Institut d’études et de conseil
I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
Evaluation externe du
programme Mediaterre pour
l’association Unis-Cité
I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
Juin 2011
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Table des matières I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
Introduction____________________________________________________________________ 2
Objectifs de l’étude __________________________________________________________________ 2
Une méthodologie qualitative _________________________________________________________ 2
Précautions de lecture _______________________________________________________________ 6
L’avant-accompagnement : _______________________________________________________ 7
Une phase préparatoire décisive ___________________________________________________ 7
L’organisation du recrutement _________________________________________________________ 7
Les attentes des familles _____________________________________________________________ 10
L’évaluation des éco-gestes ______________________________________________________ 14
La consommation : des pratiques stabilisées nécessitant une accroche ludique _________________ 15
Energie : une gestion de la consommation à transmettre à l’ensemble des membres du foyer _____ 18
Eau : pluralité des pratiques et enjeu d’apprentissage _____________________________________ 21
La gestion des déchets : des pratiques privées largement conditionnées par le contexte socio-
économique ___________________________________________________________________________ 23
L’impact du programme sur la diffusion du développement durable et sur le lien social ______ 30
La diffusion sociale des notions et des pratiques du développement durable ___________________ 30
L’impact du programme sur le lien social ________________________________________________ 31
Préconisations : ________________________________________________________________ 34
Optimiser le recrutement et enrichir les nouveaux programmes _________________________ 34
Asseoir et élargir le partenariat _______________________________________________________ 34
Approfondir la communication ________________________________________________________ 35
Faciliter la mission des volontaires : parfaire leur formation et les accompagner tout au long du
programme ___________________________________________________________________________ 36
Améliorer le recrutement ____________________________________________________________ 36
Améliorer l’évolution des pratiques ____________________________________________________ 37
Décloisonner l’accompagnement individuel pour susciter une dynamique collective _____________ 38
Assouplir le cadre temporel du projet pour pérenniser les évolutions et diffuser le programme ___ 39
Elargir le champ d’intervention en incluant de nouveaux éco-gestes _________________________ 39
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Introduction I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
Objectifs de l’étude
Dans quelle mesure le programme Médiaterre permet-il de répondre aux attentes des
différents acteurs impliqués ? Quelles pistes de progression peuvent être proposées sur les
différents registres (économique, environnemental et social) ?
Il s’agit plus précisément :
- de creuser l’évolution des pratiques et des comportements des familles
accompagnées par rapport aux éco-gestes choisis ;
- d’étudier la création ou le développement de liens sociaux autour de ce projet :
échanges entre voisins, avec l’entourage, avec le gardien d’immeuble, etc…
Ainsi l’étude doit permettre d’appréhender les effets du programme et d’apporter des
recommandations pour la reconduction et la mise en place des programmes à venir.
Une méthodologie qualitative
1. Approche monographique sur 2 sites
Afin d’enrichir l’analyse, 2 territoires d’étude ont été étudiés : l’un en Ile-de-France, l’autre en
Province. Il s’agissait d’appréhender deux situations différentes pour enrichir l’analyse.
Concernant l’Ile-de-France, nous avons plus particulièrement étudié l’impact du
projet au sein du quartier du Gros Saule, situé à Aulnay-Sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Quelques personnes ont également été interviewées à Montreuil.
L’habitat du quartier « Gros Saule » est constitué de plusieurs îlots d’immeubles
collectifs et de quelques pavillons. Le tissu associatif est considéré comme
particulièrement actif par les acteurs institutionnels. L’association « Gros Saule » est en
effet très présente auprès des habitants (café des habitants, activités…).
Quant au terrain en province, il a été réalisé dans les quartiers « Grande Résidence » à
Lens et « République » à Avion, concernés par des opérations de rénovation urbaine.
L’habitat est constitué d’immeubles collectifs mais aussi de maisons individuelles
« Haute Qualité Environnementale ».
2. Deux temporalités d’investigation : un entretien téléphonique et un
entretien in situ
Les entretiens auprès des foyers se sont déroulés en 2 temps :
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Tout d’abord, un entretien téléphonique au début de l’accompagnement de la
famille interviewée a permis de compléter les informations recueillies par les jeunes
lors du diagnostic initial. Il s’agissait d’approfondir les données recueillies et de
comprendre les pratiques de chaque foyer, notamment pour les thématiques et les
éco-gestes choisis.
Ces entretiens d’une durée allant de 30 à 45 minutes ont permis de mettre au jour les
pratiques initiales des individus et de dessiner un point de référence quant aux
comportements des familles.
Le second entretien in situ, chez les familles accompagnées, visait, thématique par
thématique, à identifier les changements potentiels de leurs pratiques.
Ce recueil de discours était accompagné d’une visite de l’appartement pour déceler les
signes matériels de ces changements : présence de sac de tri, d’un mousseur pour l’eau,
d’ampoules basse consommation, etc. Ces visites ont donné lieu à des photographies qui
sont utilisées de manière illustrative dans le présent rapport.
Par ailleurs, le guide d’entretien questionne sur la dernière pratique effectuée pour telle ou
telle action. Plutôt que de questionner une pratique de manière générale, nous avons
demandé aux enquêtés de narrer la façon dont ils ont agi la dernière fois. Par une narration
datée et adjointe de détails, le discours peut alors s’éloigner d’opinions trop générales ou
normatives.
Ces entretiens d’une durée de 1h à 1h30 ont été effectués avec plusieurs membres du foyer
lorsque cela était possible. L’intérêt est de passer suffisamment de temps avec les enquêtés
pour les mettre en confiance et approcher au plus près des pratiques réelles.
3. Des entretiens avec les acteurs institutionnels
Pour contextualiser l’analyse, pour chacun des sites, 3 acteurs institutionnels et/ou
partenaires du projet ont été interviewés. Confronter la parole de ces acteurs à celle des
habitants permet alors de déceler les contraintes et enjeux de chacun par rapport au reste
du système qui l’entoure. Ces entretiens ont permis de recueillir les « bonnes pratiques » en
termes d’organisation et de méthode.
Les 6 entretiens d’acteurs ont permis de recueillir des points de vue diversifiés :
- Un représentant des bailleurs partenaires de chacun de deux sites ;
- Le responsable du service environnement à Aulnay ;
- La responsable d’équipe de l’antenne de Lens ;
- Un assistant social à Lens ;
- Un représentant d’une association de quartier à Aulnay.
4. L’accès au terrain
Pour faciliter le contact avec les familles, le recrutement a été effectué avec l’intermédiaire
des responsables de projet de chacune des deux antennes et des binômes volontaires.
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Cette solution a permis de mettre en confiance les familles qui connaissent déjà les jeunes
qui les accompagnent sur les éco-gestes. Néanmoins soulignons que nous nous sommes
confrontés aux mêmes problématiques que les volontaires sur le plan du
recrutement notamment au vu de la difficulté de stabiliser des rendez-vous avec les référents
des foyers concernés.
5. L’échantillon
Les foyers étudiés
L’échantillon constitué dans le cadre de cette étude permet de rendre compte des
spécificités du public touché par le programme Médiaterre. De prime abord les profils
sociologiques des personnes accompagnées apparaissent relativement homogènes. En
effet, la plupart des personnes interviewées sont des femmes n’exerçant pas d’activité
professionnelle et ayant à leur charge des enfants. Elles sont mères au foyer, retraitées ou en
attente de formation et s’occupent de leurs enfants, de leurs petits-enfants ou de leurs
neveux. Qu’elles vivent seules ou en couple, elles constituent la personne référente du foyer
et, à ce titre, c’est elles qui tissent le lien avec les volontaires lors de l’accompagnement.
Néanmoins, figurent également dans l’échantillon quelques couples ayant participé
ensemble au programme et à l’enquête. Notons également la participation d’une
gardienne qui a suivi l’accompagnement à double titre, personnel et professionnel.
De manière plus précise, signalons que l’échantillon rend compte de situations diversifiées en
termes de trajectoire résidentielle et d’insertion dans le tissu social.
D’une part, il a été possible d’interviewer aussi bien des foyers ayant un parcours
résidentiel linéaire que des personnes ayant connu des déménagements. Ces
évènements impliquent le plus souvent des bouleversements en lien avec les
pratiques du programme : individualisation de la gestion de l’énergie et/ou de l’eau,
découverte du système de tri, entretien d’un jardin…. A Avion notamment, le public
ciblé concernait essentiellement des foyers correspondant à une cible prédéfinie : les
foyers relogés en maison individuelle ou en logement collectif. Il s’agissait de travailler
sur les changements en cours ou à venir pouvant déstabiliser la maîtrise de la
consommation énergétique et l’équilibre budgétaire des foyers. A Lens, l’implication
d’un acteur social a permis l’accompagnement de foyers en proie à des difficultés
financières liées notamment à la non-maîtrise de leur consommation énergétique et
d’eau.
D’autre part, nous avons pu rencontrer des personnes n’ayant que peu d’interactions
sociales en dehors de leur foyer ainsi que des personnes fortement impliquées dans la
vie locale de leur quartier. A Aulnay, le lien privilégié tissé avec l’association « Gros
Saule », a permis d’impliquer des familles particulièrement investies dans la vie de leur
quartier.
Précisons que sur le plan de l’âge, plusieurs générations sont représentées au sein de
l’échantillon. Les personnes interviewées sont parents, grands-parents et les enfants à charge
sont en bas-âge, à l’adolescence voire dans l’ « adulescence ».
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Situation professionnelle, familiale et résidentielle des référents des foyers étudiés
Situation de la personne
référente du foyer Situation de famille Composition du foyer Habitat
Femme, retraitée Seule Fils et belle-fille
2 petits-enfants de 1 et 2 ans
Locataire
Logement collectif
Aulnay-Sous-Bois (quartier du
Gros Saule)
Femme au foyer En couple 3 enfants de 2 ; 7 et 8 ans
Locataire
Logement collectif
Aulnay-Sous-Bois (quartier du
Gros Saule)
Femme au foyer (en attente
de formation) En couple 3 enfants de 3 ; 5 et 9 ans
Locataire
Logement collectif
Aulnay-Sous-Bois (quartier du
Gros Saule)
Femme au foyer En couple 4 enfants de 5, 9, 12 et 20 ans
Locataire
Logement collectif
Aulnay-Sous-Bois (quartier du
Gros Saule)
Femme, retraitée Seule 2 enfants de 21 et 25 ans.
Propriétaire
Maison individuelle
Aulnay-Sous-Bois (quartier du
Gros Saule)
Femme, employée En couple 1 enfant
Locataire
Logement collectif
Montreuil
Femme, employée (proche
de la retraite) En couple Aucun enfant au foyer
Logement de fonction
(gardienne)
Logement collectif
Montreuil
Femme au foyer En couple 3 enfants de 2, 5 et 7 ans
Locataire
Logement individuel
Lens (Plain de Jeu)
Femme au foyer En couple 4 enfants de 9, 13, 15 et 18
ans
Locataire
Logement individuel
Lens (Grande Résidence)
Femme au foyer Seule 2 enfants de 11 et 16 ans
Locataire
Logement individuel
Lens (Grande Résidence)
Femme au foyer En couple 3 enfants de 4 ; 6 et 8 ans
Locataire
Maison individuelle
Lens (Plaine de jeu)
Homme, employé En couple (femme, employé) 1 enfant de 12 ans
Locataire
Maison individuelle
Liévin
Femme au foyer En couple 2 enfants de 10 et 14 ans
Locataire
Maison individuelle
Avion
Femme au foyer Seule 3 enfants de 6, 12 et 15 ans
Locataire
Logement collectif
Avion (quartier Dumas)
Femme au foyer Seule 2 enfants (confiés) de11 et 12
ans
Locataire
Logement collectif
Avion (quartier République)
Homme, profession
intermédiaire (intérimaire)
En couple (femme sans
emploi) 2 enfants de 23 et 25 ans
Locataire
Maison individuelle
Avion (République)
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Précautions de lecture
Le rapport est organisé de la manière suivante :
- une première partie dédiée à la phase de l’avant-accompgnement ;
- une seconde partie dédiée à l’analyse des modifications des comportements :
précisons d’ores et déjà que la temporalité de l’évaluation ne permet pas de tirer des
conclusions définitives sur la pérennité des changements constatées. Cette remarque
est d’autant plus valable concernant les éco-gestes liés au chauffage dans la mesure
où les seconds entretiens ont été menés en mai, date à laquelle les foyers n’avaient
peu ou pas besoin de chauffer leur logement.
