Etre un citoyen connecté pendant les élections législatives
Une enquête ethnographique
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Notre terrain d’enquête
enquêteurs : Laurence Allard, maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Lille 3 – Paris 3/IRCAVJoëlle Menrath, directrice de Discours & Pratiques
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En temps réel pendant la durée de la campagne
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Une 30aine3
Observations ethnographiques dans les bureaux de vote, les espaces publics
entretiens de longue durée auprès de personnes de milieux sociaux contrastés,
dont 8 entretiens avec des personnes déjà rencontrées lors de l’enquête sur les présidentielles
d’ entretiens à la volée
secteurs géographiques investigués : Paris et région parisienne, Lisieux et villages alentours, Strasbourg et villages alentours
Ethnographie digitale : • Observations sur les réseaux sociaux, forums, blogs, sites de presse
• Analyses de SMS, MMS et photos mobiles• Analyse d’une centaine de mails (associés à des diaporamas)
transférés quotidiennement par nos interviewés• Collecte de tweets, de statuts Facebook et autres contenus
postés sur les réseaux sociaux ( Foursquare, Instagram)
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Chez nos interviewés, les pratiques numériques d’expression, de partage et de recherche d’informations autour des élections se sont raréfiées pendant les législatives. Cette baisse d’activité s’explique en premier lieu par le faible intérêt suscité par ces élections. En deuxième lieu, elle s’explique par l’idée communément exprimée qu’Internet et les législatives s’ajustent mal : l’échelon local ne semble pas être représenté sur l’échelle d’Internet dans l’imaginaire des usagers, qui en oublieraient presque la richesse de ressources qu’offre cet outil équipant d’ordinaire si naturellement leur curiosité.
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Chez nos interviewés, les pratiques numériques d’expression, de partage et de recherche d’informations autour des élections se sont raréfiées pendant les législatives.
« Je passais mon temps sur mon ordi et mon mobile pour voir des trucs pendant les présidentielles, je ne fais plus rien pour les législatives », Corinne, 38 ans, assistante, Lisieux.
« Pour les législatives, il n’y a rien à se mettre sous la dent sur Internet », Georges, électricien, 57 ans, Souffelweyersheim (67)
« Je ne sais pas si c'est du fait des applications qui existent, mais je ne fais rien avec ma tablette qui concerne les législatives. Pourtant mon choix de vote s'était formé sur Internet pour les présidentielles … », Lucien, diplomate, 51 ans, Paris.
« Les législatives sur Internet, c’est mort. Qu’est ce que tu veux tweeter sur Claire Morel ? Qui connait Claire Morel ? C’est pas drôle. C’est juste une élection locale », Traducteur, 40 ans, Paris.
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1. Les élections législatives ont suscité un intérêt moindre parmi nos interviewés
• « Les jeux sont faits ! »Une implication moindre : l’opinion est déjà formée, les choix déjà faits.
• « Il n’y a rien à se mettre sous la dent »Une campagne médiatique jugée atone
• « C’est le contre-coup »Une lassitude exprimée, après le rythme haletant des présidentielles
2. Le périmètre de ces élections se combine mal avec la vocation prêtée à Internet
• Internet n’est pas envisagé comme un moyen d’accès au sujet « législatives ».
• Cette inadéquation est due à un décalage d’échelle : l’échelon local semble absent à l’échelle d’Internet.
• Sur les réseaux sociaux, le sujet « législatives » se prête mal à des conversations ( par échanges de contenus, par exemple), en raison de l’hétérogénéité géographique des contacts.
