ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture
23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes
69364 LYON CEDEX 07 9 Allée Pierre de Fermat
63170 Aubière
DOCUMENT RESSOURCE
Étude des références technico-économiques évaluées
Etat des lieux des RTE et focus sur l’organisation de leur production et de
leur valorisation au sein des Chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-
Alpes
Document ressource Maxime Guittat
44ème promotion Élève ingénieur ISARA-Lyon
Enseignant responsable : Directeur de mémoire :
Perrine Vandenbroucke Bertrand Vincent
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Introduction L’objectif de ce document ressource est d’apporter des informations sur la production et la valorisation
de RTE au sein des Chambres d’agriculture. Sa lecture seule permet de prendre connaissance des RTE
faisant partie de la culture de travail des Chambres mais aussi celles produites par d’autres organismes
et pouvant être complémentaires ou concurrentes. Ce document ressource a également pour objectif
d’être un supplément au mémoire que j’ai rédigé. Les détails présents dans ce document permettent
d’avoir une connaissance plus poussée des RTE. La lecture conjointe du mémoire et du document
ressource est fortement suggérée afin de comprendre de manière aboutie les tenants et aboutissants de
ce sujet vaste et complexe. J’effectuerai tout d’abord un état des lieux des RTE évaluées puis j’aborderai
les différentes organisations des Chambres d’agriculture de la région pour la production et la valorisation
de RTE.
I) État des lieux des RTE évaluées L’objectif de cette partie est de décrire le fonctionnement de la production et de la valorisation de RTE.
Elle est constituée de cinq sous-partie qui correspondent chacune à un type de référence particulier.
1) Le dispositif INOSYS Réseaux d’élevage
Le dispositif INOSYS (« Innovations systèmes ») est piloté à l’échelle nationale par l’APCA. Il a été
mis en œuvre en Auvergne et en Rhône-Alpes à travers un travail collaboratif entre Chambres
régionales d’agriculture, Instituts d’élevage et DRAAF. Les objectifs de ce réseau sont de produire,
valoriser et diffuser des références sur les systèmes d’élevage innovants afin de bénéficier d’une
expertise dans le domaine du conseil et de la prospective (CRAA, 2014). Cela passe par la mise en place
dans chaque région d’un observatoire des systèmes d’exploitation dans les territoires. Sont concernés
les élevages ruminants : Bovins viandes et laits, Ovins viandes et lait, Caprins. Ce programme INOSYS
réseau d’élevage est mis en œuvre au sein de la Chambre régionale Auvergne-Rhône-Alpes via les
actions « Observatoire économique » des deux PRDAR. Ce dispositif entre donc dans une stratégie
globale de production et de valorisation de références.
Le dispositif INOSYS se décline en trois composantes (CRAA, 2014) :
a. La typologie
Il s’agit d’une typologie des systèmes d’exploitation, établie à dire d’experts et en collaboration avec les
Instituts techniques. Le rôle de cet outil est une analyse descriptive de l’agriculture française par une
catégorisation des exploitations selon différents critères. Les premiers niveaux de tri se font sur la base
d’un socle national. Un socle régional, avec des critères spécifiques au territoire, est ensuite utilisé afin
de caractériser, dans un souci de cohérence territorial, les exploitations de la région (CRAA, 2014).
L’objectif de cette typologie est l’analyse descriptive de l’agriculture de la région afin d’orienter au
mieux les projets menés par le réseau Chambre, dont la production et la valorisation de références
technico-économiques. Il faut être cependant vigilant sur le fait que cette typologie ne prend en compte
2
que les exploitations considérées comme professionnelles, c’est-à-dire ayant un atelier significatif, une
main d’œuvre sur l’exploitation d’au minimum 0.5 UTA ainsi qu’une déclaration du chef d’exploitation
en tant qu’agriculteur ou pluriactif.
