DU MÊME AUTEUR :
Espa r s et Froments , Prix de l 'Académie de Marseille, 1977.
Sagaies, Prix Li t téraire de l'Agence de Coopérat ion Culturelle e t Technique, 1978 (Ed. Saint-Germain-des-Prés).
Colletée d'Azur, Ed. Saint-Germain-des-Prés, 1979.
Chante-Sahel, Prix Li t téraire de l'A.C.C.T., 1980 (Ed. Silex).
A PARAITRE :
Pré lar t s et Palanquées.
Requiner ies et Mermelades (Poèmes de la m e r p o u r enfants).
Laureine Valtis
BARBARIE-L'ESPOIR
56 bis, rue du Louvre 75002 PARIS S I L E X
éditions
Ouvrage publié avec le concours du Centre Nat ional des Lettres
© Silex - 1986.
A mon filleul Abū Bkhr' Lamana en exil au Cameroun
pour dans vingt ans son âge d'homme
A mes chers Ali, Khadidja, Adoum, Bakary M'Bodou que j'ai laissés à regret dans la tourmente du Tchad,
— à tort peut-être — par respect de leur identité islamique.
Le Prophète a dit :
« Mieux vaut p o u r l 'un de vous que son ventre soit plein de pus p lu tô t que de POÉSIE. »
H 'ad i ths 78-92.
TOUTE RESSEMBLANCE AVEC QUICONQUE EXISTANT OU AYANT EXISTÉ
N'EST ABSOLUMENT PAS FORTUITE. LA PLUPART DES NOMS N'ONT MÊME PAS ÉTÉ CHANGÉS.
Note : (Coran d'après Kasimirski). (Extraits des H'adiths de El Bokhârî) (Bible de Louis Second).
J 'AIME
j 'aime.. . ter res ar ides exhalaisons torpides zébus figés des s teppes rases
l 'a t tente de la pluie un ciel ocre de sable cont ient son vent re de neuf mois
j'aime... peuples de r ire de danse guérilla you-yous tam-tams lancinants
sous masques d ' appa ra t la souffrance concave les saigne pa r dedans.
TANDIS
tandis que vigilant l 'Occident t répide dissèque l ' ins tant disloque l ' a tome organise thésaur ise planifie l ' in terplanéta i re
l 'Afrique intemporel le j a lonne l'infini de saisons consenties mille ans phalanges de len teur
soudain ivre puls ion débauche de carquois et souffle l ' ha rma t t an corps à corps magique des vivants et des mor t s
au tam-tam de lune chavire hard ie la hanche et scintille l 'ivoire mosaïque du rire.
NUIT
un chacal suppl ique à la lune
le délire des hyènes muezzin des sanglots
la nu i t en marche sombre menace
hantée
foule d'Ancêtres.
ESCALE
un chameau pétrifié a figé ses mirages à l'infini des sables
l'homme spectre flottant puise grinçante poulie l'eau saumâtre
gestuelle profilée escale dans l'espace.
MÉHARÉE
ils ont ourlé la dune dentelure indigo filigrane de l'instant
un mirage peut-être ?
l'implacable soleil broie l'erg immobile et main-mise ses chairs.
LA CARAVANE
la lente caravane lointaine filandière fes tonne l 'horizon ocreuse de pouss ière
bal lant plein sable en jambées horlogères les d romada i res ballots et pains de sel gue t ten t à la lice du Ténéré
l'Aïr en t r ' ape rçu violine repère
les dalles de n a t r o n j e t t en t des éclairs e t les tapis pavoisent da t te indigo tabac écarlate et saf ran l ' hamada mono tone
un vol de mouches un sillage d 'encens dévident vie préca i re un bris d 'appel incanta to i re ar t icule au-delà
l 'espace et le temps.
GALERE
hau te marée des dunes le vent déchaîne ses cavales vaca rme des sables à l 'assaut du soleil
le vent propulse des falaises d'ongles haleine hallucinée nausée ocre
galère minérale
les dents gr incent sur des silex absence de salive Je poivre blanc brû le aux nar ines le p imen t râpe langue et paupière
l 'homme-chèche bu rnous aveugle s 'est tapi au flanc couché du dromadaire .