démarrage d’un processus forêt modèle en equateur (rdc) · 7 2. objectifs généraux la...
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Trésor-hénoc TSHITEBUA MUKANYA
Démarrage d’un processus Forêt Modèle
en Equateur (RDC)
Université de Kinshasa
Faculté des Sciences Agronomiques
Département de gestion des ressources naturelles
Option : Eaux et Forêts
Février 2012
Université de Ninshasa
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Organisation administrative de la province de l’Equateur………….……………19
Tableau 2 : Subdivision administrative du territoire de Bikoro………………………………20
Tableau 3 : Liste de la faune de Bikoro.............................................................................…...24
Tableau 4 : Répartition de la population de Bikoro dans le secteur des Elanga……………...26
Tableau 5 : Répartition de la population de Bikoro dans le secteur des Ekonda……………..26
Tableau 6 : Répartition de la population de Bikoro dans le secteur du Lac Tumba………….30
Tableau 7 : Information générale sur la démographie………………………………………..32
Tableau 8 : Représentation des acteurs rencontrés, les motifs et résultats..........................….36
Tableau 9 : Opportunités, contraintes, rôles et attentes du CREF……………………………50
LISTE DES DIAGRAMMES
Diagramme 1 : Répartition du travail par secteur…………………………………………….32
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Composition ethnique dans la section Nord…………..………………………28
Graphique 2 : Composition ethnique dans la section Sud……………………………………29
LISTES DES CARTES
Carte 1 : Les FM au monde..................................................................................................….10
Carte 2 : Extension du RAFM………………………………………………………………...14
Carte 3 : Subdivision administrative de la province de l’Equateur……………………...……18
Carte 4 : Subdivision administrative de Bikoro………………………………………………21
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LISTE DES ACRONYMES
CBFC : Communauté Batiste du Fleuve Congo
CEDEN : Cercle de Défense pour l’Environnement
CIFOR : Center for International Forestry Research
CL: Communautés Locales
CNUED : Conférence de Nations Unies pour l’Environnement et le Développement
CPP : Comité de Pilotage Provisoire
CREF : Centre de Recherches en Ecologie et en Foresterie
CREDI : Centre de Recherche en Développement International
DIAF : Direction des Inventaires et Aménagement Forestier
FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations
FASA-UNIKIN : Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Kinshasa
FEM : Fonds pour l'Environnement Mondial
FIDA : Fonds International pour le Développement Agricole
FM : Forêts Modèles
FOGRN-BC : Formation en Gestion des Ressources Naturelles dans le Bassin du Congo
FMLTc : Forêts Modèles Lac Tumba en construction
GDF : Gestion Durable des Forêts
GPFLR : Partenariat Global sur la Restauration des Paysages Forestiers
IFMA : Initiative pour des Forêts Modèles en Afrique
MECNT : Ministère de l’Environnement Conservation de la Nature et Tourisme
OG : Organisation Gouvernementale
OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PA : Peuple ou Population Autochtone
PFNL : Produits Forestiers Non Ligneux
PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement
RAFM : Réseau Africain des Forêts Modèles
RCFM : Réseau Canadien des Forêts Modèles
RECOFTC : The Center for People and Forests
REDD : Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts
RDC : République Démocratique du Congo
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RIFM : Réseau International des Forêts Modèles
SCF-RNcan : Service Canadien des Forêts – Ressources Naturelles Canada
SRAFM : Secrétariat du Réseau Africain des Forêts Modèles
SRIFM : Secrétariat du Réseau International des Forêts Modèles
TDR : Terme de Références
UFA : Unité Forestière d’Aménagement
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
WWF : World Wide Fund for Nature
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AVANT-PROPOS
Pour assurer la formation des candidats ingénieurs forestiers, le programme des
enseignements en Eaux et Forêts à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de
Kinshasa en République Démocratique du Congo, a prévu en dehors des cours théoriques,
trois mois de stage de professionnalisation, pour permettre à l’étudiant en dernier cycle de
palper du bout des doigts les réalités pratiques du secteur professionnel et rendre pratique
toutes les théories apprissent au cours de ses cinq années de formation. C’est donc dans le
respect de ceci, que nous avons été invités du 28 Octobre 2011 au 28 Janvier 2012, par le
Réseau Africain des Forêts Modèles (RAFM), de participer au projet de mise sur pied d’une
dans la province de l’Equateur en RDC.
Mais avant tout, tenons à souligner que la réalisation de ce stage n’aurait pas été possible sans
l’appui précieux de nombreuses personnes, que nous tenons à remercier ici.
Nos remerciements s’adressent :
Au Dr Mariteuw Chimère DIAW, directeur général au RAFM et membre du comité
international de réseautage du Réseau International des Forêts Modèles (RIFM).
Au Secrétariat du Réseau Africain des Forêts Modèles (SRAFM). Particulièrement à
Mme Mélie MONNERAT, membre du SRAFM et Coordonatrice Nationale au pôle
RAFM en RDC ; Mr Sébastien MALELE, membre du SRAFM et Point Focal au pôle
RAFM-RDC ; Mme Georgette MATO ; Mr Jean-Claude NJOMKAP et Mr Joachim
Nguiebouri, tous membres du SRAFM à Yaoundé au Cameroun.
De plus encore, au projet FOGRN-BC : Professeur Damas KHASA, directeur du
projet ; Mme Marie-France GEVRY, Mr Mahamadou GARBA ABDOU, conseiller
sous régional et Mr Albert TSHINYAMA, Point Focal.
Au corps professoral de la FASA-UNIKIN : particulièrement au Professeur Claude
KACHAKA SUDI KAIKO, Doyen de la faculté.
A tous nos amis, frères et collègues, qui de prêt ou de loin nous ont soutenus afin de
voir à ce jour ce stage aboutir.
Rappelons cependant, que ce stage n’aurait pas été possible sa l’implication du programme
IFMA, qui a totalement assuré l’appui financier pour la réalisation de sa réalisation.
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INTRODUCTION
1. Contexte du stage
Des nos jours, les défis auxquels sont confrontés les gestionnaires des ressources naturelles et,
bien sûr, l’ensemble de la société, sont des plus en, plus complexes alors que les exigences et
des valeurs sociales conflictuelles se livrent concurrence dans un contexte de ressources
toujours plus précaires. La communauté internationale en général et les Etats en particulier
ont considérablement pris conscience de l’importance et de la nécessité de protéger la nature
et l’environnement. Il suffit pour s’en convaincre de compter le nombre toujours croissant des
conventions et accords internationaux conclus en matière de l’environnement.
Cependant qu’on assistait, en conséquence, au lancement d’une pléthore de processus dans le
secteur forestier même, nombreux pays avaient par la suite proposés des approches nouvelles
de gestion durable des forêts. Une initiative inspirée directement des défis lancés lors de la
CNUED a été le Réseau International des Forêts Modèles (RIFM), dont la création a été
annoncée par le Canada au sommet de Rio de Janeiro.
Pour l’efficacité du RIFM, des réseaux régionaux ont été créés, afin que ceux et celles qui
connaissent la région le mieux définissent, expliquent et gèrent le programme régional de
travail. Ces réseaux régionaux tiennent compte des priorités, des forces et des occasions
propres à ces régions. Et parmi les réseaux régionaux figure le Réseau Africain de Forêts
æModèles « RAFM» qui a été créé en 2009 avec l’appui soutenu du gouvernement du
Canada.
Le RAFM compte actuellement deux Forêts Modèles basées au Cameroun. Et dans le cadre
du programme d’extension du réseau, d’autres sont en développement au Maroc, en Tunisie,
en Algérie, en République démocratique du Congo ainsi que dans d’autres pays du Bassin du
Congo.
Mais alors, pour le compte de la République Démocratique du Congo, trois provinces ont été
ciblées pour la construction des Forêts Modèles. Il s’agit là de :
La province du Bas-Congo avec une Forêt Modèle en construction à Tshela ;
La province Nord-Kivu avec une Forêt Modèle transfrontalière ;
La province de l’Equateur avec une Forêt Modèle en construction à Bikoro.
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2. Objectifs généraux
La délimitation géographique (i) et la mise sur pied d’un comité de pilotage provisoire (CPP)
(ii) ayant déjà été fait, le processus de mise sur pied des Forêts Modèles en RDC se trouvait
en ce jour à l’étape du diagnostic terrain (iii) et du développement de la vision commune (iv).
Et c’est en effet les étapes (iii) et (iv) qui ont constitués nos objectifs généraux et ont justifiés
notre stage. Cependant, le travail restant encore énorme pour la Forêt Modèle Lac Tumba en
construction (FMLTc), nous avons été envoyé à Bikoro dans la province de l’Equateur, pour
venir en appui l’équipe sur terrain, et participer dans le développement de la vision commune
et le prélèvement des diagnostics. Et cela était pour une période de trois mois (allant du 28
Octobre 2011 au 28 Janvier 2012). Nonobstant, l’autre objectif était celui de confronter les
connaissances acquises pendant le cursus de formation d’Ingénieur aux réalités de terrain.
3. Objectifs spécifiques
Le moyen par lequel on pouvait atteindre ces objectifs était celui d’informer le plus
grand nombre possible d’intervenants dans les villages cibles, du processus Forêt
Modèle (FM), sa vision, ses objectifs ainsi que ses principes fondateurs. Les informés
également du projet de mise sur pied de la Forêt Modèle Lac Tumba dans le but de les
amener à agir comme parties prenantes dans un partenariat volontaire.
En suite, récolter un ensemble d’informations sur les aspects socio-économiques, la
gouvernance environnementale etc.
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Chapitre I : PRESENTATION DU RESEAU INTERNATIONAL,
DES RESEAUX REGIONAUX ET DU RESEAU AFRICAIN
DES FORETS MODELES
I. 1. BREVE HISTORIQUE DU CONCEPT FORET MODELE
Le concept des Forêts Modèles a été élaboré et mis à l'essai par le gouvernement Canadien au
début des années 1990 dans dix sites répartis à la grandeur du pays. Il s'agissait d'une réponse
à une période de conflits intenses dans le secteur forestier canadien à un moment où les
environnementalistes, les gouvernements, les peuples autochtones, les collectivités et les
travailleurs forestiers ne s'entendaient pas sur la façon d'utiliser et de gérer les ressources de
manière durable. L'approche s'est immédiatement montrée prometteuse, car les intervenants se
sont entendus pour trouver des solutions communes à leurs problèmes, par exemple, en
matière d'exploitation forestière, de conservation de la biodiversité et de stabilité économique.
En 1992, lors de la CNUED tenue à Rio de Janeiro, le Canada présenta au monde « le concept
de Forêt Modèle » avec lequel il avait connu des énormes succès (RIFM, 2003). Et procéda à
l’annonce de la création du programme international de Forêts Modèles et d’un engagement
connexe de 10 millions de dollars canadiens à l’occasion du sommet de la terre.
Par la suite, le concept se fit approprié au niveau international et trois Forêts Modèles furent
créées à l’extérieur du Canada, soit deux au Mexique et une en Extrême-Orient russe.
Chacune de ces trois FM était jumelée à une Forêt Modèle canadienne. Après une période
pilote de trois mois, il est devenu manifeste que ces Forêts Modèles « internationales » étaient
pleinement engagées et entreprenaient des projets de gestion durable des forêts (GDF) qui, en
plus d’avantager leurs collectivités, ont permis de tirer des leçons qui pourraient se révéler
utiles en d’autres endroits.
Ces pays (Mexique et Russie) étant premiers à adopté le processus, menèrent à la création
d’un Réseau International de Forêts Modèles (RIFM) en 1994. Comme cependant les Forêts
Modèles ne se créent pas d’elles-mêmes, en 1995, après deux années de développement au
Service canadien des forêts, de Ressources naturelles Canada (SCF-RNCan), le Secrétariat du
Réseau international de Forêts Modèles (SRIFM) s’est établi au sein du Centre de recherche
en développement international (CRDI) dans le but de faciliter la création d’un réseau de
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Forêts Modèles d’envergure mondiale voué à la gestion durable des paysages forestiers du
monde entier. Et en 2007, le SRIFM réintégra le SCF-RNCan, où il loge jusqu’à nos jours.
De même, il se révéla clairement qu'un réseau de Forêts Modèles internationales pourrait
accélérer l’apprentissage général de la GDF au moyen d’une simple multiplication : chaque
Forêt Modèle élaborerait et mettrait en commun « par l’entremise du réseautage » ses propres
innovations, connaissances, expériences, forces, compétences, défis et leçons apprises au sujet
des outils et des pratiques de GDF avec les autres membres du réseau international.
Aujourd’hui, on compte plus ou moins 60 forêts modèles en opération dans 20 pays, et leur
nombre continue d’accroitre. Evidemment, avec l’appui de plusieurs organisations
internationales tels que le PNUD, la FAO, le RECOFTC, le FEM, le RCFM, le CIFOR, etc.
