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7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
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Daniel Schlumberger
Descendants non-mditerranens de l'art grec.In: Syria. Tome 37 fascicule 3-4, 1960. pp. 253-319.
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Schlumberger Daniel. Descendants non-mditerranens de l'art grec. In: Syria. Tome 37 fascicule 3-4, 1960. pp. 253-319.
doi : 10.3406/syria.1960.5488
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1960_num_37_3_5488
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_syria_6321http://dx.doi.org/10.3406/syria.1960.5488http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1960_num_37_3_5488http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1960_num_37_3_5488http://dx.doi.org/10.3406/syria.1960.5488http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_syria_6321 -
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DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE
L ART
GREC
PAR
DANIEL SCHLUMBERGER
(Planches
X-XIII)
IL PaLMYRNE,
MSOPOTAMIE, SUSIANE :
LE DOMAINE PARTHE
OU
D INFLUENCE
PARTHE
1.
Les
caractres de Vart parthe
Les
ides
reues.
C est
Rostovtzef, nous
l avons dit,
qu est due
la notion d un art parthe (1). C est lui qui, le premier, a esquiss le domaine
de cet
art
(2), et s est
efforc d en
dfinir
les caractres. Bien
que
ses
opinions aient t fort discutes,
bien
que
le progrs
de
la
recherche ne
les
ait
pas
toujours confirmes,
je
ne vois
pas
que le tableau propos
par
ce savant ait t remplac dans son
ensemble.
Aujourd hui
encore c est
(*) Cet art nous est connu surtout, on l'a vu
(ci-dessus, p. 134),
par
les
trois grands sites
urbains de la steppe syro-msopotamienne :
Palmyre,
Doura-Europos et Hatra, et par
les
trs
importants ensembles
monumentaux
qu'ils
ont
livrs
chacun. Il
l'est
en
outre, et accessoi
rement, par une
longue
srie
de
monuments
provenant de divers
autres
sites. Liste complte
de
tous
les vestiges de l'art parthe (jusqu'en
1935) dans Rostovtzeff, Parth. Art,
notam
ment
p.
158,
n.l
(sites),
171-174
(sculpture
rupestre),
179-186
(figurines, masques, sarco
phages
de Babylonie). De cette liste doivent tre
retranches
seulement les
peintures
murales
du
Kuh-i
Khwja,
v. note
suivante. Ajouter
pour
la Susiane une importante dcouverte
rcente :
la
statue de Shami,
Seyrig, Ant. Syr., III,
pp. 9-15,
et
la nouvelle publication des monu
ments de Tang-i Sarvak par
W.
B. Hen-
SYRIA.
T.
XXXVII. FASC.
3-4.
ning,
Asia
Major,
II,
1952, pp. 151-178.
(2)
Sur
ce domaine, et sur
sa
limite
occident
ale,. ci-dessus p. 134, n. 3 (Palmyrne), et
ci-dessous p.
274-280
(Nabatne et Com-
magne). La limite orientale
reste
incertaine,
mais englobe
certainement le rebord monta
gneux
du plateau iranien.
C'est
ce que
mont
rent, pour
la Mdie,
les
reliefs
qui ornent un
quartier de roc de Bhistoun, E. Herzfeld, Tor
von Asien,
p. 56,
pi.
LU; pour la Susiane
les
reliefs
rupestres
de
Tang-i Sarvak,
voir
note
prcdente;
le relief
de Shimbr,
E.
Herzf
eld, Arch.
Mitt,
aus Iran, I, pi.
VIII;
la
statue de Shami,
v.
note prcdente. Les pein
tures du Kuh-i
Khwja,
au
contraire,
sont
extrieures au
domaine de l'art parthe : ni
leur
situation
ni leur style ne recommandent
de les
y
inclure.
17
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254
SYRIA
ses travaux que
doivent recourir
ceux qui s interrogent
sur ce
qu il
dnommait lui-mme
le problme de l art parthe. Examinons
donc
ses
vues.
Si nous ngligeons les considrations de Rostovtzeff sur
les
thmes des
scnes,
sur
les motifs
du dcor, sur le costume
et les
bijoux, bref, sur le
rpertoire
de cet art,
pour
ne
chercher
ses ides que sur l essentiel
du style
parthe,
nous
pourrons,
je
pense,
les
rsumer en cinq
mots
: frontalit, spi
ritualit
hiratisme, linarisme,
vrisme (1).
Rservons
pour
l instant la
frontalit, et analysons
les
quatre autres termes.
L art parthe
serait
un art spiritualiste (2).
Plutt
que
la
beaut
des
corps
il
aurait
cherch
traduire la
vie
de
l me.
Dans
ses
reprsentations
d tres
divins,
il aurait
voulu
rendre sensible la nature
cleste,
immatrielle
des
puissances supraterrestres. Dans ses reprsentations d tres humains,
il
se
serait
efforc
d exprimer la ferveur
des
fidles. L impression de spiri
tualit,
en d autres termes de srieux, de grandeur religieuse qui mane
d un
grand nombre
de
figures
parthes n est pas contestable. Mais
est-elle
due rien
d autre
qu aux
regards braqus sur
nous
de ces figures, rien
d autre
qu tous
ces yeux qui
cherchent avec
insistance
nos
yeux comme
ne le font jamais, ou presque jamais,
les
yeux
des
figures de l art
grec,
mme
quand celles-ci
se
prsentent de
face? Je ne crois pas
pour
ma part
qu il y ait lieu de distinguer
la
spiritualit de la
frontalit si
nous expl
iquons
cette dernire,
nous
aurons expliqu
aussi
la
premire.
L art parthe serait un
art
hiratique
(3).
Si nous ne
considrons
que les
tableaux religieux,
nous nous
trouvons en effet le plus
souvent
devant un
art
de
la
raideur, de l immobilit. Mme ceux de ces tableaux qui
reprsen
tentaction ne
nous
la montrent d ordinaire que solennelle et compasse :
nous sommes
trs
loin de cet
art
de
l action libre
et
vivante
que
sont
no
rmalement
l art
grec
ou
l art grco-romain.
Mais
nous
connaissons aussi
des
compositions
profanes,
et celles-ci
se
prsentent
parfois
comme
de vri
tables instantans de l action violente.
Rostovtzeff
opposait donc, au
sein
mme de l art parthe, l art
froid
et fig des
scnes
cultuelles ou
votives
(*) Voir notamment
Dura-Europos,
p. 120. p.
83.
(2) Parth. AH, pp. 232-237; Dura-Europos, (8) Dura-Europos, p.
82, 85.
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DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE L ART GREC
255
l art tumultueux
des
scnes
profanes (1).
Cependant
il suffit
d un
regard
sur
les monuments
pour
s apercevoir que les compositions
religieuses
admettent
parfois le
mouvement
(2)
et
que
les
compositions
profanes
ne
le comportent
pas toujours
(3).
La vritable
opposition n est donc
pas
entre
les scnes religieuses et les scnes
profanes,
mais entre les scnes compasses
et les scnes mouvementes.
Et
l existence simultane de ces deux
types
de
scnes
dans l art parthe n est nullement une innovation :
on
constate le
mme tat de
choses dans les arts de l Ancien
Orient.
Rostovtzeff
qualifiait en
outre
l art parthe de linaire et
de vriste.
Le
linarisme, prcisait-il, c tait le
procd
qui consiste
accuser
les
contours,
cerner les
figures,
c tait
le
rendu
schmatique
des
draperies,
le manque
de
relief
dans
la peinture
comme dans
la sculpture (4).
Le vrisme,
c tait cet amour
des
dtails exacts
qui
fait que
les
figures,
les scnes
ten
dent
n apparatre que comme
des agrgats
de ces
dtails, reproduits
chacun
par
l artiste avec une application de miniaturiste,
au
dtriment
d une vue synthtique.
Le
vrisme est
un
aspect si manifeste de l art parthe
qu il
ne requiert
pas de discussion. Quant au linarisme,
bien
qu il
soit souvent
vident, il
n est pas
aussi gnral. Le
contour accus des figures, la schmatisation de
la draperie,
le faible
relief
s observent
assurment
dans
un
trs
grand
nombre
d uvres parthes. Mais pas
dans toutes,
et
ce
qui me
frappe pour ma part,
bien
plus que
la
prsence de ces particularits dans tel
ou
tel groupe de
monuments,
c est
leur manque
de
constance
dans
l art parthe en
gnral.
La chute des
plis
sera parfois exprime
par
un jeu de lignes conventionnel
au
point d en devenir
presque
inintelligible (pi.
X,
3),
mais
ailleurs elle
res
tera trs clairement l imitation plus ou
moins
habile
d un
drap
natural
iste
rec. A
ct
de
reliefs trs plats,
proches de
la
manire achmnide,
s en
trouvent
d autres
dont
la
saillie
trs
prononce
n est cependant
qu un
bombement
de la pierre auxquels des draps linaires sont
comme surim-
(x)
Parth. Art,
p.
262;
Dura-Europos, p. 92. Dura-Europos,
pi.
XVIII
(que
Rostovtzeff,
(2)
Exemple
: l'anguipde assailli par un croyait drive d'une scne profane, ibid.
char et par un cavalier sur
l'une
des
poutres p.
