Nicolas Machiavel, Le Prince 0
Timothée GUIVARCH
Chaire Prospective, innovation, stratégie et organisation du CNAM
Option : Organisation et Système d’information
Pour Yvon PESQUEUX Professeur titulaire de la chaire " Développement des Systèmes
d’Organisation "
LE PRINCE
Nicolas MACHIAVEL
POCKET, Paris, 1998
Nicolas Machiavel, Le Prince 1
SOMMAIRE
SOMMAIRE _______________________________________________________________ 1
BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR _______________________________________________ 3
BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE ______________________________________ 4
Œuvres _______________________________________________________________________ 4
Études sur Machiavel ___________________________________________________________ 5
THESES DE L’AUTEUR ____________________________________________________ 6
RESUME DE L’OUVRAGE __________________________________________________ 6
Chapitre 1 : Combien il y a de genre de monarchies et comment on les acquiert ? _________ 6
Chapitre 2 : Des monarchies héréditaires___________________________________________ 6
Chapitre 3 : Des monarchies mixtes. _______________________________________________ 7
Chapitre 4 : Pourquoi le royaume de Darius, qu’Alexandre avait occupé ne se révolta pas,
contre ses successeurs après la mort d’Alexandre.____________________________________ 8
Chapitre 5 : Comment on doit administrer les cités ou les monarchies qui, avant d’être
occupées, vivaient sous leurs propres lois.___________________________________________ 9
Chapitre 6 : Des monarchies nouvelles que l’on acquiert par ses propres armes et sa vaillance.
______________________________________________________________________________ 9
Chapitre 7 : Des monarchies nouvelles que l’on acquiert par les armes des autres et la fortune.
______________________________________________________________________________ 9
Chapitre 8 : De ceux qui sont parvenus par des crimes à la monarchie__________________ 10
Chapitre 9 : De la monarchie civile _______________________________________________ 10
Chapitre 10 : De quelle manière l’on doit mesurer les forces de toutes les monarchies _____ 11
Chapitre 11 : Des monarchies ecclésiastiques_______________________________________ 11
Chapitre 12 : Combien il y a de sortes d’armée et des soldats mercenaires ______________ 12
Chapitre 13 : Des soldats auxiliaires, mixtes et propres ______________________________ 12
Chapitre 14 : ce qu’il convient au prince de faire en matière d’armée __________________ 13
Nicolas Machiavel, Le Prince 2
Chapitre 15 : Des choses pour lesquelles les hommes et surtout les princes sont loués ou
blâmés_______________________________________________________________________ 13
Chapitre 16 : De la libéralité et de la parcimonie____________________________________ 13
Chapitre 17 : De la cruauté et de la pitié ; et s’il vaut mieux être aimé que craint, ou le
contraire. ____________________________________________________________________ 14
Chapitre 18 : Comment les princes doivent tenir leur parole __________________________ 14
Chapitre 19 : De la manière de fuir le mépris et la haine _____________________________ 14
Chapitre 20 : Si les forteresses et beaucoup d’autres choses qui font chaque jour les princes
sont utiles ou inutiles. __________________________________________________________ 15
Chapitre 21 : Ce qui convient au prince pour qu’il soit estimé_________________________ 16
Chapitre 22 : Des secrétaires que les princes ont auprès d’eux ________________________ 16
Chapitre 23 : Comment l’on doit fuir les flatteurs___________________________________ 17
Chapitre 24 : Pourquoi les princes d’Italie ont perdu leurs états_______________________ 17
Chapitre 25 : Combien la fortune a de pouvoir sur les choses humaines et comment on peut lui
résister ______________________________________________________________________ 18
Chapitre 26 : Exhortation à s’emparer de l’Italie et à la délivrer des barbares. __________ 18
DISCUSSION ET CRITIQUES ______________________________________________ 19
ACTUALITE DE LA QUESTION ____________________________________________ 21
Nicolas Machiavel, Le Prince 3
BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR
Nicolas Machiavel naît en 1469 dans une famille de la petite noblesse florentine. A l’âge de
trente ans, il est diplomate pour le compte des Médicis, une expérience d’où il tirera la
matière pour ses relations diplomatiques, mais surtout à partir de laquelle il forgera les bases
de sa pensée politique. Au nombre de celles-ci : la nécessité de ne jamais suivre les « voies
moyennes », mais de toujours se tenir courageusement aux extrêmes, de subordonner l’amitié
et la parole donnée à la maitrise des circonstances, et de voir les moyens ultimement justifiés
par la fin vertueuse vers laquelle ils tendent. Mais l’homme politique cède rapidement le pas
au théoricien, et c’est surtout son chef d’œuvre Le Prince (résumé ci-dessous), écrit en un seul
jet en 1513, qu’il définit ce qui est aujourd’hui désigné sous le terme de « machiavélisme ».
Bien que menant une carrière tournée essentiellement vers la politique, l’auteur compte
également à son actif des ouvrages à vocation purement littéraire, telle sa comédie La
Mandragore, ou Andria. Machiavel s’éteindra dans sa ville natale en 1527, dans une
« extrême pauvreté » selon les propres termes de son fils, ayant laissé derrière lui une œuvre
aujourd’hui incontournable, aussi bien pour la qualité de son style que pour la pertinence et
l’étonnante modernité des idées développés.
