Novembre 2013 n° 19
La Lettre des Mammimaniaques
Sommaire
Etude de la dynamique de populations de grand murin (Myotis myotis) en Bretagne et Pays de Loire.................................... p 2 Note sur le radiotracking du grand murin (Myotis myotis) en Gran-de Brière................................................................................ p 4 26 nouvelles nurseries découvertes en une année : record battu ! …………………..……………………................................................... p 7 25 grands rhinolophes en hibernation grâce à une planche de bois bien placée………………………………………………………………………... p 8 Obs et autres infos en stock................................................. p 9
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Ich bin ein Dubliner. La collaboration avec l’Université de Dublin et l’équipe du professeur Emma Telling a donc débuté cet été. Au programme, étude des mécanismes du vieillissement des chauves-souris mais aussi et surtout en ce qui nous concerne, l’étude de la filiation, bref encore une masse de données nou-velles à venir pour le grand murin en Bretagne. Par ailleurs, les découvertes de nombreuses nurseries de petit rhinolophe, la création d’une nouvelle réserve en faveur d’une nurserie de grand murin sont la mar-que d’une année où la mobilisation de tous sera restée importante et que de micro programmes d’études comme celle de la phénologie de l’hibernation chez le grand murin et le grand rhinolophe permettent, nous l’espérons, de stimuler.
Bonne Lecture
La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
L’étude prend de l’ampleur avec la col-
laboration d’Emma Telling et de Sé-
bastien Pueschmaille. Grace à eux les
portes de la génétique s’ouvrent à
nous et avec elles les réponses à de
nombreuses questions sur la filiation
et donc les liens qui unissent les indi-
vidus d’une colonie et des colonies en-
tre-elles. Par ailleurs, une cinquième
nurserie a été incluse dans l’étude en
raison de sa proximité avec les quatre
autres colonies déjà marquées.
Cette année, nous dépassons les 1200
grands murins transpondés sur cinq
nurseries et le cap des 100.000 don-
nées a été franchi. De surcroit, avec
l’ajout des portiques de lecture auto-
matique des transpondeurs sur la co-
lonie de la Roche-Bernard et de Noyal
Muzillac, cette accumulation de don-
nées va encore s’accélérer.
La nouveauté cette année découlent
d’ailleurs de ces enregistrement effec-
tués dans les nurseries puisque pour
la première fois nous pouvons établir
une phénologie de la fréquentation des
nurseries sur une année complète. En
2013, on enregistre un retour dans les
nurseries à partir du 06 mars à Bé-
ganne avec 29 individus et le 07 avril à
Férel avec 43 individus.
Pour ces deux colonies, une corréla-
tion entre l’effectif et la température
extérieure est notable en mars et en
avril (cf. figure 1). Ce n’est plus le cas
passé le mois d’avril.
L’effectif maxi est atteint le 17 avril à
Férel avec 91 individus et le 04 mai à
Béganne avec 129 individus. Par la
suite, l’effectif adulte diminue progres-
sivement.
L’année 2013, nous a ouvert les portes d’une collaboration qui sera fructueuse, à n’en pas douter, avec l’équipe d’Emma Telling de l’Uni-versité de Dublin. Par ailleurs, le cap des 100.000 données est franchi et avec la pose de deux nouveaux portiques sur deux nurse-ries supplémentaires, les données n’ont pas finies de débouler.
Étude de la dynamique de populations du grand murin (Myotis myotis) en Bretagne et Pays de Loire
Par Frédéric Touzalin et Olivier Farcy
Figure 1 : Effectif journalier des grands murins et température
moyenne extérieure dans la nurserie de Férel au mois d’avril.
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Si à Férel, le départ des membres de la
colonies a été progressif que ce soit en
2012 et en 2013, cela n’a pas été le
cas à Béganne. Ainsi, alors qu’en 2012
on enregistre encore 145 individus
dans la nurserie en septembre, ils ne
sont que 12 en septembre 2013. Nous
ne pouvons encore expliquer ce départ
précoce, d’ailleurs est-il précoce ou
normal ou encore provoqué par l’intru-
sion d’un prédateur ?