92).
histories du temple de
Bel
Palmyre, Seyrig, (8)
Scnes
de banquet, Parth. Art,
fig. 72, 73.
Ant. Syr.,
II,
p. 20; la chasse
de
Mithra
Doura,
(*)
Parth.
AH, p. 236.
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256 SYRIA
poss;
et d autres encore
o
l on peroit, dans les volumes, dans les atti
tudes, dans les draps, un certain effort d illusionisme la grecque (1).
On dira
donc
simplement
que
dans
celles
de
ses
uvres
o
l art parthe
mrite
le
qualificatif de linaire, il
manifeste
son traditionalisme oriental;
et que dans celles
o
il ne le mrite pas, il manifeste sa
tendance
grecque :
les
difficults auxquelles se
heurte
si souvent l'effort de rigueur dans l ana
lysene
tiennent qu au
caractre
sans cesse
variable de
la
rsultante, qui
donne chaque monument ou groupe de
monuments,
sa physionomie, ses
nuances
particulires.
Cependant, et c est
l ce
qui importe, le linarisme et le
vrisme
ne
sont,
pas
plus
que
la
coexistence
du
hiratisme
et
du
mouvement
,
des
innovations
parthes;
Rostovtzeff
lui-mme a marqu avec nettet
qu il
n y
avait
l
que
des
survivances (2). Mais
alors,
et
rserve faite de la
frontalit,
il est clair que
nous
n avons abouti jusqu ici
qu
constater
la
nature hybride
de
l art parthe, qu
y
reconnatre
une combinaison ingale
et instable d lments
hrits des arts
de l Ancien Orient avec
des
lments
emprunts la
Grce.
Reste le problme de la
frontalit.
M. Ernest Will
ayant
discut rcem
ment de
faon critique
et
approfondie les
vues de
Rostovtzeff sur ce point,
nous nous
bornerons
ici
rappeler
brivement
les
rsultats
auxquels
il
est
parvenu
(3)
(x) Les meilleurs exemples de
relief
plat
sont
Palmyre les poutres histories
du
temple
de
Bel
(vers
32
de notre
re),
Seyrig,
Ant.
Syr.,
II,
p.
36-37;
et
il
est
trs
remarquable
que
l'un des meilleurs exemples de relief la
grecque
soit le
rinceau
du
soffite des
mmes
poutres, ibid., comparer les pi. XVIII et
XXI,
1
avec
la
pi.
XXI,
3.
Autres exemples
de
relief
plat
Palmyre
: les bases
degr
dont il sera
question
ci-aprs p.
267;
un groupe de stles
funraires
archaques,
Berytus, III, 1936,
p. 139, notamment
pi.
XXXII, 1-2, et
XXXIII,
3; et notre pi. X, 3;
Doura, la stle de Zeus
Kyrios (notre pi.
XIII, 1), date
de
31, Dura
Prelim.
Rep., VII-VIII, 1939, p. 308. Exemples
de
hauts-reliefs
de type non
grec : le
buste de
Zabdibl,
Seyrig,
Ant.
Syr., II, p.
74,
fig. 25;
et la grande majorit de la
sculpture
fun
raire palmyrnienne
(avec
nombre de nuances
dans
le
dtail). Exemples de reliefs touchs
par une
certaine influence de
l'Occident :
les
pages du tombeau
dit de
l'aviation (n
186
de Wiegand), Ingholt, Berytus,
II,
1935, pi.
XXXIV,
et
du
tombeau
de
Maqqai,
pi.
XXVII,
ces
derniers avec le
commentaire
(et
les
plan
ches) de H. Seyrig,
Ant.
Syr., II, p. 83-85, d'o
notre
pi.
X, 5; les reliefs des Gadd, Dura Prelim.
Rep. VII-VIII, 1939, pi. XXXIII-XXXIV
(
Doura,
mais
en
pierre de Palmyre).
(2) Parth. Art, p. 236.
(8) E. Will, Le relief cultuel grco-romain,
chap,
iv,
1.
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DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE
L ART
GREC
257
Dans
les
arts de l ancien Orient, et ds l origine,
remarque
M.
Ernest
Will,
les
arts graphiques,
relief
ou peinture, prfrent le visage de profil (p. 224)
et se
distinguent
par
l
de
la
statuaire,
laquelle
offre
au
contraire
des
figures
normalement destines
tre
vues
de face.
Cette distinction, qui est
capi
tale, n est cependant pas absolue;
la
prfrence
des arts
graphiques
pour
le profil, il y
a, ds
les
origines
aussi, quelques exceptions, que M. Will
numre et
s efforce
d expliquer, et sur lesquelles nous allons
revenir.
Cependant
le nombre de ces
exceptions
est trs
restreint,
et ne s accrot pas.
Au
cours de toute l volution
ultrieure,
jusqu au
temps d Alexandre,
on
n observe pas de changement
important.
Dans les
arts
hittite,
syro-
hittite,
assyrien,
achmnide,
les
rgles
et
les exceptions
restent
les mmes
(p. 227), et
l on
peut mme dire que, loin de s attnuer, la tendance au profil
dans les
arts graphiques se renforce plutt.
Il
apparat
donc
que la substi
tution
de
la face au
profil
dans les arts
de
VAsie
antrieure
ne peut s expliquer
par
le jeu
d une
volution
interne mais
reprsente une vritable
rvolution,
une
rupture
avec
un
long
pass
et
le point
de dpart
d une
priode
nouvelle
(p. 229).
Or cette rupture, dont
les
effets
nous
apparaissent dans l art parthe,
nous
n avons, quoi
qu en
ait
dit
Rostovtzeff,
aucune
raison
valable
de
l attribuer aux Parthes eux-mmes. C est
donc par
l action de l art grec
classique qu il faut l expliquer,
de cet art
qui
depuis
Alexandre domine
l Orient, de cet art qui, prcisment, a abandonn la loi de la
frontalit
dans la statuaire et la rgle
gnrale
du profil dans le relief, abolissant ainsi
le premier
les conventions qui
avaient
rgi
tous
les
arts
antrieurs y compris
l art archaque grec.
Sur
ce tableau,
et notamment
sur le rle librateur
dterminant jou
par
l art grec
classique dans
la
rvolution
qui
nous
est dcrite,
et
sans laquelle
l art parthe n et pas
exist,
je suis
d accord
dans les grandes lignes avec
M. Will.
Cependant
le fait que la frontalit parthe soit de provenance
grecque n a point empch
l art
parthe de
se distinguer profondment
de l art grco-romain.
Nous aurons dfinir cette originalit
parthe.
Mais auparavant
il
me
parat ncessaire de
revenir
sur le problme
des
vieilles conventions orien
tales, et de
la rvolution grecque qui
y a
mis fin.
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DESCENDANTS NON-MDITERRANENS
DE L ART
GREC 259
relle incarne,
soit
seulement mmorandum d une
vie vanouie (1).
La relation des tres
vivants
entre eux
ayant
lieu
par les
yeux, le dia
logue
de
ces
deux
tres
vivants
que
sont
le
spectateur
et
l image
de
prsen
tation exige naturellement la frontalit de celle-ci.
Pour
la mme
raison,
les
arts
de narration, o
ce
dialogue
n existe
pas, qui retracent
des
pisodes
du
pass,
recourent
naturellement
au profil : il suffit
que les
protagonistes
d une
scne se
regardent
(lorsqu ils s affrontent dans l audience,
la
rencontre,
le combat),
ou que
les uns
soient
placs dans
le
champ visuel
des autres
(lorsqu ils
se suivent
dans
le
dfil,
la poursuite, la
chasse),
pour
que
soit
tabli
entre
eux
le
lien d une action qui leur est
commune,
et laquelle
le
spectateur
n a
point
de part.
Or
le rcit ne
peut que
trs difficilement s exprimer
par
la statuaire
(2),
tandis
que la
vie
relle,
bien
qu incarne de prfrence dans
la
statue,
est
parfaitement capable,
elle, de s incarner aussi dans les personnages
du
relief
et de la peinture. Telle est l explication des drogations la rgle
du profil
dans les arts
graphiques
: lorsque nous y
trouvons des figures
de
face, elles y sont
des
intrusions de la
vie
sentie comme actuelle. Cela, qui est
vident
pour
les figures apotropaques
(3)
(Bs,
la
Gorgone etc.),
est
gal
ement vrai
de
la
desse nue
des reliefs cultuels
(4)
;
de
la femme
la
fentre,
du
sphinx et autres
figures des ivoires phniciens (5).
runies
dans une seule et mme uvre. Tel
est
le
cas des taureaux androcphales
cinq
pattes
de
l'art
assyrien, qui apparaissent
de face comme
statue
et comme vie prsente,
de
profil comme relief et comme rcit
.
De
mme
la
vache
Hathor protgeant
le pha
raon
dans le fourr de papyrus, est de face
statue
et vie,
de
profil
(allaitant un pharaon
ddoubl) relief et
rcit,
v. A. Scharff, Wesens-
unterschiede
g.
u.
vorderas.
Kunst, Der
Alte
Orient,
42,
p.
