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1870-‐1914
La République imaginée
Introduc)on
• L’histoire françaises des années 1815-‐1870 avaient été celle de trois retours poliCques qui se soldèrent tous trois par un échec. Echec de la restauraCon monarchique, puis de la République, puis de l’Empire.
• CeIe nouvelle période, 1870-‐1914 montre a quel point la France, une fois la parole libérée de la censure, s’est transformée peu a peu en une gigantesque agora a l’échelle de la naCon tout enCère.
• « InsCtuer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-‐mêmes la règle commune de leur acCon; qu’ils auront a concilier la liberté et la loi, le mouvement et l’ordre; qu’ils sauront se combaIre sans se déchirer; que leurs divisions n’iront pas jusqu’à une fureur chronique de guerre civile et qu’ils ne chercheront jamais dans une dictature même passagère une trêve funeste et un lâche repos. » Jean Jaurès.
Histoire d’une société poli)que
• Commencée dans la défaite de 1870, la période qui va jusqu'au déclenchement de la Grande Guerre prend un sens parCculier, celui d’un Age d’or de la République, celui d’une « Belle Epoque ». La réalité fut neIement moins glorieuse.
• Cependant, il faut bien se l’avouer… La vie des Français a ceIe époque fut passionnément poliCque. On assiste bien a la naissance de l’idée de France comme naCon. En ce sens, la France de ceIe période a été sans doute la plus poliCque des naCons. CeIe capacité reconnue de parCciper a la vie de la cite ne profita pas a tous ses membres. Seuls les hommes de plus de 21 ans bénéficièrent du droit de vote, les militaires en furent exclus, de même que les détenus, les vagabonds et les colonises.
• Des idéologies concurrentes de la République (le socialisme et le libéralisme) ou même hosCles (l’anarchisme, le monarchisme), finirent par s’inscrire dans l’espace poliCque crée par la République.
Claude Monet Rue Montorgueil. 1878
Steinlen Hommes devisant.
Naissance de la République dans la guerre
• La première réussite de la République fut sa capacité a surmonter le double traumaCsme de la défaite naConale et de la guerre civile.
• La guerre en France, De l’Empire a la République: L’armée française, sur laquelle se fondaient tous les espoirs d’une victoire rapide et sans appel, se révéla incapable de faire face a un conflit très large, comme la France n’en avait pas connu depuis 1815.
• A Sedan, malgré l’héroïsme de certaines unités, l’armée française fut défaite et l’Empereur capture. Les Allemands entrevirent alors la fin rapide de la fin de la guerre. La proclamaCon en France de la République et l’installaCon du gouvernement de Défense naConale allait en décider autrement.
• La proclamaCon de la République: L’Assemblée fut convoquée a minuit. Au nom de 28 députés républicains, Jules Favre déclara la dynasCe déchue.
• Paris se trouve encercle des le 19 septembre, et le gouvernement fut pris au piège. Les Parisiens et les habitants de la banlieue qui s’étaient refugies dans la capitale, au total près de 2 millions de personnes, firent preuve d’un héroïsme réel. Répondant aux appels de GambeIa, de très nombreux habitants, même âges, s’enrôlèrent dans la Garde NaConale dont les effecCfs allaient aIeindre 350.000 hommes.
• GambeIa quiIe Paris le 7 octobre 1870, depuis les hauteurs de Montmartre, en uClisant un ballon de grande dimension. InvesC des pouvoirs les plus étendus, GambeIa va aussitôt les employer a l’organisaCon de la guerre a outrance. Il gouvernait en dehors d’un contrôle effecCf du gouvernement. CeIe situaCon lui offrit davantage de moyens pour rétablir une autorité naConale forte, condiCon essenCelle pour faire la guerre comme il l’entendait, a outrance.
Le 4 septembre 1871, la foule envahit l’Assemblée et pousse a la proclamaDon
de la République.
Le gouvernement de Défense NaDonale
Naissance de la République dans la guerre
• GambeIa s’appuyait aussi sur une cohorte de préfets qu’il avait nommes dans l’urgence et qui reçurent des pouvoirs élargis.
• Faire la guerre: GambeIa réussit en quelques semaines a doter la République d’armées –sinon puissantes du moins nombreuses – a les rassembler, a les armer et a les faire commander. A Belfort qui résistait encore, alors que l’Alsace était enCèrement conquises, GambeIa nomma gouverneur le colonel Pierre Denfert-‐Rochereau.
• La proclamaCon de la République: L’Assemblée fut convoquée a minuit. Au nom de 28 députés républicains, Jules Favre déclara la dynasCe déchue. Au même moment s’achevait le siège de Metz. Le maréchal Bazaine décidait de sacrifier l’une des armées françaises les plus puissants et qui avait a peine combaIu.
• Les élecCons du 8 février 1871: les élecCons générales eurent lieu le 8 février 1871. 768 sièges étaient a pourvoir. Avec les élecCons mulCples, l’Assemblée compta seulement 675 élus, Thiers avait été élu dans 26 départements, GambeIa dans 9. Un Cers des élus, soit 225 députes, appartenaient a la noblesse, la plus forte proporCon jamais enregistrée dans l’histoire de France.
• Le gouvernement de Thiers: Le 12 février, l’Assemblée se réunit pour la première fois a Bordeaux. Le lendemain, le gouvernement de Défense NaConale représente par Jules Favre se démit de ses foncCons. Le 16 février, l’Assemblée procédait a l’élecCon de son président, Jules Grévy, un républicain modéré soutenu par Adolphe Thiers. Au même moment, M. Thiers est nomme chef du pouvoir exécuCf de la République Française.
l’Assemblée naDonale au Grand Théâtre de Bordeaux.
Jules Grévy
Naissance de la République dans la guerre
• La paix et l’annexion: La convenCon signée avec la Prusse prévoyait l’annexion de l’Alsace – a l’excepCon de Belfort – et la Moselle, ainsi qu’une indemnité de 5 milliards de franc-‐or. .
• Versailles face a Paris: Les démissions successives de députés républicains, et le choix de l’exil par Léon GambeIa (qui se reCra a Saint-‐SébasCen en Espagne) renforcèrent d’autant la majorité conservatrice de l’Assemble.
• Paris face a Versailles, les débuts de la Commune: Le 1er mars, alors que les troupes prussiennes paradaient a Longchamp et défilaient sur les Champs-‐Elysées, le comite central de la Garde NaConale parvenait a empêcher certains fédérés d’ouvrir le feu sur les Allemands…
• La journée du 18 mars 1871: Des tentaCves eurent lieu pour saisir les 227 canons que les Parisiens avaient finances par souscripCon. Elles échouèrent devant la déterminaCon des gardes naConaux a les protéger. A Montmartre, gardes naConaux et habitants de quarCer s’opposèrent au 88eme de ligne qui bientôt fraternisa. Le chef du pouvoir exécuCf, Thiers, décida alors d’évacuer toutes les troupes régulières de la capitale. Au maCn du 19 mars, Paris était donc aux mains d’un pouvoir oblige de s’organiser et de se définir sans tarder.
Le parc d’arDllerie de la BuOe Montmartre, le maDn du 18 mars 1871.
Barricade a Charonne, mars 1871.
Naissance de la République dans la guerre
• Un idéal républicain et libertaire: La Commune de Paris dura 60 jours avant son écrasement total par les troupes versaillaises.
• Le Testament de la Commune: « L’unité, telle qu’elle nous a été imposée jusqu’à ce jour par l’Empire, la monarchie et le parlementarisme, n’est que la centralisaCon despoCque, inintelligente, arbitraire ou onéreuse. L’unité poliCque telle que la veut Paris, c’est l’associaCon volontaire de toutes les iniCaCves locales, le concours spontané et libre de toutes les énergies individuelles en vue d’un but commun. »
• L’écrasement de Paris et le sens de l’évènement: La rapidité du mouvement communard, sa déterminaCon, son organisaCon surprirent le gouvernement. Thiers en tète. Une offensive des Fédérés sur Versailles est facilement repousse. Le général marquis Gaston de Galliffet en avait profite pour passer par les armes de nombreux gardes naConaux faits prisonniers. On le surnomma alors a Paris « le marquis aux talons rouges. »
• Des le 5 avril, un décret de la Commune décida de l’exécuCon de trois otages pour chaque prisonnier tue a Versailles. • La « Semaine sanglante »: Des l’entrée dans Paris, les exécuCons massives de prisonniers et de suspects débutèrent.
La semaine sanglante. La conquête de Paris par les Versaillais. L’écrasement de la Commune. Maximilien Luce
Naissance de la République dans la guerre
• Une défaite victorieuse? Si la Commune consCtue bien « la dernière révoluCon du XIXème siècle, le point ulCme de la geste révoluConnaire française, les Républicains comme Thiers l’ont surtout combaIu par raison voire par renoncement, afin de donner une chance au régime du 4 septembre de résister puis de s’imposer au pouvoir monarchiste, catholique, anCrépublicain qui dominait alors dans le pays – et en premier lieu a l’Assemblée.
Portrait de l’arDste a la prison parisienne de Sainte-‐Pélagie. Gustave Courbet.
La conquête du régime (1871-‐1876)
• La bataille que les républicains allaient remporter progressivement, par les urnes et dans le pays, fut bien la première victoire anCaristocraCque acquises sans révoluCons par les Français.
• Deux hommes jouèrent un rôle décisif durant ces années capitales, Adolphe Thiers, d’une part, avec son choix raisonne de la République, et Léon GambeIa, de l’autre, le « commis voyageur » du régime républicain.
• La république de Thiers: Il s’employa a payer le plus rapidement possible de la deIe de guerre. L’armée fut ensuite la première concernée par sa poliCque volontariste, avec la conscripCon obligatoire.
• Thiers dans son Message a l’Assemble, en 1872, se devait de répondre aux monarchistes qu’aux républicains galvanises par les discours de GambeIa. Il traça alors le projet d’une République poliCquement libérale, socialement conservatrice, idéologiquement pragmaCque et ancrée dans l’héritage de la RévoluCon de 1789: « Tout gouvernement doit être conservateur, et nulle société ne pourrait vivre sous un gouvernement qui ne le serait point. La République sera conservatrice ou elle ne sera pas. » Depuis ses débuts en poliCque sous la monarchie de Juillet, Adolphe Thiers avait accompli un parcours exemplaire de libéral a la française. »
• Le réveil des républicains: GambeIa s’était rapproché de Thiers. Il était l’un des plus acCfs dans la bataille contre la droite. Dans son discours de Grenoble, il annonce l’avènement des couches nouvelles et le souCen qu’elles allaient apporter a la République a venir: « En face des grands notables toujours si imbus de leur naissance, comme s’ils étaient toujours des nobles et que la RévoluCon n’avait pas eu lieu, la République est une méritocraCe de talents. »
Adolphe Thiers + Léon GambeOa
La conquête du régime (1871-‐1876)
• L’échec de l’ordre moral: Le comte Patrice de Mac-‐Mahon, duc de Magenta, était de tradiCon légiCme. Il confia la responsabilité de l’exécuCf au vice-‐président du Conseil qui devint alors un véritable chef de gouvernement. Respectueux du choix de l’Assemblée, il nomma a la tête du cabinet le leader révélé de la majorité, qui était aussi le tombeur de Thiers, de Broglie. Le duc de Broglie annonça la mise en œuvre d’une poliCque d’ordre moral. Celle-‐ci devait consCtuer une phase préparatoire au rétablissement de la monarchie. L’ordre moral signifiait en premier lieu une poliCque ultrareligieuse.
• En praCque, la poliCque du gouvernement se dressa tout enCère contre les républicains, assimiles dans leur ensemble a l’ennemi radical. CeIe offensive anCrépublicaine était l’un des moyens de parvenir a l’unité des droites, très divisées sur d’autres sujets et d’abord sur les modalités de la restauraCon monarchique.
• L’épuraCon frappa la haute administraCon de l’Etat, le corps diplomaCque, les milieux universitaires.
• L’impossible restauraCon: En 1873, le prétendant orléaniste (Philippe d’Orléans, comte de Paris) reconnut Henri d’Artois, comte de Chambord, comme ‘représentant monarchique de la France’. Mais rien n’avait été cependant décidé quant a la forme future de la monarchie, ni non plus quant a la couleur du drapeau: blanc (comme le voulait Henri d’Artois) ou tricolore (comme le voulait Philippe d’Orléans). Le comte de Chambord confirma son refus d’adopter le drapeau de la révoluCon. La rupture avec les Orléanistes était confirmée. Ceux-‐ci allaient pouvoir rejoindre naturellement le personnel poliCque républicain.
L’édificaDon de la Basilique du Sacre Cœur au sommet de Montmartre de 1908. L’édifice royaliste et catholique d’effacer les crimes de la Commune.
Le pèlerinage a Lourdes débute en
1872.
La conquête du régime (1871-‐1876)
• Dans l’immédiat, le régime se renforça au niveau présidenCel et exécuCf. Malgré l’opposiCon républicaine, une première loi consCtuConnelle fixant a 7 ans la durée du mandat présidenCel.
• L’évoluCon républicaine du régime, la consCtuCon de 1875: Henri Wallon lança un appel a tous les modérés afin qu’ils surmontent les logiques parCsanes. Suffisamment convaincant, l’orateur parvint a adopter une proposiCon de loi a une voix de majorité, par 353 contre 352. L’amendement établissait que « le président de la République est élu a la majorité des suffrages par le Senat et la Chambre, réunis en Assemblée naConale. » La significaCon d’une telle reforme était capitale: la République était fondée a travers une insCtuCon essenCelle, le Ctre républicain du chef de l’Etat était confirme. Dans le même temps, la souveraineté du Parlement était proclamée (le président de la République n’en serait que le mandataire) et le bicamérisme adopte.