- une troisième partie dédiée au thème du lien social.
Dans ces trois premières parties et pour une plus grande cohérence, nous avons inséré les
recommandations au fil de l’analyse.
Une dernière partie est néanmoins consacrée aux enseignements généraux et aux
recommandations transversales.
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I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
L’avant-accompagnement :
Une phase préparatoire décisive I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
Le recrutement constitue une étape clef non seulement parce qu’elle exige un travail de
préparation important mais aussi parce que la proposition d’accompagnement doit
répondre aux attentes des foyers.
Nous allons examiner à partir de l’expérience des deux antennes, d’une part, quels sont les
démarches qui ont permis de faciliter le recrutement des foyers et, d’autre part, quelles sont
les attentes exprimées par les foyers qui se sont engagés dans l’accompagnement.
L’organisation du recrutement
Plusieurs étapes apparaissent décisives avant que l’accompagnement des foyers ne soit
amorcé : intégration des acteurs en lien avec la population, recrutement et préparation des
volontaires, immersion, recrutement des foyers. L’étude a permis d’identifier les bonnes
pratiques en la matière.
1. En amont, la mobilisation des acteurs pertinents du quartier
Le travail de mise en réseau réalisé sur les deux antennes a permis de mettre en évidence
tout l’intérêt d’intégrer les acteurs clefs du quartier pour faciliter le déroulement du
programme : bailleur, acteurs sociaux, collectivités, associations… Chacun de ces acteurs
présente des forces et des faiblesses spécifiques pour entrer au contact de la population.
Le bailleur constitue un acteur incontournable. Il permet d’établir un premier contact
entre les volontaires et les foyers à travers la constitution d’une base de données
répertoriant les coordonnées téléphoniques mais surtout grâce à l’implication des
responsables de site ou des gardiens qui peuvent relayer l’information sur le projet,
voire accompagner les volontaires auprès des foyers. Bénéficiant d’une relation de
proximité avec les locataires, ils peuvent constituer de véritables facilitateurs pour les
volontaires. Néanmoins, il reste important de signaler que l’appui du gardien n’est pas
suffisant dans la mesure où ce lien ne garantit pas un engagement à long terme des
foyers. En effet, nombre de personnes ont pu remettre en cause leur engagement a
posteriori. Certains ont ainsi pu se sentir, dans un premier temps, obligés de participer
par la présence du gardien. Par ailleurs, certains volontaires ont pu exprimer la
nécessité d’être identifiés comme des acteurs indépendants du bailleur en cas de
relations difficiles entre locataire et bailleur notamment. Si ces cas de figure
demeurent marginaux, ils témoignent néanmoins de la nécessité pour les volontaires
de créer un lien autonome avec les familles concernées.
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Les acteurs sociaux constituent eux aussi des relais privilégiés pour accéder aux
foyers.
A Lens, l’assistant social de la Maison des solidarités du Conseil général a permis de
recruter de nombreuses personnes. Il proposait l’accompagnement à l’occasion de
rendez-vous avec des personnes concernées par des problèmes budgétaires. L’atout
d’un tel acteur est de cibler un public pour lequel l’accompagnement correspond à
des attentes fortes sur le plan financier. En outre, le lien de confiance tissé avec les
familles permet d’introduire l’intervention des volontaires dans un bon climat.
A Aulnay, le lien avec le service social n’a pas fonctionné. Les volontaires ont en effet
tenté de recruter des foyers lors d’une permanence. Malheureusement ils n’ont
rencontré que peu de personnes. Pour que ce relais fonctionne, l’implication des
acteurs sociaux doit être favorisée. Ainsi à Lens l’assistant social parlait du programme
aux personnes et accompagnait les volontaires lors de la première visite.
Pour généraliser l’implication des acteurs sociaux, il est possible de leur indiquer
comment ce type d’action permet d’enrichir leur dossier lors de la constitution de
demande d’aide pour les familles par exemple.
Les associations constituent également des relais de proximité entre les volontaires et
les foyers.
- A Aulnay, l’association « Gros Saule » a accueilli l’équipe des
volontaires dans ses locaux ainsi que dans ses évènements.
- A Lens, le Centre Dumas a pu constituer un relais efficace.
L’une des faiblesses de ce relais est qu’il ne permet pas d’entrer en relation avec les
personnes ne participant pas à la vie associative de leur quartier. Ce mode de mise
en relation nécessite n’être complété.
Les collectivités offrent de nombreux relais : l’invitation des volontaires à des
évènements liées au développement durable notamment permet d’offrir une visibilité
supplémentaire au programme Médiaterre, non seulement pour l’exercice en cours
mais aussi pour l’insertion du projet sur d’autres quartiers de la collectivité concernée.
En outre, certaines collectivités ont pu s’investir dans la formation des volontaires :
présentation du contexte territorial de la ville ou du quartier notamment.
Pour approfondir l’investissement des collectivités, il serait judicieux d’impliquer,
les services et les agents du tri à travailler sur le projet. A l’inverse, un manque
de coopération avec les collectivités peut pénaliser la visibilité du programme.
Chaque acteur permet d’entrer en relation avec une population spécifique. Le gardien
ouvre la porte à l’ensemble des locataires, les acteurs sociaux permettent de cibler des
publics en difficulté, les associations offre un relais avec les personnes les plus actives dans
leur quartier, les collectivités permettent d’ouvrir l’horizon du projet au-delà du quartier.
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2. La préparation et l’accompagnement des volontaires
Les volontaires peuvent être considérés comme un second public du programme.
Tout d’abord, leur engagement survient souvent à un moment de transition dans leur
parcours : chômage, réorientation. Un problème de désistement a pu être constaté du fait
de l’instabilité de ce moment particulier dans leur vie : certains trouvent un emploi, d’autres
déménagent. Leurs attentes spécifiques s’expriment en termes d’orientation ou d’insertion.
De plus, leur engagement en tant que volontaire dans le cadre du service civique ne signifie
pas qu’ils soient experts en développement durable. Si certains d’entre eux étaient déjà
sensibilisés, d’autres le sont moins. Quant bien même ils expriment une sensibilité à la question
environnementale, l’accompagnement requiert des connaissances spécifiques qui
nécessitent une phase d’apprentissage. Sensibilisation et formation sont ainsi primordiales.
C’est pourquoi les formations mises en place apparaissent particulièrement importantes.
Qu’elles soient consacrées à la découverte du quartier ou à l’apprentissage de techniques
spécifiques de recrutement.
A Aulnay, les partenaires se sont impliqués dans la formation des volontaires : la ville et
le bailleur ont organisé des sessions d’information sur le territoire et le quartier.
A Lens, les volontaires ont bénéficié de plusieurs modules leur permettant de
s’approprier le programme et les méthodes de recrutement à travers des simulations
de rencontre avec les locataires, notamment.
En outre, la phase de recrutement, décrite comme laborieuse, peut apparaître
démobilisante. Les volontaires parlent de « petites victoires », exprimant le caractère
laborieux du recrutement. En effet, la difficulté du recrutement des familles peut être difficile
à vivre au vu des faibles résultats que permettent d’obtenir le phoning ou le porte-à-porte.
Il apparaît opportun de valoriser l’ensemble de leur activité (les actions collectives) et
les moyens déployés (nombre de personnes rencontrées) au-delà d’un objectif
exprimé en nombre de personnes recrutées qui peut décourager les volontaires.
Il est aussi important de concevoir une étape de sensibilisation au développement
durable.
3. Des outils complémentaires
La phase de recrutement à proprement parler s’est déroulée avec la mise en place de
plusieurs méthodes présentant chacune leurs forces et leurs faiblesses.
La mise en relation par le biais d’un acteur spécifique facilite la création d’un lien
avec les volontaires mais présente des limites dans la mesure où, pour être pérenne,
les volontaires doivent s’autonomiser de l’acteur facilitateur. La pertinence de
l’utilisation de relais est confirmée par l’analyse des entretiens des enquêtés qui
relatent pour la grande majorité que les volontaires ont été introduit par une personne
connue par elle.
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Le phoning, s’il paraît laborieux, permet de toucher des publics ne fréquentant que
peu les associations du quartier. Quelques personnes au sein de notre échantillon ont
accepté de participer suite à une conversation téléphonique.
Le porte-à-porte n’offre pas des résultats impressionnant en terme quantitatif. En effet,
il s’agit d’une pratique dont les foyers peuvent se méfier notamment après une
sensibilisation aux modes opératoires de démarcheurs malveillants. Néanmoins,
associé à une immersion bien menée, le porte-à-porte permet, comme le phoning,
de toucher les habitants ne fréquentant pas les associations ou encore les indécis.
Pour ces deux modes de recrutement pouvant susciter la méfiance, nous
recommandons d’indiquer aux volontaires un contact d’autorité vers lequel pourront
se diriger les familles pour vérifier l’honnêteté de la démarche. L’assistant social nous
confiait notamment que certaines personnes se référaient spontanément à lui
lorsqu’elles étaient démarchées.
L’immersion dans la vie sociale du quartier à travers la participation, aux évènements
des associations (« café des habitants »), des collectivités (« journée du
développement durable ») ou encore à travers création d’évènements had hoc
permet de faciliter l’identification de l’équipe des volontaires. Le port des T-shirt Unis-
Cité joue un rôle non négligeable puisqu’il facilite cette identification et attise la
curiosité.
La distribution de goodies joue aussi un rôle non négligable. Certains acteurs ont pu
relever ce levier en indiquant l’intérêt des familles pour le lot d’ampoules par
exemple. Au-delà de la dimension matérielle, une femme interviewée a pu témoigner
comment le message inscrit sur un torchon distribué gratuitement l’avait marqué.
Les attentes des familles
La participation et le maintien de l’accompagnement semble moins résulter d’une décision
précise que d’une relation se construisant au fur et à mesure. Ainsi, nombreux sont les
entretiens au cours desquels les personnes ont mis en avant l’idée de la liberté, que ce soit en
soulignant qu’elles ne se sont jamais senties forcées ou en précisant qu’à tout moment, il leur
était possible d’arrêter.
Sur ce plan, l’approche des volontaires et des relais de proximité s’est révélée adaptée : à
Aulnay, les volontaires ont proposé un premier rendez-vous à l’extérieur avant de réaliser les
séances au domicile, ils ont construit le programme étape par étape en choisissant deux
éco-gestes à la fin de chaque séance. Sur les deux sites, une grande attention a été donné à
laisser la porte ouverte aux personnes accompagnées sans que cela ne remettent en cause
l’engagement du bénéficiaire, bien au contraire.
Quant aux motifs de participation invoqués, ils vont au-delà des fondamentaux du projet.
1. Le primat de la motivation économique
La plupart des enquêtés invoque en premier lieu le motif financier pour rendre compte des
raisons de leur participation. L’accompagnement constitue pour la plupart des foyers une
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aide pour retrouver un équilibre budgétaire parfois fragile. Certains des foyers ont en effet
rencontré des difficultés face à leurs factures d’eau ou d’énergie.
Cette attente s’exprime la plupart du temps en ces termes : « faire des économies ». De
nombreux enquêtés espèrent ainsi réduire le montant de leur factures et de leur note.
L’argumentaire utilisé lors du recrutement par les volontaires ou les relais, notamment
l’assistant social interviewé, joue sur le registre économique de manière pertinente.
Cette pratique est donc à reconduire.
2. L’intérêt pour l’écologie : un motif secondaire néanmoins présent
Quelques enquêtés se révèlent sensibles à la question environnementale. Néanmoins, en
amont du projet, l’écologie n’apparaît pas comme le motif principal de participation au
programme. Pour la plupart des enquêtés, la notion de développement durable ne signifie
rien.
On peut ainsi distinguer les « novices » des « initiés » sur le plan de la sensibilité initiale à la
question environnementale.
Les « novices » n’évoquent pas la question que ce soit sous l’angle du
développement durable, de l’écologie ou encore de l’environnement. Ainsi ils ne
peuvent donner aucune définition au développement durable et ils n’utilisent aucun
autre vocabulaire pour témoigner d’une préoccupation environnementale lorsque
l’on les interroge sur leurs motivations.
