GUIDE TECHNIQUE
plantes a Parfum aromatiques
et Médicinales (PPAM) en bio
Ce livret est le compte-rendu de 2 formations organisées par le CIVAM AGROBIO 47 sur
le sujet des PPAM (Plantes a Parfum, Aromatiques et Médicinales) :
- une avec le formateur Daniel LAVERGNE
- une autre avec Isabelle et Patrice DRAI, producteurs et gérants des Jardins d’ALTAIR,
entreprise qui produit et vend des tisanes en bio et biodynamie
Ce livret donne des informations de base sur le marché des PPAM, la réglementation,
les itinéraires techniques de quelques PPAM et le matériel utile à la récolte ou au sé-
chage de ces plantes.
Ce livret est un support non exhaustif sur le sujet, et est actualisé au fur et à mesure des
connaissances et expérimentations dans ce secteur.
Bonne lecture !
Edition Décembre 2011
Rédaction : CIVAM AGROBIO 47 Association de développement de l’Agriculture Biologique de Lot et Garonne
Sommaire
� Le marché des PPAM
Les plantes de terrain sec
Les plantes à feuilles
Les plantes à graines
Les plantes à fleurs
Les plantes à racines
Les plantes particulières
� La règlementation
� Itinéraires techniques
… LE MARCHE DES PPAM …
Le marché en France
Les productions en Aquitaine
Ginkgo biloba : effet vasodilatateur au niveau du cerveau
Passiflore : recherche appliquée sur les molécules anti cancéreuses
Autres plantes aromatiques
ex : Houx fragon : utilisation des racines (cultivé dans les Landes)
Quelques chiffres
� 80% des médicaments contiennent des plantes médicinales ou extraits de plantes.
� CA à la production : 85M€
� 4000 exploitants et cueilleurs
� Environ 33000 ha en culture :
� 10 000 ha lavandin (utilisée pour donner l’odeur fraîche de la lessive et parfums notam-
ment masculins) ; quotas actuellement sur cette production
� 5 à 10 000 ha de pavot et œillette (plante industrielle – pharmacologie)
� 1 000 à 5 000 ha de lavande, sauge sclarée (plante industrielle –cosmétologie)
Le fonctionnement
� Il existe une inertie importante entre l’offre des producteurs et la demande des labo-
ratoires ou entreprises achetant des PPAM.
� La demande n’est pas très anticipée, et les marchés ne peuvent pas répondre di-
rectement. Les acheteurs peuvent donc trouver sur un autre marché à l’international.
� Les PPAM ont souvent servi de monnaie d’échange pour les Etats.
� Une seule AOC sur les PPAM en France : les herbes de Provence.
� Le plus difficile à faire avec les PPAM = les fleurs (excepté le souci).
Il existe 2 approches :
� intégrée (ex : contractualisation avec un laboratoire : contrat annuel le plus souvent)
� vente du produit fini (ex : vente directe au marché, vente en magasins spécialisés,…)
L’évolution du marché des PPAM
On constate actuellement les tendances suivantes :
� Une demande croissante de qualité
� Une "territorialisation" des produits
� Une diversification des productions
Mais aussi :
� Une concentration des opérateurs
� Une professionnalisation soutenue
Les possibilités de commercialisation des PPAM
… LA REGLEMENTATION ...
Définition des plantes aromatiques et médicinales
Plantes médicinales : qui renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir, soula-
ger ou guérir des maladies. Ces plantes ont donc des vertus thérapeutiques et sont considérées
comme des médicaments.
Leur utilisation n’est donc pas anodine, et une posologie précise doit être respectée.
Leurs propriétés dépendent des composants moléculaires qu’elles contiennent.
Attention au laurier rose qui contient davantage d’acide cyanhydrique.
Elles sont au nombre de 1200 et sont inscrites dans la Pharmacopée française ; elles appartiennent au
monopole pharmaceutique, c’est-à-dire qu’elles sont vendues exclusivement par les pharmaciens et les
herboristes en exercice.
La pharmacopée française donne plus d'informations sur les plantes médicinales : outre les noms verna-
culaires (en français), elle donne les noms scientifiques (en latin) et les synonymes, la famille, les parties
utilisées et les formes de préparations : en l'état (E), sous forme de poudre (P) ou d'extrait aqueux (EA).
Cependant, une première liste de 34 plantes médicinales dont l’usage populaire est banalisé a été pu-
bliée en 1979 (décret n° 79-480 du 15 juin 1979) : depuis cette date, ces plantes peuvent donc être ven-
dues au public hors du circuit pharmaceutique.
Une nouvelle liste, comportant 148 plantes, a été publiée en 2008 et se substi-
tue à la précédente (décret 2008.841 du 22 Aout 2008).
