Daniel Villaperla vous présente les Poèmes dis lors des tournois de bridge des « ANGES » 3-12 au 16-12-2007 (N°24)
Attendez que la musique de Mozart démarre et prenez le temps d’apprécier les textes poétiques que vous
aimez dans cette sélection…
Les diapositives changent au clic de la souris
Une fois encore je me retrouve à la recherche du temps perdu. Le temps des entre-temps, le temps du passé revenu, le temps d'écoute, le temps du temps intemporel. La Louisiane me possède toujours aussi pleinement et ses pouvoirs sont en proportion du vert vif qui pousse sur les arbres en feuilles nouvelles.L'épaisseur du vivre ici est écrasant et envoûtant, la mousse et les insectes grouillant dans ma mémoire. Je me suis réveillée décalée ce matin ; décalée de mes racines par un océan qui sépare ces années-là de ma vie de celles du temps d'avant. Donc, je me suis trouvée en retrouvant le tapis du gazon qui s'enfonce sous mes pieds, dans les sifflements bienvenus des êtres à plumes inconnus en France, dans ce calme qui vient quand on l'appelle, dans ce temps perdu entre les sillons des années.Comme cela fait du bien d'être ici ! même avec la douleur, même avec le regret, même avec ce temps qui m'échappe et qui m'échappera toujours aussi longtemps que je continue à le chercher dans le présent.
Alice Lamy
Ombre mon amour
Isabelle Servant
Une douceur de courbes a coulé dans ma nuit Comme un midi lunaire en sa vallée d'alcoolsRouge sang d'horizon déroule sa peau tendre Au soleil ; sa bruyère humide terre bleueComme nord comme sud confondus en rayons Comme lacs forestiers comme barque chantantSa teneur linéaire en concert blanc de fluide Et comme un argent gris de fourrure nomadeElle a coulé profond dans mon profond muet A séparé les grains partagé pains et orgeEparpillé les fruits d'encens les vins d'épice Et ses feux en brûlures ont répandu leur cireEt leurs mont joies fumants comme traces d'ailleurs
Que le bonheur arrive lentement ! Que le bonheur s'éloigne avec vitesse !Durant le cours de ma triste jeunesse,
Si j'ai vécu, ce ne fût qu'un moment.Je suis punie de ce moment d'ivresse.
L'espoir qui trompe a toujours sa douceur,Et dans nos maux du moins il nous console;
Mais loin de moi l'illusion s'envole,Et l'espérance est morte dans mon cœur.
Ce cœur, hélas ! que le chagrin dévore,Ce coeur malade et surchargé d'ennui,
Dans le passé veut ressaisir encoreDe son bonheur la fugitive aurore,
Et dans tous les biens qu'il n'a plus aujourd'hui;Mais du présent l'image trop fidèle
Me suit toujours dans ces rêves trompeurs,Et sans pitié la vérité cruelle
Vient m'avertir de répandre des pleurs.J'ai tout perdu, délire; jeunesse, jouissance
Transports brûlants, paisible volupté,Douces erreurs, consolante espérance, J'ai tout perdu : l'amour seul est resté.
Projet de solitude Evariste Parny
dieudragon
Mignonnette
Albert Ferland
Qu'elle est gentille et qu'on l'admire Cette blonde aux airs gracieux! Son oeil, où son âme se mire, Semble un tout petit coin des cieux. Elle n'a nul penser morose, Son cœur est gai comme un matin, Dans sa mignonne bouche rose Gazouille un doux ris argentin. Oh! quelle grâce brille en elle! Partout ses charmes sont vainqueurs, Et le seul feu de sa prunelle Pourrait lui gagner mille cœurs !
Quand tu es parti,les larmes m'ont envahie,mais même les larmesn'ont pas rompu le charmede cette rencontrevenant d'un autre monde. Quand tu es parti,j'ai suivi ton regard,pour me voir, un peu,avec tes yeux. Il y a eu toutes ces heures,passées à cultiver mes peurs,mon souvent si noir passéque j'essaie de bien cacher,tous ces sentiments que j'ai ramasséset mis soigneusement à sécherentre les pagesd'un livre d'images,pour les empêcher d'être libreset pouvoir me forcer à vivre.Et maintenant que tu es parti,je souris et je vis.Impressionnant ce coup de vent,car sur ton passagetu as fait voler les pageset j'aime cet espaceoù plus rien n'est à sa place.
