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TECHNOLOGIES CLSPrparer lindustrie du futur
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2 n Technologies cls 20202 n Technologies cls 2020
SOMMAIRE
PRFACE DU MINISTRE ........................................ 5
AVANT-PROPOS .................................................... 7
PROPOS INTRODUCTIFS ...................................... 9
MTHODOLOGIE ............................................... 17
DOMAINES DAPPLICATION ................................ 23
- ALIMENTATION .................................................. 25
- SANT ET BIEN-TRE .......................................... 41
- SCURIT ........................................................... 73
- ENVIRONNEMENT ............................................... 91
- HABITAT ........................................................... 109
- NERGIE .......................................................... 125
- MOBILIT ......................................................... 143
- NUMRIQUE .................................................... 161
- LOISIRS ET CULTURE ........................................ 189
ANNUAIRE ....................................................... 617
MEMBRES DU COMIT STRATGIQUE ............ 641
MEMBRES DU COMIT DE PILOTAGE .............. 641
TECHNOLOGIES CLS
1 Matriaux avancs et actifs ......................... 219
2 Capteurs ........................................................ 229
3 Valorisation et intelligence des donnes massives ...................................... 237
4 Modlisation, simulation et ingnierie numrique ....................................................... 249
5 Internet des objets ....................................... 259
6 Infrastructures de 5me gnration ........... 269
7 Systmes embarqus et distribus, scuriss et srs ............................................... 277
8 Procds relatifs la chimie verte ............... 285
9 Fabrication additive ..................................... 293
10 Cobotique et humain augment ............... 301
11 Intelligence artificielle ............................... 309
12 Robotique autonome ................................. 321
13 Communications scurises ....................... 331
14 Technologies immersives ........................... 337
15 Procds relatifs la chimie du ptrole .... 349
16 Recyclage des mtaux critiques et terres rares .................................................. 357
17 Microfluidique ............................................ 365
18 Mtaomique ............................................... 371
19 Analyse comportementale ......................... 379
20 Nouvelles intgrations matriel-logiciel .. 387
21 Supercalculateurs ....................................... 393
22 Rseaux lectriques intelligents ................ 401
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TECHNOLOGIES CLS
23 Batteries lectrochimiques de nouvelle gnration .................................. 409
24 Carburants de synthse .............................. 419
25 Technologies de lhydrogne .................... 427
26 Ingnierie gnomique ............................... 435
27 Solutions innovantes de protection et de stimulation des vgtaux ...................... 443
28 Souches de probiotiques pour la bioprservation et la nutrition .......... 451
29 Ingnierie tissulaire et cellulaire ................ 459
30 Nouvelles modalits dimmunothrapie ... 467
31 Dispositifs bio-embarqus ......................... 475
32 Technologies dimagerie pour la sant ..... 483
33 Exploitation numrique des donnes de sant .......................................................... 491
34 Authentification forte ............................... 499
35 Gestion intelligente de leau ..................... 507
36 Technologies de diagnostic rapide (eau, air, sol) ....................................................... 515
37 Traitement des sols pollus ........................ 523
38 Systmes de rnovation du bti existant .. 531
39 Systmes constructifs haute qualit environnementale pour le neuf ..................... 539
40 Systmes nergtiques intgrs lchelle du btiment ..................................................... 547
41 Technologies de rcupration de chaleur basse temprature ....................................... 555
42 Solaire photovoltaque .............................. 561
43 nergies oliennes ..................................... 569
44 Technologies pour lnergie nuclaire ...... 577
45 Technologies pour la propulsion ............... 585
46 Nanolectronique ...................................... 595
47 Technologies de conception de contenus et dexpriences .............................................. 605
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Un guide oprationnel pour lIndustrie du futur
Linnovation, par dfinition, est imprvisible.
Il y a dix ans, qui imaginait que le numrique entrerait ce point dans nos usines ?
Qui pensait que le secteur de lhtellerie serait boulevers par des plateformes inter-
net, alors quil ny a rien de plus physique et de moins virtuel quune chambre ?
Qui se doutait quen un rien de temps, autant de petites startups deviendraient des
entreprises mondiales ?
Personne. Et aujourdhui, personne non plus ne peut prvoir avec certitude le monde
tel quil sera au cours de la prochaine dcennie.
Toutefois, lenjeu nest pas de prvoir. Cest de permettre. Permettre linnovation
dclore, de rencontrer un march, de se diffuser, daccrotre notre productivit,
damliorer nos modes de vie. Pour ce faire, le rle de la puissance publique est
multiple.
Il faut dabord inciter les acteurs conomiques innover. Cest le sens de la stabilisa-
tion du crdit dimpt recherche (CIR), ce dispositif fiscal que lEurope entire nous
envie, de tous les dispositifs de transfert de technologie et des ples de comptiti-
vit.
Il faut ensuite fixer le bon cadre. Je pense notamment au cadre de financement.
Dans une conomie de rattrapage, le financement se fait par lendettement. Dans
une conomie dinnovation, le financement doit se faire par fonds propres car les
investissements sont trs importants, avec une forte composante technologique et
immatrielle, et plus risqus. Cest cela que nous devons permettre !
Il faut investir. Investir dans la recherche, dans la modernisation de lappareil produc-
tif. Investir dans la formation et le capital humain, car les technologies cls 2020, ce
seront de nouveaux gestes, de nouvelles comptences, de nouveaux mtiers. Il faut
les prparer.
Dans le mme temps, il faut permettre tous, et notamment aux acteurs existants,
de se saisir de linnovation. Cest lun des objectifs de la FrenchTech, qui organise
et encourage le rapprochement entre les grandes entreprises et les startups, et de
la Nouvelle France Industrielle qui cre les conditions dune renaissance industrielle.
Cest lobjet, aussi, de Technologies cls 2020. Ce bel ouvrage identifie les opportunits
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et les acteurs cls de nos cosystmes dinnovation et formule des re-commandations pour favoriser le dploiement de ces technologies, tout particulirement au sein des PME. Il constitue un guide oprationnel et interactif pour les entreprises, les ingnieurs, les tudiants, pour toutes celles et ceux qui veulent faire autrement. Il ouvre les portes de lIndustrie du Futur.
Merci Philippe VARIN et Claudie HAIGNERE, ainsi quaux quipes qui ont travaill avec eux, davoir accept de mener ces travaux.
Donner aux acteurs les moyens doser et de prendre des risques : voil comment nous industrialiserons linnovation, comment nous tirerons notre conomie tout entire vers la frontire technologique. Cest lenjeu crucial des prochaines annes.
Emmanuel MACRON
Ministre de lconomie, de lindustrie et du numrique
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AVANT-PROPOS
Pascal FAURE, Directeur gnral des entreprises, ma propos de prendre la prsi-dence du Comit stratgique de ltude Technologies Cls 2020, en me chargeant de la bonne conduite de ltude aux plans scientifique, technologique et industriel, et en me demandant particulirement de veiller ce que louvrage guide de manire oprationnelle dans leurs choix stratgiques les acteurs de linnovation technolo-giques, au premier plan desquels on trouve les chefs dentreprises, les chercheurs acadmiques et les dcideurs publics. Pour accomplir cette mission, je me suis en-tour de personnalits reprsentant la fois des entreprises de toutes tailles, des organismes de recherche publics et des centres de comptences favorisant la fertili-sation croise menant au transfert de connaissance.
Cette cinquime dition des Technologies Cls revt une ambition encore plus forte que les prcdentes dans la mesure o elle doit servir de guide lorientation des stratgies de R&D de nos entreprises, en premier lieu les PME, pour encourager et favoriser lmergence dinnovations en France.
Notre dmarche nous a conduit dans un premier temps identifier et comprendre les besoins des nouveaux usages et les nouveaux marchs pour, dans un deuxime temps, slectionner les technologies ncessaires leur comblement.
linstar de la thorie de Maslow, les domaines applicatifs ont t recenss partir des besoins primaires pour lhomme et la socit que sont lalimentation, lhabitat, la scurit, la sant et le bien-tre, puis des besoins secondaires que sont lnergie, la mobilit et lenvironnement et enfin avec un besoin de nos socits volues au travers du domaine de la culture et des loisirs. Un dernier domaine applicatif a t retenu, le numrique, correspondant moins un besoin qu un moyen pour cata-lyser les autres.
Les technologies analyses proviennent dune part des feuilles de routes strat-giques des ples de comptitivit, des propositions manant des services techniques de ltat ainsi que des tudes menes en France comme linternational.
Nous avons runi plus de 200 experts acadmiques et industriels pour nous per-mettre de caractriser et slectionner les technologies cohrentes avec notre horizon 2020 pour lesquelles la France possde des atouts crdibles face la concurrence mondiale.
Cest ainsi que nous avons mis en avant 47 technologies cls rpondant 9 do-maines applicatifs. Afin davoir une caution supplmentaire dans la validit de nos choix, nous avons fait appel lAcadmie des Technologies lors de nos travaux danalyses et de slection.
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Dans la continuit de ldition prcdente, cette tude confirme le rle prdominant du numrique dans tous les secteurs de march puisquen effet, les technologies qui en sont issues sont totalement transverses tous les domaines applicatifs.
Lensemble des fiches relatives aux technologies cls mettent en avant les princi-paux acteurs franais et comportent galement un volet synthtisant les forces, faiblesses, opportunits et menaces en regard de la concurrence internationale. Elles se concluent par un jeu de recommandations oprationnelles lattention des entreprises en premier lieu mais galement des dcideurs publics et du monde aca-dmique.
Ces recommandations, si elles sont suivies, devraient permettre aux entreprises fran-aises de gagner en comptitivit et donc de conqurir plus de parts de march.
Je tiens remercier tous ceux qui ont contribu, quelque niveau que ce soit, la ralisation de cette tude et forme le vu quelle soit utilise le plus largement pos-sible au sein de nos PME, ETI et grands groupes pour que ses rsultats soient source de progrs humain et de dveloppement conomique pour la France.