12.
(*) Mme
situation dans
la Grce archaque.
(8) II
le
fera pour la premire
fois
en Grce
dans
les grands frontons de la fin de l'poque
archaque.
Il
le
fait Surkh Kotal si,
comme
je
le
crois, les
trois statues
de pierre
(ci-dessus,
p. 146),
figuraient
une scne (d'investiture pro
bab l emen t . Malgr ce que ces
statues
ont
de
peu grec
chacune
en soi, et certainement
aussi dans leur groupement,
il
y a
l
un
hellnisme.
(8) C'est ce
que
M.
Will marque
bien en
parlant de
1
efficacit
de
ces
figures (p. 224).
(*) Le relief
cultuel, bien
que
trs rare, existe
dans
l'Ancien
Orient, E.
Will,
op.
cit.,
p. 226,
et des
monuments
tels
que
le relief d'Assour
(cit par M.
Will
: Frankfort, op.
cit.,
pi. 72)
ou
la
terre
cuite de
Lilith
(ibid., pi.
56)
en
sont des
exemples probants.
Dans
Syria
XXXV, 1958, p.
384, j'ai
us,
sur
ce sujet,
d'une
formule trop absolue.
(8) Exemples : H. Frankfort, op. cit., pi.
170 B,
C (Khorsabad); R.
D. Barnett,
Nimrud Ivories, 1957, pi. IV; F. Thu-
reau-Dangin,
Arslan-Tash, 1931,
pi.
XXXI,
XXXIII, XXXVI.
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7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
9/72
260 SYRIA
II peut arriver
mme
que cette
intrusion
se produise l intrieur d une
scne narrative. Tout le monde connat ces figures de face
qui
sont indiss
olublement
lies
par l action
des
figures de profil
:
le
lion
(au
mufle de
face) assaillant le taureau
(de
profil) ; le hros (au
visage
de face) domptant
les
fauves (le
plus
souvent
de profil)
la
Gorgone (toujours de
face) assaillie
par Perse (gnralement
de profil).
De
telles images sont
particulirement
remarquables en
ce qu elles
sont la
fois
rcit d une action, et
vie
incarne
de l un
des
acteurs de la scne. Ce sont
des
images double intention, ce
sont
de
vritables
rcits
vivants
, trs
proches de
ce
que
seront
plus
tard les compositions
parthes
(1), mithriaques (le Tauroctone), ou grco-
bouddhiques (la
visite
d Indra,
le
Grand Miracle),
ou
encore
au
Bas-Empire,
toutes
les compositions
officielles
qui
se proposent de rendre sensible et
prsente la
majest
du
souverain
en mme
temps
que d exalter
son
action.
Conclurons-nous
de l
que
M. Will ait eu
tort
de
chercher
les
origines
de ces compositions d un
genre
nouveau dans l art grec classique
?
Certainement pas. Jusqu
l poque
d Alexandre les intrusions de
l image
de prsentation dans
la
composition narrative taient
restes
en Orient
strictement
confines
quelques thmes particuliers.
Ce
n est
pas
des
vieilles
figures
de Gilgamesh ou de
la
Gorgone que
pro
cdera le
relief
cultuel grco-romain
la
divinit
agissante
;
ni
du
relief
cultuel de l Ancien
Orient, trs rare (bien
que,
redisons-le,
son existence
ne
puisse tre
nie), et
qui
tait rest une
pure
et simple image de
prsentation.
De
mme, il est
impossible de rattacher ces vieilles
figures
orientales
les tableaux
historiques
de
l art
monarchique de
la basse
anti
quit, domins par
la figure
frontale (et gnralement centrale)
du
prince
agissant.
Ce
qu il
faut
souligner au
contraire
c est
l absence complte dans
(*) La diffrence est que l'Ancien Orient et
la
Grce
archaque
limitent
la
dite
intrusion
un seul personnage, tandis que
l'art
parthe
la gnralise. Parfois cependant cette
diff
rence mme est absente : une uvre comme la
mtope bien connue du temple C de Slinonte,
G.
Lippold, Handb.
der Archol.
III,
1
(Fnfte
Liefer.),
pi. XXIX, 1, qui figure Perse
tranchant
la
tte
de
la Gorgone
en prsence
d'Athna, et qui
donne
aux trois
personnages
de
cette scne une
attitude
strictement frontale,
est,
cinq
sicles
de
distance,
une
vritable
composition
parthe avant la lettre.
Mais
existe-
t-il cette poque des compositions de cette
espce
en
Grce
mme?
Et
ne faut-il
pas voir
l,
la limite du monde colonial grec, ce que
nous
aurons
prcisment dans l'art parthe :
une application mal comprise
des
innovations
auxquelles tendait la Grce ?
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
10/72
DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE
L ART
GREC . 261
tout
l Ancien Orient de la
figure frontale
dans
l art
narratif au
service des
dieux, comme dans
l art
narratif au
service des rois.
C est
la Grce
classique
qui,
la
premire,
a
progressivement
dpouill
la
statue
de ce qu elle contenait de
vie
rellement et durablement prsente,
en renonant
la
raideur
du hiratisme,
aux
rigueurs
de
la pure frontalit,
pour
la douer de
la
souplesse
des
poses accidentelles (qui paradoxalement
la
rendaient
plus
vivante
en apparence,
mais
en
apparence
seulement). C est
la Grce
classique qui, la
premire,
a progressivement attnu
le
caractre
narratif qui tait
gnralement
(sinon dans tous
les cas)
celui
des
arts gra
phiques, en
abandonnant
dans ces
arts la convention du
profil, en y intro
duisant
non
seulement
la
figure
de
face
ce
qui
pour certains
personnages
tait fait depuis les Sumriens mais toutes les
attitudes
intermdiaires
entre le
profil
et la face.
Tout
l'effort de l art
grec,
qui tend
donner
aux
uvres de
la
statuaire comme
celles des arts
graphiques l apparence de
la
vie transitoire, tend
aussi par
suite faire perdre la
statue
son
caractre
de rservoir
permanent
de force vitale, au
relief
et
la peinture
leur
caractre
de simple mmorandum.
Il
n y aura plus dsormais deux catgor
ies uvres d art : les uvres d intention magique qui rpondent un
besoin de connaissance mystique, et
les
uvres d intention
historique
qui
rpondent
un
besoin
de
connaissance intellectuelle.
Il
n y en
aura plus
qu une seule qui ne cherchera
ni
inspirer le
rconfort
ou
l'effroi d une
prsence,
ni fournir le
rappel
objectif
d une
action,
mais
qui
rpondra
une
intention
tierce,
celle de toucher, d mouvoir, par une
illusion,
aussi parfaite
que possible, et cependant
sentie
comme
simple
illusion par
le
spectateur.
L originalit parthe.
Aucun des arts qui
ont suivi
cette profonde
rvolution n a
pu revenir
la
situation antrieure. Mais il y
avait
plus
d une
manire
d entendre l enseignement
grec.
Ce
que
l art parthe
n en
a pas
retenu, sans
doute parce qu il ne
l avait
pas
compris,
c est que l uvre
d art,
quelle
qu elle ft, ne se
proposait
plus dsormais que d'offrir une
illusion. Ce
qu il
en
a
retenu, en
revanche, c est
la libert qui lui tait
offerte
de
donner
l attitude
frontale
aux personnages
des
scnes narratives, tous
les personnages
de toutes ces
scnes.
L abolition
par
l art grec classique de ces
deux conventions
complmen-
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
11/72
262
SYRIA
taires qu taient la
frontalit
rigoureuse
de
la
statue et
la rgle
gnrale
du profil
rigoureux
dans les
arts
graphiques,
n tait
qu une consquence du
profond
changement d intention
qui
vient d tre
dcrit.
Ces
conventions
avaient
disparu
dans
la
mesure mme o l intention illusionniste se substituait
progressivement
l intention
mystique et
l intention narrative; puisque
la
vie
fait
voir les tres de
face,
de profil, de
dos,
de
trois-quart, puisqu elle
offre toutes
les attitudes, l art devait dsormais les offrir aussi. C est assez
dire que si
les
arts graphiques grecs admettaient dsormais la frontalit,
celle-ci
n tait
pour
eux
qu une
possibilit laquelle
ils
ne recouraient
que lorsqu elle paraissait convenir et qui
n tait
que rarement applique
avec
rigueur.
C est
ce
que
nous
signifie
M.
Will
lorsqu il
nous
dit
de
la
fron
talit grecque et grco-romaine qu elle
est partielle (1).
Par l application qu il
fait de la frontalit, l art parthe ne se
distingue
pas seulement
des
anciens
arts
orientaux (et de l art grec archaque), auxquels
il s oppose,
mais
aussi,
de] l art grec classique, dont il procde.
Les
arts gra
phiques de
l Ancien Orient proscrivaient, sauf
exceptions, la
frontalit,
l art grec
classique l admettait,
l art parthe
l exigera
: il prsentera
en posi
tion frontale
systmatiquement et rigoureusement les personnages de ses
scnes
narratives.