b. Un référentiel élevage
Il s’agit de repères technico-économiques sur les principaux systèmes collectés par les ingénieurs
références des Chambres et groupés dans la base de données DIAPASON par un animateur régional de
l’Idèle. On y trouve les données des fermes suivies ainsi que les données des cas-types (voir paragraphe
suivant), élaborées par les ingénieurs références. Les données et les cas-types sont élaborés en fonction
des besoins identifiés par les ingénieurs références ainsi que les conseillers. Chaque filière synthétise
ces données collectées en un document. La mise à jour des références est effectuée par les groupes
réseaux plusieurs fois par an.
c. Les cas-types1
Les cas-types sont produits à partir des données des fermes suivies groupées dans DIAPASON. La
création d’un cas-types se fait en fonction des besoins identifiés par les ingénieurs réseaux. Il s’agit
d’une exploitation théorique modélisée à partir du suivi d’environ 5 exploitations d’un même type.
Attention, il ne s’agit pas d’une moyenne, le cas type est représentatif d’un système de production d’un
territoire mais ne donne pas d’informations statistiques.
Le choix des systèmes à étudier est le fruit d’un consensus entre Idèle et Chambres. A partir de 2014 de
nouvelles fermes sont étudiées pour une période de 6 ans. Les fermes suivies doivent répondre aux
critères du socle national, c’est comme cela qu’elles sont choisies. On va prendre des exploitants ayant
de bons résultats, intéressés par les chiffres. Les clôtures comptables sont importantes pour le choix tout
comme l’inscription au contrôle laitier et d’autres critères pratiques. L’objectif des cas-types est
d’optimiser la production. Un socle régional existe et privilégie des systèmes locaux caractéristiques.
Tout en respectant la grille typologique, le but est également de suivre des exploitations ayant des
pratiques particulières et innovantes.
Le schéma de la figure 1 présente la façon dont les cas-types sont produits et valorisés. La réalisation de
ces cas-types provient à la fois d’un travail de l’animateur de l’Institut de l’élevage et d’un travail des
ingénieurs références des Chambres départementales. La méthode de fond est la même en fonction des
équipes en terme de références produites mais l’organisation varie. Leur utilisation est multiple. Ils sont
utiles aux conseillers pour accompagner les agriculteurs dans de nouveaux projets (installation,
transmission, évolution, nouvel atelier,..) ou pour améliorer le système existant.
Ils se présentent sous la même forme avec une introduction donnant des chiffres généraux sur
l’exploitation. On trouve ensuite des informations sur les surfaces (assolement, bilan NPK) puis sur
1 Informations tirées de divers entretiens avec Mathilde Bonestebe
3
l’atelier d’élevage. Suivent ensuite divers chiffres sur le résultat économique et enfin le coût de
production.
Le dispositif INOSYS réseaux d’élevage assure également la production de cas-types en agriculture
biologique sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le principe est le même que pour des cas-types
conventionnel à l’exception que les fermes suivis sont en système biologique. On compte cinq cas-types
bio régionaux en bovins lait et six cas-types nationaux en bovin allaitant.
Figure 1_Schema du fonctionnement de la production et de la valorisation de cas-types dans le cadre des réseaux d'élevage
INOSYS en Auvergne-Rhône-Alpes, production : Maxime GUITTAT et Cyril TISSEYRE
d. L’organisation en bassin de production
Les systèmes étudiés ne dépendent pas des limites administratives mais des bassins de production.
Ainsi peut-on avoir un travail collaboratif entre Chambre départementales de régions différentes. Voici
ci-dessous l’organisation des bassins de production selon les filières et le nombre de cas-types produits
par bassin et par filière :
Bovin lait :
o Rhône-Alpes PACA : 10
o Auvergne-Lozère 12
o Centre-Allier : 7
4
Bovin viande :
o Sud Massif central : 13
o Rhône-Alpes PACA : 6
o Bassin Charolais : 18
Ovin Lait : 3
Ovin viande
o Auvergne-Loire-Rhône : 15
o Rhône-Alpes PACA : 17
Caprins :
o Rhône-Alpes/Bourgogne : 4
Figure 2_Carte des bassins de production d'INOSYS réseaux d'élevage sur la région AURA, production : Maxime GUITTAT
2) Les références en productions végétales2
Deux types de références sont produits en production végétale :
- Références systèmes, à l’échelle du système de culture.