Philippe VARIN
Prsident du Comit stratgique
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PROPOS INTRODUCTIFS
Ltude prospective sur les technologies cls est devenue au fil des ditions un document de rfrence pour lensemble des parties prenantes. Elle sadresse autant aux entreprises quelle que soit leur taille quaux responsables acad-miques, conomiques ou politiques. Elle complte les divers exercices strat-giques mens ces dernires annes tant au niveau national queuropen ; cette tude arrive point nomm dans le contexte des dcisions venir dans le cadre du PIA (Programme dInvestissements dAvenir), des plans industriels et de la Stratgie Nationale de la Recherche, de H2020 et du Fonds Europen dInvestissements.
Base sur une mthodologie robuste et sur une concertation large, ce rapport prsente une analyse approfondie des dfis auxquels nous sommes confronts et des opportunits quil faut saisir. Elle fournit une liste de technologies dont la matrise permettra de disposer davantages comptitifs dans une concur-rence mondiale de plus en plus forte.
LAcadmie des technologies a eu lhonneur de contribuer ce projet. Les acadmiciens ont particip la slection des technologies cls et leur valua-tion. Au-del, nous souhaitons prsenter ici nos rflexions sur les dfis tech-nologiques de notre pays afin dclairer les dbats futurs auxquels ce rapport donnera lieu.
DONNER DU TEMPS LA MATURATION DES TECHNOLOGIES
Ltude se fixe de faon pragmatique un horizon 2020. Les auteurs, raison, ont choisi un juste milieu entre des technologies matures qui sont en cours de dploiement et des technologies futuristes au dploiement plus alatoire. Il convient en effet de se mfier de lair du temps . Le temps du milieu politico-mdiatique dans lequel nous baignons est limmdiatet. Celui de la technologie est un temps long. Il se passe le plus souvent des annes entre des premiers rsultats positifs au niveau du laboratoire et le dploiement dune technologie. Lexistence de 9 niveaux de TRL (Technology Readiness Level ou niveau de maturit de la technologie) est l pour nous rappeler que linnovation est un processus long. En outre, de nombreux secteurs dactivit prsentent une grande inertie : par exemple le rythme de renouvellement du parc immobi-lier rsidentiel et tertiaire est de lordre de 100 ans. Enfin le dploiement dune technologie innovante se heurte au poids des investissements raliss dans le secteur. Il est clair que les stratgies de dploiement des technologies doivent intgrer ces diffrents aspects.
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INTGRER PLEINEMENT LA TRANSFORMATION DE LA SOCIT PAR LE NUMRIQUE
Au-del des progrs quon a pu constater par exemple dans le domaine des mat-
riaux ou de lnergie, cette cinquime dition est marque bien entendu par la
transformation de la socit par le numrique, qui sest fortement amplifie ces der-
nires annes. Le numrique a lvidence un impact fort sur les technologies dans
tous les domaines. Ainsi de nombreuses technologies transversales retenues dans
ce rapport sont lies dune faon ou dune autre au numrique ; cest par exemple
le cas des technologies des capteurs, de la cobotique, des objets connects ou du
traitement des donnes.
Le numrique amne aussi sinterroger sur limpact quil peut avoir sur le business
model de tous les secteurs. Le cas dUber est symbolique de cette rvolution : cette
start-up amricaine, fonde en 2009, menace aprs 6 annes dexistence le sec-
teur traditionnel des taxis dans de nombreux pays. Lapproche des nouveaux acteurs
consiste mettre en relation des fournisseurs disperss et des clients via des pla-
teformes informatiques de services et produits accessibles en ligne ou grce des
applications pour smartphone. Ainsi les particuliers ont la possibilit de partager
leur vhicule pour du co-voiturage (Blablacar), de louer leur logement (Airbnb) ; ils
deviennent de fait les partenaires de ces nouveaux entrants, bousculant les modles
conomiques classiques.
Cette dsintermdiation (suppression des intermdiaires traditionnels) provo-
que par le numrique impacte aussi la plupart des secteurs industriels traditionnels.
Cest le cas par exemple du secteur automobile. Il est significatif que deux cham-
pions du numrique aient lanc leur concept car ; la Google Car et plus rcemment lApple Car. Ainsi en rponse ces initiatives, la stratgie des constructeurs automo-
biles vise maintenant le dveloppement du vhicule autonome et du vhicule inter-
connect ct du vhicule conome. Hier conue autour dun moteur, demain la
voiture sera conue autour dun systme dexploitation. Apple et Google sont bien
entendu dj sur les rangs. Tous les secteurs dactivit sont potentiellement impacts
par le numrique, tant pour la production de biens que de services. Il convient de
revisiter les business model dans ce contexte et danalyser en quoi les technologies
cls prsentes dans ce rapport peuvent offrir des opportunits de dveloppement.
Non seulement le numrique transforme des mtiers, mais il peut aussi contribuer
crer de vritables monopoles mondiaux en permettant dans des secteurs tradition-
nels, larrive de nouveaux entrants (Google dans le domaine de la publicit, Apple
dans le secteur des smartphones). Cest le concept de GAFA (Google/Amazon/Face-
book/Apple).
VISER UN BUSINESS MODEL LINTERNATIONAL
Les auteurs du rapport insistent juste raison dans leur analyse sur une vision
internationale. En effet les technologies nont pas de frontire et nos entreprises
doivent intgrer cette dimension mondiale des marchs. Le succs dune innova-
tion rside dans une combinaison dapproches Technology push et Market driven. Trop souvent nos entreprises se focalisent sur la seule approche scientifique et
technologique et passent ct de marchs porteurs pour avoir considr tardive-
ment les enjeux de march. Il faut se rappeler quune innovation est une invention
qui rencontre son march. La technologie doit attirer des investisseurs pour la
mettre en uvre et des clients pour lutiliser. Dans ce contexte, il est indispensable
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de considrer ds les premires phases du dveloppement la chane de valeur et dlaborer un business model.
Cette vision internationale du dploiement des technologies conduit accorder une priorit celles dans lesquelles nos entreprises disposent davantages comptitifs tant au niveau technologique que commercial. La qualit de la recherche ralise en France et limplantation mondiale de certains de nos champions industriels sont des atouts valoriser.
PRENDRE EN COMPTE LA CONTRIBUTION DE LA TECHNOLOGIE LA CRATION DE VALEUR
Ce rapport devrait contribuer rconcilier nos concitoyens avec la technologie. En effet, les liens entre technologies, innovation, croissance et emploi sont com-plexes. Certains de nos concitoyens peroivent lintroduction de nouvelles techno-logies dans lensemble des fonctions de lentreprise comme destructrice dun grand nombre de postes de travail. Les nombreuses tches excutes par des robots sur les lignes de production ou par des logiciels illustrent cette perception alors mme quelles peuvent rduire la pnibilit ou la rptitivit de certaines tches, amliorant ainsi la valeur ajoute du poste de travail. Dautres pensent que les effets de linno-vation sont trs diffrents selon la priode considre : on ne peut mesurer les effets positifs sur lemploi global dune technologie disruptive que de nombreuses annes aprs. Au niveau micro-conomique, les nouvelles technologies peuvent crer des entreprises ou des activits. Cest le cas par exemple des technologies de linforma-tion et de la communication qui crent des emplois dans les services.
FAVORISER LAPPROPRIATION DES TECHNOLOGIES PAR LA SOCIT
Afin que les innovations technologiques proposes sur le march crent des emplois en France, lis aux usages, elles doivent cependant tre adoptes par les citoyens. Leur appropriation par la socit est donc un enjeu majeur pour leur diffusion grande chelle et la cration de nouveaux marchs.
Cette appropriation est favorise par un certain nombre de facteurs. Outre les exigences de fonctionnalit auxquelles doivent rpondre les nouveaux objets tech-niques (commodit, efficacit, fiabilit), dautres dimensions interviennent. Les objets techniques doivent pouvoir tre modifis pour les dtourner de lusage envisag initialement et en crer de nouveaux. Leur design, dont la reconnaissance est ingale selon les secteurs, conditionne la premire impression visuelle, tactile, auditive que lon peut en avoir, ce qui va permettre de prjuger de leur caractre convivial. La dimension socio-culturelle intervient aussi. Il y a dune part le senti-ment de proximit culturelle avec ceux qui ont labor les objets. Il y a dautre part lusage plus symbolique quutilitaire dobjets dont la fonctionnalit est pourtant identique celle dobjets semblables mais moins onreux (notion de luxe), ou encore le rapport entre le prix des objets et lutilit quon leur prte. Enfin, les conditions dans lesquelles ils ont t labors, par quelles entreprises et dans quels pays comptent.
Par ailleurs, le passage rendu possible par les technologies de linformation et de la communication, dune socit structure par des rapports verticaux de pouvoir ( lcole, au travail), une socit o les rapports horizontaux entre gaux , prennent une importance conomique, sociale et politique croissante.
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Dans ces conditions, les objets ne devraient plus tre penss dans une logique ver-
ticale (consommateur vs producteur) car les usages qui en sont faits (ou attendus)
cherchent au contraire les insrer dans des logiques horizontales de rseaux inte-
ractifs. Lexprience utilisateur, users exp joue en ce sens un rle croissant.
La capacit des innovateurs nous changer en profondeur, aussi bien dans notre
perception de lenvironnement, de nous-mme que de nos semblables est consi-
drable. Les innovateurs doivent intgrer les consquences sociales potentielles
induites par leurs innovations technologiques, qui peuvent tre perues comme des
risques par la socit, et tre son coute. Reconnatre le potentiel de changement
dont les technologies sont porteuses est une tape fondatrice pour pouvoir ensuite
dbattre avec toutes les parties prenantes des aspects perus comme tant positifs
ou ngatifs de ces changements.