• Les lois consCtuConnelles de 1875: • « Art 1. Le pouvoir législaCf s’exerce par deux Assemblées, la Chambre des
députés et le Senat. • Art. 2. Le président de la République est élu a la majorité absolue des suffrages
par le Senat et par la Chambre des députés, réunis en Assemblée naConale. Il est nomme pour 7 ans. Il est rééligible. »
• Plusieurs historiens ont parle a leur sujet de « consCtuCon orléaniste », pour l’équilibre des pouvoirs qu’elle instaurait aussi bien que pour sa nature parlementaire et sa plasCcité: établissant une République, elle pouvait tout autant abouCr a une monarchie.
Henri Wallon, le père de la consDtuDon de 1875.
La conquête du régime (1871-‐1876)
• La victoire des Républicains: Les élecCons générales en 1876 pour les députés et les sénateurs abouCrent a la raCficaCon de « la consCtuCon de 1875 ». Elles décidèrent surtout du sens qu’il fallait lui donner. La victoire des Républicains en fit une consCtuCon républicaine, notamment parce que les tenants de l’Ordre moral furent sévèrement baIus. Parmi les élus, on comptait de grandes personnalités de premier rang comme Victor Hugo, plébiscité a Paris.
• L’affirmaCon d’un esprit républicain: Léon GambeIa se dépensa sans compter pour convaincre le pays du bien-‐fondé du régime républicain. S’adressant a la droite orléaniste qu’il espérait rallier a la République: « Venez avec nous, nous vous assurerons un rang, un honneur, une force qui vous permeIront d’exercer vos apCtudes au bénéfice de tous. »
• La laïcité occupa une place importante dans la définiCon de la pensée républicaine. GambeIa proposa la « suppression du budget des cultes et la séparaCon de l’Eglise et de l’Etat ».
• Si GambeIa avait progressivement aIenue le terme « radical » contenu dans le programme de Belleville de 1869, il n’en était pas de même de Georges Clemenceau, l’ancien maire de Montmartre, esCmant que « le but que nous proposons, c’est l’abouCssement de la grande rénovaCon de 1789, inaugurée par la bourgeoisie française et abandonnée par elle avant son achèvement.
ElecDons de février mars 1876.
La conquête du régime (1871-‐1876)
• Une revanche sur l’histoire: Le grand tableau du Bal du Moulin de la GaleIe de Pierre-‐Auguste illustre bien l’intense désir de liberté porte par l’art comme par les hommes. Contre la déclaraCon monumentale de la basilique du Sacré-‐Cœur et son idéologie de l’expiaCon.
Bal du Moulin de la GaleOe 1876.
La République des Républicains
• La République ne se transforma pas en religion d’Etat. L’athéisme ou le matérialisme ne devinrent jamais la doctrine de la République, pas plus que le posiCvisme. Les républicains reconnaissent davantage leur filiaCon avec la pensée libérale, c’est-‐a-‐dire l’idéalisme philosophique et les droits de l’homme.
• Le premier acte de la République consista a promulguer les libertés fondamentales qui conféraient aux citoyens une forme de souveraineté civique. Le second fut de reconnaître aux membres de la société une existence poliCque, certes refusée a certains groupes. Le troisième fit reposer ces noCons de contre-‐pouvoir et d’individualisme poliCque sur une concepCon criCque de la raison et du savoir, accordant de ce fait un rôle public légiCme aux éducateurs, aux intellectuels et aux arCstes.
• Les républicains contre Mac Mahon, la crise du 16 mai 1877: Mac Mahon, suite au blocage législaCf des Chambres, leur fit savoir qu’elles étaient ajournées a parCr du 16 juin. C’était non seulement une tentaCve de coup de force contre le pouvoir parlementaire, mais aussi une déclaraCon de contre l’extrême gauche républicaine.
• Le coup de force légal du président Mac Mahon avait permit aux élus républicains, jusque la divises en groupes et courants jaloux de leur indépendance, d’éprouver un premier senCment d’unité.
Van Gogh – Le 14 juillet
La République des Républicains
• L’unité des républicains: Léon GambeIa agit comme un chef militaire pour remporter la bataille décisive: les élecCons devaient déterminer, plus e n c o r e q u ’ u n e ma j o r i t é poliCque, la forme véritable du régime, pouvoir présidenCel ou pouvoir parlementaire. Une nouvelle défaite de Mac-‐Mahon l’obligeait a renoncer a l’une des prérogaCves les plus manifestes d e l a p r é s i d e n c e d e l a R épub l i que , l e d r o i t d e dissoluCon.
• Une campagne sans équivalent: La campagne en vue des nouvelles élecCons législaCve se déroula dans un climat de g r a n d e t e n s i o n e t d e harcèlement des candidats républicains. La praCque de la « candidature officielle » fut généralisée par le pouvoir.
A la République Française. Henri Gervex 1890
La République des Républicains
• Les élecCons de 1877: Les élecCons législaCves d’octobre 1877 mirent face a face un camp républicain uni et élargi, et des monarchistes replies sur eux-‐mêmes et décidés a faire barrage a la démocraCe parlementaire. L’affrontement peut se résumer au choc de deux personnalités Mac-‐Mahon et GambeIa.
• La victoire des républicains et l’épreuve de force: La gravite des enjeux avait polarise a l’extrême les camps en présence. Les républicains passèrent de 363 élus a 323. Mais bien qu ’ i l s so ient passes de 123 a 200 é lus , les ultraconservateurs n’obCnrent pas la majorité.
• Pourtant le président de la République refusa la sancCon du suffrage universel. Mac-‐Mahon décida d’ignorer la victoire républicaine. Le 24 octobre 1877, les députes acceptaient l’épreuve de force et votaient par 325 voix contre 218 le refus d’entrer en communicaCon avec le nouveau ministère. Le président de la République devait « se soumeIre ou se démeIre », comme lui inCma GambeIa a la tribune. Un peu plus d’un an plus tard, le 30 janvier 1879, Mac-‐Mahon allait démissionner, après un ulCme bras de fer avec la Chambre, reconnaissant ainsi la défaite du camp monarchiste et conservateur qu’il avait cru pouvoir mener a la victoire.
Marechal de Mac-‐Mahon
La République des Républicains
• La republicanisaCon du régime: Le président Mac-‐Mahon avait annonce la venue d’une ère de prospérité: « La fin de ceIe crise sera le point de départ d’une nouvelle ère de prospérité. L’exposiCon universelle va s’ouvrir: le commerce et l’industrie vont prendre un nouvel essor ». Le gouvernement lança effecCvement un grand programme de travaux publics pour concréCser ceIe perspecCve de croissance.
• La « poliCque au village » ou l’avenir républicain: Le premier renouvellement par Cers du Senat donna un net avantage aux républicains (janvier 1879) et la présidence du Senat échut logiquement a un républicain.
• Restait le pouvoir présidenCel. Mac-‐Mahon démissionna le 30 janvier 1879. Le même jour, les deux Chambres élisent son successeur, Jules Grévy.
• L’œuvre scolaire et la laïcité: L’arrivée de Jules Ferry au gouvernement marqua le point de départ des grandes lois républicaines établissant des libertés fondamentales et engageant l’œuvre scolaire des républicains. « La neutralité religieuse de l’école, sa sécularisaCon; c’est a mes yeux et a ceux du gouvernement, la conséquence de la sécularisaCon du pouvoir civil et de toutes les insCtuCons sociales. »
• Inspire par les philosophies d’Auguste Comte et de Condorcet, Jules Ferry défendit l’idée d’une indépendance de la morale et de la science face aux religions.
Jules Ferry.
La République des Républicains
• « Nul n’est admis a diriger un établissement d’enseignement public ou prive, de quelque ordre qu’il soit, ni a y donner l’enseignement, s’il apparCent a une c o n g r é g a C o n n o n autorisée » CeIe mesure était accompagnée d’une interdicCon de près de 5 0 0 c o n g r é g a C o n s (Jésuites, dominicains ou frères maristes).
• La poliCque scolaire devait forger, par delà les divisions de classe ou la diversité des régions, l’unité de la naCon.
Ecole de la République. Geoffroy 1889.
La République des Républicains
• Les libertés fondamentales: En 1880, une loi accorda la liberté d’ouverture et de transfert des débits de boisson. L’autorisaCon administraCve qui avait été une arme de tous les régimes antérieurs pour combaIre la propagande républicaine, fut supprimée et remplacée par une simple déclaraCon a la mairie. Cafés, brasseries et cabarets devinrent des lieux privilégiés de la vie publique et de l’expérience poliCque sur les hommes.
• En 1881, sont confirmées les libertés de l’imprimerie et de la librairie, la liberté de la presse, et les libertés d’affichage.
• La liberté de réunion avait été accordée, elle, par la loi du 30 juin 1881. Corollaire de la liberté de la réunion, la liberté d’associaCon fut en revanche écartée par crainte de favoriser les congrégaCons religieuses. Les associaCons de plus de 20 personnes exigeaient une autorisaCon.
• Une ébauche de liberté d’associaCon fut toutefois accordée, par le biais de la loi de 1884, dite loi Waldeck-‐Rousseau, autorisant la formaCon de syndicats par branche professionnelle. Il était difficile pour les Républicains d’aller plus loin. Plus de 20 années allaient être encore nécessaires pour que la liberté d’associaCon soit pleinement reconnue.
La République des Républicains
• Le pouvoir des symboles: Trois décisions symboliques qui illustrent les retrouvailles du pays républicain et de sa tradiCon presque apprivoisée: la fixaCon de la fête naConale le 14 juillet célébrant la première commémoraCon unanime de la révoluCon en 1790, l’instauraCon de la Marseillaise comme hymne naConal pour draper les vainqueurs de 1789, orphelins de l’Alsace-‐Lorraine, dans le patrioCsme des grands ancêtres, enfin le retour des Chambres a Paris.
• « Lorsque la vieille monarchie avait quiIe Versailles pour Paris en octobre 1789, c’était sous la pression d’une foule menaçante. La royauté ne sortait de son exil délibéré que pour passer sous la garde du peuple parisien. Quand les députés et les sénateurs font le meme chemin, 90 ans après, c’est en représentants du peuple réconciliant la naCon et sa capitale. La révoluCon française entre au port. » François Furet.
• Une importante revue militaire eut lieu a Longchamp, en présence du président de la République qui remit les drapeaux aux 400 colonels commandant les régiments, « signe de l’union indissoluble entre l’armée, la patrie, la République. »
La revue militaire a Longchamp pour le premier 14 juillet. 1890
La République des Républicains
• Un visage pour la République, l’avènement de Marianne: La coutume s’instaure d’orner les salles de marie d’un buste de femme coiffée d’un bonnet phrygien, la République.
• La poliCque républicaine: C’est alors le temps d‘un parlementarisme absolu… La conscience des parlementaires était le seul tribunal de la consCtuConnalité des lois. Aucune borne de droit n’état mise a la puissance du Parlement. Celui-‐ci était juge des élecCons et validait le nouveaux élu. Il était maitre de son règlement, fixait l’ordre du jour des séances, disposait d’un droit d’interpellaCon du gouvernement et se réservait la possibilité de le renverser sur le champ.
• Les aventures coloniales de la France en Tunisie donnèrent a Clemenceau l’ occasion d’ouvrir le feu de son éloquence contre le ministère Ferry.
En 1885, Clemenceau devient le « tombeur » du gouvernement Jules Ferry. « Ce n’est pas pour la naDonalité égypDenne ni pour le parD naDonal qu’il faut aller en Egypte, mais pour la naDon française. Mais voyons ce qu’il y a au fond de ceOe idée. Les Français souDennent ce qu’ils ont de puissants intérêts en Égypte: les Anglais, les Italiens, d’autres encore disent de meme. Au risque de paraître soutenir un paradoxe, je voudrais dire qu’il me semble que les ÉgypDens, eux aussi, ont quelques intérêts en Egypte. »
La République des Républicains
• La républicanisassions de l’Etat: En 1883, la mise a la retraite d’office de près de 1000 magistrats suspectes de sympathies congregaConnsites, bonaparCstes, royalistes, conservatrices, ou simplement peu moCves par l’idéal républicain – représenta un fait sans précédent, qui allait lourdement peser sur la représentaCon de la jusCce républicaine.
• La tentaCon impériale: A la suite du massacre par les Touaregs d’une colonne française de 400 hommes charges d’ouvrir une route transsaharienne entre l’Algérie et le Niger. En 1881, Jules Ferry demanda a la Chambre des crédits pour une opéraCon militaire contre le bey de Tunis, juge responsable du massacre.
• Clemenceau s’opposait a la poliCque impériale pour des raisons de principe qui tenaient aussi bien au rejet de la thèse de l’inégalité des races qu’au refus d’affaiblir la métropole en face de la puissance allemande.
Le débarquement des Français a Haiphong. Juin 1884
La République des Républicains
• La quesCon coloniale et la chute de Jules Ferry: Jules Ferry créa un Conseil supérieur des colonies en 1883 pour coordonner sa poliCque en la maCère et se lança dans la conquête de l’Annam, puis dans celle du Tonkin l’année suivante.
• Jules demandait a la Chambre de nouveaux moyens pour ceIe guerre qui ne disait pas son nom. George Clemenceau riposta vivement a celui que l’opinion radicale et modérée affublait du surnom péjoraCf de « Ferry Tonkin »: « Nous ne voulons plus vous entendre, nous ne voulons plus discuter avec vous les grands intérêts de la patrie. Nous ne vous connaissons plus; nous ne voulons plus vous connaître. »
Claude Monet, ami de George Clemenceau traduit le bonheur retrouve a la lumière de la République naissante, dans une toile joyeuse et colorée, La Fête du 30 juin 1878, rue Saint-‐Denis a Paris.
La République des Républicains
• La mort d’Adolphe Thiers: L’Histoire révèle ici son caractère paradoxal puisque le dirigeant qui avait ordonne l’écrasement de la Commune s’était transforme en héros républicain, honore par une foule immense.