En
d autres termes, le
rcit
parthe n innovera
pas seul
ement
au
regard du
vieil usage oriental par
son recours
la figure
frontale,
mais aussi
au regard de l usage grec classique
par
l absence
presque
totale (2),
(x) Le relief cultuel grco-romain, p.
251.
Voir aussi M.
Morehart,
Berytus,
XII,
1956-57,
p. 81.
(2) II
y
a
des
exceptions. Un
relief
de style
palmyrnien dat de 31, et figurant Hlios
(de
face)
porte sur une sorte
de prdelle sept
petits
personnages
de profil,
Syria,
XXXVI,
1959, p.
58, pi. XI;
sur un relief du temple
de
Bel deux
personnages
sont de
profil,
Seyrig,
Ant.
Syr. II
p. 29 : survivances orientales,
comme
Test
la mme date
le
sige de Zeus
Kyrios Doura (ci-dessous
p. 278 n.
3). M. Will
a fait tat de quelques exemplaires du
banquet
o
la figure de
l'pouse
assise
au
pied
du lit
est
place
de profil (ou de trois-quarts), Reliefs
cultuels, p.
254
(exemple Palmyre : Chabot,
Choix,
pi. XXVII, 10). Dans les
peintures
de
Doura, parmi des
centaines
de
personnages
de
face,
on trouve de
profil un
messager (Dura,
Final Report VIII,
Synagogue,
pi.
LXV),
et des
mes
sur le point
de se
rincarner [ibid.,
pi. LXX).
A Hatra, dans
une sculpture sembla-
blement domine par
la frontalit,
on trouve un
linteau aux deux extrmits duquel sont figures
des Victoires {III. Lond. News,
18 dc.
1954,
p.
1117,
fig.
9).
Celle
de
droite,
bien
qu'elle
soit
en plein vol, fixe le spectateur,
mais
celle
de
gauche a rsist la tentation parthe, et est
reste
de
profil. Comme l'a bien vu M.
Will
ces
exceptions
sont des hllnismes, mais qui ne
dpendent
pas
ncessairement,
comme
il
le
pense,
de
modles
occidentaux : ils peuvent
venir
de
Sleucie du Tigre
aussi bien
que
d'Antioche. Et ce
qui
doit surprendre ce
n'est
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
12/72
DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE L ART GREC
263
de la figure de profil et de toutes
les
attitudes non frontales (1).
Chacun de ces deux usages avait
sa
logique
propre.
L usage que l Ancien
Orient faisait du profil
tait
une
convention
parfaitement
cohrente.
Le
rejet
par
l art grec
de
toute convention en
cette
matire n est
pas moins
cohrent : il reproduit les attitudes de la
vie,
et
donc
aussi
l attitude fron
tale, mais celle-ci est dsormais dpouille
de tout
potentiel particulier.
A ces
deux
systmes l art parthe substitue l illogisme de
deux convent
ionsontradictoires
: la
premire
est la
notion
que les divers personnages
d un
tableau participent une mme action, la
seconde
est
celle
de la repr
sentation exclusivement
frontale,
laquelle
est impropre
traduire
cette
notion,
puisqu elle
te
ces
personnages
l apparence
de
participer
cette
action.
Comment ce dveloppement surprenant
a-t-il
pu se
produire
(2)?
L expli-
pas
qu'ils
existent, c'est bien plutt
qu'ils
restent si rares :
dans
le banquet funbre c'est
la face qui est la rgle,
mme
pour la figure de
l'pouse.
Il
n'est pas jusqu'aux animaux qui,
dans
l'art
parthe, n'prouvent parfois
le
besoin
de fixer
le spectateur, ce qui
se
comprend
lorsque
cet
animal
n'est autre
que
le
dieu
(Schlumberger,
Palmyrne du Nord-Ouest,
pi. XL,
2),
mais est
inattendu
lorsqu'il n'est
que
la
monture du
dieu (ibid., pi. XXXVII,
2).
Bien
entendu
il n'y a pas tenir
compte
ici
des
trois
fragments
trs anciens dont l
sera
question
ci-dessous page 279, n. 1 et
qui
sont antrieurs
la
formation de l'art
parthe,
mais seulement des
cas
que l'on relve au sein mme de cet art.
(x)
Rostovtzeff,
Parth.
Art,
p. 238, avait
trs
bien senti ce qui distingue
l'application
de la frontalit dans
le
monde parthe de son
application dans le monde mditerranen.
Herzfeld
has
been inclined,
crit-il, to
regard
frontality as
borrowed by the Parthians from the
Greek art. If that were so, the Palmyrene
and
Dur n artists would use
front view and profile
promiscuously like the Greeks. Ayant ainsi cart
les
Grecs
il cherchait l'origine de la frontalit
chez les nomades iraniens, chez les Saces, les
Sarmates,
et
les Parthes eux-mmes lorsqu'ils
taient encore dans la steppe
Caspienne
(p. 240)
Comme
on
le voit, Rostovtzeff,
constatant
(avec
raison) la
diffrence
d'application, en dduit
qu'elle
exclut la
communaut d'origine.
M.
Will,
au
contraire,
ayant tabli
(avec
raison)
la
communaut
d'origine,
en
conclut que
l'art
parthe
est
dpourvu
d'originalit.
C'est
du
moins
ainsi
que
j'entends
des expressions
comme ce mythe parthe, qu'il continue de
pour
fendre
avec
vigueur,
voir Art parthe
et
art
grec (extrait d'tudes d'arch. class.
II, Annales
de l'Est, mmoire n 22), p.
127,
note 1, ou
comme la frontalit dite parthe [ibid., p. 135).
Mais la communaut
d'origine,
qui ne
me
parat
pas contestable, n'exclut pas la diffrence
d'application,
que je
tiens pour vidente et
capitale.
Si au lieu
de frontalit
dite parthe,
M. Will
avait
crit frontalit dite d'origine
parthe,
j'aurais
souscrit
sa
formule.
(2)
On
constate
l'occasion, mme
dans
le
domaine
mditerranen, une
tendance
un
dveloppement analogue. Exemples : monu
ments des Dioscures, F. CHAPOUTHiER,.Dioscure*
au service d'une desse, Paris, 1935
(poques
hellnistique
tardive et romaine) ; des
Cavaliers
danubiens (affronts, foulant
le
vaincu), E.
Will,
Reliefcultuel, ch.
II,
3 (poque romaine)
-
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13/72
264
SYRIA
cation
doit
en tre que l Orient, au contraire de
la Grce, avait
conserv
le sentiment
de
la
prsence relle
de
la figure frontale. Cette figure
restait,
dans
le
sentiment
populaire, charge de
spiritualit
active
.
Cette
explication
me
parat
la seule qui
puisse
rendre
compte
de
l extraor
dinaire
rdeur
avec
laquelle l art parthe a saisi
l occasion
que lui offrait
l art grec,
au
point
de faire de
la figure
de face
une convention
plus
tyran-
nique encore que
n avait
t
celle
de
la
figure de profil dans l Ancien Orient.
Ce
que
l art parthe
a appris de
l art grec revient en somme
ceci :
dsormais
toute
narration peut tre
prsente
comme rcit vivant , et
l attrait de cette
nouvelle
formule a t tel qu elle a compltement supplant
le
vieux
rcit-mmorandum
des arts
orientaux
comme
aussi
le
nouveau
rcit prsentation illusionniste de
l art
grec.
Telle est la grande originalit de l art parthe.
2. Les
origines
de Vart parthe
L art
parthe vers
le temps de Jsus-Christ.
Les
origines
de
cette
forme
particulire de l art grco-iranien de l Ouest que nous
nommons
l art parthe
sont peine moins mystrieuses que celles de ces
formes
particulires de
l art
grco-iranien
de l Est que sont
les
arts grco-bouddhiques gandhrien
et
mathurien,
et mme, plus largement, que celles de
l ensemble
que ces
arts
forment avec l art grco-iranien dynastique,
et que nous voudrions
voir
nommer l art kouchan (ci-dessous, p. 294, n. 1). A Palmyre, Doura-Europos,
au dbut
du premier sicle
de notre
re
(1), nous voyons l art parthe surgir
Ces compositions,
proches
de
celles
de l'art
parthe, mais apparemment indpendantes de
lui,
drivent
manifestement pour une
part de
vieux schmas orientaux, E. Will, op.
cit.,
p. 90,
n.
1 (disposition
hraldique
des Dioscures),
p.
93
(le vaincu
prostr).
Il s'agit de savoir par
quelles voie. Pour les
Cavaliers au moins, dont
l'iconographie
tardive (IIe sicle) prsente quel
ques parents (peu
certaines
il
est vrai)
avec
celle
plus ancienne
de Mithra, ibid, p.
401-402,
405,
une influence de l'Anatolie grco-iranienne
ne me
parat
pas exclue. Pour les Dioscures
au
service d'une desse, figurs
Sparte ds
le Ier
sicle avant
J.-C,
Chapouthier,
op. cit.
p. 45, un
dveloppement
indpendant
est
tout
fait probable, mais il
convient
d'observer que
ces
compositions,
o noua avons
affaire
un
groupe, non
une scne,
ibid,
p. 108,
qui, en
d'autres
termes
ne sont
pas
narratives,
restent
exemptes
de
1
illogisme parthe
.
f1)
A Palmyre la date approximative
des
fragments archaques (ornementaux) extraits
de la
fondation T
(de
la cour
du
sanctuaire
de Bel) est fixe, par des inscriptions
remployes
avec
ces
fragments,
la seconde
moiti
du
IeT sicle avant Jsus-Christ
et peut-tre
aux
pre
mires annes
de
notre re, Seyrig, Ant. Syr., III,
p.