SAPPUYER SUR LES COSYSTMES DINNOVATION
Les entreprises innovantes doivent sappuyer sur la force des cosystmes dinno-
vation pour franchir les diffrentes tapes de leur parcours dinnovation et de crois-
sance, quels que soient leur taille et leur secteur. Ces cosystmes se construisent
autour des ples de comptitivit qui ftent leurs 10 ans dexistence. Ces structures
permettent en effet la monte en puissance de nouveaux champions industriels.
Les PME membres des ples nouent beaucoup plus de partenariats ltranger sur
un projet innovant que les autres PME (20 % contre 2 %). Par ailleurs, la participa-
tion aux projets collaboratifs du Fonds Unique Interministriel, programme destin
soutenir la recherche applique, se traduirait en moyenne par un supplment de
croissance de 2 % par an entre 2005 et 2012 pour les entreprises prsentes dans les
ples, compare celles restes en dehors des ples.
Les ples ont dautres intrts. Ils ont cette capacit assumer la fois une vocation
internationale et un ancrage local. La valeur cre par linnovation (chiffre daffaires,
emplois, savoir-faire) est ainsi ancre dans les territoires. Ils sadaptent aussi bien aux
industries traditionnelles que high tech, aux milieux acadmiques, aux TPE, aux PME
quaux ETI et grands groupes, ainsi quaux diffrents besoins quils rencontrent sur
leur parcours de croissance. Ce sont des lieux privilgis pour dvelopper linterdis-
ciplinarit, la fertilisation croise et lopen innovation.
Ils sont enfin des lieux dapprentissage de la solidarit industrielle entre donneurs
dordre et sous-traitants, fournisseurs et grands clients : de plus en plus dinitiatives
leur apprennent travailler ensemble. Les PME qui y adhrent apprennent dve-
lopper une stratgie de rseau.
lvidence, les ples de comptitivit auront un rle important dans la valorisation
de ce rapport.
RENFORCER LE CAPITAL FRANAIS ACTUEL DE SOFT POWER
Le soft power se dfinit traditionnellement comme la capacit de sduire ou de
persuader les autres tats sans faire usage de la force ou de la menace . Il se diff-
rencie de linfluence, en ce que linfluence peut sexercer par la force. Il sagit ici de
crer le dsir et de changer lintrt de lautre.
La culture est lun des piliers du soft power, et une distinction est gnralement
faite entre la culture hrite (patrimoine historique architectural, artistique, litt-
raire) et la culture vivante (manifestation de la crativit contemporaine dans
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tous les domaines comprenant une dimension artistique et esthtique). La France
bnficie dun capital exceptionnel en matire de culture hrite , ce qui fait
notamment de ce pays la premire destination touristique du monde. La culture
hrite constitue la meilleure et la plus stable des rfrences, fait autorit, com-
munique des valeurs sous-jacentes et impressionne dautant plus que le patrimoine
est ancien et visible. La culture vivante est un enjeu de plus en plus important. Il
nest pas neutre cet gard que le terme dindustrie crative est dsormais davan-
tage utilis que celui dindustrie culturelle.
Cest donc en vitalisant sa culture hrite par sa culture vivante quun pays
peut aujourdhui offrir limage dun pays de culture et bnficier du soft power
qui en rsulte. Trois activits sont directement concernes par le soft power. La
culture bien sr, la mode et le tourisme. Pour se dvelopper, ces activits ont besoin
de sappuyer sur des technologies spcifiques et originales leur permettant dtre
plus efficientes (artisanat dart pour la mode, systmes de rservation pour le tou-
risme) et plus attractives. Renforcer, mettre en valeur, moderniser le capital franais
actuel de soft power est un dfi dautant plus pertinent que les industries cratives
dveloppent des technologies et des procds partags davantage quautrefois avec
dautres secteurs conomiques. Une aptitude dvelopper des produits cratifs est
donc interprte comme une aptitude gnrale crer et apparat ainsi comme un
signal fort pour les investisseurs et les talents.
INTGRER LES FREINS AU DPLOIEMENT DES TECHNOLOGIES
Il ne faut pas sous-estimer les freins au dploiement des technologies, en particulier
les rglementations. Dans le domaine pharmaceutique par exemple, on voit se dve-
lopper des dogmes mthodologiques dconnects de la nature des mdicaments,
du contexte de leur utilisation, de leur utilit, de la frquence de la maladie cible, des
besoins non satisfaits des patients et du contexte conomique. Cette complication
mthodologique et le cot associ freinent linnovation, en particulier pour le dve-
loppement de mdicaments peu coteux. La simplification des rglementations doit
tre poursuivie. On doit cependant noter que les rglementations peuvent aussi tre
dclencheuses dinnovations.
Laxe de dveloppement que constitue celui des co-quartiers qui seront une com-
posante de la ville de demain ncessite aussi de revoir de nombreux aspects rgle-
mentaires tels que celui de rendre possible la mutualisation et lchange, locale-
ment, de lnergie produite par des btiments de nouvelle gnration ( nergie
positive, autonome, basse consommation). Ces aspects rglementaires sont aussi
un frein pour les nouveaux oprateurs de la ville. Les villes, qui deviennent num-
riques, voient leurs services urbains de leau, de lnergie, de la communication,
de la sant, de la scolarisation, du commerce, ... faire de plus en plus appel des
systmes dinformation intelligents avec des capteurs intelligents leurs extrmi-
ts. Pour les parties prenantes concernes, plusieurs transformations sont anti-
ciper : les collectivits locales en organisant une certaine mutualisation des bases
de donnes relatives leurs administrs, les gestionnaires de rseau physique en
se diversifiant de plus en plus vers des services, des prestataires externes en propo-
sant des offres de services intgrs distribus partir de plateformes numriques,
et les administrs en arbitrant entre lintgrit de leurs donnes individuelles et
lattractivit des nouveaux services.
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Le dploiement des technologies implique galement des innovations non tech-niques. La domomdecine par exemple sappuie sur lutilisation de multiples techno-logies disponibles (technologies de linformation et de la communication, capteurs, actionneurs, interface de communication avec le patient...). Le dploiement de ce nouveau systme de soins domicile pour les personnes atteintes de multi-patho-logies implique notamment des innovations tant organisationnelles que juridiques. Il est ncessaire de dcloisonner les pratiques et les structures existantes impliques dans la mdecine ambulatoire. Ceci permettrait de matriser un fonctionnement complexe, en rseau, avec de multiples intervenants diffrents niveaux dans la prise en charge du patient. Il est aussi indispensable de prciser les fonctions et la responsabilit de tous les intervenants du personnel mdical y compris les non mdecins, de scuriser les donnes du DMP (Dossier Mdical Personnel) ou encore de codifier les actes et de dfinir leur rmunration.
Le dploiement des technologies mobilise aussi des financements importants. Les besoins de financement croissent rapidement ds lors que lon progresse dans lchelle des TRL. Les modalits de financement voluent galement mesure du rapprochement de lapplication march. La phase de dmonstration reprsente une tape cl difficile financer car les investissements sont levs et les risques restent importants. Leffort engag ces dernires annes en faveur des oprations de d-monstration reste insuffisant et doit imprativement tre poursuivi, par exemple dans le PIA 3. Des financements innovants doivent tre mis en place pour traverser la valle de la mort .
Enfin, une interprtation mal comprise par la socit du principe de prcaution constitue un frein indniable au dploiement des technologies car linaction a un cot. Il est en effet trs souvent invoqu en dehors de son champ lgal dapplication (sant et environnement). De plus, il existe de nombreuses confusions, en particulier entre la notion de risque et de menace. Principe devant conduire des analyses rationnelles des menaces, il est galement trop invoqu pour mettre sur le mme plan les expertises scientifiques et les opinions, aussi respectables que soient ces dernires.
FORMER TOUS LES NIVEAUX ET TOUT AU LONG DE LA VIE
Le dploiement des technologies, la cration et le dveloppement des start-up, lam-lioration de la comptitivit, ont besoin de sappuyer sur un vivier de comptences tous les niveaux, mais nous pensons, plus particulirement dans la tranche de bac -3 bac +3. Les industriels se heurtent cependant au manque de comptences disponibles sur le march du travail. 33 % des industriels interrogs en 2013 taient confronts cette situation. Cest le cas par exemple de lindustrie franaise du luxe. Le recrutement de spcialistes (orfvrerie, polissage du bois) est difficile car la formation en artisanat dart et dans le domaine de la mode est trs fragmente. Cette situation est tonnante pour un pays comme la France dont le patrimoine, les industries du luxe en position dominante et les savoir-faire sont pourtant reconnus mondialement. Il est primordial que ces industries, lavenir, sappuient toujours sur des savoir-faire franais, dautant plus que lengouement pour les marques de luxe est croissant notamment dans les pays mergents qui devraient constituer encore un relais de croissance important pour le secteur.
Par ailleurs, les industriels doivent aussi prendre conscience des nouvelles comp-tences techniques et culturelles acqurir pour pouvoir se saisir des nombreuses
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opportunits dcryptes dans cette tude. La transformation de la socit par le numrique ly incite dailleurs. Le Big Data par exemple est une vritable opportu-nit de croissance et de cration de valeur, pour lconomie numrique en gnral et pour la France en particulier. Il permet notamment aux entreprises une nouvelle proximit dans la relation avec leurs clients. Lenjeu pour les entreprises sera alors de pouvoir exploiter de grandes masses de donnes non structures (images, textes, audio, clickstreams) en temps rel, afin de mieux connatre les intentions de leurs clients ou celles dautres entreprises (B2B2C) pour leur proposer de nouveaux ser-vices et produits dont ils ont envie, au bon moment. Ceci implique de nouvelles comptences techniques (hardware, logicielle Open source) car la faon de faire de linformatique est nouvelle, massivement parallle et centre sur les donnes. Un changement de culture de travail, agile et collaborative, est galement ncessaire pour favoriser la dmarche exprimentale qui caractrise le Big Data, car la program-mation des systmes est diffrente, en boucle ferme et de faon adaptative, en in-cluant ses clients ou utilisateurs dans cette boucle. Ainsi, au sein des entreprises, des efforts considrables doivent tre faits pour offrir aux employs des opportunits de formation continue leur permettant de sadapter aux mutations technologiques et dtendre leur champ de comptence. Une gestion des ressources humaines proactive peut alors leur proposer des volutions de carrire. Une organisation de la formation tout au long de la vie au sein des entreprises et des bassins demploi permettrait daider les cosystmes sadapter aux mutations technologiques et lvolution des qualifications ncessaires
La slection des technologies cls prsente ici est un point de dpart. Nous for-mons le vu que cette tude soit largement diffuse parmi lensemble des parties prenantes et quelle donnera lieu des changes nourris tous les niveaux : cela permettra de faire merger un consensus sur un ensemble dactions stratgiques engager de faon concerte par tous. Ainsi la matrise des technologies cls permet-tra nos entreprises de relever les dfis dune concurrence internationale accrue.