« Pour la présidentielle, j’ai regardé jusqu’au bout, j’ai pas beaucoup dormi cette nuit là. Avec les législatives, on est un peu fatigué »« C’était super intense, et là on n’a plus envie »« Ils devraient faire les deux élections en même temps »
« C’était déjà plié »« Le jeu est fait, alors que pour la présidentielle, il y avait des applis qui nous permettaient de faire des paris sur les votes »
Deux raisons expliquent cette baisse d’activités numériques
« C’est pas du ressort d’Internet »« Je vais pas aller sur Internet pour de l’info locale »« Je ne saurai même pas où chercher sur Internet… »
« Je vais pas aller poster des choses sur mon député de Schiltigheim sur Facebook ! Ça intéresse qui ? »
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Comment se traduisent dans les usages ce faible intérêt et cette perception d’ inadéquation d’échelle ?
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Les législatives ne donnent pas lieu à des recherches d’informations exploratoires : ce sont les réseaux d’interconnaissance, ainsi que les médias locaux, qui véhiculent l’information que l’on juge utile ; c’est la connaissance générale que l’on a des enjeux nationaux qui rend acceptable un certain seuil d’ignorance sur les députés locaux.
Si les internautes ne surfent pas sur le sujet « législatives », ils peuvent se livrer à des requêtes ciblées et ponctuelles, concernant surtout les résultats et privilégiant alors le format cartographique. Ces pratiques cartographiques donnent à revisiter les attaches multiples à des territoires locaux.
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En matière de recherche d’information sur les législatives, …
Les informations jugées utiles sont fournies par les réseaux d’interconnaissance et par les médias locaux ( journaux papier, panneaux d’affichages papier, ou numériques, …)
•Les présidentielles avaient donné lieu à des pratiques d’interconnexion entre les outils numériques, •…les législatives elles se prêtent plus traditionnellement à l’échange d’informations fondées sur l’interconnaissance
qui puise à la source conversationnellequi est liée à l’historicité du vote
1. Les législatives ne se prêtent à la recherche exploratoire sur Internet
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En matière de recherche d’information sur les législatives, …
« Mon député, c’est quelqu’un de bien, j’en ai entendu parler par mon cousin qui a travaillé avec lui », Claudine, secrétaire, 45 ans, Lisieux.
« Je vote à Lyon et je vis à Paris. A Lyon, dans tous les cafés, il y a le Progrès qui traîne. Les législatives sont là partout, dans l’environnement général. Maintenant que je suis à Paris, je dois aller chercher l’info , je ne sais pas quoi chercher ni où chercher », Charlotte, consultante, 25 ans, Paris.
1. Les législatives ne se prêtent à la recherche exploratoire sur Internet
Les informations jugées utiles sont fournies par les réseaux d’interconnaissance et par les médias locaux ( journaux papier, panneaux d’affichages papier, ou numériques, …)
•Les présidentielles avaient donné lieu à des pratiques d’interconnexion entre les outils numériques, •…les législatives elles se prêtent plus traditionnellement à l’échange d’informations fondées sur l’interconnaissance
qui puise à la source conversationnellequi est liée à l’historicité du vote
« Le député sortant, on le connaît dans le coin depuis toujours»« Je le connais en tant que maire donc je vote pour lui en tant que député »
« C’est pas sur Internet que ça se joue : c’est autour de moi dans les conversations, dans les journaux locaux, et puis nos députés on les connait depuis 10 ans. », Yves, cadre supérieur de santé dans un hôpital psychiatrique, 42 ans, Hoerdt (67)
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En matière de recherche d’information sur les législatives, …
Les informations jugées utiles sont fournies par les réseaux d’interconnaissance et par les médias locaux ( journaux papier, panneaux d’affichages papier, ou numériques, …)
•Les présidentielles avaient donné lieu à des pratiques d’interconnexion entre les outils numériques, •…les législatives elles se prêtent plus traditionnellement à l’échange d’informations fondées sur l’interconnaissance
qui puise à la source conversationnellequi est liée à l’historicité du vote
L’ignorance sur les élections locales apparaît acceptable, car elle est remédiée par une connaissance des enjeux nationaux
« Je connais les partis, ça me suffit pour voter »
Quand elle a lieu, la recherche d’informations sur les législatives est une recherche ciblée, où on rentre sur Google un mot clé : le nom d’un député, le nom de sa ville, le taux de participation, …
•Le praticien de l’information est alors particulièrement sélectif, et ne recherche pas l’effet de décryptage des second temps de l’information.•Il cherche moins à se faire une opinion qu’à trouver une réponse.