67.
Un relief figurant quatre divinits de
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
14/72
DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE
L ART
GREC 265
soudain, pleinement
constitu, reprsent
par
de nombreux monuments,
ne diffrant
d un
site
l autre
que
par
des
nuances, tout comme
nous
voyons
un
peu
plus tard,
sous
Kanishka,
surgir en
Bactriane,
au
Gandhra,
Mathur, cet art kouchan, dont
le double
aspect, royal et
bouddhique,
ne
peut plus
aujourd hui
nous masquer l unit. Mais les
antcdents immd
iats de la brusque floraison parthe
restent
envelopps d obscurit comme
le sont
l autre
extrmit du
domaine
iranien
ceux
del floraison
kouchane.
Cette dernire,
il est vrai, est
troitement associe
la dynastie et
proba
blement la personne de Kanishka. La premire, au contraire, se produit
dans un domaine qui ne relve que partiellement
des
Parthes, et
n est
pas
lie
la
puissance
parthe.
Alors
que
nous
trouvons
Surkh
Kotal,
Mathur,
la grande
architecture,
la grande sculpture
au
service des princes kouchans,
l art qui a
pu fleurir
la
cour
des princes
arsacides et dans
les
cours de leurs
vassaux nous
chappe encore.
L art que nous
nommons parthe, l art
de Palmyre, de Doura-Europos,
de Hatra,
nous
le voyons, sitt qu il
nous
devient saisissable,
au
service
non
pas de dynasties, mais de bourgeoisies.
Cet art est
religieux
ou
funr
aire. Il s y ajoutait un art
profane
qui,
bien
que presque entirement
perdu
(1),
a
d
tre
fort
important.
Mais
toujours,
qu il
s agisse
du
dcor
en
partie
conserv
des temples et des
tombeaux,
ou qu il s agisse du dcor
disparu des
rues,
des places et des
demeures,
toujours cet art est
celui
d une
certaine socit citadine : Palmyre il sert la puissante oligarchie marchande
que
le commerce
international a
fait surgir
dans cette
Venise des
sables;
Doura, march rgional en mme
temps
que forteresse frontire (2), il
face est fix la mme poque par son
remploi
sous
le
temple de Bel,
Ant. Syr.,
IV,
p. 1. Enfin
les
poutres histories
du temple sont
des
envi
rons
de
32
de notre
re,
date de
la
conscra
tione
cet difice.
La sculpture
archaque
(figure) vient
d'tre tudie
et est commod
ment
nventorie par Miss M. Morehart,
Berytus XII,
1956-1958. Il
faudra tenir
compte
aussi des importantes dcouvertes faites par
la mission
archologique suisse dans
le sanc
tuaire de Baalshamn et qui sont pour une part
d'poque archaque, voir le rapport
naire de P. Collart, dans Annales Arch, de
Syrie,
VII, 1957,
pp.
68-90.
A
Doura-Europos
la
stle
de
Zeus Kyrios-Baalshamn
(notre
pi.
XIII,
1),
est
de
31
de notre
re,
ci-dessous
p. 278, n. 3; la
stle
d'Aphlad de
54,
Dura
Prelim.
Rep.,
V,
1935, p. 1075. A
Hatra
les
monuments dats ne commencent que sous
Hadrien.
(1) Parce
que
les statues honorifiques taient
de bronze
et ont
t
fondues.
(a)
Rostovtzef
fait de Doura l'poque
parthe une
cit-caravanire
, moins imp
or-
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
15/72
266 SYRIA
sert les familles macdoniennes de cette vieille fondation
sleucide.
Au
temps de
Jsus-Christ,
les bourgeoisies
des cits
de
la
steppe
parti
cipent
l hellnisme gnral
de l Orient,
et
l usage
simultan
qu elles
font
de
deux langues
de culture, l aramen et le grec,
les noms
frquemment
doubles
des
personnes, Yinterpretatio graeca
des divinits
smitiques,
tout
cela a sa contrepartie, il est
banal
de le rappeler, dans les monuments,
o
des
formes grecques ou hellnises sont
troitement
associes
des
formes
qui ne le sont pas.
La
plupart des
tudes dont
l art parthe
a
fait
l objet ont
mis l accent
sur cette
dualit. La
proccupation principale des chercheurs a
manifes
tement
t
d apprcier l art
parthe
(que
l on dcouvrait), par
rapport
l art grec (connu depuis longtemps et
considr
comme une
norme). On
a
oppos la
composante
grecque de cet art sa
composante
orientale on s est
moins occup de
distinguer,
au
sein
de cette
dernire, ce
qui procde
du
vieux fonds traditionnel et
ce
qui relverait en propre du Nouvel Orient
des
Parthes
(1).
Or
l analyse
gagne, nous semble-t-il, tre
ainsi
nuance.
Tantt l opposition principale est
entre des
lments grecs et
des
l
ments parthes. C est
ce
que montre, par exemple,
l tude
que M.
Seyrig
a consacre
au
costume palmyrnien (2). Tantt le contraste
s tablit
entre
des
lments
grecs
et
des lments
de vieille
provenance
orientale.
Un bel
exemple
en est fourni
par
le grand bas-relief formant linteau
(3),'
rcem
ment
rouv
dans
le sanctuaire
de
Baalshamn
par
la
Mission
archologique
tante
que
Palmyre, mais de mme nature,
v. Caravan Cities, 1932, passim, et encore
Dura-Europos, 1938, p. 1. J'ai
dit nagure,
Gnomon,
XI, 1935, pp. 82-96, et je crois toujours
qu'il n'y a aucune raison de considrer Doura
comme
une
ville
de ce type.
(x) Outre
ce
qu'a dit
de cette
opposition
Rostovtzef
lui-mme,
l 'effort le
plus mritoire
qui ait
t
fait
sur
ce sujet
me
parat celui de
C. Hopkins, Aspects of Parthian
Art,
Berytus,
III, pp.
1-30.
(2)
Ant.
Syr.
II,
pp. 45-72.
Le costume
local
(p.
46) est
trs
rarement reprsent.
(3) Publi par M. Paul Collart dans
Annales
Archol. de Syrie, VII, 1957, p. 84. Ce linteau
formait
le
couronnement d'une
niche.
Le
sujet
en
est,
je
pense, la triade
de Baalshamn.
L'aigle
central est
Baalshamn lui-mme. Il
est flanqu,
comme le
veut
l'usage, du
Soleil
et de la Lune.
Les aigles portant
des
palmes
sont
les messagers
de
chacune
de ces
divinits;
pour
raisons
de
symtrie,
Baalshamn
a
deux
messagers.
Sur
Baalshamn et
sa
triade
Palmyre, ainsi
que
sur la symbolique
de
l'aigle, v. H.
Seyrig,
Ant.
Syr., V, index,
s.
v. Je
remercie
vivement
M. Collart
de
l'autorisation
qu'il m'a
libr
alement
donne de reproduire ce magnifique
chantillon
de
la
sculpture
archaque
de Pal
myre.
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
16/72
DESCENDANTS NON-MDITERRANENS
DE L ART
GREC 267
suisse (pi. XI,
1).
Par l aigle hiratique
aux
ailes
dployes
qui
la
domine,
cette composition est
dans
la descendance lointaine
mais
directe des
compos
itions
sumriennes
l aigle lontocphale
et
le trait
accessoire
des
deux
rosettes ou astres placs dans le
champ
sous
les
ailes de l aigle est gal
ement
un legs de l Ancien
Orient. Au
contraire
les
quatre
aigles
la palme
(les messagers) de caractre naturaliste, sont
des
additions
hellnises au
thme
principal, comme
le sont
aussi les deux
divinits reprsentes en
buste
(1).
Tantt enfin il est
possible
de reconnatre,
coulant
en quelque sorte
paralllement,
les trois
courants qui sont
l origine
de l art parthe. J en
donnerai
pour
exemple
deux bases
degrs
publis par
M.
Seyrig
(2).
Chacune
d elle
montre
deux
registres superposs,
qui
portent un dcor issu
en droite
ligne
des arts
de l Ancien
Orient :
frise
d animaux passant, grosse
rosette
ornementale dans
le
champ. Mais
l influence grecque se
reconnat
dans
les
acanthes et
les oves des epistyles,
dans les
colonnettes corinthiennes
canneles
et,
sur l un des
registres, dans
la pose naturaliste
d un aigle.
Enfin
l usage
architectural
du
galon perl, et
la
place que
prennent
au
centre
de chaque registre
les
bustes de divinits rigoureusement de face,
sont
la
marque de l ge parthe
(3).
De
mme on
discerne dans cet
art trois
manires de reprsenter la chevelure masculine. La
premire
(4), de tendance
naturaliste, divise les cheveux en petites mches et
est
d origine grecque.
