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Exégèse (tafsîr) de sourate Al-Ikhlâs, le Monothéisme
pur.
بسم الله الرحمن الرحيم
قل هو الله أحد .1الله الصمد .2لم يلد ولم يولد .3ولم يكن له كفوا أحد .4
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
1. Dis : « Il est Allah, Unique.
2. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
3. Il n’a jamais engendré ni ne l’a été.
4. Et nul ne Lui est égal. ».
Tafsir CHEIKH MOUHAMMAD IBN SALIH AL OUTHAYMINE
La cause de la révélation de cette sourate est que les associateurs (ou les juifs) demandèrent
au prophète لى ص هللا يه ل لم ع س de leur décrire son Seigneur ; Allah fit alors descendre ces و
versets.
« Dis » : Cette parole est adressée à la fois au prophète لى ص هللا يه ل لم ع س et à l’ensemble و
de la communauté.
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« Il est Allah Unique », autrement dit : c’est Lui Allah dont vous parlez et au sujet de qui
vous vous interrogez, « Unique » signifiant ici qu’Allah est Unique dans Sa Majesté et Sa
Grandeur et qu’Il n’a ni semblable ni associé.
« Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. » Cette phrase est
indépendante [de celle qui précède]. Allah y met en évidence qu’Il est « As-Samad », terme
dont la définition la plus globale est : « Celui qui se caractérise par la perfection de Ses
attributs et dont dépendent toutes les créatures. » Il a en effet été rapporté qu’Ibn ‘Abbâs
définit ce terme en disant : « Le Parfait dans Sa science, dans Sa clémence, et dans Sa
puissance. » Ce qui signifie qu’Il se suffit à Lui-même et qu’Il n’a guère besoin de Ses
créatures.
On a également rapporté qu’« As-Samad » désignait « Celui vers qui se dirigent les
créatures pour la réalisation de leur vœux », ce qui indique clairement la dépendance de
toutes Ses créatures vis-à-vis de Lui. Il apparaît dès lors que la définition la plus complète de
ce terme est bien celle qui a été mentionnée ci-dessus, à savoir : « Celui qui se caractérise par
la perfection de Ses attributs et dont dépendent toutes les créatures. »
« Il n’a jamais engendré ni ne l’a été. », car Il n’a point de semblable (Gloire et Pureté à
Lui). En effet, comme l’a dit le prophète لى ص هللا يه ل لم ع س à propos de sa fille Fâtima qu’il a و
considérée comme « un morceau de moi », toute progéniture dérive et fait en quelque sorte
partie intégrante de son géniteur. Or, Allah (Gloire et Pureté à Lui) ne possède guère de
semblable. De plus, engendrer un enfant s’explique soit par l’aide dont on a besoin qu’il nous
apporte en vue d’affronter les périples de ce bas monde, soit -plus simplement- par la
nécessité de préserver l’espèce. Or, Allah n’a nullement besoin de cela. C’est donc parce qu’Il
n’a point de semblable et qu’Il Se suffit à Lui-même qu’Il n’a pas engendré.
Notons que le Coran fait également allusion au caractère impossible de l’idée qu’Allah puisse
engendrer en disant : « Comment aurait-Il enfant alors qu’Il n’a pas de compagne ?
C’est Lui qui a tout créé et Il est Omniscient. » En effet, avoir un enfant nécessite une
compagne qui le met au monde. Or, Allah étant Celui qui a tout créé, Il est manifestement
séparé et dissocié de toute chose.
Les mots « Il n’a jamais engendré » constituent enfin un démenti à l’adresse de trois
catégories d’êtres égarés, à savoir : les associateurs, les juifs et les chrétiens. Les premiers
« firent des anges, qui sont les serviteurs du Tout-Miséricordieux, des femelles » en
affirmant qu’ils sont les filles d’Allah. Les juifs ont quant à eux dit que « ‘Uzayr est le fils
d’Allah. », les chrétiens faisant de même en soutenant que « le Messie est le fils d’Allah. »
Allah dément donc là leurs affirmations en disant : « Il n’a jamais engendré ».
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Mais qui est cet Uzayr ? Les savants musulmans ont identifié ce personnage à Esdras, un prophète de
l'Ancien Testament. Dans la Bible, Esdras a vécu au cinquième siècle avant Jésus Christ.