La recherche d’informations se focalise tout particulièrement sur les résultats, au lendemain dans des tours, et privilégie alors le format cartographique.
•Les usages cartographiques d’Internet sont les usages dominants pendant les législatives.
•C’est le signe que ces élections sont principalement affaire d’ancrage spatial : ils sont l’occasion d’éprouver ses ancrages multiples, à travers des pratiques cartographiques.
1. Les législatives ne se prêtent à la recherche exploratoire sur Internet
2. … mais à des requêtes très ponctuelles et ciblées
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Du territoire à la carte : Dans leurs parcours cartographiques, les internautes peuvent adopter successivement différentes postures, et éprouver leurs ancrages multiples
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1. L’habitant électeur
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2. Le visiteur qui va s’informer sur des régions où il a des « attaches » ( familiales, amicales, professionnelles, touristiques …)
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3. Le spectateur des médias : « Mais c’est où, Hénin Beaumont ? »
« Sur les législatives, il y a pas grand-chose à voir sur Internet : il y a les têtes d’affiche, comme Hénin Beaumont, par exemple », Jean-Claude, retraité SNCF, 6 ans, Souffelweyersheim (67)
« Les résultats J’ai regardé ma circonscription, et les circonscriptions médiatiques, comme Hénin Beaumont, ça s’arrête là », pharmacienne, 52 ans, Paris.
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4. L’observateur en surplomb qui regarde la France comme un paysage politique
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5. Le pédagogue qui transmet un savoir géographique à travers des récits situés
« Les résultats des législatives, c’était l’occasion de montrer des choses sur la carte de France à mon fils : là où je suis né, je suis allé voir les résultats, par exemple … », Bernard, 49 ans, chef d’entreprise, Paris.
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Les deux campagnes successives des présidentielles ne se sont pas prêtées aux mêmes modes de réception de l’information.
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Cette nouvelle enquête a élargi et affiné la gamme des rapports à l’information que nous avions mis en évidence dans le volet « présidentielle »
En être le spectateur
Etre un praticien de l’information
« Quand je regarde un discours en entier à la télé, pour moi, c’est comme regarder un film, c’est du spectacle, j’y crois pas une seconde. »
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Cette nouvelle enquête a élargi et affiné la gamme des rapports à l’information que nous avions mis en évidence dans le volet « présidentielle »
En être le spectateur
Etre un praticien de l’information
« La télé, il faut rester devant »« Je préfère regarder à ma façon des extraits sur Youtube, et aller voir les différents liens qui sont proposés sur la page »
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Les législatives et les présidentielles ont donné lieu à des modes de réception de l’information différents
Recevoir l’information
En être le spectateur
Etre un praticien de l’information
• La télé de flux« J’ai manqué d’intérêt pour les législatives. Je me suis contenté de ce qui vient à moi depuis la télé …», Gendarme, 35 ans, Paris.
• La télé de hasard « L’autre jour au café, je suis tombée sur un débat sur France 3 région », Pharmacienne, 42 ans, Strasbourg.
