PANORAMA DE PRESSE
31/10/2017 08h06
CGT
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
ACTUALITE SOCIALE(7 articles)
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Nestlé croque les aides et fait fondre l'emploi (429 mots)
Dans un rapport interdit de publication, l'ex-sénatrice communiste BrigitteGonthier-Maurin s'interrogeait en 2015 sur « la…
Le Cice, un cadeau fiscal toujours plus coûteux et opaque(1335 mots)
Pour le sénateur Pascal Savoldelli, le Cice et le CIR représentent « 27 milliards derecettes évaporées pour l'état, car on…
« La règle veut qu'un patient reste le moins longtemps possible» (1155 mots)
«On veut savoir pourquoi ils ne nous ont pas respectés à ce point et pourquoi ilssemblent nous cacher la vérité. » Plusieu…
Le casse-tête de l'assurance- chômage pour les indépendants(1146 mots)
C'était une des promesses phares de campagne du candidat Emmanuel Macron.C'est aujourd'hui l'un des points centraux de la …
Baisse du chômage : pas d’emballement! (1141 mots)
Diminution des contrats aidés, suppression de la prime à l’embauche pour lesPME, effets négatifs à court terme des ordonnances Macron... L’inversion de …
Emploi : le recours à l'intérim explose (829 mots)
[Graphique] Les créations d'emplois intérimaires ont bondi de 12% en septembredernier par rapport à septembre 2016. De son…
La résorption des inégalités salariales pourrait rapporterplusieurs milliards d'euros à la France (364 mots)
Selon une étude publiée par la fondation Concorde, l'écart de salaires hommes-femmes représente une perte annuelle de 62 milliards d'euros pour l'économie…
RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL(1 article)
mardi 31 octobre 2017 Page 19
PROTECTION SOCIALE(4 articles)
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MOUVEMENTS SOCIAUX(1 article)
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Le bâtiment sur les traces des routiers (672 mots)
Sanctuariser les salaires, le treizième mois, les primes, les frais de déplacementLes accords obtenus par les routiers déb…
" La fin du régime de Sécurité sociale étudiante " promise pour2018 (412 mots)
Ouvrir plus de places, créer de nouveaux parcours, vous demandez beaucoup auxuniversités alors qu'elles souffrent déjà du …
Sécurité sociale : la réforme (presque) cachée (577 mots)
Pourquoi un événement fait-il davantage qu'un autre la une de l'actualité ? C'estun mystère jamais en totalité résolu qui tient au…
Ce qui va changer après le vote du budget de la Sécurité sociale(901 mots)
Des débats par moments très tendus, quelques claquements de porte - lorsque lacon…
Une baisse du coût de la rentrée dès 2018 (602 mots)
« J'ai entendu les messages sur la paupérisation d'une…
Hôpital de Bastia : pour la CGT, la faim justifie les moyens(633 mots)
À situation désespérée, réaction désespérée. C'était le mot d'ordre, hier, dans lehall du centre hospitalier de Bastia. …
ACTUALITE SOCIALE
4
Nestlé croque les aides et fait fondre l'emploiLa multinationale s'apprête à se délester de son laboratoire Galderma des Alpes-Maritimes, aprèsavoir touché 23 millions de crédit d'impôt recherche en 2016.
mardi 31 octobre 2017Page 5
429 mots
D ans un rapport interdit de
publication, l'ex-sénatrice
communiste Brigitte Gonthier-Mau-
rin s'interrogeait en 2015 sur « la jus-
tification du crédit d'impôt recherche
» (CIR) au profit « de quelques
grandes entreprises qui ne semblent
pas éprouver de contraintes particu-
lières de financement de la recherche
». La question est relancée à la faveur
de la restructuration qui menace le
laboratoire en dermatologie Galder-
ma, niché au sein du technopôle de
Sophia-Antipolis, à Antibes (Alpes-
Maritimes). Propriété de Nestlé, le
site pour lequel la multinationale a
touché d'importantes sommes de CIR
pourrait fermer ses portes en 2018,
les actionnaires ayant décidé d'un
changement de la stratégie de re-
cherche du groupe. 550 emplois sont
en jeu, dont 300 seraient supprimés
via un plan de départs volontaires,
100 autres transférés dans un autre
site du groupe en Suisse, et 150
conservés sur place dans l'hypothèse
d'un rachat du site par un repreneur,
ce à quoi ne croient guère les salariés
de Galderma.
Or, rien qu'en 2016, le groupe Nestlé
aurait perçu 23 millions d'euros de
CIR pour Galderma, à rapporter à une
masse salariale brute de 33,6 millions
d'euros. « Chacun de nous est fonc-
tionnaire aux deux tiers, puisque
nous sommes payés à 68 % par l'état
», ironise Fouad Ziani, représentant
CFDT du personnel. Pour l'élu syndi-
cal, « le projet de Nestlé de réorien-
ter les activités de recherche ne tient
pas la route, tout comme son schéma
pour trouver un repreneur. Il s'agit
d'un prétexte, d'un alibi pour fermer
le site en donnant un habillage légal
au plan social. Malgré l'argent public
versé, on ne constate aucune impli-
cation des pouvoirs publics au niveau
national. Il n'y a aucun contrôle, c'est
vraiment un scandale fiscal, cet ar-
gent dilapidé que n'importe qui peut
toucher sans avoir à se justifier ».
Une situation dénoncée vendredi par
le sénateur de Paris Pierre Laurent,
avec l'appui de la responsable com-
muniste départementale Cécile Du-
mas, dans une question écrite au mi-
nistre de l'économie, Bruno Le Maire.
« Nestlé, grande multinationale s'il
en est, a reçu d'importants subsides
publics », écrit le secrétaire national
du PCF, qui demande, si aucune solu-
tion conforme à l'intérêt des salariés
n'est trouvée, que le groupe « pro-
cède au remboursement des aides
publiques qui lui ont été accordées ».
S. C. ■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
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Parution : Quotidienne
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Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 5
BUDGET
Le Cice, un cadeau fiscal toujours plus coûteux et opaqueLe montant de ce crédit d'impôt aux entreprises atteindra 21 milliards d'euros en 2018, un record.Alors que ses effets sur l'emploi sont quasi nuls, les parlementaires n'ont pas accès aux donnéesqui permettraient de retracer son utilisation.
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1335 mots
P our le sénateur Pascal
Savoldelli, le Cice et le CIR re-
présentent « 27 milliards de recettes
évaporées pour l'état, car on n'en
connaît ni l'usage, ni la destination,
ni les objectifs. Cela équivaut quand
même à deux fois le montant total de
l'aide personnalisée au logement
(APL), trois fois le budget de la police
nationale ou encore au recrutement
de 300 000 enseignants chaque an-
née » !
Pour l'année 2018, le coût du Cice
pour les finances publiques devrait
s'élever à 21 milliards d'euros, dont
19,8 milliards de moins-values pour
l'impôt sur les sociétés, une hausse
de 4,3 milliards d'euros (+ 27,7 %) sur
2017 et de 7,8 milliards sur l'an der-
nier (+ 65 %). Si on le rapporte à la
prévision de recettes nettes de l'im-
pôt sur les sociétés pour 2018 (25,3
milliards), la perte induite par le Cice
représente quelque 78 % de ces re-
cettes. Depuis la création de ce crédit
d'impôt, le total des « restitutions »
d'impôt sur les sociétés (hors indus et
contentieux) a été ainsi multiplié par
2,5 en cinq ans, passant de 12,45 mil-
liards d'euros en 2013 à 31,6 milliards
en 2018.
La montée en charge du Cice est due
non seulement à l'augmentation de
son taux (passé de 4 % des rémuné-
rations brutes versées par les entre-
prises dans la limite de 2,5 Smic en
2013, à 6 % en 2014, 7 % en 2017, puis
6 % à nouveau en 2018), mais aus-
si au mécanisme complexe du verse-
ment aux entreprises, qui peut s'éta-
ler jusqu'à quatre années pour un
seul exercice.
Ainsi, en 2018, l'état aura à verser la
créance due au titre de l'année 2017
(13,1 milliards), mais également des
reliquats des sommes dues au titre
des années 2013 à 2016 (6,7 mil-
liards). « Depuis le début de l'opéra-
tion Cice et jusqu'en 2019 (année de
son remplacement par un allégement
pérenne de cotisations sociales vou-
lu par Emmanuel Macron NDLR), ce
dispositif aura coûté plus de 70 mil-
liards d'euros aux finances de l'état »,
calcule Pascal Savoldelli.
L'emploi était l'une des justifications
premières du crédit d'impôt, avec le
« redressement de la compétitivité ».