• L’adieu a GambeIa: Officielles et naConales, les obsèques de GambeIa n’en furent pas moins un véritable moment de ferveur populaire: plusieurs milliers de couronnes, portant pour la plupart l’unique inscripCon « Au Patriote » furent déposées aux pieds du défunt.
Tombe d’Adolphe Thiers
Obsèques de GambeOa
La République des Républicains
• Victor Hugo au Panthéon: Le Panthéon, resCtue en 1851 au culte catholique après sa vocaCon laïque retrouvée lors de la révoluCon de 1830 – fut a nouveau désacralisé pour accueillir la dépouille de Victor Hugo.
• 8 heures de défilé, 19 discours, une ferveur populaire jamais épuisée scandèrent ce jour tres officiel. Le corps de Hugo fut accompagne jusqu’au Panthéon par une foule immense, de près de deux millions d’habitants.
• Une statue pour la liberté: L’immense statue de femme, symbolisant la lumière de la liberté sur le monde, était l’œuvre de l’Alsacien Auguste Bartholdi. Elle était aussi importante pour Paris et la France (qui l’offrirent en octobre 1886) que pour New York et les Etats-‐Unis (qui la reçurent). Le sculpteur, ancien combaIant de 1870, ami de GambeIa, voudrait donner un visage a la République imaginée; et celle-‐ci allait devenir un phare rassurant pour les millions d’émigrants gagnant l’Amérique.
Obsèques de Victor Hugo
Statue de la liberté dans l’atelier du
fondeur Gayet.
La République des Républicains
• Le rêve de la revanche: La revanche n’en resta pas moins une cause publique et populaire puissante, animée par des hommes et des structures dévouées a ceIe mission sacrée.
• Le patriote qui lui a aIache son nom fut incontestablement Paul Déroulède. Il publia ses « Chants du Soldat ». Le succès fut immense, il était lu dans toute la France.
• Les objecCfs de Paul Déroulède étaient clairs: l’esprit public était contagieusement malade de poliCque intérieure, et sa Ligue se devait de réagir contre «le flot montant des doctrine cosmopolites, qui désagrègent les Etats. »
La tenta)on autoritaire des républicains (1885-‐1897)
• La crise boulangiste: Aux élecCons générales d’octobre 1885, la Chambre compta 383 républicains pour 201 conservateurs. Deux fois plus nombreux qu’en 1881, ces derniers formèrent une Union des droites. Les républicains de gouvernement se regroupèrent dans l’Union des Gauches. Dans sa physionomie poliCque, la Chambre apparaissait incapable de faire émerger des majorités fortes. Les combinaisons parlementaires étaient nécessaires.
• Boulanger et la menace boulangiste: Le mouvement boulangiste est ne, sur fond de vives tensions avec l’Allemagne et d’une sévère crise économique, de la rencontre entre une série de mécontentements diriges contre le régime parlementaire et d’un général devenu en quelques mois « l’homme providenCel » sauveur de la France menacée; il parCcipe aussi de l’ambivalence de nombreux républicains prêts a soutenir les naConalistes, au moins pour un temps, afin de balayer les moderes et leur leader, Jules Ferry.
• Affiches, placards, feuilles, chansons vantaient les mérites du général, un « connétable » qui allait sauver le pays d’une nouvelle invasion allemande, un citoyen prêt a débarrasser la République des péchés du parlementarisme et des parlementaires corrompus.
• Quelques mois seulement après l’éloignement de Boulanger, la crise du régime rebondit de plus belle avec la révélaCon d’un trafic de décoraCons organisée par le gendre de Jules Grévy.
• Sadi Carnot est invesC en décembre 1887 par la majorité républicaine. Sa première décision fut de meIre le « général Revanche » a la retraite. Mais rendu a la vie civile, Boulanger devenait éligible… Durant l’été 1888, Boulanger remporta trois élecCons parCelles en province et remporta celle de Paris, triomphalement, en janvier 1889.
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• Contre toute aIente, les boulangistes ne profitèrent pas de leur écrasante victoire dans la capitale, négligeant le coup d’Etat qui était a leur portée.
• Le sursaut des républicains: Jules Ferry fut l’un des premiers a dénoncer le danger représenté par le boulangisme: « Messieurs, au lieu de fermer la République il faut l’ouvrir, l’ouvrir a tous les hommes de bonne volonté. »
• « A votre âge, monsieur le général Boulanger, Napoléon était mort et vous ne seriez que le Sieyès d’une consCtuCon mort-‐née. »
Scène de propagande Boulangiste ElecDons de Septembre 1889
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• L ’apparente v icto ire républ ica ine: Le gouvernement ayant menace le général Boulanger de la Haute Cour, pour « AIentat contre la sureté de l’Etat », celui-‐ci décida alors de s’exiler a Bruxelles.
• En diabolisant le boulangisme, les républicains idéalisèrent le régime; ils l’empêchèrent d’évoluer, et pire, le soumirent a un nouveau risque autoritaire.
• En refusant de Crer p le inement les conséquences de ceIe contestaCon profonde de la République opportuniste, celle-‐ci se condamnait a l’immobilisme, voire a la réacCon.
• La République évolua vers un conservaCsme de plus en plus autoritaire et impérial.
Le triomphe de la République.
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• Une république aveuglée: Avec l’ExposiCon universelle de 1889, il s’agit d’un centenaire sans lendemain. Incontestablement, l’ExposiCon universelle contribua au rayonnement du centenaire de la RévoluCon Française. La ville de Paris fut autorisée a inviter les quelques 200.000 maires de France a un grand banquet et a organiser leur procession rue de Rivoli.
• La fin de la crise boulangiste et le résultât des élecCons de 1889 encouragèrent les républicains de gouvernement a rechercher la stabilité et a éviter toute reforme qui pourrait conduire au changement. Cet immobilisme poliCque eut comme corollaire, sur le plan économique, le protecConnisme et sur le plan social, un conservaCsme intransigeant, alimente par la peur du socialisme et de l’agitaCon ouvrière.
• Puis vient le scandale du canal de Panama. Soutenue par Paul Déroulède, une vigoureuse campagne de presse, menée par les extrêmes de droite et de gauche, s’aba}t sur les « chéquards », les 104 députés suspectes d’avoir touche de l’argent.
• Le ralliement des catholiques et la soluCon conservatrice: L’échec du boulangisme convainc un certain nombre de conservateurs de la stabilité du régime et de la nécessite de se placer sur le terrain des insCtuCons. C’est la mission que s’assigne le cardinal Lavigerie. Avec l’encyclique « Au milieu des sollicitudes », l’acCvisme du pape Léon XIII finit par imposer le silence aux nombreux catholiques hosCles a la République, mais respectueux de l’autorite du Saint-‐Siège.
Le cardinal Lavigerie.
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• L’émergence d’une droite acquise a la République permeIait d’échapper aux formules de « concentraCon républicaine » impliquant une alliance avec les radicaux. CeIe alternaCve donna un nouveau pouvoir aux modérés et aux hériCers des « opportunistes » -‐ désormais bapCses progressistes.
• La montée du naConalisme poliCque: Le boulangisme et son « Comite naConal » échouèrent a se transformer en un parC cohérent et homogène. Les boulangistes consCtuèrent en revanche une force d’appoint, aussi puissante qu’imprévisible, au service de l’anC républicanisme . Le passage du naConalisme a l’anC républicanisme fut clairement illustre par l’évoluCon de la Ligue des Patriotes.
• Fondée par des républicains pour honorer la naCon, la Ligue des Patriotes bascula dans l’anCparlementarisme et devint en 10 ans une organisaCon militante prête au coup de force, voire au coup d’Etat.
• L’affirmaCon d’une idéologie anCsémite: Suite a la faillite de l’Union Générale en 1882, les peurs naConales, la crise économique, la détresse sociale, le rejet de la modernité, convergèrent progressivement vers la mise en cause d’un seul et unique responsable, le « Juif ». En 1886, ECenne Drumont publie un essai de 1200 pages la France Juive.
La France Juive d’Edouard Drumont. La France juive de Drumont conDent presque tous les thèmes de l’anDsémiDsme futur : la race aryenne créatrice, idéaliste, aimant la jusDce, oppose a l’espèce sémite, parasite, exploiteuse et rusée, les deux frères judaïques a la fois ennemis et amis que sont le capitaliste et le socialiste, des menaces de meurtre nullement déguisées et l’annonce d’une prochaine révoluDon.
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• La renaissance du socialisme français: Jules Guesde fut a l’origine de la consCtuCon du premier parC socialiste en France, de tendance marxiste et autoritaire. Avec l’aide de Karl Marx lui-‐même, il rédigea un programme qui devint, l’année suivante, au Congres socialiste du Havre, « la Charte du ParC des travailleurs socialistes de France ». Il prit pour nom définiCf « ParC ouvrier français ».
• Le risque de désintégraCon complète du socialisme naissant conduisit les députés socialistes de toutes tendances a se rassembler dans un groupe unique. Jaurès exerça rapidement un fort ascendant sur le groupe et au-‐delà, sur l’image et la praCque du socialisme en France.
• Elu républicain du Tarn et plus jeune député de France en 1885, Jean Jaurès s’était relevé un farouche opposant au boulangisme: « Ce qui manque a la démocraCe, c’est la confiance en soi-‐même, c’est le senCment de sa force, c’est l’ambiCon vraie. »
• Il rencontra a Paris, le nouveau bibliothécaire de l’Ecole Normale supérieure, Lucien Herr, normalien et agrégé de philosophie comme lui, qui le converCt au socialisme.
Jean Jaurès
Lucien Herr
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• L’autonomie et l’acCon anarchiste: L’extrême gauche se déployait aussi dans l’anarchisme. Depuis 1879, le courant libertaire s’était séparé du mouvement socialiste.
• L’acCvisme des anarchistes russes, dont certains avaient décidé de s’exiler a Paris, soutenait aussi le dynamisme de l’anarchisme français.
• Ravachol est arrêté en mars 1892, après quatre aIentats a la dynamite, il fut condamne a mort et guilloCne. Avant meme son exécuCon, il était devenu un martyre de la cause anarchiste.
AOentat d’Auguste Vaillant a la Chambre des Députés en 1893.
Assassinat de Sadi Carnot en 1894.
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• La République refermée: La quesCon sociale polarisa les élecCons générales de 1893. L’arrivée aux affaires d’une nouvelle généraCon d’acteurs poliCques -‐ des jeunes quadragénaires comme Raymond Poincaré (Finances), Louis Barthou (Travaux Publics), Théophile Delcassé (Colonies)… A l’inverse de leurs aines, ces modérés ne concevaient pas la poliCque comme une mission mais plutôt comme une profession.
• Alors que le temps des luIes républicaines avait permis l’émergence d’un personnel poliCque atypique, la stabilisaCon du régime et l’embourgeoisement de la société entrainèrent une modificaCon du recrutement des élites poliCques.
Louis Barthou
ElecDons Générales de 1893
Raymond Poincaré Théophile Delcassé
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• L’intransigeance sur le front social: La situaCon de l’extrême gauche française s’était modifiée avec le ralliement des anarchistes aux socialistes et la combaCvité nouvelle de ces derniers. Au congres de Nantes en septembre 1894, le principe de la grève générale fut défendu par un jeune avocat nantais, ArisCde Briand.
• La peur d’une conspiraCon d’extrême gauche se répandait chez les républicains les plus conservateurs, les poussant a se rapprocher de la droite conservatrice afin de mener une poliCque sociale intransigeante. En 1891, les évènements de Fourmies provoquent une fusillade qui fit 10 morts et plus de 30 blesses. L’année suivante, la grève de Carmaux réussît. La déterminaCon des mineurs, le souCen de Jean Jaurès, l’intervenCon a la Chambre de députés radicaux et du socialisme indépendant Alexandre Millerand (venu du radicalisme) provoquent des élecCons anCcipées.
Fusillade de Fourmies en 1891
Greve des mineurs a Carmaux (Tarn)
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• Ni RévoluCon, ni RéacCon: Ce slogan connut un franc succès. Il signifiât d’abord une volonté de dissoudre les opposiCons a sa poliCque et d’assurer la stabilité gouvernementale. Jules Méline choisit clairement une alliance tacCque avec la droite catholique.
• La peur d’une conspiraCon d’extrême gauche se répandait chez Face a la menace ultraconservatrice, la gauche républicaine était prise dans un piège: elle ne pouvait pas censurer le gouvernement sans risquer d’affaiblir le camp républicain. Du reste, grâce a sa filiaCon avec Jules Ferry, Jules Méline pouvait prétendre incarner l’orthodoxie républicaine.
• Une poliCque impériale: Le souvenir de la défaite s’éloignait. L’objecCf de la Revanche prenait d’autres formes, et notamment une poliCque d’alliance avec la Russie, qui devait permeIre de briser l’isolement de la France en Europe.
• Les négociaCons avaient abouC a la convenCon secrète du 17 aout 1892 qui prévoyait une mobilisaCon mutuelle en cas de menace allemande (pour la France) et de menace austro-‐hongroise (pour la Russie). Le jeune souverain Nicolas II et la tsarine Alexandra effectuèrent une visite d’Etat en France en octobre 1896. La conclusion de l’alliance franco-‐russe témoignait d’une logique impériale, menée au détriment d’une définiCon morale des alliances.
Jules Méline
Pose de la première pierre du pont Alexandre III par le tsar Nicolas II et le président de la République, Félix Faure (1896)
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• Les congrégaCons missionnaires qui subissent les conséquences de la laïcité en métropole, étaient a l’inverse tres favorisées par la poliCque républicaine dans les colonies et dans tout l’espace convoite de l’empire oIoman.
