Intertechnique
Site Plaisir
Expertise CHSCT
Bordeaux
Lille
Lyon
Marseille
Metz
Nantes
Paris
Toulouse
Cabinet (ex-ALPHA CONSEIL)
agréé par le ministère du Travail
et habilité IPRP
Direction Régionale Midi Pyrénées :
55, boulevard de l’Embouchure
Central Parc (Bât C)
BP 72081
31019 Toulouse Cedex 2
Tel : 05 62 72 36 00
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Sommaire
1. Le cadre d’intervention 4
1.1. Le contexte 5 1.2. La demande 7 1.3. La méthodologie d’intervention 10
1.3.1. Les documents 10
1.3.2. Les entretiens 11
1.4. Le modèle d’analyse 12
2. Les résultats 14
2.1. Préambule 15 2.2. Le facteur de risque lié à la dynamique du projet. 16
2.2.1. Description de la dynamique du projet 16
2.2.2. Les risques liés au facteur « dynamique du projet » 20
2.3. Le facteur de risque lié aux modifications des conditions de travail 21
2.3.1. Les modifications de l’organisation du travail 23
3. Le travail en open-space 27
3.1. Différents types d’espace de travail 28 3.2. L’espace par poste de travail comme indicateur de risques ? 28 3.3. Un collectif de travail sous contraintes 29 3.4. L’espace symbolique 30 3.5. Des ressources partagées 31
4. Conclusion 32
4.1. Les grands absents : les acteurs de la prévention 33 4.2. Une modification des organisations du travail en toile de fond 33 4.3. De nouvelles conditions de travail 34 4.4. La vie dans le futur site de Plaisir 34 4.5. Les risques sur la santé et les conditions de travail 35
Annexes 36
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1. Le cadre d’intervention
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1.1. Le contexte
Le 22 mai 2007 la Direction d’Intertechnique informe le CHSCT sur son projet de réalisation
d’un ensemble immobilier sur le site de Plaisir, intégrant les activités tertiaires et études
d’Intertechnique Plaisir et les activités tertiaires aéronautiques d’Issy les Moulineaux du
Groupe Zodiac (auquel appartient Intertechnique).
Le site d’Intertechnique de Plaisir possède des bâtiments construits en 1964 lesquels ne sont
plus adaptés aux contraintes de l’activité actuelle en terme de fonctionnalité (proximité,
contiguïté, aménagement des espaces,…), mais également en terme de confort au travail
(températures, déplacements entre bâtiments,…).
Par ailleurs, le site d’Intertechnique dispose de suffisamment d’espaces pour permettre
l’installation de nouveaux bâtiments afin d’accueillir les activités « siège » du groupe Zodiac
lesquelles sont dans des locaux à Issy les Moulineaux disposant d’une capacité d’extension
très limitée.
Il est donc décidé de construire un nouvel ensemble de deux bâtiments d’une surface totale de
12 000m2 qui pourrait accueillir le personnel du siège social de Zodiac et une partie du
personnel des activités tertiaires et études d’Intertechnique Plaisir. Parallèlement, les espaces
libérés dans les anciens locaux permettraient, soit de redéployer des effectifs d’autres entités
Intertechnique du site Plaisir, soit de détruire les bâtiments, soit encore de les louer à des
entreprises extérieures.
Le 10 juillet 2007 la Direction présente en CHSCT son choix architectural pour les nouveaux
bâtiments : bâtiments climatisés sur 3 niveaux chacun et 2 niveaux de parking en sous-sol, les
deux bâtiments sont reliés par une passerelle et l’ensemble permet une capacité d’accueil de
600 personnes. Le dépôt du permis de construire est prévu pour juillet 2007 et le début des
travaux est annoncé pour janvier 2008 avec une livraison fin 2009.
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Le 11 septembre 2007 la Direction présente en CHSCT le déménagement des activités situées
dans le bâtiment A du site lequel sera détruit en vue de la construction des nouveaux
bâtiments. Les activités seront déménagées sur les bâtiments V et W du site.
Le 04 décembre 2007 la Direction présente en CHSCT l’aménagement provisoire des
parkings et de l’accueil pendant la réalisation des travaux de construction des deux nouveaux
bâtiments.
Le 11 mars 2008 un point en séance de CHSCT est consacré au planning de destruction du
bâtiment A et au calendrier prévisionnel de début et de fin de construction des deux nouveaux
bâtiments.
Le 10 juin 2008 la Direction informe le CHSCT qu’un groupe de travail (sans membres du
CHSCT) a été constitué le 30 mai 2008 sur l’aménagement intérieur des nouveaux bâtiments.
Ce groupe de travail comprend 4 salariés de Zodiac d’Issy les Moulineaux et 4 salariés
d’Intertechnique de Plaisir. Les salariés sont issus de services différents : administratifs,
techniques,… Le CHSCT déplore de ne pas avoir été associé à ces groupes de travail. La
Direction présente également les principes relatifs à l’aménagement intérieur des espaces de
travail.
Le 09 septembre 2008 la Direction présente un point d’avancement sur le projet immobilier
ainsi que les travaux issus du groupe de travail. Un certain nombre de remarques sont faites
tant par le groupe de travail que par les membres du CHSCT : revêtement de sol,
aménagement des espaces de travail, parking,… Enfin, un point sur le calendrier de livraison
des bâtiments est fait.
Le 09 décembre 2008 la Direction présente un nouveau point d’avancement sur le projet
immobilier ainsi que les travaux menés par le groupe de travail : espaces de réunions, surface
des bureaux, types de mobiliers, open-space,… Le groupe de travail a procédé à l’élaboration
d’une charte sur l’aménagement des espaces de travail.
Le 07 avril 2009 lors de la séance du CHSCT la Direction présente l’avancement des travaux
ainsi que les réflexions menées au sein du groupe de travail. Plusieurs remarques sont faites
par le CHSCT : sanitaires, surfaces individuelles, implantations dans les espaces de travail,…
Une visite d’espaces témoins sera proposé aux salariés afin qu’ils puissent se projeter dans les
futurs espaces. Egalement une visite du chantier a été organisée à la demande du CHSCT.
Le 09 juin 2009 la Direction informe le CHSCT qu’elle a revu son projet d’implantation dans
les nouveaux bâtiments. En effet, de 660 postes prévus dans les nouveaux bâtiments la
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nouvelle version du projet prévoit 550 postes afin de disposer d’espaces de travail
satisfaisants. Ceux sont en particulier les zones de travail en laboratoire qui sont exclues du
projet. C’est donc 400 salariés d’Intertechnique qui vont rejoindre les nouveaux bâtiments et
150 salariés de Zodiac. L’affectation des espaces de travail est revue sur la base de cette
évolution. De même le réaménagement des espaces de travail libérés dans les anciens locaux
doit être corrigé.
Le 26 juin 2009 l’unanimité des membres du CHSCT d’Intertechnique demande la
convocation d’un CHSCT extraordinaire en vue de mandater un expert sur le projet de
nouvelle organisation des espaces de travail lié à la création de nouveaux bâtiments sur le site
de Plaisir.
1.2. La demande
Lors de la séance extraordinaire du CHSCT en date du 09 juillet 2009 les élus présentent la
motion suivante :
« Les élus du CHSCT, sont informés régulièrement depuis plusieurs mois - conformément à
l’article L4612-1 du Code du Travail - du projet de nouvelle organisation des locaux de
travail lié à la création de nouveaux bâtiments sur le site de Plaisir.
Ce projet est susceptible de modifier de façon importante les conditions de travail d’une
grande majorité des salariés (environ 500 salariés sur 660 sur le site) du site Intertechnique
de Plaisir. En effet, deux nouveaux bâtiments sont construits sur le site et dans lesquels une
partie des salariés vont être transférés (surtout l’administratif et le développement). Par
ailleurs, des salariés venant d’autres entités du Groupe Zodiac vont être accueillis dans ces
mêmes bâtiments. Enfin, il est prévu le réaménagement des espaces de travail dans les
anciens locaux en fonction de la réaffectation des espaces alors que certains anciens
bâtiments seront détruits.
Les élus du CHSCT d’Intertechnique site de Plaisir estiment que ce projet est susceptible de
modifier de façon importante les conditions de travail d’un nombre important de salariés sur
le site, et en particulier du point de vue :
� de l’aménagement des espaces de travail, � de l’ergonomie des postes de travail, � des relations entre ateliers/services et au sein des ateliers/services, � des conditions de sécurité sur le site, � de la gestion des déménagements et mouvements, � de la vie sur le site, � ………..
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En conséquence, le CHSCT décide de faire appel à un expert, conformément à l’article
L4614-12 du code du travail.
Le choix des élus du CHSCT s’est porté sur la société SECAFI (ex-Alpha Conseil), expert
agréé par le Ministère du Travail, 55, boulevard de l’Embouchure à Toulouse pour réaliser
cette expertise.
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Le cabinet d’expertise devra éclairer les élus du CHSCT sur les impacts de ce projet sur :
� les conditions de travail des salariés (tant physiques que mentales), � le confort et le bien-être au travail, � la sécurité des personnes, � l’organisation du travail, � la vie du collectif, � …
L’expert devra pouvoir accéder à toutes les informations (documents, entretiens avec les
responsables, les salariés, accès au site) pour faire sa mission. Les conclusions de l’expertise
seront restituées sous forme d’un rapport qui sera présenté par l’expert en séance du CHSCT.
Le CHSCT sera alors en mesure de donner un avis éclairé sur la mise en place du projet. »
La position des acteurs :
Afin de rédiger la présente lettre de mission tous les élus du CHSCT ont été rencontré le 26
juin 2009 et la Direction (Président du CHSCT et Responsable des Services Généraux) le 22
juillet 2009.
De leur côté les membres élus du CHSCT ont le sentiment de ne pas avoir pu dans le cadre de
ce projet pouvoir mener à bien leur prérogative relative à la santé, à la sécurité et aux
conditions de travail. En effet, si ils estiment avoir été informé tout au long de l’avancement
du projet par contre ils regrettent de n’avoir pu participer aux groupes de travail – et ceci
malgré leur demande. Ils estiment de ce fait n’avoir pas pu être en mesure d’agir sur le projet
du point de vue de la prévention des risques au moment où les décisions se prenaient mais une
fois que les choses étaient décidées. Il était donc difficile pour eux de se positionner en
anticipation des risques potentiels que pouvaient engendrer un tel projet et proposer des
actions de prévention au cœur même du projet. Ces questions de temporalité sont également
au centre du sentiment qu’expriment les élus par rapport à l’insuffisance de prise en compte
de leurs remarques.
La modification importante dans le périmètre des salariés qui seront transférés dans les
nouveaux bâtiments a par ailleurs réveillé l’inquiétude des élus sur la densité des espaces de
travail. Densité que les élus avaient évaluées trop forte. Ce revirement récent dans le
périmètre du projet n’a pas rassuré le CHSCT sur la conduite du projet et les conditions
d’installation dans les nouveaux locaux.
La Direction a procédé à la constitution d’un groupe de travail issu des métiers pour alimenter
la réflexion sur l’aménagement des espaces intérieurs. Le CHSCT dans ce mode de
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fonctionnement a été informé régulièrement sur l’avancement du projet et l’ensemble de ces
remarques ont été entendues.
La maîtrise d’ouvrage des nouveaux bâtiments est à la main du Groupe Zodiac et non
d’Intertechnique. Les décisions sont donc prises par le Groupe Zodiac lui-même propriétaire
du futur ensemble immobilier. Intertechnique intervient dans le processus de décision comme
locataire d’une partie des surfaces ; Intertechnique n’est donc pas décideur unique ni même
principal des choix qui sont opérés. Cette posture présente des inconvénients dans la conduite
du projet entre la temporalité des prises de décision, l’explication des décisions finales et
l’association des salariés et instances représentatives.
La Direction avoue ne pas comprendre la décision de recours à l’expertise par le CHSCT
estimant d’une part qu’elle a largement communiqué sur le projet et que d’autre part l’état de
fort avancement du chantier ne permettait plus de marges de manœuvres importantes. La
Direction perçoit donc difficilement l’intérêt de la démarche d’expertise dans ce contexte.
1.3. La méthodologie d’intervention
Nous avons mis en place une méthodologie de recueil de données basée sur une analyse
documentaire et des entretiens.
L’analyse de ces données est réalisée à l’aide d’un modèle systémique des risques dans
l’entreprise.
1.3.1. Les documents
Les documents nous ont été fournis en deux temps :
� Dans un premier temps nous avons disposé des informations contenues dans le livret d’accueil, la brochure d’information du groupe, des organigrammes de l’entreprise, les plans de macro-zoning, le Document Unique, et des PV du CHSCT.
� Dans un second temps, nous ont été transmises, les informations présentées lors du CHSCT du 22 septembre : comptes rendus des réunions du groupe de pilotage des 27 juillet et du 8 septembre 2009 ainsi que les plans de micro-zoning en cours de validation.
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1.3.2. Les entretiens
Nous avons réalisé 18 entretiens d’1h30.
Huit entretiens individuels ont été menés avec le responsable de site, le responsable projet et
le médecin du travail puis les directeurs de 5 départements (DAF, DC, DSI, D4 et D7).
Dix Entretiens collectifs ont concerné 32 personnes réparties en 12 responsables d’équipes et
20 salariés :
SG : o 2 opérateurs : assistante et responsable entretien
DRH : o 2 opérateurs : paye et recrutement
DAF o 1 responsable d’équipe compta o 2 opérateurs : compta et contrôle de gestion
DC o 2 responsables d’équipes : vente et logistique o 2 opérateurs : vente et logistique
DQ o 2 responsables d’équipes : D4 et D7 o 2 opérateurs : DG-D4 et navigabilité
DSI o 1 responsable d’équipe : service applications o 2 opérateurs : service application et pôle services
D4 o 2 responsables d’équipes : études et industrialisation o 3 opérateurs : études, industrialisation et achats
D7 o 4 responsables d’équipes études, production et industrialisation o 5 opérateurs : études, industrialisation et production.
Huit personnes reçues sont des femmes.
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1.4. Le modèle d’analyse
La notion de risque s’entend comme la résultante de déséquilibres systémiques c’est-à-dire
impliquant les trois niveaux de l’entreprise : son organisation sociale, le travail réalisé et ceux
qui le réalisent.
risques
organisation
travail
salariés
Situations
critiques
Combinaisonsde
facteurs
Facteurs
de
risque
organisation
travail
salariés
Les indicateurs Les conséquencesLes facteurs
risques
organisation
travail
salariés
risques
organisation
travail
salariés
Situations
critiques
Combinaisonsde
facteurs
Facteurs
de
risque
organisation
travail
salariés
Les indicateurs Les conséquencesLes facteurs
Schéma N°1 : modèle systémique d’analyse des risques
Dans ce modèle, le terme de risques doit être entendu comme une notion systémique et
potentielle qui traduit un résultat attendu sur tout ou partie des composantes de l’entreprise
(son organisation, le travail réalisé et les salariés) à plus ou moins longue échéance.
Ce risque survient toujours dans une situation critique, c’est-à-dire une situation dans laquelle
on peut observer avant la survenue du risque, l’action combinée de différents facteurs.
Pour identifier ces facteurs on utilise des indicateurs que l’on recueille dans des bases de
données relatives à chacune des composantes de l’entreprise.
Par exemple :
� Dans les données sociales de l’entreprise, un taux élevé d’accidents du travail peut alerter
sur un facteur technique comme par exemple l’inadéquation d’un outil de production. On
s’attend alors à observer des situations de travail critiques de par leur importante
dangerosité des installations.
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� Assortis à des indicateurs de production tels qu’un taux élevé de rebut et une difficulté
d’atteinte des objectifs, l’analyse devra examiner un facteur davantage lié à l’organisation
du travail et on s’attendra par exemple à observer des problèmes d’ordonnancement de la
production, de définition des procédures ou de niveau de formation des salariés sur
l’utilisation de l’outil en question.
� Si par ailleurs, des indicateurs tels que des arrêts de travail, des plaintes des salariés
déclarant des troubles du sommeil et présentant des symptômes dépressifs se retrouvent
dans les données du médecin du travail, l’analyse devra prendre en compte un champ plus
large de facteurs incluant l’ensemble des indicateurs précédents dans une dégradation plus
générale du climat social.
Par expérience, on observe que de telles situations sont en fait des situations critiques moins
par le caractère imminent du risque lui même, que par l’altération quasi totale des moyens de
régulation qu’ont les salariés pour maintenir ou rendre acceptable une situation par ailleurs
dégradée sur le plan technique et/ou organisationnel.
La criticité de la situation tient donc au fait que les barrières humaine et organisationnelle ne
sont alors plus en mesure d’être efficaces face à la survenue d’un danger.
Bien plus, dans ces situations limites, il arrive le plus souvent que la dangerosité ne tient pas
qu’au seul niveau de danger que représente le risque. Ses effets doivent être évalués en tenant
compte des conséquences en cascade, immédiates et à plus long terme, sur les composantes de
l’entreprise.
Tel est donc l’intérêt d’utiliser un modèle systémique d’analyse des risques.
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2. Les résultats
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2.1. Préambule
Les indicateurs utilisés pour l’analyse sont tirés des contenus des entretiens. Ceux-ci ont été
construits selon une grille devant nous permettre de recueillir des informations sur le projet
faisant l’objet de l’expertise.
Il s’agissait pour nous de comprendre l’historicité de ce projet, les niveaux d’information
reçus par les personnels concernant leurs futures conditions de travail et la façon dont ils se
projettent dans cet environnement.
Nous avons recueilli deux types d’indicateurs correspondants à deux grands facteurs de
risque :
� Le premier type d’indicateurs est relevé dans l’expression de plaintes individuelles et
collectives faisant état de sentiments majoritairement partagés, de frustration et de
spoliation du fait de la non prise en compte des investissements sur le projet. Ces
indicateurs délimitent un facteur de risque en lien avec la dynamique du projet mise en
place, du moins telle qu’elle est perçue par les personnels, chacun selon son niveau
d’implication.
� Le second type d’indicateurs est relevé dans l’expression de plaintes également
individuelles et collectives, faisant état d’un sentiment d’incertitude sur le maintien de
bonnes conditions de travail dans le futur environnement. Ces indicateurs délimitent un
facteur de risque lié à une modification des conditions de travail, du moins telles qu’elles
peuvent être projetées à ce jour compte tenu du niveau d’information disponible.
Comme le suggère le modèle d’analyse systémique des risques, les deux types de facteurs se
combinent. Pour plus de clarté, nous les présentons séparément, cependant, leurs
conséquences peuvent être conjointement exprimées en termes de risques psychosociaux,
c’est-à-dire de risques portant potentiellement atteinte aux trois composantes de l’entreprise :
l’organisation sociale, le travail effectué, les salariés.
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2.2. Le facteur de risque lié à la dynamique du projet.
Les expressions de besoins, les réponses aux questionnaires sur les choix d’aménagement ou
encore les propositions de micro zoning, etc. sont mises en tension avec des décisions qui
apparaissent imposées de manière unilatérale et extérieure par la direction du groupe.
C’est le cas par exemple de la réduction de 60% d’un des plateaux du D7 ou de la forte
densité imposée dans certains espaces ouverts en regard de celle allouée sur d’autres plateaux.
Ce sentiment est accentué par l’impression assez majoritairement partagée par les salariés et
par les responsables eux mêmes, d’un encadrement intermédiaire mis en position délicate
pour médiatiser les échanges entre les salariés et la direction.
La population des responsables intermédiaires exprime se trouver dans un contexte
communicationnel très fluctuant et de fait en marge des centres de décisions.
La population des salariés exprime sa méconnaissance des mécanismes à la fois de remontée
d’information au delà des responsables de département et de prise en compte de leur
expression en dehors du canal offert par le Groupe de Travail.
Cet état de fait s’est trouvé cristallisé dans la phase d’itérations entre propositions micro et
macro du zoning.
2.2.1. Description de la dynamique du projet
A l’analyse des modalités de communication tout au long du projet et des voies empruntées
par les échanges entre les différents acteurs, nous pouvons schématiser le projet comme
s’étant déroulé selon une dynamique qui s’est opérée en deux temps :
- Un premier temps dit « participatif » dans le sens où l’ensemble des collaborateurs ont
été sollicités pour s’exprimer sur différents points.
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- Un second temps dit « de tensions et d’ajustements successifs » pour l’instanciation de
choix énoncés de part et d’autre des participants du projet.
2.2.1.1. Un premier temps participatif
Concernant la dynamique participative du projet, elle relève principalement du canal de
communication transverse, dû à la mise en place d’un Groupe de Travail (GT) sur le thème
des choix d’aménagements intérieurs. Ce canal permet aux opérateurs d’échanger entre eux et
avec leurs encadrements intermédiaires respectifs, chacun sur des modes propres et en
fonction des besoins. Ainsi, par exemple on note une disposition de communication
particulière au Département Qualité dont chaque spécialité rallie les échanges au sein du
département technique lui correspondant.
Cette dynamique s’inscrit par ailleurs dans un contexte communicationnel plus global, axé à
la fois sur des canaux de communication verticaux et horizontaux :
- Les canaux de communication verticaux s’opèrent de façon directe, particulièrement
entre les services supports, financiers et systèmes d’information, du groupe et leurs
homologues d’Intertechnique. L’information est descendante et imprime des
contraintes de localisation et de rapprochements de ces services dans le futur bâtiment.
- Les canaux de communication horizontaux œuvrent au niveau des staffs
d’encadrement intermédiaire. Ces échanges sont plus ou moins conséquents selon
leurs proximités fonctionnelles actuelles ou futures. La particularité de ces échanges
est d’être ensuite relayée de façon très diverse en direction des salariés.
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DAF DSI GW Z
DAF DSI RH/SG
Zodiac
Intertechnique
GT
DC DQD4 D7
DAF DSI GW Z
DAF DSI RH/SG
Zodiac
Intertechnique
GT
DC DQD4 D7
Schéma N°2 de la dynamique de communication au sein du projet
La dynamique instituée génère un certain niveau d’investissement des opérateurs compte tenu
des sollicitations participatives du Groupe de Travail comme les questionnaires de besoin, les
recueils d’avis lors des visites de cellules témoins et les invitations à faire des choix de
mobilier de bureaux d’aménagement, etc.
Cette dynamique tout à fait perçue positivement a permis à tout en chacun de s’imaginer à son
futur poste de travail et de projeter sur cette image le déroulement de son activité quotidienne
de travail : ce qu’il va y faire, quand, comment, avec qui, etc.
Ainsi, pour répondre aux questionnaires lui demandant par exemple de choisir un plan de
travail, il faut savoir projeter avec quels outils le travail est effectué : sur une table, un établi,
etc.
De même choisir une cloison de séparation nécessite de faire des hypothèses sur qui sera
derrière la cloison, pourquoi une séparation, qu’est-ce qui au contraire la nécessite etc.
La dynamique participative a favorisé la constitution de collectifs qui ont œuvré à concevoir
des plans parfois très précis de leur poste de travail et de le leur environnement futur.
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Bien sûr, c’est la connaissance et la pratique de l’organisation et des méthodes de travail
actuelles qui ont guidé cette projection dans le futur.
A ce stade la dynamique est positive car elle permet un fort investissement des collaborateurs
sur le projet et elle fournit un grand volume d’informations qui pourront être utiles pour
instancier à un niveau micro les choix d’implantation et d’aménagement décidés au plan
macro.
2.2.1.2. Un second temps de tensions et d’ajustements successifs.
Un changement de dynamique dans le projet peut être identifié au moment où, par voie
descendante, des informations de niveau macro traduisent des choix d’implantation des
services, énoncés comme des contraintes à prendre en compte et venant contrarier les
propositions initiées par la dynamique participative.
Les choixd’aménagements
Macro zoning
Décisions organisationnelles
Contraintes bâtiments
Micro zoning
Les choixd’aménagements
Macro zoning
Décisions organisationnelles
Contraintes bâtiments
Micro zoning
Schéma N°3 du second temps de la dynamique de communication au sein du projet
Ces contraintes, sont d’ordre technique, du point de vue du bâtiment (largeur des travées,
positionnement des climatiseurs, piliers, etc.), et organisationnelles, du point de vue des
modalités du rapprochement physique du groupe à l’occasion du déménagement.
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Les tensions se manifestent entre les micro-zoning proposés par les équipes et les versions
fournie par la direction, établies par le cabinet d’aménagement AOS.
Sans rentrer dans le détail des ajustements qui vont avoir lieu à partir de ce moment là,
retenons l’instauration d’une dynamique davantage marquée par la frustration et l’incertitude
avec comme corollaires, la colère, le désinvestissement ou la peur.
De ce fait, les caractéristiques de la dynamique de projet sont à prendre en compte au même
titre que les caractéristiques techniques du projet pour en évaluer les conséquences en termes
de risque global pour l’entreprise.
2.2.2. Les risques liés au facteur « dynamique du projet »
Les risques identifiés sont relatifs à l’instauration d’un climat d’incertitude et de suspicion qui
concerne des questions fondamentales de maintien de l’emploi à Intertechnique.
Ce climat s’étaye sur les projections que font les salariés de leur travail futur dans les
conditions du rapprochement physique avec le groupe Zodiac et perçues comme imposées par
lui.
Ces contraintes portent en particulier sur des objectifs de partage d’espace et de mutualisation
des moyens :
� Le partage des espaces de travail, laisse entrevoir des risques de confusion dans les rôles
et les attributions de fonctions à venir. C’est le cas classique des métiers d’assistance
réunis en un même bureau et soumis au fil du temps à des demandes de suppléance par
exemple sur les périodes de congés pour commencer.
� Les projets à plus ou moins long terme d’harmonisation et de mutualisation des moyens
de travail font craindre quand à eux, une réduction des effectifs de par le nécessaire
recouvrement des postes.
� La forte densité des plateaux, en particulier sur les plateaux de production, fait craindre
l’impossibilité d’intégrer de nouveaux personnels malgré les besoins que laissent espérer
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les derniers marchés remportés. Ici, l’ambivalence entre la perception du contexte réel du
marché et les décisions d’implantation à forte densité, génère au-delà de l’incertitude, une
perte de confiance dans les orientations managériales.
Les conséquences sont à analyser en termes de risques psycho-sociaux. C’est-à-dire de risques
portant atteinte d’une part à l’intégrité et à la santé psychique des personnes, d’autre part aux
performances du travail effectué et au maintien de la cohésion sociale et de la culture de
l’entreprise.
2.3. Le facteur de risque lié aux modifications des conditions de travail
L’analyse des risques liés aux modifications des conditions de travail repose sur un traitement
spécifique des indicateurs recueillis. Ce traitement correspond à une analyse ergonomique du
travail qui a pour but de confronter ces indicateurs à la réalité de l’activité de travail.
En principe, l’analyse ergonomique est utilisée en amont de la conception d’un nouvel outil
ou d’un nouvel environnement et consiste à projeter dans cet environnement futur les
caractéristiques de l’activité actuelle que l’on souhaite voir s’y reproduire. Un cycle
d’itération tout au long du projet vient ajuster les fonctionnalités du nouvel environnement
aux besoins définis de l’activité future.
L’analyse ergonomique peut aussi être utilisée à posteriori et il s’agit alors d’une démarche de
correction. Celle-ci vise à établir un compromis entre les caractéristiques de l’activité que l’on
aurait souhaitée voir se reproduire dans le nouvel environnement et les contraintes imposées
par un environnement qui n’a pas intégré au départ les caractéristiques souhaitées.
Ces caractéristiques peuvent être exprimées en termes de type de production, de moyens de
réalisation ou encore de mode d’organisation du travail, etc.
Dans la situation présente d’Intertechnique, on a défini, quelles qu’en soient les raisons, des
caractéristiques de l’activité future que l’on souhaite installer dans le nouvel environnement.
Celui-ci est alors conçu en fonction ; et dans ce cas, la question du maintien à l’identique des
conditions actuelles de travail ne se pose pas. On se trouve d’un point de vue ergonomique,
dans une démarche de conduite du changement et ce qui est à envisager, ce sont les modalités
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et le calendrier des modifications à introduire dans les procédés actuels de travail pour les
faire tendre progressivement vers les caractéristiques attendues de l’activité future.
Soit le bâtiment est conçu pour recevoir à l’identique l’activité actuellement réalisée. Le
projet doit alors être en mesure d’établir par avance le delta entre les conditions futures
offertes et les conditions actuelles à reproduire ou à améliorer. L’expertise présente est
mandatée dans ce second cas de figure.
Nous avons donc relevé un certain nombre de modifications induites par les choix effectués
ou imposés par le projet. Les indicateurs utilisés sont comme précédemment, puisés dans les
données qui nous ont été transmises, c’est-à-dire qu’elles doivent être considérées comme
limitées car non appuyées sur une analyse ergonomique du travail.
Les modifications des conditions de travail, que laissent transparaitre les inquiétudes
exprimées dans les entretiens portent sur divers thèmes que nous avons regroupés sous deux
rubriques. Chacune correspond de notre point de vue, à des niveaux de risques différents :
Le premier niveau de risque concerne les modifications de l’organisation du travail. Elles sont
dues à des changements dans les moyens mis à disposition pour réaliser le travail.
Ces changements peuvent se regrouper sous quatre rubriques :
� Les changements dus aux choix d’homogénéisation du mobilier.
� Les changements induits par la nouvelle configuration des espaces de travail.
� Les changements liés à l’insertion du bâtiment dans le site.
Le second niveau de risque concerne les modifications des conditions de réalisation internes
du travail. Nous décrivons ici les changements que subissent les processus socio-cognitifs de
l’opérateur humain dans un environnement de travail marqué par la généralisation des espaces
ouverts et nous en analysons les conséquences en termes de risques psycho-sociaux.
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2.3.1. Les modifications de l’organisation du travail
Les modifications de l’organisation du travail qui sont à prévoir concernent les changements
dans les moyens physiques donnés aux salariés pour réaliser leur travail, qu’il s’agisse des
moyens présents sur leur poste de travail, dans leur environnement immédiat ou plus
largement au sein du bâtiment et sur l’ensemble du site.
2.3.1.1. Les modifications de l’organisation du travail induites par un mobilier non adapté et des pertes de moyens propres de travail.
Les modifications du poste de travail induites par le choix d’une homogénéisation des
mobiliers, au moins dans les espaces ouverts, sont exprimées en terme de non prise en compte
des besoins spécifiques pour le choix des moyens de travail et ce malgré les choix effectués
dans le cadre du groupe de travail.
On retrouve ici les sentiments de colère et de spoliation autour des choix imposés des plans de
travail, des types d’armoires et de leur nombre et plus largement pour tout ce qui est vécu
comme une perte à titre personnel de moyens propres, de rangement, de stockage,
d’impression, etc.
La question de la dématérialisation des traces du travail, est une question sensible qui peut
rejoindre des aspects psycho-sociaux de sentiment de dépossession avec ses conséquences sur
les processus d’identification au travail.
Cette hypothèse nous est imposée par le volume important et la vivacité de ton utilisés pour
exprimer ces craintes en des termes pourtant très sommaires comme par exemple le manque
d’espace de débattement pour ouvrir les portes des armoires.
Sur ce plan très pragmatique, l’homogénéisation des moyens de travail peut effectivement
avoir pour conséquence de fournir aux opérateurs des conditions non adaptées à leur activité
réelle.
Par exemple, sur la question des plans de travail, nous avons recueilli trois requêtes de
besoins spécifiques, que l’on peut d’ailleurs penser non exhaustives :
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CONFIDENTIEL
� Le besoins de comptoirs au service des payes permet de garantir la discrétion des
documents posés sur le plan de travail lors de la réception de salariés à ces mêmes
comptoirs.
� Le besoin d’un plan de travail d’une surface plus importante pour les concepteurs qui
utilisent deux écrans (une unité PC et une station de conception) ou pour les préparateurs
de pc à DSI qui se voient contraints à des allées venues multipliées entre leur poste de
travail et le laboratoire de préparation.
� De la même façon, un besoin de surface spécifique semble requis pour les dessinateurs qui
travaillent sur des plans de grande dimension.
Cumulée avec l’implantation en ilots des postes de travail, la réorganisation des équipes en
« cellule projet » laisse entrevoir un éclatement des métiers qui interroge les opérateurs sur
des problématiques d’isolement professionnels, notamment de certains opérateurs très
spécialisés, déjà en situation d’exclusion par rapport à leur population métier et souffrant de
cette exclusion.
Outre que le nombre réduit des armoires prévues ne permettra plus aux dessinateurs de les
positionner de façon à créer une surface appropriée aux plans de grande dimension, leur
restriction est avant tout ressentie comme une contrainte impactant les capacités de rangement
et donc la facilité d’accès aux documents.
La durée de vie des besoins d’accès à un dossier pouvant recouvrir celle d’un programme,
cela conditionne l’importance des volumes de données à conserver à disposition.
Face à cette exigence, l’option du projet semble justifiée par l’objectif de restriction de ce
volume et s’orienter en conséquence vers une externalisation des services de numérisation et
de stockage des données.
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2.3.1.2. Les modifications de l’organisation du travail induites par une nouvelle configuration de l’espace dans le bâtiment
Les modifications de l’organisation du travail induites par la nouvelle configuration de
l’espace dans le bâtiment sont exprimées en termes de contraintes supplémentaires de gestion
des espaces communs et de conséquences liées à la circulation dans les espaces ouverts,
notamment pour les personnes extérieures à la société.
En ce qui concerne les espaces communs à partager, on note en premier lieu les difficultés à
les imaginer et à s’y projeter. Par exemple, les lieux dit d’échange, sont perçus comme des
endroits « d’intimité » c’est-à-dire restreins et reculés où l’on peut se retrouver en petit
nombre pour travailler sans gêner les autres personnes sur le plateau. Paradoxalement, ces
petits espaces ne sont pas envisagés comme des moyens efficaces pour garantir la
confidentialité d’un échange téléphonique, qu’il soit privé ou professionnel.
Ne l’est pas davantage le poste de travail lui même, duquel on ne s’imagine pourtant pas
pouvoir s’éloigner pour téléphoner, ne serait-ce que pour avoir les informations des dossiers à
disposition lors de l’échange.
Si le nombre des salles de réunions est perçu globalement satisfaisant, la question posée est
celle de l’accès et de la circulation sur le plateau, des visiteurs extérieurs.
Les interrogations portent sur la confidentialité des échanges précédemment mentionnés et au-
delà, sur la sécurisation des postes de travail dans cet environnement ouvert à divers flux de
circulation entre les bâtiments et entre les étages.
2.3.1.3. Les modifications de l’organisation du travail induites par les modalités d’insertion du bâtiment dans le site.
Ce sont à nouveau des pollutions sonores et visuelles qui sont invoquées pour décrire les
conséquences des flux de déplacement vers le restaurant comme vers les coins café ou de
détente.
Sur le registre capacitaire, notons aussi les interrogations d’absorption des rampes d’accès du
parking aux heures d’affluence. Sachant qu’aujourd’hui deux accès parking de plein pied
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existent alors que demain il est prévu qu’un seul accès par rampe pour environ 150 salariés
supplémentaires. Dans le même registre la répartition du nombre de sanitaires entre hommes
et femmes laisse présager des contraintes d’utilisation ; en effet, il n’y a pas assez de
sanitaires hommes au regard du nombre de salarié masculin amené à être présent dans les
nouveaux bâtiments.
Hors périmètre de la présente expertise, nous notons de fortes interrogations concernant la
capacité des moyens de restauration (en particulier la modification des plages horaires) et les
nuisances qu’occasionnerait une éventuelle sandwicherie dans le bâtiment.
Les plus fortes interrogations concernant les modifications de l’organisation du travail
induites par les modalités d’insertion du bâtiment dans le site rejoignent la question du
redéploiement des activités industrielles notamment dans leurs relations avec les équipes
transférées dans le nouveau bâtiment. On retrouve là les craintes liées à l’éloignement des
moyens de test et de production en regard des équipes de conception. Ces craintes sont
motivées par des préoccupations sur la pérennité de ces activités sur le site et sont en lien avec
le déploiement de moyens de production à l’étranger.
Sans exhaustivité aucune, nous pouvons citer à titre d’exemples qui mériteraient d’être
approfondis et étayés par des observations, la séparation entre les moyens logiciels et leurs
moyens de test au D7 et l’éloignement des méthodes par rapport aux développeurs au D4.
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3. Le travail en open-space
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3.1. Différents types d’espace de travail
Il faut distinguer sur les premiers projets d’implantation qui sont proposés dans le cadre des
nouveaux bâtiments plusieurs types d’espaces de travail :
� le bureau individuel : bureau cloisonné, c'est-à-dire séparé des autres espaces par une
cloison pleine allant du faux plancher au faux plafond, conçu pour une seule personne.
� le bureau collectif : bureau cloisonné conçu pour 2 à 7 personnes environ. L’idéal étant de
ne regrouper que les personnes qui travaillent réellement ensemble. On parle aussi de
bureau en mode projet avec une gestion des bureaux en fonction de l’évolution des projets
et de la taille des équipes de chaque projet.
� le bureau dit en « peigne » : série de bureaux collectifs cloisonnés, c'est-à-dire séparés par
des cloisons pleines, mais avec une ouverture sans porte donnant sur chaque bureau
collectif voisin. Un couloir sans porte permet donc une circulation entre les différents
bureaux.
Par ailleurs, la norme NFX 35-102 (confère annexes) indique un certain nombre de
caractéristiques à respecter afin de garantir un niveau de confort et de bien être au travail dans
ces espaces.
