la CST reste l’interlocu-teur privilégié des exploitants. Il souligne que la CST est à leur disposition pour réaliser l’expertisede leur installation, afin de garantiraux spectateurs mais aussi à l’ensemble de la chaîne la qualité dediffusion des oeuvres et ainsi le respect de leur intégrité. Seulecette exigence qualitative permettraà la salle de cinéma de rester ce lieuunique, cet espace privilégié oùl’oeuvre existe dans des conditionsd’excellence. Pour Richard Patry, ilest possible aujourd’hui de faire un pari sur l’avenir. L’exploitationfrançaise est tout entière engagéesur la voie de la qualité. Le numériquerenforce encore cette démarche : ilimpose des changements qui vontdans ce sens, comme par exemplela généralisation du contrat d’entre-tien dans les cabines, rendu quasi-ment obligatoire. Il souligne trèsclairement que les exploitants ont

effectivement intérêt à faire appel àla CST pour contrôler leur salle, unefois leur installation numériqueachevée. Si, dans le cadre de laredéfinition du dispositif de contrôledes salles, la CST en perd le mono-pole, elle n’en demeurera pasmoins, de par son expérience, laplus experte à le réaliser concrète-ment. De fait, elle restera un acteurimportant de la filière, et, pour lessalles, le garant de la qualité de leurprojection. Quant à la question del’évolution du contrôle des salles, ilfaut rappeler qu’il y aura toujoursdes contrôles aléatoires avec d’ailleurs un risque plus grand pourles salles puisqu’elles pourront yperdre leur homologation si les critères définis dans la Décision duPrésident du CNC ne sont plus respectés.La question du son et des niveauxsonores a été aussi un des thèmesimportants abordés durant ce débat.Les exploitants expliquent qu’ilssont en première ligne face au public qui demande de baisser levolume. Cédric Klapisch et GérardKrawczyk rappellent qu’ils travaillenten respectant la norme et qu’ils nesur-mixent pas. Pour Alain Besse(CST), il y a un gros travail à fairesur les chaînes sonores des salleset sur l’adéquation entre le volumedes salles, la puissance des ampliset celles des haut-parleurs. Les professionnels ont entamé uneréflexion sur la gestion des niveauxsonores dans une filière qui ne serabientôt plus que numérique et oùdes garde-fous, qui étaient liés au35 mm, vont disparaître ou pouvoirêtre contournés. Il est proposé des’inspirer du travail, réalisé trèsrécemment en télévision sur l’énergie sonore. Cette normalisationdevra se faire conjointement à ladéfinition de moyens de contrôleafin de pouvoir vérifier systéma-tiquement que les niveaux sont bienrespectés. Ecoutons GérardKrawczyk : « Tous les films sont différents et ne s’écoutent pas aumême niveau. Il faut établir un

standard commun pour la salle afinque celle-ci puisse continuer à bienprésenter les films. Elle est le seulendroit où l’oeuvre est originale, oùcelle-ci est présentée dans touteson intégrité. Je suis très optimistesur l’avenir : il faut prendre un pari etprofiter du numérique pour tirer laqualité vers le haut. J’observe qu’il ya un problème de moyens et unmanque de formation ». Depuis lasalle, l’un des consultants Dolby,Francis Perreard, confirme que lesproblèmes de son rencontrés proviennent essentiellement dutraitement acoustique des salles,souvent inexistant ou de mauvaisequalité. Le budget acoustique doitexister lors de la création des cinémas et il faut faire coexister ce travail avec celui des architectes etdécorateurs, alors que les logiquessont souvent en opposition. « Lepassage au numérique devrait êtrejustement l’occasion de prendreenfin conscience du problème ». Enconclusion, soulignons qu’il esturgent de travailler collectivementpour trouver une position consen-suelle interprofessionnelle. Faute dequoi, le risque est grand de voirapparaître dans les salles, commeen Italie par exemple, des limiteurs,imposés par des politiques pour desraisons de santé publique !

L’annuaire des certificatspublics ARCENe

L’après-midi s’est ouverte sur laprésentation par Raphaël Ceriez(CNC) et Hans-Nikolas Locher(CST) de la base de donnéesARCENe (Application deRecensement des Certificats desEquipements Numériques de projection). L’objectif est de recen-ser, d’une manière exhaustive,sécurisée et en temps réel, l’en-semble des certificats des équipe-ments numériques de projection installés dans les salles de cinématitulaires d’une autorisation d’exer-cice du CNC. En ligne depuis octo-bre dernier, cet outil, développé

André Labbouz

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avec l’assistance de la CST, est,jusque courant avril, en phase detest au sein de trois entreprisesvolontaires : UGC, CGR et NoéCinémas. Les participants ont pudécouvrir tout le processus et lesinterfaces d’utilisation de cette basequi devrait être opérationnelle dès lafin des tests. Le principe en est simple : l’installateur renseigne labase, l’exploitant valide l’information.Au fur et à mesure des besoins enKDM, le laboratoire sollicite l’annuaireconstitué, mis à jour régulièrement.

Présentation de l’étudeprospective sur lesmétiers

Agathe de Foucher (FNCF) estvenue présenter l’étude prospectivesur les métiers actuellement en coursde réalisation. Elle commence par unrappel global du système de formationen France. Le budget de formationde la branche est de 400 000 eurospar an. En 2010, 530 formations ontainsi été financées. A cela s’ajoutent530 000 euros correspondant auplan de professionnalisation, destinéà des formations au long cours.C’estla Commission Paritaire Nationalepour l’Emploi et la Formation(CPNEF) qui décide du plan de formation au niveau de la branche.Le Conseil de gestion pour l’exploita-tion et la distribution gère le budget.

La CPNEF a mis en place un obser-vatoire qui a décidé de procéder àune étude prospective sur lesmétiers de l’exploitation et de la dis-tribution. Il s’agit de créer des outilspertinents pour accompagner lesentreprises dans la mutation actuelle.Cette étude doit porter sur tous lesmétiers de la salle : la cabine maisaussi le hall, la maintenance, la com-mercialisation, etc. Deux cabinetsindépendants, déjà responsables del’étude commandée par la Ficam,ont été retenus au terme d’un appeld’offres paritaire. Lancée fin octobre,l’étude comprend trois étapes : uneidentification des facteurs d’évolu-tion et des métiers concernés, unfocus sur les métiers les plus forte-ment impactés et la définition d’unplan d’action au niveau individuel, auniveau de l’entreprise, et de la branche. Une centaine de personnesont d’ores et déjà été sollicitées partéléphone ou sur le terrain : cabine,hall, directeurs, exploitants (petite,moyenne, grande exploitation, éta-blissements art et essai). Les éléments seront présentés en mai àl’Observatoire. Celui-ci décideraalors de leur publicité. Cette étudedoit aboutir à une réflexion de fondsur les offres de formation et, par lasuite, à une évolution globale de lapolitique de formation du secteur.

La fabrication des DCP

La dernière partie de l’après-midiétait tout entière consacrée aux der-nières innovations techniques del’image et du son. Jean-PierreBoiget (Scanlab) a fait un point surla fabrication des DCP. Aujourd’hui,90 à 95% des films sont postpro-duits en numérique 2K en France.Ainsi, pour les copies 35, on partdésormais du shoot direct du 2Kpour faire un internégatif à partirduquel sont tirées les copies positi-ves. La qualité des copies 35 mms’en trouve améliorée, car on éco-nomise deux générations de report.La postproduction 4K est moins

courante car plus chère : les mêmesméthodes sont appliquées (scan,étalonnage, conformation) mais lapuissance des systèmes est démul-tipliée. Sur certains films, le DCPest fait à partir d’un master HD pourdes raisons de coût. Jean-PierreBoiget insiste : « Si les élémentssource sont de mauvaise qualité, ilne faut pas demander au laboratoiredes miracles : réussir à faire unDCP ne signifie pas qu’il sera obliga-toirement de bonne qualité. » Quelssont les pièges à éviter lors de lacréation d’un DCP ? Il faut, avanttout, choisir un prestataire qui garan-tit un certain niveau de qualité. Il fautensuite vérifier le DCP, même sicelui-ci est à la norme, sur différentesmarques de serveurs. Les profes-sionnels présents rappellent leurinquiétude quant à l’arrivée probablede nouveaux prestataires de taillemodeste n’ayant ni l’expérience, niles compétences nécessaires. Parailleurs, on constate qu’actuellementcirculent certains DCP ayant despoids informatiques très inférieurs àceux attendus. Rip Hampton O’Neil(CST) précise que ces différencespeuvent être dues à bien des para-mètres (type d’encodeurs, typed’images encodées…) et qu’elles nesont pas le signe, forcément, d’unproblème de qualité.