Il existe un autre verset du Coran faisant référence à lui, Allah l'aurait ressuscité cent ans après sa mort:
sourate 2.V259 Al-Baqarah
Ou comme celui qui passait dans par un village désert et dévasté: ‹Comment Allah va-t-Il redonner la vie à
celui-ci après sa mort ?› dit-il. Allah donc le fit mourir et le garda ainsi pendant cent ans. Puis Il le
ressuscita en disant: ‹Combien de temps as-tu demeuré ainsi?› ‹Je suis resté un jour, dit l'autre, ou une
partie de la journée.› ‹Non! dit Allah, tu es resté cent ans. Regarde donc ta nourriture et ta boisson: rien
ne s'est gâté; mais regarde ton âne... Et pour faire de toi un signe pour les gens, et regarde ces
ossements, comment Nous les assemblons et les revêtons de chair›. Et devant l'évidence, il dit: ‹Je sais
qu'Allah est Omnipotent›.
Tafsir d'Ibn Abbas:
(Ou comme celui qui passait dans par un village) il dit: ne connaissez-vous pas l'histoire de 'Uzayr
Ibn Shurahya qui est passé par la ville de Dayr Hiraql (désert et dévasté: ‹Comment Allah va-t-Il
redonner la vie à celui-ci après sa mort ?› dit-il) comment Allah pourrait ramener les gens de cette
ville à la vie après leur mort ? (Allah donc le fit mourir) directement sur place (le garda ainsi pendant
cent ans. Puis Il le ressuscita) à la fin du jour. (Il) Allah (en disant: ‹Combien de temps as-tu
demeuré ainsi ?›) Ô Uzayr ? (‹Je suis resté un jour) et ensuite il regarda le soleil qui était toujours à
l'horizon et a dit (ou une partie de la journée) Allah dit (Non ! tu es resté) tu es mort (cent ans.
Regarde donc ta nourriture) des figues et des raisins (et ta boisson:) du jus (rien ne s'est gâté;
mais regarde ton âne) regarde les os de ton âne comment ils sont devenu blanc (Et pour faire de toi
un signe) un signe (pour les gens) concernant la question de ramener les gens à la vie, ils seront
réssucités dans le même état que quand ils sont morts, parce que Uzayr est mort jeune et qu'il a été
ramener à la vie comme une jeune personne. Il est dit que Allah a fait de lui une leçon pour les gens, car il
est mort quand il avait quarante ans et a été ramené à la vie quand son fils avait cent vingt ans, (regarde
ces ossements) les os de ton âne (comment Nous les assemblons et les revêtons de chair) après
cela. Il dit ensuite: Nous le recouvrons de nerfs, de veines, de chair, de peau et de poils et Nous mettons
en lui l'esprit (Et devant l'évidence) comment Allah a recouvert les os (il dit: ‹Je sais) je sais
(qu'Allah est Omnipotent›) de la vie et de la mort.
« il n’a pas été engendré non plus » étant donné qu’Il est Gloire et Pureté à Lui Le Premier à
qui rien n’a précédé, comment peut-il donc être engendré.
« Et nul ne Lui est égal. », autrement dit : rien ne Lui est égal dans Ses attributs.
Allah dément donc dans cette sourate la possibilité qu’Il ait pu engendrer ou être engendré et l’idée
qu’Il puisse avoir un semblable.
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Cette sourate possède un énorme mérite, puisque le prophète لى ص هللا يه ل لم ع س dit à son propos و
qu’« elle équivaut au tiers du Coran. » Et [précisons bien ici] qu’elle « équivaut » au tiers du
Coran mais qu’elle ne le « remplace » pas. La preuve en est que si une personne se contente,
lors d’une prière obligatoire, de la réciter trois fois, cela ne remplace pas la récitation de la
« Fâtiha », bien que les trois récitations successives de cette sourate équivaillent à celle de la
totalité du Coran. Il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant au fait qu’une chose puisse être équivalente à
une autre sans s’y substituer. Le prophète لى ص هللا يه ل لم ع س nous a en effet enseigné que « la و
parole de celui qui dit : Nulle divinité n’est digne d’être adorée en dehors d’Allah,
L’Unique, sans associé. A Lui la royauté et la louange, et Il est Puissant sur toute
chose. » Équivaut à l’affranchissement de quatre personnes de la descendance
d’Ismâ‘îl. » Or, se contenter de réciter cette formule de rappel pour expier un péché nécessitant
l’affranchissement d’un esclave ne saurait suffire et se substituer à l’acte d’affranchissement
proprement dit. Ce qui montre bien que l’équivalence entre deux choses n’entraîne pas forcément
que l’une puisse remplacer l’autre.