3.2. L’espace par poste de travail comme indicateur de risques ?
La norme prévoit en effet un ratio minimal de 10m2 par personne et de 15m2 lorsqu’il s’agit
d’une activité à forte itération (communication téléphonique,…). Ce qui semble important de
retenir dans la logique de construction de cette valeur normative ceux sont :
� les éléments de circulation dans l’espace de travail : espaces de dégagement, de
débattement,… la norme ne prenant pas en compte les espaces de circulation collectifs,
donc à rajouter ;
� les dimensions du poste de travail et du mobilier complémentaire (armoires, caissons,…)
qui sont autant d’espace pris au sol ;
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Il faut donc appréhender cette norme en fonction de l’ensemble de la dotation mobilière et des
conditions de circulation dans l’espace sachant qu’une largeur minimale de 80cm doit être
laissée systématiquement pour quitter son poste de travail, passer entre le mobilier et
évacuer les lieux en cas de besoin. Un des risques potentiel du fait de la dotation mobilière
jugée insuffisante par les salariés est la constitution de dossiers aux pieds des bureaux, dans
les passages,… contraignant ainsi les évacuations.
L’espace par poste de travail donne également une indication sur la distance qui va séparer les
salariés les uns des autres. Plus la distance entre les postes de travail est réduite et plus la
contrainte de bruit va être élevée. Au regard de la nature des activités concernées par le
déplacement dans les nouveaux locaux il n’y a pas de risques physiques (lésions auditives) en
lien avec le bruit. Néanmoins on va plutôt évoquer la notion de fatigue mentale du fait d’une
exposition continue à des sources de bruit qui vont venir perturber le fonctionnement cognitif
(mémorisation, concentration, réflexion,…) et de ce fait le niveau de productivité.
Autre élément induit par le niveau de densité : les marges de manœuvre dans l’implantation
des postes de travail. Plus l’espace est réduit et moins il y a de combinaisons possibles
pour disposer les postes de travail. Plusieurs conséquences peuvent découler de cette
limitation des marges de manœuvre :
� des postes de travail mal orientés par rapport aux sources de lumière et donc des effets
d’éblouissement et/ou des reflets sur les écrans. Il n’y a pas de dégradation de la vue
associée à ces phénomènes par contre cela génère une fatigabilité plus importante et des
tensions musculaires du fait de postures contraintes.
� des postes de travail mal positionnés par rapport aux bouches de ventilation et donc des
effets de courant d’air sur les épaules mais aussi de la sécheresse rétinienne ; Les risques
identifiés sont de l’ordre de l’augmentation des pathologies respiratoires (le plus souvent
bénin : angine, rhume,…).
3.3. Un collectif de travail sous contraintes
La mise en place de bureaux collectifs modifie les comportements au sein du groupe de
travail. Il y a nécessité pour chacun de s’adapter aux contraintes individuelles dans un
espace collectif : température, luminosité, ventilation naturelle, échanges verbales,
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déplacements,… jusqu’aux odeurs. L’ensemble de ces contraintes vont peser sur l’individu
qui va être sans cesse en veille, en alerte à la fois pour respecter ces règles collectives et
s’assurer que l’ensemble du collectif les respecte. Le risque étant de voir se développer des
tensions interindividuelles et/ou collectives pour faire respecter ces contraintes. Et de ce point
de vue plusieurs cas de figure sont possibles : soit le collectif adopte un comportement
d’exclusion de l’un des leurs (isolement, brimades,…) estimant qu’il ne respecte par les
contraintes imposées soit c’est un individu qui va faire subir à l’ensemble du collectif un
certain nombre de contraintes (voix forte, appels téléphoniques fréquents,…).
Dans ces situations il est souvent tentant de rapporter la cause des dysfonctionnements aux
personnes alors que la source du problème se trouve plutôt dans les contraintes spatiales qui
par écho vont générer des contraintes comportementales.
Autre champ de contraintes pour le collectif de travail : les « pollutions » visuelles et
acoustiques qui sont d’autant plus élevées que l’espace est occupé : augmentation des flux
de passages, de mouvements, bavardages, conversations téléphoniques,… Autant de
situations qui vont générer une perturbation cognitive avec l’ensemble des conséquences
potentielles associées : risque d’erreurs accrus, fatigue nerveuse et mentale, tensions dans le
collectif,…
3.4. L’espace symbolique
L’organisation des espaces de travail en bureaux collectifs modifie les représentations
symboliques liées à sa place dans l’entreprise. Le salarié n’a plus un bureau attitré avec une
étiquette à son nom sur la porte ; il devient un salarié anonyme dans un espace anonyme dans
lequel son bureau se situe aujourd’hui à tel endroit et peut demain en quelques minutes se
situer ailleurs. Son espace n’est plus délimité strictement mais ouvert à tous.
L’ensemble de ces éléments va participer à la construction d’une nouvelle représentation sur
la position de chacun dans l’entreprise. Du statut de personne identifiée avec une position
déterminée on passe au statut de salarié anonyme dans un espace modulable. Et c’est ici que
commencent les premiers pas vers une nouvelle configuration des implicites sociaux entre
l’entreprise et le salarié : ma position dans l’espace configure la valeur que l’entreprise
m’attribue ? je ne peux pas m’approprier/personnaliser mon espace de travail alors pourquoi
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m’investir dans cette entreprise qui ne me reconnaît pas ? j’occupe une place modulable et
interchangeable à l’instar de ce que l’entreprise projette sur moi ?
Les cadres intermédiaires sont souvent les plus sensibles à ce type de modification dans leurs
espaces de travail car ils se retrouvent dans des espaces au milieu de leurs équipes et donc
sans «distinction » particulière. Par ailleurs, le fait d’être implanté au cœur de leurs équipes
fait naître chez leurs collaborateurs le sentiment légitime ou non de flicage/surveillance. Et
ceci pouvant générer des tensions interindividuelles voir collectives si le comportement
managérial n’est pas adéquat. Les régulations dans le travail pourront ne plus trouver un
espace clos pour s’exprimer et les insatisfactions/remarques du manager se trouveront alors
portées à la connaissance de tous ce qui peut être vécu comme une brimade, un affront.
Les risques associés à de tels schémas sont potentiellement à rechercher du côté de la perte
d’investissement dans l’entreprise, moindre motivation, tensions avec le management,
attachement aux formes de reconnaissances trébuchantes et moins aux reconnaissances
symboliques,…
3.5. Des ressources partagées
Il est prévu par niveau des espaces reprographie isolés des espaces de travail par des cloisons
pleines. 4 espaces reprographie sont prévus par niveau. Lors de nos investigations nous avons
pu observer que les salariés disposent actuellement d’imprimantes à leur poste de travail. Le
dispositif actuel permet à chacun d’éditer sans avoir à se déplacer à chaque fois et de pouvoir
lancer des impressions sans que le contenu puisse être porté à la connaissance de tous.
C’est l’usage des impressions qui va être modifié du fait de l’installation de photocopieuses
partagées : diminution des impressions spontanées, utilisation de la lecture sur écran,… mais
présente un certain nombre de risques potentiels : gestion de la confidentialité, fréquence des
déplacements dans les espaces donc perturbation du collectif,…
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4. Conclusion
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4.1. Les grands absents : les acteurs de la prévention
La dynamique du projet n’a pas voulu en amont intégrer les acteurs de la prévention et le
CHSCT en premier lieu dans la définition du projet. Un groupe de travail a bien été mis en
place mais celui-ci n’a pas vocation ni prérogative à prendre en charge les questions relatives
à la prévention des risques.