Le comité de suivi du Cice, placé sous
la responsabilité de France Stratégie
(ex-commissariat général au Plan), a
lui-même toutes les peines du monde
à mesurer son impact réel sur la créa-
tion ou la préservation de postes, son
dernier rapport, en date du 4 octobre,
estimant « vraisemblable » un effet
de l'ordre de « 100 000 emplois sau-
vegardés ou créés sur la période
2013-2015 », mais dans une four-
chette si large, « allant de 10 000 à
200 000 emplois », que la mesure n'a
guère de sens.
Même en retenant le haut de four-
chette, rapporté aux 45 milliards ver-
sés pour le Cice au titre des années
2013 à 2015, chaque emploi « sauve-
gardé ou créé » aurait représenté un
coût exorbitant de 225 000 euros sur
la période. Quant au bas de la four-
chette, le coût serait alors multiplié
par 20. A ce prix-là, « il eût donc
mieux valu sur un strict plan écono-
mique créer directement des emplois
publics », ironisent (ou pas d'ailleurs)
les auteurs d'une note sur le budget
2018 au nom des économistes atter-
rés.
Pascal Savoldelli a fait la cuisante ex-
périence de l'opacité du Cice en ten-
tant d'obtenir la répartition géogra-
phique des entreprises bénéficiaires
par département pour nourrir son
rapport. Impossible de collecter ces
données, lui a répondu l'administra-
tion des finances publiques. « Je ne
demandais pas la levée du secret ban-
caire mais une simple carte géogra-
phique pour faire un comparatif des
sommes versées avec la situation de
l'emploi par département », relate
l'élu du Val-de-Marne. Pour son col-
lègue, le sénateur communiste du
Nord éric Bocquet, « de deux choses
l'une : soit les données n'existent
pas, soit on refuse de les transmettre
à un parlementaire la deuxième hy-
pothèse me paraissant inquiétante.
J'avais adressé un courrier il y a trois
ans au préfet de mon département et
l'on m'avait répondu que le secret des
affaires s'opposait à la transmission
d'une telle information »
Dès juillet 2016, un rapport de l'ex-
sénatrice communiste Marie-France
Beaufils relevait que « l'insuffisance
des données empêche une analyse
territoriale fine, pourtant nécessaire,
(car) tous les territoires présentent
des particularités en termes de
↑ 6
concurrence ou de positionnement à
l'international », l'une des justifica-
tions du Cice étant de cibler en parti-
culier les entreprises exposées à l'ex-
port. Or les estimations de l'élue
avaient permis d'établir que « les en-
treprises réalisant plus de 10 % de
leur chiffre d'affaires à l'exportation
reçoivent seulement un cinquième de
la créance », les autres bénéficiaires
des quatre cinquièmes n'étant pas
confrontées à ce problème.
A quoi donc a servi le Cice, si ce n'est
pas à l'emploi ou à s'ajuster face à la
concurrence ? Savoir si l'argent pu-
blic a été utilisé à ces fins n'est pas le
problème des pouvoirs publics. Sur le
site Internet du ministère de l'écono-
mie, on peut ainsi lire noir sur blanc
que « l'administration fiscale ne
contrôlera pas l'utilisation du Cice »,
et qu'il « ne fera donc l'objet d'aucune
remise en cause » en cas d'usage non
conforme. Les entreprises comme
Nokia, qui supprime 600 postes en
France après avoir touché 67 millions
d'euros en Cice et CIR en 2016 ce qui
« revient à dire que les actionnaires
de Nokia auront reçu 100 000 euros
d'argent public par poste supprimé »,
note le pôle économique de la CGT
peuvent dormir tranquilles.
« C'est le profit qui commande l'état,
dans lequel les fonctionnaires sont
réduits au rôle de débiteurs », s'in-
surge Pascal Savoldelli. Pour lui,
cette « omerta organisée » constitue
un « déni de démocratie », qui non
seulement porte atteinte à la « fonc-
tion constitutionnelle des parlemen-
taires de contrôle de l'usage des de-
niers publics », mais aussi à « la dé-
mocratie dans l'entreprise, les sala-
riés et les représentants du personnel
devant pouvoir disposer de tous les
éléments sur l'utilisation du Cice ».
Au moment où le gouvernement fait
de la réduction de la dette et des dé-
penses publiques sa priorité, le séna-
teur s'interroge : « La dette publique,
on nous en parle tous les jours, mais
quid de la dette privée, qui atteint 72
% du PIB pour les sociétés non finan-
cières ? On n'en parle jamais, mais
nous sommes en train de la payer. Si
l'on doit mener l'exercice critique sur
les dépenses publiques, il faut aussi
le conduire sur les recettes dont se
prive l'état. »
Cet exercice critique assumé par le
rapporteur a d'ailleurs en partie porté
ses fruits. La commission des Fi-
nances du Sénat a réservé son vote
sur les crédits de ce chapitre du bud-
get dans l'attente de plus amples in-
formations, et le sénateur commu-
niste confie avoir perçu « l'assenti-
ment des membres de la commission
à la demande d'outils de suivi du Cice
». Il y a urgence, car si le Cice est
intégré de façon pérenne au barème
des cotisations, « il n'y aura plus au-
cune traçabilité » des sommes ver-
sées, relève Pascal Savoldelli, celles-
ci perdant leur caractère d'aide pu-
blique soumise à évaluation. ■
par Sébastien Crépel
Tous droits réservés L'Humanité 2017
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HÔPITAUX
« La règle veut qu'un patient reste le moins longtemps possible »Le 29 janvier dernier, Maria et Abid perdent leur nourrisson, atteint d'une grave maladie car-diaque à la suite de sa mauvaise prise en charge à l'hôpital d'Orléans. Un drame révélateur destensions subies par les personnels hospitaliers.
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1155 mots
SOCIÉTÉ
«On veut savoir pourquoi ils ne nous
ont pas respectés à ce point et pour-
quoi ils semblent nous cacher la véri-
té. » Plusieurs mois après le décès de
leur enfant, Maria et Abid, les deux
jeunes parents du petit Yanis, tou-
jours choqués par leur prise en
charge au centre hospitalier régional
d'Orléans (CHRO), attendent des ex-
plications. Ce couple d'Orléanais
pointe de nombreux dysfonctionne-
ments au cours de l'admission de leur
enfant aux urgences de l'hôpital ré-
gional.
Lorsqu'il arrive une première fois aux
urgences du CHRO, ce samedi 28 jan-
vier 2017, Yanis est pâle et froid. De-
puis sa naissance, le 14 décembre
2016, le nourrisson atteint d'une
malformation cardiaque a subi trois
opérations à l'hôpital Clocheville de
Tours (Indre-et-Loire). A Orléans,
Yanis ne bénéficie pas d'examens ap-
profondis. Il doit quitter l'hôpital
quelques dizaines de minutes seule-
ment après son admission. Le soir,
l'état de Yanis se dégrade. Après un
échange tendu avec le standard du
CHRO, puis une demande de conseils
auprès de Clocheville, les parents re-
prennent le chemin des urgences. «
Ses veines étaient si froides et si
dures que l'infirmière n'arrivait pas
à le piquer », se souvient Maria. Le
nourrisson se rendort par intermit-
tence. Sa mère tente de le réchauffer,
puis de l'allaiter à la demande des
soignants. En vain. Maria est alors
contrainte de l'emmener elle-même
au service radio, une mission habi-
tuellement confiée au personnel soi-
gnant débordé ce jour-là. Elle craint
de tourner de l'œil, mais une infir-
mière la secoue : « Ne tombez pas
dans les pommes, ça mobiliserait en-
core du personnel, déjà que nous ne
sommes pas bien nombreux ! »
Au milieu de la nuit, Yanis est
conduit en réanimation où son décès
est constaté à 6 h 40, le dimanche 29
janvier 2017.