Notons enfin que le Messager d’Allah لى ص هللا يه ل لم ع س avait pour coutume de réciter cette و
sourate dans la seconde Rak‘at de la prière surérogatoire de l’Aube (Sunnatu-l-Fajr), de la prière
surérogatoire du Coucher (Al Maghrib), dans celle du Tawâf ainsi que dans le Witr. Ce qui
s’explique par le fait qu’elle est basée sur le dévouement total à Allah, terme dont elle tire
d’ailleurs son nom : « Al Ikhlâs ».
BIOGRAPHIE DU CHEIKH MOUHAMMAD IBN SALIH AL
OUTHAYMINE
Son nom est abou 'Abdillah Mouhammad ibn Salih ibn Mouhammad ibn
'Outhaymine al Wahaybi at-Tamimi. Il est né dans la ville de ‘Ounayza le 27 du
mois du Ramadhan béni de l’année 1347 H (1926 G). Il a appris et étudié le
Saint Coran de son grand-père maternel, le cheikh ‘Abdour-Rahmane ibn
Souleyman Al Dâmigh -qu’Allah lui fasse miséricorde-. Ensuite il est parti à la
recherche de la science, a appris l’art de l’écriture et du calcul et d’autres
matières. Cheikh ‘Abdour-Rahmane as-Sa’di -qu’Allah lui fasse miséricorde-
avait confié à deux de ses étudiants la responsabilité d’enseigner aux enfants : le
premier est le cheikh ‘Ali as-Sâlihi et le deuxième le cheikh Mouhammad ibn
‘Abdil’Aziz al Moutawoui’-qu’Allah leur fasse miséricorde-. Il étudia chez le second
le résumé de al ‘Aqidah al Wassitiya du Cheikh ‘Abdour-Rahmane as-Sa’di, et
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Minahij as-Salihin dans le Fiqh toujours du cheikh as-Sa’di et al Ajroumiyah et al
alfiya. Il a étudié chez cheikh ‘Abdour-Rahmane ibn ‘Ali ibn ‘Aoudan la science
de l’héritage et le Fiqh. Il apprit avec Cheikh ‘Abdour-Rahmane ibn Naçir as-
Sa’di, celui qui est considéré comme son premier professeur, il apprit de lui le
Tawhid, le Tafsir, le Hadith, le Fiqh, les bases du Fiqh, la science de l’héritage,
les sciences du Hadith, la grammaire et la conjugaison.
Il a étudié chez le cheikh ‘Abdoul’Aziz ibn ‘Abdillah ibn Bâz -qu’Allah lui fasse
miséricorde- qui est considéré comme son deuxième professeur, en commençant
par Sahih al Bukhârî, ainsi que quelques ouvrages de cheikh al Islam ibn
Taymiya ainsi que quelques livres de Fiqh.
En 1371 H, il a pris place pour enseigner à la mosquée et lorsque les instituts
scientifiques de Riyad ont ouvert en l’an 1372 H, il s’y est inscrit.
Après deux années, il en est sorti et à été nommé professeur à l’institut
scientifique de ‘Ounayza tout en continuant d’étudier par correspondance à la
faculté de Chari’a ainsi que l’apprentissage de la science auprès de cheikh
‘Abdour-Rahmane as-Sa’di.
Lorsque son Cheikh ‘Abdour-Rahmane as-Sa’di -qu’Allah lui fasse miséricorde-
est mort, on lui confia l’Imamat général de ‘Ounayza, ainsi que l’enseignement
dans la bibliothèque Nationale de ‘Ounayza. Ensuite, il est parti enseigner à la
faculté de Chari’a et Oussoul ad-Dine, annexe de l’université islamique
Mouhammad ibn Sa’oud à Qassim, Tout en étant membre du conseil des grands
savants du Royaume d’Arabie Saoudite. Le cheikh a fait un grand effort dans le
prêche à Allah et dans les recommandations aux prêcheurs de tout lieu.