En effet, ces FM réparties en réseaux régionaux ; le premier et plus important réseau est le
Réseau Canadien de Forêts Modèles (RCFM) qui compte 14 sites situés d’un océan à l'autre
et constituant des laboratoires vivants aux fins de la recherche, de l’élaboration, de
l’application, de la surveillance et de la mise en commun de techniques de pointe et de
diverses conceptions de la gestion durable des forêts (GDF).
Actuellement, le second plus important réseau est le réseau Ibéro-Américain qui inclut toutes
les Forêts Modèles du Mexique, d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud, dont le siège est
au Costa-Rica. Un réseau de FM asiatique a aussi été fondé récemment, avec son siège à
Beijing en Chine. Puis, le réseau Africain de Forêt Modèle a finalement été formé
officiellement en 2009, avec son siège à Yaoundé au Cameroun. Mais également le réseau
méditerranéen de Forêts Modèles dont la création a été officiellement annoncée par les
représentants de l’Espagne au Forum mondial du RIFM 2008 avec son siège à Valladolid en
Espagne. Ce dernier inclut les FM du sud de l’Europe ainsi que du nord de l’Afrique. Ainsi,
ces réseaux sont en communications entre eux et constituent ensemble le grand Réseau
International de Forêts Modèles (Sarasin G., 2011).
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Carte n° 1 : Les FM au monde
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I. 2. UNE FORET MODELE, QU’EST-CE ?
Une Forêt Modèle est un lieu géographique mais également une approche de gestion durable
des forêts axées sur le partenariat. Il s’agit d’une vaste assise territoriale exploitée dans
laquelle la foresterie constitue une des principales valeurs (RIFM, 2003).
Il ne s’agit surtout pas d’une forêt classée, ou d’un titre de propriété comme une Unité
Forestière d’Aménagement (UFA) ; moins encore une Forêt Communautaire. La FM n’est pas
une 4e forme de classification des trois précédentes que prévoit le code forestier en RDC.
Néanmoins, une Forêt Modèle peut inclure toutes ces formes et types de titres de propriété.
Sur le plan organisationnel, une forêt modèle est aussi partenariat volontaire dont les membres
représentent toutes les forces environnementales, sociales et économiques qui sont en jeu dans
l’assise territoriale en question (RIFM, 2003). Le concept prône une approche sociale des
paysages. Or, il ne peut y avoir de paysages que s’il y a des humains qui occupent le territoire.
Ainsi, le concept Forêt Modèle est définit officielle comme : « un processus collaboratif où
des personnes et des groupes qui prônent une variété de valeurs travaillent ensemble afin
de concrétiser leur vision de développement durable des terres où la forêt occupe une place
importante» (RIFM, 2008a).
En effet, il n’existe pas deux FM identiques dans le monde. Chacune d’elle est unique
puisqu’elle est adaptée au contexte social, géographique, économique, historique,
économique, politique et culturel local. Cependant, chacune s'appuie sur un groupe de
principes et d’attributs communs et visent les mêmes buts généraux. Ces principes sont : (i)
paysage, (ii) partenariats, (iii) durabilité, (iv) gouvernance, (v) programmes d’activités et (vi)
mutualisation des savoirs et réseautage (RIFM, 2008 cité par Sarasin G., 2011).
I. 3. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES D’UNE FORET MODELE
La Forêt Modèle correspond d’abord à un territoire multifonctionnel, à un Landscape qui peut
être traduit par « paysage ». Une Forêt Modèle peut par exemple inclure des villes, des aires
protégées, des forêts communautaires, des fermes, des villages, etc. Elle englobe aussi
souvent plusieurs unités administratives. Sa taille est très variable, allant de quelques milliers
d’hectares à des millions d’hectares selon les cas. La plus petite Forêt Modèle est celle d’Ulot
Watershed dans les Philippines avec 87.536 ha et il existe par exemple la FM de Foothills au
Canada qui fait 2.756.692 ha.
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Le territoire couvert par la Forêt Modèle n’est pas arbitraire, il est suffisamment large pour
inclure une diversité d’utilisation et de valeurs forestières, mais doit être assez restreint pour
que l’environnement social, économique et culturel de la région y soit représenté.
Un tel territoire multifonctionnel est aussi composé d’un ensemble d’acteurs aux intérêts
divergents. Il est donc nécessaire que la Forêt Modèle soit un partenariat transparent, ouvert,
responsable et dynamique. Ce partenariat vise le partage de connaissances et d’expériences
sur un territoire, le développement des compétences des acteurs locaux et l’arrivée à un
consensus entre ces derniers. Ces acteurs qui forment le partenariat sont des intervenants de
toute nature qui ont un intérêt dans les décisions prises dans le paysage puisque ces décisions
les touchent personnellement ou parce qu’ils ont une influence sur celles-ci. Ce partenariat
n’est toutefois pas un substitut aux gouvernants en place, tel que l’État, mais doit les inclure
au contraire. Les acteurs impliqués dans ce partenariat peuvent par exemple faire partie des
groupes d’intérêts suivant : les industries, les autorités administratives, les autorités
coutumières, les communautés locales, les organisations gouvernementales (OG), les
organisations non gouvernementales (ONG) locales de développement, les ONG
internationales de conservation de la nature, les organisations de femmes, les institutions de
recherche, les établissements universitaires et scolaires, les établissements de santé, les
propriétaires fonciers privés, etc.
Donc, même tout habitant peut avoir accès à l’organisation de la FM par l’entremise d’un
partenaire de la forêt modèle qui représente leur activité ou leur sphère d’intérêt principale ;
puisque l’idée est d’instaurer un mode de pluralisme légal, où les différents acteurs qui se
partagent un territoire y cohabitent pacifiquement et vers des objectifs communs.
En effet, ce partenariat a donc comme but la durabilité de l’utilisation du territoire. Les
acteurs qui composent le partenariat devront donc définir ensemble une vision commune
d’utilisation de leur territoire, de leur espace de vie ou d’activité. Afin d’assurer cette
durabilité, la Forêt Modèle doit avoir l’appui des gouvernements locaux, provinciaux et
nationaux, des représentants des collectivités et des propriétaires fonciers qui ont un pouvoir
de décision sur les actions entreprises sur le territoire. Au mieux, la Forêt Modèle s’inscrira
aussi dans des plans et axes stratégiques plus larges, tels que les plans forestiers nationaux et
régionaux. Ainsi, la Forêt Modèle se veut une réponse locale à des enjeux locaux, nationaux,
régionaux et mondiaux de gestion durable des ressources naturelles.
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Pour que la Forêt Modèle soit fonctionnelle, il faut qu’il y ait un organe de gouvernance en
son sein qui assurera le développement d’une vision pour la FM, des contraintes, opportunités
et moyens pour concrétiser cette vision et pour mettre en place un programme d’activité.
Évidemment, comme prémentionné, l’absence de reconnaissance juridique des Forêts
Modèles rend nécessaire que ceux qui ont un pouvoir décisionnel (propriétaires,
gouvernement) soient partie intégrante du processus.
Les intervenants inclus dans le partenariat pourront, après avoir développé une vision
commune de l’utilisation du territoire, mettre en place un programme d’activité pour
concrétiser cette vision. À travers ce programme, les acteurs pourront répondre aux besoins et
enjeux ciblés au sein de la Forêt Modèle. Ces activités, non seulement qu’elles reflèteront
nécessairement les valeurs que les intervenants attribuent au paysage ; mais augmenteront
également les connaissances et les expériences au sein de la Forêt Modèle, permettant du coup
de tester des approches innovantes de gestion du paysage. Ces diverses activités peuvent être
aussi bien de développement, de la recherche appliquée, la création de partenariats, des
activités de communications ou du suivi-évaluation.
Enfin, les leçons apprises suite à ces activités doivent aussi être partagées (mutualisation des
savoirs et réseautage). Il s’agit là aussi d’une fonction première de la Forêt Modèle que de
partager les connaissances entre les acteurs locaux, régionaux, nationaux et internationaux. Il
est d’ailleurs fréquent dans des FM qu’un groupe d’expertise local, dans le cadre de la Forêt
Modèle, renforce les capacités des communautés locales en vue de leur permettre de mieux
participer à la gestion durable du paysage forestier. Les échanges de savoirs peuvent aussi
avoir lieu entre les Forêts Modèles d’un même réseau régional, ainsi qu’entre FM de régions
différentes du monde. Les leçons tirées des expériences dans une FM sont susceptibles d’être
utiles à une seconde FM faisant face à des enjeux similaires.
I. 4. LE RESEAU AFRICAIN DES FORETS MODELES (RAFM)
Il fut crée en 2009 avec l’appui soutenu du gouvernement du Canada. Et sa mission est de
faciliter l’établissement, le développement et le fonctionnement d’un réseau panafricain de
Forêts Modèles, représentatif de la richesse et de la diversité du continent, bien gouverné et
doté des moyens humains, matériels et scientifiques nécessaires au développement durable
des territoires forestiers et à la valorisation économique et sociale de leur diversité biologique,
humaine et culturelle.
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Carte n°2 : Extension du Réseau Africain de Forêts Modèles
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Le RAFM compte actuellement deux Forêts Modèles (celle Dja et Mpomo ainsi que celle
Campo-ma’an) basées au Cameroun et d’autres en développement au Maroc, en Tunisie, en
Algérie, en République démocratique du Congo et dans d’autres pays du Bassin du Congo.
Ces objectifs sont ceux de :
Construire un réseau panafricain de Forêts Modèles bien gouverné et travaillant à la
viabilité des collectivités dans le cadre du développement durable des paysages
forestiers ;
Soutenir les Forêts Modèles africaines et leurs réseaux nationaux dans leurs efforts de
construction et de consolidation d’un modèle de développement et de gouvernance
locale fondé sur la coopération, l’innovation et le développement des partenariats ;
Contribuer à la conception et à la mise en œuvre de politiques africaines viables en
matière d’environnement et de développement. Travailler au renforcement des
partenariats régionaux internationaux et à la coopération entre Forêts Modèles à traves
le monde ;
Faciliter les échanges et la capitalisation des expériences dans tous les sujets pertinents
pour les Forêts Modèles, dans un esprit de responsabilité environnementale, de
développement durable, d’innovation, d’unité africaine, et de solidarité internationale.
I. 5. PERSPECTIVES PROCHES POUR LE DEPLOIEMENT DES FORETS
MODELES
A cours termes, l’extension du Réseau toucherait d’autres pays du Bassin du Congo (RCA,
Rwanda, Gabon) et d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Sénégal, Nigéria, Sierra Léone, Côte
d’Ivoire) où les portes lui sont ouvertes. Pour l’heure, son Secrétariat répond favorablement à
cet accroissement important de la demande sociale et politique pour le concept de Forêts
Modèles, s’activant dans les discussions avec ses partenaires afin de mieux préciser les
modalités de son implication aux niveaux conceptuel et opérationnel.
I. 6. STRATEGIE D’EXTENSION ET RESULTATS PRELIMINAIRES EN RDC
Depuis 2010, le RAFM a débuté ses travaux exploratoires en vue de son extension en RDC.
En effet, après des longs échanges avec quelques personnes ressources du pays, trois sites ont
été identifiés : au Bas-Congo (Mayombe), au Nord-Kivu et en Equateur. Le premier a été
recommandé par plusieurs partenaires et cadres administratifs dont Monsieur Sébastien
MALELE (Directeur des Inventaires et Aménagement Forestier au Ministère de
l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme), l’Université Laval à travers son le
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projet d’appui à la Formation en Gestion des Ressources Naturelles dans le Bassin du Congo
(FOGRN-BC), l’UICN, Forests Monitor.
Pour le deuxième, l’initiative a été portée conjointement par l’UICN, à travers son programme
« Paysages et aux Moyens d’Existence », le Partenariat Global sur la Restauration des
Paysages Forestiers (GPFLR), l’OIBT et le RAFM, avec le soutien du programme IFMA
(Initiative pour un réseau de Modèles en Afrique financée par le gouvernement du Canada.
Le partenariat entre ces organisations a donc guidé ce choix qui s’inscrit dans le cadre de la
capitalisation des l’expérience du Programme LLS fondé sur la restauration des paysages
forestier.
Les deux premiers sites pressentis en RDC sont tous deux assis sur des territoires forestiers
assez dégradés. Ce qui apporte une diversité par rapport aux deux Forêts Modèles
camerounaises. Cela apparaît comme une opportunité de mise en œuvre d’un programme de
réhabilitation des espaces forestiers dégradés susceptible d’apporter une plus value
économique pour les populations locales. Et pourtant, comme dans toute la démarche Forêts
Modèles, un accent particulier devrait être accordé à la conservation, au développement locale
durable, à la création de valeurs économique à contenu écologique, à l'agroforesterie, à la
pêche, à la chasse, à l’exploitation minière, etc.
Dans ce contexte, une attention particulière est désormais accordée aux forêts humides
naturelles contenant des concessions et, si possible, des plantations à côté d'autres activités
humaines importantes. Ce qui permettrait aux Forêts Modèles du Bassin du Congo d’être
globalement représentatives de la grande particularité éco-systémique de la sous-région.
