Les enjeux globaux de l’ensemble
paysager
276 Atlas des Paysages de Wallonie
La Haine et la Sambre 277
Enjeux globaux
Enjeux globaux
De même que les seize aires paysagères qui constituent l’ensemble paysager de la Haine et de la Sambre présentent
chacune des caractéristiques et des enjeux spécifiques, l’ensemble lui-même connaît, à une échelle plus générale, divers
enjeux transversaux qui conditionnent sa qualité paysagère future.
Trois enjeux de ce type ont été définis. Ils concernent le tissu bâti d’origine ouvrière ou sociale, les témoins du passé
industriel et les campagnes périurbaines.
Ces enjeux globaux sont, par nature, communs à plusieurs aires paysagères, voire à l’ensemble de celles-ci. Pour
certaines aires paysagères, ils constituent même les enjeux principaux. Ces enjeux globaux ont été identifiés sur base
de deux critères essentiels, à savoir leur importance en termes de vulnérabilité et de potentiel pour une majorité des
paysages de l’ensemble.
La motivation du choix de ces enjeux et leur portée territoriale sont présentées dans les textes qui suivent. A l’instar de ce
qui est proposé pour chacune des aires paysagères, des objectifs paysagers et des pistes d’action sont ensuite formulés
pour chaque enjeu global. Il s’agit, à ce stade, de pistes de réflexion qui devraient faire l’objet de débats plus approfondis
entre responsables locaux et régionaux.
278 Atlas des Paysages de Wallonie
Enjeux
Le bâti ouvrier et social constitue l’une des composantes principales des paysages de l’ensemble paysager de la Haine
et de la Sambre. Celui-ci peut prendre des formes et des typologies multiples, qu’il s’agisse de la simple juxtaposition de
petites maisons ouvrières mitoyennes construites par des propriétaires différents ou d’ensembles élaborés (comme les
cités ouvrières ou de logements sociaux) par des entrepreneurs privés ou publics.
La répétition des types, des gabarits et des matériaux dans les ensembles mais aussi dans les alignements de maisons
ouvrières mitoyennes a engendré une homogénéité qui caractérise le paysage. Cette homogénéité a été dégradée, cer-
tains bâtiments ayant subi des modifications. Les raisons sont multiples : acquisitions individuelles par des propriétaires
privés, nécessité de rénover des habitations qui vieillissent ou qui ne correspondent pas ou plus aux normes énergétiques
ou de confort, manque de règles d’accompagnement…
Un important tissu bâti d’origine ouvrière ou sociale
Outre le bâti lui-même, les abords de celui-ci sont un élément fondamental du paysage et participent également de
cette homogénéité. Certains ensembles ont été conçus en y intégrant des espaces de sociabilité, de convivialité et une
interaction importante avec le végétal. C’est notamment le cas des cités-jardins ou des cités-parcs. Pour qu’elle perdure,
la végétation (place enherbée, arbres, haies) nécessite d’être entretenue et renouvelée.
Ces quartiers généralement denses apparaissent d’autant plus intéressants aujourd’hui qu’ils intègrent souvent de fait un
plan de mobilité douce, par le biais d’un réseau de liaisons piétonnes.
La Haine et la Sambre 279
Enjeux globaux
Objectifs paysagers
1. Assurer le maintien de l’homogénéité des ensembles et recomposer la cohérence visuelle
des ensembles déstructurés.AménAgEmEnT-
PrOTECTIOn
2. Envisager la préservation de certains ensembles sociaux dans leur dimension urbanistique
et architecturale d’origine.PrOTECTIOn
3. Entretenir, remettre en état ou renouveler les aménagements végétaux originels des
ensembles bâtis et des cités.AménAgEmEnT
gESTIOn
4. Entretenir et garantir le maintien du réseau de sentiers et venelles associé au tissu bâti
d’origine ouvrière et sociale.gESTIOn-
PrOTECTIOn
5. Faire des tissus bâtis d’origine ouvrière ou sociale un outil de découverte urbanistique et
historique.PrOTECTIOn
Pistes d’action
Actions réglementairesmettre en place des mesures de protection (rCU partiel, PCA...) pour le bâti, les petits éléments (mobilier urbain, végé-
tation…) et les sentiers associés.
Encadrer les transformations du bâti par des prescriptions urbanistiques et architecturales imposant le respect des modé-
natures d’origine, des châssis de fenêtres ou de portes et une plus grande unité lors des rénovations.
Volet opérationnelrestaurer les réseaux de sentiers, cours, venelles, impasses et passages.
Entretenir et restaurer la végétation associée aux espaces bâtis.
Concertationrenforcer la mise en valeur didactique des cités ouvrières et de logements sociaux notamment pour un projet commun
et intercommunal de valorisation patrimoniale (signalétique homogène, panneaux explicatifs).
SensibilisationSensibiliser les nouveaux arrivants, les gestionnaires et les acteurs communaux aux spécificités paysagères des en-
sembles bâtis d’origine ouvrière ou sociale.
Amplifier l’édition d’ouvrages de vulgarisation à destination des professionnels et du grand public valorisant l’historique et
les caractéristiques de ce patrimoine architectural et urbanistique.
280 Atlas des Paysages de Wallonie
Les témoins du passé industriel : usines, terrils et canauxEnjeux
Le bâti hérité des activités industrielles constitue à double titre un élément paysager majeur de l’ensemble de la Haine et de
la Sambre. Ces bâtiments et infrastructures sont, d’une part, des témoins souvent empreints de souvenirs pour les habi-
tants. Leur valeur architecturale peut, d’autre part, constituer un atout en matière de développement local ou de tourisme.
Dans la plupart des cas cependant, les anciens bâtiments, abandonnés, tombent peu à peu en ruine, ou sont rasés pour
implanter de nouvelles activités. Certains ont cependant été préservés dans le cadre d’une réaffectation ou d’une réhabili-
tation. Les sites du Bois du Cazier à marcinelle ou du grand-Hornu, inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco,
et le site du Crachet à Frameries sont trois des exemples les plus connus de valorisation touristique.
Ancien sillon industriel
Créés par l’activité houillère, les terrils ont redessiné le relief de l’ensemble paysager. Ils sont source de mémoire pour les
populations locales et les biotopes qui s’y sont développés sont particulièrement intéressants. Leur préservation consti-
tue donc un enjeu considérable. Bon nombre d’entre eux sont toutefois toujours susceptibles d’être exploités pour leurs
schistes et, pour certains, pour leur charbon résiduel. Aucune garantie de préservation n’est par conséquent acquise.
Les vues qu’offrent les terrils sur leurs environs ajoutent encore à leur importance paysagère. Ils sont toutefois peu amé-
nagés pour l’accueil du public. Lorsque c’est le cas, le déficit de gestion de la végétation arborée qui se développe sur
leur hauteur entraîne souvent la fermeture des points de vue.
Les canaux présents au sein de l’ensemble paysager donnent un aperçu complet des étapes successives de création
des voies d’eau depuis leur mise en œuvre en Belgique. Certains canaux et leurs infrastructures techniques sont exploités
au niveau touristique (ancien canal du Centre et ses ascenseurs hydrauliques, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco,
ascenseur de Strépy-Thieu). D’autres tronçons envahis par la végétation et dont les ouvrages d’art se dégradent (ponts-
levis, écluses…) mériteraient d’être davantage pris en compte et valorisés.
Canaux et Sambre canalisée
Terrils
La Haine et la Sambre 281
Enjeux globaux
Objectifs paysagers
1. Préserver et mettre en valeur le patrimoine industriel intéressant lié aux anciennes activités
industrielles.PrOTECTIOn-
gESTIOn
2. Veiller à intégrer certains témoins bâtis des anciennes activités industrielles lors de la
recomposition des nouveaux sites d’activité.
PrOTECTIOn-
AménAgEmEnT
3. Préserver les terrils isolés ou groupés d’intérêt paysager et patrimonial qui ne présentent
pas de risque d’effondrement.PrOTECTIOn
4. rendre accessibles au public certains terrils susceptibles d’offrir des vues intéressantes sur
les paysages alentours.gESTIOn-
AménAgEmEnT
5. mettre en valeur les tronçons désaffectés des anciennes voies d’eau et leurs ouvrages
d’art.PrOTECTIOn-
gESTIOn
Pistes d’action
Volet réglementairemettre en place des mesures de protection des terrils dont la stabilité est jugée suffisante et qui présentent un intérêt
paysager en tant qu’éléments isolés ou groupés, afin d’empêcher leur exploitation.