Alain BUGAT
Prsident de lAcadmie des technologies
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MTHODOLOGIE
LA GOUVERNANCE
Cette tude, pilote par la DGE (Direction gnrale des entreprises) a t mene par Erdyn (mandataire du groupement) et Alcimed. Lexpertise technique sur la ralisation des cartographies et de la reprsentation sys-tmique a t apporte par lAtelier Iceberg (sous-traitant).
Le Comit de pilotage : instance de suivi de lavancement de ltude, il sest runi au moins une fois par mois tout au long de la mission. Prsid par la DGE, il runissait galement Bpifrance, le ministre en charge de la recherche, celui en charge de lcologie, la DGA (Direction gnrale de larmement) et lANR (Agence nationale de la recherche).
Le Comit stratgique : prsid par M. Varin (Prsident dAreva), il sest runi quatre fois au cours de ltude. Cest linstance souveraine dans la slection des technologies cls retenues et le garant de la mthodologie suivie tout comme de la qualit des rsultats.
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LES GRANDS PRINCIPES
Technologies Cls 2020 a fait lobjet dun cahier des charges en volution par rapport aux exercices prcdents. Pour tenir compte de ces change-ments, les principes suivants ont t mis en uvre :
Principes Consquences mthodologiques
Avoir une approche market pull plutt que technology push
Structurer la mthodologie et les livrables autour des besoins (dans une acception inspire des travaux de Maslow1 ) et non plus de familles technologiques.
Inscrire les Technologies Cls 2020 dans les scenarii europens et mondiaux pour favoriser le dvelop-pement linternational des entreprises franaises
Mobiliser au dbut de ltude les nom-breux exercices de prospective de niveau international existants : FAO, OCDE, OMS, JRC, Forum International des Transports, AIE en plus des travaux franais (tudes PIPAME, feuilles de route de lADEME )
Tenir compte des strat-gies dinnovation rcem-ment rdiges par les acteurs territoriaux
Mobiliser les feuilles de route stratgiques des ples de comptitivit, les S3 (smart specialisation strategy) des Rgions et les acteurs ayant pilot llaboration de ces documents pour renforcer la cohrence entre les politiques nationales et territorialises
Avoir une vision syst-mique des technologies cls pour renforcer leur intgration dans les politiques industrielles
Qualifier et quantifier les relations entre technologies cls et laborer des reprsen-tations graphiques permettant de com-prendre les consquences de labandon dune technologie cl sur les autres pour renforcer la cohrence de dclinai-sons sectorielles et territoriales
En accord avec le premier principe nonc dans le tableau ci-dessus, nous avons donc organis la ralisation des travaux et la restitution des rsultats sur la base dune pyramide des besoins dfinissant neuf domaines :
1. La pyramide des besoins schmatise une thorie labore partir des observations ralises dans les annes 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation. Larticle o Maslow expose sa thorie de la moti-vation, A Theory of Human Motivation, est paru en 1943. Il ne reprsente pas cette hirarchie sous la forme dune pyramide, mais cette reprsentation sest impose. Maslow parle, quant lui, de hirarchie, et il en a une vision dynamique. La pyramide est constitue de cinq niveaux principaux : Survie ; Scurit ; Appartenance ; Reconnaissance/Estime ; Ralisation de soi. Nous recherchons dabord, selon Maslow, satisfaire chaque besoin dun niveau donn avant de penser aux besoins situs au niveau immdiatement suprieur de la pyramide. Ces travaux ont t utilement, de notre point de vue, complts par ceux de McClelland, psychologue qui a tudi dans les annes 60 le lien entre le dveloppement conomique dun pays et sa culture entrepreneuriale (dveloppement de projets dans un objectif de cration dentreprise). McClelland catgorise les besoins davan-tage en lien avec le milieu professionnel que le modle de Maslow.
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Loisirs & culture
NERGIE,Mobilit,
Numrique
Environnement, HABITAT, Sant et bien tre, Scurit
Alimentation
Le domaine Numrique couvre un ensemble de besoins qui peuvent tre lis aux besoins de communications distance, aux rseaux sociaux, la numrisation des contenus Si lorigine les technologies du num-rique pouvaient plutt apparatre comme tant des solutions certains besoins, elles sont aujourdhui, dans nombre de socits dveloppes, perues comme tant des besoins en tant que tels, consubstantiels de la socit digitale.
MISE EN UVRE
Le processus de slection des technologies cls
N.B. : si la logique globale de chaque tape est darriver un nombre plus restreint de technologies retenues, il a pu tre introduit diffrents moments de nouvelles suggestions par les personnes consultes (Acadmie des technologies, Comit stratgique et groupes dexperts).
439 technologies issues des feuilles de route stratgiques
des ples de comptitivit et des experts de la DGE
135 technologies issues dune enqute en ligne auprs des acteurs des cosystmes
dinnovation
Constitution dune liste unifie de 361 technologies soumise
lavis de lAcadmie des technologies
et la validation du Comit stratgique
104 technologies
Constitution de 9 groupes dexperts
51 technologies
Comit stratgique
47 technologies cls
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20 n Technologies cls 2020
Lenqute en ligne initiale : en complment de la liste des 439 technologies issues du recueil fait par la DGE travers les feuilles de route stratgiques des ples de comptitivit et la mobilisation de ses experts, Erdyn et Alcimed ont dploy une enqute en ligne auprs des acteurs des cosystmes dinnova-tion. 454 personnes ont ainsi t sollicites :
Enqute cosystmes dinnovation : 454 personnes sollicites
Conseils Rgionaux
Bpifrance
Instituts Carnot
Centres de ressources technologiques
Comits stratgiques de lire
Centres techiques industriels
Consortia de valorisation thmatique
Entreprises
Fdrations professionnelle
Fonds dinvestissement
Incubateurs
Instituts de recherche technologique
Instituts techniques agricoles
Instituts pour la transition nergtique
KIC
Chercheurs acadmiques
Ples de comptitivit
6 %
5 %
7 %
13 %
7 %
4 %
2 %3 %1 %
17 %
6 %
3 %
4 %
2 %1 %
2 %
17 %
Les ples de comptitivit se sont tout particulirement mobiliss puisque 45,7 % des rponses manaient deux. On trouve ensuite les Instituts Carnot (10,7 % des rponses) et les CSF (Comits stratgiques de filire ; 7,9 % des rponses).
LAcadmie des technologies : reprsente au Comit stratgique, elle a jou un rle important dans le processus de slection des technologies cls. Son implication a t acte lors du premier Comit stratgique. Les dlibra-tions ont t menes en commission sur la base de lexpertise des membres.
Les groupes dexperts : nous avons organis un groupe pour chacun des neuf domaines. 256 personnes ont t sollicites, 131 ont rpondu len-qute en ligne qui a permis de prparer les ateliers et 103 ont pu venir ces ateliers. Nous avons tenu assurer une diversit de participants : organismes de recherche, ples de comptitivit, IRT, ITE, et bien videmment des entre-prises de toutes tailles. Pour chacun des neuf domaines, une runion a t
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Technologies cls 2020 n 21
organise. Les participants ont t invits dfinir les technologies cls retenir sur la base des critres suivants :
n Ladquation par rapport lhorizon temporel de ltude,
n Les perspectives de march au niveau mondial (taille et / ou taux de croissance),
n Les atouts des acteurs franais (notamment les entreprises).
Les travaux avaient t prpars par une enqute en ligne permettant de recueillir les avis au regard de ces critres et, si besoin, de rflchir aux manques dans les listes proposes. Cette enqute a galement t le moyen de recueillir lopinion des personnes ne pouvant tre prsentes lors des runions.
Enfin, une comparaison avec dautres exercices de prospective et avec la NFI (Nouvelle France Industrielle) a t faite :
Auteur Titre
Commission Europenne Key Enabling Technologies (KET)
Ericsson Les 10 tendances technologiques qui vont exploser en 2015
Industries et Technologies 15 leviers dinnovation pour 2015
MIT 10 breakthrough technologies 2015
Parlement Europen Ten technologies which could change our lives
Thomson Reuters The World in 2025 10 predictions of innovation
World Economic Forum Top 10 emerging technologies of 2015
Ces lments ont t utiliss la fin du processus de slection.
La construction des fiches et des monographiesCes documents ont t construits sur la base :
n De recherches bibliographiques menes au niveau franais et interna-tional,
n Des informations recueillies tout au long du processus de construction de la liste des technologies cls 2020 (enqutes en ligne et groupes de travail),
n De lexpertise sectorielle des consultants dErdyn et Alcimed,
n Des avis et conseils formuls par les membres du Comit de pilotage et les experts sectoriels de la DGE et autres agences et administrations repr-sentes au Comit de pilotage.
Les entreprises recenses au niveau des fiches lont t sur la base de leur rle dans la chane de valeur (forte influence) ou dexpertises spcifiques dveloppes et en phase avec les perspectives traces dans ce rapport. La reconnaissance de leur niveau dexpertise travers dautres tudes ou des distinctions particulires (Concours mondial dinnovation ) a
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22 n Technologies cls 2020
galement t un facteur didentification et de slection. Ce travail a t men au cours du second trimestre 2015 grce lexpertise des consul-tants impliqus dans cette mission, de recherches documentaires compl-mentaires, et des suggestions apportes par les membres du Comit de pilotage Technologies Cls 2020.