• L’appli qu’on fait défiler« Je regarde l’appli Figaro tous les matins dans le bus. Pour les législatives, je regardais juste les toutes petites brèves qui défilait, alors que pour les présidentielles, je cliquais dessus », Céline, styliste, Paris
• Le journal qui traîne« Les législatives, je les ai suivi sur L’Eveil, le journal qui est au café », Eric, électricien, 33 ans, Cormeilles (27)
• L’environnement conversationnel« Les députés, j’en entend parler tous les jours au boulot, ou au tennis », Jean-Paul, enseignant, 55 ans, Reichstett (67)« C’est pas sur Internet que ça se passe : c’est dans le coin, on en parle », Chauffeur de taxi, 38 ans, Bernay (27)
Rechercher une information ciblée
et unique
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Recevoir l’information
En être le spectateur
Etre un praticien de l’information
« La seule chose que j’ai faite : aller rechercher le numéro de ma circonscription sur Google », Géraldine, 25 ans, attachée de presse, Paris
« J’ai tapé le nom du député PS pour voir deux trois choses sur elle mais je ne suis pas allée plus loin », Brian, 33 ans, instituteur, Strasbourg
« Je suis juste allé voir les résultats », étudiant école de commerce, 22 ans, Paris
Rechercher une information ciblée
et unique
Les législatives et les présidentielles ont donné lieu à des modes de réception de l’information différents
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Par contraste avec les présidentielles qui favorisait l’exploration de son opinion sur Internet, le mode d’implication emblématique des internautes à l’égard législatives est celui du méta-discours.
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Jouer le jeu des présidentiellesLes outils numériques pouvaient être au service de l’exploration du choix
Statuer sur les enjeux des législativesL’opinion est déjà formée au plan partisan : les choix sont faits. Quand les électeurs jugent bon de s’exprimer, ils émettent une opinion sur le statut de ces élections et son calendrier.
« On est un peu fatigué, c’est dommage car les législatives c’est important, il faudrait faire tout en même temps, les présidentielles et les législatives », Pharmacienne, 50 ans, Melun, 77.
« Ces élections elles n’intéressent pas grand monde : les gens n’ont pas compris que c’était important ce que vont faire les députés à l’assemblée », Jean- Marie, retraité électricien, 68 ans, Reichstett, 67
« C’est pas parce que c’est pas intéressant que c’est pas important », Consultant financier, 42 ans, Paris.
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Dans ce contexte d’expressions très sporadiques, le sujet « législatives » est traité par les contributeurs avec plus de familiarité que celui des présidentielles. La thématique politique ambiante installée par les élections précédentes a pu favoriser cette expression d’un « ressenti » politique.
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Cette vernacularisation du politique se traduit par
• des rituels qui se sont installés pendant les présidentielles
• des nouvelles formes de commentaires politiques, fondés sur
– le ressenti, qui s’exprime dans une familiarité de ton volontairement éloigné du commentaire journalistique
– la chronique ordinaire du vote
« Pour les présidentielles on était allé voter tous ensemble, avec nos deux fils et mes belles filles, j’ai trouvé que c’était sympa. Là ils ont pas pu revenir pour les législatives, et mon mari ne pouvait pas : j’y suis allé quand même toute seule »
Au cours de cette double période électorale, la thématique politique s’est installée dans le quotidien.
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Sur fond de thématique politique ambiante installée par les présidentielles, les internautes qui s’expriment s’autorisent à faire place à leur « ressenti » politique sur les réseaux sociaux
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Si l’activité numérique liée aux élections a été moindre pendant les législatives, certaines pratiques, définies par leur caractère local, se sont intensifiées ou ont fait leur apparition.
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Par delà les législatives, les contenus locaux représentent une attente des internautes à l’égard des réseaux sociaux
Etude Harris Interactive, Juin 2012
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L’échelon local sur Internet : quand il est appréhendé, il l’est avec les outils et les dispositifs de la mobilité
• Avec les législatives, géographie et cartographie électorale sont associées temporairement dans les esprits, comme le montre l’observation de conversations ordinaires
• Les législatives confrontent les électeurs, moins à un tempo collectif comme les présidentielles, qu’à un espace commun redécrit par la carte électorale.
• Les élections législatives sont ancrées dans l’environnement local, que l’on explore et que l’on documente avec les outils de la mobilité.
