À PROPOS DU RAPPORT AU MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE SUR LE SPORT SCOLAIRE
L E S P O R T S C O L A I R E D A N S L E P R E M I E R E T D A N S L E S E C O N D D E G R É
Q U E S T I O N S À
Michel Leblanc
Du 5 au 21 mars 2001 s'est déroulée une consultation nationale sur le sport scolaire. Elle s'est adressée pour le premier degré aux circonscriptions, pour le second degré directement aux collèges et lycées. Jack Lang en avait confié la coordination à Michel Leblanc, Inspecteur général de l'Education nationale qui a bien voulu expliciter pour la Revue EP.S les recommandations formulées dans son rapport au ministre.
Pourquoi une consultation
sur le sport scolaire ?
Lors de sa conférence de presse de septembre 2000. le ministre de l'Éducation nationale m'a confié une mission qui portait sur le sport scolaire du premier et du second degré pour l'appréhender dans sa dimension d'éducation sportive et d'éducation citoyenne. J'ai très vite compris que pour donner un sens à ma tâche d'investigation, ajouter un troisième rapport aux deux qui existaient déjà ne suffisait pas. Les premières concertations que j'avais menées, la demande réitérée du SNEP portant sur la tenue d'assises nationales du sport scolaire, l'ampleur des questionnements formulés par les différents acteurs, le fait que les préconisa-tions du rapport rédigé par Claude Bouquin. Claude Rouziès et Jean Müller étaient à 95 % encore d'actualité, m'ont conduit à penser que si nous voulions obtenir des éclairages nouveaux, c'est une démarche d'enversure
qui devait y présider. Le principe d'une consultation nationale s'est imposé, la coordination de son organisation et la rédaction du rapport de synthèse m'ont été confiées.
Quelles ont été les modalités de l'organisation ?
L'annonce de la consultation par le ministre comportait mention de la constitution d'un comité de pilotage réunissant tous les acteurs du sport scolaire. Les représentants de l'administration centrale, les membres des corps d'inspection générale, les représentants de l'ÛNSS et de l'USEP. des fédérations de parents d'élèves, des organisations syndicales, du ministère de la Jeunesse et des Sports, des élus des associations sportives scolaires à l'assemblée générale de l'UNSS. Je souhaitais que la consultation ne prenne pas une allure pyramidale mais qu'elle s'adresse directement à une population la plus large possible.
Décision a été prise de la lancer sur Internet. Le questionnaire réalisé fut amendé par le groupe de pilotage. En novembre 2000 étaient présentées la méthodologie et les procédures de la consultation. Le 18 mai 2001, les résultats pouvaient être commentés.
I Quels taux de réponses
I avez-vous obtenus ?
Pour le second degré, nous nous sommes adressés aux établissements et nous avons obtenu 76 % de réponses. Au niveau du premier degré, nous avons interrogé les circonscriptions et reçu 86 % de réponses. Des chiffres nettement supérieurs à ce que nous attendions, et qui démontrent que les intervenants sont très attachés à la vie du sport scolaire. Cela est donc globalement très positif mais il faut aussi noter qu'il y a de grandes différences. Ainsi, les six départements qui ont répondu à 100 %, sont des
départements ruraux et entre les départements de la petite couronne et les gros départements de province, il y a des écarts considérables qui se situent entre 30 et 40%. Les questionnaires du second degré s'adressaient à trois types de cible, les élèves, les enseignants et les équipes de direction et d'administration. Rappelons que le sport scolaire suppose une pratique volontaire de la part des élèves, ne pas leur demander leur avis semblait inconcevable, ne pas les consulter sur les programmes obligatoires d'EPS se comprend mais ne pas les interroger sur les pratiques et les modalités de fonctionnement de l'AS aurait été tout a fait illogique. Je tiens à mentionner toutefois que sur les 5900 questionnaires qui sont revenus des collèges et lycées, ce sont 1200 équipes d'établissements qui n'ont pas donné aux élèves la possibilité de répondre. La circulaire des ministres précisait pourtant qu'il
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fallait donner la parole aux élèves. Ces questionnaires ont malgré tout été renvoyés sans les associer. On ne peut ici que constater un certain nombre de déficits que j'appellerai de fonctionnement car il n'est pas inutile de le rappeler, les deux grands objectifs de l'UNSS sont, l'un de développer la pratique sportive, voire compétitive, l'autre, l'apprentissage de la vie associative.
| Qu 'enseignent les réponses ?
Je dirai que les réponses ne renversent pas. ne modifient pas les idées qui empiriquement sont véhiculées à propos du sport scolaire. Globalement, on peut voir que l'ensemble des personnes concernées est satisfait du fonctionnement du sport scolaire. L'indice de satisfaction est. en effet, supérieur à 50 %. Mais il convient de noter des différences entre le discours des élèves et celui des chefs d'établissements. Les équipes de direction pensent que l'AS fonctionne plutôt bien, les élèves sont plus nuancés. La consultation met également en lumière que les difficultés rencontrées se situent davantage dans les lycées et les lycées professionnels que dans les collèges. Bien entendu, sur ce point, les effectifs de licenciés nous avaient déjà renseignés. Mais les réponses nous permettent de comparer le nombre d'élèves de l'établissement et le nombre de licenciés pour faire apparaître le taux de pénétration. Ainsi, la moyenne nationale se situe autour de 1 8 % pour le second degré et 14 % pour le premier degré. Ces chiffres tombent à 4 % dans certains départements pour les lycées professionnels. 11 est vrai aussi que. pour le même type d'établissement, d'autres départements affichent un taux de pénétration bien supérieur à 18 %.
Comment interprétez-vous
ces chiffres ?
Je dirai simplement, oui. le sport scolaire rencontre des difficultés dans les lycées mais puisqu'il y a des endroits où ça marche bien, rien, à mon sens, n'est inéluctable et on ne peut pas dire : « Il est impossible de faire fonctionner le sport scolaire dans les lycées et lycées professionnels ». Le taux de pénétration est sans conteste plus élevé en collège mais les résultats ne font pas apparaître de rupture entre les deux niveaux d'enseignement.
Par ailleurs, souvent, les interprétations des problèmes rencontrés ne sont pas les mêmes chez les enseignants et chez, les élèves. Si on pose la question : « Comment faire en sorte que les élèves s'engagent davantage dans la pratique sportive de PAS ? ». Les adultes disent : « Il faut changer les emplois du temps, libérer le mercredi ». Les élèves répondent : « Facilitez nos déplacements, organisez des ramassages scolaires ». Et quand ils parlent d'emploi du temps, ce n'est pas pour eux la raison majeure de leur désaffection. Ceci n'est qu'un exemple mais en croisant le discours des élèves et celui des adultes on obtient, sur
différents domaines, des réponses assez divergentes, on rencontre des surprises qui méritent d'être étudiées de près.
F a-t-il un axe de réflexion
qu 'il vous semble particu
lièrement important d'ex
ploiter ?
Il ressort de cette consultation, que l'objectif qui consiste à préparer les élèves à la vie associative par le biais de leur participation à l'AS n'est pas atteint. Les textes qui régissent le sport scolaire et le décret de 1986 et stipulent que au sein d'un comité directeur d'AS. il faut que. pour le collège, la moitié de l'effectif soit constitué d'élèves et que pour le lycée, il y ait 1/3 des élèves, ne sont respectés que dans un cas sur deux et en lycée professionnel le chiffre se rapproche plutôt de 40 9c. De plus, quand les quota sont respectés, les élèves disent que ça ne fonctionne pas. Le mode d'appréhension de l'apprentissage de la vie associative qui consiste à dire il n'y a qu'à
mettre ensemble dans le comité directeur de l'AS des élèves et des adultes et le tour sera joue, n'est pas viable. Si on veut continuer à considérer que le sport scolaire doit contribuer à l'apprentissage de la vie associative et, au-delà, à un apprentissage à la citoyenneté, c'est sûr, il faut fonctionner autrement. Un autre axe de réflexion est, à mon avis, à mettre en évidence. Il s'appuie sur le constat que les programmes d'activité de l'AS sont majoritairement conçus par l'équipe enseignante. L'avis des élèves n'est pas fréquemment recueilli. L'AS, en quelque sorte, reste
l'affaire des enseignants. Ainsi le bornage entre l'EPS obligatoire et l'animation au sein du sport scolaire n'est absolument pas établi de façon rigoureuse. Je m'explique. Sans aucun doute les enseignants font, eux, très bien le distinguo entre enseignement obligatoire et sport scolaire, mais les élèves, ont. je le crains, une réelle difficulté à voir clairement la différence.