Et il est digne de mentionner que son excellence le cheikh Mouhammad ibn
Ibrâhim -qu’Allah lui fasse miséricorde- l’a sollicité et a insisté pour qu’il prenne
le poste de juge. Mais le cheikh (al ‘Outhaymine -qu’Allah lui fasse miséricorde-)
a refusé.
Cheikh Al ‘Outhaymine -qu’Allah Le Très- Haut lui fasse miséricorde- est l’auteur
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de plus de 40 ouvrages (livres et Rissala)
Cheikh Al ‘Outhaymine a délivré des cours dans le Haram
Pendant plus de 35 ans, Cheikh Mouhammad ibn Salih al ‘Outhaymine avait le
rôle de professeur donnant des cours à l'intérieur du Haram sacré à Makkah.
Il avait une place permanente au deuxième étage de la mosquée sacrée où
beaucoup de gens écoutaient son exposition érudite.
Il a donné des cours sur la ‘Aqidah (Croyance), le Fiqh (jurisprudence), le Hadith
et le Tafsir. Il a aussi commenté des ouvrages écrits par de grands savants tel
que ibn Taymiya, ibnoul Qayim et d'autres.
De la même façon, il faisait des cours saisonniers pendant le Ramadhan et à la
période du Hajj.
Des dizaines de milliers de cassettes audio de ses conférences ont été
enregistrées et sont disponibles au public.
Son dernier cours public a été délivré une nuit avant la célébration de ‘Aîd al Fitr.
Cheikh al ‘Outhaymine pendant ses derniers jours
En dépit de son état de santé, il a continué à donner ses cours habituels dans les
différentes villes et places.
Cheikh al ‘Outhaymine est mort à l’âge de 74 ans.
Il était un modèle de droiture, d’honnêteté, de savant bien informé,
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d’engagement et de service désintéressé pour la cause d'Allah. Un grand nombre
de musulmans (plus de 500 000 personnes) incluant savants et étudiants ont
assisté à la Salât Janaza qui a été faite à la mosquée sacrée à Makkah après la
prière du ’Asr, jeudi.
La mort de l'Imam, du Cheikh, al ‘Allâmah, Mouhammad ibn Sâlih al
‘Outhaymine, est survenue le 15 Chawal 1421 H (2000 G).
BIOGRAPHIE DU CHEIKH Abd Allâh Ibn `Abbâs
Abd Allâh était le fils d’Al-’Abbas (qu’Allah les agrée tous deux), un des oncles du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui). Il est né
seulement 3 ans avant l’Hégire (c’est à dire environ en 619 de l’ère chrétienne). A la mort du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui),
Abd Allâh n’avait ainsi que 13 ans .
A sa naissance, sa mère l’emmena au Saint Prophète d’Allah (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) afin qu’il mette un peu de sa propre salive sur
la langue du bébé avant que celui-ci n’ait pris le sein de sa mère. Ce fut le début d’une étroite et intime relation entre Al-’Abbas, qu’Allâh l’agrée, et
le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) qui promettait, toute leur vie durant, amour et dévotion !
Quand Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, atteint l’âge de raison, il se dévoua au service du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui). Il courait
rapporter de l’eau au Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) lorsque celui-ci voulait faire ses ablutions. Pendant la prière, il restait derrière le
Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) et quand le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) partait en voyage ou en expédition il le suivait
au pas. Abd Allâh devint ainsi l’ombre du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui), constamment en sa compagnie.
Dans toutes ces situations, il était attentif et alerte quels que soient les
faits et dires dur Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui). Son cœur
était enthousiaste et son jeune esprit était pur et disponible, mémorisant ainsi les mots du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) avec la
capacité et la précision d’un appareil d’enregistrement. Dans cette voie et à travers ses constantes recherches postérieures, comme nous avons pu
le voir, Abd Allâh devint l’un des plus érudits compagnons du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) conservant au nom des générations
futures de musulmans, les inestimables propos du Messager d’Allâh (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui).
