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décembre 2016
« La gestion durable des ressources naturelles dans un
contexte de changements climatiques »
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décembre 2016
Les XVième Rencontres internationales ont été organisées du 12octobre au 19octobre 2015 sur
le thème « La gestion durable des ressources naturelles dans un contexte de changements
climatiques »
Ce thème a été exposé et débattu lors de la journée d’études organisée conjointement par
l’Institut de Recherche des zones arides de Médenine (IRA),la délégation tunisienne et le bureau de
l’Association ÉCHANGES MÉDITERRANÉENS,
Cette manifestation, qui s’est tenue à Médenine le jeudi 13octobre 2016 a été une opportunité de débattre
des enjeux compte tenu de la spécificité géo-climatique méditerranéenne des régions arides visitées. Le
programme comprenait, en plus de la journée d’étude, des voyages et des visites techniques du 14 au 18
octobre dans les régions de Médenine, Tataouine, Douz, Matmata, Sfax, Sbeïtla, Sousse, Zaghouan, Tunis.
Les remerciements de l'association Échanges Med sont adressés plus particulièrement aux
responsables du Comité d’organisation et en premier à Saad SEDDIK, Vice-Président Tunisie de
l’association, qui en 2015, alors ministre de l’agriculture avait lancé l’invitation à ce rendez-vous
2016, mais aussi à Ridha GABOUJ, Abdelhamid KHALID, Jamel SEOUD, Rafik AINI, Mohamed
BOUFAOURA et à tous leurs collaborateurs de terrain qui ont œuvré pour assurer l’organisation, la
coordination entre les associations, les contacts multiples….afin que ces journées et rencontres se
déroulent dans les meilleures conditions.
Elles sont également adressées,
- aux institutions qui ont bien voulu accueillir les participants lors des visites, dont
notamment l’IRA de Médenine et l’INA de Tunis ;
- ainsi qu’à tous ceux, techniciens, agriculteurs, coopérateurs, qui ont pris sur leur temps
pour partager leur expérience. Enfin, il faut signaler la compétence professionnelle du personnel de la société TOPEVENTS, organisatrice
contractuelle, et saluer, les virtuosités respectives du chauffeur de car (Si Saïd) et du talentueux guide
touristique Mourad OURIMI
Les listes des participants et des rapporteurs figurent en fin de cahier.
Les documents originaux de présentation des intervenants peuvent être consultés sur :
- simple clic, sur les références correspondantes figurant, le cas échéant, dans les comptes
rendus de chaque intervention ou sur le site web de l’association à l’adresse : L’association/
Séminaires et autres événements: http://aem.portail-gref.org/gene/main.php?base=14
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Table des matières
TABLE DES MATIERES ........................................................................................................................................ 3
I - PROGRAMME DES XVEME RENCONTRES INTERNATIONALES. ................................................... 4
II– OUVERTURE DU COLLOQUE ....................................................................................................................... 7
II – 1- MOT DU PRESIDENT D’ÉCHANGES MEDITERRANEENS ......................................................................................... 7
II – 2- MOT DU VICE-PRESIDENT FRANÇAIS ................................................................................................................... 8
II-3- DISCOURS DU DIRECTEUR GENERAL DE L’IRA REPRÉSENTANT LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT AUPRÈS DU MINISTÈRE
DE L’AGRICULTURE, DES RESSOURCES HYDRAULIQUES ET DE LA PÊCHE ........................................................................ 9
III – RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET DES DISCUSSIONS ......................................................... 12
III -1–LA GESTION DE LA DEMANDE EN EAU DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN TUNISIE ..... 14
III -2–LA STRATÉGIE DE LA TUNISIE EN MATIÈRE DE CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS CES, DANS UN
CONTEXTE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE ...................................................................................................................... 18
III -3–POLITIQUE DE L’ÉTAT EN MATIÈRE DE DESSALEMENT DES EAUX POUR FAIRE FACE AU CHANGEMENT
CLIMATIQUE. .................................................................................................................................................................... 26
III -4 – FORETS ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : CADRE INTERNATIONAL ET ACTIONS LOCALES. .......................... 31
III -5 – LA STRATEGIE TUNISIENNE DES FORETS ET PARCOURS (2015-2024) DANS UN CONTEXTE DE
CHANGEMENTS GLOBAUX ................................................................................................................................................. 35
III -6– VULNERABILITE DES PLANTATIONS OLEICOLES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN ZONES ARIDES .... 40
III -7 – L'OLEICULTURE PLUVIALE : QUEL AVENIR DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE ; RARETE ET
DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES DE BASE (EAU, SOL ET BIODIVERSITE) ............................................... 52
IV - VISITES TECHNIQUES DES 13 AU 19 OCTOBRE 2016. ............................................................. 62
IV-1 -VISITES EN MARGE DE LA JOURNEE D’ETUDES DU 13 OCTOBRE 2016:PAR MARTINE BLATIN ET MICHELE LE
BARS. ................................................................................................................................................................................. 62
IV-2 - MATINEE DU VENDREDI 14 OCTOBRE2016: DETATAOUINE A MATMATA PAR ALAIN CHAUDRON - .......... 64
IV-3 - APRES-MIDI DU 14 OCTOBRE 2016,DE MATMATA A DOUZ, PAR JEAN-YVES OLLIVIER, ............................ 68
IV-4- MATINEE DU 15 OCTOBRE 2016PAR MARINE LOVERO ET J-Y OLLIVIER, .................................................. 69
IV-5 - APRES-MIDI DU 15 OCTOBRE 2016 PAR DOMINIQUE PETER ET P.FAURÉ .................................................... 72
IV-6 - MATINEE DU 16 OCTOBRE 2016, PAR PIERRE FAURÉ, ..................................................................................... 73
IV-7 –FIN DE MATINEE-DEBUT D’APRES-MIDIDU 16 OCTOBRE 2016 PAR DOMINIQUE BLATIN ET P. FAURÉ, ... 76
IV-8 - MATINEE DU LUNDI 17 OCTOBRE2016 PAR ALAIN JACOTOT ...................................................................... 78
IV-9 –APRES-MIDI DU 17 OCTOBRE2016, PAR J-C. COQUET ....................................................................................... 82
IV-10 - MATINEE DU 18 OCTOBRE 2016 PAR JEAN.JAUJAY ..................................................................................... 85
V - ANNEXES ...................................................................................................................................................... 87
V-1- TABLEAU DES SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................................................... 88
V-2 - LISTE DES PARTICIPANTS AUX XVEME RENCONTRES INTERNATIONALES D’ÉCHANGES MED ....................... 89
Nota : après relecture attentive du texte il est possible que des erreurs ou oublis subsistent, merci
de bien vouloir les signaler pour corrections à :
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I - PROGRAMME des XVème Rencontres internationales.
Ces XVème Rencontres internationales ont permis de partager 6 journées d’études et de visites
techniques (du 13 au 18 octobre), les journées d’arrivées (12) et de départs (19) étant laissées à
l’initiative des participants.
L’organisation de cet événement, confiée à l’agence « TOPEVENTS »,a permis un accompagnement :
logistique par les coordinatrices Fatma BEN NASSER (12-18 octobre) puis Inthidar
BACCOUCHE(18-19 octobre), touristique par le guide Mourad OUIRIMI, le chauffeur du car étant
Si Saïd ….
Programme commenté
Collègues
accompagnateurs
tunisiens
Mercredi 12 octobre 2016, à compter de 8H30:
Arrivées échelonnées suivant les vols, à l’Aéroport de Jerba-
Zarzis, accueil des participants et installation à l’hôtel VINCI
Jerba Resort. Journée libre avec visite de Houmt Souk pour les
arrivants du premier vol.
Saad SEDDIK
et
Jamel SEOUD
Jeudi 13 octobre 2016: o 7h00-9h00 : Trajet de la côte N-E de Jerba à l’Institut des
régions arides IRA de Médenine – Route de Jorf Km25 Médenine
o 9h00-16h30 : Journée d’études sur le thème retenu dans la salle
de conférence de l’Institut des régions arides IRA de Médenine, avec, pour les non participants au colloque, visite des installations
d’expérimentation et de recherche de l’Institut ainsi que du site
archéologique voisin de Gightis.
o 9h00-12h30 : 1ère partie du colloque
o 13 h à 14 h : Repas,
o 14h00-17h15 : 2ième partie, avec visite après 16h30 des locaux
de l’incubateur et de la pépinière d’entreprises,
o 17h15-19h00 : trajet de Médenine à Tataouine
o 20h00 : Repas et nuitée à l’hôtel SANGHO.
Vendredi 14octobre 2016 : o 8h15-9h00 : Départ de l’Hôtel pour la visite du Musée de la
mémoire de la Terre de Tataouine,
o 9h00-11h00 : Arrêts sur sites géologiques et culturel (Ksar
Hedada) et visite de la station SONEDE de dessalement des
eaux saumâtres de Béni Khedache.
S. SEDDIK,
et
J. SEOUD,
et
A. KHALDI
(en plus des
conférenciers
tunisiens)
A.KHALDI
« La gestion durable des ressources naturelles dans un contexte de
changements climatiques »
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o 11h00-12h15 : Arrêt, visite, et rencontre d’une délégation de
Ksar El Hallouf (Projet Dahar),
o 12h15-14h30 : arrêts sur point de vue (café Bellevue/Toujene -
13H20)et sur site d’aménagement et de conservation des eaux
et des sols CES (13h55 - Direction de l’Aménagement et de la
conservation des terres agricoles),
o 14h30-15h45 Arrivée à MATMATA et déjeuner à l’hôtel DIAR
EL BARBAR
o 15h45-18h15- arrêts sur habitat troglodyte et sur point de vue
en direction du désert (près de Tamazret), traversée du reg El
Koudia et arrivée à DOUZ,
o 20h00- Diner et nuitée à l’hôtel SUNPALM.
Samedi 15 octobre : o 7h30-11h50 : Départ de l’hôtel pour les visites, d’un chantier de
fixation des dunes et d’une oasis pour la cueillette des dates,
puis visite des installations de la station de dessalement des eaux
saumâtres dans la région de DOUZ
o 11h50-14h00 : visite du parc de BOUHEDMA
o Déjeuner servi en forêt
o 16h00-18h40 – Trajet vers SBEITLA en passant par Mazzouna
et Gafsa et arrêt photo à la tombée de la nuit pour découvrir
l’arc de triomphe du site de SBEITLA
o Diner et nuitée à l’hôtel SUFETULA.
Dimanche16 octobre : o 8h15: Départ de l’hôtel
o 8h30-9h50 Visite du site de SBEITLA o 9h50- 11h50 -Trajet et Visite de la pépinière forestière de
CHEBIKA o 11h50- 13h50 –Trajet et visites des bassins d'eau des Aghlabites
et Mosquée des Aghlabites (grande Mosquée) de Kairouan.
o 13h50 – déjeuner au restaurant BRIJA
o 15h15-16h30–départ pour SOUSSE et arrivée à l’hôtel El KSAR
17H00-19H00 –Visite libre de la vieille ville ;
o 20h00 - Diner
o 21h30 – Assemblée générale de l’Association Échanges
Méditerranéens et nuitée.
Lundi 17 octobre : o 8h00 - Départ de l’hôtel pour les visites,
o 8h15-12h15 visites, des installations de REU pour arrosage du
Golf Kantaoui, de la pépinière de Chott Meriem et du site
d’aquaculture de HERGLA,
o Déjeuner sur la plage au restaurant LA COSTA,
o 13h30-15h40 trajet vers SFAX et visite des aménagements de
conservation des eaux et des sols d’ENFIDHA :Projet TOUNES
AL KHADRA « Green Tunisia » Plantation d’un million d’arbres,
par l’association AL MADANYA en partenariat avec le
MAP/DGF/CDRA de SOUSSE,
o 16h40 – 17h40 - Visite du site du Temple des eaux, de son parc
et du parc national forestier DJEBEL ZAGHOUAN et du projet
AIFM lié ;
o Diner/nuitée dans un ensemble de chalets d’hôtes de ZAGHOUAN.
Mardi 18octobre :
A.KHALDI
A.KHALDI
M.BOUFAROUA
M.BOUFAROUA
et
R.AINI
M.BOUFAROUA
et
R.AINI
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o 8h15 : Départ de l’hôtel,
o 8h40 : Arrêt sur l’aqueduc romain, au niveau d’OUED MELIANE,
o 10h00–12h00- arrivée à l’Institut National Agronomique de Tunis
et rencontres et échanges avec le DG en présence de Saad
Seddik, ancien Ministre, avec professeurs, étudiants et collègues
ingénieurs
o Déjeuner au restaurant LE BAROQUE,
o 15h00-18h00 - Visites des différents sites archéologiques de
Carthage, du Musée National, de Sidi Saïd,
o Diner au Palais BAYRAM
o Nuitée à l’hôtel GAMARTH EL MOURADI.
Mercredi 19octobre : o Départs échelonnés pour l’aéroport international de Tunis-
Carthage, avec pour certains (vols de début et fin d’après-midi)
visites du Musée du BARDO et aperçu rapide de la Médina.
S.SEDDIK
et
M.BOUFAROUA
et
R.AINI
et
J.SEOUD
Arrivées
échelonnées les 12
et 13/10/16
Départs
échelonnés
les 18
et19/10/16
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Échanges méditerranéens pour l'eau, la forêt, l’énergie
et le développement durable des territoires
Journée d’étude du 12 octobre 2016
II– OUVERTURE DU COLLOQUE
Houcine KHATTELI, Directeur Général de l’IRA et
représentant le Secrétaire d’État auprès du
Ministère de l’Agriculture, des Ressources
Hydrauliques et de la Pêche
Jean JAUJAY, Président d’Échanges
Méditerranéens
Sous la Présidence de Saad SEDDIK, ancien
Ministre, Vice-Président d’Échanges
Méditerranéens, organisateur tunisien des XVème
Rencontres, qui ouvre la séance en souhaitant la
bienvenue à l'ensemble des participants
II – 1- Mot du Président d’Échanges Méditerranéens
Monsieur le Directeur général de l’Institut des régions arides,
Son Excellence Monsieur le Ministre, cher Vice-président d’Echanges méditerranéens
et cher ami,
Chers collègues,
Les précédentes Rencontres internationales de Tanger sur le dessalement, d’Aix sur
les énergies renouvelables, de Khenchela sur le développement durable des territoires
et d’Agadir sur les ressources en eau non conventionnelles – pour ne citer que celle
auxquelles j’ai participé – ont illustré le périmètre d’intérêt de notre association
Echanges méditerranéens : l’eau, la forêt, l’énergie et le développement des
territoires.
C’est avec un plaisir certain que j’ouvre les XVème Rencontres internationales,
accueillies par la Tunisie, et le Colloque sur la gestion durable des ressources
naturelles dans un contexte de changement climatique, accueilli par l’IRA à Médenine.
Il y a moins d’un mois la ratification par l’Union européenne du traité de Paris sur le
climat ouvrait la voie à sa mise en œuvre, relançant à quelques jours de la COP 22 de
Marrakech, la dynamique de mobilisation pour « sauver notre maison commune, notre
planète Terre ».
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Cet accord a bien mis en relief l’importance cruciale de la question agricole pour
l’atténuation et l’adaptation aux changements et - bien sur - pour la sécurité
alimentaire.
L’accent doit être encore mis sur la question fondamentale des sols, support de la
production agricole, animale et forestière mais également comme séquestreur de
carbone (comme le propose l’initiative 4 pour mille du Ministère français de
l’agriculture).
La Tunisie est déjà concernée par la variabilité de la pluviométrie, l’érosion des sols,
la présence de cultures pluviales et irriguées, l’aridité de son climat et la raréfaction
de ses ressources naturelles. Aussi est-il pertinent que nos collègues tunisiens aient
retenu le thème de la gestion durable des ressources naturelles dans un contexte de
changement climatique et l’Institut des Régions aride de Médenine comme lieu du
Colloque, compte tenu de sa longue expérience de recherche sur les zones arides et
leur mise ne valeur et de sa collaboration avec d’autres organismes de recherches
internationaux dont l’IRD en France.
Je remercie donc très chaleureusement la Vice-présidence tunisienne et son équipe
d’organisation d’avoir bien vouloir accueillir et organiser les XVème Rencontres
internationales avec un programme de qualité et à l’Institut d’avoir offert la
disponibilité de ses locaux et le partage de ses connaissances du thème.
Je suis persuadé que nous allons avoir une journée riche de témoignages et de
discussions illustrant la vocation de notre association : les échanges méditerranéens.
A tous excellente journée de colloque.
II – 2- Mot du Vice-président français
Monsieur le Directeur, chers amis.
Permettez–moi, au nom de mes collègues français, de vous remercier chaleureusement,
Monsieur le Directeur, pour la qualité de votre accueil de notre colloque annuel dans
ce magnifique siège de l’IRA et pour votre disponibilité. A travers vous, j’associe
bien évidemment tous vos collègues qui se sont mobilisés depuis plusieurs mois pour
faire de cette manifestation un succès.
Je n’aurais garde d’oublier dans ces remerciements votre vice-président tunisien et
ancien ministre de l’agriculture, mon homologue Saad SEDDIK qui nous promet, et nous
lui en sommes pleinement reconnaissant, d’être très présent dans le déroulement de
ces Rencontres.
Je ne reviendrai pas sur le thème qui sera amplement débattu sinon pour dire qu’il est
d’actualité et nous concerne tous. Le climat, la plus ou moins grande aridité, l’eau, le
rôle des forets, tout cela caractérise ce bassin méditerranéen autour duquel s’est
construite notre histoire commune et auquel nous sommes tous attachés à plus d’un
titre. Ainsi moi-même ai un attachement particulier à Marseille, ma ville, qui est un
véritable creuset de populations, une ville intégratrice et fière de l’être.
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II-3- Discours du Directeur Général de l’IRA représentant le Secrétaire
d’État auprès du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de
la Pêche
Monsieur le Président de l’Association Echanges méditerranéens pour l’Eau, la
Foret l’Energie et le développement durables des territoires
Monsieur les vices présidents d’Echanges Med,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un honneur et un plaisir de me trouver avec vous aujourd’hui au siège
de l’IRA pour participer au démarrage du colloque international sur :
« La gestion durable des Ressources naturelles dans un contexte de
changement climatique » Organisé par l’Association « Echanges Med » en marge de ses 15éme Rencontres.
Je suis également content que ce colloque, qui groupe d’éminents spécialistes, ait pu
se dérouler en Tunisie et précisément dans la région de Médenine connue par la
fragilité de ses ressources naturelles et très touchée par l’aridité et la sécheresse.
Mesdames et Messieurs L’opportunité de ce colloque est certaine, car il se situe entre la COP 21 tenue à
Paris l’année dernière et la COP 22 qui se tiendra sous peu au Maroc. Nous espérons
que cette dernière soit celle de l’innovation en matière d’adaptation et l’atténuation
aux effets des changements climatiques, notamment dans le domaine du développement
agricole de la COP 21, et le Maroc COP 22 mettra en exergue le rôle pivot de la
Méditerranée en matière de coopération.
En Tunisie, un des pays méditerranéens les plus concernés par le changement
climatique, des études d’évaluation de la vulnérabilité ont démontré, sans équivoque,
que notre pays subit déjà, et subira encore pour longtemps, des impacts de ce
phénomène planétaire, en particulier ceux liés à l’augmentation de la température (2 %
en 2050), la réduction des précipitations 10 à 30 %, et l’élévation de niveau de la
mer (0.5 m à la fin de 21éme siècle.
D’autres part, suite à la dégradation des ressources en eau et en sols, l’agriculture
tunisienne qui occupe entre 18 à 20 % de la population active et représente 8 % des
exploitations sera un des secteurs les plus touchés. Les conséquences pressenties au
niveau national sont graves : augmentation de la dépendance alimentaire, risque de
destruction des systèmes agraires et des économies agricoles à l’échelle locale.
