© L'UTILISATION DES MEDIAS MODERNES POUR L'ENSEIG N E M E N T EN MILIEU RURAL DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT - LES PROBLEMES D'ORGANISATION
M . Gutelman Consultant à l'IIPE
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Rapport de recherche de l'IIPE ® L'UTILISATION DES MEDIAS MODERNES POUR L'ENSEIG N E M E N T EN MILIEU RURAL DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT - LES PROBLEMES D'ORGANISATION
M . Gut elm an Consultant à l'IIPE
INSTITUT INTERNATIONAL D E PLANIFICATION D E L 'EDUCATION
(créé par l'Unesco) 7-9, rue Eugène-Delacroix, 75016 Paris
(c) Unesco 1979
Les opinions exprimées dans ces documents sont celles de leurs auteurs et n'engagent ni Г И Р Е ni l'Unesco.
(i)
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
PARTIE I - CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DES MEDIAS ET ORGANISATION
CHAPITRE 1 - DEFINITION ET CLASSIFICATION DES MEDIAS
CHAPITRE 2 - LA TELEVISION POUR L'ENSEIGNEMENT FORMEL ET NON FORMEL
CHAPITRE 3 - UTILISATION DE LA RADIO POUR L'ENSEIGNEMENT FORMEL ET NON FORMEL
CHAPITRE 4 - UTILISATION DU CINEMA (16 mm, 8 mm, super 8) POUR L'ENSEIGNEMENT EN Ж LIEU RURAL
CHAPITRE 5 - PROJECTEURS DE DIAPOSITIVES
CHAPITRE 6 - CASSETTES ET LECTEURS DE CASSETTES
CHAPITRE 7 - MAGNETOSCOPES ET VIDEOGRAMMES
PARTIE II - ORGANISATION DES CENTRES AUDIO-VISUELS
CHAPITRE 8 - INSERTION DES SERVICES AUDIO-VISUELS DANS LE SYSTEME EDUCATIF
CHAPITRE 9 - LES GRANDES FONCTIONS D'UN SERVICE AUDIO-VISUEL
CONCLUSIONS
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
- 1 „
INTRODUCTION
1. Besoins d'éducation et médias dans les pays en voie de développement
La caractéristique sociale la plus générale et la plus immédiate des
pays en voie de développement est l'importance de la population rurale et,
en matière d'éducation, l'immensité des besoins. Le déficit d'éducation
se manifeste d'abord dans le secteur formel % il s'agit d'assurer aux
enfants d'âge scolaire une éducation de base, d'accroître l'éducation
secondaire et technique. Par ailleurs, que l'éducation non formelle soit
considérée comme un complément ou comme un substitut à l'éducation formelle,
il s'agit dans les campagnes d'alphabétiser et de former des masses
importantes d'adultes, ainsi que des jeunes qui n'ont pas pu passer par
les circuits formels, aux tâches de développement, au sens large du terme«,
Ainsi, se manifestent des besoins -d'éducation en agriculture, en nutrition,
en hygiène, en connaissances techniques, etc...
Le fardeau financier que suppose l'accomplissement de ces tâches
est extrêmement lourd et il est probable que nombre de pays en voie de
développement ne sauront les assumer entièrement dans les décennies à
venir si l'on ne met pas au point des méthodes d'éducation de masse peu
coûteuses. La Conférence des experts de 1'Unesco sur les documents péda
gogiques tenue à Dakar en novembre 1975 avait notamment pour objet l'examen
de ce problème. On y a accordé une place importante aux médias modernes
dont il a été reconnu qu'ils pouvaient contribuer largement à l'accroissement
de l'efficience de l'éducation non seulement formelle mais aussi et surtout
en ce qui concerne celle de l'éducation non formelle.
Il apparaît cependant que l'introduction des médias modernes dans un
système d'éducation et leur utilisation massive ne peuvent être improvisées.
Les nombreux documents réalisés sur la base des expériences existantes
montrent qu'au-delà du problème des ressources financières, la planification
et l'organisation adéquate de la mise en place d'un service audio-visuel
constituent les clefs principales du succès.
2. Les conditions d'efficience de l'utilisation des médias pour' l'éducation en milieu rural
L'objet de ce présent travail est de tenter de mettre en lumière
les conditions d'efficience de l'utilisation des médias modernes pour
l'éducation formelle et non formelle en milieu rural dans les pays en
voie de développement.
- 2 -
En réalité, le concept d'efficience pédagogique est assez, difficile
à cerner. En effet, comme on l'a fait remarquer dans un récent colloque,
la notion d'efficience est multiforme alors que les performances mesurées
sont celles qui ont trait aux connaissances utiles. Il sera ainsi toujours
difficile, voire impossible de mesurer l'acquisition d'une méthode de
travail, la capacité à assurer un effort soutenu, etc.. Par ailleurs,
on ne connaît pas avec précision les processus d'acquisition des connais
sances et il est très difficile d'établir des liens de causalité directe
entre les différents composants de l'acte pédagogique, - attitude de
l'enseignant et matières enseignées, et les résultats qu'il permet
d'obtenir«, Enfin, et ceci concerne toutes les formes d'enseignement,
faut-il prendre en considération dans l'appréciation de l'efficience de
l'éducation les conséquences et les effets sociaux, voire politiques que
son succès même induit îpar exemple, l'accroissement du désir des populations
éduquées d'émigrer vers les grands centres urbains ?
Mais, s'il est malaisé de mettre au point un concept global de
l'efficience de l'éducation en général et, par conséquent, de l'efficience
des médias quand on les emploie pour l'éducation, il n'en apparaît pas
moins que la qualité de l'organisation de la mise en oeuvre de ces medias
constitue un des facteurs décisifs de cette efficience globale. En ce sens,
on peut certainement affirmer qu'une bonne organisation de la mise en oeuvre
des medias ne suffit pas pour assurer une éducation de qualité mais qu'en
revanche, une organisation médiocre assure à coup sûr une faible efficience
des medias lorsqu'on les utilise pour l'éducation.
Bien que l'on ne puisse totalement séparer le traitement de la péda
gogie de celui de l'organisation, le propos de ce travail sera d'examiner
les conditions d efficience de la mise en oeuvre des medias à partir du
point de vue de l'organisation et en se fondant sur les résultats obtenus
par une expérience mondiale de plus de vingt ans. Compte tenu de la diver
sité des medias existants et de la considérable variété des besoins des
différents pays, il ne peut naturellement être question de préconiser ici
tel ou tel type d'organisation. Notre but est beaucoup plus restreint :
il sera de mettre en lumière, à partir de ces expériences, quels sont les
problèmes d'organisation les plus couramment rencontrés lors de la mise
en oeuvre des medias modernes et de préciser comment les contraintes
techniques, intrinsèques aux medias eux-mêmes, influent sur les modalités
d'organisation, compte tenu des caractéristiques propres du milieu rural qui
doivent également être prises en considération.
- 3 -
La première partie de ce travail traitera des problèmes posés par
les contraintes techniques inhérentes à la nature même des médias, et de leur
relation avec l'organisation,, En effet, bien qu'il existe différentes
manières d utiliser un medium donne, la nature technique propre du medium
dicte une plage d'usage qui n'est pas illimitée si.les critères d'efficience
organisationnelle et pédagogique doivent être pris en considération.
Ainsi, dans une certaine mesure, la nature des médias influe sur le choix
des cibles, les cadres d'utilisation, l'adaptabilité ou non aux conditions
de l'enseignement formel et non formel. Pour cette raison, il convient
d'examiner séparément les plus importants d'entre eux, afin de définir
quelles sont leurs plages de potentialité respectives à partir de considé
rations principalement techniques.
La seconde partie de ce travail traitera des questions posées par
l'organisation globale de l'utilisation des médias modernes pour l'éducation
en milieu rural. Il s'agira ici de répertorier les grands problèmes posés
par la mise en place d'un système d'appui audio-visuel â l'éducation en
milieu rural.
Les sources de ce travail sont essentiellement celles du Centre de
documentation sur l'information de l'Unesco. Elles sont constituées de
rapports de mission, d'ouvrages, et d'articles traitant de ce sujet. Elles
sont aussi le résultat d'entretiens avec un certain nombre de spécialistes
ainsi que de l'expérience propre de l'auteur.
Ce travail qui n'a pas, loin de là, la prétention d'épuiser le sujet,
ne se veut rien d'autre qu'un pré-catalogue des problèmes posés par l'orga
nisation de l'utilisation des médias comme support à l'éducation en milieu
rural. En ce sens, il constitue un arrière-plan utile pour la mise en
oeuvre d'études de cas sur le terrain.
- 4 .
PARTIE I - CARACTERISTIQUES TECHNIQUES DES MEDIAS CT ORGANISATION
CHAPITRE 1
DEFINITION ET CLASSIFICATION DES MEDIAS
1. Définition
Dans son acception la plus stricte, le medium est un support de
message, un vecteur d'information«, En pratique, on appelle medium non
seulement le support lui-même mais aussi l'ensemble formé par l'appareillage
technique nécessaire à sa fabrication, son émission, son acheminement et
sa réception. Ainsi, le medium télévision, au sens large du terme, comprend
les studios et les laboratoires où sont fabriqués et montés les films, les
studios de diffusion, les réémetteurs et les postes-récepteurs.
Tout medium pour être mis en oeuvre nécessite donc un centre de
fabrication du support, un centre de fabrication du message, un centre
drémission des canaux d'acheminement et des centres de réception. Selon la
nature des medias, ces canaux et ces centres peuvent être techniquement
confondus ou séparés, situés au même endroit ou déconnectés spatialement
les uns des autres.
Les contraintes qui pèsent sur la fabrication du support, la mise
en forme des messages, sur leur acheminement et sur la réception conditionnent
au premier chef les modalités d'organisation et de mise en oeuvre du medium»
De ce point de vue, la classification la plus utile semble celle qui est
faite en fonction du degré de centralisation des opérations exigées pour
la maîtrise totale du médium, c'est-à-dire de ses différents éléments
constitutifs tels qu'ils viennent d'être enumeres,,
2. Classification fonctionnelle
- Les médias à maîtrise centrale :
On peut ranger parmi ceux-ci la télévision et la radio. Ils constituent
ce que l'on appelle communément, en y ajoutant la grande presse écrite, les
"mass-media'e Du point de vue qui nous intéresse, à savoir les problèmes
d'organisation, leurs caractéristiques principales sont les suivantes :
La fabrication du support se fait au moyen d'un appareillage lourd,
coûteux et généralement importé. La mise en oeuvre de cet appareillage est
nécessairement centralisée en ce sens qu'elle ne peut, en pratique, s'exercer
sur les lieux mêmes de réception du message. Elle nécessite l'activité
d'un personnel hautement qualifié et généralement coûteux.
La fabrication du message lui-même est également très centralisée; elle
exige également l'intervention d'un personnel hautement spécialisé. Le contenu
du message est déterminé centralement,ainsi que les rythmes d'émission.
- 5 -
Seule la réception du message est locale. En ce qui concerne la radi-c
et la télévision, ne se posent pas, contrairement à la presse écrite, des
questions d'acheminement matériel du message, une fois l'infrastructure
mise en place.
Bien que certains récepteurs de télévision puissent fonctionner sur
batterie, la diffusion d'un tel medium suppose généralement 1'electri
fication, contrairement à la radio. Par ailleurs, le coût relativement
élevé d'un poste récepteur de télévision exclut en pratique ce medium comme
instrument de diffusion de l'éducation individuelle, tout au moins dans
les campagnes de la plupart des pays en voie de développement,
- Les media - à maîtrise décentralisée moyenne г Ils sont constitués par pratiquement tous les systèmes audio-visuels,
visuels,ou audio-légers : les projecteurs de films sonores ou muets, 16 mm,
8 mm, super-8, les projecteurs, automatiques ou non de diapositives, les
tourne-disques à fonctionnement mécanique, électrique ou par batterie,
certains appareils de projection vidéo, etc.„„, leurs caractéristiques
générales sont les suivantes ;
Pour les appareils de projection cinématographique, la fabrication
du support et l'élaboration du message filmé supposent un appareillage lourd
et coûteux. Les films doivent souvent être importés. Fabriqués sur place,
ils exigent un personnel hautement spécialisé.
