document 1 : texte. le « bonheur des dames » est un grand ... · il la voulait reine dans sa...
TRANSCRIPT
Document 1 : texte. Le « Bonheur des Dames » est un grand magasin
parisien. L’action se déroule au XIXème siècle.
1
5
10
15
20
25
30
Mouret avait l’unique passion1 de vaincre la femme. Il la voulait reine
dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l’y tenir à sa merci. C’était
toute sa tactique, la griser2 d’attentions galantes et trafiquer de ses désirs,
exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour se creusait-il la tête, à la recherche de
trouvailles nouvelles. Déjà, voulant éviter la fatigue des étages aux dames
délicates, il avait fait installer deux ascenseurs capitonnés3 de velours.
Puis, il venait d’ouvrir un buffet où l’on donnait gratuitement des sirops et
des biscuits et un salon de lecture, une galerie monumentale décorée avec
un luxe trop riche, dans laquelle il risquait même des expositions de
tableaux. Mais son idée la plus profonde était chez la femme sans
coquetterie, de conquérir la mère par l’enfant ; il ne perdait aucune force,
spéculait sur tous les sentiments, créait des rayons pour petits garçons et
fillettes, arrêtait les mamans au passage, en offrant aux bébés des images
et des ballons. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à
chaque acheteuse, des ballons rouges, à la peau fine de caoutchouc,
portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d’un fil,
voyageant en l’air, promenaient par les rues une réclame vivante !
La grande puissance était surtout la publicité. Mouret en arrivait à
dépenser par an trois cent mille francs de catalogues, d’annonces et
d’affiches. Pour sa mise en vente des nouveautés d’été, il avait lancé deux
cent mille catalogues, dont cinquante mille à l’étranger, traduits dans toutes
les langues. Maintenant, il les faisait illustrer de gravures, il les
accompagnait même d’échantillons collés sur les feuilles. C’était un
débordement d’étalages, le Bonheur des Dames sautait aux yeux du
monde entier, envahissait les murailles, les journaux, jusqu’aux rideaux des
théâtres. Il professait4 que la femme est sans force contre la réclame5,
qu’elle finit fatalement par aller au bruit. Du reste, il lui tendait des pièges
plus savants, il l’analysait en grand moraliste6. Ainsi, il avait découvert
qu’elle ne résistait pas au bon marché, qu’elle achetait sans besoin, quand
elle croyait conclure une affaire avantageuse ; et, sur cette observation, il
basait son système de diminution des prix, il baissait progressivement les
articles non vendus, préférant les vendre à perte, fidèle au principe de
renouvellement rapide des marchandises.
Emile ZOLA, Au Bonheur des Dames, chapitre IX, 1883
1 passion : obsession 2 griser : rendre ivre 3 capitonnés : rembourrés 4 professait : déclarait 5 réclame : publicité 6 moraliste : celui qui étudie les comportements humains
Document 2 : affiche.
Questionnaire portant sur un corpus. 20 points
Toutes vos réponses doivent être rédigées.
ATTENTION ! Le jour du brevet, la présence de réponses non rédigées entraine des
pénalisations = perte de points.
Questions portant sur le texte.
1. Dans le premier paragraphe, expliquez deux techniques de vente
utilisées par Mouret pour attirer la clientèle féminine. 2 pts
Les idées qui pouvaient être développées :
- des services et des petites attentions : "un buffet" (l.7), "un salon
de lecture" (l.8)
- leur confort, leur épargner la fatigue : "il avait fait installer deux
ascenseurs capitonnés de velours" (l.6)
- des lieux luxueux et aménagés pour que les femmes restent plus
longtemps dans le magasin : "une galerie monumentale décorée
avec un luxe trop riche, dans laquelle il risquait même des
expositions de tableaux" (l.8-10)
- la séduction des enfants pour que les mères restent dans le
magasin et également pour diffuser sa publicité : la distribution de
ballons est développée des lignes 14 à 17.
2. Quelle est l’attitude de Mouret face aux invendus. Expliquez en
quoi cette attitude est moderne. 2 pts
Mouret baisse "progressivement les articles non vendus" (l.31-32)
quitte à les vendre à perte afin que les clientes achètent en ayant
l'impression de faire des bonnes affaires. Cette attitude est moderne
car c'est comme cela que les commerçant pratiquent leurs soldes
aujourd'hui : plusieurs démarques sont appliquées sur les invendus
de la saison.
On attendait des élèves qu'ils reformulent la technique de Mouret
développée dans les dernières lignes du texte et qu'ils fassent le lien
entre ce que fait Mouret (au XIXè siècle) et les soldes aujourd'hui.