Nathalie Feld
DésirsAngèle Lux
Robe pourpréede l'astre qui hurle
Midi lourd,silence chaud
Qui s'abatsur la ville
Brûle mes doigts,brûle mon cœur
Alangui déjàpar l'enfer de ta flamme
Mes sens aigus, tendus Grincent, exaspéréspar la folle tiédeur
L'eau du désir ruissellepar tous mes pores
Noyant mes penséespour ne conserver
Que le relent de la bêteles sens aux abois
Souvent le cœur Cécile Sauvage
Souvent le cœur qu'on croyait mort N'est qu'un animal endormi ;Un air qui souffle un peu plus fort Va le réveiller à demi ;Un rameau tombant de sa branche Le fait bondir sur ses jarretsEt, brillante, il voit sur les prés Lui sourire la lune blanche.
pesare
Partir
Mireille Baudry
Partir , le bleu pour toute barqueAvec, en ligne de mire, cet accroc planétaire Que la mer ravaude de sa pogne liquideAu loin, là-bas, déchirure sans fin Et j'aurai dans mes cales quelques moissons d'enfanceLes fruits juteux de l'aube et la pulpe du vent Dévidant ses comètes aux draps blancs des voiluresHoule dans les cheveux, et broussailles du sang J'aurai le vent nomade cahotant la blessureEt des festins de mots jalonnant le silence J'aurai l'incandescence et poussières d'épureAvec toujours au corps, la longe un peu trop courte
RaStAdEvIl
Caprice blanc
Emile Nelligan L'hiver, de son pinceau givré, barbouille aux vitres Des pastels de jardins de roses en glaçons.Le froid pique de vif et relègue aux maisons Milady, canaris et les jokos bélîtres.Mais la petite Miss en berline s'en va, Dans son vitchoura blanc, une ombre de fourrures, Bravant l'intempérie et les âcres froidures,
Et plus d'un, à la voir cheminer, la rêva.Ses deux chevaux sont blancs et sa voiture aussi, Menés de front par un cockney, flegme sur siège.Leurs sabots font des trous ronds et creux dans la neige; Tout le ciel s'enfarine en un soir obscurci.Elle a passé, tournant sa prunelle câline Vers moi. Pour compléter alors l'immaculé De ce décor en blanc, bouquet dissimulé, Je lui jetai mon cœur au fond de sa berline.
Sais-tu qu’aimer, c’est la quintessence Du beau, du réel ou s’amorce L’aube de la vie. Sais-tu qu’aimer, c’est vivre d’espérance En ouvrant ses mains aux caresses Moi ton esclave affranchi. Sais–tu qu’aimer, c’est d’être libre Libre comme la poussière du temps Faisant fi des convenances.Sais-tu qu’aimer, en admirant le jour Dans sa splendeur arc en ciel, Cascades de mélodies. Sais-tu qu’aimer, aux matins de nos origines Humanité avec ses différences Ou se croisent nos cris incompris. Sais-tu qu’aimer, toi la chrysalide Que naissent des étoiles Dans mon cœur meurtri. Sais-tu qu’aimer, toi mon âme vagabonde Que sur les sentiers de mes envies Je ferais de toi mes habitudes.
Sais-tu aimer ? Mohamed El-Ouahed
Sables mouvants
Jacques Prévert Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s'est retirée Démons et merveilles Vents et marées Et toi Comme une algue doucement caressée par le vent Dans les sables du lit tu remues en rêvant Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s'est retirée Mais dans tes yeux entrouverts Deux petites vagues sont restées Démons et merveilles Vents et marées Deux petites vagues pour me noyer.
Ils s'en vont se chercher ailleurs...