Remarques diverses :
� Thym = plante culinaire à propriétés médicinales
� Laurier sauce : contient de l’acide cyanhydrique qui disparaît à la
cuisson ou en séchant ; mais attention à ne pas le manger frais
� Romarin : plante culinaire à propriétés médicinales (fonction hépato
biliaire)
Plantes aromatiques : qui ont des propriétés culinaires
Réglementation sur la culture de PPAM
Il est possible de tout cultiver, la réglementation ne concernant pas la culture, mais la vente.
Réglementation sur la vente de PPAM
Vente aux particuliers :
- Toutes les aromatiques et les 148 plantes médicinales
- Le décret précise que ces plantes ne peuvent être vendues mélangées entre elles ou à d’autres
espèces, à l’exception des 7 plantes suivantes : camomille, tilleul, verveine, cynorrhodon, orange
amère, hibiscus et menthe
- Interdiction d’indiquer sur l’étiquette ou tout autre support de communication (flyer, site internet,
…) les vertus des plantes (car usage illégal de la pharmacie)
De même, la liste des huiles essentielles dont la vente au public est réservée aux pharmaciens est
donnée dans le décret n° 2007-1198 du 3 août 2007.
… ITINERAIRES TECHNIQUES DE QUELQUES PLANTES …
PLANTES DE
TERRAIN SEC
PLANTES A
FEUILLES
PLANTES A
GRAINES
PLANTES A
FLEURS
Lavande
Thym
Hélichryse
Romarin
Sarriette de montagne
Mélisse
Menthe
Origan
Sauge
Estragon
Livèche
Ciboulette
Hysope
Aneth
Carvi
Coriandre
Camomille
Millepertuis
Achillée
Mauve
PLANTES
PARTICULIERES
Verveine
Safran
Citronnelle
PLANTES A
RACINES
Guimauve
Indications générales de semis et plantation
- Automne N-1 ou Printemps N :
Semis en caissettes ou mottes
- Fin printemps N : Plantation
- Années N et suivantes: Récoltes
- Préférez de manière générale la multipli-
cation par graines plutôt que de manière
végétative car cette méthode est plus fa-
cile et évite la dégénérescence des varié-
tés.
- Pour les rotations, remplacez les vivaces par des annuelles.
- Pour les bisannuelles en place, les mauvaises herbes n’ont pas besoin d’être arrachées : elles vont protéger
la culture pendant l’hiver et mourir. En fin de printemps, ratissez-les pour les enlever de la parcelle.
1 - RAMASSAGE
Après la rosée et avant midi au soleil (pour garder les principes actifs) pour les feuilles et fleurs, plutôt
en soirée pour les racines
Attention : Possibilité d’inversion de chémotype suivant la période de ramasage (ex : thym à thymol le
matin et à carvacrol l’après-midi).
Etapes de ramassage, tri, séchage et stockage
3 - SECHAGE
- Les plantes doivent être mises à sécher dès qu’elles ont été coupées (48h max après récolte). La pé-
riode de séchage s’étale globalement entre Mars et Novembre.
- Certaines plantes doivent être lavées avant d’être séchées (ex : marjolaine, persil,…).
- La perte d’eau est importante lors du séchage :
ex : Thym : 1 ha : 40000 à 45000 pieds de thym
1 tonne de feuilles sèches = environ 2.5 tonnes de feuilles fraîches = 5 à 6 tonnes de matière verte
2 - TRIAGE
Pour trier, il est possible d’utiliser un tarare pour séparer les feuilles des tiges
CARACTERISTIQUES D’UN SECHOIR
- Lieu noir et isolé
- Température de 25-27°C (sauf pour la verveine dont les principes actifs
résistent à des températures supérieures)
- Ventilateur
- Déshumidificateur (de préférence sur roulettes et avec une capacité
d’extraction de 4 à 4.5l/h : prix entre 1500 et 2500€)
- Claies de séchage : elles peuvent être faites manuellement en faisant
des cadres en bois et les recouvrir d’une moustiquaire plastifiée
Remarque : Pour une meilleure efficacité de séchage des plantes,
mieux vaut prévoir 2 petits séchoirs qu’1 seul grand.
4 - STOCKAGE
Pour une bonne conservation des plantes séchées, il faut absolument éviter l’humidité et les mites.
Aussi, le stockage doit se faire :
- dans une pièce avec déshumidificateur
- dans des cartons filmés
De plus, toutes les plantes fleurs et le tilleul doivent être passées au congélateur (entre 48 et 72h) après sé-
chage pour éviter le développement des œufs de mites.
Si les larves sont déjà là, les trier manuellement puis passer les plantes au congélateur.
Les principes actifs des plantes se
détériorent plus ou moins suivant
la température de séchage.