Ces analyses que vous
faites valent aussi pour le
premier degré ?
En ce qui concerne le premier degré les résultats ne se présentent pas de la même façon. D'abord, parce que le sondage a été fait au niveau des circonscriptions car il était évidemment techniquement impossible de descendre au niveau des écoles. Ensuite, parce que le sport scolaire n'est pas du tout géré de la même façon dans le premier degré. Il est avant tout soutenu par le bénévolat. Si la démarche est différente, l'esprit reste cependant le même car. bien
sûr. là aussi un des objectifs reste celui de l'éducation à la citoyenneté. L'USEP est très fortement implantée sur 1/3 du territoire mais sur 12 % du territoire, c'est le désert total. Sur le reste du territoire, l'implantation est. dirons-nous, plutôt médiocre. Il y a donc là un sérieux effort à faire car il existe une importante marge de progression notamment dans les grandes métropoles. Ainsi, en région parisienne, dans le département des Hauts-de-Seine, il n'y a pas une seule école qui offre une activité USER J'ai pris cet exemple mais je pourrais en donner beaucoup d'autres. Par ailleurs, dans le Nord-Pas-de-Calais, le Sud-Ouest, le Rhône, l'implantation est grande car liée à l'histoire, la culture régionale, le militantisme des équipes enseignantes. A propos du second degré, je disais que la frontière entre enseignement obligatoire et enseignement volontaire, n'était pas toujours très nette. Dans le premier degré, cette confusion apparaît comme beaucoup plus gravement vécue. Les textes, en effet, permettent que l'I.A. prenne la décision que le sport scolaire puisse se dérouler pendant le temps contraint. Quand les choses se passent de cette façon, c'est toute la classe qui est licenciée à l'USEP. L'am-bicuité est flagrante.
.4m vu de ces constats, que préconisez-vous ?
À l'issue de cette consultation, il me fallait évidemment faire des propositions. On peut les regrouper en six grandes rubriques. • Premièrement, la nécessité apparaît de différencier clairement ce qui relève de l'institution ministérielle, de ce qui appartient au sport scolaire. Aujourd'hui la confusion existe et elle est entretenue par les textes. 11 ne faut pas oublier, en effet, que le ministre de l'Éducation nationale est président de droit, de l'UNSS. On est dans une situation pour le moins particulière. Le ministre vote une subvention par le biais du budget que lui octroie le Parlement et puis, il la met à sa disposition pour l'exécuter. Du point de vue du droit, on n'est pas loin de la gestion de fait. De la même façon, les chefs d'établissement président de droit l'AS, ceci est en discordance par rapport à la liberté d'association et le droit de s'associer.
