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Tous droits réservés - Les Echos 11/12/2013 P.SPECIAL ENTREPRISES FAMILIA-LES

leurs héritiers la seule « nue-propriété » des titres de la société.Ils en conservent donc « l’usu-fruit » jusqu’à leur décès, dans cequ’on appelle un « démembre-ment » de propriété. L’opérationest intéressante car la valeur de lanue-propriété est inversementcorrélée à l’âge du donateur : plusla transmission se fait tôt, moinselle coûtera cher. « Si on réaliseune donation entre 50 et 60 ans,l’usufruit vaut 50 % de la valeur.L’assiette des droits de donation –basée sur la valeur de la nue-propriété – est donc réduite demoitié », indique Louis-PascalBrabant. En outre, le chef d’entre-prise conserve les avantagesfinanciers liés à la détention deses titres : le dividende. En revan-che, son droit de vote (en tantqu’usufruitier) doit être statu-tairement limité aux décisionsconcernant l’affectation desbénéfices.

L’abattementde droit commun

3C’est ouvert à tous, et mêmeaux chefs d’entreprise !

« Chaque parent peut transmettre100.000 euros en franchise de droitde mutation, à chacun de sesenfants, tous les quinze ans », rap-pelle Louis-Pascal Brabant.Autant dire que les entreprisesfamiliales, elles aussi, en profi-tent. Mais c’est un nouvel argu-ment en faveur d’une anticipationmaximale des transmissions.

La combinaisondes trois outils

4 En cumulant les avantagesdu pacte Dutreil, ceux du

démembrement de propriété et ladonation en franchise, il est pos-sible de réduire considérable-ment le taux d’imposition sup-porté lors de la transmission.Prenons l’exemple d’une entre-prise évaluée 10 millions d’eurosque le propriétaire, âgé de cin-quante-cinq ans, souhaite trans-mettre à ses trois enfants.

Grâce au démembrement depropriété ? L’assiette taxablepasse de 10 à 5 millions d’euros.Grâce à la signature d’un pacteDutreil ? Elle peut être réduite de75 % et tombe à 1,25 milliond ’e u r o s . « C e l a r e p r é s e n t e416.000 euros par enfant, moins100.000 euros de franchise rele-vant de l’abattement de droit com-mun (et à la condition qu’aucuneautre donation n’ait été réalisée auc o u r s d e s q u i n z e d e r n i è r e sannées). Chaque enfant ne seraf i n a l e m e n t t a x é q u e s u r316.000 euros, et, compte tenu destranches d’imposition, la famillen ’ a u ra f i n a l e m e n t p a y é q u e186.000 euros d’impôt sur cettetransmission. Soit un taux effectifde 1,86 %, tout à fait supportable,contrairement aux 45 % du tauxmarginal, si l’opération n’a pas étépréparée. Pour des valeurs d’actifsplus importantes , toutefois ,l ’ordre de grandeur sera biensupérieur », évalue Louis-PascalBrabant.

Certains acteurs redoutenttoutefois que – comme beaucoupd’autres outils fiscaux – le pacteDutreil ne soit un jour prochainremis en cause… « Ce régime est enprincipe sanctuarisé dans le cadredu pacte de compétitivité », ras-sure Valérie de Marsac.— Cécile Desjardins

L a fiscalité est souvent évo-quée parmi les premièresdifficultés de la transmis-

sion des entreprises familiales enFrance. Transmettre le capital deson entreprise à ses enfants, c’estve r s e r a u p a s s a g e u n e p a r timportante de son patrimoine àl’Etat. « Aujourd’hui, dans la tran-che supérieure, les droits de muta-tion – dus au décès du propriétaire– ou de donation – lorsque la trans-mission se fait avant le décès dupropriétaire – atteignent 45 % »,indique Jean-Philippe Delsol,avocat fiscaliste chez Delsol Avo-cats. Beaucoup plus que dans laplupart des pays européens (voirgraphique ci-contre). Le risque ?« Que les héritiers, légataires oudonataires, soient contraints devendre l’entreprise pour pouvoirs’acquitter de ces droits », expli-que Louis-Pascal Brabant, avocatfiscaliste chez Landwell & Asso-ciés, cabinet d’avocats du réseauPwC. Autant dire que les chefsd’entreprise tentent, au maxi-mum, d’anticiper pour réduire lecoût de la transmission, en recou-rant à quelques outils devenusclassiques.

Le pacte Dutreil

1 Baptisé du nom du minis-tre qui l’a mis en place en

2005, ce pacte permet de bénéfi-cier d’un abattement de 75 % surl’assiette des droits de successionou de donation… et donc der é d u i r e c o n s i d é r a b l e m e n tl’impôt à payer. Mais il est com-pliqué à manier. « Pour en bénéfi-c i e r , i l f a u t p r e n d r e d e sengagements de conservation destitres : toutes les parties en pré-sence – donateurs et donataires –doivent s’engager sur deux ans defaçon collective, puis les donatai-res sur quatre ans de façon indivi-duelle. Mais c’est un cadre trèsrigide, alors que les entreprises nesont pas des choses inertes : lerythme de leur vie est tel qu’il fautparfois faire évoluer le capital,faire entrer des partenaires, oumettre en place un holding, etc.avant la fin des délais imposés parle pacte Dutreil. Et cela peut remet-tre en cause le bénéfice de ce der-nier, estime Jean-Philippe Delsol.C’est finalement une fausse bonneidée à la française, car c’est unesolution qui complique la vie desentrepreneurs et des actionnaires,tout en renchérissant le coût desopérations de restructuration. Onen arrive parfois à mettre en placedes montages totalement artifi-ciels pour contourner la rigiditédu système. » Le tout dans unecourse à l ’échalote avec uneadministration fiscale qui tend àse montrer de moins en moinsconciliante depuis environ deuxans, « allant jusqu’à adopter despositions contraires à l’espritmême de la loi, qui vise la préserva-tion d’un noyau dur de capital »,déplore Valérie Tandeau de Mar-sac, avocate spécialisée dans leconseil aux entreprises familia-les, fondatrice du cabinet VTMConseil FamilyBusinessLaw, etprofesseure associée à l’EdhecFamily Business Center.

Le démembrementdes titres

2 Pour réduire davantage lecoût de la transmission ?

Nombre de chefs d’entreprisechoisissent de transmettre à

FISCALITÉ//Les dirigeants recourent aux pactes Dutreil et auxdémembrements de société pour alléger des droits de mutation oudonation, qui peuvent représenter jusqu’à 45 % de la valeur des titres.

Dessolutionspourallégerlesdroitsdemutationdesentreprisesfamiliales

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