AMENAGEMENT
DU
TEMPS SCOLAIRE
et
PRISE EN COMPTE
DES
RYTHMES BIOLOGIQUES
DE L’ENFANT
G. GIRON
Préambule :
Le cadre
juridique
A partir de constats :
1. La France compte le nombre de jours d’école le plus faible d’Europe : 144 jours contre 187 jours (moyenne OCDE) semaine courte : 4 jours contre 5 voire 6 jours volume horaire d’enseignement très important - 864 heures contre 774h à 821 h 2. La réforme voudrait répondre aux principales préconisations des scientifiques spécialistes des Rythmes de l’enfant. 3. L’école française, reconnue moins performante, est en difficulté selon les
classements internationaux.
Pourquoi une telle réforme ?
Que disent les textes ?
« En application de la réglementation en vigueur, la réforme des
rythmes scolaires, telle qu’elle a été engagée par le Ministère de
l’Education Nationale … ne s’impose pas aux établissements
d’enseignement privé associé à l'Etat par contrat. »
Source : Recommandations du SGEC
BO n° 6 du 7/02/13 (Décret n° 2013-77)
« La semaine scolaire comporte pour tous les élèves vingt-quatre heures
d'enseignement, réparties sur neuf demi-journées. Les heures
d'enseignement sont organisées les lundi, mardi, jeudi et vendredi et le
mercredi matin, à raison de cinq heures trente maximum par jour et de
trois heures trente maximum par demi-journée. La durée de la pause
méridienne ne peut être inférieure à une heure trente. »
• Article 4 Loi 59-1557 du 31 décembre 1959 (Loi Debré)
« Dans les classes faisant l’objet du contrat, l’enseignement est dispensé selon les règles et les programmes de l’enseignement public »
• Article R442-39 du Code de l’Education
Seul l’enseignement est soumis au contrôle de l’Etat
• Article R442-39 du Code de l’Education créé par Décret 2008-263 du 14 mars 2008 – Art. (V)
« Le chef d’établissement assume la responsabilité de l’établissement et de la vie scolaire »
Le cadre juridique
Marges de liberté et d’initiatives
Non contraint règlementairement, l’Enseignement Catholique : • souligne le caractère primordial de l’intérêt de l’élève et de la vie de la communauté éducative, ainsi que l’importance de la cohérence avec le projet éducatif ; • pointe les réelles difficultés de mise en œuvre, et en particulier celle du financement ; • invite dans ce contexte à la liberté et à l’innovation. »
Les rythmes
chronobiologiques
Ce sont ceux qui correspondent au développement de l’enfant sous tous ses aspects :
- la croissance physique
- le développement nerveux
- la maturation intellectuelle
- le développement psychologique
Ils présentent deux étapes importantes :
- le passage en CP
- la puberté
Nous évoquons couramment les
rythmes de développement
Ce sont les rythmes qui mettent en évidence le fait
que, chez les êtres vivants, y compris l’être humain, les
possibilités d’activités et de repos ne sont ni illimitées, ni
réparties au hasard,
Les rythmes biologiques dépendent :
- de synchroniseurs extérieurs
- d’une « horloge biologique » interne
Qu’appelle-t-on
« rythmes chronobiologiques » ?
a) Les rythmes ultradiens :
Ils correspondent à une alternance, chez l’être humain, de temps de vigilance plus ou moins brefs et de temps d’inattention tout aussi brefs ( en secondes ou en minutes)
b) Les rythmes journaliers :
Ils comprennent l’ensemble des événements qui se reproduisent, identiques à eux-mêmes, au bout de 24 ou 25 heures.
Ex : l’alternance veille / sommeil
c) Les rythmes annuels :
Ce sont les variations de rythmes qui ponctuent l’année civile et montrent que les activités physiques et psychiques de l’être humain ne sont pas optimales en toutes saisons.
Ex : les besoins de sommeil
Les trois types de rythmes
chronobiologiques
Observations du Professeur H. Montagner :
Un jeune enfant modifie son activité sur un jouet toutes les deux ou trois minutes
( Ex : une petite voiture). Au bout de 10 minutes, il change de jouet.
Il y a donc, au niveau de la vigilance de l’enfant, une alternance de phases actives
et de phases moins actives.
