Comment devrait évoluer la communication d’une marque sur les réseaux sociaux alors que l’entreprise doit faire face à une crise médiatisée ?
TUTEUR DE MÉMOIREPIERRE BAILLY
DIRECTEUR DE MÉMOIREBEJAOUI-MAUDUECH SAMYRESPONSABLE PÔLE DIGITALGROUPE MED’COM
BOURHIS MélanieCOMAL 4 APROMOTION 2016
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDESISCOM LYON PROMOTION 2016
LA COMMUNICATION DE CRISE ET LES RÉSEAUX SOCIAUX
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier toute l’équipe pédagogique de l’ISCOM Lyon et leurs
intervenants professionnels pour les apports théoriques et pratiques tout au long de mon
cursus, qui m’ont permis de mieux appréhender le monde de la communication.
Je remercie également vivement mon directeur de mémoire M. Samy
BEJAOUIMAUDUECH, Responsable Pôle Digital du groupe MED’COM, pour son soutien et
son suivi lors de la rédaction de ce mémoire.
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Introduction
Avec 68% des individus inscrits sur les réseaux sociaux, la société s’est fortement
digitalisée. De plus, 42% de la population mondiale est présente sur Internet, soit plus de 3
milliards de personnes : c’est un changement majeur de la société de consommation et 1
comportementale qui a été réalisé grâce à la démocratisation d’Internet. Les internautes,
chaque jour plus nombreux et plus connaisseurs, exigent l’instantanéité des requêtes,
informations et réponses. C’est alors que les réseaux sociaux peuvent devenir un réel
avantage concurrentiel pour l’entreprise (très réactive, délivrant du contenu riche et adapté à
sa cible), mais également une menace présente à chaque jour, parfois source de tensions
au sein même de l’entreprise dans son organisation. Ces crises peuvent engendrer des
changements profonds de la communication (tant dans l’image de marque que dans sa
prospérité et son chiffre d’affaire), du ton employé, des contenus partagés, des interactions
avec les internautes, mais également parfois de tout le branding, comme ce fut le cas pour
Volkswagen avec son slogan “Das Auto” retiré à la suite du scandale sur ses performances
de moteur.
Il faut alors que chaque entreprise s’adapte à ces nouveaux marchés, et aux nouvelles
cibles digitales associées, telles que les baby boomers ou la génération Y, car si elle ne
parvient pas à les appréhender, c’est toute sa réputation et sa pérennité qui seront remis en
cause par le biais de crises digitales, parfois désastreuses. Ces crises ont cependant des
signaux d’alarme, et il est donc crucial aujourd’hui d’étudier tant son environnement que les
bonnes pratiques à mettre en oeuvre pour anticiper et gérer au mieux ces crises sur les
réseaux sociaux. Ainsi, il faut prendre en considération le fait d’embaucher du personnel en
interne ou en externe pour gérer l’image de l’entreprise en tenant compte de ces nouvelles
parties prenantes et des enjeux associés.
Il reste important de noter que chaque événement requière sa propre gestion, mais
également chaque entreprise. Une entreprise en démarrage ne gérera pas les mêmes
problématiques, avec des solutions et moyens différents d’une multinationale. Les contextes
et environnements sont également bien différents. Les préconisations représentent donc un
outil de guidage à prendre en considération, mais qui n’est pas exhaustif. Il est à adapter en
fonction des situations.
1 Internet Live Stats, http://www.internetlivestats.com, consulté le 10 avril 2016
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Partant de ces constatations, il apparaît important de traiter la problématique suivante :
Comment devrait évoluer la communication d’une marque sur les réseaux sociaux alors que l’entreprise doit faire face à une crise médiatisée ? Cette problématique
permettra donc de faire ressortir des bonnes pratiques à mettre en place lors d’une crise
médiatisée, amplifiée sur les réseaux sociaux en vitesse ou en force.
Dans un premier temps, nous aborderons les notions derrière cette problématique, en
analysant les réseaux sociaux au fil du temps, le concept de communauté, mais aussi les
changements opérés dans la gestion de crise depuis l’avènement des médias sociaux. Puis
des études liées à la problématique seront étudiées, et les différentes phases des crises
identifiées et expliquées.
Dans un second temps, des pratiques communes et des cas seront analysés, et les apports
des professionnels et auteurs étudiés seront mis en perspective.
Enfin et pour conclure, des préconisations seront apportées, dans le but d’aider à la gestion
de crise en général, en fonction des trois grandes phases de la crise. Ces recommandations
seront à destination des gestionnaires de communautés et coordonnateurs médias sociaux,
afin qu’ils soient en mesure d’anticiper et adapter leur communication en fonction de
l’intensité de la crise et de son stade.
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I. Mise en contexte de la problématique
A. Historique des réseaux sociaux
Depuis le premier mail envoyé en 1971 par des chercheurs, Internet a bien évolué, et les
modes d’utilisation avec. Mais ce n’est que presque 20 ans plus tard, en 1989, que le Word
Wide Web verra le jour. Conçu par Tim BernersLee, du CERN , l’ingénieur en informatique 2
voulait proposer un outil distribuant l’information d’une manière nouvelle entre les
scientifiques utilisant l’accélérateur de particules du Centre.
En 1994, Justin Hall a décidé de se connecter au monde extérieur, en publiant sur sa page
pendant 11 ans. Son site, Justin’s Links from the Underground, est considéré comme le
premier blog personnel. L’année suivante, Classmates sera créé. Ce premier réseau social
permettait de retrouver ses anciens camarades de classe. Suivront Meetup.com et
Friendster, puis l’avènement massif des réseaux sociaux en 2003 avec la création de
Myspace, WordPress et LinkedIn. Les messages vont plus vite, le monde entier se retrouve
connecté, les sphères professionnelles et personnelles se confondent. La liste continue de
s’ajouter chaque année et les comportements évoluent au fil des années et des tendances,
notamment via TheFacebook qui deviendra par la suite Facebook, le réseau social par
excellence prisé de 1,55 milliards d’internautes . Les utilisateurs y partagent des moments 3
de vie et suivent les aventures de leurs amis et leur famille. Ensuite, Twitter permet la
diffusion instantanée de messages et informations. Très utilisé des journalistes et
influenceurs, 94 % des crises éclosent ou sont relayées sur Twitter . YouTube, et Pinterest 4
sont pour eux deux plateformes permettant de partager pour l’une des vidéos, et pour l’autre
des photos. YouTube propose différents contenus d’utilisateurs : tutoriels, films, interviews,
publicités, etc. tandis que Pinterest est plus dédié à trouver de l’inspiration essentiellement
en décoration et en cuisine.
Grâce à ces nombreux réseaux, chacun a accès aux contenus créés par d’autres
internautes du monde entier, et ce à n’importe quel moment. Cette tendance a été
accentuée par l’arrivée en 2011 de Snapchat. Les membres peuvent, depuis leur
2 Conseil européen pour la recherche nucléaire 3 Le blog du communicant, “Les 50 chiffres à connaître sur les médias sociaux en 2016”, http://www.blogdumoderateur.com/50chiffresmediassociaux2016, consulté le 16 avril 2016 4 VANDERBIEST, Nicolas, « Rétrospective des bad buzz 2015 », < http://www.visibrain.com/fr/blog/livreblancbadbuzz2015 >, 19 janvier 2016, consulté le 30.01.16, p.8
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application, partager des photos et vidéos de leur vie, et profitent de filtres exclusifs
largement relayés sur les réseaux sociaux. Les marques s’en sont en suite emparés pour
diffuser à une clientèle jeune des vidéos d’égéries ou encore des tournages.
En évoluant en même temps que la société, les réseaux sociaux se sont démultipliés et
diversifiés. Certains sites comme 9Gag ou Reddit possèdent une forte communauté
internationale, engagée tant dans l’humour que dans les dénonciations de marques peu
scrupuleuses, notamment Nescafé qui sera expliqué par la suite.
B. La notion de communauté
Selon le Larousse, une communauté est “Ensemble de personnes unies par des liens
d'intérêts, des habitudes communes, des opinions ou des caractères communs”.
Aujourd’hui, le mot de “communauté” désigne plus largement un collectif, un mouvement,
réunissant des personnes sans ressemblances particulières d’un point de vue extérieur, qui
interagissent entre elles autour d’un intérêt commun.
En 1993 déjà, Howard Rheingold définissait les communautés virtuelles comme des
“regroupements socioculturels qui émergent du réseau lorsqu’un nombre suffisant
d’individus participent à ces discussions pendant assez de temps en y mettant assez de
coeur pour que des réseaux de relations humaines se tissent au sein du cyberespace” . 5
Malgré tout, cette utilisation du terme “virtuelle” est contestable, car ces communautés se
reflètent par un ancrage très “réel”, avec des discussions et répercussions qui vont audelà
du virtuel.
Dans l’ouvrage Influence et réputation sur Internet : communautés, crise et stratégie , les 6
auteurs y ajoutent ce rapport au réel en définissant cela comme des groupes partageant un
intérêt commun, un réseau de présences, une possibilité de peser dans un processus de
décision, et une capacité de production économique. C’est là qu’est mise en évidence la
capacité de menaces de tels groupes tant réels que virtuels et l’influence qu’ils peuvent
exercer sur les marques et les politiques.
5 RHEINGOLD, Howard, The Virtual Community: Homesteading on the Electronic Frontier, 1993, p.6 6 CHAZAUD, Nicolas, COUSIN, Hugo, FROSSARD, Fabrice, JEANNEBEYLOT, François, MILLIAN, David, PASQUIER, Martin, VIOLETSURCOUT, Antoine, Influence et réputation sur Internet: communautés, crises et stratégies, Paris, La Bourdonnaye – Collection AEGE, 2013, p.25
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Ces communautés qui évoluent sur Internet s’axent autour de plusieurs générations
sociales, tendant à réduire les différences entre elles. On relève trois grandes générations
d’internautes : les baby boomers, nés avant 1964; la génération X, nés entre 1965 et 1982;
et enfin la génération Y, ou milléniaux, nés entre 1982 et 2000.
La première génération est composée des baby boomers, c’estàdire les personnes entre
52 ans et 70 ans en 2016, nées après la seconde guerre mondiale. Ils utilisent un ordinateur
de bureau pour aller sur Internet, ils y suivent l’actualité économique et politique mondiale,
tout en suivant les nouvelles de leur famille grâce aux réseaux sociaux et plus
particulièrement à Facebook. Ils affectionnent les images et vidéos en très grande partie, à
plus de 25%.