Ces orientations stratégiques ont conduit le Secrétariat du RAFM à se tourner vers la Province
de l’Equateur, ciblant le landscape du Lac Tumba sur l’instigation de certains des partenaires
(ONG CEDEN, Point Focal intérimaire, Forests Monitor, UICN, notamment). Des
discussions ont été initiées avec le WWF, qui gère ce territoire et le projet PACEBCO/BAD
qui a ciblé des activités dans cette zone. Les appuis institutionnels de ces partenaires
constituent une force non négligeable pour la réussite du processus en RDC.
Un atelier d’évaluation de la faisabilité REDD+ dans les Forêts Modèles a été organisé à
Kinshasa en février 2011 et a sollicité la participation des leaders des Forêts Modèles de la
RDC.
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Ceux-ci ont aussi pris part au Forum Global du Réseau International de Forêts Modèles à
Burgos (Espagne) en mars 2011. De plus, un accord de collaboration a été signé entre le
MECNT et le RAFM en novembre 2011 et un haut cadre du MECNT1 a été désigné comme
point-focal Forêt Modèle en RDC. La coordination nationale du RAFM a été mise en place et
basée au bureau de la Direction des Inventaires Forestiers (DIAF) du MECNT. Piloté par
Madame Méli Monnerat, cette coordination a pour objectif de faciliter l’homologation et la
consolidation des processus Forêts Modèles du pays.
Du 18 au 26 janvier 2012, les leaders des trois Forêts Modèles en construction en RDC et les
membres du Secrétariat du Réseau Africain de Forêts Modèles se sont regroupés à la
coordination nationale RDC du RAFM pour un atelier de planification stratégique. L’objectif
de cet atelier était avant tout de planifier la séquence d’activités devant mener à
l’homologation de chacune des Forêts Modèles pour juin 2012. Cette homologation requiert
une monographie des sites, le développement d’une vision commune, l’élaboration et la
validation d’un plan stratégique multi-annuel et le dépôt des dossiers de candidatures auprès
du MECNT qui les déposera à son tour auprès du Secrétariat du RAFM et du Réseau
International de Forêts Modèles.
1 Ce haut cadre du MECNT est Directeur à la DIAF, en la personne de Monsieur Sébastien MALELE
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Chapitre II : CARACTERISATION DE LA ZONE
II. 1. BREF APERÇU SUR LA SUBDIVISION ADMINISTRATIVE DE LA
PROVINCE DE L’EQUATEUR
a. Géographie
Située entre 5° de latitude Nord et 2° puis 16° et 25° de la longitude Est, la province de
l’Equateur est bornée de par sa forme au Nord et au Nord-Ouest par la République
Centrafricaine, à l’Est par la Province Orientale, au Sud par la Province du Kasaï-Occidental,
au Sud-Est par la province du Kasaï-Oriental, au Sud-Ouest par le Bandundu, enfin à l’Ouest
par la République du Congo.
b. Cartographie
Carte n°3 : subdivision administrative de la province de l’Equateur
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Tableau1 : Organisation administrative de la province d’Equateur
Province de l’EQUATEUR
VILLES Superficie (km²)
Communes Nombre des
Quartiers
Zongo 1.045
Nzulu
Wango
Mbandaka
460
Mbandaka 10
Wangata 10
Gbadolite
11.2
Nganza
Molegbe
Gbadolite
DISTRICTS Superficie (km²) TERRITOIRES Superficie (km²)
Equateur
103.442
Bolomba 24.598
Basankusu 21.239
Ingende 17.328
Bikoro 13.842
Bomongo 10.736
Lukulela 8.608
Makanza 8.608
Mongala 58.141
Bongandanga 27.910
Bumba 15.498
Lisala 14.733
Sud-Ubangi
50.603
Budjala 13.434
Kungu 12.848
Libenge 12.833
Gemena 11.488
Nord-Ubangi
56.632
Businga 17.411
Yakoma 15.397
Bosobolo 13.277
Mobayi-mbongo 10.547
Tshuapa
132.957
Monkoto 36.385
Ikela 22.567
Boende 19.718
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Source : Monographie l’équateur (1998)
L’Equateur étant l’une des provinces la plus vaste au pays, il serait trop ambitieux et surtout
moins réaliste de par sa superficie ainsi que la gamme de sa biodiversité proposer la
construction d’une forêt modèle couvrant toute l’étendue provinciale. Pour ce faire, trois
territoires ont été préalablement choisis, ajoutés à la ville de Mbandaka pour constituer le
landscape (paysage) de la FMLTc. Il s’agit ici des territoires d’Ingende, Lukolela et Bikoro.
Et pour ce qui concerne ce présent travail, le gros de la mission était exécuté dans le territoire
de Bikoro ainsi que la ville de Mbandaka.
II. 2. DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE DE LA ZONE D’ETUDE :
TERRITOIRE DE BIKORO
a. Situation géographique
Faisant référence au tableau1, le territoire de Bikoro est localisé dans la province de
l’Equateur, dans le District de l’Equateur et a une superficie de 13.842 km². Il est borné au
Nord-Est par les Nkundo ; au Sud par les Bolia, à l’Est par les Ekonda et à l’Ouest par les
Mpama et les Sakanyi.
b. Subdivision administrative
Ce territoire fut crée en 1947 par arrêté du régent du 1er juillet 1947 sur l’organisation
administratives de la colonie, et agrandie en majeure partie de l’ancien territoire de
Coquilhatville par ordonnance 21/399 du 29 septembre 1958. Il est composé de trois secteurs,
17 groupements et 287 villages réparti de la manière suivante.
Tableau 2 : Subdivision administrative du territoire de bikoro
TERRITOIRE DE BIKORO
SECTEURS NOMBRE DE GROUPEMENTS NOMBRES DE VILLAGES
EKONDA 6 116
ELANGA 3 83
LAC-NTOMBA 8 88
Source : Anonyme 2011
Bokungu 19.996
Djolu 17.494
Befale 16.797
22
c. Cartographie
Carte n°4 : Subdivision administrative du territoire de Bikoro
23
d. Condition éco-climatique
Ayant un climat du type Af, le segment a une température journalière moyenne comprise
entre 27 et 28° C. La pluviométrie est bimodale avec des saisons des pluies centrées sur les
équinoxes et des périodes sèches centrées sur les solstices. Sa moyenne est de 1600 à 2000
mm. Le mois le plus sec est janvier avec une pluviométrie inférieure à 500 mm dans certaines
parties du paysage. Durant la saison sèche, le ciel est absolument sans nuage, l’évaporation
très élevée.
e. Relief
La province de l’équateur dispose dans sa partie Sud d’un relief constitué de plaines avec des
dénivellations douces, noyées sous une végétation équatoriale très dense et humide. Le terrain
se retire progressivement et devient quelque peu vallonné. C’est la grande cuvette centrale qui
s’étale sur 236.856 Km² et qui se trouve à une altitude moyenne de 340 m avec comme point
le plus bas le lac Tumba situé à 320 m d’altitude (PNUD / UNOPS, 1998).
f. Géologie
Les terrains couvrant cette zone de Bikoro sont du mésozoïque inférieur et du cénozoïque.
Cependant, les formations du mésozoïque constituent un anneau s’interposant entre les
terrains du précambrien qui enveloppent à l’extérieur et ceux du cénozoïque qui affleurent
dans la cuvette centrale. L’origine de ces derniers remonte aux invasions marines dont le Lac
Tumba constitue le dernier vestige. Et selon IUCN (1990), le Lac Tumba repose sur des
couches d’alluvions holocènes au nord-ouest, et des terrains pléistocènes et pliocènes à l’Est
et au Sud.
La formation géologique fondamentale comprend un système inférieur constitué des schistes
phylladeux rouge-violacés, avec intercalations de grès-quartzites grossiers et de poudingues
quartziteux rouges ou gris-violacés (PNUD / UNOPS, 1998).
g. Nature des sols
Généralement pauvres en bases échangeables et manquent de calcaire, les sols de Bikoro ont
un pH variant entre 4 à 5,5. Leur valeur agricole dépend des matériaux d’origine et du
processus de la pédogenèse. Ils sont ferralitiques et conviennent à des cultures pérennes.
24
h. Hydrographie
Le réseau hydrographique cette zone est entièrement située dans le bassin du fleuve Congo et
comprend la confluence du fleuve Congo avec l’Oubangui, la Sangha, la Lokouala-aux-
herbes et le Ngiri.
Notons cependant la présence du Lac Tumba qui étant pris comme le point le plus bas de la
cuvette centrale se trouve à 350 m d’altitude. Il mesure 765 Km² de superficie, et a une
profondeur moyenne de 3 – 5 m.
Le niveau de l’eau varie d’environ 3,5 m et se trouve à son maximum en Décembre - Janvier
(minimum en juillet-août). C’est un « lac latéral » qui outre le faite de recevoir les eaux de la
Nganga, la Lolo, la la Bituka et de la Lobambo, est aussi en communication avec le fleuve
Congo par le chenal Irebu. Lors des grandes crues, les eaux sont accumulées derrière des
barrages naturels formés par des levées alluvionnaires d’où elles ne s’écoulent que très
lentement au travers de petits chenaux.
i. Végétation
Selon la classification de white (1981) cité par PNUD / UNOPS 1998), Bikoro est couvert en
grande partie par la forêt ombrophile sempervirente liée aux sols hydromorphes et appartenant
à la région phytogéographique guinéo-congolaise. Elle est caractérisée par la diversité de ses
essences, par la densité de ses peuplements, par la dimension de ses arbres ainsi que
l’enchevêtrement de ses lianes, (PNUD / UNOPS ,1998 cité par Boika B., 2006).
Sur cette même zone, on trouve des forêts secondaires beaucoup plus jeunes et des forêts
marécageuses caractérisées par Alstonia congensis, Raphia sese, Eremospatha sp. ainsi que
Sclerosperma manii (Belesi H., 2011). Les formations herbeuses (sèches et humides) sont
aussi représentées.
Autour du lac sont représentés divers groupements forestiers plus ou moins périodiquement
inondés, en particulier la forêt ripicole colonisatrice à Uapaca heudelotii et la forêt
périodiquement inondée à Guibourtia demeusei. Une forêt de terre ferme est retrouvé dans la
zone vers le village Bwalanga, caractérisée par Piptadeniastrum africanum et Staudtia
stipitata. Historiquement, le bois de Mellitia laurentii y fut exploité jusqu’aux années 1975.
Les îles faisant partie de la zone ont été envahies par les populations locales qui y pratiquent
l’agriculture et s’adonnent aux activités de pêche intensive.
25
j. Faune
Avant tout, soulignions que cette zone connait un appauvrissement dramatique en ressources
fauniques en générales et des grands mammifères en particuliers. Cet appauvrissement est dû
à la forte pression que connaissent ces animaux par braconniers et chasseurs d’une part ; et
d’une autre part, par la déforestation massive que connais cette zone et qui fait émigrer ces
précieuses ressources dans des autres zones (périphériques voire lointaines).
Néanmoins, notons la présence de quelques groupes d’animaux repris dans le tableau n° 3 ci-
dessous.
Tableau n° 3 : liste des animaux retrouvés dans le territoire de bikoro
Groupes Noms scientifiques Noms vernaculaires en
français
Noms vernaculaires
en Lontomba2
Rongeurs
Tryonomys swiderianus
Cricetomys gambians
Xerus erythropus
…
Aulacode
Rat de gambie
Rat palmiste
Porc-épic
…
…
…
…
Antilopes naines
...
Chephalopus monticola
Chephalopus dorsalis
…
…
Antilope
Antilope
…
Mbambi
Mboloko
Nkulupa
Menge
Gros antilopes
Tragelaphus spekei
…
Sitatunga
Antilope de Bongo
Mbuli
Mpanga
Primates
Cercobus aterrimus
…
…
Cercopithecus mona
wolfi
Cercopithecus ascanius
Allenopithecus
nigroviridis
Gorilla gorilla
Cercocèbe noir
Singe rouge
Singe magistrat
Meyer
Ascagne
Singe de marais
Chimpanzé
Ngila
Nkolonge
Ngeye
Mataka
Mpunga
…
Bonobo
Autres
… Kalago Ihile
Potamocherus pocus Potamochère Nsombo
… Buffle …
Smutsia gigantea Pangolins Mbambi
… Eléphant Nzoko
Source : anonyme (2011).
2 Lontomba : c’est la langue locale parlé à Bikoro et précisément le secteur du Lac
26
Rappelons que, bon nombre d’animaux repris sur ce tableau n’est retrouvé que dans la
Reserve de Mabali et dans d’autres zones très lointaines du territoire de Bikoro. Il s’agit ici de
grosses antilopes, primates, buffle et Kalogo. L’Eléphant et le bonobo ne sont retrouvés à ce
jour que dans un village (botwali) à 90 km de notre zone d’étude.
Seul les rongeurs (Aulacode, rat de gambie, rat palmiste, porc-épic etc.), les antilopes naines
(mbambi, menge, nkulupa, mboloko, etc.), les potamochères, les pangolins, les oiseaux et
quelques autres animaux aquatiques (hippopotame, crocodile, caïman, tortue, etc.) non repris
sur ce tableau constituent encore la faune de notre zone d’étude.