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Le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) considérait Abd Allâh
comme un enfant proche de lui (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui). Lui donnant une tape sur l’épaule, le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur
lui) fit une invocation pour lui : " Ô Allah, donne-lui une profonde compréhension de la religion de l’Islam
et instruis-le dans l’explication et l’interprétation des choses".
Il y eut ensuite beaucoup d’occasions où le Prophète (Paix et Bénédiction
d’Allâh sur lui) répéta cette invocation ou prière pour son cousin et dès lors Abd Allâh Ibn ’Abbas, qu’Allâh l’agrée, comprit que sa vie devait être
vouée à la recherche de l’apprentissage et du savoir.
De plus, le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) ne se contenta pas de demander à Allah qu’Il lui accorde la connaissance et la
compréhension mais aussi la sagesse. Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, raconta l’incident suivant à propos de lui : " Une fois, le Prophète (Paix et
Bénédiction d’Allâh sur lui), était sur le point de faire ses ablutions. Je me pressai afin de lui amener de l’eau à cet effet. Il (Paix et Bénédiction
d’Allâh sur lui) était ravi de ce geste de ma part. Au moment où il (Paix et
Bénédiction d’Allâh sur lui) alla commencer à prier, il (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) me fit signe de me poster à ses côtés. Cependant, je restai
derrière lui. Une fois la prière terminée, il (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) se retourna vers moi et dit : " qu’est ce qui t’a empêché de venir prier
à côté de moi, ô Abd Allâh ? " Tu es bien trop illustre et éminent à mes yeux pour que je me place côte à côte avec toi, répliquai-je ! ". Levant ses
mains vers le ciel, le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) fit cette invocation : " Ô Allah, accorde-lui la sagesse". Cette invocation du
Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) fut indubitablement accordée au jeune Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, et prouve une fois de plus qu’il,
qu’Allâh l’agrée, possédait une sagesse bien au-delà de son age. Mais cette sagesse ne vint qu’avec de la dévotion et une avide recherche de
connaissance à la fois du vivant du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) et après sa mort.
Du vivant du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui), Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, était assidu à toutes les assemblées du Prophète (Paix et
Bénédiction d’Allâh sur lui) et mémorisait tout, quoi qu’il (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) dise.
Après la mort du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui), il, qu’Allâh
l’agrée, prit soin de se rendre chez le plus de compagnons possibles et particulièrement ceux qui connaissaient le Prophète (Paix et Bénédiction
d’Allâh sur lui) depuis longtemps et il apprenait de ces gens-là ce que le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) leur avait enseigné.
Chaque fois qu’il, qu’Allâh l’agrée, entendait parler d’une personne connaissant un hadith du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) que
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lui ne connaissait pas, il allait rapidement voir cette personne pour
l’apprendre d’elle.
Il soumettait ensuite ce hadith quel qu’en soit son contenu à un examen minutieux et le comparait avec d’autres sources. Il allait chez pas moins
de trente compagnons afin de vérifier un seul hadith.
Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, a rapporté ce qu’il fit alors qu’il entendit qu’un compagnon du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) possédait un
hadith qui lui était inconnu : " J’allai chez lui au moment de la sieste de l’après-midi et déployai ma cape au pas de sa porte. Ce mouvement
déplaça une masse de poussière sur moi (alors que je m’assis pour
l’attendre). Si je l’avais voulu j’aurais pu lui demander sa permission d’entrer et il me l’aurait certainement autorisé. Mais je préférai l’attendre
et le laisser ainsi bien se reposer. Sortant de chez lui et me voyant dans cet état (poussiéreux) il dit : Ô cousin du Prophète ! Que t’arrive-t-il ? Si
tu m’avais fait demander, je serais venu te voir. C’était à moi de venir à toi, tout comme on doit aller à la connaissance et non le contraire ! dis-
je. Je lui demandai alors le hadith et l’appris".
De cette façon, le consciencieux Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, demandait encore, demandait toujours et demandait continuellement. Et il examinait
et passait au peigne fin les informations qu’il avait collectées avec son
esprit enthousiaste et méticuleux.
