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Cours de Mr TEGUIA JULES AURELIEN :
ECONOMIE MANAGERIALE
L’ANALYSE DES COMPORTEMENTS STRATEGIQUES
I -INTRODUCTION DES PRINCIPAUX CONCEPTS
• La théorie économique nous enseigne qu’en situation de concurrence pure et
parfaite, les firmes sont trop petites par rapport au marché pour que leurs
décisions individuelles puissent avoir un impact significatif sur le prix de
marché.
• Une firme concurrentielle ne peut pas observer un changement de stratégie
(décision de production) mis en place par une autre firme et, même si elle
l’observe, elle ne peut pas tirer avantage de cette information.
• En revanche lorsque le marché se compose d’un petit nombre de firmes de
taille relativement importante (on parle de structure oligopolistique),il
devient probable qu’une entreprise participante puisse évaluer les
conséquences des actions menées pars ses concurrents sur l’équilibre du
marché et sur sa propre situation.
• Dans un tel contexte, chaque firme adopte un comportement stratégique, i.e.
Prend ses décisions en tenant compte des réactions des autres firmes.
• Dans la mesure où les objectifs des autres firmes sont divergents,
i.e.l’accroissement du profit de l’une ne peut se faire qu’au dépens du profit
des autres, le comportement stratégique est probablement non-coopératif.
• Les interactions stratégiques en sciences sociales (dont les sciences de
gestion), constituent l’objet de la théorie des jeux.
• La règle de jeu précise l’ordre d’intervention des joueurs et les choix
possibles.
• Une stratégie représente une succession d’actions dépendantes des actions
des autres. La stratégie s’appelle aussi règle de décision.
• Lorsque les gains sont connus de tous, on dit que l’information est complète.
La méthodologie mise en place par la Théorie des jeux demande de préciser
rigoureusement les éléments suivants :
� Les joueurs ;
� La règle du jeu : actions possibles, ordre d’intervention, information disponible à
chaque moment du jeu ;
� Les gains et les pertes de chaque joueur pour chaque ensemble d’actions
possibles
� La hiérarchie des gains (la fonction d’utilité) de chaque joueur.
Exemple du dilemme du prisonnier
• La police arrête 2 suspects d’un cambriolage et dispose de suffisamment
de preuves pour les faire condamner
• Un doute subsiste sur la culpabilité
• Un juge procède à l’interrogatoire
• Si aucun des 2 suspects ne reconnait le délit, ils seront condamnés à 2
ans d’emprisonnement
• Si un seul avoue, il bénéficiera d’une remise de peine d’un an et l’autre
sera condamné à 4ans
• Si les deux avouent, ils seront condamnés à une peine de 3 ans
• Les deux actions possibles sont donc : avouer et nier
II-STRATEGIE DOMINANTE ET STRATEGIE DOMINEE
• Considérons un jeu dans lequel 2 entreprises s’interrogent sur
l’opportunité de mener une campagne de publicité sachant que
leur décision est simultanée
• 2stratégies sont sont envisageables : « dépenser en publicité » et
« ne pas dépenser en publicité »
• Une campagne de publicité à un cout, mais elle permet à
l’entreprise de gagner des parts de marché grâce à l’amélioration
de son image de marque
• Comme elle s’adresse aux mêmes acheteurs potentiels, les gains
qu’une firme peut réaliser dépendent non seulement de l’action
qu’elle entreprend mais aussi de l’action menée par son
concurrent
• Une stratégie est dite dominante lorsqu’elle est la meilleure
stratégie quelle que soit la stratégie suivie par le concurrent
• Si les deux joueurs ont une stratégie dominante, chacun d’eux va
l’adopter
• L’issue du jeu ou chaque joueur adopte sa stratégie dominante,
correspond à un équilibre en stratégies dominantes
• Dans le jeu décrit, chacune des firmes réaliseraient un profit
supérieur si les 2 adoptaient la stratégie « pas de publicité ». L’équilibre implique des dépenses « excessives », et n’est donc
pas efficace au sens de Pareto
• Si un joueur rationnel suit sa stratégie dominante, une telle
Stratégie n’existe pas toujours
III-EQUILIBRE DE NASH
A .Equilibre de Nash en stratégies pures
• L’équilibre de Nash est défini comme une situation dans laquelle
chaque joueur adopte la meilleure stratégie compte tenu du fait