Deux jours plus tard, Maria retourne
aux urgences pour rencontrer l'in-
terne de service. « Je voulais savoir
si mon enfant avait souffert avant de
mourir », explique-t-elle. Mais en
pleine discussion, deux cadres hospi-
taliers surgissent et la conspuent au
motif qu'elle n'avait pas à rencontrer
l'interne, que le règlement intérieur
le lui interdit. « J'ai vécu ça comme
une agression, une violence », dé-
plore la mère. Durant la médiation
médicale qui se tient le 14 février, la
direction de l'hôpital concède, du
bout des lèvres, un manque évident
de tact. « En ce qui concerne l'inter-
ruption de l'entretien entre l'interne
et les parents, (le cadre hospitalier)
reconnaît que le ton et les mots em-
ployés lors de l'incident ont pu être
mal perçus, eu égard aux circons-
tances. » Mais souligne aussitôt que «
la règle hiérarchique » doit être res-
pectée en toute circonstance. Dans le
compte rendu de médiation, l'hôpital
admet qu'il lui faut améliorer « la
communication interservice et inter-
hospitalière », sans apporter de pré-
cisions sur sa responsabilité. Notam-
ment sur la première prise en charge,
celle du samedi midi. « Pourquoi
nous avoir laissés repartir avec Yanis
sans examens cardiaques ? » ques-
tionne Maria. Sur ce point central, la
version du médecin en charge des ur-
gences pédiatriques ce jour-là et le
compte rendu de la médiation di-
vergent. Le docteur l'explique « par le
caractère rassurant de l'examen cli-
nique pratiqué », indique le rappor-
teur. Or, ce même médecin reconnaît
une « erreur » personnelle et un man-
quement d'ordre collectif. Désorga-
nisation ? Manque chronique de per-
sonnel ? « Chaque jour, 200 person-
nels, sur un total de 5 000, sont en ar-
rêt maladie, confie à l'Humanité Joël
Durand, du syndicat CGT santé. Un
mal-être qui devrait interpeller n'im-
porte quel médecin du travail. »
Ce double « aveu » est néanmoins ba-
layé d'un revers de la main par la di-
rection. « Ce n'est pas objectivé, c'est
une perception », tranche Olivier
Boyer, le directeur de l'établisse-
ment. « Le médiateur et rédacteur du
compte rendu a évoqué des pro-
blèmes d'organisation interne et cela
n'apparaît à aucun moment », relève
encore Abid. Les parents ont adressé
une lettre à l'hôpital pour tout re-
mettre à plat, missive dont il ressort
une véritable frustration. « Si nous
avions été considérés à notre juste
valeur avec reconnaissance écrite de
↑ 8
la responsabilité et des manque-
ments du CHRO dans la prise en
charge de Yanis, nous n'en serions
pas arrivés là », écrivent-ils. Les pa-
rents demandent désormais, outre
une « réparation financière pour le
préjudice subi », que la direction de
l'hôpital diligente une expertise « sur
les différents manquements ». Face à
la crainte de poursuites judiciaires, le
directeur du CHRO finit par envoyer
aux parents, trois mois et demi après
le décès de Yanis, un courrier dans
lequel il les assure de ses « profonds
regrets » concernant « l'accompagne-
ment humain manifestement insuffi-
sant » dont ils ont « fait l'objet » et
leur présente ses « sincères condo-
léances ». Une démarche au mieux
tardive et maladroite.
Cette même direction, confrontée à
un déficit de 15 millions d'euros,
vient d'annoncer la suppression de
plusieurs dizaines de postes, pous-
sant les agents à une grève reconduc-
tible qui commence le lundi 23 oc-
tobre. Pas certain que ces mesures
dénoncées par les syndicats hospita-
liers (SUD, CFDT, FO et CGT) et les
militants PCF d'Orléans soient de na-
ture à améliorer la future prise en
charge des patients. « La règle veut
qu'un patient reste le moins long-
temps possible », regrette Joël Du-
rand, sans tirer de conclusion sur les
raisons du décès. « A cela s'ajoute un
hôpital flambant neuf mais surdi-
mensionné, avec des personnels pas
suffisamment formés. Résultat, on
colle un protocole censé couvrir
toutes les situations, sans prendre le
temps de faire du cas par cas. »
Depuis, Maria et Abid ont quitté le
logement familial. Trop de souvenirs.
Maria est suivie, à ses frais, par un
psychologue et tous deux cumulent
les arrêts maladie. « Si la médiation
n'a pas réussi à apaiser les parents,
c'est un échec d'Orléans », tranche un
chirurgien. Un expert mandaté par
l'assurance de l'hôpital les a récem-
ment convoqués à Paris, toujours à
leurs frais, avant de se raviser face à
leur colère légitime.
Dans leur quête de transparence et de
vérité, Maria et Abid ne réclameront
pas d'autopsie. « Nous ne voulons pas
que Yanis soit ouvert une nouvelle
fois et autrement que pour être soi-
gné, explique Maria. Ça nous ferait
plus de mal qu'autre chose. » ■
par Joseph Korda
Tous droits réservés L'Humanité 2017
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Le casse-tête de l'assurance- chômage pour les indépendants
L'extension de la couverture chômage, promise par Emmanuel Macron lors de sacampagne, inquiète les acteurs du secteur
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1146 mots
FRANCE
C'était une des promesses phares de
campagne du candidat Emmanuel
Macron. C'est aujourd'hui l'un des
points centraux de la stratégie de ré-
formes sociales du président de la
République. L'extension de l'assu-
rance-chômage aux démissionnaires
et aux indépendants est, avec le plan
d'investissement dans les compé-
tences de 15 milliards d'euros et la
refonte de la formation profession-
nelle, le volet sécurité d'un pro-
gramme que certains jugent bien trop
axé sur la flexibilité.
Une fois le droit du travail revu par
ordonnances, les licenciements faci-
lités et les indemnités prud'homales
plafonnées, M. Macron l'a assuré : il
faut permettre à ceux qui souhaitent
quitter leur entreprise ou se lancer
dans une aventure entrepreneuriale
indépendante de le faire sans
craindre les coups durs susceptibles
de les priver de ressources.
Voilà pour la forme. Qu'en est-il du
fond ? Car si pour les démission-
naires, la question est surtout finan-
cière (comment financer l'afflux de
nouvelles personnes qui n'étaient
pas toujours indemnisées avant),
celle des indépendants risque de se
révéler beaucoup plus complexe dans
la mise en œuvre. Lancé depuis plu-
sieurs mois, un groupe de travail re-
groupant des représentants de plu-
sieurs institutions (Unédic, Pôle em-
ploi, Trésor…) sous l'égide de Marc
Ferracci, conseiller spécial de Muriel
Pénicaud, la ministre du travail, de-
vait réfléchir à la question de l'exten-
sion de l'assurance-chômage : s'ils
ont travaillé sur le volet démission-
naires, les membres de la cellule ont,
en revanche, confié aux inspections
générales des affaires sociales et des
finances, une mission de réflexion
pour débroussailler la partie indé-
pendants.
Qui indemniser ? Quel est le fait gé-
nérateur, à savoir le moment à partir
duquel un indépendants peut avoir
droit à l'assurance-chômage ? Faut-il
augmenter les cotisations pour sup-
porter le coût ? Autant de questions
sur lesquelles la mission va devoir
proposer des premières pistes avant
le début des concertations avec les
partenaires sociaux fin novembre.
En attendant, les acteurs du secteur
s'interrogent et s'inquiètent. " Nous
avons été auditionnés et nous avons
encore du mal à nous positionner, ad-
met sans fard Grégoire Leclercq, pré-
sident de la Fédération des autœn-
trepreneurs. Nous sommes d'accord
sur le fait qu'il faut faire quelque chose
mais encore faut-il savoir comment,
pour qui et si le jeu en vaut la chan-
delle. " Le responsable rappelle que la
profession est hétéroclite, composée
d'une part de libéraux gagnants bien
leur vie et exerçant des métiers sous
tension où le risque du chômage est
quasi nul : médecins, infirmiers, avo-
cats. Et, d'autre part, d'indépendants
dont les revenus sont incertains, et
qui peuvent par ailleurs, dans
nombre de cas, cumuler une activité
de salarié par ailleurs. Enfin, existent
aussi ceux qui sont indépendants sur
le papier mais dont les donneurs
d'ordre sont quasi exclusivement les
mêmes : eux sont les travailleurs des
plates-formes comme l'entreprise de
chauffeurs privés Uber ou de livrai-
son de nourriture à domicile Delive-
roo. Dans les faits, ces derniers res-
semblent d'ailleurs en plusieurs
points à des salariés.
Pour M. Leclercq, déterminer l'éligi-
bilité des travailleurs indépendants à
l'assurance-chômage est cruciale
dans la mesure où elle permet d'iden-
tifier les besoins en financement, et
donc en potentielles cotisations sup-
plémentaires. " Les libéraux n'ont clai-
rement pas besoin d'une assurance-
chômage, ils ne vont donc pas vouloir
payer quoi que ce soit ", ajoute-t-il.