Quant aux « initiés », ils peuvent parfois définir la notion de développement durable et
témoignent toujours d’une préoccupation « pour la planète » et l’ « avenir des
enfants ». En général, ils fréquentent les associations de leur quartier et ont déjà
participé à des évènements ou des activités en lien avec ces questions. Cette
préoccupation est évoquée le plus souvent dans des termes très généraux.
Si dans notre échantillon, on trouve autant d’ « initiés » que de « novices », en revanche très
peu d’entre eux invoquent l’environnement ou la planète comme raison principale
d’engagement dans le projet. Ce motif apparaît dans un second temps, le plus souvent
après les relances de l’enquêteur. Malgré ce caractère secondaire, l’environnement n’en
demeure pas moins un motif de participation important. D’ailleurs, à la marge, certains ont
pu exprimer un sentiment d’obligation civique à cet égard.
Moi je suis toujours enthousiaste, parce que si on peut faire attention aux choses, c’est
beaucoup mieux. Et au final, vous participez pour quelle raison à ce projet ? La raison,
c’est simplement avoir plus d’atmosphère parce qu’on est en train de polluer et aussi
pour mon porte monnaie parce que vous savez il est souvent vide. Mais pour
l’atmosphère surtout parce qu’on en a vraiment besoin. (Retraitée, Aulnay)
Qu’est ce qui vous motive le plus dans ce projet ? Pour l’écologie, pour l’économie,
pour la planète et aussi parce qu’on voit les catastrophes qui il y a dans le monde et
c’est dur. Et vous, vous êtes sentie obligée de faire ce projet ? Oui, parce que chaque
être humain est obligé normalement de faire quelque chose pour sa planète.
(Femme au foyer, en couple, Aulnay)
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Au regard de la variabilité de la sensibilité environnementale, le registre écologique de
l’argumentaire n’a pas le même poids selon les personnes approchées.
3. En filigrane, la motivation liée au lien social
Les enquêtés n’expriment que rarement leurs attentes sur le plan social. Le plus souvent le lien
social apparaît de manière indirecte. Ces propos apparaissent plutôt originaux au sein de
notre échantillon :
C’est surtout pour avoir de la compagnie, rencontrer des gens… (Retraitée, Aulnay)
Même si cette attente n’est pas explicitée par les enquêtés, la création d’un lien privilégié
avec les volontaires apparaît comme une condition sine qua non de l’engagement dans le
projet et plus encore de la pérennité de la participation.
J’ai l’impression que vous êtes contente de l’accompagnement ? Oui, moi je suis très
contente. En plus ils sont très sympas, ils expliquent bien. J’aime bien ! Ça sepasse
bien avec les jeunes ? Et puis les petites, elles sont contentes. Ils se font des jeux, ils se
font marrer. Comme la petite va en école spécialisée, je lui ai dit qu’elle ne savait pas
lire, ni écrire. Donc ça va. Ils arrivent à lui expliquer. (Femme au foyer, seul, Avion)
Si la création d’un lien social n’apparaît pas comme une finalité du programme pour les
enquêtés, elle en constitue un outil indispensable. En outre, lors des séances observées, nous
avons pu constater le plaisir des enquêtés à recevoir les volontaires.
La motivation en terme de lien social est peut explicitée et apparaît comme une condition
plutôt que comme un motif d’implication pour les foyers. Les savoirs-êtres des volontaires
jouent énormément.
4. L’envie de transmettre à ses enfants
Plusieurs enquêtés perçoivent l’accompagnement comme un levier pour transmettre à leurs
enfants les informations reçues, des valeurs liées à l’environnement ou des pratiques qui leur
permettront d’équilibrer leur budget à l’avenir. Certaines enquêtées font ainsi participer leurs
enfants aux séances, d’autres puissent des arguments pour éduquer leurs enfants aux éco-
gestes. La dimension éducative et ludique du projet apparaît ainsi particulièrement
importante à leurs yeux. L’une des enquêtées de Lens, n’ayant aucune attente sur le plan
économique, ni écologique, exprime ainsi sa motivation : « apprendre à mes enfants le tri, les
économies d’eau ». Elle précise que ces pratiques sont acquises pour elle et pour son
conjoint. Son cas n’est pas isolé dans la mesure où plusieurs mères de famille ont pu
également exprimer, en parallèle des attentes économiques et/ou écologiques, une attente
éducative forte.
La dimension éducative du programme est à mettre en avant pour les foyers ayant
des enfants, notamment pour les familles monoparentales. Cette approche est
également susceptible de concerner l’ensemble des parents.
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5. L’envie d’apprendre
Les enquêtés expriment souvent leurs attentes en terme d’information, de connaissance et
d’apprentissage. La curiosité apparaît ainsi comme un des ressorts de l’engagement. Aussi
certains se révèlent particulièrement exigeants sur la qualité de l’information délivrée par les
volontaires. La gardienne interviewée en témoigne lorsqu’elle évoque la nécessité pour les
volontaires de pouvoir répondre aux interrogations des familles.
De nombreuses personnes interviewées confirment l’importance pour elle de l’apport du
programme sur le plan des connaissances et de l’information : « on apprend toujours des
choses » est une expression rencontrée à de multiples reprises. La pédagogie des volontaires
est ainsi souvent mis en avant pour valoriser l’accompagnement : « ils expliquent bien »,
« quand on ne comprend pas, ils nous répètent », etc.
L’importance de l’apport d’informations et de connaissances pour les enquêtés
montre à quel point la curiosité est un ressort important du recrutement.
L’argumentaire prend en compte cette dimension en apportant des informations aux
familles. Il s’agit d’une pratique à reconduire et à approfondir.
Pour conclure sur les motivations de familles, retenons que leur participation tient à une
combinaison d’attentes. Certes le primat de l’argument économique est marquant mais de
nombreux autres facteurs peuvent faciliter l’engagement des foyers : sensibilité préalable au
développement durable, création d’un lien de sociabilité avec les volontaires, curiosité et
envie de transmettre des valeurs et des pratiques à ses enfants.
Aussi il apparaît important que les volontaires puissent tester l’ensemble des ses dimensions
dans leur argumentaire pour accrocher les foyers.
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L’évaluation des éco-gestes
I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
L’évaluation des effets du programme Médiaterre sur les modifications des pratiques des
foyers accompagnés ne peut se faire sans la prise en compte des pratiques initiales. En effet,
celles-ci varient et l’on peut distinguer 4 profils en croisant deux variables : la sensibilité initiale
au développement durable (novices et initiés) et les pratiques (conformes ou non aux éco-
gestes).
Les foyers « novices » apparaissent peu sensibilisés à l’écologie et ne pratiquent pas
les éco-gestes. La marge de progression est relativement élevée.
Les foyers « économes » ont des pratiques correspondant aux éco-gestes ou
assimilables. Ces pratiques sont adoptées dans une perspective financière et tiennent
peu à des considérations environnementales. La marge de progression se situe
davantage sur les représentations que sur les comportements.
Les foyers « initiés » témoignent d’une préoccupation écologique qui se manifeste
aussi bien sur le plan du discours que sur celui des pratiques. L’accompagnement
joue ici un rôle de confirmation et d’approfondissement.
Les foyers « à activer » témoignent d’une sensibilité à la question environnementale
mais ne mettent pas en pratique les éco-gestes. L’analyse des freins est ici
primordiale.
L’analyse de l’évolution des pratiques pour chacun des éco-gestes doit ainsi prendre en
compte ces spécificités. Pour chacun des éco-gestes proposés par les volontaires, ont été
identifiés les ressorts qui déterminent les choix des foyers mais aussi les freins et les leviers qui
influent sur l’évolution des pratiques. Dans les différents domaines de la consommation, de
l’énergie, de l’eau et des déchets, quels sont les éléments d’ordre pratique, social et
symbolique qui favorisent ou freinent l’adoption des éco-gestes ? Il s’agit en effet d’identifier
les difficultés pratiques et les représentations qui peuvent freiner ou faciliter le choix et
l’adoption des éco-gestes.
Soulignons d’ors-et-déjà que 2 types d’éco-gestes peuvent être distingués :
Des éco-gestes ponctuels (installation de matériel, réglage d’un appareil) qui
nécessitent une aide technique des volontaires ;
Des éco-gestes impliquant des changements dans les pratiques quotidiennes (maîtrise
de la consommation d’eau et d’énergie, changement d’habitudes pour les courses,
tri sélectif) qui impliquent un travail approfondi de sensibilisation, de compréhension
et d’accompagnement.
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La consommation : des pratiques stabilisées nécessitant une
accroche ludique
Sur le plan de la consommation, les pratiques semblent fortement stabilisées. Les évolutions
constatées semblent largement dépendre de l’approche adoptée par les volontaires.
1. La fabrication des produits ménagers : une évolution particulièrement
positive
La sélection des produits ménagers et davantage encore leur fabrication constitue un éco-
geste particulièrement apprécié des bénéficiaires de l’accompagnement. Il constitue
d’ailleurs souvent un geste de lancement de l’accompagnement, une véritable accroche.
Ici le côté ludique de l’apprentissage des recettes joue un rôle non négligeable. Considéré
comme un « loisir », « un passe-temps de plus », la fabrication des produits ménagers attirent
de nombreux foyers. En effet, lors des visites au domicile des enquêtés, nous avons pu
constater la centralité du ménage dans le quotidien de plusieurs femmes au foyer qui y
consacre une très grande partie de leur temps. En outre, la démonstration par les volontaires
permet de lever les doutes quant à l’efficacité de tels produits.
S’il est largement choisi
par les foyers, l’adoption
définitive d’une telle
pratique n’est pas sans
soulever des résistances.
En effet, lors du deuxième
entretien, tous les foyers
n’ont pas définitivement
relégué leurs anciens
produits.
Un stock de produits ménagers
Femme au foyer en couple à Aulnay
Les freins identifiés sont d’ordre pratique : le prix des huiles essentielles, jugé trop élevé, le
manque d’information sur les points de vente de certains ingrédients. Sur le plan social,
certaines configurations familiales peuvent jouer contre l’adoption des éco-gestes.
L’exemple d’une retraitée accueillant petits-enfants, fils et belle-fille en témoigne. La grand-
mère exprime en effet le sentiment de perdre la main sur les décisions d’achats concernant
notamment l’entretien de la maison. Enfin sur le plan symbolique, certaines enquêtées
émettent des critiques vis-à-vis des produits faits maisons qui ne sentent pas assez fort, l’odeur
prononcée de l’eau de javel ou d’autres produits commercialisés témoignant pour plusieurs
d’entre elles de la propreté et de l’hygiène.
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Les évolutions de pratiques ne sont pas spectaculaires mais elles sont effectives. Elles
nécessitent en effet du temps. Si certaines enquêtées ont bel et bien testé les recettes, elles
déclarent attendre d’avoir épuisé leur stock de produits antérieurs avant d’utiliser
exclusivement les produits maison. De plus, pour plusieurs femmes interviewées, l’achat d’une
multitude de produits constitue une activité très importante. Pour l’une d’elles, l’addiction est
à peine masquée. Grâce à l’humour des volontaires et à la méthode utilisée, cette dernière
a néanmoins fait évoluer ses pratiques. Les évolutions constatées sur cet éco-geste
permettent d’identifier les facteurs de réussite qui tiennent à la méthode utilisée (aspect
ludique, démonstration) et aux bénéfices représentés par ces produits faits maison sur le plan
de la santé et de la sécurité des enfants (des produits moins nocifs, moins dangereux).
Pour améliorer et solidifier les résultats obtenus, peut-être conviendrait-il de repérer au
préalable les points de vente et les prix des ingrédients, de compléter les recettes en
proposant des parfums d’intérieur au vu de l’importance de cet aspect pour les
enquêtées.
Ce type de démarche très ludique et pratique apparaît particulièrement adaptée
pour favoriser les changements de pratiques. Aussi serait-il judicieux d’imaginer
comment l’adapter à d’autres éco-gestes.
2. Fruits et légumes de saisons : un éco-geste suscitant quelques
initiations
Cet éco-geste apparaît peu choisi au moment du diagnostic par les foyers notamment par
ceux qui ne sont pas de grand consommateur de fruits ou par ceux qui se révèlent déjà
« initiés » dans ce domaine ou « économes ».
