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7/25/2019 GRONDIJS L. H., Sur La Terminologie Dionysienne
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Bulletin de l'AssociationGuillaume Bud : Lettres
d'humanit
Sur la terminologie dionysienneL. H. Grondijs
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Grondijs L. H. Sur la terminologie dionysienne. In: Bulletin de l'Association Guillaume Bud : Lettres d'humanit, n18,
dcembre 1959. pp. 438-447.
doi : 10.3406/bude.1959.4181
http://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1959_num_18_4_4181
Document gnr le 18/09/2015
http://www.persee.fr/collection/budehttp://www.persee.fr/collection/budehttp://www.persee.fr/collection/budehttp://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1959_num_18_4_4181http://www.persee.fr/author/auteur_bude_812http://dx.doi.org/10.3406/bude.1959.4181http://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1959_num_18_4_4181http://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1959_num_18_4_4181http://dx.doi.org/10.3406/bude.1959.4181http://www.persee.fr/author/auteur_bude_812http://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1959_num_18_4_4181http://www.persee.fr/collection/budehttp://www.persee.fr/collection/budehttp://www.persee.fr/collection/budehttp://www.persee.fr/ -
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Sur
la terminologie dionysienne
Dans la
premire
doctrine mystique chrtienne
vraiment
approfondie, qui
a
t celle
du Pseudo-Denys,
le concept de
Dieu, emprunt aux
no-platoniciens,
se prsente sous
sa forme
la plus aride, qui est
celle d une notion intellectuelle
(logique
et
mtalogique)
dduite d un raisonnement
nettement
philosophique.
L esprit exgtique
et commentateur
qui,
dans
l ancienne
Eglise
sitt le thorme
de l unit
et
de
la
concordance des
deux
Testaments
jamais
fix dans
son enseignement
a
prsid
aux
efforts
de
faire la
synthse
d un
Pre
divin
et
d une
substance mtaphysique
inaccessible
la comprhension
humaine, lait presque entirement dfaut
dans la
pseudo thologie
du
pseudo-Aropagite.
Il
serait difficile d attribuer saint Denys une autre place
dans la longue et
laborieuse
volution des
doctrines chrtiennes,
que
celle
d un
no-platonicien
incompltement
converti.
Sa
symbolique sacramentelle et
sa
prudente
exaltation de
la
condescendance (cruyxaToco-i) de
Dieu vers
l homme,
recouvrent
imparfaitement la
construction
par
les deux derniers
diadoques
de
l cole d Athnes
(Proclus
et
Damascius)
d une
notion de
Dieu,
non
seulement d ordre mtaphysique,
mais
au
del
de
n importe quelle mtaphysique qui ft
encore
affirmation ou
conscience.
Depuis
Koch
on
s est
accoutum considrer
la
construction
dionysienne comme une drive
clu
systme proclien. On peut,
en
effet,
convenir
que toutes les
ides fondamentales du
noplatonisme sont arrives leur pleine maturit dans
les traits
et commentaires
de
Proclus.
Mais sa
terminologie s est
attarde-
dans
les
catgories logiques
de
la
sagesse
classique. Dsirant
continuer
se rclamer du
prestige
de
la pense platonicienne
pour
justifier
les
carts
dans
ses
propres
doctrines,
Proclus n a
voulu
que
trs rarement
recourir
des termes
nouveaux.
Il
s est
born
citer et
expliquer
sa faon
certains
textes
dans
les
dialogues
platoniciens, qui
ne
pouvaient
y faire figure que
d inconsquences auxquelles l enthousiasme des rhteurs
socratiques s tait laiss sduire.
Dans
les
crits
de
Proclus
la
conviction
que
l ultime
objet de
ses recherches philosophiques n admet
dans
sa dfinition aucun
des termes dont
s taient
servis
Platon ou
Aristote,
s est souvent
fait jour. Ce n est qu au dclin
de
l cole
d Athnes qu on
trouve
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SUR LA
TERMINOLOGIE
DIONYS1ENNE
439
chez Damascius nettement formul le problme
que
malgr
les
rticences
sculaires des
diadoques prcdents
avait pos
le besoin d une rdaction plus prcise des thses nouvelles
et
vraiment
rvolutionnaires,
auxquelles
avait
abouti
l enseignement no
-platonicien.