Volet opérationnelIntégrer une dimension paysagère et patrimoniale dans les inventaires liés aux anciennes activités industrielles et aux
voies d’eau désaffectées.
Privilégier des projets de réaffectation de sites industriels qui intègrent et valorisent les éléments bâtis d’intérêt patri-
monial, à l’exemple notamment de ce qui s’est fait dans l’ancien bassin industriel allemand de la ruhr, en rhénanie
du nord – Westphalie (« Die route der Industriekultur »).
Offrir une bonne accessibilité des terrils ouverts au public au moyen de sentiers aménagés destinés à en faciliter l’ascen-
sion, tout en protégeant leur végétation. Assurer la gestion régulière des développements arbustifs pour dégager des
vues sur les paysages.
SensibilisationSensibiliser les propriétaires de terrils à leur aménagement pour un accès public et les propriétaires de sites industriels à
la préservation des éléments bâtis intéressants.
Envisager un itinéraire didactique et/ou touristique des anciennes voies d’eau qui valorise l’historique du tracé et du
patrimoine.
282 Atlas des Paysages de Wallonie
Enjeux
Contrairement aux images habituellement véhiculées, l’activité agricole est très présente au sein de l’ensemble paysager
de la Haine et de la Sambre.
Les campagnes périurbaines
Elle se caractérise par de vastes étendues
de cultures sur les plateaux limoneux ou
de prairies dans les fonds humides des
plaines alluviales. Les vues y sont longues
et ouvertes ou, à l’opposé, courtes et très
cloisonnées lorsque la composante boi-
sée est largement présente. Les surfaces
agricoles cohabitent souvent avec une
activité industrielle ou un tissu bâti dense.
L’aire de la Campagne charbonnière du
Centre, où les terrils sont dispersés au
sein des cultures, en est une bonne illus-
tration. La consommation de nouveaux
espaces par les zones d’activité écono-
mique commence à miter ces grandes
étendues consacrées à la culture. L’activi-
té éolienne, encore modeste dans la zone,
est susceptible de venir se superposer à
la fonction agricole.
Outre les vastes étendues cultivées, des enclaves agricoles existent à l’intérieur des continuums bâtis et industriels.
Elles offrent des espaces de respiration et constituent des ouvertures visuelles vers les milieux cultivés. Le développement
de l’habitat et de l’activité économique comble petit à petit ces espaces.
Terres arables
Vastes étendues de cultures
La Haine et la Sambre 283
Enjeux globaux
Objectifs paysagers
1. Assurer la continuité des espaces agricoles et éviter leur mitage. AménAgEmEnT- PrOTECTIOn
2. Entretenir et garantir le maintien de l’ouverture paysagère des grandes surfaces cultivées. gESTIOn-
PrOTECTIOn
3. Valoriser et diffuser cette caractéristique paysagère auprès des acteurs locaux et régionaux
et vers le grand public en général.AménAgEmEnT
4. Limiter les développements industriels et commerciaux à des projets locaux situés au sein
ou à proximité des noyaux villageois.gESTIOn
5. Privilégier une densification des nouveaux développements résidentiels dans les noyaux
villageois ou leur extension en préservant des enclaves vertes.gESTIOn
Pistes d’action
Actions réglementairesmettre en place des mesures de protection pour assurer l’intégrité des surfaces agricoles.
mettre en œuvre des outils urbanistiques permettant de positionner les nouveaux développements résidentiels, industriels
et commerciaux au cœur ou en périphérie proche des noyaux villageois.
Volet opérationnelVeiller à l’utilisation parcimonieuse du sol et mener des actions de sensibilisation de (re)structuration paysagère : insertion
visuelle des zones d’activité économique, d’extension d’habitat, d’équipement agricole…
SensibilisationValoriser l’atout paysager des campagnes périurbaines en termes économique et touristique à l’aide des techniques de
marketing urbain (vendre l’image d’un ensemble paysager « vert »).
Sensibiliser les Intercommunales de Développement Economique au rôle qu’elles assument dans la mise en œuvre des
zones d’activité économique, à la fois au niveau du choix de la localisation et au niveau de la qualité de la composition
paysagère de la zone elle-même.
Sensibiliser la population à l’importance de la valeur patrimoniale, économique et paysagère du sol et à sa nécessaire
utilisation parcimonieuse.