Les freins sont de l’ordre des habitudes
alimentaires : les enfants préfèrent les
clémentines toute l’année, le foyer ne
consomment pas de légumes…
Néanmoins au cours de l’accompagnement
la question est abordée par les volontaires
qui apportent des mémos permettant
d’identifier les moments où privilégier l’achat
des différents fruits et légumes. Ce
document est souvent conservé, voire
affiché sur le réfrigérateur. Certains déclarent
même s’y référer avant d’effectuer leurs
achats. Les discussions autour de cet éco-
geste amènent certains foyers à travailler sur
la diversification de l’alimentation.
Le mémo fruits et légumes de saison :
un élément intégrant le quotidien
Femme au foyer en couple, Lens
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3. Privilégier des produits labellisés : un éco-geste suscitant des
évolutions légères
L’achat de produits labellisés apparaît comme un éco-geste peu choisi par les foyers lors du
diagnostic. Les enquêtés concernés évoquent quasi constamment le coût de tels produits. Si
l’argument pratique prévaut, s’ajoute parfois d’autres difficultés. Sur le plan social, les
habitudes des enfants ou leur préférence pour certaines marques identifiées constituent des
freins évoqués pour les produits alimentaires. De plus, certaines manifestent des doutes sur
l’efficacité de produits ménagers labellisés.
Les leviers dans ce domaine sont à imaginer. Faire face à l’argument du prix passe
peut-être par la mise en place d’un travail préalable par les volontaires d’une étude
de marché localisée. Il s’agirait d’identifier des produits labellisés et peu onéreux que
l’on peut trouver dans les points de vente du quartier et de présenter aux foyers le
comparatif des prix en présentant celui du produit labellisé, le premier prix, le prix de
la marque magasin et celui d’une grande marque. Cet éco-geste pourrait
également être présenté en même temps que celui de la réduction de
consommation de viande. Manger moins de viande présentant un levier de maîtrise
budgétaire, les économies réalisées peuvent permettre de manger de la viande de
meilleure qualité et de consommer des produits labellisés.
4. Réduire la consommation de viande
La réduction de la consommation de viande n’apparaît pas comme un éco-geste plébiscité.
En effet, au sein de l’échantillon étudié, rares sont les foyers ayant accepté de travailler sur
cette pratique.
Les arguments mis en avant pour justifier ce rejet sont avant tout d’ordre symbolique. Ainsi
plusieurs enquêtés témoignent d’un goût prononcé pour cet aliment (« on est des gros
consommateurs »), d’autres relèvent l’importance de la viande pour la santé et plus
particulièrement celle de leurs enfants (« un repas équilibré c’est un féculant et un morceau
de viande ! »). A ce titre, l’éco-geste « réduire sa consommation de viande » apparaît original
dans la mesure où le prix ne constitue pas un frein à l’achat de viande.
Néanmoins, le simple fait d’évoquer la question a pu amener une mère de famille à tester
cet éco-geste, alors qu’elle avait pourtant refusé lors de la séance de diagnostic. En
préparant quelques repas sans viande dans la semaine, elle vérifie si la santé de ses enfants
n’en pâtit pas. Il s’agit malgré tout d’un cas isolé qui permet d’identifier un levier efficace : le
thème de la santé.
Au-delà de la dimension écologique, il semble que des arguments sur la santé
puissent amener davantage de foyer à envisager d’adopter cet éco-geste. Il s’agirait
d’évoquer l’intérêt de varier les aliments sur le plan nutritionnel, de revoir les
représentations de l’équilibre alimentaire, de prévenir d’éventuels effets d’une
alimentation trop riche en viande ou encore d’inciter à privilégier la qualité.
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Energie : une gestion de la consommation à transmettre à
l’ensemble des membres du foyer
Le domaine de l’énergie fait apparaître des disparités quant aux pratiques initiales. Les foyers
« initiés » mais surtout les foyers « économes » font déjà attention à leur consommation
énergétique et ont pour la plupart déjà adopté les ampoules à basse consommation.
Certains éco-gestes concernent ainsi avant tout les foyers qui, du fait de leur
déménagement, connaissent des changements notables dans la gestion de leur
consommation électrique ou ceux qui connaissent des difficultés particulières dans ce
domaine. Néanmoins, à travers la mise à disposition de nouveaux outils pour réguler sa
consommation, ce sont l’ensemble des foyers qui peuvent être concernés. Plus encore, la
dimension éducative amène les foyers à travailler sur ce domaine quand bien même les
adultes font déjà attention à leur consommation. L’enjeu est aussi de transmettre le message
aux enfants. A l’enjeu économique s’ajoute celui de l’éducation.
1. « Eviter de surchauffer le domicile » : une évolution à confirmer
Cet éco-geste ne concerne pas l’ensemble des foyers. En effet, ceux qui s’inscrivent dans un
système de chauffage collectif n’ont pas la main sur le réglage. En outre, certains foyers
n’ont pas travaillé sur cet éco-geste dans la mesure où leurs pratiques ne nécessitaient pas
d’accompagnement. Il s’agit avant tout des foyers correspondant au profil des
« économes » ou des « initiés ».
Certains des foyers concernés connaissent en ce domaine des changements notables du fait
d’un déménagement récent : certains changent de type d’énergie, d’autres sont passés
d’un système collectif à un système individuel. Pour eux, il s’agit d’un apprentissage qui
suscite plus ou moins d’appréhension. Si certains redoutent la nouveauté, l’adoption de
l’éco-geste par l’ensemble des foyers concernés semble facilité par le fonctionnement
automatique des thermostats : « Maintenant que c’est réglé, on ne touche plus à rien ».
Certains vont plus loin en baissant manuellement le niveau de chauffage lorsqu’ils quittent
leur domicile.
La mise en application des conseils des volontaires dans ce domaine semble largement tenir
à l’adéquation entre la nature du geste proposé et les attentes au niveau de l’équilibre
budgétaire exprimée par les familles. Néanmoins, il était encore trop tôt au moment du
second entretien pour qu’elles aient constaté des retombées sur leur facture. En effet, les
seconds entretiens ont été réalisés au mois de mai, à cette date les foyers ne chauffent que
peu ou pas du tout leur domicile.
Pour garantir de meilleures chances de stabilisation des pratiques, cet éco-geste
devrait être considéré comme prioritaire et ainsi être traité dès la première ou la
seconde séance. L’objectif serait d’initier les modifications des pratiques en hiver et
de pouvoir faire constater la réduction de l’énergie consommée et du montant des
factures. En effet, il est tout à fait envisageable d’initier cette pratique dès novembre
ou décembre afin que les personnes puissent bénéficier de l’accompagnement au
moment où les modifications des pratiques sont les plus marquées en ce domaine.
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2. « Diminuer la consommation du réfrigérateur » : un éco-geste ayant
suscité l’amélioration des pratiques
La diminution de la consommation électrique du réfrigérateur est peu choisie lors du
diagnostic même si au cours de l’accompagnement le sujet est abordé. En effet, pour de
nombreux foyers, la pratique ne pose pas de problème particulier. Néanmoins, pour
quelques uns d’entre eux, travailler sur cet éco-geste a été utile. Quelques foyers ont ainsi
totalement découvert cet éco-geste, comment procéder de manière sécurisée (ne pas
utiliser un sèche-cheveux), pourquoi ne pas surcharger un congélateur. D’autres on pu avoir
un rappel.
Les freins identifiés sont de l’ordre du manque d’information (certains n’avaient pas
conscience de la nécessité de décongeler) et de l’ordre purement organisationnel. Une
mère de famille évoque comment il est difficile d’organiser la décongélation avec plusieurs
enfants : elle attend les vacances scolaires, lors du départ des enfants en colonie ou chez un
parent, pour pouvoir effectuer cette tâche.
L’accompagnement a véritablement joué un rôle de levier dans la mesure où la séance a
incité quelques référents à mettre en pratique les conseils. Néanmoins, s’agissant d’un geste
ponctuel, il nous manque un certain recul pour confirmer les modifications.
La distribution d’un mémo à apposer sur le réfrigérateur et/ou le congélateur et
indiquant la périodicité et la période prévue pour effectuer la tâche constituerait un
outil supplémentaire pour stabiliser les changements de pratique.
3. «Installer des ampoules basse consommation » : un éco-geste déjà
adopté à stabiliser
Un grand nombre d’enquêtés utilisait déjà des ampoules à basse consommation pour des
raisons économiques essentiellement. Pour certains c’est une pratique adoptée de longue
date et les plus convaincus n’hésitent pas à remplacer les ampoules classiques installées par
le bailleur lorsqu’ils emménagent. Ils ont pu constater en effet des économies sur leur facture.
Néanmoins, les entretiens ont révélé qu’il n’était pas superflu d’évoquer le sujet dans le cadre
du programme. En effet, certains foyers ont pu exprimer des doutes quant à ce type de
produit : s’agit-il d’une démarche purement commerciale ? Ces ampoules sont-elles
dangereuses pour la santé ? Ont-elles une durée de vie moindre ? Autant de question qui
peuvent amener les foyers à remettre en cause cette pratique.
Pour les « novices », aux freins symboliques évoquées, s’ajoutent des freins d’ordre matériel :
le prix. Ainsi plusieurs enquêtés attendent l’épuisement de leur stock ainsi que des promotions
et des lots pour équiper leur logement. Néanmoins, après cette phase transitoire plusieurs
foyers ont adopté ce type d’ampoule.
L’argumentaire peut être approfondi sur deux registres en fonction des
préoccupations des interlocuteurs. D’une part sur le plan de la santé : la nocivité et la
durabilité des ampoules à basse consommation doivent être discutées. D’autre part,
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le registre économique peut être approfondi : veille des prix, calcul du temps
d’amortissement de l’investissement.
4. « Couper la vieille des appareils électriques » : une coupe-veille
souvent installée, des modifications de comportement plus difficiles à
mettre en place
A travers la distribution d’une « coupe-veille », la plupart des foyers accompagnés ont
évoqué la question énergétique quand bien même les éco-gestes sur l’énergie n’étaient pas
choisis lors du diagnostic. Ce cadeau constitue un levier certain. Il constitue une accroche
pertinente pour discuter de la veille des appareils électricité mais aussi du fait d’éteindre la
lumière en sortant des pièces, éco-gestes que certains parents peinent à faire intégrer à leurs
enfants.
La coupe-veille offerte constitue un support. Si elle est généralement installé puis utilisée (par
les volontaires ou un membre de la famille élargie), tous les enquêtées n’en installeront pas
dans d’autres pièces, malgré un taux d’équipement relativement élevé (chaine-hifi,
télévision, ordinateur, consoles de jeux). La disponibilité des « installateurs » (certains
attendent la venue d’un membre de la famille pour l’installer) mais aussi le coût
d’investissement peut retarder ou empêcher la décision d’achat. Certains s’interrogent sur
des effets des interruptions de courant sur certains appareils électriques.
Néanmoins certains projettent l’achat s’appuyant sur l’argument économique :
C’est 50 euros quand même ! On installera une autre coupe-veille plus tard pour la
chaîne hifi et le home cinéma pour faire des économies (homme, employé, Liévin)
Il apparaît également important de signaler que parfois les volontaires n’ont pas pu effectuer
l’installation de manière satisfaisante (défaillance de l’appareil, manque de préparation).
Il apparaît indispensable de tester le matériel avant de l’installer au domicile des
personnes accompagnées.
De manière globale, la coupe-veille est bel et bien installée. Néanmoins les changements de
comportements plus globaux demeurent inégaux. En effet, pour d’autres la modification des
comportements connexes à l’installation de la coupe-veille est plus difficile à mettre en
place. A titre d’exemple, mentionnons une mère au foyer nous recevant à son domicile. Si la
coupe-veille est installée, en revanche, elle répond à notre entretien avec le poste de
télévision allumé alors que personne ne le regarde. Pour plusieurs familles, l’installation de la
coupe-veille n’est pas accompagnée d’une consommation plus maîtrisée de l’énergie.
L’éco-geste « je coupe la veille des appareils électriques » est donc ambivalent : la mise en
place de la coupe-veille ne soulève que peu de freins. Une dépendance à l’égard des
« installateurs » est néanmoins à souligner. La modification des comportements est plus
délicate : le levier économique n’engendre pas une meilleure maîtrise de la consommation
énergétique dans tous les cas. Les habitudes constituent le frein principal.