Nicolas Machiavel, Le Prince 4
BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE
Œuvres
• Discorsi sopra la prima deca di Tito Livio, 3 vols., (Discours sur la première décade
de Tite-Live) 1512-1517
• Il Principe, 1513 (Le Prince), publié en 1532
• Discorso sopra le cose di Pisa, 1499
• Del modo di trattare i popoli della Valdichiana ribellati, 1502
• Del modo tenuto dal duca Valentino nell’ammazzare Vitellozzo Vitelli, Oliverotto da
Fermo, etc., 1502
• Discorso sopra la provisione del danaro, 1502
• Decennale primo (poème en terza rima), (Les décennales) 1506
• Ritratti delle cose dell’Alemagna, (Rapports sur les choses de L'Allemagne) 1508-
1512
• Decennale secondo (Les décennales) 1509
• Ritratti delle cose di Francia, (Rapports sur les choses de France) 1510
• Andria, comédie traduite de Térence, 1513 (?)
• Mandragola, (La Mandragore), 1513
• Della lingua, (dialogue), 1514
• Clizia, comédie en prose, 1515 (?)
• Belfagor arcidiavolo, 1515
• Asino d’oro, (poème en terza rima), 1517
• Dell’arte della guerra, 1519-1520 (L’Art de la guerre)
• Discorso sopra il riformare lo stato di Firenze, 1520
• Sommario delle cose della città di Lucca, 1520
• Vita di Castruccio Castracani da Lucca, 1520 (La vie de Castruccio Castracani da
Lucca)
• Istorie fiorentine, 8 livres, 1521-1525 (Histoire de Florence)
• Frammenti storici, 1525.
Nicolas Machiavel, Le Prince 5
Études sur Machiavel
• Bergès Michel, Machiavel, un penseur masqué?, Editions complexes, 2000.
• Maurice Joly, Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, Allia, 1998. (1ère
édition, A. Mertens et fils, Bruxelles, 1864)
• Louis Althusser, Solitude de Machiavel, PUF, coll. « Actuel Marx Confrontations »,
1998 (cf. aussi Toni Negri, Machiavel selon Althusser, in Futur Antérieur, avril 1997)
• Louis Althusser, Machiavel et nous, Paris, Tallandier, 2009.
• Denis Collin, Comprendre Machiavel, Armand Colin, 2008,
• Marcel Brion, Machiavel, Albin Michel, coll. Génie et Destinée, 1948
• Michel-Pierre Edmond, « Machiavel ou l'usage intelligent du vice », Magazine
littéraire, n° 183, avril 1982.
• Lefort, Claude, Le travail de l'œuvre, Machiavel, Paris, Gallimard, Bibliothèque de
philosophie, 1972 ; TEL, 1986.
• Ugo Dotti, La Révolution Machiavel, Jérôme Millon, 2006,
• Leo Strauss, Thoughts on Machiavelli. Glencoe, The Free Press,1958. (Chicago
University Press, 1995. Tr. fr. Pensées sur Machiavel. Paris, Payot, 1979.
• Eugenio Garin, Machiavel entre politique et histoire (Giulio Einaudi 1993, trad. fr.
Edition Allia 2006)
• Maurice Merleau-Ponty, Note sur Machiavel, dans Signes, Paris, Éditions Gallimard,
NRF, 1960, pages 267 à 283, et dans Éloge de la philosophie. Leçon inaugurale faite
au Collège de France le jeudi 15 janvier 1953, Paris, Éditions Gallimard, 1953,
réédité en Folio/Essais. (Texte d'une conférence présentée en septembre 1949, au
Congrès Umanesimo e scienza politica, Rome-Florence.)
• Hannah Arendt, Qu'est-ce que l'autorité, dans La Crise de la culture, traduction
française P. Lévy, Gallimard, 1972, 1989 (voir la fin de l'essai).
• Hannah Arendt, Essai sur la révolution, traduction française M. Chrestien, Gallimard,
1967 – Tel, 1985.
• Hannah Arendt, La Vie de l'esprit (voir I. La pensée); Éd. PUF, Collection Quadrige.
• Marina Marietti, Machiavel, Payot et Rivages, 2005,
• Thierry Ménissier, Machiavel ou la politique du Centaure, Éditions Hermann, 2010
• Hubert Prolongeau, Machiavel, Folio Biographies, Éditions Gallimard, 234 p., 2010
Nicolas Machiavel, Le Prince 6
THESES DE L’AUTEUR
Machiavel insiste durant tout cet ouvrage sur les différentes façons pour garder le pouvoir. A
travers d’exemples historiques, il ne nous écrit pas la vie politique d’une façon utopique
comme Platon par exemple mais tiré de faits réels. La morale passe au second plan et seul le
résultat compte. Ce livre a d’ailleurs créé le mot Machiavélique qui donne sens aux actions
que doit mettre en œuvre un prince pour garder le pouvoir et quelque qu’en soit les
connaissances.
RESUME DE L’OUVRAGE
Chapitre 1 : Combien il y a de genre de monarchies et
comment on les acquiert ?
Il y a deux types d’Etats qui ont eu autorité sur les hommes.
• République (non mentionné)
• Monarchie
Les monarchies peuvent être héréditaires ou nouvelles.