« Tu déménages dans le 6ème ? C’est bien comme quartier, près du Luxembourg ; mais t’as vu comme ils ont voté ? »
« - Elle habite dans le 77. - Ah, c’est pas Meaux, la ville de Copé. »
« - Je passe le week end à Carpentras- Tu ne salueras pas Marion pour moi ! »
Illustration : une application mobile qui alerte sur les tendances de vote des communes visitées
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L’échelon local sur Internet : quand il est appréhendé, il l’est avec les outils et les dispositifs de la mobilité
Faire de la politique le portable à la main : les photos postées sur les réseaux sociaux depuis son mobile
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http://lolgislatives2012.tumblr.com/
Faire de la politique le portable à la main : les photos postées sur les réseaux sociaux depuis son mobile
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L’échelon local sur Internet : quand il est appréhendé, il l’est avec les outils et les dispositifs de la mobilité
La naissance d’un genre : la chronique électorale sur Twitter, à l’échelon local institutionnel de l’élection
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Pour les militants de terrain en revanche, le numérique a continué d’outiller les actions, dans le prolongement des présidentielles : ils se sont notamment appropriés des services numériques créés dans le cadre de ces élections locales (#circo).
Quant à la militance digitale, qui était principalement une militance d’opinion pendant les présidentielles, elle s’est d’avantage exprimée en une militance de mobilisation pendant les législatives.
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L’usage des réseaux sociaux a été avant tout le fait des militants, notamment sur Twitter avec un hashtag spécialisé mis en place par l’AFP
#circo : le découpage du territoire électoral par les tweets
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#circo : le découpage du territoire électoral par les tweets
• Le soir du premier tour, la troisième circo la plus active en nombre de tweets a été la circonscription de l’agglomération de Strasbourg.
• Les auteurs des 2700 tweets, au nombre de 9, étaient exclusivement des candidats et des militants du premier cercle.
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Les élections présidentielles et législatives ont donné lieu à des formes de militance digitales qui leur sont propres.
La militance d’opinion : la militance de la parole
Facebook et Twitter ont jouéle rôle de réserves de paroles et de chambres d’échode la parole militante
La militance de mobilisation civique :Les leçons de civisme
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Pendant les présidentielles, la campagne transmédiatique avait nourri en continu les conversations sur les réseaux sociaux et les pratiques numériques. Les législatives, elles, ont donné lieu à une activité peu soutenue et discontinue, à l’exception notable des trois moments où le sujet a pris une dimension nationale : le premier et le second tours et l’épisode du tweet de Valérie Trierweiler.
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Jour J10 Juin
Jour J17 Juin
Trois pics d’activité dans les partages et les conversations sur les législatives : trois moments de cadrage national.
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Jour J10 Juin
Les posts des jours d’élection
17 Juin
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Jour J10 Juin 17 Juin
Les législatives, les jour J : un « programme » comme un autre dans les conversations sur les réseaux sociaux
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Jour J10 Juin
Jour J17 Juin
Trois pics d’activité dans les partages et les conversations sur les législatives : trois moments de cadrage national.
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Le tweet du Valérie Trierweiler est devenue une ressource conversationnelle pour parler des législatives sur Facebook, Twitter, comme dans les interactions directes.
Il a fait l’objet de différents recodages sociologiques et culturels, qui a élargi le cercles des contributeurs à ceux que les législatives désintéressaient en tant que sujet strictement politique.
Ce tweet, en opérant un recadrage national du débat, a réactivé des usages politiques d’Internet qui étaient propres à la période présidentielle :
- l’usage d’Internet comme observatoire transnational - le recours à la fonction d’archive d’Internet comme salle d’archive politique - le LOL, toujours contrebalancé par un discours moral sur le politique
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Valérie Tweetweiler, ou comment les législatives ont fait parler d’elles
Dans nos entretiens• Le Tweetweiler a délié les langues : chacun
avait sa devise toute prête pour épingler l’affaire.
• Les blagues par SMS alimentent les conversations
Sur les réseaux sociauxEn se prêtant à divers types de recodages sociologiques et culturels, le tweet de la compagne de François Hollande a pu devenir une ressource conversationnelle commune, qui a élargi le cercle des interlocuteurs à tous ceux qui éprouvaient jusqu’alors du désintérêt pour les élections législatives.