Nous préconisons un accompagnement destiné à favoriser l’autonomie des
personnes accompagnées :
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face au matériel délivré et conseillé, l’installation de la coupe-veille pourrait en effet
être considérée comme un apprentissage afin que les personnes puissent être
capables de reproduire le geste de manière autonome ;
l’accompagnement à la modification de comportements au quotidien ne doit pas
être oublié. L’argument économique peut être mobilisé : l’installation d’une coupe-
veille est à présenter comme une aide aux modifications des habitudes, seule
garantie pour maîtriser sa consommation d’énergie.
Pour conclure sur la question énergétique, signalons que l’accompagnement produit des
effets au-delà de l’adoption des éco-gestes : certains parents se montrent plus attentifs aux
respects des règles d’économie d’énergie par leurs enfants, une retraitée a choisi de moins
regarder la télévision pour réduire sa consommation mais aussi pour se consacrer à la lecture.
Eau : pluralité des pratiques et enjeu d’apprentissage
Le domaine de l’eau, tout comme celui de l’énergie, fait écho aux interactions des membres
du foyer. Les pratiques entre adultes et enfants peuvent différer et là encore, les enquêtées
expriment des attentes en terme de transmission de pratiques à leurs enfants. La difficulté est
de faire intégrer aux enfants des pratiques quotidiennes telles que couper l’eau du robinet
lorsque que l’on se savonne les mains ou lorsque l’on se lave les dents ou encore maîtriser sa
consommation d’eau lors de la douche.
1. Utiliser les équipements de réduction d’eau : des mousseurs
généralement installés
L’installation des équipements de réduction d’eau est amenée par la mise à disposition d’un
mousseur par les volontaires. Il permet d’amorcer les discussions sur l’ensemble des
équipements possibles : double chasse, pommeau de douche, etc. Il est généralement
choisi.
Les freins relevés sont similaires à ceux identifiés précédemment pour la coupe-veille, autre
geste ponctuel impliquant l’installation de matériel. Ainsi l’installation du premier mousseur
peut être retardée par l’impression d’être déjà équipé, le besoin d’un intervenant extérieur,
l’achat de modèle non compatible bon marché. L’achat d’équipements supplémentaires
ne pose pas de difficultés au niveau des représentations : les enquêtés ne remettent pas en
question l’utilité des mousseurs et aucune question n’émerge sur la nocivité (à la différence
des ampoules). Néanmoins le frein financier est présent et amène une enquêtée à envisager
le financement par le bailleur.
La dépendance des personnes vis-à-vis des « installateurs » freine en outre l’installation
d’autres types d’équipement facilitant la maîtrise de la consommation d’eau, destinée au
pommeau de douche ou au système sanitaire notamment.
Le registre économique de l’argumentaire peut encore être appuyé pour démontrer
la faiblesse de l’investissement face aux économies réalisables.
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L’aide technique à l’installation des volontaires peut être enrichie en incitant les
personnes accompagnées à apprendre à poser elle-même les mousseurs. Nous
préconisons d’offrir deux mousseurs, l’un serait installé par le volontaire, l’autre par la
personne accompagnée.
Enfin, il semble que cet éco-geste devrait être considéré comme complémentaire
des éco-gestes : « couper l’eau du robinet » et/ou « privilégier les douches ». En effet,
sans modifications des pratiques, l’effet attendu ne peut être significatif. Cela
constitue un élément à communiquer aux familles afin qu’elles prennent conscience
que les résultats en terme de maîtrise de consommation d’eau ne peuvent dépendre
des seuls mousseurs.
2. Privilégier les douches et fermer l’eau du robinet : des évolutions
variables
La douche n’apparaît pas comme une solution pertinente pour tous. Même s’ils prennent des
bains, les « économes » ne se sentent pas concernés par cet éco-geste. En effet, ils maîtrisent
différemment leur consommation d’eau : un bain pour plusieurs personnes, la toilette avec
une bassine, la récupération de l’eau du bain pour la chasse d’eau, l’installation d’une pierre
dans le réservoir des toilettes.
Pour les « novices », des freins peuvent empêcher l’adoption de l’éco-geste, notamment par
les enfants. Il apparaît difficile pour certaines familles de priver leurs enfants d’un plaisir
compensant certaines restrictions. En effet, pour certains, consentir aux enfants de jouer dans
l’eau compense les restrictions économiques dans d’autres domaines : « comment
empêcher les enfants de jouer dans leur bain alors qu’on ne part jamais en vacances ? »
Néanmoins le travail sur cet éco-geste est facilité par la motivation économique des parents
et la participation des enfants aux séances. Les résultats sont moindres lorsqu’ils n’assistent
pas aux séances.
Les adultes restent concernés à la marge lorsqu’il s’agit des façons de faire la vaisselle, de
l’adoption de douches. L’argument de l’hygiène permet d’inciter les adultes à abandonner
les bains : eau et savon sont évacués et ne restent pas sur la peau.
Encourager les parents à faire participer leurs enfants apparaît indispensable.
Rendre visible les résultats constituerait un moteur supplémentaire : si la périodicité des
factures d’eau ne permet pas toujours de constater les évolutions, mettre en place
avec la famille un relevé régulier (a minima à chaque visite des volontaires, voire
davantage, à charge des foyers). Cela impliquerait de relever le compteur d’eau dès
la phase de diagnostic.
3. Ne pas jeter des produits inappropriés dans les WC
Cet éco-geste est parfois mal compris. Certains évoquent les lingettes des enfants mais pas
les produits ménagers, une autre a entrepris de jeter ses produits ménagers dehors dans la
bouche d’égout. Le lien avec la fabrication des produits ménagers gagnerait à être amorcé
dès le début. Quand bien même le lien est opéré, une enquêtée relevait qu’elle n’avait pas
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de recette pour les produits pour WC. Autre difficulté, la perception du gain est difficile. Lors
de l’observation d’une séance d’accompagnement dédiée à cet éco-geste, nous avons vu
comment les volontaires expliquaient le circuit de l’eau et argumentaient également sur le
registre économique : une eau plus polluée, plus chère à traiter, est donc plus coûteuse pour
la collectivité.
L’argumentaire liant pollution, coût pour la collectivité et coût pour le foyer est une
bonne pratique à reconduire. Quelques éléments chiffrés au niveau de la collectivité
mais aussi au niveau individuel pourraient être ajoutés.
La gestion des déchets : des pratiques privées largement
conditionnées par le contexte socio-économique
Eminemment privées, les pratiques en matière de déchets ne peuvent être appréhendées
sans prendre en compte le contexte global dans lequel elles s’insèrent. L’adhésion au tri des
déchets dépend grandement du contexte territorial, l’attention à la production des déchets
est infléchie par les contraintes économiques, l’utilisation d’un sac durable joue sur les ressorts
de la contrainte économique. Au sein de ce panorama, l’autocollant stop pub cristallise tout
les types de freins.
1. Tri des déchets : une pratique dépendant fortement du contexte local
Avant de faire état des évolutions constatées en matière de tri sélectif, il convient de prendre
conscience à quel point les situations locales diffèrent.
Des situations locales contrastées sur le plan des pratiques initiales
Les deux antennes étudiées sont implantées dans des régions pour lesquelles le tri n’a pas la
même place.
- La région Nord-Pas-de-Calais, pionnière dans la mise en place et le suivi du tri
sélectif, constitue un cadre privilégié. La population pratique le tri non seulement
en raison de la mise en place de système relativement contraignant (les poubelles
sont vérifiées, des avertissements, voire des amendes sanctionnent les erreurs)
mais aussi par une adéquation du tri avec la culture et les valeurs locales et
populaires : le bon sens, le souci des économies, etc.
- A l’inverse, dans les quartiers populaires d’Ile-de-France, le tri sélectif fait l’objet
d’un désintérêt de la part des populations et fait figure de détail au regard des
problématiques économiques traversées par les familles ou encore au regard de
la problématique plus large de la propreté générale du quartier.
Sur les deux antennes étudiées, la plupart des enquêtés ont travaillé sur cet éco-geste. La
priorité accordée à cet éco-geste ainsi que l’approche des volontaires ont incité la plupart
des foyers à travailler sur ce geste. En effet, en présentant l’éco-geste sous forme de jeu avec
des pièges à dénicher a permis de susciter l’intérêt aussi bien chez les personnes « novices »
que chez les « initiés ».
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- Ainsi à Lens et à Avion, l’ensemble des familles accompagnées ayant fait l’objet
de l’étude ont acceptée de travailler sur cet éco-geste. Pour plusieurs d’entre
elles, le tri sélectif constituait une nouvelle pratique à adopter ou à adapter en
raison d’un déménagement récent. Cette nouveauté provoquait plus ou moins
de stress mais dans l’ensemble toutes les personnes interviewées semblaient
prendre au sérieux la question. D’autres y étaient déjà confrontées. Néanmoins
elles ont bénéficié d’un perfectionnement.
- A Aulnay, les enquêtées ont également bénéficié de l’accompagnement sur le tri
sélectif. Il ne s’agissait pas d’un élément nouveau puisque les familles sont
généralement installées de longue date dans des logements où un système de tri
sélectif est mis en place. En revanche, peu des foyers rencontrés pratiquaient
effectivement le tri.
L’approche ludique des volontaires a permis dans les deux antennes de convaincre
la majorité des enquêtés à travailler sur le tri sélectif. Cette approche est à
reconduire.
Une évolution positive constatée sur les deux territoires
Il est clair que la situation locale joue sur l’évolution des pratiques en matière du tri. Le tri
sélectif est un geste qui implique un changement de pratique relativement exigent : mise en
place de poubelles adaptées, apprentissage de règles, attention au quotidien… La pratique
initiale et son adoption suite à l’accompagnement semble largement dépendre du contexte
local.
A Aulnay, la progression était nulle et au mieux
minimale : aucune poubelle supplémentaire n’est
installée au domicile, le tri concerne quelques
éléments particuliers, notamment les bouteilles en
plastique ou encore les cartons volumineux.
Les modifications légères attestent de l’impact du
contexte local sur la pratique du tri. La cohérence
du système de tri, la propreté générale du site ainsi
que des évènements de vandalisme (réel ou
ressenti) ou encore des mesures d’enlèvement des
poubelles pour des raisons sécuritaires freinent
énormément l’adhésion au principe et à la
pratique du tri. Face à ces barrières, les évolutions
impulsées par l’accompagnement, même légères,
sont encourageantes.
Tri partiel des bouteilles en plastique
Femme au foyer, en couple, Aulnay
Quant à l’antenne de Lens, les évolutions
constatées sont satisfaisantes. Les quartiers
composés de maisons individuelles à Lens et à
Avion bénéficient d’un contexte plus favorable :
les habitants se sont installés récemment, les
agents du tri communiquent avec les habitants sur
les règles à respecter, la société a transmis des
informations sous forme de brochures.
Tri approfondi
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25
L’accompagnement des volontaires a joué un rôle
de complément d’information. Ceux qui
pratiquaient déjà le tri ont pu perfectionner leurs
connaissances de règles et évacuer certains
doutes, à l’instar des pots de yaourts. Quant aux
novices, l’accompagnement a pu compléter
l’information délivrée par les agents du tri et les
différentes règles ont été intégrées.
Femme au foyer, en couple, Lens
Pour stabiliser les évolutions positives constatées, il semble important de maintenir le
lien entre les agents de ramassage et les habitants. D’éventuels nouveaux arrivants
doivent également pouvoir bénéficier de l’attention apportée à l’information quant
aux règles.
Des freins jouant sur le choix de l’éco-geste et l’adoption de la pratique
S’il est clair que le contexte local joue sur l’adoption des pratiques, les enquêtés témoignent
de difficultés communes.
Plusieurs idées reçues pénalisent l’évolution de la pratique, pour chacune d’elles un
argumentaire spécifique peut être mobilisé.
« Le tri, c’est difficile à installer chez soi » : le manque de place pour mettre en place
une poubelle est un argument parfois invoqué, le fait d’avoir plusieurs poubelles est
considéré comme désagréable.
Il convient de rappeler qu’une poubelle au sol ne prend pas beaucoup de place
notamment dans les logements sociaux, souvent plus spacieux que les appartements
du parc privé. De plus une poubelle de tri est sans odeur. Au-delà des arguments, les
volontaires peuvent également aider à l’installation pratique et à l’organisation
concrète du tri en offrant des sacs de tri mais aussi en co-définissant, avec la famille,
l’emplacement de la poubelle.