Si la Direction a rempli très largement son devoir d’information elle n’a pas laissé possible de
marges de manœuvre au CHSCT pour qu’il puisse jouer son rôle d’analyse du projet du point
de vue de l’évolution des conditions de travail. La plupart des recommandations émises par le
CHSCT sont arrivées trop tardivement par rapport à l’avancée du projet pour pouvoir être
intégrées par la maîtrise d’œuvre.
L’absence de participation du CHSCT dans le cadre de ce projet conduit nécessairement à une
prise de risque de la part de la Direction du point de vue de la santé au travail des salariés.
L’aménagement des espaces de travail, l’implantation des postes, les éléments de confort au
travail,… n’ont pas été projetés avec l’instance en charge de la prévention des risques. Du
coup il n’est pas impossible du tout qu’un certain nombre d’actions correctives seront à faire
au moment de l’usage des nouveaux bâtiments. Egalement, une dynamique de mise à jour du
Document Unique de Prévention des Risques devra être anticipée pour tenir compte de ces
nouvelles conditions de travail.
4.2. Une modification des organisations du travail en toile de fond
Le fait que les nouveaux bâtiments seront partagés par les salariés du Groupe Zodiac et
Intertechnique va naturellement impliquer un certain nombre de modifications
organisationnelles à court et moyen terme. Ces questions organisationnelles n’ont pas fait
l’objet d’un débat dans les instances représentatives (et en particulier le CHSCT) alors
qu’elles vont immanquablement devenir réalité pour les salariés dans les premières semaines
de leur cohabitation.
Ces questions organisationnelles que l’on peut nommer sous le terme de mutualisation
« rampante » vont modifier de fait le travail du point de vue des périmètres de fonction, du
contenu des postes de travail, des interactions, charges de travail…
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Il s’agit également de cultures de travail différentes entre ces deux populations. Ce mix
culturel n’a pas été préparé ni anticipé avec les collectifs de travail.
4.3. De nouvelles conditions de travail
Les prestations offertes dans les nouveaux bâtiments seront bien meilleures que celles offertes
dans les locaux actuels : climatisation, espaces neufs,… néanmoins cette donnée ne dit rien
d’une évolution positive des conditions de travail lesquelles doivent être analysées en prenant
en compte l’ensemble des nouvelles situations de travail : implantations, densité, relations de
proximité/contiguïté,… et de ce point de vue vont émerger de nouvelles contraintes en
particulier en lien avec des implantations en open-space. Le vécu des salariés dans ces
nouveaux espaces de travail va être déterminant pour juger du caractère positif ou négatif de
l’évolution des conditions de travail.
De ce point de vue il appartient au CHSCT de rester en veille lors des premiers temps
d’installation dans les futurs locaux. A la fois dans la dimension sécurité des locaux (respect
des normes d’évacuation) mais également dans la dimension conditions de travail (bruit,
densité,…).
4.4. La vie dans le futur site de Plaisir
L’arrivée d’environ 150 salariés supplémentaires nécessite des adaptations en terme
d’infrastructure d’accueil : parking, restauration, ressources partagées,… Dans le périmètre de
l’expertise ces points n’ont pu être traités néanmoins le CHSCT devra être vigilant à ce que
l’ensemble des infrastructures soit en adéquation avec les besoins.
Il en va de même pour le réaménagement des espaces de travail dans les anciens locaux. Sur
ce point des réaffectations sont annoncées par la Direction mais pour le moment le CHSCT
n’est pas associé à cette démarche. Des modifications importantes des conditions de travail
sont attendues du fait de ce projet. Enfin, l’arrivée d’autres entités du Groupe Zodiac est
annoncée.
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4.5. Les risques sur la santé et les conditions de travail
Des risques potentiels peuvent émerger ou s’accentuer du fait de la non mise en œuvre de
mesures de prévention des risques en lien avec le projet :
• Du fait de la diminution des espaces physiques de régulation (du fait des open space)
il est à craindre une augmentation des risques psychosociaux et en particulier des
violences internes qui pourraient dégénérer en situations de harcèlement ou de
discrimination ;
• Dans ce même registre le travail en espaces collectifs pourrait induire une
augmentation des symptômes de stress du fait des contraintes de vie dans ces espaces :
difficulté à se concentrer, à mémoriser, risque d’erreur, productivité moindre,…
• La fatigue mentale pourrait également s’accentuer du fait des perturbateurs
acoustiques et visuels ;
• La sécurité en cas d’évacuation devra être surveillée en lien avec le manque de
rangements et la création de stocks dans les circulations.
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Annexes
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NORME FRANÇAISE NF X 35-102 CONCEPTION ERGONOMIQUE DES ESPACES DE TRAVAIL EN BU REAUX 1) DOMAINE D'APPLICATION
Le présent document définit les principales caractéristiques des locaux de travail à usage de bureaux prévus pour différentes tâches nécessitant l'emploi d'équipements tels que : téléphones, télécopieurs, microordinateurs, modems, lecteurs de cédérom, imprimantes, photocopieurs, systèmes particuliers de sonorisation, multimédia, télétravail, téléconférence, etc. Le présent document s'applique aux locaux à usage de bureaux, pour travaux administratifs ou similaires lors de la conception de bâtiments neufs ou de la transformation de bâtiments ou de bureaux existants et il doit notamment être utilisé pour - concevoir des locaux neufs, des matériels ou des mobiliers, quand tâches et utilisateurs sont encore inconnus - aider à aménager des locaux changeant d'affectation et à choisir le matériel et mobilier quand les tâches ne peuvent être étudiées a priori - orienter le dimensionnement des locaux et leurs aménagements, le choix du matériel, l'implantation du mobilier, en fonction des exigences des tâches et des utilisateurs. Le présent document est destiné aux personnes qui conçoivent les locaux à usage de bureaux et les postes de travail : architectes, bureaux d'études, services de méthodes, fabricants de matériels, responsables. Il peut être utilisé également par les inspecteurs du travail, médecins du travail, membres de CHSCT et d'autres partenaires dans le processus de conception ou de correction des postes de travail. Le présent document ne traite pas des implantations liées à des activités particulières telles que - les salles de contrôle - les locaux à pollution spécifique pour lesquels les exigences de santé et de sécurité font l'objet de textes réglementaires - les salles de réunion. Pour l'utilisation des valeurs proposées ci-dessous, ne sont pas considérés comme locaux à usage de bureaux ceux nécessitant des installations particulières : laboratoires, expositions, vente, accueils, standards téléphoniques, cabines d'interprétation, services médicaux, examens psychotechniques, métrologie, traitement informatique, réunions, archives, etc. et les locaux devant recevoir des mobiliers exceptionnels. 2) PRINCIPES ET DEMARCHES D'INSTALLATION D 'UN BUREAU
Il convient que les postes de travail permettent la réalisation de l'ensemble des tâches de façon confortable et efficace, y compris pour le travail continu en équipes alternantes. Le choix entre les bureaux individuel, collectif, polyvalent ou paysager se fait suivant les tâches à accomplir et l'organisation du travail. L'installation de bureaux devrait être précédée d'une analyse ergonomique permettant de mettre en évidence des éléments pouvant jouer un rôle fondamental sur l'agencement des espaces. En particulier il convient de tenir compte - de la population cible - des tâches et des activités réelles de travail - des équipements requis - des gestes et des postures de travail requis - de l'adaptabilité aux différents tâches et différentes populations.