La
seconde
(5), qui
les
reprsente
comme une
masse
ballonne
soigneusement
(x)
Sur l'origine
grecque
de
ce
mode de
reprsentation, v. E. Will, Relief cultuel grco-
romain,
index,
s.
v. buste.
(a) Ant. Syr., III, p.
132.
(8)
On
pourra
discuter le
classement de
tel
ou
tel
dtail
de
ces intressants monuments
(les
cuirasses
cailles des divinits et les poi
gnes
gemmes de leurs glaives
sont-elles par-
thes ou grecques?). Mais
si
mme l'on en
retirait
tous
les dtails aux Parthes
pour
les
donner
soit
la
Grce,
soit
l'Ancien
Orient, on ne
pourrait
contester
le
caractre parthe de leur
composition.
(4)
C'est
la chevelure de la plupart des
tes funraires
de
Palmyre. Exemples
dats
dans
Incholt, Studier, pi. I,
4
(133-4);
II,
2
(138-9);
III,
3 (155); IV, 3 (172);
VI,
1-4
(186-7, 189, 201-2, 204)
etc.
(6) Exemple
Palmyre, Seyrig,
Ant. Syr.,
IV,
p. 25,
pi.
II,
triade
(le
dieu du
centre)
;
Doura,
Zeus
Kyrios, notre pi.
XIII,
1; en gnr
al,
M.
Morehart, Berytus, XII, 1956-1957,
p.
76.
Ce qui est spcifiquement parthe,
c'est
la
forme ballonne de
la coiffure ;
en
revanche
le
procd qui consiste rendre la chevelure
~ ou la barbe
par des stries
ondes
est une
vieille convention orientale
(souvent
associe
aux bouclettes en colimaon, comme l'a vu
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
17/72
26 8 SYRIA
peigne, est parthe. La troisime (1), qui fait de la chevelure une sorte de
toison de bouclettes en colimaon ranges
avec
rgularit, prolonge
une
vieille convention orientale
(pi.
XIII,
2).
De
mme
encore on
reconnat
Pal-
myre trois espces diffrentes de rinceaux. Les uns sont de type grco-romain :
rinceaux protomes du temple de Bel (d origine peut-tre
antiochnienne)
(2),
doubles
rinceaux
de
vigne
tiges
entrecroises
apparents
ceux de
la
Syrie mditerranenne (3). D autres sont caractristiques de l hellnisme
oriental : rinceaux de
vigne
tige unique ondule issue d une souche trian
gulaire, avec vrilles rgulirement
disposes,
et alternance rgulire
d une
grappe et d une
feuille (4). Enfin,
nous
avons parmi
les
fragments archa
ques
u
temple
de
Bel
un
type de
rinceaux
trs
particulier
o
sur
une
tige
peine sinueuse les grappes et les feuilles alternent
avec une
rigueur gomt
rique, et
forment au
milieu du bloc une chane haute et compacte, encadre
par
la
saillie
moindre des
vrilles.
Et M. Seyrig d ajouter
que
cette
compos
ition
d un esprit archaque
fortement
voulu
et
ordonn,
dont
les
lments se
dtachent en pleine clart, ne rappelle
par
rien Vart de la Mditerrane (5).
C est manifeste, en
effet,
et je ne doute pas
pour
ma
part
que nous n ayons
l, comme l a
reconnu
M.
Ren
Vallois (6), le descendant
direct
d un
type
de rinceau
bien attest
dans
l art
assyrien.
Ces exemples, qui pourraient
tre
multiplis, suffisent montrer que
l art parthe est ds l origine
un compos triple,
tout
comme nous
avons vu
(ci-dessus,
p. 148) que l est l art kouchan. A
Surkh
Kotal nous avons
tout
naturellement qualifi de
grco-iranien
cet amalgame de l hellnisme
avec
deux
traditions orientales
diffrentes, mais qui
mritent d tre dites
r
aniennes
l une et l autre, parce que
mme la
plus ancienne
n est
venue
l
qu aprs
avoir pris
service
dans une cour
iranienne,
celle
des
Achmnides.
C. Hopkins, Berytus, 1936, p. 6). Exemple
(4)
Ant. Syr., III, p. 80.
Doura,
la
barbe d'Aphlad,
Rostovtzeff,
Parth. (6)
Ant.
Syr.,
III,
p.
89.
Art,
fig. 38 (date : 54). (6)
L'Architecture
helln.
et
hellnist.
Dlos,
(x) Exemples
Palmyre, la mme triade (les 1944, p. 389. Outre
le
a berceau d'Assourba-
dieux latraux); notre pi. XIII, 3; exemples nipal (Frankfort,
Art
andArchit. Ane. Orient,
dats, Ingholt, ibid., pi. I, 2
(114); III,
2 pi.
114) cit
par M. Vallois, mentionnons
(154-5); V, 2-3 (181, 186);
Doura, la chevelure des bas-reliefs du mme roi, Hall, Sculpt.
d'Aphlad. babyl. assyr. Brit.
Mus. (Ars Asiatica, XI) pi.
(2)
Ant.
Syr., II, p. 37;
V,
p.
20.
LV, 1;
XLI, 2.
(8) Ant. Syr., III, p. 79.
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
18/72
DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE
L ART GREC 269
A Palmyre,
Doura,
Hatra, l usage
de
ce qualificatif
paratra
sans
doute
moins
indiscutable
puisque seule la
plus
rcente des
deux
traditions
orientales
est
iranienne,
l autre
tant
avant
tout
smitique
et
msopota-
mienne. Ce qui
pourtant
justifie
mes
yeux
cette dnomination, c est que
l art
de ces
villes (et mme celui
de
Palmyre
laquelle n a
jamais
t parthe)
est issu de celui
des
pays
hellniss domins
par
des
Iraniens, c est qu il
est
insparable de
celui
de
la
Msopotamie
parthe (Assour, Ourouk,
et
surtout,
bien
qu elle nous chappe, Sleucie), et
des
pays
iraniens eux-mmes
(Shami, Tang-i Sarvak).
Le
qualificatif de grco-iranien
nous
offre donc la
contre-partie du
qualificatif de grco-romain que nous
appliquons
la
Syrie
mditerranenne
et
tous
les
autres
pays
hellniss domins
par
les
Romains
(1).
Cet art des cits
de
la
steppe syro-msopotamienne que nous
appelons l art parthe, il nous faut
tenter
maintenant de
voir
comment
il
s est
form.
Les antcdents lointains
de Vart
parthe :
de
la coexistence la confluence.
L histoire
de l art grec dans
l Orient hellnistique nous
est drobe
par
un
dfaut
presque
complet
de
documents.
Cependant nous voyons
bien
d une
part
que
la
conqute macdonienne
a
eu
pour
consquence d annexer
au
domaine
de l art grec l ancien empire
achmnide (2), d autre
part
que
cette
annexion n a pas
fait
disparatre les
arts
traditionnels. C est en Egypte
que
s'offre sans doute le tableau le
plus
clair.
Nous
savons
que
l art grec et
la vie
grecque fleurissent
Alexandrie;
mais nous constatons aussi que
le
vieil art pharaonique poursuit une
vie
sans changement dans le
reste
du pays,
particulirement dans
les sanctuaires.
C est
la
coexistence.
(1) Rostovtzeff
a souvent
us
de
cette
expression,
en particulier RAA
VII,
p.
202
ss,
mais en lui donnant un sens beaucoup plus
large.
C'est, me
semble-t-il,
la noyer
dans
le
flou que de l'tendre des
monuments scythiques
de Russie
mridionale
et des intailles grco-
perses ,
d'poque achmnide,
aux reliefs
rupestres
des Sassanides.
(2) Pour
les
parties orientales
de
cet
empire,
il est vrai, nous
n'avons
d'autres
documents
SYRIA.
T.
XXXVII. FASC. 3-4
que
les monnaies
des
Sleucides,
v.
E.
T.
Newell,
Eastern
Seleucid
Mints. Mais les
mo
numents
de l'architecture
et
de
la
sculpture
reparatront un jour, comme vient de reparatre
le premier
monument de l'pigraphie grecque
de ces
rgions,
qui est aussi
la
premire ins
ription
grecque manant
d'un roi de l'Inde,
J.
A.,
1958, pp. 1-18 (D. Schlumberger,
L.
Robert).
18
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
19/72
270 SYRIA
Or
cet tat de choses n est
pas
particulier l Egypte. Nous le retrouvons
en Babylonie, o nous entrevoyons l existence d un art grec dans les villes
grecques, notamment
Sleucie, tandis
que
nous voyons
Ourouk
fleurir
les
formes
de
l art traditionnel
lies
la
religion.
De faon
gnrale, on peut imaginer cette
coexistence de deux genres
de
vie
(dont
la
coexistence
des
deux
formes d art n est que l un
des
aspects)
sur le
modle
de certaines coexistences qui n ont
pris
fin que tout rcem
ment. Il suffira
d voquer
ces jumeaux extraordinairement dissemblables
qu taient dans le Maroc franais la ville nouvelle juxtapose la mdina,
dans l Inde britannique
le
cantonment
(la ville anglaise) juxtapose
la
city
(la
ville
indienne),
et
de
songer
la
constante
confrontation
de
deux
ordres
diffrents de gots et de
besoins
que ces juxtapositions
impliquaient,
et qui se refltaient dans la diffrence
des architectures,
de l ornement,
du
mobilier, des
objets.