- Références techniques, à l’échelle de l’itinéraire technique. Ces dernières représentent la
majorité des références produites sur la région Auvergne-Rhône-Alpes.
La quantité de références produites dépend de la filière concernée :
- Beaucoup de références pour les filières céréales à paille, maïs (grain et ensilage), oléagineux,
cultures fourragères, cultures dérobées/Cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN),
prairies, betterave et lentille
2 Informations recueillies auprès de Thomas Pacaud, Chargée de mission agronomie à la CRA
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- Peu de références techniques (ou systèmes) pour les filières dites mineures : protéagineux,
vigne, arboriculture, légumes plein champ, maraichage,…
Il n’y a pas de réseaux spécialisés grandes cultures comme on peut l’avoir pour les réseaux d’élevage.
Le nombre d’exploitations concernées par les grandes cultures est jugé trop faible pour nécessiter la
mise en place d’un réseau INOSYS territorial grande culture. Il existe le réseau INOSYS (et son outil
base de données diapason) en termes de grandes cultures à l’échelle nationale et sur certaines régions,
mais on n’a pas de réseau en Auvergne-Rhône-Alpes. Le seul réseau de production de références
technico-économiques que l’on a dans la région est le réseau INOSYS viticulture présent sur le
territoire Rhône-Alpes avec six cas-types. Des cas-types sont également produits du côté Rhône-Alpes
pour des productions maraichères et des céréales mais en dehors du dispositif INOSYS.
Des références de type Technico-Économiques sont produites pour les exploitations de type Polyculture-
Élevage pour ce qui est des cultures. La démarche est intéressante car cela permet d’avoir une vision
système (lien entre production végétale et animale) et pas seulement une vision filière.
On trouve également des références technico-économiques en agriculture biologique pour les
productions végétales, en arboriculture, en viticulture, sur les fourrages et enfin en maraichage.
Elles apparaissent sous forme de fiches technico-économique donnant des éléments le plus souvent
économiques comme la marge brute ou le coût de production, avec parfois quelques éléments techniques
les accompagnants. Un travail collaboratif entre les Chambres régionales, départementales, l’ITAB et
les GAB permet de produire ces références.
Des références sont produites via le Réseau DEPHY (Démonstration expérimentation et
production de références sur les systèmes économes en phytosanitaires), faisant partie du
programme Ecophyto. En Auvergne, on a un réseau par département :
- Deux réseaux grandes cultures pour le Puy-de-Dôme et l’Allier, plus axés sur la vente de
grains et fourrage
- Deux réseaux polyculture élevage pour la Haute-Loire et le Cantal, plus axés sur l’utilisation
des cultures dans l’alimentation animale
En Rhône-Alpes on a quatre réseaux répartis sur l’ensemble du territoire :
- Réseau polyculture-élevage
- Réseau arboriculture
- Réseau viticulture
- Réseau grande culture
Les objectifs actuels de triple performance basée sur les trois piliers de la durabilité entraînent
actuellement une révision de la collecte et de l’utilisation des références liées à la production végétale.
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Le développement des références systèmes est au cœur des travaux du réseau des Chambres
d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes afin de répondre aux objectifs évoqués précédemment.
3) Les références sur la diversification des activités agricoles
La production de références en diversification est pilotée par le Centre d’Etudes et de Ressources sur
la Diversification agricole (CERD). L’élaboration des références sur la zone massif central implique
la Chambre régionale Auvergne-Rhône-Alpes, les Chambres départementales de la région ainsi la CRA
Bourgogne et Limousin ainsi que les CDA Lozère et Aveyron qui sont les principaux collecteurs de
données. Ces références se présentent sous forme de fiches ou fascicules donnant des éléments technico-
économiques pour une production, une activité de diversification. Ces références sont produites grâce à
des enquêtes menées dans les fermes ciblées par le CERD. Les livrables produits sont diffusés par les
Chambres, le CERD et l’Idèle.