Face à celle situation, notre pays à été contrainte de réviser ses stratégies de
gestion des ressources naturelles en intégrant la dimension durabilité et changement
climatique, et en développent un plan d’action pour l’adaptation et la lutte contre ce
phénomène.
Mesdames et Messieurs Devant la rareté des ressources en eau (quota de 460 m3/hab/an actuelle et qui
serait de 360 m3/hab/an en 2030) et les impacts liés aux changements climatiques,
des investissements importants ont été consentis par l’Etat Tunisien durant les
différents plans de Développement Economique et Social pour renforcer ses moyens de
résilience grâce à la mobilisation des ressources en eau, la protection des terres
contre l’érosion et une meilleure gestion des parcours et des zones forestières.
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La politique de mobilisation des ressources en eau à été mise en place pour profiter
des périodes pluvieuses et surtout des inondations en vue de satisfaire les besoins en
eau des différents secteurs pendant les années sèches. Elle s’articule autour des
principaux axes suivants :
- La poursuite de construction des barrages pour mobiliser les ressources en eau
de surfaces. Les taux de mobilisation actuel est de 91% actuellement (35
grands barrages, 253 barrages collinaires) et il sera porté à 97% en 2020.
- La sécurisation de l’alimentation en eau potable et de l’irrigation à travers
l’interconnexion des barrages, le renforcement de transfert du surplus des eaux
du nord vers le centre et le sud.
- La recharge des nappes qui concernant 50 sites pour un volume d’eau total de 60
millions de m3/ an.
Parallèlement à la gestion de l’offre, la Tunisie a adopté une politique de gestion de la
demande qui se base sur :
La mise en place d’un programme national d’économie d’eau à la parcelle et la
valorisation optimale de son usage. Environ 90% de la superficie irriguée est
couvert par des équipements d’économie d’eau.
Le renforcement da ma réutilisation des eaux usées traitées en agriculture vu
la quantité importante des eaux traitées (240 millions de m3 /an). La superficie
aménagée pour l’irrigation à partir de ces eaux est de 8100 ha actuellement.
Le dessalement des eaux saumâtres et de mer pour l’eau potable et
l’irrigation. A signaler que la capacité de traitement actuelle est de 120 mille
m3/j et que cette capacité sera portée à 520 mille m3/j à la fin du Plan 2016-
2020.
La gestion participative des systèmes hydrauliques au moyen des Association
d’Usages d’Eau (GDA)
Par ailleurs, une étude prospective à l’horizon 2050 sera réalisée incessamment pour
l’élaboration d’un plan stratégique global et cohérent du secteur compte tenu des
résultats des études sur les changements climatiques.
Mesdames et Messieurs
La conservation des eaux et du sol et la protection des terres agricoles constituent
une priorité nationale pour la protection des ressources naturelles et l’adaptation aux
changements climatiques.
Les études réalisées ont montré que :
*3.5 millions d’ha sont vulnérables à l’érosion,
* 1.8 millions d’ha sont menacés par l’érosion aigue dans les régions du nord
et du centre,
* 2.8 millions d’ha menacés par l’érosion éolienne surtout au sud du pays.
En plus des conditions climatiques, la vulnérabilité du sol à l’érosion et l’inadaptation
des systèmes culturaux ont contribué à :
o La sédimentation des barrages (environ 28 millions de m3/an),
o La perte du sol et de sa fertilité sur environ 10 mille ha/an,
o L’augmentation des risques d’inondation,
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o L’augmentation de la vulnérabilité du sol aux phénomènes de salinisation
et d’hydromorphie,
L’approvisionnement du sol en matière organique.
Pour ce faire, deux stratégies de CES ont été mise en place depuis les années 90,
elles ont permis l’aménagement et la protection de 1.8 mille d’ha des terres agricoles
et la protection de 6 mille ouvrages de dérivation et de recharge et environ 900 lacs
collinaires.
Les études ont montré que ces travaux ont un impact positif sur la diminution de
l’érosion de 24% à 15 % et la diminution de l’envasement des barrages de 28 millions
de m3 à 17 m3 et l’amélioration de la productivité des terres aménagées entre 20 et
50%.
Ces efforts seront consolidés et renforcés dans les futures plans de Développement
en misent sur les zones les plus vulnérables (région nord et sud) avec la mise en place
d’un système de suivi-évaluation de la nature du sol (fertilité, salinisation,
hydromorphie) et l’orientation de l’exploitation du sol selon sa vocation réelle ainsi que
l’adoption de l’approche participative intégrée dans la mise en œuvre des projets.
Mesdames et Messieurs Les forêts et les zones de parcours s’étendent sur une superficie de 5.6 millions d’ha,
soit 34% de la superficie totale du pays où résident plus que 800 000 habitants, soit
7% de la population totale et 28% de la population rurale.
Ces forets jouent un rôle important, entre autres, dans la protection de la
biodiversité et la réduction des effets du changement climatique. C’est dans ce cadre
que le Ministère de l’Agriculture des Ressources Hydraulique et de la Pêche a mis en
place une nouvelle stratégie forestière 2015 – 2024 dont la nouveauté réside dans
l’ouverture vers le secteur privé, le développement socio-économique à travers la
valorisation et la cogestion des ressources forestières et pastorales, la consolidation
de la gestion des aires protégées, l’atténuation des effets des changements
climatiques, l’amélioration du couvert forestier et pastoral et la lutte contre la
désertification.
Actuellement la Direction Générale des Foret finalise son Programme d’Investissement
Forestier(PIF) dont le financement servira à la réduction du déboisement et da la
dégradation des forêts, la protection des stocks de carbone forestier et la lutte
contre la pauvreté.
Honorables Invités
Mesdames et Messieurs Le Ministère de l’Agriculture sera très attentif aux recommandations qui vont découler
de votre colloque et j’espère qu’elles trouveront un écho favorable lors de COP 22.
Enfin, je réitère mes remerciements à l’Association « Echanges Med » d’avoir
renouvelé sa confiance en Tunisie pour organiser ses 15éme Rencontres pour la
troisième fois après 2002 et 2008. Le Ministère de l’Agriculture et l’IRA sont à votre
entière disposition pour faciliter vos travaux et vous garantir, autant que faire se
peut, un agréable séjour parmi nous.
Je souhaite plein succès à ces rencontres et je vous remercie de votre attention.
12
III – RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS ET DES DISCUSSIONS
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III -1–La gestion de la demande en eau dans un contexte de
changement climatique en Tunisie
Présentation de Ridha GABOUJ - Directeur Général du Génie Rural et de
l’Exploitation des Eaux -Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques
et de la Pêche - 30 Rue Alain Savary – 1002 Tunis. Ridha Gabouj, INAT-Tunis et ENGREF-Paris1987, est membre de longue date du conseil
d’administration d’Echanges Med’.
Notes prises par Alain LE JAN et Dominique CAIROL Le diaporama détaillé est disponible sur le site d’Échanges Méditerranéens ou par simple clic :diaporama.
1. La problématique actuelle
Les ressources en eau de la Tunisie sont très limitées : - 460 m3/hab/an actuellement (360 m3/hab/an prévus en 2030) alors même
que le seuil de pénurie est fixé à 500 m3/hab/an.
- Tous les secteurs (domestique, touristique et industriel) font pression sur la
demande pendant que les effets du changement climatiques s’amplifient :
augmentation de la température, réduction des précipitations, alternance des
périodes de sécherese et d’inondation.
- Les ressources souterraines sont surexploitées, la pollution des ressouces en
eau augmente, l’envasement des retenues progresse et la salinité des
ressources en eau est élevée.
2. Gestion de l’offre
L’effort est considérable : grands barrages, barrages et retenues collinaires,
ouvrages de dérivation; sécurisation de la ressorce en eau (eau potable en priorité) et
interconnexion des barrages avec transfert des surplus d’eau du nord vers le sud du
pays ; recharge des nappes (50 sites concernant 24 nappes, permettant de recharger
60 Mm3/an) ; construction de citernes d’eau pluviale (actuellement 100 000 unités ; à
noter que le quart de la population rurale du sud du pays dispose dispose d’un système
de collecte des eaux pluviales pour ses usages domestiques).
3. Gestion de la demande
Depuis les années 90 une politique de gestion de la demande vient consolider la
stratégie nationale de mobilisation et de conservation des ressources en eau. Autour
de la protection des ressources, cette stratégie articule l’économie d’eau et la
maitrise de la demande dans tous les secteurs de consommation, le développement des
ressources non conventionnelles tels la réutilisation des eaux uséees traités et le
dessalement des eaux, ainsi que la promotion de la gestion participative pour
pérenniser ressources et infrastructures.
4. Le programme national d’économie d’eau, en matière d’irrigation à la
parcelle
430 000 ha sont irrigués, 50% au nord ( barrages principalement), 40% au centre du
pays (nappes renouvelables) et 10% dans le sud ( nappes fossiles). Les vingt dernières
années 90% de cette superficie aujourd’hui irriguée a été équipée par des systèmes
15
d’économie d’eau à la parcelle , soit 388 000 ha, avec un taux moyen de subvention de
50%).
Actuellement, l’irrigation localisée concerne 45 % des 430 000 ha irrigués, l’aspersion
30 % et le gravitaire amélioré 25 %.
5. Le programme national d’économie d’eau, en matière de réseaux de
transport et de distribution
Les périmètres publics d’irrigation (PPI) sont sysytématiquement modernisés et
réhabilités : 31 000 ha entre 2005 et 2014 (172 millions de dinars tunisiens -MD),
25 600 ha en cours (320 MD). S’y ajoute un programme annuel d’entretien et de
maintenance des réseaux (12 MD/an).
6. Les résultats du programme national d’économie d’eau
- En terme de volume d’eau, le gain varie de 5 à 20 %, dû à l’amélioration de
l’efficience à la parcelle (60 % en 1990, 76 % aujourd’hui), à l’amélioration de
l’efficience des réseaux (qui ne dépassait pas 60 % et atteint maintenant entre 65 et
80 %), au raccourcissement des délais entre les tours d’eau (passés de 35 à 20 jours)
et à l’intensification agricole.
- Au plan économique, on considère que chaque dinar tunisien investi dans l’économie
d’eau rapporte 2,5 dinars. L’amortissement est obtenu en deux ans, sans subvention.
La productivité de l’eau explose : doublement dans le cas du grenadier (de 0,54 à
2,40 kg/m3).
7. Les perspectives
L’étude d’évaluation du programme national d’économie d’eau est en cours (800 000
dinars). L’objectif est de maintenir le niveau d’équipement actuel - 90 %-, de
favoriser l’irrigation localisée chaque fois que cela et possible pour atteindre 200 00
ha en 2020, de concentrer les efforts sur le pilotage de l’irrigation à la parcelle.
Parallèlement, il est prévu de continuer les programmes de réhabilitation et de
modernisation pour valoriser les périmètres d’irrigation, de renforcer les capacités de
vulgarisation et de sensibilisation et de consolider les programmes de maintenance
des infrastructures hydrauliques.
8. L’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation
11 terrains de golf, 450 ha
d’espaces verts et plus de
8 000 ha de terraons
agricoles, sur 29 périmètres
situés dans presque toutes les
gouvernorats, sont
actuellement irrigués avec les
eaux usées traitées de 27
stations d’épuration. Le potentiel représente 112
stations traitant actuellement
240 Mm3/an, situés
principalement dans le nord et le
centre du pays
16
La réutilisation des eaux usées traitées bénéficie d’un solide cadre réglementaire de
prévention des risques, mis en œuvre dès 1975 et régulièrement complété depuis
(détails dans le document mis en ligne sur le site).
Malgré des tarifs très faibles au regard des coûts d’exploitation et de maintenance,
le taux d’utilisation des eaux uséees traitées reste bas. Les causes en sont la
localisation des stations d’épuration (sur le littoral), l’instabilité de la qualité de l’eau,
le fait que seuls l’arboriculture, les céréales et les fourrages sont concernés, mais
aussi l’insuffisante sensibilisation des agriculteurs. Les perspectives de progrès
regroupent l’amélioration de la qualité de l’eau par traitements complémentaires, le
mélange avec des eaux conventionnelles, la recharge des nappes (expérimentation en
cours), ainsi qu’un appui aux travaux de recherche sur tous les impacts: sols,
production, nappes, santé, etc.
9. Le déssalement des eaux « On n’a pas le choix ! » souligne l’intervenant. La
Tunisie est engagée dans le dessalement des eaux
saumâtres et salées depuis les années 1980.
La capacité acuelle est 120 000 m3/j dont 80% pour la
Société nationale d’exploitation et de distribution des
eaux (SONEDE). 4 stations sont en cours de travaux
pour 60 000 m3/j supplémentaires, dont la station de
traitement d’eau de mer de Jerba (50 000 m3/j). 9
autres stations sont programmées correspondant à
337 000 m3/j, dont Zarat (100 000 m3/j) et Sfax
(200 000 m3/j). [Les participants à cette journée
d’étude avaient longé dans la matinée le chantier de
l’usine de Jerba. Des stations de dessalement des eaux
saumâtres ont fait l’objet de visites les jours suivants].
17
10. La situation des groupements de développement agricole chargés de
la gestion des systèmes hydrauliques/adduction d’eau (GDA-GH) et des
groupements chargés des périmètres publics d’irrigation (GDA-PI)
La gestion participative des équipements est fortement encouragée. A ce jour,
un GDA sur quatre présente un bon niveau de fonctionnalité.
18
III -2–La stratégie de la Tunisie en matière de conservation des
eaux et des sols CES, dans un contexte de changement
climatique
Présentation de Hassen CHOURABI (Directeur Général de
l’Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles -
ACTA) et de son collaborateur Ghedhoui SLAHEDDINE
Notes prises par Alain LE JAN et Dominique CAIROL
Introduction : les attributions de l’ACTA (Direction Générale de
l'Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles) Depuis sa création en 1990, la Direction Générale de l’ACTA, dépendant du Ministère
de l’Agriculture des ressources hydrauliques et de la pêche, est en charge de la
conservation des eaux et des sols
Elle assure la planification, la coordination
des projets et intervient dans les
financements. Malheureusement la
problématique de la dégradation des sols et
des ressources en eau va plus vite que les
sommes allouées.
L’objectif final de l’ACTA est de déboucher
sur une plateforme de développement
durable des territoires. Elle se concentre
pour cela sur les ressources naturelles dans
une perspective de gestion efficiente et
durable, sachant que toutes ses actions font
l’objet d’un suivi et d’une évaluation.
Pour ce faire la DGACTA accompagne
financièrement les différentes actions et
favorise la concertation entre les différents
acteurs.
1-Données Générales
La Tunisie, peuplée de
10 996 600 habitants (BM–
2014), est un pays aride
dominé par l’agriculture
pluviale, en effet sur les
terres de labour, 8 % sont en
irrigués et 92 % en agriculture
pluviale. Sur ces terres de
labour et de parcours, 3,5
millions d’hectares sont
sensibles à l’érosion.
19
Les ressources hydriques naturelles annuelles se montent à 36.109m3 en moyenne mais
sont soumises à une grande variabilité (90.109 maxi 11.109 mini). L’agriculture prélève
la plus forte partie des eaux mobilisées (soit 82% des 2,67 109m3 prélevés en 2000)
Apports annuels des pluies
36 109 m3 P moy/an
90 109 m3 1969-1970 P max
11 109 m3 1993-1994 P min
Répartition des ressources hydriques annuelles
moyennes en Tunisie (en milliards de m3)
Terres de labour
5,4 M ha
20
Ressources mobilisées
Enquête Aqua stat 2005
Les emblavures, les productions et les rendements des cultures varient fortement
d’une année à l’autre. Les rendements restent les plus bas en Méditerranée :
Évolution du rendement de l’olivier (Kg/ha) dans des pays Méditerranéens (FAOSTAT, 2015)
Eau de surface = 2,7 milliards m3 (60%)
Nappes profondes = 1,17 milliards m3
(26%)
Nappes phréatiques = 0,67 milliards m3
(14%)
21
Rendement de la culture de blé en Tunisie (T/ha) (FAOSTAT, 2015)
En conclusion, l’agriculture est d’une grande importance socio-économique (28 % des emplois,
80 % des ressources en eau, 12 % du PIB).
Sur une superficie totale de 16, 4 millions d’ha, seulement 1/3 de la superficie totale est
cultivée. Les caractéristiques synthétiques de l’agriculture tunisienne sont indiquées ci-
dessous :
80% de l’eau disponible est consommée par l’agriculture
95% des eaux sont mobilisées
Sols très peu fertiles (<1%)
516 000 exploitations
75% des exploitations ont une taille inférieure à 10 ha
3,5 millions ha sensibles à l’érosion
Perte annuelle de 1 à 2% de la capacité de stockage des retenues
55% de ressources en eau pluviale sont perdues par ruissellement-évaporation.
2-Les Réalisations en conservation des eaux et des sols
Les réalisations concernant la conservation des eaux et des sols se sont concentrées
dans les quatre domaines ci-dessous, pour un coût total de 1,2 milliards de DINARS.
On précisera ci-dessous les réalisations à partir de 1990.
21-Aménagement de bassins versants
Actuellement 1,856 millions d’ha ont été aménagés. (Sur la période 1990-2001,
aménagement de 573.892 ha, sur la période 2002-2011,640.641 ha).
22-Aménagement des terres à céréales
97.000ha ont été aménagés. (Sur la période 1990-2001, 70.494 ha , sur la période
2002-2011, 6.629 ha).
23- Ouvrages de recharge et d’épandage
6542 ouvrages existent actuellement (Sur la période 1990-2001, création de 3556
unités, sur la période 2002-2011, 2770 unités).
24-lacs collinaires
867 lacs existent actuellement (Sur la période 1990- 2001, 580 unités crées, sur la
période 2002-2011, 204 unités).
22
3-Nouveau contexte
Pour sa nouvelle approche en matière de conservation des eaux et des sols, la
Tunisie doit tenir compte d’un nouveau contexte lié d’une part à la révolution du 11
janvier 2011 et d’autre part à la prise en compte du changement climatique.
La révolution du 11 janvier 2011 définit de nouveaux besoins des territoires en
assurant une équité territoriale et visant plus de démocratie (concertation,
coordination). La nouvelle constitution garantit ainsi trois principes majeurs :
gouvernance locale, libre initiative, subsidiarité (ce qui se traduit par une
nouvelle approche du développement local et une nouvelle organisation de
l’espace).
Concernant le changement climatique, la Tunisie s’est fortement mobilisée en
participant à la Cop 21, en étant signataire des accords de Paris 2015, de
l’initiative 4P1000, en créant une task-force et en réalisant son premier
rapport biennal.
En effet le changement climatique impactera fortement la Tunisie. Selon le ministère
de l’environnement les études prospectives tablent :
sur une élévation des températures entre 1,4 et 2,1 C° sur l’ensemble du pays
à l’horizon 2050 et 1.9 et 2.9 C° à l’horizon 2100 ;
sur une baisse des précipitations entre 2 et 16 % sur l’ensemble du territoire
à l’horizon 2050. En 2100 la diminution pourrait atteindre entre 10 et 50 % en
moyenne mais pourrait monter à 60 % dans certaines régions d’après certains
modèles.
Les principales conséquences du changement climatique sur les ressources en eaux
(horizon 2030) seraient les suivantes :
Diminution des eaux de surface d’environ 5%. L’eau exploitable diminuera
légèrement.
Plus sensibles : Les nappes phréatiques de forte salinité, les nappes littorales
et les aquifères non renouvelables diminueront de 28%.
La diminution des précipitations estivales augmentera le manque hydrique du sol.
Face à ces défis les axes /orientations/réflexions sont les suivants :
Préservation et gestion des ressources naturelles à la parcelle pour un
développement durable de l’espace rural
Valorisation agricole des actions réalisées
Equité sociale et/ entre les régions
Gouvernance locale et décentralisation
Aménagement par objectif orienté vers des projets (Gestion intégrée des
ressources naturelles)
Intégration dans une stratégie nationale de Gestion intégrée des ressources
naturelles
Financement des actions et des programmes
Recherche-développement partenarial centré sur le développement des
capacités, de production de connaissances et de conseils pour :
1. une gestion rationnelle pour un maximum d’efficience
2. un développement de l’agriculture pluviale face au changement climatique
3. le suivi, l’évaluation et l’appui aux politiques publiques.