• L’Entente Cordiale avec la Grande-‐Bretagne qui allait naitre en 1899 découla de l’affaire Dreyfus. Elle signifia notamment la victoire des poliCques sur les militaires, en parCe déconsidérés après la révision du procès Dreyfus en juin 1899. L’armée subissait la une nouvelle défaite qui représenta l’occasion manquée de sa démocraCsaCon.
L’Afrique coloniale et la mission Marchand
La tenta)on autoritaire des républicains (1885-‐1897)
• L’armée toute puissante: Le culte du « drapeau », le courage physique, le mépris pour les civils définissaient le corps des officiers qui se cooptaient entre eux, surtout a l’Etat-‐major général, arche sainte de l’armée.
• DémocraCsaCon et modernisaCon transformèrent cependant l’ouCl militaire. L’armement se modernisa avec les obusiers de 120 et 155 tandis qu’un canon léger de 75 a Cr rapide était progressivement introduit dans les régiments d’arCllerie.
• L’aggravaCon de l’anCsémiCsme: La progression de l’anCsémiCsme était alimentée par le senCment d’isolement d’un grand nombre d’officiers, sans fortune personnelle, et gênés dans leurs posiCons par la montée des modernistes incarnes par les polytechniciens. Deux armes dites « savantes » concentraient ces élites nouvelles, le génie et l’arCllerie. La carrière militaire représentait pour les juifs français, citoyens depuis la RévoluCon, patriotes et souvent laïcs, la voie de l’excellence républicaine et du patrioCsme.
La tenta)on autoritaire des républicains (1885-‐1897)
• La veille libérale et arCsCque: L’affirmaCon d’un esprit libéral et la révolte de la conscience humaine reposèrent notamment sur l’acCvité intellectuelle d’un monde de revues. La Revue blanche accueillit des arCstes presCgieux, surtout des posCmpressionistes(Bonnard, Signac,…) et des arCcles de Léon Blum ou de Charles Péguy.
• Charles Péguy: « Aujourd’hui, plus traitreusement, on aOaque la République sous le masque du NaDonalisme. Les braillards anDsémites se croient maitres chez nous. Ils ont la complicité de quelques généraux facDeux et les prétendants a un trône qui ne peut plus exister qu’a la honte de la France, leur ont jeté leurs encouragements. Il est temps, camarades, que tous nous serrions les coudes. Il n’est plus quesDon d’avenir, le passe est remis en cause: nous ne devons pas rester indifférents. »
La Revue Blanche
Charles Péguy
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• L’affaire Dreyfus est longue de près de 12 années, d’octobre 1894 a juillet 1906, soit la durée de la RévoluCon Française.
• Intellectuels, juges et historiens: L’affaire Dreyfus marque l’entrée de la France et du monde dans le XXème siècle, caractérisé aussi bien par la puissance du naConalisme et le pouvoir de l’Etat que par la résistance des individus et la défense des libertés, des droits fondamentaux et de l’égalité civique.
• Le moment intellectuel: Les intellectuels nés avec l’Affaire s’étaient réunis dans une Ligue Française des droits de l’Homme et du citoyen qui déclara, le 6 juin 1898, vouloir « défendre contre des menaces sourdes de contre-‐révoluCon, les principes fondamentaux de la DéclaraCon des Droits de l’Homme.
• L’appariCon des intellectuels s’ancrait dans ceIe histoire d’une France démocraCque ou la raison criCque pouvait déterminer une morale poliCque.
• Ferdinand Buisson, professeur a la Sorbonne et futur président de la Ligue des Droits de l’Homme: « En République, chacun est le gardien de la liberté de tous. Oui, quoi que nous fassions pour nous dérober, nous nous sentons solidaires de notre pays. Et si Dreyfus, condamne a tort par un conseil de guerre qui paraît avoir été indignement trompe, ne trouvait pas de jusCce dans la conscience du peuple français, ce ne serait plus une erreur, ce serait un crime, et ce serait le crime du peuple français. »
Ferdinand Buisson
Le capitaine Dreyfus
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• L’applicaCon de la raison d’Etat: A l‘origine de l’affaire Dreyfus il y eut bel et bien un fait de haute trahison, a savoir la transmission a l’aIache militaire allemand de documents de peu d’importance par le commandant d’infanterie Esterhazy, un personnage douteux et corrompu .
• La fabricaCon d’un coupable: Dreyfus était absolument innocent du crime Esterhazy. Mais sa religion juive, son origine alsacienne (allemande! pour certains naConalistes) et son profil d’intellectuel le désignaient comme coupable aux yeux d’officiers qui refusaient la modernisaCon et la démocraCsaCon de l’armée.
• L’engrenage de la conspiraCon d’Etat: Le général Mercier, le ministre de la guerre, n’hésita pas a violer la présompCon d’innocence en assurant dans un entreCen au Figaro que « la culpabilité est absolue, certaine. » L’armée déclarait le capitaine Dreyfus coupable de haute trahison avant meme d’avoir été juge. Les juges du Conseil de guerre étaient ainsi soumis a une pression considérable. La dégradaCon eut lieu le 5 janvier 1895, dans la grande cour de l’Ecole Militaire, en présence de 20.000 parisiens hurlant leur haine des juifs. Le 21 février, le condamne embarquait pour l’ile du Diable, au large de la Guyane.
Dreyfus emprisonne a l’ile du Diable
La dégradaDon de Dreyfus
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• La relance de la conspiraCon, la riposte des dreyfusards: A la fin des années 1896 et 1897, les différentes contre-‐enquêtes menées par le frère du condamne établirent progressivement la forfaiture commise par le Conseil de Guerre, puis la réalité de l’innocence de Dreyfus. Le lieutenant-‐colonel Picquart, désormais la tête de la « SecCon de StaCsCque » avait lui aussi découvert la vérité, a parCr du « peCt bleu », une carte télégramme desCnée au commandant Esterhazy.
• Le gouvernement et l’Etat-‐major passèrent a l’offensive: Picquart fut éloigne dans l’Est puis mute en Tunisie. Les Dreyfusards répliquent: le 1er novembre 1897, George Clemenceau, le directeur poliCque de L’ Aurore, accepte que Zola publie son « J’accuse! » L’objecCf était aIeint: le gouvernement et le Parlement ne pouvaient plus désormais faire comme si de rien n’était.
Georges Picquart
Le commandant Esterhazy
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• L’offensive contre les dreyfusards: Le gouvernement qui avait jusque la accepte le jeu des naConalistes, se retrouvait pris a son propre piège et oblige, en poursuivant l’écrivain, de sorCr du « cadre de la chose jugée ».
• La révision du procès: Le 26 septembre 1898, le Conseil des Ministres décida, par 6 voix contre 4, et avec l’habile souCen du président de la République, Félix Faure, d’autoriser le garde de sceaux a saisir la Cour de CassaCon et a transmeIre la demande en révision de Mme Dreyfus.
• Raymond Poincaré intervint a la Chambre. Rompant un trop long silence, il dénonça les manœuvres de l’Etat-‐major pour étouffer la vérité.
Le général Mercier déposant devant la Cour de la Seine pendant le procès d’Emile Zola, en février 1898. Organisateur du complot qui a vise le capitaine Dreyfus, le général Mercier, ancien ministre de la
guerre, incarne la puissance et l’autorite de l’armée résolues a ne rien céder a la jusDce civile et aux dreyfusards. En grand uniforme, il lance un véritable défi a la République et au pouvoir civil.
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• L’affaire au cœur du régime: La Chambre, et plus encore le Senat, recherchaient désormais la voie de la légalité républicaine ou du moins de la modéraCon. Mais les naConalistes restaient largement maitres de la rue.
• Alors que se déroulaient les funérailles naConales de Félix Faure a Notre-‐Dame. Paul Déroulède, Maurice Barres, les représentants de grandes ligues naConalistes et quelques milliers de militants se réunirent sur les places de la NaCon et de la BasClle. Ils espéraient fomenter un coup d’Etat. Déroulède manque son coup. Mais Jules Guérin, chef de la Ligue anCsémiCque, se retranchait avec une douzaine d’hommes armes dans l’immeuble du journal «L’AnC-‐Juif » rue de Chabrol dans le Xème arrondissement pour échapper a un mandat d’amener. Apres un siège de 38 jours, le « fort Chabrol » négocia sa reddiCon.
• L’audience solennelle de la Cour de CassaCon consacrée au procès Dreyfus s’ouvrit le 29 mai 1899. Zola, rentre d’exil le lendemain, signa dans « L’Aurore » un arCcle Ctre « JusCce ».
• La victoire de Waldeck-‐Rousseau: Les anCdreyfusards avaient méconnu la capacité de résistance des magistrats modérés, appartenant a un corps plus démocraCsé que l’armée, soucieux de la loi et des garanCes fondamentales du citoyen.
• Waldeck-‐Rousseau qui s’était donne depuis plusieurs mois une image de républicain intransigeant s’imposa finalement comme l’homme de la nouvelle majorité de « Défense républicaine ».
La charge boulevard Montmartre. Devambez. La charge est celle d’une brigade de Police contre une manifestaDon, vraisemblablement anarchiste. Les ténèbres expriment la faillite de la République, prisonnière de la Répression.
L’agression d’Auteuil le 4 juin 1899. Le nouveau président de la République, Emile Loubet, réputé favorable aux
dreyfusards, fut agresse par le baron ChrisDani.
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• La combinaison ministérielle montée par Waldeck-‐Rousseau était audacieuse: le ministère de la Guerre était confie au général Galliffet, un des arCsans de l’écrasement de la Commune. Il compensait ainsi l’entrée quasi imaginable pour de nombreux républicains, d’un socialiste au gouvernement: Alexandre Millerand.
• Les naConalistes sCgmaCsèrent le nouveau gouvernement, « le ministère Dreyfus », « le gouvernement de défense ». Le gouvernement Waldeck-‐Rousseau allait portant durer 3 années.
• Une poliCque d’autorite: Waldeck-‐Rousseau se voulait l’homme de la situaCon, l’homme de la résoluCon de l’Affaire. Le 10 aout 1899, le Conseil des Ministres autorisait l’arrestaCon de 37 personnalités naConalistes. Le procès s’ouvre en aout 1899 a Rennes. Il commença mal, les avocats n’ayant fait citer qu’une vingtaine de témoins a décharge seulement.
• Les naConalistes étaient en revanche bien plus efficaces et organises. L’accusaCon, en citant 70 témoins, annonçait son refus de suivre les conclusions de la Cour de CassaCon. Tous les cadres de l’ancien Etat-‐major, ainsi que les anciens ministres de la Guerre concernes, s’étaient mobilises.
• La défense de Dreyfus devint incohérente, ses avocats s’affrontant en pleine audience.
Waldeck-‐Rousseau
Gaston de Galliffet.
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• Le verdict, la grâce, la liberté: Le Conseil de Guerre, par la voix de son président, et « au nom du peuple français », reconnut Alfred Dreyfus coupable une nouvelle fois du crime de haute trahison mais lui accorda les circonstances aIénuantes. L’officier fut condamne a 10 ans de prison et a une nouvelle dégradaCon.
• Les circonstances aIénuantes affinaient implicitement l’innocence du capitaine Dreyfus – comment trahir avec des circonstances aIénuantes? – tout en conservant a l’armée un indispensable honneur en vue d’accomplir la mission sacrée de la Revanche.
• Waldeck-‐Rousseau déposa son projet de loi d’amnisCe générale pour toutes les procédures judiciaires raIachées a l’affaire Dreyfus au mois de mars 1900. le pays se passionna alors pour l’ExposiCon universelle, et oublia l’Affaire.
• Le gouvernement de la Défense Républicaine, s’il avait refuse la soluCon de la jusCce pour le capitaine de Dreyfus, l’avait toutefois préparée en remeIant la République dans la voie de la démocraCe.
• La quesCon naConaliste: Pour Jaurès et ses amis dreyfusards, il devenait possible d’associer la luIe contre le naConalisme au combat pour la jusCce. Il fallut deux séances enCères pour que Jaurès, depuis la tribune, expose son argumentaCon a la Chambre.
• La conclusion poliCque s’imposait: la Chambre devait s’engager et, a sa suite, le gouvernement, dans une réouverture du dossier judiciaire de Dreyfus, ce que la loi d’amnisCe autorisait.
Le procès de Dreyfus a Rennes.
L’affaire Dreyfus au tournant du siècle (1894-‐1906)
• Une enquête du ministre de la Guerre: Le Conseil des Ministres autorise alors le ministre de la JusCce Ernest Valle a saisir la commission de révision.
• Une victoire fragile: Au cours de la cérémonie de transferts des cendres d’Emile Zola au Panthéon, en juin 1908, un journaliste d’extrême droite tenta d’abaIre Alfred Dreyfus de deux coups de feu. Celui-‐ci ne fut que légèrement blesse, mais l’émoCon fut intense dans l’opinion publique.
• Dreyfus avait détourné une parCe de la société de l’anCsémiCsme et de la dictature, au profit des valeurs démocraCques qui avaient su s’imposer dans le combat dreyfusard.
La réhabilitaDon de Dreyfus a l’Ecole Militaire. Juillet 1906
Transfert des cendres d’Emile Zola au Panthéon en 1908
Le moment démocra)que (les années 1900)
• L’affaire Dreyfus ressemble a « un trait de lumière dans la poliCque française, un instant qui a suspendu le cours médiocre des ambiCons au profit d’une idée morale » Elie Halévy.
• L’engagement des dreyfusards, abouCssant au sursaut républicain de juin 1899 et a la formaCon du gouvernement de Waldeck-‐Rousseau, mit fin a 15 ans de recul des libertés et de l’esprit démocraCque de 1870 a 1885.