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Distinguons ce qui relève du service public de ce qui relève du système associatif en respectant un principe : l'État confie à l'Association UNSS une mission de service public qui lui attribue des prérogatives de puissance publique. Et on pourrait tout à fait imaginer que le Ministère de l'Éducation nationale signe avec l'UNSS un contrat d'objectifs pluriannuel. La réglementation actuelle permet de dépasser l'annualité pour que soient passés des contrats d'objectifs entre l'État et l'association qui garant issent à l'UNSS, l'obtention de moyens, des conditions d'exercice et qui indiquent ce que le service public de l'Éducation nationale souhaite voir accompli au sein du système associatif. A tous les échelons de l'Éducation nationale, il y a des responsabilités à arrêter vis-à-vis du sport scolaire. Au niveau du chef d'établissement, je propose que le conseil d'administration évoque au moins une fois par an le fonctionnement de l'AS. Nombreux sont les établissements qui ignorent complètement
ce que fait l'AS. Le C.A. ne peut même pas. jusqu'à présent, subventionner l'association sportive puisque le chef d'établissement étant ordonnateur des dépenses nc peut pas se voter une subvention pour exécuter le budget qu'il se serait, en fait, alloué. De même, je propose qu'au niveau départemental, rectoral, national, se déroulent une fois par an des conseils présidés par l'ÎA. le recteur, le ministre, qui auront à connaître l'activité du sport scolaire. Une fois par an. on doit pouvoir réunir, sous l ' au tor i té du ministre, le directeur des ensei
gnements scolaires, le directeur des finances, les corps d'inspection, pour évaluer, apprécier, comment évolue le sport scolaire et pour corriger si nécessaire le contenu du contrat d'objectifs. Ainsi, à tous les niveaux, il convient de faire la distinction entre le pilotage politique et la structure qui met en œuvre avec les moyens mis à sa disposition et qui rend compte. Mettre en place ce genre de fonctionnement suppose de modifier les deux décrets de 1986 sur les statuts de l'UNSS et les dispositions statutaires obligatoires. • La deuxième grande orientation doit nous conduire à trouver les moyens d'associer d'une manière ou d'une autre, de façon plus étroite, les élèves à l'AS. 11 convient que les élèves participent à l'élaboration du projet d'AS. le choix des activités, les modalités de fonctionnement, les types de compétition. Devons-nous partir des interclasses pour aller vers des formules interétablissements ? Faut-il s'appuyer sur des structures de bassin ou de district ? 11 me semble important que les élèves
énoncent des préférences. 11 ne s'agit pas de les rendre décideurs mais, bien de les consulter. Je ne préconise pas de tomber d'un excès dans un autre mais, quand même, souvenons-nous en, la proportion d'élèves majeurs au sein du lycée est importante. Par ailleurs ces moments d'élaboration en commun ne risquent pas d'enlever du pouvoir aux enseignants. A mon avis, ce serait tout le contraire. • Le troisième thème qui mérite une réflexion en profondeur c'est celui de l'apprentissage de la vie associative. D'abord il faut resituer cet
apprentissage dans un cadre beaucoup plus global. 11 n'est pas seulement l'affaire des enseignants d'EPS. il participe aussi à l'éducation à la citoyenneté et peut être également l'objet de l'éducation civique, juridique et sociale. 11 y a des connaissances à acquérir ainsi que des savoir faire. Ces acquisitions peuvent avoir lieu auprès d'une AS ou dans ce qu'on pourrait appeler une « association junior », c'est-à-dire un groupe dans lequel les élèves seraient entre eux. où ils proposeraient des projets, feraient l'expérience d'une organisation d'assemblée générale ou d'animation d'un déplacement, faire, en un mot. l'exercice des responsabilités. L'AS aurait un rôle de tuteur, elle aiderait à la réalisation mais nc ferait pas à la place... Cessons de croire qu'il suffit de mettre côte à côte adultes et élèves pour que l'apprentissage de cette vie associative ait lieu. Les élèves ont à faire pour apprendre, il leur faut passer par des étapes avant que les choses prennent sens pour eux. • Autre volet important, le quatrième, celui des formations. Au