II. 3. DESCRIPTION DU MILIEU HUMAIN
a. Brève historique du peuple de Bikoro : (Bantou - Pygmées)
La zone d’étude est composée de trois groupes bantous : les Ntomba, les Ekonda et les
Nkundo. Cependant, d’après la tradition orale, les trois tribus précitées sont les descendants
de NSONGO et de LIANZA. Lors de la migration qui s’étendit de la dernière moitié du 18e
siècle à la première moitié du 19e siècle, BONGO et MPUTELA, petits-fils du couple précité
et leur famille suivirent l’itinéraire de la Province-Orientale jusqu’à celle de l’Equateur. Après
avoir traversé les rivières de Lopori, Maringa, Tshwapa et Momboyo, la famille MPUTELA
s’installe dans le territoire qu’elle occupe actuellement (EKONDA). Une partie de la
population lancée à la conquête de la forêt équatoriale sous la direction de Ntomb’okolo ;
occupa la région du lac, ce qui explique probablement l’appellation du lac Ntomba. Quant aux
Nkundo, ils ont dû occuper leur habitat actuel après l’épisode historique connue sous le nom
de « Etumba y’Ikenge » ou « Etumba e Nkulongo » qui rappelle le conflit qui a existé entre
eux et les Ekonda.
Quant à la langue, les Ekonda parle « le lokonda ». Cependant, le Révérend Père
ROMBAUTS, revient sur l’origine pour dire que, bokonda signifierait « vaste terre, terrain de
forêt ». Et que l’appellation Ekonda tirerait probablement son origine à partir de bokonda. Ce
peuple est celui de forêt, de terre ferme et présenté génériquement comme agriculteurs malgré
la pratique de la pêche à petite échelle. Numériquement, c’est le groupe le plus important de
la contrée. Les Ntomba par contre, ils parlent le lontomba. Et il est à faire remarqué que
l’intérêt principal de la langue Ntomba c’est que le peuple qui en parle a été placé, lors des
grandes migrations, à l’avant-garde de l’imposant groupe ethnique Mongo et qu’il s’est
trouvé, de ce fait, en contact direct avec les peuples des groupes voisins. Les Nkundo de
27
Bikoro appelés également les Elanga sont divisés en deux groupes : il y a les Inzolo
(pêcheurs) et les Bafidji (agriculteurs). Ils parlent lonkundo. Faisons montre ici que les
Nkundo constituent le groupe le moins peuplé du Territoire de Bikoro.
b. Démographie
WWF (2006), estime l’évolution démographique de la population de bikoro à près de 200.000
habitants en 1994, à plus de 250.000 habitants en 2004 et actuellement, à environ 319.000
habitants repartis par secteur de la manière suivante :
Tableau n°4 : Répartition de la population de Bikoro dans le secteur des Elanga
SECTEUR DES ELANGA
N° Groupement Homme Femme Garçon Fille Total
1 Bofidji Est 5 343 5 484 5 638 5 831 22 296
2 Bofidji Ouest 1 008 589 1 233 1 178 4 008
3 Indjolo 1 985 1 981 2 345 2 320 8 631
Total 8 336 8 054 9 216 9 329 34 935
Tableau n°5 : Répartition de la population de Bikoro dans le secteur des Ekonda
SECTEUR DES EKONDA
N° Groupement Homme Femme Garçon Fille Total
1 Bokengia Baina 4 538 4 830 5 695 5 684 20 747
2 Bosanga 2 620 3 581 3 365 3 144 12 710
3 Ilokwampela 2 756 2 560 3 071 3 445 11 832
4 Loondo 5 468 5 926 5 518 5 782 22 694
5 Maringo 3 505 3 630 3 930 4 032 15 097
6 Yoloyeloko 4 002 4 323 4 711 5 282 18 318
Total 22 889 24 850 26 290 27 369 101 398
28
Tableau n°6 : Répartition de la population de Bikoro dans le secteur du Lac Tumba
SECTEUR DU LAC TUMBA
N° Groupement Homme Femme Garçon Fille Total
1 Bonsende 6 729 6 184 10 795 10 810 34 518
2 Besongo I 4 443 5 863 5 356 7 530 23 192
3 Besongo II 5 386 6 154 5 387 6 604 23 531
4 Bonginda 6 311 6 614 6 053 6 152 25 130
5 Botwali 3 387 3 532 5 527 6 223 18 669
6 Bosanga Ntomba 1 611 1 535 1 616 1 802 6 564
7 Ntomba Nkole 9 747 9 534 10 092 11 543 40 916
8 Lokongo 2 091 2 601 2 475 2 556 9 723
Total 39 705 42 017 47 301 53 220 182 243
Source : WWF, 2006
c. Organisation sociale et composition du ménage
Le grand nombre de groupes ethniques existants et les clans dans le territoire indiquent une
population diverse et dynamique. Tels que le révèle Colom (2006), 103 clans documentés par
les enquêtes ménages dans la section nordique contre 118 autres clans documentés dans la
section Sud du territoire.
29
Graphique n°1 : Composition ethnique dans la section Nord
Source : A. Colom, 2006
De ce premier graphique ressort 12 groupes ethniques repartis comme suit en terme de
représentativité : 19% Makatu, 12% pour Linbinza, Dzamba 11%, Lobala 9%, Likoka 9% ,
Bmwe 6%, Likila 5%, Ngombe 5%, Baloyi 4%, Lokele 4%, Mongo (non spécifier) 3% et
13% pour les autres groupes ethniques auxquels correspondent les ethnies Bodibwa,
Bolombo, Bozonko, Ekeketi, Ewaku, Mangwa, Mbuza, Ngbadi, Ngondo et Sakata
30
Graphique n°2 : Composition ethnique dans la section Sud
Source : A. Colom 2006
Et du graphique n°2 ressort 48% de représentativité pour l’ethnie Ntomba, 29% pour les
Ekonda, 11% pour les Bolia, 3% pour le Batwa, 2% pour les Mongo non spécifier , 7% pour
les autres comprenant les tribus Bobinda, Iyembe, Lokele, Mekakalaka, Monsengele, Mooto,
Mpenda Ngel’ea, Tando, Ngelo Bombwa et Nkundo.
L’adhésion ethnique a changé de manière significative à travers les secteurs, avec quelques
groupes fortement représentés dans la section Sud avec peu ou pas de présence dans la section
Nord. Cependant, les villages dans la section Nord ont tendu à être plus hétérogènes que ceux
dans de la partie Sud où les groupes Mongo respectivement Ntomba, Ekonda, Bolia
représentent 48%, 29% et 11% de la population.
Les villages dans le paysage se composent ainsi de groupes ethniques qui incluent plusieurs
clans avec des liens par des ancêtres communs et histoire qui parfois peuvent être tracés aux
mouvements migrateurs du 19e et début du 20
e siècle.
Quant à la composition du ménage, les familles habitent de coutume dans le village du mari,
mais des liens sont aussi bien maintenus avec la famille de l'épouse. La taille et la
composition des ménages ont fluctué considérablement, la rendant difficile de parler de la
taille ou composition « moyenne » des ménages. A propos, les enquêtes de Colom (2006)
affirment qu’une gamme de 1 - 34 membres par ménage a été trouvée à travers la zone, avec
31
le pourcentage le plus élevé (44%) des ménages dans le secteur nord et sud rapportant de 6 à
10 membres.
Cependant, le nombre d'épouses et la présence des membres additionnels3 contribuent à la
variété de ménages.
Le tableau n°4 récapitule les informations générales rassemblées des ménages en termes de
leur taille et composition, du niveau d'éducation du chef de famille, et de l'adhésion aux
groupes.
Tableau n°7 : Information générale sur la démographie
Information démographique générale
Zone nordique (N= 140) Zone méridionale (N= 368)
Chefs de famille femelles 13% 6%
Âge moyen de chef de famille (années)
Hommes 43% 46%
Femmes 41% 44%
# moyen des enfants/ménage 8% 5,3%
% de familles polygames 18% 14%
Niveau moyen d'éducation de chef de famille
Hommes 2% 6%
Femmes 17% 19%
Programme d'instruction d'adulte
Hommes 2% 4%
Femmes 6% 0%
École primaire
Hommes 36% 28%
Femmes 50% 57%
Formation D4 technique
Hommes 31% 34%
Femmes 22% 19%
3 Enfants adultes et leurs familles, des jeunes frères et sœurs des couples, ou des neveux et nièces et des beaux
parents etc.
32
Cycle long (secondaire)
Hommes 26% 25%
Femmes 6% 0%
Degré d'université
Hommes 4% 3%
Femmes 0% 0%
Adhésion de groupe par
ménage
2,3% 1,8%
Source : Banque Mondiale (2005)
33
Chapitre III : PRESENTATION DES RESULTATS
III. 1. Délimitation du travail
Tels que repris sur le terme de référence (TDR) en annexe, le travail a couvert 7 villages du
secteur du Lac-Tomba dont (i) Bikoro, (ii) Bwalanga, (iii) Iyanda, (iv) Iyembe monene, (v)
Mpaha bolia (vi) Ntondo et (vii) Nzalekenga ; puis 2 villages du secteur des Ekonda dont
(viii) Nkwete et (ix) Mabonzi. En effet, les différentes contraintes notamment techniques,
temporelles et financier ont influées pour que 68% du travail soient couverts dans le secteur
du Lac-Tomba, 14% dans le secteur des Ekonda. Puis le 18% restant furent repêchés pour les
activités la ville de Mbandaka, quoi celle-ci ne figurait pas sur le TDR ; néanmoins faisant
parti du landscape.
Diagramme n°1 : Répartition du travail par secteur
34
III. 2. Difficultés éprouvées sur terrain
Les difficultés rencontrées ont certainement été de trop. En effet, nous nous empêchons de
tout dire ; mais plutôt, en évoquer quelques majeurs :
Le milieu étant éloigné et totalement enclavé, il nous a été difficile de communiquer
avec l’équipe sur terrain pour se rendre compte de l’état d’avancement des activités.
Discordance dans le contenu du terme de référence. Plusieurs villages repris n’existé
pas sur terrain. Par manque de communication avec nos encadreurs au niveau de
Kinshasa, nous avions eu à tout réadapté et cela nous a couté énormément du temps ;
Le manque d’un encadrement adéquat sur terrain, ce qui à justifier l’absence d’un
chronogramme statique des activités. Ce la a justifié la non réalisation des plusieurs
activités tels que prévus pour atteindre les objectifs assignés ;
L’indisponibilité des facilitateurs, nous a obligés quelques fois à parcourir seul des très
longues distances sans parfaite maitrise du milieu. Cela a justifié plusieurs accidents
de circulation par moto.
L’insuffisance de la logistique ne nous a pas permis de réaliser les activités prévues.
En l’occurrence des enquêtes ménages et rencontres des différents acteurs très
éloignés de notre base vie ;
La cohabitation bantous-pygmées faisant défaut dans la zone, cela ne nous a pas
permis un travail facile. Nous étions obligés de réunir pour certains villages, chacun de
groupe différemment ;
L’autre difficulté rencontrée était la méfiance des communautés locales, cela était
justifié par le scepticisme et refus de répondre aux questions, croyant plutôt que nous
venions pour ravir leurs forêts. Tenons à souligner que, ceci était une des énormes
difficultés nous ayant rendus la tâche très difficile à la collecte des informations
fiables. Etant plusieurs fois déçues par l’avènement des différents projets dans la
région, différents acteurs manifestaient le même scepticisme pour l’avènement du
processus Forêts Modèles.
35
III. 3. METHODOLOGIE
Pour atteindre les objectifs, une méthodologie à la fois systémique et participative a été
utilisée. L’étude était cependant basée sur l’application d’une série d’instrument des
recherches par une équipe composée de cinq personnes dont deux étudiants stagiaires4 et trois
guides locaux5 communément appelées « facilitateurs ».
L’équipe a conduit des « focus groups » dans chacun des villages cibles, des « conférences »
dans des établissements scolaire (Institut Ntondo avec des élèves) et de recherche (CREF-
Mabali avec des chercheurs) ; ainsi que des « entretiens » semi structurés avec des personnes
ressources en l’occurrence des chefs traditionnels du village Ntondo, le délégué de
l’administrateur du territoire, le chef d’établissement scolaire (Institut Ntondo), les
enseignants de l’institut Ntondo, le vice président du CPP de la FMLTc, l’assistant technique
PFCN-WWF et chargé des études socio-économiques dans le lanscape Lac Télé – Lac
Tumba, une plate forme des mamans protestantes (à Mbandaka) etc.
Naturellement, à ceux-ci devrait être ajouté les enquêtes ménages, qui malheureusement, faute
de temps et moyens, n’ont pas étaient faites. Néanmoins, l’observation participante et
l’analyse bibliographique nous ont permis de compléter quelques pertinentes informations.