que les autres joueurs adoptent, eux aussi, leur meilleur
stratégie. Dans une telle configuration d’équilibre, les joueurs ne
manifestent aucun regret
• Une stratégie est dite pure lorsque le joueur la choisit avec une
probabilité unitaire (choix avec certitude)
• Certains jeux peuvent présenter plusieurs équilibres de Nash en
stratégies pures, ou bien n’en présenter aucun. Cependant Nash
a démontré que tout jeu à nombre fini de joueurs et de
stratégies, présente au moins un équilibre dit « stratégies
mixtes »
B.Equilibre de Nash en stratégies mixtes
• Si les équilibres en stratégies mixtes font partie de notre vie de
tous les jours, le concept même de stratégie mixte n’est pas très
intuitif
• L’exemple d’un match de football est illustratif à cet égard
• Quelque soit le couple de stratégies pures, il existe au moins un
joueur qui qui a intérêt à modifier son choix
• Un joueur adopte une stratégie mixte lorsqu’il décide de tirer au
sort parmi les actions possibles
• Un équilibre de Nash en stratégies mixtes est défini lorsque la
meilleur stratégie d’au moins un des joueurs consiste à adopter
une stratégie mixte, ceci lorsque l’autre joueur adopte sa meilleur
stratégie
C .Conclusions sur la théorie des jeux
• La théorie des jeux a apporté une contribution majeure à
l’analyse économique
• Elle a permis de traiter de façon plus rationnelle des problèmes
abordés jusque la de manière intuitive
• Sa contribution est remarquable dans le domaine des sciences
sociales. L’équilibre de Nash est défini par certains auteurs
comme un équilibre non regret
LA RELATION D’AGENCE
L’hypothèse de maximisation du profit (sous contrainte) est de mise en économie .Les firmes
mettent sur pied des stratégies à partir de cette hypothèse majeur
• Cette hypothèse est compréhensible et indépassable si la firme appartient à son
manager (cas de l’actionnaire majoritaire gérant)
• L’actionnariat des grandes entreprises est diffus et la gestion est très souvent confiée
à des managers professionnels
• Il est dès lors possible de voir les managers poursuivre des objectifs autres que la
maximisation du profit de la firme (ils privilégient la stabilité de leur poste et de leurs
revenus, adoptent des comportements de spéculateurs, privilégient la notoriété qui
découle de la grande taille de la firme, leur traitement etc. …..)
• Sur la base de ce constat, nous concluons que la capacité de la firme à dégager du
profit dépend du comportement du manager
Nous pouvons nous interroger sur la compatibilité entre l’objectif de maximisation de profit
et le principe de délégation de pouvoir des propriétaires vers les managers.
I-le théorème de séparation de FISHER
• Avant d’aborder la problématique du conflit d’intérêt entre propriétaires et
managers, il convient de se demander si l’organisation d’ensemble d’une
économie de marché est compatible avec une décentralisation des décisions de
production
• L’économiste Irving Fisher a démontré dans les années 30, que dans uns économie
décentralisée où il existe un marché financier, où les agents économiques peuvent
prêter et emprunter des ressources ; il devient possible de confier la gestion de
son capital à un manager
L’information nécessaire au manager pour prendre la meilleure décision du point de vue
des actionnaires est contenue dans le taux d’intérêt
A. Hypothèses : L’économie inter temporelle
Dans les économies avancées, tout individu dispose de deux possibilités pour
accroitre sa richesse : l’investissement financier et l’investissement productif (voir
cours de micro économie sur les préférences des consommateurs et les courbes
d’indifférence).La démarche de Fisher peut être simplifiée en supposant que les
décisions comportent 2 périodes : le présent et le futur indicées 0 et 1
Les préférences sur la consommation respectant les axiomes néoclassiques peuvent
être décrits par une fonction d’utilité de la forme :
U=u (Co, C1)
Avec du (Co, C1) /dCo supérieur à O et dU(Co, C1) /supérieur à 1 :toutes choses
égales par ailleurs, la satisfaction de l’individu augmente si sa consommation
courante (respectivement future) augmente
Cette fonction est censée engendrer dans l’espace (OCo, OC1) des courbes
d’indifférence décroissantes et convexes.