Abd Allâh, que Dieu l’agrée, n’était pas un expert uniquement dans le domaine du Hadîth. Il s’était consacré à l’acquisition de savoir dans une
large variété de domaine. Il avait une admiration particulière pour les personnes comme Zayd Ibn Thabit, qu’Allah l’agrée, le scribe de la
Révélation, le principal juge et jurisconsulte (faqih) de Médine, un expert dans les droits régissant l’héritage et dans la récitation du Coran. Lorsque
Zayd prévoyait de partir en voyage, le jeune Abd Allâh se tenait humblement à ses côtés et prenant les rênes de sa monture ; il adoptait
l’attitude d’un serviteur à l’égard de son maître.
Zayd lui disait alors : " Ne fais pas ça ô cousin du Prophète ! ". "C’est
ainsi que l’on nous a ordonné de traiter les plus érudits d’entre nous", disait Abd Allâh. Et Zayd lui répondait : " Laisse-moi voir ta main ". Abd
Allâh tendait sa main. Zayd la prenant, l’embrassait et disait : " c’est ainsi que l’on nous a ordonnés de traiter les membres de la maison du Prophète
(Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui)".
Lorsque le savoir de Abd Allâh s’accrut, sa réputation s’aggrandit par la
même. Masrûq Ibn Al-Ajda` disait de lui : " Chaque fois que je voyais Ibn ’Abbas, je disais : il est le plus beau des hommes. Et quand il parlait, je
disais : il est le plus éloquent des hommes. Et quand il avait une
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conversation, je disais : il est le plus érudit des hommes".
Le Calife ’Omar IIbn Al-Khattâb, qu’Allah l’agrée, lui demandait souvent
conseil pour d’importants problèmes étatiques et le décrivait comme "le jeune homme de maturité".
Sa’d Ibn Abî Waqqâs le décrivait avec ces mots : " Je n’ai jamais vu quelqu’un qui comprenait aussi rapidement, qui était plus érudit, et plus
sage qu’Ibn ’Abbas. J’ai vu ’Omar le convoquer afin de discuter de problèmes difficiles en présence de vétérans de Badr parmi les Muhajirîn
(ceux qui avaient quitté La Mecque pour Médine, qu’Allah les agrée tous) et des Ansars (Auxiliaires Médinois ayant accueilli les Muhajirines chez
eux, qu’Allah les agrée eux aussi). Ibn ’Abbas, qu’Allah l’agrée, parlait, et ’Omar prenait en considération ce qu’il disait".
Ce sont ces qualités qui faisaient que Abd Allâh Ibn ’Abbas, qu’Allâh l’agrée, était connu comme " l’érudit de cette Ummah (communauté). Abd
Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allâh l’agrée, ne se contentait pas d’accumuler le savoir. Il sentait qu’il avait un devoir envers la Ummah ; d’éduquer les
croyants dans la recherche du savoir. Il devint professeur et sa maison devint une université ; oui, une université au sens large du terme, une
université avec un enseignement spécifique à la seule différence qu’il n’y avait qu’un seul professeur : Abd Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allâh l’agrée,.
Il y avait une réaction positive vis-à-vis des cours dispensés par Abd
Allâh. Un de ses compagnons a dépeint une scène typique se passant
devant sa maison : " Je voyais les gens converger sur les routes principales menant à la maison d’Ibn `Abbâs jusqu’à ce qu’il n’y ait plus
de place devant sa maison. J’allai chez lui pour l’en informer et il me dit : apporte-moi de l’eau pour mes ablutions. Il fit ses ablutions et, en
s’asseyant, il dit : sors et dis-leur : quiconque a des questions à propos du Coran ou sa récitation qu’il entre. De nouveau sa maison était pleine et
Abd Allâh répondit et fournit plus d’informations que ce qu’il lui était demandé.Et ainsi de suite avec des groupes d’autres personnes venant
pour discuter de Fiqh (jurisprudence) du halâl (licite) et du haram (illicite), des jugements légaux régissant l’héritage, de la langue arabe, de la
poésie et d’étymologie.
Pour éviter la congestion avec toutes les assemblées venant pour discuter
de sujets variés en un seul jour, Abd Allâh décida de consacrer exclusivement un jour par discipline différente. Un jour, seule l’exégèse du
Coran était enseignée tandis qu’un autre jour seul le Fiqh (jurisprudence). Les maghâzî (histoire des épopées guerrières de l’Arabie) ou les
expéditions du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui), la poésie, l’Histoire Arabe de la période pré-islamique (jâhiliyyah) : un jour
spécifique était dédié à chacune des disciplines.