Dans l ensemble, cette situation est
celle
de la haute poque hellnistique.
Et,
dans l ensemble
aussi, l art grec tait celui des villes grecques, des
colonies
macdoniennes
(1),
des
mercenaires grecs (2),
des cultes
imports;
les arts
indignes taient ceux
des villes indignes, des
vieux sanctuaires
et du plat
pays.
Non
seulement
ces derniers ont continu de
vivre,
provi
soirement inchangs,
mais
ils
ont
mme pu
connatre une vritable
renais
sance
(3).
La grande rupture,
le
changement radical qui devait amener
la
(*)
Sur
les plans de ces
villes
ou colonies,
encore
lisibles dans les plans de
plusieurs
villes
actuelles (Lattaqui, Antioche, Alep, Damas)
ainsi
que
dans les' ruines
d'Apame,
de Doura-
Europos, voir J.
Sauvaget, Le
plan
de
Laodi-
cesur-mer, Bulletin d'tudes Orientales (Ins
titut Franais,
Damas), IV,
1934,
page
107.
En
fait
d'architecture, je
ne
vois
citer
que
les restes
(indits)
de trois temples grecs de
Sleucie, Seyrig, Antiquits syriennes, III,
p. 116, et
ceux
des difices sleucides de
Doura,
Rostovtzeff,
Dura-Europos, p.
11
(remparts
et
citadelle), pp. 34-38 (l'acropole,
ou
redoute).
(2)
Peintures
murales des tombes de
Marissa,
C.
Watzinger, Denkmler
Palstinas,
II,
p. 17.
Les inhumations s'chelonnent sur le ne sicle
comme nous l'apprennent
les
inscriptions.
La
plus ancienne est de 198. Les tombes
et
leur
dcor peint peuvent remonter aux dernires
annes
du me sicle.
Stles
peintes de
Sidon,
G.
Mendel,
Catal.
Mus. Impr. Ottom., I,
pp.
258-270 (dbut
du ne
sicle).
(8)
Dans
l'architecture
d
'Ourouk
cette
renais
sance babylonienne d'poque sleucide frappe
par son ampleur, v. A. Falkenstein,
Topogr.
v.
Uruk,
I, Leipzig,
1941, o la
situation de
coexis
tence (das Nebeneinander der zwei fremden
Welten, p. m)
apparat avec
une parfaite clart.
Voir
aussi
E.
Heinrich,
Filnft. Vorluf.
Ber.
Ausgrab. Uruk (Abh. Preuss. Akad. Wiss.,
Berlin, 1934),
sur
les figurines, p.
37
: Es ist
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
20/72
DESCENDANTS NON-MDITERRANENS DE L ART GREC 271
disparition
des
arts
de l Ancien Orient et leur remplacement par ceux
du
Nouvel Orient hellnis, ce changement n est survenu que plus tard.
Mais
naturellement
l opposition
des
deux
genres
de
vie s est
manifeste
trs tt l intrieur mme de
la
socit orientale. L hellnisme ne pouvait
manquer
de
sduire
une
partie
au
moins
de ceux
des
Orientaux
qui avaient
le moyen de
s en
offrir le luxe. Il y a ncessairement eu parmi eux des
modernistes
dsireux de
vivre l europenne , ct de
conservateurs
attachs
au
genre
de vie national, tout comme dans l Inde
du xixe
sicle il
y avait des princes angliciss ct de princes traditionnalistes. Ce dvelop
pement, nous l observons
surtout
dans les pays syriens, moins loigns que
la
Babylonie,
plus ouverts
que
l Egypte.
En
Phnicie
la
coexistence
appar
at ans l art
avant mme
que
la conqute ne
l impose au pays
: l art grec
y est le rival des
arts
locaux, un
sicle avant
l arrive des Macdoniens; et
le sarcophage
du satrape , le sarcophage
lycien , le
sarcophage
des
pleureuses (1),
pour
l poque achmnide,
le
sarcophage d Alexandre (2),
pour
l poque
des
diadoques, nous
offrent de beaux exemples de la
faon
dont cet art
prend
service
chez les
Orientaux. Ds l poque achmnide
aussi
nous
voyons se
produire
des hybrides
: les sarcophages
anthropodes
de Sidon
(3)
nous offrent l exemple le plus ancien sans doute qui nous
soit connu
d une forme de contamination
constituant
une
famille.
C est
ainsi que, si haut que l on
puisse
remonter, s annonce
dans
cer
ta ines classes de monuments, et se prpare de faon gnrale la confluence
de l art grec et des
arts
de l Ancien Orient en un art nouveau.
Comment et quand cette
mutation s est-elle
produite? Questions diffi-
ein merkwiirdiges
Nebeneinander
von Grie-
chischem
und unberhrt Babylonischem, dus
sich in dieaen Tonfiguren ausspricht ; et plus
gnralement,
p. 38,
Griechisches
und
Baby-
lonisches atehen nebeneinander. Einer spteren
Zeit
und einem Volk, das
beiden
fremd
war, den
Parthern,
blieb es vorbehalXen in
seiner
Kunst
die
Gegenstze
zu
vereinen.
(1) Sarcophage du
satrape,
troisime quart
du ve sicle,
G.
Lippold, dans Handb. Archao-
logie, III, I (Fiinfte
Liefer.),
p. 207; et
mainte
nant
.
Kleemann, Satrapen-Sarkophag aus
Sidon,
Berlin, 1958; sarcophage lycien, de la
fin du
sicle, Lippold,
ibid.,
p. 210;
sarco
phage aux
pleureuses, deuxime
quart du
ive
sicle, ibid.,
p.
231.
(a)
G.
Lippold,
op. cit.,
p.
288.
(*)
Sur
ces monuments du ve et du ive sicle,
gyptiens par la forme
gnrale, grecs
par
les
ttes,
voir
maintenant
E. Kukahn, Anthropode
Sarkophage in Beyrouth, Berlin, 1955.
Sur
les
sarcophages gyptiens dont ils drivent v.
M. L. Buhl, The Late Egyptian Anthropoid
Stone Sarcophagi, Copenhague, 1959.
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
21/72
27 2 SYRIA
ciles,
qui appellent
des
rponses diverses selon
les
pays, selon
les milieux
et
mme
selon les diffrentes
catgories
de
l art.
Bien que
l Egypte
ne
concerne
pas
notre
sujet,
nous voudrions,
ici
encore,
en
faire
tat, parce qu elle
peut
aider
comprendre,
par contraste,
ce qui
s est pass
dans l Orient
smitique et iranien. C est en Egypte que l on
observe la
coexistence
la
plus
tranche,
c est
l
aussi
que
l on
constate la
survie
la
plus tardive d un art national en
face
de l art grec.
Certes, mme
ici, l art grec a exerc son action sur l art indigne,
une
action
souvent
trs
notable.
Mais,
de l art gyptien
lgrement
touch par l hellnisme de
la
tombe de
Ptosiris
et
des
tombes
d Hermoupolis la Grande
(1)
l art propre
ment
rco-gyptien
des
hypoges
d Alexandrie
(2),
du
Srapum
grec
de
Memphis
(3)
l architecture proprement grco-gyptienne de Philae (4),
cette action ne dpasse
pas
la simple juxtaposition,
dans
certains groupes
de monuments, de formes architecturales et de motifs ornementaux
des
deux provenances. Il s est
produit
une foule
de contaminations,
mais
celles-ci ne
donneront
pas naissance un art nouveau. L art gyptien
s teindra avec la
religion
dont il tait le
serviteur,
sans laisser aucune des
cendance.
Et le
triomphe
du christianisme lui
donnera finalement
pour
successeur
un art d origine trangre, l art copte. La profonde diffrence
entre
l Egypte et
la Msopotamie apparat
aussitt
que l on
rflchit
que
l art
byzantin
et l art
roman
doivent
une
part importante de leur
rpertoire
la
Babylonie sumrienne, par succession
lointaine
mais
directe,
tandis
qu ils
ne
doivent
rien l Egypte
pharaonique.
Alors
qu en Egypte l art national
dure
trs tard, en Msopotamie il a
d
disparatre
trs
tt. Le
manque
de monuments ne nous
permet
de
prciser
ni la
date
ni
les
circonstances de cette disparition, mais il est
pro
bable que le
grand
changement se place dans
la premire
moiti
du
ier
sicle
avant
Jsus-Christ
(5).
Ce ne
peut
tre
beaucoup
plus
tt,
car
il
n est
gure
vraisemblable que
ce
changement
ait
commenc
sous la
domination
des
(x) Arch.
f.
Orientforsch.,
X, pp.
308-309. ptolmaques du Sarapieion
de Memphis,
v. E. Will, Relief cultuel grco-romain, Paris, 1955.
p.
250.
(4) Le kiosque de Trajan ,
etc.