long des trente-sept annuités et demie qui conduisent un enseignant d'EPS à la retraite, les 3/20' de sa vie professionnelle sont réservés à s'occuper de l'AS. Aussi, il me semble qu'il serait judicieux qu'un investissement soit fait tant en formation initiale que continue pour aborder le champ de la spécificité du sport scolaire. Or, aujourd'hui, on passe un concours de recrutement, interne comme externe, en faisant l'impasse totale sur le sport scolaire, et en étant sûr qu'aucune question ne sera posée sur le sujet notamment à l'oral pédagogique. On ne peut pas. en effet, aborder ce domaine puisqu'il n'entre pas dans le cadre de l'enseignement obligatoire, la leçon d'EPS. Ceci ne me semble pas être un modèle d'incitation. Il faut reposer la question des compétences et connaissances qui sont à acquérir dans le cadre du métier d'enseignant d'EPS. Aujourd'hui, un étudiant STAPS peut accomplir son circuit complet de formation sans avoir été adhérent à la FFSU et sans savoir ce que recouvre le sport scolaire, un minimum d'engagement dans
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le sport universitaire me semble non seulement nécessaire mais aussi susceptible de validation. La conférence des présidents d'université a décidé qu'en 2001. on allait favoriser l'investissement associatif par des points au-dessus de la moyenne, à partir du moment où on pourrait attester qu'on s'est investi dans le foyer de l'université, dans l'association culturelle. Je pense qu'on peut faire au moins la même chose en ce qui concerne l'AS ! Là, nous venons d'évoquer les formations qui concernent les intervenants du second degré. Mais les problèmes relatifs à la formation sont également pré-gnants dans le premier degré. Et il est clair que les progrès du sport scolaire à l'école élémentaire passent par la place et le rôle que l'on donnera à l'EPS à ce niveau d'enseignement. On peut espérer que dans les années qui viennent, si le projet de dominante EPS prend forme au sein des formations, les retombées en soient tout à faire porteuses. Il conviendrait également que les étudiants en IUFM aient la possibilité de s'affilier à la FFSU pour s'engager ou se confirmer dans une vie sportive personnelle. Enfin, s'impose à mes yeux, la nécessité de maintenir des stages de niveau RI (organisés au niveau départemental) c'est-à-dire qu'il y ait au moins, chaque année, dans chaque département, un stage USEP. On pourrait aussi créer une ouverture en permettant à l'étudiant de faire porter son rapport professionnel sur le sport scolaire. • Cinquième dispositif que je préconise : mettre en place des modalités d'évaluation, non pas sur les personnes, mais sur les systèmes. Je suis pour un système d'audit où au sein d'une académie, on regarde à la loupe, chaque année, un département, on établisse un rapport communiqué aux différentes parties prenantes, le tout, en application du contrat d'objectifs pour améliorer, projeter, préconiser, dans l'esprit d'une consultation et d'une dynamique. • Le dernier volet, le sixième, prend appui sur la recherche, on constate que dans les thèmes de recherche en STAPS. le sport scolaire est inexistant. Ne peut-on pas s'interroger sur la spécificité du sport scolaire par rapport au sport fédéral ? Est-ce le sport qui respecte l'individu ? Le sport
où il n'y a pas de dopage ? Quelle place y prend l'argent ? Quelle spécificité du sport scolaire au plan des concepts fondamentaux ? Voilà quelques thèmes de recherche. Il y en a d'autres, celui évoqué notamment lors de cet entretien à plusieurs reprises : l'apprentissage de la vie associative. Pourquoi des laboratoires de sociologie ne se pencheraient-ils pas sur la manière dont les jeunes
élèves peuvent s'approprier des savoir faire en matière de vie associative ? La France a signé la convention internationale des droits de l'enfant, dans cette convention internationale, il y a le droit de s'associer pour les enfants.
Ne croyez-vous pas qu 'il faille aussi repenser les modes de « présentation » des pratiques du sport scolaire ?