Pour Michel Chassang, président de
l'Union nationale des professions li-
bérales, les professions libérales ne
sont tout simplement pas concernées
par la réforme du gouvernement : "
On ne va pas se couvrir contre un
risque qui n'existe pas. Un médecin ou
une infirmière libérale n'est pas
confronté au chômage. Et en cas de
pertes d'exploitation ou de faillite, il
existe des assurances, que l'on peut
souscrire ou pas, en sélectionnant les
modalités. " Pourtant, François Hurel,
le président de l'Union des autœntre-
preneurs l'assure, cette solidarité est
indispensable au fonctionnement de
ce potentiel nouveau régime d'assu-
rance-chômage : " Il existe aujourd'hui
des assurances privées, mais elles sont
trop chères donc peu de monde y sous-
crit. Si on rend un tel système obliga-
↑ 10
toire pour tous les indépendants, la co-
tisation sera d'autant moins lourde. Le
fondement de la solidarité, c'est que
tous payent pour quelques-uns. "
Une affirmation loin de faire l'una-
nimité. A l'U2P, le syndicat patronal
des artisans, on rappelle ne pas " être
demandeur ". En conséquence de
quoi, " il est hors de question " pour
le président Alain Griset de cotiser "
un centime de plus ". Sa crainte princi-
pale étant que certains " petits malins
profitent de la générosité de tous ". Et
d'ajouter : " On ne veut pas qu'une per-
sonne se mette à son compte puis tra-
vaille quatre mois avant de ne plus rien
faire et de demander l'assurance-chô-
mage. "
Problème comptable
Car avec ce nouveau régime se pose
avec acuité la question du fait géné-
rateur, l'événement déclencheur qui
permet le recours à l'allocation. Pour
un salarié, la cause est entendue : un
licenciement, une fin de CDD sont fa-
ciles à vérifier. Mais un indépendant
peut perdre toutes ses commandes
d'un coup, voir son chiffre d'affaires
s'écrouler sans pour autant que cela
ne l'oblige à déposer le bilan. Dans
ce contexte, comment vérifier que la
perte de revenus est légitime, non or-
ganisée ? A cela s'ajoute un problème
comptable : l'annualisation des bi-
lans des indépendants. Certains ont
peur qu'il faille attendre que les livres
de comptes soient bouclés avant de
lancer la procédure d'indemnisation,
là où le salarié y a droit en quelques
semaines seulement.
Des difficultés qui font dire à certains
qu'il s'agit là d'une réforme surtout
taillée pour les travailleurs des
plates-formes, dont la relation de su-
bordination avec leur donneur
d'ordre peut s'arrêter du jour au len-
demain : " C'est une proposition assez
irrationnelle qui répond à la probléma-
tique des travailleurs de plate-forme et
qui est portée par quelques syndicats –
dont la CFDT. Tout cela risque de faire
exploser la machine ", estime au final
un permanent patronal.
Sarah Belouezzane, et Bertrand
Bissuel■
par Sarah Belouezzane, Et Ber-
trand Bissuel
Tous droits réservés Le Monde 2017
0B9EB3C48050820895F11090AA0181FB9C67700845715F3B15BC6D8
Parution : Quotidienne
Diffusion : 269 584 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 11
Baisse du chômage : pas d’emballement!Diminution des contrats aidés, suppression de la prime à l’embauche pour les PME, effets né-gatifs à court terme des ordonnances Macron... L’inversion de la courbe du chômage prendra dutemps.
N° 3461mardi 31 octobre au lundi 6 novembre 2017
Pages 80-811141 mots
ÉCONOMIE
Comme promis, elle n’a rien dit. Pas
de communiqué de presse triom-
phant. Rien. Muriel Pénicaud, la mi-
nistre du Travail, n’a fait aucun com-
mentaire. Pourtant, la baisse de 0,5
% du nombre de demandeurs d’em-
ploi en septembre (30000 chômeurs
de moins en catégories A, B et C en
l’espace d’un mois) était une occa-
sion en or pour redorer le blason de
l’exécutif après le passage en force
des ordonnances et le bourbier de
l’ISF. Mais l’ex-DRH de Danone est
d’une prudence de Sioux. A juste
titre. Si les derniers chiffres de sep-
tembre sont encourageants, ils font
suite à un été calamiteux. Surtout, en
matière de statistiques du chômage,
c’est le grand flou. D’un côté, les
chiffres divulgués par le ministère du
Travail pointent le nombre de per-
sonnes inscrites à Pôle emploi,
qu’elles aient travaillé une poignée
d’heures ou non dans le mois. De
l’autre, les données de l’Insee pu-
bliées chaque trimestre portent sur
un champ beaucoup plus strict – ce-
lui du Bureau international du travail
– et sont réalisées à partir d’enquêtes
auprès d’un échantillon de 100000
Français. Entre les deux, un océan.
Quand la première évaluation fait
état de 141000 chômeurs de plus en
un an, la seconde en dénombre
137000 de moins! Certes, l’embellie
économique est bel et bien là. Mais le
dynamisme des créations d’emplois
depuis un an pose question. « Fran-
chement, la vigueur des créations de
postes est surprenante au regard des
chiffres de la croissance. Ce rythme
n’est pas tenable », avoue Bertrand
Martinot, l’ancien délégué général à
l’Emploi et à la Formation profes-
sionnelle. Comme s’il fallait déjà an-
ticiper un hiver mi-figue mi-raisin.
L’Express détaille les trois raisons
pour lesquelles il faudra s’armer de
patience avant de voir le chômage re-
culer durablement.
LA FIN DES EMPLOIS
AIDÉS VA SE FAIRE
SENTIR
On les a entendus, ces maires de pe-
tites villes ou ces directeurs d’école,
déplorer le coup de frein du gouver-
nement en matière de contrats aidés.
Pourtant, le freinage était engagé
bien avant l’arrivée d’Emmanuel Ma-
cron à L’Elysée. L’an passé, à la
même époque, Michel Sapin avait
inscrit dans le projet de loi de fi-
nances pour 2017 280000contrats ai-
dés seulement, pour une enveloppe
de 2,4 milliards d’euros. Sauf qu’une
grande partie d’entre eux ont été si-
gnés en début d’année, ce qui a expli-
qué le gros trou d’air ressenti à par-
tir du mois de juin. Face à la grogne,
le gouvernement d’Edouard Philippe
a certes accordé une rallonge en por-
tant le nombre total d’emplois d’ave-
nir et autres contrats d’insertion à
310000 cette année. Du mieux... Mais
un chiffre néanmoins en chute d’un
peu plus de 30 % par rapport à 2016.
Surtout, le Premier ministre n’a pas
fait mystère de sa volonté de couper
progressivement le robinet des
contrats aidés. Trop coûteux pour les
finances de l’Etat, et surtout insuf-
fisamment efficaces en matière d’in-
sertion professionnelle, attaquent les
pourfendeurs de ce type de mesure.
Les économistes de l’Insee, eux, ont
sorti leur calculette. «Dans les sec-
teurs non marchands comme l’édu-
cation, l’associatif ou encore la santé,
il faut s’attendre à une disparition de
près de 46000postes sur la seconde
moitié de l’année 2017 », détaille Ju-
lien Pouget, le chef du département
conjoncture de l’Insee. « Pour des
raisons budgétaires, Emmanuel Ma-
cron a sacrifié les contrats aidés. Po-
litiquement, il aurait peut-être
mieux valu assurer la décrue du chô-
mage», tacle Eric Heyer, le directeur
de la prévision à l’OFCE.
LES ORDONNANCES
MACRON AURONT UN
EFFET NÉGATIF À
COURT TERME
« Personne ne veut être le Schröder à
la française », s’amuse le professeur
d’économie à l’université d’Aixe
Marseille Gilbert Cette. Pour une
grande partie des libéraux français,
l’ancien chancelier est l’artisan du
miracle économique allemand. Au
tout début des années 2000, Gerhard
Schröder lance son big bang « social
» : assouplissement des conditions de
licenciement, durcissement des
conditions d’octroi des allocations,
diminution des indemnités, création
des minijobs... Problème : à court
↑ 12
terme, ces réformes n’ont aucun effet
sur l’emploi. Pire : « A l’époque, les
taux de chômage sont identiques des
deux côtés du Rhin ; trois ans après,
celui de l’Allemagne est de près de 2
points supérieurs à celui de la France,
alors que les contextes économiques
sont similaires », souligne Eric Heyer.
Résultat, à l’automne 2005, Gerhard
Schröder est vaincu aux élections lé-
gislatives. Et c’est Angela Merkel qui,
dans les années qui suivent, bénéfi-
ciera de ses réformes. Leçon de l’his-
toire : ne pas sous-estimer les effets
négatifs à court terme d’une flexibili-
sation du marché du travail. Macron
peut-il être rattrapé par le syndrome
Schröder? Même si les ordonnances
sont bien moins radicales que les ré-
formes Hartz, le risque est réel.
LES VARIATIONS DE LA
POPULATION ACTIVE
SONT DIFFICILES À
ÉVALUER
C’est le cauchemar des économistes,
qui lui ont donné un nom barbare :
l’effet de flexion. En période de re-
prise, des personnes qui avaient dis-
paru des statistiques officielles re-
viennent sur le marché du travail,
gonflant à nouveau les chiffres du
chômage. Un phénomène déjà per-
ceptible, souligne-t-on à Pôle em-
ploi. Le grand plan de formation de
500000 demandeurs d’emploi annon-
cé en fanfare en début d’année par
François Hollande a incité certains
chômeurs découragés à se réinscrire
pour bénéficier d’un tel accompagne-
ment.