4) Les références produites par d’autres organismes
a. Les Réseaux INRA3
L’objectif des réseaux c’est d’essayer de comprendre comment la performance économique se construit
dans une exploitation et surtout comment elle évolue au cours du temps. Pour cela, les réseaux sont
construits sur le long terme avec un nombre d’exploitations assez important. Le réseau Bovin
Charolais comporte par exemple 66 fermes en 2014. De plus, en termes de constance sur le long terme,
nous pouvons apporter les chiffres suivants pour le réseau charolais:
Sur 35 ans c’est 24 exploitations en échantillon constant
Sur 25 ans c’est 35 exploitations en échantillon constant
Sur 15 ans c’est 53 exploitations en échantillon constant
L’angle d’attaque est axé gestion avec des méthodes d’enquêtes précises. Les exploitants sont calés
sur une campagne identique au 1er janvier pour la comptabilité et une comparaison est possible
sur une année et sur le long terme.
A la naissance du réseau, les fermes choisies étaient de grande taille et de bonne performance. Le critère
taille n’est aujourd’hui plus pertinent. Aujourd’hui ce n’est pas forcément la représentativité statistique
mais la diversité des systèmes de production qui est recherchée pour introduire dans les réseaux
des systèmes qui n’y sont pas encore. De plus, cela fait 18 ans que la question de l’AB se posait donc
l’effort a été fait d’intégrer des exploitations dans les réseaux. Aujourd’hui on a par exemple 13 fermes
en AB dans le réseau bovin charolais.
Les réseaux INRA tendent à se rapprocher des réseaux d’élevage INOSYS dans des projets de
recherches et développement regroupant divers organismes. Nous pensons plus particulièrement à
3 Informations recueillies lors d’un entretien avec Patrick Veysset, responsable des réseaux d’élevage de l’INRA
7
un projet de production de références en agriculture biologique sur le massif central. Ce projet reprend
les fermes du réseau INOSYS, certaines de l’INRA avec une harmonisation des méthodes et une
utilisation commune de DIAPASON.
b. Références CER
Les CER ne produisent pas de références technico-économiques à proprement parlé mais plutôt des
références purement économiques. Cependant les CER apparaissent comme des acteurs majeurs du
développement agricole notamment dans le domaine du conseil. De plus en plus d’exploitants font
appels à cet organisme en tant qu’accompagnateur et conseiller lors de projets d’installation, de
création de nouvelles activités. Il faut donc considérer les CER comme des acteurs majeurs de la
production et de l’utilisation de références, et réfléchir aux aspects de concurrence mais aussi de
complémentarité.
5) Les références informelles
La phase de collecte d’informations nous a permis de valider l’hypothèse que l’expérience des
conseillers est considérée par un grand nombre d’acteurs comme de la RTE. C’est pourquoi il nous
paraît nécessaire de considérer ces références informelles dans notre évaluation car elles représentent
une quantité d’information non disponible. Le transfert et la production de ces références ne sont pas
formalisés puisqu’elles proviennent de réflexions personnelles alimentées par des échanges et des
expériences. La formalisation et le transfert de ce type de RTE nous paraît être un enjeu de la
valorisation.
II) La production et la valorisation de RTE dans les Chambres
d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes
L’objectif de cette partie est de comprendre les différentes organisations des Chambres d’agriculture de
la région Auvergne-Rhône-Alpes pour la production, le transfert et la valorisation des RTE. J’évoquerai
à la fois les organisations internes au CDA mais aussi l’organisation de travaux et groupes
interdépartementaux sur la région. Je finirai par un rapide travail de comparaison des financements
alloués aux RTE dans les Chambres d’agriculture du territoire.
L’ensemble des informations de cette partie provient d’une lecture légèrement différente des entretiens
réalisés pour le travail d’évaluation. Nous avons, avec Robin Freycenon, effectué une journée d’enquête
dans la Chambre du Cantal spécialement dédiée à son organisation. Les données que nous avons
collectées lors de cette journée agrémentent largement cette partie.