Le 4K

Pierre-Franck Neveu (Sony)prend ensuite la parole pour faire lepoint sur les avancées sur cettenouvelle évolution technique. Il rap-pelle qu’il n’existe que deux ser-veurs capables de lire du 4Kaujourd’hui : Sony et Doremi. En ter-mes de captation, Sony présenteraau prochain NAB une caméra full 4K(20 millions de pixels !). Sur la ques-tion du 4K par Texas Instruments,Rip Hampton O’Neil rappelle queles projecteurs munis d’une puce0,98’’ ne sont, pour l’instant, pas évolutifs 2K-4K. Seuls les projecteurssérie 2, munis d’une puce 1,2’’ peuvent évoluer en 4K.

Hans-Nikolas Locher et Raphaël Ceriez

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Les sources lumineusesau laser

Nous abordons ensuite le thèmedes sources lumineuses laser. Lessociétés Sony et Kodak ont, eneffet, annoncé qu’elles travaillaientactuellement sur le développementde nouvelles technologies de cetype. Pierre-Franck Neveu expliqueque les problèmes de scintillementpropres au laser ont été réglés parle “Département semi-conduc-teurs” de Sony qui a créé un géné-rateur, réservé pour l’instant auxvidéoprojecteurs. Celui-ci est pourl’instant limité en puissance lumi-neuse (5000 lumens) mais les ingé-nieurs travaillent à son adaptation aucinéma numérique, en cumulant toutsimplement les générateurs. Encours de développement, cettesolution sera disponible en 2012-2013. Le système de projectionlaser de cinéma développé parKodak a d’ores et déjà été agréé parla FDA (Food and DrugAdministration) et peut, dès à pré-sent, être commercialisé pour lecinéma. Mais elle doit être encorecertifiée DCI pour que les fabricantsdéveloppent des projecteurs sur labase de cette nouvelle technologie.Le grand avantage de ces technolo-gies basées sur le laser est leurdurée de vie estimée entre 10 et 15 000 heures. Susceptible de rem-placer à terme les lampes au Xénon,elles auront sans nul doute une incidence certaine sur les coûtsd’exploitation tant en termes d’économie d’énergie, d’achat deconsommable que de calibrage etde maintenance des équipements.

Le sonLa dernière partie de la journée a

été consacrée aux évolutions queconnaît la reproduction du son avecla projection numérique. AlainBesse est le chef d’orchestre decette dernière table ronde. Pascal Chédeville (DMS) com-mence par un rappel historique inté-

ressant de l’évolution du réglagedes salles. Au temps du mono, onmettait simplement une enceinteacoustique unique derrière l’écran,avec une égalisation simple baséesur la courbe ISO 2969 type N(référence Voix du Théâtre deAltec).. Puis les laboratoires Dolby et Tom Holman ont mis au point la

courbe ISO X dans les années 1970afin de définir une similituded’écoute entre le studio de mixageet la salle de cinéma. Le réglage dessalles se faisait en utilisant un seulmicro et uniquement sur l’analyse d’un bruit rose en tiers d’octave. Dans les années 1980, avec la

démocratisation de l’ordinateur, ona développé l’analyse impulsionnellelors des réglages afin de prendre encompte les caractéristiques des sal-les (réflexion, réverbération). Arnaud Laborie (Trinnov) présenteensuite les travaux de sa société etles nouvelles méthodologies demesure que celle-ci a développées.

Avec le numérique, la chaîne Adevient parfaite alors que la chaîneB reste à adapter : les amplis, les fil-tres actifs, les haut-parleurs, l’archi-tecture de la salle et les matériauxutilisés jusqu’à l’écran perforé. Ilfaut prendre en compte l’ensemblede ces paramètres afin de régler au

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De gauche à droite : Boris Visonneau, Pascal Chédeville, Alain Besse, Dominique Schmit etArnaud Laborie

De gauche à droite : André Labbouz, Richard Patry, Tommaso Vergallo et Gérard Krawczyk

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mieux l’installation. Il faut considérerl’aspect fréquentiel mais aussi l’as-pect temporel de la méthodologiede mesure. On peut ainsi optimiserses filtres en fonction de la réponsedes haut-parleurs. L’offre Trinnovcomprend un processeur d’optimi-sation qui tient compte du type decontenus diffusés (film / hors film).Pour Dolby, Dominique Schmita parlé d’un nouveau processeur

son 100% cinéma numérique auxcompétences étendues qui viendracompléter l’offre Dolby actuelle.D’autres processeurs cinémanumérique ont été présentés : leprocesseur Orion commercialisépar DMS et le processeur AP20 deDatasat, commercialisé par R2-D1et présenté ici par Boris Visonneau.Les caractéristiques techniques detous ces équipements sont relative-ment proches : multiples connec-tiques, corrections différentes selonle type de contenus (film, opéra, jeuvidéo, événement sportif), intégra-tion aux TMS, prise en main à dis-tance, ergonomie, etc. Plusieurssociétés ont ensuite présenté dessystèmes de diffusion permettantl’augmentation du nombre decanaux sonores : Dolby a lancé, l’étédernier, le 7.1 pour la 3D et travailleactuellement sur des systèmes 11.1et 13.1. En plus des canaux actuels,

de nouveaux canaux seraient créés :des inter gauche et droite en hau-teur, un canal stéréo au plafond ainsique des coins arrière gauche etdroite comme en Imax. Dolby tra-vaille par ailleurs à la possibilité de réaliser un seul DCPcomprenant tous les canaux et lisible par toutes les installations.Actuellement, il y a en circulationautant de DCP que de versions(VO, VF, 2D, 3D, 5.1, 7.1…) : ToyStory 3, par exemple, a nécessitéde mettre en circulation 8 sortes deDCP différentes ce qui a constituéun véritable casse-tête pour son distributeur ! Deux sociétés ont ensuite présentédes systèmes multicanaux : IMMSound, une société espagnole qui adéveloppé un système pouvant allerjusqu’au 23.1, et WFS (Wave FieldSynthesis) qui travaille sur la virtua-lisation des sources sonores avecdes ondes planes. Déjà présenté

lors d’une réunion du départementSon de la CST au Théâtre duChâtelet et lors de la Semaine duSon 2011, ce système a été installérécemment au Palais des Congrèsd’Ajaccio. Il crée un champ acous-tique virtuel et permet d’étendre lazone d’écoute et d’améliorer l’intelli-gibilité des dialogues et la sensationd’immersion. Vers 19 h 00 et aprèsces exposés très denses, laCinquième Journée des Techniquesde l’Exploitation et de la Distributionest conclue par Pierre-William Glennet Laurent Hébert. Elle s’est ensuiteclôturée par la projection d’un courtmétrage, dernier opus d’un pro-gramme qui, égrainé tout au long decette rencontre, a ponctué avechumour les débats.

Christelle Hermet, CSTet Stéphane Landfried, FNCF

© Photos : Christophe Bousquet

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Lionel Bertinet et Richard Patry

LE GUIDE TECHNIQUE DE LA CABINE NUMÉRIQUEEN ANGLAIS

Après avoir été envoyé, l’été dernier, à l’ensemble des salles de France puis de nouveau distribué aux participants de la 5ème Journée des Techniques de l’Exploitation et de la Distribution, Le Guide technique de la cabine de cinéma numérique, coédité par la FNCF et la CST, connaît à présent une nouvelle diffusion à l’extérieur de nos frontières.Traduit en anglais par l’EDCF, il a été adressé par la FNCF à l’ensemble des fédérations d’exploitants adhérentes à l’UNIC, ce qui représente 18 pays essentiellement européens. Parallèlement, des exemplaires ont été distribuéslors de la plus grande convention d’exploitants au monde, CinemaCon, qui s’est tenue fin mars aux Etats-Unis. Dans le prolongement de cet événement, la fédération américaine (le NATO) l’a adressé par mail à l’ensemble de sesadhérents tandis que la FNCF l’a transmis à l’ensemble des installateurs américains présents à CinemaCon.Seul document de ce type publié à ce jour dans le monde, le Guide connaît un écho très positif auprès des exploitants. Rappelons que les versions françaises et anglaises du Guide sont toujours disponibles sur les sites internet de la FNCF et de la CST.