«Problème, les plus éloignés de l’em-
ploi sont aussi les moins em-
ployables. Ce sont eux qui bénéficie-
ront en dernier de la reprise », sou-
ligne Yannick L’Horty, professeur à
l’université Paris-Est. D’après l’In-
see, l’amélioration de la conjoncture
contribuerait au retour de 15000 per-
sonnes sur le marché du travail sur
la seule année 2017. « Les projections
d’évolution de la population active,
c’est-à-dire du nombre de personnes
en mesure de travailler, sont très fra-
giles. On maîtrise mal les comporte-
ments des salariés les plus âgés »,
ajoute Bertrand Martinot. En effet,
les mesures prises pour retarder l’âge
de départ à la retraite incitent de plus
en plus de seniors à rester sur le mar-
ché du travail. Du coup, gare à l’effet
de ciseaux ! Si la population active
est plus nombreuse mais que les
créations d’emplois freinent, alors le
chômage pourrait bien progresser.
CQFD.■
par Béatrice Mathieu
Tous droits réservés 2017 L'Express
f29a83608550bd0be5e11290590541d79eb72706553657e73558c34
Parution : Hebdomadaire
Diffusion : 292 548 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 1 740 000 lect. (LDP) - © AudiPresse One 2016↑ 13
Emploi : le recours à l'intérim explose[Graphique] Les créations d'emplois intérimaires ont bondi de 12% en septembre dernier par rap-port à septembre 2016. De son côté, le ministère du Travail a recensé 712.000 intérimaires à la findu mois de juin dernier, un record depuis 2000.
mardi 31 octobre 2017Édition(s) : édition principale
Page 29829 mots
FRANCE
Le travail temporaire ne connaît pas
la crise. Après l'annonce de la récente
baisse du nombre de demandeurs
d'inscrits à Pôle emploi (lien :
http://www.latribune.fr/economie/
france/le-chomage-en-fort-recul-
de-1-8-64-800-en-sep-
tembre-755376.html), les créations
d'emploi intérimaires s'amplifient
particulièrement depuis la rentrée
2017. Selon les dernières données du
baromètre Prism'Emploi réalisé par
l'Observatoire de l'intérim et du re-
crutement, (lien : http://www.pris-
memploi.eu/Public/Page-d-accueil/
Presse/Communiques-de-presse/Ba-
rometre-Prism-emploi-l-emploi-in-
terimaire-en-septembre-2017) la
croissance a atteint 12% en sep-
tembre (sur une année) après 8,3%
en août 2017. Sur les neufs premiers
mois de l'année, l'intérim progresse
de 8,5%.
L'intérim en hausse dans tous les
secteurs
Un des signes encourageants est que
l'emploi intérimaire progresse dans
tous les secteurs. La plus grande
hausse concerne le secteur des trans-
ports (+20%), suivi de l'industrie
(11,3%). Dans le commerce et les ser-
vices, les progressions sont respecti-
vement de 11,3% et 10,2%. Enfin, le
BTP est le secteur qui connaît la plus
faible progression (+4%).
En ce qui concerne les niveaux de
qualification, l'intérim progresse
particulièrement chez les cadres et
professions intermédiaires (15,9%),
suivis des employés (+14,3%). Pour
les ouvriers qualifiés et les ouvriers
non qualifiés, les hausses sont res-
pectivement de 8,5% et 13,2%.
Les derniers chiffres du baromètre
Prism'emploi confirment ceux pu-
bliés par le service statistique du mi-
nistère du Travail (Dares) le 18 oc-
tobre dernier. (lien : http://dares.tra-
vail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/
2017-068.pdf)
« Au second trimestre 2017, l'emploi
intérimaire est en hausse (+3,5 % par
rapport à la fin du trimestre précédent)
après avoir légèrement diminué au 1er
trimestre 2017 (-0,5 %). Cette accélé-
ration intervient à la fois dans l'indus-
trie (+2,9 % après -2,5 %) et dans le
tertiaire (+5,8 % après +0,7 %), tandis
que l'emploi intérimaire stagne dans la
construction (+0,3 % après +1,3 %). Sur
un an, l'emploi intérimaire augmente
de 18,1 %. En moyenne sur le trimestre,
le volume de travail temporaire (mesu-
ré en équivalent temps plein) est en lé-
gère accélération (+4,3 %, après +2,9 %
au 1er trimestre. »
A la fin du second trimestre 2017, le
nombre de salariés intérimaires est
de 712.500 en France, un record de-
puis 2000. Ils restent néanmoins très
minoritaires chez les actifs puisqu'ils
ne représentent 2,8% de l'ensemble
des salariés.
[Iframe : ]
Par ailleurs, l'intérim participe au dy-
namisme des créations d'emploi sala-
rié rappelle la Dares.
« Sur un an, l'emploi intérimaire
contribue notablement au redresse-
ment de l'emploi salarié. Hors intérim,
l'emploi salarié augmente de 0,8 %,
soit +198.400 emplois, tandis qu'il croît
de 1,2 %, soit +303.500 emplois lorsque
l'on prend en compte les intérimaires. »
Quels effets sur l'emploi durable ?
Si l'intérim constitue un indicateur
avancé de l'emploi (et non de l'évo-
lution du chômage), les derniers bons
chiffres diffusés par les différentes
institutions ne traduisent pas forcé-
ment une amélioration pour l'emploi
durable. En effet comme le rap-
pellent les auteurs du baromètre de
PrismEmploi, un niveau de crois-
sance annuel compris entre 0,6% et
0,8% permet de créer des emplois in-
térimaires. "Le seuil permettant aux
entreprises de développer de l'emploi
durable se situe aux alentours de
1,5%." Sur ce point, les dernières pro-
jections de l'Insee sont plutôt favo-
rables. Les économistes de l'institut
public tablent sur une croissance du
PIB de 1,8% à la fin de l'année (au
lieu du 1,6% attendu jusqu'ici).
> Lire aussi : L'Insee confirme la re-
prise de l'économie française (lien :
http://www.latribune.fr/economie/
france/l-insee-confirme-la-reprise-
de-l-economie-fran-
caise-752974.html)
↑ 14
En revanche, les contrats intéri-
maires et de courte durée "consti-
tuent moins que dans d'autres pays un
tremplin vers l'emploi durable" comme
le rappelle une récente note de l'Une-
dic. (lien : https://www.unedic.org/
sites/default/files/2017-09/
6%20Marche%CC%81%20du%20tra-
vail%20et%20AC%20V1909.pdf)
« Les contrats à durée limitée (CDD et
intérim) restent donc minoritaires. En
revanche, les personnes qui les oc-
cupent accèdent difficilement à l'em-
ploi durable : en France, le taux de
transition à 3 ans vers l'emploi perma-
nent à temps plein demeure faible, de
l'ordre de 20 %. »
La multiplication des embauches en
CDD très courts et la forte hausse du
recours à l'intérim n'indiquent pas
toujours de signes encourageants
pour faire baisser la précarité sur le
marché du travail. Une étude du par-
cours professionnel des intérimaires
réalisée par l'observatoire de l'inté-
rim en 2015 (lien : http://observa-
toire-interim-recrutement.fr/wp-
content/uploads/2015/11/INTER-
IM_RC_2015.pdf) rappelait que, un
an après leur inscription, plus des
deux tiers d'entre eux (70%) sont tou-
jours en emploi mais 10% sont en
CDI, 9% en CDD, 50% en intérim et
1% en stage.
__________
Méthode : Le baromètre PRISM'EM-
PLOI apporte un éclairage sur les ten-
dances de l'emploi intérimaire. Il décrit
les évolutions en % des effectifs inté-
rimaires observées au cours de l'en-
semble du mois précédent (par rapport
au même mois de l'année précédente)
selon les qualifications, les grands sec-
teurs d'activité, les régions et les dé-
partements. Le baromètre est établi
par un tiers de confiance indépendant,
Umanis, à partir des statistiques trans-
mises par un panel d'entreprises de
travail temporaire représentant plus de
80 % de l'emploi intérimaire. Afin de
comparer le volume d'emploi intéri-
maire sur une base identique, les sta-
tistiques sont corrigées du nombre de
jours ouvrés. ■
Le travail temporaire a progressé de 4,0% dans le BTP après avoir stagné en août
(0,0%).
par Grégoire Normand
Tous droits réservés 2017 La Tribune
1995a3818b10cb02d5aa1950bb0b418496f70904851651ba5682ba9
Parution : Quotidienne
↑ 15
La résorption des inégalités salariales pourrait rapporter plusieurs milliardsd'euros à la France
lundi 30 octobre 2017 17:42364 mots
: ATLANTICO.FR VIP
Selon une étude publiée par la fondation Concorde, l'écart de salaires
hommes-femmes représente une perte annuelle de 62 milliards d'euros
pour l'économie.