On acquiert de nouveaux territoires par les armes (les siennes ou celles d’autrui), par la vertu,
ou par fortune.
Chapitre 2 : Des monarchies héréditaires
Machiavel décide de ne parler que des monarchies et pas des républiques. Concernant
les monarchies, il examinera comment l’on peut les gouverner et les conserver.
Il y a moins de difficultés à maintenir une domination sur le peuple contrairement aux
nouvelles monarchies du fait de l’accoutumance des populations. Si le Prince ne fait rien
d’extraordinaire, la domination va de soi, il y a une naturelle bienveillance des sujets.
Nicolas Machiavel, Le Prince 7
Chapitre 3 : Des monarchies mixtes.
La principale difficulté des nouvelles monarchies est que les sujets de l’ancienne
monarchie se tournent vers la nouvelle, car ils espèrent de meilleure condition, or, bien
souvent ils se trompent car Le nouveau prince doit savoir se faire respecter d’emblée et doit
donc être sévère. La situation est alors la même qu’avant voire pire.
Il est plus facile d’acquérir un nouveau royaume si la langue parlé et les coutumes sont
les même que le nouveau roi. C’est également d’autant plus facile si la population est déjà
habituée à obéir. Dans ce cas là le nouveau monarque doit laisser la même situation que
l’ancien dirigeant en ne transformant ni les lois, ni les impôts.
Si le territoire concerné ne possède pas la même langue et les mêmes coutumes Machiavel
nous donne plusieurs remèdes :
• Le mieux est que le nouveau Prince habite le royaume conquis. On peut vite remédier
aux désordres (dès le début des révoltes et avant que cela prenne de l’ampleur) et on
peut gérer ses troupes plus efficacement (Il n’est pas rare que les troupes du prince
effectues des pillages, vols ou bien d’autres crimes qui peuvent pousser le peuple à se
révolter). En conclusion, si le prince habite sur les lieux, il apparaît alors dans une
position de bon prince.
• Implanter des colonies dans les territoires conquis. Le nouveau roi doit prendre des
terres et des habitations à des personnes pauvres pour implanter des colonies. C’est
pour Machiavel la meilleure solution car les personnes qui seront dépouillés de leurs
terres seront peu, pauvres et dispersés, ils n’auront pas la possibilité de réagir. De plus
les colonisateurs sont gratuit puisque les terres n’ont rien coutés. Pour finir, les autres
habitants hésiteront à se révolter de peur que la même sanction leur soit infligée. Il
utilise l’exemple des romains durant tout le passage pour illustré ce propos.
• Le nouveau prince doit devenir l’allié, le défenseur, le chef de ses voisins. Si le
nouveau prince arrive à s’imposer comme la personne la plus influente et la plus
armée dans la région, les royaumes voisins se tourneront naturellement vers lui sans
hostilité. Cependant, il n’est pas question d’augmenter leur pouvoir, il faut que le
nouveau monarque garde sa supériorité.
Nicolas Machiavel, Le Prince 8
• Durant tout e chapitre, l’auteur prend l’exemple des Romains qui ont réussi à
conquérir et garder des nouveaux territoires. Et à l’inverse l’exemple du roi français
Louis XII, qui n’a pas réussi à conserver la Lombardie on ne respectant aucun des
principes expliqué ci-dessus.
Chapitre 4 : Pourquoi le royaume de Darius, qu’Alexandre
avait occupé ne se révolta pas, contre ses successeurs après la
mort d’Alexandre.
Machiavel se questionne sur le fait qu’Alexandre le Grand a réussi à conquérir l’Asie
en très peu de temps mais surtout qu’après sa mort, aucune rébellion interne se manifeste pour
reprendre le pouvoir.
Au final, ce n’est pas la vertu du conquérant qui permet de conserver l’acquisition
d’un nouveau royaume mais la dissemblance des sujets.
Par la suite le chapitre nous explique les deux différentes manières de diriger un royaume.
Chacune de ses manières est illustrée par un pays :
• Le Prince avec des serviteurs (ministres). Les ministres sont ainsi nommer par la
prince et exerce leur pouvoir au nom du Prince. C’est une centralisation du pouvoir ou
il n’y a pas de hiérarchie, tous les habitant sont au-dessous de monarque. L’exemple
pris par Machiavel est l’empire Turcs.
• Le Prince avec des nobles. Ces seigneurs détiennent ce statut par leur lignée. Ils
possèdent donc leurs propres sujets. Le prince a donc moins d’autorité. Ex : France.
Il est plus facile d’acquérir un nouveau principat si celui-ci est dans un système avec des
seigneurs. En effet, il suffit juste de s’allier avec certains d’entre eux pour prendre le pouvoir.
Par contre il est plus dur, par la suite de le conserver. A l’inverse, l’organisation centraliser est
plus dure à conquérir puisqu’il faut absolument éteindre la lignée royale actuelle. Mais par la
suite il est plus facile de le conserver.
Le Royaume de Darius est un royaume centralisé, ce qui a permis à la descendance
d’Alexandre le Grand de ne pas avoir à gérer une révolte.
Nicolas Machiavel, Le Prince 9
Chapitre 5 : Comment on doit administrer les cités ou les
monarchies qui, avant d’être occupées, vivaient sous leurs
propres lois.