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1) Organisation des Chambres départementales pour la production et la
valorisation de RTE
a. Des organisations de production différentes
Si l’on observe l’organisation des différentes Chambres d’agriculture départementales concernant la
production de RTE, on remarque qu’il y a quasiment autant de modes d’organisation que de structures.
Ainsi certaines CDA s’impliquent grandement dans la production de RTE car elles y voient un outil
fondamental alors que d’autres (pourtant également utilisatrice de RTE) se désengagent de la production.
Pour INOSYS réseau d’élevage, le cadrage implique une équipe d’ingénieurs réseaux
interdépartemental des CDA animée par un agent IDELE : c’est l’équipe réseau. On remarque une base
commune entre les Chambres : l’implication d’ingénieurs réseau. C’est lui qui alimente la base de
donnée DIAPASON et qui participe à l’équipe réseau et à la construction de Cas-Types. Cependant, le
suivi de ferme qui permet de faire remonter des chiffres est organisé de façon différente dans les
différents départements comme on peut le voir sur la figure 3. Certaines Chambres, comme celle de
Savoie Mont-Blanc, ont choisi d’impliquer d’autres agents dans le suivi des fermes et la construction
de RTE. Ainsi si certaines structures s’appuient uniquement sur l’ingénieur référence désigné pour
suivre les fermes du réseau, certaines impliquent leurs conseillers (voir figure 3). De cette façon, les
conseillers collectent les informations auprès des agriculteurs et les transmettent à l’ingénieur réseau qui
les rentrent dans la base de données DIAPASON. Les agents impliqués peuvent être situés dans
différentes antennes de la structure permettant ainsi de couvrir plus facilement l’ensemble des territoires.
De cette façon, on garantit la vérification des informations ainsi que leur homogénéité. Seul l’ingénieur
référence participe à la vie de l’équipe interdépartementale.
Figure 3_Deux organisations différentes de production de RTE dans le cadre d'INOSYS RE, production : Cyril Tisseyre
Pour ce qui est de la production des RTE hors INOSYS RE, son organisation dans les départements est
plus hétérogène et difficile à appréhender. Elle peut s’appuyer sur les conseillers filières comme dans
la Drôme et le Puy de Dôme, ou sur des chargés d’études ou encore des conseillers d’entreprises qui
produisent des références à partir de fermes qu’ils suivent. Les formations coût de production sont par
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un exemple un moyen pour le conseiller entreprise de collecter et de diffuser de la référence. D’une
certaine manière, ils participent par ce biais à la production de références.
Le nombre de fermes suivies et le protocole de construction varient également. Si certains départements
comme la Drôme ont fait le choix stratégique de suivre la diversité des filières de leur territoire, d’autres
comme l’Ardèche ont choisi de ne pas produire de RTE ou peu. En découle alors un conseil dépendant
des données des autres départements ou alors d’une nature différente (basé sur l’expérience du conseiller
qui pourra comparer l’exploitation sur laquelle il intervient à des cas déjà vus).
b. Une valorisation hétérogène découlant de la culture des différentes Chambres
et des organisations du transfert
Ici également on a un large panel de cas différents. Si dans certains départements il y a une utilisation
quasiment systématiques de RTE dans le cadre du conseil, du positionnement des élus ou de la
prospective, dans d’autres elle se fait très ponctuellement. Il y a une grande multitude d’organisations
tant d’un point de vue physique, comme la localisation des bureaux, que hiérarchique. Ainsi dans la
Chambre du Cantal, les producteurs de références sont matériellement plus proches des utilisateurs et
intégrés dans les mêmes bureaux ou étages, facilitant ainsi les échanges, contrairement à d’autres CDA
comme celle du Puy-de-Dôme.
De la même manière, la structuration même des CDA en pôles et services ainsi que la place des agents
varie. Par exemple dans la Drôme, la CDA est organisée en 3 services : territoire, filière et économie.
