TROIS LÉGENDES DE LA LIBERTÉ DE CRÉATION
EN AMÉRIQUE LATINE: DOÑA MARINA, FRIDA
KAHLO, EVA PERÓN
Ana GUTUDocteur ès-lettrs
ULIM10 mai 2012
LE NOUVEAU MONDE LATIN
Il est difficile de dire à quel point les Amériques ont reproduit le patrimoine des valeurs européennes, mais nous pouvons certainement ressentir à quel point les civilisations métissées du Nouveau Monde ont enrichi le patrimoine universel par leurs contributions inédites à tout ce que signifient expériences pittoresques, coloris culturel, ancienneté de l’humanité.
DOÑA MARINA - LA PRINCESSE AZTÈQUE POLYGLOTTE (1501-1550)
Hernan Cortès (1485-1547)
MALINCHE EST DONNÉE À CORTES EN 1519
Le rêve de Malinche, Antonio Ruiz, 1930
FRIDA KAHLO - LA VIE DE LA DOULEUR EN COULEURS (1907-1954)
Frida est exceptionnel surtout grâce à cette ténacité et à cette soif de vivre qui, multipliées par son talent et son désir de création, ont fait d’elle une véritable héroïne de sa propre vie.
FRIDA ET DIEGO
La vie du couple n’a pas été du tout facile. On les avait surnommés « l’éléphant et la colombe », car Frida était mince et petite, tandis que Diego était de grande taille et un peu gros par rapport à sa femme.
LES DEUX FRIDA 1939La toile est un véritable miroir de l’esprit de Frida, déchiré et dédoublé en même temps. Frida exprime une ambivalence constante dans toute sa création picturale, ambivalence qui fit croire aux surréalistes que Frida était une des leurs : « ambivalence entre la joie et la douleur, l’illusion et l’horreur, la destruction et la vitalité, la réalité brutale et le " miracle", l’amour et la colère, la vie et la mort »
SURREALISTE OU REALISTE?
Frida a exposé ses peintures aux États-Unis, à Mexico, à Paris. Elle fut déçue par les surréalistes français après son exposition en 1938, elle fut déçue par l’Europe qui entrait en guerre, et cela peut-être aussi à cause du fait que son exposition fut un véritable fiasco financier.
DÉDOUBLEMENT Frida y incarne l’essence de son esprit dédoublé.
Toute sa vie fut un dédoublement. Dédoublement de son identité – née d’une mère
indienne et d’un père européen -, dédoublement de sa personnalité – un corps physique infirme et détruit par l’accident et les opérations chirurgicales, cloué au lit, et un esprit créateur, transgressant les frontières de l’imaginaire, capable de (re)donner la vie à son corps infirme et d’enthousiasmer les autres par l’art du pinceau, mais aussi par le physique inédit.
Dédoublement dans l’amour – Frida aima éperdument toute sa vie Diego, mais elle le rejeta implacablement vers la fin de sa vie, livrée à la douleur permanente et aux relations intimes avec des femmes.
Ambivalence et liberté sont les deux concepts qui pourraient définir la création inédite de Frida.
EVA PERÓN - LA SAINTE PATRONNE DES HUMBLES (1919/22 – 1952)
Dans l’esprit populaire Eva est restée une figure mythique, car elle sera gardée à jamais dans la mémoire populaire comme l’avocate des humbles. Sur son lit d’hôpital Eva Perón, accablée par le cancer, continuait de recevoir des gens simples qui venaient lui raconter leurs problèmes, qui lui demandaient aide. Ayant vécu 33 ans seulement, Eva réussit à transformer radicalement le visage de la politique en Argentine. Elle incarna les aspirations des gens simples, grâce aussi à ses origines modestes, à sa persévérance pour réussir.
DOUÉE POUR LE THÉATREc’est en 1942 qu’elle réalise le bond définitif pour s’assurer un soutien financier autosuffisant. Elle fut acceptée par la Radio el Mundo, où elle devint la modératrice d’une série d’émissions dramatisées, consacrées aux femmes fameuses.
VOCATION SOCIALE ET POLITIQUE
En 1943 Eva entra dans l’activité syndicaliste et fut élue à la tête du syndicat des acteurs des théâtres radiophoniques. La situation politique en Argentine était très compliquée. Après 13 ans d’une gouvernance de coalition corrompue, de nouveaux leaders politiques, surtout des militaires et des syndicalistes, viennent aux pouvoir. Parmi eux le jeune général Juan Perón, qu’Eva rencontra en 1944 lors d’une remise de prix aux jeunes actrices ayant récolté le plus de fonds au profit des familles pauvres (Narvaez, 200). Argentine.
EVA GLAMOUREUSE
EVA MALADE En 1946 Eva inspira un texte de loi très bref, contenant seulement trois articles, qui donnait le droit aux femmes de voter. L’opposition conservatrice était contre ce projet de loi, mais aussi certains politiciens du camp des péronistes. Ils accusaient Eva d’ingérence et de pression politique. Une année après, le projet de loi fut adopté au parlement.
EVA L’IMMORTELLE
Eva Peron meurt le 26 juillet à 20 heures 25 minutes 1952, et depuis lors, durant des années, à cette heure la radio nationale a annoncé que c’était l’heure à laquelle Evita Perón passa à l’immortalité. Ses funérailles se sont transformées en manifestation nationale. Deux millions de personnes vinrent conduire Evita dans son dernier chemin.
Le discours politique d’Eva n’a pas échappé au dédoublement de ses principes : d’un côté Eva plaidait pour un féminisme militant, pour l’émancipation politique de la femme, d’un autre côté les discours politiques d’Eva constituaient un véritable éloge de Juan Perón, son mari, le président du pays. Elle exaltait la grandeur de Perón et la petitesse de sa femme. Pourtant, la popularité d’Evita était plus grande que celle de son mari. Evita était issue du peuple, tandis que son mari s’identifiait à la classe aisée des militaires et des nobles d’Argentine.
Eva Perón connut le culte de la personnalité de son vivant. Des rues et des édifices en Argentine portaient son nom, son premier livre fut déclaré livre scolaire, le Congrès de la Nation l’avait nommée « Chéfesse Spirituelle de la Nation » (Jefa Espiritual de la Nación). Des portraits, des cartes postales, des sculptures avaient envahi le pays, fait qui ne plaisait guère à l’église catholique, car Evita était associée à la Vierge Marie. Jamais aucune femme politique n’avait rien fait de pareil dans l’histoire de l’Argentine au milieu des dictatures qui se succédaient au XXe siècle.
Les trois femmes légendaires de l’Amérique Latine ont inscrit des pages inédites dans l’avancée de la liberté de
la création féminine, même si les domaines de leurs activités ont été
différents. Pour toutes les trois la liberté fut une condition obligatoire de leurs
activités de création. Toutes les trois ont fait preuve d’une forte volonté et d’une vitalité sans précédant, propres plutôt
aux hommes. Toutes les trois ont influencé irrévocablement l’histoire de leur nation ou de leurs pays. Toutes les
trois ont suscité des appréciations et des interprétations différentes de leurs
actions et de leurs créations. Toutes les trois ont été déchirées de leur vivant par des sentiments contradictoires. Toutes les trois sont entourées de légendes et de mysticisme. Toutes les trois méritent
les éloges les plus fervents de la postérité.
CONCLUSION
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through Malintzin: Putting flesh back on the Object. In: The Bridge Called my Back: Writings by Radical Women of Color, New York, Kitchen Table, 1981.
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Ana GUTUPremier Vice-RecteurDocteur, Professeur [email protected]