Mireille Baudry
Ils s'en vont se chercher ailleurs Là où ils en ont l'habitude
Trimbalant leur doublure en proue de solitude Au comptoir de midi et au zinc du soir
Ils s'attendent de l'autre côté Sur des manèges inversés
Des fois que passerait un signe Dans la plaie ouverte du temps
Ils se tiennent au hasard sur l'ébréché du vide Cap au dru des banquises vers l'étoile perdue
Sables mouvants de givre à leurs lèvres rouillées Et le feu d'en-dedans déborde leurs yeux nus
Leurs mains échouées s'agrippent à l'entame du jour Dans le roulis poisseux qui débâcle leurs mots
La limaille de vivre aux éboulis du cœur Titubant la noyade sur des reflets de vaseEt tangue la brûlure d'un soleil de métal
Dans un chahut d'entailles et de ravines cruesL'aventure vertige et spirale à l'abrupt
Ressasser le ressac d'un rêve de partance
Rappelle-toi BarbaraIl pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-làEt tu marchais sourianteÉpanouie ravie ruisselanteSous la pluieRappelle-toi BarbaraIl pleuvait sans cesse sur BrestEt je t'ai croisée rue de SiamTu souriaisEt moi je souriais de mêmeRappelle-toi BarbaraToi que je ne connaissais pasToi qui ne me connaissais pasRappelle-toiRappelle-toi quand même ce jour-làN'oublie pasUn homme sous un porche s'abritaitEt il a crié ton nomBarbaraEt tu as couru vers lui sous la pluieRuisselante ravie épanouieEt tu t'es jetée dans ses brasRappelle-toi cela BarbaraEt ne m'en veux pas si je te tutoieJe dis tu a tous ceux que j'aimeMême si je ne les ai vus qu'une seule foisJe dis tu a tous ceux qui s'aimentMême si je ne les connais pas
Rappelle-toi BarbaraN'oublie pas
Cette pluie sage et heureuseSur ton visage heureuxSur cette ville heureuse
Cette pluie sur la merSur l'arsenal
Sur le bateau d'OuessantOh Barbara
Quelle connerie la guerreQu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de ferDe feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses brasAmoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivantOh Barbara
Il pleut sans cesse sur BrestComme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîméC'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orageDe fer d'acier de sang
Tout simplement des nuagesQui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissentAu fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loinAu loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Catherine SUCHOCKA
Barbara
Barbara Jacques Prévert
J'ai appris à t'aimerNatacha Peneau
J'ai appris à t'aimer, ma jeunesse frivoleEst passée au tourbillon des jours…J'ai appris à t'aimer en rêvant sous le sauleJetant aux orties tous mes autres amours.
J'ai appris à t'aimer, sourire ou amertumeDans la tristesse de tes yeux amoureux,J'y trouvais l'or d'une immense fortuneLes joyaux d'un cœur et d'un amour heureux.
J'ai appris à t'aimer à travers la tendresseDont j'entoure chaque jour les souvenirs enfouis.Je t'aime encore plus fort dans la sombre détresseOù désormais tes yeux s'enfoncent dans l'oubli.
Vive_Le_Rock
Le rêvePier de Lune
Doucement en silenceles bras tendus vers toije vole au-delà des mers,dans l'universte voilà qui approchestu m'enveloppes de tes braston souffle me caressetelle une brise légèreje frémis je tressaillele bonheur m'envahitton étreinte se resserrec'est la fusionje m'éveillete cherche en vainma couche est videj'enfouis dans mon coeur caresses, amour et tendressela nuit lentement tire à sa fin...
A un moment, je te regarde de nouveau
A un moment, je te regarde de nouveau et là, tout d'un coup, je réalise que ton regard s'est modifié. Il est devenu las, ennuyé, quasiment agacé, un mélange d'impatience et de dégoût. Et enfin, tu détournes les yeux. Bizarrement, à cet instant précis, je comprends et j'accepte. J'accepte ce regard qui fuit. A ce moment, je ressens tout d'un coup la fatigue. En tout cas une forme de fatigue, pas forcément physique. Je baisse la garde presque avec soulagement. Je sais que je n'ai plus aucune raison de me défendre ou de me battre. C'est un mélange de résignation et de paix. Le premier coup de couteau qui vient, je le reçois sans même vraiment le sentir. Je ne sens pas de douleur quand la lame pénètre la chair. Un moment parfait. Oneiros
BlackButterflyLMK
Encore un souvenir
Halina Poswiatowska
encore un souvenir je viens d'écrire un mot
je suis plus vieille d'un mot de deux de trois
d'un poèmeplus vieille
- qu'est-ce que ça veut diredans l'abstraction
qu'on appela histoire m'a été assigné un espace étroit
d'ici - jusque-là je grandis
dans l'abstraction qu'on appela économie
il m'a été ordonné de vivredans l'abstraction
qu'on appela temps - j'avance
je me perds et poursuis mon errance
decorposee
Seulette suis et seulette veux être, Seulette m’a mon doux ami laissée,Seulette suis, sans compagnon ni maître, Seulette suis, dolente et courroucée,Seulette suis en langueur mésaisée, Seulette suis plus que nulle égarée, Seulette suis sans ami demeurée.Seulette suis à huis ou à fenêtre, Seulette suis en un anglet muchée,Seulette suis pour moi de pleurs repaître, Seulette suis, dolente ou apaisée,Seulette suis, rien n’est qui tant me siée, Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis sans ami demeurée.Seulette suis partout et en tout être, Seulette suis, où je vais où je siée,Seulette suis plus qu’autre rien terrestre, Seulette suis, de chacun délaissée,Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis souvent toute épleurée, Seulette suis sans ami demeurée.Princes, or est ma douleur commencée : Seulette suis de tout deuil menacée,Seulette suis plus tainte que morée, Seulette suis sans ami demeurée. Christine de Pisan
kayceeus
La vague s'élève,Etend la brillance lissede son immobilité,Instant magiquede temps arrêté,Mon corps soudain se jettePénètre le bouillonnementsous-marin,Je sais...La vague s'affaisserabrutale et violente,Lame de fond dévoranteJe sais... mais...L'espace de solitudeL'enveloppe de silenceCaressent la paixde mon souffle dilué,Les yeux fermésJe voyage enfin à l'intérieurDans l'infini du cosmos aveuglantFulgurance illuminée,Dans l'océan de la quiétude primitive...Ils disent que j'ai vécuune expérience de mort imminente...Moi, je connais la vérité..J'étais Ailleurs...