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La démarche de conception d'un bureau est présentée sous forme d'un schéma de principe (voir figure 1 qui détermine les éléments à analyser et les éléments de choix à prendre en compte selon les résultats de l'analyse. Cet algorithme peut servir aussi bien pour la conception de postes que pour leur correction. Phase I - Analyse du travail Après une analyse des tâches et de la population cible, on procède à l'analyse de l'activité réelle. Les résultats de cette analyse permettent de déterminer l'équipement et de choisir entre le bureau individuel ou collectif. Ce choix détermine ensuite le choix de l'équipement supplémentaire et du mobilier. Phase Il – Spécifications Les superficies respectives des divers espaces individuels et collectifs dépendent du mobilier et des équipements choisis. L'implantation de ceux-ci dépend en outre de contraintes architecturales et d'exigences relatives aux ambiances physiques. 2.1 POPULATION CIBLE
L'espace nécessaire pour le bureau dépend de la population d'utilisateurs, dont il convient de prévoir les caractéristiques anthropométriques. Il convient aussi de distinguer plusieurs catégories d'utilisateurs - personnel de bureau - personnel d'entretien et de service - visiteurs - clients. La conception d'ensemble des locaux doit permettre l'usage des accès, des passages et des mobiliers aux personnes à mobilité réduite. 2.2 TACHES ET ACTIVITES
Le bureau doit être installé en fonction des tâches auxquelles il est destiné. La démarche d'installation d'un bureau doit donc prévoir l'analyse des tâches et des activités futures afin de pouvoir trouver un bon compromis entre la polyvalence des locaux et leur adaptation spécifique. L'aménagement des bureaux doit permettre le fonctionnement ou l'évolution de fonctionnement en horaires décalés (travail posté) et en temps partiel. Les définitions de tâches et activités sont précisées dans la norme NF EN 614-1:1995. 2.3 équipement Outre l'équipement usuel, ou l'équipement informatique, très souvent des équipements spéciaux sont utilisés, soit pour accélérer la communication (fax, téléconférence, etc.), soit pour accroître la capacité d'analyse de données (multimédia). L'ensemble des contraintes de ces équipements doit être pris en compte : encombrement, complexité, spécificité d'usage, disponibilité, connectique. Il est souhaitable de concevoir le mobilier de façon à réduire le plus possible l'information et la formation nécessaires à sa bonne utilisation. Lorsque des dispositifs spécifiques sont nécessaires pour ajuster le poste de travail de manière confortable et efficace, par exemple en réglant la hauteur du siège ou du plan de travail ou en adaptant une distance de vision, une bonne information et une formation convenable à l'emploi de tels dispositifs doivent être assurées à l'utilisateur. Il est recommandé que les utilisateurs sachent pourquoi et comment se règlent les mobiliers et autres dispositifs (par exemple le support d'écran). 2.4 postures de travail
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Il convient que l'aménagement du poste de travail, l'organisation et le déroulement des tâches et l'implantation du mobilier favorisent le changement volontaire de posture car la charge musculaire statique entraîne fatigue et courbatures et peut être à l'origine des troubles musculo-squelettiques chroniques. Les postures adoptées par les utilisateurs, et le besoin d'en changer, sont très fortement influencées par les exigences des tâches et en particulier par l'organisation du travail. 2.5 adaptabilité Dans la conception du poste de travail, outre les exigences relatives à l'exécution des tâches, il convient également de tenir compte de la maintenance, de l'accessibilité, et de la capacité du poste de travail à s'adapter au changement des besoins (adaptabilité, souplesse). Il est recommandé d'intégrer à la conception du poste de travail la facilité d'accès pour la maintenance de sorte que ces travaux de maintenance ne provoquent pas ou peu d'interruption dans l'accomplissement du travail. La conception du poste de travail doit prévoir l'adaptation du mobilier et des matériels à l'évolution des besoins et des circonstances. 3 FORMES ET DIMENSIONS DE LOCAUX DE BUREAUX
La conception des locaux doit permettre la flexibilité et la modularité nécessaire à leur utilisation polyvalente. Elle doit tenir compte non seulement des fonctionnalités envisagées mais aussi des contraintes liées aux ambiances physiques (éclairage, bruit, ambiance thermique, vibrations, électricité statique) aux passages de câbles et canalisations dans des planchers techniques ou des faux-plafonds, ainsi qu'aux contraintes architecturales. Cela conduit à considérer la répartition des surfaces, les dimensions, la forme des locaux et la modularité. 3.1 REPARTITION DES SURFACES
Dans la conception de locaux de bureaux, plusieurs espaces doivent être considérés - l'espace à destination individuelle qui comprend - le débattement du poste ; - l'emplacement des meubles et autres équipements d'utilisation permanente ; - l'emplacement de ceux d'utilisation occasionnelle. - l'espace à destination collective qui comprend - l'espace de circulation ; - l'espace de communication. L'espace de débattement du poste est celui où s'inscrivent les mouvements de l'opérateur inhérents à l'exécution des tâches. Selon que leur utilisation est permanente ou occasionnelle, les meubles et autres équipements peuvent être plus ou moins proches de l'opérateur. L'espace de circulation doit permettre le passage d'au moins une personne ou, s'il y a lieu, de deux personnes se croisant sans encombre. L'espace de communication permet des échanges verbaux, visuels, gestuels et autres entre opérateurs. 3.2 DIMENSIONS
La surface minimale recommandée est de 10 m 2 par personne, que le bureau soit individuel ou collectif. Si, d'après l'analyse du travail, il est nécessaire d'ajouter du mobilier, des équipements ou d'autres dispositifs, cette surface doit être augmentée en conséquence. Si l'activité principale des occupants d'un bureau collectif est fondée sur des communications verbales, il est nécessaire de prévoir au moins 15 m2 par personne pour limiter les interférences entre locuteurs, sauf s'il s'agit de
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communications entre les occupants eux-mêmes. 3.3 FORME DES LOCAUX
La forme des locaux doit permettre à chacun de s'y repérer, il est donc recommandé d'éviter, par exemple, les formes cubiques ou sphériques avec répétition de formes identiques. De plus, pour des motifs de résonance acoustique, il est souhaitable que les trois dimensions des locaux soient des nombres premiers entre eux. En règle générale la longueur doit être inférieure à deux fois la largeur pour des bureaux de moins de 25 m2, et trois fois pour des bureaux de plus de 25 m2. La largeur des bureaux sera fonction du système modulaire choisi, mais doit permettre des agencements de postes variés sans qu'un bureau soit face à une paroi. La longueur doit tenir compte des dimensions des placards muraux ou d'armoires. La hauteur libre entre plancher et plafond doit être d'au moins 2,50 m, voire 2,70 m pour permettre un éclairage indirect (les luminaires doivent être installés à au moins 0,6 m du plafond). Les circulations doivent avoir une largeur minimale de 0,80 m pour autoriser le passage d'une personne et 1,50 m pour que deux personnes puissent se croiser. Les machines bruyantes (photocopieuses, imprimantes,...) devront être isolées ou installées dans un local à part. Calcul de la surface minimum d'un bureau par une pe rsonne Mobiliers - bureau (1,2 m x 0,8 m) 0,96 m2
- matériel informatique 0,64 m2
- siège 1 m2
- siège - visiteur 0,8 m2
- armoire rangement 0,6 m2
- débattement devant l'armoire 0,6 m2
- débattement pour déplacer le siège 1,2 m2
- plan pour déposer les documents prioritaires 0,6 m2
- Circulation : 2,88 m2
- largeur du passage = 0,8 m - longueur du passage = 3,6 m (1 ) Communication : 0,5 m2
Total 9,78 m2
NOTE (1)La longueur du passage correspond à la longueur totale de mobilier. Calcul de la surface minimum d’un bureau occupé par deux personnes - mobiliers (2 x 6,4 m2) 12,8 m2
- circulation 2,88 m2
- évacuation (3,6 mx x 1,5 m) (1) et 5,40 m2
- communication (2 x 0,5 m2) 1 m2
- Total 22,08 m2