Les inégalités salariales entre femmes et hommes causeraient 62 milliards
d'euros de pertes annuelles pour les entreprises françaises, selon une étude
de la Fondation Concorde, que Le Figaro a pu consulter. D'après ce think-tank
économique indépendant, la résorption des inégalités salariales aurait des ef-
fets positifs pour l'économie française. "Entre la hausse de la TVA, la hausse
des recettes de l'impôt sur le revenu et la hausse des cotisations sociales et pa-
tronales, le gain de recettes pour l'État serait 33,7 milliards d'euros", estime
la fondation, qui précise que cela engendrerait également une hausse de 6,16
milliards d'euros de l'épargne et une hausse de la consommation de 21,98 mil-
liards.
Un nouveau levier fiscal qui dégagerait 168,74 milliards d'euros supplémen-
taires
En outre, si une application stricte de l'égalité salariale aura lieu, Bercy pour-
rait bénéficier d'un nouveau levier fiscal qui permettrait de dégager 168,74
milliards d'euros supplémentaires durant un quinquennat, estime la même
étude. "Ce levier permettrait de réfléchir à de nouvelles réformes afin de lever
le carcan fiscal qui pèse sur les entreprises et l'investissement", détaillent au
quotidien Erwann Tison et Clélia Aucouturier, co-auteurs de l'étude. Et d'ajou-
ter : "Il faut qu'une prise de conscience s'opère du côté des entreprises. Tout le
monde peut être gagnant".
La Fondation Concorde précise également qu'avec ces gains budgétaires il se-
rait possible de mettre en place plusieurs réformes: "la réduction totale des dé-
ficits des différents régimes de retraites, de la sécurité sociale et de l'assurance
chômage, l'allègement durable de 33 milliards euros par an de charges sur les
salaires, une baisse de 3 points de TVA, ou une baisse de 40% de l'impôt sur le
revenu..." Selon une étude de l'Ifop, plus de sept Français sur dix estiment qu'il
y a encore beaucoup de progrès à faire en termes d'égalité salariale et profes-
sionnelle.
↑ 16
Tous droits réservés 2017 atlantico.fr
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Parution : Continue
↑ 17
RÉFORME DU CODE DUTRAVAIL
↑ 18
CODE DU TRAVAIL
Le bâtiment sur les traces des routiersPatronat et syndicats du BTP pourraient prochainement parvenir à un accord afin de garantir lesrémunérations et éviter le dumping social généré par les ordonnances.
mardi 31 octobre 2017Page 10
672 mots
SOCIAL-ECO
S anctuariser les salaires, le
treizième mois, les primes, les
frais de déplacement Les accords ob-
tenus par les routiers début octobre,
puis par les salariés des ports et
docks, font tache d'huile. Dans plu-
sieurs secteurs, les demandes d'ou-
verture de négociations se multi-
plient. Avec, à chaque fois, un seul et
même objectif, à savoir garantir ce
qui a été acquis au fil des luttes,
avant la publication des décrets et la
mise en œuvre des ordonnances sur
le Code du travail prévues pour la fin
de l'année.
D'autant que les routiers ont offert
« le mode d'emploi pour verrouiller
les rémunérations à l'échelle d'une
branche », avait ainsi expliqué le se-
crétaire général de la CGT transports,
Jérôme Vérité. Et ce dernier de pré-
ciser que, « désormais, il suffit de ré-
écrire l'annexe rémunération dans
chaque branche en spécifiant que
l'accord d'entreprise doit être supé-
rieur au minimum de la convention
collective ». La CGT pétrole a répon-
du à l'appel lancé par son camarade
en demandant mi-octobre l'ouver-
ture d'une négociation avec le minis-
tère du Travail sur les éléments de
rémunération mais aussi sur la pré-
servation des CHSCT (comités d'hy-
giène, de sécurité et des conditions
de travail), que le gouvernement sou-
haite voir disparaître. La CGT pétrole
affirme qu'aucun « employeur de la
branche n'est aujourd'hui prêt à s'en-
gager par écrit sur le caractère non
dérogeable de la convention collec-
tive » et s'apprête à faire grève « dès
le 23 novembre au matin », mouve-
ment qu'elle pourrait reconduire et
« étendre par l'arrêt des installations
dans l'ensemble de la branche », en
l'absence « de réponse positive aux
revendications ».
Dans le bâtiment, les négociations
pourraient prendre une tout autre
tournure. Les trois organisations pa-
tronales du BTP (FFB, Capeb et
FNTP) seraient « d'accord » pour « sé-
curiser notre système de primes », a
ainsi affirmé le président de la Ca-
peb, Patrick Liébus, dans les échos.
« On doit pouvoir le faire, c'est dans
l'intérêt des salariés comme des chefs
d'entreprise », a assuré le chef d'en-
treprise. Si pour l'instant aucune né-
gociation n'est en cours, des discus-
sions bilatérales ont d'ores et déjà eu
lieu, début octobre dans le bâtiment,
et d'autres sont prévues le 8 no-
vembre dans les travaux publics, a
confirmé le secrétaire général de la
CGT construction, Serge Pléchot.
Comme pour les routiers, l'objectif de
cet accord est d'éviter le « dumping
social entre les entreprises du secteur
», argumente le syndicaliste, d'autant
que « les primes, notamment de tra-
jet, ou encore les salaires se négo-
cient à l'échelle des nouvelles régions
avec de très larges écarts ». Cela est
d'autant plus important que la direc-
tive sur les travailleurs détachés « ne
sanctuarise rien puisqu'il faut six ans
avant que le contrôle et les sanctions
soient mises en place », ajoute Serge
Pléchot.
Ce mouvement de négociation dans
les branches fait débat dans les orga-
nisations, notamment à la CGT. Pour
certains, ces négociations par secteur
affaibliraient le mouvement inter-
professionnel contre la loi travail.
Une controverse sans objet, pour
Serge Pléchot. « Si nous ne parvenons
pas à faire reculer le gouvernement
sur les ordonnances, nous devons ga-
gner par la négociation. C'est pour
cette raison que nous devons jouer
sur les deux terrains et anticiper des
négociations avec le patronat », es-
time le secrétaire général de la CGT
construction. L'ensemble des fédéra-
tions de la CGT appelle d'ailleurs à se
mobiliser le 16 novembre contre les
ordonnances, avec FO, Solidaires, la
FSU, l'Unef, l'UNL et la Fidl. ■
par Sébastien Crépel
Tous droits réservés L'Humanité 2017
889A63C780109D0615441580A908C1169DD77906657253EFBF86ACA
Parution : Quotidienne
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PROTECTION SOCIALE
↑ 20
" La fin du régime de Sécurité sociale étudiante " promise pour 2018
mardi 31 octobre 2017Page 6
412 mots
FRANCE
O uvrir plus de places, créer de
nouveaux parcours, vous de-
mandez beaucoup aux universités
alors qu'elles souffrent déjà du
manque de moyens, avec 20 000 à
40 000 étudiants de plus à ac-
cueillir chaque année…
Edouard Philippe Nous allons dé-
bloquer 500 millions d'euros sur le
quinquennat pour mener à bien cette
réforme. Cette enveloppe permettra
d'accompagner la création de places
dans les universités, d'augmenter le
nombre de postes d'enseignants et
d'enseignants-chercheurs, de recon-
naître leur engagement ou encore de
développer de nouveaux outils péda-
gogiques.
Rappelons également que le " grand
plan d'investissement " prévoit 450
millions d'euros en direction du pre-
mier cycle universitaire, dont 200
millions seront attribués, sous la
forme d'appels à projets, à ces nou-
veaux dispositifs d'accompagnement
créés en licence.
Allez-vous augmenter les droits
d'inscription ?
Frédérique Vidal Non il n'en est pas
question. Au contraire, nous avons
l'intention de rendre du pouvoir
d'achat aux étudiants.
Comment comptez-vous faire ?
E. P. Dès la rentrée 2018, nous orga-
niserons la fin du régime de Sécurité
sociale étudiante, dont de multiples
rapports ont montré les défaillances.
Pour améliorer leur couverture so-
ciale, tous les nouveaux étudiants se-
ront inscrits au régime général – dès
2018, pour les nouveaux entrants
dans l'enseignement supérieur et à
compter de 2019 pour tous les autres.
Nous supprimons donc la cotisation
de 217 euros que verse actuellement
chaque étudiant pour sa -Sécurité so-
ciale. Cela va représenter quelque
100 millions d'euros de -pouvoir
d'achat rendus aux étudiants pour la
rentrée 2018.
Un effort d'une telle ampleur n'a pas
eu lieu depuis vingt ans ! Concrète-
ment, un étudiant qui payait -jusqu'à
présent 406 euros pour étudier en li-
cence paiera demain 288 euros pour
ses droits d'inscription et une cotisa-
tion " vie étudiante " que nous allons
créer.