Le dveloppement dune analyse systmique la diffrence des prcdentes ditions, une technologie cl 2020 peut tre rattache plusieurs domaines (on parle alors de technologie trans-versale, comme par exemple lintelligence artificielle ou les capteurs). Par ailleurs, par rapport lexercice prcdent, la prise en compte des liens entre technologies cls a t affine en indiquant le sens de la relation et son intensit.
Les liens entre les technologies cls ont t caractriss lors des diffrentes enqutes et valids par les consultants dErdyn et Alcimed. Ces donnes ont permis de construire un plan dinfluence / dpendance inspir des travaux de Michel Godet. Sur la base de ce document de travail, Atelier Iceberg a mis en uvre son expertise dans la mise en forme des donnes de ce type.
Ces reprsentations ont pu tre utilises lors des processus de slection afin dclairer les choix sur les consquences de llimination dune tech-nologie cl sur le systme dans son ensemble ou par rapport lun des neuf domaines en particulier. Ce mode de reprsentation est aussi utilis pour reprsenter et mettre disposition les rsultats de ltude Techno-logies Cls 2020. Afin dadapter au mieux le format de restitution des rsultats, un groupe de travail a t organis avec des PME utilisatrices avres ou potentielles de Technologies Cls pour bnficier de leurs re-tours dexpriences sur la prcdente dition et de leur avis sur diffrentes propositions pour le prsent exercice.
La construction dun annuaireChaque fiche technologie cl recense des acteurs cls appartenant dif-frentes catgories (entreprises, acteurs acadmiques, IRT, ITE, IHU, ples de comptitivit, Instituts Carnot ) qui, bien que ne constituant pas une liste exhaustive, sont reprsentatifs de la position de la France. Tous ces acteurs sont repris dans un annuaire. Celui-ci intgre galement dautres acteurs utiles au dveloppement des technologies cls (par exemple, tous les ples de comptitivit et SATT sont prsents dans lannuaire) et venant complter ceux cits dans les fiches.
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Technologies cls 2020 n 23
DOMAINES DAPPLICATION
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24 n Technologies cls 2020 X
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Technologies cls 2020 n 25
ALIMENTATION
Dfinition
Le secteur de lalimentation est un secteur dactivit correspondant lensemble des entreprises des sec-teurs primaires et secondaires qui participent la pro-duction de produits alimentaires finis. Il regroupe deux ensembles :
n Lagriculture (comprenant levage et cultures), qui fournit les intrants lindustrie agroalimentaire ;
n Lindustrie agroalimentaire, qui transforme des pro-duits animaux et vgtaux en denres alimentaires.
Le secteur agroalimentaire regroupe les activits de conception, de production et de commercialisation de produits alimentaires issus de lagriculture ou du secteur alimentaire lui-mme (produits alimentaires intermdiaires). Les cultures dagro-ressources des fins non alimentaires (pharmaceutiques, chimiques, textiles, nergtiques) bien que lies des filires agro-industrielles spcifiques, sont comprises dans le champ de cette tude.
Technologies cls du domaine
N Intitul Spcifique / transversale
1 Matriaux avancs et actifs Transversale
2 Capteurs Transversale
3Valorisation et intelligence des donnes massives
Transversale
4Modlisation, simulation et ingnierie gnomique
Transversale
5 Internet des objets Transversale
6 Infrastructures de 5me gnration Transversale
8 Procds relatifs la chimie verte Transversale
9 Fabrication additive Transversale
17 Microfluidique Transversale
18 Mtaomique Transversale
26 Ingnierie gnomique Transversale
27Solutions innovantes de protection et de stimulation des vgtaux
Spcifique
28Souches de probiotiques pour la bioprservation et la nutrition
Spcifique
X
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26 n Technologies cls 2020
Alimentation
Les grands enjeux et les stratgies franaises
ENVIRONNEMENT
Le secteur de lalimentation fait face de nombreux volutions et dfis impactant la fois lamont de la chane au niveau de lagriculture, et laval au niveau des acteurs agroalimentaires, tels que :
n Laugmentation de la population mondiale ;
n Lexploitation de ressources finies et une hirarchie des usages associe ;
n Le dveloppement durable et la rduction du gaspil-lage alimentaire ;
n La volatilit du cours des matires premires agricoles ;
n Le changement des habitudes alimentaires ;
n La scurit alimentaire ;
n Lhyper-segmentation des marchs cibles par oppo-sition aux marchs de masse.
La population mondiale actuelle de 7,2 milliards de-vrait augmenter de prs dun milliard de personnes au cours des 10 prochaines annes, pour atteindre 8,1 milliards en 2025 et 9,6 milliards en 20501. Cette volution, rcurrente depuis le dbut du 20e sicle, cre une forte demande pour les produits agricoles et alimentaires. Combine une sous-alimentation chronique dans certaines rgions du globe, la pro-duction de ressources locales dans des rgions aux climats difficiles (scheresse, priodes de mousson) par des populations largement sous-quipes consti-tue un vritable dfi pour le secteur de lalimentation dans son ensemble. Dautre part, une concurrence pour les ressources agricoles sinstalle entre les pro-duits alimentaires, lindustrie, lhabitat, et finalement les produits avec des applications plus forte valeur ajoute, tels que les biocarburants. Mme si la lgis-lation europenne affiche une volont de promouvoir en priorit la valorisation des coproduits des cultures
1 Perspectives de la population mondiale : rvision de 2012 , Nations-Unis, 2012
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Technologies cls 2020 n 27
ou de ressources nentrant pas en concurrence avec
les ressources alimentaires, cette tendance renforce les
questions sur la disponibilit des ressources agricoles.
Concernant le second point, les besoins lis laug-
mentation dmographique se conjuguent avec une
volution importante des comportements alimentaires,
aussi bien dans les pays dvelopps que dans les pays
mergents. En effet, les populations des BRICS tendent
adopter un comportement alimentaire de plus en plus
proche de celui des Europens ou Amricains et donc
augmenter la consommation de viandes et de crales.
Cela pse fortement sur la demande pour plusieurs
ressources agricoles, llevage bovin tant fortement
consommateur de crales et deau.
Comme dans une majorit de pays, le march de
lalimentaire franais est en mutation permanente. Il
suit les grands mouvements de socit : lurbanisa-
tion, les mutations de populations (mtissage, vieillis-
sement), le dveloppement durable, les nouvelles
attentes des consommateurs (praticit, bnfices san-
t). Les entreprises franaises sont le plus possible
lcoute des tendances de consommation, pour une
plus grande satisfaction de leurs clients. En effet, la
consommation volue avec des demandes pour une
nutrition plus quilibre et des produits respectueux
de lenvironnement, comme latteste la forte crois-
sance des produits issus de lagriculture biologique, le
dveloppement des produits de sant et les initiatives
publiques dans le domaine. A cet gard, le Programme
National Nutrition Sant 2011-2015 vise 4 objectifs :
rduire lobsit et le surpoids dans la population, aug-
menter lactivit physique et diminuer la sdentarit
tous les ges, amliorer les pratiques alimentaires et
les apports nutritionnels, notamment chez les popu-
lations risque, ainsi que rduire la prvalence des
pathologies nutritionnelles.
Enfin, le cours des matires premires agricoles est un
facteur important considrer pour la comprhension
du march de la nutrition. En effet, sur les 8 dernires
annes, le prix du bl a volu une moyenne de
200 la tonne avec une variation entre 100 dbut
2010 et prs de 300 la tonne en 2007 et 2012. Le
prix des olagineux, autres produits majeurs des mar-
chs agricoles, a galement fait lobjet de fortes varia-
tions sur des priodes trs courtes. Ainsi, le cours tait
denviron 400 la tonne en avril 2014 contre 600
dbut 2008 et 200 en 2009. Quant au prix du sucre,
il a volu entre 200 et 600 la tonne entre 2007 et
2014 et devient plus sensible aux alas du march en
raison de la sortie des quotas europens en 2017.
Figure 1 : volution du cours du bl (A), des graines olagineuses (B) et du sucre (C) entre 2006 et 20142
2 Agreste Conjoncture, Octobre 2014
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Alimentation
La volatilit du prix de ces matires premires est lie un ensemble de facteurs non matrisables tels que des alas climatiques ou le contexte gopolitique. De plus, lors de la flambe du prix de certaines matires premires, certains gouvernements sont susceptibles de prendre des mesures unilatrales pour approvisionner leurs marchs intrieurs. Ces pratiques accentuent la vo-latilit des prix sur les marchs internationaux et la faible visibilit pour les utilisateurs, comme fin 2011 lorsque la Russie, lun des principaux producteur mondial de bl, a suspendu ses exportations en raison de la scheresse et de tempratures leves dans le pays.
Afin de rpondre ces dfis et volutions, la stratgie franaise dfinie par le Ministre de lAgriculture, de lAgroalimentaire et de la Fort3 repose sur un renou-veau du modle agricole franais, replaant lagro-nomie au cur du systme afin de mieux prendre en compte les territoires, les ressources et les cosystmes naturels, et passant par un appel la responsabilit in-dividuelle des acteurs privs. Au sein de chaque filire agricole, une meilleure gouvernance et une coopra-tion renforce entre les acteurs conomiques doivent tre mis en place pour soutenir les objectifs strat-giques de la France4. Le Programme National Nutrition Sant5 et le Programme National pour lAlimentation6
3 Rapport Objectif Terres 2020 , Ministre de lAgriculture et de la Pche, 2009
4 Stratgies de filires, Pour une agriculture comptitive au services des hommes, Ministre de lagriculture, de lagroalimentaire et de la Fort, France Agrimer, 2014
5 Programme Nationale Nutrition Sant 2011-2015
6 Programme national pour lalimentation (PNA) : http://alimentation.gouv. fr/pna
engagent galement les acteurs de lagroalimentaire
mieux rpondre aux enjeux nutritionnels et de scurit
alimentaire actuels.