Le no-platonisme
aboutissement
des systmes classiques
?
On a eu tort
de
considrer
parfois
le
no
-platonisme
comme
l aboutissement
et la
conclusion de
la
philosophie antique.
Il en
sort,
mais comme
une raction
contre ses
procds et
une
dngation
de son
enseignement. Le no-platonisme
s est
fond
sur les recherches
logiques
de Platon
et
d Aristote, mais pour
en
renverser
l ordre
et
en
annuler
les
conclusions.
J ai essay
de
me faire une ide plus nette
de
cette vritable
rvolution dans la pense
grecque,
en rsumant
sous
une autre
forme, plus
rapproche de
la
pense moderne,
ce principe
qui
revient
sans cesse dans
les
raisonnements d Aristote, savoir
le
caractre rpulsif
de
I'a7t,pov et ce qu on
pourrait appeler
le
horror indefinitionis
Qu on appelle l Objet suprme des recherches mtaphysiques,
le Souverain
Bien, ou la Suprme
Intelligence,
ou le Premier
Principe, ou
la Cause Premire,
ou
simplement,
avec Damascius,
Ex.vo, ce
concept
ne
saurait
tre
approch
sous
une
forme
purement logique autrement dfinie
que
comme
id
quo majus
(ou melius ou superius etc.) cogitari nequit. Ceci revient
construire des sries prenant leur origine dans notre savoir
rel
mais limit,
et
leur
extrapoler
des termes selon une
chelle
progressive
de qualits, attributs, facults,
remontant vers la
limite d une
perfection
insurpassable.
Plusieurs raisonnements d Aristote
nous
conduisent tout
naturellement vers des aperus d ordre arithmtique et
gomtrique, auxquels les mathmaticiens nous avaient
habitus,
et
qui
prsentent pour la rsolution
de
nos
problmes
philosophiques cet avantage :
notre
imagination peut ainsi
nous
faciliter
l accs
des questions
qu on
aurait
plus
de
difficults
rsoudre,
si l on recourait tout simplement au
jeu
de nos
catgories
logiques.
On constate une analogie
parfaite
entre la course vers id quo
majus cogitari nequit
et
celle vers le point l infini
d une ligne
droite, le
nombre
Infini de
la
srie
des nombres entiers,
le point
d intersection
de deux
lignes parallles, le
cercle-limite
du
polygone
rgulier
inscrit,
quand on en augmente indfiniment le
nombre des
cts. On voit aisment,
que ces objets
relgus
l'infini, sont contradictoires in
adjecto,
c est--dire qu ils sont
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440
SUR
LA
TERMINOLOGIE DIONYSIENNE
inexistants, ds qu on admet
la
rgle
du
tiers
exelu,
dont
la
validit
sans
exceptions possibles est
la
base de tout
raisonnement scientifique.
Ds que Platon et Aristote
aperoivent
donc comme
aboutissement
d un
raisonnement
ce
But
final,
cette
Cause
premire,
ce
purement
Un, l'infini,
ils rebroussent chemin.
C est ainsi
qu
Aristote,
pour
arriver
un concept rationne] de
Dieu , a
introduit trois ptitions de principe,
que
plus tard les
no-platoniciens rejetteront intgralement,
savoir
: 1-0 l exclusion de
tout ce qui est impensable comme inexistant, 2-0
la
thse
prconue de
l intelligibilit
de
Dieu , 3-0
de
son unit.
Chaque fois
que
la limite d une
srie
progressive
se rvle
comme
tant
indfinie,
Aristote se
voit
oblig de
clore
la srie
en
y posant
un
jalon. C est ainsi que chaque srie compose
de
qualits,
d attributs, de
facults,
alignes selon une chelle
progressive,
montant
vers
l Infini, est rtrcie
conformment un
aperu-prjug
qui suppose
un
tre
ternel, Souverainement
intelligent,
Acte pur, Substance imniatrielle, fa plus auguste et.
divine
imaginable,
Penser ne pensant
que
soi-mme, etc. L o,
plus
tard,
dans une
nouvelle religion,
quelque
Rvlation
ax-
tugto interviendra, on
a donc
pu,
en suivant
les procds
aristotliciens, interpoler
par analogie,
des qualits humaines
portes
un
maximum rest comprhensible.