Grâce à cette réforme, près de 100
millions d'euros seront redirigés vers
le réseau des œuvres universitaires
pour développer les actions de pré-
vention et d'accompagnement des
étudiants en matière de santé. Ils ser-
viront aussi à financer les aides sup-
plémentaires que nous allons mettre
en place pour accompagner la mobi-
lité géographique des -étudiants.
propos recueillis par N. Bn et C.
St.■
propos recueillis par N. Bn et C. St.
Tous droits réservés Le Monde 2017
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Sécurité sociale : la réforme (presque) cachée
N° 22562mardi 31 octobre 2017
Page 10577 mots
IDÉES & DÉBATS—L'ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »
P ourquoi un événement fait-il
davantage qu'un autre la une de
l'actualité ? C'est un mystère jamais
en totalité résolu qui tient aux cir-
constances, aux enchaînements, aux
choix médiatiques ou… à des mal-
adresses. L'attention différenciée ap-
portée aux deux textes financiers
présentés par le gouvernement de-
puis la rentrée en constitue une illus-
tration supplémentaire. Car du bud-
get 2018 ou du projet de loi de finan-
cement de la Sécurité sociale (PLF-
SS), c'est bien le second qui changera
le plus la vie des Français l'année
prochaine et les suivantes. Prix du ta-
bac relevés comme rarement, dispa-
rition du RSI pour des millions d'in-
dépendants, vaccinations, report du
tiers payant chez les médecins et
basculement de cotisations sociales
vers la CSG : la liste est longue et
concerne bien plus de personnes que
la suppression de l'ISF. Et pourtant,
ce texte, qui sera voté par les députés
ce mardi, est loin d'avoir suscité le
même intérêt ces dernières se-
maines. C'est dommage alors que
pour une fois, son coeur n'est pas
l'équilibre financier (indispensable,
bien sûr) des différents régimes, mais
du bien plus concret. La disposition
la plus forte du PLFSS est la baisse
des cotisations sociales des salariés
(assurances-maladie et chômage) à
hauteur de 3,15 %, compensée par un
relèvement de la CSG d'une ampleur
de 1,7 %. A partir du 1er janvier, une
vingtaine de millions d'ouvriers,
d'employés, de cadres et d'indépen-
dants (jusqu'à un certain niveau de
revenu) constateront sur leur fiche
de paie une hausse de leur pouvoir
d'achat, qui atteindra 1,5 % en fin
d'année. Dans bien des entreprises,
c'est l'équivalent d'une augmenta-
tion collective ou individuelle : ce
n'est donc pas rien. Dans l'histoire
économique et sociale, il y a peu de
mesures qui ont eu un impact aussi
large. La question est de savoir pour-
quoi le gouvernement a raté sa com-
munication sur cette réforme. Le dé-
bat public s'est concentré sur les
seuls perdants (certains retraités) et
ceux pour qui l'opération est neutre
(les fonctionnaires). Emmanuel Ma-
cron et l'exécutif ont commis deux
erreurs, et ils ont aussi dû affronter
une vague contre laquelle ils ne pou-
vaient pas grand-chose. La première
erreur est d'avoir mis en valeur prin-
cipalement le smicard comme grand
gagnant. Le président de la Répu-
blique à la télévision, le gouverne-
ment dans ses documents officiels
ont - volontairement ? - été discrets
sur le coup de pouce donné au reste
des salariés. Les autres salariés ne se
sentent du coup pas vraiment
concernés. La seconde erreur est
d'avoir brouillé le message en étalant
l'entrée en vigueur de la mesure
entre janvier et octobre. Enfin, la ré-
forme de la taxation du capital a mo-
nopolisé l'attention, le gain des cent
premiers contribuables à la refonte
de l'ISF étant jugé plus digne d'inté-
rêt que celui - évidemment minime
par comparaison - de millions de
Français. Ce « loupé » restera, quoi
qu'il en soit, dans les annales de la
com. On verra si, fin janvier, le gou-
vernement réussit sa session de rat-
trapage. ■
par Dominique Seux
Tous droits réservés Les Echos 2017
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Ce qui va changer après le vote du budget de la Sécurité socialeL'Assemblée nationale va voter solennellement ce mardi en première lecture le projet de loi definancement de la Sécurité sociale pour 2018.
N° 22562mardi 31 octobre 2017
Page 2901 mots
FRANCE—SOCIAL
Des débats par moments très tendus,
quelques claquements de porte -
lorsque la contribution patronale sur
les actions gratuites a été abaissée à
20 % au lieu de 30 %, par amende-
ment de la majorité - mais pas de
grosse surprise. Le projet de loi de
financement de la Sécurité sociale
pour 2018 - le premier budget social
pour les ministres Agnès Buzyn et
Gérald Darmanin - s'apprête à être
adopté formellement ce mardi par
l'Assemblée nationale en vote solen-
nel, après le débat parlementaire de
la semaine dernière. Un texte qui
consacre certaines des réformes em-
blématiques du début du quinquen-
nat Macron.
CSG
Principale nouveauté, la bascule
CSG-cotisations. L'objectif est de
moins faire reposer le financement
de la Sécurité sociale sur les actifs,
afin de valoriser le travail. Cela passe
par une hausse de 1,7 point de la
CSG, qui pèse aussi sur les retraités.
Elle sera plus que compensée pour
les actifs par une baisse des cotisa-
tions salariales, avec 7 milliards d'eu-
ros de gain de pouvoir d'achat. Les
8 millions de retraités du régime gé-
néral dont le revenu fiscal de réfé-
rence (RFR) dépasse 14.404 euros par
an seront perdants. Mais la baisse
d'un tiers de la taxe d'habitation pour
80 % des Français se traduira en
moyenne par une économie de 445
euros entre 14.500 et 17.500 euros de
RFR.
CICE
Le crédit d'impôt compétitivité em-
ploi (CICE) va être transformé en
baisse de charges pérenne à partir de
2019, après en avoir abaissé le mon-
tant de 7 % à 6 % en 2018. Soit 24,8
milliards de cotisations patronales en
moins en 2019. Les charges seront ré-
duites à presque rien au niveau du
SMIC. Par rapport à la situation ac-
tuelle, les exonérations seront plus
accentuées jusqu'à 1,4 SMIC.
RSI
Fini le Régime social des indépen-
dants. Les artisans, commerçants,
professions libérales vont être trans-
férés au régime général en deux ans.
Cet article complexe a fait l'objet
d'une soixantaine d'amendements du
gouvernement ou du rapporteur afin
de préciser, corriger, rafistoler. Au
passage, la principale caisse de re-
traite des professions libérales (Ci-
pav) va se vider d'une très grande
partie de ses effectifs de cotisants au
profit du régime général.
Tabac et boissons
sucrées
Le prix du paquet de cigarettes va
augmenter de 20 % dès mars 2018,
à 8,10 euros contre 6,80 euros au-
jourd'hui, dans le cadre d'un plan de
renchérissement de 3 euros étalé sur
trois ans. Les autres produits du ta-
bac verront également leurs prix
bondir, encore plus fort pour les ci-
gares, cigarillos et le tabac à rouler
(25 %). Les députés de la majorité
mais aussi de gauche et de droite ont
ajouté une refonte de la taxe sur les
boissons sucrées, qui n'est pas censée
rapporter de nouvelles recettes. La
nouvelle mouture taxera plus les
boissons les plus sucrées et allégera
la fiscalité des eaux aromatisées. Les
amendements ont été adoptés à la
quasi-unanimité.
Vaccins
Le nombre de vaccins obligatoires
pour les enfants avant l'âge de 2 ans
va passer de 3 à 11, afin de lutter
contre le refus croissant de la vac-
cination. Il n'y aura pas de sanction
pour les parents récalcitrants, mais
pas d'exceptions non plus. Les petits
qui n'auront pas été vaccinés ne
pourront pas rentrer à l'école ou en
crèche.
Tiers payant
Le tiers payant généralisé n'aura fi-
nalement pas lieu le 30 novembre,
contrairement à ce qui avait été pré-
vu par la loi santé de 2015. Un amen-
dement gouvernemental supprime
↑ 23
l'obligation de dispense d'avance de
frais dans tous les cabinets médicaux
et pour tous les patients cette année
- mais maintient l'obligation pour les
patients démunis, les maternités, les
maladies de longue durée. L'objectif
de la généralisation n'est pas aban-
donné, mais un nouveau calendrier
devra être élaboré.
Famille
Les familles monoparentales verront
leur complément de mode de garde
revalorisé de 30 %, comme la majora-
tion dont bénéficient les adultes han-
dicapés. La mesure concerne 83.000
parents isolés et devrait coûter 40
millions par an. A l'inverse, 68.500
familles perdront le droit à l'alloca-
tion de base de la prestation d'accueil
du jeune enfant (Paje), et tous les al-
locataires restants (1,7 million) ver-
ront diminuer de 7,50 euros ou de 15
euros par mois leur allocation men-
suelle. Cette mesure qui ne s'appli-
quera qu'aux enfants à naître aura un
rendement croissant, de 540 millions
d'euros en 2021.