B .l’allocation optimale des ressources
• Tout épargnant dispose de 2 moyens alternatifs pour faire fructifier sa
richesse : investir dans les actifs financiers purs ou investir dans des
activités productives
• Le marché financier propose une rémunération uniforme donnée par
le taux d’intérêt r
• La production permet de transformer les ressources présentes en
ressources futures selon la technologie disponible
• Quelque soit la manière dont les individus décident de transformer
des ressources dans le temps, leur objectif général est de maximiser
l’utilité qu’ils retirent de la consommation sur les deux périodes
• Le choix de production : Considérons un agent économique disposant
de ressources initiales Yo, mais ne disposant pas de connaissances
techniques lui permettant de produire lui-même et un producteur qui
dispose d’une technologie représentée par la fonction de production
f(x), mais qui se trouve sans ressources
• L’individu maximise sa richesse en choisissant le montant optimal de
ressource K* qu’il investit dans la production
• Le programme de maximisation ayant pour solution (Yo*, Y1*)
apparait sur le graphique de décision de production
• Le choix de consommation : une fois que l’agent a déterminé K* et
connait Yo* et Y1*, il lui reste à sélectionner les quantités de biens Co
et C1 qui lui permettent d’atteindre le niveau d’utilité le plus élevé
• Le programme de maximisation ayant pour solution (Co*, C1*)
apparait sur le graphique de décision de consommation
• Le principe de séparation des décisions de production et de
consommation : L’analyse faite montre que pour un état donné de
technologie, le choix du montant optimal d’investissement productif
est indépendant des préférences inter temporelles des propriétaires
des ressources ; il ne dépend que du taux d’intérêt qui est connu de
tous
• Dans ces conditions, la société peut décentraliser la décision de
production, dans la mesure où les managers disposent de
l’information nécessaire pour satisfaire les exigences des propriétaires
• Le manager connaissant l’état du marché financier et la technologie
(fonction de production), celui-ci peut prendre des décisions optimales
en d’investissement sans avoir à consulter les propriétaires sur leurs
préférences temporelles
Le fait que dans une économie de marché les managers puissent agir dans
l’intérêt des actionnaires ne signifient pas que cela soit vrai dans la
réalité ; la théorie de Fisher ne donne pas de solution en ce qui concerne
les conflits d’intérêt managers actionnaires
III-la théorie de l’agence
Lorsque le manager délègue la gestion de la firme à un manager, il
apparait ce que l’on dénomme une relation d’agence
La relation d’agence est un contrat qui lie les actionnaires (le principal
ou mandant) et le manager (l’agent ou le mandataire à qui le mandant
délègue la gestion) en stipulant les droits et obligations de chaque partie
Ces relations posent des problèmes nouveaux, en particulier lorsque
l’agent ne dispose pas de moyens pour savoir si l’agent remplit son con
trat
La nature et la réalité des intérêts contradictoires entre mandant et
mandataire ont été abordées par Jensen et William Meckling dans un
article de référence (Theory of the firm : managerial behavior, ageny
costs and ownership structure)
A. Le cas du manager-propriétaire unique
Dans une perspective financière, la valeur de la firme notée V dépend
des flux actualisés des profits futurs qu’elle va générer pendant son
activité
Les couts qui diminuent la valeur de la firme sont constitués du
traitement du manager, ces couts ont une valeur monétaire et seront
notés F
Une augmentation du traitement du manager d’une unité diminue la
valeur de la firme d’une unité aussi
Soit V’ la valeur de la firme sans avantage en nature, la valeur effective
de la firme est donnée par la relation :
V=V’-F
Les préférences du manager peuvent être représentées par la fonction
d’utilité U (V, F) respectant les axiomes néoclassiques
Représenter la fonction d’utilité du manager actionnaire unique en
déterminant le niveau optimal des avantages en nature F* et V*
B.Cas du manager-actionnaire minoritaire
Supposons que la firme connaisse du succès et nécessite de nouveaux
investissements ; plusieurs alternatives s’offrent à lui : se constituer en
société anonyme et lever des fonds sur le marché boursier
L’actionnaire va gérer pour le compte de tous les actionnaires y
compris les nouveaux arrivants
Supposons qu’il vende une partie (1-a) de sa firme sur le marché
financier pour une valeur de marché de V*
Cette vente modifie la contrainte par rapport à laquelle le manager
maximise son bien être
III-le gouvernement d’entreprise
Ce terme d’origine anglo-saxon (corporate governance) désigne
l’ensemble des mesures visant à limiter le comportement opportuniste
des managers. Il existe une panoplie de deux types de mesures :
1. Les mesures visant à surveiller l’activité du manager et à le
sanctionner en cas de non atteinte des objectifs assignés
2. Les mesures incitatives visant à stimuler le manager pour qu’il
adopte de son plein gré des comportements compatibles avec les objectifs
des actionnaires
A. Le contrôle du manager par les actionnaires
Nous distinguerons le contrôle interne directement mis en place au
sein de l’entreprise par les actionnaires et le contrôle externe dans les
signaux ou sanctions proviennent de l’environnement de marché de la
firme
a-le contrôle externe : dans une économie de marché, les
comportements abusifs des managers sont corrigés par ce même marché ;
c’est le cas pour dans un environnement concurrentiel dans lequel une
firme a des couts supérieurs à ceux de la concurrence entrainant des
pertes systématiques. Cette firme fera des pertes de marché et l’absence
de restructuration pourra sortir du marché.