• Cependant on peut parler d’une nouvelle forme de tyrannie, celle d’un despoCsme démocraCque – Alexis de Tocqueville: « Il ya de nos jours, beaucoup de gens qui s’accommodent tres aisément de ceIe espèce de compromis entre le despoCsme administraCf et la souveraineté du peuple, et qui pensent avoir assez garanC la liberté des individus, quand c’est au pouvoir naConal qu’ils la livrent. C’est le despoCsme démocraCque… Les citoyens perdent peu a peu la faculté de penser, de senCr et d’agir par eux-‐mêmes, et ils tombent au-‐dessous du niveau de l’humanité. »
Le moment démocra)que (les années 1900)
• L’engagement dreyfusard: On assiste a un élan civique et moral engendre par le combat des Dreyfusards. Il s’agit d’un moment démocraCque dans la France de 1900.
• Réseaux et iniCaCves: Par profession savante et reflexe poliCque, Lucien Herr avait été rapidement convaincu de l’innocence de Dreyfus. Il travaille des lors a consCtuer un réseau d’influence et de contacts qui ne tarda pas a se transformer en réseau d’engagement.
• Dans les milieux de la science, de l’université et meme de la haute administraCon se développait un front dreyfusard, puissant, solidaire et déterminé. Aux cotes de « la jeunesse des écoles » et des agrégés de l’Université, écrivains et arCstes d’avant-‐garde jouèrent un rôle moteur dans les péCCons en faveur de Dreyfus.
Anatole France. Il fut de tous les combats dreyfusards. Il s’engagea ensuite dans d’autres luOes, contre la violence coloniale notamment.
André Gide et ses amis au Café Maure de l’exposiDon universelle de 1900.
Le moment démocra)que (les années 1900)
• L’acte de naissance des Intellectuels: « C’est aux civils, dans le plus noble du sens du mot, aux polices, a ceux qui fondent la civilisaCon sur le droit, qu’il apparCent de réagir: aux penseurs, aux savants qui préparent l’avenir, et avec eux, aux faibles qui sont le nombre, livres par l’anarchie mentale a la tyrannie des plus forts ».
• Clemenceau bapCsa les signataires du nom d’intellectuels les signataires de la première péCCon en faveur de Dreyfus dans les années 1890.
• Le manifeste de la Ligue pour la défense des droits de l’homme et du citoyen (juin 1898): « L’intérêt de tous les citoyens est engage a ne jamais accepter, meme sous prétexte de raison d’Etat, l’abandon des formes légales qui sont la garanCe d’une applicaCon prudente de nos lois répressives. »
• La révoluCon du dreyfusisme: Il s’agit d’abord d’une passion militante. Le dreyfusisme fut une révoluCon morale et sociale. L’acCon militante qui le caractérisait prit des formes mulCples, a commencer par l’extension remarquable du réseau des Universités populaires qui vit des professeurs des trois ordres de l’enseignement se passionner pour l’éducaCon des adultes.
Le moment démocra)que (les années 1900)
• Défaite et renouveau naConalistes: L’affaire fut un révélateur de la perméabilité de l’Etat et de la République aux courants anCsémites, naConalistes et autoritaires.
• Servi par deux grandes figures, Paul Déroulède et Maurice Barres, le naConalisme s’appuyait sur la Ligue des Patriotes. Tenus pour parCe négligeable par Déroulède, Drumont et ses parCsans demeurèrent toujours isoles dans le camp anCdreyfusard.
• La France anCdreyfusarde: Bien qu’il y ait eu en leur sein des engagements individuels dreyfusards, l’armée et l’Eglise, les deux insCtuCons de la France conservatrice et autoritaire, structuraient le monde anCdreyfusard.
• Les tentaCves de la Ligue des Patriotes et de son chef Paul Déroulède pour renverser la République parlementaire se soldèrent par des défaites cuisantes, tant en février 1898, lors des obsèques de Félix Faure, qu’au mois d’aout 1899, dans l’émoCon du procès de Rennes.
Duel entre Déroulède et Clemenceau en 1906.
Le moment démocra)que (les années 1900)
• Consomme après les les élecCons de 1902, l’échec de la Ligue montra qu’il ne pouvait exister d’autre espace poliCque pour l’anCdreyfusisme qu’en opérant la synthèse du naConalise, de l’anCsémiCsme et l’anC républicanisme. Ce que tentait avec succès l’AcCon Française.
• L’AcCon Française et les débuts de l’extrême droite moderne: Charles Maurras, l’un des fondateurs de la Ligue de la Patrie Française, s’était rapproche du comite d’AcCon Française et l’a dote d’une revue en juillet 1899, La GazeIe de France. Il y développe sa théorie des quatre états confédérés: les juifs, les protestants, les francs-‐maçons et les meteques. Devenue une ligue en 1905, l’AcCon Française se dota d’un InsCtut et commença de produite une contre histoire de l’Affaire. L’anCsémiCsme scienCfique, le naConalisme raciste, la dictature moderne prennent aussi racine dans ce tournant du siècle.
• La réhabilitaCon du capitaine Dreyfus en juillet 1906 était présente comme la confirmaCon du « mal » absolu représente par la République juive.
• « La République, c’est le mal. La République est le gouvernement des Juifs. La République est le gouvernement des pédagogues protestants. La République est le gouvernement des francs-‐maçons qui n’ont qu’une haine, l’Eglise. La République est le gouvernement de ces étrangers plus ou moins naturalises. Nous meOrons le Roi a la place de la République. Le Roi, c’est a dire la France personnifiée par le descendant et l’hériDer des 40 chefs qui l’ont faite, agrandie, maintenue et développée ».
Charles Maurras.
L’Ac%on Française
• L’AcCon Française fut en Europe le premier groupement poliCque et influent et d’un haut niveau intellectuel qui présenta indubitablement des traits fascistes. C’est la grande et significaCve tradiCon de la pensée contre-‐révoluConnaire française. Marx se considérait comme l’hériCer de la philosophie allemande, de l’économie poliCque anglaise et du socialisme français. Maurras a désigne ses prédécesseurs d’une façon tout aussi tout aussi claire : de Maistre, de Bonald, Comte, Le Play, Renan, Taine et Fustel de Coulanges.
• La lecture du Discours à la NaCon Allemande de Fichte produit en Maurras un véritable coup de tonnerre. Les anCdreyfusards finirent par consCtuer un groupement auquel ils donnèrent le nom d’AcCon Française. Dans L’Avenir de l’Intelligence, il met les intellectuels en face de l‘alternaCve suivante : ou bien ils s’allieront, en se faisant les esclaves, au pouvoir cosmopolite et abstrait de l’argent, ou bien ils entreprendront une collaboraCon libératrice avec l’aristocraCe de sang. Sa condamnaCon par le VaCcan est la plus grave des crises intérieures que connut jamais l’AcCon Française. «Il n’est pas permis aux catholiques d’adhérer a l’école de ceux qui placent les intérêts des parCs avant la religion et font servir celle-‐ci a celle la. » Réponse de Maurras : « Le père qui demande a son fils de laisser tuer sa mère peut être écouté avec respect : il ne peut pas être obéi. Nous ne trahirons pas notre patrie. Non possumus. »
L’Ac%on Française
• Le naConalisme de Maurras n’est pas seulement esthéCque, métaphysique et narcissique, il est avant tout re-‐acCon. L’Etat est la proie de la cupidité aveugle des parCculiers innombrables – la République Française est une conspiraCon permanente contre le bien public. La démocraCe est la grande créatrice, excitatrice et sCmulatrice de ce mouvement collecCf, dénomme la luIe des classes. Il n’y a qu’un moyen d’améliorer la démocraCe : la détruire... La République est semblable à une femme, il lui manque le principe viril de l’iniCaCve et de l’acCon.
• Pour Maurras, si la société médiévale avait du maintenir les Juifs a leur place et les uCliser, le protestanCsme et la RévoluCon ont abaIu les barrières qui les contenaient, et ces barbares rebelles se trouvent maintenant dans la cite, qu’ils ébranlaient jusqu'en ces tréfonds.
• L’AcCon Française fut en Europe le premier groupement poliCque et influent et d’un haut niveau intellectuel qui présenta indubitablement des traits fascistes. C’est la grande et significaCve tradiCon de la pensée contre-‐révoluConnaire française.
Naissance de l’an%sémi%sme par Arendt
• Les Juifs, l’Etat-‐na)on et la naissance de l’an)sémi)sme. Avec la chute de la féodalité était ne le nouveau concept révoluConnaire d'égalité, selon lequel la présence d’une “naCon dans la naCon” ne pouvait plus être tolérée.
• Parmi les populaCons européennes, aucun groupe n’était en mesure de fournir a l’Etat des capitaux nécessaires, ni de prendre une grande part au développement d’acCvités économiques étaCques. Les Juifs, au contraire, avaient une longue expérience du prêt et des relaCons avec la noblesse européenne, qui souvent les protégeait localement et les employait comme hommes d’affaires. L’Etat-‐naCon avait besoin que les Juifs restent un groupe disCnct et ne s’intègrent pas a la société de classes; les Juifs avaient besoin de préserver leur idenCté et de survivre en tant que groupe.
• 1. Au XVIIème et au XVIIIème siècles, les Etats-‐naCons se développèrent lentement sous la tutelle des monarchies absolues. Partout, des Juifs sorCrent de leur obscurité et s’élevèrent a des posiCons parfois brillantes, toujours influentes: ce sont les Juifs de cour, qui finançaient les transacCons d’Etat et servaient d’hommes d’affaires aux princes (Les “Munzjuden” de Fréderic de Prusse, les Juifs de la monnaie)
• 2. Après la RévoluCon française, on vit apparaître les Etats-‐naCons, au sens moderne du terme. Pour leurs transacCons économiques, ils avaient besoin d’un volume de capitaux et de crédit bien supérieur a ce qu’on avait jamais demandé aux Juifs de cour. Pour ces nouveaux besoins, il fallut faire appel à quelques grands banquiers juifs. Les privilèges qu’il n’avait pas été alors nécessaire jusque a la d’accorder qu’aux seuls Juifs de cour, furent alors étendus a une large couche de Juifs riches. Apres 1815, ce fut précisément le monopole d’émission des emprunts d’Etat, détenu par les Rothschild, qui permit et imposa le recours aux capitaux juifs sur une grande échelle.
• 3. CeIe phase prit fin avec la montée de l’impérialisme à la fin du XIXe siècle, au moment où le capitalisme expansionniste ne pouvait plus se passer d’une aide acCve et d’une intervenCon poliCque de l’Etat.
Il est arrive aux Juifs ce qui était arrive aux aristocrates
• L’anCsémiCsme moderne prit de l’ampleur a mesure que le naConalisme tradiConnel déclinait. 50 ans de l’histoire de l’anCsémiCsme témoignent contre l’idenCficaCon de l’anCsémiCsme avec le naConalisme. Dans les dernières décennies du XIXème siècle, les premiers parCs anCsémites furent aussi les premiers a nouer entre eux des relaCons internaConales. Tocqueville montre que le peuple français haïssait les aristocrates près de perdre leur pouvoir plus qu’il ne les avait jamais hais auparavant, précisément parce que la perte rapide de leur pouvoir ne s’accompagnait pas d’un déclin équivalent de leur fortune. Quand les nobles perdirent leurs privilèges, et en parDculier le privilège d’exploiter et d’opprimer, le peuple vit en eux des parasites, sans aucune foncDon réelle dans le gouvernement du pays.
• De la même façon, l’anDsémiDsme aOeignit son point culminant au moment ou les Juifs avaient perdu leurs foncDons publiques et leur influence, et ne conservaient plus que leurs richesses. L’affaire Dreyfus explosa non pas sous le Second Empire, au moment ou les Juifs français étaient a l’apogée de leur prospérité et de leur influence, mais sous la IIIème République, alors que les Juifs avaient presque disparu des postes importants.
Jacob Offenbach.
L’an%sémi%sme au cœur du républicanisme
• Diderot est le seul des philosophes français du XVIIIe siècle qui ne fut pas hosCle aux Juifs et qui reconnut en eux un lien uCle entre les Européens de différentes naConalités. Les hommes des Lumières qui préparent la RévoluCon française méprisaient tout naturellement les Juifs : ils voyaient en eux les survivants de l’obscuranCsme médiéval, les odieux agents financiers de l’aristocraCe.
• De même qu’ils n’avaient nullement conscience de la tension croissante entre l’Etat et la société, les Juifs furent les derniers à se rendre compte que les circonstances les avaient placés au centre du conflit. Depuis, plus de 100 ans, l’anCsémiCsme s’était lentement et progressivement infiltre dans presque toutes les couches sociales et presque tous les pays d’Europe, jusqu’au jour où il devint brusquement la seule quesCon suscepCble de créer une quasi-‐unanimité dans l’opinion.
• Les auteurs anCsémites libéraux en conclurent que, pour se débarrasser de la noblesse, peut-‐être fallait-‐il d’abord se débarrasser des Juifs, non pas a cause des relaCons financières qui existaient entre eux, mais parce que tous deux apparaissaient comme un obstacle au développement de ceIe "personnalité innée » et de ceIe idéologie du respect de soi, armes des classes moyennes libérales dans leur luIe contre les idées de naissance, de famille et d’héritage.
• Il y eut de nombreuses affaires de corrupCon et d’escroquerie sous la IIIe République comme en Autriche et en Allemagne : invesCssements énormes qui promeIaient des fabuleux et qui se soldèrent par des pertes incroyables – la peCte bourgeoisie devint alors brusquement anCsémite. Les Juifs étaient, à coup sur, le seul élément intereuropéen dans une Europe divisée en naCons.
Bloch, la figure du juif chez Proust
• Bloch appartenait à «une famille peu esCmée, supportant comme au fond des mers les incalculables pressions, que faisaient peser sur lui non seulement les ChréCens de la surface, mais les couches superposées des castes juives supérieures a la sienne, chacun accablant de son mépris celle qui lui était immédiatement inférieure. »
Les composantes de l’affaire
• Toujours dans l’embarras, Esterhazy se procurait de l’argent en servant de témoin à des officiers juifs dans leurs duels, et en exercent des chantages sur leurs riches coreligionnaires.