Tous ces instruments de recherches ont visés à capturer dans un temps limité, l'information
appropriée qui pourrait aider à comprendre les structures sociales du milieu, les modes
d’accès aux ressources naturelles, les types d'activités économiques et leurs liens aux
ressources naturelles locales. Ces outils ont été également désignés pour comprendre les idées
tenues par les populations locales au sujet du développement économique, y compris les défis,
les changements et l'adaptation quant à l'utilisation de ressources. Par l'application de ces
instruments, nous avions essayé de préserver la perspective des participants sur les
événements, passés et actuels, qui affectent leurs vies, de ce fait maintenant une approche
ethnographique (Schensul, et.al. 1999 cité par A. Colom 2006).
4 Ces étudiants sont : Trésor-hénoc TSHITEBUA (auteur de ce présent rapport) et Prince BARAKA ; finalistes
en Eaux et Forêts à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Kinshasa. 5 Ces facilitateurs sont : Mr George YELA, Mr Idiamine NKUMU et Mr Blaise MPAMBI ; respectivement
personnel et chercheur au Centre de Recherche en Ecologie et Foresterie de Mabali (CREF-MABALI), Chef
d’antenne de l’ONG CEDEN, puis facilitateur des dialogues communautaire à l’ONG CEDEN.
36
Lors de toutes rencontres après une parfaite discussion avec différentes parties prenantes
(acteurs), il suivait une présentation du concept « Forêt Modèle » et échange très enrichissant
par rapport au concept. Et là, FM était perçu comme outil innovateur de bonne gouvernance et
solution à tout problème de gestion durables des ressources naturelles dans le milieu.
L’analyse des données a été conduite par un dépouillement manuel, un regroupement
thématique, puis une interprétation de manière a permettre aux résultats de demeurer aussi
étroitement que possible aux opinions exprimées par les participants locaux. En maintenant
une perspective historique il a été possible de comprendre comment les événements politiques
et économiques nationaux ont eu un impact sur activités économiques locales.
Matériels utilisés
Les focus groups et entretiens étaient conduit à l’aide des guides d’entretiens formulé
en fonction des problèmes à soulever ;
Les différentes trousses avaient servis pour documentation (guide de création d’une
forêt modèle, guide d’entretien d’une FM, guide de gouvernance d’une FM, dépliants
sur FM et RAFM, etc.)
Deux motos et un hors-bord pour assurer le déplacement inter secteurs dans des
villages cibles ;
Deux ordinateurs ont servis à l’encodage des données, et le logiciel Microsoft Excel a
permis leur analyse ;
Enfin, des blocs notes, stylos et papiers ont fait parti des matériels utilisés…
III. 4. DEVELOPPEMENT DE LA VISION COMMUNE
Une des techniques utilisées était le lancement d’une campagne de communication sociale ;
constituant fondamentalement un flux d’informations et de dialogue continu entre l’équipe de
travail et les communautés locales, puis entre les communautés locales elles-mêmes. Cela
avait pour cible les équipes locales de football6 des villages couvrant notre zone de travail.
Dans le but de favoriser le débat et la compréhension critique de certaines questions
importantes telles que : « Qu’est-ce qu’une forêt modèle ?, Quels sont les problèmes qu’elle
devrait résoudre localement ?, Est-elle nécessaire ici ?, Si oui, comment procéder pour la
mettre en œuvre ?
6 Le football est pour cette région la seul activité socioculturelle qui réunit tout le monde (hommes – femmes,
vieux et jeunes)
37
En effet, l’objectif de la campagne consistait à informer le grand public (toute couche
confondue) sur la pertinence du processus FM face : (i) à la problématique de la gestion
durable des ressources naturelles, (ii) à l’amélioration des conditions des vies ; et étudier
cependant, comment proposer de manière participative des techniques pratiques et spécifiques
au contexte local.
Pour s’y faire, il a fallu comprendre en premier lieu le système des médias locaux, y compris
où et comment les populations autochtones et les communautés locales discutent et
s’occupent des questions y afférentes.
a. Entretiens
Il s’agit d’une discussion avec des personnes ressources sur des sujets précis, mais en
recourant au ton de la conversation et de l’échange dans les deux sens. Ceci se faisait avec des
personnes influentes (leaders) du village. Le but poursuivi était celui non seulement
d’informer du processus FM, mais également celui d’être informé sur la problématique de la
gestion durable des ressources naturelles dans le milieu. Étant ainsi les seuls jeunes stagiaires
ayant habité le milieu avec une aptitude évaluée à 70% en terme d’intégration, les gens étaient
très enclins à l’organisation de rencontres et étaient très curieux sur la raison d’être de notre
travail.
Tableau n°8 : Représentation des acteurs rencontrés, les motifs et résultats
N° ACTIVITES MOTIFS RESULTATS
1
Rencontre de
Chefs coutumiers et
Notables (Ntondo)
« S.E Matthieu
MBOYO »
Informer sur le processus
Forêt Modèle et le projet de
mise sur pied de la FMLTc
en équateur
Recueillir les impressions et
préoccupations
Pouvoir coutumier informé et
impliqué dans le processus
Satisfait et motivé à
participer à la dynamique de
la construction de la FM
2 Rencontre du
Délégué de
l’administrateur du
territoire
Visite d’information sur le
processus Forêt Modèle et le
projet sur la mise sur pied de
la FMLTc
Pouvoir étatique locale
informé et impliqué
3
Rencontre du
Chef d’établissement
scolaire de l’Institut
Ntondo
Visite d’information sur le
processus Forêt Modèle et le
projet sur la mise sur pied de
la FMLTc
Faire voir le rôle que peut
jouer une école en tant
qu’acteur dans le processus
Engagement à la diffusion de
l’information et à la
sensibilisation afin de la
tenue d’une journée
d’activités à l’école
(impliquant aussi les écoles
voisines dans le rayon)
38
« Mr Solide
BOONGO »
Sollicitation d’une journée
afin de rencontrer les
enseignants ainsi que les
élèves
Implication des
établissements scolaires dans
la dynamique de la
construction de la FMLTc
4
Rencontre du
Pasteur de l’église
protestante
(CBFC/Ntondo)
Visite d’information sur le
processus Forêt Modèle et le
projet sur la mise sur pied de
la FMLTc
Faire voir le la place et le rôle
de la confession religieuse
dans la dynamique FM
Engagement à la diffusion de
l’information auprès des
collègues et à la
sensibilisation de la
congrégation
Implication des confessions
religieuses
5
Rencontre de
l’Assistant Technique
PFCN-WWF et chargé
des études socio-
économiques
« Mr Albert
BAKANZA »
Visite d’information sur le
processus Forêt Modèle et le
projet sur la mise sur pied de
la FMLTc
Recueillir ces avis par rapport
au processus FM et si
possible ses suggestions
Se renseigner sur les
différentes organisations
communautaires locales de
base localement reconnus
Savoir la position du WWF
en tant qu’acteur de taille
exerçant depuis de temps ces
activités dans la région
WWF informé et engagé en
partenariat dans le processus
Souhait de succès et réussite
à la FMLTc
Des types organisations
existantes on distingué les
CLDC, les ASBL, les ONG,
des mutuels etc. engagé dans
la production, la
conservation et la protection
6
Rencontre du Vice
président du CPP et
DAF au CREF-Mabali
« Mr Richard
MBOYO »
Se rendre compte de l’état
d’avancement du projet de
mise sur pied de la FMLTc
Discuter sur les différentes
contraintes auxquelles le
processus est bitter
Discuter sur l’apport du
CREF-Mabali comme acteur
dans le processus FM, les
opportunités, les contraintes
ainsi que les attentes dans le
partenariat avec la FMLTc
Entretien très fructueux qui a
fini par une prise de rendez-
vous pour la rencontrer les
chercheurs et personnels du
CREF-Mabali
39
7
Rencontre de la
Coordonatrice
Fédération des
Femmes Protestantes
réunissant toutes les
plates formes des
mamans de la
CBFC/Equateur
« Mme Marie-Jeanne
NSONO »
Visite d’information sur le
processus Forêt Modèle et le
projet sur la mise sur pied de
la FMLTc
Structurer les femmes
couvertes dans le paysage
FMLT
Etudier ensemble la
possibilité de la mise sur pied
d’une dynamique des femmes
de la FMLTc
Entretien très fructueux qui a
fini par une prise de rendez-
vous pour la rencontrer les
mamans membres de la FPP
puis d’autres structures de
mamans travaillant comme
sous composante au sein de
la FPP
b. Proposition de la mise sur pied d’une dynamique des femmes de la FMLT
(DFMLT)
Compte tenu de la discrimination constatée dans le rapport homme-femme à tous les niveaux
et aussi dans le rapport entre les groupes sociaux, nous ne nous sommes pas empêché de
penser que la composante «Femme» devrait être un atout valable dans le processus de mise
sur pied de la «Forêt Modèle Lac Tumba » en construction, d’autant plus que la plupart des
femmes, notamment celles rurales, sont à la fois utilisatrices et bénéficiaires de la forêt.
Il a été question de répertorier les différentes structures des femmes œuvrant au sein du
paysage et mener ensemble une analyse SWOT afin de la mise sur pied d’une plate forme des
femmes de la forêt modèle Lac Tumba.
Les entretiens avec les mamans ont été réalisés dans la ville de Mbandaka, visant le
développement d’une compréhension commune sur le concept de FM et la démonstration
simple et pragmatique sur la place de la femme dans ce processus. Cependant, la tâche n’était
pas si rude d’autant plus que chaque femme représentée au moins une structure de
développement œuvrant localement sur l’étendue du paysage FMLTc.
Quant à la catégorisation, toutes les catégories étaient représentées : les femmes des
confessions religieuses (protestantes, musulmanes, catholiques…), les femmes sans
appartenance religieuse, les femmes pygmées... ; représentantes des ONG de développement,
des ASBL, des mouvements, des comités locaux, des mutuels qui œuvrent dans la ville de
Mbandaka et s’élargissent dans le territoire de Bikoro, d’Ingende et Lukolela.
40
Leurs différentes activités sont :
Leadership et Entrepreneuriat : Education et formation des femmes rurales dans
l’amélioration des techniques de production, de conservation et de transformation des
produits agropastoraux et agroforestiers, de valorisation et de promotion des espèces
non ligneux peu connues et des PFNL ;
Agriculture, élevage, pisciculture, Microcrédits, etc.
En définitive, la plateforme a été mise sur pied et fonctionne de la manière suivante :
Un bureau de coordination provinciale, constitué d’une coordonatrice, une chargée de
planification, une secrétaire, une conseillère et une caissière. Ce comité fut dans un
ensemblé et de manière consensuelle ;
La coordination est représentée par quatre antennes, en fonction d’une antenne par
territoire (à Mbandaka, à Bikoro, à Ingende et à Lukolela).
Chaque antenne est à son tour constitué des structures (associations) des femmes
représentées et œuvrant localement, et formant ainsi des membres.
Antenne
MBANDAKA
Antenne
BIKORO
Antenne
INGENDE
Antenne
LUKOLELA
BUREAU DE COORDINATION
Associations
des femmes
Associations
des femmes
Associations
des femmes
Associations
des femmes
41
III. 5. DIAGNOSTIC TERRAIN
a. Activités socio-économiques et de subsistance
Agriculture
Chaque famille dispose de ses propres parcelles, et de ses propres jachères. Il n'existe aucune
famille ni aucun lignage qui ne pratique pas l'agriculture. Très répandu dans toute la zone, elle
est pratiquée pendant toute l'année et concerne principalement le maïs et le manioc en terme
d’importance ; suivi d’autres cultures telles que : l’arachide, le niébé, l’igname, la patate
douce et le riz. Cependant, la présence des cultures suivantes est également à signalée : le
tabac, l’hévéa, le palmier à huile, le cacao, le caféier, la canne à sucre et bananier plantain.
De tout cela, précisons que le maïs est plutôt une culture de rente et le manioc se situe entre
l'autosubsistance et la culture de rente. La monoculture est le système le plus utilisé dans la
zone et généralement sur un terrain d’1 hectare ou moins. Deux à trois reprises de la culture
du manioc sur un même terrain suffisent pour qu’il entre en jachère de 2–3 ans. Par contre, si
jamais c’était le maïs qui a été cultivé le terrain prendra au moins 5 ans de jachère.
La plupart des produits agricoles trouvés dans les villages aujourd'hui ont été présents dans le
secteur au moins depuis la deuxième partie du 19ème
siècle. Le manioc, l'aliment principal
dans le milieu, a été introduit par les commerçants portugais qui l'ont apporté de l'Amérique
en 17ème
siècle (Vandenput, 1981). Cependant, concernant les pratiques agro-écologiques, les
communautés sont quelques fois accompagnées et appuyées par les ONGs locales (en
l’occurrence : CEDEN) dans l’apport des intrants. Excepté par la production d’exportation,
les cultures de base, les méthodes d'affermage, et la division du travail n'ont pas changé
beaucoup depuis longtemps. Les activités agricoles engagent la plupart des membres du
ménage ; les hommes et les garçons adolescents exécutent les activités de dégagement et de
découpage en vue de la plantation, aidant également à transporter des produits au village après
la récolte. Les femmes exécutent le reste d'activités agricoles, excepté le travail dans des
palmerais et les plantations de cacao où les hommes mènent la majeure partie des travaux.