Voici donc le
procd
:
Aristote
expose une distinction
quelconque,
entrevue
une
fois
dans la
ligne,
la
dure,
la
matire,
une
autre
fois dans le Mieux-et-le-Pire, le But
final, la Dfinition
premire, la
Perfection
totale, Y
Intelligence suprme, etc. Ces
concepts variables
donnent lieu
invitablement au dveloppement de
sries progressives, fondes
sur
la
constitution
de
notre
puissance
imaginative, qui, pour la
ligne,
la dure, la matire, peut en
suivre
la course
sur
une
longueur
illimite, ou l interprter par
un
chiffre
infiniment
extensible,
tandis que,
s il s agit
de
fixer
qualits,
attributs,
buts,
principes,
motifs,
degrs
d intelligence
et
de connaissance, etc., on doit se contenter d un
nombre
restreint d talons,
qui
peuvent
nous
servir
choisir
quelque
terme
ultime, dont le seul mrite consiste en ce que notre imagination,
plus pauvre que
notre
raison,
ne
puisse pas
le
dpasser.
Transformation d oppositions
de
contradictoires
en
oppositions
de
contraires
Pour Platon l'.tre et le Noiirtre qui,
chacun pris
dans son
abstraite puret,
se
contredisent nettement,
se rencontrent,
transforms
en
contraires,
dans
le Circonscrit,
dans
ce qui Est,
et,
en
tant, est Autre
que chaque
chose
qui
n est pas.
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SUR
LA
TERMINOLOGIE DIONYSIENNE
44I
L
Un
et
le Multiple forment un
autre doublet
de
contradictoires, qui, pousss par liminations
successives
vers de striles
abstractions,
savoir :
l Un
dans
sa
nudit et dans
son
impensable
indivisibilit,
et
le
Multiple
comme
un
morcellement
sans
lment
constitutif, se
rejoignent
chez
Platon aprs avoir fait
le
sacrifice de
leurs isolements,
dans
le concept rel
du
Tout
(t
oXgv),
compos mais envisag comme
unit.
L
nfini
et la Limite
se
contredisent in
terminis
. En
introduisant
l image d une Srie progressant
indfiniment, on
y
retrouve
les
deux catgories
: la Limite l Infini, et
un
nombre indfini
de
termes admettant
le Plus
et le Moins.
Platon
a trouv
la solution
de
cette aporie dans le concept
du
Rel,
de
la
chose dtermine,
mlam.e de l Illimit
et
de
la
Limite (to aTCipov, to Trpa).
Proclus
En
posant
l Un au dbut mme
de sa
recherche, Platon avait
dj admis l rsipov comme la
forme
dfinitive du divin. La
contradictio in
terminis, a laquelle
aboutissent
les raisonnements
du
Parmnide,
et dont
(en
opposant dialectique
ristique,
to
St,aXsxT(.xto xal to
picmxco
r^ix TcoiecOa . Tipb XXrjXou tou
Xoyou) les solutions seront
donnes dans
le Sophiste
et
le
Phi/be, est accepte dornavant comme relle par tous les
noplatoniciens.
Qu on
se rappelle
le
texte
fameux du
Parmnide :
Qu il soit donc
dit
: il
semble
bien que, l Un
tant
ou n tant
pas, lui et
le Multiple, pris
en
eux-mmes,
ou en
leurs
rapports
mutuels,
tout
cela, sous tous
les rapports,
est et n est pas, parat
et
ne
parat pas a.
Platon
avait mis
la Cause comme principe
rgulateur
et
ordonnateur
dans ce monde
de choses
dtermines,
qui
seraient
chacune un mlange de l Illimit
et
de
la Limite,
de
l Un et du
Multiple, etc.
Chez
les no-platoniciens
le Principe ordonnateur
et
crateur
est le Terme mme
V
infini, ou l'unit, dans laquelle tous
les
termes-limites
se
rejoignent.
Ici il ne
s agit donc plus
d une
Intelligence ordonnatrice,
soumettant sa
lgislation
tous les tres capables d exister,
mais
d un
Premier principe,
au
del du
NoC, de l Ordre, de
l tre,
mais dont
manent
le
No, l tre,
et
tous
les
tres, qui,
en
dcoulant
du
Nous
et
de l tre, sont
imbus d ordre, sitt
mans.