L’étude de la dispersion automnale
s’est également poursuivie cette année
et sans avoir atteint les effectifs de
2011 (713 individus capturés), nous
avons largement dépassé avec 405 in-
dividus le faible résultat de 2012 (175
individus). Nous continuons à montrer
que les membres des cinq colonies se
rejoignent à cette période sur au
moins un gîte. Nous avons également
observé des individus capturés en sep-
tembre sur un gîte dans d’autres gîtes
d’accouplement en octobre. Cepen-
dant, la fidélité à ces gîtes en automne
reste encore à prouver et pour l’heure
nos résultats ne tendent pas vers une
fidélité des individus à un gîte de re-
groupement. Cependant, la capture
peut constituer un biais si l’on consi-
dère que des individus capturé à l’an-
née 1 éviteront les filets à l’année 2. Il
faudra donc en 2014 placer des porti-
ques automatiques sur les gîtes re-
groupant le plus d’individus dans un
premier temps et ne pas y effectuer de
capture. Enfin, pour la première fois
nous avons réalisé des biopsies sur les
mâles adultes (TM0 ou TM-) sexuelle-
ment actif (G1E1 au mini). L’objectif
est d’établir ou non des filiations avec
les jeunes des colonies étudiées.
Nos recherches sur les zones de chas-
se auront été amputées de près de 3
mois en raison des dates tardives aux-
quelles nous sont parvenues nos déro-
gations de capture. Aussi peu de nou-
velles zones de chasse ont été décou-
vertes cette année. Bref une année de
perdue sur l’autel de la bureaucratie à
la française !
De nombreux défis sont encore devant
nous et l’implication constante des
chiroptérodinguos de Bretagne Vivan-
te, nous laissent bon espoir de parve-
nir à les surmonter. Encore merci à
Vous !
La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
Construction d’un harp trap sur mesures à Noyal Muzillac (Cl.
Claire Delanoé)
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La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
Notre manip a débuté le 23 juillet
pour se terminer le 13 août 2013.
Les femelles de grands murins
ont été capturées en sortie de gîte
en utilisant soit le flipnet soit un
filet posé perpendiculairement au
gîte. La première femelle allaitan-
te (06B3891F) est capturée le 23
juillet. Il s’agit d’un individu
transpondé juvénile en 2011 et
qui a été recontrôlé dans la nur-
serie en 2012 et 2013. L’émetteur
est fixé à la «normande» soit plon-
gé entier l’ostobond puis collé sur
le dos. C’est sympa mais on s’en
fout partout. Cinq minutes après le lâ-
cher, le signal est perdu. Le 24 juillet,
cette femelle n’a pas réintégré le gîte.
Une seconde femelle allaitante est cap-
turée (07291533). Il s’agit d’une femel-
le transpondée en juillet. Ce coup ci,
on colle à la «bretonne», soit un peu de
colle sur une face de l’émetteur et un
peu de colle entre les omoplates. Mê-
me punition, le signal est perdu après
15 minutes.
A 05h18, elle est de retour au gîte en
suivant un axe sud-est. Le 25 juillet,
seule 07291533 est au gîte. Le track
dure encore quelques minutes après la
sortie. Elle regagne le gîte à 05h40. Le
26 et le 27 juillet, nous ne trackons
pas. Le 28 juillet, les deux individus
sont au gîte mais à minuit passé per-
sonne ne sort et pour cause, nous re-
trouvons nos deux émetteurs au tas
dans la colonie !
On s’en doutais un peu au départ mais suivre du grand murin sur ses terrains de chasse n’est pas une activité de tout repos du moins quand il gagne ses zones de chasse ou transite entre elles. On l’a vu le tracking via un émet-teur demande du temps (trop) mais gageons que la miniaturisation de système de localisa-tion embarqué évoluera vite et nous permet-tra d’accroître nos connaissances vitesse grand V.