• Une très grande parCe du public pouvait encore croire, a tort ou a raison, que le Parlement subissait l’influence des Juifs et du pouvoir des banques. Jusqu'à nos jours, le terme anCdreyfusard est reste synonyme d’anCrépublicain, d’anCdémocraCque et d’anCsémite. Avec Pétain, la République finit par tomber comme un fruit mur dans la main de la vieille clique anCdreyfusarde qui formait depuis toujours le noyau de l’armée, et cela a un moment ou elle avait peu d’ennemis, mais presque pas d’amis.
• Entre 1880 et 1888, avec l’effondrement de la Compagnie de Panama et la ruine d’un demi-‐million de personnes appartenant a la classe moyenne, se créa un fort senCment anCsémite. Le scandale de Panama qui comme le dit Drumont, fit apparaître l’invisible au grand jour, apporta deux révélaCons. D’abord il révéla que les parlementaires et les foncConnaires étaient devenus des hommes d’affaires. Ensuite il montra que les intermédiaires entre l’entreprise privée et l’appareil d’Etat étaient presque exclusivement des Juifs.
• Ce sont les Jésuites qui avaient toujours le mieux représenté, dans la parole comme dans les écrits, l’école anCsémite du clergé catholique. C’est en parCe la conséquence de la règle jésuite qui veut que tout novice fasse la preuve qu’il n’a pas de sang juif en remontant jusqu'à la quatrième généraCon. Et lorsque les Juifs cherchèrent à obtenir l’égalité dans l’armée, ils se heurtèrent à l’opposiCon déterminée des Jésuites qui n’étaient pas du tout disposes à tolérer des officiers immunises contre l’influence du confessionnal.
• Même le journal de Jaurès, organe des socialistes, félicitait le ministre de la guerre Mercier « d’avoir résiste à l’incroyable pression des poliCciens véreux et des hauts barons de la finance. » Clemenceau convainquit Jaurès que la violaCon des droits d’un homme était la violaCon des droits de tous.
Caricature de Clemenceau par l’extrême droite.
Seuls contre la foule
• On a trouvé des hommes pour résister aux rois les plus puissants, pour refuser de s’incliner devant eux : on a trouvé très peu d’hommes pour résister aux foules, pour se dresser tout seul devant les masses, égarées trop souvent jusqu’aux pires excès de la fureur, pour affronter, sans armes, les bras croises, d’implacables colères, pour oser, quand on exige un « oui », lever la tête et dire « non ». Voilà ce qu’a fait Zola. Les 300.000 Français parCsans de Dreyfus sont l’élite de la démocraCe française. L’affaire Dreyfus, c’est le seul épisode où les forces souterraines du XIXe siècle se soient montrées dans la pleine lumière de l’histoire.
Emile Zola.
Le moment démocra)que (les années 1900)
• La culture de l’évènement: La presse populaire est anCdreyfusarde par conformisme plus que par convicCon.
• Apres « la République au village » du XIXème siècle, c’est une « République de citoyens » qui émergea au début du XXème siècle. Les secCons locales de la Ligue des droits de l’homme, les Universités populaires, les cercles intellectuels traduisent ceIe recherche de sociabilité et ceIe construcCon poliCque de la société. Elle toucha aussi bien des couches nouvelles, les professeurs, les foncConnaires, les médecins, que des groupes encore exclus du débat démocraCque, les ouvriers, les femmes, les jeunes, qui trouvèrent la une occasion de s’éveiller a la chose publique et a la conscience poliCque. Les parCs poliCques modernes – nés de la loi de 1901 insCtuant la liberté d’associaCon – trouveront la un vivier extraordinaire de militants et le ressort de leur croissance au XXème siècle.
• L’impact de l’affaire Dreyfus a l’étranger fut immense. L’évènement permit aux opinions publiques internaConales de s’exprimer indépendamment des Etats, comme elles avaient commence de le faire en 1894-‐1896, a propos du massacre des Arméniens dans l’Empire OIoman. L’étranger fut en tout cas quasi unanimement dreyfusard et tres reconnaissant de l’héroïsme de Dreyfus lui-‐même, excepCons faites d’accès d’anCsémiCsme en Russie, en Allemagne ou en Espagne.
• Cet engagement internaConal aviva la haine des anCdreyfusards pour « l’étranger », le « parC de l’étranger », le « ministère de l’étranger ».
Alfred Dreyfus après l’Affaire.
• Des images de la liberté: Face a une propagande anCdreyfusarde massive, répéCCve et obsessionnelle, on observe une contre-‐offensive de l’image dreyfusarde. Le combat de la jusCce et de la vérité sous les traits d’une femme libre, généralement nue, affrontant victorieusement les haine collecCves.
• La femme qu’ils figuraient sous les traits de la Vérité ou de la JusCce devenait une icône morale et poliCque, une héroïne absolue défiant les pouvoirs et les mensonges.
• L’idée d’une responsabilité individuelle devant la persécuCon traversa la pensée socialiste; du moins celle affirmée par Jaurès au cours de son engagement pour un bourgeois, un officier et un juif, autant d’aIributs de classe que devaient interdire tout engagement du prolétariat. Il s’agit des prolégomènes a un socialisme humaniste et démocraCque. « Le devoir du prolétariat était donc de défendre ce témoin vivant du mensonge militaire, de la lâcheté poliCque, des crimes de l’autorité.
Le moment démocra)que (les années 1900)
La Vérité par Félix ValloOon dans le Cri de Paris.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• Durant ceIe période, la poliCque s’affirma clairement, au-‐delà des disCncCons idéologiques ou des stratégies parCsanes, comme moteur du changement social et ressort de la démocraCsaCon républicaine. La naissance de parCs comme l’exercice de la liberté d’associaCon confirme le passage de la société française, durant ces années, a une société poliCque moderne et contemporaine.
ExposiDon universelle de 1900
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• Les poliCques de gauche menée de 1889 a 1906 contribuèrent fortement, sinon a la démocraCsaCon de la République, du moins a sa stabilisaCon et a son enracinement. La République n’était pas seulement une consCtuCon formelle, des insCtuCons supérieures, des emblèmes sur les bâCments publics. Elle devenait un cadre de vie, un espace a conquérir, a étendre.
• La République a gauche, ce fut d’abord la volonté ‘ouvrir la poliCque au plus grand nombre. Le gouvernement du Bloc des Gauches crut pouvoir mobiliser les forces populaires dans l’anCcléricalisme. Le succès ne fut pas au rendez-‐vous.
• Une défense républicaine: Pour mener son combat, Waldeck-‐Rousseau fit de la présidence du Conseil le centre effecCf du pouvoir gouvernemental. Delcassé avait conserve son poste des Affaires Étrangères, arCsan du rapprochement avec l’Angleterre.
• Le triomphe de la République: L’inauguraCon en mai 1899 de la monumentale statue de Jules Dalou (ancien communard promu sculpteur officiel du régime) place de la NaCon fut le triomphe de la République.
Obsèques de Louise Michel. 1905
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• Une poliCque sociale: Les cheminots comme les mineurs aIendaient beaucoup du gouvernement de la République. Des syndicats virent le jour chez les foncConnaires, notamment des P&T, sous couvert d’associaCons professionnelles.
• Waldeck-‐Rousseau fit voter en 1900 deux nouvelles lois , qui limitaient la durée de travail a 10 heures dans les usines ou travaillaient des enfants, a 12 heures dans celles ou ne travaillaient que des adultes. Le bilan de son gouvernement reste a faire. Mais il est certain qu’en dépit de son échec électoral de 1902, il contribua a moderniser la poliCque et a transformer le socialisme en expérience – une expérience paradoxale et controversée – de gouvernement.
Défilé de mineurs en grève a Montceau-‐les-‐Mines. 1901
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• La transformaCon de la poliCque: On peut résumer le gouvernement par sa poliCque d’acCon républicaine et démocraCque. Celle-‐ci ne devait pas comporter seulement des reformes poliCques. Elle devait s’aIacher a un idéal, et parCculièrement a l’idéal de jusCce: « il fallait meIre de l’humanité dans la poliCque et plus d’harmonie dans les rapports du capital et du travail. »
• Le choix de la poliCque pour incarner la République, Jean Jaurès l’assuma de la meme manière, lui qui souCnt sans disconCnuer, et l’acCon de Millerand au ministère du Commerce, et l’approche pragmaCque de Waldeck-‐Rousseau dans la quesCon sociale.
• « Dans notre France moderne, qu’est-‐ce donc que la République? C’est un grand acte de confiance. InsCtuer la République, c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-‐mêmes la règle commune de leur acCon. (…) Oui, la République est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. (…) La République a vaincu parce qu’elle est dans la direcCon des hauteurs, et que l’homme ne peut s’élever sans monter vers elle. »
• Tout va retomber avec l’arrivée aux affaires d’Emile Combes, poliCcien barbichu et ringard, obsessionnel mangeur de cures, un monsieur Homais au pouvoir, bref un imbécile double d’un flic.
Jean Jaurès en 1901
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• La naissance des parCs: Les parlementaires radicaux réunis lancèrent un appel pour la tenue a Paris d’un congres du parC républicain socialiste dont il fallait assurer l’unité afin de « combaIre le cléricalisme et défendre la République ».
• La nouvelle organisaCon se révéla décisive pour la conquête du pouvoir. Les radicaux triomphèrent aux élecCons de 1902.
• La mutaCon intellectuelle du socialisme: La première parCcipaCon socialiste a un « gouvernement bourgeois » -‐ faisant suite a la décision d’enter ans le mouvement dreyfusard pour défendre « un bourgeois » -‐ avait provoque de nouvelles divisions dans un mouvement déjà fragmente entre diverses formaCons.
• La posiCon guesdiste du refus de l’engagement et du renvoi dos a dos des facCons rivales de la classe bourgeoise restait largement d’actualité. La présence d’un socialiste au sein du gouvernement, Alexandre Millerand, met le feu au poudre. Edouard Vaillant se reCre avec ses députés de l’Union Socialiste pour fonder avec Marcel Sembat un groupe socialiste révoluConnaire. De leur cote, les socialistes favorables a la parCcipaCon et n’avaient pas failli dans l’Affaire Dreyfus se mobilisèrent en faveur de « la Défense Républicaine ». Derrière l’opposiCon Guesde Jaurès, deux concepCons du socialisme, de la poliCque et de l’histoire s’affrontaient.
Alexandre Millerand.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• De l’Humanité a la SFIO: La fondaCon de l’Humanité représenta une étape importante dans la marche des socialistes vers l’unité. Le Congres de la seconde InternaConale a Amsterdam en 1904 pousse a la réunificaCon des socialistes qu’ils soient réformistes ou progressistes. Le choix de l’unité eut pour conséquence la rupture de Jaurès avec ses anciens compagnons réformistes dont Briand et Millerand.
• La victoire radicale: Au scruCn général de 1902, le parC radical profite habilement de sa distance a l’égard du gouvernement sortant, fut le grand vainqueur du scruCn. Emile Combe est un véritable symbole des couches nouvelles telles que GambeIa les avait prophéCsées. Venu d’un milieu tres simple, il est éduqué chez les pères, docteur en philosophie puis en médecine.
• L’anCcléricalisme du Bloc des Gauches: Emile Combes, des son premier discours au Parlement, déclara la guerre au « péril clérical ». Il décida d’une applicaCon rigoureuse de la loi de 1901. L’armée fut uClisée pour déloger les religieux, qui n’eurent alors d’autre choix que d’intégrer la vie civile (de se séculariser) ou de s’exiler hors de France. Si certains s’installèrent a l’étranger, près de la moite rouvrirent en fait leurs portes sous une forme laïcisée.
Caricature d’Emile Combe.
Jules Guesde.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• Le combisme, offensive et brutalités radicales: Dans tout le pays, la popularité d’Emile Combes ne se démentait pas. La logique qui présidait a ces adhésions découlait de convicCons, souvent sincères, qui voyaient dans le combat permanent contre les anciennes élites la possibilité de réunir les condiCons poliCques nécessaires a de profondes reformes sociales.
• Les socialistes dans l’opposiCon: La quesCon marocaine, en provoquant une crise naConale de grande ampleur, allait révéler l’importance des divergences et précipiter la rupture avec les radicaux. Selon Jaurès, le mécanisme des impérialismes reposait sur la conjoncCon du colonialisme et de l’impérialisme. Le naConalisme, qui avait été provisoirement repousse après l’affaire Dreyfus, faisait son retour a la faveur des tensions sociales.
• La loi insCtuant la séparaCon des Eglises et de l’Etat en France – a laquelle Emile Combes tenait parCculièrement mais qu’il n’avait pu obtenir – fut finalement votée le 9 décembre 1905.
Expulsion des Dominicains d’un couvent, avril 1903. La stricte applicaDon de la loi sur les associaDons de 1901 par le gouvernement
radical d’Emile Combes entraina de nombreuses scènes d’expulsion.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• La crise des inventaires et la chute du gouvernement: Les premiers incidents lies aux inventaires éclairèrent a Paris. Le général Lyautey, gouverneur du Maroc, pensa un temps de démissionner de l’armée.
• La hiérarchie ecclésiasCque, qui recherchait la conciliaCon, s’engagea a mieux contrôler les manifestants se réclamant de l’Eglise.
• Révolte de l’Art et art de la Révolte: Tout un pan de l’expérience poliCque se déroulait dans les ateliers de peintres et de sculpteurs ou sur les planches a dessin des illustrateurs. La défense de la liberté de l’arCste et de son art parCcipait de la prise de conscience et suscitait de nouveaux engagements.
ArisDde Briand Fils de cafeDer ne a Nantes, ArisDde Briand a
d’abord été avocat et journaliste avant de se lancer en poliDque.
La Greve au Creusot. Jules Adler. 1899.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
La nuit étoilée. Van Gogh. 1889.