Si certains utilisateurs comme les conseillers d’entreprises appartiennent au service économie, les
producteurs se trouvent dans le service filière. Ainsi, pour une meilleure communication entre ces
services, un poste d’ « animateur pivot » a été mis en place. Cet agent permet de faire le lien entre les
« spécialistes » ou producteurs de références et les conseillers d’entreprises ou utilisateurs. Dans le
Cantal, on retrouve au sein d’un même pôle développement économique les services références et
conseil d’entreprise. Les conseillers sont rattachés à des antennes territoriales constituant ainsi trois
équipes de conseillers, chacune des équipes étant suivie plus particulièrement par un ingénieur référence.
La localisation et le nombre d’antennes au sein d’un département joue sur la fréquence des contacts
entre conseillers et ingénieurs références. Il est plus aisé d’avoir des échanges lorsqu’il y a peu
d’antennes même si une multiplicité de ces dernières favorise la valorisation fine des RTE via un conseil
très localisé.
Ici encore, pour faire le lien entre producteurs et utilisateurs de références les Chambres ont développé
des organisations et méthodes différentes. Dans la Loire, il y a une réelle volonté de perméabilité et de
communication entre les différents services : les entretiens d’embauches se font avec les différents chefs
de services, réunions d’équipes régulières, communication, assignation d’un « parrain » lors d’une
entrée en fonction afin de mieux appréhender le fonctionnement de la structure. Dans le Cantal, la culture
de travail est assez similaire. Les jeunes conseillers suivent un parcours d’intégration du nouveau
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collaborateur durant lequel ils voient le directeur, le chef du pôle développement économique ainsi que
les ingénieurs références pendant une ou deux journées afin de découvrir les méthodes et démarches
pour une appropriation facilitée des références. Dans d’autres Chambres, comme dans le Puy-de-Dôme,
il semble qu’il y ait une séparation plus importante entre équipes et services qui ont des fonctionnements
distincts et plus indépendants.
Le rôle des chefs de service ou responsables de pôle est important dans la réalisation du transfert. Dans
le Cantal par exemple, le responsable du pôle Développement économique participe aux réunions
conseillers et à celles de ingénieurs références. Son rôle est donc primordial dans la circulation de
l’information.
Le transfert des références aux élus est également un point de divergence des organisations
départementales. Dans le Cantal, un comité de pilotage, comprenant trois élus et trois autres agriculteurs,
a été créé en 2015 afin de transférer les RTE aux agriculteurs mais aussi de les intégrer dans le processus
de production. Dans l’Allier, chaque filière a un représentant professionnel attitré avec lequel les
producteurs de références organisent une réunion de présentation et de dialogue autour des RTE chaque
année. Dans d’autres départements ce transfert est beaucoup plus ponctuel et n’est pas organisé de façon
aussi formelle. Dans la Haute-Loire par exemple les élus viennent au contact des ingénieurs références
lorsqu’ils ont besoins d’informations précises et non de façon régulière.
c. Des stratégies de fonctionnement hétérogènes
Cette tentative de comparaison des différentes stratégies des structures est basée sur les différents
témoignages que nous avons pu recueillir. N’ayant pu interroger de façon homogène les
différentes CDA ainsi que l’ensemble de leurs acteurs, le schéma produit et les commentaires sont
tout à fait subjectifs.
Les CDA ont adopté des stratégies différentes quant à la production de références ainsi qu’à
l’organisation de sa valorisation. Il semble qu’il y ait de manière générale une corrélation relative entre
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l’implication dans la production de RTE de manière générale et la formalisation de la valorisation. Cet
ensemble découlant d’une réflexion et de choix stratégique de fonctionnement de la part des CDA.