1.
Elf7]a0o>
...
xal
ti,
'oixsv,
sv eh
'cmv
ete
(jlt) 'cmv, ar
te
xal TaXXa xal
izpbc, aTa
xal izpb
aXXr,Xa
Trvra Tcvrco ia'zi ts xal
ox
gzi
xal
-
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6/11
442
sur la terminologie pionysienne
Universalit des contradictions in tekminis
Source surabondante :
simultanment une
manation infinie
dans
le temps
et
l espace,
et
le
maintien
de son inaltrable unit.
Ce
caractre
nettement
contradictoire
de
l Un
surabondant
est
transmis
toutes ses
drives. Pour chaque membre d une
chane d tres
mans la
contradiction
se
perptue :
uniformment
la
cause
ne
subit aucune altration de par l manation de
l tre caus qui, de
son
ct,
quoique
caus,
diffre
de sa
cause
et
aspir% y retourner.
Mouvement cyclique.
Apokatastasis
: Inversement
doit-on
noter
une
Srie
progressive des
tres
les
plus
compliqus
vers
les
tres
plus simples
et
vers l Un. L UN est le terme-limite
de
cette srie,
c est--dire,
il en fait partie comme le but vers lequel tous les
tres
tendent, mais
il
existe
le
mme
abme
entre
Lui
et
le
chanon
le plus
proche,
qu entre Lui et
celui qui
en
est le plus loign.
Dsirant continuer se rclamer de l immense prestige de
la
pense platonicienne, Proclus
en
a frquemment et
systmatiquement adopt certaines inconsquences, et s est refus
en
rejeter
ou complter la terminologie. Il a
mis
toutefois en jeu
tous les
procds et artifices logiques et rhtoriques possibles pour faire
ressortir
les
inconciliables contradictions entre l tre connais-
sable
et
le
Non-tre
rel
, mais
inconnaissable.
En se fondant sur un
principe logique
que Jamblique avait
dj
dfini
il
a, comme
lui,
dcompos
en
un
doublet,
dont
le
terme infrieur est considr
tre,
ce
que
l on ne pourrait pas
dire de
l Un
qui est le Premier. Il est
vident que
l Un premier
est
spar
de
l Un-qui-est
par le mme gouffre qui
le
spare du
reste
de
l univers.
L interpolation
plus
tardive de l'
Un-Tout et
du Tout-Un
(Damascius)
ne saurait
non
plus apporter une
solution
de l aporie.
Le no-platonisme
se
dtache du platonisme
Syrianus avait dj
reconnu
que
la
rgle
du tiers exclu ne peut
pas
tre
applique
aux concepts
de
ce
qui
est
situ
au
del
de
l tre. Damascius
en
a tir
la consquence invitable
: parmi les
objets dont
notre
esprit
cherche
dfinir les
concepts, il
y a
un
groupe, auquel
les
catgories classiques
ne
sont nullement
applicables. De ce groupe d objets
il
a
longuement
prcis le
caractre embarrassant et absurde, sans
toutefois
procder
nettement
la cration d une
nouvelle
terminologie
approprie
L>.
2.
rt\j.zQ Se TOfroijTov
7Tt(7'/)[jiry.ivf'j[/E()a fin
x'j [izv Se'jT-pov
xrz.
r/n'ko)^
X'/jb, to Se
7TpTepov
[J.ZTCH
7Tporr5(,opt.
-
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7/11
SUR
LA TERMINOLOGIE DIONYSIENNE
443
Denys l' Aropagite
ce
no-platonicien converti,
a
t
le premier
introduire des termes techniques adapts
la
majest des
concepts mta-gnostiques, vers
lesquels
s lve
la recherche du
Principe souverain.
La doctrine damascienne se
dtache
nettement
de
la pense
platonicienne. Le Principe suprme n est plus
quelque
chose
(to
t).
En effet, en le
posant
comme
tel,
on
s empcherait
d apprendre s en approcher.
L UN est
prcisment
le
Non-
quelque chose (to [l'fi ti)
et
le
Sans-qualit 3.
Ici
Damascius a
introduit
la
dnomination de
la
dignit d un
objet
philosophique. Si nous
trouvons
,
dit-il,
au-dessus du connaissable
quelque chose,
celle-ci
en
sera d autant
plus digne
(Tt,fi.itoTpov
4).
Si
nous pouvions trouver ce qui
serait tout
fait au
del
du
connaissable,
ce serait ce
qu il
y
a
de
plus
prcieux
(ocuto
ti[lka)-
toctov). Ce n est donc
que
dans un complet obscurcissement de
notre
esprit
que
nous pourrions
nous
approcher de cet Ineffable.
Si parfois, retournant vers les procds de ses prdcesseurs
pour remonter vers le Principe suprme,
il
se
sert
des catgories
du penser classique, comme l Un, le Noi, l Ouata, le Premier
Principe,
etc.,
il leur prfre
cependant,
pour le caractriser,
des
dnominations comme to ppyjTov, Exsvo,
termes
toutefois
encore
quivoques et
provisoires,
puisqu ils continuent
signifier
une
locution de notre
Penser, et
un
acte
dtermin,
savoir une
-KrpcLmc,
caractrise.
Rcapitulons : chaque concept que nous
admettons
avoir
compris, nomm, entrevu,
pos problmatiquement
ou
ngativement, cesse immdiatement d tre
l Objet que nous
recherchons.
En effet, si nous
attachons
ce nouveau terme, mme pos
comme
non-connaissable,
quelque valeur
notique que
ce soit,
nous serons forcs
de
supposer
un
autre
terme, dont
son tour
nous
devrons admettre l impossibilit
de lui attribuer
dfinitivement connaissabilit ou
non-connaissabilit. Et ainsi ad infinitum.
Le terme auquel nous pourrons
nous arrter,
ne peut
tre que
xal [t/]te
6voy.
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8/11
444
SUR LA TERMINOLOGIE DIONYSIENNE
quelque chose
dont
nous ne savons pas s il est non-connaissable.
Nous devons donc le poser comme une
contradiction
in terminis.
Ce tout dernier terme, le
terme-limite
de
la
srie
que
notre
Penser
parcourt dans sa recherche du plus digne
et
par consquent
du
moins
connaissable,
sera
donc
ni
connaissable,
ni
non-connaissable totit
en
tant tous les deux
la
fois. Damascius a
ainsi
dcouvert le vritable
caractre logique du Divin ;
le hyper-
non-connaissable , c est--dire ce
que
nous pensons comme non-
connaissable,
tout
en en niant la non-connaissabilit.
Est-ce que
l
UN
, dit Damascius,
est inconnaissable par sa
nature
mme,
malgr
le fait
que l Inconnaissable
est
autre chose
que
l UN
?
L
UN
veut tre par-soi,
et
avec aucune autre
chose,
savoir
ni avec le Connaissable, ni avec le
Non connaissable 5.
Plus
digne
encore sera
la
dngation
du dernier lien
qui
le
relie
notre
esprit.
JNous
arrivons
ainsi
au
terme-limite
de
cette srie,
dont
le modulus est une augmentation progressive
de
la
dignit,
proportionne
au
progressif
effacement
de
toute
pensabilit.
Ce terme-limite , ajoute Damascius,
que
nous
reconnaissons
ni
connatre,
ni ne pas connatre, nous nous sentons
vis--vis
de
lui dans
un
tat
de
hyper-non-connaissance (7ipyvoia)
par le voisinage
duquel mme l UN
est obscurci.
Car,
tant le
plus
rapproch
de ce Principe inaccessible,
il demeure,
s il est
licite de
s exprimer ainsi,
dans
l abme
de
son
silence infini0. .
Le pensable, le connaissable, le non-connaissable,
l hyper-non-connaissable.
Il faut donc distinguer entre
pensabilit,
qui est
le
reliement
d un objet l ensemble
de
nos catgories logiques,
et
connais-
sabilit, qui
est sa pose
comme objet,
aussi
vide et
dnu de
ralit qu il
puisse
paratre. La
non-cemnaissabilit
d un
objet
signifie
l assertion de
notre
impuissance
relier un
objet
l ensemble ou
une quelconque
de
nos catgories logiques, sauf
sous
l unique
forme
d une
proportion
apophatique.
JHyper-
non-connaissabilit
retire
un objet cependant reconnu
vident, tout
moyen
de se relier
l esprit
humain, et lui
dnie
par consquent aussi bien toute attribution
que
toute dngation
5.