« Le tri, c’est compliqué » : la pratique du tri sélectif peut soulever des appréhensions
comme en ont témoigné certains de nos enquêtés. Les règles leur paraissent
nombreuses, complexes et difficiles à retenir. La peur de se tromper peut parfois
interdire le passage à une pratique même partielle.
La démarche d’accompagnement doit prendre en compte cet aspect en
dédramatisant cet éco-geste : les règles ne sont pas si compliquées, on peut se
référer au mémo, en cas de doute, on jette avec les ordures ménagères. L’objectif
est de rendre positive la démarche même lorsqu’elle est partielle.
« Le tri est inutile, tout est mélangé par la suite » : cette fausse idée est invoquée par
plusieurs enquêtés ne percevant pas que les déchets sont destinés à différentes
structures selon leur qualité. En effet, un manque de lisibilité et de compréhension du
système du tri peut freiner la pratique du tri. Au-delà des connaissances pratiques
organisationnelles (jours et horaires de ramassage, règles de tri), il s’agit de
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26
comprendre la chaîne du tri dans son ensemble. En effet, il apparaît difficile de se
plier aux règles du jeu lorsque celui-ci est perçu comme incohérent.
Il serait judicieux de présenter aux familles les différentes destinations de chaque type
de déchet en présentant à la fois le type de centre (enfouissement, traitement,
recyclage, incinération…) et la localisation (commune d’implantation).
« Le tri détruit les emplois » : certaines personnes imaginent qu’en triant, elles
amenuisent l’ampleur du travail à effectuer par les agents de tri et diminuent ainsi le
volume d’emploi.
Cette fausse idée peut être remise en cause en expliquant que bien au contraire, plus
le volume de déchets triés est important, plus le besoin en main d’œuvre augmente.
Cet argument constitue un levier intéressant dans la mesure où les publics du
programme Médiaterre peuvent s’identifier à ces catégories d’emploi.
« Le tri est secondaire par rapport à la propreté du quartier » : pour plusieurs enquêtés,
notamment à Aulnay, le tri sélectif apparaît comme un enjeu bien moindre par
rapport au problème de propreté de l’espace public. Ces personnes évoquent ainsi
souvent des incivilités : les voisins qui jettent leurs papiers au sol, les poubelles brûlées. Il
est difficile de reconstituer les évènements de vandalisme. Néanmoins, qu’ils soient
réels ou ressentis, de tels évènements, même ponctuels, freinent à long terme
l’adoption du tri. Parallèlement, des discussions avec des personnes n’ayant pas
participé au projet mais vivant dans le même îlot ont pu évoquer que l’enlèvement
des poubelles extérieurs à l’occasion de la Saint-Sylvestre ou de la fête de la musique
provoquait une dégradation de l’espace bien plus importante que les dommages
causé par l’absence de tri. Ces éléments, loin d’être purement anecdotiques,
témoignent à quel point les problématiques liées à la gestion de la propreté et de la
sécurité de l’espace public minimisent l’enjeu que peut représenter le tri pour les
habitants.
Pour lever ce type de barrière, intégrer le tri sélectif comme partie intégrante du
thème de la propreté de l’espace public pourrait permettre de renverser l’argument.
Il s’agit de présenter le tri comme un des éléments de la propreté générale du
quartier en soulignant que les containers dédiés au tri mais abandonnés et utilisés
comme ceux dédiés aux ordures ménagères participent de la dégradation du cadre
de vie. Ainsi la pratique du tri constitue un acte moteur dans l’amélioration du bien-
être dans le quartier.
Absence de tri et
dégradation du cadre de
vie
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Le tri constitue un éco-geste pour lesquels les foyers se retrouvent dans des situations
disparates. Selon leur quartier, leur trajectoire résidentielle mais aussi les représentations
associées à cette tâche, les enquêtés se positionnent différemment fasse à cet éco-geste.
Ainsi selon les représentations et la perception de l’utilité du tri la modification du
comportement est plus ou moins facilement envisagée et réalisée.
Des leviers diversifiés
Au-delà de la levée des freins, l’enquête de terrain a permis d’identifier plusieurs leviers
pouvant faciliter l’adoption de la pratique du tri sélectif.
L’accompagnant effectué en présence des enfants permet de faire jouer le levier de la
contrainte sociale. En effet, certains parents ont pu témoigner comment leurs enfants
s’impliquaient dans le tri et pouvaient même parfois rappeler les règles aux adultes.
La rétribution d’ordre matériel comme symbolique constitue aussi un atout pour favoriser
l’adoption des pratiques. Un enquêté notamment a pu ainsi évoquer les gains économiques
ou symboliques qu’il tirait ou espérait tirer de l’application du tri sélectif. Pour lui, trier c’est
participer à un effort, qui, mené collectivement, permet d’espérer réduire le montant de la
taxe d’enlèvement des déchets. Diminuer le coût de la taxe liée au tri, participer à des
enjeux collectifs, autant d’exemples qui indiquent le poids du collectif dans la pratique du tri
sélectif. A l’extrême, l’expérience de la non-pratique du tri peut être vécue comme une
exclusion. Ainsi, un lensois ayant vécu antérieurement dans un autre quartier expliquait qu’il
regrettait de ne pas pouvoir participer au tri dans son immeuble, privé de système de tri au
sein d’un quartier où « tous les autres triaient ».
Le tri sélectif, geste éminemment privé, relève bel et bien d’une dynamique
collective. Pour optimiser l’impact de l’accompagnement du programme
Médiaterre, il est possible de :
o systématiser la participation des enfants aux séances consacrées au tri ;
o approfondir la sensibilisation et l’argumentation en articulant l’utilité pour soi,
l’utilité pour la collectivité et l’utilité pour l’environnement à travers un travail
de sensibilisation basé sur un discours écologique illustré ;
o donner les clefs pour comprendre la chaîne complète du tri, au-delà des
règles.
L’implication des services concernés apparaît ici indispensable, plus particulièrement
dans les quartiers où le tri fait l’objet d’une désaffection généralisée.
2. Diminution de la production de déchets : une geste difficile à mettre en
place
Cet éco-geste est choisi relativement souvent par les familles. Soulignons que ce thème est
parfois mal compris à l’issue du diagnostic. Une enquêtée pensait en effet compresser les
bouteilles en plastique pour réduite le volume des déchets.
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Sur le plan de l’adoption de la pratique, l’aspect matériel joue à plein que ce soit comme
frein ou comme levier.
- Comme frein : plusieurs personnes privilégient encore le prix le plus bas dans le choix
des produits achetés. Quant à celles déclarent faire attention désormais à la quantité
d’emballage des produits, elles y mettent une limite en n’en tenant compte que pour
des produits pour lesquels aucun surcoût n’est engendré. Au final, ce sont quelques
produits qui sont concernés sur l’ensemble du panier : les recharges de coton-tige par
exemple.
- Comme levier : la lutte contre le gaspillage alimentaire en revanche apparaît plus
facile à mettre en place. Acheter des quantités de nourriture raisonnable, adapter les
portions, réutiliser les « restes »… ces gestes sont plus facilement mis en place.
Notons également que le confort et les habitudes de consommation jouent aussi pour
l’adoption de cet éco-geste. Ainsi un homme utilisant les rasoirs jetables parce qu’ils ne lui
irritent pas sa peau contrairement aux autres confie ne pas avoir suivi les conseils des
volontaires.
En tout état de cause, les évolutions constatées, même légères, témoignent de l’efficacité
du travail de sensibilisation effectuée par les volontaires auprès d’un public non initié à ce
thème.
Pour faciliter l’adoption de pratiques attentives à la réduction de la production de
déchets, on peut envisager d’appliquer les mêmes améliorations que pour les gestes
concernant les courses : lors de la phase préparatoire, pourrait être réalisée une
étude de marché pour repérer les points de vente et le coût des produits en vrac et
d’organiser des sorties collectives. Pourquoi ne pas imaginer un partenariat avec les
commerçants ou les réseaux AMAP avec l’idée de négocier des prix réduit pour les
foyers accompagnés ?
3. L’adoption du « Sac durable » : un geste déjà largement adopté
Quand bien même les volontaires ont offert un sac durable, celui-ci est déjà largement utilisé
par les familles avant l’accompagnement. L’adoption de cette pratique tient le plus souvent
à des considérations économiques. Il s’agit d’éviter les dépenses occasionnées par les sacs
plastiques jetables pour lesquels de nombreuses enseignes exigent désormais une
contribution. En cas d’oubli, les sacs jetables sont réutilisés et font office de sacs poubelles.
Dans un des foyers rencontrés, les sacs jetables ne sont pas considérés comme tels et sont
conservés pour que les enfants puissent séparer le linge sale lors de voyage par exemple.
L’ampleur de l’adoption de cette pratique témoigne de la force du levier économique pour
la modification des comportements. Néanmoins, l’adoption du sac durable n’est pas
systématiquement synonyme d’abandon définitif du sac jetable.
Un travail plus global pourrait être réalisé à travers les façons de les éviter plus
globalement : valorisation de la pratique déjà adoptée, attribution d’un sens
nouveau et travail approfondi sur d’autres moments où l’on utilise du plastique
(bouteilles d’eau par exemple). Le sac durable offert pourrait être remplacé ou
accompagné d’un sac de plus petit format et pliable qui n’a pas été évoqué par les
famille et qui peut être utilisable pour des plus petits courses.
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4. Le « Stop pub » : un geste suscitant de fortes résistances
Nous n’avons pas rencontré de foyer ayant apposé l’autocollant « stop pub ». La plupart
invoque leur souhait de conserver cette ressource d’informations : les promotions et les
annonces intéressent. Derrière ces refus se cachent de multiples freins.
- Sur le plan économique, au-delà du goût et du plaisir exprimé à consulter les
publicités, l’accent mis sur les promotions laissent à penser que les foyers n’envisagent
pas de se priver d’un outil perçu comme une aide à la maîtrise de l’équilibre
budgétaire.
- Sur le plan pratique, les enquêtés ne possédant pas internet sont privés d’une
modalité d’accès alternative.
- Sur le plan technique, même si le domicile est équipé, les personnes friandes des
publicités ne l’utilisent pas de manière fréquente.
- Sur le plan symbolique, le geste, par son caractère absolu, retarde la décision, voire
l’interdit. En effet, une enquêtée alors qu’elle déclare que la quantité de publicité
« l’agace » préfère attendre de sélectionner ce qui l’intéresse pour apposer
l’autocollant. Dans l’idéal, elle imaginerait pouvoir sélectionner les publicités qui
l’intéressent en indiquant ce qu’elles souhaitent recevoir et ce qu’elle souhaite
écarter de sa boîte aux lettres.
- Sur le plan social et à la marge, une personne a pu indiquer que le moment de la
livraison de prospectus constituait un moment privilégié avec son frère en charge de
la distribution sur le secteur.
- Enfin, d’autres ont pu émettre de freins d’ordre institutionnel dans la mesure où tous
n’ont pas la possibilité de personnaliser leur boîte aux lettres, y compris en y apposant
un autocollant stop-pub.
Pour ce geste particulièrement délicat, il apparaît indispensable d’organiser en
amont avec les bailleurs une exception à l’interdiction de personnalisation des boîtes
aux lettres. De manière plus globale, le programme pourrait également contenir des
séances de familiarisation avec l’outil internet au-delà de l’intervention des
volontaires en créant des liens avec de nouveaux partenaires (associations favorisant
l’accès aux Technologies de l’Information et de la Communication).
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I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
L’impact du programme sur la
diffusion du développement durable
et sur le lien social
I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
Evaluer le programme Médiaterre implique aussi d’appréhender le projet sous le prisme de la
question du lien social. Il s’agit d’appréhender la dynamique établie au sein du quartier en
répondant à deux questions :
- Dans quelle mesure les notions et les pratiques de développement durable du
programme sont-elles diffusées dans le tissu social ?
- Dans quelle mesure le programme nourrit-il le lien social ?
Au préalable, il convient de préciser qu’il est difficile d’évaluer l’impact du programme sur le
lien social à l’aune des activités collectives. En effet, l’antenne de Lens n’a pas pu organiser
des tels évènements et a privilégié l’axe du recrutement pour l’accompagnement individuel.