23
L’ACTA prend en compte le changement climatique et ses impacts potentiels à long
terme dans la planification stratégique des actions d’aménagement et de
conservation des terres agricoles à entreprendre. De nombreuses actions sont en
cours ou en projet dans le cadre de coopérations bilatérales ou multilatérales.
Les principales actions et programmes à long terme sont récapitulés dans le tableau
ci-dessous
Partenaires techniques et
financiers Programme/Projet/initiative/action
AFD / FFEM
PACTE: programme d’Adaptation au Changement Climatique
des Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie
(environnemental, économique, social): notion de territoires de
vie, adaptation au CC, développement durable, organisation
paysanne, gouvernance,
ADECIA
Partenariat institutionnel: développement du métier
d’animateurs (CADR), capitalisation des acquis de la
recherche, meilleure gouvernance des projets et
renforcement des capacités, suivi-évaluation et impact
CIRAD, IRD,
INRGREF, INAT
Observatoires des Ressources Naturelles: Plate-forme de
collecte, organisation, transfert et analyse de l’information
pour servir la planification territoriale
UE PAPS-Eau: réflexion nationale sur la stratégie de la DGACTA
GWP Med Planification de l’aménagement tenant compte de la
vulnérabilité au CC: dans le cadre du projet WACDEP
GIZ
Initiative relative à l’amont Nebhana: participation à
l’aménagement et la gestion durable des RN pour servir le
développement territorial
KFW Projet DARAL: Développement Agricole et Rural Autour
des Lacs collinaires
FAO
Développement des techniques de collecte d’eau pour
une agriculture durable et l’amélioration de la
résilience de la région du Sud
A court terme les programmes en cours sont récapitulés dans le tableau ci-dessous.
Partenaires techniques
et/ou financiers
Programmes en cours
Mesures d’adaptation
Budget national
Programme de plantation des
oliviers dans le nord
Migration des cultures entre
les étages bioclimatiques
PROGRAMME NATIONAL
Développement des techniques
de collecte des eaux : Les
citernes enterrées
Mobilisation des eaux par la
famille
24
les programmes en cours (suite) :
Partenaires techniques
et/ou financiers
Programmes en cours
Mesures d’adaptation
Intégration de l’arbre dans
les terres agricoles privées
dégradées/ Nord et du
Centre- Ouest tunisiens
à promouvoir l’intégration de
l’arbre dans les terrains
agricoles privés dégradés Aider les agriculteurs qui
réalisent des services
environnementaux
GIZ-CIRAD-INAT: 100
millions : 2016-2017
Convention de partenariat
pour le soutient aux petites
agricultures dans le haut
Nebhana « ISPAHAN »
Favoriser l'émergence d'une
agriculture durable et profitable
dans la Haut Nebhana
Évaluer des systèmes de
culture innovants testés sur la
fertilité du sol.
4-Les défis futurs de l’agriculture en Tunisie et les opportunités
L’agriculture tunisienne a un devoir de sécurité alimentaire et un rôle crucial dans la
stabilité et la cohésion sociales ainsi que le développement économique. Elle devra
produire plus et mieux dans un contexte fortement contraint par la rareté et la
dégradation croissantes des ressources naturelles de bases (sols, eau et biodiversité)
et des difficultés socio-économiques récurrentes.
L’accroissement des productions attendu ne peut pas venir de l’extension des surfaces
cultivées, ni de celle de l’irrigation. La seule réponse qui se traduit par une question
est : comment intensifier les systèmes pluviaux actuels? Pour ce faire il faut mobiliser
des connaissances et de l'ingénierie pour la construction et l'évaluation de systèmes
de culture alternatifs capables d'améliorer les performances et la résilience des
petites agricultures pluviales en Tunisie. Nous nous orientons vers les techniques de
l’agro-écologie qui permettront de développer des systèmes C-Smart (climatiquement
intelligent) , écologiquement intensifs, gérant à la fois l’eau pluviale et la fertilité
du sol: carbone, nutriments , structure /porosité / réserve hydrique.
Un certain nombre d’options techniques pour intensifier les systèmes pluviaux a été
identifié. Ceux -ci sont consultables sur les diapositives de la présentation
25
Panier d'options techniques possibles pour l'intensification écologique des
systèmes pluviaux tunisiens
Objectif Climate smart options Remarques
Réduire le
ruissellement
Techniques de CES;
Travail du sol (rugosité);
Enherbement; Mulching.
CES à la parcelle
Agriculture de
conservation;
Agroforesterie
Réduire
l’évaporation du sol
et augmenter la
transpiration de la
plante
Mulching; Brise-vents
Semis à sec (croissance et foliation rapides pour
un plus grand ombrage);
Densité et géométrie du peuplement;
Semis en paquets; Associations de plantes;
Agriculture de
conservation;
Agroforesterie
Maintenir l’eau le
plus longtemps
possible dans le
profil de sol
Mulching;
Apports de ressources organiques au sol (résidus
de récolte, BRF, compost, fumier…);
Travail du sol (réduit ou non- travail du sol;
retournement; outils).
Questions posées lors des 2 premières interventions - session 1 Question : il a été évoqué les possibilités offertes par les jardins de petites
dimensions (> 1000m2), permettant de fournir une production alimentaire. Y-a-t-il
des programmes publics dans ce domaine.
Réponse : Dans le nouveau code il y aura la possibilité d’une subvention pour des petits
équipements de dessalement, sous réserve d’une production de haute valeur ajoutée.
N°2 Q : il a été noté un fort investissement dans le domaine de l’agriculture pluviale.
Y-a-t-il des collaborations avec d’autres pays ?
Réponse : l’agriculture pluviale est un créneau porteur. On a commencé avec le Cirad
des travaux d’observation sur les pays de la Méditerranée. Cependant pour garantir la
durabilité des solutions il faut un travail important avec les agriculteurs locaux.
Cela rejoint les progrès en cours dans la mobilisation des acteurs au sein des
groupements de développement agricole (GDA). Les deux intervenants précisent
comment l’animation et la formation se développent en direction des agriculteurs.
Après 2011, des actions ont été conduites avec des financements pour restaurer la
confiance entre l’administration et les GDA. L’objectif est de créer des fonds pour
l’animation, afin que les GDA soient responsables de la gestion financière et de la
gouvernance locale. Il faut réaffecter les ouvrages de CES aux agriculteurs. Par
ailleurs, pour que nos ingénieurs aient une bonne aptitude à communiquer, il ya
maintenant dans les formations un module complémentaire qui traite du mode de vie
des agriculteurs.
N° 3 Q : il n’a pas été évoqué le progrès génétique pour faire face au changement
climatique.
R : Il y actuellement un programme FAO sur l’amélioration des orges.
26
III -3–Politique de l’État en matière de dessalement des eaux
pour faire face au changement climatique.
Présentation préparée par Fethi KAMEL - Directeur de Production Sud
Est et M. Zouhaier KHABIR, Chef de la Division Production de Médenine–
Société nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux - SONEDE
Notes prises par Jean-Louis BARJOL
En 45 diapositives Zouhaier KHABIR, a présenté la politique de l’Etat en matière de
dessalement des eaux pour faire face aux changements climatiques.
En premier lieu il a présenté le problème des ressources en eau insuffisantes de la
Tunisie et l’aggravement de la situation sous l’effet du changement climatique.
Les ressources en eau de la Tunisie sont limitées et le problème est plus
accentué dans le sud vu la rareté des précipitations et la forte salinité des
ressources souterraines (le potentiel n’y dépasse pas 400 m3 /habitant/an
quand l’ONU fixe un seuil de pauvreté à 1000 m3)
La rareté de la ressource est accentuée par le changement climatique qui se
traduit par :
Une augmentation de la fréquence et de l’intensité des années extrêmement
sèches
Une forte variation des périodes sèches et humides d’une saison à l’autre
Une diminution des précipitations estivales et une augmentation du déficit
hydrique des sols
Une baisse des précipitations avec une diminution des eaux de surface
Une diminution du potentiel des eaux souterraines et une augmentation de
leur salinité
Il a ensuite chiffré les ressources en eau du pays et leur taux d’exploitation :
Le potentiel hydrique est de 4840 millions de m3 (dont 56% en eaux de
surface et le solde en eaux souterraines)
Sur ce potentiel 4640 millions de m3 (soit 96%) sont disponibles avec un
total exploitable en 2014 de 4200 millions de m3 Cette année-là la Tunisie a
mobilisé environ 93% des ressources.
Il a aussi donné des perspectives pour les ressources exploitables qui si elles
sont passées de 2767 millions m3 en 1996 (dont 2647 pour les eaux
conventionnelles et 120 pour les eaux non conventionnelles) à 3300 millions
de m3 en 2010 (dont 3090 pour les eaux conventionnelles et 210 pour les
eaux non conventionnelles) devraient se réduire dans le futur à 3106 millions
de m3 en 2020 (dont 2792 pour les eaux conventionnelles et 314 pour les
eaux non conventionnelles) mais remonter ensuite à 3121 millions de m3
(grâce aux eaux non conventionnelles prévues à hauteur de 389 millions de
m3)
Il a poursuivi son exposé par une présentation de la réponse de la Tunisie à ce
problème hydrique. Elle passe par l’utilisation accrue des ressources non
conventionnelles et un programme ambitieux de dessalement est en cours de
27
réalisation mais aussi par une gestion de la demande ainsi qu’une protection et
sauvegarde des ressources en eaux. Les orientations futures de la Tunisie se portent
vers une augmentation du taux de réutilisation des eaux usées, une recharge
artificielle de certaines nappes par des eaux épurées traitées, par un encouragement
du recyclage des eaux usées dans le domaine de l’industrie et par un développement
du programme de dessalement des eaux saumâtres et de mer.
Il a ensuite donné la liste des diverses techniques de dessalement (thermiques,
membranaires et chimiques) avant de présenter la situation du dessalement en
Tunisie.
En juin 2013 il y avait 90 unités de dessalement installées pour une
capacité de production de 150 000 m3/jour, et la majorité de celles
destinées à la production d’eau potable est située dans le sud.
La production d’eau douce issue du dessalement est destinée pour 47%
à l’eau potable, suivie de l’industrie avec 33,3% et du secteur
touristique avec 13,3%, Seul 1,3% est destiné à l’agriculture.
Par procédé c’est l’osmose inverse (RO) qui domine avec 83% de la
capacité de production installée.
L’eau traitée est pour 83,3% e l’eau saumâtre et pour 13% de l’eau
de mer
Mr KHABIR a ensuite présenté en détail les principes de l’osmose inverse à
l’aide de divers graphiques dont nous retiendrons les deux suivants :
28
Après il a présenté la situation des 5 stations de dessalement de la SONEDE
mises en service entre 1983 et juin 2013:
La partie suivante de son exposé a porté sur les perspectives du dessalement
en Tunisie qui s’articule autour de deux phases, la première visant les villes de
plus de 4000 habitants dont la salinité des eaux dépasse 2g/l et la seconde les
villes de plus de 4000 habitants ayant des eaux de salinité comprise entre 1,5
et 2 g/l.
29
La première phase concerne les gouvernorats du sud et prévoit la mise en
route de 10 stations dont 9 par osmose inverse et 1 par EDR pour une
capacité totale journalière de 36 200 m3 (chaque station dispose de 1 à 3
lignes dont la capacité unitaire est de 800, 2000 ou 2500 m3/jour)
La seconde phase prévoit l’installation, toujours dans les gouvernorats du sud,
de 6 autres stations pour un volume total de 31 000 m3/jour (avec des lignes
de capacité de 1000, 1500 ou 3000 m3/j)
Par ailleurs M. Zouhaier a présenté quatre projets clef en main de
dessalement d’eau de mer par osmose inverse concernant Djerba (pour 50 000
m3 /j), Sfax (200 000 m3/j), iles de Kerkennah (6 000 m3/j) et Zarrat (100
000 m3/j).
Enfin il a traité les aspects financiers et environnementaux (devenir des eaux
saumâtres en sortie de station) qui influent sur le choix de la technique. Parmi
les critères ont été soulignés la salinité de l’eau à traiter (saumâtre ou eau de
mer) et celle attendue à la sortie selon l’usage industriel ou domestique, la
durée attendue de fonctionnement, le degré d’automatisme et de contrôle, les
sources d’énergies disponibles et la taille de l’installation.
Le tableau ci-après souligne à quel point le phénomène d’économie d’échelle est
important dans ce type d’investissement jusqu’à un certain volume de
production. Ainsi en multipliant par 10 la capacité le cout d’investissement par
m3/j est divisé par deux en eau saumâtre et par plus de deux en eau de mer
Mais ensuite ce phénomène plafonne au-delà car le passage d’une capacité de
40 000 à 60 000 m3/j ne génère que peu d’économies:
.Quant au coût de dessalement, comme l’illustre le tableau suivant il oscille
entre 0,2 $/m3 à partir d’eau saumâtre dans une grande station et 1,3 $/m3 à
partir d’eau de mer dans une petite station :
30
Quant à la décomposition du coût de production d’un mètre cube d’eau de mer
dessalée par osmose inverse elle est donnée par le graphique suivant qui
souligne la part dominante (39% de l’amortissement (39%) suivie de l’énergie
(28%) :
En conclusion, le dessalement de l’eau de mer constitue un choix important
dans la mobilisation des ressources en eau de la Tunisie, en particulier dans le
Sud pour atténuer les effets négatifs du changement climatique. Mais elle
devra s’accompagner d’une maitrise de la demande, notamment en améliorant
les rendements des réseaux et d’un développement de la recherche en
collaboration avec les universités et les laboratoires de recherche.
31
III -4 – Forêts et changement climatique : Cadre international
et actions locales.
Présentation de Marine LOVERO- Association Internationale Forêts
Méditerranéennes
Notes prises par Jean Louis BARJOL et Yves LE BARS.
Association Internationale
Forêts Méditerranéennes
Agadir - du 20 au 24 mars 2017
Marine LOVERO est ingénieur forestier à l’Association
internationale forêts méditerranéennes (AIFM), une ONG
internationale créée en 1996, dont le siège est à Marseille. Elle
est adjointe de direction et chef de projet, spécialisée dans la
gestion des espaces forestiers méditerranéens. Elle a en charge la
gestion courante de l'association, le montage et la mise en œuvre
de projets, et l'animation de réseau.
Le président en est Abdelhamid KHALDI, Chercheur à l’Institut
national de recherche en génie rural, eaux et forêts, Tunisie.
Alain CHAUDRON en est le trésorier. Tous les deux étaient
présents à nos rencontres.
1/ L’accord de Paris, rappels des points principaux
Marine LOVERO nous rappelle d’abord les
enjeux de l’accord de Paris, adopté lors de la
COP 21, qui vise à contenir le réchauffement
climatique en dessous de +2 degrés Celsius par
rapport à l’ère préindustrielle (en fait 1880-
1899, avec une augmentation déjà acquise de
+0,85°C). La COP 21 encourage l’adaptation
aux effets du changement climatique dans le
contexte du Développement durable.
Et en 2100, l’ambition est que nous soyons « neutres en carbone », c’est-à-dire que
nous n’ajoutions plus de CO² dans l’atmosphère, les puits de Carbone devant équilibrer
les émissions.
L’accord entre en vigueur le 4 novembre 2016, puisqu’il a été ratifié par plus de 55%
des parties, et pour plus de 55% des émissions.
Nouveauté essentielle dans cet accord, les Etats ont défini leur NDC (Nationally
Determined Contribution), la contribution que chaque pays se donne pour la réduction
des émissions. Un bilan global sera fait en 2023, puis tous les 5 ans.
2/ Les Forêts dans l’accord de Paris
Les forêts sont citées dans l’accord, à son article 5. Leur rôle clé est reconnu, sous
le double aspect de la réduction des émissions et de l’adaptation aux dérèglements
climatiques. Le dispositif REDD+ (« Reducing Emissions from Deforestation and Forest
Degradation », ou « Réduire les émissions de CO2 provenant de la déforestation et de
la dégradation des forêts ») témoigne de cet intérêt pour la forêt : le « + »
32
correspond à la prise en compte de l’augmentation des stocks de carbone, par exemple
via des pratiques sylvicoles adaptées ou des plantations, ce qui peut fonder une
rémunération pour les pays en développement et émergents via des contributions
provenant des pays industrialisés. Le principe des Paiements pour Services
Environnementaux (PSE) permettrait de rémunérer les communautés ou entreprises qui
apporteraient des services à la conservation et amélioration des forêts.
Plus de 100 pays ont placé la forêt et l’usage des sols dans leur NDC.
Une harmonisation des stratégies et plans d’action nationaux est prévue, tant pour
intégrer les forêts dans la lutte contre le changement climatique que pour prendre en
compte le changement climatique dans la gestion des forêts.
3/ Ce qui se fait concrètement au niveau international
Certaines agences de l'ONU (PNUD, PNUE et FAO) ont créé en 2008 le programme
UN-REDD, qui veut soutenir les projets ou organisations de REDD+ dans les pays
partenaires.
Il s’agit d’aider, en particulier financièrement, l’élaboration de documents nationaux,
de renforcer les capacités techniques et la gouvernance pour les projets de REDD+,
en favorisant la participation de tous les acteurs, dont les populations indigènes et
tous les collectifs dépendants de la forêt.
Un portail internet peut être consulté, une documentation est accessible.
Le comité pour les forêts de la FAO a en juillet 2016 élaboré une stratégie pour
affronter les changements climatiques, et mieux y faire jouer le rôle des forêts.
4/ Trois exemples de projets en Méditerranée Marine LOVERO présente trois projets significatifs.
Le projet FORCLIMADAPT« Adaptation des espaces forestiers
méditerranéens aux changements climatiques ». C’est un Programme MED, financé par
le FEDER sur les années 2010-2013
Son objectif : développer de nouvelles techniques permettant d’améliorer les capacités
d'adaptation des espaces naturels méditerranéens au changement climatique sur la
rive Nord.
Il regroupe 8 partenaires, et organise le système d’observation sur 7 sites pilotes.
Cela permet :
le suivi des
changements dans les
écosystèmes
le développement
d'une « sylviculture
adaptative »
le développement de
méthodes de restauration
écologique et de
reboisement de terrains
dégradés
33
Son action contribue à l’information et au transfert des connaissances, à la
sensibilisation du public et à l’amélioration de la gouvernance participative dans les
territoires. Ses thèmes sont de plusieurs dimensions :
l’adaptation de la gestion des forêts aux changements attendus, au niveau des
peuplements, au niveau des massifs ou à l’échelle régionale
l’anticipation des dépérissements, prévenir les incendies, combattre l’érosion et
restaurer les terrains dégradés.
Le projet est maintenant terminé, et un cahier final du projet peut être consulté sur
www.aifm.org.
Le projet FFEM
L’objectif de ce projet est « Optimiser la production de biens et services par les
écosystèmes boisés méditerranéens dans un contexte de changements globaux ». De
façon complémentaire au précédent il est centré sur 5 pays au Sud de la
Méditerranée. Il est financé par le FFEM (Fonds français pour l’Environnement
Mondial), et coordonné conjointement par le Comité FAO Silva Mediterranea et le Plan
Bleu. Il porte sur les années 2011-2015
Pays et sites du programme FFEM
Ce projet a eu cinq composantes :
Produire des données et outils pour la décision et la gestion des espaces
naturels, des points de vue de leur vulnérabilité et leur capacité d’adaptation
aux effets du CC ;
Evaluer la valeur économique et sociale des biens et services rendus ;
Là aussi, promouvoir la gouvernance participative et territoriale ;
En tirant parti des composantes précédentes, permettre l’optimisation des biens
et services environnementaux fournis et la valorisation des efforts
d’optimisation (dont stockage de carbone, avec l’appui d’ONF International) ;
Enfin organiser une coordination régionale notamment pour la rédaction des Plan
Climat de la Forêt Méditerranéenne.