La fabrication des supports audio et audio-visuels.possède les mêmes
caractéristiques mais le message lui-même peut aisément être élaboré sur
place (diapositives, bandes magnétiques enregistrées etc...).
Pour les films, le contenu du message est généralement décidé
centralement. Pour les supports audio et audio-visuels,il est possible de
déterminer le contenu localement.
Le rythme et les modalités d'utilisation du message peuvent être
décidés localement, au lieu d'utilisation. A cet endroit, il doit exister
des appareils de projection et de diffusion. Se poseront donc des problèmes
particuliers d'approvisionnement en pièces de rechange et d'entretien.
Au lieu de réception du message, doit exister un personnel qualifié pour
faire fonctionner les appareils et les entretenir. Mais cette qualification
s'acquiert assez aisément.
- 6 -
- Les medias à maîtrise décentralisée :
Ils sont essentiellement constitués par des enregistreurs-lecteurs de
cassettes, les enregistreurs-lecteurs-video, les epidiascopes. Leurs
caractéristiques principales sont les suivantes ;
Le coût du support est assez faible pour les lecteurs enregistreurs
de cassettes, plus élevé pour les bandes de magnétoscopes et d'un prix
dérisoire, pour les epidiascopes.
Le message lui-même peut être entièrement fabriqué au lieu même de la
diffusion, quelquefois par les bénéficiaires eux-mêmes. La manipulation des
lecteurs-enregistreurs de cassettes et plus encore des magnétoscopes exige un
minimum de connaissances techniques mais celles-ci sont assez aisées à
acquérir.
- Les medias traditionnels л A côté de ces medias modernes dont la caractéristique commune est
qu'ils nécessitent tous l'usage d'énergie électrique au lieu de réception,
il existe des medias plus traditionnels ne nécessitant pas la consommation
d'énergie pour être mis en oeuvre» Ce sont les journaux et revues, les
affiches murales, les cartes géographiques, les modèles spatiaux, les livres
d'images et tout autre matériel écrit et enfin, la craie et le tableau-
Ces medias dont l'utilité est très grande, surtout lorsqu'ils sont couplés
avec l'usage de médias modernes ne sont pas traités dans ce travaile II
convient toutefois de remarquer qu'ils peuvent être les seuls utilisables
dans certaines régions très isolées,,
- 7 -
CHAPITRE 2
LA TELEVISION POUR L'ENSEIGNEMENT FORMEL ET NON FORMEL
1. Caractéristiques techniques influant sur l'organisation de la mise en oeuvre
La télévision est essentiellement un medium à maîtrise centralisée*
c'est-à-dire que les rythmes d'émission,les moments d'émission, et les
contenus sont déterminés pour l'essentiel par le centre producteur et
émetteur de message« Il existe donc une très faible flexibilité d'utili
sation au niveau de la réception. Cette caractéristique explique que la
télévision, a priori, soit mieux adaptée à l'enseignement formel dans les
écoles où il existe des horaires réguliers qu'à l'enseignement formel et
informel des adultes qui se plie plus difficilement à ce type d'horaires
et pour lesquels les moments d'utilisation potentielle se superposent
généralement avec les heures de plus grande écoute.
Bien qu'il existe des téléviseurs portables et fonctionnant sur
batterie, en règle générale, la télévision exige des sources d'électricité.
Cette caractéristique exclut en pratique la télévision de vastes régions
dépourvues de cette forme d'énergie. Par ailleurs, le fonctionnement sur
batterie apparaît assez coûteux à l'usage,surtout dans les conditions qui
prévalent dans la plupart des campagnes des pays en voie de développement,
elles ne permettent pas de garantir la régularité de la réception, entre
autres raisons parce que la régularité de l'approvisionnement en batteries
n'est pas garantie. Il existe aussi dans les climats tropicaux et équato- -
riaux des problèmes de conservation et de résistance des matériels liés
à l'humidité.
Le téléviseur est encore aujourd'hui un appareil coûteux, de sorte
que l'utilisation individuelle, notamment pour l'éducation formelle et surtout
non formelle est assez limitée, dans les pays en voie de développement.
En ce qui concerne l'éducation non formelle,des expériences ou des programmes
réguliers ont été conduits en Italie, en France, aux Etats-Unis et au Japon.
Dans les pays en voie de développement, des expériences ont été faites en
C6te-d'Ivoire, au Sénégal, en Inde et au Salvador notamment. Il y a lieu
d'ajouter qu'en raison du coût du poste de télévision, les classes sociales
qui le possèdent sont celles qui précisément ont le moins besoin d'éducation
formelle et non formelle.
- 8 -
2. Insertion et modalités d'utilisation ^
Théoriquement, la télévision comme tout médium utilisant les ondes peut
être utilisée individuellement ou en groupe, tant pour l'éducation formelle
qu'informelle. Elle peut, soit servir à remplacer totalement le professeur,
en produisant des leçons avec des moyens qu'il ne peut lui-même fournir ni
élaborer, soit accroître son efficacité pédagogique en jouant le rôle
d'instrument d'assistance. L'expérience pratique des pays précités montre
cependant que son utilisation est limitée du fait même de ses caractéristiques.
Ainsi, si de nombreuses expériences permettent de penser que la télé
vision peut servir à l'enseignement aussi bien qu'un bon professeur, il ressort
clairement des expériences indonésiennes et indiennes notamment, qu'elle est
surtout utile pour l'enseignement formel dans les classes et beaucoup moins
efficace pour l'enseignement informel des adultes. Outre l'absence de flexi
bilité déjà mentionnée, jouent aussi des questions d'âge (les enfants sont
beaucoup plus captivés que les personnes adultes) et enfin des questions de
programmes qui semblent partout avoir été très importantes. Ainsi, dans le
projet experimental.de Krishi Darshan en Inde qui intéressait 80 villages
et dont les objectifs étaient des formations pour le développement rural,
la majeure partie de l'assistance était composée d'enfants et la cible visée
- les paysans adultes - a été manquee. Les deux causes invoquées pour
expliquer cet échec ont été : la faible crédibilité des programmes qui
n'étaient pas assez liés aux réalités locales et la monotonie des films
liée - semble-t-il - au manque de concepteurs-réalisateurs originaux. Le
problème de la crédibilité des programmes est généralement aggravé lorsque
la production de messages n'est pas nationale mais que l'on utilise du
matériel importé.
3. Conclusions
Si la télévision doit être employée dans les zones rurales, il convient
sans aucun doute de l'employer à des fins d'éducation formelle seulement, tout
au moins dans un premier temps. Il devrait être possible d'utiliser progres
sivement les récepteurs dont disposent les écoles, c'est-à-dire là où il y a
de l'électricité, à des fins non formelles. Encore faut-il s'assurer de la
possibilité de fabriquer des programmes réalistes et crédibles à des prix
qui ne soient pas trop élevés. Il semble bien que les recherches devraient
s'orienter en ce sens : comment produire des programmes pour l'éducation non
formelle dont le contenu et les coûts justifieraient un effort de diffusion ~
- 9 -
de l'infrastructure télévisuelle dans les campagnes. L'avènement du
magnétoscope léger qui permet d'élaborer des documents aux coûts relative
ment faibles devrait favoriser ce type d'usage.
- 10 -
CHAPITRE 3
UTILISATION DE LA RADIO POUR L1 ENSEIGNEMENT FORME!, ET NON FORMEL
le Caractéristiques techniques
Les systèmes de radiodiffusion présentent actuellement un ensemble
de caractéristiques techniques qui les rendent très attrayants pour l'éducation
formelle et non formelle dans les pays en voie de développement, tout parti
culièrement en milieu rural. Leurs principales caractéristiques peuvent être
résumées comme suit %
Les systèmes de radio sont extrêmement variés. Il existe des systèmes
peu coûteux d'une portée de quelques dizaines de kilomètres jusqu'à des
stations très puissantes de portée nationale ou internationale. Les coûts
d'établissement d'un émetteur radi-o ont aujourd'hui considérablement baissé
et un émetteur d'une portée de quelques dizaines de kilomètres peut être
établi pour une somme inférieure à 5«000 dollars.
Les récepteurs, depuis l'invention du transistor, sont bon marché,
d'emploi très souple et n'exigent pas de source d'électricité traditionnelle.
Les batteries radio sont aujourd'hui très faciles à trouver dans les réseaux
commerciaux. Les postes à transistors sont facilement transportables.
Ces deux caractéristiques expliquent pourquoi la radiodiffusion permet
de toucher de très vastes publics à relativement bon marché.
Du point de vue de l'éducation, la radio présente sur la télévision
le grand avantage de permettre l'exposition de l'auditeur plusieurs fois par
jour au même message par la diffusion répétée de mêmes leçons.
Enfin, la radio permet de pallier dans les campagnes des pays en voie
de développement les insuffisances des voies et moyens de communication.
2„ Utilisation de la radio pour l'enseignement
Aujourd'hui, de nombreux enseignements se font dans les pays en voie
de développement grâce â la radio ou en s'appuyant notamment sur la radio. Les
formes et les finalités de l'utilisation sont très variables. Les plus
importantes peuvent être classées de la manière suivante :
Enseignement formel °.
- enseignement par correspondance avec appui radiophonique.
- enseignement scolaire (primaire et secondaire surtout),
. pour diminuer le rapport professeur/élève ou au contraire
l'augmenter, ~
. pour changer le nombre d'heures passées dans les classes. —
- 11 -
. pour enrichir les leçons (leçons occasionnelles que le ^
professeur ne pourrait élaborer seul ou portant sur des sujets
sortant de l'ordinaire),
. pour l'assistance du professeur pour des leçons courantes,
- pour la formation des maîtres.
Enseignement formel des adultes s
- enseignement de rattrapage des "drop-outs",
- cours par correspondance,
- cours de langues.
Enseignement non formel des jeunes et des adultes ;
- enseignement par correspondance avec appui radiophonique,
- appui à l'alphabétisation et enseignement du calcul,
- cours de langues,
- recyclage des adultes.
3» Pratique de la radio pour l'enseignement
En ce qui concerne les enseignements formels, les constats suivants
ont été communément faits au cours de très nombreuses expériences, tout
particulièrement en Amérique latine (expériences colombienne, mexicaine,
équatorienne).
On constate que, en tant que medium d assistance, la radio permet de
soutenir les professeurs aussi bien que la télévision et ce à un coût estimé
généralement cinq fois moindre. Seule exception, les enseignements où
l'image mobile est indispensable ou souhaitable (enseignement de la méca
nique par exemple).
On constate également qu'à ce titre, la radio permet d'obtenir des
performances très acceptables avec des ratios étudiants/professeurs très
divers. Ils peuvent en effet varier de: l/20 à l/бО sans modification sensible des résultats pédagogiques. Ceci présente un intérêt particulier
lorsque se pose le problème dé réduire les coûts de l'éducation, bien qu'il
ne puisse naturellement être question de substituer entièrement le professeur.
De même, on constate que la radio est parfaitement adaptée à l'éduca
tion formelle des adultes que ce soit avec ou sans l'assistance d'un système
de cours par correspondance. Ainsi, des expériences mexicaines dont le but
était de permettre aux "drop-outs" de l'école primaire de plus de 15 ans
de terminer leurs études primaires ont montré que les résultats obtenus aux
examens étaient pratiquement aussi bons que ceux obtenus par les élèves "~
- 12 -
qui allaient régulièrement aux cours. Une expérience de même nature, conduite
au Kenya avec appui de cours par correspondance,autorise des déductions
similaires« Enfin, des expériences assez nombreuses en Afrique, en Amérique
latine, et en Asie montrent que la radio est assez bien -adaptée aux tâches
de formation des maîtres.