3. Lignes 24-25 : « […] le Bonheur des Dames sautait aux yeux du
monde entier […] ». Comment comprenez-vous cette phrase ? 2 pts
Cette phrase signifie que la publicité que fait Mouret pour son
magasin (sur des ballons publicitaires, sur des catalogues) est
diffusée dans toute la ville. Cette phrase illustre également la
volonté de Mouret de faire connaître et développer son magasin de
plus en plus loin.
4. A la ligne 5 du texte, on trouve l’expression : « exploiter sa
fièvre ».
a. Selon vous, de quelle fièvre s’agit-il ? 1 pt
Réponse acceptée : fièvre acheteuse, ou toute expression qui
signifie l'envie d'acheter et dépenser.
b. Remplacez le mot « fièvre » par une expression ou un mot
synonyme. 1 pt
Réponse acceptée : "exploiter son envie d'acheter", "exploiter son
caractère dépensier" ou toute autre réponse de même sens.
5. Lignes 1-2 : « Il la voulait reine dans sa maison, il lui avait bâti
ce temple […] »
a. Identifiez le rapport logique exprimé entre les propositions. 0.5 pt
Seul lien logique accepté : la conséquence.
b. Réécrivez cette phrase en insérant un connecteur logique qui
explicitera le rapport logique que vous avez identifié. 0.5 pt
Il la voulait reine dans sa maison donc il lui avait bâti ce temple.
Il la voulait reine dans sa maison si bien qu'il lui avait bâti ce
temple.
6. Lignes 26-27 : « Il professait que la femme est sans force contre
la réclame, qu’elle finit fatalement par aller au bruit. » 1 pt
a. En dehors de l’imparfait de l’indicatif, à quel temps et à quel
mode sont conjugués les deux autres verbes de cette phrase ?
"la femme est" et "elle finit" : présent de l'indicatif. On attend
des élèves qu'ils donnent le TEMPS (présent) et le MODE (indicatif).
b. Précisez la valeur de ce temps.
La valeur de ce présent est : présent de vérité générale.
7. Quelle est l’image de la femme donnée dans ce texte ? Relevez
deux expressions qui confirment cette image. 2 pt
Les réponses attendues sont toutes les réponses qui développent
l'idée que la femme est vue comme une cliente, voire un objet.
Toute expression relevée qui illustre l'idée développée est acceptée
à condition d'être recopiée sans faute, entre guillemets, avec le
numéro de la ligne.
8. Expliquez pourquoi l’expression « un trait de génie » (l.14) est
utilisée pour qualifier Mouret. Développez votre réponse en citant au
moins deux exemples pris dans l’ensemble du texte. 3 pts
On attend des élèves qu'ils expliquent ce qui fait l'intelligence de
Mouret : toutes ses techniques reposent sur des réflexions, des
analysent. Mouret réfléchit à la psychologie des acheteuses pour
développer ses innovations commerciales. On accepte toute réponse
qui développe le caractère observateur et les capacités d'analyse de
Mouret.
Toute expression relevée qui illustre l'idée développée est acceptée
à condition d'être recopiée sans faute, entre guillemets, avec le
numéro de la ligne.
9. Trouvez à ce texte un titre original et incitatif. Justifiez votre
choix. 2 pts
Exemples de titres trouvés dans les copies :
« L’acheteuse achetée », « Mouret et les femmes », « Tout sur
Mouret », « Etes-vous sûre d’avoir fait une affaire ? », « Femmes, il vous aime … ».
Question portant sur le texte et sur l’affiche.
10. L’affiche vous semble-t-elle donner une vision de la femme qui
corresponde au texte ? Expliquez votre point de vue et justifiez-le en mentionnant des
exemples précis que vous trouverez dans l’affiche. 3 pts
On attendait que les élèves mettent l'affiche en opposition avec la
vision des femmes véhiculée par le texte. Alors que l'affiche
présente l'exemple d'une femme combattive du XIXè siècle (Hubertine Auclert), le texte présente les femmes comme faibles.
Alors que des pionnières mènent, à l'image d'Hubertine Auclert, des
combats pour davantage de droits politiques, les femmes du texte
de Zola ne pensent qu'à acheter et dépenser.
Tant que le point de vue est développé et argumenté en citant des
éléments précis de l'affiche (description d'Hubertine Auclert, texte qui la présente, slogan de l'affiche, statistique sur les femmes
maires aujourd'hui en France), on peut aussi accepter les réponses
qui argumentent en faveur des points communs entre l'affiche et le
texte.
Réécriture. 5 points
L’exercice de réécriture se fait sur la même copie que les questions.
Réécrivez ce passage en conjuguant au présent de l’indicatif
les formes verbales qui sont à l’imparfait, et en remplaçant
« la femme » par « le client ».