Pour en savoir plus, aller à :https://sites.google.com/a/planbleu.org/plateforme_foret/home
34
Le projet MEDFORVAL
Son objectif est de renforcer la collaboration des praticiens et autres responsables
de différents secteurs pour des mesures concrètes de protection, gestion et
restauration de forêts à Haute Valeur Ecologique. Ses interventions passent par la
mise en un réseau cohérent de gestionnaires de sites terrestres naturels et forestiers
de Haute Valeur Ecologique. Il organise les échanges, des formations, et des actions
de communication, avec l’ambition de dégager une somme de solutions naturelles pour
la résilience climatique
Financé par MAVA (Fondation pour la Nature Suisse), il porte sur les années 2015-
2017. C’est l’AIFM qui en est le coordinateur.
Les sites du réseau MEDFORVAL :
On pourra se reporter au compte rendu de la visite faite à l’un des sites, celui de
Zaghouan.
Pour en savoir plus : www.medforval.aifm.org
En conclusion de cette présentation nous retenons combien les enjeux sont élevés pour
la Forêt autour de la Méditerranée : les échanges entre tous les partenaires sont clé,
la coopération régionale et les réseaux internationaux méritent d’être soutenus !
CF. la présentation suivante sur la Stratégie tunisienne des forêts et parcours, et le
débat qui a suivi les 2 exposés.
35
III -5 – La Stratégie tunisienne des Forêts et Parcours (2015-
2024) dans un contexte de changements globaux
Présentation de Habib ABID (Directeur Général des Forêts) empêché
ayant délégué pour le remplacer, Ameur MOKHTAR, nouveau directeur du développement sylvo-pastoral à la Direction Générale des Forêts
tunisiennes DGF.
Notes prises par André BARBAROUX
1° Une stratégie pour la période 2015- 2025
- Rappel du contexte :
La Tunisie est quasi entièrement en zone aride
(sauf l’extrême nord) et subit donc de plein
fouet les conséquences du réchauffement
climatique.
34% du territoire (5,6 millions ha) est couvert
par forêts, parcours et nappes alfatières et
est occupé par 888 000 à 1.000.000
d’habitants soit 10% de la population totale.
Ces territoires génèrent près de 5% du PIB.
• Valeur économique des forêts estimée à
237 MDT, soit 0.3 à 0.4% du PIB.
• Valeur économique totale (des forêts et
des parcours) estimée à 1055 MDT, soit
4.48% du PIB.
On y trouve :
- 41 zones humides classées Ramsar,
- 44 aires protégées (17 parcs naturels,
27 réserves naturelles),
- 4 réserves fauniques.
- Les stratégies nationales.
On ne part pas de rien, vu l’importance
économique et environnementale de ce
territoire, des stratégies antérieures à
périodicité décennale avaient été définies
successivement pour les années 1990 -
2000, puis 2000 - 2010.
36
- Les grands axes de la dernière stratégie :
*Axe 1 : Adoption d’un cadre institutionnel et juridique (Coût: 17,6MDT) : réduction de l’administration forestière, (restructuration en une structure autonome)- renforcement
des capacités de l’administration forestière - réforme du code forestier - accent mis
sur la recherche/développement - mobilisation de ressources financières -
assainissement de la situation foncière des forêts.
*Axe 2 : Optimisation de la contribution du secteur au développement économique
global (Coût: 241,2MDT) : Développement socio-économique des zones forestières et
pastorales- appui à la valorisation des ressources pastorales et forestières - accent
mis sur le partenariat Public-Privé.
*Axe 3 : Amélioration des fonctions et services environnementaux des ressources du
secteur (Coût: 256,2MDT) : protection des forêts et accroissement de leur
productivité (Mise à niveau des infrastructures de prévention et de protection - Mise en
place d’un système de surveillance ou de veille pour la protection des forêts contre les feux et
la protection sanitaire) - amélioration de la gestion de la forêt (plans d’aménagement,…),
consolidation et amélioration de la gestion des aires protégées(y compris des zones
humides), conservation de la biodiversité- changement climatique (Recherche/action sur la résilience des écosystèmes et la séquestration du carbone dans les parcours et forêts)
*Axe 4 : Amélioration du capital des terres forestières (Coût: 334,47MDT) : Développement et amélioration du couvert forestier (reboisements, forêts et parcours
secteur public et privé – Schémas directeurs – Recherche développement/régénération et
productivité forestière) - Développement des parcours et lutte contre la désertification
(Mise en œuvre de plans d’aménagement des parcours collectifs sur 150.000 ha – Mise
en œuvre d’un programme spécifique dit prioritaire d’amélioration pastorale et de lutte
contre la désertification (150.000 ha).
Schéma de financement/Coûts
Coût total de la
stratégie : 849x109 DT
financés conjointement
par l’Etat à près de 60%,
le solde se répartissant
entre la coopération
internationale, la
population, les institutions
publiques et privées
rattachées au ministère
de l’agriculture.
2° L’approche tunisienne face au changement climatique
Coordination et travail avec toutes les parties, au niveau international et
participation à l’effort mondial.
Renforcement du cadre institutionnel.
Elaboration des communications requises par la convention internationale et
mises à jour périodiques
37
Lancement d’études de vulnérabilité et élaboration de plans d’action pour
identifier les méthodes appropriées d’adaptation. Ces études démontrent que
la Tunisie est très vulnérable (augmentation du niveau de la mer et salinité,
réserves d’eau douce limitées touchées de plus par la salinisation et
l’évaporation, perturbation croissante des saisons qui engendre une régression
des rendements économiques. D’où certaines études majeures sur l’adaptation
de l’agriculture et des écosystèmes et l’impact sur les régions littorales.
Les conséquences de cette situation sur
une augmentation de la température
moyenne annuelle,
une baisse modérée des précipitations,
une variabilité accrue du climat, avec une
accentuation des phénomènes extrêmes
(sécheresses, inondations, vent) et les années
très sèches devant être plus intenses et plus
nombreuses.
Sur les ressources en eaux : on recense
4,7 M m3 d’eaux de surface et souterraines, le
déficit hydrique s’accroit.
Sur les éco systèmes : Augmentation des
risques d’incendies, dégradation des sols, baisse
des produits traditionnels, appauvrissement
généralisé de la biodiversité.
Sur l’agro système (cultures pluviales et
irriguées, élevage, cultures des oasis soit 5,5 m
d’ha): événements extrêmes peuvent entrainer
jusqu'à - de 50% pour la récolte d’olives à
horizon 2030, forte diminution des superficies
arboricoles fruitière non irriguée (6(à%) et une
réduction de l’élevage (bovins, ovins, caprins)
jusqu’à - 80% ; les situations inverses
(pluviométrie favorable) peuvent accroitre la
récolte jusqu'à + 20% et 10% pour l’élevage mais
ne permettent pas un rattrapage. Quant aux
céréales, les espèces récentes seraient sans
doute moins adaptées et chute importante des
rendements en cas de succession de phénomènes
extrêmes avec une reprise en cas de pluviométrie
favorable ne couvrant qu’en partie les baissent
des années précédentes.
3° Les enjeux de la stratégie nationale : principes directeurs
Stratégie à moyen et long terme : Assurer le maintien des ressources à moyen
et long terme.
Intégrer la variabilité du climat dans la politique agricole et, plus largement,
dans les politiques d’aménagement du territoire en ayant une approche globale
Gérer de manière intégrée à la fois au niveau des ressources (eau, agriculture,
biodiversité) et des différents secteurs économiques.
38
DÉBAT
Éléments de la discussion en rapport avec les 2 exposés forestiers:
Question d’Yves LE BARS : Qu’attendez-vous de la COP 22 ?
Réponse de Ameur MOKHTAR, nouveau directeur du développement sylvo-pastoral à la
DGF (qui remplace ici, Habib Abid) : nous n’attendons quasiment rien, sauf à ce que l’eau
soit remise dans les débats, pour l’instant exclue. Une conférence des ministres africains
en juillet a préparé une charte pour la COP 22.
Sur la forêt, il faut que les co-bénéfices (les services environnementaux) soient au moins
autant pris en compte que le carbone : trouver les mécanismes pour faire payer ces
services en plus de la séquestration du carbone.
Réponse de Marine LOVERO : On n’attend pas grande chose de la COP 22, mais une COP
est un ensemble d’événements : il y aura la 22ème COP elle-même, la 11ème conférence des
parties du protocole de Kyoto (toujours en vigueur), la 1ère conférence des parties de
l’accord de Paris (avec l’Union Européenne, puisqu’elle a ratifié le traité), et de nombreuses
discussions et évènements organisés par des entreprises, des ONG ou autres acteurs.
Réponse de Saad SEDDIK : dans les 10 dernières années, 3 années sèches (1999, 2000 et
2001), et cela pourrait aller à 4 ! Et en même temps les inondations sont plus intenses.
On attend donc de la COP 22 un partenariat de solidarité internationale qui permette de
compenser les pertes de récoltes de ces années sèches (et l’exposé de Mounir ABICHOU,
de l’Institut de l’Olivier, sur la cartographie de la biomasse par télédétection rend possible
la mesure de ces pertes).
Remarque de Dominique PETER : Face aux difficultés d'élaborer de concert entre
plusieurs services relevant de directions différents des réglementations cohérentes et
applicables, une normalisation peut être utile, l'expérience montrant que les prescriptions
afférentes sont souvent reprises dans des textes officiels ultérieurs et prises en
considération par les bailleurs de fonds internationaux.
Réponse Ameur MOKHTAR : Sur les normes, je partage la remarque mais il faut tenir
compte aussi de l’opinion et faire de la pédagogie en partant d’expériences concrètes, en,
montrant les choses et en capitalisant car il ne nous parait pas possible d’imposer sur tout
au risque d’entrainer des effets de rejet.
Question de Jean JAUJAY : Y a-t-il des GDA forestiers, alors que 1M de personnes
vivent dans ou autour d’elles ?
Réponse Ameur MOKHTAR : 100 000 vivent dans les forêts et 700 000 autour. Et oui, des
associations forestières d’intérêt commun ont été créées en 19XX, puis transformées en
GDA (mais 50 GDA créé seulement, dans une démarche peu démocratique…).
Autre réponse : C’est un axe de la stratégie de donner place à des GDA, mais c’est plus
difficile de mobiliser les gens que pour l’eau. Plus largement, nous privilégions une approche
dite participative avec l’ensemble des partenaires, en mettant en avant, le développement
socio-économique et écologique de la gestion forestière Et actuellement la population ne
peut faire de coupes et donc de vente de bois : cela devrait évoluer.
39
Question : Qui entretient les bassins versants aménagés ?
Réponse : Selon la propriété les gens eux-mêmes, ou les services forestiers.
Question de Dominique CAIROL : les forêts sont-elles suffisamment entretenues et le
« barrage vert » contre l’avancée du désert est-il efficace?
Réponse : L’entretien des forets dépend naturellement des propriétaires : pour les forêts
publiques, c’est la direction générale des forets qui est en charge ; pour les autres tout
dépend de la capacité à investir des propriétaires.
On met toujours en avant la « barrière verte » n’oublions pas que nous n’avons pas que des
déserts, notre territoire aride et semi-aride est beaucoup plus important, en outre il faut
réfléchir à quelle barrière verte, avec quelles espèces d’arbres et de plantes ? Nous ne
sommes pas sûrs que sur ce plan les expériences voisines soient concluantes. En revanche,
nous avons une politique active d’endiguement des dunes pour éviter qu’elles n’avancent et
ne menacent le bâti et les cultures, notre technique est rustique mais elle a fait ses
preuves et surtout, elle est localement bien maitrisée.
Question de Philippe GUERIN : qu’en est-il des nappes fossiles ?
Réponse : la nappe albienne est exploitée avec une convention entre Algérie, Lybie et
Tunisie, dans les oasis essentiellement. Il existe un mécanisme de contrôle entre les 3
pays. C’est un grand sujet de préoccupation car elles jouent un rôle essentiel et nous
devons éviter leur épuisement et nous assurer de leur pérennité. D’où une politique d’une
part de les inventorier (ce qui est à peu près fait) et de contrôle par le biais
d’autorisations avec les limites afférente à ce système largement laissé à l’initiative des
propriétaires ou exploitants.
Question d’Yves LE BARS : les jeunes ruraux vont-ils vers les métiers de l’agriculture et
de la forêt ?
Réponse : non ils ne sont pas très attirés. Ce sont des emplois non permanents et mal
couverts.
Il faut dépasser les réponses sectorielles, et organiser les filières, avec les GDA. Et aller
vers des assurances sècheresse.
80% des exploitations ont moins de 5 hectares, et 80% des agriculteurs ont plus de
60 ans : mettre à niveau les exploitations familiales avec un financement associé est
indispensable !
Autre réponse : La COP 22 est une réponse à l’échelle internationale, les problèmes ne
peuvent se résoudre à la seule échelle nationale. Or pour l’instant l’accès aux fonds Climat
est difficile. Il faudrait aussi introduire la séquestration du Carbone dans les oliviers dans
les comptes et les financements.
40
III -6– Vulnérabilité des plantations oléicoles aux changements
climatiques en zones arides
Présentation Mme Hansen DHAOU MDSAKI – Chercheuse à l’Institut
des Régions Arides de MÉDENINE.
La présentation complète est précédée d’un résumé établi par Bernard
CHARPENTIER à partir de ces notes.
Cette présentation est consacrée aux travaux de recherche de l’IRA Médenine, pour la mise
au point d’outils de caractérisation et de prévision de la sécheresse, et de ses effets sur la
culture des oliviers en zone aride de la région Médenine.
Après un bref rappel de l’aridité climatique du Sud Est Tunisien, la présentation se développe
en trois points pour caractériser, prévoir et lutter contre les effets de la sécheresse.
les indicateurs de déficit pluviométrique ;
la description de la méthode de caractérisation spatio-temporelle de l’impact de la
sécheresse, à partir de données de celle de 1999-2002 ;
les résultats dans le gouvernorat de Médenine de l’appréciation de l’état des plantations
sous l’effet du déficit pluviométrique en 2000-2012.
En conclusion, Mme Hansen DHAOU-MDSAKI , indique que ces travaux doivent être poursuivis,
en particulier en intégrant le paramètre du sol et en utilisant pour la modélisation de la
vulnérabilité à la sécheresse une plus grande gamme d’autres facteurs pertinents.
Cette étude est un parfait exemple de recherche finalisée sur les effets du changement
climatique sur une production essentielle et emblématique du gouvernorat de Médenine.
La présentation donnée est suffisamment claire pour ne pas justifier une paraphrase.
Bernard CHARPENTIER
La Tunisie méridionale connue par son aridité climatique est aussi soumise à
d’autres types de contraintes
Ces contraintes fragilisent le milieu et le rendent très vulnérable aux
changements climatiques. Plusieurs manifestations remarquables apparaissent
alors:…….
41
L’olivier, malgré ses grandes capacités d’adaptations aux différents bioclimats
et son aptitude à valoriser les régions arides, n’a pas échappé aux effets
négatifs de la sécheresse qui se traduisent par
Une baisse de la production,
L’accentuation de l’alternance, Le dépérissement de l’olivier avec des degrés divers
La sécheresse à Médenine 2000-2002
Dessèchement partiel des oliviers
Dessèchement total des oliviers
Arrachage des oliviers desséchés
Ce défi a occasionné le lancement de sujets de recherches afin de fournir les
informations nécessaires et de répondre à plusieurs questions
OBJECTIFS
La mise en place d’un système de suivi et de surveillance de la sécheresse et
de son impact sur les plantations oléicoles en zones arides.
42
Objectifs spécifiques :
1. Identification d’indicateurs de déficit pluviométrique en zones arides.
2. Développement d’une approche d’évaluation de l’impact de la sécheresse
sur les plantations oléicoles, en termes de superficie et de niveau de
dessèchement.
3. Développement d’une approche d’appréciation de l’état des plantations
d’oliviers sous l’effet du déficit pluviométrique
4. Développer une approche d’analyse de la vulnérabilité des plantations
oléicoles au CC
ZONE D’ÉTUDE
Superficie : 8 588 km2;
Température moyenne annuelle: ~ 20 °C;
Précipitation : entre 150 et 200 mm/an;
Potentialités édaphiques très diversifiées;
Production agricole basée sur l’oléiculture;
Ressources hydriques très limitées.
Action 1: Identification d’indicateurs de déficit pluviométrique
Approche méthodologique
Calculer le SPI et le comparer avec d’autres indices pluviométriques
43
Résultats
Le PN, le DI sont peu discriminants dans la détection de la sécheresse
au niveau de la zone.
le ZSI, le CZI et le SPI sont très comparables dans la détection de la
sécheresse au niveau de la zone (corrélation de 0.6 à 0,85).
Le SPI est confirmé comme indicateur approprié pour caractériser la sécheresse
en zone aride
Action 2:Méthode de caractérisation spatio-temporelle de l’impact de la
sécheresse sur les plantations oléicoles
Approche méthodologique L’approche méthodologique adoptée est basée sur l’exploitation poussée des données du
recensement des oliviers desséchés et des données cartographiques existantes à
travers une démarche cartographique spécifique fondée sur des méthodes itératives
des Système d’Information Géographique ont permis de définir et délimiter les zones
44
oléicoles selon leurs degrés de desséchement. La superposition thématique de la carte
résultante avec celles de spatialisation du SPI-6M et celle des ressources édaphiques
Indicateur fiable d’évaluation de l’impact de la sécheresse sur les oliviers
Résultats
Carte de l’ampleur de la
sécheresse 1999-2002
sur les oliviers de
Médenine
45
Une différence prononcée des réactions des oliviers à la sécheresse, selon les
régions et les localités.
Les oliveraies de Beni Khedache, Médenine et Sidi Makhlouf qui ont subi de
façon grave la sécheresse (niveau 4) se situent dans la zone à sécheresses
sévères selon SPI-6M.
Les oliveraies de Midoune, ayant SPI proche de la normale est la moins touchée
par la sécheresse (niveau 1).
Les valeurs de SPI 6-M des stations de référence 1999-2002
1999-2000 2000-2001 2001-2002
Station SPI 6-M Classes de
sévérité de
sécheresse SPI 6-M
Classes de
sévérité de
sécheresse SPI 6-M
Classes de
sévérité de
sécheresse
Benguardene -0,18
N -2,37
E -0,68
N
Zarzis 0,49 N -1,75 S -0,92 N
Djerba -0,53 N -1,14 M -0,37 N
BeniKhedache -0,47 N -2,07 E -1,13 M
SidiMakhlouf -0,48 N -2,96 E -1,03 M
Medenine -0,86 N -1,55 S -1,24 M
Avec: N: normale, S: sévère, M: modéré et E: extrême
L'apparition des sécheresses sévères et même extrêmes au niveau des zones de Zarzis,
Benguardene et Jerba (2001), est généralement précédée et suivie d'une année de sécheresse
proche de la normale ce qui affecte moins fortement les oliviers de ces régions.
Carte synthétique du SPI-
6M de 1999-202
46
Superficie du territoire du Médenine affectée par la sécheresse en
relation avec niveau de desséchement des oliviers
Classes de sévérité
de sécheresse
Superficie selon
SPI-6M
(ha)
Niveau de
desséchement
observé sur terrain
Superposition SPI-6M/
desséchement observé (%)
Proche de la
normale 5896
1 81
2 9
3 9
4 0
Modérément sèche 161282
1 7
2 69
3 11
4 12
Sévèrement sèche 30211
1 0
2 0
3 0
4 100
Une bonne corrélation spatio-temporelle entre la sévérité de la sécheresse déterminée
par l’SPI-6M et le degré de desséchement des plantations oléicoles, qui est fortement
tributaire de la nature des sols.
Le SPI est un indice fiable pour la caractérisation spatio-temporelle de l’ampleur de la
sécheresse sur les plantations oléicoles en zone aride
Action 3: Approche d’appréciation de l’état des plantations d’oliviers sous
l’effet du déficit pluviométrique (2000-2012)
Approche méthodologique
47
Valeurs du NDVI et du SAVI du mois d’avril en relation
avec les cumuls des précipitations de septembre à février
Valeurs du NDVI et du SAVI du mois de juin en relation
avecles cumuls des précipitations de septembre à mai.
Une grande similitude entre le NDVI et le SAVI dans l’appréciation de l’état des
plantations oléicoles en conditions de déficit et d’excédent pluviométrique.
des valeurs du NDVI et du SAVI du mois d’avril nettement supérieures à celles du
mois du juin traduisant une activité végétative plus intense au printemps
Evolution temporelle du VAI (indice d’anomalies de la végétation)
et du SPI (1999-2012)
En 1999-2002, le SPI a présenté des valeurs négatives exprimant une période de
sécheresse sévère à extrême.
le VAI a montré aussi des valeurs négatives indiquant des oliviers en état de stress
hydrique très important.
en 2007-2008 (année humide), le SPI a présenté des valeurs positives indiquant des
conditions très humides. le VAI a révélé aussi des valeurs positives exprimant le d’un
bon développement des oliviers
48
Corrélations entre le VAI et le SPI
Une bonne corrélation entre le VAI et le SPI en particulier pendant les années sèches
et humides qui servira pour la mise en place d’un système de veille à la sécheresse à
court et moyen terme.
ACTION 4: Approche d’analyse de la vulnérabilité des plantations oléicoles de
Médenine au changement climatique à long terme
Projections des précipitations et des températures aux horizons 2020 et 2050
Projections des précipitations
modèle HadCM3 (scénario A2)
Projections des températures
modèle HadCM3 (scénario A2)
- Baisse de précipitations moyennes annuelles de -
10% en 2020 et de – 29% en 2050
- Elévation de température de 1°C en 2020
et 2.1°C en 2050
Conclusion : Les projections faites par le modèle HadCM3 (scénario A2) confirment
l'aggravation des conditions climatiques en Tunisie.
49
Approche méthodologique
50
Classe d’aptitude : ETa/ETc
(%)
Figure : Evolution de la répartition de classes d’aptitude à l’oléiculture par rapport
à la SAU du gouvernorat de Médenine (ha)
Très élevée (>75 %)
Elevée
(62-75 %)
Moyenne
(55-62 %)
Faible (45-55 %)
Marginale (<45 %)
51
CONCLUSIONS
SS
Ce travail de recherches nous a permis de retenir que :
Le SPI est confirmé comme indicateur approprié pour caractériser la
sécheresse en zone aride.
Le SPI a permis de prédire globalement l’extension spatio-temporelle du
niveau de desséchement des oliviers
Une bonne synchronisation semble exister entre les valeurs du SPI et
du NDVI qui servira pour la mise en place d’un système de veille à la
sécheresse à court et moyen terme.
L’établissement d’un modèle d’analyse de de la vulnérabilité des
plantations oléicoles de Médenine au changement climatique pourra
servir comme un outil convenable pour la prise de décision et la
planification de l’extension de l’oléiculture.
Certains aspects méritent d’être approfondis tels que:
L’intégration du paramètre sol notamment l’utilisation de la réserve utile
du sol dans l’étude de la variation spatiale du SPI.
Meilleure valorisation des potentialités des données satellitaires à très
haute résolution pour meilleure dissémination de l’effet du sol et des
végétations annuelles.
Affiner la modélisation de la vulnérabilité en prenant en compte
d’autres facteurs pertinents (variabilité inter et intra annuelle du
climat, maladies, physiologie, variétés, marché, socio-économie, etc.)
52
III -7 – L'oléiculture Pluviale : quel avenir dans un contexte de
changement climatique ; rareté et dégradation des ressources
naturelles de base (eau, sol et biodiversité)
Présentation de Mounir ABICHOU –Docteur en science agronomique,
attaché de recherche à l’Institut de l’Olivier de ZARZIS.
Notes prises par Michel GUINAUDEAU.
La dominance du secteur oléicole est une caractéristique commune
des zones méditerranéennes.
La disponibilité de l’eau est considérée comme le principal facteur
qui limite la production de l’olivier sous climat Méditerranéen, se
caractérisant par l’irrégularité de la distribution de la pluie avec
une température et une évapotranspiration élevées.
La Tunisie est le pays oléicole le plus important du Sud de la
Méditerranée. Plus de 30% de ses terres agricoles, soit 1,68
millions d’ha, sont consacrés à l’oléiculture (Conseil Oléicole
International, 2006). L’oléiculture joue une place capitale dans la
vie sociale, économique, culturelle et écologique du pays, ce qui
incite à mettre en œuvre beaucoup d’efforts pour le
développement de ce secteur.
D’où la nécessité de chercher un mode de conduite pour
l’oléiculture, sous influence édaphique, spécifiquement adapté pour
ce pays, dans le but d’améliorer la productivité, assurer la
durabilité du secteur, limiter l’impact négatif des changements
climatiques et faire face à la rareté de l’eau.
En Tunisie, l’olivier se développe dans une fourchette de précipitations allant de 800
mm/an, à l’Extrême Nord, à 150 mm/an, au Sud-Est. Les précipitations annuelles
sont irrégulières. En effet, les trois quarts de ces pluies sont observés en hiver
pendant la période du repos végétatif de l’arbre.
Le Sahel Tunisien, zone semi-aride, présente le pourcentage le plus élevé du nombre
de pieds d’oliviers, soit 29 millions de pieds (41,4%), en ayant recours à des
techniques traditionnelles de captage des eaux de ruissellement.
Dans un contexte de rareté des sources naturelles, les habitants du Sud de la Tunisie
ont combattu à travers l’histoire la pénurie de l’eau. En effet, ils ont construit des
citernes pour collecter l’eau de pluie et satisfaire leurs besoins domestiques, ils ont
creusé des puits là où existe une nappe phréatique pour leurs cultures. Par ailleurs,
afin de pallier au déficit hydrique permanent, les paysans utilisent les eaux de
53
ruissellement par la création des ouvrages de Conservation des Eaux et du Sol qui
permettent d’exploiter rationnellement les eaux de ruissellement pour une meilleure
utilisation par les plantes, tels que le système Meskat1dans le Gouvernorat de Sousse
et le système de Jessours2dans les zones montagneuses des Gouvernorats de Médenine
et de Tataouine.
Quelques données sur la place de la Tunisie dans l’oléiculture mondiale :
Moyenne (en
tonnes / an)
Huiles d’olives
production
Huiles d’olives
consommation
Olives de table
production
Olives de table
consommation
Surface
cultivée
Ha
Rendement
q/Ha
Tunisie 144 500 42 300 15 000 14 100 1 800
000 4,00
Maroc 160 800 54 700 191 700 29 400 1 204
700 10,25
Algérie 34 300 35 300 59 300 60 800 239 350 13,22
Egypte 2 300 2 200 172 400 138 300 49 000 63,26
Libye 8 600 9 800 3 200 6 700 130 860 16,5
Syrie 134 500 117 300 138 700 122 800 500 000 12,4
Jordanie 24 200 21 700 23 900 22 000 64 520 17,53
Palestine 15 800 10 300 6 900 8 000 ? ?
Liban 6 000 5 800 6 300 7 300 58 000 15,52
Iran 3 000 3 600 10 000 10 000 13 000 31,54
Portugal 31 400 66 900 10 400 13 400 380 000 7,50
France 4 200 96 400 2 000 48 200 18 340 9,80
Chypre 6 300 5 500 8 000 8 000 13 740 11,95
Croatie 5 100 5 300 800 900 18 000 20,33
Serbie 500 500 500 700 ? ?
Slovénie 400 1 500 0 400 780 34,40
Moyenne
2000/06
(en tonnes /
an)
Huile d’olives
production
Huile d’olives
consommation
Olives de table
production
Olives de table
consommation
Surface
cultivée
Ha en
2005
Rendement
q/Ha en 2005
Argentine 13 400 5 500 55 800 14 800 30 079 31,52
Mexique 2 300 10 300 11 000 10 500 5 150 27,25
Etats-unies 1 000 202 300 93 900 205 000 12 960 99,39
Australie 3 400 31 900 3 300 16 800 5 000 46,08
La problématique du Sud, une contrainte pour le devenir de l’olivier :
1) Dans ce contexte de semi-aridité, les stress dus essentiellement à la rareté de
l’eau et à la dégradation des sols ont un impact sur la rentabilité de l’olivier, qui
se caractérise par une production de 15 kg d’olives par arbre (60 kg dans les
zones les plus favorables).
Cette faible production peut conduire à un risque d’abandon de l’oliveraie, et, de
fait, la durabilité du secteur est menacée.
2) Le climat du Sud tunisien se caractérise par une pluviométrie faible, insuffisante
pour l’irrigation, avec, par ailleurs, une qualité de l’eau qui présente une salinité
1Meskat : Le principe du système Meskat consiste à l’utilisation de la surface amont, surface non
cultivée, comme impluvium et la surface aval pour la plantation d’oliviers. 2Jessours : Il s’agit de construire en cascade des digues en terre parfois consolidée avec des pierres,
dans les talwegs et les dépressions, dans le but de retenir les eaux de ruissellement et les matériaux
de charriage.
54
élevée, mais aussi une forte évaporation, surtout durant la période de mai à
octobre
Les effets observés des changements climatiques sont réels :
- hausse des températures
- avancée de la floraison
Références des stadesphénologiques sur l’échelle de Collebran et Fabre.
-attaque de la mouche de l’olivier : Lors de la campagne de 2010, une
attaque sévère de cette mouche a provoqué la chute de fruits,
engendrant une perte économique de 30 %.
-dégradation de la qualité …
3) Les effets des changements climatiques sont amplifiés par la pauvreté des sols en
matière organique et les techniques de travail des sols inadéquats.
55
En effet, en l’absence de tout apport extérieur, l’exploitation d’une oliveraie se
traduit par un appauvrissement progressif du sol en éléments nutritifs, nécessaires
à la production des olives et à la biomasse des arbres.
Aussi l’altération de la structure du sol par des tracteurs lourds et des outils
inappropriés pose à la fois des problèmes d’ordre agronomique (circulation de l’eau
et de l’air, croûtage de surface, chute de rétention des ions par le sol) et
environnementaux (érosion, réduction de la couverture végétale) où les sols nus,
secs et exposés sont les plus susceptibles à l’érosion éolienne.
L’objectif fondamental est donc d’optimiser l’infiltration de l’eau, la capacité de
rétention du sol et de limiter l’évaporation.
4) Le cadre de l’activité autour de l’oliveraie est de plus en plus impacté par les
changements socio-économiques, tels que :
o une forêt fortement morcelée,
o des charges d’entretien très élevées,
o le faible niveau de qualification de la main d’œuvre,
o l’attachement social des agriculteurs à l’olivier, ce qui limite
considérablement les efforts d’innovation de l’activité oléicole,
o des plantations vieillissantes qui ne font pas l’objet d’un programme
d’arrachage et de replantation
o absence de successeurs.
56
5) Le terrain est révélateur de défaillances au niveau des pratiques, telles que :
- Extension rapide et anarchique des zones oléicoles sur des sols marginaux,
de parcours et des sols hydro morphes.
- Extension sur des écosystèmes fragiles, telles que les zones Elouara, zones
de pâturage à pluviométrie très faible, sans les études techniques
nécessaires, notamment sur les sols gypseux de faible profondeur
- Absence de couvert végétal naturel par Rhantherium Suaveolens3 qui joue un
rôle important pour la protection de sol contre l’érosion.
Les acquis de la recherche, pour mieux valoriser les oliveraies Principe : Il s’agit d’actions simples, pas chères et faciles à installer !
1) Valorisation agronomique de la margine par épandage
L’épandage des margines sert à augmenter le niveau de la matière organique des
sols, à diminuer l’instabilité de la structure, à améliorer l’activité biologique et à
atténuer l’effet de l’érosion éolienne.
L’épandage de margines anciennes, ayant séjourné au moins trois mois dans des
bassins de stockage, permet une auto dégradation des polyphénols par les micro-
organismes qui se trouvent dans la margine. Le taux de phénol de la margine est
ainsi réduit, ce que montre graphiques suivants d’une analyse chromatographique,
décelant uniquement la présence d’acide syringique avec une faible concentration.
3 La steppe à R. Suaveolens est répandue à partir de nord de Sfax jusqu'à l’extrême sud de la Tunisie et plus particulièrement la
plaine de Djeffara (plaine sableuse). Le Houérou (1969) estima sa superficie totale à 500.000 ha dont il ne subsiste aujourd’hui
qu’environ 50.000 ha, le reste ayant disparu par défrichement.
57
L’épandage de margine a des effets bénéfiques sur le taux de la matière
organique, la flore totale, la végétation naturelle spontanée (nombre de plantes par
m2) et la vitesse de friction seuil (m/S), comme le montrent les graphiques suivants
résultant d’épandages aux doses de 0, 50, 100 et 200 m3/ha :
58
2) Techniques de travail du sol :
L’emploi de la technique "jamoussi" (charrue à soc profond) au lieu de la technique
"mhacha" (outil de surface) permet de réduire considérablement les pertes en sol,
tout en améliorer la perméabilité.
Travail du sol Pertes en sol
Jamoussi 1,277 T/an/ha
Mhacha 2,190 T/an/ha
3) Retournement du sol pour rajeunir les racines et aérer le sol.
4) Valorisation des ressources génétiques à partir des deux variétés locales :
Les caractéristiques spécifiques de deux variétés locales :
Variété Chemlali (5%) Variété Zalmati (90%)
. Vigoureuse et très rustique
. Système racinaire bien développé
. Résistante à la sécheresse
. Peu productive
. Floraison avancée
. Peu vigoureuse
. Système racinaire peu développé
. Résiste mal à la sècheresse
. Productive
ont conduit à intervenir pour créer une autre variété Zalmati, greffée sur une
variété Chemlali.
59
5) Introduction du figuier dans le système oléicole des zones arides :
L’introduction du figuier (Ficus carica L.) est un moyen de protection de
l’environnement et d’amélioration de la productivité, qui présente de plus les
avantages suivants : faible exigence en eau, facile à installer, bonne adaptation à
la région, écoulement de production prometteur et conservation facile.
6) Introduction de la luzerne :
Elle assure un complément de revenu.
7) Valorisation des sous-produits :
Les sous-produits de l’olivier représentent 90% de la biomasse offerte par
l’olivier. Ce gisement actuellement est aujourd’hui utilisé à l’état brut pour
l’alimentation animale, sans valeur ajouté. Désormais, l’objectif est de s’orienter
vers ces co-produits intéressants pour les traiter et les utiliser comme source
d’alimentation locale pour l’élevage et pour d’autres utilisations biotechnologiques.
60
C’est par exemple le cas des margines, grignons, feuilles, bois de taille de l’olivier
pour la fabrication d’ensilage.
Par ailleurs, dans le but d’intégration de l’élevage dans l’exploitation oléicole, il
s’agira de combiner et broyer ces sous-produits pour les conserver par ensilage
humide (en aérobiose) en utilisant la méthode des silos-taupinières.
L’activité autour de l’oliveraie, un développement annexe porteur
d’emplois.
a) Création des sociétés de services, pour la cueillette, la taille, les labours, l’épandage
de la margine.
b) Création d’entreprises, telles que pépinières, unités de séchage de feuilles d’olivier,
unités d’ensilage, unités de fabrication de compost, unités de valorisation du gros bois.
Remarques, questions et réponses
après les interventions d’Hassen DHAOU et de Mounir ABICHOU
Un pédologue de l’IRD, indique qu’une expérimentation de terrain, menée avec la
DGACTA et l’IRA de Médenine, vise à caractériser l’impact sur l’olivier d’apport
en matière organiques, voire en hydrogènes, les observations étant menées par
sondes.
61
Dans l’assistance, quelqu’un s’interroge sur la perméabilité des sols et, plus
précisément, sur le partage d’une averse-type de 30 mm de pluie entre le
ruissellement et l’infiltration dans le sol
Concernant la construction d’indicateurs, l’attention est attirée sur la distinction
entre ETR et ETP, et la difficulté d’isoler un paramètre des autres, et donc de
mesurer ses effets « toutes choses égales par ailleurs ».
A la question de savoir si son travail pourrait servir à la mise en place d’une
assurance "sécheresse" ou "calamité", Hassen DHAOU répond que cela n’entrait
pas dans les objectifs de sa recherche
A la suggestion d’un sous-solage à 80 cm de profondeur, Mounir ABICHOU répond
que les sols en cause ne sont pas assez profonds pour l’envisager.
Pour la sécheresse actuelle, la question clé, « Que peut-on faire ? », n’a pas de
réponses convaincantes.
Au sujet des maladies phytosanitaires de l’olivier en Italie, et des mesures
d’isolement prises au Nord de la Méditerranée, il est indiqué que les mêmes
mesures d’isolement sont prises en Tunisie.
Est posée une question sur l’impact des travaux de CES.
Avec le changement climatique, la floraison de l’olivier est avancée d’une vingtaine
de jours, et les dégâts causés par la mouche sont plus sévères, obligeant souvent
à traiter deux fois par an au lieu d’une seule avant. La question se pose de savoir
ce qu’il en est de l’olivier irrigué.
A une interrogation sur l’apport de matières organiques venant de l’extérieur,
Mounir ABICHOU signale l’ajout d’algues dans les composts fabriqués à partir
d’éléments locaux.
Concernant les données sur les programmes tunisiens d’arrachage et de
replantation d’oliviers, il est indiqué que la Tunisie compte 80 millions d’oliviers, sur
lesquels 10% sont trop vieux et doivent être remplacés. Les programmes en cours
sont subventionnés, mais les montants budgétaires alloués sont insuffisants et
doivent être renforcés.
****
A l'issue de ce dernier exposé, le Ministre et le Président remercient les intervenants
pour la qualité de leur exposé et l'auditoire pour son attention soutenue . Ils
confirment que les Actes du Colloque seront disponibles sur le site de l'association dès
le début de l'année 2017 et invite les participants à la visite du site, sous la conduite
de responsables du Centre de recherche.
Une photographie de groupe clot la journée."
62
IV - VISITES TECHNIQUES des 13 au 19 octobre 2016.
IV-1 -Visites en marge de la journée d’études du 13 octobre 2016:par Martine Blatin et Michèle Le Bars.
Les personnes non intéressées par la
journée d’études ont profité des
compétences de M.LOUHICHI Marouan
,[email protected], qui nous a
présenté l’écomusée qui vient tout
juste d’ouvrir et quatre programmes de
recherches.
L’écomusée : Son objectif, insiste-t-il,
est de « contribuer à la lutte contre
la désertification de la mémoire ». Web: www.ira.agrinet.tn
Les objets présentés sont regroupés par thèmes :
- Matériel et outils agricoles traditionnels
- Equipement du cavalier
- Patrimoine naturel et sites historiques
- Arts et métiers traditionnels
- Ustensiles de cuisine et poteries
- Tapis et tissages, dont certains sont exceptionnellement beaux, les couleurs étant
restées très vives.
Au sujet des tissages, notre guide nous rappelle que le noir est réservé aux femmes
mariées, la couleur aux filles à marier et que chaque famille se distingue dans ses
tissages par un dessin qui lui est propre. Il exprime le souhait que ce musée, certes
petit, mais riche d’objets et très vivant, soit à terme mentionné dans le dépliant
touristique officiel.
Quatre expérimentations :
- Truffes blanches : Sur une parcelle, on cultive la plante au pied de laquelle, dans
la nature on trouve la truffe blanche. Celle-ci vit en symbiose, alimentant les
racines en sels minéraux, tandis que la plante lui apporte des matières organiques
63
- Un troupeau pilote de dromadaires femelles, de près de 80 têtes, dont 45 adultes
en début de chamelage. Chaque bête est munie d’une puce d’identification,
introduite dans une poche de l’estomac. Chaque femelle, après une gestation de
12 à 13 mois, nourrit son petit pendant environ une année. On essaie de lui faire
faire un chamelon chaque année, ce qui suppose qu’une autre chamelle en nourrisse
deux. Les chamelles refusant de nourrir un chamelon qui n’est pas le leur, des
recherches médicamenteuses sont effectuées pour les désinhiber ! D’autres
recherches concernent l’insémination artificielle ou l’utilisation du lait notamment
pour la production de yaourts ou de fromages.
- Les outardes houbara : espèce en voie de disparition du fait du braconnage
pratiqué par les émirs des pays du golfe, autorisé pendant plus de 20 ans par le
régime Ben Ali. L’IRA travaille au repeuplement. Le stade de l’insémination
artificielle a été franchi avec succès, mais pas celui de l’adaptation au milieu
naturel.
- Pour finir, une parcelle d’expérimentation d’arbres fruitiers, irriguée par un
réseau souterrain, plus économe en eau que le goutte à goutte.
64
IV-2 - Matinée du vendredi 14 octobre2016: deTataouine à Matmata
par Alain CHAUDRON - Alain CHAUDRON est membre d’Échanges Med et Trésorier de l’AIFM [email protected]
1/ Musée de la mémoire de la terre à Tataouine
Le bus nous arrête à quelques centaines de
mètres de l’hôtel et nous visitons le musée
de la mémoire de la terre. Une convention
entre le conseil régional de Tataouine et
l’Office National des Mines (ONM) a abouti
à la mise en place en 2000 de ce musée qui
regroupe les fossiles les plus marquants de
la région. Une collaboration étroite avec
l’association des amis de la Mémoire de la
Terre (AAMTT) et des agences de voyage
spécialisées dans le tourisme culturel a
aussi abouti à la mise en place d’un circuit
géotouristique : le circuit de la Mémoire de
la Terre. https://www.facebook.com/aamtt.tataouine
La découverte du premier squelette de dinosaure en Tunisie a
eu lieu en 2011, après des mois de recherche sur la géologie
et les fossiles de la période du Crétacé dans le gouvernorat
de Tataouine en collaboration entre l’Office national des
mines de Tunis et des chercheurs de l’université de Bologne.
Les nombreux ossements, bassin, vertèbres, queue, datés à
100 millions d’années, sont en excellent état de conservation.
En 2013 une deuxième fouille permet de récupérer une
grande partie de la queue de l’animal : 17 grosses vertèbres.
Les ossements appartiennent à un grand dinosaure herbivore
de la famille des sauropodes. Il s’agit d’une nouvelle espèce,
qui a été appelée Tataouinea hannibalis.
Tataouinea hannibalis mesurait plus de 15 mètres de longueur
et vivait dans de vastes plaines côtières, sous un climat aride
et chaud. Il partageait ses ressources alimentaires avec
d’autres dinosaures herbivores, avec des reptiles volants,
avec de petits mammifères. Les fossiles de plus de vingt
espèces différentes vivant dans la région de Tataouine au
Crétacé ont été retrouvés, sur une centaine de kilomètres.
Le musée de la mémoire de la terre expose aussi plusieurs
météorites, tombées dans la région.
On peut lire sur le site : http://tunisieculture.forumactif.com/t26-les-mysteres-de-la-meteorite-
tataouine
les « mystères de la météorite de Tataouine », tombée le27
juin 1931, ramassée par les légionnaires et envoyée au
Muséum à Paris.
Cinquante ans plus tard, l’affaire a rebondi
65
2/ Hôtel Ksar Hedada
Le deuxième arrêt de la matinée nous amène sur le site utilisé en 1997 par Georges
Lucas pour créer le village Mos Espa de la planète galactique Tatooine dans le premier
épisode par ordre chronologique de la saga Star Wars, la menace fantôme. Nostalgie…
3/ Station de dessalement de Béni Khédache
M. Zouhair KHABIR, de la SONEDE, [email protected] nous
présente assez rapidement ce projet, en cours d’achèvement. La
station aura une capacité de 800 m3/jour, pour 2 500 abonnés.
L’eau saumâtre (3g/l) sera pompée par des forages à 100-120
mètres de profondeur et sera traitée par osmose inverse sur une
ligne. L’eau mélangée distribuée aura une teneur en sel d’environ
1,5 g/l. Les rejets seront déversés dans un étang d’évaporation
de 3,5 ha.
4/ Ouvrages de Conservation des eaux et des sols (CES)
Lors de ce quatrième arrêt le Dr. Mohamed
Moussa, de l’IRA de Médenine,
[email protected] nous présente les
techniques de conservation des eaux et des
sols utilisées dans cette région aride (150
mm de pluie/an) située à 20 km du Grand Erg.
Dans le système traditionnel ancestral
appelé « jessour »4 des barrages ou
diguettes (tabias) avec déversoir sont
construits en travers du fond des oueds pour
permettre de piéger en amont des limons et
sables par ruissellement. Les thalwegs sont
généralement plantés en oliviers.
Après les pluies, l’eau peut stagner deux ou
trois jours dans le « jesser » avec le risque
de créer une couche argileuse imperméable.
L’IRA propose un système de flotteurs pour
envoyer l’eau en profondeur.
Les ouvrages sont entretenus par l’Etat, de nombreux propriétaires étant partis à la
ville.
4 Image extraite de J. Bonvallot, Tabias et jessour du sud tunisien, agriculture dans les zones marginales et
parade à l’érosion, Cah. ORSTOM, sér.Pédol., vol. XXII, n° 2, 1986 : 163-171
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/cahiers/PTP/24510.PDF
66
5/ GDA Al Wifak Amenit Ksar Hallouf Almodhhar
Nous nous arrêtons ensuite dans la palmeraie
de Ksar Hallouf, où nous retrouvons notre vice-
président tunisien, le ministre Saad SEDDIK
(ENGREF 1983).
M. Salah HACHENI nous présente alors le GDA
Al Wifak Amenit Ksar Hallouf Almodhhar, dont
il est le Président, avec l’aide du Dr.
Abdelhamid KHALDI, [email protected]
(ENGREF 1986, Chercheur à l’INGREF,
Président de l’AIFM) pour la traduction et des
commentaires.
Nous sommes filmés… et la présentation a été mise en ligne sur le site du GDA ! https://www.youtube.com/watch?v=VZlh5aQDEpo
https://www.facebook.com/GDA-Al-Wifak-Amenit-Ksar-Hallouf-Almodhhar-
200098067088500/?hc_ref=PAGES_TIMELINE&fref=nf
Le GDA a été créé il y a un peu moins d’un an. Il
regroupe à ce jour 70 adhérents (environ 30% des
ménages habitant sur la zone) et emploie deux
salariés. Son conseil d’administration est composé de
six bénévoles élus.
Sa stratégie, établie avec l’appui du CRDA, de
l’Office de l’élevage et de la coopération allemande
(GIZ) concerne la valorisation des ressources
naturelles, l’encadrement des agriculteurs, la
vulgarisation et la formation des agriculteurs, la
formation de la femme rurale et son émancipation sociale et économique, la participation
aux appels d’offres, l’exécution de travaux de CES.
Parmi les actions en cours, M. HACHENI signale la restauration des systèmes
d’irrigation traditionnels, la création d’un centre de collecte de lait de chèvre,
l’utilisation de résidus d’olivier comme fourrage, la réfection de puits de surface,
l’organisation de l’écoulement des produits locaux, l’électrification… Il met beaucoup
d’espoir dans un projet de barrage collinaire, dont l’étude de faisabilité est en cours.
Enfin, on doit signaler que le GDA a été créé dans le cadre du Projet de développement
agro-pastoral et des filières associées dans le gouvernorat de Médenine (PRODEFIL),
d’un montant de soixante millions de dinars, que la coordinatrice du projet, Mme Selma
JALOUALI, du CRDA de Médenine [email protected] nous présente rapidement, avec sa
collègue Mme Maali WEJDANE, chef d’arrondissement agriculture biologique au CRDA,
6/ CRDA de Gabès
Après une courte pause au café artisanal Bellevue, nous nous arrêtons au bord de la
route, où Bechir DADI (ENGREF 1987), [email protected] , Commissaire Régional au
Développement Agricole (CRDA) de Gabès, nous présente le secteur Conservation des
eaux et du sol (CES) dans le gouvernorat.
67
Le contexte naturel est marqué par un relief
accidenté, une couverture végétale faible ou
inexistante, des sols friables et érodables, une
pluviométrie faible et irrégulière. Le contexte
économique et social est marqué par des
populations pauvres et peu éduquées, le manque de
tissu associatif ou professionnel performant,
l’absence d’activités économiques autres que
l’agriculture dans le milieu rural.
Ces facteurs font du gouvernorat de Gabès une
région fortement menacée par l’érosion hydrique.
Les principaux objectifs des aménagements de CES
sont la mobilisation des eaux de ruissellement, la
lutte contre l’érosion hydrique, la recharge de la
nappe, la mise en valeur agricole et la protection
contre les inondations de zones aval.
Dans le cadre de la stratégie nationale de CES
1990-2015, plus de 80 000 ha de bassins versants
ont été aménagés dans le gouvernorat.
Après cette matinée très bien remplie… nous atteignons notre restaurant de Matmata
vers 14h30. Heureusement, les participants prévoyants avaient emporté dans leurs sacs
fruits et gâteaux pour éviter l’hypoglycémie !
68
IV-3 - Après-midi du 14 octobre 2016,de Matmata à Douz, par Jean-
Yves OLLIVIER, Jean-Yves OLLIVIER est Administrateur et ancien V-P d’Échanges Med.
Après notre déjeuner à Matmata, nous partons vers Douz, avec un premier arrêt
à l’ancien Tatmata, pour visiter une maison troglodyte encore occupé par des
habitants d’origine berbère
Après une porte d’entrée, on pénètre dans un long couloir d’accès creusé dans la
roche puis on débouche dans une cour intérieure, à l’air libre, qui dessert les
différentes pièces de la maison creusées aussi dans la roche : cette disposition
visait à protéger les habitants de l’extérieur dans une période agitée. La plupart
des maisons troglodytes ont été abandonnées après de graves inondations en
1969.
Notre guide nous rappelle que les Berbères sont les premiers occupants du
Maghreb, depuis 9000 ans. L’arrivée des arabes au 7e siècle a poussé les
berbères à quitter le littoral et à s’installer à l’intérieur des terres : depuis le 4e
siècle, le christianisme, imprégné de coutumes laïques, était leur religion et c’est
au 12é siècle que ces populations berbères deviennent musulmanes.
En direction de Douz, nous quittons à
Tamazret le pays berbère et entrons
dans le reg oriental.
A proximité de Douz, nous visitons des
travaux de stabilisation de dunes
destinés à protéger la route Douz-
Kébili : des branchages de palmiers
plantés en terre permettent de piéger
le sable à des endroits choisis en
provoquant la formation de dunes ;
puis, ultérieurement, des plantations
sur la crête de ces dunes en formation
permettent de les fixer et d’éviter
l’ensablement des infrastructures.
69
IV-4- Matinée du 15 octobre 2016par Marine LOVERO et J-Y OLLIVIER,
Marine LOVERO, est ingénieur forestier, assistante de direction à l’Association internationale
forêts méditerranéennes (AIFM), ONG membre d’Échange Med (échange respectif d’adhésion).
Lutte contre l’ensablement Notre premier arrêt en ce samedi 15 octobre se fait juste à la sortie de la ville de
Douz, sur la route de Kébili (chef-lieu du gouvernorat) à la découverte des dunes de
sable qui, en bordure du grand erg oriental, menacent les routes, en particulier celle du
circuit touristique reliant la zone de Douz aux autres gouvernorats, les infrastructures
hydraulique des oasis –et donc l’économie régionale- ainsi que les habitations. Conduits
par le chef d’arrondissement des forêts, M Abdelmajid ABBES
([email protected]) et par la Directrice des études et de la planification
agricole, Mme Riahi REBAH ([email protected]), tous deux travaillant au sein du
Commissariat régional au développement agricole de Kébili, nous découvrons les moyens
de lutte mis en place.
Ceux-ci sont de deux sortes :
Lutte mécanique : création
de dunes artificielles, à
l’aide de palissades en palme
sèches,
Lutte biologique : plantation d’essences adaptées aux
conditions locales (notamment sécheresse), en particulier
l’acacia (Acacia radiana), le prosopis, les tamarix et les
eucalyptus.
L’utilisation des palmes sèches permet la valorisation d’un sous-produit des palmeraies,
avec donc un aspect économique non-négligeable.
Le grand défi des plantations est l’eau ; les plants sont irrigués (notamment tamarix, car
bouturé), à l’aide de puits de surface et de tuyaux (auparavant, l’arrosage se faisait au
moyen de citernes et de tracteurs). Par ailleurs, il existe une concurrence pour la
ressource en eau avec les palmeraies, qui se développent dans la région.
Une piste évoquée pour l’avenir de ces plantations serait la création d’une réserve, avec
la réintroduction de mammifères (gazelles).
Enfin, les interventions se font en zones privées, et des problèmes avec les populations
locales apparaissent parfois ; de plus, ces travaux demandent du temps et de l’argent,
et il est donc important de mener des études.
70
Station de dessalement
Nous nous arrêtons ensuite à la sortie de Douz sur la route
de Kébili à Rahmet pour visiter, sous la conduite de M
AZAIEZ, chef du district de Kébili et MBEDOUI,
représentant l’exploitant, la SONEDE (Société nationale
d’exploitation et de distribution des eaux), la station de
dessalement d’eau potable, livrée en janvier 2016 et dont la
mise en service est en cours. Elle est incluse dans un
programme de desserte en eau des 3 communes de Kébili,
Jemna et Bazma, d’un cout total de 20,25 Mdinars, le cout
de la station de dessalement représentant 6 Mdinars.
Cette station, d’une capacité de traitement de 6 000 m3/jour utilise la technique de
l’osmose inverse, à 2 étages, sur 3 lignes (et une 4e de prévue). Elle a été conçue et
réalisée par le groupement autrichien OVIVO.
Elle prélève l’eau par 4 forages d’eau brute à 150 m de profondeur. L’eau prélevée à une
salinité de 2,3g/l ; l’eau à la sortie du traitement (opéré sous une pression de 8 bars) a
une salinité de 0,1 à 0,2 g/l et est distribuée après mélange à une salinité de 1,5g/l. La
saumure résultant du traitement est rejetée à 4 km dans un chott.
Cueillette des dattes
Le bus nous emmène ensuite dans une palmeraie de la
commune de Jemna, pour assister à la récolte de
dattes, dans une exploitation du groupement de
développement agricole (GDA) de l’oasis de Rahmet.
Les régimes, de 8 à 20 kg chacun, sont protégés des
insectes et de la pluie par des protections individuelles
(plastiques ici, moustiquaires ailleurs). Lors de la
cueillette, les régimes sont descendus à la main, puis
des tris successifs sont effectués avant le
conditionnement et la vente, soit localement soit en
exportation.
Quelques chiffres : le nombre de pieds de palmiers dattiers dépasse les 3 millions dans
la région de Kébili, pour une production de 160 000 tonnes en 2016 (dont 145 000 de
Deglet nour). La production est d’environ 120-130 kg par palmier, soit 500 DT par pied.
Les sous-produits sont pour l’instant mal valorisés, même si des progrès commencent à
se faire : palmes pour la lutte contre l’ensablement (voir ci-avant), noyaux comme ersatz
de café, fumier par le biais du compostage. Il existe également des initiatives
d’artisanat, et des transformations agro-alimentaires des dattes (confitures, sirop..).
La majorité des oasis de Kébili se situe sur des terrains publics, avec une infrastructure
hydraulique mise en place par l’État et une gestion par des GDA (plus de 120),
notamment pour l’eau et les rares intrants utilisés. Des extensions privées existent
également, de façon plus ou moins licites, avec une alimentation en eau par forages
illégaux.
Les maladies sont rares et des précautions sont prises pour limiter leur propagation,
comme l’interdiction de l’import depuis les pays voisins.
71
Parc de Bouhedma
Notre dernier arrêt de la matinée nous conduit au parc national
de Bouhedma, créé en 1980 mais classé réserve de biosphère
en 1977. Nous y serons accueillis par le chef d’arrondissement
des forêts de Sidi Bouzid, M Abdennaceur KHASS KHOUSSI
La région est une pseudo-savane à base d’Acacia tortilis spp
raddiana. L’origine de la présence de cette espèce au nord du
Sahara n’est toujours pas établie : est-elle endémique, relique
d’une période antérieure, ou a-t-elle transité par les
caravanes ?
Le parc a une superficie totale de 16 488 ha, dont 1 600 ha en défens, protégés par
une double clôture. A l’intérieur de cette clôture, plusieurs espèces ont été
réintroduites : addax, oryx, gazelles, autruches. Une zone de 5 500 ha est également
placée en réserve intégrale, et contient les mêmes espèces à l’exception des autruches.
Enfin, sur l’ensemble de la zone se trouvent des mouflons à manchette en liberté, des
reptiles (vipères, cobra, varan), des tortues, des rapaces et des porcs-épics.
Les espèces réintroduites sont régulées par un peu de prédation (chacal) et par des
opérations de capture pour d’autres parcs. En cas de disette, un nourrissage d’appoint
est prévu.
Par ailleurs, une partie du parc est habitée ; celle-ci est séparée des zones de réserve
strictes par des zones de liaison tampon.
Les relations avec les populations locales sont variables : le parc est vu comme une
contrainte, empêchant l’accès à la montagne et aux pâturages pour les éleveurs caprins.
Une partie des clôtures a ainsi déjà été détruite, mais sans nécessairement y voir un
acte malveillant pour le parc. Enfin, il y a parfois du braconnage, surtout sur les
gazelles.
D’un autre côté, certains villageois sont associés, au travers de postes de gardes.
En plus de son programme annuel, le parc mène différentes actions et projets ; parmi
ceux récents ou en cours nous pouvons citer : - Agro-sylvo-pastoral (coopération espagnole)
- Conservation de la biodiversité
- Ecotourisme: mise en place d’équipements, comme des caches d’observations, des rivières,
Le parc est ouvert au public, à condition d’être accompagné par un guide ou par le
conservateur du parc.
Visite Le bus ne pouvant pas emprunter la piste abimée par de récentes
pluies, le groupe se sépare : une partie grimpe à l’arrière d’un pick-up
et dans une voiture, l’autre se dirige à pieds vers la Tour
d’observation. Deux courageux se sont même frottés à la course à
pieds !
Antilope Addax Gazelle Dammah Mhorr
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IV-5 - Après-midi du 15 octobre 2016 par Dominique PETER et P.FAURÉ
En fait, la visite du parc de BOUHEDMA, prévue en fin de matinée s’est
presqu’entièrement déroulée en début d’après-midi.
Ce contretemps n’a pourtant pas détourné notre collègue Marine de son engagement
premier de relater cette matinée du 15 octobre et elle a très bien abordé cette visite
du parc national effectuée sous un chaud soleil de midi qui s’est terminée par une longue
station assise, sous l’ombrage d’imposants eucalyptus, réparatrice d’une marche que
certains auraient, peut-être, souhaitée moins harassante.
Un repas initialement prévu sur le site même du parc, nous a été servi, de façon
conviviale et plantureuse, sur notre trajet vers Sbeitla, en lisière de forêt dans un très
beau site paysager.
Vers 16 heures, nous primes congé des forestiers qui nous avaient sympathiquement
accompagnés et fait partager quelques instants de vie en milieu aride ou semi-aride...
…….. et le ronronnement du moteur du car
conduit de main de maître par Si Saïd, a fait le reste et c’est en toute quiétude que
nous avons atteint SBEITLA à la tombée de la nuit.
Là, à quelques minutes de notre destination finale, nous avons pu découvrir l’illumination
de l’arc de triomphe de Dioclétien, avant de nous engouffrer dans l’hôtel.
73
IV-6 - Matinée du 16 octobre 2016, par Pierre FAURÉ,
Pierre FAURÉ est ancien Secrétaire général d’Échanges Med (2006-2014).
Malgré un programme chargé, les visites de la matinée débutèrent à une heure raisonnable par la
découverte du site archéologique de SBEITLA situé à proximité de l’hôtel qui nous avait hébergés.
Nous fûmes accompagnés tout au long de cette journée par notre collègue tunisien Mohamed
BOUFAOURA.
o 8h30-9h50 Visite du site archéologique de SBEITLA
Nous fûmes accueillis par le responsable des lieux Abdelwahed SAMAALI. Le guide, Mourad
OURIMI, profita de ce moment pour brosser rapidement le contexte historique de ce site d’une
vingtaine hectares, très riche en vestiges de l’ancienne SUFETULA, sur une période allant de sa
fondation par les Romains sous la dynastie des Flaviens, au Ier siècle, à sa destruction par les
armées arabes au milieu du VIIème siècle, qui y tinrent et gagnèrent bataille. Il propose alors aux
uns de le suivre et de bénéficier de son talent de vulgarisateur éclairé, aux autres de vaquer
suivant leurs intuitions et humeurs sous réserve d’être ponctuels pour un départ fixé à 1H15 plus
tard.
La veille, à la tombée de la nuit, le guide, avait fait marquer un arrêt de
quelques minutes pour admirer et photographier l’illumination de l’arc de
triomphe de Dioclétien, dédié aux empereurs de la première tétrarchie que ce
dernier avait mise en place à la fin du IIIème siècle pour faire face aux
invasions barbares. SUFETULA a joué dans l’antiquité un rôle stratégique, militaire, politique et économique. La cité,
au-delà des schismes de l’église au IVème siècle et de l’invasion des Vandales au Vème siècle semble
avoir connu de longue période de paix favorable à son essor et à sa prospérité dont témoignent
les nombreux vestiges des 7 premiers siècles après J-C, en matière notamment, d’urbanisme, de
religion, de culture et loisirs et de défense. La période romaine a laissé le plus de monuments
dont un grand nombre ont été repris plus ou moins à la base au cours des périodes suivantes :
chrétiennes, vandales et byzantines. Parmi les lieux et les monuments qui ont eu la faveur des
visiteurs figurent :
La place du Capitole avec l’entrée du forum
par la grande porte dédiée à l'empereur
Antonin le Pieux en 139 après J.-C et son
Capitole composé de 3 temples accolés dédiés
de gauche à droite, à Minerve, Jupiter et
Junon.
Le grand complexe thermal de Sufetula qui comporte une trentaine de pièces à usages différents.
La partie S-E était utilisée l’été, celle N-O l’hiver. Une partie a été restaurée au IVème siècle
après J-C
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des églises, ou basiliques
- du prêtre Servus
- de Vitalis
- de Bellator
la chapelle de Jucundus
des baptistères
Eglise du prêtre Servus Baptistère de
l'église de Vitalis
L’amphithéâtre une fontaine une maison
Et c’est avec regret que nous dûmes quitter ce site archéologique du plus grand intérêt que les
fouilles à venir pourront sans doute enrichir encore !!..
o 9h50- 11h50 -Trajet et Visite de la pépinière forestière d’ECHIBIKA
Le car filant sur la route de KAIROUAN, personne n’aperçut au passage l’entrée principale de la
pépinière. Il fallut peu de temps après, questionner des habitants riverains pour faire un demi-
tour savant et entrer dans les lieux recherchés par une voie dérivée.
Dans les lieux, la réception du groupe
au tout début fut un peu hésitante en
ce dimanche matin, mais la découverte
progressive du site et des personnes qui
y travaillaient rendirent la visite
instructive et chaleureuse.
Nous avons pu bénéficier de l’accompagnement technique de Selvi MAFOUID, de Noureddine
OUERFELLI et de Ousmane TIMOUMI chef par intérim de l’arrondissement de KAIROUAN.
La pépinière forestière d’ECHIBIKA a été créée en 1956 sur 100 Ha de terres agricoles dont
60Ha, que nous n’avons pas visité, concerne les semences fourragères et ornementales (luzerne,
fétuque,….) pour la mise en valeur des parcours. Les 40 Ha restant sont consacrés à la culture
sous ombrières, pendant une dizaine de mois, de plants d’arbres de diverses espèces(caroubier ou
Ceratonia siliqua L., pins d’Alep, cyprès, casuarinas, arganiers, acacias(3 variétés dont acacia
tortilis subsp. Raddiana, acacia cyanophylla, accacia horida…), eucalyptus, ….arbustes fourragers
(atriplex halimus, periplocas, prosopis, azel..),myoporum insulare, leucyana, destinés soit
prioritairement aux parcours pastoraux (ovins/caprins) arborés soit à l’ornementation.
La pépinière participe à l’opération menée par l’État qui la finance « plantation de 1 million
d’arbres par an ». Ainsi les plants de 10 mois sont cédés à toutes personnes intéressées,
prioritairement les organisations du type associatif, les GDA………
En ce qui concerne les parcours pastoraux, des mesures de protection des jeunes plants sont
prises, dont notamment des rotations de parcours.
Par ailleurs, 40 Ha sont cultivés en sec et 60 Ha de cultures (semence et plants) sont irrigués, à
l’aide d’un réseau et d’un forage de 30l/s
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La culture des plants se fait en hors sol dans des pots fabriqué sur place (sous brevet de
l’administration) et à l’aide d’un compost sylvicole composé de broyat de branches d’acacia auquel
on ajoute de l’eau (en vue d’obtenir une humidité optimale de 50-60%) et de l’ammonitrate (NH4NO3 à
raison de 2kg/m3 de broyat en 2 apports). Entreposé au soleil sur une aire bétonnée et disposé en
andain d’une hauteur d’un peu moins d’un mètre et demi, ce compost est surveillé en température
qui ne doit pas dépasser 65°C (pour éviter la disparition des bactéries et arrêter la fermentation), et
pelle versé à la main en conséquence chaque fois que la température en son cœur l’exige.
La visite s’est terminée par une visite-découverte express de toutes sortes de cactus (Afrique du
Sud, Ethiopie, Amériques du sud et du nord, Mexique, France…), et de figues de barbarie et
même à l’initiative de notre collègue Philippe Guérin une dégustation de feuille de cactus que j’ai
personnellement bien appréciée (le goût me rappelant celui de la graine de la jeune fève crue pelée)
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IV-7 –Fin de matinée-début d’après-mididu 16 octobre 2016 par
Dominique BLATIN et P. FAURÉ,
Dominique BLATIN est membre-adhérent d’Échanges Med.
Les visites des bassins des Aghlabides et de la Grande Mosquée de KAIROUAN avaient été initialement
prévues dans la première partie de l’après-midi. Elles eurent lieu sur le coup de midi et prolongées jusqu’à
presque 14H00, heure à laquelle nous rejoignîmes, pour le déjeuner, le restaurant BRIJA, joliment inséré
dans les murs des remparts longeant La Grande Mosquée voisine.
Les bassins des aghlabides furent construits extra-muros vers 860, sous le règne du
souverain aghlabide, Aboul IBRAHIM (856-863). Ils furent alors considérés comme les
monuments les plus importants du monde musulman et de la période du moyen âge.
En effet la construction d’une quinzaine de bassins avait été décidée pour répondre à la
rareté constatée dès le milieu du VIIIème siècle, des ressources en eau de la région steppique,
semi-aride, où avait été édifiée la ville de KAIROUAN, vers 670, pour servir de point d’appui pour la conquête du Maghreb par les arabes musulmans sous la conduite OQBA IBN NAFI AL FIHRI. Aujourd’hui, seulement 2bassins monumentaux ainsi que quelques citernes ont traversé les
siècles, les systèmes d’alimentation en eau de l’époque (pises d’eau, drainages, barrages
et aqueducs…) ne sont plus opérationnels Le guide nous fit monter sur le toit des bâtiments qui contrôlent l’accès au site et qui permettent
une vue d’ensemble sur le site, étayant ainsi les références détaillées qu’il nous apporta
concernant cet ensemble d’ouvrages, réalisés en moellons recouverts d'un enduit étanche,
couvrant une superficiede11.000m2, et constitués :
-d’un petit bassin, de forme polygonale simple à 17 côtés, avec un diamètre intérieur de
37,40 mètres et une capacité de 4.000m3, est consolidé par 17 contreforts intérieurs et 28
extérieurs. Il sert de bassin de décantation au niveau duquel l'eau est débarrassée des débris
et des impuretés avant de passer dans le grand bassin.
- d’un grand bassin, vaste polygone de 64 côtés avec un périmètre de 405 mètres et une
capacité d’environ 57.000m3, mesure 129,67 mètres de diamètre intérieur et 4,8 mètres de
profondeur. La pérennité de ce bassin ainsi que le contrôle de la pression de l'eau s'exerçant
sur ses parois, ont nécessité 182 contreforts (118 extérieurs et 64 intérieurs).
- de 2 citernes de puisage, de forme rectangulaire (29,2m x 11,5m), adossées
perpendiculairement aux bassins et couvertes de voûtes en berceau à arcs doubleaux reposant
sur des piliers rectangulaire permettant de stocker chacune une capacité voisine de 900m3.
Grand bassin : ses contreforts5 et son pilier central autres ouvrages réhabilités récemment
Ce monument, utilitaire et stratégique, a parfois été utilisé par les princes aghlabides, comme
lieu de plaisance et de divertissement. En effet, au milieu du grand bassin s'élève un pilier
polylobé qui était jadis surmonté d'un kiosque que l’on pouvait rejoindre à l’aide d’un bateau.
Aujourd’hui, cet ensemble, récemment enrichi de nouveaux ouvrages dégagés lors de travaux de
terrassement, a été aménagé en parc et son accès a été doté de commodités pour le confort des
visiteurs.
5 photos extraites du portail « Discoverislamic art » du Museum with no fontiers.
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Après un temps d’attente du car assez long pour que l’on puisse
détailler le plan de KAIROUAN sur une mosaïque murale proche de
l’entrée, nous nous sommes dirigés ensuite vers la grande mosquée.
La visite de la Grande Mosquée a été limitée à la grande cour et aux
arcades qui la bordent, permettant toutefois d’entre apercevoir une
partie intérieure du lieu de culte. Toutes les entrées des participants
furent acceptées à une exception près, qui dû se revêtir d’une tenue
voilée. Le guide excella une fois de plus dans ses propos, élargissant
les contextes et les enjeux et ne tarissant pas de détails et
d’anecdotes.
La grande Mosquée de Kairouan a été érigée en 670, ce qui correspond à l'an 50 de
l'hégire, le calendrier musulman. Elle a été construite par le conquérant arabe OQBA
IBN NAFI, en même temps que la cité de Kairouan. La Grande Mosquée, telle qu'on la
connait aujourd'hui, a été reconstruite en 836 par le prince ZIYADAT ALLAH I. Par
contre, sa coupole n’a été ajoutée qu'en 1316. Depuis sa construction, elle est
considérée comme l'une des 3 portes du Paradis, avec la Mecque et la mosquée Al Aqsa
en Palestine.
La Grande Mosquée de Kairouan se situe dans une enceinte rectangulaire de 125 mètres
de long et 75 mètres de large. Elle est construite en pierre taillée et apparaît comme
une forteresse avec 8 portes (dont 2pour la salle de prière sont en cèdre du Liban), des
tours et des bastions. Elle renferme de nombreux vestiges archéologiques comme ses
colonnes antiques ou le plus ancien minbar du monde musulman. Dans la cour couverte de
marbre s’érige un minaret de 3 étages. Situé dans la cour, un cadran solaire monumental
permet d'indiquer l'heure des prières.
Elle est aussi remarquable par sa décoration intérieure : une véritable explosion de
motifs géométriques et floraux taillés dans le marbre fin qui décore la façade du mihrâb
- la niche qui indique la direction de la Mecque - ou gravés dans les panneaux de bois
précieux qui composent le minbar, chaire pour le prêche.
La grande mosquée de KAIROUAN ou mosquée OKBA IBN NAFAA est le plus ancien
édifice religieux islamique érigé dans l’Occident musulman.
Vers 15h, nous quittons la région de Kairouan pour celle du Sahel tunisien qui comporte trois
gouvernorats : Sousse, Monastir et Mahdia. Sousse, notre destination, est la troisième ville de
Tunisie après Tunis et Sfax. Avec une centaine d’hôtels sur la côte, la ville vit surtout du
tourisme, mais aussi de ses industries légères dans l’alimentation, le textile et le cuir. Les
investissements étrangers, notamment de sociétés de produits de marques, s’y sont développés
depuis 1970. Les exportations vers l’Europe nourrissent l’activité du port commercial. On peut
admirer dans la vieille ville les magnifiques remparts.
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IV-8 - Matinée du lundi 17 octobre2016 par Alain JACOTOT
Alain JACOTOT est Secrétaire Général d’Échanges Med.
Visite d'une pépinière forestière à Chott Mariem (Gouvernorat de Sousse)
Le groupe quitte vers 9h00 l'hôtel Ksar à Sousse
et se dirige vers le nord. Après avoir longé le
golf d'El Kantaoui (arrosé par des eaux usées
traitées) il s'arrête à Chott Mariem, petite
localité située entre Sousse et Hergla, où se
trouve un institut supérieur agronomique.
A l'entrée de la pépinière, Monsieur Lothi Ben
Ramdane, Directeur régional des Eaux et Forêts,
accompagné entre autres du Directeur du
reboisement et de la protection des sols et du
Chef de la pépinière, nous accueille.
Le reboisement en Tunisie a commencé dès 1957 avec l'instauration de la « fête de
l'arbre ». A l'occasion de cette fête, les plants sont donnés gratuitement aux divers
utilisateurs : agriculteurs, mairies, particuliers...
Il existe une centaine de pépinières d'Etat (dépendant du Ministère de l'Agriculture) en
Tunisie. Un plan de modernisation sur 10 ans a été engagé, avec en particulier l'aide de
l'ONF et de l'ENGREF-Nancy. Actuellement, 7 pépinières ont été modernisées dont
celle de Chott Mariem qui a un grand rayonnement dans la région de Sousse.
Cette pépinière a été créée en 1997 sur une superficie totale de 2,5 ha. Sa capacité de
production annuelle est de 1 million de plants, mais la production actuelle n'est que de
l'ordre de 500 000 plants (350 000 plants forestiers, 150 000 plants pastoraux, 25
000 plants d'ornement), essentiellement en raison du manque d'eau.
L'alimentation en eau se fait en effet à partir du barrage de Nebhana (salinité de l'eau
comprise entre 0,9 et 1 gr/l), mais celui-ci est actuellement presque à sec et « fermé »
depuis le printemps (il n'a pratiquement pas plu depuis 2 ans) et les nappes en
profondeur sont trop salées. Le manque d'eau dans la région est un problème crucial
pour l'avenir du développement économique et social.
La pépinière s'oriente surtout
vers la production d'espèces
résistantes à la salinité des sols
et d'espèces agro-forestières
(Acacia stenophylla, Caroubier,
Prosopis, Medicago arborea...).
Mais elle produit également des
espèces forestières (Eucalyptus,
Pin d'Alep, Cyprès...) et une
grande variété de plantes
ornementales.
Dans le cadre de la modernisation, le choix a été fait de produire un compost local,
fiable et filtrant, à partir d'un mélange broyé de rameaux et de feuilles d'Acacia
stenophylla. Les coupes s'effectuent de novembre à mars et un premier broyage a lieu
79
sur le terrain. Puis un deuxième à la pépinière. Le mélange ainsi obtenu est ensuite
agencé en andains de 15 m de long, 1,5 de large et 1,4 de haut, avec apports d'eau et
d'ammonitrate pour favoriser sa décomposition. Quand la température de l'andain
atteint 65 à 70°, celui-ci est retourné et à nouveau arrosé, jusqu'à ce que la
composition du compost soit optimum pour les semis. Le processus de fabrication dure
environ 5 mois.
Pour les semis, des pots de 15 alvéoles chacun ont été conçus en Tunisie, avec un
système destiné à éviter l'enroulement des racines dans l'alvéole. La pépinière dispose
d'un hangar avec équipement automatisé d'empotage et de semis.
La reprise dans la pépinière est variable en fonction de divers facteurs, en particulier la
qualité des graines et la qualité de l'arrosage (le manque d'eau conduit à un arrosage
manuel source d'hétérogénéité). Le taux de pousse serait de 80 à 90%.
S'agissant des opérations de reboisement elles-mêmes, le taux de réussite est très
variable. Le facteur eau est déterminant. En effet, si le jeune plant parvient
généralement à survivre par ses propres moyens lorsqu'il a atteint 2 ans, il est
indispensable qu'il soit arrosé au cours de ses 2 premières années.
Des enquêtes et évaluations ont été faites : en matière de reboisement forestier,
effectué par les services de l'État, le taux de réussite serait de 60%, et de 60 à 70%
pour les espèces agro-forestières.
D'autres chiffres suscitent plus de questions, même s'ils ne concernent que des
quantités de plants plus faibles :
– taux de réussite au niveau des municipalités : 47% pour 4500 plants,
– taux de réussite au niveau des administrations (écoles, lycées...) : 31% pour
9500 plants,
– taux de réussite au niveau des personnes privées : 30% pour 200 000 plants...
Les responsables de la pépinière et du reboisement sont bien conscients des marges de
progrès possibles, mais l'on se heurte toujours très vite à la question de l'arrosage... et
du manque d'eau.
En tout état de cause, les techniques développées au niveau du compost, qui évitent le
recours à des importations coûteuses, ont été souvent reprises par les pépiniéristes
privés.
Après les remerciements d'usage à tous les responsables qui nous ont accueillis et
guidés, le groupe quitte la pépinière pour se diriger vers Hergla.
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Visite d'un site d'aquaculture à Hergla ( Gouvernorat de Sousse )
Venant de la pépinière de Chott Mariem, le groupe se dirige au nord vers la ville et le
port de Hergla (ancien comptoir fondé par les phéniciens) à environ 25 km de Sousse.
Chemin faisant, il traverse une partie de la zone lagunaire « Sebka Halk El Menzel »
vaste de 15 000 ha. Ce site humide d'importance internationale classé Ramsar ne semble
malheureusement pas à l'abri de diverses pollutions industrielles...
Arrivé au port le groupe est accueilli par le Directeur de la société Aqua Fish Tunisie,
Monsieur Malek MTIMET ainsi que par Monsieur Mokni WISSEM, Directeur des Pêches
et de l'Aquaculture de Sousse.
Ce dernier présente tout d'abord un panorama de l'aquaculture en Tunisie et dans la
région de Sousse.
Les premiers projets privés d'aquaculture naissent dans les années 1980 dans diverses
régions (Djerba, Sousse...). En 2005 débute le projet d'engraissement du thon rouge en
cages flottantes à Sousse et, en 2007, celui de l'élevage du loup et de la dorade en
cages flottantes ou submersibles.
Dans le Gouvernorat de Sousse cohabitent désormais :
– une activité importante de pêche (ports de Sousse et Hergla) avec une flotte de
320 unités pour une pêche moyenne annuelle de 4400 tonnes;
– une activité aquacole à Hergla (loup, daurade, thon rouge) produisant environ 900
tonnes / an.
L'aquaculture en Tunisie dispose de forces (expérience, compétence, marché globalement
porteur, stratégie nationale affirmée...) mais souffre d'un cadre institutionnel et
juridique inadapté, d'interactions non maitrisées avec la pêche côtière et d'un marché
local encore limité.
Son avenir passe en particulier par la maitrise des coûts de production et des facteurs
environnementaux.
Les principaux objectifs visés consistent à :
– atteindre une production de 2000 tonnes en 2020 (pour 1300 tonnes actuellement)
– limiter les importations des intrants (alevins et nourriture)
– diversifier les espèces
– améliorer la compétitivité
– assurer une aquaculture durable.
Le Directeur d'Aqua Fish Tunisie présente ensuite l'activité de sa société.