b-le contrôle interne : il est exercé à travers les organes dirigeants
dont l’assemblée des actionnaires (A G) ou le conseil d’administration
(C A)
B .Asymétrie d’information et contrat incitatif
Le problème ici est d’élaborer un contrat de management permettant
d’orienter au mieux l’action du manager vers les objectifs des actionnaires
lorsqu’il n’est pas possible d’observer directement l’effort du manager
Les actionnaires sont préoccupés par la maximisation de leur profit
Ils sont persuadés qu’un effort de la part des managers augmentera
leur profit
Ils opteront pour un système d’incitation qui pousse le manager à
l’effort
Tout système de rémunération à un cout pour l’actionnaire. Ce dernier
choisira la rémunération la moins cher et de nature à empêcher le départ
du manager
C.La rémunération par les stocks-options
Les primes payées par les actionnaires au manager sont fonction du
niveau d’effort fourni
Cependant cette approche à des limites : le manager privilégiera le
court terme, évitera le risque, etc.…
Pour remédier à cela les actionnaires proposeront aux managers des
stocks options
Chapitre 1 : Introduction à l’économie managériale
Présentation des cas pratiques empruntés à l’actualité récente :
• Boeing et AIC (Airbus Integrated Company), un duel au sommet
• Les hauts et les bas de la Company Walt Disney
• La distribution du Ketchup Heinz
Liens entre économie managériale et les autres sciences de décision
• Les cas présentés montrent comment l’économie managériale permet de trouver des
solutions à des problèmes de gestion
• Il existe des liens de parenté entre cette branche de l’économie et les autres disciplines.
L’économie managériale établit le lien entre la théorie économique et les autres sciences de
décision
• L’économie managériale emprunte à la micro-économie et à d’autres disciplines de l’analyse
économique
Relation entre économie managériale et disciplines connexes
Problèmes rencontrés par les décideurs
Science de décision Théorie économique
Economie managériale : application des
outils des sciences économiques et de la
théorie de la décision aux problèmes de
management
Solution aux problèmes de
décision auxquels les décideurs
sont confrontés
Schéma du processus fondamental de prise de décision
Etapes de la prise de décision
Identification des objectifs
Définition du problème
Identification des solutions possibles
Sélection de la meilleure solution
Application de la décision
Prise en compte des contraintes
légales
Prise en compte des contraintes de
facteurs de production
La théorie de la firme
• La gestion des entreprises est le principal d’application de
l’économie managériale, il s’intéresse également à
d’autres champs de gestion
• L’application à d’autres problèmes de gestion fait recours
à la théorie de la firme. Dans sa version simplifiée, cette
théorie suppose que la firme maximise son profit
• Lorsque la firme est confrontée à des éléments
dynamiques et en présence de risques, l’alternative de
maximisation du profit s’avère insuffisante
• Une version plus élaborée préconise que la firme
maximise sa richesse ou valeur
Approche de définition de la valeur de la firme et rôle des contraintes
• La valeur peut être définie du point de vue comptable, financier ou même économique
(voir Michael Porter)
• La valeur est l’ensemble des flux de revenus futurs actualisés (caf ou cash flows), les
cash flows sont identiques au profit
• Plusieurs contraintes limitent la maximisation de la valeur de la firme :
1-les contraintes légales, réglementaires et les contrats
2-les contraintes de facteurs de production
Le comportement de l’entreprise étant limité, les techniques d’optimisation sous
contrainte et les techniques de programmation linéaires sont utiles pour déterminer le
programme optimal