La seconde, la génération X, intègre donc des personnes ayant 36 à 51 ans en 2016. Ils
sont particulièrement actifs en soirée sur Internet. Ils sont assez ouverts à la nouveauté, et
vont là où leur famille est afin de se tenir informés : Facebook surtout, mais aussi Twitter ou
encore Snapchat. Ils achètent moins sur Internet que la génération Y, mais avec des
montants plus importants , avec un équivalent de 266€ par mois en moyenne pour la 7 8
génération X, contre 176€ pour la génération Y qui va suivre.
La troisième grande génération, la génération Y, a entre 16 et 36 ans en 2016. Les
“milléniaux” possèdent un téléphone intelligent et parfois une tablette. Ces personnes se
connectent chaque jour à Internet, et sont des cyberacheteurs. Si on regarde quelques
statistiques, 67% de ces personnes fréquentent les réseaux sociaux , 64% de cette 9
génération les utilisent même pour trouver un emploi. On remarque ainsi que ces réseaux
sociaux, créés pour interagir, s’étendent jusqu’à la sphère professionnelle. Les membres de
la génération Y sont ultraconnectés et ouverts sur le monde. Ainsi, la réputation numérique
est au coeur des enjeux managériaux.
Il est à noter qu’une nouvelle génération fait son apparition sur le net et bientôt le marché du
travail, la génération Z. Nés avec les réseaux sociaux, il est commun pour eux d’avoir grandi
avec une tablette et de s’appuyer sur Internet et tous les réseaux sociaux mis à disposition
pour interagir avec le monde : l’historique Facebook, les implantés Instagram et Snapchat,
les nouveaux Periscope et Peach.
7 Cefrio, “Net Tendances 2013”, http://www.cefrio.qc.ca/media/uploader/Fiche3544ans_final.pdf, consulté le 16 avril 2016 8 Cefrio, “Net Tendances 2013”, http://www.cefrio.qc.ca/media/uploader/Fiche1834ans_final.pdf, consulté le 16 avril 2016 9 Cefrio, “Generation Y = Net Generation”, http://lagenerationy.com/2009/01/29/generationynetgeneration25, consulté le 16 avril 2016
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L’entreprise doit donc savoir s’adapter et s’adresser à ces nouveaux modes de
fonctionnement et parties prenantes, en étant plus réactives et en profitant des nouvelles
opportunités créées par les réseaux sociaux. En effet, ces réseaux sociaux et les
communautés/générations qui y interagissent constituent de nouveaux risques de réputation
pour les marques. Il est devenu plus simple, plus rapide et plus commun de se lier à une
cause par une mention ”J’aime” ou une signature de pétition par un clic, quand auparavant
nous ne nous serions pas arrêté dans la rue pour signer une pétition écrite, par exemple.
Nescafé s’est notamment retrouvé visé par une communauté du site humoristique
participatif 9Gag en 2011. La marque a organisé un concours vidéo basé sur le nombre de
mentions “J’aime” via sa page Facebook. Un utilisateur de 9Gag a donc demandé à la
communauté de voter pour sa vidéo au sujet de son frère handicapé de naissance, et a
comptabilisé plus de 47 000 mentions “J’aime” en quelques heures. La publication a alors
été considérée comme frauduleuse et disqualifiée. Des milliers de commentaires sont alors
déversés sur la page Facebook Nescafé Hongrie puis Nescafé Worldwide pour faire plier la
marque, une page Facebook dédiée est même créée et comptabilise plus de 25 000
membres. Le mouvement a continué de prendre de l’ampleur, si bien que Nescafé a du se
justifier sur les conditions de vote et a annoncé avoir appelé l’internaute. Finalement, elle
donnera le montant du lot (5 000€) à un institut s’occupant de l’enfant handicapé et a
informé qu’il recevra un traitement particulier.
Cet exemple montre bien qu’un problème isolé peut rapidement se transformer en réel
mouvement, et être très néfaste pour l’image de marque, et sa réputation sur Internet. Les
internautes pouvaient voir les commentaires massifs et ainsi peutêtre rejoindre euxaussi le
mouvement, et des personnes à priori sans point commun autre que la fréquentation du site
9Gag se sont unis pour une même cause.
Les marques vont être jugées sur leurs publications et réactions, voire sur leur image ou
concept en général. Les contenus partagés doivent être réfléchis, car il y aura toujours une
communauté de personnes qui critiquera partie ou tout de la publication. Ces communautés
ont réellement pris de l’importance grâce à l’Internet participatif, ou “Web 2.0”, qui leur a
permis de s’exprimer beaucoup plus facilement et rapidement, et la marque doit en tenir
compte en adaptant rapidement sa communication, les contenus partagés, mais aussi le
ton.
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C. Crises avant et après le web 2.0 : quelles différences ?
C’est dans cette société de l’instantanéité que doivent interagir les marques et trouver à la
fois leur place, et leur public. L’année 2003 a marqué un tournant majeur avec l’apparition
du “Web 2.0”. Avec lui, les internautes partagent avis et opinions grâce aux commentaires et
blogs.
Les entités médiatiques valorisent également les pages Facebook, très suivies des
internautes en ce qui concerne la presse en ligne, car ils s’arrêtent souvent au titre
apparaissant directement sur leur fil d’actualité. Depuis cette date, Internet est plus interactif
et réactif, et les internautes n’hésitent plus à partager leur mécontentement. Les marques
sont étudiées et scrutées par le plus grand nombre, et le moindre fauxpas peut se
transformer en réelle crise d’image voire économique pour l’entreprise.
Avant Internet et surtout avant ce virage entrepris en 2003, la marque exerçait une
communication unilatérale maîtrisée, s’adressant à des individus ciblés et directement
connus par la marque. Les opinions naissaient de groupes d’experts, puis étaient repris par
des journalistes, avant d’arriver à l’opinion publique.
Ainsi, pour qu’il y ait crise, il fallait que le problème atteigne les journalistes de la presse et la
télévision pour voir un article ou un reportage dans les jours ou semaines suivants. Les
lecteurs et téléspectateurs allaient ensuite en parler à leur entourage si le problème évoqué
avait assez d’importance.
Mais dorénavant, pour toucher l’opinion, il faut utiliser les différents réseaux sociaux à
disposition de l’entreprise pour s’exprimer et faire valoir sa communication. Les médias
traditionnels et ce “Web 2.0” s’entremêlent dans la fabrique de l’opinion, additionnés aux
contenus créés par les internautes. L’information se propage beaucoup plus rapidement, et
en atteignant une population qui peut être beaucoup plus large.
Entre rappels de produits, publicités critiquées et concurrence vive, il est devenu primordial
d’être présent et de s’exprimer sur les réseaux sociaux. Une note en magasin ou un
reportage télévisé ne suffisent plus, car ce sont sur les réseaux sociaux que les
communautés critiqueront, et les choses pourraient s’aggraver d’ellesmêmes par effet
d’amplification du bruit.
D’une manière générale, les marques ont moins de contrôle sur ce qui est dit, et par qui.
Avec le web participatif, la cible de l’entreprise s’est élargie aux nonconsommateurs,
9
associations de consommateurs ou encore groupes de lobbying. Chaque partie prenante
requière une attention particulière, voire sa propre stratégie de communication, car en cas
de dérèglement entre la marque et l’avis des internautes, c’est toute une crise qui peut
démarrer et, par un phénomène de contamination, toucher chaque autre sphère de cibles.
GDFSUEZ a ainsi commencé une mutation numérique auprès de ses actionnaires
individuels en créant le “eclub”. Les actionnaires ont un espace dédié rassemblant des
conférences, des nouvelles, des visites virtuelles, des formations. Ils ont également une
page Facebok dédiée “Actionnaires EDF page officielle” , leur délivrant des informations 10
sur les dividendes, sur l’histoire de la marque, les dates des assemblées générales, sa
culture d’entreprise, etc.
GDFSUEZ a créé un espace et des comptes sur les réseaux sociaux dédiés à ses
actionnaires
Cet exemple montre bien qu’une communication doit être adaptée aux différentes parties
prenantes, mais reste en accord avec l’utilisation des réseaux sociaux à partir du moment où
la marque diffuse des informations pertinentes pour la cible en question.
Cet Internet participatif, résolument plus tourné vers l’instantanéité, a également fait naître
les notifications “push” d’applications comme le journal Le Monde, ou encore BFM TV qui
entre le 6 mai et le 11 juin 2014 avait envoyé plus de 150 notifications. Ces notifications sont
10 https://www.facebook.com/actionnairesedf/, consulté le 30 avril 2016
10
destinées à informer les abonnés sur l’information brûlante ou en temps réel en quelques
mots, directement sur le centre de notification de leur téléphone intelligent.
D. Communication de crise et réseaux sociaux : actualité et pertinence
Pour être considéré comme crise selon la “chaîne de propagation” éditée par la plateforme
de veille Visibrain, un événement négatif doit être relayé sur les réseaux sociaux, repéré par
des blogueurs experts et être ensuite repris par la presse en ligne. L’événement peut enfin
être relayé sur la radio et la télévision. Ce schéma est particulièrement vrai pour les
générations X et Y, très connectées.
La chaîne de propagation définie par la plateforme de veille Visibrain dans “Le livre blanc
des crises 2.0 survenues en 2014”
Il faut tout de même garder à l’esprit que cette chaîne de propagation est effective dans le
cas d’une crise qui émerge directement des réseaux sociaux. D’autres chaînes de
propagations existent pour les crises qui émergent de médias traditionnels tels que la
télévision ou la presse.
L’année 2015 a connu 109 crises selon Visibrain , un chiffre en stagnation par rapport à 11
l’année précédente. 56% de ces crises sont directement nées sur Internet, notamment via
11 VANDERBIEST, Nicolas, op. cit., p.8, 9 et 13
11
Twitter, Facebook et le site Internet de la marque ou entreprise, puis dans une moindre
mesure via Youtube et un blog. On observe donc une prévalence des crises digitales, nées
directement sur Internet. Ce phénomène a d’ailleurs tendance à augmenter. En
comparaison, durant l’année 2012, seules 32 crises avaient été relevées par la plateforme
de veille, ce qui représente une multiplication par 3 des crises.
De plus, avec 78 % des crises qui sont dues à une erreur dans la communication ou le
marketing de la marque, l’image de l’entreprise est directement atteinte au moment même
où elle souhaite valoriser ses actions et produits.