Note sur le radiotracking du grand murin (Myotis myotis) en Grande Brière. Nurserie de Férel (56).
Par Frédéric Touzalin et Olivier Farcy
Matthieu, Johann et Sébastien au taquet avec leur flipnet
(Cl. Claire Delanoé).
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Le 30 juillet, une nouvelle femelle al-
laitante est capturée (07287413). Il
s’agit encore d’une femelle marquée en
juillet. L’émetteur est à nouveau collé
à la «bretonne». Comme les autres, elle
nous fausse très rapidement compa-
gnie. Le 31 juillet, elle gagne après la
sortie de gîte une zone de chasse déjà
identifiée pour la colonie puis on la
paume. Elle ne rentre pas au gîte au
petit matin. Le 01 août, en dépit de
nombreuses recherches nocturnes, on
ne l’a retrouvera qu’au gîte qu’à
04h00. Entre le 02 et le 06 août, nous
progressons par étapes et commen-
çons à préciser toujours plus loin le
parcours du début de soirée. Et enfin
le 07 août nous sommes parvenus à la
suivre depuis la sortie jusqu’à sa ren-
trée au gîte.
Nous continuerons à suivre cette fe-
melle avec des succès divers selon les
soirées jusqu’au 12 août, le 13 août
l’émetteur étant retrouvé au sol dans
la colonie.
Comme le montre la carte ci-contre,
cette femelle parcoure à minima 15
km pour gagner la zone de chasse
identifiée la plus éloignée. Cette femel-
le n’a pas été retrouvée en chasse, à
une exception faite, dans des boise-
ments que l’on pourrait considérer
comme «classiques» pour l’espèce, soit
des boisement de feuillus ou mixtes à
strate herbacée absente et à sous stra-
te arbustive peu vigoureuse. Or, de
tels peuplements présentant ces ca-
ractéristiques existent et sont pour la
majorité d’entre eux présents dans un
rayon de 10 kilomètres.
La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
Parcours (trait) et zones de chasse exploitées (entourées en rou-
ge) par la femelle 07287413.
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Notons pour exemple
un massif de plus de
700 hectares situés à 9
kilomètres de la nurse-
ries et où en dépit de
près de 10 captures
aucun grand murin n’a
été capturé ! Ce massif
est clos par un grillage
et concentre une popu-
lation importante de
sanglier, peut-être y-a-
t-il là une relation de
cause à effet ?
Sur l’extrait de photo
aérienne ci-contre, nous précisons les
deux zones de chasse où nous avons
le plus souvent retrouvé cette femelle
en chasse. Elle passait régulièrement
d’une zone à l’autre. Le boisement (au
sud sur la photo) est une plantation
régulière d’épicéas sans strate herba-
cée et arbustive. Les autres boise-
ments autour n’ont pas été utilisés. Il
s’agit de peuplements mixtes où la
strate herbacée recouvre 100% de la
surface au sol, hormis dans les allées.
La seconde zone de chasse s’apparente
à une phragmitaie. Lors du suivi, elle
était fauchée et regorgeait de criquets
ensanglantés.
Certains soirs, la femelle quittait cette
zone le plus souvent vers 01h00 et en
dépit de nos recherches les autres zo-
nes de chasse n’ont pas pu être identi-
fiées.
Enfin, le 14 août nous avons posé un
double linéaire de filet dans la phrag-
mitaie. A 23h15, la femelle 07287413
est capturée ! A 01h22 un mâle adul-
te, un mâle juvénile et une femelle de
murin de Natterer sont également cap-
turés.
A suivre !
La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
Zones de chasse particulièrement exploitées (entourées en rou-
ge) par la femelle 07287413.
Vue de la « phragmitae ».
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La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
Les prospections ont débuté dès l’hiver
dernier. C’est un avantage car cela
permet d’écrémer un peu et de déter-
miner très vite les sites où il y a du
humm «Y a bon» générateur d’un «Y a
plus ka!»
Le petit rhinolophe se taille la part du
lion avec 25 colonies découvertes. La
26ème nurserie concerne le murin à
oreilles échancrées.