Stéphane LandfriedFédération Nationale des Cinémas Français

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D ans le cadre du Byrd, magni-fique théâtre cinématogra-phique, immuable bastion du

cinéma depuis 1928, le mois demars voit briller des regards éblouispar l’ingénuité des actrices, la naï-veté des acteurs, le courage desréalisateurs, l’engagement social oupolitique des auteurs. Car parler auxaméricains d’une cantine bio, del’histoire de la péninsule indochi-noise, de l’avenir des océans, ou dela mixité ethnographique françaisen’est pas une mince affaire. Alors,trois jours durant, les 1 400 fau-teuils du Byrd ont fait le plein, pourécouter les auteurs parler de leurvision du monde et du cinéma,

depuis Jacques Perrin ou Jean-PaulJaud jusqu’aux élèves de La fémisou de Louis-Lumière, et s’étonnerdevant Le nom des Gens, Océans,L’empire des mers du Sud, …Françoise et Peter Kirkpatrick ont ànouveau réussi leur pari. Attention,en 2012, ce sera la 20ème, du grandse prépare, ne le rater pas si vouspassez par là-bas. La CST, avecPierre-William Glenn et Alain Besse,est heureuse d’être associée à unetelle fête, sous les mannes de l’his-toire indienne, toujours forte dansces contrées.

Alain Besse, responsable du secteur Diffusion de la CST

On dirait le Sud…

L e Festival du Film Français deRichmond, capitale de laVirginie aux U.S.A, est un des

meilleurs promoteurs de notrecinéma. Sûrement le meilleur, d’ailleurs. Deux personnes, aux qua-lités hors du commun, en sont lescréateurs depuis 19 ans : ils s’appellent Peter et FrançoiseKirkpatrick. Peter et Françoise fontdécouvrir au public américain, tousles ans, dans un lieu unique – leByrd Theater, construit en 1928 etdevenu monument historique –toute la variété de notre cinéma

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Actualités CST

Festival du Film Français de Richmond (Virginie)Du 24 au 27 mars 2011 Quand deux êtres s’unissent…

Quand le sud-ouest de la France s’unit au sud-est des Etats-Unis, c’est toute la culture historique des deux pays qui fait naître et prospérer un rêve ambitieux : faire connaître l’intimité du cinéma français à la foule américaine. Et il en vient de tout le continent, des forêts canadiennes aux déserts d’Arizona.

Le Byrd Theater

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d’auteur, de notre cinéma “commer-cial” et de notre cinéma de “recherche” avec les meilleurscourts métrages de l’hexagone, s’ilvous plaît. Ce festival est financé à85 % par ses entrées payantes, il

réunit 21 000 personnes en 2 jours(dans une seule salle de 1400places). Il est encadré par desbénévoles engagés dans le cadrede l’université et il est garanti par lesalaire de professeur d’université ducouple Kirkpatrick…Quelle passion, quel désintéresse-ment infini avons-nous rencontrés dans le Sud des Etats-Unis ! Inviterà Richmond des gens aussidifférents que Claude Miller, JeanBecker, Josiane Balasko, GérardKrawczyk, Jacques Perrin, FabienneBerthaud, Thierry Lhermitte,Philippe Torreton, AurélienRecoing… pour ne citer qu’eux,

faire des Masterclasses avec lesétudiants de VCU et ceux de Lafémis et de l’Ecole Louis-Lumière,attirer l’Ambassadeur de France à Washington, le Gouverneur del’Etat, les responsables des univer-sités devant une salle toujours pleineet enthousiaste est une entreprisequi mériterait d’être évidemmentbeaucoup plus aidée par nos institu-tions. Le Festival bénéficie d’unetrès petite aide d’Unifrance, d’uneparticipation de la SACD à l’achatdes billets d’avion et des partena-riats de l’ARP, de Digimage et denotre assistance technique – à laplus grande satisfaction de tout le

monde – à l’amélioration qu’ontapportée Alain Besse et RipHampton O’Neil quant à la qualitédes projections. A Richmond, noussommes mis à l’honneur systéma-tiquement et nous ferons notre possiblepour augmenter notre collaborationpour le 20e anniversaire du F.F.F. (FrenchFilm Festival). Les photos du cru 2011qui suivent se passent de commentairequant à la mise en valeur de la CST.Longue vie au Festival de Richmondet à ses inventeurs.

Pierre-William Glenn, président© Photos Pierre Courtois,

Mathieu Normand

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De gauche à droite : Jesse H. Ausubel,Jacques Perrin et Mathieu Simonet

Pierre-William Glenn et Alain Besse Les “courtmétragistes” du French Film Festival 2011

La grande salle du Byrd Theater

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Pieds nussur les limaces

Q uand on a la chance d’êtreinvité au Festival du FilmFrançais de Richmond en

Virginie, on passe un moment heureux. Passionnant. Rempli d’humanité. Un moment rare. Uneparenthèse enchantée. Assister àdes projections de films et montrerson travail devant 1 400 personnesau Byrd Theater, magnifique cinémaclassé monument historique depuis1928 qui sent le pop-corn chaud etle bois vermoulu est un moment quel’on ne peut oublier.

Quel plaisir de constater que lesfilms français qu’ils soient de courtsou de longs métrages, de fiction oude documentaire attisent la curiositéd’un public américain passionné etcurieux. Pendant 3 jours, le ByrdTheater ouvre ses portes à 8 h 30 etne désemplit pas jusqu’à tard dans la nuit. 21 000 spectateurs en unlong week-end. Le Festival deRichmond a t-il un pouvoir particulier ?

Il a une âme. Les gens que l’on ycroise sont bienveillants et tous làpour une seule et unique raison : lapassion du cinéma sans tapis rouge etcompétition. Sans show off. Justepour partager leur passion du cinémaavec sincérité. Cela fait du bien.

Fabienne Berthaud, réalisatrice

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De gauche à droite : Françoise Kirkpatrick, Jacques Perrin, Pierre-William Glenn et Peter Kirkpatrick

Fabienne Berthaud et Peter Kirkpatrick

Aurélien Recoing et Peter Kirkpatrick

Evolution du métier de projectionniste : un avenir inconnu…

Le thème est d’importance aujourd’hui,car tout va être bouleversé dans cedomaine, par l’arrivée du numérique, par l’évolution des besoins, par la diversification des activités des salles. La FNCF nous présentera prochainementune étude très importante, qui aidera l’ensemble de la profession pour organiser cette mutation et adapter lesformations.Nul ne sait ce que sera la salle de cinéma du futur, et nous ne pouvonsqu’extrapoler sur toutes les possibilitésenvisagées en terme de programmation.Mais quel que soit le programme, pouvons-nous nous rappeler ici quellevision nous pourrions défendre du rôle de l’opérateur projectionniste ? N’est-ce pas lui qui a la charge technique du respect de l’œuvre, et lacharge technique de sa mise en valeurlors de séances que nous souhaitons toujours appeler des séances “Spectaclecinématographique” ?Il doit avoir des compétences d’image, de son, d’informatique, de gestion, decommunication, et encore quelques autres tout aussi passionnantes. Mais il reste au cœur du “spectacle” et de toutes les émotions humaines quecela implique.

Alain Besse, responsable du secteurDiffusion de la CST

Pour plus de renseignements sur le French Film Festival de Richmond 2011, merci de vous connecter à l’adresse suivante : www.frenchfilmfestival.us

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La filière numérique s’installant durablement dans le paysage technologique, il est nécessaire que les dispo-sitifs de soutien financier public à la numérisation “maître” des œuvres prévue par le programme des investis-sements d’avenir et par le CNC, qui auront un fort effet structurant sur le marché, reposent sur le double prin-cipe du respect de la qualité de l’œuvre originale et de la diffusion de ces œuvres sur l’ensemble des supportset médias numériques actuels et à venir sur les marchés français et internationaux. C’est pourquoi la CST etla Ficam préconisent la numérisation “maître” des œuvres cinématographiques au moins en 2K.

Amélioration exponentielle de la qualité technique

Le marché de la télévision est orienté par les exigences des diffuseurs et des fabricants de matériels élec-troniques grand public. Pour ces derniers, le renouvellement du parc des récepteurs TV est un enjeu économi-que stratégique. Et, après la HD, les principaux fabricants de téléviseurs proposent à la commercialisation lespremiers modèles de téléviseurs 2K et 4K. Samsung a déjà commercialisé aux USA un téléviseur 2K venduautour de 1 000 dollars, alors que Toshiba expérimente de son côté un téléviseur 4K.

Par ailleurs, la chaîne de télévision japonaise NHK a réalisé à plusieurs reprises avec succès des expérimen-tations grandeur nature de diffusion dans de telles résolutions.