Absolument, le sport scolaire doit obéir aujourd'hui, que cela plaise ou non. à la loi du marché des pratiques sportives. 11 y a une offre. Il y a une demande. L'offre du sport scolaire est concurrencée et si on y propose la même chose que les concurrents , nous sommes sur la même part de marché sans avoir les meilleurs atouts pour gagner. Les élèves sont la cible du marché, c'est pourquoi, entre autres raisons, bien sûr, il me semble indispensable de les faire parler de ces pratiques qui les concernent. Si nous ne sommes pas en capacité de répondre à leur demande, ils se détourneront de plus en plus de notre offre. Prenons l'exemple de l'académie de Bordeaux qui me semble assez innovant. Un contrat a été négo
cié entre l'UNSS et le Conseil régional. Au niveau interne de l'établissement sont organisés sous forme d'interclasses, des tournois dans un certain nombre d'activités sportives. A la fin de cette période de tournois les classes qui ont gagné vont rencontrer d'autres établissements au niveau inter départemental. La classe qui gagne va en finale académique. Des jeunes qui n'étaient pas du
tout motivés pour aller à l'AS traditionnelle se mobilisent pour ce genre d'organisation. Alors que c'est plutôt le sport civil qui les attire là ils souhaitent entraîner leurs camarades dans un ensemble dynamique et convivial. Faisons appel à la créativité, donnons le pouvoir à l'imagination. Il faut quand on parle aujourd'hui de sport scolaire tenir compte de l'environnement. Le sport scolaire a une identité. Ce n'est pas un lieu de pratique uniquement consumériste. Il a fait la preuve qu'on pouvait former des juges, des arbitres. Notre système éducatif forme les chefs d'entreprise de la nation, les cadres de l'administration et pourquoi n'aurait-il pas aussi pour objectif de former les futurs dirigeants du sport ?
Il a été souvent question au
cours de cette consultation
nationale de la remise en
cause ou pas du « forfait »
UNSS. Pouvons-nous pro
fiter de cet entretien pour
préciser les choses ?
Oui, en effet, je crois qu'il est tout à fait normal d'en parler. Il faut quand même être conscient du fait que si aujourd'hui il n'y a que 4 % de la population scolaire
des lycéens qui participe à la vie de l'AS. ça coûte cher au citoyen français et moi. ce que je crains, c'est qu'un jour un ministre décide brutalement de mettre un terme à cette formule. Je crois donc qu'il est nécessaire de prévenir, d'alerter pour mobiliser et redynamiser le système. Mais nous savons qu'il convient de redresser la barre et rendre au sport scolaire ses lettres de noblesse. Quand nous avons lancé cette consultation le bruit a immédiatement couru : « Ça y est « ils » veulent mettre fin au forfait ». Mais il ne s'agit pas de ça. Nous possédons un outil unique en Europe, utilisons-le au mieux, si ce n'est pas le cas, on va nous le retirer, c'est un acquis qu'il faut défendre. Il y a des difficultés, il faut trouver des solutions. Certains en trouvent. A Lyon, ça marche, à Créteil pas. Pourquoi '.' Attention aux réveils tardifs. Ils risquent d'être brutaux. 11 convient de progresser. Je suis de ceux qui disent « Il faut sauver le forfait mais cela nécessite de retrousser nos manches ».
Quel calendrier vous don
nez-vous pour que ces pré-
conisations prennent vie ?
Pour faire avancer les choses, il conviendrait de transformer le groupe de pilotage en comité de suivi afin que lui soient soumises ces propositions et dans un esprit de concertation, procéder aux mises en œuvre. Car bien entendu ces préconisations peuvent être amendées, enrichies, il s'agit là d'une première base de travail. La consultation nous a permis de dépasser le stade de l'empirisme, il y a des choses qui marchent, d'autres pas. il faut le dire, mettre tout à plat, échanger. Je pense qu'en septembre 2002. les grandes directions dans lesquelles nous nous lancerons déboucheront sur des actions et auront des retombées concrètes. Je voudrais préciser que je n'aurais pas accepté de mener à bien cette enquête et le travail qui la suit pour être le fossoyeur du sport scolaire, l'artisan d'une totale remise en question. Après cette enquête, je veux aussi affirmer que je suis plus optimiste que je ne l'étais quand on m'a confié ces tâches. Je suis persuadé que le système recèle des ressources propres capables de produire des effets tout à fait intéressants. •
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