C’est cette prévalence et expansion des crises, qui plus est digitales, qui rendent la
problématique de ce mémoire, à savoir “Comment devrait évoluer la communication d’une
marque sur les réseaux sociaux alors que l’entreprise doit faire face à une crise médiatisée
?” plus que jamais d’actualité. Les entreprises et gestionnaires de réseaux sociaux doivent
maîtriser ce sujet sensible afin d’accompagner au mieux la crise et ses parties prenantes.
E. Quelques mots sur les études sociologiques et marketing liées au sujet
L’étude Global Trends 2030 , réalisée par le National Intelligence Council, vise à fournir un 12
cadre de réflexion sur les trajectoires mondiales potentielles dans les quinze à vingt
prochaines années. Cette étude est basée sur des données publiques, privées et
académiques.
Les chercheurs en ont ressorti quatre grandes tendances futures. La première est la
responsabilisation des individus quant à son propre argent et celui des autres. La classe
moyenne va augmenter, renforçant des valeurs comme le sentiment d’appartenance à une
identité nationale, l’insécurité ou encore la pression exercée sur les travailleurs peu qualifiés.
Ensuite, l’espérance de vie est amenée à s’allonger, par la baisse des maladies
contagieuses mortelles. Certains pays sont donc amenés à voir leur population vieillir, et en
subir des retombées économiques problématiques. Une tendance à l’urbanisation et à
l’immigration sont également à anticiper.
12 National Intelligence Council, “Global Trends 2030”, https://www.dni.gov/files/documents/Interactive%20Le%20Menu.pdf, consulté le 24 avril 2016
12
Dans un troisième temps, c’est une réorganisation des pouvoirs à l’échelle mondiale : l’Asie
va continuer à prendre de l’importance, en éventuellement détrônant les ÉtatsUnis. Ces
changements seront accompagnés par la technologie, pour tourner ces changements de
pouvoirs vers un réseau à plusieurs facettes en fonction des pays.
Enfin, c’est la demande en ressources naturelles, telles que l’eau, l’énergie et la nourriture,
qui augmenteront entre 35 et 50% comparé à 2012. La question ici est de savoir s’il y aura
une gestion plus efficace des ressources, une plus large utilisation de la technologie, ou des
mécanismes de gouvernance plus adaptés.
Cette étude montre l’environnement incertain qui est à anticiper au mieux. Urbanisation,
vieillissement de la population, diminution des ressources disponibles et propagation de la
technologie aux différents secteurs sont autant de facteurs à garder à l’esprit dans la
rédaction des plans de communication et des anticipations des signaux d’alerte de crise.
La seconde étude est tournée vers les médias, il s’agit du Baromètre 2016 de confiance des
Français dans les médias réalisé par TNS SOFRES en janvier 2016. Les Français ont le 13
plus confiance en la radio avec 55% de crédibilité, puis vient le journal avec 51% de
crédibilité et la télévision avec 50% de crédibilité Internet est loin derrière, avec seulement
31% de crédibilité. Il est à pensé que les Français ont peu confiance en ce média de par la
surabondance d’informations et les origines diverses et non contrôlées de ces informations.
On parle du phénomène d’infobésité. Cela explique également que les Français auront
tendance à vérifier une information trouvée sur Internet en la croisant avec la télévision ou la
radio lorsque l’information est importante, comme ce fut le cas durant les multiples attentats
de 2015 et 2016 en France. La population se tournera plus facilement vers les chaînes
d’information en direct.
Malgré le fait que la population ait peu confiance en Internet, ce média est tout de même le
deuxième en terme de source d’information (20% d’entre eux utilisent Internet comme
première source d’information, derrière la télévision pour 54%). Cette étude révèle
également une “fracture générationnelle”, car ces chiffres sont modifiés pour les moins de
35 ans. 38% de cette génération s’informe principalement par Internet, contre 20% au total.
13 TNS SOFRES “Baromètre 2016 de confiance des Français dans les médias”, http://www.tnssofres.com/sites/default/files/2016.02.02baroconfiancemedia.pdf, consulté le 24 avril 2016
13
Grâce à cette étude de TNS Sofres, on remarque que les marques et entreprises doivent
tenir compte de plusieurs paramètres dans leur gestion des réseaux sociaux et des crises
sur ces derniers. L’information publiée ne sera pas forcément prise en considération via les
réseaux sociaux.
Pire, elle pourrait être détournée ou mal perçue, comme ce fut le cas pour Air France en
Octobre 2015. La compagnie, lors de son annonce d’un plan de restructuration, a subi une
grève de ses salariés, durant laquelle deux cadres ont vu leur chemise arrachée et cinq
dirigeants manqué de se faire séquestrer. Quelques jours après, Air France a diffusé un clip
vidéo sur les réseaux sociaux “Air France c’est ça” qui avait pour but de redorer l’image des
employés. Le clip, maladroit, a été largement repris et raillé sur Internet, et a été mal perçus
par la population.
Le moment choisi est donc crucial sur les réseaux sociaux, et encore plus en communication
de crise, mais il faut également tenir compte de la phase de cette crise pour anticiper au
mieux sa gestion.
F. Phases des crises
1. Comment naît la crise ?
La crise est définie par Wikipedia comme une “mutation brutale”. C’est une “période de 14
tension conflictuelle ou une situation de déséquilibre grave ou de rupture préoccupante”. On
observe donc un événement déclencheur qui sort de l’ordinaire. La crise peut mettre en éveil
une série de dysfonctionnements et être le fruit d’une prise de risques. Le “Laboratoire des crises, de la réputation et des phénomènes d’Influence” Reputatiolab a
défini en 2013 une nouvelle typologie des crises , adaptée au web 2.0. On y retrouve alors 15
cinq types de crises.
La première, communicationnelle, représenterait 43% des crises 2.0 selon ce même site
Internet. Cette crise peut être issue de la communication de la marque ellemême, comme
14 Wikipedia, “Crise (généralité)”,https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_(g%C3%A9n%C3%A9ralit%C3%A9), consulté le 24 avril 2016 15 ReputatioLab, “Vers une typologie des crises adaptées au 2.0”, http://www.reputatiolab.com/2013/07/versunetypologiedescrisesadapteesau, consulté le 18 avril 2016
14
les multiplient American Apparel et United Colors of Benetton, ou les dérives des employés,
comme ce fut le cas à de nombreuses reprises, comme chez Burger King avec un employé
ivre et filmé, ou pour avoir diffamé son entreprise ou ses supérieurs sur les réseaux sociaux.
La seconde typologie de crise est fonctionnelle, comme 41% des crises étudiées. La crise
fonctionnelle provient d’un mécontentement produit/ ou des fournisseurs/partenaires ou de
la concurrence, comme ce fut le cas pour les opérateurs téléphoniques “historiques” lors de
l’arrivée du disruptif Free.
La troisième peut être accidentelle, comme son nom l’indique, a une origine accidentelle, qui
peut être commis par un élément extérieur, ou alors en interne comme le crash de la
Germanwings en mars 2015, dû au pilote.
Ensuite, la crise d’origine technique trouve son origine d’un dysfonctionnement de produit ou
de service, comme la crise majeure subie par Kryptonite. Un consommateur de la marque
de cadenas a mis en ligne une vidéo l’ouvrant avec un simple stylo à bille, les autres
utilisateurs ont alors filmé leurs exploits avant de demander réparation. Le coût a été de plus
de 10 000 000 $ de réparations pour la marque. La crise technique peut aussi survenir d’une
manière extérieure à cause des phénomènes de spam ou de cyberpiratage.
Et enfin, la crise liée à la juridiction peut être due à une procédure déclenchée par la
marque, comme ce fut le cas pour Le Figaro contre le nom du blog Madame Figaro, ou une
procédure subie, comme par exemple Kerviel contre la Société Générale.
Les crises sont donc majoritairement dues à un mécontentement des consommateurs, qui
s’expriment largement sur Internet. C’est souvent par l’entrée dans la scène médiatique
qu’un événement devient crise. Une crise commence donc par un risque, puis une
émergence, s’en suit la crise aiguë qui peut devenir chronique, et enfin la cicatrisation et les
leçons à tirer.
2. Quelques mots sur les phases des crises
Avant la crise, la marque doit déjà anticiper cette crise. Durant toute la vie d’une marque ou
entreprise, des mécontentements émergeront, plus ou moins virulents. Ce sont des signaux
d’alertes à prendre en considération et à garder à l’esprit, car si de trop nombreux signaux
15
émergent, ou durant une très courte période de temps, c’est alors une crise qui peut
survenir. De plus, il est important que la marque communique régulièrement en temps de
“paix” pour se créer une communauté.
L’anticipation est alors indispensable. Il s’agit de préparer un processus de réponse en cas
d’explosion d’une crise à des signaux repérés. Ce processus sera expliqué en partie 3 de ce
mémoire. Toute cette écoute et cette veille ne suffisent parfois pas à anticiper ou éviter une
crise, c’est alors que vient la phase d’atténuation.
La seconde phase a donc lieu pendant la crise, et l’important ici est de limiter les retombées.
Tout d’abord, c’est normalement à l’entreprise ellemême de décider si elle est en crise.
Certaines compagnies comme Air France, EDF ou La Poste peuvent être considérées
comme en crise permanente. Ce sont les consommateurs et journalistes qui ont tendance à
définir l’entreprise en état de crise.
Au déclenchement de la crise, il est primordial d’être rapide. Une première réaction trop
longue sera perçue comme du mépris. Le dialogue doit rapidement être instauré avec toutes
les parties prenantes, individuellement et avec transparence, tout au long de la crise.
Air France en avait d’ailleurs fait les frais en mars 2011 lors du séisme au Japon. Des
Français ont voulu prendre un vol dans les heures qui ont suivi, sauf que les prix étaient
exhorbitants. Ils se sont alors révoltés sur Twitter. Marina Tymen, alors community manager
d’Air France, raconte que “J’ai certainement commis l’erreur de ne pas avoir tweeté pour
dire que les messages avaient bien été lus ou pris en considération. J’attendais de pouvoir
statuer sur la réalité des tarifs en train d’être communiqués. »” . Cette attente sera perçue 16
comme du dédain de la part de la marque envers ces ressortissants impuissants. Il est
important de noter l’émotion qui sort de cette crise. D’une manière générale, les crises
peuvent également générer de la polémique ou un besoin de rationnalité, notamment en cas
d’accident grave comme dans l’aviation.