Ces nouvelles nurseries de petits rhi-
nolophes cumulent 446 adultes. Dans
le détail, on compte 3 nurseries dépas-
sant les 50 individus et la plus impor-
tante compte 96 adultes. La grande
majorité des colonies comptent moins
de 30 individus. Ces colonies ont été
découvertes pour 16 d’entre-elles en
Ille-et-Vilaine et 9 dans les Côtes d’Ar-
mor.
Enfin, la nurserie de murin à oreilles
échancrées a été découverte dans le
Côtes d’Armor et compte 29 adultes.
Le problème avec les records c’est qu’il
est souvent difficile de les battre aussi
avis aux amateurs pour l’année pro-
chaine.
Ces découvertes ont été réalisées à l’ancien-ne, à base de porte à porte, comme quoi n’im-porte qui peut trouver n’importe quoi. Notons que le précédent record date de 2008 où 19 nurseries avaient été découvertes en une an-née. Enfin précisons que nous ne parlons que des découvertes concernant «uniquement» les rhinolophes, le grand murin et l’échan-crées.
26 nouvelles nurseries découvertes en une année : Record battu ! Par Vincent Bouche, Matthieu Ménage, Pierre Brossier, Erwan Nédellec et Philippe Quéré
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La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
Ce second «bâtiment» situé
à quelques dizaines de mè-
tres de la nurserie est un
ancien concasseur (photo ci
-contre). Par le passé nous
y avions noté un ou deux
grands rhinolophes tentant
d’y passer l’hiver. Ouvert de
part en part, il ne fallait
pas sortir du MIT pour pi-
ger que la pose d’une sim-
ple planche sur l’un des ac-
cès permettrait de mettre
fin au courant d’air et
maintenir la température
plus constante. Par contre prévoir que
sitôt la planche posée, les grands rhi-
nolophes adopteraient le gîte, là c’était
un peu plus osé. Et pourtant la plan-
che est posée en octobre et le 06 no-
vembre, 25 grands rhinolophes sont
regroupés en essaim (photo en haut).
Le 22 janvier, ils sont 26 et même un
petit rhinolophe (jamais observé aupa-
ravant) squatte le site. Le 25 février,
on compte encore 23 grands rhinolo-
phes et murins à moustaches instal-
lés dans des briques plâtrières.
Nous attendons donc avec impatience
la suite, + de grands rhinos cet hiver ?
Les échancrées vont-ils aussi investir
le site ?
Vous aurez des nouvelles sur le forum
de Bretagne Vivante.
C’est l’histoire d’une cerise que l’on pose sur un gâteau. Souvenez-vous en 2011, nous amé-nagions un bâtiment pour y maintenir une nurserie de grand rhinolophe (voir LDM n°16). Depuis la colonie s’est installée et compte 90 adultes ainsi que 21 échancrées. Cependant un autre bâtiment proche méritait aussi notre attention afin de le rendre favorable pour l’hi-bernation et une planche posée allait changer la donne.
25 grands rhinolophes en hibernation grâce à une planche de bois bien placée !
Par Christophe Rousseau
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Nouvelle réserve
La nurserie de grand murin de Noyal
Muzillac (56) a rejoint le réseau de gî-
tes protégés en avril 2013. Cette nur-
serie compte une soixantaine d’adultes
et occupe les combles de l’église.
APPB
Les nurseries de grand rhinolophe et
murin à oreilles échancrées de Saint-
Malo de Phily (35) et de grand murin
de Dingé (35) voient le renforcement de
leur protection (auparavant des
conventions d’association) par des
APPB.
Jésus revient parmi les tiens
Une excellente nouvelle a été enregis-
trée cette année avec le retour encore
partielle des grands murins de la basi-
lique de Sainte-Anne d’Auray (56)
après plus de 2 ans d’absence. Cette
année, 105 adultes étaient présents
contre moins de 30 les deux dernières
années. Pourvu que ça dure.
La Lettre des Mammimaniaques Novembre 2013
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