Pascale Dahmani
DésormaisChantal Cudel
Echouée sur la grève,Je t'attends.Infiniment. Longtemps.Je t'attendsLe cœur à l'océan.Sans temps,Entre lune et soleil.Là-bas, Au large, Ailleurs,Je t'attends.Immense, Emouvante,Echouée, Béante,La tête aux étoiles,L'âme en Mer.
darkview
FéerieQuelque part ailleursil existedes jardins suspendus parmi les montsde longs parfums s'étirents'enroulent en volutes aux cadences des cimesDe ma nacelle je les respire.Quelque part ailleurs un océan déferlesur des rocs de cristalet des grèves de nacrechaque vague palpite en son trésor de vies
De ma barque je les caresse
du regard.Quelque part
ailleurs il existe un vrai
cielun vrai soleil qui tombe en
gouttes de joiesur la terre
Je suis un sentier de
veloursvers l'escale où
pleut la lumière
Quelquefois j'y songe
Quelque fois j'y crois
Quelque part existe aussi
peut-êtreune autre moi.
Écrire son saoul de rêves Et visiter la pluie.
Rire dans les échos, S'imaginer un corps
Habillé de lumière, Se souvenir d'un chant
Et sourire d'une larme. Le présent s'oublie dans la nuit,
Le futur s'illumine dans le jour... Et allumer des cendres
Qui s'appellent présent. Bref mourir quelques fois Mais vivre tout le temps...
Rêver ! François François
L'aile d'un ange Edith Ubaniak
L'aile d'un ange m'a effleuré
Puis doucement s'en est alléeJ'ai effacé toutes les images
Qui n'étaient juste que des miragesPuis j'ai soudain ouvert les yeux
Et regardé le bleu des cieuxLa tête pleine de délires
Sur mes lèvres un beau sourireJ'ai secoué mon grand manteau Se sont échappés tous mes maux
Le coeur léger comme une plume Talons qui claquent sur le bitumeLe coeur emplie d'une mélodie
Qui tantôt pleure qui tantôt rieEmportée par un flot de joies
M'en suis allée droit devant moiSillonnant toutes les provinces
A la recherche de mon prince
Immense et rougeAu-dessus du Grand PalaisLe solei d’hiver apparaîtEt disparaîtComme lui mon coeur va disparaîtreEt tout mon sang va s’en allerS’en aller à ta rechercheMon amourMa beautéEt te trouverLà où tu es.
Jacques Prevert
Ce sentiment ailéQui lentement prend son essor,
Ce sentiment plein et entier,Qui lentement s'élève sans faiblir,
Ce sentiment ailéSi largement partagé,
Ce sentiment ne connaissantNi partage ni limites,
Ouvre la voieVers un territoire aux infinis
Possibles, aux immensesChemins... Ce sentiment donne
Une force, un espoir à nul autre pareil.
Un mystère cependant demeure :Comment la lourdeur succède-t-elle
A l'aérienne plénitude de l'envol,Comment le sentiment ailé
Devient-il un jour, parfois, plus pesant
Qu'une enclume, qu'un fardeau,Que toute la noirceur du monde ?