Pensions
Le minimum vieillesse va être revalo-
risé de 100 euros en trois fois, dont
30 euros en avril, pour atteindre 800
euros. Selon le gouvernement,
46.000 nouveaux bénéficiaires de-
vraient être éligibles, s'ajoutant aux
550.300 allocataires actuels, pour un
coût de 525 millions d'euros sur trois
ans. En 2018, il n'y aura pas de re-
valorisation des pensions puisque la
date de revalorisation sera repoussée
de trois mois, à janvier 2019. ■
par Solveig Godeluck
Tous droits réservés Les Echos 2017
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Parution : Quotidienne
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Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 24
Une baisse du coût de la rentrée dès 2018Les nouveaux étudiants seront rattachés au régime général de la Sécurité sociale dès l'an pro-chain. La mesure sera étendue à tous en 2019.
N° 22562mardi 31 octobre 2017
Page 5602 mots
FRANCE—ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
« J'ai entendu les messages sur la
paupérisation d'une partie des étu-
diants et sur la dégradation de leurs
conditions de santé », a insisté le chef
du gouvernement, Edouard Philippe,
en présentant son plan en leur faveur
lundi.
Dès la rentrée 2018, les nouveaux
étudiants seront rattachés au régime
général de la Sécurité sociale, a-t-il
annoncé. La cotisation de 217 euros
par an qui était jusqu'ici versée aux
mutuelles étudiantes (Smerep,
LMDE, etc.) va disparaître pour eux.
Le pouvoir d'achat des étudiants en
sera accru. Le régime de Sécurité so-
ciale étudiante a « montré ses limites
», justifie le gouvernement. « Il re-
présente un coût direct pour les étu-
diants et des démarches administra-
tives inutiles ». En 2019, la réforme
s'appliquera à l'ensemble des étu-
diants. Les mutuelles continueront
ainsi de fonctionner comme au-
jourd'hui pour la grande majorité des
étudiants pendant encore deux ans.
Aides : un guichet
unique
Ce rattachement des étudiants au ré-
gime général de la Sécurité sociale
étudiant, qui était une promesse de
campagne d'Emmanuel Macron, dé-
bouche cependant sur la création
d'une nouvelle cotisation, dite coti-
sation de vie étudiante, dont le mon-
tant est diminué de moitié, et dont
seront exonérés tous les étudiants
boursiers. « Nous allons redonner du
pouvoir d'achat aux étudiants, le coût
de la rentrée 2018 sera diminué de
100 millions d'euros », s'est félicitée
la ministre de l'Enseignement supé-
rieur, Frédérique Vidal. Pour un étu-
diant non boursier en licence, cela se
traduira par un gain d'un peu plus de
100 euros sur son année universi-
taire. Le gouvernement s'est engagé
sur la constitution de 34 centres de
santé fin 2019, contre 24 actuelle-
ment.
Frédérique Vidal a aussi indiqué que
le dossier de l'aide globale d'autono-
mie - qui chapeauterait toutes les
aides étudiantes - « avançait ». L'idée
serait de « construire un guichet
unique » des aides, aujourd'hui « très
éparpillées ». Mais la gestion des
aides au logement étudiantes par le
ministère de l'Enseignement supé-
rieur n'est pas d'actualité. Le gouver-
nement promet aussi « des aides spé-
cifiques pour accompagner la mobili-
té dans l'enseignement supérieur dès
la rentrée 2018 », sans que l'on sache
si elles diffèrent de celles annoncées
par le gouvernement précédent.
En matière de logement, la ministre
a rappelé les mesures déjà annoncées
: 60.000 logements étudiants doivent
être créés à l'horizon 2022.
Pour permettre aux étudiants d'accé-
der aux formations qui leur
conviennent, y compris quand elles
sont situées loin de chez eux, les
Centres régionaux des oeuvres uni-
versitaires et scolaires (CROUS) ré-
serveront, par ailleurs, un quota spé-
cifique de logements pour accompa-
gner les étudiants concernés. Une
commission d'accès au supérieur
pourra ainsi, « chaque fois que né-
cessaire », proposer à l'étudiant « une
formation et une solution de loge-
ment ».
Le gouvernement a par ailleurs pro-
mis d'« apporter une solution simple
et gratuite de garantie à l'ensemble
des étudiants locataires, sans condi-
tions de ressources et pour tous types
de logement », à travers le dispositif
Visale. Et de payer les bourses sur
critères sociaux à date fixe, le 5 de
chaque mois dès octobre 2018. Avec
un versement anticipé le 30 août
pour faciliter la gestion du budget de
rentrée des étudiants boursiers. ■
par Marie-Christine Corbier
Tous droits réservés Les Echos 2017
A394432585002402850717B01007A14E95771302053C51C9C2F5148
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Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 25
MOUVEMENTS SOCIAUX
↑ 26
Hôpital de Bastia : pour la CGT, la faim justifie les moyens
mardi 31 octobre 2017Page 4
633 mots
À situation désespérée, réaction
désespérée. C'était le mot
d'ordre, hier, dans le hall du centre
hospitalier de Bastia.
Face à la "dégradation des conditions
de travail" et la mauvaise santé fi-
nancière de l'hôpital, la CGT avait
déjà prévenu qu'elle remonterait au
créneau. Elle n'a pas tardé à ruer de
nouveau dans les brancards : trois de
ses membres ont entamé une grève
de la faim pour se faire entendre.
En ligne de mire : la situation finan-
cière "gravissime" de l'établissement,
qui accuse un déficit de près de 50
millions d'euros et des dettes auprès
des fournisseurs avoisinant les 29
millions. Dans ce contexte, le syndi-
cat dénonce le "non-renouvellement
de CDD qui a commencé alors même
que nous négocions les prochains
CDI et les titularisations pour 2018,
appuie Josette Risterucci, représen-
tante de la CGT. Il est plus que temps
de trouver des solutions avant que
n'arrive un plan massif de suppres-
sion de contractuels".
À ce titre, la déléguée syndicale, par
ailleurs candidate aux élections terri-
toriales en deuxième position sur la
liste des communistes, a engagé une
grève de la faim avec deux autres
agents, Viviane Albertelli et Hélène
Serra. Une action qui fait suite à une
précédente mobilisation du syndicat
sur ce sujet épineux.
Lundi dernier, la CGT avait déjà en-
trepris une action coup de poing en
s'invitant au conseil de surveillance
du centre hospitalier pour tenter de
faire valoir ses revendications."Nous
avons attendu des signes qui ne se
sont jamais manifestés, dénonce l'or-
ganisation syndicale. Sans réponses
concrètes à nos demandes et sans in-
terlocuteur valable du ministère,
nous avons opté pour ce mode d'ac-
tion désespérée mais proportionnel à
la situation financière dans laquelle
se trouve notre hôpital. Nous avons
pris cette décision pour ne pas péna-
liser le fonctionnement de l'établis-
sement et la prise en charge de nos
patients."
"J'attends une réponse du ministère"
À travers cette mobilisation, le syn-
dicat "exige" une ouverture de négo-
ciations de la part du ministère de
la Santé et un "déblocage immédiat
d'une enveloppe de trésorerie de 15
millions d'euros" pour commencer à
remettre l'établissement à flot.
L'autre demande de la CGT porte sur
un plan de financement à 100 % des
travaux de modernisation de l'hôpi-
tal, estimé à environ 40 millions
d'euros, "que nous attendons depuis
vingt ans".
Des revendications adressées aux
élus du conseil de surveillance de
l'établissement et plus encore au mi-
nistère via l'agence régionale de san-
té. De son côté, la direction de l'hô-
pital de Bastia "déplore que les re-
présentants syndicaux en arrivent à
de telles extrémités en mettant leur
santé en danger. Cette situation
ajoute de l'urgence humaine à l'ur-
gence fi nancière", considère Phi-
lippe Forcioli, directeur du CH de
Bastia, joint par téléphone depuis
Paris où il s'est rendu hier afin de
"défendre le dossier devant le cabinet
de la ministre et la Direction générale
de l'offre de soins. J'ai exposé les pro-
blématiques sur le plan financier, nos
besoins d'aide en trésorerie et de
soutien à l'investissement pour la
modernisation de notre établisse-
ment. J'espère une réponse du minis-
tère dans le courant de la semaine".
Pas de quoi rassurer la CGT qui
compte bien se faire entendre et
avoir le dernier mot. En attendant, le
syndicat l'affirme, il est "déterminé à
ne rien lâcher".
Julian MATTEI ■
Tous droits réservés Corse Matin 2017
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