Plus généralement, est observée, chez l’être humain, une alternance de temps de
vigilance plus ou moins brefs et de temps d’inattention tout aussi brefs ( en
secondes ou en minutes)
L ’activité du jeune enfant en maternelle ne doit pas dépasser 10 minutes. Il lui faut donc une grande variété de jeux pour qu’il ait la possibilité de modifier son activité.
Constats sur les rythmes
ultradiens en maternelle :
Observations du Professeur A. Inizan :
Elles ont porté sur la durée cumulée d’un contact visuel avec l’écrit.
Elles ont permis de faire les constats suivants :
- Le temps de vigilance d’un enfant de six ans par rapport à l’écrit
est variable.
- Il est compris entre 30 secondes et 2 mn 30
Enregistré sur trois heures, ce temps, pour un
élève autonome est compris entre 12 et 34 minutes ; pour un
élève en difficulté, il varie de 5 à 16 minutes.
Constats sur les rythmes
ultradiens en CP :
- On constate qu’une rupture d’attention intervient entre la 15ème et la
20ème minute ainsi qu’entre la 30ème et 35ème minute.
- Par ailleurs, on remarque que les enfants sont « saturés » au bout de
60 mn. Cependant, si l’on introduit deux pauses de 2 minutes, cette
saturation n’intervient qu’au bout de 100 mn.
Deux pauses de 2 minutes dans un cours,
c’est 40 minutes d’efficacité en plus.
Constats sur les rythmes ultradiens en
primaire et en collège :
Les rythmes journaliers :
- Ils sont importants car ils constituent le rythme de base chez l’homme.
- Ils ont permis de mettre en évidence deux constats :
1. Nos possibilités d’activités et de repos ne sont ni illimitées ni réparties au hasard
2. Nos activités physiques et psychiques ne sont optimales qu’à certains moments de la journée.
L’étude de ces rythmes permet de savoir quels sont les moments de la journée les plus propices à la vigilance, à la mémorisation, à l’activité intellectuelle ou physique intense.
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« La question du nombre de jours travaillés par semaine
est secondaire si on ne s’est pas interrogé sur le
rythme journalier. »
René Clarisse
Les rythmes journaliers résultent :
- de facteurs extérieurs, de nature souvent socio-écologique (influence du cosmos) :
1. l’alternance « lumière-obscurité »
2. L’alternance « chaud-froid »
3. Les variations saisonnières.
- de facteurs génétiques :
1. l’alternance « veille – sommeil »
2. Les variations de température
3. Les variations de tension artérielle
4. Le taux de production hormonale
L’alternance « veille- sommeil »
1. Le tiers de notre existence est consacré au sommeil qui est le
rythme de base. De lui dépend notre rythme journalier et nos
performances. Son équilibre doit être quotidien.
2. Contrairement aux idées reçues, sommeil et repos ne sont pas
synonymes : le véritable repos suppose un ralentissement des
activités physiologiques et mentales.
C’est pendant le sommeil, par exemple, que
les forces se reconstituent, que se réparent les dégâts causés à l’organisme, au prix d’un travail important du système nerveux.
Incidence des rythmes journaliers
sur une journée de classe (1)
Incidence des rythmes journaliers
sur une journée de classe (2)
La fluctuation journalière – Nicole DELVOLVE-
Enfant Adulte
8H30 - 9H30 : - période de somnolence peu favorable aux apprentissages
10H00-11H00 : - temps de vigilance maximum
- moment de la journée propice à la mémoire immédiate.
13H30-14H30 : - nouveau temps de somnolence
- activité cardiaque maximum
- moment de la journée très néfaste aux activités intellectuelles et physiques intenses.
16H00-18H 00: - 2° période de vigilance
- vers 17H, temps très favorable aux activités physiques et à la mémorisation à long terme.
(Ex : les principaux records olympiques ont été enregistrés après 16H)
Ces constats peuvent varier de 30 minutes en plus ou en moins selon les individus.
Incidence des rythmes journaliers sur
une journée de classe (2)
Et pour cela bien distinguer trois temps :
1. Le temps partagé en classe : Temps de la méthodologie collégiale
et de « l’apprendre à apprendre »
2. Le temps d’aide aux devoirs ou de soutien : Temps de restauration du sens de l’apprentissage
et temps de méthodologie personnalisée.