Mouret avait l’unique passion de vaincre la femme. Il la voulait
reine dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l’y tenir à sa
merci. C’était toute sa tactique, la griser d’attentions galantes et
trafiquer de ses désirs, exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour se
creusait-il la tête, à la recherche de trouvailles nouvelles.
Mouret a l’unique passion de vaincre le client. Il le veut roi
dans sa maison, il lui a bâti ce temple, pour l’y tenir à sa merci.
C'est toute sa tactique, le griser d’attentions galantes et trafiquer
de ses désirs, exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour se creuse-t-il
la tête, à la recherche de trouvailles nouvelles.
MOINS 0.5 par faute ou oubli quelle que soit la faute ou l’oubli.
2ème partie : travail d’écriture. 20 points
Vous traiterez l’un de ces deux sujets au choix.
L’usage d’un dictionnaire de langue française est autorisé.
Sujet 1 :
Vous êtes vendeur dans un magasin et vous essayez de
convaincre une cliente d'acheter un jouet.
Écrivez le dialogue qui s'engage.
Barème de correction pour ce sujet :
Le dialogue est introduit/présenté = 2 points
Composition 6 points Paragraphes = 2 points
Le dialogue aboutit à une fin/conclusion = 2 points
Originalité 7 points
Expression écrite 6 points Orthographe / grammaire = 3 points
Correction de la langue = 3 points
Compréhension / Respect du sujet 1 point
Sujet 2 :
Les femmes ont gagné de nombreux combats pour avoir autant
de droits que les hommes. Pensez-vous que les femmes
d’aujourd’hui ont réussi à devenir l’égal de l’homme ?
Développez un point de vue nuancé sur cette question au
moyen d’un texte qui sera le reflet d’une réflexion construite et
organisée.
Barème de correction :
Introduction = 4 points
Composition 12 points Paragraphes développant argument/exemple = 4 points
Conclusion = 4 points
Argumentation convaincante 2 points
Expression écrite 6 points Orthographe / grammaire = 3 points
Correction de la langue = 3 points
Texte de la dictée.
Avant la dictée :
- La précision suivante est à écrire au tableau avant de procéder à la dictée :
* Les chiffres sont à écrire en lettres sauf la date.
- La référence du texte est à écrire au tableau avant de procéder à la dictée :
* Extrait des Mémoires d’une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir.
- L’expression suivante, contenue dans la dictée et qui risque de poser une
difficulté aux élèves, est à écrire au tableau :
* Boulevard Raspail.
Barème de la correction :
La dictée est sur 5 points
-MOINS 0.5 par faute grammaticale
-MOINS 0.25 par faute lexicale
-MOINS 0.5 si 6 fautes de ponctuation/majuscules
Lire d’abord le texte une fois avant de lire groupes
de mots par groupes de mots.
Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans
une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le
Boulevard Raspail. Mon père avait trente ans, ma mère vingt et
un, et j’étais leur premier enfant. Je tourne une page de
l’album ; maman tient dans ses bras un bébé qui n’est pas
moi ; je porte une jupe plissée, un béret, j’ai deux ans et demi,
et ma sœur vient de naître. J’en fus, paraît-il jalouse, mais
pendant peu de temps. Aussi loin que je me souvienne, j’étais
fière d’être l’aînée : la première. Déguisée en chaperon rouge,
portant dans mon panier galette et pot de beurre, je me
sentais plus intéressante qu’un nourrisson cloué dans son
berceau.
Deuxième partie : « Français – Rédaction et maitrise de la langue ».
1ère partie : dictée aménagée. 5 points
* Vous compléterez ce texte avec un des mots proposés au-
dessus de chaque ligne.
Je suis ……………… à quatre heures du matin, le 9 janvier
1908, dans une chambre aux ……………. laqués de blanc,
qui donnait sur le Boulevard Raspail. Mon père avait
trente ans, ma mère vingt et un, et j’………leur premier
enfant. Je tourne une page de l’album ; maman tient
né
née
nés
naît
meuble
meble
meubles
mebles
étais
était
étaient
été
dans ……. bras un bébé qui n’est pas moi ; je porte une
jupe …………………, un béret, j’ai deux ans et demi, et ma
sœur vient de naître. J’en fus, paraît-il jalouse, mais
pendant peu de temps. Aussi loin que je me ………………,
j’étais fière d’être l’aînée : la première. …………………… en
chaperon rouge, ……………….. dans mon panier galette et
ces
c’est
sait
ses
plicé
plicée
plissé
plissée
souvienne
souviène
souviaine
souviene
Déguisé
Déguisée
Déguisais
Déguisait
portent
portan
porten
portant
pot de beurre, je me ………………. plus intéressante qu’un
………………….. cloué dans son berceau.
Extrait des Mémoires d’une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir.
santé
sentaient
sentais
sentait
nourisson
nourrisson
nourrison
nourison