Les Alyscamps. Paul Gauguin. 1888.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
Danseuses Bleues. Edgar Degas. 1893.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
• L’expression de la liberté: En 1907, venu de Barcelone, Picasso révoluConnait la concepCon du monde tout autant que celle de l’art en peignant les Demoiselles d’Avignon. Il n’était pas le seul pour autant a oser la révoluCon cubiste. George Braque, Robert Delaunay et surtout Henri MaCsse bouleversaient eux aussi les canons de l’art contemporain. Les fronCères n’existaient plus pour ces arCstes. Paris était le centre de ceIe révoluCon picturale et conceptuelle. EsthéCquement, poliCquement, ces avant-‐gardes plongeaient dans la modernité alors que la société, la poliCque, y accédaient a peine.
Les Demoiselles d’Avignon. 1907. Considérée comme l’œuvre fondatrice du cubisme,
les Demoiselles d’Avignon a été créé a Montmartre, au Bateau Lavoir, ou travaillait
Picasso.
Les Baigneuses. Paul Cézanne. 1875.
L’expérience poli)que (le XXème siècle)
Une baignade a Asnières. Georges Seurat. 1884. ArDste météore, mort de maladie a l’âge de 32 ans, Georges Seurat transforma l’esthéDque picturale en donnant a voir
l’invisible de la lumière et des hommes.
L’horizon de la guerre
• Avec Clemenceau, la République entre dans une période confuse, qui n’a plus l’homogénéité que les années Waldeck-‐Rousseau et de Combes Craient de leur neIeté de combat et de la clarté d’inspiraCon de leur majorité.
• Désormais, le naConalisme français allait favoriser un senCment d’acceptaCon collecCve de la guerre qui allait a l’encontre du patrioCsme républicain chèrement acquis au tournant du siècle.
• Progressivement, la poliCque républicaine devint une poliCque de la guerre. Les Français ne voulaient pas nécessairement de la guerre mais ils acceptaient la montée inéluctable du naConalisme.
• Le retour de la gauche et le ministre Clemenceau (1906-‐1909): Les radicaux prônèrent une poliCque d’ordre d’ordre et de conservaCon, notamment dirigée contre les socialistes qui agitaient la peur de la grève générale. Georges Clemenceau était l’incarnaCon de ce nouveau cours de radicalisme.
• Josèphe Caillaux fut nomme aux Finances et charge a ce Ctre de la reforme de l’impôt sur le revenu. Georges Clemenceau allait réussir a se conserver pendant près de trois années une majorité du gouvernement, composée d’une parCe de la droite – qui soutenait sa praCque autoritaire de l’ordre sur le terrain social – et de l’essenCel des radicaux – sensibles aussi bien a ceIe fermeté sur le terrain qu’a sa poliCque de reforme et d’organisaCon de l’Etat.
Anarchiste posant une bombe. Juan Gris. 1909.
L’horizon de la guerre
• L’entrée dans l’âge de l’instabilité gouvernementale (1909-‐1914): On assiste a une dégradaCon de la vie poliCque, liée a la décomposiCon des parCs poliCques.
• A l’excepCon de la SFIO et des 75 députés emmenés par Jaurès, les autres parCs se révèlent incapables d’incarner poliCquement leur électorat.
• Du républicanisme au naConalisme, le ministère Poincaré et Millerand (1912-‐1913): Raymond Poincaré, l’arCsan de la chute de Caillaux, fut appelé aux affaires pour dénouer a crise internaConale d’Agadir, devenue une crise du régime. Poincaré avait établi un pont solide entre les républicains de gauche de l’Alliance démocraCque qu’il dirigeait.
• La mobilisaCon du socialisme européen contre la guerre, ardemment porte en France par Jaurès, n’a pas réussi a convaincre l’électorat. Raymond Poincaré, devenu président
de la République en 1914, visite Nicolas II.
Gouvernement de Gaston Doumergue sur les marches de l’Élysée en 1913.
L’horizon de la guerre
• L’âge de la grève: La grevé comme mode d’acCon ouvrière, comme protestaCon contre l’ordre établi, comme soc iab i l i té popula i re , s’imposa en France après l’affaire Dreyfus. Quasiment aucune région de France ne fut épargnée.
• L’évènement du 1er mai 1906: La fête d u t r a v a i l e x i s t a i t d a n s l e syndicalisme français comme une tradiCon remontant au 1er mai 1890. Sa force populaire découlait de sa correspondance avec le mythe de la renaissance printanière.
• Le 1er mai 1906 suscita une importante mobilisaCon, en province comme a Paris ou une immense banderole fut déployée a la Bourse du Travail « A parCr du 1er mai, nous ne travaillerons plus que 8 heures par jour. »
Jules Grandjean. L’AssieOe au Beurre. 1905.
L’horizon de la guerre
• Clemenceau dépêcha l’armée dans le bassin minier du Nord-‐Pas-‐de-‐Calais pour s’opposer a la grève des mineurs éprouvés par la terrible catastrophe de Courrieres (10 mars 1906). Puis il dut faire face a la crise de surproducCon viCcole en Languedoc qui avait pris des dimensions sociales et meme poliCques hors du commun.
Crise viDcole, le meeDng de Carcassonne Enterrement des vicDmes de la catastrophe de Courrieres. (1099 morts)
L’horizon de la guerre
• Synthèse socialiste, menace idéologique: « Pour ceIe grande œuvre de révoluCon sociale et morale, le prolétariat allemand et le prolétariat français peuvent beaucoup par leur union, par leur acCon commune. » Jean Jaurès.
• Jaurès a Maurice Barres: « Nous aussi, nous avons le culte du passe. Ce n’est pas en vain que tous les foyers de généraCons humaines ont flambe, ont rayonne; mais c’est nous, parce que nous marchons, parce que nous luIons pour un idéal nouveau, c’est nous qui sommes les vrais hériCers du foyer des aïeux; nous en avons pris la flamme, vous n’en avez garde que les cendres. »
• Pour empêcher la guerre qui se profilait a l’horizon, Jaurès préconisait l’arme de la grève générale a l’échelle européenne. L’alliance des prolétariats allait remplacer le naConalisme des peuples.
• La bataille pour l’aboliCon de la peine de mort occupa toute la fin de l’année 1908, puis ensuite la luIe pour la fermeture des bagnes… mais en vain.
• Peur sociale et recul des libertés: Ces protestaCons symboliques témoignaient de la permanence d’une capacité d’indignaCon de la société contre la violence et l’arbitraire… Et cela, au moment meme avaient lieu le retour de la peur sociale et des législaCons liberCcides.
• En 1908, la loi sur le vagabondage et la mendicité inclut les nomades, les tsiganes et les sCgmaCsa.
Jaurès au Pré Saint-‐Gervais. 1913.
L’horizon de la guerre
• La crise naConaliste: L’affrontement de Jules Ferry et de Georges Clemenceau a propos de l’Indochine en 1885 illustra ce conflit apparemment indispensable entre une poliCque d’expansion coloniale et une poliCque d’alliance européenne, chacune devant permeIre a l’autre de recouvrer a puissance nécessaire pour baIre l’Allemagne.
• Pour empêcher la guerre qui se profilait a l’horizon, Jaurès préconisait l’arme de la grève générale a l’échelle européenne. L’alliance des prolétariats allait remplacer le naConalisme des peuples.
• L’opposiCon entre les deux poliCques rendait la diplomaCe française presque impuissante. Pourtant, Delcassé est anime par trois convicCons: un rapprochement avec la Grande-‐Bretagne afin de ne pas contrarier l’expansion coloniale, la poursuite de l’alliance avec la Russie, un effort enfin en direcCon de l’Italie afin de l’empêcher de rejoindre les Empires centraux. Le Maroc devint le laboratoire de ceIe nouvelle poliCque internaConale. Delcassé privilégia un modele d’exploitaCon économique du royaume chérifien.
• Peur sociale et recul des libertés: Ces protestaCons symboliques témoignaient de la permanence d’une capacité d’indignaCon de la société contre la violence et l’arbitraire… Et cela, au moment meme avaient lieu le retour de la peur sociale et des législaCons liberCcides.
• En 1908, la loi sur le vagabondage et la mendicité inclut les nomades, les tsiganes et les sCgmaCsa.
L’horizon de la guerre
• Le coup de Tanger: La France subit profondément les effets du coup de Tanger… Le Kaiser visitant le Sultan avec son état major casque.
L’horizon de la guerre
• 1911, la crise d’Agadir: Briand succéda a Clemenceau en juillet 1909. Bien que de style poliCque oppose, le nouveau président du Conseil ne modifia pas la réserve et la prudence françaises sur le terrain internaConal. Pourtant, en violaCon des accords d’Algesiras de 1906, les Français occupent la ville de Fez au Maroc. Les conséquences rapidement incontrôlables de la confrontaCon, plaçant Allemagne et France au bord de la guerre.
• La guerre qui vient: La montée des naConalismes souCnt la poliCque de remilitarisaCon de la France incarnée dans le projet d’allongement du service naConal, de deux a trois ans. CeIe bataille qui dura plus de quatre mois s’acheva par le vote de la loi en juillet 1913. La loi bénéficia de l’engagement de tout l’Etat-‐major.
• Jaurès jeIe a nouveau toutes ses forces dans la bataille et proposa dans son livre « L’Armée Nouvelle », une alternaCve au simple allongement du service militaire. Il envisage, sur le modele de la conscripCon helvéCque, l’instauraCon d’une armée de citoyens fondée sur une organisaCon en milice.
• La manifestaCon du Pré Saint-‐Gervais fut un grand moment de mobilisaCon contre la guerre et d’unité du socialisme fraternel.
L’horizon de la guerre
• Les Balkans en flammes: La Sublime Porte déclare la guerre a la Serbie et a la Bulgarie, en octobre 1912.
L’horizon de la guerre
• Une majorité de gauche, un gouvernement de droite: Joseph Caillaux, président du parC radical depuis 1913, retrouve le ministère des Finances. Il s’engage dans la réalisaCon de la reforme de l’impôt sur le revenu qui devait permeIre de lancer une poliCque progressiste. Mais la dynamique créée est brutalement stoppée le 16 mars 1914 par un fait divers au retenCssement énorme: l’assassinat par l’épouse de Joseph Caillaux du directeur du Figaro, Gaston CalmeIe.
• En juillet 1914, un mois avant le commencement de la guère, le gouvernement parvient enfin a faire adopter par le Senat la créaCon de l’impôt sur le revenu
• La guerre a l’ordre du jour: La nouvelle de l’assassinat par un étudiant serbe de l’archiduc François Ferdinand a Sarajevo, passa largement inaperçue en France ou l’opinion se passionnait pour le procès de madame Caillaux.
L’horizon de la guerre
• La dispariCon de Jaurès: La principale personnalité du socialisme français et internaConal, age de 54 ans, emportait dans sa mort une parCe de l’espoir de l’humanité. Poincaré entrevit dans la situaCon une occasion de ramener les socialistes et la classe ouvrière dans le giron de la défense naConale. Toute la social-‐démocraCe allemande ne venait-‐elle pas de se ranger derrière l’empereur Guillaume II?
• L’Union sacrée était en marche, et l’assassinat de Jaurès le 31 juillet 1914 y contribuait décisivement.
• La guerre inévitable: « Chaque peuple paraît, a travers les rues de l’Europe, avec sa peCte torche a la main, et maintenait voilà l’incendie. » Jaurès.
Les Rêveurs. Henri MarDn. 1903-‐1906.
Départ pour le front. Paris. 1914.
L’horizon de la guerre
Le 4 aout 1914, députés et sénateurs se rassemblent au palais Bourbon pour entendre le chef du gouvernement lire le message présidenDel de Raymond Poincaré. L’Union Sacrée y est proclamée. Marc Bloch: « Il n’est pas de salut sans une part de sacrifice; ni de liberté naDonale qui puisse être pleine si on n’a pas travaille a la conquérir soi-‐même »
La France Coloniale
• L’espace colonial fut mulCplie par 10 entre 1870 et 1914. Dans les invesCssements français de 1880 a 1914, la part des colonies a double. Mais l’enjeu colonial n’est important que pour une fracCon du capitalisme, qui est loin d’être la plus moderne. Les invesCssements français étaient principalement diriges vers la Russie et l’empire oIoman.
• Un héritage impérial, un choix républicain: « La poliCque d’expansion coloniale correspond a trois ordres d’idées: a des idées économiques, a des idées de civilisaCon, et a des idées d’ordre poliCque et patrioCque. »
• En Afrique, le Sénégal et son port de Dakar étaient devenus les têtes de pont d’un nouvel empire, imagine par le général Faidherbe, premier gouverneur de la colonie de 1854 a 1865.
• La communauté juive – sujeIe dans le contexte oIoman et qui se trouvait du fait de la colonisaCon française dans un statut d’indigène – accéda des les premières semaines de la République a la citoyenneté (décret Crémieux du 24 octobre 1870).
Les Colonies Françaises.
La France Coloniale
• La colonisaCon devait permeIre de conjurer la surproducCon industrielle et la surabondance des capitaux des grandes naCons européennes. Selon Jules Ferry, le surcroit de puissance obtenu dans l’aventure coloniale était la voie la plus sure pour préparer la Revanche.
• A la veille de la Première guerre mondiale, l’empire colonial français rivalisait avec la puissance britannique. Il avait une taille considérable, s’étendant sur plus de 10 millions de km2 (soit 20 fois la superficie de la métropole). Il rassemblait 55 millions de colonises et quelques en centaines de milliers de colons.
• En 1891, fut insCtuée la ConfédéraCon indochinoise composée d’une colonie (la Cochinchine) et de quatre protectorats (le Cambodge, le Tonkin, l’Annam, le Laos).