Un autre risque planant pour l’entreprise est de subir un “hijacking” décris par Nicolas
Vanderbiest comme un détournement d’un hashtag au profit d’une autre cause. Ce 17
16 French Web, “La Community Manager d’Air France décrypte le bad buzz du week-end dernier”, http://www.frenchweb.fr/lacommunitymanagerairfrancedecryptebadbuzzweekenddernier/12956, consulté le 24 avril 2016 17 VANDERBIEST, Nicolas, op. cit., p.49
16
phénomène a par exemple eu lieu lors de la campagne Viande de France, où le hashtag a
été repris par des activistes végétaliens.
Toutes les prises de parole doivent être réfléchies. Il s’agit de répondre aux besoins et
questions des consommateurs, employés, opposants, journalistes, etc. en éclaircissant les
faits et en donnant des pistes de solutions. Il faut être dans l’empathie pour atténuer la crise
ressentie.
La troisième et dernière phase est celle de l’analyse. Cette sortie de crise peut s’amorcer si
un événement plus grave a eu lieu et pris le pas sur les médias, ou quand le problème a été
réglé, comme le dédommagement de l’entreprise de cadenas Kryptonite, ou le don à
l’institut pour Nescafé.
L’entreprise doit alors se concentrer sur le retour d’expérience, pour tirer des leçons de la
crise et apprendre à mieux gérer les crises dans le futur. La marque ou l’entreprise doit
apprendre à mettre en cohérence son image, sa réputation et son identité avec ses valeurs
et sa communauté.
17
II. Analyse argumentée de la problématique
Dans cet environnement riche décrit précédemment, où chacun partage son avis et juge les
marques, plusieurs acteurs et tactiques peuvent être pris en considération pour gérer au
mieux une crise sur les réseaux sociaux.
A. Les pratiques communes utilisées par les acteurs impliqués
Dans la gestion de crise sur les réseaux sociaux, les acteurs de premier plan sont
évidemment ceux qui sont directement au contact des comptes de la marque ou de
l’entreprise : les community manager, et les social media manager. Les premiers gèrent
directement l’image des marques sur les réseaux sociaux, en créant et en animant leurs
pages Facebook, comptes Twitter, pages entreprise LinkedIn, etc. tandis que les seconds
coordonnent les actions sur les différents réseaux d’une marque, et supervisent les
contenus et stratégies mises en place. Leur rôle à tous deux est d’accompagner au mieux et
de limiter l’atteinte d’un point de vue économique, ou en terme d’eréputation.
Pour ce faire, il est d’usage de s’adresser individuellement à chacun, en répondant aux
messages, tweets, publications sur la page. Les internautes doivent se sentir pris en
considération, savoir que que leur avis compte. Certains professionnels préfèrent supprimer
les commentaires négatifs afin de ne pas “entâcher” les comptes de leurs clients, d’autres
conseillent d’assumer et d’être transparent.
À l’éclatement de la crise, les consommateurs et internautes ressentiront une émotion forte,
puis un rejet de la marque peut se faire ressentir. Ces acteurs de premier plan doivent donc
gérer cette situation au mieux, en éprouvant de l’empathie notamment et en s’excusant si la
situation s’y prête.
C’est ce qui arrive en cas d’accident d’aviation, ou par exemple lorsque le Rana Plaza,
atelier de confections de marques comme Mango ou Primark, s’est effondré en avril 2013,
faisant plus de 1 000 morts. Des pétitions ont par la suite fait le tour d’Internet, et des
accords et engagements responsables quant au travail des enfants ou aux conditions de
travail dans les pays émergents ont depuis été signés et annoncés par communiqué de
presse.
18
Ensuite, les community managers ont pour habitude de prôner la réactivité. Facebook
encourage d’ailleurs cette réactivité grâce à une icône “responds within a few hours” par
exemple. Comme expliqué précédemment, les internautes veulent leurs réponses
instantanément. Et à l’heure où de plus en plus de pages servent de services clients et
d’enquêtes de satisfaction grâce aux notations et avis, les marques ont intérêt d’être
d’autant plus réactives. Cette rapidité et réactivité doivent donc être accentuées en cas de
crise, comme l’a montré Bouygues lorsque Free est arrivé sur le marché. Dans ce contexte,
Orange, SFR et SOSH ont fermé les commentaires de leurs pages. En revanche, le
community manager de Bouygues, Tanguy, s’est attelé à répondre à un maximum de
commentaires (la plupart annonçant qu’ils fermaient leur ligne pour passer à la concurrence
lowcost) en utilisant l'autodérision, en signant de son prénom et, bien sûr, en répondant
dans les heures qui suivaient. Il faut préciser que la page Facebook de Bouygues reçoit
environ un message par seconde , Tanguy a donc besoin d'être épaulé par 4 personnes 18
pour y faire face. Cette stratégie a payé, et un mouvement de fans s’est même créé autour
de ce Tanguy, conservant ainsi une communauté, rendue fidèle à Bouygues.
Enfin, quant aux commentaires négatifs, certains professionnels considèrent qu’il faut les
supprimer pour ne pas entacher les comptes de la marque. Cependant, cela se sait ! Les
internautes voyant leur commentaire supprimé peuvent en publier un nouveau, qui sera
forcément plus frustré et énervé que le précédent. Cette personne aura également plus
tendance à s’exprimer sur d’autres réseaux également afin d’exprimer d’autant plus son
mécontentement.
C’est une mésaventure qu’a subi le site de fleuriste aquarelle.com, lorsqu’une cliente s’est
plainte. Et pour cause, sa demande de remboursement était refusée car elle avait écris un
commentaire sur la page Facebook ! Le commentaire originel et le commentaire de
dénonciation ont tous deux été supprimés de Facebook, et l’internaute a continué à
dénoncer la marque, saisissant même Twitter et demandant à des journalistes de venir lui
parler, preuves à l’appui. La réaction de l’administrateur de la page aquarelle.com a été
d’annoncer que le problème avait été réglé. Sauf que c’était un mensonge, et que
l’administrateur avait bloqué la personne en question, ne faisant qu’envenimer la situation.
La cliente a évidemment continué de se plaindre, toujours via Twitter, jusqu’à ce que la page
la débloque et la rembourse (réellement) en refaisant livrer l’article en parallèle.
18 “Free Mobile : Le buzz "Tanguy de Bouygues", SFR répond mal à ses clients, etc.”, L’informaticien, <http://www.linformaticien.com/actualites/id/23078/freemobilelebuzztanguydebouyguessfrrepondmalasesclientsetc.aspx>, consulté le 28 avril 2016
19
Cet exemple montre l’importance de créer un dialogue et une relation “saine” et éthique
avec ses consommateurs, dans le respect de l’autre. La marque aurait du répondre
calmement au premier message, en s’excusant du désagrément et en proposant de venir
parler en message privé, plutôt que de ne pas répondre, et même en venir à supprimer les
commentaires et bloquer le profil de la personne.
B. Deux analyses de cas : Nestlé et Findus
Un cas d’école en terme de communication de crise sur les réseaux sociaux est celle de la
marque Nutella. La célèbre pâte à tartiner a d’abord été vivement critiquée sur son utilisation
de l’huile de palme, riche en acides gras saturés et dont la production accentue la
déforestation en Malaisie, Indonésie et PapouasieNouvelleGuinée; puis par la censure de
certains mots lors de son opération de personnalisation des emblématiques pots.
Toute cette affaire de l’huile de palme a démarré avec la demande d’une surtaxation de
300% sur l’huile de palme, amendement qui a été appelé “taxe Nutella” pour attirer les vues
des journalistes. Nutella, basé sur le concept de la Love Brand (stratégie d’une marque
basée sur “l’amour” de ses consommateurs envers sa marque, comme ici Nutella,
consommé par 3 familles françaises sur 4 ), a dès le lendemain sorti une campagne de 19
frange ampleur : deux pleines pages de publicité dans les grands quotidiens nationaux,
appelée “L’huile de palme parlonsen.”
La marque a défendu son utilisation dans la presse dès le lendemain du scandale de la
“Taxe Nutella”
19 Planetoscope, “La consommation de Nutella en France“, <http://www.planetoscope.com/Autre/1304consommationdenutellaenfrance.html>, consulté le 29 avrl 2016
20
Nutella y informe les lecteurs et consommateurs des aspects nutritionnels et
environnementaux de leur huile certifiée équitable, se positionnant ainsi en victime. Ils ont
ensuite créé un site et un fil Twitter baptisés “Nutella parlonsen” (clôturé depuis), prenant le
parti de ne pas modifier sa recette, mais plutôt communiquer sur ses avantages et les
responsabilités prises. Sur ce compte Twitter, la marque a fait valoir son engagement
écologique, apostrophé les journalistes pour orienter le débat, et a partagé des articles de
presse favorables à la marque.
Une vidéo a également été réalisée, centrée sur les 7 ingrédients de la pâte à tartiner pour
en justifier la présence et rappeler les engagements de la marque.
La marque a ensuite bénéficié de l’amour de ses consommateurs, et les pages Facebook et
publications “Touche pas à mon Nutella” se sont multipliées. La position choisie par Nutella
et sa réactivité ont donc été les bons choix, et la marque a ensuite repositionné sa
communication entière : « Nous réorientons la plateforme de communication. Dès 2013,
nous allons adresser un message beaucoup plus universel, basé sur l’émotion et le plaisir »
. 20
Aujourd’hui, la marque communique avec parcimonie, et le discours “responsable” semble
s’éloigner de l’image de marque. De plus en plus de consommateurs se tournent vers
d’autres pâtes à tartiner, et Nutella continue de jouer avec son aspect de Love Brand.
Un tweet datant du 5 Février 2016, seul tweet en plusieurs mois relatif à l’huile de palme
Un responsable a également annoncé : « Nous avons 16 millions de fans sur Facebook
sans jamais avoir investi un centime mais nous avons décidé de passer à l’offensive ».
20 ARNAUD, JeanFrançois, « Nutella règne sans partage sur les palais français », Challenges, consulté le 27 Avril 2016
21
Depuis, la marque a d’ailleurs lancé plusieurs campagnes web tournées vers la
personnalisation des pots, et plus récemment l’édition de mugs imprimés de photos.
C’est en Février 2015 que Nutella a lancé cette campagne de personnalisation de pots, via à
nouveau un site dédié. Problème, des internautes s’aperçoivent que certains mots racistes,
injurieux ou plus tendancieux tels que “huile de palme” ou “musulman”, sont interdis
directement dans l’encodage de la page. Rapidement, Twitter détourne les célèbres pots.
Face à l'ampleur du mouvement, Nutella a décidé de diffuser un communiqué, expliquant
que le projet initial était de “se servir du pot de Nutella comme d’un support de
communication pour partager son enthousiasme” et non diffuser des “messages négatifs 21
ou insultants”.