Quant au site d’Aulnay, si l’association Gros Saule a permis d’organiser des activités, les
personnes rencontrées y ont peu participé. Néanmoins des séances ont été organisées à
l’extérieur et les personnes pouvaient échanger avec les volontaires lors de leur permanence
située dans les locaux de l’association de quartier.
La diffusion sociale des notions et des pratiques du
développement durable
Au-delà de la relation privilégiée établie entre le foyer et les volontaires, l’impact du
programme Médiaterre ne peut se comprendre sans l’analyse des effets sur les interactions
personnelles. Ce type d’impact peut être constaté à différentes échelles.
Au sein du foyer, la personne accompagnée n’est pas la seule affectée par les
informations diffusées par les volontaires. Même de manière indirecte, les conjoints ou
les enfants peuvent être impactés par le projet. Lorsque les enfants participent, ils
peuvent même devenir des vecteurs d’adoption des pratiques par leurs parents, en
rappelant aux adultes les éléments évoqués lors des séances auxquelles ils ont assisté.
Ils constituent à la fois une cible et un vecteur du projet. Les discours des enquêtés
témoignent que les discussions établies avec leurs enfants à propos du programme
permettent des échanges d’information réciproque. Les enfants sont en effet
sensibilisés à l’école. Certes, pour certains foyers la dynamique vertueuse n’est pas
instaurée.
Le rôle des enfants qui sont à la fois des cibles, des freins ou des leviers dans
l’adoption des pratiques invite à systématiser à l’avenir l’implication des enfants dans
l’accompagnement.
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Au niveau du quartier, les relations de voisinage servent de vecteur au programme.
Les recettes et astuces sont échangées. Néanmoins cet effet vertueux ne doit pas
être surestimé, nombre d’enquêtées ayant confié que parfois les sujets qu’elles
tentaient de relayer ne trouvaient que peu d’écho aux oreilles de leur voisin.
Pour faciliter la diffusion des valeurs et des pratiques de développement durable à
travers le réseau des voisins, il pourrait être envisagé d’ouvrir la séance
d’accompagnement aux voisins en proposant aux foyers accompagnés de lancer
des invitations, en s’inspirant du modèle des « réunions Tupperware ».
Enfin le cercle élargi de la famille et des amis est largement concerné. La encore les
échanges sont réciproques. Parfois des gestes refusés par le foyer sont transmis à un
ami. Un auto-collant stop pub a ainsi été donné à un membre de la famille l’ayant
refusé pour elle. D’autres photocopient des recettes pour leurs amis.
Le cercle élargi n’est pas systématiquement domicilié dans le même quartier, aussi
ouvrir l’accompagnement individualisé à ces personnes apparaît moins
envisageable. Néanmoins, ils pourraient être invités aux activités collectives. L’objectif
serait de déterritorialiser le projet en préparant éventuellement d’autres quartiers pour
les exercices à venir et également de rassurer certaines familles peu enclines à
participer à des activités collectives avec des inconnus.
L’impact du programme sur le lien social
Il est possible d’appréhender l’impact du programme sur le lien social à différents niveaux :
- Au niveau interpersonnel : il s’agit d’appréhender les effets du programme sur la
sociabilité des personnes accompagnées
- Au niveau d’un groupe social : il s’agit d’identifier les effets du programme sur les
représentations des groupes
- Entre groupes sociaux : il s’agit d’évaluer dans quelle mesure le programme joue sur
les relations et les représentations entre différents groupes d’appartenance
1. L’enrichissement des liens interpersonnels et de proximité
Rappelons la sociabilité des personnes accompagnées varient fortement. Certaines nouent
peu de relations au-delà de leur foyer, tandis que d’autres s’investissent fortement dans la vie
de leur quartier, en fréquentant leurs voisins ou encore les associations locales.
Pour les personnes les plus isolées, l’accompagnement est le plus souvent exclusivement
individuel. Certaines de ces personnes témoignent de difficultés à sortir ou à envisager des
activités collectives. Le contact avec les volontaires permet de décloisonner l’horizon du
foyer.
Il est difficile de convaincre ces personnes de participer à des activités collectives. Pour
autant l’impact du projet ne peut être considéré comme nul. En effet, il s’agit d’un premier
pas pour elle d’avoir accueilli à leur domicile des personnes extérieures.
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Quant aux personnes plus en lien avec la vie de leur quartier, l’accompagnement individuel
constitue un maillon participant d’une dynamique plus générale. Elles passent dans les
locaux de l’association et approfondissent le dialogue avec les volontaires, participent à des
activités collectives.
La relation établie entre les volontaires et les foyers est parfois très forte. Plusieurs enquêtés en
témoignent que ce soit des personnes plutôt isolée ou au contraire intégrée.
2. La revalorisation de groupes d’appartenance spécifiques
Nous avons constaté précédemment que de nombreux éco-gestes ne sont pas choisis dans
la mesure où les foyers les appliquent déjà de façon conforme ou alternative par rapport aux
recommandations des volontaires. A notre sens ce constat ne doit pas aboutir à l’abandon
de ces gestes. D’une part, certains foyers peuvent ne pas les connaître. D’autre part,
communiquer sur ces pratiques stabilisées permet largement de jouer sur le lien social en
valorisant des pratiques et ainsi les groupes concernés. Ce mécanisme peut être répéré sur
plusieurs plans :
Sur le plan culturel, l’attention portée à la thématique de l’eau fait ainsi écho aux
traditions étrangères. Ainsi, à Aulnay, une enquêtée originaire du Maroc lie les
discussions sur le thème de l’eau qu’elle a eu avec les volontaires avec le pèlerinage
à La Mecque dans lequel l’eau revêt une importance particulière pour souligner son
caractère précieux. Elle évoque également des traditions indiennes liées au Gange
qui vont dans le même sens.
Sur le plan socio-économique, des pratiques d’économes trouvent une résonnance
nouvelle. Les gestes d’ordinaire adoptés sous le prisme de la contrainte et de l’effort
prennent une dimension plus valorisante. Ainsi, les parents puissent d’autres
arguments pour expliquer à leurs enfants pourquoi économiser l’eau.
Je leur disais déjà avant, pour les factures. Maintenant je leur dis c’est pour la planète.
(Femme au foyer, en couple, Aulnay)
Sur le plan générationnel, les représentations des « anciens » sont également
réorganisées en voyant leurs pratiques remises au goût du jour. Les enquêtés les plus
âgés évoquent en effet le bon sens d’antan en soulignant que le programme n’est
qu’un retour aux pratiques qu’ils connaissaient déjà : attention à l’eau, volonté de ne
pas gaspiller.
3. Un programme à la croisée des différents groupes et acteurs du
quartier
Les entretiens menés ont pu faire émerger plusieurs effets du programme sur les relations
entre acteurs de groupes différents.
Sur le plan des relations de voisinage, certaines sont crées. Elles dépassent l’horizon
habituel de la cage d’escalier. En témoigne la relation d’amitié tissée entre deux
femmes résidant dans des îlots différents du quartier du Gros Saule d’Aulnay. Cet
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exemple ne doit cependant pas être extrapolé dans la mesure où la majorité des
personnes n’ont pas rencontré de personnes nouvelles dans le cadre du projet.
Sur le plan des relations intergénérationnelles, les « jeunes » volontaires offre une
nouvelle image à l’opposé des stéréotypes dont ils font souvent l’objet.
Sur le plan des relations entre agents de proximité et habitants, la gardienne
interviewée a pu témoigner comment le programme a enrichi sa pratique
professionnelle. En effet, son engagement dans le programme tient à des motivations
personnelles mais aussi professionnelles : apprendre des choses pour en parler avec
les locataires dont elles s’occupent, y compris ceux qui n’ont pas pu bénéficier du
programme.
Sur le plan des relations entre acteurs institutionnels et habitants, les volontaires
peuvent constituer un facilitateur pour aborder des problématiques particulières, offrir
de nouveaux outils à leurs usagers… Le programme constitue ainsi une médiation
intéressante et un vecteur original pour faire passer des messages. A travers les
volontaires, le programme offre un mode d’intermédiation entre population et
institutions particulièrement inédit en permettant d’agir sur des problématiques
ordinairement traitées dans un cadre asymétrique et plus ou moins contraint.
Le programme catalyse ainsi les objectifs des différents partenaires qui y puissent une
modalité d’intervention intéressante sur les problématiques qui leur sont chères :
- Le bailleur peut ainsi bénéficier d’une relation moins asymétrique pour
faire passer des messages et apporter des solutions et des pistes pour
faciliter la maîtrise de la consommation énergétique des foyers. Les
gardiens peuvent enrichir leur pratique professionnelle et le lien établi
avec les locataires.
- Pour l’acteur social, le programme constitue un outil complémentaire
pour aider les foyers en difficultés à retrouver un équilibre budgétaire.
L’implication des foyers dans le programme constitue également
élément de leur dossier destinée à solliciter des aides financières.
- Pour les collectivités, le programme peut participer d’une démarche
plus large de développement durable telle que l’Agenda 21
notamment et d’essaimer les principes du développement durable
dans tous types de quartier.
- Pour les associations, le programme participe à la dynamique visant à
créer et/ou renforcer le lien social.
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IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Préconisations :
Optimiser le recrutement et enrichir les
nouveaux programmes
I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I
En guise de conclusion et afin de tirer le meilleur parti de l’évaluation effectuée, nous
proposons plusieurs pistes pour faciliter la création ou la reconduite des programme à venir.
Les préconisations suivantes sont issues des grands enseignements de l’étude. Elles sont donc
transversales et globales.
Asseoir et élargir le partenariat
Au vu de l’importance des acteurs de proximité pour faciliter le recrutement de familles, il
nous apparaît pertinent de renforcer et de multiplier les partenariats.
D’une part il s’agit de renforcer la préparation et l’implication des acteurs déjà identifiés en
visant leur implication au niveau le plus local :
- Outre les éléments déjà repérés : transmission de listing, appui à la formation des
volontaires, le partenariat avec les bailleurs doit permettre de clarifier des points
importants tels que la possibilité ou non d’apposer un stop-pub sur la boîte aux lettres.
En effet, pour certains locataires, l’interdiction de la personnalisation de la boîte aux
lettres empêche d’envisager l’adoption de l’éco-geste « stop-pub ». Les volontaires
doivent en amont savoir s’ils peuvent ou non proposer cet éco-geste.
- Le partenariat avec les collectivités pourrait être approfondi en imaginant une
collaboration rapprochée entre l’antenne d’Unis-Cité et les services de propreté
et/ou de tri sélectif. L’objectif est de créer un lien entre les habitants participants au
programme, que ce soit dans un cadre individuel et/ou collectif, et les agents du tri.
Cela permettrait non seulement de rendre lisible l’organisation aux yeux des habitants
mais aussi de créer un lien entre ces acteurs. Si les agents expliquent leurs missions et
leurs contraintes aux habitants, cela pourrait faciliter l’application des règles. En outre,
créer un lien avec ces agents du tri de proximité permettraient d’amorcer un
dialogue susceptible de se déployer indépendamment et au-delà de
l’accompagnement des volontaires.
- L’ensemble des acteurs sociaux peut jouer un rôle dans le recrutement : les assistants
sociaux des Centres Communaux d’Action Sociale, du département, mais aussi des
Caisses d’Allocations Familiales.
L’assistant social interviewé allait dans ce sens en appelant à s’adresser à ce type
d’acteurs à tous niveaux. L’objectif est ici d’inciter les professionnels sociaux en lien
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avec les habitants à leur proposer l’accompagnement (et non pas seulement
d’inviter les volontaires à démarcher dans la salle d’attente de leur permanence, ce
qui a très peu d’efficacité) et de mettre en relation volontaires et foyers
(accompagnement au premier rendez-vous par exemple).
- L’implication du tissu associatif est à pérenniser et à systématiser dans chacune des
antennes et des quartiers concernés.