D'une manière générale, en ce qui concerne la formation des élèves
dans le système formel, il semble que la meilleure manière d'utiliser la radio
est d'utiliser l'économie qu'elle permet dans le ratio élèves/professeurs
pour augmenter ce ratio. Dans le cadre d'un budget donné, il semble que
ce soit là l'utilisation la plus économique qui ne remette pas en cause
la qualité même de l'enseignement imparti. Cependant, il importe de noter
que le succès de l'utilisation de la radio pour l'enseignement formel est
régi par des conditions d'organisation très précises qui seront examinées
plus loin.
En ce qui concerne l'enseignement non formel, les résultats varient
énormément selon la nature des cours, le niveau de leur contenu, le niveau
d'abstraction et le système d'encadrement.
Ainsi, en ce qui concerne les adultes, la radio constitue un instru
ment adéquat pour transmettre des informations. Il convient donc à ce titre
pour toutes sortes de cours au contenu descriptif qui vont de la technique
agricole à l'hygiène en passant par le planning familial et la nutrition.
Ceci, pour autant que le niveau de contenu et les modalités de transmission
de l'information soient adaptés au type de culture et au niveau culturel des
cibles visées. Des enquêtes ont en effet pu montrer que des contenus trop
élaborés ne "passaient pas" ou passaient mal chez les cibles visées. La radio
utilisée en groupe et dont l'usage est. renforcé par d'autres medias plus
traditionnels (affiches, photos, etc..) sous la conduite de moniteurs permet
aussi des enseignements plus complexes à condition que les "groupages" de
populations soient adéquats.
4o Coûts de l'enseignement par radio
Des études de plus en plus nombreuses concernant les coûts de l'ensei
gnement par radio commencent à voir le jour. Aujourd'hui, on peut considérer
d'une manière générale que si l'émission radio en soi n'est pas forcément
coûteuse, l'enseignement par radio ou avec un support radiophonique peut l'itre,-
En effet, quelle que soit la nature de l'enseignement formel ou informel,
cinq types de coûts doivent être pris en considération Ï ~
- 13 -
Les coûts de programmation ;
Ils concernent aussi bien la conception même des cours et leçons
transmises que leur rédaction et l'ensemble du matériel écrit nécessaire.
Il est important d'attirer l'attention sur le fait que les cours transmis
par radio doivent être expressément conçus pour ce vecteur et ne peuvent
consister en une simple transmission des cours utilisés traditionnellement
en classe. Une unité spéciale de confection de ces cours doit donc être
mise au point et son fonctionnement coûtera d'autant plus cher que le nombre
de cours à transmettre sera plus élevé.
Les coûts des livres :
Sauf pour certains types d'enseignement non formel, les cours par radio
doivent s'appuyer sur du matériel écrit destiné aux étudiants. On considère
normalement qu'un livre a une durée de vie de trois ans.
Le coût des récepteurs radio :
Il n'est pas individuellement très élevé. Mais si ce coût peut être
mis à la charge de l'étudiant qui, de toute manière, utilise la radio à des
fins autres qu'éducatives, il existe encore de nombreux cas où les adminis
trations doivent envisager le don de radio-récepteurs dont le financement
est alors à leur charge.
Les coûts de transmission ;
Ils concernent l'amortissement du matériel et les salaires des techni
ciens, les frais fixes et variables d'émission«
Les coûts de formation des professeurs et des moniteurs ;
Dans les systèmes d'enseignement formel comme de l'enseignement non
formel, il est indispensable de comptabiliser les dépenses de formation des
professeurs et encadreurs. Pour l'enseignement formel, au moins une ou deux
séances de formation de quelques jours au minimum sont indispensables. Dans
certains cas.- (Radio Sutatenza en Colombie), la formation des moniteurs a duré
plus d'un mois. En ce qui concerne l'enseignement non formel, la durée de la
formation, et partant le coût de la formation sont extrêmement variables et
dépendent surtout de la qualification initiale des encadreurs et moniteurs.
Sans qualification particulière pour l'encadrement des populations, la durée
de formation semble être en général d'environ deux mois. Dans les cas où
l'on peut recruter des encadreurs bénéficiant déjà d'une formation au travail
social et pédagogique (moniteurs de jeunesse, animateurs ruraux, etc...),
les temps de formation et les coûts pourraient être moindres. Le poste
"dépenses de formation" est, avec le poste "dépenses de conception et de "~^-
programmation", celui qui semble le plus souvent sous-estimé. Cette
- 14 -
sous-estimation risque assez souvent d1entraîner des ruptures dans les flux —
d'enseignement et une baisse de l'efficience de l'enseignement,,
Du point de vue de l'efficience économique de l'utilisation de la
radio pour l'éducation, la comparaison essentielle qu'il convient d'effectuer
est celle entre le coût de formation d'un étudiant par les moyens traditionnels
et celle de la formation d'un étudiant avec l'aide de la radio. De même,
ce calcul peut être fait pour comparer les avantages respectifs de différents
types de media utilisés pour l'éducation. En fait, ce calcul n'est pas
toujours possible notamment pour l'enseignement non formel. En revanche,
pour l'enseignement formel et le training des maîtres, il a souvent été fait.
On constate alors que la rentabilité socio-économique de la radio est d'autant
plus grande que le public touché est important, d'une part, et que d'autre
part, les voies de communication et les moyens de transport sont insuffisants.
La radio est donc un instrument privilégié de l'enseignement pour le milieu
rural. Certains calculs montrent que, dans les pays à faible densité de
population, la radio est intéressante pour des cibles de plus de 3»000
auditeurs dans le rayon de portée de l'émetteur (émetteur de 12 km de portée).
A partir de ce niveau, la radio peut constituer un auxiliaire pour l'éducation
à la fois pédagogiquement performant et économiquement attrayant.
5. Questions spécifiques d'organisation pour l'utilisation de la radiodiffusion
L'usage de la radiodiffusion pour l'éducation en milieu rural soulève
quelques problèmes très spécifiques d'organisation qui doivent être pris en
considération pour l'établissement de nouveaux projets.
L'expérience prouve que la clef de voûte du succès dans l'emploi de
la radiodiffusion pour l'éducation réside dans la constitution d'un staff
très solide et qualifié pour la conception, l'élaboration et la programmation
des leçons qui seront diffusées. Il s'agit en fait de mettre au point une
véritable unité d'élaboration de contenu qui permettra d'assurer un rythme
sans faille des leçons. Elle doit être composée à la fois de professeurs-
pédagogues et de spécialistes du journalisme radiophonique. C'est sur cette
unité que repose fondamentalement le succès ou l'échec pédagogique de l'uti
lisation de l'enseignement par radio. Lorsqu'il existe plusieurs sous-
stations radiophoniques de courte portée (12 à 40 km de rayon), il y a
intérêt à disposer d'une unité centrale d'élaboration de certains types de
cours qui seront ensuite distribués aux sous-stations, l'avantage du maintien
- 15 -
d'émetteurs à faible portée étant la possibilité de moduler l'enseignement ^
de type national élaboré centralement par des émissions tenant compte des
micro-réalités locales«,
Le second élément décisif du succès de l'enseignement radiophonique
semble résider dans la qualité de la coordination qui doit s'établir entre
le ministère de l'éducation, les autres ministères enseignants, le ministère
de l'information et l'unité de radiodiffusion, principalement au niveau de
l'unité d'élaboration et de la programmation des enseignements radiophoniques«.
L'expérience montre qu'il convient de donner aux membres de cette unité une
relative autonomie de décision d'élaboration pratique avec des contrôles a
posteriori plutôt que de restreindre les champs d'action de ses membres et
de les contrôler pendant les processus d'élaboration«,
Une question d'organisation -qui n'a pas vraiment trouvé de réponse
nette est celle de la spécialisation ou de la non-spécialisation des canaux
de radiodiffusion pour l'enseignement. Lorsque l'on crée des canaux d'ensei
gnement spécialisés, le temps d'antenne disponible est beaucoup plus important,
des répétitions de leçons peuvent être faites, ce qui constitue un facteur
favorable à l'accroissement du temps de contact avec le medium. En revanche,
la spécialisation fait perdre - semble-t-il - beaucoup d'auditeurs occasionnels.
Ceci apparaît assez important lorsqu'il s'agit d'enseignement non formel non
directif. La radiodiffusion d'enseignement sur des canaux non spécialisés
a les avantages et les inconvénients inverses. Ces canaux permettent de
former des auditeurs "occasionnels" mais la fréquence et l'importance des
leçons ne peuvent être aussi grandes que sur les canaux spécialisés. Les
restrictions à l'enseignement sur les canaux non spécialisés sont plus grandes
encore qu'on peut le supposer à première vue si l'on prend en considération
les questions d'horaires d'écoute souhaitables (forte compétition pour les
heures de "grande écoute" du soir).
Il semble bien que l'utilisation de canaux spécialisés se justifie
particulièrement lorsque ;
l'enseignement par radio est couplé avec un enseignement par
correspondance,
- quand il s'agit d'enseignement formel (rattrapage des drop=outs
des écoles primaires par exemple),
- quand il s'agit de formation de maîtres pour l'enseignement non
formel encadré.
- 16 -
En effet, ce type d'enseignement s'adresse à des audiences dûment
motivées et soucieuses de suivre les cours.
En revanche, l'enseignement radiophonique sur des canaux non
spécialisés semble être plus indiqué lorsqu'il s'agit d'enseignements :
- non formel non encadré (hygiène, nutrition, planning familial,
etc...),
enseignement de langues étrangères ou de langues "nationales"
dans les pays multilingues.
On peut constater qu'il existe une certaine contradiction entre la
portée des émetteurs et les besoins de spécialisation des canaux pour des
tâches d'éducation. En effet, la spécialisation des canaux présuppose pour
être rentable une assez vaste audience. Mais il est difficile de l'obtenir
avec des postes émetteurs de faible portée (par exemple, pour le training
et la formation des maîtres). En revanche, les émetteurs de faible portée
peuvent difficilement exercer des fonctions de radiodiffusion générale
non spécialisées. En réalité, chaque cas constitue un cas d'espèce qui
réalise un compromis entre les temps d'émissions des petits émetteurs,
et la portée des émetteurs. Il tient compte tout à la fois de la déter
mination de l'ampleur des cibles atteintes et des coûts d'élaboration et
de programmation que suppose l'existence d'émetteurs à caractères non
spécialisés.
- 17 -
CHAPITRE 4
UTILISATION DU CINEMA (16 mm, 8mm, super 8) POUR L'ENSEIGNEMENT EN MILIEU RURAL
1. Caractéristiques techniques
Les caractéristiques techniques mêmes du film cinématographique
exercent une très grande influence sur les possibilités d'utilisation pour
l'enseignement en milieu rural ainsi que sur ses modalités d'emploi. Plus
que tout autre médium, peut-être l'emploi de films pour l'éducation soulève
des problèmes complexes dans les pays en voie de développement. En effet,
qu'il s'agisse de 16 mm, 8 mm ou de super 8, les projecteurs nécessitent
l'existence d'une source d'électricité. Le recours aux groupes électro
gènes et aux unités mobiles de projection atténue, aujourd'hui cette
exigence, mais n'élimine pas les autres problèmes liés aux considérations
techniques.
Ainsi, les projecteurs sont des appareils complexes. Ils exigent
un entretien et un approvisionnement permanents en pièces de rechange
(lampes, fusibles notamment). Leur emploi, surtout lorsqu'il s'agit de
projecteurs 16 mm suppose qu'il existe au lieu d'utilisation un "spécia
liste" responsable de l'entretien et de l'approvisionnement en pièces de
rechange.
Les supports de messages, c'est-à-dire les films, doivent être
matériellement acheminés et périodiquement renouvelés.
La fabrication des films est complexe, coûteuse et relativement
lente. Elle mobilise un grand nombre de techniciens spécialisés (qui vont
du cameraman à l'ingénieur du son en passant par les monteurs etc...).
Elle suppose l'existence d'investissements coûteux en laboratoire de déve
loppement, salle de montage et de mixage. En fait, les pays qui ne peuvent
fabriquer eux-mêmes les films restent entièrement dépendants des impor
tations de l'étranger.
Enfin, les projecteurs de cinéma représentent une dépense assez
élevée, en tout cas en ce qui concerne les projecteurs 16mm. Geoffrey Bell
(Unesco, Report and papers on mass communication) a montré qufun projecteur
de films de 16 mm coûtait souvent aussi cher qu'un bâtiment scolaire,
ou que le contenu d'une bibliothèque publique.
- 18 -
2. Problèmes d'adaptation aux besoins locaux
Les enseignants qui désirent utiliser les films comme supports
demandent qu'ils soient mieux adaptés à leurs besoins locaux. Toutefois,
dans les conditions les plus courantes, cette exigence peut très diffi
cilement être satisfaite en raison du très haut coût que représente la
production d'un film destiné à une audience restreinte, ainsi que des
coûts de distribution.
Dans ces conditions, lfadaptabilité aux besoins sera d'autant plus
réalisable que ces besoins auront un caractère très général et universel.
Les barrières linguistiques constituent un autre obstacle à l'adaptabilité
aux besoins locaux. Les problèmes pratiques, financiers, et d'organi
sation soulevés par le sous-titrage ou le doublage sont complexes. Beaucoup
de pays en voie de développement n'ont pas les moyens de procéder eux-mêmes
au sous-titrage et au doublage des films qu'ils importent.
Par ailleurs, la dépendance vis-à-vis de l'importation en prove
nance de pays plus développés pose parfois la question de la domination et
de la dépendance culturelle. Il faut ajouter à cela les difficultés à
vérifier le contenu des films avant achat ou location.
3. Champ d'utilisation des films pour l'enseignement en milieu rural
Compte tenu des caractéristiques précédentes, il apparaît que les
systèmes d'enseignement appuyés sur le film peuvent d'abord être adaptés
aux régions qui possèdent l'électricité, aux écoles bien construites et
qui peuvent éventuellement disposer d'un personnel spécialisé pour l'entre
tien, la réparation et la manipulation des appareils. Compte tenu du coût
de ces appareils, de leur complexité et des problèmes posés par leur
approvisionnement en supports filmiques, ils sont moins bien adaptables
aux petites écoles rurales dispersées qu'aux écoles plus grandes des
centres semi-urbains. Cet état de fait les désigne plus particulièrement
pour l'enseignement secondaire et technique qui sont le plus fréquemment
localisés dans les centres semi-urbains.
Compte tenu des difficultés à adapter le film aux conditions locales
(crédibilité et langue), le film semble peu indiqué pour l'enseignement
non formel des populations non encadrées ou légèrement encadrées.
Le film est plus adapté pour soutenir, dans ces conditions, soit
des enseignements généraux, soit des enseignements techniques très précis.
Ainsi, des écoles techniques (mécanique, chaudronnerie, électricité, etc..)
peuvent tirer grand parti de l'utilisation de films d'enseignements techno
logiques (ils peuvent être réutilisés chaque année pour chaque promotion).
- 19 -
L'agriculture dont les conditions sont extrêmement variables d'une région
à l'autre peut plus difficilement bénéficier de l'appui cinématographique,
en raison des questions d'adaptabilité. En raison même de l'intérêt
qu'ils peuvent présenter pour les enseignements technologiques précis et
peu variables selon les régions, il peut être utile de concevoir et de
commander la fabrication de films spécifiques et d'en diffuser de nombreuses
copies dans les institutions chargées de cet enseignement.
En ce qui concerne l'éducation non formelle, en milieu rural, deux
modalités principales d'utilisation du film peuvent être envisagées»
La première, peu utilisée,consiste à distribuer des films éducatifs aux
salles de cinéma de divertissements pour autant qu'elles existent, dans
les centres ruraux ou semi-urbains. La seconde consiste à diffuser
l'information filmique au moyen d'unités mobiles disposant de leur propre
groupe électrogène. De nombreux centres audio-visuels dans le monde
utilisent ainsi des unités mobiles. L'expérience montre toutefois que cette
méthode, à première vue séduisante, peut se révéler assez coûteuse. En
réalité, elle n'est adaptée qu'aux films très généraux ou peut servir de
support à des objectifs de développement précis quand les besoins ont été
concrètement identifiés. Elle suppose alors la réalisation de films
sur place.
4. Planification et organisation de l'utilisation du film pour 1'enseignement
La relative lourdeur du medium cinématographique exige une soigneuse
planification de son usage. Le cinema est le prototype même de medium
dont il y a avantage à centraliser la gestion et la planification pour
faciliter la solution des principaux problèmes d'organisation. Le premier
d'entre eux est l'accès au medium.
Mis à part les écoles techniques et certaines écoles secondaires
qui peuvent faire un usage fréquent et répétitif des films qu'elles pourraient
éventuellement posséder, il est rarement possible pour des raisons de coûts
de constituer des filmothèques individuelles pour chaque école* Aussi,
le système de prêts ou de location de films auprès d'un centre audio
visuel est-il le plus communément répandu. On constate alors que l'accessi
bilité au medium constitue un des problèmes majeurs de l'organisation.
- 20 -
En effet, quand un professeur veut utiliser un film, il doit le commander
soit au centre audio-visuel national, soit à l'étranger, ce qui demande
généralement beaucoup de temps et suppose qu'il soit informé des disponibi
lités des centres de prêt ou de location. Ceci suppose à son tour le
développement d'un service d'information qui est généralement rattaché à
un centre audio-visuel national.
Dans ces conditions, il apparaît évident que le succès de l'organi
sation de l'emploi des films repose essentiellement sur la qualité de
l'organisation d'un service central dont la fonction essentielle est
d'obtenir, d'évaluer et de distribuer des films provenant essentiellement
de l'étranger. La gestion centrale des films et du matériel apparaît
d'autant plus indispensable que le problème le plus important, après celui
de l'accessibilité régulière et fluide au medium, est celui de la rupture
des stocks de pièces de rechange, le manque de fusibles, de lampes de
projecteurs; des pannes de moteur doivent aussi pouvoir être surmontées
par une gestion centrale des stocks.
En fait, l'utilisation du cinéma comme medium d'enseignement formel
et non formel semble assez peu adaptée au milieu rural en raison de la
complexité de la réalisation de messages crédibles, des difficultés de la
distribution et du coût relativement élevé des appareils de projection,
des supports filmiques et des réalisations de message. En revanche,
en tant qu'instrument de diffusion culturelle d'ordre général, il peut
jouer un role considérable d'ouverture sur le monde moderne avec les
implications sociales que cela entraîne généralement.
- 21 -
CHAPITRE 5
PROJECTEURS DE DIAPOSITIVES
1. Caractéristiques techniques
Les projecteurs de diapositives sont des appareils relativement
simples d'un emploi aisé et d'un entretien facile en milieu non technique.
Toutefois, peut se poser le problème de l'approvisionnement en pièces de
rechange (lampes spéciales et fusibles principalement) quoique avec une
acuité moindre que pour la projection de films. Il faut ajouter que les
projecteurs de diapositives sont aisément transportables et relativement
peu coûteux.
Le support du message, la diapositive proprement dite, est constitué
par un matériel léger moins fragile que le film et surtout moins coûteux
à fabriquer. Les experts estiment- généralement que les diapositives coûtent
moins du tiers du prix des films pour un volume similaire d'information.
On peut obtenir avec un appareil de qualité de très bonnes images en couleur.
Une des caractéristiques fondamentales du point de vue de l'utilisation
pour l'enseignement est que les diapositives sont assez aisément reproduc
tibles à un coût très inférieur à celui des films.
Les modèles les plus modernes de projecteurs de diapositives peuvent
être couplés avec des appareils de diffusion sonore à cassettes. Naturel
lement, l'emploi des diapositives exige une source d'énergie électrique
distribuée soit par réseau, soit par groupe électrogène,, Compte tenu de
l'importance relativement grande de la consommation électrique des projecteurs,
il n'est pratiquement pas possible d'envisager l'usage de batteries
électriques.
2. Champ d'emploi des projecteurs de diapositives
Du fait de ses caractéristiques techniques, la projection de diapo
sitives constitue un instrument très souple d'assistance à l'enseignement.
Sa fonction principale étant la transmission d'informations visuelles et
l'enrichissement pédagogique du contenu des cours, la projection de diapo
sitives est utilisable tant pour l'enseignement formel que non formel.
Pour l'enseignement formel, les diapositives sont particulièrement
adaptées aux cours de géographie, d'histoire, de sciences et tous autres
où la perception visuelle peut renforcer l'assimilation de l'enseignement.
- 22 -
Pour l'enseignement non formel,, la possibilité de réaliser sur place
les diapositives constitue un facteur considérable d'accroissement de la
crédibilité du medium. Par ailleurs, la possibilité pour l'enseignant
d'adapter le niveau du commentaire au niveau de compréhension et de
connaissances préalables de l'audience constitue un très grand avantage
des diapositives. Une pratique en large voie de diffusion aujourd'hui
consiste à joindre à tout jeu de diapositives une ou deux feuilles poly
copiées de commentaires écrits à partir desquels l'enseignant peut développer
ses propres commentaires«
Un champ d'usage particulièrement important des diapositives est
le training des techniciens ou des enseignants, quand les jeux de diapo
sitives ont été spécialement réalisés à cette fin.
3. Modalités d*usage et organisation de l'emploi des diapositives
Les deux grands problèmes d'organisation posés par l'emploi des diapo
sitives concernent la réalisation même des diapositives et leur distribution.
Deux voies sont possibles pour réaliser des diapositives. L'une
consiste à les commander à l'étranger en une ou plusieurs copies. Cette
voie s'avère indispensable lorsqu'il s'agit de sujets géographiquement
hors de portée du pays où les projections seront réalisées : certains
sujets de géographie, d'histoire, d'art, et autres. Dans certains cas,
cette même voie s'avère inévitable lorsqu'il s'agit d'apporter des infor
mations visuelles sur des sujets n'existant pas encore dans le pays. Par
exemple, des sujets techniques spéciaux. Enfin, dans certains cas, bien
que les diapositives pourraient techniquement être réalisées dans le pays
même, il peut être avantageux de les commander à l'extérieur, compte tenu
des facilités techniques et des possibilités financières dont disposent
certains centres de production (certains sujets scientifiques ; chimie,
physique, etc..«).
Les commandes à l'étranger, dans la mesure où l'on entend utiliser
de manière systématique et relativement massive les diapositives pour
l'enseignement formel et non formel,supposent l'existence d'un centre
audio-visuel centralisant les commandes et bien informé des disponibilités
externes ou des possibilités de réalisation.
Deux aspects doivent être distingués en ce qui concerne la possi
bilité de réalisation locale de jeux de diapositives pour l'enseignement.
Le premier est la photographie en soi. Il n'est techniquement pas compliqué
de réaliser des photographies diapositives dans la plupart des pays
- 23 -
en voie de développement. Mais la conception même des jeux de diapositives ^
exige la collaboration étroite des enseignants, futurs utilisateurs du
matériel avec le technicien photographe. Ceci est particulièrement vrai
lorsqu'il s'agit de mettre au point des jeux de diapositives destinés à
l'enseignement non formel portant sur des objectifs précis de développement
- agricole ou autre - éminemment déterminés par les conditions locales.
Le second aspect concerne le développement, le montage et la replication
du matériel. Certains pays ne disposent pas des laboratoires nécessaires
au développement en couleur et à la replication du matériel photographique.
Dans ce cas, les opérations doivent être effectuées à l'étranger et demandent
du temps. Si des décisions concernant l'usage massif et systématique des
projections de diapositives pour l'enseignement ont été prises, il peut
apparaître nécessaire d'installer -sur place un laboratoire central photo
graphique destiné à l'élaboration de la production nationale., - tout en
n'oubliant pas la dépendance de ce laboratoire vis-à-vis des matières
premières nécessaires pour le développement. Les techniques modernes de
développement en couleur ont allégé très considérablement le coût des
installations et rendu beaucoup moins complexes les manipulations. En
tout état de cause, les problèmes techniques posés par l'installation et
l'utilisation de ces laboratoires sont sans commune mesure avec ceux posés
par l'installation et l'utilisation de laboratoires destinés à la fabrication
de supports filmiques.
De même, bien qu'elle soulève des problèmes d'organisation, la distri
bution des diapositives aux usagers entraîne des problèmes infiniment moins
complexes que ceux des films cinématographiques. Compte tenu du faible
coût et de la simplicité de manipulation du matériel de projection, il
apparaît d'emblée que la mise à la disposition permanente de projecteurs
de diapositives dans les écoles et les centres d'enseignement informel
s'impose alors que le prêt ou la location implique un surcroît de problèmes
organisationnels qui ne semblent pas avoir de raison d'être. Il en va
de même de la mise à la disposition permanente des jeux de diapositives.
Dans certains cas, là où les services postaux fonctionnent de manière
satisfaisante, les services de prêts peuvent être envisagés et mis en
oeuvre. Dans ces cas, la fluidité du fonctionnement suppose que le centre
audio-visuel informe régulièrement et complètement les centres utilisateurs
des disponibilités. ~
- 24 -
Conclusions
Il semble bien que là où l'on dispose d'électricité, la projection
de diapositives constitue un moyen très souple, peu coûteux et facile à
mettre en oeuvre pour une très large gamme de sujets, de supports visuels,
voire audiovisuels (avec l'adjonction de lecteurs de cassettes synchrones)
pour l'enseignement. Lorsque l'on envisage, d'une manière assez large
l'introduction de medias à projection d'images pour l'enseignement, il
conviendrait de s'assurer d'abord qu'il est fait un usage optimal des
possibilités des diapositives avant d'introduire le cinéma et la télévision,,
Il est en effet très probable que le medium diapositives présente le plus
haut rapport qualite-utilité/prix parmi tous les médias visuels ou audio
visuels.
- 25 »
CHAPITRE 6
CASSETTES ET LECTEURS DE CASSETTES
1. Caractéristiques techniques
Les lecteurs de cassettes et les cassettes elles-mêmes constituent
un medium particulièrement bien adapté à l'enseignement dans les régions
rurales des pays en voie de développement. En effet, l'appareillage
aujourd'hui disponible est techniquement très fiable, simple à mettre en
oeuvre et solide. De plus, il peut fonctionner sur batterie et est très
aisément transportable. Son faible coût permet, en pratique, d'en faire
un instrument d'enseignement collectif tout aussi bien qu'individuel.
Il est d'une très grande souplesse d'emploi quant aux rythmes et
aux durées d exposition au medium. En effet, les messages peuvent avoir
des longueurs variant de quelques minutes à deux heures.
Lorsque l'on dispose de lecteurs-enregistreurs de cassettes, apparaît
alors la possibilité d'un système d'enseignement à double flux : l'auditeur
peut très bien enregistrer au dos de la cassette les réponses aux questions
posées sur la première face ou poser lui-même des questions. Le système
"aller-retour" suppose naturellement qu'il existe un appareil postal fiable.
2. Champ d'utilisation
Les lecteurs-enregistreurs de cassettes semblent assez peu utilisés
dans l'enseignement formel, abstraction faite pour l'enseignement des langues
étrangères où ils peuvent constituer un instrument dans des "laboratoires
de langues" plus ou moins perfectionnés et équipés. En revanche, ils ont été
et sont encore largement utilisés pour l'éducation des adultes dans les
domaines techniques les plus variés. Ainsi, on les a utilisés en Inde pour
la formation agricole, comme auxiliaires pour la formation des sage-femmes
au Pakistan, à Taïwan pour la formation technique industrielle ainsi qu'en
Equateur où ils ont été utilisés sur la base du système "aller-retour" avec
les stations de radio.
Il convient d'attirer l'attention sur le fait que le système
enregistreurs de cassettes ou enregistreurs-lecteurs est particulièrement
bien adapté, tout comme la radio, aux cibles analphabètes ou semi-
analphabètes.
Les avantages que l'on a pu constater dans l'utilisation de ce medium
sont les suivants Î l'utilisation des lecteurs de cassettes permet un contrôle
local des conditions de réception et d'écoute. A ce titre, il est un des
- 2б -
plus souples qui soit, notamment en raison des possibilités d'écoute indivi- duelle. Les horaires d'écoute peuvent dès lors parfaitement se moduler
sur les conditions locales.
La cassette est sans doute le medium qui permet le mieux de fabriquer
à bon marché des messages à destination de cibles très locales ou même
d'employer les dialectes locaux sans difficulté; elle permet aussi de rendre
les messages extrêmement crédibles par l'utilisation des réalités locales
comme élément du vecteur informationnel.
Par ailleurs, les possibilités d'écoutes individuelles ou intimes
permettent de traiter des sujets qui peuvent difficilement être abordés
avec des moyens de diffusion de masse comme la radio, par exemple, les
techniques de contraception.
3. Principaux problèmes d'organisation
Le problème central de l'utilisation des cassettes comme vecteur
d'éducation est celui de la conception et de l'élaboration des messages.
Tout comme pour la radio, si le lecteur-enregistreur de cassettes doit
être utilisé massivement comme support d'éducation formelle ou non formelle,
il est indispensable de mettre au point une équipe concevant et élaborant
les messages. Cette équipe ne doit pas avoir de simples préoccupations
techniques d'enregistrement. Elle doit pouvoir être informée et tenir
compte de la spécificité des lieux d'écoute et des cibles visées. Cet
aspect commande que des structures d'enquêtes et d'études du milieu soient
mises en place avant l'élaboration des messages proprement dits. Par
ailleurs, les nécessités de l'évaluation de l'impact des messages ainsi
que celles de l'adaptation permanente du message aux besoins exigent le" plus
souvent la permanence sur le terrain d'encadreurs pour l'éducation des
adultes«, Ceux-ci font fonction alors non seulement d'informateurs concer
nant les réalités locales avant élaboration des messages mais aussi
d'évaluateurs permanents et d'animateurs d'enseignement. Ces encadreurs
sont généralement les agents locaux des ministères utilisant le medium
(agents locaux de santé, du Ministère de l'agriculture, etc...).
La souplesse même de l'utilisation du medium rend indispensable
l'évaluation de l'impact sur les cibles visées. Outre la présence locale
des encadreurs, certaines expériences ont été fondées sur un système
utilisant l'aller et retour des messages. Non seulement, ce système permet
une meilleure évaluation permanente de l'impact des messages - au moins ~
dans ces aspects matériels - mais en plus, il est conçu comme un système
- 27 -
permettant d'éviter la centralisation de l'éducation en favorisant la parti- -
cipation des auditeurs à leur propre formation. Les problèmes essentiels
posés par ce système sont ceux de la régularité du système d'acheminement
matériel des vecteurs (système postal ou autre) ainsi que celui de la
disponibilité du personnel nécessaire pour traiter matériellement les
messages retournés au centre émetteur. L'organisation d'une équipe capable
de traiter des quantités significatives de cassettes suppose un accrois
sement des dépenses non négligeable.
Un aspect pratique de l'utilisation des cassettes pour l'éducation
de masse est la disponibilité de matériel de reproduction fiable et suffi
samment performant. Il existe aujourd'hui des machines permettant la
multiplication rapide des cassettes mais leur coût est assez élevé.
- 28 -
CHAPITRE 7
MAGNETOSCOPES ET VIDEOGRAMMES
Depuis le début des années 1970, un engouement certain s'est manifesté
pour l'utilisation de la "vidéo" légère à des fins d'enseignement en milieu
rural. La raison de cet engouement est que la "vidéo", malgré de nombreux
inconvénients, est aujourd'hui pratiquement le seul moyen léger qui associe
l'image animée et le son sans inertie technique. En effet, la "vidéo"
peut bénéficier d'une certaine autonomie énergétique par rapport aux sources
fixes ou lourdes d'énergie (secteurs ou générateurs) puisqu'elle peut
fonctionner sur batterie. Elle bénéficie également d'une certaine autonomie
de production en ce sens qu'il n'est pas nécessaire de travailler en régie
fixe à aucun moment du tournage et de la diffusion. Le matériel audio
visuel peut être rediffusé aussitôt tourné, ou bien peut être rediffusé
après un montage assez aisé. La vidéo conjugue ainsi, en un seul appareil
et en les dépassant, les avantages des enregistreurs-lecteurs de cassettes
et de la photographie instantanée. Le cinéma à développement instantané
(polaroid) qui vient d'être tout récemment mis sur le marché est apparemment
le seul instrument susceptible de se substituer, avec les mêmes avantages,
à la vidéo légère.
1. Caractéristiques techniques
L'autonomie énergétique est possible mais est d'assez courte durée.
En cas de tournage prolongé, il faut disposer soit d'un groupe électrogène,•
soit d'une voiture.
Contrairement au cinéma, il n'est pas nécessaire de disposer d'un
laboratoire de développement et le visionnement du résultat peut être
effectué immédiatement après le tournage. Il faut toutefois attirer
l'attention sur le fait que le document brut est souvent décevant s'il
n'a pas été réalisé par un professionnel très averti.
Théoriquement, la "vidéo" est d'un emploi très aisé. En fait, la
manipulation par des non-techniciens ne donne pas souvent des résultats
satisfaisants,,
Les bandes "vidéo" sont relativement bon marché et peuvent être
réutilisées un grand nombre de fois. L'image est de qualité inférieure à
celle du film. Jusqu'à présent, les "vidéo couleur" sont constituées par
des appareils assez encombrants et d'un maniement plus délicat.
- 29 -
Le montage électronique des bandes "vidéo" se fait sans déchets ^
matériels. Il est moins compliqué que celui du film mais exige la présence
d'un autre magnétoscope relativement coûteux.
Certains types de matériel (dénommés ~$/k de pouce) peuvent être
passés sur le réseau de télévision en circuit ouvert.
Le matériel "vidéo" est assez fragile, il est sensible à l'humidité,
aux poussières, aux chocs et aux manipulations imprudentes. L'entretien
est assez complexe et plus coûteux que celui des systèmes cinématographiques.
Il faut mentionner l'absence de standardisation des matériels qui
est la cause de sérieux problèmes de compatibilité entre magnétoscopes.
Ajoutons que, dans les pays en voie de développement, il n'existe que
très rarement des réseaux de distribution et par conséquent, il faut
énormément de temps pour se procurer les pièces de rechange et même les
bandes magnétiques.
2. Champ d'utilisation
Le champ privilégié d'utilisation du magnétoscope en milieu rural
dans les pays en voie de développement est l'enseignement non formel.
Pratiquement, tous les thèmes classiques ont été l'objet de tournage et
de diffusion magnétoscopiques : planning familial, techniques agricoles,
hygiène, organisation du travail, etc.. On a non seulement formé des
populations indéterminées mais on a tenté aussi de toucher des cibles
plus spécifiques. Par exemple, formation de sage-femmes, de travailleurs
sociaux, d'agents du planning familial, d!extensionnistes agricoles et
autres.
Les caractéristiques propres du système magnétoscopique, à savoir
notamment la possibilité de visionneme nt immédiatement après le tournage
en font un instrument tout indiqué pour les tâches de mobilisation-inter
vention instantanée, pour les tâches d'animation et "de conscientisation"
(Brésil).
Ces mêmes caractéristiques désignent la production magnétoscopique
pour des tâches de communication. Les expériences des "vidéo-lettres"
(Alaska, Côte-d'Ivoire) sont à cet égard significatives. Elles ont permis à des
villages d'exprimer un point de vue, de le faire connaître aux responsables
administratifs du développement et, éventuellement, d'en recevoir des
réponses enregistrées. Cette modalité d'utilisation ne va pas sans poser
de redoutables problèmes politiques dans la mesure où les débats enregistrés""
débouchent très souvent sur des formes plus ou moins larvées de contestation —=
des pouvoirs administratifs.
- зо »
3. Problèmes d' organisation
Les expériences nombreuses qui ont été conduites jusqu'à présent
permettent de mettre en lumière la récurrence d'un certain nombre de
problèmes d'organisation. Certains sont d'ordre purement technique et
ont déjà été partiellement mentionnés: les questions de sources énergé
tiques ne sont pas seulement celles des disponibilités mais aussi des
variations de voltages auxquelles sont très sensibles les magnétoscopes.
Les questions d'entretien et d'approvisionnement en pièces de rechange
sont particulièrement difficiles à résoudre dans les pays où il n'existe
pratiquement pas de réseau de distribution. Certains aspects de l'entretien
qui ne prêteraient pas à conséquence dans les pays industrialisés peuvent
paralyser l'usage du matériel pendant plusieurs mois dans les pays en voie
de développement. Enfin, la nécessité de techniciens qualifiés rend
illusoire l'utilisation de magnétoscopes par les populations concernées
elles-mêmes. Toutes les expériences de "démocratisation" de l'emploi
de cet instrument aux vertus qualifiées, il y a peu encore de "dialec
tiques" convergent pour montrer la médiocre qualité technique de
l'emploi "amateur" du magnétoscope pour l'enseignement. Il existe donc
un problème de formation de techniciens qualifiés. Il s'agit non pas
seulement de former en quelques semaines des personnels susceptibles de
connaître les manipulations techniques de l'appareil mais aussi capables
de l'utiliser avec talent de manière à ce que le message soit efficacement
réceptionné. Ceci est une tâche assez ardue et, en tout état de cause,
de longue haleine. D'autres problèmes sont d'ordre institutionnel. Le
magnétoscope est un outil qui ne peut être utilisé autrement que dans
un cadre institutionnel puisque pour des raisons financières et techniques,
il est exclu d'un usage individuel. Dès lors, se posent tous les problèmes
du soutien administratif, de la coordination et des modalités d'usage des
magnétoscopes. En réalité, il apparaît assez clairement que, dans un
cadre institutionnel, les potentialités réelles du magnétoscope sont
difficilement utilisables de manière continue pour des raisons socio-
politiques, et que la tendance qui se dégage alors est de l'employer comme
instrument de substitution au cinéma. On réalise et on monte des documents
que l'on fait circuler tout comme des films de 16 mm. On constate, même
dans ces cas, que la capacité du magnétoscope à saisir des situations
miего-localisées, spécifiques, dans les langues locales, rend l'utili
sation des produits de tournage difficile dans d'autres/endroits que ceux
» 31 -
où ils ont été tournés» Dans ces conditions, les cibles atteintes sont
nécessairement de dimension réduite et, de ce fait, les coûts de produc
tion par unité de cible sont assez élevés. Enfin, les problèmes posés par
l'encadrement des cibles pendant les séances de tournage-diffusion, soit
pour l'animation, soit pour la vulgarisation, soit pour l'élaboration de
video-lettres sont très importants. Plusieurs expériences ont ainsi échoué
du fait de la maladresse de cet encadrement.
Il semble, en résumé, que l'utilisation de la "vidéo" pour l'ensei
gnement en milieu rural pose des problèmes extrêmement complexes sur le
plan technique, et délicats sur le plan socio-politique. En ce sens, il
est important de noter que les expériences devraient se poursuivre avec
prudence mais qu'elles doivent être centrées sur l'idée que la "vidéo"
ne peut être le projet en soi, mais au contraire qu'elle peut venir éventuel
lement se surajouter à un système d'enseignement comme un outil dont on
pourrait à la limite se passer. Il est en effet indispensable que des
projets d'enseignement et de développement ne dépendent pas de moyens aussi
fragiles techniquement et socialement que ceux constitués par les systèmes
magnétoscopiques.
- 32 -
PARTIE II - ORGANISATION DES CENTRES AUDIO-VISUELS
S'il s'agit d'utiliser massivement et sur une grande échelle des
auxiliaires audiо-visuels dans l'éducation, de considérables problèmes d'organisation peuvent se présenter. L'absence de solutions ou des solutions
inadéquates peuvent réduire l'efficience de ces médias..
Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler quelles sont les tâches géné
rales que doivent assumer les services audio»visuels, afin de garantir
un optimum d'efficience dans la mise en oeuvre de moyens généralement
coûteux. En effet, un service audio-visuel, d'envergure nationale,
travaillant pour tout le pays doit normalement assumer les tâches suivantes ;
- promouvoir, produire ou importer, évaluer l'équipement audio
visuel nécessaire à l'éducation,
- gérer centralement ou de manière décentralisée ce matériel et,
en tout état de cause, organiser la mise à la disposition des centres
d'enseignement de l'équipement audio-visuel,
élaborer une politique générale à court, moyen et long terme de
1'audiо-visuel en étroite collaboration avec les responsables de l'éducation qui ne sont pas ceux dépendant exclusivement des Ministères de l'éducation,
et avec les éventuels centres de production et d'émission radio et télé
visuelle qui peuvent constituer des entités distinctes des services audio
visuels proprement dits.
Ces tâches, et d'autres encore, sont assumées au travers d'un certain
nombre de fonctions qui seront analysées en détail au moment où seront abordée
les questions de l'organisation interne d'un service audio-visuel.
- 33 -
CHAPITRE 8
INSERTION DE3 SERVICES AUDIO-VISUELS DANS LE SYSTEME EDUCATIF
1. Nécessité d'une organisation insérée dans le système éducatif
Bien que chaque pays ait des besoins particuliers en matière audio
visuelle, on peut poser comme un acquit très général des nombreuses expé
riences passées qu'une utilisation efficace des medias pour l'éducation,
en particulier en milieu rural, suppose que soit mise sur pied une organi
sation spécifique et que son activité soit insérée dans le système global
d'éducation, l'organisation spécifique s'oppose ici au hasard et au laissez-
faire ; de même qu'insertion s'oppose à juxtaposition.
D'une part, si l'utilisation des médias pour l'enseignement formel
ou informel est laissée entièrement à 1'initiative locale,que ce soit en
ce qui concerne le choix des medias ou en ce qui concerne les modalités
d'utilisation, les risques d'inefficience organisationnelle sont considé
rables. Ils vont des difficultés d'approvisionnement en supports matériels
de messages (films, cassettes, etc..) jusqu'aux problèmes posés par
l'approvisionnement en pièces de rechange et l'entretien, ainsi que ceux
posés par la continuité des financements.
Mais, d'autre part, s'il existe une véritable organisation chargée
de l'utilisation systématique des medias sans que leur contenu soit défini
en étroite collaboration avec les utilisateurs - ce qui suppose une insertion
conceptuelle et organisationnelle dans le système éducatif, il y a toute
chance que se posent de manière massive les problèmes d'adéquation des
medias aux besoins d'éducation.
Naturellement, l'ampleur de l'organisation et les modalités d'insertion
d'un service audio-visuel dans le système éducatif dépendront fortement de
l'importance qui est donnée à l'audio-visuel pour l'éducation. S'il s'agit,
comme cela a été longtemps le cas dans les pays en voie de développement,
de distribuer occasionnellement à certaines écoles quelques films ou diapo
sitives, il n'y a pas besoin de mettre au point un service spécifique
d'ampleur nationale pour ce faire. N'importe quel service du Ministère
de l'éducation peut temporairement s'en charger. De même, il existe bien
des cas où l'initiative privée, notamment confessionnelle a pu, en liaison
directe avec leur hiérarchie à l'étranger, assurer dans les écoles qu'elle
contrôlait, un service audio-visuel parfaitement efficace du strict point
de vue organisât!onnel , ce qui tendrait à prouver qu'organisation n'est
pas nécessairement synonyme de contrôle étatique.
- 34 -
Enfin, lorsqu'il s'agit de projets pilotes ou expérimentaux étroi
tement localisés, il est bien évident que ne s'impose aucunement l'existence
d'une structure générale étatique. Au contraire, l'insertion de l'audio
visuel dans ces cas s'effectue toujours au niveau local ou régional auquel
a lieu le projet pilote ou expérimental.
Les problèmes posés par l'organisation générale et l'insertion d'un
service audio-visuel dans le système éducatif semblent être principalement
de deux ordres : structurel d'abord ; quelle doit être la place d'un tel
service dans la structure administrative? Financier ensuite ; quelles sont
les sources de financement et le degré d'autonomie qui conviennent le mieux
au bon fonctionnement d'un service audio-visuel ?
2. Organisation générale et insertion d'un service audio-visuel dans le système éducatif
Dans la plupart des pays en voie de développement qui possèdent un
service audio-visuel de portée nationale, celui-ci est né à l'intérieur
même du ou d'un des ministères de l'éducation et s'y est développé comme
département ou direction particuliers. Très souvent, son origine est le
service qui fournit les auxiliaires matériels traditionnels de l'éducation
(cartes murales, affiches, tableaux adhésifs etc..) et qui par croissance
progressive devient un service audio-visuel sans perdre nécessairement ses
fonctions antérieures. Quelquefois, un service audio-visuel est créé
d'emblée comme tel à l'intérieur du ministère de l'éducation. Dans ces
deux cas, le service audio-visuel est administrativement intégré au système
éducatif par le seul fait qu'il fonctionne au sein du département comme
n'importe quelle autre direction ministérielle. Mais d'autres formules peuvent
exister. Ainsi, certains services audio-visuels peuvent fonctionner en dehors
de tout ministère sous la forme de Fondation Indépendante soit entièrement
financée sur fondsd'Etat, soit à financement privé ou encore à financement
mixte* Ces fondations peuvent avoir des buts entièrement lucratifs ou seule
ment partiellement. Entre ces deux systèmes, on trouve quelquefois des
services audio-visuels constitués en entreprise étatique autonome tant
sur le plan administratif que financier. Ils sont alors, ou s'apparentent,
à des offices soumis au contrôle étatique a posteriori. Le "Centre pédago
gique national" constitue le prototype de ce type de structure. Dans ces
deux cas, l'intégration du système audio-visuel au système éducatif a lieu,
soit par la mise en place de structures permanentes de coordination adminis- -
trative, soit sous forme de fournitures de services contractuels. Il est
important de noter le fait que l'existence d'un centre audioyvisuel quelle
- 35 -
que soit sa forme administrative ne signifie pas que ce centre contrôle et ~
gère lui-même tous les moyens audiо^visuels destinés à soutenir l'enseignement. La séparation de gestion est pratiquement toujours la règle quand il existe
une télévision et/ou une radio nationale qui ne sont que partiellement
utilisées pour l'éducation. Dans ce cas, s'établissent également des systèmes
de coordination et de collaboration administrative ou même contractuelle.
3. Les grands problèmes de l'insertion
Il ne peut être question de préconiser l'une ou l'autre forme d'inté
gration structurelle d'un système audio-visuel dans le système d'éducation«,
Ces formes dépendent dans chaque cas de facteurs très localisés, de l'histoire
de chaque pays et souvent d'opportunités circonstancielles. Il ressort toute
fois d'un examen très général des différentes expériences qui ont été tentées
dans le monde que deux grands types de problèmes peuvent se poser avec des
intensités variables selon les formules choisies.
On constate souvent que l'action d'un service audio-visuel peut être
freinée par les normes bureaucratiques qui régissent les administrations
dont ils font partie, notamment par les normes financières qui régissent
les engagements de dépenses, les obligations inhérentes à la structure
hiérarchique et, en général, le caractère très centralisé des administrations
de l'éducation dans les pays en voie de développement. Un constat courant
est que les services audio-visuels ne jouissent pas d'une autonomie suffi
sante en matière administrative et financière pour assurer la pleine fluidité
de leurs activités. C'est presque toujours le cas quand le contrôle des
décisions s'effectue avant la prise de décision et non a posteriori.