Si certaines Chambres comme le Cantal, la Drôme ou Savoie Mont-Blanc mettent un point d’honneur à
produire des références et à avoir une valorisation réfléchie et organisée, d’autres comme l’Ardèche se
placent à l’opposé. Ayant fait le choix de ne pas s’impliquer dans INOSYS réseau d’élevage et de ne
pas produire de RTE à grande échelle, elles sont dépendantes de celles des autres et ont adopté des
fonctionnements de conseil différents. La valorisation des RTE y est moins cadrée. La plupart des autres
Chambres se placent à un niveau à peu près similaire même si certaines organisations spécifiques ou
implication supplémentaires divergent. On peut penser à la perméabilité des services dans la Loire ou
la présence d’un comité de pilotage RTE dans l’Allier par exemple.
2) Quelle organisation entre les différentes Chambres ?
Il existe divers groupes interdépartementaux de travail et organisations autour des références. La plupart
de ces groupes sont régionaux. La fusion des régions étant récente et la réorganisation pas encore
effectuée, ces groupes sont amenés à être restructurés dans un futur proche.
Comme expliqué dans la partie précédente, le travail d’INOSYS réseau d’élevage s’appuie sur les
ingénieurs réseaux des CDA organisés par filière (bovin viande BV, bovin lait BL, caprin, ovins viande
et ovins lait) autour d’un animateur réseau de l’IDELE. Ces groupes réseaux peuvent être régionaux
Figure 4_Typologie des CDA selon leur implication dans la production de RTE et l'organisation de la valorisation
des RTE
12
comme en Rhône-Alpes pour BV et BL ou par bassins de productions comme le bassin rustique en BV
de sud Auvergne et Lozère. Ces agents se rencontrent régulièrement pour construire des cas-types, les
mettre à jour, travailler sur des thèmes précis. Ils mènent donc des projets à l’échelle
interdépartementale.
Dans le cadre de l’action 8 du PRDAR en Auvergne, un groupe de producteurs de références a été créé
en 2014. Il est composé d’une personne par CDA, chacune représentant une filière différente, ainsi que
de deux personnes de la Chambre régionale pour les productions végétales et les productions animales.
Son rôle est de mener une réflexion sur la production de références pour répondre aux objectifs fixés
dans le PRDAR. Ce groupe décide aussi de la mise en place de sous-groupes de travail sur des
thématiques particulières selon les besoins (PAC en 2014, référentiel fourrager en 2016). Là encore, ils
sont composés d’une personne par CDA représentant une filière différente. Cette entrée multi filière a
pour but de créer du lien entre les différentes actions du PRDAR. En effet, l’action 8 est transversale et
des références peuvent être produites dans le cadre d’autres actions concernant l’agronomie, l’énergie,
les fourrages. Depuis 2016, un groupe d’utilisateurs de références a été mis en place et regroupe un
conseiller entreprise de chaque CDA dans le but de les intégrer dans les processus de réflexion régionale
autour des références.
Les Chambres de Rhône-Alpes ont mis en place en 2011 un groupe spécifique dédié à la diffusion de
référence : l’équipe TRACE (Topo Rhônalpin du conseiller d’entreprise). Son objectif premier est de
compiler l’ensemble des RTE produites au sein du territoire dans un document papier et informatique
diffuser à l’ensemble des conseillers de la région. Ce groupe organise une réunion annuelle pour ces
conseillers afin de les familiariser avec cet outil et de les questionner sur leurs attentes en termes de
références. La région Auvergne a entamé depuis 2015 les réflexions pour réaliser un document similaire.
Le groupe travaillant sur ce sujet est le groupe des producteurs de l’AE8 auquel s’est rajouté l’Idèle ainsi
que le chargé de mission agriculture biologique de la Chambre régionale.
Les chefs de service économie sont également réunis plusieurs fois par an pour valider les orientations,
du côté Auvergne et du côté Rhône-Alpes. Un observatoire économique régional, regroupant les chefs
de service de la nouvelle région, a été mis en place en mai 2016.
13
3) Financements
Nous remarquons une variabilité des équivalents temps plein (ETP)4 consacrées aux actions
Observatoire économique. L’Ardèche, l’Isère et l’Ain mobilisent moins d’un ETP sur cette action
contrairement aux autres départements. Pour les autres Chambres, le nombre d’ETP varie entre 1 et 2.55.