(2)
Catacombe
de Km-el-Chougfa (poque (5) Nous croyons
le
voir se produire, dans
romaine), etc. trois stles d'Assour,
W.
Andrae et H. Len-
(8) J.-Ph. Lauer et Ch. Picard, Statues
zen,
Partherstadt Assur, Berlin, 1933, pi. LIX
a,
-
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22/72
DESCENDANTS NON-MDITERRANENS
DE L ART GREC
273
Sleucides, qui prend fin vers 130;
ce
ne peut
tre
beaucoup plus
tard
puisque, nous
l avons vu (ci-dessus, p. 264), l art parthe
nous apparat
tout
constitu Palmyre au plus
tard
vers
le temps
de Jsus-Christ.
En
Syrie le dveloppement
qui
mne
la
confluence
est
heureusement
un peu
moins
obscur. Sous le
visage
de la Syrie grco-romaine,
visage bien
connu grce
une extraordinaire
abondance de
monuments,
nous
com
menons dchiffrer en palimpseste le visage trs diffrent de
la Syrie
hellnistique et
ce
visage-l
n est
pas
simplement,
comme on
et pu l atten
dre,n visage smitique
hellnis,
il est galement iranis.
C est
que
l influence de l Iran sur la Syrie n est
pas
moins
ancienne
que
celle
de
la
Grce,
bien
qu elle
soit
le
fruit
d une
relation
trs
diffrente.
L adoption
de la robe persique
par l aristocratie
phnicienne (1),
l appa
rition d lments
perses
dans l architecture de Sidon(2), nous font
entrevoir
cette influence
ds
l poque achmnide,
comme
les
sarcophages
royaux
de
Sidon, ou l adoption
de
cette nouveaut
qu tait
la
monnaie, nous
attes
tent, dans le mme
temps
et dans les mmes lieux,
l influence
grecque.
Avantmme la
conqute macdonienne, c est
donc avec
un art fort complexe
que l art grec
se
trouve en concurrence, puisque au vieil art phnicien
gyptisant,
lui-mme
dj
complexe,
s ajoutait
une
nuance nouvelle,
celle
de la
Syrie des
satrapes.
La
conqute macdonienne
devait naturellement donner
l expansion
de l art grec
une
puissante impulsion. Il n en est que plus remarquable que
lorsque, pour la premire fois
l poque
hellnistique,
nous saisissons
cet
art associ celui de
l Orient dans
un mme monument,
nous
retrouvions
prsente
cette nuance iranienne. Si mal que nous
soyons
informs
des
ruines de Arak el-mir en Jordanie (3),
nous reconnaissons (4)
dans
ce
c
(dates
de
88
av. J.-C),
b.
Les deux
premires
actuellement connu
de
l'art
parthe
.
sont
de profil,
la troisime malheureusement (*)
Seyrig,
Ant. Syr.,
II,
p. 48.
non
date, mais certainement d'poque trs (a) Syria, IV, 1923, pi. XLIII et XLIV.
voisine,
est
de
face.
Bien
que
nous n'ayons
(8) H.
C.
Butler, Public. Princeton Uni-
pas proprement parler de
l'art
narratif versity Arch. Exp.
to
Syria,
II,
A, pp. 1-25;
dans ce personnage isol,
tenant
un rameau, C. Watzinger, Denkmler
Palstinas,
II,
il mrite d'tre mentionn, car cette reprsen- pp. 13-16.
tation frontale
du
ddicant d'un ex-voto
(4)
G.
Welter,
Forsch.
u. ForUchr. 1931,
est chose nouvelle, et ce petit
monument
appa- p.
406.
rat
ainsi
comme le
plus ancien
chantillon
-
7/23/2019 D. Schlumberger, Descendants non-mditerranens de l'art grec. Syria 1960, 37
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274
SYRIA
palais
tobiade du
dbut
du
second
sicle avant
Jsus-Christ un paradis
de type achmnide (le seul peut-tre que
l poque hellnistique nous
ait laiss), dans ses
frises
d animaux passant et
peut-tre
aussi dans ses
chapitaux
protomes
(1) un
reflet
de
la
grande
architecture
de Perspolis
ou de Suse, tandis que ses entablements doriques et ses
chapiteaux corin
thiens
sont d origine grecque. Nous avons
l
un art oriental qui, sans
oublier les rsidences des matres perses du temps
pass, s adapte
aux
gots des matres grecs de l heure
prsente
:
premier indice
de
la
confluence,
une poque o
la
coexistence
devait
tre
encore gnrale,
o
devait
subsister,
ct
de
l art des
temples
grecs, des
villes grecques, un art syrien
des
sanctuaires
ancestraux
et
des
villes
indignes;
premire
annonce,
chez
ces
princes
juifs, de l art aulique grco-iranien.
Les
antcdents immdiats de Vart parthe. Au sicle
suivant c est
encore chez
des princes
syriens que nous
pourrons
tudier
la
confluence :
dans l Auranitide nabatenne chez
les
princes
hrodiens, dans le
pays
de
Samosate
chez
les rois commagniens.
A une centaine
de kilomtres
au
Sud de Damas, quatre temples de l Au
ranit ide
(2)
(Djebel
LDruze),
hellnisants
par
leur
dcor
(3),
offrent
des
plans
entirement diffrents de tout ce que
nous
connaissons dans
l Orient
mdi
terranen (4), mais
trs
semblable en
revanche
celui
d un temple achmn
idee Suse, comme F.
Oelmann
a eu le mrite dele reconnatre
ds
1921 (5).
(1)
Contest
par
Welter,
ibid.,
qui y voit
des
pannelages de chapiteaux corinthiens.
(2) Deux
temples
aujourd'hui
disparus
Si', Butler,
op. cit., pp. 365-390, dont l'un,
celui de
Baalshamn, est
dat de
33
avant
Jsus-Christ;
[un
Sr, ibid.,
p.
428;
un
Sahr, ibid., p.
441.
(8)
Le
dcor des temples de Si', qui est
mditerranen
par certains
de
ses
aspects
(Seyrig, Ant. Syr., III,
pp.
76,
80),
s'apparente
par
d'autres
traits
(ibid., pp.
83, 89) au dcor
archaque
de
Palmyre.
Pour les dcors cou
vrants de
Si',
de Soueda, de
Qanaoat,
voir
aussi Will,
Syria, XXXI,
1954, pp.
279 et
suiv.,
qui les rapproche de ceux
d'Assour, et
les
lifie de survivances hellnistiques : ce
sont
en
effet
des survivances de
l'hellnisme
oriental,
dans
une rgion que
l'art
grco-romain
se
prpare
conqurir.
(*) Prcisons
que
ces temples ont t
levs
sans
qu'aucun
dgagement srieux
ait
pu
avoir lieu. Des dtails importants en
restent
inconnus, et leur
similitude,
frappante en
tout tat de cause,
avec
ceux de Suse
et
de
Surkh Kotal pourrait, Sr et Sahr, se
trouver accrue
si
jamais
une fouille
venait
tre faite.
(5) Arch.
Anz.
1921,
pp.
278-288.
Ce
monu
ment a
t
fouill par M. Dieulafoy, Acrop.
de Suse, pp. 411-414, qui
le
tenait pour un
-
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DESCENDANTS
NON-MDITERRANENS
DE
L ART
GREC 275
Maintenant
que,
dans
le lointain
Afghanistan,
Surkh Kotal
nous
offre
un
nouvel
exemple du mme plan,
on
ne peut plus raisonnablement douter de
son origine
iranienne
(1).
Sur
ce type
de temples nous
devons
l abb J. Starcky
une
intressante
hypothse
(2). Certains textes
palmyrniens et
nabatens mentionnent
un
mystrieux
difice ou objet, nomm hammn. Ce terme, driv d une racine
qui
signifie
s chauffer , est
habituellement
traduit
par autel
du feu,
pyre
(3). L abb
Starcky a conjectur qu il
devait
pouvoir
dsigner
aussi,
par
mtonymie, V difice cultuel
qui
V abritait. Je pense qu il a raison (4).
La ddicace dans le sanctuaire
de
Bel
de
la
statue d un Palmyrnien qui
avait
difi
Vologsiade
un
hammn
tout
entier
(5),
l un
des
textes
com
ments
par
Littmann,
qui se trouve
grav
sur
un
bloc
long de
1
m. 59 et
qui
obligeait
supposer un
pyre
construit de plusieurs assises de grandes
pierres (6), ne se comprennent bien
que dans
cette hypothse.
L inscription
palmyrnienne
de l autel d Oxford commente
par
H. Ingholt et qui ment
ionne
ce hammn et cet
autel
ne s y oppose nullement, car il est
courant
que
la ddicace
d un difice soit grave sur un autel ou sur un bas-relief
plac l intrieur de cet
difice
{7).
L abb
Starcky
observe que le terme
de
hammn
n est
sans
doute
pas
un
simple
synonyme
de
heykl
,
temple,
et
rapproche
le hammn de Vologsiade des temples de
l Auranitide
temple du feu. On a
contest
cette
interpr
tation. e n'est effectivement
qu'une
hypothse,
mais
qu