Alors que la technologie des métiers de l’image est passé de la vidéo 625 lignes PAL au 2K en 10 ans, l’évo-lution des programmes ne va pas s’arrêter à la HD et évoluer à l’horizon de 2 à 5 ans vers une généralisationdu 2K et probablement du 4K à la télévision, comme sur les plateformes de VàD et les futurs supports physi-ques grand public. Les premiers programmes 2K ou 4K vont évidemment concerner les films de cinéma qui

U n bilan contrasté avec desespoirs concernant certainssecteurs et de fortes ques-

tions à propos du crédit d’impôtinternational et le problème desdélocalisations. Hervé Chateauneuf,délégué général de la Ficam etPascal Buron, responsable de lacommission technique de la fédéra-tion m’ont demandé d’intervenir sur

la mise au point de la recommanda-tion professionnelle concernant lanumérisation des œuvres de cinémaet la mise en place d’un fichier inter-national d’échange des contenuscinématographiques et audiovisuels.Ce travail a été réalisé avec le soutien de la Ficam et du CNC ainsiqu’en dialogue constant avec nos homologues américains. Nousavons rappelé la nécessité denumériser les films dans un formatrespectant la qualité originale del’œuvre, soit pour un film de cinéma,une numérisation au minimum en 2Ket dans l’espace colorimétrique ducinéma numérique.Le président de la Ficam, Thierry deSégonzac, a présenté sa vision del’avenir des industries techniques etdemandé à Eric Garandeau, prési-dent du CNC, son soutien dans lamise en place d’une politique de

développement des industries ducinéma. Eric Garandeau nous aassuré de son soutien à l’Industrieet esquissé les grandes lignes de lapolitique qu’il compte déployer ence sens. Le président du CNC s’estmontré très à l’écoute du monde ducinéma et de l’audiovisuel etconscient des enjeux nationaux etinternationaux dans un contexte derévolution technologique et de criseéconomique. Il a aussi rappelé le rôle primordialde la CST concernant sa missiond’encadrement et de régulation tech-nique du secteur. Ce fut une assem-blée constructive et qui a mis aussien valeur les relations de travailentre nos deux organisations. Voicile texte signé par la Ficam et la CSTintroduisant la recommandationconcernant la numérisation desœuvres :

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Eric Garandeau, président du CNC

Assemblée générale de la Ficam

La CST était invitée à l’assemblée générale de la Ficam qui s’est déroulée le 31 mars dernier, au magnifique musée Dapper. Chaque commission de la Ficam a présenté son bilan de l’année ainsi que les perspectives d’avenir des industries concernées. Laurent Hébert, délégué général de la CST, nous fait le compte rendu de cette assemblée générale.

NOTE DE LA CST ET DE LA FICAM RELATIVE À LA NUMÉRISATION “MAÎTRE” DES ŒUVRES CINÉMATOGRAPHIQUES

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possèdent cette définition dans leur forme originale. Les autres grandes filières industrielles qui s’inscrivent dans le cadre des investissements d’avenir, comme

les réseaux de télécommunications, vont également se diriger rapidement vers le très haut débit en fibre optique capable de véhiculer des fichiers vidéo d’une résolution élevée du type 2K ou 4K.

Le potentiel économique de l’œuvre amélioré

Le choix d’un fichier “maître” 2K préserve la possibilité d’exploiter une œuvre cinéma quels que soient lesvecteurs de diffusion numérique présents et à venir. Les majors hollywoodiennes ont déjà fait ce choix en mili-tant activement pour la normalisation internationale d’un format de fichier d’échange standardisé (voir paragra-phes suivants) à ce niveau de qualité.

Si les acteurs français de la filière veulent continuer à pouvoir distribuer leurs œuvres à l’international sur l’en-semble des plateformes de diffusion existantes et à venir, il est impératif pour eux de faire au minimum le choixdu 2K, afin de donner le meilleur potentiel commercial à leurs films et de ne pas voir leurs sources actuelles derevenus se réduire.

Les principaux acteurs français des Industries Techniques du Cinéma sont aujourd’hui capables de numéri-ser des catalogues complets d’œuvres cinématographiques à ce niveau de qualité, 2K, et dans un standard defichiers d’échange facilement interopérables.

Emergence d’une filière 2K voire 4K

Le choix d’une numérisation “maître”» au moins en 2K par les investissements d’avenir et le CNC va êtreun élément structurant de l’offre technique à venir et par là même, pourra réduire la différence de coût entre le2K et la Haute Définition (HD) par effet d’échelle des volumes concernés.

De plus, l’évolution des workflow au sein des prestataires techniques et des fabricants de matériels du sec-teur va permettre à moyen terme, d’ici 2 ans, de numériser les œuvres cinématographiques en 4K d’unemanière aussi simple qu’on le fait en 2K aujourd’hui.

Résolution 2K et colorimétrie supérieure

Les résolutions 2K et 4K, déjà utilisées en projection dans les salles de cinéma numériques, sont les for-mats de meilleure qualité à ce jour et les plus respectueux de l’œuvre d’origine. Ces formats offrent plus de“points” de résolution et un espace colorimétrique (soit une “palette possible de couleurs”) beaucoup plusimportant que la HD.

Une numérisation au moins en 2K assure, outre une ressortie de l’œuvre en salle de cinéma et un retoursur négatif film (shoot), des exploitations pérennes en vidéo à la demande, Blu-Ray et diffusion audiovisuelledans des conditions pertinentes.

Le saut qualitatif et le confort visuel accru offerts par le 2K ou 4K seront directement perceptibles par leconsommateur, y compris sur les écrans de taille moyenne, dans la mesure où le film sera dans son rendu decouleurs original.

Un format de master interopérable

Afin de faciliter les échanges et d’améliorer la fluidité des marchés de l’exploitation numérique des œuvressur les nombreuses plateformes de diffusion existantes et à venir, les majors américaines ont choisi de promou-voir un format “conteneur” standard, l’IMF (Interopérable Master Format) lisible par tous. L’IMF sera LE formatd’échange du marché mondial pour l’ensemble des médias, y compris le cinéma numérique.

Ce fichier “maître” pourra contenir tous types de formats numériques avec différents “profils” de qualité(dont 2K et 4K) correspondant à la qualité originale de l’œuvre, ainsi que toutes les métadonnées associées auprogramme. Celles-ci permettent une déclinaison simplifiée dans les différents formats d’exploitation.

En France, la CST, en collaboration avec la Ficam et le soutien du CNC, développe une recommandationprofessionnelle relative à l’IMF en collaboration avec la proposition américaine.

La CST et la Ficam recommandent la numérisation d’un fichier d’échange “maître” des œuvres de cinéma selon une qualité au minimum 2K.

Le standard 2K/4K s’impose d’ores et déjà comme format numérique de référence en postproduction pour plus de 70 % des films d’initiative française.

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C ’était donc la 1ère édition dela nouvelle mouture. Leconcept reste. Lors d’une

conférence d’ouverture, les acteursse sont réjouis d’un billboardenthousiasmant. Le numérique, la3D et l’augmentation de la popula-tion hispano (qui a doublé dans cer-tains états et va 2 fois plus aucinéma que les autres) sont présen-tés par John Fithian, président duNato, comme les vecteurs durenouveau de la fréquentation. Ilinsiste également très fortement surle rôle éducatif des exploitants vis-à-vis du public qui filme les écrans, cequi serait à l’origine de la piraterie.Le thème est repris de multiplesfois. Le cinéma, 2ème industrie des USA,représente 2,5 millions d’emplois.C’est un art, mais aussi un marché,ce sera rappelé fréquemment. Unmessage très fort est égalementmartelé : dépêchez-vous de vouséquiper en numérique, car fin 2013,si vous n’êtes pas passés, vous dis-paraîtrez ! Plusieurs conférencesont développé les thématiques dupassage au numérique, sous tousles aspects, depuis la mise en placetechnique jusqu’aux applicationsaudiovisuelles ou culturelles(cinéma indépendant). Le thèmetechnique “comment rester ouvert lesamedi soir” a développé l’ensemble

des dispositions à prendre par lesexploitants pour passer au numéri-que. La version anglaise du Guidedu numérique édité par la FNCF etla CST tombe à pic !Le Trade Show était en deux parties :un hall d’exposition traditionnel, assez proche de celui du Congrèsde la FNCF, présentait l’ensembledes outils du numérique. En anec-dote, le 35 mm n’apparaissait plusque sous la forme de bobines métaltransformées en guéridon ou enlampadaire ! Ô tempora…

Christie avait mis en place une sallede projection, avec un projecteur4K. La démonstration y a été faiteque même sur petit écran, le 4K aun sens. C’était superbe. Lesautres fabricants n’étaient pas enreste sur le 4K, mais la mise en

valeur dans des stands ouverts étaitmoins éblouissante.Par ailleurs, dans des salles privati-ves, certains fabricants présentaientleurs outils. On y retrouvait principa-lement les différentes solutions deprojection en relief, avec les mêmesbandes annonces, ce qui permettaitde “comparer”. On notera les nou-velles lunettes Xpand, la solutionPanavision, adaptable en 35 mm(avec les mêmes copies queTechnicolor) et en numérique.Plusieurs stands présentaient deslunettes passives stylisées, dont unfournisseur chinois très actif.Dolby présentait son serveur full4K, le DSS220. Il est égalementpossible d’en disposer sous formede module, avec un serveur de base2K et un média block additionnelspécifique 4K.Les français étaient très présents,avec un stand Doremi, et des ser-veurs Doremi sur presque tous lesstands. DMS était présent en force,avec ses solutions audio dévelop-pées notamment en relation avecTrinnov’. Datasat et Volfoni dispo-saient également d’un stand.Smartjog s’était démarqué en sepositionnant dans une tente près dela piscine. Situation stratégique, etmanifestement efficace.La sensation générale reste que le35 mm n’existe plus chez les four-nisseurs, alors qu’il est encore trèsprésent dans le quotidien desexploitants. A entendre les ques-tions des uns et des autres, il y a là-bas aussi une grande vague de for-mation à faire.La 3D est également omniprésente.Toutes les solutions sont propo-sées, mais dans les couloirs, desbruissements sur la problématiquedes écrans métal en projection 2Dsont clairement audibles. Il y a, biensûr, eu les shows distributeurs,comme chez nous, mais chacunchez soi, à des horaires prédéfinis.Le clou de communication fut lejeudi matin, 8 h 00 : l’avenir appar-tient à ceux qui se lèvent tôt et ne jouent pas trop tard. James

CinemaCon 2011 - Las VegasLe Congrès de la Fédération américaine des exploitants

Le Nato Show West est mort, vive le CinemaCon ! Le lieu changeaussi. On passe du Bally’s au Caesar Palace. On se perdait quelquepeu dans les méandres du palace, le Colosseum caché derrière 250 bandits manchots, les salles de démo exilées au fond d’un couloir sans fin, le Trade Show perdu dans les étages. Hardi, vu lescalories culinaires proposées, il était utile d’éliminer !

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Cameron lui-même est venu dansl’enceinte du Colosseum (merciCéline de nous l’avoir laissé !) pourprésenter les essais de tournage en60 im/s. Après une introduction àl’américaine, en hommage à tousses “sponsors”, il a d’abord citél’expérience inoubliable duShowscan, ce 70 mm 15 perfosprojeté à 60 im/s, dans les années1980. Qualité inoubliable et inégaléepour ceux qui l’ont vue.Faisant un bilan de l’exploitationd’Avatar, James Cameron a constatéde nombreuses insuffisances, sur laqualité des projections, mais aussisur la qualité des images fournies.

Pour ces dernières, il reste insatis-fait des problématiques de profon-deur, de netteté en zones latérales,et de stroboscopie dans les panora-miques ou les mouvements rapidesd’acteurs.Il a donc tourné des séquences spé-cifiques de tests. Utilisant descaméras Alexa, Epic (nouvelle Red)et Phantom (pour les ralentis), mon-tées sur rig 3D, il a tourné lesmêmes séquences à 24 im/s, 48 im/s et 60 im/s. Il nous a doncprojeté tous ces essais sur le grand

écran spécialement installé (4 pro-jecteurs Christie 2230, 8 serveursDoremi, et quelques ingénieurs encabine ! ). Les séquences à 24 im/ssont classiques, avec stroboscopienettement perceptible. Dès la pro-jection à 48 des images tournées à48, l’effet est saisissant : la stro-boscopie a disparu, l’image restestable, sans fatigue pendant lesmouvements. La profondeur derelief s’en trouve moins fatigante etmieux perçue. A contrario, un léger effet “vidéo”est perceptible, avec du coup uneimage un peu trop nette sur toute lasurface. D’après son discours, cela

semble un choix artistique, mais ilsait avoir encore à progresser surce point. On a une sensation deperte (oh, légère) de matière dansl’image.A 60 im/s, la stroboscopie estencore légèrement améliorée. Parcontre, l’effet d’aplatissement, tou-jours présent, est cependant moinssensible, l’image est plus vivante,avec une meilleure gestion de la

mise au point sur la profondeur. Ilnous a enfin montré les compatibili-tés descendantes d’images tour-nées en 60 et projetées en 48 et en24. La compatibilité est garantie, onretrouve la qualité intrinsèque à cha-que niveau.Rassurons-nous, le 1er film devraitêtre Avatar 2, nous avons 3 anspour disposer de projecteur 4K etde serveurs capables de délivrerdes flux 4K natifs (déjà 2 modèlessur le marché, chez Doremi etDolby).En conclusion de ce congrès, pourles Américains, le virage numériqueest irréversible, le 4K va démarrer àl’été, il reste 2 ans pour s’équiper,le relief a encore de l’avenir, le 60 im/s est sur les rails, le son sedémultiplie et les Hispanos vontsauver la fréquentation. Pour lefinancement, vive les VPF, et ne par-lons pas de 2015/2020, lorsque lespremiers remplacements devront sefaire !

Alain Besse, responsable dusecteur Diffusion de la CST

© Photo : Alain Besse

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Le CinemaCon 2012 se déroulera à Las Vegas du 23 au 26 avril 2012

L’exposition

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L a réunion débute par quelquesvidéos sur le parcours et saconstruction qui a nécessité

deux ans de travaux. “Les Etoiles duRex” est un parcours de 50 minutessur le thème des coulisses du Rexet, par extension, du cinéma. Il aété conçu pour permettre au publicde découvrir les coulisses du plusgrand cinéma d’Europe et de lafabrication d’un film en étant péda-gogique et ludique. Il est, dès l’ori-gine, entièrement automatisé etpeut accueillir jusqu’à 20 personnessous forme de groupe toutes les 5 minutes. Depuis son ouverture en1994, il a attiré plus d’un million devisiteurs. Ceux-ci viennent de toushorizons : individuels, groupes sco-laires, tours operator, etc. Le par-cours est multilingue (5 langues),chaque groupe étant accompagnédans la langue de son choix par uneécoute immersive de 8 canaux parlieu. Il compte 11 lieux repartis endessous et au-dessus de la scènedu Rex. Un ascenseur vitré montederrière l’écran de la grande salleafin de faire communiquer les diffé-

rents niveaux. Une des particulari-tés du parcours est que les visiteursportent un badge RFID. Ce badgesert à les repérer pendant leursdéplacements. Ils sont filmés à leurinsu à trois endroits. L’identificationpermet ensuite d’associer les filma-ges aux individus afin qu’ils puissentse voir à la fin du parcours. A sonouverture, en 1994, le parcoursavait été conçu avec les technolo-gies de l’époque : automation

Dataton sur Mac, lecteurs de vidéo-disques, lecteurs son DR8 pour ladiffusion sonore, prototype de serveur 5 canaux EVS, logiciel

développé pour le parcours permettant d’associer des conditions audémarrage des time line de l’auto-mation (pilotage de l’ascenseur etcapture vidéo, par exemple).Le matériel étant devenu obsolèteet posant d’importants problèmesde maintenance, le Rex a décidé derefondre entièrement la techniquedu parcours en 2007. Cette refontea été confiée à la société Videmus,spécialisée dans la technique

scénographique. Les deux princi-paux challenges de cette refonteétaient la réduction du temps defermeture du parcours qui devait se

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Comptes rendus des Départements

Département Imagerie Numériqueet Multimédia Réunion du 29 mars 2011

La séance était consacrée à une présentation du parcours scénographique “Les Etoiles du Rex”. Elle était animée par Luc Heripret, son concepteur, et Eric Lambert de la société Videmus qui en a réalisé la refonte technique en 2008.

Une des salles des Etoiles du Rex

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n u m é r o 133 Comptes rendus des Départements

