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10 PAYS DE NORMANDIE
VIVRE ICI Portrait
TEXTE ET PHOTOS : EMMANUELLE VANASSE-HURÉ
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PAYS DE NORMANDIE 11
« Quand la guitare est achevée, vient le temps de la faire résonner. »
LUTHIER À BEAUMESNIL
A u premier étage de sa maison deBeaumesnil, dans l’Eure, une petitepièce sous les toits fait offi ce d’atelier.Là, Michel Georges passe de longues
heures à construire des guitares. « Construtor de guitarras » comme il se nomme, en référence auxscompositeurs espagnols et brésiliens classiques qu’ilaff ectionne. Il découvre la guitare au cours de sonservice militaire et commence à gratt er sur l’instru-ment pour le plaisir de la découverte jusqu’à cequ’un de ses coéquipiers marins lui montre quelquesaccords. Plus tard il prend des cours de guitare pen-dant quelques années, avec Mademoiselle Guyetentre autres, qui jouait alors dans « Le MandolineClub » de Neuilly, une formation de trente musiciens.Michel se souvient avec joie de ces cours, du talentde ce professeur et « des guitares qui résonnaient comme des cathédrales ». Son professeur le metsen relation avec Daniel Friedrich, un luthier installéà Belleville. Michel aime y musarder, regarder lesinstruments naissants. A 30 ans, il suit les cours dela concertiste Ida Presti, et joue plus tard pour elle.Il acquit ainsi une solide technique mais le mariageet la venue d’un enfant et son travail de décorateurl’amènent à poser la guitare dans un coin. Pourlongtemps. Il lui faudra 30 ans pour retourner à ceplaisir. A 60 ans, alors installé en Normandie, et aprèsquatre années de cours de guitare avec Paul Dupuy,professeur à Beaumont-le-Roger, il retrouve enfi nses sensations.
Construire pour être au plus près de l’instrument
Le chemin de la passion le mène à relever le défi en achetant à Paris un livre sur le sujet. Il réalise sapremière guitare Flamenco en 2001 en cyprès de
Castille et la table en épicéa pour un son claquant.Reste à apprendre peu à peu à assembler pour faire résonner l’instrument. Une autre guitare deconcert en palissandre pour un son rond, chaudet sourd naît de ses mains… et une troisième qu’ilvend à une musicienne chinoise.Pour relever un autre défi il participe en 2003 au concours du meilleur ouvrier de France pour ledépartement de l’Eure en réalisant une guitare. Ilssont vingt-huit participants : Michel arrive fi naliste,troisième derrière deux luthiers professionnels.Aujourd’hui, il poursuit ce travail de création qui ne nécessite pas moins de150 heures de travail - sansla décoration - pour faire naître un instrument. A cela s’ajoutent quelque 50 heures de pose de ver-nis. Il travaille aussi de longues journées à imaginer et réaliser la rosace située au centre de l’instru-ment : il s’inspire de monuments normands et cett e création est d’une minutie impressionnante. Toutest découpé et assemblé avec précision et talent.Enfi n, quand la guitare est achevée, vient le tempsde la faire résonner…Chaque son est propre à chaque instrument et le chemin de la création une aventure évidemment à renouveler.
Pratique Michel Georges, 4 place du Calvaire, 27410 Beaumesnil.
Un tempérament minutieux, patient, exigeant, perfectionniste et, à la base, le bois. Une formation pointue d’ébéniste et depuis toujours l’amour pour la musique : tous les atouts d’un luthier.
Michel Georges
A savoirLe luthier professionnel utilise des outils spéci-fi ques, inchangés depuis le XVIIe siècle.
Il faut à Michel 150 heures de travail - sans la décoration - pour créer un instrument.
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