jj
Les origines du profit
Les trois facteurs qui déterminent l’apparition du profit sont :
L’innovation, le risque et le pouvoir de monopole
L’innovation est liée à la vision et à l’audace ; le goût du risque conduit les
entrepreneurs à s’engager dans des chemins encore inexplorés
Le risque est un aléa, un évènement probable dont on ne peut imaginer avec certitude
son issue ; le profit est la récompense de ceux qui prennent des risques
Le pouvoir de monopole découle du caractère imparfait des marchés
Les facteurs organisationnels et le comportement de satisfaction
Bien que la théorie postule la maximisation du profit, ou l’accroissement de la valeur de
la firme ; l’on a du mal, surtout lorsque la firme est de grande taille de savoir par qui les
décisions sont prises, dans ce cas la firme adopte plutôt un comportement de
« satisfaction » plutôt qu’un comportement de « maximisation ».La firme visera un
niveau de satisfaction de profit plutôt qu’un niveau de maximisation de profit
Origine, nature et frontière de la firme contemporaine
INTRODUCTION
La théorie économique explique les choix des agents économiques
ainsi que les comportements qui en découlent quant à la quantité d’inputs
utilisés et d’outputs générés ainsi que la fixation des prix des produits sur
les marchés
La théorie économique se penche également sur la manière dont les
choix se modifient compte tenu de la structure des marchés dans laquelle
évolue la firme
La théorie économique s’intéresse également aux différentes
options stratégiques que peut adopter la firme en situation de concurrence
ou lorsque l’on prend en compte différents horizons temporels
La théorie économique traditionnelle appréhende la firme comme une
boîte noire dans laquelle entrent des inputs et d’où ressortent des outputs sans se
préoccuper ni de son organisation ni de sa structure
Cette approche va évoluer pour coller à la réalité économique. Ainsi l’on
verra l’émergence des concepts de coût de transaction. Cette notion est liée à
l’évolution et à l’organisation de la boîte noire qui a aboutit à l’arrivée des
entreprises dans une économie décentralisée
Origine de la firme
Pour un bien qu’il désire, un agent économique a deux choix :
Soit le produire lui-même (maîtrise de la technologie et accès aux
facteurs de production), soit le faire produire
La décision dépendra de la comparaison de chacune des deux
alternatives ou possibilités car l’agent économique est supposé rationnel
La théorie des coûts de transaction permet d’expliquer l’émergence
des firmes :
« Une firme sera créée si, à un moment donné, elle a la possibilité de
produire des biens de façon plus efficace que ne le fait le marché «
La décision de produire impose à l’agent deux coûts : le coût d’accès aux
facteurs de production et le coût lié à la mise en œuvre du processus de
production
Cependant, si l’agent décide d’acheter le produit sur le marché, il devra
s’acquitter outre du prix d’achat mais du coût lié à la transaction encore appelé
coût de transaction
La présentation exhaustive des coûts permet de mettre en relief la
complexité du binôme entreprise /marché
A. Couts liés au recours au marché
Ces coûts sont de deux ordres :
1. Le coût direct de l’achat du bien dont devra s’acquitter l’agent
2. Les coûts de transaction qui proviennent de l’imperfection des
marchés et de la rationalité limité des agents économiques
Imperfection liée au prix et à la qualité
L’une des hypothèses de base du modèle néoclassique consiste à postuler
que les agents économiques effectuent des choix lorsqu’ils sont en possession de
toute l’information nécessaire à cette fin. En réalité l’acquisition de l’information
à un coût : on parle de coût d’opportunité
Les mercuriales ont été élaborées pour réduire les coûts d’information.
