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ENSA Paris-Val de Seine Yvon LESCOUARC’H
ETUDE D’UN BATIMENT EN BETON :
LES BUREAUX E.D.F. A TALENCE
Architecte : Norman FOSTER
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LES BUREAUX EDF A TALENCE
Ce bâtiment de bureaux conçu par l'agence de Norman FOSTER a été mis en service en
1996 à Talence, sur une parcelle située dans le prolongement de celle occupée par l'Ecole
d'Architecture de Bordeaux.
LES INTERVENANTS
Le maître d'ouvrage E.D.F. S.E.I.S.O. (Services d'Etudes et d'Informatique du Sud-Ouest) a
choisi Norman FOSTER comme architecte en fonction des réalisations qu'il avait déjà
effectuées dans des domaines semblables, avec un souci relatif aux économies d'énergie et
à la qualité de vie.
Le maître d'ouvrage voulait un bâtiment de bureaux, laboratoires et locaux sociaux pour 220
personnes, avec immeuble sécable, permettant en cas de réduction d'activité de louer
certaines parties à d'autres sociétés. Le site de Talence près de Bordeaux a été choisi car il
est situé à un nœud de communication (autoroute, aéroport).
Maître d'ouvrage et maître d'œuvre ont travaillé en étroite collaboration pendant les phases
de l'A.P.S. (8 mois) et de l'A.P.D. (7 mois). Le maître d'œuvre, qui s'est vu confier une
mission m6, s'est adjoint le bureau d'études SERETE et un architecte local Frédéric
BROCHET.
Le chantier a débuté le 27 février 1995 et a duré un an, pour s’achever en mars 1996.
SOLS ET FONDATIONS
Des mesures de hauteur de nappe phréatique ont été réalisées sur une année, en 1993 : le
niveau le plus haut a été atteint en février 1993 à -3,10 m, et le niveau le plus bas en octobre
1993 à -7,10 m. La variation a donc été de 4 m sur une année. Il a été considéré que le
niveau le plus haut possible, dans la vie du bâtiment, serait de -2,50 m. Le plancher du sous-
sol est à 3,30 m de profondeur, donc il est au-dessus de la nappe phréatique pendant la plus
grande partie de l'année, mais parfois dans cette nappe quelques semaines par an.
Le sol est constitué de remblais très peu résistants jusqu'à une profondeur variant de 0,70 m
à 1,50 m, puis d'argile jaunâtre assez peu résistante jusqu'à une profondeur de 6 m, et enfin
de marnes et calcaires plus résistants au déjà.
La résistance du sol argileux en partie nord de la parcelle est d'environ 3,5 kg/cm2, mais elle
est plus faible en partie sud. Il a cependant été possible de se limiter à des fondations
superficielles (semelles filantes, radier) et donc d'éviter les fondations profondes, plus
coûteuses. Mais afin de passer avec les mêmes fondations superficielles en partie sud, il a
fallu limiter les charges dans cette zone : le "petit bâtiment" au sud comporte un plancher de
moins que le "grand bâtiment".
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Des semelles filantes de 2,20 m de large supportent les murs de rives longitudinaux. Les
deux files centrales de poteaux s'appuient par l'intermédiaire de poutres sur un radier
d'environ 6 m de large, les poutres étant bien sûr disposées en dessous du radier.
LA STRUCTURE
Le bâtiment R+3, de forme parallélépipédique, a comme longueur 100 m, largeur 20 m et
hauteur 12,60 m, pour une surface de plancher de 8 153 m2. Il est constitué d'un "grand
bâtiment'" en partie nord, d'un "petit bâtiment" en partie sud, dans le prolongement du
premier, l'ensemble étant séparé par un passage couvert.
A partir du niveau du sol, la structure, entièrement en béton, est constituée de poteaux,
poutres principales et poutres secondaires reliées par des voutes. Les poteaux à section
circulaire ont un diamètre de 25 cm. Les poutres principales, disposées dans le sens de la
longueur du bâtiment, ont une largeur de 60 cm, hauteur de 35 cm et portée de 5,40 m. Les
poutres secondaires, disposées transversalement, espacées de 1,35 m et s'appuyant sur les
poutres principales, ont une largeur de 20 cm, hauteur de 35 cm et portées de 7,275 m ou 5
m (en partie centrale). L'épaisseur de la voute varie de 11 cm à 35 cm.