L a démonstration a eu lieu dansla salle de projection de laCST et a réuni plus d’une qua-

rantaine de personnes. Ces deuxsystèmes – encore en phase dedéveloppement – permettent detransférer un film en relief sur sup-port numérique vers un supportargentique 35 mm. Le premier fonc-tionne par anaglyphe, le second parpolarisation verticale en associationavec un écran métallisé. L’un et l’au-tre nécessitent une modification del’objectif du projecteur. Ces propositions techniques inté-ressantes sont destinées à permet-tre aux salles 35 mm de diffuser durelief. Elles s’adressent donc plus

particulièrement aux salles exclusi-vement équipées en 35 mm. Cemarché existe, certes, dans unecertaine mesure en France mais ilest, sans nul doute, plus large àl’International.Après cette introduction, la réuniona repris un cours plus traditionnel etnous avons ouvert les débats sur laquestion des niveaux sonores. Avecle numérique, nous sommes de plusen plus souvent confrontés à desencodages aux niveaux incohérentsréalisés dans des audis sans lecontrôle Dolby ou DTS.Il est urgent que tous les maillons dela chaîne du son au cinéma, quetous les professionnels concernés

travaillent de concert si on veut évi-ter que les niveaux sonores dans lessalles de cinéma ne deviennent unproblème de santé publique, résolufinalement par l’installation de limi-teurs comme cela a été fait, parexemple, en Italie. Un des axes detravail actuels est, dans les recom-mandations techniques, de redes-cendre le niveau sonore des films à79 dB de façon à créer une cohé-rence avec celui de la publicité. Il est indispensable que collaborent,sur ce thème, le DépartementExploitation-Salles et Distribution etle Département Son de la CST. La CST a, par ailleurs, travaillé sur lamise à jour de la recommandationtechnique concernant la mesure duLoudness à la télévision. Elle a éga-lement proposé de voir si cetteméthode pouvait être adaptée aucinéma pour la diffusion des publici-tés et des films. On tente de retrou-ver une étape de validation commeavec les licences Dolby ou DTSgrâce à l’introduction dans le fichierfilm de métadonnées qui permettentun réglage automatique du niveausonore. Il s’agit d’un enjeu fort pournos métiers qui doit donner lieu àune collaboration interprofession-nelle intense et efficace.La FNCF a réuni récemment leslaboratoires, les exploitants et lesdistributeurs pour débattre de laquestion du poids informatique desDCP. Actuellement, de plus en plusde DCP en circulation présentent unpoids bien inférieur (80 ou 90 gigas)à ce que l’on pourrait attendre. Pour l’instant, aucun problème dequalité des fichiers concernés n’aété constaté. Les professionnelsont donc abouti à la conclusionqu’un faible poids n’était pas obligatoirement la marque d’unfichier de mauvaise qualité mais quebien des facteurs pouvaient influersur ce paramètre (l’encodeur utilisé,le type d’image, la qualité de la captation…). Une étude basée sur un suivi dupoids des fichiers a été mise enplace et devra permettre de préciser

Le Département Exploitation-Salles et Distribution de la CST a eu le plaisir d’accueillir, le 24 février dernier, la société Film Work. Cette entreprise familiale est effectivement venue présenter deux systèmes d’impression stéréoscopique.

Département Exploitation-Salleset DistributionRéunion du 24 février 2011

limiter à quelques semaines et laconservation intégrale de la scéno-graphie. Le bond technologiqueeffectué est impressionnant : le logiciel Dataton d’origine et lesdéveloppements spécifiques ontété remplacés par un Medialon quigère toute la scénographie, les cap-tures des visiteurs ainsi que l’au-tomation de l’ascenseur. Leslecteurs de Laser Vidéo disques ontété remplacés par un Video Binloop,lecteur vidéo sur cartes mémoires.Un lecteur audio 96 pistes s’estsubstitué aux 11 DR8. Le serveurEVS a été remplacé, quand à lui, par4 serveurs sur PC en réseau avecun logiciel de capture et de restitu-tion développé pour l’occasion.Une base de données unique gèreles identifiants et les groupes. Lesliaisons RS d’origine ont cédé leur place à un réseau Ethernet. Lesystème est moins coûteux qu’à

l’origine et plus fiable. Des améliora-tions ont été apportées d’un pointde vue technique par rapport à laversion de 1994 : la logique qui gèrel’ascenseur permet maintenant unesouplesse par rapport à la gestiondu retard des groupes. Les DVDont remplacé les cassettes VHS envente à la fin du parcours. On peutchoisir les personnes qui seront sur le DVD. Les modifications deprogrammation scénographique oude programmes audiovisuels sontconsidérablement simplifiées. En guise de conclusion de cetteprésentation, une dizaine d’invita-tions des Etoiles sont distribuéesaux membres présents. L’électiondu nouveau représentant duDépartement ne peut avoir lieufaute de candidat déclaré à temps.

Luc Héripret, représentantdu Département

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cette question. Ce travail sera complété par des essais réaliséspar le Département Laboratoires etPostproduction Image de la CST.

Cette réunion a été aussi l’occasionde faire remonter les expériences etdes différentes pratiques profes-sionnelles de chacun. On constatequ’actuellement la coexistence du35 mm et du numérique est délicateà gérer pour des distributeurs. De même, les exploitants sont sou-vent confrontés à des difficultésdues à la livraison tardives des cléset des DCP. Les installateurs nousfont également part de la pression àlaquelle ils sont soumis aujourd’hui.Le rythme effréné des installations(de 50 à 80 par mois), la concur-rence et la guerre des prix féroceexpliquent que les installateurs ontdes difficultés à finaliser parfaite-ment leurs chantiers. Il est certainque cette période est transitoire etqu’elle sera suivie d’un lissage per-mettant la mise à niveau des instal-lations réalisées mais force est deconstater qu’actuellement des pro-blèmes de diffusion liés à cettesituation se posent. Il s’agit d’êtreparticulièrement vigilant dans lamesure où on estime que 3 500 sal-les s’équiperont en numérique d’ici2 ans !

Christelle Hermet,chargée de Communication

DépartementProduction-RéalisationRéunion du 17 mars 2011

L e Département Production-Réalisation de la CST s’estréuni le 17 mars dernier. Les

membres du Département sontvenus nombreux pour cette séanceun peu exceptionnelle puisqu’ils’agissait d’élire un représentant du

Département pour les deux prochai-nes années. Nous avons ouvert laréunion par un tour de table rendunécessaire par la première participa-tion de nombreux nouveaux mem-bres à une réunion du Département.C’est à cette occasion que l’und’entre eux Bruno Daniault nous aprésenté un système de séance à lademande (la kinéoscopie) sur lequelil travaille actuellement. Il s’agit deproposer aux internautes de faire laprogrammation d’une salle decinéma virtuelle, nouvelle formed’exploitation professionnelle d’uncatalogue dont les ayants droit restent maîtres. Ce projet – déjàtrès avancé – a passionné l’auditoirequi a décidé de lui consacrer ulté-rieurement une réunion spécifiqueau cours de laquelle Bruno Daniaultfera une démonstration “en ligne”dans la salle de projection de laCST, nouvellement équipée d’unprojecteur Christie de dernièregénération. A suivre donc dans lesprochains mois…

Les élections ont ensuite eu lieu etEric Vaucher, responsable actuel duDépartement, a été réélu à l’unani-mité. Laurent Hébert a ensuite rap-pelé que le Bureau de la CST avaitsouhaité que le DépartementProduction-Réalisation soit repré-senté et s’implique dans le groupede travail sur la conservation desœuvres, créé à la demande des pro-fessionnels concernés. Il s’agitavant tout de faire la distinctionentre la “conservation de consulta-tion” telle qu’elle est réalisée pour,entre autres, le Dépôt légal, conser-vation qui tolère, pour des raisonsde quantité de mémoire allouable,une image compressée, donc alté-rée, mais dont la qualité est néan-moins suffisante pour un visionnageuniquement à titre privé (par exem-ple pour l’étude d’une œuvre dansle cadre d’une recherche universi-taire) et la “conservation maître”qui concerne les éléments de tiragedes œuvres et dont la conservationne peut se faire que dans un formatnormé et non destructif afin de

permettre une éventuelle exploita-tion ultérieure de l’œuvre, dans unbut commercial, avec une qualité aumoins égale à celle de la diffusioninitiale. Ce groupe doit définir lesmodalités et les conditions de cetteconservation. Les membres, qui yont participé, ont fait rapport del’état des travaux. Tous les professionnels présents augroupe de travail sont rapidementtombés d’accord et préconisent laconservation d’un report (commu-nément appelé par les profession-nels du secteur “shoot”) sur pelli-cule négative 35 mm, accompagnéd’une copie de référence. Pour leson, diverses pistes sont étudiéeset plus particulièrement celle de laconservation sur une carte mémoireflash. Cette recommandation préci-sera bien d’autres paramètrescomme, par exemple, l’état minimalacceptable des éléments à conser-ver, les nomenclatures d’identifica-tion et d’indexation, les conditionsphysiques de stockage… Le groupe doit travailler vite car ildoit aboutir d’ici le prochain Festivalde Cannes à une première ébauchede la recommandation technique,d’ores et déjà très attendue par l’en-semble de la profession. A suivredonc également !