Ce dernier chiffre, celui du Cantal, est à relativiser car le rôle de coordinateur régional confié à Mathilde
Bonestebe, de la CDA 15, fait grimper ce chiffre. Ces schémas nous permettent de voir des engagements
plus ou moins importants selon les Chambres pour les actions 6 et 8. Il semble que les Chambres
d’Auvergne mobilisent un peu plus d’ETP que celle de Rhône-Alpes.
4 Une capacité de « n » ETP correspond à une équipe de « n » personnes affectées à temps plein à la réalisation d'une tâche
CDA LOIRE ; 118,57
CDA DROME ; 85,34
CDA ISERE ; 79,62
CDA RHONE ; 146,58
CDA SAVOIE² ;
101,64
CDA ARDECHE ;
23,02
CDA AIN ; 48,69
CRA RA ; 162,91
Coût annuel 2014 de l'AE6 dans les différentes Chambres d'Agriculture de
Rhône-Alpes (k€)
CDA03; 1,45
CDA15; 2,55
CDA43; 1,55
CDA63; 1
CRA; 0,85
Nombre d'ETP affecté à l'AE8 dans les Chambres d'Auvergne en 2014
CDA03; 108
CDA15; 153
CDA43; 147
CDA63; 97
CRA; 77
Coût annuel 2014 de l'AE8 dans les différentes Chambres d'Agriculture d'Auvergne (k€)
CDA LOIRE ; 1,27
CDA DROME ; 1
CDA ISERE ; 0,55
CDA RHONE ; 1,1
CDA SAVOIE² ;
1,1
CDA ARDECHE ;
0,2
CDA AIN ; 0,75
CRA RA ; 1,35
Nombre d'ETP affecté à l'AE6 dans les Chambres de Rhône-Alpes en 2014
Figure 5_Nombre d'ETP affecté à l'AE6 dans les Chambres de Rhône-
Alpes en 2014, production personnelle
Figure 6_Nombre d'ETP affecté à l'AE6 dans les Chambres
d’Auvergne en 2014, production personnelle
Figure 7_Coût annuel 2014 de l'AE6 dans les différentes Chambres
d'Agriculture de Rhône-Alpes (k€), production personnelle
Figure 8_Coût annuel 2014 de l'AE8 dans les différentes Chambres
d'Agriculture d'Auvergne (k€), production personnelle
14
La comparaison des figure 7 et 8 nous permet de remarquer une différence à l’echelle régionale puisque
la CRA RA représente un pourcentage de dépense plus fort que la CRA Auvergne. Du côté Rhône-
Alpes, comme pour les ETP, l’Ain et l’Ardèche dépense peu pour l’action 6. Suivent ensuite l’Isère et
la Drôme. Le Rhône et la Loire sont ceux dont les dépenses sont les plus élevées. On retrouve des coûts
légérement plus élévés en Auvergne, avec notamment le Cantal et la Haute-Loire pour lesquels l’action
8 équivaut à environ 150k€.
Les figures 9 et 10 nous montrent que les Chambres d’Auvergne ainsi que celles de Savoie, du Rhône,
de l’Isère et de la Loire semblent apporter un financement propre supplémentaire conséquent dans la
réalisation des actions observatoire économique. Des départements comme l’Ain ou l’Ardèche, moins
engagés dans la production de références se contentent pratiquement des fonds CASDAR.
Bibliographie CRAA. La typologie INOSYS en Auvergne. En ligne, disponible sur http://www.myinosys.fr/, 2014.
0
20
40
60
80
100
% Financement CasDar (k€) par rapport au coût total (Rhône-Alpes)
Financement CasDar (k€)
0,0
20,0
40,0
60,0
80,0
100,0
CDA03 CDA15 CDA43 CDA63 CRA
% Financement CasDar (k€) par rapport
au coût total (Auvergne)
Figure 9_% Financement CasDar (k€) par rapport au coût total (Rhône-Alpes) Figure 10_% Financement CasDar (k€) par rapport au coût total
(Auvergne)