L’avènement du commerce électronique est venu conforter la baisse du coût de la
recherche de l’information
Information incomplète sur le prix et la qualité
Lorsque le besoin d’information provient d’un grand nombre d’agent
économique on constate conformément à la théorie néoclassique l’émergence de
marchés de l’information, comme les marchés de certification, du rating, et du label
Les coûts liés à la recherche de l’information sont repartis sur tous les agents
demandeurs de ladite information
L’incertitude sur l’avenir
Certains coûts sont liés à l’incertitude sur les évènements futurs. Certains
évènements sont difficilement prévisibles et peuvent perturber l’acquisition d’un bien
dans le futur
La volatilité des prix peut être réduite à travers des clauses contenues dans les
contrats ou la souscription de contrat d’assurance auprès d’organisme spécialisée
La rédaction des contrats ou la souscription de police d’assurance induisent des
coûts de transaction liées à l’incertitude
La rationalité limitée
Les coûts de transaction peuvent être liés aux limites intellectuelles dues à la
grande quantité d’information à traiter
Le recours au marché s’avère efficace pour comparer les prix des produits, leurs
caractéristiques et la qualité des services offerts
Il convient de prendre en compte ces coûts de transaction pour mieux apprécier
l’alternative de recours au marché ou le choix de produire soit même
B.Les coûts spécifiques de la firme
A priori, le moyen le plus simple pour économiser sur les coûts de transaction est
d’intégrer toutes les phases du processus de production
Le choix d’une telle alternative implique un investissement additionnel relatif à la
mise sur pied du processus organisationnel, de l’acquisition des actifs immobilisés et de
l’implantation sur des sites de production
C.Conclusion partielle
Le choix de combler un besoin induit deux alternatives : produire soi même le
bien ou l’acquérir sur un marché. Pour produire soi même, il faut acheter les intrants et
les transformer ; ce choix entraîne un prix d’achat à supporter et des coûts
organisationnels. Acheter directement le produit fini implique non seulement un coût
d’achat à supporter mais aussi des coûts de transaction liés à la recherche de
l’information. La comparaison de ces deux types de coût est vitale pour toute firme
évoluant dans un environnement concurrentiel.
Il existe des alternatives à ces deux situations intermédiaires ; l’on peut citer les
alliances, la franchise et les relations contractuelles à long terme
1. Relations contractuelles à long terme : il s’agit du renouvellement par
tacite reconduction du contrat par les partenaires ; ces derniers respectent
les termes de leurs engagement et investissent en actifs spécifiques
2. La franchise : C’est un cas particulier des relations contractuelles. La firme
ayant développé le produit en confie la distribution dans une aire
géographique précise à son partenaire, ce dernier délivre le même produit
avec les services y attachés
3. Alliances : la firme peut décider d’opérer conjointement avec une ou
plusieurs firmes dans le cadre d’une alliance. Il existe plusieurs types
d’alliances, nous en expliciterons principalement trois :
a) Le lien peut être lâche et se limiter à un projet d’étude en commun
présentant un intérêt commun, un accord de licence, de
distribution ou de marketing
b) Le lien peut prendre une forme plus forte à travers la création
d’une filiale détenue en commun par les parties prenantes à
l’alliance
c) Le troisième type de lien peut se résumer en l’échange de titres
entre firmes ; on parle de participations croisées
III-Les frontières verticales de la firme
L’évolution des frontières verticales de la firme correspond à une intégration ou un
arrêt d’activité en amont ou aval de son activité principale
La décision d’intégrer une nouvelle activité est guidée par l’arbitrage en termes de
coûts de transaction et coûts d’organisation auxquels il faut ajouter d’autres coûts
spécifiques
A. Raisons du recours au marché
La structure du marché et les économies d’échelle et de champ sont deux
principales raisons qui peuvent expliquer le recours au marché
Une firme a besoin de faire mieux en interne pour rivaliser avec le leader du marché
lorsqu’elle décide de produire elle-même ; pour cela elle réalisera des économies d’échelle
(tâches répétitives conduisant à la spécialisation).Lorsqu’une firme produit plusieurs biens,
celle-ci peut aménager sa production et mettre à profit des effets de synergies pour induire
des coûts faibles ; on parle d’économie de champ
Lorsque l’environnement d’un produit est fortement concurrentiel, le prix est
proche du coût minimum
La structure fortement concurrentielle d’un marché fait diminuer le risque d’une