42
La Pêche
Elle est la deuxième activité économique la plus importante, au niveau des villages couvrant
la zone d’étude. En effet, la participation des enfants dans cette activité est similaire à travers
le paysage, par contre celle des hommes est beaucoup plus élevée.
Quant aux femmes, elles participent aussi ; mais à des méthodes de pêche précises rapportant
par exemple à la pêche par écopage, par pièges ou nasses. Et les hommes se rapportent plus à
des méthodes de pêche telles que par : filet (toutes mailles sans distinction aucune),
Hameçon, Harpon et autres. L’écopage est pratiqué dans les rivières, dans les étangs naturels
et artificiels, aussi bien que dans des secteurs inondés en pleine forêt. Il inclut les différentes
modalités qui combinent des paniers de pêche des diverses tailles qui ont chacun un nom
particulier7. Habituellement l'étang est d'abord empoisonné avec un mélange de sève ou des
feuilles et fruits. Mais pour quelques uns des villages cibles, cette méthode par
empoisonnement n’est plus fréquente ; grâce aux différentes sensibilisations réalisées dans le
cadre de l’éducation environnementale par les ONGs locales et internationales (CEDEN,
WWF etc.).
Quant aux changements localement perçue de l’activité de pêche, la majorité de participants à
travers la zone a rapportée que ces dernières années, la plupart des changements concernent
une diminution des stocks halieutiques, souvent lié à : (i) l'augmentation des activités de
pêche dans la région, (ii) une diminution dans la capacité des autorités traditionnelles de
contrôler les activités de pêche, (iii) non respect du calendrier de pêche, (iv) intensification
dans la pêche comprenant la multiplication des ustensiles (en l’occurrence de filets de petites
mailles, voire même l’usage de moustiquaires imprégnées). Le déclin dans la disponibilité des
poissons est également associé aux changements naturels et saisonniers, perçus comme d’être
hors de la commande des participants. Pour certains, des causes surnaturelles sont associées à
la disparition ou à la diminution des poissons, et elles sont liées à la colère des ancêtres, à la
mort des chefs traditionnels, au travail des spiritueux, et à la volonté des dieux.
Les pratiques courantes de la pêche pour la gestion de ressources naturelles :
L'identification répandue d'une diminution des stocks halieutiques représente une
occasion pour le dialogue et la collaboration entre les communautés et les organismes
locaux de conservation.
7 Eboko, en langue Lontmba
43
L'appui des contrôles traditionnels des emplacements de reproduction peut aider à
ramener des menaces aux populations de poissons en validant la connaissance.
La collaboration au de niveau local doit être appareillée avec des efforts d'adresser des
problèmes plus générales tels que les tracasseries, la taxation illégale, et l'utilisation
des zones de pêche par des étrangers sans permission des autorités traditionnelles.
La chasse
Elle range le quart, après l’agriculture, la pêche, et l’artisanat, en termes de revenus produits
pour la région couvrant la zone d’étude. Et cette activité est un apanage des hommes et les fils
adolescents, alors que les femmes participent aux activités de transformation et de
conservation. Les activités de chasse sont plus fréquentes pendant la saison des pluies, quand
les niveaux de l'eau du lac, des rivières et de marécages sont plus hauts et force les animaux à
se concentrer dans de plus petits secteurs. Les différentes méthodes utilisées sont : le fusil, le
chien et le piège. Et les animaux le plus souvent capturés sont : le sitatunga, le Potamochère,
le Cercocèbe noir (singe), l’Antilope (Nkulupa), l’Aulacode, le Rat palmiste et Porc-épic
Les changements locales perçu dans cette pratique ont été provoqués par : (i) une
intensification des activités de chasse, (ii) une augmentation du nombre d'ustensiles, (iii) la
perte de pratiques traditionnelles comme la chasse collective, (iv) le respect de la saison de
chasse, (v) et le respect pour les forêts sacrées. D'autres changements mentionnés incluent la
transformation de la forêt pour des buts agricoles, qui force des chasseurs à voyager de plus
longues distances pour trouver la forêt continue. La pression démographique a été également
associée à une augmentation du nombre de chasseurs dans chaque village, et à la tendance
croissante de chasser individuellement ou seulement avec des membres de ménage.
La cueillette
L’importance économique des PFNL (végétal et animal) n'est pas considérée comme
appropriée dans les économies des ménages. L’implication de ménages dans l’activité est
constituée par des hommes, de femmes et d’enfants. Les principaux produits récoltés sont : les
chenilles, champignons, feuille d’emballage, Matonge (landolphia), Garcinia cola (ngadiadia),
le miel etc. Et généralement, les feuilles d’emballages et chenilles sont les espèces les plus
commercialisées dans la zone. Les changements localement perçus dans la récolte de PFNL
est négatif. Et la plupart de ces changements sont attribuées à la pression démographique et
44
aux changements dans l'utilisation du territoire, en particulier à l'expansion de l'agriculture et
des secteurs peuplés.
Les PFNL, tandis que largement récoltés, ne sont pas aussi importants commercialement que
les produits agricoles et les poissons. Le manque de la valeur marchande associée à ces
produits peut affecter la prise de décision autour de la transformation de terre de la forêt à la
région agricole parce que la nécessité d'ouvrir des champs peut avoir la priorité au-dessus de
l'importance de PFNL comme activité de subsistance pour des ménages recherchant des
manières de produire du revenu.
Commerce
L’importance de l'agriculture, de la chasse, de la pêche et de la récolte de PFNL comme
activités économiques et de subsistance est également trouvée dans des activités
commerciales à travers la zone. Cependant, les producteurs vendent dans leurs villages ou
voyagent dans des villages moins isolés pour vendre aux négociants qui arrivent avec des
produits manufacturés. Quelques producteurs achètent également des produits auprès des
voisins et voyagent sur de plus longues distances pour vendre ces produits et acheter des
produits manufacturés pour échanger au village.
b. Accès aux terres et aux ressources naturelles
Accès aux ressources
naturelles : Eaux et Forêts
Les ménages locaux ont, pour la plupart, accès ouvert aux ressources naturelles situées dans la
forêt et les eaux de leur village. Les gens des villages voisins et les étrangers de la zone
d’étude accèdent à la terre locale et à ses ressources via les autorités traditionnelles. Le chef
de terre et le chef de groupement déterminent s’ils ont accès libre, contre permission, ou
encore s’ils doivent payer des droits d'accès. Les chefs traditionnels, cependant, ont peu de
contrôle sur des attributions obtenues au niveau provincial. En outre, le niveau de contrôle des
ressources locales par les autorités traditionnelles varie de village en village.
Les autorités traditionnelles exercent le contrôle sur les terroirs agricoles plus que sur d'autres
ressources locales. La deuxième activité la plus réglementée est la chasse, suivie de la pêche
et de la récolte de PFNL.
45
Les formes d'accès ont été classifiées en tant que l'accès sans restriction, la permission sans
paiement et la permission avec des paiements aux autorités traditionnelles. Dans le cas de
l'agriculture, la terre est assignée aux familles qui règlent alors son utilisation parmi ses
membres. Une fois une parcelle de terrain a été assignée à un ménage, les autorités
traditionnelles n'ont aucun contrôle de la façon dont la terre est partagée, ou sur son
utilisation. Les villageois voisins peuvent demander la permission de cultiver sans devoir
payer en espèce ou en nature, tandis que tous les villages rapportait exiger des étrangers de
payer des droites de cultiver dans les terres traditionnelles du village.
Comme signalé ci-haut, il existe malgré tout, une variation parmi différents villages de la
région quant aux modes d’accès des villageois voisins et étrangers de chasser et de pêcher
dans les forêts et les eaux de village. Quelques villages permettent le libre accès aux chasseurs
venant des villages voisins et aux étrangers, cependant que, d'autres demandent des
paiements des droits en espèce, en munitions, ou en nature.
Accès aux terres
Le fait que l’accès aux eaux et forêts pour en extraire les produits est sans restriction dans la
zone d’étude, n’exclut cependant pas des conditions quant à l’accès aux terres. En effet, les
terres étant toutes appropriées, la question de l'obtention se pose.
Dans quelle mesure la forêt peut-être allouée à une personne du village, mais aussi à une
personne étrangère telle qu'un immigrant ? D’une manière brute et brève, quelques réponses
ont été recueillies de différents propos de focus groups rencontré dans des villages cibles :
§ « Si les immigrants et les étrangers demandent au propriétaire de la forêt un endroit pour
faire les champs ou pour construire des maisons, peut-être pour y habiter, le propriétaire de
la forêt ne peut pas les refuser. Mais celui-ci ne peut pas non plus leurs céder la forêt pour
toujours. Depuis nos ancêtres, personne n'a le droit de vendre une portion de sa forêt. Car la
forêt d'un homme n'est que la conservation de tous ses biens. Il capture des poissons, des
gibiers, des chenilles et certaines choses à partir de sa forêt. Sauf les Blancs, s'ils sollicités
l’achat d’une portion de terre pour y planter des cultures pérennes en l’occurrence des
palmiers à huiles, celle-ci leur sera accordée sous forme d’une location et non par vente.
Depuis nos ancêtres, on ne distribue pas les forêts, ni les vendent. Non.»
Ces propos attestent que la forêt dans cette zone, peut être cédée à une personne étrangère au
village ; mais il y a des règles précises pour obtenir cette propriété. Un groupe de personnes
46
affirment cependant lors des entretiens, qu’on ne peut vendre la forêt ; par contre un autre
groupe révèle le contraire. Ceci peut être illustré par ce propos, tenu au sein d’un même
focus dans un des villages cibles :
§ « Le propriétaire de la forêt peut vendre une portion de sa forêt. Comment peut-il la
vendre ? Il la vend s'il a une dette, et comme il n'a pas d'argent à donner à son créancier, il
lui remet une portion de sa forêt pour ne plus jamais la reprendre ; et désormais celle-ci
devient la propriété de son créancier. Ceci peut aussi intervenir dans le cas le cas d’un abus
sexuel, d’un viol ou quelques autres conflits de genre entre deux familles ou villages. Alors,
n’est ce pas cela une forme de vente des forêts ? »
Il est marquant de constater que la forêt peut servir de moyen de paiement dans un cas ou de
gestion des conflits dans un autre. Ainsi, une portion de forêt peut servir pour payer une dette
beaucoup signifiante, dédommagé une famille ou un village suite à un abus sexuel, pour un
mariage ou pour payer une indemnité de mort. Cette indemnité de mort est demandée pour la
réparation d’une faute grave, et si l'accusé n'a pas l'argent pour payer la somme requise, il doit
céder une portion de forêt. Cependant, il n'est pas recommandé de vendre la forêt car cela est
au détriment de générations futures du lignage ou du clan, qui disposeront de moins de terres.
D’autant plus que celles-ci constituent une force pour un clan, ils seront faibles et moins
riches par rapport aux autres lignages. C'est pour cette raison que vendre la forêt est parfois
considéré comme un acte insensé par les locaux. C'est ce que résument ces mots d’un des
leaders rencontrés à Nzalekenga :
§ « Un père qui est riche mais imbécile, peut gaspiller sauvagement ses biens sans toutefois
se rendre compte qu'il a derrière lui une grande famille. Et il peut aussi vendre sa forêt aux
gens qui en manquent. Pense-t-il il avoir une autre forêt et d'autres biens pour lui et sa
famille ? Ils vont errer ça et là et finiront par devenir esclaves. Nous ne pouvons pas
distribuer nos forêts car Dieu ne viendra pas créer un autre monde ».
Ces paroles montrent bien quelles peuvent être les conséquences dramatiques d'une mauvaise
gestion des forêts. Cela pénalise les futurs propriétaires des terres issues du même lignage.
Les erreurs ne s'effacent pas, et lorsqu'une forêt est vendue, elle est perdue à jamais. Cela peut
être compté parmi différents conflits des terres dans la région ; étant donné ceci occasionne
souvent des tensions entre les nouveaux propriétaires et les anciens.
47
La mauvaise gestion de la propriété du clan, du lignage est donc la plus grave erreur qui
puisse être commise. La forêt étant souvent tout ce dont dispose le clan ou le lignage, perdre
cette richesse est équivaut à être complètement démuni.
Cependant, chaque clan dispose de ses propres forêts. L'appropriation des forêts ne se fait pas
vraiment au niveau du lignage, mais plutôt, au niveau supérieur qu'est le clan. Et la forêt est
revêtue d'une grande importance car elle pourvoit de nombreuses ressources essentielles pour
ces communautés locales.