Comment peut-on voler ainsiPlus haut et plus loin
Que ne le peut pourtant l'humain,Comment peut-on voler, s'aimer,
Et s'écraser ?Comment choisit-on pourtant
de retomber encor,Avec plaisir, de rechuter,de s'envoler, de repartir ?
Valérie Doussaud
Longs sont les jours lorsque tu es absent, Longues les nuits brûlantes de désir,Longs sont les soirs qui échauffent mon sang,
Longs sont les jours lorsque tu es absent.Longs les matins où me réveille sans Toucher ton corps, entendre tes soupirs...Longs sont les jours lorsque tu es absent, Longues les nuits brûlantes de désir.
Long est le temps Olga Bluteau
DemainNatacha Péneau
Dans un silence profond j'attends un signe,
D'un oiseau égaré ou l'aboiement d'un chien ?
Non… à l'angoissant silence je me résigne,
J'écoute le temps passer, pour rien…
Demain sera un jour nouveauLes cloches sonneront peut-être ?
Et les pépiements des oiseaux,Beauté, environnement, bien-être…
Demain ! Pensez toujours : "Demain"Quand la nuit tombe et vous angoisse
"Demain sera un jour serein"Murmure pour vous le vent qui passe.
Douce comme un matin d'avrilQuand le soleil s'ébroue au coeur de la rosée,Un duvet de poussin, une source irisée,Une larme-bonheur sur la courbe d'un cil,Ton subtil tremblement quand mon baiser musardeDans le chaud de ton cou, tes battements de coeurLorsque au creux de tes reins ma caresse s'attarde,Ta peau-douceur.Tel un été, telle une flamme,Chaude comme une plage aux moiteurs de midi,Un geste qui s'égare, un frôlement hardi,Chaude comme ta bouche où ma lèvre s'affame : Je sais tous ses frissons, je sais tous ses chemins,J'aime la caresser, houleuse et pantelanteLorsque ton désir s'offre à l'appel de mes mains,Ta peau brûlante.Calme ainsi qu'un étang qui dort,Limpide après l'enfer déchaîné de l'orage,Pareille au champ quand à l'aube la brise sageParsème de soupirs l'horizon des blés d'or,Lorsque le corps s'apaise et que le feu décline,Tout contre moi, tu t'assoupis au petit jour.Dans le lit dévasté, mon rêve la dessine,Ta peau-amour !
Ta peauMichèle Lavalette
Au plus profond du sombreimpérieusement seulil s'élèveimmense escalier lumineux.Où mène-t-il ?A chaque marchemon pas éveille un chant légermusique à peine audibleenvoûtement...Et je monte... monte encoreil n'y a pas de palieraucune marche n'est la dernière.Des milliers de diamants m'éblouissentclignotent en cadencele ciel reste impassiblenuit noire qui ne se laisse pénétrerpar personne.L'escalier sans doutes'écroulera de lui-mêmeavant l'aubepour s'élever encore...et encore... et encoreà chaque nouvel appel de l'Ailleurs.
L'escalier Renée Laurentine
Ta colère
Pascale
Elle m’aspire m’envahit me dissous,Elle m’explose m’émiette m’éparpille,Elle me dévore, se nourrit de mon silence et, repue, se taitlorsque, immobile, je n’est plus.
Esteraz
Comme une eau de rosée d’un ruisseau ou d’un pleur Elle coule légère étrange et mystérieusePareille à une vague aux changeantes couleurs Qui roule sur la mer débordante et joyeuseC’est un doux instrument aux formes invisibles Habité par des sons secrets et impalpablesElle a toute la gamme au-delà du dicible Et peut tout exprimer même l’inexprimablePar ses envoûtements et par ses sortilèges Elle éteint mes douleurs soigne mes déchiruresChaque mot à lui seul est tout un florilège Et de sa belle bouche une exquise parureDes notes par milliers marchent dessus ses cordes Dérobées çà et là par ses lèvres magiquesA des pianos perdus que sa main nue accorde Sa voix est plus jolie que toutes les musiques
Toutes les musiques
Alain Bentolina
UNE FEMME À SAINT-PÉTERSBOURG Mathias Vincenot
Un enfant à Saint-Pétersbourg
Et une femme jeune et belleIl la voyait dans tous ses rêves
Et souvent il la dessinaitLes yeux aussi bleus que le ciel
De la banquise un jour d’étéElle était au bas de l’hôtel
Et peut-être bien qu’il l’aimaitMais bien sûr qu’il n’avait pas l’âge
Pourtant il aurait bien aiméElle était belle et élégante
Elle disparaissait parfoisIl ne comprenait pas pourquoi
Lui si petit, elle trop grandeElle partait peut-être à la plage
Elle devait aimer voyagerSeule elle était Saint-Pétersbourg
C’est elle qui l’illuminaitIl n’a compris que bien plus tard
Ce qu’était sa réalitéElle fut son premier amour
Son premier rêve inavouéIl n’a compris que bien plus tard...
Mais il continue d’en douter
J'avais laissé des framboises Sur les framboisiersDes fraises sur les fraisiers Des figues sur le figuierEt arrosé les rosiers Mais tu t'es décommandé.Sèchement Les lavandes bleues Ont blanchiLe vieux poirier Est tombé Les mésanges sont partiesEt j'ai pleuré. Longtemps Les coquelicots m'ont consolée, Plus sauvages que jamais.Puis le chat a souri La vigne a riTout a refleuri Car tu es revenu. A temps
Cher toi
Bernadette Bodson-Mary
Il y a des moments où notre vie s'arrête :On fait le point.Même si cela se passe dans notre tête,On serre les poings.Certains jours, on s'oblige à continuer la routeMalgré l'ennui,S' efforçant de garder espoir dans la déroute,Quand tout nous fuit.La solitude, c'est lorsque l'on baisse les brasDevant les autresSans rien faire pour tenter de rencontrer ceux-làQui sont des nôtres ;Se laisser submerger par la monotonieDe l'existence,Enfin, s'abandonner à la mélancolie,A la souffrance.Il faut prendre sur soi, ne pas désespérer,Se ressaisir ;Ne pas se contenter d'attendre, mais allerVers ses désirs ;Pouvoir trouver sa voieen se tournant résolumentVers l'avenir ;Et si l'amitié fait défaut, chercher alorsD'autres amis ;Ne pas en arriver à dire : mon coeur est mort,Et moi, je vis.
Nadeige Bajzik
Prends ta barqueSous la lunePrends ta barque.Accompagne la mienneVers son dernier voyageSur les vagues de brume.Doucement, doucement.Que l'étole d'EoleEn un dernier hymenNous emmène Au large.PuisLaisse-moi partirAssise à la huneLentementVers là-basOù naissent et meurentLes éléments.Rentre au portAu petit jourDans la lumière incendiéeD'un matin d'été.Dans chaque soleilJe te serai.
Chantal Cudel
TOUT EST EN TOI
A la toute extrémité de tes doigts sens tu la tiédeur d'une autre main qui te frôleinvisible Là à ta gaucheA ta droite maintenant aussi .Oui là juste un peu trop légère ?Une effluve te caresse respire !Goûte au souffle dansant d'une ronde voisine, infinie si procheSur la terre chaque parcelle est couverte de toiet de tous ces autres toi ceux d'hier d'aujourd'hui de demain .
RYHRHR
Entends-tu leur murmure éternel le frôlement de leur présence ?
Ils ont tissé cette toile de chair de sang
soulevée de soupirs d'amourLeurs rires
leurs pleurs leurs chants leurs gémissements se sont multipliés pour entrer dans le vent
rythmer sa musique.Tu portes en toi l'éternité
la trame tout comme eux
La seule véritable mort n'existe que par volonté de précipice.
Elle ne surgit que de toi l'humain Toi qui parfois
lui creuse un berceau de tes dents
Elle Kevisa Avec Elle, j'ai connu l'Enfer et le Paradis. Je l'ai aimée, puis détestée,Sans jamais cesser de l'aimer. Elle était ma source vitale empoisonnée.J'avais pris mon glaive à l'acier le mieux trempé, J'étais son chevalier et son esclave.J'avais tous les courages. Dans les yeux, l'âme et le cœur, j'avais son image. Je savais pourtant le combat sans issue, Parce qu'il n'y avait pas d'autre ennemiQue le temps, l'indifférence et l'ennui Que déjà elle avait de notre vie.Sentinelle à l'affût de tous les dangers, Je ne l'ai pas vue me poignarder de son mieux,Sans rien faire, juste en détournant les yeux, S'enfuyant vers d'autres lieux sous d'autres cieux.Mes remords et regrets se confondent aujourd'hui. Je hais mon amour et j'aime ma détresse.Par son absence, Elle reste encore la maîtresse De chacun des instants que je vis par faiblesse.
Je t'aimais bienLydia PavotJe t'ai aiméBien plus que la montagnequi embrasse les cieuxMais toi tu n'as rien vu.Je t'ai souhaitéAu-delà de mon âme,à la face des dieuxOr tu n'en as rien su. Tellement sincère pourtantQue j'en ai eu le coeurnoyé dans le néant,Les yeux au bord du videEt cette peine avideQui me voulait pour ellea eu raison de tout.Mon dédain peu à peupoursuit sa longue courseMon chagrin s'évapore,se dilue en sa source.Les maillons de mes chaînesà présent se dénouent Le fil des jours estompel'attrait que j'ai pour nous.Tu ne risquais rien cependantMa raison était noble,ma cause tout autantJuste l'amour était fou !
SéparationEvelyne Pannier
J'ai perdu ton imageJ'ai perdu ton visageAux brumes du rivageDe ce lointain voyage.Et ta voix si peu sageSe perd dans les nuages.Je n'ai plus de courageJe ne crois plus aux miragesQue promettent les mages.Et je tourne la pageJe repars en voyageRetrouver ton imageRetrouver ton visageOublier ce rivageEt me perdre dans les nuages.
InviteEvelyne Pannier
Reste avec moi cette nuitMais pas pour toujours.Reste comme un ami,Tendresse, câlins, douceur.Reste encore jusqu'au jourNous referons l'amour.Reste… Écoute mes frayeursEt chasse ma douleur.Reste… Et sèche mes pleurs,Apprends-moi le bonheur.Reste… Et cueille cette fleurFaite de mielque te destine mon cœur.Reste avec moi cette nuit,Mais pas pour toujours.Repars au petit jour,Et lors de ton retourNous ne parlerons pas d'amour.
GreenBambi
Le retour a un goût d'amertumeet la lourdeur d'une nuit d'insomnie.Des fragments de quotidien se mêlent- logique, dialectique, Da-sein, Lichtung -et mon bras se met à bouger,ma main à écrire machinalement.Il plane une odeur typique de traindans un compartiment de premièreet derrière la vitrese profilent les montagnes azurées.Le retour a un goût d'amertumeet ce n'est pas tant le dernier verreque la saveur de la nostalgiedes courses dans les présde l'eau cristalline du torrentde l'odeur du champ labouréet du bois brûléqui crépite dans la cheminéealors que sous le lustrebrille une nappe blancheet que mon regard affamé te cherche
Liza
Terres du sud Les muses endormies, battent doucement des ailes, dans leur sommeil de poivre et de musc.Les canaux assagis portent leur filet d'eau pâle, vers une destination infinie, des noces abyssales. Sur la terre blanche les tamaris et les cyprès frissonnent de plaisir, sous le vent mutin chuchotant des effluves de lavande odorante, des senteurs de serpolet. Les fleurs répandent leur volupté sucrée sur la terre sèche. Une terre de poudre d'os qui donne aux arbres des troncs petits et tordus, si bien que jeunes ils paraissent déjà de vieux sages. Une terre au sang vert et fruité, une onction lumineuse au parfum d'olive. Une terre aux fruits rouges et charnus qui éclatent sous le soleil, une terre pour les chèvres capricieuses et les moutons paisibles. Une terre pour les chats maigres et les poteries bleues comme le ciel. Une terre pour les chiens qui aiment courir après le vent, pour les lapins qui dansent au clair de lune. Une terre pour les vagabonds, les bergers et les prophètes, une terre qui murmure des poèmes aux étoiles, qui berce l'homme comme l'enfant et qui partage ses connaissances avec ceux qui renoncent à l’inutile. Une terre qui en secret, rêve à la mer, la grande bleue là-bas, de l'autre côté des montagnes nues. Une terre qui danse et qui pleure, qui bat à la mesure du cœur ! Une terre qui meurt et qui se relève en chantant! Une terre pour les silences et les mystères, les replis d'ombre, les murs épais. Une terre de soleil où la magie est indissociable de la vie, où l'amour s'apprend avec la patience et où la mort accompagne chacun des pas accompli. Cathy Garcia DavinArfel
Le jour viendra
Le jour viendra de l'Italie,D'une nuit affaiblie et pâleIl cheminera à l'orientalEn carminat brique ou opale.Le jour tranquille s'élèveraAux gouttes perlées de la voile.Il donnera sa note claireEt le pont fuselé d'étoilesS'incendiera de sa lumière.Le phare s'est éteint à bâbordLe soleil enflamme l'aurore.Pour le marin qui dort encoreEntre chien et loup, le filetA ramené en mailles serréesDes poissons de lune par milliers.Le jour se lève sur un criD'amour à mort D'infini.