hausse subite des prix ou d’être à la merci d’un fournisseur (il est très aisé de changer de
fournisseur)
En présence d’innovations technologiques continues et une structure de marché
oligopolistique, les prix ont tendances à baisser et à se rapprocher du coût minimum (cas
du marché des ordinateurs et spécifiquement des microprocesseurs)
B.La décision de produire en interne
La décision de produire en interne dépend du comportement des marchés amont (celui des
fournisseurs) et de la structure du marché en lui-même
Comportements opportunistes : dans une structure oligopolistique, la non-
connaissance des objectifs du fournisseur (modification des termes du contrat à son
avantage) entraîne une production en interne risquée et coûteuse
Actifs spécifiques : il existe des activités qui exigent un investissement dans les
actifs spécifiques (un actif est spécifique lorsqu’il a peu d’usage alternatif : la construction
aéronautique militaire).Un investissement dans un actif spécifique constitue un coût
irrécupérable et à l’émergence des marchés concentrés sur lesquels il existe peu de
fournisseurs et de clients alternatifs
Incertitude sur les engagements des fournisseurs : Un fournisseur peut faillir sur les
termes d’exécution de son contrat, cette insuffisance peut porter sur les caractéristiques
des produits (quantité, défaut de qualité ou délais de livraison.) Le risque peut être
d’autant plus élevé qu’il y a peu de fournisseur alternatif (cas d’un fournisseur unique) La
suppression de tels risques passe très souvent par la rédaction des contrats qui prend en
compte toutes les situations ; cependant l’élaboration de tels contrat est onéreux et
complexe. Produire en interne semble être la solution
IV. Les frontières horizontales de la firme
Une firme développe des compétences (savoirs faire technologiques, habiletés
managériales) et une bonne connaissance des marchés sur lesquels elle évolue ;il est dès
lors possible qu’exploitant ces compétences distinctives dans des domaines d’activités
proches elle étende ses part de marché. A contrario la même logique voudrait qu’une firme
s’éloigne des domaines d’activité (couple produit /marché) pour lesquels elle ne possède
pas de compétences distinctives (domaines éloignés de ses métiers principaux).
Le degré de proximité entre les activités actuelles et potentielles de la firme indique
dans quel domaine elle peut développe des compétences ;ce degré indique les frontières
optimales de la firme
Ce raisonnement s’applique aux technologies maîtrisées par la firme. On appelle
grappe technologique les différentes activités de la firme partageant la même essence
technologique. La grappe est constituée d’un ensemble d’axes de valorisation
technologique qui aboutit à de nouveaux produits sur le marché.
V. Les modalités d’évolution des frontières de la firme
Il y a deux principales manières de faire évoluer les frontières de la firme :
Le développement de la firme peut se faire par croissance interne ; on distingue
-La fusion, l’acquisition et les alliances pontuelles.Il y a aussi les investissements de
croissance et d’expansion (acquisition d’actifs nouveaux).
-Lorsque la firme désinvestit (scission et cession des pans entiers de l’activité passée)
elle réduit considérablement son périmètre d’activité
A. Fusions et acquisitions
On distingue principalement trois types d’opération de fusion : la fusion conglomérale,
la fusion verticale et la fusion horizontale.
1. La fusion horizontale : l’on l’observe lorsque la firme fusionne avec une autre
firme du même domaine d’activité. Cette fusion entraîne une consolidation des
avantages communs qui en découlent
2. La fusion verticale : L’on l’observe lorsque la firme fusionne avec d’autres
firmes en amont (fournisseurs) ou d’autres firmes en aval (distributeurs)
3. La fusion conglomérale :une firme absorbe une autre firme opérant dans un
domaine d’activité complètement différent
B.Alliances
Il y a alliance lorsque deux ou plusieurs entreprises décident de coopérer
Les coûts de mise en œuvre d’un tel projet sont moindres car supportés par les parties
à l’alliance ; le projet est limité dans le temps et dans l’espace
En revanche les coûts de transaction peuvent être élevés car la négociation s’effectue
avec un partenaire qui peut être de mauvaise foi et dont les intérêts peuvent être divergents
L’on peut identifier plusieurs raisons qui justifient les alliances :
1. Le partage des coûts
2. La diminution des coûts
3. Le partage des risques
4. Le partage des savoir-faire
5. Les gains de réactivité
C.Diminution du porte feuille de la firme
En fonction de l’évolution de la structure l’environnement concurrentiel, la firme peut être
amenée à réduire son périmètre d’activité. Plusieurs moyens peuvent être utilisés pour
atteindre ce but :