Quand les territoires conquis ont l’habitude de vivre selon leurs lois et en liberté, il y a
trois manières pour les garder après les avoir conquis :
• Les détruire
• Y habiter
• Les laisser vivre selon leurs lois en en tirant une pension. Cette solution est tout de
même très risquée car un peuple n’oublie jamais (ou du moins très difficilement) les
ancienne libertés, les anciennes coutumes et voudront les récupérer un jour.
Chapitre 6 : Des monarchies nouvelles que l’on acquiert par
ses propres armes et sa vaillance.
Il faut suivre l’exemple des grands hommes passés comme Romulus ou Moïse. La
fortune, certes est importante, mais ne permet pas d’acquérir et de conserver un royaume sans
la vertu. Il faut aussi entretenir une représentation forte, le peuple doit croire à la force du
prince.
Cette forme de conquête est très difficile à mettre en place et nécessite un très fort
charisme du leader. Cependant, le maintien du royaume se fait facilement par la suite car les
sujets croient en leur leader.
Chapitre 7 : Des monarchies nouvelles que l’on acquiert par les
armes des autres et la fortune.
C’est exactement le cas inverse du chapitre précédent. En effet, il y a peu de difficultés
dans la conquête mais énormément dans le maintien.
Les princes qui viennent au pouvoir par la fortune et la corruption n’acquière une fidélité
de leurs soldats ou sujets qu’au niveau de l’argent et non pas au niveau de la personnalité du
monarque. Celui-ci doit alors utiliser tous les moyens possibles pour :
• Se faire aimer mais craindre à la fois par le peuple (d’être sévère mais bienveillant)
Nicolas Machiavel, Le Prince 10
• D’être magnanime et généreux
• Se faire des allier qui sont prêt à l’aider et des ennemies qui ont peur d’être vaincu
• De se faire respecter par ses soldats
• De détruire ce qui peuvent ou doivent lui nuire
• De renouveler par de nouvelles institutions les anciens organismes
Chapitre 8 : De ceux qui sont parvenus par des crimes à la
monarchie
Il y a deux autres manières de devenir prince :
• Par la voie néfaste ou scélérate (Meurtres, tyrannie…)
Machiavel nous décrit par deux exemples cette manière de devenir prince. Dans les deux cas,
le futur prince convoque toutes les personnes influentes dans une pièce pour les tuer. Par la
suite, l’auteur nous explique que pour pouvoir rester au pouvoir en prenant le trône par la voie
néfaste, le dirigeant doit commettre tous ces crimes en une fois. En effet, le peuple ne peut pas
suivre un prince qui comment des crimes continus.
• Lorsqu’un citoyen privé à la faveur des autres citoyens qui le proclame prince
(chapitre 9).
Chapitre 9 : De la monarchie civile
La monarchie est appelée « civile » lorsqu’un citoyen privé devient prince à la faveur
des autres citoyens. Il faut pour cela user d’une « ruse fortunée ». On s’élève à cette
monarchie soit par la faveur du peuple, soit par la faveur des grands.
Cependant, il y a opposition entre ces deux manière de prendre le pouvoir ; Le peuple
ne veut être ni opprimé, ni commandé par les grands, qui eux, le désire.
Ces deux désirs contradictoires ont trois effets :
• La Monarchie
o Les grands, par peur du peuple, choisissent un des leurs pour agir dans son
ombre. Le maintien du royaume est donc difficile car le prince est
redevable à tous ceux qui l’ont installé. Les grands deviennent donc
presque égaux par rapport au Prince. De plus, les grands ont des objectifs
malhonnête et peuvent devenir très difficile de gérer.
Nicolas Machiavel, Le Prince 11
o Le peuple, par contre, par peur des grands, veut faire de l’un de ses
citoyens un prince, pour être protégé. Il est alors plus facile de garder le
peuple comme allié. Cependant, lorsque le prince veut rompre avec le
peuple et devenir un prince « absolu » (par opposition au terme civil) cela
devient très difficile.
• Liberté
• Puissance
Chapitre 10 : De quelle manière l’on doit mesurer les forces de
toutes les monarchies
Machiavel distingue deux catégories de monarchies :
• La monarchie qui peut se défendre elle-même (sans aide extérieure). Elles peuvent
se soutenir elles-mêmes, si elles sont capables de se constituer une armée (par
abondance d’hommes ou d’argent) ou alors si la ville (le royaume) est fortifié de
manière à ce que les autres soient découragés d’assiéger (exemples de villes
d’Allemagne). L’auteur nous écrit donc qu’en cas de siège, il faut donner
l’espérance que le mal ne durera pas, mais entretenir la peur de la cruauté de
l’ennemi.
• La monarchie qui a besoin des autres pour se défendre
Chapitre 11 : Des monarchies ecclésiastiques
Les monarchies ecclésiastiques sont des cas particulier. Celles-ci s’acquièrent par
vertu ou par fortune, mais se maintiennent sans l’une, ni l’autre. Elles sont « maintenues par
Dieu ».
Machiavel ne veut pas en discuter de façon détaillé car comme se sont des Etats gérés
par Dieux, cela serait présomptueux de donner des conseils autours de celles-ci.
Cependant, ils nous expliquent que ces monarchies n’ont pas besoin d’être défendu, et
que les sujets n’ont pas besoin d’être gouverné. Cependant, le processus pour augmenter le
pouvoir du pontificat est très lent.