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Abd Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allâh l’agrée, complétait son enseignement par
une puissante mémoire et une formidable intelligence. Ses explications étaient précises, claires et logiques. Ses arguments étaient persuasifs et
renforcés par des textes pertinents et des faits historiques.
C’est sous le Califat d’Ali Ibn Abî Talib que Abd Allâh Ibn `Abbâs (qu’Allah
les agrée tous deux) eut l’occasion d’utiliser son extraordinaire force de persuasion. Un grand nombre de défenseurs d’Ali dans son opposition à
Mu’awiyah l’ont tout simplement abandonné. Abd Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allâh l’agrée, alla voir Ali, qu’Allâh l’agrée, et lui demanda la permission
d’aller parler à ces gens. Ali hésita, craignant que Abd Allâh ne fût en danger entre leurs mains, mais finalement Alî laissa libre cours à
l’optimisme de Abd Allâh qui était sûr que rien n’arriverait !
Abd Allâh alla jusqu’au groupe en question. Il les trouva absorbés par le culte. Certains n’étaient pas d’accord pour le laisser parler mais d’autres
étaient prêts à lui tendre l’oreille.
" Dites-moi, demanda Abd Allâh, quel grief avez-vous à l’égard du cousin
du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui), le mari de sa fille et le premier de ceux qui ont cru en lui (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) ? ".
Les hommes se mirent à énumérer trois causes principales de leur
mécontentement à l’encontre d’Ali Ibn Abî Talib, qu’Allâh l’agrée,. Premièrement, le fait qu’il nomma des hommes comme juges pour
trancher sur une question dont le jugement ne revenait qu’à Allah (Exalté
soit-Il). C’est à dire que Ali avait accepté l’arbitrage d’Abû Mûsâ Al-Ash`arî et de ’Amr Ibn al ’Âs dans son conflit avec Mu’awiyah. Deuxièmement, le
fait qu’il ait livré bataille sans pour autant récupérer du butin ou constituer des prisonniers de guerre. Troisièmement, le fait qu’il n’ait pas exigé le
titre de Prince des Croyants pendant l’arbitrage bien que les musulmans lui aient prêté serment d’allégeance et qu’il était leur Calife !
A leurs yeux, il y avait manifestement un signe de faiblesse alors qu’Ali
Ibn Abî Talib, qu’Allâh l’agrée, était prêt à apporter sa position légitime en tant que Prince des croyants dans ce discrédit .
En réponse à cela, Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, demanda s’il leur citait des versets du Coran et des paroles du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh
sur lui) pour lesquels ils n’avaient aucune objection et qui seraient en rapport avec leurs critiques, seraient-ils prêts à revoir leur position.
Ils répondirent que oui, et Abd Allâh commença donc : " Concernant votre
avis sur le fait qu’Ali avait nommé des hommes pour juger une affaire n’appartenant qu’au jugement d’Allah (Exalté soit-Il). Allah (Exalté soit-Il)
dit dans le Coran : " Ô les croyants ! Ne tuez pas de gibier pendant que vous êtes en état d’Ihram (sacralisation). Quiconque parmi vous en tue
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délibérément, qu’il compense alors, soit par quelque bête de troupeau,
semblable à ce qu’il a tué, d’après le jugement de deux personnes intègres parmi vous. " (Sourate 5 / verset 95) Je vous en prie alors, par
Allah ! Est-ce que le jugement des hommes pour des questions touchant à
la préservation de leur sang et de leur vie et concernant la paix entre les
hommes ne méritent pas plus d’attention que le jugement à propos d’un lapin valant un quart de dirham ? "
Ils répondirent bien sûr que le jugement était plus important dans le cadre
de la préservation des vies des croyants et dans l ’établissement de la paix entre eux que pour celui de tuer un gibier dans l’enceinte sacrée (pendant
le pèlerinage), chose pour laquelle Allah (Exalté soit-Il) sanctionne le jugement des hommes.