1. La cession d’actifs
2. La cotation séparée
3. La cession aux salariés.
Les motivations qui expliquent ces changements sont nombreuses et on peut en
déterminer les suivantes
a) Une absence de synergies
b) Une capitalisation boursière trop faible
c) Le besoin de trésorerie
d) Le manque de compétitivité
Conclusion générale
Les concepts explicités dans ce cours ne sont pas exhaustifs ; cependant ils aident à
avoir une parfaite maîtrise du champ de déroulement de l’économie managériale. Lors de la
délimitation du cours de managérial économique, l’on a fait appelle à plusieurs disciplines
voisines pour mieux saisir l’esprit et les objectifs empiriques de ce cours. Ces emprunts sont
des outils théoriques et analytiques liés au vaste champ de l’économie (microéconomie,
statiques et théorie de la décision etc.) aux concepts, approches et résultats d’autres disciplines
(marketing stratégique, économie industrielle etc.)
Il appert que l’économie managériale développe des outils empiriques aptes à éclairer
les choix du décideur (voir cas donnés en travaux dirigés) et à modeler son univers quelque soit
l’incertitude temporelle qui s’impose à lui.
Syllabus du cours de Managerial Economics
TEGUIA JULES AURELIEN
I-Renseignement sur le cours
1-Cours de Managérial Economics
2-Niveau : Bachelor II
3-Code du cours et titre : EM1-205 Managerial Economics
4-Nombre d’heures : 60heures : CM 15heures ; TD 15heures ; SI 15heures ; TI 15
heures
5-Crédit d’ECTS : 5
6-jour de cours et heure : lundi : 8h-13h et 14h-18h
Mardi : 8h-13h et 14h-15h
7-numéro de salle à déterminer
9-contact e-mail [email protected]
10-assistant ; henry axel tchonang
II-DESCRIPTION DU COURS
Ce cours s’adresse aux étudiants de Bachelor II en Management, il leur permettra de :
-Comprendre la théorie de la firme (Origine, nature et frontière de la firme
contemporaine)
-Pouvoir analyser les comportements de la firme en situation de concurrence
(analyse du portefeuille stratégique et position concurrentielle selon le BCG et Michael
Porter)
-Assimiler la théorie des jeux et son implication décisionnelle pour la firme
-Comprendre la relation d’agence
III-OBJECTIF DU COURS DE MANAGERIAL ECONOMICS
-Donner à l’étudiant des outils pour la compréhension des mutations économiques
et des comportements stratégiques adoptés par la firme en situation de concurrence
-Utiliser les concepts de la théorie microéconomique, de la théorie de la décision
et d’autres outils opérationnels du marketing stratégique pour résoudre des problèmes
concrets de Management (voir TD Cas BOEING, AIRBUS, DISTRIBUTION KETCHUP)
VI-CONTENU DU COURS
-Théorie microéconomique : la courbe de préférence du consommateur
-Actifs spécifiques, actifs humains et actifs physiques
-Alliance horizontale, verticale, fusion acquisition et fusion absorption ; marché
amont ; marché aval et pouvoir de négociation
-Le marché de concurrence pure et parfaite
-L’imperfection de l’information et ses implications stratégiques :la notion de
coût de transaction et l’émergence des marchés liés à ce concept
V-METHODE DE TRAVAIL
-Bref exposé du syllabus
-Echange sur les concepts de base
-Interrogations
VI-TRAVAIL ACADEMIQUE
-Participation active en cours 20%
-Présence 20%
-Etude cas 60%
VII-PLAN DU COURS
Chapitre 0-le modèle néoclassique et les hypothèses d’un marché de
concurrence pure et parfaite
Chapitre 1-Introduction à l’économie managériale
Chapitre 2-Théorie de la firme : origine, nature et frontière de la firme contemporaine
Chapitre 3-La firme et ses transactions
Chapitre 4-Stratégie concurrentielle et firme
Chapitre5-L’analyse des comportements stratégiques : la théorie des jeux
Chapitre 6-Concept de solution dans les jeux non coopératifs statiques à information
complète
Chapitre 7-Les jeux dynamiques en information complète : la notion d’équilibre de NASH
Chapitre 9-La relation d’agence
VIII-ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE