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AFRIQUE : DVELOPPER LES MARCHS FINANCIERS POUR LA CROISSANCE ET LINVESTISSEMENT
Karim Dahou, Haibado Ismael Omar, Mike Pfister
Ce document de travail est diffus en tant qulment de la documentation officielle pour la runion ministrielle et la table ronde dexperts de linitiative NEPAD-OCDE pour linvestissement en Afrique du 11-12 Novembre 2009. Les points de vue adopts dans ce document ne refltent pas ncessairement ceux du NEPAD, de lOCDE ou de leurs gouvernements membres.
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Liste des Acronymes
BAD Banque Africaine de Dveloppement
BRVM Bourse Regionale des Valeurs Mobilieres
OCDE Organisation de Coopration et de Dveloppement Economiques
IDE Investissement Direct Etranger
FMI Fond Montaire International
PME Petite et Moyenne Entreprise
IMF Institution de Micro Finance ONG Organisation Non-Gouvernementale
APD Aide Publique au Dveloppement CENUA Commission des Nations-Unies pour lAfrique United
REMERCIEMENTS
Ce document a t prpar par le Secrtariat de lInitiative NEPAD-OCDE pour linvestissement en
Afrique. Nous sommes reconnaissants pour les commentaires et les avis exprims par : Hans Blommestein
(OCDE); Burcu Hacibedel (OCDE); Mr Leonce Ndikumana (Banque Africaine de Dveloppement);
Gregory Paepe (OCDE); Dr. Barbara C. Samuels (Global Clearinghouse); Jean-Philippe Stijns (OCDE);
Bernhard Tilemann (Banque Africaine de Dveloppement); and Chris Vermont (Frontier Markets).
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A. RSUM
Tandis que des systmes financiers biens rguls sont essentiels la stabilit macro-
conomique, comme la montr la crise internationale, des marchs financiers
dynamiques peuvent jouer un rle critique dans lallocation des ressources en faveur de
linvestissement productif et de la croissance. Le prsent document donne un aperu des
marchs financiers en Afrique, identifie les principaux obstacles leur dveloppement et
formule des recommandations sur les moyens dquilibrer le besoin dune flexibilit
accrue et les ncessaires mesures de sauvegarde.
Quels sont les principaux obstacles lefficacit de certains marchs financiers
africains ?
Un cadre rglementaire inadapt, lequel aboutit une concentration leve du secteur bancaire et des taux dintermdiation extrmement bas, et des systmes
denregistrement des garanties inefficaces qui constituent une entrave supplmentaire
laccs des entreprises comme des particuliers au crdit.
Un secteur bancaire qui faillit sa mission dintermdiation cause de taux dintrt trs leves qui rendent coteux le recours au crdit. Au surplus, les dpts sont
faiblement rmunrs.
Des marchs de capitaux insuffisamment dvelopps qui demeurent troits et illiquides, ce qui limite laccs aux financements long terme et rduit la capacit des
diffrents pays de se financer par lendettement local.
Un manque dinstruments financiers innovants, en particulier ceux qui sadressent aux petites et moyennes entreprises, cest--dire la majorit des entreprises existant
sur ce continent mais qui sont trop souvent cantonnes au secteur informel en raison de
linadquation des services financiers.
Quelles politiques pour des marchs financiers fonctionnels et inclusifs ?
Supprimer les goulets dtranglement rglementaires en adoptant et appliquant des lois ayant pour objet de donner confiance aux investisseurs et aux banques en crant
des agences dvaluation du crdit assurant la surveillance des impays.
Rorganiser le systme bancaire grce un processus douverture la concurrence, de contrle des ratios prudentiels et de mise en place dinstruments dpargne et
demprunt innovants adapts aux besoins locaux.
Dvelopper les marchs de capitaux, en particulier obligataires, pour rpondre aux besoins de financement long terme en mettant sur pied des mcanismes de garantie
adquats pour couvrir le risque de change et les autres types de risques.
Combler lcart entre les secteurs financiers officiel et informel en formalisant les institutions de microcrdit afin daccrotre leur volume dactivit et dlargir la gamme
des produits financiers destins aux petites et moyennes entreprises. Des outils
financiers innovants faisant appel des technologies telles que la banque par tlphone
portable peuvent aussi aider sauter ltape des services financiers traditionnels pour
toucher une population plus vaste.