«Trierweiler, c’est du réseau social »«Trierweiler, c’est l’arbre qui cache la forêt »«Trierweiler, c’est une histoire de couple, c’est pas une histoire politique »« Le micro combat avec Ségolène Royal, il y a que ça à se mettre sous la dent »
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Quand un tweet devient SMS public
• Ce message de la compagne de François Hollande a occasionné l’irruption fracassante de Twitter dans une campagne peu généreuse en contenus.
• Le tweet de Valérie Trierweiler est emblématique du rôle joué par ce service dans la vie politique française avec l’ambivalence communicationnelle qui lui est propre :
– à la fois, proche d’un SMS dans son intentionnalité expressive
– et message politique dans sa publication
Une chambre à soi digitale surpeuplée
• La revendication assumée par Valérie Trierweiler de son usage de Twitter se rapproche de la « chambre à soi » de Virginia Woolf, espace d’autonomie conquis par les femmes.
• Or, Valérie Trierweiler partage de fait cette « chambre à soi » digitale avec des centaines de followers en droit de lire cette publication, de l’interpréter et de la partager avec leur entourage.
Tweetweiler ou la consécration de Twitter dans la vie politique
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Valérie Tweetweiler : l’ événement médiatique national d’une campagne locale
• Au tweet de Valérie Trierweiler, répondent les tweets des praticiens transmédiatiques que sont devenus les spectateurs et internautes d’aujourd’hui.
• Ils évoquent leurs pratiques de rattrapage d’une dramatisation politique saluée comme telle.
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Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle sur les réseaux sociaux
1. La traduction selon des grands genres culturels (1/2)
• La gamme convoquée des genres culturels venant recoder un énoncé stratégiquement politique va de la culture populaire aux grandes tragédies de l’histoire de France.
• Le tweet est réinterprété comme un épisode de série US, une pièce de théâtre de boulevard, une tragédie des premiers francs, le conte de Blanche Neige ou une comédie ciné sentimentale
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1. La traduction selon des grands genres culturels (2/2)
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2. Le recodage en drame contemporain de la recomposition familiale
• Une autre herméneutique populaire a été mise en œuvre au sujet du tweet à travers le recodage du tweet de Trierweler comme un drame emblématique des nouvelles conjugalités.
• L’expérience commune convoquée est plus large encore au plan des interlocuteurs potentiellement concernés puisqu’elle fait appel aux ressorts de la vie conjugale contemporaine, marquée par des recompositions familiales.
Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle sur les réseaux sociaux
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3. La focalisation sur les technologie qui outillent les nouvelles conjugalités
• Dans le cadre de cette réinterprétation usant du ‘pattern’ contemporain de l’amour recomposé, la mention des outils de communication ponctuant ces nouvelles relations conjugales offre un troisième niveau de réappropriation de cet épisode d’abord politique.
• Sont notamment évoqués :– La liste de contacts sur le téléphone mobile– Les SMS– Les standards amoureux que proposent les sites de
réseaux sociaux– Le rôle de Twitter
Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle sur les réseaux sociaux
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• L’une des qualités d’Internet saluées lors de la présidentielles était sa dimension d’observatoire transnational de la politique française.
• Pour certains, via des applications de presse étrangère, la vision internationale de la politique étrangère est un élément significatif dans la formation de son opinion.
• La presse internationale s’est saisie de cette épisode et la lecture transnationale de cette péripétie politique français a été également pratiquée.
Valérie Tweetweiler : 3 formes de réappropriation conversationnelle sur les réseaux sociaux
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Internet comme salle d’archive : la mémoire de l’histoire politique française réactivée par Valérie Tweetweiler
A un degré moindre dans les publications, le tweet a été recodé en prenant en compte la mémoire de la vie politique française etces différents personnages ou différentes formules qui sont exhumées pour l’occasion.
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Valérie Tweetweiler : le LOL, porte d’entrée de la morale en politique.