Une des déficiences dont il est le plus souvent fait mention sur le
plan purement organisational dans les expériences sur lesquelles il existe
des rapports d'évaluation, est celle qui a trait au manque de coordination
entre les institutions qui interagissent pour la mise en oeuvre des medias :
ministère de l'éducation,centre de diffusion des messages (radio et/ou
télévision), centres techniques d'élaboration, de conception et de fabri
cation des programmes, autres ministères ayant leurs propres programmes
d'éducation (agriculture, santé publique le plus généralement) système
postal, etc.. Ces déficiences qui peuvent être très lourdes de conséquences
et quelquefois réduire à peu de choses l'utilisation des moyens audio
visuels dans les processus éducatifs tiennent à des causes très diverses
dépassant souvent le cadre du problème de l'installation d'un système de
soutien audio-visuel. C'est le cas des "concurrences inter-bureaucratiques",
- 36 -
de l'instauration d'instances de coordination situées à des niveaux inadé
quats par suite d'fîxcès général de centralisation des pouvoirs de décision ;
c'est le cas lorsque se manifestent des désajustements de statuts adminis
tratifs et de 1a fonction publique et enfin lorsque l'efficacité propre
de certaines institutions qui devraient collaborer avec le système audio
visuel est elle-même faible» A ce sujet, on a pu aller jusqu'à affirmer
que l'efficience d'un système audio-visuel de soutien à l'éducation était
en réalité la résultante des efficiences partielles des organismes et
entités qui concourent avec lui au but final. Il importe donc de considérer
avec la plus grande attention la nature, les formes, les niveaux et les
pouvoirs des organismes de coordination ainsi que les processus mis en
oeuvre pour assurer le fonctionnement harmonieux des services audio-visuels.
C'est en effet à ce niveau, très général, que semblent se manifester les
plus sérieux goulets d'étranglement organisationnels.
Il importe de noter que la mise en lumière des déficiences struc
turelles dans la conception et la localisation administrative d'un service
audio-visuel ne doit pas nécessairement conduire à des bouleversements
de fond. En effet, l'expérience semble prouver que les bouleversements
que peuvent entraîner des transformations ou des transferts administratifs
radicaux peuvent avoir, en fin de compte, plus d'inconvénients que les
tentatives de redressement de situations cristallisées par l'histoire.
4. Le financement : sources et modalités
L'importance et la stabilité du financement d'un service audio
visuel apparaissent comme des facteurs-clefs de l'efficience. Les études
effectuées dans la plupart des pays en voie de développement montrent
qu'à de très rares exceptions près, le défaut de financement est général
et qu'il constitue une des causes essentielles des pertes d'efficience»
Il faut à ce propos distinguer les dotations initiales en capital et les
frais fixes d'une part, le financement de fonctionnement d'autre part«,
Dans une perspective d'appréciation économique globale, on ne peut absolu
ment pas négliger par ailleurs, le coût inhérent à la création d'un contexte
de réception du message transmis par les medias, tout particulièrement en
ce qui concerne l'éducation non formelle. Les expériences montrent ainsi
qu'on a fréquemment négligé dans les plans de financement des projets
les coûts annexes du training des professeurs à l'utilisation des medias,
la formation des moniteurs pour l'éducation non formelle etc..., alors
que toute l'attention était fixée sur les coûts d'investissement et de
fonctionnement technique du matériel proprement dit.
- 37 -
Les dotations en capital et les quantités de personnel technique
nécessaires peuvent varier considérablement selon le type de medium utilisé.
Mais, pour chaque type de medium il existe un seuil minimum d'investissement
et de frais fixes en«deçà duquel le sous-emploi du capital est inévitable
par suite de l'apparition de désajustements entre les éléments constitutifs.
Ainsi, on constate fréquemment dans des centres audio-visuels l'existence
d'un matériel coûteux et sophistiqué dont on ne peut pas vraiment tirer tout
le parti possible, faute de personnel technique adéquat et suffisamment fourni.
Même, dans les projets soigneusement planifiés où l'on n'a pas négligé ces
exigences de seuil et de proportionnalité, cette déficience constitue un
risque permanent, soit parce que le personnel prévu n'existe pas en réalité,
soit que la concurrence extérieure aux services audio-visuels joue parfois
un rôle considérable dans la "fuite des techniciens". Par exemple, les
salaires considérables payés dans certains pays du golfe Persique semblent
littéralement vider d'autres pays du Moyen-Orient de leurs techniciens en
audio-visuel parce qu'ils ne peuvent leur offrir des conditions aussi
intéressantes.
Bien qu'il ne s'agisse pas toujours d'une question de financement,
beaucoup d'auteurs signalent la question de la dépendance technico-financière
vis-à-vis de l'étranger que peuvent occasionner certains projets importants
dans l'audio-visuel de soutien à l'enseignement. La Conférence de Dakar
tenue en 1975 sur les auxiliaires de l'éducation préconisait à ce propos
un effort visant à l'auto-approvisionnement.
Les frais de fonctionnement constituent souvent le point faible des
projets d'utilisation des medias pour l'éducation. D'une part, leurs sources
sont généralement instables et l'évolution de leur montant difficilement
prévisible^ au-delà du court terme. Cette déficience affecte tout particu
lièrement la planification d'un développement harmonieux des services de
soutien qui peuvent être fournis par l'audio-visuel. Une des causes les
plus fréquemment citées des pertes d'efficience et surtout d'accroissement
des coûts est invariablement les délais d'obtention des ressources prévues.
Enfin et ceci constitue un dernier problème très important d'ordre
général, les dépenses relatives aux coûts annexes de l'utilisation des medias
sont pratiquement toujours sous-estimées, quelquefois, carrément ignorées .
- 3 -
Le manque de ressources pour ces dépenses peut aboutir à des blocages
considérables. Par exemple, lors de l'extension du projet d'éducation non
formelle par radio en Inde (radio Pooxa), le manque de financement pour
la formation des encadreurs des auditeurs de villages a sans doute fait
baisser la productivité de l'emploi du médium puisque sur les 25.000
"centres d'écoute" prévus, moins de 12.000 seulement ont pu fonctionner.
- 39 -
CHAPITRE 9
LES GRANDES FONCTIONS D'UN SERVICE AUDIO-VISUEL
La mise en oeuvre massive des medias pour le soutien de l'ensei
gnement suppose que soient assumées un certain nombre de fonctions indis
pensables. Les plus importantes de ces fonctions sont : la planification,
la production de matériel, la distribution, la formation des enseignants
et techniciens ainsi que la recherche.
1. Planification de l'utilisation des médias
Il s'agit là d'une fonction centrale dont la mise en oeuvre englobe
et organise toutes les autres fonctions. Elle suppose la création d'un
comité national de planification auquel participeront toutes les entités qui
fournissent des services audio-visuels ou qui les utilisent, , depuis le
ou les ministères de l'éducation jusqu'aux ministères de l'agriculture,
de la santé, etc..
D'une manière générale, les problèmes dont il faudra tenir le plus
grand compte dans les tâches de planification et de prévision sont communs
à la plupart des pays en voie de développement : le manque de crédit,
l'insuffisance de personnel technique qualifié et d'enseignants, le manque
de matériel d'équipement, et de moyens pour l'entretien, les difficultés
d'alimentation électrique et les déficiences des voies de communication et
de moyens de transport. Dans cette ambiance de pénurie, une des erreurs
les plus communes et sans doute la plus lourde de conséquences est le
double emploi des ressources. Ainsi, il est très courant que plusieurs
ministères développent chacun leur propre service audio-visuel et sélec
tionnent chacun des systèmes de soutien à l'enseignement de nature technique
très différente. Outre les problèmes posés par l'éclatement et la dispersion
du matériel ainsi que par le manque de standardisation,une telle manière
de procéder entraîne généralement des pertes d'efficience considérable au
niveau du personnel technique et, en définitive, une hausse notable des
coûts de fonctionnement. Il apparaît dès lors indispensable qu'un seul
centre de 1'audio-visuel assure la coordination globale et la planification
de l'utilisation de ces moyens. A ce centre reviendront aussi les tâches
d'évaluation du matériel et de l'équipement importé, les tests d'utilisation
et l'élaboration des plans d'importation, y compris ceux d'importation
des pièces de rechange et des moyens d'entretien.
- 40 -
2. Production de matériel ~
La fonction de production apparaît assez difficile à assumer mais elle
est tout à fait essentielle. En effet, il est d'un constat courant que
les productions de moyens de support, de messages audio-visuels, qui ne
sont pas élaborées dans le pays même, voire à l'endroit même de l'utilisa
tion sont généralement peu adaptées aux besoins réels, sauf naturellement
en ce qui concerne les programmes très généraux. Aussi, l'importation
inévitable dans la plupart des cas doit-elle être soigneusement planifiée.
Ceci vaut tout particulièrement - semble-t-il - pour les films de cinéma
et de télévision à usage d'enseignement.
Il importe donc de développer une attitude positive face à la
production nationale de messages audio-visuels qui permet de garantir une
bonne adaptation aux besoins réels du pays, le respect des valeurs cultu
relles locales et surtout une diminution de la dépendance vis-à-vis de
l'étranger.
Dans un premier temps, il est possible que la production soit
centrée sur des auxiliaires audio non électroniques tels que modèles,
tableaux de feutres, cartes, affiches, etc.. réalisables avec des inves
tissements légers et peu complexes. Puis, ultérieurement le centre peut
produire les messages audio-visuels des cassettes magnétophoniques ou de
magnétoscopes, les images pour epidiascopes etc.. . Enfin, ultérieurement,
il est possible d'entreprendre la production de films 16 mm ou super 8 voire
35 mm et de films magnétoscopiques pour les programmes de télévision,, La
programmation a long terme d une production de media adaptée aux besoins
locaux suppose également une planification soigneuse de la formation des
techniciens. Mais surtout, il convient de rappeler que la fabrication
de films, 35 mm, 16 mm et de films magnétoscopiques exige des inves
tissements très lourds (laboratoires de développement, salles de montage,
auditorium de mixage, e t c . ) . Ces investissements ne se justifient que
si la production de moyens audio-visuels est suffisamment importante pour
amortir raisonnablement ce matériel. Or, on constate couramment que les
pays qui se sont dotés d'un tel équipement les sous-utilisent, moins par
suite du manque de techniciens que par suite de restrictions de finan
cement pour les dépenses de fonctionnement et surtout par suite du
manque de concepteurs de programmes et de films de bon niveau professionnel.
L'amateurisme plus ou moins élaboré en matière de production de films, de
programmes vidéo et télévisuel constitue, comme en témoignent toutes
- 41 -
les enquêtes, un facteur considérable de perte d'efficience pédagogique. —
Le premier moment de curiosité passée, les éducateurs, tout comme les
enseignés tendent à se détourner de messages mal conçus, ennuyeux et
répétitifs* L'utilisation efficiente de ces médias lourds suppose donc
que soit créé un véritable climat audio-visuel qui ne peut se construire
très rapidement ni ex-nihilo. C'est pour cette raison qu'il conviendra
de planifier soigneusement la production progressive de ces médias conjoin
tement ayec les importations pendant une période suffisamment longue pour
que l'on donne aux techniciens et réalisateurs le temps de se former pour
ensuite être employés à la production nationale»
5o Distribution et services techniques
En matière d'audio-visuel, la question de la distribution est
certainement une des plus délicates à mettre au point. La raison en est
généralement l'insuffisance des moyens de transport, la lenteur des commu
nications et les aléas des systèmes postaux. Selon l'importance de ces
problèmes qui varient de pays à pays, il conviendra d'opérer un choix
judicieux entre la location et l'achat par les écoles des supports et des
messages audio-visuels. Si l'achat de films, de cassettes, de disques
de diapositives semble à première vue plus onéreux que la location, en
revanche, ce système limite les transports et les envois, les délais de
fourniture et permet sans difficultés majeures l'utilisation d'une année
sur l'autre d'un même support«, L'inconvénient principal de l'achat, outre
son prix pour l'école utilisatrice, est celui de la multiplicité des
copies nécessaires par suite de l'absence de rotation du matériel. Dans
certaines conditions, on peut instaurer un système mixte : achat de certains
types de supports peu coûteux (cassettes) et de location pour les films.
Ceci apparaît particulièrement intéressant lorsqu'un effort de décentra
lisation, surtout nécessaire dans les grands pays, justifie la création
de sous-centres audio-visuels provinciaux. Dans ces cas, ces sous-centres
peuvent non seulement distribuer du matériel audio-visuel mais aussi
produire localement certains des supports. En tout état de cause, la mise
au point d'un bon réseau de distribution est coûteuse et lente. Elle
suppose pour être pleinement efficace qu'aux services de distribution soient
adjoints des services d'information, voire de démonstration.