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Une des tches
les plus urgentes
auxquelles est
confronte
lAfrique
consiste
orienter les
ressources
actuellement
disponibles vers
linvestissement
productif afin
quelles puissent
stimuler les
gains de
productivit,
crer des
emplois,
amliorer loffre
de services aux
particuliers et
aux entreprises
et concourir
une gestion
efficiente des
ressources
naturelles.
B. AFRIQUE : DVELOPPER LES MARCHS FINANCIERS POUR LA
CROISSANCE ET LINVESTISSEMENT
I. Introduction
1. En 2008, lorsque la crise sest propage lAfrique, ce continent tait en plein
essor. Entre 2003 et 2007, son taux de croissance tait suprieur 5 %, de telle sorte quil
dpassait systmatiquement la moyenne mondiale. Cette expansion, stimule par un
ensemble de rformes importantes, tait la fois la consquence et la cause du niveau
historiquement lev des entres de capitaux et des ressources domestiques.
2. Les entres de capitaux en Afrique ont enregistr des taux de croissance sans
prcdent ces dernires annes. Grce lenvole des prix des matires premires, les
exportations de lAfrique ont quasiment doubl entre 2000 et 2006, passant de 195
milliards de dollars 290 milliards de dollars. Paralllement, laide publique au
dveloppement (APD) destination du continent a tripl pour atteindre plus de 43
milliards de dollars en 2006. En incluant les flux de capitaux provenant de
linvestissement direct tranger (IDE), des prts et des investissements de portefeuille,
les flux financiers privs ont t multiplis par cinq au cours de la priode, si bien quils
ont atteint prs de 60 milliards de dollars. Tandis que lIDE a atteint un sommet
historique 36 milliards de dollars, les investissements de portefeuille ont bondi dun
montant proche de zro en 2003 13.5 milliards de dollars en 2006. Les flux obligataires
et des emprunts bancaires se sont aussi considrablement toffs au point quils ont
respectivement atteint 3 milliards de dollars et 10 milliards de dollars. Enfin, les remises
de fonds des travailleurs migrs destination de lAfrique taient estimes 22
milliards de dollars en 2006.
3. Dans le mme temps, les ressources domestiques la disposition des tats
comme des entreprises prives nont jamais t aussi abondantes. Les recettes totales des
tats de lAfrique sub-saharienne, qui slevaient en moyenne 21 % du PIB en 2001,
ont franchi le cap des 26 % en 2006, telle enseigne quelles reprsentaient prs de six
fois le volume de laide publique au dveloppement accorde au sous-continent.
Simultanment, entre 2002 et 2007, la capitalisation des Bourses africaines est passe de
250 milliards de dollars plus de 1 000 milliards de dollars.
4. Mme avant la crise et nonobstant ces volutions positives, le caractre durable
de la croissance en Afrique et sa capacit dinclure de vastes secteurs de la population
ntaient pas pour autant avrs. Si la croissance conomique et la stabilisation macro-
conomique ont rassur et encourag les investisseurs du secteur priv, elles demeurent
largement tributaires de lenvole des cours des matires premires, de telle sorte que le
continent reste vulnrable des retournements de conjoncture. Cette faiblesse est
parfaitement illustre par la crise, dont la principale courroie de transmission au
continent est leffondrement des recettes dexportation conscutif au recul de la demande
mondiale de minerais et sources dnergie fossiles. Cest pourquoi lune des tches les
plus urgentes auxquelles est confronte lAfrique consiste orienter les ressources
actuellement disponibles vers linvestissement productif afin quelles puissent stimuler
les gains de productivit, crer des emplois, amliorer loffre de services aux particuliers
et aux entreprises et concourir une gestion efficiente des ressources naturelles.
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1 Making Finance Work for Africa, 2006.
La raison
principale pour
laquelle les
particuliers se
voient refuser
un prt ou
sabstiennent
den demander
un est
linsuffisance
des garanties
quils peuvent
fournir.
5. Les marchs financiers peuvent jouer un rle dcisif dans ce domaine. Le lien
entre pargne et investissement demeure crucial pour le dveloppement du secteur
financier et laptitude des institutions financires jouer pleinement leur rle
dintermdiaires financiers. Il est essentiel de mettre sur pied des infrastructures
financires qui fonctionnent bien, tant dans le secteur bancaire que sur les marchs de
capitaux, pour quelles fassent office de catalyseur des moyens disponibles pour financer
la croissance et linvestissement national ou tranger.
6. A partir de ce contexte, le prsent rapport tudie la manire dont le
dveloppement des marchs financiers peut aider lAfrique faire bon usage de ses
ressources pour surmont