• Cet événement médiatique national et recodable à plusieurs niveaux a redonné de la vigueur à la conversation par partage d’images détournées que la campagne des législatives avait pu laisser en suspens.
• De la même façon que sous la présidentielle, les pratiques numériques placées sous le signe du « LOL » semblent devoir être contrebalancées par un rapport éthique au politique
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Synthèse
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1. Chez nos interviewés, les pratiques numériques d’expression, de partage et de recherche d’informations autour des élections se sont raréfiées pendant les législatives. Cette baisse d’activité s’explique en premier lieu par le faible intérêt suscité par ces élections. En deuxième lieu, elle s’explique par l’idée communément exprimée qu’Internet et les législatives s’ajustent mal : l’échelon local ne semble pas être représenté sur l’échelle d’Internet dans l’imaginaire des usagers, qui en oublieraient presque la richesse de ressources qu’offre cet outil équipant d’ordinaire si naturellement leur curiosité.
2. Les législatives ne donnent pas lieu à des recherches d’informations exploratoires : ce sont les réseaux d’interconnaissance, ainsi que les médias locaux, qui véhiculent l’information que l’on juge utile ; c’est la connaissance générale que l’on a des enjeux nationaux qui rend acceptable un certain seuil d’ignorance sur les députés locaux. Si les internautes ne surfent pas sur le sujet « législatives », ils peuvent se livrer à des requêtes ciblées et ponctuelles, concernant surtout les résultats et privilégiant alors le format cartographique. Ces pratiques cartographiques donnent à revisiter les attaches multiples à des territoires locaux.
3. Les deux campagnes successives des présidentielles ne se sont pas prêtées aux mêmes modes de réception de l’information.
4. Par contraste avec les présidentielles qui favorisait l’exploration de son opinion sur Internet, le mode d’implication emblématique des internautes à l’égard des législatives est celui du méta-discours, qui statue sur la nature de ces élections.
5. Dans ce contexte d’expressions très sporadiques, le sujet « législatives », quand on l’aborde, est traité sur les réseaux sociaux avec plus de familiarité que celui des présidentielles. La thématique politique ambiante installée par les élections précédentes a pu favoriser cette expression débridée d’un « sentiment » politique.
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6. Si l’activité numérique liée aux élections a été moindre pendant les législatives, certaines pratiques, définies par leur caractère local, se sont intensifiées ou ont fait leur apparition : les photos postées depuis un mobile, leur collection en ligne sur Tumblr, ou la chronique électorale locale sur Twitter.
7. Pour les militants de terrain en revanche, le numérique a continué d’outiller les actions, dans le prolongement des présidentielles : ils se sont notamment approprié des services numériques, créées dans le cadre de ces élections locales (#circo). Quant à la militance digitale, qui était principalement une militance d’opinion pendant les présidentielles, elle s’est d’avantage exprimée en une militance de mobilisation pendant les législatives.
8. Pendant les présidentielles, la campagne transmédiatique avait nourri en continu les conversations sur les réseaux sociaux et les pratiques numériques. Les législatives, elles, ont donné lieu à une activité peu soutenue et discontinue, à l’exception notable des trois moments où le sujet a pris une dimension nationale : le premier et le second tours et l’épisode du tweet de Valérie Trierweiler.
9. Le tweet du Valérie Trierweiler est devenue une ressource conversationnelle pour parler des législatives sur Facebook, Twitter, par SMS comme dans les interactions directes. Il a fait l’objet de différents recodages sociologiques et culturels, qui a élargi le cercles des contributeurs à ceux que les législatives désintéressaient en tant que sujet strictement politique. Ce tweet, en opérant un recadrage national du débat, a réactivé des usages politiques d’Internet qui étaient propres à la période présidentielle : - l’usage d’Internet comme observatoire transnational - le recours à la fonction d’archive d’Internet- la double valeur du LOL, toujours porteur d’attentes morales à l’égard du politique.