En matière de cinéma, il convient d'attirer l'attention sur 1*intérêt
qu'il y a à utiliser, pour l'éducation formelle comme pour l'éducation non -
formelle des unités mobiles fonctionnant avec des groupes électrogènes.
- 42 -
Soigneusement planifiée, l'utilisation de ces unités permet une utilisation
très intensive du matériel disponible et réduit d'autant le nombre de
copies nécessaires pour un film donné tout en maximisant le nombre de
spectateurs qui pourront en bénéficier.
Les centres ou sous-centres audio-visuels devront impérativement
disposer de services techniques adéquats dont la fonction sera non seulement
d'assurer l'entretien, la fourniture de pièces de rechange mais aussi la
formation des utilisateurs du matériel électronique, soit par des stages,
soit par des démonstrations sur place. Comme le montre l'expérience, le
manque de pièces de rechange constitue souvent un problème majeur pour
l'utilisation fluide du matériel audio-visuel. L'absence d'une simple
ampoule électrique peut ainsi conduire à l'immobilisation durant des
temps très longs de projecteurs de films par exemple. Dans ces conditions,
il y a lieu d'attirer l'attention sur l'importance qu'il y a, lors de la
signature de contrats d'importation de matériel, d'y adjoindre des contrats
à long terme de fourniture de pièces de rechange et surtout de prévoir,
dès le début de la mise en place du système audio-visuel, des ressources
pour le financement de stocks et pour l'entretien. Il convient de rappeler
à ce sujet que le prix des pièces de rechange est généralement très élevé,
que la fabrication de nouveaux matériels peut interrompre brutalement les
fournitures et surtout qu'au cours de leur vie active, certains matériels
peuvent nécessiter des pièces de rechange pour un montant équivalant à
25 - 50 % de la valeur initiale de l'achat»
4. Formation des enseignants
La formation des enseignants englobe à la fois une rapide initiation
technique, lorsqu'il s'agit d'utiliser à l'école un matériel nouveau (cassettes,
projecteurs de cinéma, magnétoscopes, etc...) mais surtout une formation
pédagogique. Un constat général est qu'il existe fréquemment une forte
résistance à l'emploi des medias modernes dans l'enseignement. Un effort
de motivation et de persuasion s'avère dès lors indispensable pour insérer
l'usage courant du nouveau medium dans le système d'éducation. La question
de la formation des enseignants et des encadreurs pour la réception du
message est particulièrement importante lorsqu'il s'agit de mettre sur pied
un système de formation intensive des adultes»
- 43 -
5. Recherches et développement ^
Il incombe au centre audio-visuel de procéder à des recherches perma
nentes sur l'efficience et la qualité technique des medias d'une part,
sur l'efficacité pédagogique des moyens audio -visuels d'autre part. L'absence
ou l'insuffisance de recherche est fréquemment constatée de sorte que les
évaluations sont malaisées. Par ailleurs, une documentation insuffisante
sur les techniques existantes et les expériences tant internationales que
nationales peut conduire à mettre en oeuvre des techniques dépassées souvent
justifiées par une hypothétique nécessité de simplicité ou de robustesse
du matériel» Mais, le constat le plus frappant est moins l'absence de
recherche ou d'expérience que l'extrapolation abusive ou beaucoup trop
optimiste des résultats. De fait, dans les pays en voie de développement,
il a été fréquemment mis sur pied-de nombreux projets*pilotes ou localisés
d'utilisation des medias pour l'enseignement, à des fins expérimentales.
Les enseignements techniques que l'on a pu tirer de ces projets ont été
généralement de qualité, mais des erreurs d'appréciation quelquefois très
grandes ont été commises quant aux possibilités d'extension et de généra
lisation des résultats obtenus. Deux raisons principales expliquent que
le succès de projets pilotes ou micro-localisés se traduisent difficilement
par un succès identique lorsque les techniques et les résultats de ces
expériences sont généralisés. La première est qu'il existe une tendance
très nette à assigner aux projets pilotes et expérimentaux des ressources
monétaires humaines et matérielles en quantités plus importantes qu'il ne
sera possible de le faire pour des projets de même nature lorsqu'ils seront
élargis. En réalité, les projets pilotes peuvent fournir des enseignements
précieux sur les questions posées par la technologie des medias mais ils
constituent très rarement "le modèle réduit" de ce que seraient ces mêmes
projets élargis du point de vue des ressources globales. Il importe donc
d'attacher une attention particulière aux moyens mis en oeuvre dans ces
projets expérimentaux de manière à s'assurer que leurs conditions propres
reflètent bien ce que seront celles de projets plus vastes élaborés sur
la base des mêmes technologies.
Par ailleurs, l'extension de projets pilotes ou expérimentaux
permettent rarement l'extension à l'identique des méthodes d'organisations
mises au point. En effet, entre un projet local et un projet national
existent des différences d'échelles qui modifient considérablement les
paramètres organisationnels (administration, coordination, transports,
moyens de communication etc..) de sorte que des difficultés considérables
- 44 -
peuvent surgir alors même que des systèmes satisfaisants semblent avoir
été mis au point. Il y a lieu d'insister sur le fait que le caractère
expérimental de certains projets d'insertion de l'audio-visuel dans les
systèmes d'éducation apporte des éléments de connaissances surtout quant
aux modalités d'organisation.
- 45 -
CONCLUSIONS
L'examen de la littérature existante sur l'utilisation des medias
en général et en particulier pour l'enseignement en milieu rural montre
la rareté persistante d'études d'évaluation de leur efficience. Tout
particulièrement, il n'existe que très peu d'études concernant les rela
tions coûts-bénéfices. Il ne faudrait pas à notre sens voir dans cette
rareté exclusivement une lacune de la recherche ou de la pensée théorique.
Elle nous semble plutôt liée au fait que les médias modernes, quoique
très puissants, ne peuvent être considérés comme un élément autonome
dans les processus d'enseignement. Ils constituent au contraire un des
éléments constitutifs des systèmes d'enseignement difficilement separables
des autres. Au même titre qu'il est difficile d'isoler le rôle du tableau
noir et de la craie dans les processus d'enseignement, il est difficile
d'isoler le rôle de la radio des autres composantes du système, par exemple..
Ceci explique ipso facto les difficultés de l'évaluation - tout au moins
quantitative. Dans les meilleurs des cas, seules des comparaisons qualita
tives le plus souvent sont possibles entre les différents medias utilisés
ou utilisables. On constate ainsi que les facteurs généralement considérés
comme décisifs pour le succès ou l'échec de l'utilisation des médias sont
ceux relatifs à la planification et au financement, les facteurs qui
concernent les potentialités techniques des médias eux-mêmes, ceux relatifs
au contexte d'utilisation et enfin ceux relatifs à l'organisation de
l'audience cible. Cette multiplicité des facteurs, pouvant chacun constituer
un cas très spécifique, explique la difficulté des comparaisons et des
évaluations relatives. Néanmoins, l'attention peut être attirée sur les
points suivants ;
L'examen systématique de l'expérience internationale montre à l'évidence
que le problème fondamental posé par l'utilisation d'un ou de plusieurs
médias est d'abord celui d'avoir un projet d'éducation bien cerné avant d'avoir
un "projet média". En fait, la planification de l'utilisation d'un médium
doit commencer et se justifie par l'existence d'un important problème d'éduca
tion en quête de solution.
La démarche inverse qui, en réalité, et sous des apparences diverses,
se propose d*utiliser d'abord des médias modernes pour chercher ensuite à
quels problèmes d'éducation ils pourraient s'appliquer , conduit inéluc
tablement à l'échec. En effet, la technologie, même la plus sophistiquée,
ne peut rien par elle-même si elle ne trouve pas de point d'application précisT
- 46 -
Il semble qu'il existe une tendance assez générale à donner trop d'impor
tance aux projets techniques opérationnels et insuffisamment aux défini
tions des objectifs et des buts de l'éducation elle-même. Dans ces condi
tions, l'utilisation des médias modernes ne fait que refléter dans sa
faible efficience, les lacunes mêmes du projet d'ensemble d'éducation. On
ne saurait dès lors mettre en cause l'instrument,alors même que le projet
d'ensemble n'est'pas suffisamment cohérent.
Un autre constat très général est que les mêmes erreurs et les
mêmes déficiences se répètent constamment dans l'ensemble des expériences
mondiales particulièrement, la tendance à utiliser des médias trop
sophistiqués qui' ne sont pas réellement adaptés aux conditions courantes
qui prévalent dans le milieu rural. Bien souvent, il est vraisemblable
que l'utilisation de médias moins .complexes, moins délicats que ceux plus
modernes que l'on désire employer, rendraient tout autant de services avec
des servitudes technologiques beaucoup plus réduites. Il importe donc de
vérifier soigneusement avant toute généralisation d'utilisation de média
pour l'enseignement de vérifier si leur niveau d'élaboration technologique
est compatible avec le niveau technique général du milieu où ils seront
employés. Cette vérification ne peut s'effectuer qu'à partir d'une pré
planification soigneuse où seront examinées toutes les conditions pratiques
de maîtrise du milieu.
Un dernier constat très général s'impose enfin. De très nombreux
programmes expérimentaux ou pilotes ont paru donner des résultats satis
faisants alors même que leur extension aboutissait le plus fréquemment à
des résultats nettement plus médiocres. Il semble bien que cette situation
soit liée à la tendance à développer des projets expérimentaux dans des
conditions de sur-équipement, de sur-encadrement et de sur-financement qui
seront loin d'être les mêmes une fois que l'on décidera de généraliser le
projet« Il importe donc d'expérimenter dans les conditions réelles qui
seront celles des programmes développés et d'examiner soigneusement si
les composantes des projets pilotes correspondent bien à celles qui prévau
dront dans les projets développés sur ces bases.
» 47 -
RECOMMANDATIONS
Le présent travail se donnait pour but de faire un compte-rendu
des grands types de problèmes qui se posent en matière d'organisation
lorsqu'on utilise les médias modernes pour l'enseignement en milieu rural.
Il ne peut naturellement prétendre, loin de là,avoir épuisé la question.
A la lumière des expériences répertoriées, il importe de porter maintenant
l'attention d'une manière plus approfondie et détaillée sur des expériences
de terrain bien délimitées et significatives. Le choix de ces études est
loin d'être aisé en raison notamment de la diversité des médias utilisés,
de la diversité de l'intensité de leur mise en oeuvre et de l'extrême
diversité des milieux géographiques et sociaux. Dans ces conditions, il
semble raisonnable de procéder à des études médium par médium dans une
optique comparative. Par exemple, il serait possible, et probablement
enrichissant, de comparer deux expériences d'utilisation de la radio de
dimensions et d'objectifs comparables: l'une' que l'on s'accorde à consi
dérer comme positive,l'autre aux résultats discutables. De même, on pourrait
procéder à des études comparatives d'utilisation de la télévision et de tout
autre média. Enfin,du strict point de vue de l'organisation, il serait
certainement profitable de procéder à l'étude comparative de deux ou trois
services centraux audio-visuels.
Ces études n'auraient d'intérêt qu'à la condition d'être conduites
à partir de protocoles d'enquêtes et d'une base méthodologique unifiée
qui reposerait sur des indicateurs communs. Elles devraient prendre
notamment en considération dans chacun des cas comparés :
les systèmes de planification des objectifs et des moyens mis
en oeuvre,
les systèmes de financement,
les facteurs relatifs aux contextes socio-économiques et
culturels,
les facteurs relatifs à l'organisation des populations-cibles.
A titre purement indicatif, on peut mentionner le fait que
l'expérience de la Côte-d'Ivoire est la plus notoire о On y tente en outre l'utilisation massive de la télévision pour l'enseignement y compris dans les campagnes. Les succès mitigés d'importantes expériences d'utilisation
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de la radio et de la télévision en Inde et des expériences non encore
évaluées systématiquement aux Philippines et en Amérique Centrale méritent
sans aucun doute un examen attentif. Enfin, les efforts tout récents
effectués par le nouveau gouvernement de Madagascar en matière d'éducation
en milieu rural (achat de 30»000 téléviseurs fonctionnant sur batterie)
méritent certainement une étude attentive.
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