La marque a de nouveau montré sa maîtrise des réseaux sociaux et la connaissance de sa
communauté, grâce à l’usage de l’autodérision. Nutella a invité les internautes ayant essayé
de contourner l’interdiction de mots de partager un GIF (une courte vidéo qui tourne en
boucle, ou une juxtaposition courte d’images) montrant une phrase mots à mots sur ledit
pot : “Notre imagination n’égalera jamais la vôtre.” Retour mitigé de la Twittosphère
(l’environnement de Twitter, incluant ses membres, les “twittos”) avec seulement 90
partages, mais réaction largement saluée par la presse !
Il est à noter que cette crise aurait de toute manière eu lieu. En effet, si Nutella avait décidé
de ne pas censurer ces mots, les mêmes internautes se seraient insurgés et auraient crié au
scandale. La marque avait donc très sûrement bien anticipé cette réaction des internautes,
expliquant ainsi leur maîtrise et leur rapidité quant à cette crise naissante.
Nutella est donc un maître dans l’anticipation, pouvait ainsi réagir rapidement et
efficacement tout en rejoignant sa communauté. Mais une autre marque alimentaire n’avait
pas vu la crise arriver : Findus.
Le bad buzz (ou “retentissement négatif”) a démarré lorsque, lors d’une analyse, une viande
supposément de boeuf était en fait du cheval. Findus est alors le nom le plus cité. 22
21 Infopresse, ”Nutella, bon joueur à la suite de la polémique”, <http://www.infopresse.com/article/2015/2/25/nutellabonjoueursuitealapolemique>, consulté le 28 avril 2016 22 GINISTY, Christophe, Pourquoi et comment Findus a loupé sa communication de crise“, <http://www.ginisty.com/PourquoietcommentFindusaloupesacommunicationdecrise_a940.html>, consulté le 28 avril 2016
22
La première erreur de la marque a été de ne pas assumer et de rejeter la faute sur un tiers,
“trompée par son fournisseur” . La marque s’est efforcée de garder sa réputation, et n’a pas 23
commencer par éprouver de l’empathie envers ses consommateurs qui auraient mangé de
la viande de cheval sans même le savoir, n’abordant que la qualité de leurs produits.
En communiquant de cette manière, la marque n’a fait qu’accentuer sa présence, et la crise
est devenue la “crise Findus”, terme toujours utilisé trois ans plus tard. Les consommateurs
n’ont pas été interpellés directement, donc le dialogue n’a pas été installé.
Ensuite, la marque a mis à disposition des informations sur son site Internet, mais est restée
timide sur les réseaux sociaux. L’entreprise aurait du commencer par s'excuser, et alimenter
ses réseaux régulièrement. En l’absence de communication de la part de la marque, ce sont
les internautes qui ont fait sa communication … et c’est ainsi qu’un compte Twitter “Findus
France” a été créé puis suspendu. L’origine de ce compte est cependant incertaine : tweets
sérieux, parlant de tests ADN… la marque auraitelle dénoncé et clôturé son propre compte
en voyant l’échec engendré?
Encore une fois, la marque n’ayant pas lancé de campagne de communication, les
internautes diffusent alors massivement des parodies des produits, mettant en avant des
phrases humoristiques faisant parler des chevaux : "Je me casse, je ne vais pas finir dans
des lasagnes", ou encore "Pouliche con carne". Certaines affiches sont mêmes éditées
“Chez Findus, nous sommes très à cheval sur la qualité et la provenance des ingrédients” : 24
communication malheureuse de la marque ou détournement ouvert?
Enfin, une énième erreur de Findus aura été d’essayer de “nettoyer” le web, en engageant
une entreprise pour effacer les traces de cette crise, plutôt qu’en embauchant des
professionnels pour gérer leur réputation en organisant la parole, notamment en créant des
contenus utiles et en s’adressant aux consommateurs. Le but de l’opération était de retirer le
nom “Findus” de la presse, au profit de “Viande de cheval”, mesure inutile où les journalistes
se sont sentis bridés, orientés, dans une manoeuvre de sauvetage mal orchestrée.
23 L’express, “Scandale de la viande de cheval : qui est responsable?”, <http://www.lexpress.fr/actualite/societe/scandaledelaviandedechevalquiestresponsable_1218943.html>, consulté le 28 avril 2016 24 Huffington post, “Publicité Findus ou détournement ? Cette affiche fait le tour du web”, <http://www.huffingtonpost.fr/2013/02/23/unenouvellepubfindusuneaffichefaittourreseauxsociaux_n_2750254.html>, consulté le 28 avril 2016
23
Ce cas de l’entreprise Findus met en évidence le manque de préparation d’un bord, et le
manque de connaissance des outils et de leur utilisation d’autre part, de même que la
méconnaissance de la puissance des communautés. Si la marque s’était préparée, avait
embauché des professionnels du milieu pour organiser leur parole et créer un dialogue, la
marque n’aurait pas été étiquetée de cette manière.
C. Résultats de l’enquête terrain
Grâce à une enquête qualitative auprès de professionnels des réseaux sociaux, puis une
seconde auprès des particuliers dits “connectés” et “non connectés”, j’ai été plus à même de
comprendre les bonnes pratiques d’une part, et l’environnement d’autre part.
En ce qui concerne les professionnels, j’ai interrogé 4 personnes d’horizons différents : un
responsable eréputation d’une chaîne nationale de supermarchés, un business
development manager pour un site ecommerce, une social media manager en agence de
communication, et une social media manager freelance. Les 4 crises et leurs gestions
étaient très différentes, certaines beaucoup plus efficaces que d’autres. Les résultats
obtenus sont ainsi variés, et montrent à la fois les bonnes pratiques et les erreurs à ne pas
commettre. Les résultats seront expliqués à la page suivante, en point II. D.
Pour les particuliers, l’étude fut particulièrement intéressante car les deux groupes de
personnes “connectées” ont cité les mêmes choses. Facebook est le “média” le plus usité en
terme d’informations. Ces personnes savaient que Twitter est particulièrement apprécié par
les journalistes, mais les personnes interrogées ne comprenaient pas trop l’intérêt de ce
réseau social et son fonctionnement. Sur de gros faits d’actualité, ces personnes recoupent
l’information avec la télévision ou la radio. Ils utilisent au moins 5 réseaux sociaux plusieurs
fois par mois, et les crises citées communes étaient : Je suis 3 Suisses, Findus, et
Volkswagen. Lorsqu’interrogés sur Nutella, ressortent le problème de l’huile de palme, et
celui du pot personnalisable avec des mots.
Concernant les “non connectés”, ils continuent de valoriser la télévision. Ils utilisent 1 à 2
réseaux sociaux, principalement pour suivre l’actualité de leur famille et de leurs amis. Ils
citent également la crise de Volkswagen. Lorsqu’interrogés sur Nutella, ils pensent
seulement à l’aspect calorique général du produit, et pas spontanément aux deux crises
24
citées plus haut. Ils n’ont donc qu’une connaissance faible des crises, et n’ont pas été
atteints par la communication des marques sur les réseaux sociaux. Ils ne connaissent pas
la gestion et la réaction que la marque a eu par rapport à la crise, et ne sont donc pas
influencée par cette communication digitale.
On voit donc bien la prévalence d’un public de personnes connectées à être atteint par les
crises sur les réseaux sociaux. Le ton et les canaux employés par la marque en crise
devront donc être adaptés à ce public relativement jeune et très connecté.
D. Apports des professionnels interrogés
Les quatre entrevues avec des professionnels m’ont donné des informations précieuses
quant aux bonnes pratiques, aux pratiques à éviter, et aux changements de fond à apporter.
Tout d’abord a été mise en évidence l’importance de parler en “temps de paix”, c’estàdire
de déjà développer ses réseaux et créer une communauté fidèle, plutôt que d’attendre
l’arrivée d’une crise pour prendre la parole. Ensuite, durant le temps de la crise ellemême,
les évolutions de la communication sont multiples. Il faut premièrement expliquer la situation
aux internautes puis savoir s’excuser sur la situation pour calmer les esprits.
Ensuite, et comme certains community manager doivent considérer les réseaux sociaux
comme un service client à part entière (dans le cadre d’un site ecommerce par exemple), il
faut rapidement et régulièrement diffuser des informations directement sur la page, via des
statuts et non pas uniquement des partages de liens institutionnels. Si la marque ne parle
pas en premier, d’autres le feront, et seront susceptibles de diffuser des informations
erronées ou tronquées. Il devient alors difficile pour la marque de se faire entendre!
En plus d’expliquer la situation rapidement, il convient de conserver les messages négatifs
et de les traiter, en répondant individuellement et en invitant à continuer de parler par
messages privés pour démêler la situation. De plus, parfois, cela crée une relation renforcée
avec la personne, qui, si le problème est résolu, devient alors un client fidèle et engagé.
Enfin, certains professionnels ont noté que si la crise n’atteint pas la télévision, son impact
est moindre et sa durée réduite. Cela était en tout cas vrai en novembre 2013 lors de la crise
Intermarché à propos de la pêche en eau profonde, étudiée en entrevue . Les réseaux 25
25 Entrevue disponible en annexe, page 45
25
sociaux sont alors perçus comme amplificateurs, mais la télévision reste prédominante en
terme d’exposition. En effet, la télévision est encore massivement considérée comme le
média d’information par excellence, offrant une crédibilité aux sujets traités, tandis que les
réseaux sociaux et sites d’information sont parfois jugés comme étant moins fiables. Cela
s’explique par le fait qu’à la télévision, ce sont des journalistes que l’on voit s’exprimer,
tandis que sur Internet, les internautes ne connaissent pas forcément la personne qui a écris
et ne connaissent pas son expertise ou sa bonne foi.
Quant aux pratiques à éviter, on remarque tout d’abord des disparités dans la gestion. Ces
pratiques controversées sont concentrées chez quelques community manager. Lors d’une
seconde entrevue, le community manager avait du faire face à des retards dûs à une panne
informatique de la part de Collissimo. Cela s’est transformé en crise pour un site
ecommerce, qui n’a rien expédié pendant une semaine, et les retards se sont accumulés.
L’équipe de community managers de l’entreprise en question a choisi le silence, donc de ne
pas communiquer sur le problème, et de ne pas répondre aux messages négatifs publiés
sur la page, criant rapidement à l’arnaque. Le problème a ensuite été géré par un second
community manager, qui a lui décidé de répondre aux messages, mais a affirmé qu’il
rejettera toujours la faute sur un tiers, même si l’origine du dysfonctionnement était interne à
l’entreprise.