Celle-ci, entrée en activité en 2006, exploite, avec 34 employés dont 5 cadres
supérieurs, 16 cages de 25mètres de diamètre et 16 cages de 19 mètres (sur 78,5 ha
de surface marine) pour l'élevage intensif du loup et de la dorade. La capacité du site
est de 2000 tonnes/an.
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Le site d'élevage, situé à 5 km du port de Hergla, profite d'une eau non polluée dont la
température varie de 14 à 28°, avec un fond sableux à 35 mètres de profondeur. Outre
les moyens en mer permettant d'assurer tous les travaux quotidiens (bateaux...),la
société dispose au port de divers entrepôts et d'un établissement de conditionnement
agréé.
Les alevins sont importés (France, Italie, Turquie) et contrôlés avant la mise en cages.
Les aliments à base de farines et huiles de poissons et végétales (sans OGM) et de
vitamines sont importés d'Europe et contrôlés qualitativement.
Après 10 à 16 mois d'élevage, les poissons sont pêchés, mis en glace, triés (par poids)
et mis en caisses avant la vente sur le marché local ou à l'export.
Selon le Directeur, la production aquacole se porte bien, mais quelques mesures -jugées
opportunes- permettraient de renforcer son développement en Tunisie, parmi lesquelles :
– un cadre législatif spécifique,
– un allègement des mesures administratives et des taxes,
– la création de zones allouées à l'aquaculture,
– la création d'écloseries,
– des mécanismes pour faciliter l'accès à l'export,
– un renforcement de l'organisation des aquaculteurs.
Un passage dans l'atelier de tri et conditionnement en pleine activité clôt cette
instructive visite consacrée à l'aquaculture tunisienne.
Après les remerciements d'usage, le groupe gagne le restaurant « La Costa » proche de
Hergla... pour une dégustation de dorade grillée, comme il se doit !
82
IV-9 –Après-midi du 17 octobre2016, par J-C. Coquet Jean-Claude COQUET est membre-adhérent de l’association EM depuis ses débuts.
Après un repas “poisson” servi au restaurant de bord de mer La Costa à Hergla, le groupe a
repris le car à 14h30 en direction de Zaghouan.
En cours de route nous avons pu observer depuis le car, entre autres, un pont du 5ème siècle
utilisé jusque vers 1950 mais aujourd’hui abandonné et en ruine, puis, de loin, le nouvel aéroport
d’Enfidha, et enfin, le village perché berbère de Takrouna.
1- Premier arrêt vers 15h00 vers Enfidha sur le thème de la forêt.
L’objet de la visite est un projet de plantations sylvo-pastorales d’un million d’arbres
mené depuis 2014 par l’Association Al Madanya avec l’aide des pouvoirs publics (Direction
Générale des Forêts et CRDA de Sousse). Cette association s’occupe normalement de
transports scolaires.
La visite concerne le premier lot intéressant 120 hectares et 100 000 plants (acacias,
eucalyptus). Le but est d’augmenter le taux de couverture forestière du Gouvernorat de
Sousse en le portant de 7,13% à plus 8%, avec tous les bénéfices que l’on peut en
attendre.
Les contraintes de relief et de sol (salinité) et la sécheresse n’ont permis l’exécution des
travaux que sur 75% de la surface (90 ha) et un taux de réussite n’atteignant que 65%
en fin de deuxième année.
La présentation a été faite par la responsable locale de la Conservation des Eaux et des
Sols (CES)et complétée par les responsables du Service Forestier. Cela a été aussi
l’occasion d’évoquer l’ensemble des activités des services et de répondre aux nombreuses
questions posées.
83
2- Le groupe a repris la route vers 15h45 en direction du Temple des Eaux,
ouvrage antique situé juste avant l’entrée du Parc National du Djebel
Zaghouan.
Arrivés sur les lieux vers 16h30, après avoir longé la ville de Zaghouan, nous avons
visité ce sanctuaire construit par les romains sous l’empereur Hadrien. Il s’agit d’une
installation hydraulique qui recueille les eaux de sources provenant du Djebel Zaghouan
pour les transférer par un aqueduc de plus de 120 km jusqu’à Carthage.
L’ouvrage est vaste et bien entretenu. Il est mis en valeur dans un parc, le Parc du
Temple des Eaux, très fréquenté par la population locale, notamment des familles.
Arrivée auTemple des eaux Le départ de l’aqueduc Le site de la source
Nous avons le lendemain pu longer les restes de l’aqueduc, souvent dans
un état de conservation étonnant, sur plusieurs kilomètres.
3- La visite s’est poursuivie par celle de l’écomusée situé juste après l’entrée
du Parc National.
Ce parc de 2024 ha contient une flore et une faune très variées (chacal, sanglier,
genette, nombreux rapaces…) présentées d’une façon très pédagogique dans les diverses
salles de l’écomusée, dont l’entrée est gratuite et qui reçoit 100 000 visiteurs par an.
Cette dernière visite terminée vers 17h30, le groupe a repris le car en direction de
l’hôtel de charme Dar Zaghouan. Cette maison d’hôtes comporte de nombreuses suites
que nous avons partagées dans la bonne humeur.
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Jardin une suite « royale » les Hôtes au loin les monts ZAGHOUAN
Le repas du soir pris sur place a été accompagné par 6 musiciens - chanteurs locaux,
lesquels ont inspiré le groupe puisque, sous la baguette d’André Barbaroux, nous avons,
pour terminer la soirée, interprété quelques refrains français adaptés aux circonstances
locales.
85
IV-10 - Matinée du 18 octobre 2016 par Jean.JAUJAY
Accueillis par le Vice-président et le Directeur général Elies HAMZA et bientôt rejoint
par les organisateurs des Rencontres, nous prenons place dans un bel amphithéâtre qui
se remplit de professeurs et d’étudiants en majorité féminins.
Le Directeur général présente rapidement son Institut en insistant sur les conventions de
double diplôme signées avec Agroparistech, Ensa Toulouse, Agro Montpellier et Agro
Ouest. Ce processus permet après 2 années à Tunis de rentrer en seconde année des
écoles signataires et à la fin du cursus d’obtenir les diplômes français et tunisien. Il
signale les difficultés administratives et financières de la poursuite des études à
l’étranger, en particulier à l’Engref.
Le Président d’Echanges méditerranéens prend la parole :
« Nous terminons nos XVème Rencontres internationales qui nous ont conduits de Jerba
à Tunis. A Médenine s’est tenu, dans les locaux de l’Institut des Régions Arides et en
étroite collaboration avec cet Institut, un colloque sur « la gestion durable des
ressources naturelles dans un contexte de changement climatique ». Les visites
techniques de terrains ont illustré les solutions apportées par les acteurs aux enjeux
eau-sols-production et leur enthousiasme dans la mise en œuvre. Les visites culturelles
des sites historiques ont complété ce beau voyage.
Nous avons souhaité une rencontre avec l’INAT car elle forme les forces vives du
développement de la production agricole et des territoires et représente potentiellement
l’avenir de notre association.
Je laisse le soin au Vice-président France André Barbaroux de présenter notre
association. »
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Le Vice-président Tunisie rappelle l’importance du thème abordé et l’utilité des échanges
sur les sujets du développement durable.
André Barbaroux présente l’historique de l’association, ses thèmes d’intérêt, son
extension géographiques ses actions en particulier les Rencontres récentes, la lettre
Echange Med Actu disponible sur internet et confirme qu’elle représente un réseau
d’anciens de l’Engref mais aussi de professionnels, en activité ou gardant un intérêt fort
pour le développement durable.
La proposition de relecture de travaux d’étudiants est explicitée par Alain Le Jan.
Plusieurs enseignants rappellent la qualité de la formation reçu par les anciens élève de
l’Engref et leur contribution forte au développement du pays, présentent leur domaine de
formation et appellent à un resserrement des liens avec Agroparistech.
Pour leur part les étudiants interrogent sur la possibilité de stage offerte par
l’association et profitent du café qui suivit la réunion pour des contacts plus
personnalisés avec les participants sur leurs sujets d’intérêt.
En conclusion, après avoir échangé avec le
Directeur général les Actes des Journées
d’Agadir et un livre sur le XXème anniversaire
de l’INAT, le Président prononce un triple
remerciement.
D’abord aux organisateurs tunisiens des Rencontres internationales et en particulier au
Ministre et aux personnalités assises au premier rang, accompagnateurs des visites ; ces
Rencontres ont confirmé l’actualité des tensions fortes sur les ressources eau-sols et la
sécurité alimentaire et la pertinence de la promotion de solutions à l’échelle des
territoires associant tous les acteurs de l’espace rural. Les qualités techniques,
culturelles, humaines et amicales ont été unanimement appréciées. Et feront date dans
la courte histoire de note association.
Ensuite au Directeur de l’INAT, qui nous a ouvert ses portes et partagé ses
difficultés et permis un échange fructueux avec ses étudiants, prémices de futures
relations suivies ; son souhait de recréer un lien avec Agroparistech-Engref sera relayé
auprès des responsables.
Enfin aux étudiants, à qui il est suggéré, au-delà de la consultation du site de
l’association sur internet et du groupe sur le réseau social Linkedin, de relever le défi
d’Hadrien i.e. d’être innovant et visionnaire. Ce dernier, en effet, face à la sécheresse
sévissant pendant 5 années et au déficit en eau de Carthage a lancé la construction du
plus grand aqueduc méditerranéen de Zaghouan à Carthage.
Avec les Vice-présidents Tunisie et France, il conclut la partie officielle des XVème
Rencontres internationales d’Echanges méditerranéens en Tunisie.
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V - ANNEXES
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V-1- Tableau des sigles et abréviations
Abréviations Intitulés complets
ADECIA Agence pour le développement de la coopération internationale dans les
domaines de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux -
France
AFD Agence Française de Développement
AIFM Association Internationale Forêts Méditerranéennes
ACTA Aménagement et Conservation des Terres Agricoles(Direction Générale au
Ministère de l’Agriculture des Ressources Hydrauliques et de la Pêche de Tunisie)
CADR Chargés d’Animation pour le Développement Rural
CC Changement Climatique
CES Conservation des Eaux et des Sols
CIRAD Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement –
France.
CRDA Commissariat Régional de Développement Agricole en Tunisie
(au nombre total de 24)
C-smart L'agriculture intelligente face au climat (CSA – Climate-smart
agriculture)
FAO Food and Agriculture Organisation (ONU)
FFEM Fonds Français pour l’Environnement Mondial
GDA-GH/PI Groupement de Développement Agricole chargé de la Gestion Hydraulique
ou d’un Périmètre d’Irrigation
GWP Med Global Water Partnership Mediterranean (UE –Integrated Water
Resources Management IWRM)
INAT Institut National Agronomique de Tunis
INRGREF Institut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts de Tunisie
IRA Institut des Régions Arides de Médenine - Tunisie
IRD Institut de Recherche pour le Développement - France
GIZ Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit- Allemagne
KFW Kreditanstalt für Wiederaufbau -Établissement de crédit pour la
reconstruction, dont une des filiales, la KfW-Entwicklungsbankzusammenarbeit,
est l'institution allemande la plus importante de l'aide au développement.
PIF:BAD/BM Programme d’Investissement Forestier de le Banque Africaine de
Développement et de la Banque Mondiale
SONEDE Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux - Tunisie
STEP Station d’épuration des eaux usées
UE Union Européenne
WACDEP Water, Climate and Development Programme dans le cadre GWP-Med
89
V-2 - Liste des participants aux XVème Rencontres internationales d’ÉCHANGES MED
Du 12 au 19 octobre 2016 - de DJERBA à TUNIS
Délégation d'Échanges Med
Noms prénoms Adresses électroniques Fonctions, situations
Algérie 2
AOUADI Hocine [email protected] Conservateur des forêts honoraire
NOUADRIA Abdellah [email protected]
ZOUINI Derradji [email protected] Professeur de Géologie Université de Bejaïa
France 32
BARBAROUX André [email protected] IG A honoraire
BARJOL Jean-Louis [email protected] IG PEF – CG AAER Paris
BLATIN Dominique + [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
CAIROL Dominique + Blandine [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
CHARPENTIER Bernard + Mirella [email protected] IG PEF honoraire et son épouse
CHAUDRON Alain + BAILET Joëlle [email protected] IG PEF honoraire et sa compagne de vie
CHEVALIER Edith [email protected] Membre d’Échanges Med
COQUET Jean-Claude + Christiane [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
FAURÉ Pierre + Andrée [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
GUERIN Philippe [email protected] IG GREF honoraire
GUINAUDEAU Michel [email protected] IG GREF honoraire
JACOTOT Alain + Agnès [email protected] IG PEF honoraire et son épouse
90
JAUJAY Jean + Odile [email protected] IG PEF honoraire et son épouse
LE BARS Yves + Michèle [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
LE JAN Alain + Elisabeth [email protected] IG PEF honoraire et son épouse
MIQUEL Serge + Huguette [email protected] Ingénieur honoraire et son épouse
LOVERO Marine [email protected] Adjointe de direction et chef de projet AIFM
OLLIVIER Jean-Yves [email protected] IG PEF honoraire et son épouse
PETER Dominique + Fabienne [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
SOUBEIRAN André [email protected] IG GREF honoraire
TAILLIER Michel + Marie-José [email protected] IG GREF honoraire et son épouse
Tunisie :6
SEDDIK Saad Vice-président Echanges Med, ancien ministre de
l'Agriculture
GABOUJ Rhida directeur général du Génie Rural et de l'exploitation des
eaux-MARHP -Tunis
AINI Rafik
Abdelhamid KHALDI [email protected] chercheur DNRGREF, Président AIFM
Jamel SEOUD [email protected] directeur département environnement, hydraulique et
agriculture SCET Tunisie
Mohamed BOUFAOURA [email protected]
IGA Inspecteur général de l’administration
IG GREF Ingénieur général du génie rural, des eaux et des forêts
IG PEF Ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts
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Liste des participants à la journée d’études tenue à l’IRA Médenine 13 octobre 2016 et aux voyages d’étude qui suivirent.
maj J Jaujay 22 novembre 2016
NOMS Prénoms Adresses électroniques Pays Fonctions situations
KAMEL Fethi [email protected] TU directeur général SONEDE
ABDELADHIM Mohamed [email protected], TU enseignant chercheur IRA Médenine
ABICHOU Mounir [email protected], TU chercheur Institut de l'Olivier
ABID Habib
TU directeur général des Forêts
BENABDESSALAM Noureddine [email protected], TU chef arrondissement CES CRDA Tataouine
CHOURABE Hossen [email protected], TU directeur général ACTA, Ministère de l'Agriculture
DEBOUBA Najet [email protected], TU CRDA Médenine
DHAOU MSADKI Hanen [email protected], TU chercheuse IRA Médenine
GHEDHOUI Slaheddine [email protected], TU directeur ACTA Ministère de l'Agriculture
GHRAB Sami [email protected], TU chef de district SONEDE
HAMDI Noureddine [email protected], TU directeur ISSTEG
JAMAI Ammar [email protected], TU directeur CRDA Médenine
JAMAÏ Nejib [email protected], TU CRDA Médenine
KHABIR Zouhair [email protected], TU chef division production SONEDE Médenine ENGREF 96
KHATTELI Houcine [email protected], TU directeur général de l'IRA Médenine
MAHDHI Naceur [email protected], TU chercheur IRA Médenine
MAHDHI Sassi [email protected], TU chef arrondissement Forêt CRDA Tataouine
MOKHTAR Ameur [email protected], TU directeur devsylvo pastoral DG des Forêts Tunis, civil GREF 85
MOUSSA Mohamed [email protected], TU directeur de labo de recherche IRA Médenine
OUERCHEFANI Dalel [email protected], TU chercheuse IRA Médenine
OUESSAR Mohamed [email protected], TU chercheur IRA Médenine
PODWOJEWSKI Pascal [email protected], FR chercheur IRD
RAHMANI Oussama [email protected], TU CRDA Médenine
RAJOT Jean-Louis [email protected], FR chercheur IRD
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SMEI Tahar [email protected], TU directeur Hydraulique et equipement rural CRDA Médenine
visite du 13 octobre 2016
LOUHICHI Marouan [email protected], TU IRA
visite du 14 octobre 2016
JOULALI Selma [email protected], TU coordinatrice du projet Al Wifak, CRDA de Médenine
MAALI Wejdane [email protected], TU chef d’arrondissement agriculture biologique au CRDA
DADI Bechir [email protected], TU Commissaire Rég au Dév Agricole (CRDA) de Gabès (ENGREF 1987)
visite du 15 octobre 2016
ABBES Abdelmajid [email protected], TU chef d’arrondissement des forêts Douz, CRDA de Kébili
REBAH Rebah [email protected], TU Directrice des études et de la planification agricole, CRDA de Kébili
KHASS KHOUSSI Abdennaceur [email protected], TU chef d’arrondissement des forêts de Sidi Bouzid
visite du 16 octobre 2016
TIMOUMI Ousmane
TU chef par intérim de l’arrondissement des Eaux et Forêts de
KAIROUAN
visite du 17 octobre 2016
BEN RAMDANE Lothi
TU Directeur régional des Eaux et Forêt Sousse
MTIMET Malek
TU Directeur Aquafish Tunisie
WISSEM Mokni
TU Directeur des Pêches et de l'Aquaculture Sousse
Réunion à l’INA de Tunis du 18
octobre 2016
MANI Maher TU
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Étudiants, doctorants et post doctorants ayant assisté à la réunion du 18/10/16 tenue à l’Institut National Agronomique de Tunis
NOMS Prénoms Adresses électroniques Pays Fonctions, situations
ABOUDI Ameni [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ADOUI Eya [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ALJANE Zina [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
AMJED Hadj Taïeb [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
AOUINTI Hamdi [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ARAAR Chayma [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
AROUSSI Aicha [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ASSIA Dhaker [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
AZEK Fatma [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
AZZI Raounia [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BARBOUCHI Meriem [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BEL HAJ RHOUMA Sourour [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BELHAMRA Mohamed Aziz [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BEN ABDALLAH Mariem [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc unité biofertilisant
BEN AHMED Mbarka [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BEN ALI Houaida [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BEN AZAIEZ Fatma Ezzahra [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BEN SALAH Fadoua [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BESTA Aroua [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BETTAIEB Sinda [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BOUAZIZI Nabiha [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BOUFALGHA Farouk [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
BOUHALFOYA Raja ?
TU étudiant, doctorant ou postdoc
BOUSSIGA Haïfa [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
CHAAR Hatem [email protected] TU Dr en sciences forestières ENGREF (intérêt pour agroforesterie)
DAHMANI Soumaya ?
TU étudiant, doctorant ou postdoc
FARHANI Nesrine [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
FATTOUCH Jannet [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
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FEHRI Marwa [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
GARA Anissa [email protected] TU assistante en éco de l'environnement et ressources naturelles
GHARBI Eya [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
GHYRIANI Nidhal [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
HEDFI Mohamed Sahbi [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
JALLOULI Salma [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
JAMIL Ahmed [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
JAOUADI Rym [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
JARRAY Kawter [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
JRIDI Aïda [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
KAMOUN Iheb [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
KHAMASSI Faten [email protected] TU Dr en économie rurale/ directrice Dpt éco gestion agri et agroal
KHAMASSI Mohamed Ghazi [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
KHOULOUD Abida [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
KNOP Rheinhart [email protected]
étudiant, doctorant ou postdoc
LEAUTHAUD Crystèle [email protected] FR Chercheuse UMR gestion de l'eau, Acteurs, Usagers (G-eau) + INAT
MEISNI Maiwa [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
MEJRI Rania ? ? TU étudiant, doctorant ou postdoc
MELAOUHI Amira [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
MISSAOUI [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
MSALLEM Faiez [email protected] TU CRDA Mahouba
NASSER Chayma [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
SAIDI Fatma [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
SMAOUI Mohamed Ali [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
SNOUSSI Chaima [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
SNOUSSI Manel [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ZIDI Nessrine [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ZOUGARI Sahar [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc
ZRIBA Zied [email protected] TU étudiant, doctorant ou postdoc