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Les charges d'exploitation suivantes ont été adoptées:
- bureaux: 350 daN/m2
- salles centrales pour informatique, réunions ou archivages: 500 daN/m2
- circulations: 500 daN/m2
- parkings en sous-sols: 500 daN/m2
- archives en sous-sols: 1 000 daN/m2
- restaurant d'entreprise: 500 daN/m2
- toiture terrasse non accessible: 100 daN/m2
La trame des poteaux dans le sens longitudinal étant
de 5,40 m, la longueur du grand bâtiment est de 13 x
5,40 m = 70,20 m, celle du petit bâtiment est de 3 x
5,40 m = 16,20 m et celle du passage couvert de 2 x
5,40 m = 10,80 m.
Les poteaux ont été coulés sur place dans des
coffrages métalliques constitués de deux coques
assemblées entre elles. Les poutres principales,
poutres secondaires et voûtes ont été coulées sur
place simultanément dans un coffrage en acier
couvrant une surface de 100 m2, fabriqué
spécialement pour ce chantier, avec tôle de 4 mm
soudée sur des raidisseurs.
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Pour faire tourner rapidement les coffrages, les poteaux et les planchers étaient décoffrés 24
heures après le coulage du béton. Cela nécessitait que le béton ait déjà atteint une certaine
résistance, et ce critère de résistance au bout de 24 heures a été déterminant dans le choix
du béton :
- béton de classe 50 pour les poteaux (résistance caractéristique à 28 jours = 50 MPa, soit
500 kg/cm2)
- béton de classe 40 pour les planchers (poutres principales, poutres secondaires et voutes).
La surface des poteaux et la face inférieure des planchers restent apparentes, brutes de
décoffrage, sans ragréage, reprise ou peinture, avec seulement un sablage pour nettoyer la
surface.
La stabilité du petit bâtiment est assurée par un noyau central et celle du grand bâtiment par
deux noyaux. Ces noyaux sont constitués par les voiles en béton qui entourent les
circulations verticales. Ils reprennent les charges horizontales : les forces de vent agissant
sur les façades circulent dans les planchers jusqu'à ces noyaux, puis descendent par ces
noyaux jusqu'aux fondations. Ainsi les poteaux n'ont à reprendre que des forces verticales :
ils sont soumis à compression, sans flexion.
AUTRES ASPECTS DE LA CONSTRUCTION
La face inférieure des planchers restant apparente, les câblages et gaines sont placés au-
dessus de ceux-ci, cachés par un faux plancher.
La toiture-terrasse est constituée d'une dalle en béton, surmontée d'un pare-vapeur (barrière
étanche destinée à éviter les condensations dans l'épaisseur de l'isolant), puis de l'isolation
par deux couches de laine minérales de 5 cm d'épaisseur chacune, et enfin de l'étanchéité
multicouche (3 épaisseurs de plaques à base de bitume, qui adhèrent entre elles à chaud).
La pente de la toiture-terrasse est de 1 %, pour l'écoulement des eaux pluviales.
Les façades sont constituées de panneaux en aluminium, préfabriqués, placés entre poteaux
et planchers et attachés aux planchers. Les pignons sont en bois, du red cedar (cèdre
rouge), tout comme les brise-soleil disposés sur les façades principales est et ouest.
LE CHANTIER
La maîtrise d'œuvre a procédé à un appel d'offres par lots séparés: 18 lots ont été
constitués.
Le nettoyage en surface, avec abattage de certains arbres, a duré une semaine et le
terrassement à la pelle mécanique deux semaines. Cinq semaines après l'ouverture du
chantier, la grue était en place, le béton de propreté servant de coffrage aux fondations
commençait à être coulé et 20 ouvriers travaillaient sur le chantier. Le chantier a duré 52
semaines.
Le coût de la construction, en 1996, a été de 8 840 000 €.
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Façade est
Façade Ouest