Pour des terres agricoles, lorsqu’une personne cherche à cultiver sur des terres ne lui
appartiennent pas, il existe diverses possibilités. Il est possible de louer une partie de terre. La
durée d'une location va dépendre des plantes cultivées. Cette durée peut être de quelques mois
à quelques années. Ces contrats de locations peuvent être de différents types. Le propriétaire
peut avoir recours à de la main d'œuvre pour défricher. Dans ce cas, le défricheur peut avoir le
droit de cultiver du maïs, mais il doit laisser une partie de la parcelle défrichée au propriétaire
pour cultiver du manioc le plus souvent. Cette partie laissée au propriétaire dépend du contrat
passé entre les deux personnes. Réalisé de manière orale, ce contrat est avantageux pour le
défricheur qui ne dispose pas de terres pour cultiver, et le propriétaire bénéficie d'une partie
du travail du locataire pour sa propre récolte. D'une manière générale, la partie laissée au
propriétaire ne peut pas excéder le tiers de la superficie.
Un autre cas existe pour la location. Le propriétaire laisse à certaines femmes le droit de
cultiver du manioc ou de l'igname sur une de ses parcelles de maïs. En échange de cette mise
à disposition de terres, elles vont pratiquer le désherbage obligatoire pour la culture du maïs.
Il y a donc une association de culture. Le plus souvent c'est le manioc qui est cultivé par ces
femmes. Elles n'ont pas le droit de cultiver le maïs car cela nécessite d'autres contrats. Il est
aussi possible de louer une terre à un propriétaire, et les droits de jouissances coutumiers
seront définit entre les deux personnes. Il s'agit en général d'une partie des récoltes, souvent
10% de celles-ci, mais c'est au propriétaire de définir ce qu'il désire. Cela peut être de l'argent,
des biens selon les besoins. Chaque demande de terre en location impose d'informer le chef du
groupement ou le chef du village selon les cas, selon les disponibilités de chacune des
autorités.
Pertinence des formes locales d'accès aux ressources dans la gestion de ressources
naturelles
48
« La propriété privée » comme comprise par les populations locales ne correspond pas
nécessairement aux idées occidentales au sujet de la propriété privée. Il est important de se
rappeler que la compréhension locale quant à l'accès aux ressources locales détermine la prise
de décision plus fortement que ce qui est écrit en textes légaux. Dans le cas de terroirs
agricoles, « la propriété privée » ne signifie pas nécessairement avoir des titres « officiels »,
mais cela en vertu de la loi coutumière, la population locale a le droit d’exploiter la terre au
meilleur de leurs capacités.
L'existence de normes coutumières d’accès ne signifie pas que celui est réglé dans sa totalité.
L'application des normes locales est limitée, en particulier, quand le désir des autorités
traditionnelles de régler certaines pratiques n'est pas soutenu par des autorités aux niveaux de
secteur et de territoire. Les acteurs non gouvernementaux peuvent jouer un rôle important en
soutenant des efforts locaux d'améliorer l'utilisation raisonnable des ressources naturelles, y
compris les activités commerciales qui ont lieu dans les forêts traditionnelles des villages.
c. Rôle du pouvoir traditionnel dans la gestion durable des forêts
Les tenants du pouvoir traditionnel sont les garants de la protection, sécurisation des droits
fonciers et forestiers. Ils garantissent également la vie des communautés locales et peuples
autochtones face aux différentes menaces contre les communautés étrangères. Ce pouvoir
joue aussi le rôle de pacificateur entre deux membres en conflit. Le chef coutumier ou chef
de clan est chargé de faire un partage équitable des produits ou bénéfices issus de la forêt en
tenant compte de chaque famille appartenant au clan. L’octroi d’un espace à cultiver se fait
gratuitement pour un membre de la communauté qui manifeste son désir.
Quant à la perte du pouvoir traditionnel, les entretiens avec différentes personnes ressources
révèlent les causes suivantes : la religion, les conflits des générations, le non respect du
pouvoir par les membres des communautés locales et peuples autochtones, non respect ou
négligence des normes qui rendent leur pouvoir efficace par les tenants du pouvoir
traditionnel. Cependant, pour la revalorisation de ce pouvoir, quelques pistes de solutions
sont envisagées, en l’occurrence de la création d’un cadre de concertation et d’échanges.
Le mode d’acquisition du pouvoir chez les C.L comme chez les P.A se fait par héritage. C'est-
à-dire du père au fils soit du grand père au petit fils. Le mode d’accession au pouvoir est
conditionné par la mort de l’ancien chef coutumier. Et le successeur devrait être revêtu par
49
les esprits traditionnels et sera ainsi intronisé par une cérémonie organisée par tous les
anciens chefs coutumiers de la contrée.
50
III. 6. CONFERENCES
a. Institut Mompongo/ ex- Institut Ntodo
La première de nos conférences était organisée dans un établissement scolaire à l’Institut
Ntondo. La population ciblée était celle des élèves de 3e, 4
e, 5
e et 6
e année des humanités toute
option confondue. Un thème était proposé et annoncé en avance à l’école. Son intitulé était :
« Gestion durable des forêts et développement en République Démocratique du Congo. Il a
été présenté en deux sous thème, dont : (i) gestion durable des forêts et (ii) rôle de la forêt
dans le développement locale.
Les objectif poursuivi lors de cette conférence étaient ceux de : permettre aux élèves de
comprendre réellement ce que c’est la forêt ; son importance du point de vue social,
économique et écologique ; comprendre ce que c’est la gestion durable des ressources
forestières et les enjeux. Ce qui nous avait amené à chuter sur la présentation du processus
FM ainsi que le projet de mise sur pied de la FMLTc. Et la participation était chaleureuse de
la part de l’assistance. Cela était justifier par la participation massive de l’assistance lors de la
séance des questions – réponses, où le champ étai ouvert à tout le monde de s’exprimer sans
ambages. L’assistance a prouvé son intérêt au processus FM et s’est engagée par le biais de
l’école à accompagner le processus.
Pour motiver les participants, une somme d’environ 30 dollars USD était remise au chef
d’établissement en guise de récompense aux corps professoral. Cependant, parmi les élèves,
cinq élèves seulement ont été retenu (parmi lesquels 3 garçons et 2 filles) sur base de leur
prestation lors de la conférence. Et à ceux-ci, une somme d’environ 1 dollar USD a été remise
à chacun en guise de récompense. Le besoins d’organiser une autre journée de cette envergure
s’était présenté, mais faute de temps et moyens ce la n’a pas pût avoir lieu.
Quant au développement de la vision commune, il reste encore beaucoup à faire, mais cette
activité restera comme model dans les anales de cet institut. Car la promesse nous a été
donnée de non seulement de diffuser le message au tiers, mais plutôt s’impliquer au mieux à
leur niveau en vue de construire ensemble un cadre de vie assuré. Lors de cette conférence, un
accent était plus sur le rôle des élèves dans le développement du milieu local pour le bien être
de tous.
51
b. Centre de Recherche en Ecologie et Foresterie de Mabali (CREF-Mabali)
Le centre occupe une place importante dans la région. Cependant dans le cadre de notre
travail, tout a commencé par une visite d’entretiens avec de DAF du CREF « Mr Richard
MBOYO ; il assume également le vice présidence du comité provisoire de pilotage de la
FMLTc. Le but de cette visite était pour évaluer l’état d’avancement des activités du projet de
mise sur pied de la FMLTc, discuter et prendre connaisse des activités que fait le groupe de
travail. Essayer d’identifier les défis et les atouts pour savoir en quelque sorte le potentiel que
regorge le CREF afin d’en évaluer divers aspects ayant trait aux valeurs culturelle, sociale et
économique.
En effet, lors de notre visite au centre, nous avions eu à identifier beaucoup d’éléments liés à
la conservation, mais aussi aux aspects liés à la REDD. Pour cela, des propositions ont été
faites aux experts chercheurs de mener des études dans le but de quantifier la quantité de
biomasse au niveau de la station afin que cela soit valoriser monétairement.
Le travail au CREF était reparti en deux jours. Les activités étaient organisées sous forme de
conférence-débat permettant à tout le monde d’interagir. Le premier thème développé était :
« la gestion durable des forêts et le concept forêt modèle en RDC ». Cependant la deuxième,
porté sur une séance de formation sur : « l’introduction au réservoir carbone ». Ceci dans le
but d’esquisser commet la Réserve peut cependant valoriser cette richesse floristique qu’elle
dispose, dans la vente du carbone séquestré. Puis à la fin, un tableau a été établi reprenant les
opportunités, obstacles, rôles et attentes du CREF dans la FLMTc.
Le résultat de cette activité était au niveau de la prise de conscience ainsi que l’éveil du CREF
de valoriser autrement ses ressources d’une manière durable. Puisqu’à ce jour, les activités de
recherche dans la Réserve Scientifique de Mabali sont à l’arrêt quasi-total et la raison
fondamentale est que le CREF ne peut, à l’heure actuelle de ses propres ressources, subsidier
les activités de recherche très onéreuses bien qu’indispensables.
52
Tableau n° 9 : Opportunités, contraintes, rôles et attentes
N° DESCRIPTIONS
1
Opportunités
Eaux, forêts ainsi que biodiversité très diversifiée.
Population apte à s’impliquer dans la GDF.
Sur le plan agricole, la zone constitue un point fort. Le milieu
dispose d’un sol susceptible à développer les activités agricoles,
piscicoles et l’élevage. Et l’évacuation même des produits sera
facile par voie fluviale.
La zone dispose d’une Réserve scientifique qu’on peut valoriser
de diverse manière, en l’occurrence de l’écotourisme. Ce qui
créera des emplois et contribuera ainsi à la diminution de la
pauvreté.
Un autre aspect touristique est marqué par la présence du Lac
Tumba, l’unique dans la province, alimentant le territoire et
disposant d’une voie facile pour la navigation.
Les eaux sont très riches en produits halieutiques. Et leur
valorisation est envisageable afin de réduire la pression sur les et
générer monétairement des bénéfices. Cela est aussi envisageable
pour les plantes médicinales ainsi que d’autres fauniques et
ressources floristiques qui sont d’une particularité dans la zone
(leur domestication puis leur valorisation)
Sur le plan socioculturel, valorisation de la très émouvante danse
folklorique des Ekonda ainsi que des chants qui n’ont pour source
d’inspiration que la forêt et sa biodiversité.
2
Obstacles ou
contraintes
Non accessibilité dans la zone aux infrastructures de
bases (routières, sanitaires, scolaires, les marchés, c.
La marginalisation des faibles : en l’occurrence des P.A, femmes
et jeunes filles.
Phénomène « fille mère » très prononcé, suite au manque
d’encadrement.
Le non accessibilité à l’information, à la communication ainsi
qu’à l’éducation.
Absence des critères de la bonne gouvernance entre les
partenaires.
53
Absence de la structuration des ONG (irrégularité, manque de
bonne gouvernance, etc.).
Exploitations anarchiques de la part des exploitants.
Manque d’éthique (on retrouve dans la zone beaucoup
d’antivaleurs).
3
Rôles des
Acteurs
S’impliquer dans le processus afin d’identifier et sensibiliser
toutes les parties prenantes qui ne sont pas encore informer afin de
leur implication dans les processus.
Par le biais du centre de recherche de Mabali, des résultats des
recherches seront mises à la disposition de la FMLT (en agro-
climatologie par exemple, en pisciculture, agriculture ainsi qu’en
foresterie) en vue de leurs application tout en respectant la vision.
Avec son personnel, il peut disposer de son expertise à l’appui
aux ONG dans la conception des Micros projets, etc.
4
Attentes des
acteurs
L’établissement et l’équipement en infrastructures sanitaires. Car
une meilleure couverture sanitaire et une amélioration de la
qualité de l’eau potable sont attendues comme effet de ces
investissements, ce qui devrait diminuer le taux de mortalité
infanto – juvénile.
L’investissement dans l’infrastructure scolaire, ce qui devrait
augmenter le taux d’alphabétisation dans la zone.
Appuyer en matériels adapté le centre de recherche pour une
relance des activités.
Disposition en éco-gardes pour la Reserve scientifique de Mabali
et renforcement en capacités des personnels chercheurs.
Structurer les organisations paysannes.
III. 7. GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
a. Problèmes de gestion
La pauvreté constitue le principal problème dans le mode de gestion des ressources naturelles.
En effet, la quasi-totalité de la population rurale de bikoro n’a pas accès aux crédits. Le petit
nombre qui en a accès, dispose d’un revenu très faible. En conséquence, cette pauvre
population base sa subsistance sur l’utilisation directe des ressources naturelles en privilégiant
des solutions à court terme non durables pour faire face à ses problèmes quotidiens de
subsistance. Plus de 80% de communautés locales n’ont généralement pas connaissance de
techniques de gestion durables des ressources ; et la conception qu’ils ont des ressources c’est
qu’elles sont inépuisables. Par contre les 20%, qui ayant déjà été informées par le biais des
54
ONGs sur la gestion durable des ressources et sur ces avantages, continue néanmoins à
surexploiter comme les autres puisqu’ils sont tout simplement ronger par la pauvreté et la
faim.