RGLEMENTATION
Le secteur de lalimentation par rapport aux autres
secteurs industriels est rgi par une importante rgle-
mentation : textes lgislatifs, normes et labels. Ceux-ci
font dsormais partie intgrante des changes tout au
long de la chane dapprovisionnement des produits
agricoles transforms, sans se limiter aux produits
bruts. Les enjeux de scurit alimentaire, dchanges
commerciaux, de gestion des prix et de prservation
des ressources y sont particulirement cls. Lensemble
de ces textes vise la fois rassurer le consommateur
en amliorant la transparence de linformation au long
de la chane alimentaire et tendre vers une meilleure
qualit des produits.
Le cadre lgislatif et rglementaire ne cesse de sadap-
ter lvolution des technologies et des connais-
sances scientifiques sur les risques alimentaires et, de
faon directe, aux demandes manant des consom-
mateurs. Au niveau europen, la Politique Agricole
Commune (PAC) a notamment intgr des objectifs
de scurit sanitaire afin de rpondre ces enjeux,
et sa dernire rforme en 2013 vise renforcer les
objectifs de scurit et assurer une production
alimentaire viable tout en prservant les ressources
naturelles et les territoires.
Les rglementations se sont peu peu multiplies et
tendues des domaines plus divers du fait de la com-
plexit grandissante des activits en jeu. Paralllement,
dans beaucoup de pays dvelopps, des changements
structurels et institutionnels se font jour dans lagroali-
mentaire, tandis que certaines tendances de la demande
des consommateurs renforcent le rle des normes et
labels dans la chane alimentaire. Par exemple, la ques-
tion des Organismes Gntiquement Modifis (OGM)
a rcemment fait lobjet dune proposition de rforme
la Commission Europenne, assouplissant les condi-
tions dautorisation dimportation de produits OGM sur
le territoire europen, mais permettant chaque tat
membre den refuser limportation sur son territoire,
en cas de motifs lgitimes . Les dbats autour de
cette rforme mettent en relief les enjeux cruciaux de
scurit alimentaire et dapprovisionnement en produits
agricoles sur le territoire des tats membres, la France
F
otol
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Technologies cls 2020 n 29
adoptant par exemple une position conservatrice vis--
vis de limportation dOGM sur son territoire.
Les filires dapprovisionnement transcendent de plus
en plus les frontires nationales, notamment grce
de nouveaux produits transforms et un cadre dac-
tion plus favorable aux changes internationaux. Des
normes minimales de qualit protgent les consom-
mateurs, mais elles empchent souvent les acteurs de
la distribution, de la restauration et de la transforma-
tion, dans le systme alimentaire actuel, de diffren-
cier qualitativement leurs produits pour prserver ou
augmenter leurs parts de march alors quils doivent
soutenir la concurrence sur les marchs nationaux et
rgionaux. Des labels ou des normes nationales ou
europennes sont donc apparues pour combler ces
lacunes et mettre en avant certains produits limage
des AOC, AOP, IGP et produits Label Rouge.
Dans certains domaines, telles que celui des produits
sant , lEurope a rcemment lgifr afin de four-
nir un cadre harmonis aux industriels et une meilleure
grille de lecture aux consommateurs. Le rglement
n1924/2006, encadrant les allgations sant, a donc
cr 3 catgories diffrentes dallgations sant rgies
par un article spcifique. Larticle 13.1, relatif aux all-
gations fonctionnelles gnriques, encadre lensemble
des allgations dordre gnral, dj prouves scientifi-
quement et qui peuvent tre utilises par lensemble des
acteurs du secteur. Larticle 13.5 permet la cration de
nouvelles allgations fonctionnelles par un industriel sur
la base dun dossier scientifique solide. Les allgations
autorises sous cet article sont protges par lEFSA dun
point de vue de la proprit intellectuelle et confrent
une exclusivit au demandeur. Enfin, les allgations
relatives la rduction dun risque de maladie et au
dveloppement infantile (article 14) se rapprochent des
produits pharmaceutiques car elles doivent prouver sans
ambigut une action sur une maladie, en prvention ou
en curatif. Lobtention dune allgation sous larticle 14
confre galement une exclusivit et une protection de
la proprit intellectuelle pour le demandeur.
MARCH ET PRODUCTION
AgricultureLa production agricole europenne a atteint 410 Mds
en 2013 dont 68 % sur 6 pays. La France est le leader
europen avec une production annuelle de 75 Mds,
devant lAllemagne (53 Mds) et lItalie (50 Mds).
Figure 2 : Rpartition de la production agricole europenne en 2013 (en milliards deuros)7
En termes de commerce international mondial, lUnion Europenne est le premier exportateur de produits agricoles avec une valeur de 120 Mds en 2013, suivie des tats-Unis (115 Mds) et du Brsil (65Mds)8.
La production nationale est principalement lie la production vgtale (52 % soit 42 Mds), suivie par la production animale (35 % soit 26,5 Mds). Le reste de la production agricole franaise est lie aux services et aux subventions aux produits. Parmi les productions vgtales, la France se distingue par la force de son ac-tivit cralire et sa production vinicole. Au niveau de la production animale, le lait, les bovins et la produc-tion avicole sont les principales ressources franaises.
7 Agreste - Eurostat
8 Commission Europenne, 2014 : Agricultural Trade in 2013 : EU gains in com-modity exports
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Alimentation
Figure 3 : Rpartition de la production vgtale et animale franaise en 2013, par typologie9
Au niveau europen, la France est particulirement bien positionne dans llevage bovin, le pays dispo-sant du premier cheptel avec 9,1 millions de ttes loin devant lAllemagne et le Royaume-Uni. Concernant les autres animaux dlevage, la France se positionne au troisime rang europen pour les porcs et les caprins, et au cinquime rang pour les ovins.
Figure 4 : Taille des principaux cheptels europens, par pays10
Au niveau cralier, le pays est galement le leader sur les 3 principales crales cultives en Europe que sont le bl, le mas et lorge avec respectivement 27 %, 23 % et 17 % de la production europenne. Contrai-rement la France, lAllemagne, le Royaume-Uni, la Pologne, la Roumanie, lItalie ou lEspagne sont quant elles plus spcialises sur une ou deux typologies de productions cralires.
9 Agreste - Eurostat
10 Agreste, mmo 2014 - Eurostat
Figure 5 : Rpartition de la production des trois principales crales cultives en Europe, par pays11
Les olagineux, dont la France est le premier produc-teur europen avec 7, 181 Mt, sont principalement ddis au march franais ; environ de la produc-tion est exporte vers lAllemagne, la Belgique et lEs-pagne. La production est majoritairement destine la transformation, et les principaux secteurs utilisateurs sont lhuilerie, les biocarburants, lalimentation ani-male, et lolochimie12.
AgroalimentaireLensemble des marchs franais de lalimentaire (en-treprises de lindustrie, dartisanat commercial et du commerce de gros agroalimentaires) reprsente un chiffre daffaires de 349 Mds en 2013, soit 16 % du march europen. La France se situe en seconde position au niveau europen derrire lAllemagne (371 Mds soit 17 % du march) et devant lItalie (250 Mds soit 11 %)13.
Figure 6 : March europen de lalimentaire, par pays
11 Agreste, mmo 2014 - Eurostat
12 Ministre de lagriculture, de lagroalimentaire et de la Fort, France Agrimer, 2014
13 Agreste, mmo 2014 - Eurostat
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En 2013, lindustrie agroalimentaire franaise, qui a ralis un chiffre daffaires de 160,5 Mds, transformait 70 % de la production agricole franaise14. Malgr la crise de 2008 qui a pes sur la consommation des mnages, lagroalimentaire est en croissance continue voyant son chiffre daffaires passer de 138 Mds en 2004 157 Mds en 2011 puis 160,5 Mds en 2013. Cette croissance du march est notamment lie au dveloppement de nombreuses niches alimentaires destines des populations particulires. Parmi elles, les produits sans gluten, le halal, les produits biolo-giques ou encore les aliments sant reprsentent des tendances fortes. titre dexemple, les produits biologiques psent 4,1 Mds en France reprsentant 2 % du march franais en 2013, contre 1 % en 2006.
Leader mondial des exportations de produits agroali-mentaires jusquen 2007, la France est maintenant le 5e exportateur mondial derrire les tats-Unis, les Pays-Bas, lAllemagne et le Brsil15. Ainsi, 27 % du chiffre daffaires franais du secteur est ralis lexport, ce qui a gnr un excdent commercial de 8,5 Mds, plaant cette industrie en troisime position des contributeurs positifs la balance commerciale fran-aise derrire laronautique et la chimie. Cependant, la demande intrieure est peu dynamique en France compare dautre pays, mme si le budget alimen-taire reprsente une part significative du budget des mnages avec 10 % contre 16 % pour le logement et 11 % pour les transports.
Ainsi, si la France compte sur dimportants atouts pour prserver sa position dexportateur agricole et agro-alimentaire, lentre en jeu possible de nouveaux pays mergents comme exportateurs mondiaux pourrait menacer le dynamisme du secteur de lalimentation, le march intrieur tant dautre part peu porteur.
Les grandes tendances
Sur un march trs concurrentiel et en constant renou-vellement, les acteurs de lalimentation font preuve dune forte capacit dinnovation, aussi bien sur le plan technologique et marketing, avec notamment lessor des objets connects dans tout le secteur, que dusage.