Nicolas Machiavel, Le Prince 12
Chapitre 12 : Combien il y a de sortes d’armée et des soldats
mercenaires
Deux piliers sont indispensables pour son maintien au pouvoir
• De bonnes armes :
o Propres
Ceci est de loin la meilleure solution pour Machiavel
o Auxiliaires
o Mercenaires
Celles-ci sont inutiles et périlleuses car elles sont indisciplinées, infidèles et ambitieuses. On
ne peut pas forcer des mercenaires à mourir pour un prince. De plus, l’argent ne suffit pas à
s’assurer leurs fidélités. En effet, un capitaine vertueux cherchera sa propre grandeur et un
mauvais te mènera à la ruine.
o Mixtes (Celles-ci comportent les mêmes problème que les Mercenaires)
• De bonnes lois
Pour Machiavel, la meilleure situation, est que le Prince prenne les armes et se fasse
capitaine. Grace à cela, Il arrivera à envoyer les citoyens se battre. Comme durant les anciens
chapitres, pour régner efficacement, il faut toujours avoir le peuple avec soi
Chapitre 13 : Des soldats auxiliaires, mixtes et propres
Les armes auxiliaires font référence aux forces extérieures qu’on appelle en aide. Ces
armes restent inutiles pour Machiavel car, même si le prince est victorieux par la suite, il sera
redevable auprès des personnes qui l’ont aidé. Le prince est alors perdant dans tous les cas de
figure.
L’utilisation d’armes propres, reste la meilleure solution. L’armée est unie et se bat
pour le dirigeant. La foi reste la meilleure motivation pour l’homme. Inversement, si le prince
ne possède pas d’armes propres alors il n’a aucune assurance vis-à-vis de son armée et doit
posséder une grande fortune pour payer ses soldats.
Nicolas Machiavel, Le Prince 13
Chapitre 14 : ce qu’il convient au prince de faire en matière
d’armée
L’armée est essentielle pour que le monarque puisse se maintenir au pouvoir. Celui-ci
doit constamment être sur ses gardes et garder ses soldats motivés même en temps de paix (et
surtout en temps de paix). De plus, le prince doit s’intéresser et comprendre le fonctionnement
militaire de son armée pour ne pas être soumis aux différents capitaines. Pour finir, Machiavel
incite sur le fait qu’il faut s’exercer l’esprit au moyen de lectures historiques. Grace aux
exemples passés, le chef pourra anticiper les différentes façons de vaincre et ne tombera pas
dans les mêmes erreurs (c’est autours de cela qu’est orienté le livre).
Chapitre 15 : Des choses pour lesquelles les hommes et
surtout les princes sont loués ou blâmés
Durant ce chapitre, Machiavel nous expliques les attitudes à adopter avec les sujets et
avec les amis.
Le monarque doit distinguer sa vie réelle et la vie qu’il faudrait mener. En effet, un
homme trop bon ira à sa ruine car l’environnement est constitué que d’hommes voulant lui
nuire. Il faut donc, selon la nécessité, pouvoir être méchant pour garder son autorité intacte.
Cependant, comme l’auteur l’avait écrit auparavant, ne pas être bon avec le peuple de manière
régulière, incitera les complots et le maintiens du pouvoir sera alors compromis.
Chapitre 16 : De la libéralité et de la parcimonie
Un monarque aura tout à gagner s’il est tenu pour libéral. Cependant, cette libéralité
nécessite énormément d’argent de la part du royaume. Le prince sera alors vite ruiné, et devra
augmenter les impôts se qui mécontentera une partie du peuple. User de la parcimonie, est
alors essentiel pour s’assurer l’appui de la population car le prince sera considéré comme
libéral, mais sur le long terme.
Nicolas Machiavel, Le Prince 14
Chapitre 17 : De la cruauté et de la pitié ; et s’il vaut mieux
être aimé que craint, ou le contraire.
Chaque prince doit désirer être tenu pour pitoyable et non pour cruel. Cependant il sera
souvent tenu pour cruel à la suite de bonnes actions. Les nouveaux princes sont souvent vus
comme cruels car les nouveaux principats sont pleins de périls qu’il faudra gérer fermement.
Pour qu’un Prince puisse conserver son pouvoir et son autorité, cela sera plus facile si le
monarque est craint que s’il est bon avec son peuple. Et cela car le dirigeant aura plus de
facilité à tenir son armée (ex d’Hannibal) et parce que les hommes sont ingrats de nature et
essayeront alors de renverser le pouvoir s’il sente la moindre brèche. Pour finir, Machiavel
nous explique qu’il faut tout de même fuir la haine pour pouvoir diriger efficacement.
Chapitre 18 : Comment les princes doivent tenir leur parole
Machiavel nous distingue deux types de combats :
• avec la loi ce qui est propre à l’homme
• avec les armes ce qui est propre aux bêtes.
L’auteur utilise la métaphore du lion et du renard. Il faut être fort comme un lion, mais
également rusé pour pouvoir vaincre ses ennemies.
Le recours à la loi ne suffit pas dans la plupart des cas, c’est pour cela que les chefs doivent
recourir aux armes pour imposer ces idées.
Le prince peut tromper les autres, et donc ne pas tenir sa parole envers les autres. Car
la nature de l’homme n’est pas bonne et que la tromperie servira à jouer avec cela. Cela ne
sert à rien d’observer des principes que les autres n’observeront pas envers toi. Machiavel
nous explique que le paraître est beaucoup plus important pour que le peuple puisse toujours
croire en le pouvoir grâce au doute qu’on lui donne.
Chapitre 19 : De la manière de fuir le mépris et la haine
Pour que le prince puisse garder son royaume et sa légitimité auprès du peuple, il doit
essayer de fuir le mépris et la haine de ses sujets. Machiavel nous explique que :
• Voler les biens et les femmes des sujets, c’est ce qui rend le plus haïssable.
Nicolas Machiavel, Le Prince 15
• Être trop efféminé ou laissé paraitre un caractère de faiblesse rend le monarque
méprisable auprès de ses sujets.
Il faut donc que le chef ait de la poigne et une force de caractère qui puisse imposer le
respect. Si jamais le prince arrive à donner cette impression, il n’aura plus qu’à gérer les
ambitions d’un petit nombre de sujets.
Le prince doit avoir deux peurs :
• Intérieure (les sujets)
• extérieure
Machiavel évoque les romains, qui devaient gérer les peurs intérieures, extérieures mais
également celle de l’armée.
Chapitre 20 : Si les forteresses et beaucoup d’autres choses qui
font chaque jour les princes sont utiles ou inutiles.
Un nouveau prince ne doit surtout pas désarmer ses sujets quand il arrive au pouvoir et
même dans le futur. Au contraire, si son peuple est désarmés, il doit rectifier ce problème pour
plusieurs raisons :
• L’armement permet la fidélité du peuple
• Le désarmement entraine la méfiance
• Le désarmement entraine l’obligation d’utiliser des mercenaires (Machiavel nous a
déjà expliqué que cela était un problème dans les chapitres antérieurs)
Il est parfois souhaitable d’avoir quelques ennemis, car, le prince, en triomphant pourra
augmenter sa popularité et sa grandeur auprès du peuple. Il est cependant souhaitable de bien
choisir ces ennemies pour ne pas avoir à subir de lourdes défaites. De plus, le monarque doit
se méfier des personnes qui lui accordent leurs confiances trop rapidement. En effet, ce trait
de caractère cache la plupart du temps quelque chose (Quels bénéfices vont-ils tirer de cet
appui ?)
Construire des forteresses n’est pas une mauvaise idée selon Machiavel, mais le plus
important reste de ne pas être haï par son peuple car celui-ci reste de toute façon près du
monarque et à l’intérieur des murailles.
Nicolas Machiavel, Le Prince 16
Chapitre 21 : Ce qui convient au prince pour qu’il soit estimé
Pour qu’un prince soit estimé il doit pouvoir faire valoir plusieurs traits de caractères :
• Il faut qu’il donne de soi u,e renommé de grand homme et d’exceptionnelle
intelligence dans tous les cas de figure.
• Il faut qu’il congratule ou punisse chaque personne qui fait de grandes choses à
l’intérieure de la cité que cela soit en bien ou en mal (ex : Bernabo de Milan).
• Le prince doit soit avoir des amis soit avoir des ennemis. Il ne faut surtout pas être
neutre car cela se retournera toujours contre lui. Le fait d’être de ne pas être neutre te
donne la possibilité de trancher dans des actions et de ne pas être à la merci de l’autre.
• Le monarque ne doit jamais s’associer avec des princes plus puissants que lui contre
un ennemi commun. Car cet allié sera par la suite en position de force dans les
négociations (ex : royaume de Venise avec les Français).
• Il est parfois souhaitable de faire la guerre pour pouvoir en tirer la gloire à la suite
d’une victoire (ex : Ferdinand Aragon le roi d’Espagne)
• Il doit pouvoir laisser les gens faire paisiblement leurs métiers et congratuler les
personnes qui aide au développement de la cité.
• Etre hospitalier envers les gens qui ont du talent.
• Le prince doit faire de grandes fêtes durant l’année pour unifier son peuple et avoir
leurs sympathies.
Chapitre 22 : Des secrétaires que les princes ont auprès d’eux
Le choix des ministres est très important pour un monarque qui veut se faire respecter
et régner dans la durée. En effet, un ministre qui ne pense qu’à soit est forcément mauvais.
Cependant, comme les personnes qui sont susceptible d’être ministre sont des grands de
l’Etat, il est difficile de savoir s’ils sont totalement fidèles ou juste intéressés. Pour avoir leur
fidélité, le monarque doit lui donner assez de richesse et d’honneurs mais sans être excessif.
Un bon chef sera alors trouver la juste mesure.
Nicolas Machiavel, Le Prince 17
Chapitre 23 : Comment l’on doit fuir les flatteurs
Les cours du royaume sont pleines de flatteurs qui n’apportent donc rien dans leurs
analyses. Un bon prince doit pouvoir avoir des sujets qui peuvent le conseiller en fonction de
la situation, et non pas en fonction du prince. Pour cela, il faut que les conseillers soient
francs, qu’ils donnent leurs avis et que le prince tranche par la suite. Un prince doit toujours
se faire conseiller quand il le désir et non quand le veut autrui.
Par contre, un prince qui n’est pas sage lui-même ne pourra jamais être bien conseillé
car la décision finale doit toujours être prise par lui même pour imposer son autorité. Et le
monarque doit pouvoir trier les conseils qu’on lui donne qui ne sont pas forcément pour le
bien de son royaume.
Chapitre 24 : Pourquoi les princes d’Italie ont perdu leurs états
Ce n’est pas la fortune qu’il faut blâmer, c’est le comportement des princes.
• Les princes d’Italie avaient des problèmes avec leurs armées (expliqué antérieurement
dans le livre).
• Ils avaient des sujets hostiles ou ne possédaient pas d’alliés
• Les princes d’Italie n’étaient pas vigilants pendant les périodes de calme. Ils n’étaient
donc pas préparer à une attaque ennemie.
• Au lieu de se battre, ils ont fuis en espérant que le peuple se débarrasse tout seul des
nouveaux princes et les rappels.
Nicolas Machiavel, Le Prince 18
Chapitre 25 : Combien la fortune a de pouvoir sur les choses
humaines et comment on peut lui résister
Beaucoup pensent que toutes les actions et toutes les personnes qui dirigent ce monde
sont le fruit d’une fortune. Cependant, Machiavel estime que la fortune est le principal atout
que de la moitié des princes. Cela laisse donc l’autre moitié à des actions de libre-arbitre de la
parts de hommes. Par contre, on ne peut agir en tenant compte de cette fortune. L’auteur
utilise la métaphore d’un torrent très violent. Il est alors possible de se faire emporter, mais
également de construire des digues ou des barrages. Machiavel insiste cependant sur le fait
qu’il vaut mieux être impétueux que circonspect, il vaut mieux se battre et être féroce que
rester caché.
Chapitre 26 : Exhortation à s’emparer de l’Italie et à la délivrer
des barbares.
Beaucoup de choses concourent pour un nouveau prince actuellement. L’Italie est
actuellement esclave, asservie, divisée, sans chef, sans ordre, battue, dépouillée, déchirée et
envahie.
Ce pays est actuellement prêt à suivre celui qui portera le drapeau. Dieu a préparé le terrain
mais ne veut pas tout faire pour laisser à l’homme son libre arbitre. Actuellement, le problème
n’est pas le peuple mais la faiblesse des chefs. Car ceux qui savent ne sont pas obéis.
Machiavel explique que chacun des royaumes a des arguments mais que tout ensemble, le
pays possède de meilleures chances d’indépendance.
L’Italie a été spoliée, est sans chef et battue. Ce pays est en « attente de celui qui pourra
soigner ses blessures ».
Machiavel terminera ce livre par ces quatre phrases :
Vaillance contre fureur
Prendra les armes ; le combat sera bref
Car l’antique valeur
Dans les cœurs italiens n’est pas morte encore
Nicolas Machiavel, Le Prince 19
DISCUSSION ET CRITIQUES
Dans une Italie encore fortement empreinte de religion, le Prince est très mal perçu par les
milieux ecclésiastiques. Plusieurs aspects de l’ouvrage sont à l’origine de ce ressentiment des
religieux. Tout d’abord, la description de l’homme fait par Machiavel ne coïncide pas avec
celle de la Bible. Il qualifie les hommes de naturellement « méchants » au chapitre 18 et ne
cherche pas à faire taire cette méchanceté mais plutôt à l’appréhender. Dès lors, il est bien
loin de l’idée de la repentance des péchés prônée par la religion. L’autre aspect qui a fourni
des prétextes à la censure de Pince par les religieux est la description des monarchies
ecclésiastiques faite par Machiavel au chapitre 16. Il y dénonce l’intérêt du pouvoir temporel
pour l’Eglise qui s’éloigne de sa mission spirituelle. En ce sens, l’Eglise est un des facteurs de
la déstabilisation de l’Italie. Le pape Alexandre VI est caractéristique de la volonté de
puissance temporelle de l’Eglise. Ainsi l’auteur dit de lui qu’il était celui qui « de tous les
papes qui furent jamais, montra combien un pape, et par l’argent et par les forces, pouvait
gagner en puissance » (ch 11). Il s’attaque alors à la corruption de la cour pontificale et à
l’influence des religieux sur les princes.
Dès lors, Machiavel a opéré une révolution en écrivant le Prince, celle de relâcher le lien qui
unit le divin au politique. Il a enseigné aux princes que la justification de leurs actes ne se
situait pas dans le monde céleste mais dans l’intérêt public lequel est indispensable au
maintien du prince. Les chefs politiques ne doivent plus songer au salut de leur âme mais à la
grandeur de la collectivité dont ils ont la charge. Satisfaire le peuple est « là une des matières
les plus importantes pour le prince ».
Machiavel, pour les personnes ayant simplement lu ou pas du tout le Prince, est celui qui a
légitimé le mal en politique. Or en se penchant un peu plus sur cet ouvrage, on peut faire de
Machiavel l’un des précurseurs du libéralisme, en politique tout du moins. En disant qu’il «
faut savoir entrer dans le mal s’il le faut », Machiavel ne fait que rendre compte de ce qu’est
vraiment la politique et de ce que l’histoire de la politique nous enseigne. On parle
aujourd’hui du réalisme de Machiavel. Pour lui, le mal en politique est indissociable du
maintien de l’Etat. Mais il nuance tout de même ce principe. Ainsi le prince doit à tout prix
éviter la haine (ch 17), pour cela, il faut « surtout qu’il s’abstienne des biens de ses
concitoyens, et de ses sujets, et de leurs femmes ». En somme, ce qu’il enseigne, c’est
comment on prend et on garde le pouvoir par la ruse et par la force. D’où le besoin pour le
Nicolas Machiavel, Le Prince 20
prince de « savoir bien user de la bête, il doit parmi elles prendre le renard et le lion » car le
lion effraie les « loups » et le renard se protège des pièges.