Le silence ne fera qu’énerver les internautes et envenimer la situation, tandis que le fait de
toujours rejeter la faute (même en cas d’erreur du côté de l’entreprise) semble peu éthique
et transparent.
Enfin, des changements de fonds dans l’organisation de l’équipe ou de l’entreprise peuvent
être apportés. Intermarché a par la suite décidé d’engager une agence qui gère
l’eréputation du groupe, avec un reporting chaque semaine et une étude des signaux
négatifs. Le groupe a ainsi quelques modèles préconçus à adapter en fonction de différentes
crises. L’appel à un expert en communication de crise est également parfois nécessaire
pour orienter le discours et la stratégie, et faire confirmer les publications et le ton des
messages sur les réseaux sociaux. L’importance d’étudier les signaux devient donc
nécessaire pour de grands groupes, de même que l’étude des effets des messages et
tweets négatifs : quels partages, par quels comptes, avec quels messages, et ayant obtenu
quels commentaires.
26
Concrètement, je retiens que ces entrevues ont mis en évidence un manque notable de
formation chez certains community manager quant aux spécificités de la communication de
crise, et un manque de préparation pour répondre à de tels mouvements massifs et rapides.
E. Apports des auteurs étudiés
Les 3 principaux livres étudiés ont été Influence et réputation sur Internet : Communautés,
crises et stratégies , Communication de crise et médias sociaux , et Rétrospective des bad 26 27
buzz 2015 en partenariat avec Visibrain. 28
Ces trois ouvrages se rejoignaient sur plusieurs points. À travers la théorie pour les deux
premiers livres, et à travers les exemples de 2015 pour la rétrospective, ils encouragent tous
l’anticipation comme élément clé de la gestion de crise, de même que la veille au sein de
toute entreprise, même petite, naissante, ou n’ayant pas connu de crise. Le schéma veille
contrôle influence est introduit comme élément de base de l’anticipation.
Avec Influence et réputation sur Internet : Communautés, crises et stratégies, les auteurs
étudient théoriquement et historiquement la réputation et la communauté, de même que la
différence entre identité (vision de l’entreprise formée en interne et affichée en externe) et
image (ce qu’elle paraît). Ils abordent ensuite l’importance d’une présence sur les réseaux
sociaux et de se forger une communauté, comme ce fut mis en exergue par les
professionnels précédemment; puis de l’importance pour une entreprise de savoir faire face
aux nouveaux problèmes rencontrés en terme d’image. Une attention toute particulière doit
être prise envers les employés de l'entreprise, car ils sont la première et la plus importante
interface de l'organisation avec son environnement.
Ils introduisent également le concept que “l’émotion courtcircuite l’information”. Les
internautes ont donc plus tendance à partager un morceau d’information, car l’émotion
ressentie est trop forte et aveugle une possible information erronée. Cette information vient
compléter ce qui a été apporté par les professionnels quant à l’importance de répondre en
messages privés.
26 CHAZAUD, Nicolas, COUSIN, Hugo, FROSSARD, Fabrice, JEANNEBEYLOT, François, MILLIAN, David, PASQUIER, Martin, VIOLETSURCOUT, Antoine, Op. Cit 27 BLOCH, Emmanuel, Communication de crise et médias sociaux, Paris, Dunod, 2012, 209 p. 28 VANDERBIEST, Nicolas, Op. Cit
27
De plus, toucher l’opinion sur Internet nécessite de viser les carrefours d’audience, créer et
diriger les flux d’information en utilisant les médias comme émetteur source, et les réseaux
sociaux comme chambre d’écho et d’amplification.
Enfin, les auteurs mettent en évidence les enjeux des relations asymétriques entre
l'entreprise et ses parties prenantes, ainsi que des luttes informationnelles sur Internet
(asymétrie de l’information, adversaires attaquant systématiquement, décalage des
communications à effets cosmétiques et actes réels, culture web inexistante ou déficitaire).
Communication de crise et médias sociaux analyse théoriquement les différentes étapes
d’une crise avec des tribunes d’experts. L’auteur Emmanuel Bloch affirme qu’il convient
d’adapter la communication de crise à la nouvelle dimension offerte par les réseaux sociaux,
reprenant l’idée précédemment citée. Il cherche à comprendre en quoi les médias sociaux
influent sur l’entreprise et sa stratégie, et plus particulièrement en période de crise. Sa thèse
se repose donc sur la question « Qu’estce qui est à l’origine de crises sur les réseaux
sociaux, et quelles sont les clés pour les appréhender ? ».
Nicolas Vanderbiest, lui, met en évidence les secteurs les plus touchés en 2015. Ce sont les
médias et le retail qui ont été les plus touchés, le plus souvent à cause de problèmes
marketing et de communication. Il analyse alors les 109 crises avec humour, explique
rapidement les crises qui ont eu lieu, les catégorise, et fournit des statistiques comparatifs
avec 2014, puis conclue en présentant ses recommandations pour 2016. Il prend d’ailleurs
plusieurs partis pris quant aux potentielles crises futures. Parmi elles, les employés sources
de crise, la transparence forcée, la considération de l’histoire et de l’éthique au sein de
l’entreprise, ou encore la prépondérance des détournements d’identité visuelle ou de
publicités. Sa thèse, comparaison entre 2014 et 2015, pose la question empirique « Quelles
leçons tirer de ces deux années pour être plus à même de gérer sa communication sur les
réseaux sociaux en 2016 ? ». Cette rétrospective résume bien les tendances en terme de
communication de crise, et les enjeux à prendre en considération dans l’élaboration de sa
stratégie de communication de crise sur les réseaux sociaux.
28
III. Préconisation stratégique
Cette recommandation pourra ensuite être utilisée par des gestionnaires de communauté
(ou community managers) ou des responsables de communication digitale, afin de les aider
dans leur anticipation et gestion de crises médiatisées. Des solutions cohérentes et
argumentées seront apportées, au regard des recherches et rencontres précédentes.
A. Avant la crise, l’anticipation est reine
Tout d’abord, il est important qu’une marque communique en tout temps (même de “paix”,
donc !) afin de se faire connaître et de se créer une communauté fidèle et qui appréciera la
marque. Pour ce faire, les contenus partagés et créés doivent être adaptés à la cible et au
réseau social de diffusion. Un contenu jugé utile et pertinent, émis de manière régulière,
saura être jugé utile et créera de l’engagement au sein de ladite communauté.
Effectivement, la marque doit créer du lien avec ses consommateurs, mais elle doit
également en créer avec les professionnels. Influenceurs ou entreprises “alliées”, ils seront
le meilleur soutien durant la crise !
Ensuite, le service de communication se doit d’assurer la cohérence entre les différentes
parties prenantes de l’entreprise : employés, actionnaires, fournisseurs, distributeurs,
banquiers, clients, politiques, écologistes, groupes de lobbying, associations de
consommateurs, etc. Il faut garder à l’esprit que diverses parties prenantes influent sur
l’entreprise. Cette dernière peut alors se poser la question de sa réputation. Atelle la même
réputation auprès de toutes les parties prenantes, ou estce qu’au contraire chacune d’entre
elles se fait sa propre image de l’entreprise, et doit donc être traitée avec une stratégie de
communication de crise différente ?
C’est en étant à l’écoute de chacun qu’une entreprise peut déceler des signaux d’alerte, des
menaces, et ainsi anticiper une possible crise future. Pour rappel, Nestlé a créé une Digital
Acceleration Team pour surveiller et répondre aux risques d’eréputation du groupe. Cette 29
équipe a été mise en place à la suite des scandales mal gérés de l’huile de palme dans les
29 Se référer à la page 15
29
Kit Kat ou de communications maladroites Nutella. Grâce à un cycle de 9 mois, 3 équipes
ont déjà été entraînées à réagir digitalement en cas de crise.
Une veille permanente des changements, tant de l’opinion et des médias que de la société
permettent d’être réactif et d’anticiper. Cette écoute attentive permet l’identification des
menaces.
Les professionnels distinguent 3 zones d’ eréputation dans l’écosystème digital . La 30
première est la “zone de contrôle”, c’estàdire ce qui reste à la main de l’entreprise : son
site Internet et le référencement naturel associé. La seconde est la “zone de dialogue”,
composée des réseaux d'interaction où la marque a une page propre, en son nom. Cela
peut être Facebook, Twitter, ou encore Youtube. La troisième et dernière zone est celle de
“l’écoute”, où il s’agit de comprendre l’opinion à travers les billets de blogs, les articles de
presse, les commentaires, tweets, avis sur les forums et notes des internautes.
Cette écoute attentive permettra également de pouvoir cartographier les acteurs influants ou
“dangereux, les risques encourus par la marque, et les enjeux auxquels elle devra faire face
à l’avenir. C’est dans cette démarche que l’anticipation prend tout son sens. Les community
managers seront à même de préparer une stratégie de communication de crise : des
schémas, chiffres et photos, mais aussi des communiqués de presse types (en fond et en
forme), et former les cadres et spécialistes à une potentielle crise par le biais d’un média
training. Ce dernier aura pour but de les préparer à parler à une caméra ou un journaliste,
parfois insistant.
La marque sera également à même de créer une cellule de crise à activer en cas de besoin
: quelles personnes pluridisciplinaires et formées, avec quel calendrier (permanences ?
astreintes ?), quels décideurs, et communiquant de quelle manière (flux montant,
descendant ?). Toutes ces questions, répondues en amont, rendront la gestion de crise
préparée et donc plus efficace.
D’autres conseils s’appliquent à cette période, mais prennent toute leur importance en
temps de crise, notamment quant à la manière de communiquer et de s’adresser à son
public sur les réseaux sociaux.
30 MBA MCI, “Eréputation: comment gérer une crise sur les médias sociaux? L’exemple de SFR”, <http://www.mbamci.com/ereputationgestiondecrise>, consulté le 28 avril 2016
30
B. Pendant la crise, concentrer ses efforts efficacement
En premier lieu, il convient d’évaluer la crise au plus juste pour prendre les mesures
adaptées. Le Potentiel d’Exposition Médiatique, comme présenté par Laurent Vibert lors 31
d’un cours à l’ISCOM Lyon sur la communication de crise, repose sur quatre critères
déterminants.
Le premier est relatif à l’exposition de l’événement : estce la première crise ou estce une
série médiatique (comme par exemple l’affaire Bettencourt), estce un organisme connu qui
attaque ?