3. Le temps d’étude à l’école et à la maison :
Temps de travail en autonomie
et temps d’échange
Repenser « les devoirs » du soir
Ce qui favorise le respect des
rythmes biologiques
1. La régularité du sommeil :
- le coucher à heures régulières - la facilitation de l’endormissement - le respect des cycles - l’image sociale du sommeil
2. Le fractionnement et l’équilibre des repas :
- petit déjeuner : 25% - déjeuner : 30% - goûter : 15% - dîner léger : 30%
Ce qui favorise le respect des
rythmes biologiques
3. L’alternance des types d’activités en classe :
Privilégier une journée moins lourde et non pas nécessairement moins longue, qui favorise:
- l’alternance des activités intellectuelles, manuelles et physiques
- la variété des modes de fonctionnement au cours de ces activités - le plaisir ou, au moins, le besoin d’accomplir une tâche,
d’effectuer un apprentissage - des temps de travail personnel - des pauses qui soient de vrais temps de repos
Ce qui favorise le respect des
rythmes biologiques
4. La réduction des facteurs de stress :
- préserver des temps nécessaires à l’appropriation et à
l’intériorisation
- arrêter de surinvestir dans une évaluation/sanction
- alléger les programmes dans l’ensemble des disciplines
- inscrire le temps prioritaire de la classe dans un cadre plus large.
Ce qui favorise le respect des
rythmes biologiques
Les rythmes annuels
Quelques incidences des « synchroniseurs extérieurs » que sont
les rythmes du cosmos :
1. La révolution de la terre autour du soleil :
- la migration des oiseaux
- les phénomènes d’hibernation
2. La révolution de la lune autour de la terre :
- les marées
- la taille du bois
- les incidences de « la pleine lune »
Les rythmes annuels
- Ils mettent en évidence le fait que nos besoins physiologiques et nos capacités ne sont pas les mêmes au fil des saisons :
1. L’homme est plus vulnérable pendant les mois d’hiver et fait preuve d’une plus grande résistance pendant l’été
2. Nos besoins de sommeil sont plus importants l’hiver
3. Nos comportements alimentaires varient avec les saisons ( besoins de sucres et de graisse pour anticiper l’hiver)
Le découpage de l’année en 5 périodes de 7 semaines alternant des petites vacances de 2 semaines semble le plus bénéfique.
Parlons des petites
vacances
Les petites vacances
1. Pas de repos véritablement bénéfique sur une durée inférieure à 10 jours.
2. Des observations effectuées dans les colonies de vacances, ont permis de distinguer nettement deux semaines :
Semaine A :
- Le rythme des enfants est perturbé, désorganisé,
- Les jeux collectifs sont difficiles à mettre en place,
- Le temps de sommeil est en diminution
- Les petits accidents corporels sont plus fréquents.
Semaine B :
- Un nouveau rythme a pu se mettre en place,
- Les jeux s’organisent plus facilement
- Le sommeil devient plus équilibré,
- Toute tâche est accomplie plus volontiers et avec plus de facilité par l’enfant.
Au retour des vacances, la période de réadaptation est également d’une semaine, au moins.
Que dire alors de
la semaine ?
La semaine, un rythme social
La semaine n’est pas un rythme biologique mais un rythme social, structurel. Cependant, l’organisation d’une semaine influe sur nos rythmes journaliers.
Ainsi, trois constats ont été mis en évidence : 1) Le lundi matin est la 1/2 journée la plus défavorable aux apprentissages
en raison de la rupture de rythme du week-end.
2) Plus de 50% des élèves de la Communauté Européenne travaillent du lundi au vendredi. Il apparaît que le vendredi est un jour favorable. Par contre, dans ces pays, l’horaire journalier demeure inférieur à 6 heures.
3) A priori, les enfants travaillant le mercredi matin semblent obtenir de meilleurs résultats, ce jour étant englobé dans un vaste intervalle de temps propice au travail.
lundi mardi mercredi jeudi vendredi
31
27
25
20
21 21
0 0
20
2422
21
22
21 21
0
5
10
15
20
25
30
35
Fa
tig
ab
ilit
é E
lève
s
lundi mardi mercredi jeudi vendredi
semaine avec mercredi semaine 2 x 2 jours semaine continueProfesseur Jacques REVEL “ Lauréat de l’Académie de Médecine “
NEUROPSYCHOLOGUE
Constats sur la fatigabilité scolaire
« Plutôt que toujours regretter le temps perdu,
plutôt que chercher toujours à en gagner,
partons à la recherche du temps de qualité
éducative. »
« Ensemble, parents, enseignants, aménageons
sans alourdir un temps plus respectueux des
rythmes naturels»