" En avons-nous fini avec cette question ? ", demanda Abd Allâh, qu’Allâh
l’agrée,, et ils répondirent : " Allâhumma na`am ! (Ô Allah oui !). Abd Allâh poursuivit : " Sur le fait qu’Ali avait livré bataille sans pour autant
constituer de prisonniers de guerre comme d’ailleurs le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) fit ! Voulez-vous vraiment prendre votre Mère
`Â’isha [la Mère des Croyants] comme captive et la traiter comme telle ?? Si votre réponse est oui, c’est que vous êtes tombés dans le kufr (la
mécréance). Et si vous dites que `Âïcha n’est pas votre Mère, vous
tomberiez aussi dans le kufr car Allah (Exalté soit-Il) a dit : " Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes ; et ses
épouses sont leurs mères "(en terme de respect et de considération). (Sourate 33 / verset 6).
" Choisissez pour vous ce que vous voulez " dit Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, puis il leur demanda : " En avons-nous fini avec cette question ? ", et à ce moment-là ils répondirent : " Allâhumma na`am ! (Ô Allah oui !)".
Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, continua : " Quant à votre prise de position sur
le fait qu’Ali a abandonné le titre de Prince des Croyants, rappelez-vous
que le Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) lui-même, au cours de la ratification du pacte de Hudaybiyyah, exigea que l’on y écrive : " Ceci a
été admis par le Messager de Dieu…. ". Mais Suhayl porte-parole des polythéistes, dit alors : " Si nous avions été convaincus que tu étais un
Messager de Dieu, nous ne t’aurions pas bloqué l’accès à la Ka`bah, ni ne t’aurions combattu ! Ecris plutôt : " Muhammad Ibn Abd Allâh". Et le
Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) accepta en disant : " Par Allah, je suis le Messager d’Allâh même s’ils le nient ! ". A ce moment-là,
Abd Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allâh l’agrée, demanda aux dissidents : " En avons-nous fini avec la question ? ". Et ils répondirent
encore une fois : "Allahumma na`am ! (Ô Allah, oui !).
13
Un des fruits de cette confrontation verbale durant laquelle Abd Allâh,
qu’Allâh l’agrée, exposa sa parfaite connaissance du Coran et de la Sîrah (biographie) du Prophète (Paix et Bénédiction d’Allâh sur lui) tout comme
ses capacités remarquables d’argumentation et de persuasion, fut que la majorité, environ vingt mille hommes, rejoignirent les rangs d’Ali. Environ
quatre mille cependant restèrent obstinés. Ces derniers furent bientôt connus sous le nom de khawârij ou "kharijites".
A cette occasion comme à d’autres, le courageux Abd Allâh, qu’Allâh l’agrée, prouva qu’il préférait la paix à la guerre, mais aussi la logique à la
force et la violence. Cependant, on ne le connaissait pas que pour son courage, sa réflexion intuitive et son vaste savoir. On le connaissait aussi
pour son immense générosité et sa grande hospitalité. Certains de ses contemporains dirent à propos de lui : " Nous n’avons jamais vu une
maison plus fournie en nourriture, ou en boisson, ou en fruits ou même en savoir que celle d’Ibn `Abbâs ! "
Il ressentait un intérêt sincère et durable pour les gens. Il était
attentionné et prévenant. Une fois, il dit : " Lorsque j’ai réalisé
l’importance d’un verset du Livre d’Allah (Exalté soit-Il), j’ai prié pour que tout le monde sache ce que je savais ! Lorsque j’entends parler d’un
dirigeant musulman qui distribue et partage équitablement et qui règne justement, je suis heureux à son égard et prie pour lui. Lorsque j’entends
dire que des pluies s’abattent sur la terre des musulmans, cela me remplit de joie...".
Abd Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allâh l’agrée, était constant et régulier dans sa
dévotion. Il multipliait le jeûne surérogatoire dans l’année et passait souvent ses nuits en prières. Il pleurait lors de ses prières et de ses
récitations coraniques. Et quand il récitait des versets parlant de la mort,
de la résurrection et de la vie dans l’au delà, sa gorge se resserrait et de profonds sanglots lui rendaient la récitation difficile.
Abd Allâh Ibn `Abbâs, qu’Allah l’agrée, mourut à l’âge de 71 ans dans la
ville montagneuse de Ta’if.
Traduit de "Companions of The Prophet", Vol.1, écrit par Abdul Wâhid
Hâmid.