• A Madagascar, on esCme a plusieurs centaines de milliers le nombre de vicCmes de la répression sur une populaCon totale de 3 millions. Cependant, Gallieni, aide de son adjoint le colonel Lyautey, s’efforça aussi de développer l’ile, en vertu de l’idéologie conquérante.
• L’armée du général Kitchener, remontant la vallée du Nil, et la mission du commandant Marchand, venue du Gabon, se heurtèrent a Fachoda en septembre 1898. le risque de guerre s’amplifia brutalement.
• Mais c’est le Maroc qui devint rapidement, a parCr de 1900, un nouveau front colonial. Et ceIe fois-‐ci, c’est face a l’Allemagne. En janvier 1905, Delcassé soumit au Sultan un projet de protectorat. L’Allemagne riposta et l’empereur Guillaume II, faisant escale a Tanger, déclara que l’Allemagne protègerait absolument l’indépendance du royaume.
Le drapeau français a Tombouctou. 1894.
La France Coloniale
• La réalité coloniale échappa largement au pays et au régime. Ce désintérêt favorisa le contrôle de l’empire par une sphère limitée et une société fermée, dont les pouvoirs étaient sans contrôle.
• La colonisaCon fut aussi la faillite de l’administraCon républicaine, la dérive des insCtuCons et des hommes.
• L’Algérie apparaissait comme une excepCon, au sein de l’empire français. D’abord parce qu’elle était, a la différence des autres territoires coloniaux, une colonie de peuplement. Seule colonie de peuplement de l’Empire, l’Algérie vit sa populaCon européenne passer de 245.000 en 1870 a 750.000 en 1914. Mais, en dépit d’une Cmide représentaCon musulmane dans les insCtuCons chargées de promouvoir l’autonomie de l’Algérie, les deux sociétés européennes et indigènes, vécurent séparées. L ’une dominant l ’autre économiquement, socialement, poliCquement.
• Le principe de civilisaCon et ses limites: Les indigènes devaient parler la langue du colonisateur mais ne bénéficiaient d’aucuns de ses droits poliCques. Si le régime juridique de séparaCon des colonises et des colonisateurs n’avait pas été invente par la République, celle-‐ci le reconnut, l’amplifia et l’étendit. Le senatus consulte du Second Empire décrété le 14 juillet 1865 établît que « l’indigène musulman est français – néanmoins il conCnuera a être régi par la loi musulmane. » Les indigènes étaient donc des sujets et non de citoyens. Le général Lyautey au Maroc.
Ce militaire non-‐conformiste auteur en 1891 d’une importante réflexion sur « le rôle social de l’officier ». Il
s’aOacha a protéger la civilisaDon arabo-‐musulmane dont il se sentait proche.
La France Coloniale
• ExploitaCon et répression des indigènes: Le sous-‐développement économique des colonies françaises tenait a plusieurs facteurs: – La relaCve pauvreté des territoires conquis par
rapport aux possessions anglaises notamment; – La faiblesse de l’invesCssement public et prive; – L’absence d’une bourgeoisie indigène capable de
consommer et de produire; – Les caractères enfin de la pacificaCon et de
l’administraCon, qui faisait parfois peser sur des régions enCères une répression militaire demeure.
• Les praCques systémaCques de violence étaient reconnues dans l’empire, amplifiant toujours plus la contradicCon majeure entre le discours civilisateur et la réalité coloniale.
La France Coloniale
• Le parC colonial et la plus grande France: La colonisaCon s’imposait désormais comme un fait davantage que comme une pensée. La Société de Géographie de Paris. Née sous le Second Empire, elle diffusait un idéal de découverte et de conquête, notamment en Afrique.
• Une autre insCtuCon arma « le parC colonial », l’Union Coloniale française. Dirigée par Jean Charles Roux, administrateur du canal de Suez, ce comite devint tres rapidement un ministère des Colonies bis, tres informe, tres influent, tres riche aussi.
• Le développement de mouvements naConalistes indigènes, réclamant des droits et pour certains l’indépendance, se heurta a l’aveuglement de la métropole hosCle a l’émancipaCon. La France perdit l’occasion de décoloniser tout en gardant son influence alors que celle-‐ci, du point de vue poliCque, se voyait reconnue par les naConalistes eux-‐mêmes… L’oppression nous vient de la France mais l’esprit de liberté aussi.
L’impérialisme colonial par Arendt
• L’expansion impérialiste avait été déclenchée par une curieuse forme de crise économique, la surproducCon de capitaux et l’appariCon d’argent “superflu” résultant d’épargne excessive qui ne parvient plus a trouver d’invesCssement producCf a l’intérieur des fronCères naConales. L’impérialisme doit être compris comme la première phase de la dominaCon poliCque de la bourgeoisie bien plus que comme le stade ulCme du capitalisme.
• Hobbes est le seul grand philosophe que la bourgeoisie puisse revendiquer a juste Ctre comme étant exclusivement sien, même si la classe bourgeoise a mis longtemps à reconnaître ses principes. « La Raison n’est rien d’autre qu’un Calcul. L’homme est essenCellement une foncCon de la société et sera en conséquence juge selon sa valeur ou sa fortune ou son prix ; c’est-‐à-‐dire la somme correspondant a l’usage de son pouvoir. » Ce prix est constamment évalué et réévalue par la société, « l’esCme des autres » variant selon la loi de l’offre et la demande.
• L’impérialisme, c’est d'abord l’exportaCon du capital. L’enrichissement galopant qu’avait provoqué, la producCon capitaliste dans un système social fonde sur la distribuCon inégalitaire avait abouC a la sur épargne, autrement dit a l’accumulaCon d’un capital condamne à l’inerCe à l’intérieur des capacités naConales existantes à produire et à consommer.
L’impérialisme colonial par Arendt
• « La vaine ronde de la mort et du négoce » Conrad. « Nous éCons totalement coupes de la compréhension de ce qui nous entourait : nous passions doucement tels des fantômes, perplexes et secrètement épouvantes, comme le seraient des gens sains d’esprit devant un débordement d’enthousiasme subit dans une maison de fous. »
Une société dans la modernité
• Belle Epoque ou avant-‐guerre? L’expression Belle Époque s’imposa des 1919 pour designer l’avant-‐guerre. La prospérité économique acquise au tournant du siècle, l’élévaCon du niveau de vie, l’accès de différents groupes sociaux a une existence matérielle meilleure, la confiance dans l’avenir, la transformaCon du cadre de vie, le kaléidoscope des affiches dans les rues, la percepCon des paysages naturels, la beauté des créaCons arCsCques, l’éclat de la peinture, tout une sérié d’indices définissait la Belle Epoque.
• Le progrès de la société s’était alors sépare de la seule acquisiCon de la fortune. L’école, notamment, avait ouvert la voie d’une ascension sociale fondée sur l’acquisiCon du savoir et de la connaissance.
Le grand pari de Louis Blériot. 1912
Une société dans la modernité
• Un succès? De 1914 a 1918, la France fit la guerre, au prix d’énormes sacrifices humains, moraux, intellectuels, mais sans renoncer toutefois a la démocraCe.
Une société dans la modernité
• La démocraCe républicaine: Avec la fin du Bloc des Gauches en 1905, la République entra dans la voie de l’acceptaCon et du consensus – mis a part quelques groupuscules anarchistes et l’AcCon Française.
• Une société de citoyens: Les femmes restent ces « silences de l’histoire » qui n’ont alors pas d’existence civique. Elles subissent aussi un statut civil réduit. Pourtant, Marie Curie accéda a la Sorbonne en 1906, en décembre 1911, elle recevait son second prix Nobel.
• Les étrangers étaient dans une situaCon comparable a celle des femmes. La France fut a ceIe époque une grande terre d’accueil.
• « Ce n’est pas l’armée qui a gagne la Grande Guerre, c’est la naCon, soldats et civils confondus. Et, a peine la guerre terminée, l’armée qui a refuse a un moment décisif d’être l’armée de toute la naCon est entrée dans un tres net déclin et il n’est peut être pas paradoxal de s’interroger si l’écroulement du commandement en 1940 n’est pas une lointaine conséquence de l’affaire Dreyfus. »
Marie Curie
Une société dans la modernité
• Le mouvement social: Le monde de l’industrie et de l’arCsanat ne représentait que le second secteur d’emploi (32%), mais après l’agriculture (44%).
• La législaCon sociale demeura réduite. Le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale ne vit le jour qu’en 1906. Mais si la condiCon des ouvriers s’est finalement améliorée, cela est surtout du a l’augmentaCon des salaires dans un contexte de prospérité économique (a parCr de 1896).
• Le parC radical qui exaltera la défense des peCts a fait des classes moyennes sa base électorale. Ces couches nouvelles, selon l’expression de GambeIa, englobent tous ceux qui cherchent a échapper au peuple, sans être surs d’accéder a un statut bourgeois incontestable. Les arCsans, les commerçants, les peCts patrons consCtuaient effecCvement une part importante de ces classes moyennes.
• La dynamique bourgeoise: La bourgeoisie, c’est d’abord une famille, un patrimoine qui s’est diversifie en accueillant obligaCons de chemins de fer et acCons a cote de biens immobiliers, une morale qui commande réserve et simplicité.
Une société dans la modernité
• Rapport de sexe: la pauvreté de l’amour conjugal, la solitude de la chair maritale entrainaient les hommes dans une quête d’éroCsme et parfois d’amour sincère. La fréquentaCon de tres nombreuses maisons closes, véritables insCtuCons dans la France de la Belle Epoque augmenta fortement.
Une Scène Galante. Jean-‐Louis Forain
Une société dans la modernité
• L’âge de la prospérité: Le niveau de vie progressa, la consommaCon se renforça et se diversifia, soutenue par la publicité. Toutes sortes de nouveaux produits firent leurs appariCon. Si l’automobile demeurait inaccessible pour la tres grande majorité des Français, en revanche la bicycleIe incarna la prospérité nouvelle des classes populaires.
• Le parc automobile excédait a peine les 100.000 véhicules en 1913, et celui des abonnes au téléphone 320.000. Le chemin de fer en revanche, par sa densité, par le nombre de ses lignes, par la fréquence de ses trains, recomposait l’espace et inaugura des lieux inédits comme les gares, portes d’entrée des villes pour le monde des campagnes et des banlieues.
Accident Gare Montparnasse. 1895
• Paris, ville capitale: Avec 2.800.000 d’habitants (1910), Paris était alors de tres loin la première métropole française. L’illuminaCon de Paris contribua au mythe de la « Ville Lumière ». Le parc de réverbères a gaz s’était densifie et modernise durant tout le XIXème siècle. La lumière diffusée dans les rues donnait a Paris l’aspect d’un salon.
• Mais la grande innovaCon de la « Belle Epoque » fut la construcCon du métropolitain, qui façonna véritablement une nouvelle géographie de la capitale.
• De 1899 a 1904, l’arCste et architecte Hector Guimard réalisa plusieurs dizaines d’entrées de staCons de métropolitain. Elles sont demeurées fameuses pour leur auvent, marquises et autres globes oranges.
Une société dans la modernité
• La scène du monde: L’importance des spectacles comme le nombre des théâtres contribuaient aussi au rayonnement de la ville et a la séducCon qu’elle imprimait sur les esprits. Le public se passionna pour le jeu des grandes actrices. Et la concurrence naissante entre Montmartre et Montparnasse témoignait de l’extension de la ville spectacle.
• La tres grande crue de l’année 1910 rappela aussi a Paris qu’elle n’était pas seulement pure modernité, mais qu’elle restait vulnérable.
Une société dans la modernité
Sarah Bernhardt
Esthé)que et liberté a la Belle Epoque
• Le développement d’une culture de masse est une des caractérisCques majeures de la Belle Epoque.
• En effet, la Belle Epoque, dans une certaine mesure, a libéré le quoCdien en desserrant l’étau du travail sur les existences et donne du temps libre au plus grand nombre. La promenade, la lecture, le spectacle, comme le bricolage ou le jardinage, donnèrent aux dimanches un charme désuet, une tonalite singulière, une temporalité singulière.
• La « Belle Epoque » marque également l’avènement de la civilisaCon moderne du sport: Jeux Olympiques, Tour de France.
• La bataille du corset: Le travail mais aussi les loisirs moins staCques, comme le tennis ou la bicycleIe, soulagent peu a peu les femmes de leur monument texCle. Rétrécies, simplifiées, allégées les vêtures modernes leur font découvrir des ports ou des allures jusqu’alors inconcevables. Leur silhoueIe devient plus élancée, moins massive et hiéraCque. En 1906, le couturier Paul Poiret donnait le coup de grâce au corset et inventait une nouvelle silhoueIe plus légère, gracile.
Esthé)que et liberté a la Belle Epoque
• Naissance du cinéma: Accessible au plus grand nombre., servi par son caractère de nouveauté absolue, la camera a}ra rapidement les foules.
• La bataille de l’affiche: Avec l’affiche publicitaire, les peintres comme Pierre Bonnard ou Toulouse-‐Lautrec trouvèrent de nouveaux espaces d’expression aussi bien que nouvelles sources de revenus.
Les Affiches a Trouville. Raoul Dufy. 1906
Gismonda avec Sarah Bernhardt par Mocha
Esthé)que et liberté a la Belle Epoque
• Les impressionnistes et la liberté: Les toiles impressionnistes indiquaient d’évidents engagements démocraCques: promoCon de la subjecCvité, rejet de la tradiCon, ...
Seule. Toulouse-‐Lautrec. 1896
Esthé)que et liberté a la Belle Epoque
• Les éclats de la danse: En mai 1913, c’est la première du sacre du Printemps avec la musique de Stravinski, la chorégraphie de Nijinski, et le décor et les costumes de Diaghilev.
Esthé)que et liberté a la Belle Epoque
• Les éclats de la danse: En mai 1913, c’est la première du sacre du Printemps avec la musique de Stravinski, la chorégraphie de Nijinski, et le décor et les costumes de Diaghilev.