Précisons que plusieurs d’entre eux ont soulevé la nécessité d’organiser très en amont le
projet pour pouvoir optimiser la coordination (échanges de fichiers, préparation de
courrier…)
D’autre part, il s’agirait d’imaginer comment impliquer des acteurs d’un type nouveau en
visant les acteurs en lienv avec les éco-gestes concernés :
- Les commerçants de la zone de chalandise du quartier concerné, qu’ils soient
positionnés ou non sur des enjeux de développement durable. L’objectif serait
double : sensibiliser au développement durable et faciliter les modifications des
pratiques impliquant un acte d’achat de la part de foyer. Il s’agirait d’obtenir des
informations quand aux produits durables qu’ils mettent en vente (labels, vrac, par
exemple…) et de les inciter à accueillir des points de recueil des déchets (piles,
cartouches d’encre, etc). Il s’agirait de faciliter les études de marché local que les
volontaires pourraient réaliser et de créer une dynamique autour de la thématique du
développement durable avec ces acteurs.
- Les réseaux AMAP (Associations pour la Maintien d’une Agriculture Paysanne)
pourraient également être impliqués. A défaut, le programme pourrait développer
comme objectif de soutenir les initiatives de création, ce qui permettrait de déployer
l’aspect collectif du programme.
- L’appui sur les Systèmes d’échanges locaux (SEL) consistant à échanger des biens et
services sur la base du troc pourrait permettre à la fois de travailler sur le lien social et
le développement durable à travers le thème de la récupération des objets. En
l’absence d’un réseau existant, rien n’empêche de s’inspirer de ce principe pour
organiser de tels échanges ponctuels (brocante) ou pérennes (petites annonces,
plate-forme internet).
Approfondir la communication
Sur le plan de la communication, mise en place en amont de l’arrivée de volontaires, nous
recommandons des actions à plusieurs niveaux.
Au niveau de la communication destinée aux acteurs, communiquer sur le principe de
neutralité de l’association. En effet, sur le terrain, la référence à l’autorité ministérielle peut
susciter une interprétation partisane de la part des acteurs politiques locaux et risque de
freiner leur engagement.
Au niveau des habitants des quartiers ciblés, l’affichage rendu systématique et pérennisé tout
au long du programme. Si de telles affiches sont déjà utilisées, elles gagneraient à être
présentes tout au long du projet pour faciliter l’immersion des volontaires. Ces affiches
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utilisant les codes permettant d’identifier les volontaires (T-Shirt Orange Unis-Cité) pourraient
ainsi être visibles tout au long de leur intervention dans les parties communes ou à proximité
des maisons individuelles concernées.
Faciliter la mission des volontaires : parfaire leur formation et les
accompagner tout au long du programme
La formation des volontaires constitue un point crucial du projet. Unis-Cité et ses partenaires
leur permettent d’acquérir connaissances (développement durable, quartier…) et savoir-
faire (recrutement) nécessaires au bon déroulement de leur mission. De telles initiatives sont à
reconduire, à généraliser et à approfondir dans la mesure où elles renforcent la qualité de
l’information transmise. Pourquoi ne pas leur proposer des séances avec des « experts » :
(agents de tri, agents EDF) ?
En outre, au-delà de la formation, il nous apparaît indispensable de pouvoir concevoir une
phase de sensibilisation des volontaires, qui ne sont pas tous préalablement préoccupés par
les enjeux du développement durable. En effet, les volontaires sont des vecteurs de ce
message auprès des familles mais aussi auprès de leur entourage personnel, familial et
amical. Inclure dans la préparation des volontaires le visionnage d’un film de Yann Arthus
Bertrand, par exemple, constituerait un outil ludique permettant de faire passer le message et
de susciter une prise de conscience.
Enfin renforcer leur accompagnement permettrait aux volontaires de répondre à l’exigence
des familles sur le plan de l’information. En effet, nous avons constaté sur le terrain que les
volontaires sont souvent amenés à effectuer des recherches pour répondre aux questions
des familles la séance suivante.
Aussi, il nous semblerait pertinent d’élaborer une plate-forme d’échanges de bonnes
pratiques dédiées aux volontaires afin de leur permettre d’échanger leurs acquis ainsi que
leurs bonnes pratiques en matière de recrutement et d’accompagnement. La constitution
de liens au-delà de leur antenne leur permettrait de constituer un réseau mobilisable à
l’avenir ce qui permettrait de leur offrir un outil supplémentaire correspondant à leur
demande d’insertion dans la vie professionnelle. En outre, cela permettrait de centraliser les
expériences et de les rendre accessibles à leurs successeurs.
Pour aller plus loin un relais pourrait être mis en place par une passation de relais entre
anciens et nouveaux volontaires lors d’un moment convivial.
Améliorer le recrutement
La phase du recrutement a été identifiée comme un moment particulièrement important et
délicat du projet. Laborieuse, elle peut susciter le découragement des volontaires. Pour
optimiser cette phase, les bonnes pratiques doivent être reconduites et enrichies.
Il convient de faire perdurer et de généraliser :
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- L’utilisation d’approches diversifiées et complémentaires (immersion, mise en relation,
phoning, porte-à-porte…) dans la mesure où elles permettent de toucher des publics
différents.
- L’utilisation d’une combinaison d’arguments jouant sur plusieurs registres :
économique, environnemental et social.
- La préservation du sentiment de liberté des familles en privilégiant une approche
progressive.
Pour perfectionner le recrutement, nous préconisons de :
- Valoriser l’ensemble du travail des volontaires. En effet, la priorité donnée à des
résultats exprimés en termes de familles recrutés pour l’accompagnement individuel
peut renforcer le sentiment de découragement. Ainsi nous proposons, sans oublier
l’objectif de recrutement effectif, de valoriser la phase d’immersion en prenant en
compte le temps dédié au porte-à-porte, le nombre de personnes abordés, les
activités organisées. Il s’agit de faire prendre conscience aux volontaires que chaque
étape est importante et qu’une personne peut être amenée à s’engager par la suite.
- Enrichir l’argumentaire avec les thèmes émergeants des discussions avec les
enquêtés.
o La dimension éducative du programme constitue un levier. Les volontaires
doivent être sensibilisés aux attentes, parfois implicites, à l’égard des enfants.
Ils peuvent valoriser l’aspect ludique du projet, le soutien qu’ils peuvent
apporter aux parents pour transmettre des pratiques aux enfants…
o L’enrichissement personnel des adultes est aussi un attendu du projet. Si ceux-
ci se révèlent prêts à apprendre, les volontaires doivent être encouragés à
susciter la curiosité de leurs contacts, si possible en liant la dimension
économique et écologique : savent-ils à quoi correspondent les différentes
charges qu’ils payent ? savent-ils qu’ils peuvent réduire leurs dépenses ?
savent-ils que cela joue en faveur de l’environnement ?
o Adopter une approche écologique très pédagogue et surtout illustrée.
Améliorer l’évolution des pratiques
De manière transversale, la systématisation des séances réalisées en présence des enfants
apporteraient un atout considérable. En effet, le rôle des enfants compte énormément : ils
constituent des cibles du programme (besoin de transmission des éco-gestes) mais aussi des
vecteurs efficaces (rappel à l’ordre des adultes).
Plus précisément, pour favoriser une appropriation active des éco-gestes de la part des
foyers, les approches peuvent être modulées en fonction du type de geste.
S’agissant des gestes ponctuels, apprendre aux personnes référentes à réaliser le geste elles-
mêmes (installation d’appareils, compréhension du fonctionnement d’un thermostat) et
intégrer ce geste dans une pratique plus large : maîtrise de la consommation d’eau et
d’énergie plus particulièrement.
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S’agissant des gestes du quotidien :
enrichir l’argumentaire en alliant bien être du foyer (santé, sécurité, économie) et
sensibilisation à l’environnement de manière plus ou moins approfondie en fonction
de la sensibilité initiale. L’argumentaire de la santé, de l’hygiène, de la sécurité (versus
nocivité) émerge en effet des propos des enquêtés.
rendre très concret et ludique la présentation et l’accompagnement de chacun des
éco-gestes : jeu de dégustation à l’aveugle de produits de catégories différentes
(label/premier prix ou encore fruits de saison/hors saison) lors duquel les participants
doivent apprécier la qualité gustative des aliments et deviner leur prix ; relevé de
compteurs d’eau et d’électricité… de manière générale il s’agit d’utiliser au
maximum le ressort de la démonstration appliqués par le biais de tests, de devinettes,
etc.
Concrétiser les résultats pour favoriser la stabilité des évolutions : différentiel de
consommation, économies réalisées, etc.
Mettre en place des séances avec des « experts » (agents du tri, techniciens EDF,
bailleurs). L’idée serait de renforcer la qualité de l’information mais surtout de créer un
lien permettant aux familles de pouvoir demander de l’information de manière
autonome après l’accompagnement.
Décloisonner l’accompagnement individuel pour susciter une
dynamique collective
Pour travailler davantage sur le lien social, il nous apparaît important d’appréhender
l’accompagnement au-delà de la personne accompagnée. Il s’agit d’approfondir le lien
avec les membres du foyer en sollicitant leur présence lors des séances d’accompagnement
mais aussi de proposer aux familles de convier les voisins, des parents, des amis (y compris
ceux des enfants), des parents à ces séances.
L’ouverture de la séance au cercle élargi du foyer permettrait d’entrer en contact avec de
nouveaux foyers à accompagner individuellement et/ou collectivement.
Il s’agirait également de ne pas cloisonner les deux types d’accompagnement individuel et
collectif en mêlant la temporalité du suivi individuel et collectif.
Afin d’approfondir le collectif nous pensions en outre à s’appuyer sur des évènements tels
que la fête des voisins à investir ou à créer. L’idée serait de faire déguster des produits
durables ou d’échanger des recettes anti-gaspillage par exemple.
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Assouplir le cadre temporel du projet pour pérenniser les
évolutions et diffuser le programme
La nécessité d’appréhender l’accompagnement sur des temps longs pour de nombreux
éco-gestes invite à ne pas négliger la reconduction des projets.
A un niveau strictement individuel une enquêtée nous a confié qu’elle aurait souhaité
conserver une trace de son accompagnement. Son idée : un carnet récapitulant l’ensemble
de éco-gestes, y compris ceux qui ne sont pas choisis initialement, « au cas où l’on veut les
appliquer plus tard ».
Sur le plan collectif, le lien avec les personnes accompagnées pourrait être pérennisé. Il
s’agirait à la fois de stabiliser les pratiques et de diffuser le programme. Ainsi elles pourraient
bénéficier d’un suivi, de conseils sur les éco-gestes déjà testés ou sur de nouveaux éco-
gestes. Parallèlement, elles pourraient témoigner des apports du programme dont elles ont
bénéficié. L’importance du sentiment de liberté, évoqué en début d’analyse, doit rendre
prudent sur la façon d’amener les anciens participants à devenir des relais. Il s’agirait moins
de leur confier une mission de recrutement explicite que de les intégrer dans des activités
collectives pour témoigner, transmettre leurs acquis… On peut également solliciter leur aide
pour mettre en place des projets : recenser les points de vente pour les ingrédients des
produits ménagers, collecter des recettes, clarifier le système de tri, rencontrer les
commerçants pour les sensibiliser aux thèmes du développement durable, créer des
évènements… Une méthodologie participative apparaît ici pertinente.
En tout état de cause, il s’agit de laisser la porte ouverte aux foyers accompagnés pour qu’ils
puissent mobiliser de manière informelle de nouvelles familles. Une personne interviewée a pu
d’ailleurs se sont montrer encline à effectuer une démarche de recrutement.
Elargir le champ d’intervention en incluant de nouveaux éco-
gestes
Dans l’hypothèse d’un renouvellement des éco-gestes et/ou de complément, il semble
qu’un travail sur la propreté de l’espace public apparaitrait opportun, plus particulièrement
dans les territoires où le travail sur le tri sélectif apparaît difficile. Il s’agirait d’aborder la
gestion des déchets dans son ensemble : encombrants, poubelles publiques. A notre sens, un
tel travail implique nécessairement une dimension collective et ne saurait être traitée sur le
seul plan individuel.
Un travail sur la mobilité pourrait être envisagé : transports doux, covoiturage… Autant de
thèmes pouvant également permettre de travailler sur le lien social.
Enfin, pourquoi ne pas approfondir le travail sur la consommation électrique en travaillant en
parallèle sur les loisirs. Réduire son empreinte énergétique pourrait être mis en lien avec la
redécouverte d’une convivialité à tisser au foyer et dans le quartier : lecture, jeux de société,
pique-nique …