Le second est l’impact de l’événement. Quels sont les enjeux, la gravité (y atil des blessés,
des morts ?), y atil un impact politique, combien et qui sont les acteurs ?
Le troisième critère est émotionnel. Estce que cela touche à la santé publique, au principe
de précaution, à l'environnement, à la religion, ou a touché des victimes innocentes ?
Enfin, le potentiel d’exposition médiatique sera influencé par l’actualité déjà présente et à
venir. Comme expliqué précédemment, si un événement plus important a lieu, l’événement
faible sera passé sous silence.
En fonction de si l’entreprise a été préparée à cette crise grâce à l’anticipation, et en fonction
du potentiel d’exposition médiatique, la capacité de la crise à être massivement relayée sur
les médias sera différente, et l’entreprise devra adapter sa gestion.
Ainsi, deux situations peuvent exister. La première est que l’entreprise a bien décelé 32
l’apparition de messages sensibles, et a ainsi pu anticiper la crise. Les supports de
communication de type communiqué de presse, réunion d’information et stratégie sont déjà
mises en place, il suffit de les activer et les adapter si besoin. Cette stratégie demande une
bonne maîtrise de la communication interne, car les prises de parole des salariés doivent
alors rester sous contrôle pour ne pas créer une seconde crise. Dell et IBM ont d’ailleurs
édité au sein de leur entreprise une “Charte des médias sociaux”.
La seconde est la gestion dite “ongoing”, donc au cours des événements. Il faut commencer
par créer une cellule de crise composée de décideurs, d’experts en communication de crise,
et de communiquants. Cette cellule aura pour rôle de définir et mettre en place une stratégie
31 https://fr.linkedin.com/in/laurentvibert/fr 32 CHAZAUD, Nicolas, COUSIN, Hugo, FROSSARD, Fabrice, JEANNEBEYLOT, François, MILLIAN, David, PASQUIER, Martin, VIOLETSURCOUT, Antoine, Op. Cit., p.51, 52, 53, 54
31
de communication dédiée. Il faut donc structurer la parole avec un discours cohérent (tant
dans les prises de parole orales que sur les médias sociaux), et idéalement montrer sa
bonne foi et son sens responsable en positionnant les dirigeants au coeur des
communication, dans un but de rassurer les consommateurs.
Il faut garder à l’esprit que l’essentiel en communication de crise n’est pas toujours ce qui
est arrivé, mais souvent ce que le public pense qu’il est arrivé. C’est une question de
perception de la crise en fonction des parties prenantes, des répercussions et de la
sensibilité de chacun. Pour rappel, c’est à l’entreprise de définir/choisir si elle est en crise ou
non.
Pour gérer au mieux une crise via les réseaux sociaux, les community manager et social
media manager doivent mettre en application certains conseils, avant la crise, et accentuer
ces pratiques pendant la crise.
Premièrement, il est important de hiérarchiser les publics, définir ses cibles et les vecteurs
de diffusion adaptés à chacune. En réfléchissant à cela tant en amont que durant la crise, la
marque sera plus à même d’être à l’écoute de l’opinion publique, et ainsi de conserver sa
crédibilité. Les informations diffusées seront reprises par les internautes, consommateurs, et
médias, et chaque information devra ainsi être scrupuleusement vérifiée pour ne pas
transmettre des éléments erronés, incohérents ou portant à confusion. Les médias
traditionnels viennent amplifier le phénomène de crise, et l’information peut parfois être
déformée ou tronquée. Des acteurs inhabituels peuvent également prendre part au dialogue,
tels que des juges d’instruction, des officiers de police, etc. Il s’agit donc de faire s’entendre
toutes les parties prenantes, de les écouter, de traiter avec elles, sous peine d’avoir son
propre dialogue noyé sous des paroles erronées.
L’équipe de communication digitale ou la cellule de crise doivent également choisir son
porteparole, toujours dans l’optique de crédibiliser ce message. Avec un interlocuteur
unique, les internautes seront davantage guidés, comme ce fut le cas grâce à Tanguy de
Bouygues . 33
Techniquement, plusieurs éléments indispensables doivent être mis en place par l’équipe de
communication.
33 Se référer à la page 19
32
Tout le service communication doit être réactif, et réagir de façon proportionnée pour
enrayer l'écho médiatique. Dans une gestion de crise, les premières heures sont capitales.
Comme expliqué dans le cas d’Air France en page 16, le silence est perçu comme de
l’arrogance de la part des consommateurs et des internautes. Une fois la communication
établie, il faut diffuser des informations et des messages régulièrement, pour ne pas rompre
le flux.
Un autre élément à ne pas négliger est la gestion des commentaires négatifs ! Il ne faut pas
les supprimer, sous peine d’aggraver la situation en semblant vouloir étouffer l’affaire. Les
auteurs de ces commentaires se sentiront trahis, bernés, et se vengeront sur d’autres
réseaux, d’une manière plus forte. Il faut au contraire les gérer et répondant à la personne
d’une manière courtoise et respectueuse, en s’excusant, en comprenant son problème, et
en l’invitant à venir parler par message privé. Le community manager peut également signer
de son prénom pour créer une relation favorable avec la personne et avec la communauté
en générale.
Un autre élément, souvent oublié et valable en dehors d’une période de crise comme lors
d’événements graves et terroristes, est d’arrêter les publications sponsorisées. Ici, dans le
cadre d’une crise, ce serait fâcheux de diffuser sa publicité vantant le produit ou la marque,
alors que l’un des deux est peutêtre critiqué lors de la crise. Par exemple, en télévision,
Nutella fait encore les frais de sa crise sur l’huile de palme, avec ici un internaute qui se
révolte d’une publicité de la marque lors de l’émission de M6 “The Island”, tournée sur une
île verdoyante du pacifique rappelant les déforestations engendrées par l’huile de palme.
Un internaute réprimandant la marque sur une publicité télévisée lors d’une émission M6
Ensuite quant aux contenus à partager, il est primordial de commencer par de mettre en
place un discours précis et compréhensible. En tant de crise, délivrer une information
précoce et transparente à ses internautes par le biais d’explications et de preuves
renforcera le discours et la confiance. Il faut tout de même faire attention aux formules
simplifiées, type “risque zéro”, “principe de précaution”, ou encore “responsable mais pas
33
coupable” sont à éviter. Il en est de même pour tout jugement précoce sur les causes, les
conséquences et la gravité de l’événement.
Ensuite, dans les publications sur Facebook et Twitter notamment, il est important d’informer
et d’expliquer la situation. Cela peut également passer par des comptes sur les réseaux
dédis de type “Marque_Infos”, via un site Internet dédié, ou grâce à un onglet sur le site
Internet, comme ce fut le cas pour Nutella, qui a gardé un onglet “À l'intérieur du pot”.
Les réseaux sociaux servent ainsi à diffuser de l’information, mais également à exprimer son
empathie et s’excuser si besoin. L’effet émotionnel peut l’emporte sur la crise ellemême, et
la vérité peut ainsi être aveuglée par un morceau d’information à forte émotion. C’est ainsi
que des journalistes attirent les internautes, alors qu’en lisant l’article au complet, le titre
était accrocheur et pas entièrement exacte. Ce sont sur les réseaux sociaux que l’équipe de
communication peut convaincre les indécis, nombreux lors des crises, par exemple dans le
secteur alimentaire.
De plus, il faut garder à l’esprit que les internautes ne dorment jamais. Statistiquement , les 34
crises arrivent le weekend, l’été, la nuit, … bref, au moment où l’équipe de communication
n’est pas au travail pour gérer la crise. C’est alors un silence qui s’installe, perçu comme du
mépris de la part des consommateurs. L’entreprise doit alors être réactive dès les premiers
signaux d’alerte, et avoir anticipé différents cas de figure pour être efficace rapidement.
Plus globalement et pour résumer, il est important pour tout community manager de garder à
l’esprit le schéma créé par Reputatiolab . Selon eux, en termes de contenus, la première 35
étape est l’empathie par rapport au public ainsi que la compréhension de leurs réactions. La
seconde est la temporisation, en demandant au public d’attendre, indiquant ainsi que la
marque est en processus de décision. Troisièmement, la marque se doit d’apporter des
réponses concrètes et rapides à la crise, dans le but de calmer l’enjeu émotionnel du public.
Et enfin, la marque doit s’expliquer sur sa version des faits, sur les mesures prises et à
prendre envers ses clients.
34 Les Echos, “3 conseils pour prévenir les crises de réputation”, <http://business.lesechos.fr/directionsmarketing/3conseilspourprevenirlescrisesdereputation110393.php#>, consulté le 29 avril 2016 35 Reputatiolab, “10 recommandations pour la gestion de crise 2.0”, <http://www.reputatiolab.com/2013/09/recommandationspourlagestiondecrise >, consulté le 29 avril 2016
34
Malgré ces conseils, certains travers peuvent émerger, et il faut les éviter à tout prix. Cela
inclue le silence, le mensonge, le non respect et le manque d’humilité, qui ne feront
qu’aggraver la crise. De plus, faire une déclaration rassurante si elle n’est pas adaptée
pourrait même créer une seconde crise ! Enfin, une mise en cause des médias non avérée
ou un démenti non adapté seront d’autres facteurs aggravateurs.
C. Après la crise, la phase de la cicatrisation
La marque doit attendre que la crise soit belle et bien finie avant de tenter de récupérer
l’affection de son public et redorer son image. Une précipitation de la marque ne fera que
créer une nouvelle crise, ou à minima créer une incompréhension et un désarroi chez ses
consommateurs.
Vient ensuite le temps de l’analyse de la gestion qui a été faire, des conséquences
engendrées et évitées, pour pouvoir en tirer des enseignements. Les leçons peuvent être
positives en cas de bonne gestion, mais peuvent aussi résider dans l’embauche d’une
agence de veille d’eréputation, comme ce fut le cas avec le professionnel interrogé
travaillant chez le Groupement des Mousquetaires , ou encore dans une meilleure 36
formation en gestion de crise des community manager .
La marque se doit également de continuer à interagir avec sa communauté (créée ou
entretenue), pour l’améliorer et la fidéliser. L’équipe communication peut également faire le
choix de garder la transparence et d’aborder en cas de besoin le problème, ou d’en donner
le dénouement.
Il faut garder à l’esprit que l’échec peut être tendance. Dans la culture française, avouer et
assumer ses échecs entrepreneuriaux ou managériaux ne va pas de soi, mais il reste
important de dédramatiser l’échec pour rassurer ses consommateurs, en parlant
ouvertement du problème.