La croissance démographique est aussi comptée parmi les contraintes. Et, Bikoro dispose dans
son ensemble d’une population à croissance très dense qui exerce une pression considérable
sur les ressources naturelles. Et cette précédente associée aux différents conflits fonciers font
aujourd’hui que les ressources se retrouvent dans un état désespéré.
La mauvaise gouvernance ajoutée à faiblesse des cadres légaux et institutionnels y est
également compté.
Et tous ceux-ci a pour conséquences directes : (i) l’exploitation irrationnelle des ressources
forestières et aquatiques, (ii) surexploitation des terres, (iii) pratiques culturales inappropriées
ainsi que (iv) les pratiques incontrôlée des feux de brousse.
b. Contraintes du milieu
De brève manière, les contraintes dans la gestion des ressources naturelles dans le territoire de
bikoro, peuvent être analysées sur le plan écologique et socio-économique.
Sur le plan écologique, cela peut être justifié par une perte très prononcée de productivité des
sols suite à des pratiques culturales inappropriées. En l’occurrence de l’agriculture itinérante
sur brulis ; pratique qui appauvrie considérablement les sols. Elle est fortement remarquée
dans la zone couvrant le paysage FMLTc où la pression démographique est grandissante et les
périodes de jachères deviennent de plus en plus courtes (2 – 3 ans).
Un certain nombre de facteurs entrainent la dégradation des ressources en eaux au niveau du
(Lac tumba). Ces facteurs, dus généralement aux activités humaines peuvent être illustrées par
la déforestation, l’usage sur le lac des moustiquaires imprégnés comme filet de pêche à très
petites mailles appelé communément « SERENA ». Et ceci constitue une vraie menace sur
qualité des eaux et la raréfaction des espèces halieutiques du Lac.
Les impacts économiques sur secteur agricole sont relatifs à la perte de productivités des sols.
Cependant, à cause d’une très grande diversité de situations sur terrain, il a été très difficile de
déterminer de manière exacte les coûts économiques de la dégradation des terres dans le
secteur agricole.
55
Les impacts sur les PFNL : longtemps considérés comme produits de subsistance, les
recherches conduites sur les PFNL au cours de ces trois mois de terrain ont permis
d’appréhendé leur contribution à la sécurité alimentaire, aux soins de santé et aux revenus de
ménages locaux. L’un des grands défis futurs pour la FMLTc c’est d’inscrire véritablement la
gestion des PFNL (animale et végétale) dans l’agenda des politiques locales de lutte contre la
pauvreté, l’amélioration de niveau de vie et de la gestion durable des forêts. Pour ce faire, un
projet portant sur la valorisation de la filière Fumbwa (Gngetum africanum) est envisageable
dans la zone couvrant le paysage FMLTc.
III. 8. BREF APERCU SUR LE PYGMEES DE BIKORO
S’agissant des pygmées (Batwa), moins nombreux dans le Territoire de Bikoro que les
bantous (Baoto), il y a lieu de signaler qu’ils sont distincts des nègres non seulement par
l’aspect physique mais aussi par leurs modes de vie et leurs civilisations ». Et d’après les
informations receuillis auprès des personnes ressources, les ancêtres de Batoa sont venus de
Bayo. Ils traverserent d’abord la rivière Ubangi, puis le fleuve Congo à Bandaka ; ils prirent
ensuite pied à Tshabake (actuel Boyela) au sud de Bandaka.
Les Batwa du Territoire de Bikoro sont au même titre que les Batwa du Kivu et du Kasaï, ils
appartiennent aux pygmoïdes. Leur taille moyenne est inférieure à celle des Nègres bantous
mais supérieure à celle des pygmées. Se rapportant aux observations, la population Batwa à
dans le territoire de Bikoro serait un groupe pygmée qui a absorbé des éléments nègres, un
produit de métissage qui ne peut plus être considéré comme une population pygmée pure ».
Faudrait-il aussi souligné que les Batwa sont considérés comme les premiers occupants de
l’actuel territoire de Bikoro. A ce sujet les différentes discussions avec les personnes
ressources précisent que « cette prétention à la qualité de « premier occupant » doit s’étendre
plutôt dans le sens de « ceux qui ont vu pour la première fois « les terres en question ».
Et signalons que sur cette question, même les avis des chercheurs sont départagés ; parce que
tout le monde est sans ignorer que les Batwa étaient les envoyés des Baoto à la recherche des
terrains et des forêts. Et les études ayant été menées révèlent pour les uns que la corrélation
linguistique des variantes du radical twa ; tswa, tshwa, toa, tua, twe, twah, thwa, kwa, ka, Rao,
Rwa, Sanua, wana,e.a, préfixes de la classe grammaticale relative aux personnes, pour
désigner une même espèce d’hommes, fait incliner les spécialistes à supposer l’existence
d’une signification première. Le sens profond en serait « nain », « petit », « court », et par
extension « inférieur », « esclave », « banni », « rejeté », « vaincu », pour en dégager
56
finalement « barbares », « étrangers » (Iyeli 2009).
Contrairement aux autres, qui considèrent que les twa forment une race à part, certains
spécialistes prétendent pourtant que les Batwa puisque n’ayant pas de langue propre, ne
forment cependant pas une race à part.
Si les groupes bantous ont chacun un site géographiquement bien identifié, il n’en est pas le
cas pour les Batwa. Ceux-ci n’ont pas un territoire fixe. On les trouve tant chez les Ntomba,
les Ekonda que chez les Nkundo. Toutefois, Lokuku et Iyanda restent leurs plus grandes
localités.
Les « Twa » de Bikoro ne doivent pas perdre de vue que de toutes les aliénations, «
l’aliénation culturelle est la plus dangereuse et la plus perfide. D’où ils doivent refuser de se
comporter en maudits et par ce fait même décider de prendre leur destin en main. Continuer à
croire au récit de la malédiction, « c’est demeurer trop longtemps encore colonisable et bon
pour des travaux d’exécution, mais impropre à construire individuellement et collectivement
une culture matérielle et idéelle digne de respect et de grandeur ».
En effet, les Bantous du territoire de Bikoro doivent savoir que pour un développement
certain et durable, la République Démocratique du Congo a besoin de l’apport de tous ses
citoyens y compris les minorer. Ainsi, maintenir une partie de la population, minime soit-elle,
dans le carcan idéologique et sous la domination c’est donner un coup dur tant au devenir du
territoire de Bikoro qu’à celui de la République tout entière.
Et surtout, le 21ème
siècle n’est pas celui où certains groupes tribaux ou raciaux doivent au
nom de quelle supériorité, marcher sur les autres. Tous les humains sont ainsi appelés a
travailler la main dans la main et d’échanger d’égal a égal en vue d’aider la société a aller de
l’avant et a devenir de plus en plus humain.
57
CONCLUSION
Notre travail s’est déroulé dans deux des 3 secteurs composant le territoire de Bikoro ; qui est
l’un des territoires constituant le paysage de la Forêt Modèle Lac Tumba en Equateur. Il avait
pour objectifs : (i) la participation au développement de la vision commune et (ii) au
prélèvement des diagnostics terrains dans sept villages du secteur du Lac Tumba et deux
villages du secteur des Ekonda.
Pour ce faire, des focus groups, des entretiens semi-structurés avec des personnes ressources
ont été réalisés auprès des communautés locales et peuples autochtones, dans chacun des
villages cibles. Des entretiens ainsi que des focus groups, se sont déroulés sur base d’un
questionnaire utilisé comme canevas.
Il ressort cependant des nos résultats que, le milieu regorge d’une importante force de travail
en terme de ressources humaines, ainsi qu’une forte aptitude à s’engager dans la gestion
durable des ressources naturelles locales. Toute fois, la mauvaise gouvernance dans la région
et l’inaccessibilité aux infrastructures des bases (scolaires, sanitaires, routières, marchés, etc.),
ont pour principales conséquences l’extrême pauvreté, l’entrave à tout engagement pour la
durabilité et la compromission à tout développement à l’échelle locale que provinciale.
Eu égard de ce qui précède, le processus Forêt Modèle se présente comme un élément
intégrateur, un outil innovateur de bonne gouvernance et une solution à tout problème de
gestion durables des ressources naturelles dans la région.
Nous suggérons pour ce fait, une forte sensibilisation afin de l’intégration des différents
groupes d’acteurs ; étendre les activités et mettre en place une équipe de travail dans chaque
territoire concerné par la FMLTc ; valorisation en éco-tourisme la Réserve scientifique de
Mabali ; tendre le partenariat et structurer les Organisations Paysannes.
58
BIBLIOGRAPHIE
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59
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http://www.imfn.net/?q=fr/system/files/Guide%20de%20création%20d'une%2
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présenté au SRAFM. Québec, ULAVAL. 84p.
Vandenput, R. (1981) Principales cultures de rente en Afrique Centrale. Bruxelles, CTB. 97p.
60
TABLE DE MATIERES
LISTE DES TABLEAUX .......................................................................................................... 1
LISTE DES DIAGRAMMES .................................................................................................... 2
LISTE DES GRAPHIQUES ...................................................................................................... 2
LISTES DES CARTES .............................................................................................................. 2
LISTE DES ACRONYMES ...................................................................................................... 3
AVANT-PROPOS ..................................................................................................................... 5
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 6
1. Contexte du stage ......................................................................................................... 6
2. Objectifs généraux ....................................................................................................... 7
3. Objectifs spécifiques .................................................................................................... 7
Chapitre I : PRESENTATION DU RESEAU INTERNATIONAL, DES RESEAUX
REGIONAUX ET DU RESEAU AFRICAIN DES FORETS MODELES ........................ 8
I. 1. BREVE HISTORIQUE DU CONCEPT FORET MODELE ........................................ 8
I. 2. UNE FORET MODELE, QU’EST-CE ? .................................................................... 11
I. 3. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES D’UNE FORET MODELE ....................... 11
I. 4. LE RESEAU AFRICAIN DES FORETS MODELES (RAFM) ................................. 13
I. 5. PERSPECTIVES PROCHES POUR LE DEPLOIEMENT DES FORETS MODELES
…………………………………………………………………………………………..16
I. 6. STRATEGIE D’EXTENSION ET RESULTATS PRELIMINAIRES EN RDC ....... 16
Chapitre II : CARACTERISATION DE LA ZONE .......................................................... 19
II. 1. BREF APERÇU SUR LA SUBDIVISION ADMINISTRATIVE DE LA PROVINCE
DE L’EQUATEUR .................................................................................................................. 19
a. Géographie ................................................................................................................. 19
b. Cartographie .............................................................................................................. 19
II. 2. DESCRIPTION DU MILIEU PHYSIQUE DE LA ZONE D’ETUDE : TERRITOIRE
DE BIKORO ............................................................................................................................ 21
a. Situation géographique .............................................................................................. 21
b. Subdivision administrative ........................................................................................ 21
c. Cartographie .............................................................................................................. 22
d. Condition éco-climatique .......................................................................................... 23
e. Relief ......................................................................................................................... 23
f. Géologie ........................................................................................................................ 23
g. Nature des sols ........................................................................................................... 23
h. Hydrographie ............................................................................................................. 24
i. Végétation ..................................................................................................................... 24
j. Faune ............................................................................................................................. 25
a. Brève historique du peuple de Bikoro : (Bantou - Pygmées) .................................... 26
61
b. Démographie ............................................................................................................. 27
c. Organisation sociale et composition du ménage ....................................................... 28
Chapitre III : PRESENTATION DES RESULTATS ........................................................ 33
III. 1. Délimitation du travail ........................................................................................... 33
III. 2. Difficultés éprouvées sur terrain ................................................................................ 34
III. 3. METHODOLOGIE ................................................................................................... 35
Matériels utilisés ........................................................................................................ 36
III. 4. DEVELOPPEMENT DE LA VISION COMMUNE ..................................................... 36
a. Entretiens ................................................................................................................... 37
b. Proposition de la mise sur pied d’une dynamique des femmes de la FMLT (DFMLT)
………………………………………………………………………………………39
III. 5. DIAGNOSTIC TERRAIN ............................................................................................. 41
a. Activités socio-économiques et de subsistance ......................................................... 41
Agriculture ............................................................................................................. 41
La Pêche ................................................................................................................. 42
La chasse ................................................................................................................ 43
La cueillette ............................................................................................................ 43
Commerce .............................................................................................................. 44
b. Accès aux terres et aux ressources naturelles ............................................................ 44
Accès aux terres ............................................................................................................... 45
c. Rôle du pouvoir traditionnel dans la gestion durable des forêts ........................... 48
III. 6. CONFERENCES ....................................................................................................... 50
a. Institut Mompongo/ ex- Institut Ntodo .................................................................. 50
b. Centre de Recherche en Ecologie et Foresterie de Mabali (CREF-Mabali) .......... 51
III. 7. GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ......................................................... 53
a. Problèmes de gestion ................................................................................................. 53
b. Contraintes du milieu ................................................................................................. 54
III. 8. BREF APERCU SUR LE PYGMEES DE BIKORO .................................................... 55
CONCLUSION ........................................................................................................................ 57
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 58
TABLE DE MATIERES .......................................................................................................... 60
ANNEXES ...................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
62