Eric Vaucher, représentant du Département

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L membres présents ont immé-diatement abordé la questiondes différences de poids des

fichiers numériques des films. LaFNCF avait déjà sensibilisé la profession à ce sujet en organisantquelques semaines auparavant uneréunion spécifique. Il en a été également débattu lors de notre 5e Journée des Techniques del’Exploitation et de la Distribution, le10 mars dernier.Soulignons, avant tout, que la sensation parfois éprouvée par lesexploitants de perte de qualité estsouvent due à la différence de profondeur de champ en numérique.Aucun problème qualitatif après uneanalyse objective de ces fichiersn’a, pour l’instant, été constatée. Ilest, en tout cas, certain qu’aucunlaboratoire ou distributeur n’a jamaisfait en sorte de faire diminuer cepoids à l’encodage : obtenir la plushaute qualité possible est l’objectifde toute fabrication de DCP. Les professionnels consultés sontdonc parvenus à la conclusion queces différences n’étaient pas forcé-ment le signe d’un problème quali-tatif mais qu’elles pouvaient êtreprovoquées par différents para-

mètres sans pour autant altérer l’image. De nombreuses pistes ontété lancées comme par exemple letype d’image enregistrée, lesencodeurs employés… Il s’agitaujourd’hui d’établir précisémentquels paramètres peuvent entrer enligne de compte afin, en les formulantpar écrit et en les communiquantaux professionnels concernés sur le terrain, de les rassurer quant à laqualité des fichiers numériques dont ils disposent. C’est ce que se propose de faire le DépartementLaboratoires et PostproductionImage de la CST en initiant une série de tests qui pourront contribuer à préciser cette question.Les participants ont toutefoissouligné l’éventuelle difficulté àapporter une réponse claire étantdonné le caractère extrêmementplurifactoriel de ces différences depoids informatique. Le Département a égalementdécidé de travailler sur l’élaborationd’un document succinct, à destina-tion, cette fois, des distributeurs qui récapitulerait simplement les différentes étapes de fabrication etles différents éléments nécessaires

à la fabrication d’un DCP de série.Ce projet ainsi que le précédententre tout à fait dans le cadre de lamission de diffusion de l’informationde la CST.

Christelle Hermet,chargée de Communication

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n u m é r o 133 Comptes rendus des Départements

Le Département Laboratoires et Postproduction Image de la CST s’est réuni le 17 mars dernier dans les locaux de notre association.

Département Laboratoireset Postproduction ImageRéunion du 17 mars 2011

JÉRÔME JEANNET, LE RETOUR !

Nous sommes très heureux de pouvoir vous faire part du retour de Jérôme Jeannet !Il est, en effet, venu, ce 12 avril, faire un petit tour à la CST pour retrouver son bureau et toute notre équipe.Notre collègue Jérôme avait subi un accident cérébral majeur l’automne dernier.Aujourd’hui en convalescence, il fait des progrèsconstants et très encourageants !

Les élections des représentants de Département de la CST sont en cours. Au moment de l’impression de cette Lettre, Eric Vaucher a déjà été réélureprésentant du Département Production-Réalisation.

DATES DES PROCHAINES ÉLECTIONS :

21 avril : Exploitation-Salles et Distribution21 avril : Son26 avril : Laboratoires et Postproduction Image

2 mai : Collège des Membres Associés3 mai : Montage5 mai : Image

A VOS AGENDAS

La 5e Journée des Techniques de la Production et de laPostproduction aura lieu

le 1er décembre 2011 à l’Espace Pierre Cardin

Paris 8e

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E n ce début d’année 2011, surnos écrans, sont sortis desfilms à la dramaturgie assez

fortement charpentée pour cliver leressenti des spectateurs et des critiques. Certains films voguentquand même vers le succès ; d’autres ont fait souvent chou blancmalgré des qualités indéniables. Avecles avis complices de bien d’autres,je vous propose de déambuler danstrois films qui, peu ou prou, m’ontinspiré cet angle de réflexion.

Winter’s boneDans l’Amérique profonde duMissouri où l’on fabrique de laméthamphétamine, Ree doit s’occuperde son frère, sa sœur et sa mèremalade. A 17 ans, elle a perdu ses illusions et envisage d’entrerdans l’armée pour toucher les 40 000 dollars de prime. Son pèrevient de sortir de prison sans donner le moindre signe de vie. Il amis sous caution la maison familiale,risquant de laisser sans ressourceles siens. Ainsi débute Winter’s bone, un filmindépendant américain que nousavions vu en avant-première lors denotre soirée des Départements. Cefilm m’avait captivé et convaincuégalement de ne pas m’installerdans le Missouri ! Il est sorti en salles début mars et j’extrais quel-ques critiques pour argumenter laréflexion :

- « Le sujet choisi par Debra Granikest déjà un parti pris radical et inté-ressant car il est rare de voir cettemisère à l’écran. Le white trash, l’ordure blanche, c’est ainsi qu’onappelle aux États-Unis les petitsblancs défavorisés, les laissés-pour-compte du système américainhabitant dans des villes fantômes et sinistrées. Ici, ces laissés-pour-compte ont tous un lien desang plus ou moins proche, mais celien n’a plus d’importance lorsqu’ils’agit de sauver sa peau. Ree seheurte à cette réalité cruelle, à unmonde hostile qu’il faut affronter deface. Winter’s Bone est en fait unconte initiatique et Ree devra pas-ser par des épreuves plus ou moinsdouloureuses pour sauver safamille… Elle est la figure contem-poraine d’Antigone, sa motivationfondamentale est “je ne suis pasfaite pour vivre avec ta haine, maispour être avec ceux que j’aime”…»

(Aurélie dans leblogducinema.com)

- « Prenez un soupçon de Délivrancede John Boorman, ajoutez une pincée de Rosetta des frèresDardenne, confiez le tout à unefiliale de production du cinéma amé-ricain estampillée Sundance, etvous obtenez Winter’s Bone,second long-métrage de DebraGranik, “film indé” comme on s’enméfie, nommé dans quelques caté-gories majeures à la dernière éditiondes Oscars. Pourtant, on ne peutpas dire que la réalisatrice se soitcontentée de peu pour rendre crédi-ble cette contrée rurale du centre-ouest des États-Unis, crasse et dan-gereuse, où chaque habitant sembleavoir un encombrant lien de parentéavec son voisin, donnant la désagréableimpression d’une communautéanxiogène qui a commis la graveerreur de ne se reproduire qu’entreelle… Seulement, le film ne s’aven-turera jamais véritablement dansces eaux troubles, se bornant à sui-vre l’adolescente dans ses démar-ches qui n’ont qu’un seul butreconnu : éviter l’expropriation. Lereste n’intéresse pas la réalisatrice,ce qui donne assez rapidement lesentiment que le film tourne enrond, n’offrant à aucun autre personnage l’opportunité d’existerréellement… le propos se limite très rapidement à un affrontementbinaire : la jeune et jolie Ree contre

L’oeil était dans la salle et regardait l’écran

Si on ne grossissait pas la forme du trait…

L’art de la représentation peut-il se passer de grossir le trait ? Et dans le cas du cinéma où le spectateur participe à la création des émotions ressenties, en y associant sa propre échelle de valeurs, jusqu’où ce spectateur peut-il accepter ce grossissement du trait ? Est-ce une question de mode, de style, une question d’époque ? S’agit-il d’une question d’ouverture d’esprit, de curiosité face aux empreintes du réel que sont les photogrammes ? Est-ce, à nouveau, l’opposition réalité/fiction qui vient nous titiller et faire pencher d’un côté ou d’un autre la balance ?

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le clan de traficants qui, passé lascène de tabassage en règle(encore une fois pour “faire vrai”), avite fait de donner à la jeune femmefrêle mais têtue ce dont elle abesoin, comme si elle représentaitune menace (pourtant pas d’unetrès grande crédibilité)…» (ClémentGraminiès dans www.critikat.com)

Lors de la soirée, je fus sensible,crédule et naïf (sans doute) commel’exprime une critique de www.bad-moviegoer.fr : « Le portrait de lasociété qui est dressé ici n’endevient que plus hallucinant car rienne nous prépare en apparence à untel spectacle… Glauque, malsain,dangereux, intense, imprévisible,émouvant, emmené par des interprè-tes au diapason et une réalisationbrute et sans artifice, voilà commenton peut résumer Winter’s Bone. »