~Apa
oOv
to
cyvcorov rfj
obcsa
(pcsi to
sv, el xal to
yvtocnrov
Trap to
'v;
to Se
xocO'
aio PoXstocl
evoa,
av aXXco Se oSevi
6. ..
TO
TUXSlVa
TOU
VO
TTOCVTV]
TCppTJTOV,
OTSp OUTS yiyvWCTXElV OUT
yvoev fxoXoyou^sv, cOCa'
z~/zvj
rrpo
aTO
xal TCpyvoiav,
ou
tt] yet-
Trjasi TciXuy^eTai xo to 'v yyuTdcTO)
yp
ov ttj ^rjxavou
py
ei B\Liq outco z'ntev, canep
v STco
[xvzi
tj Sty^
xeiv/;.
(ib).
-
7/25/2019 GRONDIJS L. H., Sur La Terminologie Dionysienne
9/11
SUE LA TERMINOLOGIE DIONYSIENNE 44.5
de ralit, tout
en lui
reconnaissant un
rel alogique
(donc
absurde) et purement
mtalogique.
La rgle
du tiers
exclu.
La maxime mtalogique fondamentale.
On ne
saurait
approcher
n importe
quel
objet
d ordre
divin, qu en lui appliquant d abord
successivement
tous les
procds
et
la terminologie entire
de
la ratiocination humaine,
puis
en niant pertinemment la
nature
approprie
de
ces
oprations mtalogiques. Puisque toute approche
notique
du Divin
est futile
moins
d avoir suivi pralablement
la voie
de nos
raisonnements habituels,
il
sera
impossible,
en
dfinissant
les
choses
divines, d en retrancher compltement, mme en lui
dniant l applicabilit, l appareil catgoriel
de
la philosophie
rationnelle. Et puisque, pour pouvoir discourir des choses
divines ou mme les mentionner,
on
ne peut en
dnier
sans en
mme temps en admettre la connaissance, il ne nous
reste
que
d une
certaine faon convenable d en exprimer
simultanment
l affirmation
et la ngation.
Nous rcapitulons
donc
d aprs
Damascius
que
ce ne
saurait tre la
nature
divine qui
est divise
et contradictoire.
Division
et
contradiction sont inhrentes notre esprit
humain,
au
fonctionnement de
notre
Penser.
Chaque
proposition
relative
au Divin en
sera
donc, ds que l on avance
en
quelque sorte
une
projection
au beau milieu
de
nos
raisonnements
habituels,
mais
de
faon
qu elle
obisse
un
maxime
mtalogique,
et
nullement
la
rgle
rigide du
tiers
exclu.
Cette
rgle fondamentale
relie la
ralit
possible
de
l objet
d un
concept
la
condition qu il est impossible de lui
attribuer
simultanment
et
sous le mme rapport A
et Non-A.
Le maxime
fondamental
hyperagnostique qui rsume
l'aboutissement final et dfinitif
de
la Pense no-platonicienne,
prononce
:
que chaque
objet hypergnostique
attribue
son
objet
de
pouvoir
tre en mme temps A et Non-A, et galement
d tre
ni A ni Non-A. Il est vident
que
ne pas tre A
n est
pas
identique : Non-A
7.
7.
... al'xiov
Se,
xi
r^zl 8iTip-/;(i.s0a xal
el SiTjp'/^sva Sixr(xa
.Tzofi'knoiisv, yXiy^6[ivoi
Se
jaco xt) sxsvou yvcoacco
'jcmvo ov aofi.-
tvTa xP^f^xa
fjiou,
si ttco 0101 x slVjjjLev xal ouxw ruXa-
xr] (ZyXr, cpaEco, eXa(3o'jfxsvo(, Se jjigi xt;v Ttvxcov 7iXr,6v
pj tj tou vo
TrsaxevMfiivov
iSiaa;jLv t aTrXw xal
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tov
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Xoyov
x^' Tcpsafuxxr^ ....
Kal
xi Oaupiaaxov ei
uspl
xEivo
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izayo[iz\>,
ou
xal
r\
Siaxexpi^vr,
yvcoai
viaia
laxlv,
r( ox alCT0av6[X0a
( 28).