Chantal Cudel
Délires éveillésJ'ai envie de fraises à l'eau
De ta boucheDe menthe diabolo
Comme tes yeuxSur du papier
J'ai envie de revenir en arrière
De briser en un éclairLes frontières de nos
songesLes rêves fous qui nous
rongentBon à jeter
L'univers entier dans ma main
Des travaux herculéensDes mégalopoles dans une
escarmoucheUn tapis volant frôlant les
cieuxDélires éveillés
Sur du papierBon à jeter
Sans regret !
AmélieAverlan
CriValérie VidalVoici un cri dans le videUne souffrancequi doit fuiraprès avoir vécu.Pourquoi la retenir ?Parce que sans elleje n'existe pas...Elle est ma seule compagne...de cet instant.Cruelle je l'oublierai,elle qui malgré tout est là.Finalement y'a du bonà souffrir.C'est le cride la souffrance qui fuit,qui part, nous lâcheet qui a peur pour moi.J'ai pitié d'elle,alors je la gardetant que je peux.Au moins j'existepour quelque chose.
Nuit d'orientAnaka
Me glisser dans un salon tapissé de nattes persanes et de soieries imprimées d'or et d'argent.
Un silence moiré s'époumone tout autour à ne pas se dire, Des odalisques alanguies abandonnent leur regard au néant,
l'affolante luxuriance des couleurs et des lignes entrelacées
semble avoir absorbé jusqu'à la dernière étincelle de leur éveil.Sont-elles mortes, ces beautés épanouies,
ou seulement endormies ? Peut-être que leurs songes eux-même se sont affranchis
de leurs esclaves trop soumises, et qu'ils voguent vers d'ailleurs sans entrave.
Je caresse l'étoffe soyeuse du rideau déployé, et j'enfouis mon visage dans les plis abondants.
C'est doux, une langueur m'insinue et ploie mes genoux.
Je me sens ondoyante et légère, mes pas frôlent les fibres moelleuses
et je suis fibre moelleuse, je suis rideau soyeux,
je suis entrelacs de traits fins et courbés, arabesque d'émotions emmêlées...
Tu es mon criAngèle Lux
Tu es le feu allumé dans mon ventreDans le vertige de mes profondeurs.Tu es ce puits où se noient mes sortilègesOù s'enfoncent mes peurs.Tu es l'éternité debout sur le pas de mon silence.Tu es mon cri.
Tu es de tous les temps Et tu nais en tous lieux ;Hôte de ma mémoire, Tu hantes mon sommeilEt diriges mes rêves ;
Partout je te retrouve,Sous les pierres d'un chemin,
Dans le chant d'un oiseau,Sur les lèvres d'une femme ;
Tu es présent partout,Ici et à mille lieues,
Vers ces terres inconnuesOù nul ne s'aventure Et où vont s'échouer
Les songes des vivants ;Je ne peux te nommer Car tu n'as pas de nom;
Tu es l'air et le souffle Du vent qui nous affole,
Tu es l'onde où mon cœur A noyé l'espérance ;
Tu te métamorphoses Et tu pars en fumée Comme une cigarette
Qui retombe en poussière, Point rouge dans les ténèbres.
Je ne peux te nommer
Bernard Lanza
VivreChantal Cudel
S'abreuver au sourire d'un étang qui se cacheEt marcher dans la tourbe aux odeurs de safran.
Aérer ses cheveux d'une pensée volageEt marcher, le bonheur poussé par le vent.
Marcher infiniment, marcher goulûment,Marcher à pleines jambes,
Marcher à pleines dents.Le corps émoustillé par mille feuilles craquantes
Le pas dévoreur et l'esprit tant ouvert !S'élever du regard sur la hampe des arbres
Et rimer pleins poumons, le nez en l'air...Inspirer doucement, inspirer simplement,
Inspirer narines en corolles,S'abreuver, s'exalter..
Reconnaître le chêne, la girolle, la fougère,Entre mille parfums, tous prompts à s'affoler.
Cligner des yeux pour mouiller les couleursEt peindre son tableau, tout à l'intérieur.
kayceeus
Musique de Mozart : Romance du Concerto pour
piano et orchestre N°20 K.466
Daniel Décembre 2007 [email protected] Ce diaporama poèmes n°24 est strictement privé. Il est à usage non commercial.