La pensée de Machiavel ne se résume pas à cette légitimation du mal. En effet pour lui, le «
bien » est fondé par le « mal ». Le « mal », nécessaire au maintien de l’Etat, permet de
satisfaire le peuple car le recours à celui-ci offre un régime stable, propice aux affaires et à la
satisfaction des intérêts privés. Pierre Manent dans l’histoire intellectuelle du libéralisme dit
du mal, chez Machiavel, qu’il est fécond. C’est la thèse de la fécondité du mal. Au chapitre 7
du prince, Machiavel relate un fait historique. Lorsque César Borgia occupa la Romagne,
celle-ci était dirigée par de petits seigneurs qui faisaient régner leurs lois et dépouillaient les
sujets de leurs biens. Borgia fit appel à Rémy d’Orque à qui il donna pleine puissance pour
soumettre ces seigneurs à son autorité. Rémy d’Orque, cruel et expéditif rétablit l’ordre en les
faisant assassiner. Son commanditaire, Borgia, estima qu’une autorité si excessive ne pouvait
que lui nuire et le fit assassiner, laissant son corps sur la place publique de Césene, village de
Romagne. Dans cet épisode, Machiavel distingue trois types de violences : la violence des
petits seigneurs, la violence exercée par Rémy d’Orque et celle exercée contre le ministre du
prince. La seconde violence rétablit l’ordre mais laisse les citoyens en proie au ressentiment
en raison des cruautés commises. La troisième violence, en montrant que le prince ne tolérait
pas la cruauté de son ministre, fit « tout le peuple demeurer en même temps satisfait et stupide
» (ch 7). En sachant utiliser « à bon escient » du mal, le prince Borgia réussit à satisfaire le
peuple. C’est cette idée de fécondité du mal qui est sans cesse présente dans l’œuvre de
Machiavel et ce à quoi elle doit à tout prix aboutir, la satisfaction de peuple, fait de Machiavel
l’un des pères du libéralisme.
On a fait de Machiavel un inculte, un fonctionnaire médiocre et j’en passe, mais il n’en reste
pas moins que dès sa parution, son ouvrage fait date. On est interpellé par la cohérence du
récit où tout est organisé en vue d’une action efficace. Machiavel n’adopte pas une pluralité
de points de vue puisque tout son récit est toujours guidé par le même objectif, le bien
commun, la satisfaction du peuple. L’évidence de celui-ci nait d’une mûre réflexion sur
l’histoire, d’une pratique longue des affaires et de la nécessité d’unifier à tout prix l’Italie.
L’œuvre de Machiavel a largement contribué à faire accepter l’idée moderne et laïque de
l’Etat. Il ne s’agit pas de dire si l’on est d’accord ou pas avec Machiavel puisque son ouvrage
a été érigé en dogme et il n’y a, à l’heure actuelle, aucun philosophe qui n’ose remettre en
cause l’héritage de la pensée du florentin. On alla même jusqu’à dire que le prince devait être
le livre de chevet de tout homme politique. Même Rousseau, qui était on ne peut plus
républicain, disait de Machiavel qu’en « feignant de donné des leçons aux rois, il en donna de
Nicolas Machiavel, Le Prince 21
bien grandes aux peuples ». Machiavel est, signe de l’influence de sa pensée, l’un des rares
auteurs dont le nom a donné naissance à un terme de la langue courante : le machiavélisme.
ACTUALITE DE LA QUESTION
Nous ne pouvons pas omettre le fait que la politique du monde d’aujourd’hui ressemble
grandement aux différents pouvoirs qu’évoque l’auteur dans le livre. Que cela soit la politique
nationale ou celle des entreprises, les dirigeants doivent penser à assurer leurs pouvoirs dans
le temps et dans l’espace. Encore aujourd’hui, l’organisation est principalement gérer de
manière pyramidale. Les jeux de pouvoirs sont alors fréquent de manière verticale mais
également transversale. Machiavel nous montre à travers Le Prince les différentes façons
d’imposer son pouvoir et de la garder dans une organisation au sens large. Ce qui fait de ce
livre une référence aujourd’hui, c’est le fait que nous pouvons, encore aujourd’hui, retrouver
les mêmes situations que l’auteur décrit tout au long du livre. Nous pouvons actuellement
relier le chapitre V avec le passé colonisateur de la France ou de l’Angleterre et le chapitre IV
avec le changement de dirigeant dans une entreprise pour ne citer que ces deux chapitres. Plus
qu’un livre de chevet pour les hommes politique comme je l’ai écrit ci-dessus, Le Prince
donne encore aujourd’hui, des conseils qui sont devenus des règles pour les dirigeants actuels
de nos organisations. La question est bien sûr, doit-on être actuellement, forcément gouverné
de façon Machiavélique ?