-
7/25/2019 GRONDIJS L. H., Sur La Terminologie Dionysienne
10/11
,j.j()
sur i.a
tkkminoi.ocjl dion y^u-nint
Saint
Denys l ropagite
Les termes nouveaux uTcepyvcocnro,
xjnzpfx.ppr^oic,,
couronnent
la
dcouverte,
l isolation
et l adoption
par les
coles
no-platoniciennes
d un
groupe
de
concepts, avec
lesquels
de
nombreuses
croyances mystiques avaient depuis longtemps familiaris le
monde antique, mais que, comme nous l avons fait entrevoir, la
philosophie classique,
les jugeant absurdes ou de douteux
aloi,
avait
rejets.
A l poque
mme
o l cole
d Atnnes
dprissait
et
allait
disparatre, ce
fut
le pseudo-Aropagite qui en recueillit l hritage
et en
transmit les dcouvertes
l glise
byzantine. Ce n est
que
par cette voie que certaines pratiques et visions d asctes
chrtiens ont
pu
tre
adoptes
par
l enseignement
de
l Orthodoxie.
On
retrouve chez saint
Denys maintes fois
le
terme
UTCpyvoiC-
to dont Proclus
ne
s tait
pas
encore
servi.
Mais tandis que
Damascius
avait
encore indistinctement
employ
l ancienne ct
de la nouvelle terminologie, saint Denys avait entirement rompu
avec
les
doctrines
et
traditions platoniciennes tombes en
dsutude
et
dcries par les factions monacales comme tant
purement paennes. Il a complt tout
l appareil logique
des anciens
systmes philosophiques, en
lui
extrapolant
ds qu il
discourait de
choses divines
un
nouveau
langage technique,
dont la structure tait identique
l ancienne,
sauf
l apposition
chaque
catgorie
du
prfixe oTp.
On
retrouve
donc dans son
uvre toute
la
nomenclature de
la
sagesse grecque, mais reporte,
par ce prolongement, vers un domaine tout
nouveau
de
la
pense
philosophique et
de
la
spculation thologique. Chaque terme
nouveau comporte donc une transformation
du
sens
du
radical
allong (ooa[a, yvcooi, etc.)
de
faon
que les deux
significations
en
restent indissolublement
relies :
dans
chaque cas le
terme
avec
la prposition U7rp se rapporte
son
radical
exactement
comme
les termes
orcsppp^To,
uTcspyvcoaTo leurs
radicaux
pvjTo,
yvoor
etc.
Ainsi s explique chez saint Denys ja frquence des termes
en
ousp : UTOppyj.o, u-njep^voj^vo, TOpu7rapt, uTOpocuo,
uTOpyvcociTo, etc.
dont de nombreux
auteurs, en mentionnant son
style
ampoul,
lui ont
erronment
reproch
l emploi
abondant.
Saint
Denys a,
chez les
derniers Diadoques
de
la philosophie
grecque, trouv toute
prte
cette
terminologie
en UTcp, dont,
n tant
pas magister en dialectique,
il
a rarement
dvelopp la
gense.
Cependant,
si
un
grand
nombre d endroits
la
signification
en
est
identique
celle
que
Damascius,
son
prdcesseur en
-
7/25/2019 GRONDIJS L. H., Sur La Terminologie Dionysienne
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SUR
LA TERMINOLOGIE DIONYSIENNE
447
nco -platonisme, avait expose,
il
semble
presque
partout
ailleurs
vident,
que
les
catgories
en
uup,
ramenes
la syntaxe
habituelle de
nos
raisonnements, se
dsagrgent comme suit :
le terme
Hyper-A
se rsume
en
quatre propositions
vraies
simultanment
:
Hyper-A A, Non-A, 7^ A, = Non-A 8.
Dr
L.
H.
Grondijs.
8. En rsumant comme
suit sa critique des systmes
noplatoniciens
: Denken
knnen wir nur
bestimmtes,
hier
aber
soll das absolut bestimmungslose gedacht
werden ; dies ist ein Widerspruch und
an
diesem Widerspruch ist der Ncopla-
tonismus gescheitert
E.
Zeller {Die Phil. der Griechen, III, 2, 1881, p.
842)
prend
l'gard de
cette
cole,
qui
a dcouvert et
dfini
la notion inaccessible et
invitablement contradictoire en soi, une attitude
injustifiable.