36 Entrevue disponible en annexe, page 45
35
Conclusion
La société mondiale s’est fortement digitalisée ces dernières années, et avec elle les
réseaux sociaux se sont démultipliés. Leur usage est quotidien pour la plupart des
internautes, et cette instantanéité crée une menace d’eréputation pour l’entreprise.
En corrélation avec les lectures et les professionnels interrogés, la marque ou l’entreprise
doit adapter son mode de fonctionnement et sa communication en fonction de la crise et de
son importance. Ainsi, il est important qu’elle démontre son sérieux et son empathie, tout en
restant transparente sur les événements. L’entreprise doit également communiquer dans la
durée, en gardant la main sur les informations diffusées et leur exactitude, tout en assurant
la cohérence du discours et surtout sa continuité et sa régularité.
Cependant, il a également été mis en évidence que pour endiguer une crise, communiquer
sur les réseaux sociaux ne suffit pas. La télévision et la presse restent prédominants en
terme d’information, et les réseaux sociaux ne sont alors qu’une chambre d’amplification du
discours de la marque. De plus, ces solutions sont à adapter en fonction des marques, de
leur communication actuelle, de leur cible. Concrètement, une marque de luxe ne
communiquera pas comme Nutella par exemple.
Ce mémoire a aussi démontré le manque de connaissances à propos de la gestion de crise
de la part de certains community manager et social media manager, conduisant à un besoin
en formation. Cela doit être réalisé tant dans les petites entreprises que dans les grands
groupes, car toute la pérennité de l’entreprise peut être remise en jeu lors d’une crise.
Il faut ainsi garder à l’esprit que gérer une crise grâce aux réseaux sociaux, c’est nécessaire
si sa cible y est présente, mais anticiper une possible crise grâce à une stratégie de com et
des outils de communication digitale et de relations presse, c’est mieux ! L’entreprise est
ainsi prête à faire face aux éventualités, et sa réaction n’en sera que plus rapide.
Les professionnels s’accordent à dire qu’une marque qui n’est pas présente, ne
communique pas, ou d’une façon peu adaptée aux réseaux sociaux, va être critiquée par
ses consommateurs et remet en question la survie de son entreprise.
36
Annexes
Bibliographie ACHOUR, Mouloud, « Clique x Nicolas Vanderbiest », <https://youtu.be/OvsExoRcwfE>, 2
Octobre 2015
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Février 2013, consulté le 13.03.16
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VANDERBIEST, Nicolas, « Où en est l’utilisation des médias sociaux en gestion d’urgence
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VANDERBIEST, Nicolas, « Rétrospective des bad buzz 2015 », <
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30.01.16, 53 p.
WATKINS, Peter, Media Crisis, Paris, L’échappée, 2015, 204 p.
39
Bilan de l'enquête terrain
J’ai réalisé 2 enquêtes qualitatives : la première à destination des professionnels pour
comprendre les problèmes qu’ils rencontrent et la manière dont ils gèrent une crise sur leurs
réseaux; puis une seconde à destination des particuliers, pour comprendre leur
consommation de l’information et leur mémorisation des crises sur les réseaux sociaux.
Ainsi, je souhaitais interroger 5 professionnels en faceàface ou par téléphone, j’en ai
finalement interrogé 4, d’horizons différents : un responsable eréputation d’une chaîne
nationale de supermarchés, un business development manager pour un site ecommerce,
une social media manager en agence de communication, et une social media manager
freelance. Les 4 crises et leurs gestions étaient très différentes, certaines beaucoup plus
efficaces que d’autres. Les résultats obtenus sont ainsi variés, et montrent à la fois les
bonnes pratiques et les erreurs à ne pas commettre.
Quant aux particuliers, je souhaitais interroger 4 groupes : deux de personnes dites
“connectées”, et deux de personnes dites “non connectées”, chaque groupe représentant 5
personnes, soit un total de 20 personnes. Dans mon entourage, trouver des personnes
réellement non connectées a été compliqué, ainsi je n’en ai trouvé que deux, considérées
comme peu connectées. De l’autre bord, j’ai interrogé 5 personnes connectées, séparées en
deux groupes.
40
Guides d'entretien
Guide d’entretien pour les professionnels
Introduction Merci de m’accorder de votre temps. Comme expliqué précédemment, je vais vous
interroger afin de connaître votre vécu et vos conseils sur des problématiques liant
communication de crise et réseaux sociaux.
Pouvezvous me donner votre âge, votre profession, ainsi que l’année où vous avez
commencé à exercer s’il vous plaît ?
Thème 1 : Leur rapport aux réseaux sociaux Quel est votre rapport aux réseaux sociaux ? Sur quels réseaux êtesvous présents, à quelle
fréquence, et pourquoi ?
Professionnellement maintenant, d’une manière générale, quelle part est offerte aux réseaux
sociaux par rapport aux médias traditionnels ? Comment les cibles et objectifs de la marque
sont exprimés ou adaptés pour les réseaux sociaux ?
Piste de guidage :
Cibles/objectifs différents des médias traditionnels ? Différents d’un réseau social à un
autre ?
Thème 2 : Les marques ayant subi une crise avec répercussions digitales connues Lorsque j’évoque une crise ayant eu des répercussions sur les réseaux sociaux, à quelles
marques ou à quels événements pensezvous ? Pourquoi ? À votre avis, étaitce une
gestion efficace de la crise ? Pourquoi ?
Thème 3 : Leur expérience À titre professionnel, avezvous vécu une crise démarrée ou répercutée sur les réseaux
sociaux ? Si oui, comment l’avezvous gérée ? Qu’estce que cela a engendré pour les
prises de parole futures ?
41
Thème 4 : La gestion effective + conseils Selon vous, quels sont les indispensables pour chaque étape d’une crise sur les réseaux
sociaux ?
Pistes de guidage :
Anticipation
Gestion
Aprèscrise
Comment avezvous encadré la perte de contrôle engendrée par cette crise et la prise de
parole des internautes ?
Insister sur la manières dont il faut modérer ou non les commentaires et pourquoi !
42
Guide d’entretien pour les particuliers
Introduction Merci de m’accorder de votre temps. Comme expliqué précédemment, je vais vous
interroger afin de connaître votre consommation des médias et votre avis sur des
problématiques liant communication de crise et réseaux sociaux.
Pouvezvous me donner votre âge et votre profession s’il vous plait ?
Thème 1 : Où vontils chercher l’information ? Habituellement, si vous avez besoin d’une information sur une crise en cous, où allezvous
la chercher ?
Pistes de guidage :
TV (chaînes spécialisées, journal télévisé ou matinale)
Radio (d’information ou de divertissement)
Internet (moteurs de recherche, réseaux sociaux, presse en ligne)
Presse papier
Sur quels supports en particulier ?
Pistes de guidage :
TF1, France 2, M6, BFM TV, etc.
France Info, Europe 1, RFM, etc.
Google, Yahoo, Facebook, Twitter, liberation.fr, lemonde.fr, médiapart, etc.
Les Echos, 20 Minutes, Le Nouvel Observateur, etc.
À quelle fréquence regardezvous le journal télévisé ?
Comment recoupezvous les informations lues, vues et entendues ?
Comment vous tenezvous informé en temps réel ?
Piste de guidage :
Suivre le compte Facebook ou Twitter du journal
Être abonné à des notifications mobile
Être abonné à des alertes email
43
Thème 2 : Leur rapport aux réseaux sociaux Quelle utilisation d’Internet faitesvous ?
Êtesvous présent sur un ou plusieurs réseaux sociaux ? Si oui, lesquels, et pour quel usage
?
À quelle fréquence les consultezvous ?
Thème 3 : La crise digitale et les marques Quelles marques ou produits ont subi une crise qui s’est répercutée sur les réseaux sociaux
?
Pistes de guidage :
Si ne peut pas citer, expliquer le cas Nutella et Findus.
Nutella, basé sur ces deux articles : http://www.huffingtonpost.fr/2012/12/04/nutellacomptetwittercritiquessiteinterneth
uiledepalme_n_2237164.html
http://www.leblogducommunicant20.com/2013/02/09/nutellaunecommunicationqui
netournepasautourdupot/
44
Résumé d'un entretien ANTOINE DESCAZALS RESPONSABLE ERÉPUTATION DU GROUPEMENT DES MOUSQUETAIRES
ASSEZ BONNE GESTION Contexte : La dessinatrice Pénélope Bagieu a rencontré en 2013 lors d’un TED la dirigeante
de l’ONG Bloom. C’est une association de sauvegarde des espèces marines, qui lutte
notamment contre la pêche en eaux profondes.
Une BD est parue, et une pétition circule sur les réseaux sociaux (900 000 signatures, 300
000 partages sur Facebook). Une BD, c’est facile à partager, simple à comprendre, c’est
drôle, décalé.
Crise subie : Le Groupement, et particulièrement la Scapêche, ont alors été stigmatisés.
Les publications appelant à signer la pétition ou reprenant des termes de celleci se sont
multipliés sur les réseaux sociaux d’Intermarché, entachant ainsi les deux enseignes.
Réaction : Le Groupement des Mousquetaires n’était pas préparé ! Pas de Facebook ni de
Twitter pour Scapêche, et le groupe est présent sur beaucoup de sujets avec beaucoup
d’informations, il est difficile de voir qu’estce qui va potentiellement évoluer en crise.
Quelques messages ont été postés sur les comptes Intermarché, mais avec parcimonie car
ce sont deux entités différentes, et surtout, trop tard !
L’ONG communiquait des inexactitudes. Le groupe a donc essayé de rétablir la vérité via
son groupe de lobby, mais difficile de faire entendre sa voix en deuxième position.
Ils mettaient des informations sur leur site web qu’ils relayaient ensuite timidement sur leurs
bébé réseaux, et n’ont donc pas réussi à faire valoir leur discours (vrai) contre l’ONG.
Il n’y a quasiment pas eu de répercussions sur les médias traditionnels (TV), et la crise,
restée sur les RS, a eu un impact moindre, qui s’est calmé relativement vite. Les RS
amplifient, mais si la TV n’en parle pas, ça reste ok. La TV reste prédominante sur
l’exposition.
Au final, ils ont contacté l’ONG et signé un accord.
45
Leçons tirées : dorénavant, agence gère l’eréputation, et étudie jour après jour les
tendances d’eréputation du Groupement des Mousquetaires. Anticipe un peu avec des
formules modèles qui seront adaptables sur les réseaux sociaux.
Analyse pertinente de la crise : http://www.mycommunitymanager.fr/badbuzzintermarcheitinerairedunholduppresquepa
rfait
46