IncendiesEt que dire, penser du très beau filmqu’est, pour moi, Incendies ? Cefilm peut, lui aussi, faire l’objet d’unerevue de presse pour montrercomme est étroite la ligne de crêtesur laquelle peut cheminer uncinéaste pour partager avec lesspectateurs sens et émotion. DenisVilleneuve, le réalisateur, a, dansson scénario, gardé intacts la trameet l’esprit de la pièce qui l’ont inspiré.Cette pièce était l’élément centrald’une trilogie contemporaine, à larenommée mondiale, écrite parWajdi Mouawad, auteur québécois-libanais. Incendies, la pièce commele film sont inspirés d’un fait réel,celui d’une militante libanaise,Souha Fawa Bechara, chrétiennecommuniste, qui a été mise au

secret et torturée pour avoir tentéd’assassiner en 1982, le chef de lamilice chrétienne, alliée à l’arméequi occupait le sud du Liban. Duthéâtre au cinéma, l’histoire est bienla même : au Québec, deux jeunesgens d’aujourd’hui, des jumeaux,Jeanne et Simon Marwan, se voientremettre, à la mort de Nawal, leurmère, son testament : il contient deuxenveloppes, l’une adressée à leurpère, qu’ils croyaient mort, l’autre àun frère, dont ils ignorent l’existence.Quand ils auront remis ces lettres,ensuite seulement, leur écrit-elle,elle pourra être inhumée la facetournée vers le ciel, sous une plaquegravée à son nom. Le récit de DenisVilleneuve s’émancipe de la pièce,en en gardant le cœur. Il tisse scènesdu passé et du présent, avec lamême brièveté intense, sans jamaisles laisser s’installer dans unedurée, un pathos. La violence n’enest que plus assourdissante.Mais de quelle violence s’agit-il ? « Son scénario, aux métaphoresbien à l’avant-plan, fait dans l’évoca-tion, transformant presque enmythe grec des horreurs de laguerre. Ce n’est pas proprement ceconflit qui semble intéresser lecinéaste. La région n’est pratique-ment pas évoquée (il s’agit cepen-dant du Liban, même si l’ouvrage aété tourné en Jordanie), ni les raisonsen place (il est question de religionset de réfugiés, mais seulement enfiligrane). Le traitement se veut plutôt universel, renvoyant desenfants chez eux…»

« Des cartouches – des noms delieux – séparent les scènes. Auvisage de Jeanne, à sa silhouette, àses déambulations dans un paysqu’on soupçonne être le Liban d’au-jourd’hui, en paix même si instable,se superpose celui de sa mère,Nawal. Une scène originelle : Nawalcourt main dans la main avec unjeune homme dans la rocaille. Unsifflement, un regard, un coup defeu : le drame pour elle commence,elle est la honte de sa famille, sonamant est tué, elle accouche d’unenfant, qu’elle doit abandonner.Mais auparavant, l’enfant est marqué,

au talon, de trois entailles… »

La violence s’inscrit ainsi dès lanaissance, et c’est de la conditionhumaine et de ses racines qu’il vas’agir. Le film – grand succès auCanada – est sorti en janvier dernieret atteint désormais 240 000 spec-tateurs en France. Je vous laissepourtant apprécier un nouveau florilège paradoxal d’avis critiques :

Technik’art - François Grelet :« Mélo tordu, vénéneux, heureuse-ment jamais trop loin du grotesque,Incendies prend son temps avant dedévoiler sa véritable nature. (...)Incendies [...] sait s’appuyer sur labeauté hallucinatoire de son stylepour donner du cachet à la rudessede ses déflagrations lacrymales. »

Télé 7 jours - Philippe Ross :« Reconstituant, aux accents de lamusique de Radiohead, le destintragique d’une femme prise dans latourmente d’une guerre, Incendiesbrode (!) sur le thème de la quêtedes origines, du secret, de l’impos-sible pardon, pour vous enflammer,corps et âmes ! »

Fluctuat.net - Eric Vernay :« On retrouve dès les premièresimages le maniérisme expressif àl’œuvre dans Polytechnique, le pré-cédent long métrage de Villeneuve...Découpé en chapitres, le film tord lachronologie, et la fragmente selonune logique chorale et éparpillée,avant de l’enserrer, tel un étau, sur ses personnages. Jusqu’autwist final… Le lyrisme potentiel d’ Incendies est douché par une sur-scénarisation chirurgicale, un peufroide, dont la mécanique habilemanque parfois d’engloutir dans sonréseau de fils rationnels la puissanceémotionnelle des personnages… »

Les Inrocks - Emily Barnett :« A coups de rebondissements, deflash-backs, Villeneuve ordonne unetragédie familiale assez stupéfiante,une machine allégorique à l’efficacitéredoutable. Le mérite revient en partie à la toute-puissance du scé-nario, hélas à double tranchant : àforce de remplir toutes les cases desa fable, de n’y laisser aucune zone

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d’ombre, le film glisse vers le tourde force narratif, au détriment parfois d’une réflexion plus subtileet aléatoire sur le monde. »

Et parmi les nombreux défenseurs,choisissons-en un qui, comme moi,à vibrer tout au long de la séance :

L’Express - Christophe Carrière :« Vers la fin, quand vous entendrezcertains mots, Incendies sera presquefini. Et vous serez laminés.Assommés. Bouleversés. A caused’une insoupçonnable révélation.Mais aussi à cause de ce qui précède. Deux heures de cinémahumble et fort à la fois. De la pièce,Denis Villeneuve a tiré un film spectaculaire. Outre la puissancedes images, il y a la profondeur desmots, dits, portés, vécus par, entreautres, Lubna Azabal. Incendies estla première grande claque de 2011. »

Ce deuxième film nous invite à parcourir des paysages géographi-ques et des comportements humainspotentiellement connus commeinconnus. Au-delà des faits relatésdans le récit et de leurs mises enforme, c’est l’équilibre entre ce quenous tenons pour vrai, et pour crédible,et ce qui nous affecte de façonréflexe et pour dire inconsciente quinous portera à accorder notre ressenti à tel avis sur le film (et surla vie) plutôt qu’à tel autre.

Si tu meurs je te tue On peut néanmoins être face à desscénarios à la dramaturgie moinscharpentée. C’est le cas du dernierfilm Hiner Saleem, cinéaste kurdeexilé en France depuis 15 ans et qui signe avec Si tu meurs je te tue un

film très convaincant à mes yeux. Lefond y est tout aussi profond mais laforme le laisse s’infiltrer dans unrécit alliant romanesque et burlesque.Pourtant là encore nous pouvonsretrouver des analyses proposantdes ressentis opposés.Ainsi pour Zippy écrivant danssenscritique.com : « Le début est quelque peu chaotiqueavec une succession de scènesplus absurdes les unes que lesautres. C’est justement dans cetteabsurdité que le film trouve sonsalut. L’alternance de scènes dramatiques et de scènes loufoquesest très intéressante, et permet demettre un minimum de rythme.Malgré cela, ça a du mal à prendre,c’est un peu lourd et au bout d’uneheure, le film est plié. Du coup, onrajoute quelques intrigues, histoirede tenir 1 h 30. La dernière demi-heure est donc un peu foutraque,mal menée, elle tourne en rond pourune fin sans aucune surprise. »

Alors que Régis Dulas dans Salle decinéma.com est d’un avis contraire,avis auquel je souscris pleinement :« Aux antipodes d’un cinéma com-munautaire qui fleurit massivementsur les écrans français depuis la faillite du modèle jacobin, pétri decentralisme politique et idéologique,le réalisateur irakien Hiner Saleemnous propose un joli petit film dontl’arrière-plan puise ses racines dansl’âme kurde. Là où Thomas Gilou –Black Micmac ou la franchise Lavérité, si je mens notamment - nedépasse jamais l’anecdotique voirele folklorique, Hiner Saleem part dumicroscopique pour, au bout duvoyage initiatique, confiner à l’uni-versel… Trois pôles du récit, troisstyles narratifs hétérogènes. Lessept frères, relais entre la France etle Pays d’origine, sont résolumentdans le registre burlesque… Celan’empêchera pas ces joyeux luronsd’asséner de jolis axiomes sur ladémocratie, la laïcité ou l’émancipa-tion féminine. À l’autre bout duspectre, le Paternel, statue duCommandeur, habité par le TurcMenderès Samancilar n’aurait pasdépareillé dans une tragédie

classique. Drapé dans sa douleur,portant sur ses épaules le poidsancestral de la Coutume, il se veutla voix de Dieu sur terre et n’hési-tera pas à être le bras armé du destin. Et surtout, figure centrale,astre lumineux qui rend viable cemonde menacé par la sclérose oul’absurdité, rose d’Ispahan au parfum capiteux, GolshiftehFarahani, contrainte à l’exil par lerégime des Mollahs pour avoir flirtéavec le Satan américain en jouantdans Mensonges d’état de RidleyScott. Figure de la modernité (“lafemme est l’avenir de l’homme”disait Aragon), elle est constammentlumineuse que ce soit derrière unpiano comme dans cette belledigression qui, si elle ne fait pasavancer l’intrigue ouvre une fenêtrede pure poésie, qu’abandonnéedans les bras de Morphée…»

On aurait pu ajouter à titre d’exemple,le dernier film de Cédric Klapisch.Avec Ma part du gâteau, le specta-teur se retrouve dans l’hexagone,(sur)informé, et pourtant le clivageexiste tout autant, exprimé fortementdans les avis des internautes et descritiques. Certaines sonnent presquepar leur outrance comme des règlements de compte. J’ai appréciéMa part du gâteau et dans la salle jen’étais pas le seul à réagir positive-ment à cette fable pas aussi correctequ’il semble y paraître !

Dominique Bloch, membre du Bureau, Département

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