14 ANIA
15 OMC, 2012 : Statistiques du commerce international
TECHNOLOGIQUES
Numrique et objets connects Le march de lagriculture numrique pour les pro-fessionnels prsente une croissance soutenue et des applications varies : gestion et optimisation de la pro-duction, minimisation des risques, optimisation de la gestion phytosanitaire des parcelles grce aux drones, aux puces connectes, aux capteurs, etc. Paralllement, le dveloppement de loffre dobjets connects desti-ns aux consommateurs est une tendance importante. Cette offre permet de rpondre des enjeux cls pour les consommateurs : traabilit des aliments, croise-ment entre nutrition et sant, gestion des stocks, etc., mais galement de renouveler les usages : marketing golocalis, nouveaux modes de distribution, gestion de stocks, personnalisation des aliments De grands acteurs internationaux comme McDonalds, Mondelz, mais galement en France Danone (avec la Smart Drop dEvian), Auchan (avec une application permet-tant de crer une liste de courses collaborative et un parcours dachat optimis en magasin), SEB (avec par exemple le cuiseur connect Nutricook Connect ) ou Pernod Ricard (avec la bibliothque de spiritueux connecte ), se positionnent sur ce march.
Produits sant Nouvelles recettes
Lintrt croissant des consommateurs pour la nutri-tion et le bien-tre, et les avances scientifiques et cliniques reliant la nutrition et la prvention des mala-dies, poussent les industriels laborer de nouveaux produits ou recettes forte valeur ajoute nutrition-nelle, organoleptique et pour des populations cibles. Ainsi, la majorit des projets soutenus (34 %) par les ples de comptitivit et BPI France dans le domaine agroalimentaire sinscrivent dans lun de ces trois seg-ments de march16.
Alicaments
Certains projets vont au-del dune nouvelle proposi-tion de produit et visent, soit dvelopper des ingr-dients via de nouveaux procds sinscrivant dans le cadre rglementaire novel food , soit dvelop-per des aliments et ingrdients (produits alimentaires
16 Agriculture Agroalimentaire, Linnovation dans les entreprises, BPI France/Ple IAR
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Alimentation
intermdiaires) fonctionnels, ou complments alimen-taires, pouvant justifier dune allgation de sant grce la dmonstration clinique des effets souhaits.
Le rglement n1924/2006 encadrant les allgations sant limite fortement lusage des allgations sur les diffrents produits alimentaires et offre au consom-mateur une garantie quant aux spcificits du produit concern. Les allgations gnriques telles que la vitamine C contribue rduire la fatigue , non exclu-sives et utilisables par tous les industriels, noffrent pas de caractres diffrenciant et ne donnent pas lieu des avances technologiques. En revanche, les allgations spcifiques (article 13.5) et les allgations relatives la rduction dun risque de maladie et au dvelop-pement infantile (article 14) offrent une possibilit de
diffrenciation par linnovation et la proprit intellec-tuelle. En effet, ces dernires doivent tre nouvelles et scientifiquement dmontres. LAgence Europenne de Scurit des Aliments (EFSA) a ainsi le pouvoir dac-corder une exclusivit aux industriels sur toute nouvelle allgation relevant de ces 2 articles, ce qui stimule lin-novation la fois sur le dveloppement de nouveaux ingrdients et de nouveaux produits finis.
Toutefois, fin 2014, seules 31 demandes ont t ac-ceptes, soit un taux de russite de 15 %. Cela d-montre la difficult obtenir ces nouvelles allgations spcifiques et relatives la rduction dun risque de maladie et au dveloppement infantile mais aussi lin-trt quelles offrent en matire de srieux, de qualit et de protection.
Figure 7 : tat des demandes dallgation spcifiques et relatives la rduction dun risque de maladie
et au dveloppement infantile entre 2008 et 2012, en Europe
Lensemble des grands acteurs franais de lagro-in-
dustrie investissent ce march depuis une trentaine
dannes. Ainsi, ds 1987, Danone a lanc son pre-
mier produit avec Bio au Bifidus actif, suivi en 1994 par
Actimel, produit majeur de sa gamme, et plus rcem-
ment Danacol. Sofiproteol, rcemment rebaptis Avril,
a dvelopp plusieurs gammes axes sur lutilisation
des omgas 3 et 6 dans les huiles de la marque Lesieur.
Lactalis est galement prsent avec sa gamme BA.
OGM
Les organismes gntiquement modifis visent obte-
nir des plantes meilleur rendement, plus rsistantes
17 EFSA Analyse Alcimed
aux conditions environnementales difficiles et/ou rsis-
tantes des pathognes/maladies.
En termes dingnierie gnomique, la transgnse
reste la technologie la plus utilise pour la produc-
tion de plantes gntiquement modifies. Toutefois,
face aux barrires rglementaires rencontres dans de
nombreux pays europens, les industriels utilisent de
nouvelles technologies qui permettent dchapper
ces rglementations. Ainsi, la mutagnse dirige per-
met de modifier lexpression de gnes endognes, par
traitement chimique ou irradiation. Lusage de mga-
nuclases se rpand auprs des semenciers pour am-
liorer leurs produits. Cette technique en plein essor
depuis quelques annes fait lobjet dtudes auprs
de lEFSA. Le caractre OGM ou non des plantes ainsi
transformes na pour le moment toujours pas t
arrt par lEFSA.
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Nouveaux procdsOptimisation des procds de premire transformation
La recherche de nouveaux actifs ou de la prservation
de leur qualit se fait notamment via le dveloppe-
ment de nouvelles technologies dextraction et de
purification faisant appel, par exemple, la micro en-
capsulation ou des procds enzymatiques. La bio-
production constitue un enjeu cl pour les industries
agroalimentaires, pour la production de nouveaux in-
grdients, par exemple. Des solutions pour loptimisa-
tion des procds de 1re transformation des produits
agroalimentaires (technologies laitires et fromagres,
technologies de fermentation et de salaison, nouvelles
souches probiotiques, par exemple), technologies is-
sues de biotechnologies, sont galement attendues.
Procds de production
Loptimisation des procds de dcoupe est galement
un dfi pour lindustrie alimentaire, ces tapes de pro-
duction tant consommatrices de temps et dnergie.
Cela passe notamment par des outils de reconnais-
sance 3D pour les produits les plus complexes (d-
coupe danimaux par exemple). Enfin, lamlioration
des procds de chauffage et de strilisation est une
piste actuelle pour rduire la consommation nerg-
tique, amliorer lefficacit des procds et permettre
la prservation de micro-organismes dintrt.
Limpression 3D est une technologie tudie par de
nombreux acteurs de lagroalimentaire. Elle pourrait
permettre damliorer lefficacit des productions ac-
tuelles, permettre de fabriquer de nouveaux produits
ou rpondre de nouvelles demandes telles que la
fabrication domicile.
Analyse microbiologique et traabilit (hygine et scurit des aliments)La connaissance et la matrise des cosystmes micro-
biens reprsentent un enjeu important pour lindustrie
agroalimentaire, dune part pour lamlioration de la
qualit nutritionnelle des denres (on connait ainsi peu
ou pas laction probiotique des aliments fonctionnels),
dautre part pour la scurit sanitaire et le rallonge-
ment de la dure de vie de ces denres.
Les crises sanitaires auxquelles les industriels ont d
faire face ces dernires annes les obligent aujourdhui
dtecter au plus tt les contaminants quels quils
soient. On assiste donc un changement de fond dans
le domaine du contrle et de lanalyse alimentaire : le
dveloppement des techniques de mesure et de mo-
dlisation devront permettre la dtection non cible
mais exhaustive des composs alimentaires afin danti-
ciper les risques. Ainsi, comme pour la sant humaine,
le dveloppement de la biologie molculaire ainsi que
le dveloppement de nouvelles techniques de dtec-
tion (spectromtrie de masse, mtaomique, nouveaux
capteurs spcifiques, microfluidique, etc.) seront cls
pour rpondre ce dfi sanitaire en nutrition. Enfin,
les technologies augmentant la traabilit, telles que
les puces RFID, les emballages instruments par dtec-
tion de traceurs, de microorganismes ou les intgra-
teurs temps/temprature, rpondent galement un
enjeu de rduction du gaspillage alimentaire, auquel
les consommateurs sont de plus en plus sensibles.
Agriculture de prcisionLoptimisation des cultures est un souci rcurrent de
lindustrie alimentaire et lagriculture de prcision
une tendance forte. Il sagit dun principe de ges-
tion des parcelles agricoles qui vise loptimisation des
rendements et des investissements, en cherchant
mieux tenir compte des variabilits des milieux et des
conditions entre diffrentes parcelles ou lchelle
intra-parcellaire. Ce type de culture requiert luti-
lisation de nouvelles technologies, telles que lima-
gerie satellitaire et linformatique. Il sappuie sur
des moyens de localisation dans la parcelle comme
le positionnement par satellite de type GPS ou luti-
lisation de drones, qui permettent une plus grande
efficacit dans les semis, le suivi des cultures et de la
rcolte. Lagriculture de prcision permet galement,
grce au suivi prcis des cultures, de limiter le recours
aux traitements phytosanitaires et doptimiser lirri-
gation. Lusage de biostimulants constitue enfin une
tendance importante.
Lagriculture de prcision et le dveloppement de
solutions innovantes de protection et de stimulation
des vgtaux trouvent leur prolongement dans dif-
frentes pratiques et technologies en mergence.
Au Japon, Toshiba, Fujitsu et Panasonic ont lanc
de vritables usines lgumes visant la production
dune varit de produits dans des locaux clos et sous
conditions contrles. Pour dcrire son usine, Toshiba
emploie les termes suivants : clairages fluorescents
spciaux optimiss pour la croissance des vgtaux,
un air conditionn qui maintient toujours la mme
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Alimentation
temprature et un degr dhumidit constant, un dis-
positif de surveillance de ltat physique des plantes
et des quipements de strilisation pour lemballage
des produits 18.
Au niveau individuel, le jardinage de prcision est ga-
lement une pratique mergente. Aprs de longues
recherches scientifiques, Parrot, socit franaise, a
rendu lhorticulture de prcision accessible au grand
public avec Flower Power, un systme darrosage
contrl via une application mobile.