Graphique 1. Perte en huiles essentielles en % par rapport à la matière fraîche,
en fonction de la température de séchage
Suivant le type de graines, 2 méthodes peuvent être employées :
Semis direct pour les petites graines :
- Préparer la planche (pas plus d’un mètre de large) et l’ arroser,
- Semer mélangé à du sable, ou à de l’eau à l’aide de la pomme d’arrosoir
- Semer quelques radis dans la planche (pour le contrôle de la levée)
- Tasser et recouvrir d’un plastique transparent ou d’un P17
- Dès que le radis germe (5j), enlever le plastique, maintenir la planche humide
Préparation du plant pour les plus grosses graines :
On sème les graines en mottes
Les plants ainsi obtenus, seront mis en place l’année suivante (plutôt en hiver)
Possibilité de bouturer en caissettes ensuite.
Difficulté de faire germer la lavande : Vernaliser les semences de lavande à
mettre au congélateur.
Implantation
… LES PLANTES DE TERRAIN SEC …
Distances de
plantation Sur le rang :
LAVANDE : 50 cm
THYM-HELICHRYSE : 25 et 30 cm
ROMARIN : 80 cm
SARRIETTE : 40 cm
Variétés
Attention à utiliser différentes souches pour éviter les maladies et parasites
(Remarque : les bouturages sont des clonages)
HELICHRYSE : 4 ans
THYM : 5 à 7 ans
LAVANDE et ROMARIN : 15 ans
SARRIETTE : 20 ans
Durée de vie
Exigences de la culture
Ces plantes « méditerranéennes » sont peu exigeantes en fumure.
Arroser à la plantation, mais ensuite, ne plus irriguer.
Plantes résistantes au froid ; pour le romarin, enlever la neige dessus en hiver
Désherbage après récolte et fertilisation via du purin d’ortie
Plantes adaptées aux terrains calcaires, sauf l’hélichryse
ROMARIN : 3 à 4 récoltes/an ; laisser une table de repousse en
coupant au dessus de la partie ligneuse de la plante.
THYM : 1 pied de thym donne environ 20g de feuilles sèches
LAVANDE : 1 récolte/an au Stade boutaison-floraison
TOUTES ESPECES : Eviter de couper le bois
Récolte
Tri
Battage et mondage à sec
Min 2 à 3 ans entre les mêmes espèces
Eviter les cultures de la même famille
(ex : crucifères, légumineuses,…)
Rotation
… LES PLANTES A FEUILLES …
Particularités et utilisations
MENTHE :
4 types :
- nanah (menthe douce pour le thé)
- aquatique (tisanes)
- poivrée (goût fort type chewing gum Hollywood, stérile)
- bergamote (peu connue mais intéressante)
Attention : Ne pas prendre de graines pour la multiplier car il y a des hybridations entre
les variétés, mais des stolons pour être sûr d’avoir la variété que l’on veut. De même, évi-
ter la cueillette sauvage.
ESTRAGON :
Eviter l’estragon de Sibérie (développement très fort et goût très faible)
Exigences de la culture
MENTHE : Eviter l’humidité résiduelle (problème de rouille)
ESTRAGON : Attention : plante assez fragile
N’aime pas les sols calcaires
Aime les terres fraîches bien fumées : amendement à apporter tous les ans
Supporte le froid, mais pas l’humidité résiduelle
Attention aux nématodes (ennemi mortel) ; il existe des tagètes nématicides
qui, implantées entre les rangs d’estragon, peuvent repousser les nématodes
Attaques de cicadelle possibles (crachas de coucou) : les larves peuvent
amener virus et maladies
LIVECHE :
N’aime pas les sols calcaires ni les stress hydriques
Sensible à la rouille
CIBOULE et CIBOULETTE :
Sensible à la sécheresse (indice : extrémité de la feuille qui jaunit)qui la fait
monter à fleurs, et même coupée, elle refleurit
Nécessite une bonne fumure au départ
L’implanter au moins 4 ans après une culture d’alliacée
HYSOPE :
Elle préfère les emplacements ensoleillés dans une terre plutôt sèche et bien
drainée. Elle est exigeante en fumure.
MELISSE :
Craint le mildiou
variétés
ORIGAN :
L’origan est une espèce vivace, spontanée et sauvage dans le Sud-Ouest.
Il se distingue de la marjolaine qui est gélive et doit donc être ressemée dans
nos régions. Cette dernière est néanmoins une espèce vivace et spontanée
dans le Sud-Est.
Utilisation en assaisonnement des pizzas et en tisanes (plante pectorante)
MELISSE, MENTHE et SAUGE:
Utilisation en cuisine et en tisanes
CIBOULE et CIBOULETTE :
La ciboule est plus fort en goût que la ciboulette
HYSOPE :
Utilisation en cuisine comme condimentaire