INDUSTRIELLES
Les acteurs traditionnels de lalimentation sont de plus
en plus largement concurrencs par les acteurs de la
distribution qui commercialisent des produits sous
leur propre nom en marque de distributeur (MDD)19.
Initialement suiveurs, ces acteurs se dmarquent
aujourdhui par leur capacit dinnovation, qui vient
empiter sur le territoire des acteurs traditionnels. En
moyenne, une innovation sur cinq en Europe est une
MDD. Les acteurs de la distribution dveloppent de
nouvelles gammes et de nouveaux produits en ciblant
des segments de marchs particuliers (femmes, se-
niors, sportifs, etc.). Cependant, en France, une guerre
des prix intensive et la concurrence de produits tran-
gers bas prix tendent menacer les parts de marchs
des marques de distributeurs.
En parallle, une modification des pratiques dans les
exploitations agricoles sest fait jour au cours des der-
nires annes. Les exploitations agricoles fonctionnant
sur un modle intensif, reposant sur le recours aux in-
trants et linnovation phytosanitaire, laissent place la
marge des exploitations en agriculture biologique ou
raisonne, prenant mieux en compte les cosystmes
et les mcanismes naturels pour assurer leur producti-
vit en prservant leur environnement.
DUSAGE
Lvolution de la socit a entran de nombreuses
modifications dans les comportements alimentaires et
dans les attentes des consommateurs vis--vis des pro-
duits quils achtent. Ainsi, trois principales tendances
dusage peuvent tre cites :
18 http://www.youtube.com/watch?v=AoFZD-YUb38#t=25
19 Centre de Recherche pour ltude et lObservation des Conditions de vie, Le dveloppement des MDD et les stratgies des industriels de lalimentaire , 2007
n Le snacking et les repas en mobilit. Cette tendance modifie profondment le concept des repas et pousse les industriels innover, notamment sur le format des produits (sachets individuels, produits prts consom-mer, etc.) ou le dveloppement de produits spci-fiques ;
n La demande de produits sans : sans gluten, sans OGM, sans lactose, sans huile de palme, sans sucre, etc., est en forte progression depuis plusieurs annes. La croissance de ce segment est soutenue par llargis-sement dun public au dbut restreint : par exemple, les produits sans gluten , destins originelle-ment aux consommateurs souffrant dintolrances, sadressent dsormais au grand public en devenant produits bien-tre .
n Le dveloppement durable, notamment dans les produits et emballages :
Production durable dans les exploitations agricoles
Produits biologiques : Cette tendance entrane une hausse importante des parcelles cultives, qui ncessite la mise en place de nouvelles conditions de culture et le dveloppement de technologies permettant de respecter les critres des labels bio sans trop rduire les niveaux de productivit. Au niveau de lindustrie alimentaire, lusage de ces produits est galement en croissance ;
Emballages biodgradables, compostables ou recyclables pour rpondre aux nouvelles attentes des consommateurs et limiter limpact environne-mental des produits.
La position de la France
INDUSTRIELLE
Lagriculture et lindustrie alimentaire sont un atout pour la France. Ces secteurs contribuent fortement la sant de lconomie franaise via leur contribution positive au solde commercial et leur rle dans le dve-loppement conomique des territoires.
Les industries agro-alimentaires constituent une chane dite farm to fork , allant de lagriculture jusqu la distribution puis au consommateur, avec une relle interdpendance entre chacun des maillons. Le secteur de la nutrition sappuie sur de multiples fi-lires (production, transformation, agroquipement et
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distribution) disposant dun niveau de structuration, dintrants (animal, vgtal) et dacteurs htrognes (agriculteurs, industriels transformateurs, coopra-tives, distributeurs, etc.). Ainsi, la diversit du secteur, qui participe sa richesse, constitue galement une difficult pour obtenir une vision claire et partage de lensemble des acteurs.
Nombre de filires sont trs structures autour dun ou de quelques acteurs industriels trs bien implants la fois au niveau local, national voire international. La filire franaise des olagineux sest ainsi structu-re autour dun acteur principal, le groupe industriel et financier Sofiproteol (Avril), qui valorise une grande partie de la production olagineuse en France, aussi bien dans lalimentaire que dans dautres dbouchs. La filire du sucre sest clairement organise autour dorganisations professionnelles telles que la Confd-ration Gnrale des Planteurs de Betterave et dindus-triels sucriers (Tereos-Syral, Cristal Union, Saint-Louis ou Lesaffre) alors que 4 industriels (Roquette, Cargill, Tereos-Syral, Chamtor) structurent la filire amidon-nire franaise. Dans le cas de la filire des agroquipe-ments, quoique majoritairement constitue de petites entreprises, le rseau de distributeurs renforce le lien entre constructeurs et utilisateurs, et le dynamisme du march national soutenu par la diversit des cultures et des systmes dexploitation lui permet de mainte-nir un niveau de production haut, voire de laugmen-ter et datteindre un chiffre daffaires de 6 Mds en 201320. Quelques acteurs de taille importante, tels que Pellenc, Sulky Burel et Manitou restent prsents sur le march international. Ainsi, malgr le nombre impor-tant dagriculteurs ou de socits impliques dans ces filires, la structuration est suffisamment importante pour permettre une valorisation conomique des res-sources.
En revanche, dautres filires disposent dun niveau de structuration plus faible qui les expose des difficults dordre conomique. Les industries de la charcuterie, des plats prpars ou de la dcoupe de viande sont encore principalement occupes par des PME. La fai-blesse des investissements industriels sur certains seg-ments de marchs et le lien distant entre les secteurs agricoles et agroalimentaires contribuent rduire la force du tissu franais. Le Comit Stratgique de
20 Irstea, 2014 : Rapport de la mission agroquipements : Dfinir ensemble le futur du secteur des agroquipements
Filire du secteur et des initiatives locales ont notam-ment pour objectif de renforcer ce lien entre acteurs et de participer structurer les diffrentes filires. Ces dmarches doivent galement permettre aux acteurs du secteur agricole de ngocier au mieux les nouveaux dfis lis la rforme de la Politique Agricole Com-mune (PAC) en 2013.
La mme anne, les 11 852 entreprises du sec-teur alimentaire ont ralis un chiffre daffaires de 160,5 Mds et employaient 492 727 personnes rpar-ties sur tout le territoire national21. Ces socits sont plus de 98 % des PME/TPE. En 2010, au dernier recensement agricole, le secteur agricole reprsentait 500 000 exploitations et 966 000 emplois.
Au niveau mondial, les grands groupes franais sont classs partir du 13me rang mais occupent les pre-mires places dans plusieurs secteurs. Cinq groupes europens se classaient parmi les 15 premiers mon-diaux du secteur de lagroalimentaire et des boissons en 2012 : Nestl S.A., AB-Inbev, Danone, Heineken et Lactalis. Les premiers groupes franais dans ce classe-ment mondial sont Danone (13e position) et Lactalis (15e), suivi par Pernod Ricard S.A en 43e position. Dans le classement europen, Danone est en 3e position, Lactalis en 5e, Pernod Ricard SA en 12e. Si lon consolide lensemble des socits du groupe industriel et financier Sofiprotol (Avril), celui-ci se situe la 18e place.
Sur certains segments de march, les entreprises fran-aises sont la toute premire place au niveau mon-dial. Ainsi, Danone et Lactalis sont les deux premires entreprises du march des produits laitiers, Pernod Ricard SA est le 2e groupe pour les vins et spiritueux alors que Vivescia (avec Malteurop) et Soufflet sont les deux premiers producteurs de malt. Enfin, Bon-duelle est au 1er rang mondial pour la transformation de lgumes. Si les gants mondiaux sont prsents sur notre territoire, les entreprises franaises simplantent galement ltranger pour se rapprocher des zones de consommation. Les dernires sources disponibles montrent que, par rapport aux autres secteurs indus-triels franais, ce sont les industries alimentaires (hors boissons) qui ralisent le plus fort taux de chiffre daffaires via des filiales implantes ltranger avec plus de 15 %, devant le secteur cokfaction et raffi-nage et lindustrie automobile.
21 ANIA
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Alimentation
Figure 8 : Classement des groupes franais en 2013 selon le chiffre daffaires du secteur agroalimentaire et boissons
ACADMIQUE ET COSYSTME DE LINNOVATION
La France dispose de nombreuses structures de re-cherche ddies linnovation dans le domaine de
lalimentation. Ainsi, lINRA, le CNRS, lIfremer, lIRS-TEA, le CIRAD, les Universits, les coles participent la recherche dans ce domaine. Elles sont soutenues par 11 ples de comptitivit (Aquimer, Crales Val-le, Qualimditerrane, Qualitropic, Terralia, Valorial, Vgpolys, Vitagora, Agri Sud-Ouest Innovation, Nu-trition Sant Longvit, Hippolia) couvrant lensemble des sujets (crales, produits de la mer, qualit, se-mences, nutrition sant, etc.) ainsi que 4 Instituts Carnot (Qualiment, IRSTEA, IFREMER, ECSA). Quinze Instituts Techniques Agroalimentaires (ITAI) labelliss par le MAAF ont une mission de recherche technolo-gique, dappui technique, dexpertise, de formation et dinformation au service des entreprises.
En plus de cet appui scientifique et technique, de nombreux outils financiers permettent daccompagner les projets de R&D des entreprises mais aussi leurs projets dinvestissement. La plupart sont financs par le Programme des Investissements dAvenir.
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Premier producteur agricole europen, avec un grand nombre de productions
Deuxime producteur agroalimentaire europen
Quelques entreprises de premier ordre dans le classement mondial des entreprises agroalimentaires (Danone, Lactalis, Pernod Ricard, Avril)
Dynamisme du secteur de lagroquipement, avec quelques acteurs denvergure internationale
Forte contribution du secteur la sant de lconomie franaise
Structuration de nombreuses filires constituant des chanes farm to fork
4e exportateur mondial de produits